CDIS Cesson-Sé Cesson-Sévigné PDC1
FRAB ZI SUD EST, 17 rue du Bas Village, CS 37725, 35577 CessonSevigné cedex Déposé le 24 septembre 2014
N˚ 194 | www.agrobio-bretagne.org | octobre 2014
CPPAP : 0417 G 89163
é
L’
Le mensuel des Agrobiologistes de Bretagne | octobre 2014
2
DEvenons plus autonomes et libres de nos décisions Cette année, la FNAB a lancé un programme national qui mobilise l’ensemble de notre réseau de GAB et GRAB. Il s’agit de Rep’AIR bio qui signifie Repères pour l’Autonomie, l’Innovations et la Résilience des fermes bio.
[SymBIOse n°194] Le mensuel des agrobiologistes de Bretagne Réseau GAB-FRAB-FNAB π Prix du numéro : 4,50 euros π Directeur de la publication : Jean-Paul Gabillard. π Directeur du comité de rédaction : symbiose@agrobio-bretagne.org. π Rédacteur en chef : Antoine Besnard (Frab) symbiose@agrobio-bretagne.org. π Dessins : Alain GOUTAL (22). π Crédit photo : GAB-FRAB, Matthieu Chanel. Une : Matthieu Chanel π Imprimeur : Edicolor (35), imprimé sur Papier Recyclé avec encre végétale. π N° CPPAP: 0417 G 89163. π N° ISSN : 1253-4749. π Annonces et Abonnements : SymBIOse, 17 rue du Bas Village, CS 37725 35577 Cesson-Sévigné cedex. Tél. 02 99 77 36 77 Fax. 02 23 30 15 75 symbiose@agrobio-bretagne.org
Cela traduit bien notre projet de développement agricole pour les fermes bio d'aujourd'hui et de demain. Donner des repères aux producteurs pour construire l'agriculture bio qui leur correspond : exigeante et cohérente, autonome, équitable et territorialisée. L’objectif est de mutualiser le maximum de connaissances et savoir-faire paysans mais aussi de connaissances accumulées par les techniciens, les chercheurs ou les instituts techniques, notamment l’ITAB. Il s'agit aussi d'être dans un raisonnement global, systémique, transversal qui dépasse les résultats technico-économiques culture par culture, ou production par production. L’important n’étant pas la quantité produite mais ce qu’il reste à la fin pour vivre en ayant respecté les biens publics (la terre, l’eau, la biodiversité…), les animaux, tout en étant économe en énergie et évidemment en préservant la santé des consom’acteurs. Il s’agit enfin d’appuyer nos démarches de progrès qui doivent être permanentes : autonomie fourragère, autonomie énergétique, autonomie économique, capacité d'adaptation, etc. Nous devons construire des systèmes toujours plus résilients, c’est-à-dire résistants puisque les aléas climatiques et économiques seront de plus en plus présents dans les années à venir sur nos fermes. De la contrainte (d’un cahier des charges) naît l’innovation ; alors repérons ces formidables innovations qui existent partout en France et faisons les connaître ! Comme tous les ans, le salon La Terre est Motre métier met en avant ces innovations qui intéressent tout le monde, les producteurs bio et en conversion, les producteurs conventionnels mais aussi les porteurs de projets et les jeunes en établissements scolaires.
Les articles parus dans les pages listées ci-dessous font partie de la mission d’information générale, filière, technique et réglementaire du réseau GAB/FRAB aux producteurs bio bretons sur leur filière et ses évolutions. La convention de financement passée entre le Ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche et le réseau FRAB reconnaît et intègre cette mission. Pages : 7, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22
Rendez-vous donc du 10 au 12 octobre 2014 à Guichen pour découvrir et partager toutes ces innovations. Par ces rencontres, devenons petit à petit plus autonomes et libres de nos décisions et avançons vers une agriculture bio toujours plus viable, vivable et enviable. Faisons vivre notre salon !
Stéphanie PAGEOT, Présidente de la FNAB
INFOS
Le mensuel des Agrobiologistes de Bretagne | octobre 2014
3
RÉVISION DU RÈGLEMENT EUROPÉEN où en est-on?
LE 2
Éditorial
3
INFOs nationales
4
Infos région
5
Le Billet d’humeur
6
Les formations
7
La Terre est notre métier
•
8
Un salon, des valeurs, des hommes
Conférences
Le programme complet
10 Le Reportage
Entrammes. ils en ont fait tout un fromage
12
Le portrait du mois
RAces locales. Églantine préfère la robe Pie Noir
14 Du producteurs au consommateur Innovabio. Que sont devenus les anciens lauréats?
16 savoir-faire • •
•
21
Maraîchage. Ils ont créé un groupement d'employeurs Alimentation des vaches laitières. Etienne cultive un mélange épeautreféverole Gestion des adventices. Une écimeuse adaptée à partir d'un matériel viticole
technique culture
Maïs pop. Bilan des deux années d'expérimentation.
