Actes des confĂŠrences
Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
ACTES DES CONFERENCES
Table des matières
Les conférences du salon La Terre est Notre Métier 2014 se déroulent sur 3 journées, du
Nouvelle réglementation bio européenne : ce qui change pour les acteurs de la bio. ..........................4
vendredi 10 octobre au dimanche 12 octobre 2014. Au total 21 conférences de 1h30 sont
Nouveaux bio en élevage laitier : de l’intensif à l’extensif....................................................................8
programmées sur ces 3 journées. Ces conférences s'adressent aux agriculteurs, aux techniciens et animateurs du développement agricole durable, aux étudiants et élèves en formation, futurs ingénieurs agronomes, aux
Du grain au pain : le projet Pays Blé .................................................................................................. 13 S’installer en maraîchage biologique ................................................................................................. 18
distributeurs et transformateurs et ainsi qu'aux élus.
Protéines en alimentation animale bio : disponibilité et perspectives ...............................................25
Les actes contenus dans ce document sont des résumés des conférences du Salon La Terre est
Afterres 2050 : Quelle utilisation des terres en 2050 en France ? ......................................................30
Notre Métier 2014. Ce document est publié avant les conférences afin de pouvoir être diffusé directement sur le salon. Il est donc possible que les présentations orales diffèrent légèrement en fonction des
S’installer ou se convertir en élevage bovin lait bio : les clés de la réussite ........................................36 Gérer, c’est décider ! Définir sa stratégie de gestion sur sa ferme .....................................................40 Agroforesterie: quels intérêts pour les élevages bretons? ................................................................. 42
orientations qu'apportera le public.
L’agriculture biologique: prix Nobel de l`économie ? Zoom sur les pratiques collectives des producteurs bio. ...............................................................................................................................45
Ces actes sont également disponibles sur le site Internet du salon: www.salonbio.fr
Quand Eau & Bio s’allient pour un développement local durable : 30 bonnes raisons de passer à l’action ! ...........................................................................................................................................48 Atelier thématique Eau et bio N°1 : Transversalité des politiques territoriales pour des projets structurants de développement de l’agriculture biologique ..............................................................49 Atelier thématique Eau et bio N°2 : Des outils innovants au service de la maîtrise d’usage des sols... 50 Atelier thématique Eau et bio N°3 : Des initiatives pour rendre l’alimentation bio accessible à tous.. 51 S’installer en ovin : parasitisme, sélection, alimentation, commercialisation .....................................52 PAC 2014: quels changements dans vos fermes? ..............................................................................56
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Nouvelle réglementation bio européenne : ce qui change pour
membre à un autre... et la Commission fait également remarquer que la précédente révision ne
les acteurs de la bio.
s'est pas vraiment attaqué aux pratiques mais uniquement aux règles de commercialisation (étiquetage, importations, subsidiarité...).
Dominique Marion (IFOAM Europe), Juliette Leroux (FNAB).
C'est pour toutes ces raisons que la Commission a lancé ce chantier qui a débuté par une étude
La Commission européenne a proposé en mars 2014 un projet de nouveau règlement européen pour l'agriculture biologique. Ce projet a déjà provoqué beaucoup de débats dans les mouvements bio européens avec des réactions parfois très fortes de la part de certains de nos collègues. 7 ans après la précédente révision, longuement débattue et critiquée à La Terre est Notre métier, pour son orientation libérale, qu'en est-il de cette proposition ?
d'impact. Celle-ci a duré 2 ans et demi, avec de nombreuses auditions et une consultation grand public qui a réuni près de 45000 réponses (une chiffre très important pour ce genre d'exercice), dont la moitié... de France. Mais par manque de données et également en raison de questions très orientées dans la consultation, cette étude d'impact est bancale et montre une assez mauvaise compréhension du secteur. Cette étude a débouché sur 2 textes : 1) un plan d'action européen (équivalent EU de notre plan Ambition bio), qui se
D'où vient-elle, quels sont ses objectifs, dans quel contexte s'insère-t-elle ?
concentre notamment beaucoup sur la recherche (alternatives au cuivre, semences
Que contient le projet et quels impacts potentiels pour les producteurs bio ?
adaptées à la bio...)
Et quels sont les suites possibles ?
2) un projet de règlement, proposé en mars
1 - Pourquoi un nouveau règlement bio ?
2 -Le projet de nouveau règlement de la bio
L'une des premières réactions des mouvements bio, y compris français, à l'annonce d'une nouvelle révision a été la surprise et une forte réticence : le cadre actuel est en application depuis seulement 5 ans et l'on termine juste de le compléter (Règlement contrôle fin 2012). Pourquoi encore dépenser une énergie folle à négocier un nouveau texte puis à en fixer l'application ? N'y avait-il pas d'autres urgences pour la bio ? Les surfaces bio ont doublé dans l'UE ces 10 dernières années mais le marché a quadruplé. Pour la Commission européenne, c'est le signe que la politique européenne de soutien de la bio est déficiente et que le règlement est inadapté. Les récentes affaires de fraudes (en Italie notamment) et les demandes de divers groupes (associations de consommateurs, de protection des animaux...) ont aussi joué. Mais cette nouvelle révision tient également beaucoup à la vision personnelle du Commissaire Dacian Ciolos (sur le départ), historiquement proche du réseau FNAB, défendant une bio proche des principes et clairement différenciée du conventionnel. Pour lui, la bio doit être maîtrisée par les paysans et permettre aux petites fermes, notamment de l'est de l'UE, de se maintenir. Une vision qu'il a également tenté de faire passer dans la réforme de la PAC, avec le succès très mitigé que l'on connaît.
Argumentaire La Commission Européenne défend à travers ce premier projet une agriculture bio plus proche des principes. Parmi ses objectifs figurent : •
l’intégration des « petites fermes » en bio,
•
la diminution du poids administratif, la fin des dérogations
•
une agriculture biologique proche de la demande des consommateurs
Parmi ses arguments, on peut notamment citer : − Réduire le décalage entre la vision qu’ont les consommateurs de la bio et son règlement permettra d'assurer un développement pérenne de la bio − Il faut mettre fin des dérogations pour permettre le développement des intrants bio et pour simplifier le texte. − Le système de certification est trop administratif, trop cher et pas assez efficace, la certification de groupe et le passage à une certification entièrement basée sur l’analyse de risque permettront de l'améliorer. − L’existence de marques privées est « un problème pour le développement de la bio ». Il faut rendre les règles plus strictes pour qu’elles disparaissent.
Les lacunes du règlement actuel sont d'autre part assez claires : domaines non couverts, complexité très importante, nombreuses exceptions, interprétations divergentes d'un État 4
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
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Contenu Un texte " unique" avec les principes cadre dans les articles et les règles détaillées en
Si les amendements proposés par les deux institutions ne sont pas strictement identiques (ce
annexe, mais avec des renvois à des actes délégués. Le texte sera donc complété
qui est très probable), on entrera dans une phase de négociation dite « trilogue » entre la
ultérieurement par des règles édictées directement par la Commission européenne (avec un
Commission européenne, le Conseil et le Parlement.
droit de réaction de la part du Conseil et du Parlement), ce qui laisse encore actuellement de
Le texte modifié sera ensuite mis au vote au Conseil et au Parlement. Il sera ensuite complété
nombreuses inconnues.
sur ses parties manquantes via des règlements pris par actes d’exécution (Commission assistée
L 'abondance d'actes délégués risque de nuir e à la stabilité du texte et donne trop de
de représentants des États membres) ou par actes délégués (Commission toute seule).
pouvoir à la Commission européenne.
La Commission européenne espère une application en juillet 2017.
Seules quelques règles plus strictes(suppression de la mixité, renforcement du lien au sol,
4 – Et maintenant qu'est-ce qu'on fait ?
interdiction des mutilations sauf castration…), mais également la suppression à terme de la quasi-totalité des dérogations (semences, jeunes animaux, ...) et l'apparition d'un principe de seuil de déclassement des produits sur les pesticides. Des mesures transitoires sont prévues mais non encore définies. Certaines dérogations doivent effectivement ar river à leur ter me, d'autres nécessitent des mesures transitoires plus ou moins longues et enfin certaines doivent être conservées. D'autre part certaines règles doivent être renforcées (OGM, fertilisation, traitements vétérinaires..). Enfin, les seuils de déclassements ne seraient possibles que si des règles de compensation justes étaient prévues, ce qui n'est pas le cas actuellement. Des changements de fond sur les contrôles, notamment avec l’apparition de la
Les opérateurs bio français se sont évidemment impliqués dans le débat via leurs organisations nationales mais aussi européennes. S'il y a globalement une entente sur le fond du texte, les stratégies divergent, entre négociation et rejet pur et simple du texte. L'unité bio de la Commission campe aujourd'hui sur ses positions. Le Conseil s'est montré très critique sur le texte, sans pour autant envisager un rejet. Enfin, il est difficile de prévoir dès maintenant l'orientation du Parlement mais la personnalité du rapporteur devrait jouer : à la fois très au point sur le contenu du texte et ses implications pratiques et naturellement influencé par les positions de ses collègues allemands.
certification de groupe de producteurs, sans que l'on sache vraiment comment elle serait mise en place et le passage a un fonctionnement par analyse de risque (suppression du contrôle annuel minimum). L a certification de groupe peut être une solution intéressante pour les petits producteurs à condition qu'elle soit effectivement maîtrisée par les producteurs. Le contrôle minimum par an est un élément de confiance du consommateur.
3 – Quel processus de décision ? Le projet de texte a été publié en mars 2014 par la Commission européenne. Il a été envoyé au Conseil (États membres), qui a commencé à l'étudier. Le Conseil devrait rendre un rapport avant la fin de l'année, proposant des amendements. En septembre, il a été également envoyé au nouveau Parlement européen, qui a donc débuté ses travaux sur le texte. Ils ont désigné un rapporteur, Martin Hausling, député vert allemand et producteur bio. Le Parlement espère publier son rapport (contenant ses demandes d'amendements) avant la fin de l'année. 6
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Nouveaux bio en élevage laitier : de l’intensif à l’extensif.
la surface le permettait, cette baisse de production a été compensée par une augmentation du nombre de vaches.
Guillaume Michel (GAB22)
Des animaux en meilleure santé et des coûts vétérinaires moyens inférieurs à 40€/UGB lait
Engagé en 2010 et piloté par le réseau GAB-FRAB en collaboration avec de nombreux partenaires (Chambre d’agriculture régionale, Initiative Bio Bretagne, Bretagne Conseil Elevage Ouest, Cogedis Fideor), le projet d’étude visant à analyser l’évolution des systèmes d’exploitation bovin lait dits « plus intensifs » entrés en conversion en 2009 s’est achevé en 2014. Retour sur les principales conclusions de ces 5 années d’étude.
D’après de nombreuses études et les retours de terrain, la gestion de la santé du troupeau constitue un des freins majeurs à la conversion en AB des élevages laitiers. La réalité est tout autre et l’étude conduite vient le confirmer avec force. Les 14 éleveurs suivis ont tous vus, sans exception, une évolution positive de la santé de leurs animaux tout en diminuant leurs coûts vétérinaires (60€/UGB avant conversion et 40€/UGB en 2ème année bio). Un coût alimentaire moyen inférieur à 85€/UGB lait
Rappel du contexte de l’étude : La production laitière biologique a connu un « boom » des conversions en 2009-2010. Celuici s’explique principalement en 2009 par un contexte laitier conventionnel peu favorable, un prix du lait biologique élevé, des aides à la conversion incitatives et un cahier des charges relatif à l’Agriculture Biologique (AB) plus permissif selon certains paramètres (part d’ensilage dans la ration, nombre de traitements vétérinaires autorisés notamment). Ainsi, un nombre conséquent de fermes est entré en conversion sur cette période et cela avec des systèmes de production qui pour une partie d’entre eux étaient relativement éloignés de ce qui s’observait usuellement en AB. Le réseau GAB/FRAB a donc suivi le parcours de 14 de ces fermes au cours de leur conversion à l’AB.
Le développement du pâturage est une des clés d’un coût alimentaire maîtrisé en AB. Les 14 fermes suivies ont vu celui-ci diminuer au cours de la conversion. Au-delà du développement des surfaces en herbe, d’une taille de cheptel calibrée pour la SFP disponible, cela s’explique par une autonomie en concentrés renforcée. Une efficacité économique moyenne renforcée avec la conversion en AB Comme le montre les éléments présentés ci-dessus, la conversion en AB peut impliquer des changements profonds du système de production (modification de l’assolement et de la ration, diminution de la production par vache). Pendant la période de conversion en AB, ces changements peuvent représenter des charges en plus (semis de prairies, éventuels achats de concentrés biologiques), des produits en moins (moins de lait produit). Celle-ci est plus ou
Des éleveurs qui ne reviendraient pas sur leur choix
moins facile à gérer suivant les situations. Afin de la franchir sereinement, il est donc
80% des fermes suivies ont développé un système fourrager basé sur l’herbe pâturée Avant conversion, les fermes suivies possédaient toutes plus de 10% de maïs dans la SFP(3) (9/14 en avaient plus de 20%). Cinq ans après la conversion, toutes les fermes ont moins de 20% de maïs, 11/14 en ont moins de 10%, 3/14 n’en cultivent plus. Ces surfaces en maïs ont été compensées par la mise en place de surfaces en prairies. Celles-ci sont exploitées prioritairement par le pâturage et permettent de constituer les stocks hivernaux.
préférable d’avoir une situation économique saine, laissant des marges de manœuvre si nécessaire. Une fois en AB, la rémunération du lait est supérieure et vient compenser ces éventuelles charges en plus et/ou produits en moins. Concrètement, toutes les fermes suivies ont vu leur efficacité et leur viabilité économique maintenue voir améliorer avec la conversion en AB.
Impact de la stratégie alimentaire choisie sur les résultats techniques et
Une production laitière de 4100 à 7000 L/VL(4) Observer une diminution de la production laitière lors d’un passage en AB constitue un frein à la conversion en AB sur le terrain. Le suivi réalisé a montré que l’ampleur de cette diminution était liée en grande partie au niveau de production initial et à l’importance de l’évolution du système fourrager lors de la conversion. Concrètement, cette baisse s’échelonne de 1200L à 300L/VL suivant les fermes. Les baisses les plus importantes ont été observées chez les
économiques Comme présentée précédemment, le développement de l’herbe pâturée constitue le socle commun des évolutions systémiques enclenchées par les fermes suivies lors de leur conversion bio. Toutefois, selon les cas, le pâturage n’occupe pas toujours la même place et des orientations nouvelles en AB ont pu être identifiées et caractérisées. Ces stratégies sont au
éleveurs ayant diminué de manière très importante la part de maïs dans la SFP. Enfin, quand 8
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nombre de trois et ont été établies selon la part de la ration annuelle fourni par le
L’ampleur de la perte de production laitière par VL lors de la conversion diffère selon la
pâturage, par les stocks et par l’affouragement en vert.
stratégie alimentaire choisie
Des stratégies alimentaires aux caractéristiques bien tranchées
Les fermes de la stratégie affouragement en vert sont celles-qui ont subit la chute de
Stratégie maximisation du pâturage (7/14)
production laitière la plus importante depuis la conversion. Ce sont également elles qui, une
Les exploitations de ce groupe sont caractérisées par :
fois en AB, ont conservé le niveau de production par VL le plus important. Ces fermes ont
- Une forte augmentation du pâturage (de 47 à 59%)
généralement conservé une quantité de concentrés par litre de lait plus importante.
