Symbiose juin 2020

Page 1

N˚ 256 | www.agrobio-bretagne.org | Mai 2020

LÉGUMES SOUS ABRI

BLANCHIR LES SERRES POUR ÉVITER LE COUP DE CHAUD

FILIÈRES BIO BRETONNES

QUELLES ÉVOLUTIONS DANS LE CONTEXTE DE CRISE SANITAIRE ?

DOSSIER DU MOIS

VIRGINIE ROUSSEL

SORTIE DES VEAUX. DU RESPECT DE LA RÉGLEMENTATION À LA MISE EN PRATIQUE SUR LA FERME

LE GOÛT DE L’ENGAGEMENT SYMBIOSE | MAI 2020

1


ÉDITO

L’IMAGINATION AU POUVOIR Tout d'abord, j'espère que vous et vos proches lirez ce Symbiose en pleine forme et que vous trouvez les ressources pour faire face à cette situation inédite. On aurait envie de parler d'autres chose, de profiter de ce printemps ensoleillé et pluvieux comme on en a rêvé tout l'hiver, de se retrouver en bout de champs et de préparer nos événements grand public de l'été. Mais à l'heure du déconfinement, après ces deux mois incroyables, nous avons besoin de partager notre vécu d’agriculteur bio, de dynamiser les solidarités et de commencer à analyser la façon dont nos systèmes résistent à ces événements d'ampleur. Quand nous pensons à la résilience de nos systèmes, nous pensons d'abord à la diversité des cultures pour faire face aux conséquences directes et indirectes des aléas climatiques, à l'autonomie de nos fermes en élevage pour ne pas dépendre des soubresauts du contexte international, mais aussi à la maîtrise de la pluralité de nos débouchés et leur stabilité. JULIEN SAUVÉE Éleveur bio à Melesse (35) Président de la FRAB

[SymBIOse n°256] Le mensuel des agrobiologistes de Bretagne Réseau GAB-FRAB-FNAB

Prix du numéro : 5 euros

f Directeur de la publication : Julien Sauvée. f Comité de rédaction : symbiose@agrobio-bretagne.org. f Rédacteur en chef : Antoine Besnard (Frab) - symbiose@ agrobio-bretagne.org. f Dessin : Alain GOUTAL (22). f Crédit photo : GAB-FRAB, Matthieu Chanel, Agence Bio. f Imprimeur : Médiagraphic (35), imprimé avec encre végétale. f N° CPPAP : 0422 G 89163. f N° ISSN : 1253-4749. f Annonces et Abonnements : FRAB, 12, avenue des Peupliers 35510 Cesson-Sévigné cedex. Tél. 02 99 77 32 34 symbiose@agrobio-bretagne.org Les articles parus dans les pages listées ci-dessous font partie de la mission d’information générale, filière, technique et réglementaire du réseau GAB-FRAB aux producteurs bio bretons sur leur filière et ses évolutions. La convention de financement passée entre le Ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche et le réseau FRAB reconnaît et intègre cette mission. Pages : 7, 9, 10, 11, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32

En tant que paysan.ne.s, nous savons que rien n'est jamais acquis et que le vivant nous réserve toujours des surprises, des bonnes comme des moins bonnes. Et même si nous sommes préparés à encaisser bon nombre d'incertitudes, très peu d'entre nous avaient anticipé les conséquences ni l'ampleur de cette pandémie. La première question que cet événement nous pose est notre propre exposition à la maladie d'une manière générale, et à son impact sur nos fermes. Je crois que tous ceux qui, comme moi, ont eu la chance de ne pas avoir à faire face à une blessure ou autre maladie sont peu préparés. S'il est une première chose que je nous invite à faire individuellement, puis collectivement si possible, serait d'évaluer notre vulnérabilité. Quelles précautions dois-je prendre ? Que se passe-t-il demain si moi et/ou mes salariés tombons malades ? Quelles solidarités puis-je mobiliser ? Mes contrats d'assurances/prévoyances sont-ils adaptés ?, etc. Je pense que notre réseau peut avoir un rôle à jouer, par exemple en proposant ou relayant des fiche techniques ou en organisant des mutuelles coups durs*, ou autres systèmes assuranciels entre paysan.ne.s. Ensuite, comme vous pourrez le lire dans ce nouveau numéro de Symbiose, les produits bio d'une manière générale sont toujours plus plébiscités par les consommateurs. Au niveau de la production, les agricultrices et agriculteurs bio répondent présents. Etant pourvoyeuses d'emplois locaux et pérennes, les fermes bio ont été peu concernées par la fermeture des frontières aux travailleurs étrangers. L'autonomie de nos systèmes nous prémunis davantage des ruptures d'approvisionnements, même si nous notons des retards de livraisons qu'il nous faut anticiper. Toutefois, cet engouement ne doit pas masquer les difficultés de certaines productions. Notamment en lait où les modifications de consommations coïncident avec le pic annuel de production ; mais aussi les filières brassicoles ou cidricoles particulièrement impactées par les fermetures des bars et l'annulation des événements. Si pour la partie production nos systèmes ont été peu, voire pas du tout perturbés, il n'en est rien de la commercialisation et de la distribution. Sur les filières longues comme pour la vente directe, la fermeture de certains débouchés comme les marchés de plein vent ou la restauration (aussi bien commerciale que collective) conjuguée à des changement de consommation liés au confinements nous ont demandé de nous adapter rapidement. Notre site bonplanbio.fr a enregistré plus de 5000 visites au mois de mars, puis plus de 16 000 au mois d’avril. Pour répondre à cette envie de bio locale, les agriculteurs bio n'ont pas manqué d'imagination. Certains ont développé des propositions en ligne, multiplié les points relais, imaginé diverses solidarités entre producteurs, mais aussi avec les consommateurs. C'est sûrement dans ce domaine que nous aurons le plus d'initiatives à retenir de cet événement. Il est important de se rappeler, dans ce contexte de gestion au jour le jour, que le projet agricole et sociétal qu'est l'agriculture biologique s'inscrit dans le temps long. Qu'une nouvelle fois, cette situation critique confirme que les pratiques bio comme les relations avec nos concitoyens-consommateurs sont adaptées et réactives aux enjeux d'avenir. Cette situation extrême met aussi en évidence les aspects à améliorer, que ce soit au niveau des fermes ou des filières. Nous saurons analyser ces priorités et nous adapter pour y répondre. Et nous répondrons toujours présents pour imaginer ce qui n’existe pas encore. * Mutuelle coup dur : organisation par petit groupes de 5 à 6 agriculteurs qui s'engagent à se suppléer aux travaux quotidiens si l'un d'entre eux connaît une situation d'urgence de santé. L'objectif est que la ferme soit tenue le temps de s'organiser après un accident ou en cas de maladie.

2

SYMBIOSE | MAI 2020


SOMMAIRE

INFOS NATIONALES

ÉDITORIAL

2

INFOS NATIONALES

3

INFOS RÉGION

4

LE BILLET D’HUMEUR

5

LES ACTUS DU GAB 56

6

LES ACTUS D’AGROBIO 35

8

LES ACTUS DU GAB 29 10 LES ACTUS DU GAB 22 12 LES FILIÈRES 14

Filières bio bretonnes. Quelles évolutions dans le contexte de crise sanitaire?

DU PRODUCTEUR AU 16 CONSOMMATEUR

Marchés du soir. Une vente courte mais efficace

LE PORTRAIT DU MOIS 14

Virginie Roussel. Le goût de l’engagement

TECHNIQUE ÉLEVAGE 22

Sortie des veaux. De la réglementation à la mise en pratique sur la ferme Affouragement de maïs en vert. Une alternative à l’herbe lors des mois chauds?

CULTURE & AGRONOMIE 28 Semence. Des pratiques désormais mieux définies

Visite présidentielle

EMMANUEL MACRON DÉCLARE LA GUERRE À LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE Pour son premier déplacement dans le monde agricole depuis le début de la crise du COVID-19, le 23 avril dernier, le Président de la République a choisi de valoriser le modèle agricole le plus déconnecté du monde vivant ; un modèle aseptisé, artificialisé, où il y a plus de béton que de terre, où les fruits et les légumes sont chauffés toute l’année. Un modèle qui pourtant devrait aujourd’hui se remettre en question, à l’aune de ce que l’on comprend des pandémies, mais aussi du rôle que l’agriculture a joué et jouera encore dans les crises sanitaires et écologiques, passées et à venir.

Arrogance, mépris et méconnaissance des sujets Depuis plus de trois ans, l’agriculture biologique est victime de l’absence totale de vision écologique de l’Elysée : retards de paiement, suppression des aides au maintien, objectifs de développement mensongers. Dans ses déclarations publiques du 23 avril, le Président de la République dénigre les circuits courts, qui sont pourtant en ce moment un véritable refuge pour les consommateurs. Avec le drive, ils sont le mode de consommation le plus plébiscité pendant la crise avec + 73% de vente sur les semaines 12 et 13. Ce sera sûrement la plus grande leçon de cette crise : les territoires qui ont les circuits de proximité les plus dévelop-

PETITES ANNONCES 33 TOUT EST BON DANS 34 L’COCHON

« Ce qui est plus inquiétant encore, dénonce Guillaume Riou, c’est d’affirmer, à ce niveau de responsabilités, que l’agriculture biologique se limite aux circuits de proximité. C’est une méconnaissance totale de nos pratiques, qui prônent la diversification y compris des modes de commercialisation pour sécuriser nos systèmes. Nous n’avons pas attendu Emmanuel Macron pour nous organiser aussi en filières longues ». Les citoyen.ne.s eux ne s’y trompent pas, puisque la crise sanitaire creuse encore l’écart de croissance entre les produits bio et les produits conventionnels (étude Nielsen, lire aussi page 18). En 2018, l’IDDRI démontrait qu’il était possible de nourrir l’Europe avec un système 100% biologique, mais pour ça, il faut une véritable volonté politique et un projet de société qui mettrait l’écologie au cœur des enjeux de demain. La FNAB réitère sa demande que l’État ne laisse pas seul le marché donner le cap de la transition agro-écologique. Il serait inacceptable que les plans de relance ne soient pas conçus comme des accélérateurs de transition écologique et sociale. Communiqué FNAB

territoiresbio.fr

TECHNIQUE MARAÎCHAGE 30 Légumes sous abri. Blanchir les serres pour éviter le coup de chaud

pés sont aussi les plus autonomes et agiles pour assurer la sécurité alimentaire de leur population.

UNE PLATE-FORME POUR LA TRANSITION AGRICOLE ET ALIMENTAIRE Deux semaines avant les élections municipales, la FNAB a lancé la plateforme territoiresbio.fr ! Vous y trouverez des infos, outils et retours d’expériences de collectivités locales engagées dans la transition agricole et alimentaire. Nombreux sont les nouveaux (et anciens) élus s’engageant sur ce thème, mais des questions persistent : Par où commencer ? Quels sont réellement les impacts positifs de l’agriculture bio ? Comment élaborer un projet cohérent ? Avec quels

acteurs, quels moyens financiers ? Territoiresbio.fr propose des outils pour agir, du diagnostic aux actions concrètes ; des retours d’expériences de collectivités engagées avec succès ; des idées d’initiatives, de financements, de partenaires à mobiliser localement. La bio est au cœur de nombreuses dynamiques locales positives, associant une grande diversité d’acteurs, et avec succès ! Plus d’infos : https://territoiresbio.fr/

SYMBIOSE | MAI 2020

3


INFOS RÉGIONALES

Déclaration PAC

QUELQUES ÉTAPES CLÉS À NE PAS MANQUER

Cette année, vous êtes plus nombreux à vous lancer dans votre déclaration TéléPAC seuls. Symbiose, avec l’aide précieuse du réseau FNAB, vous décrit quelques étapes à ne pas manquer concernant vos demandes d’aides bio ou MAEC système en 2020.

Rappel sur les possibilités de prolongation des contrats CONTRAT ACHEVÉ

TYPE DE CONTRATS POSSIBLE POUR LA PROLONGATION D’UN AN

DURÉE

CODE MESURE 2020

MAB 1 an signée en 2019 ou MAB 5 ans signée en 2015

MAB

1 an

BR_MAB

CAB 5 ans signée en 2015

MAB

1 an

BR_MAB

Les étapes TéléPAC liées à vos demandes d’aides bio ou MAEC système à ne pas manquer

SPE (1, 2 ou 3) signée en 2015

SPM (respectivement 1,2 ou 3)*

1 an

BR_XXX_SPMY (XXX = code du territoire; Y=1, 2 ou 3)

SPM (1 ou 2) signées en 2015

SPM (respectivement 1 ou 2)*

1 an

BR_XXX_SPMY (XXX = code du territoire; Y=1,2 ou 3)

f Premier onglet RPG (Registre Parcellaire Graphique) : déclarez les parcelles conduites en bio en cochant la case. Pour le maraîchage et les PPAM, cochez la case correspondante. f Onglet demande d’aides : cochez les cases de demande des aides bio ou MAEC. f Onglet verdissement : si 100% de votre SAU est bio, le verdissement est automatiquement validé --> le calcul des SIE n’est pas nécessaire. f Onglet effectifs animaux : les effectifs hors bovins entrent dans le calcul du chargement/ha (minimum à respecter pour l’aide prairie). f Onglet RPG MAEC/BIO : il faut faire la manipulation suivante pour chacune des parcelles sur lesquelles vous demandez une aide. Cliquez sur la parcelle. Dans le menu à droite, cliquez sur « dessiner élément » puis sur « créer un élément couvrant la parcelle ». Une fenêtre s’ouvre. Cochez « aide bio » ou « MAEC ». Cliquez sur « continuer » puis en bas de l’écran sur « valider dessin ». Une fenêtre s’ouvre. Entrez le code mesure. C’est automatique pour les parcelles encore en cours de contrat de 5 ans. Pour les parcelles sur lesquelles vous demandez une aide pour la première fois en 2020 ou pour une prolongation, reportez-vous au tableau pour connaître le format des codes. MAEC système : les codes sont spécifiques à chaque bassin versant et à chaque mesure. Le format est le suivant : BR_XXX_YYYY. XXX étant le code de votre Bassin Versant, YYYY étant le code de la mesure (voir tableau).

SPM3

Pas de prolongation possible 5 ans

BR_CAB

Si vous démarrez un contrat de conversion de 5 ans, vous pouvez cocher la case « culture annuelle » pour les parcelles avec plus de 50% de légumineuses. Attention !

4

SYMBIOSE | MAI 2020

CAB sous réserve d’éligibilité

f Spécificités sur les bassins versants algues vertes : les plafonds CAB et MAB restent plus élevés (respectivement 20 et 12 000€) et les mesures système sont ouvertes aux nouveaux engagements de 5 ans, sauf SPM3. f Spécificité jeune agriculteur : si pas de contrat échu en 2019, les mesures système sont ouvertes pour des engagements de 5 ans, sauf SPM2 et SPM3.

Vous vous engagez alors à y implanter au moins 1 fois une grande culture dans les 5 ans de votre contrat bio. Elles sont sinon considérées comme des prairies (obligation de respecter un chargement minimum pour bénéficier de l’aide « prairies »).

fier à tout moment qu’aucune parcelle n’a été oubliée.

Si vous demandez la prolongation d’un an, il y a une manipulation supplémentaire à faire et à répéter pour chaque parcelle ou îlot. Toujours dans l’onglet RPG MAEC / BIO. Dans le menu « couches » à gauche de l’écran, cochez « Vos éléments échus camp. précédente ». Cliquez sur la parcelle ou l’îlot. A droite de l’écran, dans « déclarer évènement », cliquez sur « déclarer prolongation 1 an ». Astuce : si vous n’arrivez pas à cocher la case « Vos éléments échus camp. précédente », faites 2 fois un zoom sur la carte et la case sera accessible. « Validez le dessin » en bas de l’écran. Répétez la manipulation pour chaque parcelle ou îlot sur lesquelles vous demandez une prolongation de l’aide bio ou de la MAEC. NB : Les aides sont plafonnées mais attention, ne plafonnez pas vous-même en retirant des parcelles de la demande d’engagement. Il faut demander l’aide sur toutes les surfaces concernées. La DDTM se chargera d’identifier le plafonnement et de retirer des éléments lors de la phase d’instruction (sera validé avec vous). Les listes « Eléments bio » et « éléments MAEC » à gauche de l’écran vous permettent de véri-

Sur la page « dépôt du dossier - pièces justificatives »: pour les demandes d’aides bio, vérifiez que vous avez fourni en pièces justificatives votre certificat, votre attestation de surfaces engagées en bio (ou l’attestation de début de conversion) et le cas échéant votre attestation animaux engagés en bio. Les surfaces déclarées en bio sur TéléPAC doivent correspondre aux surfaces certifiées bio.

Un écran de synthèse vous permettra de vérifier de nouveau qu’aucune parcelle n’a été oubliée.

VOTRE CALENDRIER f Respect des cahiers des charges des engagements dès le 15 mai f Possibilité de remplir et signer sa déclaration Télépac jusqu’au 15 juin sans pénalité f Les DDTM invitent les agriculteurs qui le peuvent à ne pas différer leur déclaration, pour limiter l’impact sur l’instruction et pour assurer le calendrier de paiement des aides. Pour toute question sur votre demande d’aide, n’hésitez pas à contacter votre GAB ou votre DDTM !


LA FILIÈRE BRASSICOLE BIO BRETONNE A BESOIN DE SOUTIEN !

3344, c’est le nombre de fermes bio bretonnes au 1er janvier 2020 en Bretagne. Au total, ce sont 349 nouvelles fermes qui se sont engagées en bio l’an dernier. Les dynamiques d’installation et de conversion sont toujours soutenues, si bien qu’une ferme bretonne sur 10 est aujourd’hui en bio. La répartition du nombre de fermes bio par département est la suivante : 913 en Finistère - 859 dans les Côtes d’Armor - 816 en Ille-et-Vilaine - 756 dans le Morbihan.

Événement

LA FÊTE DU LAIT BIO REPORTÉE À UNE DATE ULTÉRIEURE Compte tenu du plan de déconfinement annoncé par le gouvernement, nous avons décidé de reporter la Fête du lait bio. Prévu le 7 juin, l’événement sera reprogrammé à une date qui reste à définir. Nous travaillons avec nos collègues des autres régions afin de trouver une date après l’été qui conviennent à tous et permettent d’accueillir au mieux les visiteurs sur les fermes. Nous vous tiendrons informés de la date retenue dès que nous l’aurons arrêtée. Il est important pour nous de maintenir cet événement. Depuis 15 ans maintenant, nous nous engageons pleinement pour or-

ganiser chaque année avec succès la Fête du lait bio. Nous tenons à ce que ces efforts ne soient pas vains. Si d’aventure, nous ne pouvons pas maintenir l’événement dans sa forme initiale, nous ne nous interdisons pas de le repenser exceptionnellement sous une autre forme. Nous tenons sincèrement à remercier les paysannes et paysans qui sont engagés cette année dans la Fête du lait bio, et qui malgré les incertitudes liés à la crise du Covid-19 nous assurent de leur désir d’accueillir l’événement sur leur ferme.

