La gazette de Sigmund Hors-série n°2

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EDITO Chose rare et exceptionnelle, ce numéro de la Gazette de Sigmund ne contiendra pas un mot sur Laurell K. Hamilton. « Trahisons ! », nous direz-vous. En fait, il se trouve que nous avons eu une idée il y a quelques mois et que de cette idée en sont nées d’autres. Voilà pourquoi, aujourd’hui, nous vous proposons un numéro Hors-Série sur Charlaine Harris avec une interview, une conversation croisée autour des deux premiers tomes de la série des Lily Bard et des avis sur l’intégralité de cette même série. Il s’agira d’un petit numéro pour une fois mais nous avions envie de rendre hommage à cet auteur qui nous tient vraiment à cœur sur ABFA. Ne vous inquiétez pas, nous reviendrons dans quelques mois avec un numéro de la Gazette contenant vos rubriques favorites. En attendant : bonne lecture à tous ! L’équipe.

ABFA - La gazette de Sigmund Hors-série n°2 - Février 2012

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SOMMAIRE p2 Edito Un petit mot pour commencer... p4 I n t e r v i e w exclusive : Charlaine Harris on n’est pas peu fières là ! p6 Une c onv e r sat i on autour des deux premiers tomes de Lily Bard Tan et Némésis autour d’un thé. p9 La série en avis Vous en pensez quoi ?

MENTIONS LEGALES AVERTISSEMENT La gazette de Sigmund est un fanzine distribué à titre gratuit. En aucun cas il ne pourra être vendu. Les images et les textes appartiennent à leurs auteurs respectifs. Toute reproduction, partielle ou totale, du magazine est interdite sans autorisation de la rédaction. CONTACT conseilstlouis@gmail.com RETROUVEZ NOUS SUR INTERNET *Anita Blake Fans & Asylum, le Forum *Anita Blake Asylum, le Site *Anita Blake Forum & Asylum Gallery *La Boutique ABFA *FaceBook *Twitter REMERCIEMENTS A nos beta readers, nos lecteurs, aux membres de la communauté ABFA : vos encouragements sont une source d’inspiration, merci !

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Qui ne connaît pas Charlaine Harris ? Si vous n’avez jamais lu ses livres (pas bien), vous avez dû entendre parler de la série True Blood quand même ? Oui et bien cette série est née à partir des livres de cette dame. Charlaine Harris est une des références de la fantasy urbaine aux Etats-Unis aux côtés de Laurell K Hamilton. Mais, la dame est multi-tâche est s’illustre aussi dans le policier. Auteur prolifique que nous commençons tout juste à découvrir dans l’hexagone, Mme Harris n’a pas fini de faire parler d’elle…

INTERVIEW

CHARLAINE HARRIS ABFA : Avez-vous une préférence pour une de vos héroïnes ? Si oui, laquelle ?

sens de l'humour. ABFA : Pourquoi avoir fait apparaître Lily Bard dans les Sookie alors que leurs deux mondes sont si différents ?

Charlaine Harris : Il y a des choses que j'admire et que je déplore chez tous mes protagonistes. Je ne pourrais dire si j'en préfère vraiment une parmi elles. ABFA : N’avez-vous jamais eu envie d’écrire avec un homme en tant que héros plutôt qu’une femme ? CH : Pas encore. Peut-être que ça s'imposera à moi un jour, mais pour l'instant ça n'est pas le cas. ABFA : Lily Bard est votre série la plus sombre et nous savons que vous y avez mis beaucoup de vous et de votre histoire. Avec le recul, le regrettez-vous ? Quelles ont été les réactions de votre public ?

CH : Je voulais lui faire un petit coucou. C'était un caprice de ma part. ABFA : Prévoyez-vous d’autres crossover ?

«Je devais en permanence modérer mon sens de l'humour.» CH : Non, je n'ai absolument aucun regret. Écrire cette série m'a vraiment aidée, et je pense qu'elle a également aidé beaucoup d'autres femmes. Ça a été assez difficile à écrire, en partie parce que je devais en permanence modérer mon

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CH : Oui, c'est le cas. Mais je ne vais pas en parler tant que mon idée n'a pas pris forme. ABFA : Je suis une grande fan de la série des Harper Connelly et même si l'intrigue principale a été résolue, peut-on espérer une suite ? CH : Je ne prévois pas d'écrire d'autres tomes. Je pense que j'ai dit tout ce que j'avais à dire sur elle, tout du moins dans l'immédiat. ABFA : Avec la fin de la saga


dans l'esprit des lecteurs parce qu'il ne s'agit pas simplement de Fantasy urbaine ?