- Une importante diminution du maïs ensilage (de 33 à 4%)
La maximation du pâturage induit le coût alimentaire le plus faible
- Une augmentation des stocks à base d’herbe : ensilage, enrubannage, foin (de 16 à 31%)
L’étude du coût alimentaire pour ces 3 stratégies confirme avec force que l’herbe pâturée
En règle générale, les fermes de cette stratégie possèdent un bon parcellaire ou mettent en
constitue le fourrage le plus économe. Concrètement, les fermes de cette stratégie ont un
œuvre des moyens pour l’optimiser et/ou le développer. Faire du lait avec ce que l’on peut
coût alimentaire de 50% inférieur à la stratégie affouragement en vert et de 25% inférieur à la
produire sur l’exploitation est une idée-phare (adéquation sol-troupeau). Le maïs est encore
stratégie stock.
présent mais en proportion très faible, certains producteurs n’en cultivent plus.
Maximiser le pâturage pour une meilleure efficacité économique
Stratégie mixte, fondée sur les stocks et le pâturage (3/14)
L’ensemble des fermes suivies ont vu leur efficacité économique s’accroître avec la
Ce système évolue assez peu depuis l’entrée en conversion :
conversion en AB, et cela quelque soit la stratégie alimentaire choisie. Toutefois, des
- Une légère diminution du maïs ensilage (de 29 à 23%)
disparités apparaissent entre les différentes stratégies. Concrètement, les fermes qui sont sur
- Compensée par une augmentation des stocks d’herbe (de 15 à 25%)
des stratégies faisant appel à une part importante de stocks (herbe et/ou maïs) et à
- Un pâturage qui évolue peu (de 45 à 48%)
l’affouragement en vert sont moins efficaces que celles-qui ont privilégiées la
Ces exploitations se place plutôt dans un système de polyculture-élevage, les cultures étant la
maximisation du pâturage.
variable d’ajustement du système fourrager : vente ou achat suivant le niveau des stocks
Que retenir pour mettre en place une conversion bio demain ?
fourragers.
Avant de se convertir, une réflexion autour de l’ensemble de son système exploitation
Stratégie affouragement en vert (4/14)
s’impose. Cette étude a permis d’insister sur quelques éléments à prendre en compte dans une
Les exploitations de ce groupe se caractérisent par :
telle réflexion.
- Un développement de l’affouragement en vert (de 12 à 41%) - Une diminution de la part d’ensilage de maïs (de 44 à 15%)
Le passage d’un système très intensif à un système autonome et économe est possible mais
- Une diminution du pâturage (de 27 à 17%)
risqué. Dans tous les cas, une conversion doit être accompagnée (agriculteurs bio, conseillers
- Une augmentation des stocks d’herbe (de 8 à 22%) La première explication de cette stratégie est la part de surfaces accessible pour les VL. Généralement, les éleveurs ont opté pour l’affouragement en vert pour valoriser de l’herbe mise en culture sur des surfaces non accessibles. Aussi, ce sont généralement des exploitants qui souhaitent maintenir un rendement laitier important. La ration est donc réfléchie en permanence pour maintenir la production.
spécialisés…). La conversion en AB ne doit pas avoir pour but de redresser une exploitation déjà en difficultés. Une situation financière saine est donc préférable, d’autant plus que les années de conversion peuvent être difficiles. Les contraintes et objectifs différents conduisent à la mise en place de stratégies différentes lors de la conversion, mais toutes les formes de valorisation de l’herbe peuvent fonctionner
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
(pâturage, stocks, affouragement en vert), à conditions de respecter les fondamentaux. La
Du grain au pain : le projet Pays Blé
gestion de l’herbe et le pâturage sont les clés du bon fonctionnement des systèmes
Estelle Serpolay et Camille Vindras(ITAB)
étudiés. Il est toujours intéressant de valoriser la surface accessible par le pâturage, même s’il est limité. Privilégier l’autoproduction et limiter les achats permet également de mettre en place un système autonome. Dans tous les cas, il s’agit d’optimiser son système pour
Contexte
gagner en efficacité et être résilient face aux aléas extérieurs.
La demande des consommateurs pour une alimentation saine, diversifiée et locale (notamment bio) est en augmentation. Soucieux de répondre à cette demande, et plus largement engagés
Guillaume MICHEL
dans des démarches agroécologiques, des agriculteurs, boulangers et paysans-boulangers
Avec l’appui d’Edith CHEMIN (en stage de fin d’étude)
cherchent à optimiser la sélection, la culture et la transformation des variétés de blé qu’ils
GAB d'Armor
cultivent, et notamment des variétés-populations. En effet, les variétés commerciales
Tel : 02.96.74.75.65
modernes (génétiquement très homogènes) n’étant pas toujours adaptées à leurs pratiques
Email : g.michel@agrobio-bretagne.org
agronomiques ni boulangères, de plus en plus de praticiens se tournent vers des variétéspopulations (génétiquement diversifiées). L’usage de ces variétés-populations soulève de
(1)
Agriculture Biologique
nombreuses questions quant à leur adaptation aux pratiques agronomiques et boulangères de
(2)
Réseau des Associatifs des Agriculteurs Biologiques Bretons
ces praticiens, ainsi que sur les qualités organoleptiques du pain. Afin d’explorer ces
(3)
Surface fourragère principale
questions, des agriculteurs et boulangers de l’association Triptolème (qui travaille sur la
(4)
Vache laitière
biodiversité cultivée dans l’Ouest de la France) ont participé à un programme de recherche participatif avec l’INRA de Rennes : PaysBlé. Ce projet a été financé par la Région Bretagne (2009-2012) et a été complété par des fonds européens dans le cadre du projet de recherche SOLIBAM
(2010-2014).
A
travers
une
démarche
innovante,
participative
et
transdisciplinaire, ce projet de recherche a étudié les influences de la variété et du terroir tout au long de chaîne de production (du grain au pain).Une grande quantité de données a été récoltée et nécessite un long travail de traitement ; les premiers résultats donnent déjà des pistes de compréhension des influences des différents facteurs étudiés.
Problématique et objectifs PaysBlé : Le projet vise à favoriser le développement d’une filière courte de qualité par l’amélioration de la compréhension des processus en jeu, du champ au produit, afin de faciliter l’adaptation des pratiques aux objectifs des praticiens. Cette problématique est peu prise en compte par la recherche institutionnelle qui n’intègre d’ailleurs en général pas ou peu les praticiens dans les expérimentations. Or, non seulement les praticiens, mais aussi les consommateurs sont de plus en plus demandeurs d’un rapprochement entre science et société. Les objectifs de PaysBlé sont donc variés tant sur le plan scientifique que sociétal.
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
PaysBlé a donc étudié les impacts de l’environnement et de la diversité génétique du blé, ainsi
Au fournil, les variétés ont été testées par des boulangers et chercheurs. Les observations
que les interactions entre ces deux facteurs, dans des conditions d’agriculture biologique et de
effectuées ont été récoltées selon un protocole BIPEA (test de panification normalisé
panification au levain naturel pour que les praticiens puissent mieux comprendre et maîtriser
permettant de comparer les pains d’un laboratoire à un autre) adapté par les partenaires du
la qualité de leurs produits. Cette étude a été réalisée de manière globale, transdisciplinaire
projet à la panification au levain naturel. Le comportement de la pâte au pétrissage
(agronomie, meunerie, boulangerie, analyse sensorielle) et participative, ce qui est une
(consistance, extensibilité, hydratation…), au pointage (pousse, suintement, tonicité…), au
innovation en matière de recherche.
façonnage (allongement, déchirement…), à l’apprêt (porosité, cloquage…), à la mise au four (collant, expansion…) et à la sortie du four (aspect du pain et de la mie) a été noté.
Une démarche expérimentale innovante
Dans l’assiette, la qualité sensorielle a été évaluée par des consommateurs (boulangers et
Pour répondre aux nombreuses questions posées par la problématique, un dispositif
grand public) à travers une épreuve de Napping®. Ce test, qui est une mesure globale et
participatif et en « conditions réelles » a été mis en place. L’équipe de recherche, aux côtés
spontanée de la qualité sensorielle, permet, sans compétences préalables, de positionner les
des praticiens, a organisé la mise en place et le suivi des essais, qui se sont déroulées dans les
pains les uns par rapport aux autres sur un espace sensoriel et d’expliquer qualitativement les
champs des agriculteurs et les fournils des boulangers, ainsi que l’évaluation organoleptique
différences constatées.
qui a été faite par des consommateurs.
Différents types d’analyses de ces données nous ont permis et permettront encore par la suite
L’expérimentation s’est basée sur l’étude de trois variétés de blé, choisies de manière à
d’appréhender les interactions entre les variétés testées et leur environnement à chaque étape
maximiser leurs différences génétiques afin de mieux identifier les facteurs des variations
de la production et de manière globale.
observées (environnement et pratiques boulangères notamment). Ces trois variétés avaient un gradient de diversité génétique croissant : Renan (variété commerciale lignée pure,
Résultats
génétiquement homogène), Sixt sur Aff (une population déjà cultivée par quelques
Comportements agronomique et technologique des variétés :
agriculteurs, génétiquement plus hétérogène que Renan) et la Population Dynamique de
Les résultats des analyses agronomiques et technologiques montrent une tendance
Florent (un mélange de 11 variétés-populations, dont Sixt sur Aff, génétiquement très
comportementale commune des deux populations (Sixt et la population dynamique) par
hétérogène). Elles ont été évaluées du sol au pain (au champ, en laboratoire pour la farine, au
rapport à la variété Renan pour certains critères majeurs. Ainsi, il semble que Renan se
fournil et dans l’assiette) sur 3 années de cultures (2 pour l’évaluation de la qualité
caractérise par une plus grande présence d’adventices, un moins bon aspect sanitaire, moins
sensorielle).
de verse, des épis plus productifs, un plus faible rendement en farine, moins de glutens et
3 à 6 agriculteurs ont cultivé les trois variétés côte à côte chaque année, dans des conditions
protéines que les populations. Malgré ces différences sur des critères importants, nous notons
environnementales diversifiées. De nombreux descripteurs de l’environnement ont été
qu’il n’y a pas de différences significatives de rendement entre les 3 variétés sur l’ensemble
collectés afin d’essayer d’évaluer leur impact sur le comportement des variétés du grain au
des essais. Cependant, Renan montre une variabilité plus importante que les populations d’un
pain. Ils concernaient le sol (mesures physico-chimiques et de la vie du sol), le climat
essai à un autre (donc une stabilité moindre). Il y a souvent une interaction forte entre les
(ressenti par les agriculteurs) et les pratiques agronomiques.
facteurs variété et environnement qui reste encore à étudier et qui implique que le facteur
Au champ, des mesures classiques ont été collectées sur les plantes telles que le rendement et
sélection (ou choix de la variété) est un levier pour les agriculteurs pour atteindre leurs
ses composantes, l’aspect sanitaire, la présence d’adventices, la couverture du sol…
objectifs dans leur environnement particulier.
Au moulin, la récolte a ensuite été analysée sur des critères technologiques meuniers
Qualité finale du pain
classiques (rendement farine, tailles des particules, protéines, glutens, amidons, alvéomètre de
Les trois facteurs étudiés (environnement, variété, boulanger) semblent impacter la qualité
Chopin, absorption de l’eau, sédimentation, dureté…).
sensorielle du pain et le facteur boulanger apparaît dominant, certainement à cause du rôle important du levain dans la qualité (diversité des microorganismes selon les boulangers). 14
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
L’environnement semble impacter la texture du pain, et la variété les caractéristiques de
Conclusion et perspectives :
saveurs. Pour les saveurs, l’impact de la variété est cependant peu importante, ce qui
Le grand nombre de variables étudiées limite la lisibilité des analyses et la mise en évidence
suggérerait la faible pertinence du levier de sélection pour agir sur la qualité. Or, d’autres
de corrélations significatives ; de plus nous ne pouvons pas élargir nos conclusions aux types
projets ont au contraire montré l’importance de la variété dans les saveurs du pain. En effet,
variétaux car nous n’avons qu’une variété représentative de chaque type variétal testé.
une étude complémentaire à PaysBlé reliant des sources bibliographiques sur la composition
Cependant, les premiers résultats du projet permettent de confirmer les observations des
en nutriments des variétés tend à montrer que les caroténoïdes, présents dans les blés dits
praticiens.
« rouges » (caractéristique variétale), pourraient avoir un rôle favorable dans l’expression du
Il reste encore beaucoup de travail car la masse des données est importante. Des analyses
goût du pain car ils en limiteraient l’altération dans le temps. De plus, des observations chez
permettant d’étudier plus en détail les liens entre les caractéristiques environnementales et le
plusieurs paysans-boulangers du Réseau Semences Paysannes à travers la France ont mis en
comportement des variétés à chaque étape de la production sont notamment prévues. Cela
évidence une grande proportion d’épis « rouges » dans leurs mélanges-boulanges. Ces
permettra d’affiner les possibilités d’utiliser les leviers techniques du grain au pain.
résultats contradictoires avec ceux de PaysBlé peuvent s’expliquer par le choix des variétés
Des pistes concernant des marqueurs morphologiques de la qualité ont été formulées (épis
dans notre projet. Elles ne sont pas nombreuses et n’ont pas été choisies pour leurs spécificités
« rouges »). Une démarche plus analytique permettrait d’approfondir cet aspect ou encore
de saveurs. Cela constitue une limite de l’étude.
l’étude d’un plus grand nombre de cas serait susceptible de compléter cette réflexion.