Vie associative MERCI CLAIRE !

Après plus de 5 années d'investissement au sein de son GAB et de la FRAB, Claire Orieux, maraîchère à Trémereuc (22), passe la main aux « p'tits nouveaux ». « Chère Claire, tu as endossé ton rôle auprès de notre équipe en tant que membre du bureau de la FRAB, d'abord en tant que trésorière puis peu à peu tu as pris en charge les questions sociales, qui te tenaient à cœur. Tu l'as fait avec un grand sens des responsabilités et beaucoup d'humanité. Nous avons tissé ensemble une relation de confiance et de proximité. Tu es officiellement devenue (attention grosse promotion) notre « oreille attentive » (c'est ainsi que nous nommons depuis quelques années le membre du bu-

reau disponible pour un coup de téléphone en cas de difficulté), puis notre responsable RH référente chantier social. Tu as assumé ce rôle naturellement, car te sentais sincèrement attentive impliquée et concernée par notre bien-être au travail. Un grand merci à toi Claire, de la part de toute l'équipe de la FRAB, et bon vent dans tes nouveaux projets ! » L’équipe FRAB PS : N'hésite pas à user de ton pouvoir d' influence auprès du bureau FRAB pour nous aider à obtenir « des frites à la cantine » !

Une démarche unique de relocalisation de la filière brassicole a été initiée depuis plus de 10 ans en Bretagne, via l'association De la Terre à la Bière. Cette année, près de 1000 hectares d'orge brassicole biologique ont été semés pour être collectés, maltés et transformés par les brasseries régionales. Cependant, le secteur brassicole breton est lourdement impacté par les mesures liées à la crise sanitaire en cours : fermeture du secteur de l'hôtellerie-restauration, annulation des évènements régionaux (festivals, foires...), baisse potentielle du tourisme en 2020… C’est toute une économie locale et sa valeur ajoutée qui peuvent être menacées par la crise du Covid-19 : 150 brasseurs régionaux (représentant près 650 emplois directs), mais aussi plus de 100 producteurs biologiques d'orge, des producteurs de houblon biologique, des malteurs, cartonniers, frigoristes…. Nous avons besoin de votre soutien ! A ce jour, environ 10% des bières consommées dans notre région sont issues des brasseries locales. C’est supérieur à la moyenne nationale, mais nous sommes sûrs que nous pouvons faire beaucoup mieux et miser sur la solidarité bretonne. Lors de vos achats, de vos évènements à venir, pensez à prioriser les brasseries locales. Tout une économie locale et solidaire en dépend, du champ jusqu’au verre. Communiqué de la Terre à la Bière Tout savoir sur l’association : https:// delaterrealabiere.bzh/home/ quisommesnous/

SYMBIOSE | MAI 2020

5


LES ACTUS DU GAB 56

En direct du CA

SOLIDARITÉS TOUS AZIMUT FACE À LA CRISE

Dès le début de cette crise sans précédent, les membres du bureau du GAB56 ont été en relation (téléphonique) encore plus étroite que d’habitude avec Sophie, notre responsable d’équipe. Face à nous, 2 priorités : apporter à nos adhérent.e.s tout le soutien qu’ils sont en mesure d’exiger dans cette épreuve, et assurer la pérennité de « l’entreprise GAB56 » (sans parler du côté sanitaire, bien-sûr). 3 comme… 3 paysans. Kévin Goupil, éleveur caprin et fromager à Tréffléan ; Laurent Hignet, éleveur caprin et fromager à Paimpont ; et Tudual Auffret, maraîcher à Cléguérec, qui avaient candidaté pour rentrer au conseil d’administration du GAB, ont participé à leur premier conseil en tant que membres associés. Nous comptons sur vous pour confirmer leur mandat à la prochaine assemblée générale !

LE CA DU GAB 56 VERSION MOSAÏQUE

En cette période ô combien complexe, l’ensemble des membres du CA du GAB 56 reste plus que jamais mobilisé ! Ci-dessus, une photo inédite de notre CA du 9 avril dernier, que nous avons fait en visioconférence ! Une administratrice, et 13 administrateurs étaient connectés. Nous avons a fait avec les moyens du bord, certains avaient du son, mais pas de caméra, et inversement ; certains ont utilisé leurs téléphones portables, mais l’essentiel c’est de l’avoir fait ! Merci et bravo à eux en cette période très chargée, de poursuivre leurs engagements. Nos trois nouveaux membres étaient de la partie.

6

SYMBIOSE | MAI 2020

Réactivité, anticipation, écoute, créativité…, le bateau GAB56 est entre de bonnes mains. Merci à toute l’équipe salariée de s’être adaptée au mieux, sans perdre de vue l’intérêt de la structure et la continuité du service aux adhérent.e.s. Pour soutenir les adhérent.e.s, tous les échelons du réseau, du local au national, se sont mobilisés pour limiter les impacts sur nos fermes et assurer par exemple la poursuite des différents modes de vente directe : recherche d’infos, négociation avec les représentant.e.s de l’État, lobbying auprès des maires, du préfet, des ministères… Tout ce travail invisible a porté ses fruits, certes, imparfaits parfois. Face à cette situation inédite, les paysan.ne.s ont fait preuve de créativité en inventant dans l’urgence de nouveaux modes de vente. Surtout, de nouvelles solidarités apparaissent et nous pouvons en être fiers : dons de produits, livraison des clients les plus fragiles, facilité de paiement à un client professionnel qui a dû fermer brutalement, échanges de produits entre collègues ou mutualisation des ventes pour sauver les productions, coup de fil à un voisin pour prendre des nouvelles, entraide pour remplacer les salariés absents… des exemples parmi tant d’autres qui montrent l’intérêt de cultiver au quotidien nos réseaux et de FAIRE réseau. Malgré tout, sur le terrain, l’impact de la crise sur nos fermes est très inégal : certains voient leurs débouchés se réduire à peau de chagrin ou disparaître brutalement, quand d’autres croulent sous la demande de nouveaux consommateurs qu’ils peinent à satisfaire. Pour certains producteurs en circuits longs (notamment en grandes cultures), la réalité sur le terrain est tout autre. C’était déjà tendu bien avant ce confinement, et

cela n’a fait que s’accroître. Ces réalités peuvent conduire à la perte de l’autonomie de nos fermes et à la distension du lien entre les citoyen.ne.s et les agriculteurs, ces mêmes citoyen.ne.s qui se font manipuler par les hypers et supermarchés, et qui achètent de la nourriture sans savoir d’où elle vient, ni qui la produit … captés qu’ils sont par les promotions et des campagnes de publicité opportunistes. Cette crise, nous l’espérons, va sonner le glas de ce mode de commercialisation (trop d’intermédiaires, manque de transparence sur l’équilibre des marges…).

Cultiver la résilience Les crises sont propices au changement. Les consciences se réveillent, les citoyen.ne.s se rendent compte de quelques Fondamentaux de la vie, dont celui de se Nourrir, avec des aliments de qualité, durables, de saison et locaux ! A nous donc, agriculteurs en circuits longs, de poursuivre la structuration des filières, pour promouvoir nos aliments en direct et pour avoir le plus de transparence possible et rendre la nourriture abordable et accessible à tous ! Depuis des décennies, le réseau FNAB prône un modèle d’agriculture biologique plus résiliente. Au-delà des orientations techniques, nous sommes convaincus que la solidarité et le travail en réseau constituent le socle de cette résilience. Tout indique que les conséquences financières, sociales et sociétales de cette crise seront lourdes et durables. Tout ce que nous avons bâti ensemble depuis des années se trouve aujourd’hui chamboulé. Pour tenir bon tous ensemble dans le gros temps qui s’annonce, la solidarité doit devenir reflexe. Notre réseau GAB-FRAB est un outil au service de cette solidarité. Si vous rencontrez des difficultés sur votre ferme, ne restez pas seul pour les affronter. Administrateurs, salariés et référents territoriaux sont autant d’oreilles à votre écoute. Sollicitez-nous, car ensemble, au sein de notre réseau, nous aurons plus de chances de trouver une solution. Dominique Dubreuil & Hugo Bogrand, administrateurs au GAB


Nom de code Persyst

LA PHOTO DU MOIS

UN OBSERVATOIRE PILOTÉ SUR 2 FERMES MORBIHANNAISES Observatoire piloté, kézako ? En plus d’essais en station à la PAIS de Morlaix, le but de cet observatoire est de suivre, in situ dans 10 fermes bretonnes (dont 2 dans

le Morbihan), des systèmes de culture et des pratiques qui vont permettre d’améliorer la fertilité des sols. En ce début de printemps, nous avons caractérisé le « T0 », l’état de départ de l’expérimentation, avec les 2 producteurs concernés, la ferme du Hingair à Kervignac et le GAEC Court-circuit à Sulniac. Pour cela, des analyses de sol de différents types ont été effectuées ces dernières semaines (de type Herody, biomasse microbienne, analyses de l’azote disponible). Cette année, nous suivrons une culture de melon sous abris, fertilisée à base de luzerne fraîche à la ferme du Hingair, et une culture de brocoli plantée dans un couvert de trèfle vivant en plein champ au GAEC court-circuit. Affaire à suivre !

En avril-mai, pensez à sortir avec le mètre dans la poche ! La plupart des éleveurs.euses ont terminé le déprimage (1er tour de pâturage) début avril et surveillent de près la hauteur de l’herbe dans leurs paddocks. Ne pas pâturer en dessous de 18 cm (mesure au mètre feuilles tendues) pour les bovins, 10 cm pour les ovins, au risque de pénaliser la repousse et bien raser avant de sortir. Et comme rien ne vaut des échanges réguliers entre éleveurs .euses pour avoir des repères et améliorer son système, n’hésitez pas à rejoindre un des groupes du GAB !

LE GAB 56 Nos évènements, rendez-vous, formations annoncés ci-dessous pourront être soumis à des changements de dates, en fonction des dernières informations liées à la pandémie Covid-19. Il se peut que nous vous proposions exceptionnellement des rendez-vous à distance, via des outils numériques (visio conférence, vidéo…). Nous vous tiendrons informés des dates exactes et modalités pratiques par mail, sur notre page internet GAB 56, et par SMS. Vous pouvez aussi contacter directement chaque membre de l’équipe en charge de l’événement. Alors à vos ordis et téléphones portables !...

Groupes d’échanges maraîchage, c’est parti ! Pensez à consulter les prochains bulletins techniques maraîchage pour les dates à venir ! f Lundi 25 mai (sous réserve), chez Jean-François Bato et Aude Salmon à Concoret Esther Lechevallier - 06 52 01 75 46 - e.lechevallier@agrobio-bretagne.org

Démonstration de désherbage thermique sur carotte f 2ème quinzaine de juin (en fonction de la météo et…), A l’EARL des Bleuets à Plouhinec, chez Philippe Larboulette Esther Lechevallier au 06 52 01 75 46 ou e.lechevallier@agrobio-bretagne.org

Rallye herbe pérennité des prairies f Mardi 26 mai de 14h à 17h30 à Muzillac,

chez Gaëtan et Nathalie Bodiguel

Présentation des résultats de 5 ans d'expérimentations sur l'évolution des prairies et l'impact des pratiques de pâturage hivernal, pâturage estival, alternance fauche-pâture et égrainage naturel. Olivia Tremblay - 07 67 59 21 12 – o.tremblay@ agrobio-bretagne.org

RDV technique sur la conduite du colza en bio et autres cultures incluses dans la rotation f Semaines du 1er au 5 juin ou du 8 au 12 juin (en fonction de la météo et…), chez JeanYves Couedel à Sarzeau Céline ROLLAND - 06 52 52 08 59 - c.rolland@ agrobio-bretagne.org

Plateforme de désherbage mécanique du maïs f Semaine du 15 au 19 juin (en fonction de la météo et… ), à l’EURL Les Poules du Bois de Sapin à Buléon Céline ROLLAND - 06 52 52 08 59 - c.rolland@ agrobio-bretagne.org

Installation dans le Morbihan, comment rencontrer le GAB ? f Permanences du GAB au Point Accueil Installation à Vannes les 28 mai et 4 juin. Accueil physique est suspendu jusque nouvel ordre, une permanence téléphonique et par mail est assurée.

f 1er RDV avec la bio, rendez-vous d’information collective pour les porteurs de projets en bio le 25 mai, 14h30 dans les locaux du GAB (sous réserve) f Dans le cadre du Parcours de Professionnalisation Personnalisé (PPP), 4 conseillers techniques GAB sont habilités conseillers projets. Véronique Jardin v.jardin@agrobio-bretagne.org

Représentations du GAB, CDOA et comité Safer Faites-vous connaitre en amont des échéances afin que vos représentants aient des éléments concrets pour présenter votre dossier f CDOA section installation : 5 mai et 30 juin, les dépôts de demandes d’aides restent possibles. f Comité technique départemental SAFER, prochaine date : 13 mai puis 17 juin ATTENTION, les autorisations d’exploiter ne sont plus traitées, tout est gelé jusqu’à nouvel ordre… Véronique Jardin v.jardin@agrobio-bretagne.org

Formations Pour suivre l’actualité des futures formations organisées dans le Morbihan rendez-vous sur la page GAB 56 de notre site internet : www. agrobio-bretagne.org/gab-56 f Conduire un système pâturant. Mardi 19 mai à Languidic, lieu-dit Le Dezinio chez Sébastien Le Gourrierec (sous réserve) Olivia Tremblay - 07 67 59 21 12 – o.tremblay@ agrobio-bretagne.org SYMBIOSE | MAI 2020

7


LES ACTUS D’AGROBIO 35

PPAM

L’œil militant AUTONOMIE D’ADAPTATION Alors que la pandémie mondiale du Covid-19 fait rage et fait déjà des ravages sur tous les plans, chacune et chacun d’entre nous doit penser à sa protection et celle des autres. Protection sanitaire en tout premier lieu, puis protection économique pour les indépendants que nous sommes. Notre profession, déclarée indispensable au bon fonctionnement de la Nation, a de très larges facilités par rapport à bien d’autres secteurs très touchés par cette crise sans précédent. Pour autant, les règles qui s’imposent à nous pour endiguer la pandémie ont des impacts très importants sur notre quotidien : surcroit d’activité, disponibilité en main d’œuvre possiblement réduite et difficile, logistique compliquée, débouchés habituels perturbés voire fermés, fournisseurs diminués, réorganisation et refonte totale de la commercialisation pour être aux « normes » sanitaires avec les gestes barrières. Et puis notre vie familiale et sociale est troublée comme pour tous les citoyens. Bref, ce printemps est dur et pourtant j’ai pu faire le constat dès le début de la crise de notre formidable capacité à nous adapter, à rebondir, à innover parfois. Que ce soit sur nos fermes, dans nos collectifs de commercialisation, j’ai pu constater immédiatement une sorte de préparation pour beaucoup, une adaptation rapide et efficace. De même, au sein de l’équipe d’Agrobio 35, les outils « dématérialisés » déjà présents ont été activés, puis renforcés et optimisés. La cohésion de groupe déjà présente a eu un effet extrêmement positif. C’est pour moi le propre de notre Réseau et de la Bio. En temps normal, tous les jours dans nos champs et nos élevages, il faut observer, adapter, innover et prendre les décisions adéquates en toute autonomie. Et pour les cas nombreux où nous avons besoin d’aide, nos groupes, nos collectifs, notre structure Agrobio 35 sont là pour nous épauler. En période de crise plus que jamais, notre métier, nos valeurs et nos outils ont du sens. Continuons à entretenir tout cela pour l’avenir et les jours meilleurs. Courage et plaisir, portez-vous bien. Arnaud Daligault, Maraîcher et Président d’Agrobio 35

8

SYMBIOSE | MAI 2020

L’ERGONOMIE

AU CŒUR DE L’ORGANISATION L’Amante Verte à Sixt-sur-Aff (35, La Châtaigneraie des Landes) est une ferme spécialisée dans la production d’infusions bio destinées aux restaurateurs et aux épiceries fines. L’installation en PPAM et la création d’une café librairie ont eu lieu en 2011 suite à la rencontre d’Adrien et Claire Poirrier. L’envie de faire bouger le monde, de vivre en cohérence avec des convictions et au plus près de la Nature a donné ainsi naissance à une marque d’infusion à reconnaissance nationale. « Nous faisons le choix du goût, des infusions plaisir et qualitatives, pour faire de l’infusion un produit gastronomique. Le café librairie est devenu un lieu joli, chaleureux et qui permet d’accueillir le public. » Coup dur au cœur de l’été 2018. Adrien se blesse au genou, rupture du ménisque. Le repos forcé et les conséquences de la blessure ont remis en question la façon de travailler : « Notre corps est notre outil de travail et là clairement, il y avait eu négligence. » Depuis, l'ergonomie est au cœur de l'organisation du travail en production de PPAM à la ferme de l’Amante Verte. La réflexion sur l’ergonomie à la ferme s’est notamment concrétisée par l’achat d’un cobot enjambeur (cobot : néologisme,

LA PHOTO DU MOIS « Dans le cadre de notre groupe lait Redon qui se réunit 5 fois par an, nous avions souhaité nous former aux premiers secours. Cette journée a eu lieu au mois de mars avec un formateur des pompiers. Elle nous a permis de nous réunir et de faire autre chose que notre travail. Les gestes pour sauver les vies sont simples. Nous nous sommes entraînés avec des mannequins, les uns sur les autres... Bonne ambiance garantie ! Une formation nécessaire qui devrait être obligatoire. » Témoignage de François Jolivet, éleveur laitier à Lieuron, responsable 2020 du groupe Redon

contraction de « coopération » et « robotique »). Après une saison complète avec cet outil polyvalent, Adrien et Claire ouvriront leur ferme pour une journée de partage sur la production, transformation et commercialisation des plantes aromatiques, - avec l’ergonomie au cœur de l'organisation du travail. f Rendez-vous en ferme ouverte organisée par Agrobio35 le 4 juin 2020 à partir de 14 heures à La Châtaigneraie des Landes à SIXT-SUR-AFF (35). Entrée libre et gratuite.