23 Petites annonces
Un premier projet de texte a été diffusé en mars dernier par la Commission européenne. Il s’est révélé relativement strict, avec la suppression de la quasi totalité des dérogations, l'apparition d'un principe de seuil de déclassement sur les pesticides, une limitation de la mixité à la période de conversion... IFOAM Europe s’est initialement exprimé pour un rejet de la proposition, d ans le but de pousser la commission européenne vers l’abandon de ce texte dans sa forme actuelle. Cette stratégie n’était pas soutenue par tous les pays. La France, notamment, s’est opposée à l’Allemagne sur ce point, malgré un accord de fond sur les point s à améliorer. IFOAM Europe a travaillé durant l’été à une analyse des textes et a formulé des propositions, optant pour un positionnement plus constructif. La commission européenne a donné certains éclairages, en particulier sur les seuils de déclassement. Ceux-ci ne donneraient pas lieu à des analyses systématiques, et le texte resterait bien basé sur des obligations de moyens et non uniquement de résultats. Les systèmes de contrôles devant correspondre à cette orientation, les contrôles se feront bien s ur les pratiques et non pas uniquement sur la base de résultats d'analyses. Par ailleurs, Le Conseil des ministres européens de l'agriculture a commencé son examen du projet de texte. Les premières réunions en groupes de travail ont eu lieu et les premières questions techniques ont été abordées, laissant entrevoir les sujets des futurs débats politiques. Ainsi l'interdiction prévue de la mixité en dehors de la période de conversion serait à priori refusée par un nombre suffisant d' État membre pour bloquer cette partie du projet. Une majorité d'entre eux souhaiterait également un examen au cas par cas des dérogations plutôt que leur suppression en bloc. Le Parlement commencera en septembre son examen du projet de révision du règlement européen. Un rapporteur va prochainement être désigné. Si les amendements du Parlement et du Conseil diffèrent, une négociation tripartite (Commission Européenne/Parlement/Conseil) aura lieu. Un travail national entre le Synabio, Coop de France et la FNAB est également prévu c et automne.
DÉVELOPPEMENT DE LA BIO 2015-2020 Les producteurs bio demandent à l'ÉTAT et aux régions de revoir leurs copies Depuis plusieurs mois maintenant, la Fédération Nationale de l'Agriculture Biologique (FNAB), qui regroupe près de 10 000 agriculteurs bio, alerte l’Etat et les régions sur leurs maquettes budgétaires prévisionnels pour la mise en place des dispositifs d’aides à la conversion et au maintien en agriculture biologique dans le cadre de la Politique Agricole Commune de 2015 à 2020. Aujourd’hui, la Commission européenne demande clairement à l'État français et aux Régions, autorités de gestion, de revoir leur copie pour répondre aux objectifs de doublement des surfaces bio d’ici 2020. Les constructions des Programme de développement rural régionaux (PDRR) sont en cours de finalisation et la Commission européenne a présenté en août ses observations au ministère et aux régions concernant le cadre national de développement rural. Ce document de 105 pages est très explicite sur les incohérences des dispositifs et leurs imprécisions notamment en ce qui concerne les mesures de soutien à l'agriculture biologique. Cette analyse corrobore totalement les observations et recommandations du réseau FNAB. En effet, depuis le début des concertations, la FNAB et l’ensemble des professionnels de la bio ont demandé que les MAEC en faveur de la conversion et du maintien en agriculture biologique soient clairement distinguées et les plus élevées pour être incitatives et pour véritablement reconnaître les services environnementaux rendus par l’agriculture biologique. De même elle a demandé des budgets suffisants pour y arriver, à l’échelle de l'État mais aussi de chaque région. La commission va dans le même sens. Extraits : « La Commission s'attend à que les PDR des régions françaises prévoient les crédits budgétaires nécessaires pour soutenir le passage à l'agriculture biologique, afin de répondre à l'objectif du plan d'action national de doubler les surfaces bio en 2017. Cela permettrait aussi de répondre à la recommandation du Plan d'action pour l’avenir de la production biologique dans l’Union européenne approuvé récemment par la Commission. » Aujourd’hui la FNAB et la société civile (cf. près de 50 000 signatures de soutien à ce jour, voir ci-dessous) attend de véritables avancées pour faire de la politique agricole un outil efficace au service des demandes sociétales.
INFOS
Le mensuel des Agrobiologistes de Bretagne | octobre 2014
4
MOIS DE L'INSTALLATION ET DE LA TRANSMISSION Sept fermes ouvertes en Bretagne Fort de son succès lors des précédentes éditions dans les Côtes d'Armor, le Collectif Paysans 22 renouvelle, en septembre-octobre 2014, son initiative : « Le mois de l'installation et de la transmission en agriculture ». Depuis trois ans, le Collectif Paysans 22 se mobilise pour encourager le renouvellement des générations en accompagnant les installations et transmissions agricoles. Six jeunes installés sur 4 fermes réparties sur le territoire ouvriront leurs portes en accueillant chaque vendredi des élèves des établissements agricoles le matin, et l'après-midi, à partir de 14h, des porteurs de projet en installation ou en transmission.
Les fermes ouvertes dans les Côtes d'Armor Δ Vendredi 3 octobre, au Haut-Corlay, sur la ferme de Franck Le Breton, en élevage laitier - Installation après reprise familiale, construction d'un nouveau bâtiment pour réduire l'astreinte journalière, projet d'évolution vers des vêlages groupés avec fermeture de la salle de traite 2 mois de l'année, réflexion autour de la monotraite.