Cette singularité de la qualité du pain qui varie selon les trois facteurs étudiés se rapproche de
D’autre part, l’adaptation des pratiques des boulangers pour atteindre une qualité particulière
la définition du terroir en viticulture et pourrait contribuer à l’identité des produits de terroir
n’a pas été étudiée dans ce projet (dont ce n’était pas l’objet) et cela reste encore un champ
pour une meilleure valorisation de ces produits. On pourrait parler de terroir « panicole ».
important de gestion de la qualité. La démarche mise en place est globale et innovante, elle rapproche recherche et pratique, et
Relations diversité-stabilité :
combine différentes disciplines pour étudier tout un système alimentaire. Elle répond à une
Si l’on propose comme définition d’une « bonne variété » pour l’agriculture biologique, on
demande sociétale et est un premier succès. Nous espérons que cette démarche sera utilisée
peut répondre que c’est une variété qui a des bonnes performances et des performances
par d’autres collectifs, enrichie et transposée à d’autres espèces, afin que chercheurs,
stables dans diverses conditions d’agriculture biologique. Nous avons donc passé les résultats
praticiens et consommateurs puissent travailler ensemble à élaborer les produits de
des trois variétés testées à ce crible et il est apparu que les deux populations appariassent
l’agriculture bio et locale demain, contribuant à une mutation collectivement choisie des
comme les meilleures variétés de manière globale. Cependant, on remarque une dichotomie
systèmes alimentaires.
pour la stabilité selon les critères testés. En effet, sur les critères agronomiques et technologiques, ce sont les populations les plus stables alors que c’est la lignée pure pour la panification et la qualité sensorielle. Cela confirme les observations empiriques des praticiens qui ont remarqué que les populations avaient une bonne capacité à tamponner les variations environnementales et que les lignées pures (et en particulier Renan) avaient une bonne aptitude à la panification et un goût stable mais qui ne comporte pas d’arôme particulier. Ces tendances nous montrent que la variété, et donc la sélection, est un levier sur lequel peuvent jouer les agriculteurs et les boulangers en fonction de la connaissance de leur environnement, pour atteindre leur objectif de qualité finale.
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
S’installer en maraîchage biologique
- Taille de l’exploitation et disposition du parcellaire - Multiplicité des espèces cultivées
Luc Bienvenu (conseiller en maraichage bio) et des maraichers bio
-Rapprochement de certains bassins de consommation ou proximité grossistes ou autres producteurs… L’installation en maraichage biologique n’est pas anodine, et ce , bien au-delà du parcours à l’installation ( formation, PPP, établissement d’un PDE, capacité agricole, obtention du
•
Organisation de travail et logiques d’équipement
statut d’agriculteur ect..). Elle requiert, dans tous les cas, un maximum de préparation et
La commercialisation :finalité autour de laquelle tout s’organise ?
d’anticipation dans le choix de son système de production : choix judicieux du site et
Le système de production ( même si évolutif dans le temps…) , est conditionné en premier
appréciation de la qualité agronomique des sols, formes de commercialisation, choix
lieu par les formes de commercialisation que l’on veut développer :
techniques ( pas simples, face, souvent, à une multiplicité des productions ) et logiques
•
ventes par internet, vente à la ferme, libre-cueillette ect…
d’investissements qui en découlent., réflexion permanente sur l’organisation de travail ... Bref ! Comment prévoir au mieux son outil de production, avant de démarrer ses premières
Vente directe uniquement : marchés de plein-vent , systèmes paniers ou AMAP,
•
Systèmes mixtes : par exemple vente directe marchés + vente en « semi-gros » sur magasins ou biocoops pour quelques productions plus dimensionnées. Autre exemple,
mises en culture ?
système paniers qui s’équilibre avec vente spécialisée sur quelques légumes, en contrat avec un groupement de producteurs ect….
En maraichage biologique, plus que dans toute autre production, les candidats à l’installation sont souvent issus de milieux sociaux-professionnels relativement éloignés du milieu agricole.
•
Systèmes plus spécialisés ( serre ou plein-champ) avec seulement 2 à 10 cultures, sur
Les projets agricoles qui se réalisent sont souvent, de ce fait, empreints d’une forte
surfaces plus importantes, répondant à demande plate-forme Biocoop, ou grossistes,
motivation, et en lien étroit avec le projet de vie : qualité de vie (approche environnementale
ou restauration collective ou tout autre circuit long…
et sociale…), fort désir d’indépendance et de liberté d’entreprendre, volonté de vivre
•
Ect…
économiquement de son activité, maitrise du temps consacré au travail et de sa relative
Tous les schémas sont possibles au départ, selon ses envies de producteur, voire les
pénibilité… ?... Sur les deux derniers points( revenu et travail) il s’avère que sur un certain
possibilités, les offres et les évolutions des marchés. Dans tous les cas, avant le démarrage de
nombre d’installations et ce, après 4 ou 5 années de fonctionnement, des disparités (parfois
la production, une étude de marché, en local ou sur les circuits plus longs disponibles à
importantes…) peuvent apparaitre entre les projets, et à l’analyse, il ressort assez nettement
proximité, peut-être un très bon outil d’appréciation sur les possibilités de commercialisation.
que les fermes qui se sont le mieux « préparées » à un démarrage dans de bonnes conditions,
D’une façon générale les formes de vente, parfois démultipliées en maraichage diversifié , ont
se retrouvent assez rapidement en phase avec leurs objectifs de départ ( « vitesse de
tendance à se simplifier au cours du temps ( on ne garde que les débouchés commerciaux
croisière »…), sur le plan humain et économique… ?
« valables » et susceptibles de développement…). En effet il faut assez rapidement se rendre à l’évidence, que le temps passé à la commercialisation ne doit pas excéder 20 à 25 % du temps
Définir le plus précisément possible son système de production est la première étape concrète
de travail global, si ion ne veut pas impacter sur le temps passé à la production( encore plus
de la mise en place de l’exploitation. Quelle type de ferme je veux développer ?: plus
vrai pour système diversifié - 1 seul UTH sur l’exploitation !..)
l’expérience professionnelle , acquise chez les producteurs avant son installation, est
La vente directe implique généralement une diversité optimale de légumes, toute l’année , et
importante et diversifiée , plus les choix de départ sont facilités .
notamment sur les périodes hiver-printemps , où la clientèle est très présente et demandeuse
Le choix du système de production (cultures légumières plus ou moins diversifiées ou
de produits frais ( en système AMAP ou paniers, au vu du « non-choix » des consommateurs
spécialisées, vente directe ou circuits longs, cultures sous-abris ou de plein-champ, travail seul
sur leurs achats, l’exigence du producteur doit être encore plus constante sur la quantité, la
ou à plusieurs …ect… ) conditionne en premier , quelques paramètres incontournables :
qualité et la diversité des produits… ?..). Par contre il n’est pas inéluctable, en système de 18
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
vente directe, de devoir produire le panel complet des productions maraichères : la répartition,
préconisations judicieuses agronomiquement( approche Hérody intéressante), mais aussi
par exemple, des différents légumes sur plusieurs exploitations, qui se complémentent au
classement des terres, conseils de voisins avisés ou des anciens agriculteurs, profils de sol à
niveau des ventes, peut simplifier de façon radicale l’organisation de travail sur chaque ferme,
faire soi-même, aspect de la végétation spontanée ou cultivée ect…
mais également réduire et cibler les investissements spécifiques, et en conséquence accroître
Une homogénéité agronomique des parcelles est évidemment idéale, notamment dans
forcément la maitrise technique des productions.
l’établissement des rotations de culture. D’une façon générale, une terre de valeur moyenne est toujours améliorable par de bonnes pratiques agronomiques ( fertilisation, engrais verts,
S’assurer de la faisabilité de son projet sur les terres choisies
travail de sol…), mais une terre de qualité médiocre( trop de limites physiques ou
Dans tous les cas le choix de la terre doit être mûrement réfléchi et même si l’accès au foncier
agronomiques…) pour le maraichage, ne peut pas être raisonnablement « modifiée », et reste
n’est pas toujours aisé pour le futur maraicher ( plus difficile même sur les projets à petite ou
une contrainte omniprésente, pour la réussite des productions., au long des années ( ?)
moyenne surface..), il faut prendre le temps ( qui ne sera jamais perdu !..) d’user de toute l’information disponible ( annonces agricoles, Safer, Adasea, groupements bio, Civams, Terre
Autres qualités pour un site retenu ?
de liens, mairies, communautés de communes, agriculteurs …) pour accéder à un site de
Présence ou non de logement et de bâtiments d’exploitation. Au niveau de la production, la
qualité, qui peut répondre à un certain nombre d’attentes :
présence de bâtiments préexistants évite certains investissements( du moins au démarrage…),
-Quelle surface cultiver ? Si en théorie 1,5 ha (dont 10% sous abri), sont suffisants pour se
dans l’aménagement des zones de conditionnement, lavage et stockage des légumes, qui
lancer seul, en maraichage biologique, il est préférable de prévoir le double, à l’installation,
donnent rapidement beaucoup de confort au maraicher, dans la préparation des ventes (
pour deux raisons principales : 1° - tout projet se développant ( une personne salariée, un
surtout à la mauvaise saison…) . Des locaux disponibles pour le rangement des matériels de
associé… ?..) va exiger naturellement, à l’avenir, une certaine augmentation de la surface de
culture et des outils est également très appréciable.
production…2°- très rapidement ou dès le départ, le producteur manque de surface, pour
La présence naturelle d’eau ( sources, mares existantes…)à proximité des parcelles de
intégrer efficacement dans ses blocs de rotation , des engrais verts longs, qui sont pourtant
production, peut permettre de diminuer en partie, l’investissement sur le système d’irrigation (
centraux dans la maitrise des itinéraires techniques maraichage biologique ( fertilisation,
indispensable pour les serres, fortement conseillé pour le plein-champ !...)
maitrise de l’herbe, ruptures sanitaires, ect…). Point très souvent négligé en maraichage
La qualité environnementale et paysagère du lieu, a souvent également son importance dans le
diversifié !
choix du site de production…
-Quelle parcellaire, situation et exposition des terres ?: Plus les terres sont groupées autour de la ferme, sur des parcelles bien dimensionnées, mieux c’est.. ! Une exposition ( plein soleil)des parcelles sur légère pente sud ou sud -est , ou sur terrain sans déclivité, est
Choix techniques et logiques d’investissement : cà marche ensemble !
forcément la plus favorable, surtout pour les cultures où on recherche forcément un effet « primeur » ( les serres notamment ! )… L’existence de haies brise-vents ( ou à défaut leur
En terme de fonctionnement les systèmes plus spécialisés (serres ou plein-champ), , sont en
installation future…), surtout en bordures sensibles froid ou vents dominants, améliore
général mieux organisés et de meilleure maitrise technique, que les systèmes en maraichage
forcément le « microclimat » maraichage, recherché …
diversifié, par définition même, car dans tous les cas il est plus aisé de conduire un nombre
Quelles qualités agronomiques pour mon sol ? : Les cultures légumières réclameraient « les
restreint de légumes sur des surfaces importantes que de démultiplier le nombre d’espèces
meilleures terres ». Eviter en tout cas de vous installer sur des terres au potentiel trop limitant
cultivées, sur des surfaces parfois réduites . Il faut bien avoir en tête que chaque espèce
: profondeur de sol trop faible, gros cailloux, tendance au dessèchement ou à des
cultivée correspond à un itinéraire technique spécifique ( implantation, soins aux cultures et
hydromorphies marquées, sols très lourds (forts taux d’argile), humides, froids et peu réactifs.
désherbage, sanitaire, récolte ect…) et que la multiplicité des opérations sur chaque culture,
Des analyses de sol, en pré installation sont possibles , surtout si elles sont suivies de 20
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
complexifie fortement le système, avec souvent une forte incidence sur la charge de travail (
Trouver des techniques adaptées et spécifiques: par exemple, on ne résout pas toute la
le temps de travail étant souvent « la variable d’ajustement » du maraicher diversifié !..)
problématique désherbage avec un seul outil : faux-semis, désherbage mécanique, thermique,
Face à une certaine diversité de légumes à produire, il faut trouver en permanence des outils,
manuel,paillages plastiques sont des techniques à envisager comme complémentaires…
des techniques, des méthodes de travail qui permettent de simplifier le système Et trouver une certaine cohérence dans les investissements à privilégier, car l’équipement optimal pour 40
Produire ses plants semble pour beaucoup une évidence à l’installation, mais cela demande du
cultures différentes, est impossible en terme d’investissement ! Certains outils simples( outils
temps , de la maitrise, et certains investissements spécifiques .Est-ce raisonnable quand on
à dents, planteuses…) peuvent être achetés en occasion et d’autres plus précis ou spécifiques
démarre ? L’achat de plants peut-être également un vrai outil organisationnel ? à bien étudier
exigent des achats neufs( herse étrille, désherbage thermique, outils animés de travail de
en tout cas ?
sol ??...). Tout est une histoire de priorités, de types de terre, d’organisation de travail… Dans un système diversifié, vente directe, l’outil serre + irrigation est à privilégier, car c’est
Autre solution très intéressante : la répartition des légumes entre plusieurs producteurs, pas
l’outil qui sécurise en premier la production. Le choix des serres( en neuf ou occasion ? ) n’est
trop éloignés géographiquement, et désireux de travailler sur une mise en commun des
pas anodin : en terme de taille, de modèles, de qualités climatiques et thermiques, de solidité,
moyens de commercialisation( transport, salariés vendeurs, points de vente…). Elle peut être
de praticité ect… L’irrigation doit être prévue avant la mise en culture des serres( et du plein-
un choix de démarrage. Si elle est bien préparée ( voire accompagnée : Gab, technicien…),
champ éventuellement), en optant pour un matériel fiable, efficace et pas sous-dimensionné
elle peut permettre une simplification importante des moyens de production et des itinéraires
au départ..
techniques sur chaque ferme concernée. Besoins de moins d’outils différents car certaine spécialisation ( serre- plein champ ; légumes frais – légumes de conservation ; ect…).
Avoir un matériel adapté à ces besoins. Exemple : Sur dimensionner un tracteur, en taille et en
Il est en tout cas évident que dans un système de production un peu spécialisé, ou le
puissance , n’est pas forcément judicieux, si 50-55cv suffisent pour les outils de travail du sol
dimensionnement des cultures est réel et les itinéraires techniques simplifiés , on peut
, sur un tracteur assez compact, l et passer sous les barres de culture des serres.
recentrer de façon très intéressante ses prévisions d’investissement et amortir plus efficacement un matériel investi.
Disposer d’outils polyvalents simplifie le système : exemple herse étrille qui peut répondre à des binages « en plein » pour de nombreuses cultures. « Standardiser » un certain nombre de postes de travail peut permettre de gagner beaucoup de temps et simplifier les itinéraires techniques légumes : prévoir par exemple toutes les implantations de culture après le même itinéraire travail de sol, avoir des écartements entre rangs identiques pour les opérations de désherbage en plein-champ ( mêmes outils, mêmes réglages, planches regroupées sur la même parcelle, même moment d’intervention…ect…), disposer de paillages plastiques réutilisables et pré perforés sur des écartements standard pour plusieurs cultures, grouper des cultures différentes sous des voiles de protection biologique bien dimensionnés , ect ect…
.
Etre organisé au mieux, au niveau des cultures et au niveau du travail : c’est la clef de voûte de l’ensemble. Une fois réalisé le choix de ses productions ( en privilégiant encore une fois la simplification ?) , l’on établit avec le plus de précision possible une planification des cultures, en groupant au maximum les dates de semis ou de plantation des cultures, quand il n’est pas obligatoire de les implanter sur un logique de séries. Par contre pour les cultures à cycle rapide ( ex : salades, épinard, radis) un calendrier très précis de plantations successives est à établir en fonction de la saison, des pics éventuels de vente… et/ ou de l’abondance dans la variété des légumes de saison. L’établissement de la planification et des prévisions de vente, conduit à définir des assolements :( surfaces de chaque légume à produire).