Covid-19 et sécurité alimentaire

ON NE POURRA PAS COURT CIRCUITER LES CIRCUITS COURTS

Qu’est-ce qu’on a le droit de faire ? Quels outils pour développer la vente en ligne ? Comment faire respecter les consignes de sécurité au marché ? Le 22 et 26 mars, Agrobio 35 a organisé deux conférences web qui ont rassemblé une vingtaine de producteurs pour répondre et échanger sur ces questions. Face aux besoins de mettre en lien des producteurs en recherche de débouchés et d’autres recherchant des produits, nous avons également lancé un bulletin hebdomadaire sur une liste mail [VenDirectBio35], qui réunit, durant cette période, l’ensemble des agriculteurs bio en circuits courts et les structures locales de transformation et de distribution. Après six semaines de confinement, la demande locale est toujours forte, les agriculteurs bio s’organisent, se réorganisent pour vendre et cela demande beaucoup d’énergie. Une enquête en ligne a été lancée fin avril

Si vous ne recevez pas les mails [VenDirectBio35] et que vous souhaitez les recevoir, merci de vous signaler auprès de Pauline p.cros@agrobio-bretagne.org

Des petites annonces spéciales circuits courts Découvrez les annonces spécifiques aux circuits courts - mises en place par Agrobio 35 pour favoriser les échanges dans le cadre du confinement - Cliquez sur ce lien : https://bit.ly/2VJJl87. Envoi hebdomadaire. Si vous êtes intéressés et que vous n'aviez pas reçu ce bulletin avant, contactez Anne Randall (a.randall@agrobio-bretagne.org)

LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL RELANCE SON APPEL À PROJET Pour la troisième année consécutive le Conseil Départemental met en place son Appel à Projet « Développer l'agroforesterie en Ille-et-Vilaine ». 25 projets ont été soutenus en 2019, dont 11 projets en bio, tous accompagnés par Agrobio35. Il s'adresse à tous ceux et toutes celles qui souhaitent créer des parcelles en agroforesterie intra-parcellaire.

L'aide proposée est de 80% pour les fournitures (paillage, arbres de haut jet, clôture, protection anti-gibier - le tout en hors taxe) et pour la réalisation du diagnostic (proposée par Agrobio35 à

CONFINÉES MAIS CONCERNÉES

pour questionner les producteurs en circuits-courts sur les impacts du Covid-19 les difficultés éventuelles à venir ou nouvelles opportunités, et les besoins. Et commencer à se poser la question… Et après ?

Agroforesterie

Dans les prérequis, notez qu'il faut prévoir l'implantation de 1 à 10 ha, être propriétaire des terres ou avoir l'accord des propriétaires de planter, 3 essences principales de haut jet (forestier) qui doivent représenter au moins 50% de la plantation (complément possible en fruitiers de variétés locales et/ou de strate arbustive type « arbres fourragers »), les vergers et zones humides sont exclus du projet.

Collectivités

600 € HT + 100 € HT pour les non adhérents). Les dossiers doivent être déposés avant le 15 juin 2020. Si vous souhaitez répondre à cet appel à projet ou avoir plus d'informations, contactez Anne-Laure Simon (06 26 72 82 65).

Le jeudi 9 avril, 14 agent.e.s référents sur l’alimentation ou l’agriculture de 10 intercommunalités d’Ille-et-Vilaine et du Conseil Départemental étaient présent.e.s à la réunion virtuelle proposée par Agrobio35 pour partager nos retours sur l’impact Covid-19 sur les fermes bio du département : circuits-courts, situation de la filière lait, besoin en main d’œuvre, etc. Beaucoup d’intercommunalités ont essayé de s’impliquer à leur échelle : questionnaire aux producteurs pour repérer les difficultés, recensement des adaptations et/ou nouvelles organisations et communication auprès des consommateurs. D’autres restent à ce jour encore éloignées de l’agriculture locale. Bien que les conseils communautaires ne soient pas encore en place et les orientations politiques non encore définies, les agents partagent le constat que la situation met en lumière la relocalisation de l’alimentation sur les territoires. Reste à espérer que les circuits courts seront un enjeu important pour les futurs élus.

Retrouvez-nous sur

bonplanbio.fr SYMBIOSE | MAI 2020

9


LES ACTUS DU GAB 29

MAB 29

ENCOURAGER

LES CONSOMMATEURS À ADHÉRER

En 2019 en Finistère, 31% des installations aidées sont des projets bio. En Bretagne, 154 installations aidées se sont faites en bio, soit 12 de plus qu’en 2018 (déjà un record). Cela représente 32% des DJA attribuées, une proportion jamais atteinte (30% en 2017 et 2018). Parmi les installations bio, ont retrouve beaucoup plus de femmes ! (39% vs. 25% toutes DJA confondues). La moyenne d’âge est un poil plus élevée (31,3 vs. 29,6), et la SAU moyenne beaucoup plus faible : 48 ha vs 81 ha. Sans surprise, ces projets plébiscitent la vente directe et la transformation, et concernent davantage de personnes non issues du milieu agricole et d’installations hors cadre familial.

bonplanbio.fr METTEZ VOS DONNÉES À JOUR Les chiffres de fréquentation du site https://bonplanbio.fr/ ont été multipliés par 15 depuis le début du confinement ! Preuve que les consommateurs ont besoin d'informations pour savoir comment se fournir localement en produits bio. Noémie, stagiaire au GAB29, met le temps dont elle dispose au profit des adhérents pour mettre à jour vos données sur bonplanbio.fr mais aussi sur www. mangerbio29.fr (l’annuaire interactif des fournisseurs de la restauration collective). Elle se charge également de mettre en valeur vos initiatives et vos lieux de vente sur les réseaux sociaux. Profitez de sa présence pour mettre un coup de projecteur sur votre ferme. Contactez la au 02 98 25 22 53 ou fetedulaitbio@agrobio-bretagne.org

10

SYMBIOSE | MAI 2020

L’adhésion à titre individuel à la Maison de la Bio est possible depuis 2 ans. A l'aune de ce que l'on comprend des pandémies, mais aussi du rôle que l'agriculture a joué et jouera encore dans les crises sanitaires et écologiques, de nombreux consommateurs se questionnent. Bien sûr, les actes d’achats sont les principaux leviers pour encourager un changement de modèle agricole. Mais certains veulent aller plus loin. L’adhésion à la MAB29 est le moyen de soutenir les actions portées par la

MAB29, de se tenir informés des actualités et de pouvoir s’impliquer à l’échelle locale. L’adhésion est possible en ligne https:// frama.link/AdhesionconsommateurMAB29 En 2019, 21 consommateurs ont adhéré à titre individuel ainsi que 8 associations de consommateurs. La marge de progression est encore immense !

RSE UN ATELIER DÉCOUVERTE POUR TOUT SAVOIR « La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE)... vous en faîtes surement déjà mais comment ça marche ? En quoi ça consiste ? En quoi mes engagements et mes valeurs peuvent déjà me permettre d'y prétendre, d'y répondre ? A quoi ça sert ? » Ces questions étaient le point de départ des échanges d’un atelier « découverte de la RSE » qui a eu lieu en début d’année à Daoulas. La MAB29 avait convié l’ensemble des opérateurs aval certifiés bio du Finistère et 6 professionnels ont répondu présents (magasin bio, boulangerie bio, entreprise artisanale et acteur de l’agroalimentaire ayant des gammes bio…). Grâce à Marianne Moutinard, Consultanteformatrice Qualité-RSE, chacun a pu appréhender les enjeux de la RSE et du

développement durable, comprendre les valeurs et les parties prenantes d’une telle démarche, connaître les différents référentiels existant afin de les transposer au niveau de sa propre entreprise. Emmanuel Jungblut, co-gérante de Biobleud, a témoigné de la démarche RSE de l’entreprise, labellisée depuis juillet 2018 BioED – Bioentreprisedurable (référentiel du Synabio, voir Symbiose janvier 2019). Cet atelier a surtout permis de favoriser l’interconnaissance entre les personnes présentes et laisser la possibilité pour la MAB29 d’ouvrir ses champs d’intervention auprès des professionnels bio. Si d’autres thématiques vous intéressent, n’hésitez pas à nous en faire part. Cathy à la MAB29 au 02 98 25 16 79 ou mab29. pichon@agrobio-bretagne.org


Maraîchage TEMPS DE TRAVAIL ET PÉNIBILITÉ À LA LOUPE Lors des six prochains mois, le GAB29 réalise une enquête temps de travail-pénibilité sur les systèmes innovants en maraîchage biologique. Le but est double, à savoir : créer de la référence, faire ressortir les systèmes, pratiques, opérations et itinéraires techniques économes en temps de travail, en pénibilité et en intrants (en se focalisant sur les paillages), tout en réduisant les coûts et en maintenant les rendements. Les résultats seront présentés fin août, au cours d’une journée d’échange, ainsi que sous la forme d’un article et de fiches techniques présentant les systèmes, pratiques, itinéraires techniques et opérations.

Les équipes GAB29 et MAB29 ont pris leurs dispositions pour respecter les décisions gouvernementales. Nous restons joignables à nos coordonnées habituelles. Avec des organisations différentes pour chacun, les créneaux où vous pouvez nous joindre sont variables. Nous vous remercions de votre compréhension. Les maraîchers du Finistère intéressés, peuvent dès à présent participer à l’étude en contactant Frégan Kerbiriou, stagiaire au GAB29 jusqu’en septembre à f.kerbiriou@agrobio-bretagne.org ou au 06 18 13 76 00

En cette période, n’oubliez pas que le GAB est avant tout un réseau et que vous pouvez également compter sur vos collègues agriculteurs bio pour répondre à vos questions, échanger, partager...

Dialecte

f Manu Bué, Technicien légumes, PPAM :m.bue@agrobio-bretagne. org - 06 72 61 70 47 f Marin Gratigny, Technicien monogastriques, grandes cultures : m.gratigny@agrobio-bretagne.org - 02 98 25 22 52 f Jérôme Le Pape, Chargé de mission Eau et Territoires, technicien arboriculture : j.lepape@agrobio-bretagne.org - 02 98 25 58 19 f Alexandra Lannuzel, Chargée de communication : a.lannuzel@agrobio-bretagne.org - 02 98 25 58 18 f Virginie Le Stanc, Chargée de gestion administrative et financière : mab29.lestanc@agrobio-bretagne. org f Elodie Boudeele, Technicienne ruminants : e.boudeele@agrobio-bretagne.org - 02 98 25 16 77

MESUREZ L’IMPACT DE VOS PRATIQUES SUR L’ENVIRONNEMENT Dans le cadre de son programme d'action Climat ADEME sur le lien agriculture et climat, le GAB29 vous propose de réaliser un diagnostic DIALECTE gratuit sur votre ferme. DIALECTE a pour objectif de décrire les systèmes de production et de permettre une évaluation de l'impact des pratiques agricoles sur l'environnement. C'est une approche globale à l'échelle de l'exploitation agricole qui a pour but d'évaluer l’ensemble des impacts environnementaux d’une exploitation. Elle s’attache aux impacts sur le climat, mais

JOINDRE LE GAB29 PENDANT LE CONFINEMENT

aussi sur les sols, la biodiversité ou encore la qualité des eaux. Le tout est synthétisé en une note qui permet de situer sa ferme par rapport à des moyennes de groupes. Tant que les conditions ne nous permettent pas de nous déplacer sur vos fermes, nous vous proposons la réalisation de ce diagnostic à distance (téléphone, mails, visioconférence). Si vous êtes intéressé, contactez Jérôme au GAB29 : j.lepape@agrobio-bretagne.org

LE GAB 29 Vos besoins en formation Nous sommes actuellement en train de préparer la nouvelle saison de formation 2020-2021. Si vous avez des idées de formations, d’intervenants, des questions techniques non résolues, des besoins de perfectionnement dans certains domaines, n’hésitez pas à nous contacter pour nous en faire part. Votre contact : Marin au 02 98 25 22 52 ou m.gratigny@agrobio-bretagne.org

2 visioconférences spéciales Aides bio Pour faire le point sur vos possibilités d’aides pour 2020 et pour vous apporter des réponses à la réalisation de votre télédéclaration, le GAB29 organise 2 réunions en visioconférence (accessibles également par téléphone) lundi 18 mai à 19 h ou mardi 19 mai à 14 h. Inscrivez vous auprès d’Élodie pour recevoir les codes de connexion : e.boudeele@agrobiobretagne.org

Retrouvez-nous sur

bonplanbio.fr SYMBIOSE | MAI 2020

11


LES ACTUS DU GAB 22

En direct du CA

« DÉFENDRE ET

PROMOUVOIR UNE BIO RÉSILIENTE » Lors de l’AG du 12 mars dernier, plusieurs nouveaux administrateurs ont été élus. Nous avons décidé de vous les présenter dans les colonnes de Symbiose. Premiers portraits avec Sylvain Haurat et Marie Henry !

SYLVAIN HAURAT Éleveur bio à Trébry, administrateur du GAB 22

« Je m’appelle Sylvain HAURAT, j’ai 31 ans, et je suis éleveur en bovins lait bio, avec 30 vaches Montbéliardes, sur 40 ha 100 % en herbe. « Je suis originaire du département des

MARIE HENRY Éleveuse bio à Louargat, administratrice du GAB 22

« Installée avec mon mari, Erwan, en 2007 après la reprise de l’exploitation familiale et celle d’un tiers, nous avons démarré avec un atelier porc naisseur-engraisseur sur paille et un troupeau de vaches laitières.

Landes et fils d’éleveur laitier, mais j’ai plutôt été élevé au maïs ensilage et au tourteau de soja qu’à l’herbe ! Mon parcours scolaire, qui s’est terminé par 3 ans à l’école d’ingénieur en agronomie de Dijon (Agrosup) m’a permis d’ouvrir les yeux et de me poser quelques bonnes questions sur la durabilité des systèmes agricoles. Mon premier emploi (conseiller d’élevage à BCELO) m’a amené en Bretagne, où j’ai été séduit par la région et par… une Bretonne. « Quand je me suis senti prêt à concrétiser un projet d’installation, c’est tout

des questions sur notre métier, l’évidence de passer en bio devenait notre suite logique.

re biologique nous permet également de développer l’agroforesterie au sein de nos parcelles de pâturage.

« Pratiquant déjà l’homéopathie depuis plusieurs années, et après avoir assisté à un colloque sur le lait bio animé par Guillaume Michel (technicien du GAB22, NDLR), on a décidé de « franchir le cap » pour nos laitières en juillet 2014.

« Pour moi, l’agriculture biologique doit être garante de fermes cohérentes et autonomes, préservant l’éthique autant humaine qu’animale. La conversion étant un parcours différent pour chacun, le rôle du GAB est primordial dans le maintien d’une ligne de conduite pour le développement de la bio cohérente, l’accompagnement des producteurs pour veiller à la bonne compréhension et application du cahier des charges AB.

« L’agriculture biologique doit être garante de fermes cohérentes et autonomes. »

« Toujours dans une démarche d’autonomie globale, mais alimentaire prioritairement, la recherche d’une filière et d’un débouché pour nos cochons cohérent avec nos convictions d’éleveurs ainsi que notre désir d’autonomie, nous a amené à étudier le cahier des charges AB en porc puis en lait.

« L’élevage de porcs était déficitaire, nous ne trouvions pas de solution à faible investissement pour eux et refusions la mixité des ateliers. Une fois la conversion en AB lancée, nous avons donc arrêté les porcs.

« Arrivés au bout d’un système conventionnel sur l’approche animale et environnementale dans des raisonnements qu’on ne pouvait plus accepter, nos deux plus grands enfants grandissant, posant

« Aujourd’hui notre parcellaire, dont une partie est à 7 km, nous permet de libérer de la surface pour produire des céréales à consommation humaine (blé meunier, pois cassés, orge brassicole). L’agricultu-

12

SYMBIOSE | MAI 2020

naturellement que je me suis tourné vers la reprise d’une ferme bio, avec un petit troupeau et un maximum d’herbe. Je recherche une cohérence environnementale, sociale et économique. Mon installation est effective depuis juin 2019 et un projet d’intégration d’associé et de développement de la transformation laitière à la ferme pourrait voir le jour prochainement. Intégrer le CA du GAB, c’est pouvoir défendre et promouvoir une bio cohérente et résiliente, tel que je cherche à le faire au quotidien sur ma ferme. »

« Depuis notre conversion, nous sommes tous les deux de gros consommateurs de formations du GAB. Nous avons bénéficié de toute la technicité et du conseil avisé du GAB. Il me paraissait un juste (et moindre !) « retour d’ascenseur » de m’investir en tant qu’administratrice pour faire profiter tous les producteurs du dynamisme et de la volonté du GAB dans la promotion de la bio. »

RETROUVEZ NOUS AUSSI SUR

WWW.AGROBIO-BRETAGNE.ORG


Commercialisation QUAND LE CONFINEMENT POUSSE À SE RÉINVENTER Avec le confinement, de nombreuses et nouvelles adaptations ont été initiées afin de continuer de répondre à la demande des consommateurs. Parmi ces stratégies, nombreux d'entre vous se sont tournés sur les solutions numériques : boutique en ligne, réseau web de producteur, logiciel de commande, etc. Plusieurs plateformes numériques permettent aux consommateurs de commander leurs produits en ligne. Certaines sont payantes (forfait ou commission), mais pas toutes. Certaines sont 100% bio tandis que d'autres limitent la commercialisation à un rayon autour de la ferme. La plupart propose le paiement en ligne (moyennant une commission), fonctionnalité utile pour réduire les contacts. Ces

outils peuvent être complémentaires à ceux déjà développés par le réseau pour favoriser la consommation de produits bio locaux (annuaires, BonPlanBio...). Des retours positifs émanent de l'utilisation de ces interfaces : gestion des commandes largement simplifiées, pas de gestion téléphonique permanente, moins de contact, paiement en ligne, visibilité auprès des consommateurs (fidèles et nouveaux), etc. L'utilisation de ces interfaces, pour beaucoup d'entre vous, ont été mises en lumière face au contexte Covid-19. Cependant, plusieurs de vos retours semblent confirmer l'utilité et le confort que ces plateformes induisent sur le fonctionnement de vos fermes.

LE GAB22 Le groupe lait « Robot et bio » souhaite accueillir de nouvelles fermes Ce groupe de 8 fermes, démarré en 2019, rassemble des éleveurs et éleveuses des Côtes d’Armor équipés d’un robot de traite et à la recherche de systèmes économes et autonomes. Les enjeux pour ces systèmes en bio sont de permettre la circulation autonome des vaches pour optimiser le pâturage, et de réussir à les motiver en utilisant le moins de concentré possible distribué au robot ; concentré qui peut être autoproduit. Le travail du groupe se centralise donc sur la conduite du pâturage et la complémentation au robot (comment la diminuer et l’autoproduire). Au programme des 4 journées collectives par an : acquisition de connaissances avec l’intervention d’experts par thématiques, partage des retours d’expérience au sein du groupe et à l’extérieur, mise en commun d’essais… Le groupe cherche aujourd’hui à s’agrandir. Vous êtes équipé d’un robot ? en bio, en conversion ou en réflexion ? Vous

vous reconnaissez dans les réflexions et les objectifs du groupe ? Vous avez envie de partager vos questionnements et vos retours d’expérience avec d’autres éleveurs ?