Et dans le Morbihan aussi...
Δ Vendredi 10 octobre, à Rostrenen, sur la ferme de David Roulleau et Pauline Cabaret, en maraîchage biologique diversifié - Installation sur du foncier libéré par des éleveurs. Comment concilier installation et vie familiale avec des jeunes enfants, comment ne pas sous-estimer ses investissements au démarrage pour accroître ses chances de réussite, envisager de compléter son revenu avec un projet d'accueil.
Δ Idée reçue n°1 : Je n’ai pas besoin des autres pour m’installer - Grâce à l’échange entre porteurs de projet et paysans installés, avancez dans votre projet d’installation (foncier, parcours à l’installation, parrainage…) – Animation par La Marmite. Jeudi 2 octobre à Séné – 20 h 30 – Café Installation au GAEC d’Ozon
Δ Vendredi 17 octobre, à Landébaëron, sur la ferme de Kristen Bodros et Cécile Thomas, en élevage biologique ovin lait transformation fromagère et pain - Accéder à des terres grâce au soutien du conseil régional et de la SAFER - Constitution d'un Groupement Foncier Agricole (GFA) - Créer un site d'exploitation : nécessité d'anticiper un maximum toutes les étapes. Infos pratiques : Gratuit, à partir de 14h. Ces portes-ouvertes s'adressent à toutes les personnes intéressées par l'installation et la transmission. Contact GAB22: Guillaume Michel – 02 96 74 75 65
Séduit par l’opération lancée dans les Côtes d’Armor en 2013, le GAB 56 relève le défi de casser les idées reçues sur l’installation en agriculture bio, les enjeux en termes de pérennité et transmission des fermes étant majeurs.
Δ Idée reçue n°2 : M’installer en élevage ça coûte cher - Ferme ouverte GAEC des Écotones : Tour de ferme - résultats technico économiques - système herbager économe - présentation filières viande et lait démarches réglementaires et techniques. En présence de : Chambre d’Agriculture 56, CIVAM AD56, Biolait, BVB Vendredi 10 octobre à Guer Δ Idée reçue n°3 : Je m’installe en maraîchage, je commercialise en circuits courts - Ferme ouverte à la SCEA La Petite ferme : Tour de ferme - résultats technicoéconomiques - montants d’investissement présentation d’un système de commercialisation en circuit long. En présence de :
Bio-Porhoët grossiste en fruits et légumes Vendredi 17 octobre à Elven Δ Idée reçue n°4 : Je ne peux pas m’installer sans être propriétaire de mes terres - Ferme ouverte et Café transmission Les Blés en herbe : Tour de ferme - résultats technico économiques - installation progressive - recherche de foncier. A 20 h : venez partager vos expériences et idées autour de la transmission. En présence de : Terre de Liens Bretagne, La Marmite Lundi 20 octobre à La Vraie-Croix Renseignements : GAB 56 – 02 97 66 32 62 Conçu pour apporter des éléments de réflexion aux cédants et futurs cédants, ce guide rassemble dix témoignages de producteurs bretons qui ont transmis leur ferme. Ils racontent leur parcours, parfois semé d'embûches, ainsi que les solutions innovantes mises en place. Demandez le guide à votre GAB.
INFOS Le mensuel des Agrobiologistes de Bretagne | octobre 2014
BIOZONE un bon et beau cru
5
LE
M'as-tu vu ? Vous n'aurez peut-être pas de Greencheux ce mois-ci car mon état d'âme du moment s'attaque au saint des saints du réseau : Le salon La Terre est Notre Métier.
Cette année, les légumes bio costarmoricains ont étés mis à l’honneur ! Une vingtaine de maraîchers adhérents du GAB d’Armor ont participé à la réalisation d'un étal haut en couleur pour le plaisir des yeux et du palais des nombreux visiteurs présents sur la foire. Administrateurs du GAB, salariés, adhérents, chacun a pu jouer le jeu l'espace de quelques heures de « dégusteur ». Les légumes ont été donnés au Resto du cœur le dimanche soir. L'opération a été un franc succès : tant dans la diffusion des nouveaux outils de communication (plaquette et carte interactive) que dans l’échange entre adhérents du GAB. Le week-end a été ponctué de belles rencontres et discussions ! On vous donne donc rendez-vous l’année prochaine pour les 30 ans de Biozone : toutes vos bonnes idées sont les bienvenues !