des Sookie approchant, avez-vous déjà une nouvelle idée en tête ? D'ailleurs, pouvez-vous nous parler un peu de ce projet de comics sur lequel vous travaillez avec Christopher Golden : Cemetery Girl ? CH : Oui, j'ai plusieurs idées, et j'ai hâte de m'essayer à de nouvelles choses. Chris et moi travaillons sur une nouvelle graphique nommée Cemetery Girl, qui tourne autour d'une jeune fille qui est abandonnée dans un cimetière et laissée pour morte. Mais elle ne l'est pas et elle se crée une vie dans le cimetière. Je m'amuse beaucoup avec cette histoire. ABFA : Face à toute cette frénésie actuelle autour de la figure du vampire, comment vous placezvous ? Comment réagissezvous ? Pensez-vous que votre univers s'y intègre complètement ou continuet-il à être traité différemment

CH : Cette question est compliquée. Pourquoi pensez-vous que la série n'est pas de la Fantasy urbaine ? (Note de la rédaction : Pour nous, la plupart des romans de Charlaine Harris ont une composante sociale que l'on ne retrouve nulle pas ailleurs.) Je pense que ça en est. Je pense que la « frénésie » autour du mythe du vampire a évolué en une sorte d’enthousiasme pour le genre Fantasy urbaine dans son ensemble. ABFA : Pensez-vous que votre vie a changé avec la célébrité ? Dans quelle mesure ? CH : La célébrité a très certainement changé ma vie. Déjà, j'ai beaucoup plus d'argent. Et ça, ça change toujours la vie. Mais ça m'a aussi donné beaucoup de liberté pour faire des choses que je n'aurais jamais eu la chance d'accomplir en temps normal et accepter des propositions qu'on ne 5

INTERVIEW m'aurait pas faites autrement. ABFA : N'était-ce pas étrange de voir votre propre vie adaptée en comics dans un numéro de Female Force ? CH : Très. Je n'étais pas vraiment pour ce projet, parce que ça semblait si étrange. ABFA : Notre beau pays vous adore, avez-vous déjà eu l’occasion de venir en France ? Seriez-vous prête à venir (ou revenir) rencontrer vos fans français ? CH : Je n'ai pas eu l'opportunité d'aller en France mais je suis très fière d'apprendre que j'y serais la bienvenue. Je suis vraiment ravie d'avoir des fans français ! Cette interview a été réalisée part mail en février 2012. Nous tenons à remercier J'ai Lu et tout particulièrement Florence Lottin et Jessica Boyer qui ont fait le lien avec l'auteur.


Une conversation autour des d suite happée par l'histoire. Et si oui, pourquoi d'après toi ? N : Dans les 50 premières pages, non, je n'étais pas dedans. Il y avait un peu trop de descriptions à mon goût et puis ça faisait un moment que je n'avais pas lu en anglais alors un peu de mal à m'y remettre, mais après je me suis laissée prendre au jeu de « voyons ce que les voisins cachent derrière leurs sourires ». J'aime bien ce côté voyeurisme qu'offre le métier de Lily car, en tant que femme de ménage, elle en voit des choses. C'est comme une petite souris qui se glisse dans la maison. Mais le véritable déclic est venu quand elle raconte son histoire. Cela m'a marquée et cela a expliqué plusieurs choses du début du bouquin. Après, j'ai trouvé plus facile de la comprendre et donc de m'immerger complètement dans l'histoire. Comment as-tu pris ses révélations qui sont vraiment très dures ?

Tan : A priori, ça t'inspirait quoi cette histoire de femme de ménage qui mène l'enquête ? Tu savais un peu à quoi t'attendre ou alors pas du tout mais tu faisais confiance à Charlaine Harris ?