Formation ON S’ADAPTE POUR CONTINUER À SE FORMER CONFINÉS Confinement oblige, les formations sont reportées. Pourtant, les enseignements tirés sont le plus souvent à tester immédiatement. C’est le cas pour la formation qui aborde la façon de maîtriser le parasitisme par la conduite des génisses au pâturage, alors que les animaux commencent à sortir. Cette formation a été transformée en formation par visioconférence en 2 séquences distinctes. La première a eu lieu le mercredi 15 avril. Malgré les réticences initiales, les participants en sortent plutôt satisfaits. « C’est un nouveau format qui présente des intérêts : les informations sont claires et bien passées, tout en économisant le temps de trajet et le carburant ! ». Il a été possible de suivre quelles que soit les facilités avec l’informatique et le débit internet. Mais quand même : « Au bout de 2h30 devant l’écran, on a les jambes qui démangent » et ça ne remplace pas une formation physique. « On n’a pas ces moments d’échanges à l’arrivée ou à la pause déjeuner où on parle de plein d’autres sujets et qui sont très formateurs. ».

Claire Ingremeau : 02 96 74 46 13 ou c.ingremeau@agrobio-bretagne.fr

La Ville Davy. Une offre de formation élargie la rentrée À la rentrée de septembre 2020, La Ville Davy élargira son offre de formation à l’apprentissage et la formation continue dans la continuité du dispositif actuellement mis en œuvre par le centre Chamb’Agri Formation de Quintenic. La Ville Davy prend le relais sur son territoire pour qualifier et professionnaliser les futurs acteurs de la production agricole. Les formations proposées pourront se faire en apprentissage : CS Lait, CS Porc, BPREA polyculture-élevage, ou en formation continue : BPREA Polyculture élevage ou maraîchage bio, BPA Lait, BPA Porc, CQP. Le GAB est en train de trouver naturellement sa place, notamment sur le BPREA maraîchage bio

QUID DE NOS ÉVÉNEMENTS ? Au regard du contexte sanitaire lié à l'épidémie Covid-19, le bureau du GAB d'Armor a décidé d'annuler les portes-ouvertes et autres évènements susceptibles d'accueillir un public nombreux, jusqu'au 15 juillet. En fonction des modalités de déconfinement, certaines actions seront éventuellement maintenues. Dès à présent, le GAB s'adapte en vous proposant de participer à certaines formations ou réunions en visioconférence. Nous vous tiendrons au courant dès que possible.

Plus d’informations sur www.lavilledavy.fr

SYMBIOSE | MAI 2020

13


LES FILIÈRES

Filières bio bretonnes

QUELLES ÉVOLUTIONS

DANS LE CONTEXTE DE CRISE SANITAIRE ?

En préambule, on peut noter que la crise sanitaire a accentué la dynamique de vente de produits bio. Si tous les produits alimentaires ont connu une hausse de leurs ventes chez les distributeurs au moment de l'annonce du confinement, cette hausse est encore plus marquée pour les produits bio, comme le montre le graphique ci-dessous (comparaison sur la base des ventes en grandes surfaces uniquement). ÉVOLUTIONS DES VENTES PAR SEMAINE EN VALEUR (PAR RAPPORT À 2019)

farine ; légumes phares type pomme de terre - carotte...) que ce soit en circuits courts ou dans les magasins bio et GMS Cette forte demande peut engendrer des difficultés ponctuelles d'approvisionnement : f Pour de l'achat-revente sur certains fruits et légumes biologiques : la crise sanitaire étant parvenue à une période où la gamme de légumes commercialisée est relativement réduite, les stocks français ont fondu (il est très difficile à ce jour de trouver des carottes bio origine France par exemple) f Crainte d'un manque de farine biologique origine France en 2020 : les conditions météo n'ont pas été favorables aux implantations de céréales d'hiver et la demande est actuellement très forte pour ce type de produit Le secteur brassicole régional est lourdement impacté par les mesures liées à la crise sanitaire : fermeture du secteur de l'hôtellerie-restauration, annulation des festivals, foires... et baisse potentielle du tourisme. Cela pourrait avoir un impact sur la production en Bretagne, où près de 1000 hectares d'orge brassicole biologique ont été semés pour être maltés et transformés par les brasseries régionales en 2020. Lors de vos achats et de vos évènements à venir, pensez à prioriser les brasseries locales (lire aussi page 5) !

Les magasins spécialisés ne sont pas en reste, puisque selon Biotopia, panéliste en magasin bio : « la valeur du panier moyen a augmenté de 48 %, passant d’environ 40 € à 59 € entre la mimars et début avril ». De manière générale et pour toutes les filières : f Restructuration des circuits de commercialisation : moins de marchés, moins de restauration hors foyer, etc... mais une forte affluence des consommateurs sur les drives, la GMS, les magasins spécialisés de proximité et la vente directe f Les produits bio sont des produits fortement plébiscités. Leur consommation progresse quels que soient les produits et les lieux de vente, les ménages s'orientant davantage vers ce label en période de crise et de confinement.

Filières végétales. La forte demande de produits « courants » bouscule les habitudes La demande des consommateurs sur les produits végétaux bio (fruits, légumes ou céréales bio) est très soutenue depuis le début du confinement Forte dynamique de la demande en produits « courants » (pain et

14

SYMBIOSE | MAI 2020

Sur les aliments du bétail, pas de problème signalé à l'heure actuelle en termes d'approvisionnement des élevages en aliments bio par les coopératives et fabricants d’aliments biologiques (FAB), y compris en protéines importées. Les FAB et fournisseurs d'intrants agricoles (semences notamment) ont une obligation de continuité d'activité, à laquelle ils arrivent à faire face d'après nos échanges. Toutefois, pour les matières premières importées (protéines en particulier), le jeu de la fermeture/réouverture de certains marchés à l'étranger peut avoir un impact sur les prix. Attention, cette situation peut vite évoluer : les groupements de producteurs bio de Bretagne et Pays de la Loire (FRAB et CAB) restent en lien régulier avec les opérateurs de l'Ouest. Collecte de céréales bio 2020. Attention, l’organisation de la collecte sera complexifiée par les règles sanitaires en cours. Pensez à anticiper ce moment encore plus que d’habitude : avec votre collecteur, mais aussi avec votre Organisme Certificateur pour vous assurer de disposer de vos certificats bio actualisés lors des enlèvements.

Viande bio. La demande ne faiblit pas L'abattage en bio continue de fonctionner normalement même si certains outils commencent à faire face à des problématiques de saturation. Les outils logistiques de la filière poursuivent leur


activité (transport vif, transport carcasse, découpe, boucherie et autres distributeurs). Sur le gros bovin, la demande est au rendez-vous, malgré un recul de la demande en qualités bouchères lié à une chute de fréquentation des hyper marchés. Le steak haché tire la dynamique de la filière bovin viande bio, la demande est en effet très conséquente. Elle est aussi très présente en produits élaborés. Cependant, des déséquilibres matières commencent à poser des difficultés. De son côté, la boucherie traditionnelle se maintient. Certains acteurs sont impactés par la fermeture des marchés ; pour autant la consommation est toujours très présente. Les prix payés en sortie d'élevage restent visiblement stables pour le moment. La Bretagne est donc un territoire épargné et dynamique en comparaison à d'autres groupements d'autres régions de France. Côté circuits courts, la vente directe est dynamique pour la majorité des éleveurs, il n'y a donc pas d'excédents de volumes liés à une réaffectation éventuelle des animaux destinés aux circuits courts sur du circuit long. Enfin, concernant la filière ovin viande, malgré les craintes exprimées par l'interprofession (Interbev) concernant l'agneau Pascal (interdiction des rassemblements, fêtes religieuses..), il semble que les groupements bretons aient été en capacité d'assurer l'approvisionnement et la commercialisation de ces animaux. La consommation serait même plus importante qu'à la même période en 2019 d’après les retours des opérateurs.

Lait bio. Des volumes régulés La filière lait bio, répondant essentiellement à la demande du marché intérieur, est relativement épargnée en comparaison de la filière lait conventionnelle. Les produits laitiers bio restent très demandés. Cependant, les contraintes qui touchent le secteur conventionnel ont des répercussions sur la filière biologique. En effet, les outils industriels de la chaine de transformation en bio sont quasiment toujours mixtes. La GMS incite à la réduction du nombre de références et demande aux industriels de démultiplier la production sur des produits de première nécessite : Emmental, Beurre, Crème, Lait UHT, etc.. De ce fait, certains opérateurs abandonnent parfois complètement les produits laitiers bio de petits ruminants ou les références moins bien identifiées. Les chaînes de transformation tournent au maximum de leurs capacités et sur des lignes de production spécialisées, ce qui a posé des contraintes en début de confinement (soucis de maintenance, de pannes, disponibilité des emballages..). Les usines de déshydratation fonctionnent également à saturation depuis le début du confinement, des solutions de stockages de poudre de lait déshydratés sont recherchées. La commission européenne a d’ailleurs acté au 22 avril la mise en place de mesures de soutien des marchés agricoles avec un volet sur l’aide au stockage privé. Le CNIEL a mis en place une aide au volume non produit (320€/1000 l pour diminution de 2 à 5% de la référence). Cette aide a pu avoir pour conséquence indésirable de geler certaines négociations en cours entre les Organisations de Producteurs et les laiteries privées. La majorité des laiteries bretonnes ont sollicité leurs producteurs fournisseurs pour engager des réductions de volumes. Certaines ont mis en place des primes aux litrages non produits, d’autres des pénalités aux volumes excédentaires.

Monogastrique. L’œuf bio à la cote En filière porcine : nous n’avons pas de remontées de difficultés spécifiques à cette filière. Faites nous part de vos retours et ob-

servations si vous avez des éléments à remonter. Concernant la filière œuf bio, le confinement a provoqué une très forte diminution d'écoulement des volumes en ovoproduits bio (arrêt de la restauration hors foyers). Les volumes en œuf coquille se sont ainsi démultipliés (demande accentuée par les principaux distributeurs) et ont permis de faire face à l’engouement des consommateurs pour ce produits qu'ils stockent parfois sur plusieurs semaines. Quelques difficultés commencent à arriver sur les boîtes d'emballages, avec des diminutions de stocks. Niels Bize & Goulven Maréchal, chargés de mission filières à la FRAB

TÉMOIGNAGES « La période printanière est une période à enjeu chez Biolait. D’autant plus dans le contexte de confinement actuel où les marchés sont perturbés et se tendent. La politique commerciale de Biolait est d’assurer une référence du lait bio sur le marché. Cet équilibre important pour la filière exige une attention particulière et peut conduire Biolait à faire des choix pouvant aller jusqu’à accepter des valorisations dans la filière conventionnelle plutôt que de vendre du lait bio « pas cher ». La situation du marché conventionnel très dégradée nous amène à encourager les adhérents à réduire leur production en écrêtant le pic de volume du second trimestre. Pour que chaque adhérent et adhérente soit impliqué et au courant de la situation actuelle, nous avons démultiplié les contacts téléphoniques individualisés, les réunions en visioconférence animées par les producteurs référents de territoire et transmis une note d’information hebdomadaire. Un système d’aide pour les volumes non produits, cumulable avec la mesure CNIEL, a été déployé. La démarche de Biolait a pu se concrétiser sur le terrain car elle s’est mise en place en toute transparence et avec une forte réactivité de la part des adhérents et du groupement. Il reste toutefois très difficile de se projeter et d’envisager l’avenir. On remarque cependant que les produits bio ont été très plébiscités sur les dernières semaines. Nous pouvons formuler le vœu que la consommation de produits laitiers bio maintiendra cette dynamique au sortir de la crise. »

LUDOVIC BILLARD Président du conseil d’administration de Biolait

« Nous avons connu une très forte hausse de la demande JEAN-LUC PODER la semaine qui a suivi l’angérant de la SARL Poder, nonce du confinement, avec expéditeur de légumes 100% un quasi-doublement de nos bio (Mespaul, 29) commandes les 4 premiers jours. Il n’a pas été simple d’y répondre, tout en revoyant l’ensemble de notre organisation interne. L’activité est restée soutenue ensuite, en particulier pour les légumes phares hivernaux (pomme de terre, carotte, oignons). Depuis mi-avril, nous observons un retour vers la normale, mais cette crise participera sans doute à ce que la consommation bio franchisse un nouveau palier. »

SYMBIOSE | MAI 2020

15


DU PRODUCTEUR AU CONSOMMATEUR

Marchés du soir

UNE VENTE COURTE MAIS EFFICACE

Répartis sur le Trégor et le Pays de Guingamp, espacés d’une vingtaine de kilomètres les uns des autres, des marchés du mardi soir se côtoient dans les côtes d’Armor. Avec un recul variable et des fonctionnements divers tous bénéficient d’une fréquentation à la hauteur des objectifs des producteurs. Retours d’expérience.

Des opportunités à saisir En 2012, un groupe de producteurs qui vend sur un marché à la ferme à côté de Lannion se retouve sans lieu de vente. La ferme en question ne souhaite plus accueillir le marché. Il se tournent alors vers Isabelle et Benoît Allain, en transformation laitière à la ferme du Wern. Certains de ces paysans les connaissent déjà et leur ferme est idéalement située, dans le bourg de Ploubezre, aux portes de Lannion. Petit plus, elle dispose d’un bâtiment non utilisé. Isabelle et Benoït sont intéressés, et décident créent une association avec une partie des producteurs de l’ancien marché et de nouvelles personnes.

définis mais reposent sur les valeurs qu’ils partagent, à savoir des fermes certifiées bio et de taille « raisonnable ». Une petite cotisation annuelle est demandée pour l’aménagement du bâtiment et pour l’organisation d’animations. Au départ, cela demande plusieurs réunions pour définir le fonctionnement. Depuis, trois réunions par an suffisent pour la préparation des évènements. Aujourd’hui, les producteurs se connaissent bien et ont l’habitude de travailler ensemble. Avant de se stabiliser, le groupe a toutefois traversé quelques « crises », principalement liées à des difficultés humaines ou à des difficultés à atteindre le chiffre d’affaires espéré. Loïc Frémont, maire adjoint à Pabu, a rédigé un règlement de marché bio et une convention d’occupation du domaine public. Il fixe une redevance, votée par le conseil municipal, qui est payée soit à l’année, soit tous les 6 mois. C’est lui qui gère les candidatures de nouveaux producteurs même s’il en parle aux vendeurs en place avant d’agréer définitivement quelqu’un.

Autre cas. La commune de Pabu, avec presque 3000 habitants, est contiguë à Guingamp. Parmi ses actions, la municipalité privilégie l’environnement et la nature en créant des sentiers de randonnée et en développant des axes de liaison douce. Soutenir les producteurs bio s’inscrit dans la même démarche. En 2015, un maraîcher bio et un paysan boulanger bio proposent une vente en bord de route dans la commune, d’abord dans un local, puis sur le trottoir. Deux ans plus tard, le terrain situé à l’arrière du local est en phase d’être vendu. Les élus proposent alors aux producteurs de les soutenir en investissant dans un lieu de vente, idée qui leur plaît. La commune préempte le terrain. Elle réhabilite le hangar, le raccorde aux réseaux d’eaux usées, eau potable et électricité. Une fois les travaux terminés, Loïc Frémont, maire adjoint en charge de l’artisanat et du commerce (jusqu’en mars 2020) met de l’énergie pour étoffer le nombre de producteurs bio sur le marché. Le bouche à oreille fonctionne et le marché ouvre d’abord le mardi soir en 2018, puis le vendredi soir.

Des ventes dynamiques positionnées en complémentarité des marchés de plein vent existants

A une trentaine de kilomètres de Pabu, les associés du GAEC Ar Frostailh à Plounevez Moedec, issus du territoire, sentent un intérêt de la part des consommateurs pour un point de vente de produits bio sur la commune. En amont de leur installation, ils questionnent le maire de la commune de Belle-Isle-en-Terre, sociétaire de la SCI de la ferme (lire Symbiose novembre 2019). Ce dernier est plutôt partant pour mettre à disposition les halles de la commune pour un marché de producteurs. Deux fermes bio et un transformateur se réunissent au printemps 2018 pour réfléchir au projet. Ils cherchent d’autres producteurs pour les rejoindre et négocient avec la mairie. Le marché ouvre en août 2018.

Au marché à la ferme, la fréquentation est moindre l’hiver en raison d’une offre moins diversifiée. « Aux beaux jours », il y a minimum 150 personnes qui passent sur le marché. La clientèle est très locale. « Les gens viennent de Ploubezre parce que le marché est à leur porte, d’autres viennent de plus loin car ils cherchent à s’approvisionner en produits bio locaux », explique Isabelle Allain qui accueille le maché sur sa ferme. C’est une vente intéressante pour la ferme du Wern. Elle génère près de 30% du chiffre d’affaires en circuits courts de la ferme, tout en ne nécessitant ni déplacement, ni investissement dans une vitrine mobile.

Des gestions différentes A Ploubezre, le collectif gère l’aménagement intérieur du bâtiment et se positionne sur l’entrée de nouveaux producteurs. Les critères de sélection de nouvelles fermes ne sont pas clairement

16

SYMBIOSE | MAI 2020

Finalement, à Belle-Isle-en-Terre, c’est une association regroupant l’ensemble des vendeurs qui gère le marché. La Mairie met les locaux à sa disposition et elle adapte la circulation dans le bourg sur le temps de la vente. En 2020, le collectif travaille à la rédaction d’une charte, définissant, notamment, les critères d’arbitrage pour l’arrivée de nouveaux exposants.

A Pabu, la fréquentation est rapidement satisfaisante pour la vente du mardi et se développe peu à peu le vendredi. Les gens viennent de la commune principalement, et dans une moindre mesure de l’hôpital situéà 400 m, ou des communes alentours. Le mardi, il draine environ 80 personnes. Pour Manuel Ruiz, ma-


raîcher bio à l’initiative du projet, cette vente constitue son débouché principal. En passant d’une vente sur le trottoir à une vente dans le cadre du marché bio dans le hangar aménagé, avec un parking, il double son chiffre d’affaires. « Le marché [de Belle-Isle-en-Terre] prend très bien car il y a une offre large dès le départ », explique Goulven Le Troadec, associé du GAEC Ar Frostailh. Plus de 100 personnes passent en moyenne sur la vente. Elles viennent des communes alentours et fréquentent le marché de manière régulière. Les maraîchers de la ferme la Carotte Sauvage le considèrent comme leur débouché principal : il représente 50% de leur chiffre d’affaires. Pour le GAEC Ar Frostailh, cela représente aussi le plus gros marché. L’explication : « Il y a énormément de sociétaire de la SCI sur le territoire, ce marché, c’était la suite logique du projet pour eux ». Le marché bénéficie aussi du réseau personnel des associés, bien enracinés dans leur territoire. Finalement, tous les exposants « sont jeunes et motivés » ; ils s’investissent dans l’organisation de quatre marchés festifs par an où ils proposent des concerts. Cette dynamique apporte une image positive aux consommateurs qui, au-delà de venir faire leurs courses, recherchent de la convivialité.

Avantage pour les producteurs f Des créneaux de vente courts (3 h), des points de vente attrayants de par la diversité de l’offre proposée favorisant une bonne efficacité du travail : chiffre d’affaires par heure de vente élevé. f Quand le marché a lieu sur sa ferme : pas de déplacement, investissement en matériel limité.