BIEN-ÊTRE DES AGRICULTEURS Une étude COSTARMORICAINE MET EN AVANT LES ATOUTS DE LA BIO
J'ai lu le programme. Qu'est-ce que j'y trouve? Des conférences avec des titres qui contiennent à foison les mots « innovation », « nouveau », « initiative », « gestion », « potentiel », « réussite »... Avons-nous maintenant besoin de jouer les m'as-tu vu? Avons-nous besoin d'une fuite en avant aussi pour la bio ? La bio tranquille, attachée à des valeurs ancestrales d'humanisme, de bien-être, de partage, de respect de la terre qu'on nous a prêtée et que nous rendrons dans le meilleur état possible à nos enfants, la bio qui fait la bio au quotidien sur les fermes, la bio qui n'est pas obnubilée par la réussite économique. Comment les organisateurs du salon pensent faire connaître son existence et comment il pense porter haut ses valeurs? Personnellement, j'irai voir le Carrefour des savoir-faire paysans. Mais je préviens tout de suite que si c'est pour me montrer combien les bio sont modernes et épanouis comme un chef manager dans une pub Mc Donald's, j'aurais la plume acide au prochain numéro. A bon entendeur ! Le Greencheux
La doctorante en sociologie Élodie Jimenez conduit un projet de thèse portant sur le bienêtre des agriculteurs costarmoricains, avec le soutien du Conseil général et l’université Rennes 2. Dans un contexte de crise économique, sociale et environnemental, son but est de comprendre comment différents facteurs (conjoncturels, structurels et culturels) agissent sur le bien être professionnel des agriculteurs. Après 2 ans d'étude, l'analyse de 1400 questionnaires et 60 entretiens auprès de professionnels, des premières pistes d'analyse ont été présentées. Dans un récent communiqué de presse du Conseil général des Côtes d'Armor, on peut ainsi lire l'analyse suivante : « Une analyse plus approfondie des résultats a confirmé la scission de la population agricole costarmoricaine. Cette dernière s’opère surtout en terme de mode de production (conventionnel versus biologique), taille d’exploitation (moins de 30 ha versus plus de 50 ha) et d’âge (20-39 ans versus 55 ans et plus). Les mondes qui se dessinent alors s’opposent en termes de valeurs morales, de définitions identitaires professionnelles et d’intégration sociale. Ainsi, par exemple, s’opposent les exploitants agricoles travaillant en biologique et ceux exerçant en conventionnel. Les premiers expriment des motivations extrinsèques - à savoir la préservation de l’environnement - et les seconds des motivations intrinsèques - à savoir l’augmentation des bénéfices de leur société. De plus, en excluant les particularismes individuels, il apparaît que si les agriculteurs biologiques se sentent généralement mieux intégrés et reconnus par la société, paraissant ainsi en adéquation avec leurs pratiques professionnelles, cette tendance se dessine beaucoup moins pour les agriculteurs travaillant en mode plus conventionnel. »
Prenez la plume, on vous donne la parole Conçu pour être un espace de dialogue autour de SymBIOse, ce billet d’humeur est réservé aux lecteurs qui souhaitent s’exprimer. Le Greencheux se veut une oreille attentive pour que votre parole soit libre. Il ne porte aucune parole politique, il est libre de pousser des coups de gueule ou de dire ses coups de coeur en quelques lignes. Toujours néanmoins dans le respect d’une éthique (pas de dénonciation, d’injure ou de diffamation).
Écrivez-nous : symbiose@agrobio-bretagne.org
LE COIN
Le programme des formations 2014-2015 disponible Le nouveau programme de formation du GAB d’Armor vient de sortir pour l’année 201042015. Près de 30 formations vous sont proposées sur des sujets divers et variés ! Il est disponible en version papier sur simple demande au GAB d’Armor ou téléchargeable sur le site internet www.agrobio-bretagne.org. 6 formations commenceront en novembre : pensez à vous inscrire dès à présent ! Δ Développer une gamme de légumes (légumes à wok et raisin de table) : le 17 novembre de 10 h à 18 h. Intervenant : Charles Souillot Δ Approfondir l’usage des huiles essentielles : cession de 2 jours de formation avec Michel Derval, expert en aromathérapie (COB : 24/11 et 13/01 ; Est des Côtes d’Armor : 25/11 et 15/01) Δ Initiation aux pratiques de médecines naturelles en élevage : 2 jours consécutifs les 6 et 7 novembre. Intervenante : Émilie Salesse, GIE Zone Verte
groupe d'échange Sud Pâturage automne
comprendre le fonctionnement d'une parcelle d'agroforesterie Intervenant : Daniel Ori (AGROOF)
Améliorer le pâturage d’automne et mesurer les conséquences d’un changement de production sur sa ferme
Date : Lundi 20 ou mardi 21 octobre
Date : Mardi 7 octobre
Lieu : Ecopôle de Daoulas
Lieu : Limerzel
Contact. GAB 29 : 02 98
25 80 33
Contact. Christophe Lefèvre GAB 56 : 02 97 66
32
62
Formation à la biodynamie
Animer et créer sa page Facebook
Productions animales et végétales seront abordées.
Intervenant : Yvonig Le Mer
Intervenant : René Becker (MABD) Date : Lundi 27 ou mardi 28 octobre Lieu : Ecopôle de Daoulas Contact. GAB 29 : 02 98
25 80 33
Convertir ses outils au triangle d'attelage
Date : Lundi 20 octobre Lieu : Malestroit Contact. Lise Allain GAB 56 : 02
97
Intervenant : Vincent Bratzlawsky (Atelier Paysan)
Contact. Maëla Peden GAB 56 : 02 97
Contact. GAB 29 : 02 98
25 80 33
32
62
Intervenant : André Fouchard, Jardin de Cocagne Date : Mardi 28 octobre
Date : 4 et 5 novembre
66
Travail du sol en maraîchage
Initiation au travail de l'acier. Chacun pourra choisir de repartir avec des triangles femelles autoconstruits.