Némésis : Sincèrement, j'ai trouvé que le T : J'appréhendais énormément ce moment. Je résumé ne donnait pas trop envie, surtout cette sentais que c'était une douleur profonde qui avait histoire de femme de ménage qui fait du karaté. changé sa vie du tout au tout. Elle a survécu, mais J'ai finalement tenté le coup car j'avais déjà à quel prix. Du coup, quand on apprend la vérité, été agréablement surprise par la série Harper on s'attend au pire et en fait c'est encore pire. C'est Connelly, donc je me suis lancée, mais pour moi extrêmement violent comme événement. Puis il il faut revoir la présentation de cette série. y a la façon de le raconter comme si elle revivait Et toi ? Qu'est-ce qui t'a donné envie de la chose. De la violence gratuite qui est assénée commencer les Lily Bard ? de manière tout aussi brutale au lecteur. C'est un passage que je ne suis pas prête d'oublier en T : La curiosité et un bon timing. Je n'ai pas lu tout cas. Ça explique effectivement beaucoup de les Harper Connelly et je ne connais que La choses sur le personnage de Lily, ses relations Communauté du sud dans les œuvres de Harris. aux gens, sa vie. Mais, d'un autre côté, ça lui Du coup, j'ai peut-être été plus attirée par les donne une certaine richesse et une cohérence Lily Bard justement parce qu'il n'y avait aucun qu'on ne trouve pas forcément facilement chez élément fantastique dans l'histoire. C'est surtout toutes les héroïnes de roman. ça que j'ai retenu en lisant le vague résumé sur En tout cas, j'ai vraiment été séduite par l'univers amazon.com. L'annonce de la sortie française de Lily. Ce premier tome pose les bases, introduit est tombée à un moment où j'avais besoin de lire son monde et, j'avoue, j'ai aimé qu'il n'y ait pas un peu autre chose aussi. Du coup, je me suis dit une once de fantastique. Un roman très terre-à« Pourquoi pas ? ». Ça a été un bon choix parce terre mais qui n'est pas pour autant qu'un simple qu'une fois commencé, j'ai eu du mal à le lâcher. policier. C'est surtout l'histoire de Lily. Du coup, Je ne sais pas si toi aussi tu t'es sentie tout de comme toi, j'ai tout de suite attaqué le tome 2 6


eux premiers tome de Lily Bard avec l'histoire de la voisine blanche et du voisin noir mais là on rentre dans le vif du sujet. N : C'est sûr que dès qu'on se rend compte que le sujet de livre ne va pas être le monde passionnant (ironie inside) de l'haltérophilie, mais le racisme, on craint le pire. Et à juste titre. Charlaine n'a pas froid aux yeux avec ce sujet et le pousse « loin », le pire dans tout ça, c'est que, malheureusement, c'est encore et toujours un sujet d'actualité. J'ai beau savoir que cela arrive « vraiment », c'est vrai que c'est malgré tout dur pour moi de m'imaginer de tels actes. Ce deuxième tome m'a vraiment marquée, car il ne fait pas dans la demi-mesure, il aborde le sujet du racisme avec beaucoup de réalisme, sans essayer d'amoindrir les conséquences de certaines actions. pour en savoir plus. Et là, coup de massue. Toi aussi tu aimes le sport ?

T : Je suis tout à fait d'accord avec toi. On explore une partie très sombre de la société. C'est ce que j'apprécie le plus dans ces deux premiers tomes. N : Cela dépend de quel sport et là, en l'occurrence, Il s'agit de policier et avant tout de livres destinés l'haltérophilie, non ! Ce n'est pas du tout mon truc, à distraire le lecteur mais Charlaine Harris a mais alors pas du tout. Quand j'ai lu que la victime réussi à y introduire des faits qui nous ramènent était un haltérophile, je rigolais (je n’arrêtais pas malgré nous à la réalité. Ça n'est pas forcément de repenser au sketch de Dany Boon sur cet agréable, mais je pense que c'est nécessaire univers) et en même temps, j'avais peur de la dans un sens. Une nouvelle preuve du talent de tournure que pouvait prendre l'histoire. l'auteur à observer le monde qui l'entoure et à Parce qu'un policier dans l'univers des messieurs le retranscrire sans concessions dans ses livres. muscles, non merci ! Les Lily Bard sont de la fiction mais pas seulement. J'imagine que cela a été la même chose pour Et c'est ça qui est intéressant dans les livres de toi. cette auteur : il n'y a pas qu'un niveau de lecture pour peu qu'on prête attention aux détails. T : Le début m'a vraiment calmée après la très bonne impression qu'avait laissée le tome 1. J'ai N : Oui, ce début de saga est très prenant et eu la sensation l'espace d'un instant de lire le surtout très différent de ce qu’elle a pu faire après blog de Laurell K. Hamilton avec la description (rappelons que les Lily Bard sont sa deuxième de ses exercices et de la charge qu'elle arrive à série bien avant les Sookie). Mme Harris lever. Ça m'a vraiment ralentie dans ma lecture maîtrise le policier et n’a pas froid aux yeux en et comme toi, j'ai eu peur d'avoir droit à un tome osant des sujets hyper-sensibles. Alors oui, les uniquement axé autour de l'haltérophilie, façon fans de fantastique vont être totalement perdus mauvais reportage sur NT1. Puis finalement, on mais les autres vont se régaler avec une série se rend compte assez rapidement que le thème de cinq tomes forte et prenante… Non, nous ne du livre va surtout être le racisme dans un état du vous parlerons pas de la suite, c’est à vous de la sud des États-Unis où il ne fait pas bon être noir. découvrir… On en avait eu un aperçu dans le tome précédent 7