Les difficultés f Faire face aux problématiques liées à l’humain lorsqu’il s’agit de gestion collective. f Faire face aux problématiques d’objectifs divergents. f Quand le marché a lieu sur sa ferme : entretien constant des abords de la fermes et des accès. f En début de semaine en soirée : des achats plus orientés « consommation quotidienne, simple » ; moins de perspectives pour les produits plus orientés « festifs ».

Les facteurs de réussite

Le dynamisme des ventes sur ces trois marchés s’explique aussi par leur complémentarité avec les marchés de plein vent sur le territoire qui, pour la plupart, se déroulent le matin en semaine.

f Les horaires de soirée pour les actifs : de 16 h à 19 h.

Des perspectives pour accueillir de nouveaux producteurs et dynamiser les ventes

f Dans une gestion collective, formalisation des règles de fonctionnement au départ, transparence quant aux objectifs de chacun.

Les trois marchés sont encore en capacité d’accueillir de nouveaux producteurs pour étoffer leur offre, ce qui renforcerait encore leur attractivité.

f Lien informel avec les autres marchés sur les mêmes créneaux afin de coordonner les évènements.

En parallèle, à Pabu, la commune projette de mettre en place une signalétique routière sur les deux rond-points de proximité, ce qui devrait permettre de toucher davantage de monde. Concernant le marché de Belle-Isle, Goulven Le Troadec, conscient des risques, précise : « Il faut que l’on cadre un peu les choses, notamment grâce au projet de charte, pour se prémunir de potentiels dysfonctionnements ». Quant au développement : « Le champ des possibles est énorme, tant qu’il y a des gens motivés qui ont envie de passer du temps ensemble, tout peut être imaginé ! » Agathe Perrin, chargée de mission circuits courts à la MAB 22

f L’offre large. f Un parking adapté pour ceux qui se déplacent en voiture.

f Pour faire venir de nouveaux consommateurs et dynamiser les ventes : Des évènements festifs - Des tracts dans les quartiers - Des articles de presse - Un fléchage adapté

Ce qu’il faut savoir

Tous les produits sont en synergie. Si on dynamise la fréquentation en communiquant ou en proposant une offre plus large, il faut que tous soient en capacité de répondre à la hausse de la demande… Pour y faire face, soit il faut plus de personnes à la vente, soit il faut intégrer de nouveaux producteurs sur les mêmes produits. ATTENITON à la sémantique : Un « marché de producteurs » ne comporte que des producteurs. Si tous les opérateurs présents sont bio, c’est un « marché bio ». Si ce n’est ni l’un ni l’autre alors, c’est « un marché ». SYMBIOSE | MAI 2020

17


LE PORTRAIT DU MOIS

LE GOÛT DE L’ENGAGEMENT

Symbiose continue de consacrer sa rubrique portrait à des agricultrices bio. Huitième volet de notre série avec Virginie Roussel. Après une première expérience professionnelle dans l’informatique, elle est installée comme maraîchère bio à Guipry-Messac ( 35). Son but : cultiver entre autres, des légumes et plantes aromatiques exotiques qui se plaisent sous le climat breton.

Tu as débuté ta vie professionnelle dans l’informatique. Qu’est-ce qui t’a mené vers l’agriculture ? J’ai travaillé dans l’informatique pendant 12 ans, en région parisienne. Avec Damien, mon conjoint, on a toujours eu en tête d’élever nos enfants à la campagne et de rentrer en Bretagne, proche de nos familles. En 2014, j’ai eu envie de changer et j’ai fait un BPREA maraîchage bio en un an. En 2016, on a trouvé une maison avec du terrain, à Guipry.

Pourquoi t’être tournée vers un activité agricole, et pas autre chose ?

GUIPRY-MESSAC ILLE-ET-VILAINE

VIRGINIE ROUSSEL LÉGUMES INSTALLATION : 2019

COMMERCIALISATION 1 UTH 18

SAU 9,75 ha

SYMBIOSE | MAI 2020 20 espèces de

MAGASINS DE PRODUCTEURS, VENTE EN LINGE, RESTAURATEURS

légumes, dont légumes exotiques

Mes parents étaient éleveurs laitiers jusqu’au début des années 90. Quand en 2012-2013, j’en ai eu ras le bol, je me suis pas mal remise en question. J’ai fait un bilan de compétences, et c’est la terre qui m’a attirée. J’ai fait pas mal de stages pour voir si c’était ça qui me correspondait. En pratiquant, j’ai vu que ça me convenait bien. C’est un boulot qui a du sens pour moi, il me permet de pouvoir cultiver des produits un peu exotiques, et faire du lien avec ma passion pour la cuisine asiatique et sud-américaine.

Comment as-tu imaginé et bâti ton projet ? Mon idée, c’était une ferme maraîchère hébergeant sur une partie des cultures exotiques qui se prêtent au climat breton : gingembre, curcuma, citronnelle, physalis... Ma transition s’est faite sur 4 ans. A la sortie du BPREA, je pensais m’installer en région parisienne. Le foncier étant très difficilement accessible, on s’est vite rendu compte que ça allait être trop compliqué et qu’on allait être trop loin de la famille. En arrivant en Bretagne, j’ai fait la formation « De l’idée au projet » avec le Civam. Ça a fait avancer le projet, puis reculer, avec pas mal de remises en question. Ensuite, j’ai eu mon troisième enfant, je me suis arrêté pendant un an. J’ai repris une formation d’un an avec la CIAP 35 (Coopérative d’installation en agriculture pay-


sanne) avec des stages dans différentes fermes, notamment sur Guipry, pour pouvoir connaître un peu plus le territoire. J’ai aussi été à Vendel, chez Carotte et Feijoa, pour la partie produits exotiques (lire Symbiose juillet-août 2017). En parallèle de ce parcours, la ferme voisine de notre maison a été placée en liquidation judiciaire. Je me suis battu pendant 2 ans pour récupérer 10 ha sur les 95 de l’exploitation. Au bout de 2 ans, j’ai réussi à les avoir. Je suis officiellement installée depuis février 2019.

Comment est-ce qu’on travaille sur un projet comme celui-là, sans trop de références technico-économiques sur la partie exotique ? J’ai commencé mon plan d’entreprise (PE) en 2018. J’ai choisi de le faire toute seule, sans passer par la chambre d’agriculture, ce qui m’a valu quelques bâtons dans les roues. J’ai mis un an pour le faire. J’ai fini par le déposer et avoir gain de cause à la chambre. En Ille-et-Vilaine, la chambre d’agriculture est en position de monopole. Ils nous forcent quasiment la main pour leur confier notre PE, en nous disant qu’ils savent faire, que c’est leur métier, etc. Or, j’ai eu plusieurs retours de gens sur le fait qu’en 5e année post installation, ils ont été obligés de faire des avenants à leur PE parce que les chiffres qu’ils avaient donnés à la chambre avaient été remodelés pour rentrer dans ce qu’elle considère comme ses critères d’une ferme économiquement viable. Je n’avais pas trop envie de leur confier cette partie, surtout sur un projet un peu « atypique ». Je préférais maîtriser mes chiffres, savoir où j’allais. Quand on connaît ses chiffres, on maîtrise beaucoup mieux son projet et on sait s’adapter.

A partir de là, comment as-tu donné vie à ce qui était dans ta tête et sur le papier ? J’ai intégré des valeurs sûres dans mon assolement, comme les petits pois, les haricots, les poivrons ou les concombres pour assurer une base économique. J’ai mis en second plan la partie exotique. Sur cette partie-là, j’ai été plus prudente, quitte à ne quasiment pas la compter dans le PE et à la considérer comme du bonus. Sur les 5 premières années, je veux faire des cultures à plus forte valeur ajoutée pour pouvoir assurer un revenu minimum et me laisser la possibilité de tester certains produits. Une fois mon système calé, je veux vraiment développer cette partie de la ferme. Pour le moment, sur 9,75 ha, j’ai 5000 m2 de maraîchage, le reste, c’est de la prairie que

je fais en foin. J’ai un bi-tunnel de 800 m2, un autre devait arriver cette année mais ce sera l’année prochaine, vu le contexte. L’idée, c’est d’agrandir au fur et à mesure afin de pouvoir ensuite embaucher et bien maîtriser mes itinéraires techniques et ma planification.

« Je ne voulais pas une installation trop coûteuse. Ce n’est pas pour autant que j’ai tout fait au rabais. » Combien d’espèces cultives-tu sur la ferme ? Je cultive une vingtaine d’espèces de légumes, dont une moitié de légumes et aromatiques exotiques. Je transforme une partie en caviar de poivrons, chutneys de concombre, et en fruits séchés pour les physalis. J’aimerais pouvoir tirer un maximum de revenus de ces produits-là afin d’avoir un temps de travail lissé sur 9 mois, pour souffler et avoir des activités en dehors de la ferme. Rapidement, j’aimerais que les produits transformés me permettent d’avoir de la marchandise à vendre en hiver en ayant peu de travail aux champ à cette période. Pour l’instant, produire et vendre seule, notamment au printemps, c’est chaud. Et j’avais clairement sous-estimé la partie administrative.

Tu es dans les clous par rapport à ton prévisionnel ? Je vends en direct, via de la vente en ligne et des magasins de producteurs. Je cible également les restaurateurs. J’arrive à écouler tout ce que je produis, mais je ne produis pas autant que prévu. Certaines productions n’ont pas marché. Ça ne colle pas exactement au prévisionnel, mais ce n’est pas si mal. J’ai sous estimé la partie commerciale et le démarchage. J’ai été un peu prise au dépourvu à un moment. Il fallait récolter, mais je n’avais pas fait suffisamment de relationnel pour développer mon réseau commercial, surtout au niveau des restaurateurs. Du coup, les prix prévus pour les restaurateurs, qui sont plus élevés parce qu’on livre de petites quantités d’un produit ultra frais et de bonne qualité plusieurs fois par semaine, ne se retrouvent pas sur de la vente directe. Le chiffre d’affaires n’y est pas. Si les restaurateurs sont

prêts à payer un certain prix, les consommateurs, eux ne sont pas prêts à le faire.

Comment as-tu fixé tes prix? C’est tout le problème de se positionner sur un produit atypique. Tu as forcément envie que les gens goûtent. Si tu mets un prix trop élevé, ils vont goûter une fois mais ils ne vont peut-être pas y revenir, même s’ils aiment. Je suis un peu dans ce dilemme-là. A produit équivalent, j’essaye de m’aligner sur ce que font les collègues. J’ai essayé de travailler le prix de revient. Je pêche sur le calcul du temps de travail. Compter la partie matière première, les charges fixes, ça reste relativement facile. Comptabiliser le temps que tu vas y passer quand tu démarres et que tu es sous équipée côté machines agricoles, ça peut te faire exploser ton prix de revient. C’est une question de dosage et d’équilibre.

On dit souvent que l’équipement est un point à ne pas sous estimer quand on s’installe, comment t’es tu équipée ? Je suis peu équipée, essentiellement parce que j’ai peu de surface et qu’aujourd’hui je peux le faire à la main. Je n’ai pas dimensionné mon outil de travail, du moins pour le démarrage, pour faire beaucoup de volume. Je mise sur la valeur ajoutée. J’ai fait le choix de peu mécaniser. C’est plus chronophage de travailler manuellement, mais ça me permet de passer plus de temps à me perfectionner et surtout à observer. Ça me permet notamment de bien comprendre le fonctionnement mon sol.

Dans le fait de peu mécaniser, est-ce qu’il y avait aussi la volonté d’avoir une installation peu coûteuse ? Je ne voulais pas une installation trop coûteuse. Ce n’est pas pour autant que j’ai tout fait au rabais. Par exemple, sur la mise en place de la serre et de l’irrigation, j’ai délégué parce que je voulais que ce soit correctement fait. Je ne me voyais pas acheter des serres d’occasion et les installer moi même. En terme de temps de travail, ce n’était pas compatible non plus avec la vie de famille. J’ai préféré investir là plutôt que sur du super matériel. Aujourd’hui, quasiment tout mon matériel vient de dons et ça me convient. Je prévois pour la suite d’investir dans une chambre froide, du matériel de récolte, de conditionnement et de livraison. C’est un poste sur lequel on passe beaucoup de temps. A terme de sera du 50-50 entre production et commerciali-

SYMBIOSE | MAI 2020

19


sation en termes de temps de travail.

Tu travailles seule pour le moment. C’était une volonté de départ ? J’ai dimensionné l’outil pour travailler seule. Aujourd’hui, je me rends compte que c’est compliqué. D’une part pour la motivation. D’autre part en termes de rentabilité. A deux, je pense que tu es plus rentable que toute seule. Il y a des travaux qui demandent d’être deux. Dérouler des bâches, par exemple, c’est plus facile à deux. Je pourrais investir dans une dérouleuse, mais en même temps, une dérouleuse ça ne cause pas beaucoup (rires). Pour prendre des décisions, c’est plus facile avec un avis supplémentaire. Il y a du travail fastidieux, comme le désherbage, qui est plus sympa quand on est plusieurs. Je m’interroge beaucoup avec mon conjoint pour savoir si c’est pertinent qu’on soit 2 sur la ferme. On n’a pas fait ce choix-là au démarrage pour des questions financières. Il travaille à l’extérieur, mais il a pris le statut de conjoint collaborateur. Depuis le début de la crise du Covid-19, il me file un coup de main, c’est agréable de bosser à deux. Après, à voir sous quelle forme on pourrait prolonger ça puisque le système n’a pas été pensé au départ pour dégager rapidement deux salaires.

D’habitude, le statut de conjoint collaborateur est plutôt pour la femme, c’est agréable de voir que ça se fait dans l’autre sens... Damien est conjoint collaborateur à la fois pour des questions d’assurance mais aussi parce qu’il voulait être reconnu dans ce rôle. Mais pour remplir les papiers à la MSA, c’est « folklo ». Tout est fait dans les formulaires pour laisser entendre que le conjoint collaborateur est une conjointe collaboratrice. C’était un peu vexant, quand il a rempli les papiers. C’est vexant des 2 côtés. Pour moi, parce que ça sous-entend qu’un chef d’exploitation est forcément un homme et pour Damien, parce que ça sous-entend qu’un homme ne peut pas être conjoint collaborateur.

Tu t’es engagée très tôt à Agrobio 35, au moment où des jeunes installés préfèrent être à 100% sur leur ferme. Pourquoi as-tu fait ce choix-là ? C’était important de m’engager pour faire progresser les techniques de la bio et son développement sur le territoire. Ça me permet aussi de sortir de la ferme. J’avais

20

SYMBIOSE | MAI 2020

peur de m’enfermer sur la ferme, avec des répercussions sur mon moral. J’ai toujours été engagée en tant que consommatrice dans les AMAP, etc. M’investir sur la partie professionnelle, ça me permettait de parler des problématiques des nouveaux installés et d’amener une voix de femme dans un univers principalement masculin. Souvent, les producteurs engagés dans le réseau, ça fait déjà quelques années qu’ils sont installés et donc certaines difficultés ou préoccupations peuvent leur sembler lointaines. J’aime aussi le côté militantisme de l’ombre où tu discutes et tu fais avancer les choses sans forcément descendre dans la rue avec des banderoles.

« J’aime le côté militantisme de l’ombre où tu discutes et tu fais avancer les choses sans forcément descendre dans la rue avec des banderoles. » Sur quels dossiers t’es tu investie ? Je suis investie sur les commissions installation-transmission et place des femmes. De par mon parcours d’installation, notamment vis-à-vis de l’administration, je pense pouvoir transmettre des choses. Je ne me suis pas battue contre la chambre et l’administration uniquement pour moi. Je ne pense pas que j’aurais eu suffisamment d’énergie pour me dire que j’allais me battre pendant un an, recevoir des courriers qui n’ont ni queue, ni tête... uniquement pour moi et moi seule. C’est une manière de partager un retour d’expérience sur ce qu’il est possible de faire, et de promouvoir un autre système que celui qui existe. Un système qui peut être aussi bien perçu, voire mieux perçu, que ce que fait la chambre.

Et sur la place des femmes, comment cette thématique est abordée ? Ce n’est pas simple de s’installer seule quand on est une femme. Il y a encore des gros préjugés. Certains sont parfois inconscients, mais il y a toujours trop de réflexions hallucinantes, du genre : « Laisse moi faire le travail du sol, je vais aller plus vite ». Pour conduire un tracteur, il n’y a pas besoin de mesurer 1,80 m et de peser 90 kilos. Si nous agricultrices, on ne se bat

pas, si on ne s’investit pas dans le truc, il n’y a personne qui va le faire à notre place. J’ai été agréablement surprise, parce que j’avais peur qu’on ait du mal à trouver des choses concrètes à mettre en place, sans qu’on passe pour des féministes acharnées. On planche sur des sujets qui permettent de réfléchir et qui vont par petites touches faire changer les choses. Il va y avoir de nombreuses choses qui seront mises en place au salon La Terre est Notre Métier, notamment : tracteurs conduits par des femmes, conférences thématiques, garderie... La parité au CA d’Agrobio 35 a été votée en 2018. Ca en a fait tiquer certains au début, mais aujourd’hui on en n’entend plus parler. Il y a de la bienveillance au sein du CA, même si de temps en temps certaines blagues machistes peuvent s’entendre. Sans cette bienveillance elles pourraient devenir pesantes.

Aujourd’hui, quel bilan fais-tu de ton installation ? Je suis contente de mon installation, et si c’était à refaire, je le referais. Il faut être conscient que c’est hyper énergivore et j’avais sous estimé le temps à consacrer à la partie administrative. Elle m’a appris à attendre et que le temps administratif n’est pas le même que le temps réel (rires). Il m’a manqué un soutien technique et économique sur des productions atypiques. J’ai trouvé les chiffres en posant des questions à droite à gauche à d’autres maraîchers. Ça prend 6 mois de ton temps si tu veux faire un dossier solide qui te permette d’être crédible devant des banquiers et le monde agricole..

Quels sont les défis qui t’attendent dans les mois à venir ? J’aimerais finaliser mes outils de communication, établir un planning pour aller démarcher des restaurateurs, avec des plages de temps dédiées. Côté production, ce serait de pouvoir réussir ce que j’ai mis en place, arriver à trouver un équilibre de production et d’identifier les productions récurrentes, pour asseoir mon système, avec une planification solide et aboutie. Antoine Besnard, rédacteur en chef de Symbiose Photos : Matthieu Chanel


DOSSIER DU MOIS

Sortie des veaux

DU RESPECT DE LA

RÉGLEMENTATION À LA MISE EN PRATIQUE SUR LA FERME Au 1er janvier 2021, les jeunes animaux en phase lactée auront une obligation d’accès à l’extérieur. Cette obligation n’est pas une évolution de la réglementation, mais une évolution de son application par les organismes certificateurs et l’INAO. En effet, ces éléments figurent déjà dans le guide de lecture de l’INAO (outil support des OC pour leurs audits), puisque le cahier des charges impose que les herbivores bénéficient d’un accès permanent à des espaces plein air, de préférence à des pâturages. Jusqu’à présent, cette mesure n’avait pas fait l’objet de sanction par les organismes certificateurs (OC). Fin 2019, l’INAO a demandé aux OC de prévenir les producteurs de cette règle et d’inciter les mises en conformité dans le courant de l’année 2020, mise en conformité qui intervient dans le cadre de l’application du nouveau règlement UE au 1er janvier 2021. La question de l’accès des veaux à l’extérieur y sera confirmée et précisée.