Lieu : La Forest, Landerneau Δ Santé alternative en élevage volailles (homéo et aromathérapie) avec Christiane Filliat, vétérinaire (26) : date et lieu à définir
6
LeLe mensuel mensuel des des Agrobiologistes Agrobiologistes de de Bretagne Bretagne | octobre | octobre 2014 2014
Lieu : Kervignac 66
32
62
groupe d'échange. Quelle ration pour son troupeau?
Δ Optimiser ses débouchés en direct en travaillant ses pratiques de ventes avec Roland Bazin, le 3 novembre de 9h à 17h, contact Agathe Perrin
Intervenant : Marine Lemasson
Δ Maitriser l’affinage des fromages fermiers, avec Patrick Anglade, conseiller et formateur en formagerie : 2 jours consécutifs en novembre.
Contact. Christophe Lefèvre GAB 56 : 02 97 66
Groupe Sud : Mardi 4 novembre - mardi 27 janvier Groupe Ouest : Jeudi 6 novembre - Jeudi 29 janvier 32
62
Toutes les précisions et les contenus détaillés figurent dans le programme de formation, n’hésitez pas à vous rapprocher du GAB pour vous préinscrire.
w w w . a g robio - breta g ne . or g
Le mensuel des Agrobiologistes de Bretagne | octobre 2014
7
LA TERRE EST NOtre métier
un salon, des valeurs, des hommes
P
our sa treizième édition, le salon La Terre est notre métier perpétue une formule qui marche : des conférences, des animations et des démonstrations qui permettent aux agriculteurs biologiques de se rencontrer et d'échanger sur leurs pratiques, mais aussi aux agriculteurs conventionnels de découvrir l'agriculture biologique et ses techniques. A cela s'ajouteront une centaine d'exposants. Ce numéro spécial de Symbiose, exceptionnellement en couleur, vise à présenter à travers portrait, reportage et articles techniques ce qui fait l'essence du salon La Terre est notre métier. Bonne lecture.
Pour sa 13e édition, le salon accueillera Dacian Ciolos (Commissaire Européen à l’agriculture - sous réserve) pour un temps fort sur la révision de la réglementation bio européenne et Elisabeth Mercier (Directrice de l’Agence Bio), pour une conférence sur le potentiel de développement des filières bio françaises. La thématique cette année ? « Terre Bio, Terre d’Emplois, Terre Nourricière ». Le thème sera décliné à travers 21 conférences variées (voir pages 8 et 9) : agroforesterie, étude conversion en bovin lait, la bio prix Nobel d'économie, Afterres 2050, transmission... Avec un temps fort qui prendra la forme d'un colloque sur l'eau et l'agriculture biologique. Un table ronde intitulée « Quand Eau & Bio s'allient pour un développement local durable : 30 bonnes raisons de passer à l'action», qui sera suivi de 3 ateliers thématique sur le foncier, les outils de planification et l'accessibilité. Le Pôle Démonstration permettra d'apprécier le travail de matériel de désherbage mécanique en action : houe, herse, et bineuse. Oz, le petit robot désherbeur de Naïo
Technologie sera de nouveau présent cette année. De nombreux machinistes seront par ailleurs présents sur le salon :Agronat, Stecomat, Hortibreiz, Erwan Touffet, Grégoire Agri, Coserwa, Triade Green World, l’Atelier Paysan, Gallagher Europe. Des présentations variétales de chanvre, courgettes, mesclun, maïs population, sarrasin permettront d'apprécier la richesse des possibilités de diversification. Le Carrefour des savoir-faire paysans permettra pour la deuxième année consécutive d'apprécier les trésors d'inventivité et les techniques innovantes déployés par les paysans bio pour s'adapter à des situations nouvelles ou inattendus, que ce soit en terme de matériel, comme en production animale ou végétale. Le Village des fromagers s’installe également pour une seconde édition au salon des professionnels de la bio. Cet espace dédié à la valorisation et à la promotion des fromagers bio : Présentation de fromages et de produits laitiers transformés, dégustation des différents produits.
Innovabio : les finalistes La Terre est notre métier accueillera la remise des prix du concours Innovabio, samedi 11 octobre à 10h30. Δ Bio Ribou Verdon (Maine-et-Loire) - association de producteurs oeuvrant pour la qualité de l'eau. Δ Brasserie associative de Montflours (Montflours, Mayenne). Δ Carotte et feijoa (Vendel, Ille-etVilaine) - Culture de fruits tropicaux en Bretagne. Δ Ferme du champ secret (Orne) Création d'une fromagerie fermière. Δ La ferme de Camille (Vendée) Transformation de céréales anciennes en graines et farine. Δ La ferme de Milgoulle (Nouvoitou, ille-et-vilaine) - Entretien et gestion des espaces naturels et des zones humides par le biais de l’éco-pâturage. Δ Maison Royer & Royer cosmetique (Saint-Paul en Pareds, Vendée) - Cosmétique à base de bave d'escargots Δ Le vivier des saveurs (Gahard, Ille-etVilaine) - Fabrication de glaces et pâtisseries bio à la ferme
Le mensuel des Agrobiologistes de Bretagne | octobre 2014
8
Vendredi 10 Octobre
Le Programme
Conférences
Conférences Recherche, Techniques et filières 13h30 15h30
• Nouvelle réglementation bio européenne : ce qui change pour les acteurs de la bio.