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
En pleine terre, une fois les assolements connus, on peut organiser les productions sur la base
Protéines en alimentation animale bio : disponibilité et perspectives
de blocs de rotation , si possibles de dimension identiques, à l’intérieur desquels, les cultures sont regroupées sur la base de vrais critères de rotation : logiques de fertilisation, saisonnalité, itinéraires implantation et désherbage proches, logiques sanitaires ect… Dans ces blocs il
Article rédigé par :
serait essentiel d’y glisser un ou deux blocs d’engrais verts longs ( sur 6 ou 7 ans) , qui créent
Stanislas Lubac 1 et Frédéric Pressenda2
des ruptures sanitaires et « salissement »(adventices) , et régissent la logique de fertilisation.
1
Initiative Bio Bretagne, 33 avenue W. Churchill – BP 71612 – 35 016 Rennes Cedex
En serre, l’organisation des cultures est plus intensive et très précise, car elle doit répondre à
2
Céréopa, 16 rue Claude Bernard –75231 Paris Cedex 05
la mise en place optimale de trois groupes de cultures principales, qui sont d’égales importance économique, dans un système de maraichage diversifié, notamment : cultures fruits d’été, cultures feuilles d’automne-hiver , cultures primeur de printemps ( surtout cultures bottes) … D'une façon générale, les systèmes de maraichage diversifié intègrent très mal ces notions
Intro
précises de rotation, pour des raisons souvent de temps, de surface, voire de lisibilité de la
Le marché de l’alimentation animale biologique est marqué par un important déficit en
ferme, à son démarrage ( blocs de cultures par exemple) , On installe les cultures, où il y a de
protéines, particulièrement crucial en production porcine et avicole en raison des prochaines
la place !
échéances réglementaires concernant l’alimentation 100% AB.
Autres solutions pour mieux s'organiser : travailler à 2 sur une ferme ( salarié ou associé, ou conjoint...) offre rapidement des solutions dans certaines situations ( commercialisation et gestion de la production au quotidien, outils tractés demandant 2personnes, pénibilité de certains travaux...) ; emploi de saisonniers pour compenser des pics de travail saisonniers ( plantations longues, désherbages manuels, récoltes de conservation, ect...) ; faire intervenir une entreprise agricole ou CUMA pour gros travaux ( épandage fumier, semis engrais verts,
Une offre déficitaire en proteines biologiques, un potentiel de développement des surfaces de légumineuses à graines
aménagements fonciers...) Comme vu plus haut, il existe aussi des solutions d'organisation de travail, entre maraîchers :
En 2012, ce déficit est estimé à 12 000 tonnes de Matière Azoté Totale, qui correspond à 20%
se répartir les production et éventuellement mettre en place une structure collective simple(
des besoins du cheptel.
type GIE) pour assurer la commercialisation ; acheter du matériel en commun si situation
En fonction des hypothèses de travail retenues (rendements bas, moyens ou hauts), ce déficit
géographique assez proche ; organiser des chantiers collectifs ( bourse d'échange de temps de
présente une forte variabilité de +/- 2 500 t qu’il est important de souligner. Ce déficit
travail...).
correspond en « équivalent-surface » à 20 000 ha de féverole, 23 000 ha de pois ou 16 300 ha de soja, avec également une forte variabilité liée aux hypothèses (+/- 5 000 ha pour le soja). Une forte hétérogénéité entre régions Les deux principaux bassins de production animale biologique, Grand Ouest (environ 50 % du cheptel biologique national) et Sud-Est (15 % des besoins, dus principalement aux volailles) sont déficitaires en protéines bio. En revanche la zone Sud-Ouest est excédentaire
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
grâce à l’importante production d’oléagineux de l’Aquitaine et de Midi-Pyrénées, qui
amélioration dans le matériel génétique disponible pour les agriculteurs, mais pointe plus
équilibre une demande du cheptel pourtant importante.
encore l’importante nécessité d’intensifier le travail de sélection.
Les deux régions qui produisent le plus de légumineuses à graines sont les Pays de la Loire (féverole et mélanges céréales-protéagineux) et Midi-Pyrénées (soja, tournesol et féverole).
Quel potentiel de développement pour les légumineuses à graines biologiques ? Approche économique et marché
Des besoins en croissance, tirés notamment par l’aliment pondeuse
Dans des exploitations types nommées « cas-types », des rotations en grandes cultures
Les besoins en protéines augmentent rapidement entre 2009 et 2012, en particulier pour les
biologiques incluant des Légumineuses à Graines (LG) ont été construites avec des experts
poules pondeuses, pour lesquelles il y a eu beaucoup de conversions. En 2012, les volailles (pondeuses et chair) représentent 60% des besoins totaux en MAT. Le
régionaux. Leurs impacts techniques, économiques et environnementaux ont été évalués. Puis, des modifications des rotations ont été proposées (ajout ou substitution de LG) en vue de
cheptel porcin ne représente quant à lui qu’une faible part des besoins en protéines
produire des protéines pour l'alimentation animale, et évaluées.
biologiques (11%). Notons qu’à partir de 2011, les vaches laitières ont des besoins en MAT
Des marges nettes correctes, voire intéressantes (soja), des coûts de production variables
(concentrés uniquement, donc hors fourrages) supérieurs à ceux des volailles de chair.
A l'échelle de la culture, en fonction du cas-type et de la rotation, les LG peuvent avoir une
Une offre en protéines en progression, mais insuffisante
dans les rotations pour des raisons agronomiques plutôt que pour leurs bénéfices
L'offre en protéines augmente entre 2009 et 2012, mais ne parvient pas à compenser l’écart
économiques, les LG peuvent donc être rentables.
marge nette égale ou supérieure à celle de la rotation. Bien qu’elles soient souvent introduites
avec les besoins. Les principales ressources en MAT biologiques végétales, en volume, sont les mélanges céréales-protéagineux et les céréales. Les oléo-protéagineux ne couvrent qu’une
Peut-on augmenter la part de LG pour l’alimentation animale dans les rotations ? Les modifications de rotations proposées dans les cas-types de ProtéAB montrent qu'il est
faible partie des besoins en raison de leur faible sole et, pour le cas du soja, de la concurrence
possible d'augmenter la part des légumineuses à graines dans les rotations, sans forcément
avec l’alimentation humaine.
pénaliser les résultats techniques, environnementaux et économiques des rotations.
Pour compenser le déficit protéique, environ 17 400 t de tourteaux de soja, 7 500 t de graines de soja, 6 200 t d’équivalent en tourteau de tournesol et 950 t de tourteaux de colza ont été importées en 2011-12 (Coop de France, 2013).
La substitution d'une LG par un mélange céréales-LG a peu d'effets sur les indicateurs techniques et environnementaux. En revanche, la substitution par du soja, dont le rendement et le prix sont plus élevés, peut entraîner une amélioration des performances économiques.
Les légumineuses à graines pour répondre à ce déficit ? Les légumineuses à graines sont caractérisées par la très forte variabilité de leurs rendements. Si ces cultures présentent des atouts d’ordre environnementaux (réduction des consommations d’énergie et des émissions de GES par ha), agronomiques (apport d’azote atmosphérique, allongement de la rotation), ou encore économiques (sécurisation des approvisionnements en matières premières riches en protéines et abaissement du coût des rations, notamment dans le cas de la fabrication d’aliment à la ferme), elles demeurent techniquement difficiles à cultiver en pure. Les principaux freins pénalisant les rendements sont l’enherbement, la gestion des maladies et ravageurs, et la forte sensibilité aux aléas climatiques. Il existe une forte variabilité d’adaptation de ces différentes espèces en fonction des différentes régions françaises. Les 3 années d’évaluations variétales de ProtéAB mettent en avant une 26
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Quels leviers pour développer les légumineuses à graines dans les systèmes de grandes
valorisant par ailleurs très bien la féverole d’un point de vue économique. Les aliments
cultures ?
volailles sont également consommateurs de matières premières riches en protéines très
Plusieurs leviers peuvent être envisagés pour développer la part des LG dans les rotations des
diversifiées, et constituent un concurrent sérieux des aliments porcins dans la captation des
systèmes de grandes cultures :
ressources protéiques mises sur le marché.
La diminution des coûts de production, qui pourrait passer par une diminution des
Le passage au 100 % AB diminuerait l’intérêt technico-économique des protéagineux (modèle
charges de mécanisation et de main d'œuvre (ex : simplification des itinéraires
prospective aliment, CEREOPA)
techniques, mise en commun du matériel), et par l’augmentation et la stabilisation des
L’impact du passage du passage au 100 % AB sur les utilisations en ressources protéiques
rendements (matériel végétal plus adapté, une meilleure maîtrise des bio-
biologiques a été simulé via ce modèle. Les matières premières conventionnelles seraient
agresseurs…).
majoritairement remplacées par du tourteau de soja afin d’obtenir un apport suffisant en
-
L’augmentation du prix de vente des LG.
acides aminés essentiels dans les formules. L’augmentation de l’utilisation du tourteau de soja
-
La contractualisation permettrait à la fois d'augmenter la traçabilité de la filière
ne laisserait que peu de place pour les protéagineux dans les formules dans le contexte de prix
française, d'assurer un prix de vente minimum à l'agriculteur et un prix d'achat
considéré (celui du 95 % AB).
-
maximum à l'éleveur ou au fabricant d'aliment du bétail. Conclusion
Utilisation et perspective des protéagineux en alimentation animale
Bien que le passage au 100 % AB diminuerait l’intérêt technico-économique des
Actuellement sous-utilisées par les FAB à cause d’une faible disponibilité, le passage au 100
protéagineux, la baisse de leur utilisation par les FABs peut être nuancée. En effet, les
% AB devrait encore plus favoriser le tourteau de soja au détriment des pois et féverole qui
protéagineux constituent une ressource produite localement et très bien tracée, ce qui offre des
conservent cependant de gros atouts en termes de traçabilité et de sécurisation des
garanties importantes pour les FABs en termes de sécurisation de l’approvisionnement. Par
approvisionnements (en qualité).
ailleurs, une orientation de la production vers des variétés plus intéressantes en alimentation
Des protéagineux globalement peu utilisés en alimentation animale
animale ou le développement de procédés technologiques améliorant leur intérêt zootechnique
L’utilisation de protéagineux pour l’alimentation animale est globalement faible en France.
(extrusion en particulier) à un prix acceptable peuvent permettre de favoriser l’utilisation du
Sur la campagne 2012/2013, l’utilisation de féverole et de pois par les fabricants d’aliment du
pois et de la féverole dans la fabrication d’aliment composé. Enfin, l’impact potentiellement
bétail était respectivement de 8 320 et 3 328 tonnes (France Agri Mer) en lien avec une faible
négatif du 100 % AB sur le prix du tourteau de soja et le souci de sécurité des
disponibilité sur le marché français. Par ailleurs, les variétés les plus cultivées ne permettent
approvisionnements (tant en qualité qu’en volume) pourrait permettre de maintenir
pas une utilisation maximale car la présence de FAN (facteurs antinutritionnels) ou de tanins
l’utilisation des protéagineux.
limitent leur taux d’incorporation dans les aliments volailles, qui représentent 80 % de la fabrication nationale d’aliment composé (pour la campagne 2012/2013 ; CDFNA/SNIA). La graine de soja extrudée (l’utilisation crue n’est pas intéressante) d’origine française est peu disponible sur le marché, à cause de la concurrence avec l’alimentation humaine.
Pour en savoir plus : L’ensemble des documents issus du programme ProtéAB sont
Des fabricants d’aliments pourtant demandeurs
disponibles sur le site d’Initiative Bio Bretagne http://www.interbiobretagne.asso.fr/,
Dans un contexte d’alimentation 95 % AB et de prix de marchés actuels pour les matières
rubrique « recherche », « grandes cultures » et sur www.biobretagne-ibb.fr à partir de 2014
protéiques biologiques, le potentiel d’utilisation des protéagineux (pois et féverole) se
(taper « résultats ProtéAB » dans le moteur de recherche).
situerait aux alentours de 40 000 tonnes (CEREOPA). Habituellement présent dans les formules porcines, le pois pourrait trouver sa place dans les aliments volailles, espèces 28
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Afterres 2050 : Quelle utilisation des terres en 2050 en France ?
•
Se donner les moyens de baliser les chemins du possible vers une agriculture viable et désirable en construisant un scénario agricole et alimentaire durable, crédible, compréhensible et quantifié physiquement pour la France à l’horizon 2050.
Philippe Pointereau (Solagro) •
Fournir un cadre et une base cohérente au volet biomasse du scénario négaWatt 2011 (présenté publiquement le 29 septembre 2011) dont nous partageons les objectifs de
Le constat
sobriété, efficacité et durabilité.
La France est-elle capable de subvenir à ses besoins d'aujourd'hui et à ceux de demain ? Elle
•
Ouvrir sur cette base, un débat transversal sur les territoires, en milieu agricole, auprès
importe aujourd'hui la plus grande partie de son énergie, de ses métaux, 60% des pêches.
des citoyens, sur l’orientation de notre agriculture en vue d’une interpellation des
Qu'en est-il aujourd'hui de notre nourriture? Nous faisons face à une équation sans solution si
instances politiques pour permettre la mise en place effective des conditions
ce n'est d’en modifier ses paramètres. La population française va croitre contrairement à la
nécessaires aux évolutions.
plupart des pays européens (+206.000 hab/an en moyenne d’ici 2050) alors que ses surfaces agricoles ne cessent de diminuer (-90.000 ha/an) soit 5,7 millions d'ha de terres perdues
Afterres2050 : premiers résultats
depuis 1960 (date du pic d'extension des surfaces agricoles). Et les rendements agricoles ont
Les premiers ordres de grandeur des résultats produits suscitent débats et réflexions.
cessé de croitre depuis la fin des années 90. Nous devons donc à la fois changer notre
Un mix 50 % agriculture biologique/ 50 % agriculture intégrée peut nourrir la France et
alimentation et stopper la perte de nos terres agricoles.
quelques voisins en 2050 mais notre assiette et nos paysages sont vraiment différents :
Contrairement à ce qui se dit, la France avec son vaste territoire agricole et ses 16 millions
•
d’hectares de forêts, n’est pas exportatrice nette en terme de surfaces si l’on prend en compte l’important flux de bois, de soja, de café, de thé, de coton, de fruits et de légumes, …En fait
La ration alimentaire contient plus de céréales, de fruits et légumes, et beaucoup moins de viande, de sucre et de lait.
•
elle importe l’équivalent de 8, 4 millions d’ha et exporte l’équivalent de 7 millions d’ha. Avec
Les sols ne sont jamais nus et une parcelle délivre jusqu’à 6 « productions » - céréales, engrais verts, fruitiers, bois d’œuvre, .. -, contre une aujourd’hui.
une meilleure exploitation de notre forêt, nous serions tout juste à l’équilibre.