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LILY BARD : LE PLEIN D’AVIS Némésis et Tan ont décidé de prendre de l'avance dès l'annonce de la sortie française de la série et se sont donc jetées sur la VO. Voici donc toute une série d'avis sur l'intégralité de la série. Bien sûr, vous vous doutez bien que plus vous avancerez dans les tomes, plus il risque d'y avoir des spoilers. Nous savons que certains aiment ça, d'autres moins. En cas de besoin, nous vous préviendrons donc systématiquement en début d'avis pour vous éviter de mauvaises surprises et nous essayerons quand même d'en faire le moins possible car, sinon, où serait le plaisir de la découverte ? En espérant que ça vous donnera envie de lire la série si vous n'y avez pas déjà succombé. Note : les traductions des synopsis ont été effectuées par nos soins. Avis de Némésis Il y a des romans qui vous marquent, non pas parce qu’ils révolutionnent leur genre, mais parce qu’ils font appel à des choses ou des événements qui vous touchent. Ce livre (et la saga dans son intégralité, je pense) en fait partie.

lecture commence où on ressent la souffrance mais aussi le courage de Charlaine entre les lignes. C’est terrible mais c’est en partie ça qui fait la qualité et la justesse du personnage de Lily. Mme Harris sait parfaitement de quoi elle parle et elle le décrit admirablement bien.

Les aventures de Lily Bard font partie des premiers romans écrits par Charlaine Harris (1996) ; rien de fantastique, c’est un policier. Le topo est simple : Lily Bard est femme de ménage dans la ville de Shakespeare. Elle est effacée, peu sociable, elle fait son job et vit sa vie sans rien demander à personne. Seuls comptent ses cours de karaté. Lily a été victime d’une terrible agression sexuelle qui lui a laissé des marques et elle a décidé de vivre en recluse pour oublier et se faire oublier. Mais sa vie va être chamboulée le jour où elle découvre le corps de Pardon Albee, propriétaire de plusieurs appartements de la ville. Afin de s’innocenter, Lily va devoir sortir de sa carapace pour enquêter auprès de ses clients et voisins. Racontée comme cela, l’histoire peut paraître banale mais quand on sait que Charlaine a elle-même été victime d’agressions sexuelles alors le récit prend une tout autre dimension et l’histoire de Lily n'en est que plus poignante. Sans rentrer dans des détails, que de toute façon je n’ai pas, l’auteur a reconnu qu’il y avait beaucoup d’elle en Lily donc une double ABFA - La gazette de Sigmund hors-série : Charlaine Harris - Février 2012

Lily est une survivante qui tente de se reconstruire petit à petit. Elle n’est finalement pas aussi seule qu’elle le pense ou qu’elle le veut. En effet, nous découvrons à travers ses yeux toute une galerie de personnages secondaires plus intrigants les uns que les autres. Harris a pris la peine de construire un entourage à la hauteur de Lily. J’ai finalement beaucoup aimé cette manière qu’a l’auteur de dépeindre une communauté très banale mais où les apparences sont trompeuses. Du côté de l’intrigue policière, pas de doute, Charlaine Harris maîtrise ce genre. Vraie enquête, vrai suspense : elle nous lance sur plusieurs pistes et j’avoue ne pas avoir réussi à trouver qui était le coupable avant que l’auteur ne l’écrive.

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Ce qui est fou, c’est que plus je me plonge dans la bibliographie d’Harris, plus je considère que sa série avec Sookie est une erreur de parcours tant la blonde des marais et ses copains sont fades par rapport à Lily et Harper.