13h30 15h00
• Quel potentiel de développement pour les filières bio en France?
13h30 15h00
• Nouveaux bio en élevage laitier : de l’intensif à l’extensif.
13h30 15h00
• Du grain au pain : le projet Pays Blé
13h30 15h00
• La bio: une solution pour transmettre
13h30 15h00
• S’installer en maraîchage biologique
13h30 15h00
• Protéines en alimentation animale bio : disponibilité et perspectives
15h15 16h45
• Afterres 2050 : Quelle utilisation des terres en 2050 en France ?
15h15 16h45
• Soigner ses animaux en bio : présentation de l’approche Obsalim
15h15 16h45
• S’installer ou se convertir en élevage bovin lait bio : les clés de la réussite
15h15 16h45
• Gérer, c`est décider ! Définir sa stratégie de gestion sur sa ferme
15h15 16h45
• Agroforesterie: quels intérêts pour les élévages bretons?
15h15 16h45
• L’agriculture biologique: prix Nobel de l`économie? Zoom sur les pratiques collectives des producteurs bio
π Table Ronde : Dacian Ciolos (Commissaire Européen Sous réserve), Dominique Marion (IFOAM Europe), Juliette Leroux (FNAB).
π Elisabeth Mercier (Directrice de l’Agence Bio)
π Guillaume Michel (GAB22) En partenariat avec Formabio π Estelle Serpolay et Camille Vindras(ITAB) Organisée par l’ ITAB π Marie-Isabelle Lebars (Chambre d’agriculture Bretagne), un agriculteur à la retraite, François Berrou (AFOC53), Fabien Tigeot (agriculteur bio) π Luc Bienvenu (conseiller en maraîchage bio) et un maraîcher bio
π Frédéric Pressenda (CEREOPA)
π Philipe Pointereau (Solagro) En partenariat avec Formabio
π Bruno Giboudeau (vétérinaire)
π David Roy (Agrobio35)
π François Berrou (AFOC53) En partenariat avec Formabio
π Antoine Marin (Agroof)
π Alain Delangle (FNAB), Jacques Chiron (BIOLAIT) et JeanMarie Morin (FORMABIO) conférences des exposants 13h00 13h45
• Races de Bretagne – Goûtez la diversité !
14h00 15h45
• Rétrospective sur l’installation en bio ces 10 dernières années. Quels projets ? quels parcours ? quels bilans d’expérience ?
π Fédération des Races de Bretagne
π Michaël Despeghel (FRAB)
Le mensuel des Agrobiologistes de Bretagne | octobre 2014
9
Colloque
14h00 15h45
• L’Accueil Social
Table Ronde
16h00 16h45
• Les nids d’activités : une solution innovante pour se tester, s’installer et transmettre
16h00 16h45
• Simulabio : un nouveau logiciel pour accompagner le changement de système
15h45 17h15
Quand Eau & Bio s’allient pour un développement local durable : 30 bonnes raisons de passer à l’action !
Sylvain Roumeau (FNAB), Gilles Billen (PIREN Seine), Yannick Nadesan (SMPBR), Josette Garnier (CNRS), Stéphane Rozé (agriculteur bio à Erbrée) et un ostréiculteur Table ronde en ouverture des ateliers thématiques Eau et Bio.
π Accueil Paysan
π Collectif nids d’activités Bretagne (FDCIVAM 35, La Marmite, CIVAM 29, Agriculture Paysanne 22, Entraide Rurale)
π Agrobio Conseil
Samedi 11 Octobre
Ateliers thématiques
Les ateliers thématiques sont accessibles à tous, mais les places sont limitées ! (35 à 40 participants / atelier). Réservez votre place avant le 6 octobre 2014 à : www.salonbio.fr, rubrique Conférences 17h15 19h00
Des initiatives pour rendre l’alimentation bio accessible à tous
Olivier CORDEAU (FNAB), Violette STRICOT (FNAB), Maud ROUSSEL (Corabio), un(e) élu(e) du Conseil général des Deux-Sèvres 17h15 19h00
Transversalité des politiques territoriales pour des projets structurants de développement de l’agriculture biologique
conférences Recherche, Techniques et filières 14h00 15h30
• Santé de nos enfants : oui au bio à la cantine
13h30 15h00
• S’installer en ovin : parasitisme, sélection, alimentation, commercialisation
15h15 16h45
• Le commerce equitable nord-nord une avancée pour la filière bio française
Jacky Bonnet (adjoint au maire de la Couronne en Charente) et Yannick Nadesan (président du Syndicat Mixte de Production du Bassin Rennais ) présence Dacian Ciolos Animation: En Sylvain Roumeaude (FNAB) et Elisabeth Mercier
17h15 19h00
Louis DUBREUIL (vice-président en charge de l’agriculture au10, Conseil général d’Ille et Vilaine), 11, 12 octobre 2014 Anne GALLO (présidente du syndicat intercommunal d’alimentation GUICHEN / BRETAGNE en eau potable Saint-Avé-Meucon)
π Julien Brothier (éleveur ovin lait), Anthony Civel (éleveur ovin viande), Sabrine Ponthieu (Bretagne Viande Bio)
π Alain Delangle (Agriculteur et Administrateur FNAB), Marc Dufumier (enseignant-chercheur émérite à la chaire d’agriculture comparée et de développement agricole à AgroParisTech) conférences des exposants
(sous réserve)
21 conférences Des outils innovants au service de 13 conférences d’exposants la maîtrise du foncier
π Conférence co-organisée par Culture bio et la FRAB
15h00 15h45
• Recherche de foncier, accès à la terre : quelles évolutions en 2014?