•
Les troupeaux ont fortement réduit leurs effectifs.
Et demain nous allons exiger plus à la terre dans le cadre de la transition énergétique et de
•
Ces évolutions libèrent aussi des surfaces pour satisfaire d’autres besoins : production
substitution des ressources fossiles par des ressources renouvelables. Si la sobriété, l’efficacité
de biomasse pour l’énergie, la chimie verte ou les matériaux de construction, …
et la réduction des pertes seront les maitres mots, nous devrons fonder une partie de nos
Les émissions de gaz à effet de serre de la filière agricole et alimentaire ne sont toutefois
ressources sur la biomasse.
divisées que par 2 (et non par 4). Ce travail fournit un cadre indispensable aux exercices de prospective en cours ou à venir. Il
Afterres2050, pourquoi et comment ? En 2050, l’agriculture et la forêt devront nourrir en France 70 millions d’habitants, le bétail, fournir énergie et matériaux tout en préservant la fertilité des sols, la qualité des eaux, la
met en évidence l’ampleur des changements ou ruptures à préparer et permet de mettre en interrelation et en cohérence les approches partielles effectuées par différents acteurs.
biodiversité sans oublier le climat, l’objectif en la matière étant de réduire d’un facteur 4 nos
Comprendre Afterres2050
émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050.
Agriculture et gaz à effet de serre : un facteur 2
Disposerons-nous des surfaces nécessaires pour satisfaire à tous ces besoins et ces
L’agriculture émet des gaz à effet de serre principalement sous forme de protoxyde d’azote
contraintes? Comment analyser les visions parfois opposées sur le devenir de notre
(N2O) et de méthane (CH4) et secondairement sous forme de dioxyde de carbone (CO2). Le
agriculture?
protoxyde d’azote est constitutif du cycle de l’azote. Le méthane est quant à lui
L’objectif de la démarche, soutenue par la Fondation Charles Léopold Mayer, est de :
principalement lié à la digestion des végétaux par les ruminants, il est émis principalement par 30
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
fermentation entérique (le rot des vaches) et le stockage des déjections animales. Le dioxyde de carbone est lié au carburant consommé par les tracteurs et à la fabrication des engrais. En comptabilisant les intrants agricoles (engrais, énergie, phytosanitaires…), les émissions actuelles sont de l’ordre de 105 MteqCO2 dont 40 MteqCO2 de N20, de 40 MteqCO2 de méthane, et 25 MteqCO2 de gaz carbonique. Les différentes simulations Afterres2050 arrivent au mieux à une réduction d’un facteur 2. Cette division par 2 des émissions de GES suppose pourtant une modification des régimes alimentaires et des systèmes agricoles et induit une importante réflexion sur l’utilisation des terres. La sobriété et l’efficacité du champ à l’assiette Les principes de sobriété et d’efficacité sont appliqués sur toutes les étapes de la chaîne alimentaire : réduction des pertes et des gaspillages dans l’agro-alimentaire, dans la distribution et dans la cuisine, recyclage des déchets organiques. Une meilleure nutrition passe par une réduction des surconsommations, notamment en sucre, en protéines et en lipides, ce qui contribue par ailleurs à réduire l’indice de masse corporelle et à lutter contre le surpoids, dans une démarche de santé publique.
Figure 2 : Évolution de la répartition des protéines dans l’alimentation des français entre 2010 et 2050 Il est également probable que la consommation de poissons chutera fortement, si les ressources halieutiques ne sont pas reconstituées. Le poisson d’élevage prendra, en partie
Un régime alimentaire moins carné et moins lacté L’assiette en 2050 contient donc moins de viande et moins de lait, et beaucoup plus de fruits,
seulement, la relève des poissons pélagiques.
de légumes, de céréales, de fruits à coque (amandes, noix…). La viande ne disparaît pas pour autant, sa consommation n’est réduite que de 50 %, mais elle ne sera pas à tous les menus, ni tous les jours de la semaine. Aujourd’hui, 60 % des protéines consommées sont d’origine animale (viande, lait, œufs, poisson). Or, la production d’un kilo de protéine animale nécessite une consommation bien supérieure de protéines végétales, d’un facteur 4 à 10 selon le type d’animaux. Si l’ensemble des humains suivait ce régime carné/lacté, la totalité des céréales consommées dans le monde ne suffiraient pas, et de loin, à nourrir les animaux. Par ailleurs, nos recherches bibliographiques indiquent que sur le plan nutritionnel, rien ne s’oppose à la diminution de notre consommation de viande et de lait, bien au contraire. Il paraît tout à fait possible de diviser par 2 nos consommations de viande et de lait sans aucun problème de santé publique et d’inverser ainsi la proportion entre protéines animales et protéines végétales. Selon les nutritionnistes, le fait de diminuer la consommation de viande permettrait de faire baisser les besoins en calcium et donc de diminuer la consommation de lait.
Figure 3 : Description d’une assiette du consommateur en 2050, en g/j/personne 32
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
« Une parcelle = 6 produits » : moins d’intrants et plus de biodiversité
environnementales, afin que la viande ne soit pas réservée aux catégories sociales les plus
En 2050, l’agriculture conventionnelle est devenue une agriculture écologiquement intensive.
fortunées.
Elle optimise la production de biomasse dans le temps et dans l’espace. Le principal mode de production agricole relève des principes de la production intégrée : •
Rotations longues, assolement intégrant des légumineuses.
Un équilibre avec le reste du monde
•
Lutte biologique.
Les exportations de denrées alimentaires destinées à l’alimentation humaine - principalement
•
Travail très simplifié du sol (voire semis direct) permettant de reconquérir la fertilité
le blé, le lait et la viande - sont confinées à l’espace européen, élargi vers l’espace
des sols.
méditerranéen, Moyen-Orient compris, pour tenir compte du rapport entre la densité de
•
Cultures intercalaires qui maintiennent un couvert végétal permanent.
population de ces régions et de leur potentiel de production agricole.
•
Présence massive d’infrastructures agro-écologiques comme les haies, arbres épars,
La France exporte actuellement de grandes quantités de denrées agricoles, mais elle en
zones humides.
importe également, notamment les produits tropicaux (café, cacao…), des fruits et légumes, et
Ce mode de production réduit fortement la consommation d’intrants chimiques. On estime par
surtout des tourteaux pour l’alimentation animale.
exemple une division par 4 de la consommation d’engrais et de pesticides par rapport à
En 2050, les importations de soja et des tourteaux dérivés en provenance des Amériques, sont
l’agriculture conventionnelle d’aujourd’hui avec la moitié des productions en « intégré » et
totalement supprimées. Les exportations de céréales destinées à l’alimentation animale sont
l’absence de tout traitement sur les surfaces en agriculture biologique.
elles aussi réduites, sans pour autant être supprimées, car la France conserve malgré tout une
L’agroforesterie (1/5 des surfaces en 2050) comme les associations culturales (récolte sur la
certaine vocation exportatrice, dans un monde qui globalement voit la part de l’alimentation
même parcelle et à la même saison de deux cultures, typiquement une céréale et une
carnée augmenter, la réduction de celle-ci dans les pays riches ne compensant pas son
légumineuse) sont généralisées.
augmentation dans les pays en développement.
Moins d’animaux mais mieux traités La quantité d’animaux d’élevage est globalement divisée par 2, tant pour les bovins et caprins que pour les porcs et les volailles. Le seul cheptel inchangé est celui des ovins, qui valorisent des espaces spécifiques, inexploitables par ailleurs. L’élevage bovin reste assez proche des pratiques actuelles, avec un recours encore important à la pâture. Il est déterminé essentiellement par la production de lait, qui est divisée par deux. Le cheptel bovin viande est réduit plus fortement encore, mais conserve néanmoins une place significative compte tenu de ses qualités gastronomiques et de sa valeur patrimoniale. La moitié de la production de porcs et de volailles passe sous le régime « label », avec une extensification importante : allongement de la durée de vie des animaux, augmentation de la surface par tête, passage en mode plein air… L’élevage intensif diminue globalement d’un facteur 3 par rapport à aujourd’hui, il est néanmoins conservé pour fournir des protéines animales bon marché, dans un souci d’équilibre entre les exigences sociales et
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
S’installer ou se convertir en élevage bovin lait bio : les clés de la réussite
Raisonner globalement son système : trouver l’optimum
David Roy (Agrobio35)
dans la tête des références propre au conventionnel. Lors des conversions les producteurs
Le plus délicat dans une conversion, c’est de réussir à penser son futur système avec encore s’inquiètent beaucoup de la maîtrise sanitaire et du salissement des terres, mais les témoignages après conversion laissent apparaître que la gestion du nouveau système fourrager
David Roy - Autobiographie
et de l’alimentation est en faite le point le plus complexe à maitriser. Le passage en bio
Technicien à Agrobio 35 depuis 2009, conseille les agriculteurs en projet et en cours de
impose une autre vision que le simple objectif de réaliser le quota. L’inadéquation entre le
conversion. Il conduit des programmes de recherche en bio. Il conseille les agriculteurs
potentiel fourrager des terres et les références laitières, ainsi que les difficultés rencontrées
conventionnels sur le désherbage mécanique du maïs. Il est également animateur de différents
dans la maitrise des systèmes fourragers expliquent dans la majorité des cas les sous-
groupes de formation d’éleveurs biologiques.
réalisations de quotas. Mais atteindre son quota n’est pas forcément indispensable pour
Avant de se spécialiser dans le bio, il était animateur à l’ADAGE (Agriculture Durable par
améliorer ses résultats technico-économiques. L’important, mais aussi le plus compliqué est
l'Autonomie, la Gestion et l'Environnement). Il a également été salarié agricole et agriculteur
de parvenir à une cohérence entre l’économie et la gestion alimentaire. Il convient de
bio pendant plusieurs années.
raisonner sur une approche globale et non sur des performances techniques par poste. Il est nécessaire de trouver de nouveaux équilibres entre litres de lait/ha de SAU ; litres de lait / vaches et chargement/ha de SFP. Les références absolues deviennent caduques. Ainsi, dans le
Résumé de l’intervention :
grand ouest, la production de lait par hectare peut varier de 3500 l à 6000 l/ha avec un
L’agriculture biologique : « Une agriculture n'utilisant pas de produits chimiques de
chargement de 0.8 à 1.2 UGB/ha. Une des premières erreurs à éviter lors d’une conversion est
synthèse » ; pour beaucoup, l’agriculture biologique se résume à cette définition donnée dans
de mal estimer le potentiel des terres. En bio, ce potentiel est un facteur très difficile à
la loi d'orientation agricole du 4 juillet 1980. Ce n’est pas faux, mais en réalité cela ne suffit
réajuster. De même, les objectifs de productions par vache sont à envisager sans exagération.
pas à définir les pratiques de la production biologique. L’agriculture biologique est définie par
Tout est possible, en étant conscient qu’une vache en bio qui produit 6500 l de lait est déjà
un cahier des charges européens (règlement CEE 834/2007 et CEE 889/2008). L’ensemble
une « haute » productrice. Certes, le cahier des charges européens n’impose pas de limite dans
des pratiques doit respecter cette réglementation et être contrôlé par un organisme
l’utilisation de l’ensilage ou sur le lien au sol qui est peu limitant (l’alimentation du bétail doit
indépendant agrée par l’état. Mais, pour sa mise en pratique, l’agriculture biologique ce n’est
provenir à 50% de la ferme pour les herbivores). Mais à long terme la logique de recherche de
pas qu’un cahier des charges. L’agriculture biologique est un mode de production respectueux
« l’autonomie » sur la ferme sera profitable économiquement et sécurisera le système.
des équilibres naturels, des organismes vivants, une agriculture durable, avec des objectifs environnementaux, économiques et sociaux. S’engager dans la bio, ne consiste pas à revenir à une agriculture « traditionnelle », c'est-à-dire celle d’avant guerre, ce n’est pas non plus semer
Autonomie, équilibre de ration et santé animale
et laisser faire. L'agriculture biologique s'appuie sur les facteurs naturels de production. Elle
En lait, il existe un recul important sur les systèmes bio. Dans tous les groupes laitiers bio,
oriente au mieux les mécanismes du vivant vers un objectif de production. Elle doit aussi
nous constatons que l’autonomie est un facteur de réussite technique et économique.
trouver les équilibres et la cohérence propres aux objectifs des hommes qui la pratiquent et de
L’autonomie, n’est pas synonyme de zéro achat, mais il signifie bien qu’il est nécessaire
leur projet de vie.
d’adapter les objectifs de production aux potentiels réels des terres, et non l’inverse. La cohérence du système à mettre en place lors d’une conversion réside à trouver les équilibres entre productions des fourrages et en particulier la gestion de l’herbe, le mode de distribution et l’équilibre des rations. Afin de nourrir le troupeau avec le silo de maïs fermé de 150 à 170 36
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
jours par an minimum, il est nécessaire de suivre rigoureusement la productivité de l’herbe et
• Rencontrer ses partenaires économiques. Se sont vos futurs clients il est nécessaire de les
sa qualité tant pâturée que stockée. L’éleveur devra veiller au renouvellement des prairies et à
associer à votre démarche.
la composition des associations graminées-légumineuses. En production laitière bio, dans le grand ouest, l’herbe constitue l’aliment de base et les légumineuses prairiales la première qualité de la ration de base, qu’il s’agisse de foin, d’ensilage d’herbe ou de maïs, est
L’engagement en bio, demande aussi des démarches administratives obligatoires…
primordiale. Une fois en bio, l’amélioration des fourrages et leur mode de distribution
• S’engager auprès d’un organisme certificateur. Au niveau national, vous avez le choix entre
source de protéine. Le maïs est rarement distribué à plus de 6-7 kg de MS dans la ration. La
représentent les premiers leviers d’amélioration des performances.
dix organismes certificateurs, auprès desquels il vous est possible de demander un devis. La
L’alimentation des animaux et leur santé doivent être considérées comme deux facteurs
le mode de production bio soit respecté dès cette date).
indissociables. En bio, où les pratiques préventives doivent primer sur le curatif, ces deux
• Notifier son activité à l’Agence bio. Tout producteur qui fait référence au mode de
signature d’un contrat avec l’un d’entre eux marque le début de la conversion (à condition que
facteurs vont de paire. De nombreuses pathologies sont en relation avec l’alimentation. Il est par conséquent nécessaires des les appréhender conjointement.
production biologique, tant sur l’étiquetage que sur la publicité ou les factures, est tenu de notifier chaque année son activité à l’Agence Bio (dans les 15 jours suivant l’engagement auprès d’un organisme certificateur la première année). Attention le non respect de cette notification peut occasionner un retard de conversion et la perte des aides.
La conversion à l’agriculture biologique ne s’improvise pas, il est nécessaire de respecter un certain nombre d’étapes :
• Demander les aides à la conversion le 15 mai suivant l’engagement.