Tome 1 : Meurtre à Shakespeare / Shakespeare's Landlord Synopsis - Shakespeare, Arkansas. En rentrant chez elle un peu tard, Lily Bard, 31 ans, aperçoit une silhouette furtive disposer de grands sacs-poubelle dans le parc local et, en en ouvrant un, elle découvre le corps de son propriétaire. D'un rapide coup de fil anonyme (elle est déterminée à éviter les questions), elle fait un signalement auprès du chef de la police. Réalisant que laisser ses empreintes digitales sur le sac pourrait faire d'elle une suspecte, Lily décide de mener subtilement l'enquête auprès de ses clients, dont certains étaient eux-mêmes locataires de la victime, et évalue méticuleusement leurs placards, leurs tiroirs et leurs motivations. Avis de Tan fois qu'elle maîtrise aussi bien l'humour et la légèreté que le drame et l'horreur. Avec l'histoire de Lily, on atteint un summum dans le domaine de l'horreur. C'est noir, très noir mais c'est aussi une vraie leçon de vie. Comme dit plus haut, il s'agit en premier lieu d'un roman policier avec une héroïne qui n'a rien d'un détective mais sa profession de femme de ménage la place directement au cœur de l'action et surtout de l'intimité des gens. Rajoutons à cela que Lily est douée d'un très bon sens d'observation et de déduction et elle a donc effectivement tous les atouts en poche pour mener l'enquête à sa façon. Le livre s'ouvre d'emblée sur le meurtre et à partir de ce moment, il devient quasiment impossible de lâcher le livre. Il y a un réel plaisir à découvrir la petite communauté de Shakespeare même si parfois on s'enfonce un peu dans les détails insignifiants. Le ton est globalement assez léger, avec pas mal d'humour, malgré les drames environnants. Si, comme Lily Bard, vous avez l'oeil partout, vous n'aurez pas grand mal à trouver le coupable très tôt dans l'histoire (mais peut-être pas le mobile du crime). Et curieusement, même avec ce soupçon toujours bien ancré dans la tête, l'intrigue n'en perd pas pour autant tout son intérêt. Entre l'histoire

Contrairement à La Communauté du sud, la série des Lily Bard ne contient pas une once de fantastique. L'héroïne est une simple femme de ménage qui fait en sorte de faire son travail en restant la plus invisible possible. Son seul vrai loisir : se rendre trois fois par semaine à son cours de karaté. Bien sûr le petit monde bien organisé de Lily va être bouleversé par ce meurtre qui va la forcer à interagir un peu plus avec son environnement et va permettre au lecteur de faire plus ample connaissance avec elle et les habitants de Shakespeare. Ce qui séduit tout de suite, c'est le côté femme indépendante et sûre d'elle de Lily. Elle a du caractère, un grand sens pratique, contrôle sa vie dans les moindres détails et n'aspire qu'à la tranquillité. Elle est aussi capable de s'adapter aux situations nouvelles sans perdre les pédales. Elle a une personnalité qui fascine tout de suite. Pourtant, très rapidement, on se rend compte qu'elle a un lourd secret dont l'ombre plane en permanence sur l'histoire. Un secret tellement horrible que l'appréhension de découvrir la vérité prend le pas sur le besoin de savoir. Un secret qui explique ce qu'elle est aujourd'hui et qui en fait un personnage profond et compliqué dont on ne peut qu'admirer le courage et la force. Charlaine Harris a déjà prouvé plus d'une 9


de Lily, ses nouvelles rencontres avec des personnages secondaires bien construits, l'enquête et les problèmes annexes, l'action rebondit beaucoup et l'auteur ne cesse de promener le lecteur et d'essayer de le détourner de cette première impression. Malgré le faible nombre de pages, Shakespeare's Landlord est un roman maîtrisé et passionnant qui joue sur plusieurs tableaux en même temps et s'en sort avec les honneurs. Même

si Shakespeare en Arkansas a l'air aussi perdu (et fort en accent) que Bon Temps en Louisiane, et raconte l'histoire de gens en apparence très ordinaires, les Lily Bard ont quelque chose que les Sookie n'ont pas : l'auteur y a inclus des choses très personnelles qui donnent au livre une profondeur inédite pour une œuvre censée n'être qu'un divertissement de quelques heures. Est-il nécessaire de préciser qu'il s'agit d'une lecture vivement recommandée ?