16h00 16h45
• Une ferme laitière, ça se transmet !
17h00 17h45
• La transformation des produits fermiers en collectif
17h00 17h45
• zoom sur La biodynamie
π Confédération paysanne π Adage et FDCivam 35
π FR CUMA π Mouvement Biodynamique d’Ille-et-Vilaine
Dimanche 12 Octobre conférences Recherche, Techniques et filières 14h00 15h30
• PAC 2014: quels changements dans vos fermes?
π Mary Henry (Chambre d’Agriculture de Bretagne) conférences des exposants
www.salonbio.fr Bénéficiez d’un accès prioritaire aux conférences qui vous intéressent en réservant en ligne depuis le site avant le 6 octobre :
Conception, création : agrobio 35 studio graphique
www.salonbio.fr rubrique « conférences »
14h00 14h45
• Nos fermes bio sont elles viables? de façon humaine, technique et économique.
15h00 15h45
• céréales bio : les outils d’aide à la décision du réseau GAB-FRAB
16h00 16h45
• Les femmes prennent leur place dans la transformation de l’agriculture
π Marie-Odile Lore (Microvert), Jean-Claude Juhel (Agriculteur bio)
π Réseau GAB-FRAB
π AFIP
Le mensuel des Agrobiologistes de Bretagne | octobre 2014
10
LE
Entrammes
ILs en ont fait tout un fromage Par Antoine BESNARD (Rédacteur en chef de Symbiose)
A
Entrammes, en Mayenne, un groupe d'éleveurs laitiers bio s'est constitué au milieu des années 90 afin d'assurer la collecte et la distribution du lait aux transformateurs. Solidement ancrés dans leur territoire, ils ont décidé de le valoriser en donnant naissance à un fromage en 2010, l'Entrammes, qui en 4 ans a réussi à s'imposer dans le patrimoine culinaire local. Il accumule les récompenses et avait notamment été finaliste d'Innovabio en 2012. A découvrir cette année sur le Village des fromagers.
« Cet été, sur France Bleu Mayenne, il y a eu un concours pour désigner le produit laitier Mayennais le plus typique. On a fini premier, alors que ça ne fait que 4 ans que le produit existe ». Ce produit, c'est l'Entrammes, fromage créé il y a 4 ans par la Coopérative Lait bio du Maine, dont l'ascension est aussi singulière que son histoire. En 1994, un groupe d'éleveurs laitiers mayennais se constitue et sous le nom de Biolait 53. Alors que Biolait devient une structure nationale, ces éleveurs souhaitent garder une identité locale et ne pas être confondu avec Biolait ; ils se regroupent sous l'étendard Lait Bio du Maine. Ils sont alors une trentaine. « On était un GIE qui assurait la collecte et la distribution du lait aux transformateurs », se souvient Guillaume Chopin, Coordinateur de la Coopérative. Il explique que depuis le départ, il y avait une volonté d'aller plus loin dans la valorisation du lait. « Il y avait des discussions récurrentes en temps de crise. Mais dès que le lait bio était mieux valorisé, ça passait au second plan ». En 2005, pour aller plus loin dans la démarche, le GIE embauche un animateur, en l'occurrence Guillaume Chopin. « Le groupe comptait 35 producteurs. Il y avait une grosse volonté, mais rien de défini », se rappelle-t-il. Les discussions s'entament alors pour définir le projet, ce qui unit ces producteurs. Leur volonté était d'aller chercher de la valeur ajoutée, avec un produit au lait cru, lié au territoire et de qualité. « Il n'y a pas vraiment de tradition fromagère avec une AOC en Mayenne, mais en croisant toutes ces données, on est arrivé à un
produit qui était la trappe de Mayenne », explique Guillaume Chopin.
Un clin d'oeil de l'histoire Le produit trouvé, il faut maintenant un endroit où se poser. A Entrammes, se trouve l'abbaye de Port du Salut. Les producteurs présentent leur projet aux moines, qui le trouve séduisant et acceptent de vendre un hectare de terres agricoles pour construire une fromagerie. Le clin d'oeil de l'histoire veut que cet abbaye ne soit pas n'importe quelle abbaye. Après la Révolution Française, des moines revenus d'asile se sont installés à Entrammes, juste en bordure de Mayenne. Ils y ont développé une activité agricole et de transformation fromagère, qui donnera naissance au fameux Port-Salut. A la fin des années 50, les moines ne sont plus assez nombreux pour assurer cette activité et vendent la marque à la SAFR en 1959, société absorbée par BEL en 76, qui va continuer de fabriquer le fromage à Entrammes jusqu'à la fin des années 90. « Depuis le début des années 2000, il n'y avait plus rien. Les moines étaient sensibles à notre démarche ainsi qu'à la production bio. Pour eux, c'était comme une continuité de l'histoire », raconte Guillaume. Pour ce qui est de la recette, en revanche, ce sera une autre histoire. En 2007, le GIE devient une coopérative, puis Guillaume Chopin passe d'animateur à coordinateur et se forme à la fromagerie à Saint-Lô, où il va travailler sur la recette du fromage durant deux ans. En 2010, la
coopérative commence la production de fromage dans un bâtiment flambant neuf construit à deux pas de l'Abbaye.