• La première étape pour bien démarrer votre conversion est de demander une visite d’information gratuite et sans engagement au GAB de votre département ou dans un autre
La conversion à l’agriculture biologique correspond à la phase de transition entre l’agriculture
organisme indépendant de toute vente de produit ou de collecte. Ceci afin d’être orienté dans
conventionnelle et l’agriculture biologique, cette période implique souvent une modification
vos démarches de conversion. Un technicien spécialisé se déplace, vous écoute, répond à vos
du système de production, des pratiques, parfois de la vision de son métier. Elle entraine des
interrogations, vous explique le cahier des charges et vous suggère des pistes techniques pour
charges induites (coût des semences, travaux…), provoque des baisses de rendement sans
lesquelles le seul intérêt est celui de l’éleveur.
valorisation supplémentaire. Même si des aides existent, la conversion est une période qu’il
• Profiter aussi de l’expérience des agriculteurs bio proches de chez vous. Rencontrer les
convient de bien préparer techniquement mais aussi économiquement car les baisses de
agriculteurs biologiques de votre région, participer à des journées portes ouvertes. La plupart
revenu dans les deux voire trois première années sont régulièrement constatées. Devant les
des agriculteurs bio sont d’anciens producteurs conventionnels. Ils ont vécu personnellement
changements techniques économiques, la précision de la réglementation l’accompagnement et
les appréhensions et réticences à la bio. Ils ont découvert et construit la bio sur leur ferme. La
les échanges sont indispensable.
seul limite est que chaque ferme est différente et que les objectifs de chacun sont variables. Ceci conditionne la mise en place de sa propre bio. • La formation est une étape importante, elle permet de se familiariser avec les nouvelles techniques, mais aussi avec des nouveaux cadres de référence. Des groupes de formation et d’échanges existent sur l’ensemble du département du grand ouest. • Réaliser un diagnostic changement de système avec un organisme spécialisé en bio. Un bon diagnostic se repères par le fait qu’il contient une partie de simulation qui est prépondérante. 38
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Gérer, c’est décider ! Définir sa stratégie de gestion sur sa ferme
donc gérer c’est choisir, privilégier certains éléments par rapport à d’autres, accepter les pertes qui accompagnent les choix que l’on fait. Et que l’on découvre chemin faisant.
François Berrou (AFOC53 - Association formation collective à la gestion de la Mayenne,
Les schémas normés (à tel problème, telle solution) sont de moins en moins adaptés dans
Membre du réseau interface)
notre monde complexe .Il existe une multitude de solutions …que l’on élabore de plus en plus au fur et à mesure. Cette complexité est alimentée entre’ autres par les évolutions technologiques, la mondialisation des échanges, l’individualisation des comportements, la montée de l’immatériel, la surabondance de l’information, la restructuration des relations
Les AFOC (association de formation collective à la gestion) sont nées à la fin des années 70,
sociales…
de la volonté d’agriculteurs et d’agricultrices de s’engager et de choisir leur avenir dans un
Gérer c’est anticiper mais aussi prendre en compte ce que l’on rencontre au quotidien ;suivre
environnement de plus en plus complexe. Il s’agit au sein de ce réseau de développer
à la lettre un plan préparé d’avance ou évaluer l’action par la mesure des écarts prévision
l’autonomie de gestion des agriculteurs, c’est-à-dire leur capacité à choisir leurs orientations
réalisation apparait aujourd’hui peu pertinent(et pourtant encore bien dominant…)A l’inverse
dans un contexte agricole et social en évolution.
naviguer sans boussole (sans ligne directrice)est prendre le risque de s’échouer au moindre
La présentation de la conception de la gestion présentée ci-après est le fruit du travail réalisé
imprévu, ou de devenir l’esclave de ceux qui vocifèrent "il faut vous adapter » et vous
au sein de ce réseau. Elle n’a d’autre prétention que d’alimenter la réflexion et l’action de
expliquent comment vous devez faire .
ceux qui s’intéressent à ce sujet GERER POUR VIVRE
LES CRITERES D’EVALUATION DE GESTION
Une des visions de la gestion est « gérer pour gagner »La vision développée ici est « gérer
Les expertises propres à chaque domaine (production, commercialisation, gestion financière,
pour vivre »Dit autrement, une « bonne gestion de ferme « doit permettre aux personnes qui
ressources humaines…) restent utiles mais elles ne servent à rien si elles ne sont pas reliées
en vivent d’être à l’aise psychologiquement, financièrement et d’envisager l’avenir avec
entre elles et ne sont pas mises au service des intentions des personnes et de leur vision de
confiance (ce qui ne veut pas dire avec naïveté)
l’avenir.
Cette manière d’aborder les choses est d’autant plus importante dans le cadre de fermes
Les ressources (terres, travail, finances…) ne sont pas illimitées et sur le long terme leur
familiales où ce sont les mêmes personnes qui sont à la fois apporteurs de capitaux, dirigeants,
« préservation » est nécessaire pour pouvoir se construire un avenir, d’où l’importance de les
et qui réalisent la plupart des tâches et où privé et professionnel sans être réductible l’un à
évaluer sur la durée et non pas sur le seul court terme.
l’autre s’entrelacent Cela veut dire aussi que chaque agriculteur peut trouver ses solutions, élaborer des projets qui CONFIANCE EN SOI ET INTELLIGENCE COLLECTIVE
lui conviennent
Gérer nécessite une certaine confiance en soi .Cette confiance s’acquiert en échangeant avec d’autres, ayant différents point de vue (il y a plus d’idées dans plusieurs têtes), ne vous GERER : DES CHOIX A FAIRE DANS L’INCERTITUDE
jugeant pas. .Et pour autant chacun doit prendre ses décisions, ne pas remettre sa vie entre les
Tenir compte des personnes, ce qu’elles veulent, ce qu’elles sont, de la réalité de leur ferme
mains des autres aussi compétents et sympathiques soient-ils, pour pouvoir les assumer et ne
(agronomique, financière….) de l’environnement (climat, politique, règlementaire, social …)
pas être détruits par ses projets.
est quelque chose de difficile ; il est illusoire de croire que tout tire dans le même sens. Et Pouvoir être auteur de ses projets est l’enjeu de cette approche de la gestion. 40
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Agroforesterie: quels intérêts pour les élevages bretons?
Performances agroécologiques de l’agroforesterie moderne
Antoine Marin (SCOP Agroof)
Dans les années 1990, des agronomes français se posent la question de la réintroduction de l’arbre dans les cultures et découvrent que des agriculteurs pionniers ont déjà enclenché le
Autobiographie : Antoine Marin, Chargé de projet territoire, SCOP Agroof.
pas. L’INRA de Montpellier (UMR System), notamment, commencent à évaluer les
La SCOP Agroof est un bureau d’étude de 7 travailleurs créé en 2000 par Fabien Liagre et
performances de ces systèmes. On montre dans quelles conditions une la parcelle
qui se focalise sur l’agroforesterie, ou plutôt sur les agroforesteries... Nous tenons à travailler
agroforestière produit plus et mieux.
à l’interface entre développement et recherche. Réunir ces deux approches nous semble
L’association arbres et cultures (prairies comprises) implique des phénomènes de compétition
important pour rétablir un lien entre des métiers qui se sont séparés, on parle de recherche
pour le partage des trois ressources fondamentales aux plantes (lumière, eau, nutriment)
participative. Cela nécessite de nouveaux partenariats (agriculteur-chercheur) et de nouvelles
cependant les phénomènes de facilitation et de complémentarité entre espèces sont plus
méthodes de travail qui avancent à tâtonnement. Par ailleurs nous donnons des formations
intenses. Nous aborderons les interactions entre arbres et cultures pour les trois ressources
professionnelles et produisons des documentaires.
fondamentales et nous verrons comment concevoir et piloter une plantation agroforestières
Personnellement, après des études d’ingénieur en agroécologie et de brèves expériences
pour que la complémentarité soient la plus efficace.
professionnelles dans le pastoralisme, je rejoins la SCOP Agroof en janvier 2013 et m’installe
Une parcelle agroforestière bien conçue produit 10 à 60 % plus de biomasse, qu’une parcelle
à Beauvais en Picardie. Je travaille plus particulièrement sur les approches territoriales du
agricole classique. Source Liagre, Dupraz. 2008
développement agroforestier. Mon objectif est de mettre en place avec des agriculteurs et des
Nous verrons également que l’avancée des connaissances en agroforesterie permet
groupes des parcelles et des réseaux expérimentaux qui fassent progresser la connaissance en
aujourd’hui de piloter une plantation au service d’un système de culture ou d’élevage.
agroforesterie mais aussi dans les pratiques qui peuvent la compléter : AB, conservation des
L’arbre, au-delà d’une diversification devient un outil au service du système de production:
sols…
refuge pour auxiliaires, conservation des sols, compléments fourragers, amélioration du cycle
A Guichen je présenterai les opportunités (et les questions) que représente l’agroforesterie
de l’eau…
pour une exploitation de polyculture élevage biologique. J’aborderai les enjeux auxquels l’arbre peut répondre sous de nombreuses formes à imaginer pour une exploitation moderne.
Intérêt pour l’élevage Résumé de l’intervention :
Apports zootechniques et services… Plusieurs thématiques seront abordées et illustrées par des projets d’agriculteurs ou des
Introduction : Historique et pratiques traditionnelles de l’arbre agricole
résultats de recherche: l’impact des arbres sur la disponibilité fourragère, la capacité
L’agroforesterie n’est pas une innovation, elle a toujours existé. Si la modernité, la
fourragère de diverses essences et de différents modèles agroforestiers, l’intérêt pour le bien
mécanisation, l’industrie chimique, ont largement chassé l’arbre de nos champs, ce dernier a
être animal. Nous verrons aussi la faisabilité technico-économique.
subsisté chez certains agriculteurs, dans certains pays, sur certains sols ou dans certains
Elevage ruminants : Projet Villarceaux, Projet Oasys,…
système de production, pourquoi ? L’étude des systèmes traditionnels nous renseigne !
Plusieurs types d’aménagements agroforestiers d’agriculteurs seront présentés et un focus sera
Il y a 100 ans on comptait plus de 600 000 ha de pré vergers en France, aujourd’hui il en
fait sur le projet expérimental de l’INRA Lusignan (86). Sur cette exploitation laitière bovine,
resterait moins de 100 000 ha. C’est malgré tout le système agroforestier le plus représenté en
une réflexion globale a été menée sur la capacité du système laitier à résister au dérèglement
France.
climatique. Un ensemble très varié d’aménagements agroforestiers a été planté pour
Source Liagre, Dupraz. 2008
finalement constituer le plus important dispositif expérimental liant agroforesterie et élevage en France. 42
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Aménagement des parcours Volaille Le CASDAR Parcours Volaille a pris fin cette année, ce programme de recherche et de développement multi partenarial a pu cerner davantage les performances zootechniques et
L’agriculture biologique: prix Nobel de l`économie ? Zoom sur les pratiques collectives des producteurs bio.
environnementales des parcours volailles arborés en rapport aux parcours nus. Des guides
Table ronde avec, notamment, la participation d’Alain Delangle, administrateur FNAB,
pour la conception d’aménagements ont aussi pu être produits et seront présentés.
Jacques Chiron, administrateur Biolait, Guillaume Hery, administrateur APFLBB et JeanMarie Morin, Animateur Recherche Formation du réseau Formabio. Animation Claire Touret
Comment raisonner son projet ?
Les acteurs bio ont mis en place de façon empirique des pratiques et un mode de relation qui
Parce qu’un projet agroforestier est conçu sur le long terme, il doit être raisonné avec minutie.
permettent d’accompagner le développement de la bio et de contribuer à développer une
Pour conclure l’intervention, nous présenterons la démarche nécessaire à la concrétisation
économie durable, solidaire et relocalisée. Deux témoignages permettront de découvrir
d’un projet. Nous aborderons aussi les points économiques, juridiques et réglementaires.
quelques unes de ces pratiques déployées par des organisations de mise en marché ou de commercialisation de producteurs bio. Conclusion par Jean-Marie Morin sur ces démarches et leurs voies de diffusion et d'appropriation.
Concilier intérêts privés et plus value sociale et environnementale Développer la bio tout en préservant ses principes fondateurs qu’ils soient écologiques, sociaux, humanistes et économiques est un défi dans un monde où la compétitivité prix et le calcul économique priment. Les plus-values environnementales et sociales sont hors du champ de ce calcul. Elles sont alors au mieux minimisées, souvent niées dans ce qu’est devenu le principal mode d’échange de biens et services : les marchés. Dans un marché en expansion, où la concurrence s’accentue, comment les producteurs et les acteurs pionniers du bio peuvent-ils apporter un renouveau à l’économie ? La Fédération nationale d’agriculture biologique des régions de France a animé une recherche-action pour penser une telle économie à partir des expériences existantes en bio. Ce travail a conduit à l’identification d’innovations organisationnelles mises en place par les acteurs bio. Ces innovations regroupent des pratiques pour faire vivre une gouvernance interne et ouverte aux partenaires extérieurs. Cette gouvernance a pour objectif de gérer la diversité des productions, des partenaires, des échelles territoriales dans lesquelles s’inscrivent les échanges. Ces échanges ne sont pas qu’économiques et commerciaux mais intègrent les préoccupations environnementales et sociales et s’inscrivent dans un partenariat de long terme en faisant coopérer l’ensemble des acteurs d’une filière, des producteurs aux consommateurs.
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Ce travail fait écho et a nourri la participation de la FNAB aux travaux menés par la Plate-
L’APFLBB regroupe des exploitations de typologies très diverses (en taille et type de
forme pour le commerce équitable (PFCE) sur les relations « Nord Nord ». Ainsi le 27 juin
production). Afin de respecter et favoriser cette diversité, l’OEPB s’ouvre à divers types de
2014 à Paris, la PFCE et le réseau d’Initiatives pour une agriculture citoyenne et territoriale
marchés : gros, demi-gros, détail, ainsi qu’à divers types de partenaires. Cette diversité de
(INPACT National), associés à la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB)
débouchés est encadrée et gérée par la structure pour garantir une complémentarité et éviter
officialisaient la Charte du « Commerce Equitable Local » : un projet innovant qui s’attache à
des concurrences destructurantes.
décliner les principes fondamentaux du commerce équitable pour défendre et promouvoir une
Des partenariats de long terme avec des expéditeurs conventionnés basés sur la confiance et
agriculture citoyenne et durable en France.
l’échange régulier autour des préoccupations de chacun des acteurs structurent l’essentiel de la mise en marché de l’APFLBB. Avec la démarche « Ensemble, Solidaires du producteur au consommateur », les différents acteurs de la filière sont reliés : producteurs via l’APFLBB, expéditeurs partenaires, distributeur et consommateurs via Biocoop.