Tome 2 : Fin d'un champion / Shakespeare's Champion Synopsis - Quand Lily tombe par hasard sur le corps musclé d'un bodybuilder local, son cou brisé par une barre d'haltère, la tension raciale sous-jacente commence à déborder à Shakespeare. La victime, blanche, était d'une certaine manière connectée à deux meurtres non résolus d'habitants, noirs, de la ville et un policier tenace est déterminé à stopper cette vague de meurtres. Lily va devoir décider si elle veut rester et se battre pour la justice ou fuir une nouvelle fois. Avis de Némésis Comme dans tout bon policier, notre histoire commence avec un meurtre, celui d’un bodybuilder (non, pas celui de Jean-Pierre, je vous rassure. Dany Boon, si tu m’entends). Comment Lily va-t-elle se retrouver mêlée à ça ? Très simple. Le meurtre a lieu dans la salle de sport qu’elle fréquente et vu sa chance incroyable, c’est elle qui trouve le corps. C’est le troisième décès un peu louche dans la toute petite ville de Shakespeare. Pas besoin d’avoir inventé l’eau chaude pour comprendre que quelque chose se trame parmi les habitants. Bien sûr l’histoire ne se compose pas que de ce fait et elle va devenir plus complexe au fil des pages. Cette fois-ci, Charlaine s’attaque à un gros dossier : la haine raciale. Et moi je dis bravo ! Le thème est hyper bien maîtrisé tant il aurait été facile de tomber dans le cliché ou le grotesque. Comme précédemment, Harris nous livre ici une très bonne histoire, bien noire avec des personnages au diapason… Enfin pas tous. Oui, j’ai trouvé un bémol, ou plutôt deux : Claude et Marshall. Ces personnages qui m’avaient beaucoup plu dans le premier tome m’apparaissent, ici, très bancals. Au fil de ma lecture, j’ai fini par comprendre les choix de Harris les concernant, je regrette juste le traitement. 10


Au-delà de ça, Charlaine reste cohérente avec ce qu’elle avait amorcé dans le tome 1 : Lily reste Lily, elle s’est un peu ouverte mais est toujours très méfiante et surtout elle veut qu’on la laisse tranquille. J’aime toujours autant ce personnage un peu brut de pomme mais qui reste d’une grande dignité. Nous continuons aussi à découvrir les « coulisses » des gens de cette ville, la curieuse que je suis adore tous ces secrets d’alcôve qui finissent immanquablement par remonter à la surface et ce n’est pas joli, joli… Une suite qui tient donc ses promesses et qui prouve une nouvelle fois que Charlaine Harris n’a pas froid aux yeux quand il s’agit d’écrire et de décrire. Avis de Tan Le début de ce tome pouvait faire craindre le pire. À moins de vraiment aimer les corps bodybuildés et les conseils pour les exercices servant à muscler uniquement le tractus ilio-tibial, le premier chapitre paraît long et sans intérêt. Même le meurtre, en plus du titre, laisse augurer une intrigue dans le milieu des Mr Muscles. Fort heureusement, il n'en est rien. Le thème principal de ce tome est le racisme et Shakespeare en Arkansas, est située dans une région des États-Unis dans laquelle ce type de situations paraît tout à fait plausible. Sans céder à la facilité, Charlaine Harris arrive à rendre compte d'une certaine ambiance et surtout d'une certaine tension entre les personnes de couleurs différentes qui fait réellement froid dans le dos. C'est typiquement ce qu'on peut retrouver en une des journaux ou à la télévision avec un événement qui en entraîne un autre et attise la haine et la peur des uns envers les autres. C'est aussi déplaisant dans le livre que ça ne l'est dans la réalité. Mais malheureusement tellement vrai. Ça donne lieu à quelques scènes d'une grande violence qui laissent un peu abasourdi et qui paraissent toujours incroyables quand on les compare au style habituellement très posé de l'auteur. En tout cas, contrairement au tome 1, il est bien difficile de démêler les fils de l'histoire en cinq minutes cette fois. Et ça n'est pas un mal. En parallèle, Shakespeare continue à prendre vie. Dans le premier tome, l'action était restreinte aux appartements et à la salle de gym. Ici, elle prend une nouvelle dimension et le champ d'exploration devient plus vaste. Shakespeare est une grande ville en fait. Lily continue à rendre visite à ses employeurs de quelques heures par semaine et on se rend compte rapidement qu'en l'espace d'un tome, Harris a réussi à les rendre familiers. Qu'il s'agisse de Mary Hofstettler, de Bobo, de Debra...ils comptent un peu chacun à leur manière maintenant. À côté de ça, Lily continue d'avoir des relations plutôt étranges (mais parfaitement cohérentes avec le tempérament du personnage) avec les hommes. Les deux prétendants du premier tome sont vite évincés par un nouvel arrivant qui n'y va pas par quatre chemins. La façon dont se déroulent les choses est aussi surprenante qu'inattendue et peut laisser un peu perplexe sur le moment. Mais il s'agit de Lily après tout et on aura bien compris qu'elle est une femme aussi atypique qu'intelligente. Et ça n'est pas un mal non plus. 11