L’ŒIL MILITANT YANNICK JESTIN Éleveur bio à Lanmeur (29), administrateur du GAB 29

La réglementation nous impose une sortie des génisses dès leur première année de vie. Aujourd’hui, les OC nous demandent de respecter la réglementation qui oblige l’accès extérieur aux veaux dès leur plus jeune âge. La FNAB défend la position selon laquelle cet accès puisse se faire à partir de 3 semaines, en lien avec l’enjeu de valorisation des veaux mâles et des croisés viande (qui partent de nos élevage en général entre 2 et 3 semaines, souvent à destination de marchés conventionnels). Certains éleveurs fonctionnent déjà de cette façon. Via Symbiose, nous souhaitons vous proposez leurs témoignages et des solutions pour votre futur aménagement. Des contacts sont aussi disponibles auprès de vos GAB.

Que dit la réglementation ? Conditions de logement des jeunes veaux. Le logement des veaux au-delà d’une semaine doit se faire dans des cases collectives dans le respect des surfaces obligatoires (annexe III du règlement UE n°889/2008). Un veau pourra ponctuellement se trouver seul dans une case prévue pour accueillir plusieurs veaux. L’attache permanente des veaux n’est pas autorisée en bio. Les techniques de claustration, de muselière ou encore de logement sans litière sont également interdites. Accès à une aire d’exercice extérieure et accès au pâturage. Les jeunes animaux en phase lactée ne sont pas considérés comme des herbivores au sens strict de la réglementation bio, et ne sont donc pas soumis à l’obligation d’accès au pâturage « à chaque fois que les conditions le permettent » (art. 14 § 2 du RCE/889/2008). L’âge à partir duquel l’animal devient herbivore n’est pas précisé dans le règlement bio. Cependant, à défaut d’avoir accès aux pâturages, les jeunes animaux sous alimentation lactée doivent obligatoirement avoir accès aux surfaces intérieures et aux aires d’exercice extérieures prévues à l’annexe III du RCE/889/2008. Cet accès à l’extérieur ne sera obligatoire que lorsque les conditions le permettent. Les surfaces minimales intérieures et extérieures sont les suivantes :

Bovins et équidés reproducteurs et d’engraissement

A L’INTÉRIEUR (SUPERFICIE NETTE DONT DISPOSENT LES ANIMAUX)

A L’EXTÉRIEUR (AIRE D’EXERCICE, À L’EXCLUSION DES PÂTURAGES)

Poids vif minimal (kg)

m²/tête

m²/tête

Jusqu’à 100

1,5

1,1

Jusqu’à 200

2,5

1,9

Jusqu’à 350

4,0

3,0

Supérieur à 350

5 avec un minimum de 1m²/100kg

3,7 avec un minimum de 0,75 m²/100kg SYMBIOSE | MAI 2020

21


RÉGLEMENTATION ET POSITION DU RÉSEAU : DES AJUSTEMENTS À VENIR ?

Questions-réponses sur la mise en conformité

Le Comité National de l’Agriculture Biologique (CNAB), piloté par l’INAO et dont la FNAB est membre, a engagé des négociations sur différents points : f La définition de l’âge jusqu’auquel un bovin est considéré comme étant un « veau » : 6 mois ou 8 mois ? f L’âge à partir duquel le veau doit avoir accès à une aire d’exercice extérieure : dès 1 semaine ou à partir de 3 semaines ? f Les modalités techniques précisant les conditions d’ouverture et de couverture des aires d’exercice extérieures : 3 côtés ouverts et 90 % de couverture maximale ? Autres modèles spécifiques ? Les GAB Bretons et la FRAB Bretagne participent activement aux prises de position FNAB sur le sujet. Le réseau négocie pour une obligation d’accès à l’extérieur à partir de 3 semaines d’âge ainsi que pour une obligation d’accès aux pâturages à partir de 8 mois. Ces obligations étant conditionnées par le fait que le contexte pédoclimatique de l’élevage permette la sortie des animaux. Cet arbitrage a pour but de faciliter les conditions d’adoption des veaux par les nourrices et de réduire les contraintes imposées pour des lots quittant l’élevage avant l’âge de 3 semaines. ATTENTION. Sur ces points, il est préférable d’attendre les éclaircissements réglementaires avant d’engager des travaux et aménagements coûteux sur vos élevages ! Aucun texte réglementaire n’est ratifié à ce jour. Vos organismes certificateurs sont chargés de répondre à vos questions, n’hésitez pas à les solliciter pour éclaircir votre situation. Le GAB est également à votre écoute. Faites nous part de vos témoignages, de vos conseils d’aménagement, de vos contraintes. Cela enrichira le collectif et consolidera les prises de position du réseau.

22

SYMBIOSE | MAI 2020

A partir de quand va s’appliquer cette obligation ? Cette obligation étant déjà inscrite dans le règlement, elle doit être appliquée dès maintenant. Toutefois dans la mesure où cette évolution dans l’interprétation de cette règle est récente et implique des investissements pour les éleveurs, les sanctions vont être différées. Le comité d’agrément et de contrôle de l’INAO va définir un calendrier d’entrée en vigueur du régime de sanctions.

A quoi devra ressembler cette aire d’exercice ? Il est interdit de couvrir totalement cette aire d’exercice extérieure, mais il devrait être autorisé de la couvrir partiellement (point 1. de l’article 14 du RCE 889/2008, également repris dans le RUE 848/2018). Les côtés ne doivent pas être bardés. Ces points restent à préciser, mais il est probable que les 3 côtés de cette aire d’exercice doivent être ouverts. Le sol peut être bétonné, auquel cas il faut pouvoir récupérer les jus. Le caillebotis intégral est interdit, il peut recouvrir au maximum 50 % de la surface. L’aire d’exercice peut être une pâture.

A partir de quel âge s’appliquera cette obligation ? Les veaux peuvent rester en case individuelle pendant leur première semaine de vie. Au-delà, ils doivent impérativement

être logés en collectif. C’est à partir de cet âge qu’ils devraient avoir accès à une aire d’exercice extérieure. Après le sevrage, les veaux devront obligatoirement pâturer si le sevrage a lieu en période de pâturage.

Est-ce que cette obligation s’appliquera toute l’année ? Les veaux n’ont pas l’obligation de sortir, mais il est obligatoire de leur aménager une aire d’exercice extérieure pour qu’ils puissent sortir. L’accès à l’aire d’exercice est obligatoire quand les conditions le permettent, ce qui est apprécié par l’OC en fonction de la région et de la météo de l’année.

Quels seront les risques en cas de non-respect de la réglementation ? Le calendrier du régime de sanctions n’est pas encore défini. Lors d’un contrôle, votre OC n’a pas à vous sanctionner pour le non-respect de cette règle, mais il peut vous notifier un écart (autrement dit une non-conformité ou un manquement), sous la forme d’un avertissement. Quand la date à partir de laquelle les sanctions s’appliqueront sera connue, le non-respect de la réglementation concernant l’obligation d’accès à l’extérieur pourra entraîner une sanction, c’est-à-dire le déclassement du lot lors du premier contrôle, puis un écart majeur et la suspension de la certification de l’élevage si aucun aménagement n’était réalisé après 2 contrôles.


Quelles solutions d’aménagement possibles ? Aujourd’hui, si vos veaux en phase lactée ne disposent pas d’un accès à une aire d’exercice extérieure non couverte, vous devez prendre dès cette année des dispositions pour respecter cette règle. Il est important de noter que cet accès aux espaces de plein air sera appliqué aux jeunes animaux de la même manière que pour les adultes : « dès que les conditions climatiques le permettent ». Pour les éleveurs qui ont des vêlages étalés sur l’année ou qui ont un lot de naissances au printemps, il sera indispensable de réfléchir à un aménagement pour les périodes estivales. Attendre le printemps suivant pour sortir les animaux sera considéré comme un manquement au règlement. La sanction pourra aller jusqu’à la perte de certification sur tout l’atelier, en cas de récidive.

Sur certains élevages, les solutions sont assez simples à imaginer, mais souvent, c’est toute l’organisation du bâtiment qu’il faut repenser. Quelle que soit la solution choisie, il faut bien étudier sa mise en œuvre pratique et évaluer les avantages et les inconvénients. Les points suivants sont à valider : respect du cahier des charges AB, respect du bien-être animal, gestion des effluents et récupération des jus, accès à l’abreuvement et facilité de surveillance. Nous vous proposons ici un état des lieux des différentes possibilités à envisager en élevage.

ADAPTER LA NURSERIE

VACHES NOURRICES

PÂTURAGE TOURNANT

Adapter la nurserie en lui donnant un accès sur une courette qui respecte les surfaces minimales extérieures ou ouvrir la nurserie en lui donnant un accès sur un parc extérieur.

Faire élever ses veaux par des vaches nourrices au pâturage.

Mettre les veaux au pâturage tournant. ATOUTS •

Éducation au pâturage très jeune

Pas d’évolution de la nurserie à prévoir

Favorable au vêlage de printemps

Meilleur développement des jeunes

Valorisation de pâtures moyennes

ATOUTS ATOUTS •

Pas de modification du système de distribution du lait à prévoir

S’il n’y a qu’un seul lot de génisses, c’est plus gérable. INCONVÉNIENTS

Adaptation possible ou non selon les configurations : présence d’un espace adjacent à la nurserie nécessaire

Pas d’évolution de la nurserie à prévoir

Pas de transport du lait

Mise en place d’un abri et de clôtures à prévoir

Possibilité de n’avoir qu’un seul troupeau de renouvellement-taries

Complications du travail liées au transport et à la distribution du lait

Valorisation de vaches « à problèmes »

Meilleur développement des jeunes INCONVÉNIENTS

S’il y a plusieurs lots d’âges différents, il faut prévoir plusieurs courettes.

Besoin d’avoir suffisamment de surface à proximité du corps de ferme pour la surveillance

ÉLEVAGE HIVERNAL N’élever ses génisses que l’hiver quand il n’est pas obligatoire de donner un accès à l’extérieur. ATOUTS

NICHE COLLECTIVE Mettre en place des niches collectives type igloo avec une courette extérieure.

INCONVÉNIENTS

ATOUTS •

Rapide et simple à mettre en place INCONVÉNIENTS

Transport du lait éventuellement plus loin que la nurserie

Coût de l’investissement

Temps de nettoyage supplémentaire

Besoin de disposer d’espace à proximité de la laiterie

Pas d’évolution de la nurserie à prévoir INCONVÉNIENTS

Conditions d’élevage plus difficiles et plus de problèmes sanitaires, donc risque d’augmentation de la mortalité

Pic de lactation l’hiver entraînant un besoin de fourrages de qualité, voire de concentrés

SYMBIOSE | MAI 2020

23


DOSSIER DU MOIS

« Depuis que les veaux sont conduits en extérieur, il y a très peu de problèmes sanitaires » ZOOM SUR LA GESTION DU PARASITISME Dans la pratique, les jeunes animaux qui sont en cours d’immunisation excrètent davantage de strongles que les animaux adultes, qui ont construit leur immunité. Les parcelles fréquentées en permanence par de jeunes animaux sont donc davantage contaminées. Les animaux pourront avoir tendance à sur-pâturer ces parcelles, ce qui favorise l’ingestion des parasites. Pratiquer une fauche au printemps ou renouveler la pâture sont des solutions qui permettent de limiter la contamination. Si la parcelle le permet, il est possible de faire des paddocks et de réaliser un pâturage tournant. Paradoxalement, au GAEC du Bocage, les coprologies réalisées ont montré un faible niveau de contamination chez les veaux. L’explication peut venir de l’alimentation lactée tardive. Le maintien d’une alimentation lactée la plus tardive possible aide les jeunes animaux à se défendre contre les parasites. Cette pratique est souvent réalisée chez les ovins, qui sont très sensibles au parasitisme. Par ailleurs, le fait de séparer les animaux par classe d’âge permet de limiter les contacts entre animaux de taille hétérogène et ainsi d’éviter que les plus grandes ne contaminent les plus jeunes.

TÉMOIGNAGES YVON CRAS Associé avec son frère au GAEC Du Bocage à Plougar (29)

Présentation du GAEC f 48 vaches croisées Holstein X Jersiaise X Red Vikings f Une SAU de 43 ha en système tout herbe f Une production de 220 000L de lait livrés à Biolait f 2 UTH associés f Les vêlages sont répartis sur deux périodes de l’année : moitié-moitié sur le printemps et sur l’automne f La conduite des veaux se fait dans un enclos herbagé avec un abri au centre de l’enclos.

Yvon, pouvez-vous nous expliquer Comment vous gérez la conduite des veaux ? Les deux premiers jours de vie, le veau est alimenté avec le colostrum de sa mère. Il est ensuite séparé de sa mère pour être placé dans un enclos herbagé. Il reste dans cet enclos jusqu’à l’âge de 4-5 mois. L’alimentation est constituée de lait entier distribué en 2 repas par jours dans des seaux à tétine individuels. La ration est complétée par du foin et de l’herbe. Les veaux ont du lait jusqu’à l’âge de 8-10 mois. Vers l’âge de 4-5 mois, les veaux vont dans un second enclos où ils n’ont plus qu’une distribution de lait par jour jusqu’à l’âge de 8-10 mois.

Comment le lait est-il acheminé jusqu’aux veaux ?

Enclos des veaux jusqu’à l’âge de 4 à 5 mois.

24

SYMBIOSE | MAI 2020

Le lait est acheminé jusqu’au parc avec un pot à lait transporté sur une brouette. Le taux de renouvellement étant faible (1215%), il y a rarement plus de 5 génisses dans le parc. Il y a 2 bandes de 3-4 gé-

nisses de renouvellement par an. Ce système de distribution du lait n’est donc pas adaptable à un élevage de taille plus importante.

Comment avez-vous aménagé cet enclos ? L’enclos est situé dans une petite parcelle à proximité du bâtiment. La parcelle est entourée de talus et d’arbres, qui offrent de l’abri contre le vent et la pluie, et de la fraîcheur en été. Le parc est clôturé. Pour l’apprentissage du fil électrique, les veaux ont une chaîne autour du coup mais ne sont pas attachés. La chaîne permet de « faire masse » lorsque le veau touche le fil. Le certificateur n’a pas relevé ce point comme un non respect du cahier des charges, les veaux n’étant pas attachés.

Pouvez-vous nous expliquer de quoi est fait l’abri ? Il s’agit d’une simple cabane construite avec de palettes. Le fond est constitué de caillebotis de porcherie. L’investissement est proche de zéro. L’enclos offre déjà de la protection pour les veaux, si bien qu’ils ne vont pas souvent dans l’abri.

Quel recul avez-vous sur ce système d’élevage ? Les veaux sont conduits dans ce système depuis 10 ans. Auparavant, il y avait beaucoup de problèmes de coccidiose quand les veaux étaient à l’intérieur. Depuis que les veaux sont conduits en extérieur, il y a très peu de problèmes sanitaires. Les frais vétérinaires sont d’ailleurs très bas. Au début, les veaux étaient conduits avec des vaches nourrices. Le fait de mettre les veaux à l’extérieur à faciliter la gestion des vaches nourrices. Par la suite, cette conduite a été abandonnée. Il devenait trop compliqué de gérer les veaux et les vaches au sein d’un même enclos.

Qu’en est-il de la gestion du parasitisme ? Les problèmes de parasitismes ont for-


Vers l’âge de 4-5 mois, les veaux vont dans un second enclos où ils n’ont plus qu’une distribution de lait par jour jusqu’à l’âge de 8-10 mois

tement diminué et aucun traitements anti-parasitaires n’est réalisé. Notre vétérinaire nous avait mis en garde sur les risques sanitaires que pouvait présenter ce type de conduite. Nous avons fait des analyses coprologiques pour vérifier que les veaux n’étaient pas infectés et il s’est avéré qu’on retrouvait très peu de strongles dans les bouses (lire aussi encart page 24).

AVANTAGES DE LA CONDUITE

Le coût de l’élevage de la génisse est très bas. Le comptable estime le coût d’une génisse de renouvellement à 700€/génisse.

Les frais vétérinaires sont bas car il y a beaucoup moins de diarrhées. Pour traiter les diarrhées, Yvon utilise de l’huile essentielle de Thym.

Le fait de mettre les veaux en pâture dès l’âge de 2 jours permet l’apprentissage des clôtures et du pâturage rapidement.

Pour maintenir un taux de renouvellement bas, nous inséminons beaucoup avec du Blanc Bleu Belge (BBB). Les veaux mâles et les femelles BBB sont élevés en cases collectives à l’intérieur et vendus à l’âge d’un mois.

Investissements faibles.

Simplicité de la conduite.

Permet d’habituer les veaux aux contacts avec l’humain au champ, ce qui permet d’avoir des génisses plus dociles et moins sauvages.

Comment adapterez-vous leur conduite si le cahier des charges AB imposent que les veaux aient accès à l’extérieur dès l’âge d’une semaine ?

Conduite qui permet de respecter le cahier des charges AB sur l’aspect accès à l’extérieur et qui plus est sur l’accès au pâturage.

En parallèle, comment sont conduits les veaux mâles ?

Il y a possibilité d’ouvrir une porte dans le bâtiment où sont logés les veaux pour leur donner l’accès à une courette bétonnée extérieure.

Dossier rédigé par Elodie Boudeele, Animatrice technique Ruminants au GAB du Finistère. Sur la base de différentes rédactions assurées par des salariés du réseau FNAB.

INCONVÉNIENTS DE LA CONDUITE

Conduite qui n’est pas adaptable à tous les systèmes : nécessite la proximité d’une petite parcelle.

Distribution de lait qui peut s’avérer compliquée si la salle de traite est trop loin ou si le nombre d’animaux est important.

Conditions de travail qui peuvent être compliquées à certaines périodes de l’année (boue, pluie, vent en hiver).

QUE PEUT-ON CONCLURE ? Les éleveurs et éleveuses bio doivent impérativement répondre à cette obligation règlementaire qu'est l'accès à l'extérieur. Le réseau FNAB est conscient de la complexité que cela peut représenter pour de nombreuses fermes : selon le système d’élevage en place ou selon la configuration de la ferme. Dans certains élevages, les adaptations seront faciles à mettre en place alors que pour d’autres elles nécessiteront un investissement plus important. C’est pour ces raisons que le réseau FNAB est pro-actif sur ce sujet en restant vigilant sur ce qui est techniquement faisable sur les fermes pour défendre les intérêts des producteurs bio et en s'assurant que ce qui est porté dans les négociations est bien en accord avec les valeurs de la charte FNAB. Dans quelques mois, nous aurons davantage d’éléments à vous transmettre sur la portée des négociations engagées auprès de l’INAO.