Faire vivre la concertation au sein de l’organisation Intervenant : Jacques Chiron, administrateur Biolait
Des outils pour repérer, valoriser, diffuser ces bonnes pratiques
Biolait, créée en 1994, est une organisation économique de producteurs laitiers bio, chargée
Ces
de la collecte sur l’ensemble du territoire national. Avec plus de 600 exploitations laitières
http://nouvelleeconomiebio.blogspot.fr/
adhérentes pour plus de 100 millions de litres de lait produits annuellement, Biolait réalise
Un recueil de fiches : « L’agriculture biologique : Prix Nobel de l’économie ? » , explicite
aujourd’hui la plus importante collecte de lait biologique de vache de France et approvisionne
la démarche de réappropriation par les producteurs bio de l’économique de leur secteur. Il
une cinquantaine de transformateurs.
donne à voir les pratiques déployées par les organisations de mise en marché collective de
Pour accompagner les différentes phases de changement d’échelle de l’organisation, les
producteurs bio qui contribuent à une économie agroalimentaire relocalisée, solidaire et
producteurs ont mis en place des dispositifs permettant l’implication des adhérents dans les
durable !
orientations et principales décisions politiques et stratégiques de l’organisation. Structures
Ces fiches sont destinées aux agriculteurs, organisations collectives de mise en marché, agents
locales, AG et CA sont organisés avec le souci de répondre à cette préoccupation. Faire
de développement agricole, formateurs. L’objectif n’est pas de faire une présentation
partager le projet aux nouveaux adhérents par un contact direct avec un administrateur ou
exhaustive des différents dispositifs mis en place par les organisations économiques de
adhérent-référent est également un enjeu fort pour Biolait. Celui de faire ressentir aux
producteurs bio, mais bien d’en illustrer certains pour permettre leur réappropriation par
adhérents que malgré la dimension nationale de la structure et le nombre important de
d’autres acteurs.
outils
sont
disponibles
en
téléchargement
sur
le
blog
salariés employés, Biolait reste avant tout une organisation de producteurs, qui a pour engagement de redonner aux éleveurs laitiers bio leur place au sein de la filière.
Un outil « bilan des pratique s » des OEPB Inventer de nouvelles relations commerciales
C’est un outil à disposition des organisations économiques pour:
Intervenant : Guillaume Hery, administrateur APFLBB
•
faire le point sur leurs pratiques, prendre du recul,
L’Association de Fruits et Légumes Biologiques de Bretagne (APFLBB) est aujourd’hui une
•
mobiliser les adhérents autour du projet de la structure, mesurer l’implication et
des principales organisations économiques de producteurs bio de fruits et légumes en France. Elle réunit 63 adhérents et commercialisait 10 000T de produits en 2013, pour un chiffre
l’appropriation du projet par les adhérents, •
valoriser et communiquer sur les dispositifs innovants.
d’affaire de 9.5 M d’euros. 46
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Quand Eau & Bio s’allient pour un développement local durable : 30 bonnes raisons de passer à l’action !
Atelier thématique Eau et bio N°1 : Transversalité des politiques territoriales pour des projets structurants de développement de l’agriculture biologique
Regards croisés d’acteurs impliqués sur des bassins versants… élus, usagers, acteurs économiques, scientifiques
Parler de transversalité, cela semble bien souvent incantatoire : afficher une volonté, mais se heurter au cloisonnement des dispositifs, des services, des acteurs. Sur ce point, les
En présence de :
projets de développement territorial de l’agriculture biologique ont un gros avantage : la
π Josette GARNIER et Gilles BILLEN, directeurs de recherche au Centre National de la
capacité à aller vite, à apporter rapidement des résultats concrets qui touchent à plusieurs
Recherche Scientifique
politiques publiques, et à les incarner sur le territoire. Comment tisser ensemble les fils du
π Yannick NADESAN, président du Syndicat Mixte de Production du Bassin Rennais
foncier et de l’intervention économique, une méthode commune et deux récits de territoire.
π Un(e) représentant(e) des professionnels bretons de la mer π Stéphane ROZE, agriculteur à Erbrée (35)
π En présence de Jacky BONNET, adjoint au maire de la Couronne (Charente)
π Julie PORTIER et/ou Sylvain ROUMEAU, chargés de mission à la Fédération Nationale
Situé sur le bassin versant de la Charente, le territoire de La Couronne est marqué par des
d’Agriculture Biologique
structures à forte empreinte écologique (usine d’incinération des ordures ménagères, centre d’enfouissement technique, ligne à grande vitesse, cimenterie, carrières et industrie papetière). Le déclin progressif des activités industrielles a entraîné une forte diminution du nombre d’emplois, faisant de La Couronne une ville en prise avec le chômage et les difficultés
Les Directives Européennes (Cadre sur l’eau, Baignade, Stratégie pour le Milieu Marin) et
sociales. Face à ces difficultés et afin d’engager le territoire dans une nouvelle dynamique
l’ambition nationale qui s’expriment notamment au travers des "captages prioritaires et/ou
tournée vers le développement durable, La Couronne s’est engagée en 2008 dans une
Grenelle" et des bassins versants incitent règlementairement les collectivités à agir pour la
démarche Agenda 21, reconnue "Agenda 21 local". La réforme de la gestion par les services
préservation de la qualité de l’eau. Mais ce sont aussi des mesures volontaires via des
municipaux des espaces verts et de la restauration collective vers le zéro phyto et l’agriculture
politiques territoriales innovantes qui font le succès de cette préservation. Aujourd’hui, ces
biologique a servi de point d’ancrage à cette démarche.
multiples expérimentations – dont certaines atteignent leur stade de maturité – démontrent la faisabilité de politiques publiques favorables à la fois à la reconquête de la qualité de l’eau, au
π En présence de Yannick NADESAN, président du Syndicat Mixte de Production du Bassin
développement de l’agriculture biologique et au dynamisme économique local.
Rennais (Ille et Vilaine) Le SMPBR regroupe 37 communes et produit l’eau pour les 400 000 habitants de son territoire, soit 45% des besoins en eau d’Ille et Vilaine. Le SMPBR a décidé d’agir
Cette table-ronde sera aussi l’occasion de présenter la parution du guide méthodologique
différemment en investissant sur deux leviers d’action publique : la maîtrise foncière et la
"Agriculture biologique et développement local" Elle sera suivie de trois ateliers thématiques
valorisation économique des productions, en partenariat étroit avec les élus locaux et la
pour découvrir ces expérimentations locales, mais surtout pour partager des points de vue, des
profession agricole. Un zoom particulier sera réalisée sur la démarche de dialogue territorial
retours d’expériences, des pistes d’actions et de réflexions.
entamée sur le bassin versant (BV) de la Haute- Rance - un des principaux territoires "producteurs" situé à 40km de Rennes - dans le cadre du renouvellement du contrat de BV (2014-2018), aune d’un projet agricole de territoire innovant ayant pour objet de reconquérir et protéger la qualité des eaux et des milieux aquatiques. 48
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Atelier thématique Eau et bio N°2 : Des outils innovants au service de la maîtrise d’usage des sols
Atelier thématique Eau et bio N°3 : Des initiatives pour rendre l’alimentation bio accessible à tous
Avec 2/3 des candidats à l’installation (notamment les hors-cadre familial) souhaitant
L’alimentation bio est-elle réservée aux classes les plus aisées ? Si l’accessibilité des produits
s’engager en bio, l’opportunité serait formidable si la concurrence foncière et les logiques
biologiques peut être limitée par différents facteurs (financiers, socioculturels, etc.), de
d’augmentation des surfaces des exploitations n’interféraient pas dans les choix de la
nombreux territoires ont soutenu ou mis en place des dispositifs adaptés. Quelques uns seront
collectivité. Deux témoignages de collectivités donneront à voir des solutions pour faciliter
présentés dans cette table ronde : le Défi "Familles à alimentation Positive" en Rhône-Alpes
l’accès au foncier agricole, l’un des rôles privilégiés des collectivités pour accompagner le
qui accompagne des familles pour "augmenter leur consommation bio sans augmenter leur
développement de la bio.
budget", des approvisionnements bio et locaux d’épiceries solidaires et des paniers de légumes bio à prix adaptés aux revenus. La FNAB apportera un éclairage global sur les
π En présence de Louis DUBREUIL, vice-président en charge de l’agriculture au Conseil
travaux menés sur les impacts transversaux - et souvent insoupçonnés ! - de telles initiatives.
général d’Ille et Vilaine
Autant de témoignages qui vous permettront d’échanger sur les opportunités et perspectives
Trouver le foncier, le mobiliser et constituer des unités viables pour des projets agricoles,
pour vos territoires.
réunir le capital... voici quelques-uns des éléments de l’équation que doivent résoudre les collectivités. En Ille et Vilaine, 3600 hectares de terres agricoles sont artificialisés chaque
En présence d’Olivier CORDEAU, administrateur en charge des circuits courts à la FNAB et
année. Pour remédier à la pression qui s’exerce sur le foncier agricole et faciliter l’accès à la
Violette STRICOT, chargée des projets d’accessibilité à la bio à la FNAB; Maud ROUSSEL,
terre des porteurs de projets agricoles "hors-cadre familial", le Conseil général d’Ille et vilaine
chargée du projet « Défi Famille à Alimentation Positive » à Corabio (Groupement des
(CG 35) a lancé en 2008 un dispositif de portage foncier. Retour sur image sur ce dispositif
agriculteurs bio de Rhône-Alpes) ; Jérémie CREPEL élu de la mairie Lille impliqué dans le
qui a permis d’installer près d’une trentaine de jeunes agriculteurs ayant des projets agri-
projet des "BiocABas Accessibles" ; une Épicerie Solidaire s’approvisionnant en Bio.
ruraux innovants… π En présence d’Anne GALLO, présidente du syndicat intercommunal d’alimentation en eau potable Saint-Avé- Meucon (Morbihan) Le territoire des communes de Saint-Avé et de Meucon est alimenté par deux sites de production d’eau potable. En 2005, un arrêté préfectoral établit les périmètres de protection de ces captages d’eau souterraine (492 hectares). Ces derniers sont en grande partie boisés, mais le Syndicat Intercommunal d’Alimentation en Eau Potable (SIAEP) reste soucieux de préserver une activité agricole. Conventionnement SAFER, échanges parcellaires, installation d’agriculteurs bio… Zoom sur la démarche mise en oeuvre par SIAEP et les collectivités locales pour protéger l’eau et l’agriculture
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
DONNEES ECONOMIQUES 2013 CA: 42 000 € dont 5 000 en viande et 5000 en céréales, 26 300 en lait
S’installer en ovin : parasitisme, sélection, alimentation, commercialisation
Aides totales : 5700 euros (dpu+ aide au maintien et conversion) EBE : 20 000
Sabrine Ponthieu BVB : présentation de la filière ovine avec ses débouchées Julien Brothier éleveur ovins lait et ovins viande à la vraie-croix (56)
annuité 5 000
Anthony Civel éleveur ovins viande à Molac (56 )
MONTANT DES INVESTISSEMENTS pour l’installation en 2008 : 45 000 €
Animation : Christophe Lefèvre
Cheptel:1700 Matériel:8000
1) Présentation de la ferme de Julien Brothier
Fromagerie auto construite
2008 : installation sur 20 ha avec 30 brebis lait et 30 brebis viandes.
+ 10 000 € d’investissement en 2013
Bâtiment : 25000+10000
Montant des aides à l’installation (cr+dja)27000
Race: croisement charolais /ile de France /romanof / Lacaune pour les laitières 2009 : aménagement bâtiment : 100 m 2 bergerie. Salle de traite 32 places
PATURAGE : plus haut pour les viandes (22 cm feuilles tendues)
Silo à céréales de 25 T – bâtiment de stockage de 120 m² (15 x 8).
Finition à l’herbe uniquement – vente à 4 mois pour les plus jeunes (18 kg de carcasse)
2010 : 10 brebis viandes et 50 laitières Achat Thones et Marthod pour reconstituer le troupeau viande.
TEMPS DE TRAVAIL / semaine et temps libre
2013 : 31 ha et 10 ha de forêt – 50 laitières et 20 viandes
35 h annualisées en 2014 – beaucoup plus à l’installation : autoconstruction + clôture
Le système en 2013
4 à 5 semaines de vacances dans l’année
Intrants
Système
Pas d’achat aliments
1.5...........UTH
Semences :
.....31 ha de SAU
Auto
produite
Sortants Quel conseil donnerais-tu à un porteur de projet qui souhaite s’installer en ovin ? Vente céréales
Faire attention au parasitisme : ne pas hésiter à utiliser du chimique
à d'autres
Faire à attention aux rations
ou 12 ha de culture : blé producteurs ou alimentation
fermières pour céréales
Adapter le chargement au potentiel des terres, Se former (GAB)
féverole, orge pois, orge petits cheptels lupin
Animaux :
40 brebis laitières
8 000 litres de lait valorisé
Achat 20 brebis croisées 40 brebis viandes vendéennes
2) Présentation de la ferme d’Anthony
entre 3,5 et 5 euros
HISTORIQUE
20 renouvellement
2008 : 55 ha et 350 brebis (roussin 2/3 + rouge de l’ouest 1/3 et romane)
Achat bélier tous les 3
2008 : Transfo bâtiment vl en bergerie + parc de contention + clôture électrique
ans
2009 : Problème de toxoplasmose (vaccination des agnelles)
Maerl tous les 2 ans sur Compost : 8 T / ha –fin 25 ha = 1 T / ha
2010 : Croissement avec béliers vendéens (plus adaptés au système herbager / conformation
février Autre commercialisation
agneau)
: 3 magasins de producteur +
Construction 2ème bergerie + stockage céréale + atelier
1 marché 1 amap et 1 dépôt
2011 : Achat tapis d’alimentation
vente + bvb + caissettes 52
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
2012 : Installation de Mathilde avec passage en GAEC et atelier brebis lait transfo – passage
2 repas par jour identique. 100 g de paille 400 g de concentré (MC 60 % + 40 % de
au forfait.
correcteur)
Création du labo et de la salle de traite
Foin : 1 kg
2013: Conversion bio
4
LE SYSTEME en 2011 (clôture compta 30sept) Intrants
Système
Alimentation :
1...........UTH
3.5 3
Sortants
2.5
Ensi Mais Paille
2
concentré
1.5
Achat de 20 T de correcteur azoté Semences :
.....55.......ha de SAU
1100 € semences céréale
40,3 ha de prairie temporaire autoconsommées
1000 € semences fourragères
(RGA /TB/Fétuque élevée)
Trie des céréales par Pocréau
3,2 ha de prairie permanente
Foin
1 0.5
céréales à
100%
0
Pâtures Janv
Fév
Mars
Avril
Mai
Juin
Juil
Août
Sept
Oct
Nov
Déc
7.5 ha triticale /avoine /pois 4 ha d’orge
PARASITISME
Animaux : 3 béliers vendéens à 350..........Brebis
34 Brebis de réforme
Prévention par coprologies, pâturage tournant, minéraux, sélection génétique, renouvellement
350 € pièce
490 agneaux
des pâtures, compostage du fumier
70 agnelles 8 béliers
TEMPS DE TRAVAIL par semaine et temps libre
1,18 UGB/ha
Période creuse : mars avril : 8 h X 6 - Aout à décembre : 6 h par jour
Carbonate: 55 T tous les ans: 1 T /
Pointe de travail ; fin janv févr avril : 12 h / jour X 7
ha
15 j de vacances par an + quelques we Quel conseil donnerais-tu à un porteur de projet qui souhaite s’installer en ovin ?