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Tome 3 : Shakespeare's Christmas Synopsis - Lily cache son lourd passé derrière une apparence austère mais, dans ce troisième tome, notre experte en karaté baisse ses défenses pour se réconcilier avec sa famille et aider à résoudre une série de meurtres macabres. De retour à Bartley, sa ville natale, pour le mariage de Varena, sa sœur, Lily plonge la tête la première dans une enquête sur la disparition vieille de huit ans d’une fillette. La faute à son amant et confident, Jack Leeds, un détective privé au passé douteux, qui suit un indice envoyé par un anonyme prétendant que la fillette se trouve à Bartley avec son kidnappeur. Suite à l’assassinat d’un médecin, d’une infirmière et d’une jeune mère, les doutes se portent sur le fiancé de Varena, un veuf qui a justement une fille de huit ans. L’enquête s’intensifie, Lily utilise ses liens familiaux et son talent à faire le ménage pour déterrer des informations cruciales. Avis de Némésis Lily retourne dans sa ville natale la veille de Noël pour assister au mariage de sa sœur. Elle qui aime la solitude, elle va se retrouver prise dans la frénésie qui entoure un mariage. Heureusement, Jack débarque lui aussi. Déjà pour voir Lily, mais aussi pour enquêter sur la disparition d'une petite fille de huit ans et qui pourrait bien impliquer le futur mari de la sœur de Lily qui, comme par hasard, a une petite fille de huit printemps d’un précédent mariage…

situations p e u t amener. Chaque membre de la famille essaye, à sa manière, de surmonter ce drame et d’aider Lily. Notre héroïne, de son côté, continue son chemin avec Jack à ses côtés, furtif mais efficace. C’est comme ça que je l’aime. En plus de revoir sa famille, elle va se confronter à ses anciens amis et c’est vraiment touchant.

Oui, Mme Harris nous sort la grosse artillerie en faisant revenir notre héroïne dans sa famille et son passé. Avec son talent habituel, elle nous décrit une famille qui a vécu un traumatisme : l’agression de Lily mais avec beaucoup de pudeur et de délicatesse. J’ai bien senti que, de chaque côté, il y avait encore des non-dits et du travail à faire mais, une fois encore, elle nous évite les caricatures que ce genre de

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Du côté de l’intrigue policière, des trois premiers tomes, celui-ci est mon préféré tant il m’a tenue en haleine. L’auteur nous livre, une nouvelle fois, une histoire absolument maîtrisée dont il est quasiimpossible de décrocher.

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Tome 4 : Shakespeare’s Trollop Synopsis - « Il n’y a rien de plus révélateur que le désordre que laissent les gens derrière eux » dixit Lily Bard qui sait de quoi elle parle en tant que femme de ménage exerçant dans la petite ville de Shakespeare. Détachée et se méfiant des autres, Lily se retrouve, à contrecœur, à enquêter sur la mort d’une ses clientes, Deedra Dean, après avoir eu la malchance de trouver son corps violé et meurtri dans une voiture, sur une route déserte. Un rendez-vous qui a mal tourné… Pour Lily qui en sait plus que ce qu’elle souhaiterait sur les habitudes de sa cliente, les détails ne collent pas mais elle doit supporter les rumeurs et les ragots des habitants. Alors qu’elle aide la mère de Deedra à vider l’appartement de sa fille, elle récupère des photos et vidéos compromettantes qui vont tout remettre en cause... Avis de Némésis Une nouvelle fois, Lily tombe sur un cadavre, celui de Deedra, une de ses clientes… Vu la réputation de cette dernière, les gens vont bon train à colporter les pires ragots afin de lui reprocher sa vie dissolue mais il n’empêche que cette jeune femme est morte. Quelqu’un l’a tuée, mais qui ? L’enquête commence et c’est là que je trouve que le bât blesse, ça manque de cœur toute cette histoire, de motivation de la part de l’auteur. Là où il y aurait pu y avoir déballage de secrets des habitants, on ne fait qu’effleurer vaguement les différentes personnalités locales. J’ai eu l’impression que Lily (et l’auteur ?) se demandait ce qu’elle faisait là. Comme elle, on s’ennuie un peu, si bien que j’ai même réussi à deviner qui était le tueur avant la fin. La bombe est lâchée : l’histoire est bancale et tirée par les cheveux. On se croirait dans un mauvais téléfilm de M6, on est tombé dans le grandiloquent alors qu’on l’avait évité jusqu’à présent. Et pourtant, Mme Harris m’a prouvé qu’elle pouvait faire bien mieux. Il y avait de l’idée, il y avait de quoi faire mais, au final, ça ne décolle pas. Dommage, car, à côté de ça, les personnages vivent de belles évolutions, comme Claude et Jack, mais pour le coup, dans la trame générale, c’est fadasse. Pas de panique car l’histoire reste relativement bonne mais c’est vrai que, comparée aux trois précédentes, c’est la plus faible pour moi.