SYMBIOSE | MAI 2020

25


TECHNIQUE ÉLEVAGE

Affouragement de maïs en vert

UNE ALTERNATIVE

À L’HERBE LORS DES MOIS CHAUDS ? Vu lors d’un voyage d’étude en Franche-Comté, l’affouragement en vert de maïs est une technique qui peut permettre de gérer les rations des laitières et pallier au manque de fourrages en été. Deux producteurs d’Ille-et-Vilaine testent la méthode sur leur ferme. Retour d’expérience sur cette technique innovante.

Pour faire face à des manques de fourrages estivaux, et notamment d’herbe, certains producteurs laitiers Bio d’Ille-et-Vilaine se sont lancés dans l’affouragement en vert de maïs. Dans leur système, ce fourrage leur permet d’alimenter les animaux l’été tout en s’adaptant à la reprise de la pousse de l’herbe. « J’ai mis cela en place déjà l’année dernière, année sèche en été, mais c’est encore au stade de l’expérimentation », précise Jérôme Tardif, éleveur laitier bio à la Chapelle Thouarault (35). Au Gaec Saint-Lazare, à Montfort-sur-Meu, c’est la première année. « Nous avons mis en place cette technique suite à des visite en Autriche et Suisse », où cela est pratiqué. « Chez nous, la pluviométrie est d’environ 650 mm avec très peu d’eau l’été. Au mois d’août, les vaches n’ont plus d’herbe, elles ne pâturent plus. Le maïs est la seule plante verte disponible à cette saison sur la ferme. » Cette technique est mise en œuvre 2 à 3 mois pendant l’été, permettant d’utiliser une partie du maïs qui sera ensuite récolté en ensilage, en épi ou en grain.

La méthode La méthode consiste à aller récolter à l’aide d’une ensileuse 1 rang un maïs à partir du stade grains laiteux de la plante et de le ramener à l’auge pour les animaux. Cela permet de distribuer un fourrage vert et frais aux animaux à une période où l’herbe est peu présente en raison du creux de pousse d’été.

Le choix de l’affouragement en vert de maïs Pour Jérôme Tardif, l’affouragement en vert de maïs permet de maintenir l’état de ses animaux ainsi que les performances laitières à une période où l’herbe vient à manquer, ce qui a été le cas sur les deux derniers étés. Il témoigne : « J’ai mis cette technique en place parce qu’au niveau qualité et quantité de lait, j’ai constaté une baisse au mois de juillet quand on n’a plus l’herbe en quantité et en qualité ». L’affouragement en vert d’herbe, qu’il pratique également, ne suffisant pas à répondre aux objectifs, le producteur s’est tourné vers l’affouragement en vert de maïs. Au GAEC Saint-Lazare, Denis Bertrand précise : « Nous sommes labellisés lait de foin depuis décembre 2018, nous ne donnons donc aucun fourrages fermentés à nos vaches, c’est aussi pour cela que nous sommes parti sur l’affouragement en vert de maïs. Pour l’hiver, nous faisons du maïs épi déshydraté sur la ferme ». Le choix a aussi été raisonné par rapport à des questions de stockage. Dans le système de Jérôme, le maïs ensilage est réservé pour l’hiver. Avec l’affouragement en vert de maïs, le produit peut être intégré ou retiré de la ration à tout moment suivant la disponibilité en herbe. Plus besoin de gérer un silo qui, en été, nécessite un avancement rapide pour limiter le risque d’échauffement.

VALEURS DU MAÏS AFFOURAGÉ CHEZ JÉRÔME TARDIF :

UNITÉ

RÉSULTATS

%

28,9

f Glucides lents : 9%

DMO

% MO

70,1

f Hémicellulose : 20,8%

UFL

UFL/kg MS

0,88

f Lignine : 2,1%

MAT

% MS

7,5

PDIN

g/kg de MS

45,9

PDIE

g/kg de MS

64,7

PDIA

g/kg de MS

16,3

NDF

% MS

43,8

ADF

% MS

23

Cellulose brute

% MS

20,9

UE L/ k de MS

1,06

Parois

Protéine

Énergie

Matière sèche

UEL

26

SYMBIOSE | MAI 2020

f Glucides rapides : 39,5%

f Cellulose : 20,9% Au moment du prélèvement les grains étaient vitreux à leur extrémité, ce qui permettait d’avoir un grain broyé même sans éclateur sur l’ensileuse (27-29% MS). Si le grain est trop avancé (35% de MS) le grain n’est plus éclaté,le produit n’est plus valorisé par les animaux et il est temps d’arrêter. Données issues d’une analyse fourrage réalisée le 13/09/2019 prélèvement dans la remorque avant distribution, laboratoire Capinov®. Il est important de noter que le fourrage évolue de jour en jours sur cette période et les valeurs alimentaires également.


La ration

Limites de la méthode

EFFET DE L’INTÉGRATION DE L’AFFOURAGEMENT EN VERT DE MAÏS DANS LA RATION D’ÉTÉ CHEZ JÉRÔME TARDIF :

QUANTITÉ DE MS/VL

MS

UFL

PDIN

PDIE

Herbe affouragement (60% Légumineuses/40% Graminées)*

4,1

0,25

0,8

74

75,4

Ensilage d'herbe**

5,9

0,5

0,73

97,8

79,6

Affouragement Maïs**

5,6

0,29

0,88

45,9

64,7

Herbe pâturée* (30% Légumineuses/70% Graminées)

2,4

0,28

0,79

69,2

77,4

Les principales limites de la méthode restent le temps à consacrer à aller chercher quotidiennement le fourrage, même si « ce n’est pas désagréable d’aller chercher du maïs », précise Jérôme. Il est également important d’avoir son équipement et de mobiliser un tracteur pour cette pratique.

Le matériel f L’ensileuse 1 rang :

* Valeurs alimentaires données tables INRA * Valeurs issues d’analyses des fourrages

f Les performances laitières. La ration distribuée a permis au contrôle du 3 septembre 2019 (après un mois de distribution de maïs en vert) une production laitière de 18,5 l avec un TB de 41,5 et un TP de 33,6, pour un mois moyen de 7,7 et un troupeau en moyenne à 2,6 lactation en race Holstein. f Comparaison des performances avant et après intégration du maïs en vert. La ration du mois de juillet (contrôle au 31 juillet 2019), reprenait les mêmes bases que la ration présentée précédemment avec une part d’affouragement en vert et de pâturage plus importante. Ont été pris en compte dans cette analyse uniquement les animaux qui étaient contrôlés sur les deux contrôles consécutifs. L’impact le plus important se retrouve au niveau des taux. Au niveau de la production, la différence est quasi nulle. D’autres effets ont été perçus par les éleveurs. Notamment au niveau de l’état d’engraissement, Damien Moisan du GAEC Saint Lazare, précise : « Les animaux sont en bon état de forme, au niveau métabolisme c’est sûrement un bon produit ». Et Jérôme complète : « Tout comme l’année dernière, l’intérêt c’est de maintenir l’état des vaches à une période où parfois elles maigrissent quelque peu. Peut-être même faudrait-il commencer plus tôt pour encore plus anticiper la perte d’état […] L’effet est aussi important sur les taux, je regagne facile 2 points en TP et le TB augmente également ».

Au niveau cultural Côté itinéraire technique, Jérôme Tardif tâtonne encore un peu. « Je me pose toujours des questions. J’ai joué un peu sur les indices cette année, mais arrivé fin septembre le grain commence à être dur et avec ce type de petite ensileuse qui n’a pas d’éclateur. On retrouve le grain dans les bouses », remarque l’éleveur. Au GAEC Saint-Lazare, Denis explique que son maïs est semé autour du 15 mai. « Au niveau itinéraire, herse étrille, houe rotative, binage pour le désherbage, et pour l’indice nous avons choisi un 270 typé ensilage. Je ne sais pas si ça à une grande importance de choisir une variété ensilage, nous avons également semé à deux dates différentes. On peut aussi sûrement tout semer en même temps, mais avec des indices très différents », qui permettent des décalages de maturité.

f La remorque distributrice ou desileuse :

Dans les deux fermes, des modifications ont été apportés aux systèmes de distribution pour pouvoir distribuer le fourrage sans avoir besoin de dételer l’ensileuse. Chez Jérôme, un moteur thermique a été adapté pour entrainer la prise de force de la remorque distributrice. Au GAEC Saint-Lazare, la désileuse a été modifiée pour être animée uniquement par hydraulique.

Investissement Dans les deux fermes le matériel était présent ou a pu être récupéré chez des voisins. Globalement l’investissement dans une ensileuse un rang est de l’ordre de 6000 € neuf à 1000 € d’occasion. Une remorque distributrice coûte entre 7 000€ en neuf et 1 000 € en occasion, une desileuse classique peut également être utilisée. François Pinot, technicien bovin lait bio à Agrobio35 Pour aller plus loin : Affouragement en vert maïs video en ligne https:// youtu.be/gfX6QzzP9rM

SYMBIOSE | MAI 2020

27


CULTURE & AGRONOMIE

Semences

DES PRATIQUES

DÉSORMAIS MIEUX DÉFINIES

Suite au vote du règlement cadre 848 en 2018, de nouvelles évolutions réglementaires liées à la production végétale sont à prévoir pour 2021. A ce jour, bien que les informations dont nous disposons soient fiables, tous les textes réglementaires n’ont pas été votés, il pourrait donc y avoir encore des modifications. Les nouveaux textes redéfinissent de nombreux termes, permettant de palier à certains flous. De plus, on remarque une volonté de durcissement et un cadrage plus stricte de l’origine des végétaux, une mise en avant de certaines variétés dites « populations », ainsi qu’une redéfinition d’une rotation de culture.

Un lien au sol renforcé Parmi les modifications majeures à venir, le futur règlement redéfinit le lien au « sol vivant » de la façon suivante : « Une production faite dans un sol vivant ou dans un sol mélangé ou fertilisé avec des matières et des produits autorisés en production biologique, en lien avec le sous-sol et la roche-mère ». Cette définition conditionne le fait qu’une culture en agriculture biologique doit forcément être liée aux sols qui la supportent. Cela donne un coup d’arrêt aux pratiques de cultures en bac ou « carrés délimités » pratiquées dans des pays du Nord tels que la Finlande, le Danemark ou la Suède.

Quelle origine pour les végétaux ? Depuis plusieurs années, on a vu disparaître progressivement les dérogations concernant les semences non biologiques, et cela, dans l’objectif de rendre les filières biologiques indépendantes des filières conventionnelles. Ceci se ressent d’ailleurs dans les nouveaux textes avec des évolutions réglementaires qui vont dans ce sens. Jusqu’à présent, la France a fait figure de bonne élève par ses choix de concrétisation du règlement européen sur le terrain. Elle a ainsi développé des bases de données comme semences-biologiques.org, qui ont vocation à se généraliser dans les autres filières (porcine, avicole, etc.). Les textes mettent l’accent sur les activités de sélections et de multiplications, avec plusieurs nouvelles définitions. f Celle d’un « matériel de reproduction des végétaux : les végétaux et toutes les parties de végétaux, y compris les semences, à tout stade de leur croissance qui sont capables de produire des végétaux entiers et destinés à cette fin » ; f d’une « plante-mère : une plante identifiée sur laquelle du matériel de reproduction des végétaux est prélevé à des fins de reproduction de nouveaux végétaux » ; f et celle d’une « génération : un ensemble de végétaux constituant une étape unique dans la descendance des végétaux ».

28

SYMBIOSE | MAI 2020

Le texte précise que pour obtenir le matériel biologique de reproduction des végétaux destiné à la production de produits autres que le matériel de reproduction des végétaux, la plantemère, doit avoir été produite conformément au présent règlement pendant au moins une génération ou, s’il s’agit de cultures pérennes, pendant au moins une génération au cours de deux périodes de croissance. Il est intéressant de noter l’apparition du principe suivant : « [sans préjudice de la réglementation existante] permettre aux agriculteurs d’utiliser du matériel de reproduction des végétaux obtenu dans leur propre exploitation afin d’encourager des ressources génétiques adaptées aux conditions particulières de la production biologique ». De cette manière, l’Europe a pour souhait de faciliter et d’inciter les agriculteurs biologiques à produire des semences adaptées à leurs territoires, et ainsi, à gagner en autonomie.

Les variétés population encouragées Dans la même logique, les textes soulignent un engouement pour les variétés populations. En effet, la définition d’un « matériel hétérogène biologique » apparaît, il se caractérise de la façon suivante : « un ensemble végétal d’un seul taxon botanique du rang le plus bas connu qui : f a) présente des caractéristiques phénotypiques communes ; f b) est caractérisé par une grande diversité génétique et phénotypique entre les différentes unités reproductives, si bien que cet ensemble végétal est représenté par le matériel dans son ensemble, et non par un petit nombre d’unités ; f c) n’est pas une variété au sens de l’article 5, paragraphe 2, du règlement (CE) No 2100/94 du Conseil ; f d) n’est pas un mélange de variétés; et f e) a été produit conformément au présent règlement ». La mise en avant des variétés populations est principalement à vocation sanitaire. Les textes mettent en avant plusieurs grands principes. Le premier vise à atteindre un niveau élevé de biodiversité, notamment en ayant recours à un matériel phytogénétique varié, tel que du matériel hétérogène biologique et des variétés biologiques adaptées à la production biologique. Le second principe, intimement lié au premier, met en avant la pré-


servation de la santé des végétaux au moyen de mesures préventives, notamment en choisissant des espèces, des variétés ou du matériel hétérogène appropriés et résistants aux organismes nuisibles et aux maladies. Il est intéressant de noter l’apparition de dispositions particulières, notamment celle de la commercialisation du matériel hétérogène biologique (voir en fin d’article).

Rotations. Engrais verts ou légumineuses obligatoires Au sujet des rotations, bien que les textes ne soient pas encore très clairs, l’accent est mis sur la fertilisation présentée comme suit. « La fertilité et l’activité biologique du sol sont préservées et augmentées de la manière suivante : f a) hormis dans le cas des pâturages et des fourrages pérennes, par la rotation pluriannuelle des cultures, comprenant des cultures obligatoires de légumineuses comme culture principale ou culture de couverture pour les cultures en rotation et d’autres cultures d’engrais verts ; f b) dans le cas des serres ou des cultures pérennes autres que les fourrages, par des cultures d’engrais verts et de légumineuses à court terme, ainsi que par le recours à la diversité végétale ; et f c) dans tous les cas, par l’épandage d’effluents d’élevage ou de matières organiques, de préférence compostés, provenant de la production biologique. » On remarque l’apparition de l’obligation de cultures de légumineuses ou d’engrais verts dans les rotations, mais sans indications précises sur leur caractérisation ou leur récurrence dans la rotation.

Commercialisation. Les règles à appliquer La commercialisation des semences pose toujours question. Qu’a-t-on le droit de faire ou non ? La « commercialisation » en droits des semences englobe toute vente, échange ou don de semences, en vue d’une exploitation commerciale. En règle gé-

nérale, elles doivent être inscrites au Catalogue officiel des variétés. Notons que l’usage fait des semences n’est quant à lui pas réglementé. Un paysan peut ainsi cultiver et vendre la récolte de variétés non-inscrites au catalogue. En ce qui concerne la vente de semences, quatre cas de figures sont possibles : 1) Les semences non-inscrites au catalogue. Il est possible de vendre des semences non-inscrites au catalogue à toute personne, qui ne vise pas l’exploitation commerciale de ses semences, jardinier amateur ou même collectivité territoriale. 2) Les semences inscrites au catalogue. L’inscription au catalogue, préalable à la commercialisation, implique que les semences correspondent à la DSH (Distinctivité, Homogénéité et Stabilité), qui en elle-même est contraire à une sélection paysanne. Cette dernière a pour objectif le maintien d’une hétérogénéité et d’une adaptabilité des semences au territoire où elles sont semées. Les textes de 2018, qui définissent un « matériel hétérogène biologique », marquent une volonté de simplifier l’inscription des semences au catalogue, même si aucune modalité n’est encore clairement énoncée. 3) Les semences non réglementées. Certaines semences ne disposent pas de Catalogue officiel, elles ne sont donc pas soumises à la réglementation. C’est le cas par exemple de certaines céréales (petit épeautre, sarrasin), plantes potagères (salsifis, panais) ou encore des PPAM. Elles peuvent donc être librement commercialisées, échangées, données entre exploitations commerciales. 4) Semences sans mention de variété. Si aucun nom de variété n’est cité, il est possible de commercialiser ces semences. Mais il est obligatoire de se soumettre aux mêmes règles que pour des semences inscrites au catalogue (qualités sanitaires, taux de germination) ainsi que celles du droit commun art. L212-1 du code de la consommation. Marin Gratigny, Technicien grandes cultures et monogastriques au GAB 29 Retrouver plus d’information sur le site : https://www. semencespaysannes.org/

SYMBIOSE | MAI 2020

29


TECHNIQUE MARAÎCHAGE

Légumes sous abri

BLANCHIR LES SERRES POUR ÉVITER LE COUP DE CHAUD Les aléas climatiques se succèdent et parfois se ressemblent. En témoignent les températures caniculaires constatées lors des deux derniers étés bretons. Sous les tunnels, les légumes peuvent souffrir de ces hausses de températures, ce qui pousse les producteurs.trices à chercher (et trouver) des solutions pour limiter la chaleur sous les abris. Le blanchiment des serres en fait partie.

Les derniers étés ont été particulièrement chauds et secs. Sous les abris, ces conditions engendrent de fortes températures réduisant les rendements et la qualité des légumes. Ces conditions extrêmes peuvent avoir plusieurs effets sur la production légumière : f Provoquer des brûlures sur les plantes (« coup de soleil ») f Favoriser les nécroses apicales (« cul noir » sur tomate) f Entraîner des problèmes de pollinisation  avortement des fleurs f Augmenter la consommation en eau des cultures f Entraîner une dégradation des conditions de travail… Pour limiter les effets de ces aléas climatiques, l’ombrage des abris peut répondre à cette problématique. Si la technique est bien développée dans le sud du pays, les références sont encore peu nombreuses dans l’ouest et des questions subsistent…

Ombrage des serres – Quelles possibilités ? L’ombrage consiste à réduire le rayonnement direct, et par conséquent la température, sans déprécier la qualité de la lumière (« les longueurs d’ondes »). Il existe deux possibilités pour réduire l’ombrage de serres : Les filets d’ombrage spécifiques. Ils sont généralement posés sur le dessus des serres ou à l’intérieur, sur les supports de culture. Un filet à 30-40 % d’ombrage convient généralement bien à notre contexte climatique. Ils peuvent être repliés lorsque les conditions climatiques sont devenues défavorables. Leur installation est généralement fastidieuse et ils sont sensibles au vent… Le blanchiment. Il consiste à appliquer une mixture blanche sur le tunnel avec un pulvérisateur. Le vent n’a que peu d’impact, mais certains produits avec une bonne tenue pourront nécessiter un déblanchiment en fin d’été pour avoir un bon rayonnement hivernal.