CHIFFRES : (compta 2011)
Formation théorique indispensable
CA : 90 000 dont 7000 de SFEI, 7350 de primes brebis et 12 000 dpu vente animaux 63650
Acquérir suffisamment d’expérience avant de passer en bio
EBE : 33 500
Réfléchir en amont au système et à sa cohérence avant de le mettre en place
Annuité 11 000
Investissements pour l’installation en 2008 125 000 € (dont 100 000 d’emprunt) 50 000 cheptel
25 000 matériel
Aides: 26 300 DJA + CG + CR
15 000 aménagement bâtiment 10 000 clôture 25 000 parc de contention, matériel ovin (petit matériel, claie d’agnelage, barrière), implantation prairie, chien de troupeau, matériel de bureau RATION DES BREBIS 54
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
PAC 2014: quels changements dans vos fermes?
A cela s’ajoute un paiement JA pour les nouveaux installés. Les aides couplées sont également revues pour soutenir la production de lait et les plantes riches en protéines
Mary Henry (Chambre d’Agriculture de Bretagne)
notamment. Après près de trois années de négociation au niveau européen puis en France, la réforme de
Les aides directes avant et après réforme. Source : CRAB
la PAC est presque finalisée. Fin 2013, le gouvernement français a présenté les principaux choix qu’il retenait pour la mise en œuvre nationale, à l’issue de nombreuses réunions de concertation qui associaient les organisations professionnelles agricoles. Pour s'adapter, les éleveurs bretons n'ont d'autres choix que d'optimiser leurs marges. Réduction du budget et refonte des aides directes obligent, la mise en œuvre de la nouvelle PAC va entraîner des changements significatifs pour les exploitations agricoles. Adieu DPU, PMTVA… il va falloir désormais parler des DPB, paiement vert, paiement redistributif… S’il n’y avait qu’un changement de langage, ce serait finalement assez simple. Mais ce n’est pas le cas ! Derrière ces nouveaux intitulés, il y a de nouvelles modalités d’attribution des aides directes du premier pilier de la PAC, qui vont avoir des conséquences plus ou moins
Trois grands principes sous-tendent les évolutions des aides directes du 1er pilier de la PAC : la convergence, le verdissement et la redistribution.
importantes sur le niveau des aides versées selon les systèmes de production. Globalement, les estimations faites par le service veille étude et prospective de la Chambre régionale
Convergence pour réduire les écarts entre les agriculteurs
d’agriculture de Bretagne prévoient une baisse d’au moins 40 millions d’euros par an pour la
Jusqu’à présent, les agriculteurs bénéficient de DPU de valeurs unitaires très variables d’une
Bretagne (sur un total de 540 M€). Cette baisse ne sera pas compensée par la hausse des aides
exploitation à l’autre, car fonction des aides historiquement perçues sur les années 2000-2002.
prévue pour les mesures de développement rural du second pilier de la PAC…
L’objectif est désormais de rapprocher (faire « converger ») le DPB de toutes les exploitations vers un montant moyen national pour atténuer les écarts entre les agriculteurs. La France a retenu un taux de convergence de 70%, ce qui signifie que pour les droits inférieurs à la
Une nouvelle architecture des aides directes à partir de 2015
valeur moyenne du DPB national, l’écart entre la valeur unitaire du droit et la moyenne
Jusqu’en 2014, les agriculteurs perçoivent des DPU (Droits à Paiement Unique – aide découplée non conditionnée à une production spécifique) auxquels s’ajoutent quelques aides couplées, notamment pour le maintien du troupeau de vaches allaitantes (PMTVA). A partir de 2015, l’architecture des aides sera complètement nouvelle. L’aide découplée sera scindée en 3 parties : •
Un DPB (droit au paiement de base),
•
Un paiement vert,
•
Un paiement « redistributif ».
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nationale devra être réduit de 70% en 2019. La convergence se fera progressivement entre 2015 et 2019. Ce processus aboutit inévitablement à faire des perdants, ceux dont les DPU en €/ha étaient les plus élevés, et des gagnants, ceux qui avaient des DPU faibles, voire pas du tout pour certaines productions (arboriculture,…).
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
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Un paiement vert pour prendre en compte les problématiques environnementales
Evolution des aides découplées entre 2013 et 2019
Le paiement vert consiste à rémunérer les agriculteurs en contrepartie de la mise en œuvre de pratiques agricoles bénéfiques au climat et à l’environnement. Pour l’obtenir, l’agriculteur devra mettre en œuvre 3 mesures : •
Diversification des cultures
•
Maintien des prairies permanentes
•
Maintien d’une « surface d’intérêt écologique » équivalente à au moins 5 % des terres
arables (7 % à partir de 2019) : bordures de champs, haies, arbres, jachères, murets, bandes tampons, surfaces boisées. A noter que les agriculteurs engagés en agrobiologie sont automatiquement bénéficiaires du paiement vert.
A noter qu’à ces aides dites « découplées » pourront s’ajouter des aides « couplées ». Les aides couplées sont des aides conditionnées à une production particulière, à l’inverse des aides
Un paiement redistributif pour atténuer la baisse pour les systèmes intensifs
découplées précédemment présentées. Les aides couplées permettent d’aider davantage
Afin de mieux prendre en compte l’emploi dans les exploitations, et corriger l’un des biais du
qu’elles jouent un rôle important pour l’économie et l’entretien d’un territoire. La France a
processus de convergence qui pénalise les systèmes de production les plus intensifs, un
choisi de soutenir spécifiquement l’élevage de ruminants, mais aussi d’encourager la
paiement supplémentaire, dit «redistributif», s’ajoutera aux DPB des 52 premiers ha de
production des protéines par l'octroi d'aides couplées.
certaines productions, soit parce qu’elles sont plus fragiles sur le plan économique, soit parce
chaque exploitation agricole. Sans entrer dans l’explication des nouvelles modalités de calcul du montant des aides directes,
Conséquences pour la Bretagne
voici deux illustrations concrètes. L’exploitation A, dont le montant unitaire des aides
Avec la mise en œuvre de cette réforme de la PAC, globalement la Bretagne sera perdante car
actuellement (350 €/ha) est supérieur à la moyenne nationale va subir une baisse : en 2019, le
le DPU moyen breton se situe aujourd’hui au-dessus de la moyenne française (315 € contre
montant de l’aide passera à 295 € sur les 52 premiers ha, à 195 € ensuite. L’exploitation B en
258 €). Compte tenu de nos hypothèses, au lieu des 542 millions € d’avant réforme, la
revanche a aujourd’hui un montant d’aide unitaire inférieur à la moyenne nationale : avec la
Bretagne recevrait en 2019 moins de 500 millions € ce qui équivaut à une baisse au moins
réforme, ce montant va progressivement progressé pour atteindre 254 € sur les 52 premiers ha
égale à 7%.
en 2019 et 154 € ensuite.
Les agriculteurs vont une nouvelle fois devoir s’adapter à cette réforme qui renforce l’importance du marché et donc du prix de leurs productions sur la rentabilité de l’exploitation. Si sur le principe, cette orientation peut être considérée comme positive, tout agriculteur préférant naturellement vivre de la vente de ses produits plutôt que des aides, il n’en reste pas moins que l’impact risque d’être brutal et déstabilisant pour certaines exploitations. Les conditions de marchés, les prix de vente des productions agricoles vont être de plus en plus déterminants. 58
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Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Actes des conférences / La Terre est notre métier 2014
Le commerce équitable Nord-Nord, une avancée pour la filière bio française.
Pour ce qui concerne plus spécifiquement l'agriculture biologique, cette charte doitêtre l'occasion de formaliser et d'améliorer des comportements qui existent déjà souvent au sein des filières. Le cahier des charges européen de l'agriculture biologique (très complet sur les modes de production, l'étiquetage et sur les contrôles) ne prévoit rien sur les relations entre les acteurs de la filière. Pourtant, ce sujet préoccupe très directement les agriculteurs et nombre d'opérateurs aval, qui ont la volonté de ne surtout pas reproduire les schémas connus dans le conventionnel. Pour les organisations de producteur bio réunis au sein de la FNAB, il s'agit dans un premier temps de repérer les acteurs avec lesquels il est immédiatement simple d'avancer et de commencer avec eux la mise en application concrète de la charte du commerce équitable local.
Marcel DELAUNAY - Président de l’association Bretagne CENS, Émilie DUROCHAT Animatrice nationale de la Plate-Forme Pour le Commerce Équitable (PFCE), Alain DELANGLE - Administrateur de la FNAB
Le 27 juin 2014 à Paris, la Plate-Forme pour le Commerce Equitable (PFCE) et le réseau d’Initiatives pour une Agriculture Citoyenne et Territoriale (INPACT National), associés à la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB) officialisent la Charte du « Commerce Equitable Local » : un projet innovant qui s’attache à décliner les principes fondamentaux du commerce équitable pour défendre et promouvoir une agriculture citoyenne et durable en France. La Charte du « Commerce Equitable Local » est le fruit de 3 ans de partenariat entre les acteurs du commerce équitable et les organisations françaises des agricultures alternatives et durables. Convaincus de la pertinence et de l’efficacité des outils mis en place par les acteurs traditionnels de commerce équitable afin de renforcer les agricultures familiales dans les pays du Sud, les signataires de ce projet inédit ont entrepris de les adapter aux réalités et au contexte français. Ainsi rassemblées autour de valeurs communes, la PFCE et INPACT, en association avec la FNAB, ont fait émerger 14 principes fondamentaux pour bâtir des relations commerciales équitables au service d’une agriculture paysanne et agro-écologique. Sa signature intervient à la veille de la nouvelle loi ESS qui étend la définition du commerce équitable aux échanges locaux. Cette charte entend défendre et promouvoir des agricultures innovantes respectueuses de la nature et des hommes, qui s’appuient sur des pratiques agroécologiques paysannes. A travers des pratiques agricoles durables, économes et autonomes, des organisations de producteurs à taille humaine et démocratique, des productions basées sur les ressources et spécificités locales, les signataires de la charte souhaitent soutenir des agricultures qui participent pleinement au développement durable et citoyen des territoires. La Charte du « Commerce Equitable Local » a vocation à rassembler les initiatives déjà existantes et qui se développent chaque jour sur les territoires (la gamme « Ensemble Solidaires avec les producteurs » de Biocoop, le label « Bio Solidaire » de l’association BioPartenaire, la gamme « Paysans d’ici » d’Ethiquable, le label Ecocert Solidaire, etc.) en leur offrant à la fois visibilité et cohérence. En cette année 2014 où l’agriculture familiale est à l’honneur, les signataires de la charte œuvrent ensemble pour garantir aux consommateurs des produits, à forte valeur ajoutée sociale et environnementale, et aux producteurs les moyens de développer des agricultures d'avenir. 60
14 principes de la charte : Une relation commerciale équitable et responsable • • • • • •
Un prix transparent et rémunérateur Un partenariat commercial sur du long terme Une relation non-exclusive qui préserve l’autonomie des producteurs Un projet de développement partagé Une filière éco-responsable Des conditions de travail respectant la dignité humaine
Pour une agriculture citoyenne et durable • • • •
Une agriculture citoyenne et territoriale Des pratiques agricoles durables, autonomes et transparentes, qui s’appuient sur des modes de production biologique et/ou agro-écologique paysans Une organisation de producteurs démocratique Une production basée sur les ressources et les spécificités locales
Pour changer les pratiques commerciales • • •
Transparence et communication vis-à-vis des consommateurs Sensibilisation et éducation des consommateurs Plaidoyer à destination des décideurs économiques et politiques
61
NOTES
Un réseau, des valeurs, des hommes Le réseau FNAB est présent dans les 22 régions françaises. En Bretagne, Pays de la Loire et Basse Normandie, il est représenté par la Fédération régionale des agriculteurs bio et 4 GAB ; la Coordination Agrobiologique des Pays de la Loire et 5 GAB ou organisations bio ; le GRAB Basse Normandie et 2 GAB. Dans chaque région, le réseau est né et perdure grâce à la volonté et l’engagement des producteurs bio. Au-delà de son objectif de défense et de représentation des agriculteurs biologiques, le réseau FNAB promeut un développement cohérent, durable et solidaire du mode de production biologique. Pour préserver l’environnement et la Terre, être en accord avec ses convictions profondes, offrir des produits sains. En Bretagne, le réseau GAB / FRAB agit pour le développement de l’agriculture biologique, la représentation et l’accompagnement des producteurs bio et en conversion. Grâce à la FRAB et aux 4 groupements départementaux : Agrobio35, le GAB du Morbihan, le GAB Penn ar bed et le GAB d’Armor, le réseau apporte des conseils techniques en bio, organise des formations et des échanges, et, agit pour la structuration des filières.
emmanuelle deraeve Maraîchère | PPAM | ille-et-vilaine
Le réseau agit notamment dans : • Le développement et l’accompagnement de la production • Le transfert des pratiques biologiques vers les agriculteurs non bio • La formation • La recherche et l’expérimentation • Le développement des filières • La promotion de l’agriculture bio, de ses techniques et de ses produits En 2011, le Réseau GAB-FRAB, c’est : • 60% de producteurs bio bretons adhérents • 40 producteurs bio bénévoles actifs : administrateurs, mandatés, responsables de commission
Une présence sur le territoire breton • 1 fédération régionale, la FRAB • 4 groupements départementaux d’agriculteurs bio, les GAB. Des compétences transversales 32 salariés dont • 10 techniciens • 6 chargés de mission Filières et Restauration collective • 3 chargés de missions Réglementation, Observatoire et Structuration des Filières • 4 chargés de communication
• Fédération Régionale des Agrobiologistes de Bretagne (FRAB) 17 rue du Bas Village / CS 37725 35577 Cesson Sévigné Cedex T. 02 99 77 32 34 www.agrobio-bretagne.org
• Fédération Nationale d’Agriculture Biologique des régions de France (FNAB) 40, rue de Malte 75011 Paris T. 01 43 38 38 69 www.fnab.org
«La reproduction des informations contenues dans ce document est autorisée sous réserve de la mention des auteurs des textes» • Conception et création : Agrobio 35 / Réseau GAB / FRAB • Crédit photographique : Matthieu Chanel (Agrobio35) • N° ISBN : 978-2-915631-26-5
un réseau, des valeurs, des hommes Adhérer au réseau FNAB c’est : Défendre une filière bio, cohérente, dynamique et ambitieuse ≈ Construire un projet de société ≈ Promouvoir une rechercher participative et coopérative ≈ Promouvoir la spécificité de filières créées par et pour les producteurs ≈ S’unir et se mobiliser pour la profession agrobiologiste ≈ Mieux travailler ensemble ≈ Partager nos connaissances ≈ Des valeurs exigeantes, responsables, humanistes.
www.agrobio-bretagne.org