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Tome 5 : Shakespeare’s Counselor Synopsis - Victime de violences et en proie à des cauchemars, Lily rejoint un groupe de soutien dirigé par Tamsin Lynd, une psy. Tasmin, ellemême, a un gros problème. Elle et son mari ont déménagé de Cleveland pour Shakespeare afin d’échapper à un harceleur qui les a terrorisés. Malheureusement, cette personne les a suivis. Cela commence par un écureuil écorché retrouvé pendu à un arbre de leur jardin, puis par le cadavre d’une des participantes dans le bureau de Tamsin. Lily, devenue détective et travaillant avec son ami/mentor/amant, Jack Leeds, veut aider. Elle n’est pas la seule car il semble que deux autres personnes, liées à cette affaire, aient suivi Tamsin à Shakespeare : une femme flic obsédée par le dossier et un écrivain persuadé de tenir le prochain best-seller… Avis de Némésis

Je vous rassure : cet ultime opus remonte le niveau du précédent et conclut de manière satisfaisante la série. Il s’y passe beaucoup de choses et des très importantes. Comme je ne veux pas vous spoiler, il m’a fallu trouver un moyen de parler de ce livre sans en livrer trop et je m’excuse par avance du procédé. L’histoire commence quand Lily tente de « bip » Jack. Ce dernier lui conseille alors de tenter une thérapie de groupe réservée aux femmes ayant subi des agressions sexuelles. Lily accepte car elle se sent prête à aller de l’avant. Il faut dire qu’entre temps, elle s’est « bip ». Bien évidemment, tout ne se passe pas comme prévu et Lily découvre bientôt que la psy qui dirige le groupe est elle-même victime d’un dingue qui s’amuse à l’effrayer… J’avoue que j’ai eu peur que cela soit du n’importe quoi et, même si Charlaine ne s’en tire pas trop mal, ce n’est pas non plus extraordinaire. Heureusement c'est amplement rattrapé par l’histoire de Lily. Nous allons de surprise en surprise et Harris nous offre la scène, à mon humble avis, la plus émouvante de sa série dans ce dernier tome, concluant d’une très belle manière l’histoire de

Lily et Jack. Qui dit dernier tome, dit : il faut tout régler. Dans le groupe de thérapie, on retrouve certains personnages connus depuis plusieurs tomes et c’est bien joué car cela permet de raconter leurs histoires. Ce groupe est extrêmement bien construit ; tout est en retenue mais sans chercher à dissimuler la réalité, c’est fort et ça touche. Je crois que je ne m’avancerai pas trop en disant que l’auteur a dû elle-même participer à ce type de groupes pour savoir le retranscrire aussi bien. En dehors des personnes présentes dans ce groupe, l’auteur prend soin de donner une fin satisfaisante à tous les personnages que nous avons rencontré au fil des tomes. Aucun n’est laissé sur le bord de la route, j’aime les auteurs qui savent travailler leur fin ! C’est toujours assez triste de terminer une saga, surtout au vu de la qualité de celle-ci, et, au final, je ne saurais que trop vous la recommander. Beaucoup plus mâture et travaillée que ses autres écrits, cette série est vraiment à part dans la bibliographie de Charlaine Harris et mérite toute votre attention.

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ABFA - La gazette de Sigmund hors-série : Charlaine Harris - Février 2012



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