Les produits « commerciaux » (UAB) à base de carbonate de calcium et de résine acrylique d’origine pétrolière (biodégradabilité totale annoncée à 2 ans) permettant une meilleure accroche. Leur application est généralement plus facile (bonne homogénéisation avec l’eau). Les produits naturels peuvent également être utilisés comme l’argile blanche (ex : kaolinite) souvent utilisée pour blanchir les troncs des arbres. Leur application n’est pas toujours simple car l’argile à tendance à se déposer au fond de la cuve du pulvérisateur lors de l’application.

Les conditions optimales d’application Une seule application en juin est souvent suffisante sous nos climats. Afin de réaliser au mieux l’application, il est nécessaire de le aire dans des conditions optimales : f Bâches propres et sèches en l’absence de vent f De préférence sur la totalité de l’abri ou sur les zones les plus exposées (sud à ouest) permettant des gains de temps et des économies f Pas de pluies annoncées dans les 24 heures qui suivent l’application f A réaliser de préférence avec un pulvérisateur équipé d’une pompe à piston-membrane plutôt qu’à piston seul En cas d’utilisation d’argile, il sera nécessaire de mélanger au préalable l’argile avec un peu d’eau et verser cette solution dans la cuve puis faire le complément d’eau. La principale difficulté est d’agiter la cuve régulièrement pour éviter que l’argile ne se dépose au fond. Certains produits nécessitent un déblanchiment. Ce dernier est souvent réalisé avec de l’acide citrique à 5% suivi d’un rinçage ou pratiqué avant une pluie conséquente.

Les bases techniques du blanchiment

Des essais réalisés en Ille-et-Vilaine

Le blanchiment peut être effectué avec deux groupes de produits :

Pour évaluer l’intérêt du blanchiment en Bretagne, une expérimentation a été mise en place en 2019 par Agrobio35 au GAEC

30

SYMBIOSE | MAI 2020


Plantago, ferme maraîchère à Corps-Nuds (35).

IMPACT DE BLANCHIMENT À L’ARGILE SUR LA TEMPÉRATURE

L’application d’argile blanche a été réalisée sur la deuxième semaine de juillet par deux personnes. L’une avec un pulvérisateur à dos et l’autre avec la lance accrochée à une canne pour atteindre le haut de la serre. Il s’agissait de comparer la température et l’humidité relative entre des tunnels blanchis et non blanchi dans un environnement similaire.

Enregistrement de la température et humidité Des enregistreurs de température et d’humidité relative ont été installés entre le 26 juillet et le 17 septembre (52 jours), selon les modalités suivante : f Deux appareils sous un tunnel blanchi à l’argile f Deux autres dans un tunnel non blanchi.

CENTRE TUNNEL

MOYENNE

MAXIMUM

MINIMUM

T (°C)

H (%)

T (°C)

H (%)

T (°C)

H (%)

Tunnel blanchi

18,6

83

33,4

100

4,9

41

Tunnel non blanchi

19,7

77

41,8

100

4,8

15

Pour chaque tunnel, les mesures ont été réalisées au centre et à proximité des pignons dans des cultures de tomates (dans la végétation à environ un mètre du sol). Les mesures sont réalisées toutes les 15 min. A cette période, les pignons sont restés ouverts en permanence.

Des résultats très satisfaisants Même si les différences observées sont moins importantes que dans le centre des tunnels, les tendances restent similaires au niveau des extrémités (voir graphs ci-contre). La température a tout de même grimpé à plus de 36°C. L’humidité moyenne est d’environ 80% pour les deux tunnels. Le blanchiment limite les conditions défavorables. Les conditions optimales de développement de la tomate varient entre 18 et 25°C. Afin de limiter les risques de maladies, on estime qu’il ne

PIGNON TUNNEL

MOYENNE

MAXIMUM

MINIMUM

T (°C)

H (%)

T (°C)

H (%)

T (°C)

H (%)

Tunnel blanchi

18,4

81

33,2

100

5.1

35

Tunnel non blanchi

19,2

78

36,3

100

4.4

17

SYMBIOSE | MAI 2020

31


faut pas dépasser les 80% d’humidité. On constate que la culture située au centre du tunnel a été exposée à 30°C minimum pendant plus de 118 h dans le tunnel non blanchi, contre 16 h dans celui blanchi. Sur les abords de l’abri, la tendance est la même : 76 h dans le tunnel non blanchi contre 8 h dans celui blanchi.

Pour Charlène Tortay, maraîchère à Corps-nuds (35), l’application d’argile pour blanchir la serre n’a pas été une mince affaire.

La durée d’exposition d’humidité supérieure ou égale à 80% est comprise entre 700 et 800 heures quelles que soient les modalités. L’application de l’argile, en réduisant la température, augmente potentiellement l’humidité. La plante étant dans des meilleures conditions de développement va ouvrir ses stomates et libérer davantage d’eau dans l’atmosphère. Aucunes notations n’ont été faites sur la culture. « Les cultures étaient plus saines avec une meilleure nouaison améliorant les rendements et la qualité des légumes. Par ailleurs les conditions de travail ont été nettement améliorées », témoigne Charlène Tortay, la maraîchère. « Les conditions d’application ont été relativement pénibles. Le pulvérisateur a dû être agité en permanence pendant l’application pour que la bouillie soit bien homogène. Les filtres ont été nettoyés à l’issue de la pulvérisation car ils étaient complètement bouchés… », nuance Charlène. Aux regards des conditions très chaudes et sèches de l’été 2019, l’application d’argile blanche a permis de réduire significativement la température. C’est d’autant plus marqué en se rapprochant vers le centre du tunnel. Les conditions d’application doivent néanmoins être améliorées pour plus d’ergonomie et de rapidité de travail. Ce blanchiment a clairement permis d’obtenir des conditions plus favorables au développement de la culture (meilleure nouaison, feuillage sain…) ainsi que des conditions de travail plus faciles. Comme quoi, avec une seule application et un produit bon marché, on peut s’y retrouver ! William Parmé, technicien maraîchage à Agrobio 35

32

SYMBIOSE | MAI 2020

L’ŒIL DU TECHNICIEN

ON DIRAIT LE SUD… Le blanchiment des serres n’est pas une technique très fréquente et systématique dans notre région. Prémices du changement climatique ??? La technique est ancrée dans les itinéraires culturaux du sud. En parallèle, on constate l’émergence de la Tuta Absoluta (mineuse) sur les tomates, punaises phytophages… il va falloir s’adapter ! Regardez le sud, nous permet peut-être d’avoir un temps d’avance ?!


LES PETITES ANNONCES A VENDRE-A LOUER 22 - Vends foin certifie bio 2019 (ray gras anglais + trèfle blanc), disponible en enrubannage de 570 kg, 1ère coupe ou bien en roundballer de 240 kg, 2ème et 3ème coupe sous hangar. Ivan Le Mintier - Le gouray - 06 73 31 97 48 ivanlemintier@wanadoo.fr 29 – A vendre taureau limousin 5,5 ans, calme - Père : Anecdote - GPM: Roesti. AB. Disponible de suite François KERVIEL - Elliant (29) - 06 79 72 13 84 35 – Vends taureau race brune des alpes 27 mois très doux + Génisses normande 2 mois Bernard Feutelais - Bourg des Comptes 07 68 31 05 44 56 - Vends tank à lait Serap - 6 traites de 2500 litres - année 2012 .

35 - Vends plusieurs génisses ou VL en 1ère lactation à vêler jusqu’à décembre. Rubeillon Michel - Bais - 06 01 48 47 91

RECHERCHE 35 - Productrice de jus avec verres consignés, cherche autres producteurs intéressés pour acheter une laveuse sur remorque en commun. Matériel sérieux identifié. L’idéal serait d’être au minimum 4 pour un prix intéressant. Mathilde Simonneaux - Corpds Nuds - 02 99 44 00 66 - ferme@larocheraie.com

Recherche de DPB pour deux nouvelles parcelles acquises récemment. Jérôme Thomas - Bédée - fourneepaysanne@ gmail.com - 06 67 40 83 35

Jean-Yves Davalo - Caro - 06 99 85 40 30

EMPLOI/STAGE

56 - A vendre Génisses Prim-Holstein Bio : 2 génisses vêlage en Avril, 3 génisses vêlage en Mai et reste de l’année. Contrôle laitier. 1550 € HT. Livraison possible.

22 - La Ferme des Villes - Maraîchage bio diversifié à Trébry (22510) recherche un-e salarié-e à mi-temps pour la saison (juin à août 2020). Les tâches à effectuer seront principalement plantations, entretien des cultures, récolte et vente, et deux semaines fin août seront en autonomie. De la motivation et un minimum d’expérience sont attendus.

SARL Les Korrigans - 06 01 71 65 02 35 - Cause cessation d’activités, vends : génisses échographiées, races normande, holstein, holstein croisée montbéliarde et holstein croisée rouge norvégienne. Insémination, Contrôle laitier. JB. Denis - Chanteloup - 06 87 27 88 26 35 - Cause cessation d’activités, vends tank à lait. JB. Denis - Chanteloup - 06 87 27 88 26 35 - InterCuma de Fougères vends 2 bineuses : 1 bineuse étoile attelage avant 75 cm d’inter rang en 6 rangs - 1 bineuse attelage arrière agronomique 75 cm d’inter rang en 6 rangs avec camera. Christian Feuvrier - 06 30 20 38 85 35 - Vends surplus 500g de semences betteraves fourragères non traitées (betteraves jaunes semences Plurig) + 500g semence choux fourragers Proteor non traitée. Isabelle Le Bras - Laillé - 06 87 34 33 38 35 - Vend avoine de printemps 2020 à la moisson. Je ne conserve que la paille. J’ai semé 4 hectares à 60 Kg l’hectare. je ne garde que 300 kg pour semence de l’an prochain. Emmanuel Dessene - Drouges - 06 32 00 60 43 35 - Vends 2 jeunes taureaux. Un croisé holstein*rouge scandinave*Angus (Pentagone 12 mois). Ensuite (Poseidon 7 mois) croisé trois voies Holstein*Simmental*Rouge flamand. Emmanuel Dessene - Drouges - 06 32 00 60 43 35 - Vend boudins de sable pour silos remplis 1€ et toile 12*15 pour 150€, peu servi et stocké au sec. Loïc et Julien Sauvée - Melesse - 06 13 99 42 97

Gabriel JUGE - Trébry - 02 96 62 26 92 ou lafermedesvilles@gmail.com 35 - Conseillère maraîchage au GAB 56 travaillant à 80%, je cherche une ferme où travailler les vendredis, de préférence en maraîchage (mais pas fermée à d’autres productions). Je cherche dans un rayon de 30 km autour de Rennes. Esther Lechevallier - 06 36 70 75 44 - esther. lechevallier@gmail.com 35 - Recherche emploi saisonnier : maraichage, cueillette, horticulture ou élevage. Dynamique, motivée et volontaire, je suis disponible dès maintenant et véhiculée. J’ai une expérience de plusieurs mois chez des producteurs de plantes médicinales en Bio, ainsi que des éleveurs d’Alpaga. Helene - 06 20 07 52 61 - helenevideo@gmail. com 29 - Jeune et dynamique je recherche un emploi en maraîchage dans les alentours de Brest. Disponible dés maintenant. Abel Lemerdy - 06 95 40 69 51 29 - J’ai 27 ans et je suis à la rechercher d’une saison en maraîchage dans le Finistère Sud pour ce printemps/été. Plusieurs expériences en maraîchage. Benjamin Schmitt - 06 73 73 37 64 29 - Recherche emploi sur une ferme bio, motivé, Pays de Brest 29 - Vincent Turquin - 06 28 35 10 98

35 - Vends tracteur jondheer 1972 remisé dans une grange à Erbray au sud-est de Châteaubriant. il aurait besoin certainement d’une révision.

29 - Recherche emploi sur ferme bio, prioritairement en maraîchage, quelques expériences

JM Vercaemer - 06 24 81 20 49 - @orange.fr

Anne Turgot - 06 66 08 03 13

35 - Vends une quinzaine de vaches allaitantes, une vingtaine de génisses et un taureau. Race Limousine. Jean-Michel Prieur - Vendel - 06 59 54 02 33

29 - A reprendre sur Lanmeur, exploitation laitière en conversion bio, 64 VL, droit à produire de 600 000 L, SAU de 80 ha dont 27 ha d’un seul tenant accessibles. Bâtiments, matériel, maison d’habitation. Vente des bâtiments, de la maison, du matériel, du cheptel et des stocks. Location et/ou vente du foncier.Disponible de suite Sylvie Remeur - 06 20 14 02 81 56 - 6 futurs-associés cherchent à reprendre une ferme pour un projet en polyculture-élevage, transformation des produits laitiers, micro-brasserie en vente directe et circuit court, dans le secteur Est de Lorient Agglomération, dans la communauté de communes de Blavet Bellevue Océan, au sein du territoire de Auray Quiberon Terre-Atlantique ou dans le secteur Nord, Ouest de Vannes Agglo.Minimum 50 ha, achat ou fermage, terres groupées au maximum, présence de bâti habitable et/ou de terrain constructible dans/ou à proximité de la ferme serait souhaitable. Nils 07 70 14 97 91 ou Camille 06 61 81 41 03 ou manceletbretagne@laposte.net 35 - Recherche de foncier de 40ha sud 35 (ouest), nord 44 Jeune couple recherche une reprise de structure d’environ 40 ha sud 35 (ouest), nord 44, avec une maison d’habitation pour une installation en sud Ille et Vilaine ou nord Loire Atlantique. Le projet est une installation en chèvres laitières avec une partie en circuit long et une partie en transformation fromagère, le tout en AB Harmonie Monnerie 06 31 71 46 65 - Bryan Leblanc 06 45 48 92 92 35 - Ferme laitière a transmettre et convertir à Etrelles, 45 ha en location (éventuellement achat d’une petite partie possible) dont 26Ha accessibles pour le pâturage. Bon potentiel de terres (rendement maïs moyen 15T de MS) , humides en début de printemps mais avec de l’herbe l’été. 1 stabul vaches laitières logettes lisier de 88 places + 2 stabules génisses aire paillée. Pas encore en bio, mais le cédant est ouvert à la conversion. Pas d’habitation sur place. Jean-Paul Gasnier - 06 25 39 31 27 Loue environ 10 ha répartis sur 4 parcelles à Bain de Bretagne. Souhait d’installer un-e agriculteur-trice bio. Les terres ne sont pour le moment pas certifiées bio. Giblert Jardot - 02 23 20 28 68 35 - Couple de boulanger-pâtissier titulaires de la capacité agricole et de CAP boulangerie et pâtisserie, cherche ferme pour développer une activité de paysans boulanger pâtissier. Nous cherchons en achat ou location une ferme d’environ 40 ha de terre adaptée à la culture de céréales avec habitation et bâtiments agricoles. Nous sommes ouverts à toute piste d’association avec des céréaliers, paysans boulangers déjà en activité et/ou collectif de producteurs. Jean-Philippe Merkel - jeanphilippe.merkel@ gmail.com

SYMBIOSE | MAI 2020

33


Tout est bon dans l’Covid

Notre rubrique mensuelle fait ce mois-ci encore de l’auto-défense intellectuelle sur les informations lues ici et là depuis la dernière fois. Vous pouvez nous envoyer vos perles à l’adresse suivante : symbiose@agrobio-bretagne.org Zone de non traitement, zone de non droit L’arrêté pesticides paru le 27 décembre 2019, prévoit des distances de sécurité minimales pour la pulvérisation des pesticides à proximité des lieux habités, des Zones de Non-Traitements (ZNT) de 5 m en culture basse et de 10 m en culture haute. Le 1er avril, 25 départements, dont tous les département bretons, ont accepté les chartes élaborées par la FNSEA qui réduisent ces distances à 5 m pour les cultures hautes et 3 m pour les cultures basses. En pleine crise sanitaire, donc, sans aucune concertation, et au moment même où Air Breizh, l’agence de contrôle de la qualité de l’air, alerte sur les émissions d’ammoniac « qui proviennent des élevages de porcs, bovins et volailles », les préfets de tous les départements bretons ont validé une charte qui divise par deux les distances de précaution pour pulvériser des pesticides. Ils ont au passage pulvérisé la démocratie, le droit des riverains et le bon sens.

La faute aux autres Un collectif composé du réseau Produit en Bretagne, de l’Association Bretonne des Entreprises Agroalimentaires, de l’Union des Groupements de Producteurs de Viande de Bretagne, d’Interbev, et Agriculteurs de Bretagne a adressé un courrier à Emmanuel Macron, sobrement intitulé « Retrouvons l’autonomie alimentaire française ». Passés les boniments habituels sur l’excellence de l’agriculture française et les innombrables efforts faits en matière d’environnement, le discours glisse doucement mais sûrement vers toutes ces entraves qui empêchent le pays de parvenir à cette fameuse autonomie alimentaire. Car oui, « depuis des années, à force d’une constante surenchère réglementaire et d’une grande permissivité face aux attaques idéologiques visant nos productions agricoles et alimentaires, nous avons affaibli la capacité de notre pays à produire sa propre alimentation ». Si le collectif écrit ne pas demander au président un « blanc seing pour produire comme bon [leur] semble », il lui demande tout de même plusieurs choses. D’abord, « Protéger les agriculteurs et les entreprises alimentaires françaises contre les organisations qui les attaquent impunément au nom d’une

34

SYMBIOSE | MAI 2020

idéologie radicalisée. Nous demandons à nos élus de définir et mettre en œuvre des lois et des actes qui visent à protéger les hommes et les femmes ainsi que les entreprises qui font la production alimentaire française ». Chose qui au passage a été déjà été faite avec la mise en place de l’ignoble cellule Demeter qui a commencé à contrôler des petites associations comme Alerte pesticides Haute Gironde (https://www.lemonde. fr/planete/article/2020/02/13/enquetesur-demeter-la-cellule-de-surveillancecontestee-des-campagnes_6029381_3244. html). Ensuite, il « faut libérer la compétitivité française : les contraintes de la surréglementation asphyxient lentement mais sûrement la production et la conduisent à une perte de compétitivité et d’efficacité. Et là encore

nous pouvons pointer un paradoxe français : affaiblir la production nationale, c’est nous exposer à la dépendance alimentaire et aux importations massives de produits obéissant à des standards de qualité, ainsi qu’à des règles environnementales et sanitaires inférieures au niveau d’excellence français. » Tout cela s’inscrit bien entendu dans « des démarches de progrès qui prennent en compte l’équilibre entre la réalité économique des outils agricoles et alimentaires, le respect de l’homme et de son environnement ainsi que la bientraitance des animaux ». Un discours que l’on pourrait rapprocher de celui du Medef, qui a demandé un moratoire sur la mise en place des mesures environnementales, notamment dans la lutte contre le gaspillage et le recyclage. Pourtant, recycler des idées rances, ça, ils savent faire.

L’OEIL DE GOUTAL


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.