Qualité, sens, état d'esprit Aujourd'hui, elle regroupe 45 producteurs, animés par une conviction et une philosophie forte. « Le premier projet est économique, il consiste à pérenniser et conforter un modèle d'agriculture bio et paysanne. Ensuite, c'est produire un produit de qualité, qui a du sens, avec un état d'esprit ». C'est pourquoi la Coopérative Lait bio du Maine, s'est dotée de son propre cahier des charges, qui va bien au-delà du Cahier des charges européen. « Prendre un système maïs-soja et y mettre un tampon bio, ça n'a pas de sens, ce n'est pas cohérent », clame Guillaume, pour qui les systèmes des producteurs d'Entrammes ont la vertu de ne pas détruire des systèmes ailleurs et de relocaliser l'économie. « En fonctionnant comme ça, on maintient une vie rurale, le service public, les écoles, les associations...» Entre autres mesures, le Cahier des charges de la coop interdit l'ensilage et l'enrubannage dans la ration, la mixité des fermes, les OGM. « C'est cette exigence qui nous donne une qualité de lait, et qui colle avec notre volonté que la bio c'est aussi des valeurs sociales. Quand on le fait on y amène tout le monde en même temps. On n'a pas besoin du lait de tout le monde à la fromagerie, mais quand on franchît ces étapes on y amène tout le monde en même temps ». C'est dans cette logique, que la Coop est certifiée Bio Cohérence. Dans cette veine aussi qu'elle a choisi de surrémunérer les 50 000 premiers litres de lait. Malgré ces exi-
LE Le mensuel des Agrobiologistes de Bretagne | octobre 2014
gences, sur 45 producteurs, un seul n'a pas suivi les autres dans cette aventure. Certes, ça coûte plus cher, ce n'est pas toujours facile pour les producteurs, notamment en cas de mauvaise année fourragère, mais pour Guillaume Chopin, la qualité est à ce prix. Le lait est collecté toutes les 48 h, toutes les 24 h pour celui qui part à la fromagerie. De même, la coopérative a fait le choix de contrôles très stricts sur le lait. Elle procède systématiquement à des analyses staphylocoque et coliforme, afin de diminuer les risques sanitaires. « Ca nous coûte, mais on fait tellement de progrès en qualité... On le voit ensuite chez les éleveurs. Quand ils savent qu'ils vont être collectés pour la fromagerie, il y a une fierté incroyable », s'enthousiasme Guillaume.
Se développer sans perdre en humanité La coopérative collecte neuf millions de litres de lait, en transforme 600 000 pour produire 60 tonnes de fromage par an. Avec encore quelques étapes artisanales. « Quand on fait l'emballage, on a trois producteurs qui viennent systématiquement nous aider. Ca crée des liens supers ». Le
défi pour Entrammes, est désormais de continuer à se développer sans rompre cette qualité de lien humain. « On réfléchit par exemple à mécaniser une partie de l'emballage, mais ça ne se fera pas au détriment du lien social », affirme Guillaume Chopin. Fort de cette dynamique de groupe et de son exigence, l'Entrammes est devenu en 4 ans un produit phare de la Mayenne. « Au début, on voyait des gens venir à la fromagerie en pensant qu'on faisait du Port Salut. On leur a expliqué la démarche. On a toujours fait en sorte que le fromage ne soit pas confondu avec L'Abbaye. Aujourd'hui quand on entend les gens parler d'Entrammes, on a l'impression que ça existe depuis toujours. Ca c'est notre grande fierté ». Un patrimoine local déjà donc, et une assise qui permet aujourd'hui d'accueillir de nouveaux associés-coopérateurs. Comme partout, la pyramide des âges fait sont ouvrage et il faut assurer le renouvellement des générations. Pour la Coopérative Lait bio du Maine, une chose est sûre : ceux qui viendront bénéficieront d'un cadre idéal. Mais ils devront avant tout adopter la coopérative et son idéal.
11
La coop en bref
45
producteurs situés en Mayenne, dans un rayon de 80 km autour de la laiterie
9 millions de litres de lait
collectés
600 000 litres de lait trans-
formés
60 000 tonnes de fromages 4 gammes de fromage 400 clients-distributeurs 5 chauffeurs 5 fromagers 5 salariés pour la vente et la gestion
Le mensuel des Agrobiologistes de Bretagne | octobre 2014
LE
12
RACES LOCALES
Églantine préfère la robe pie noir Par Antoine BESNARD (Rédacteur en chef de Symbiose)
I
nstallée depuis 2003 à La Boussac (Illeet-Vilaine), Églantine Touchais a d'emblée choisi de travailler avec des Bretonnes Pie Noir. Un choix naturel pour elle, qui souhaitait faire du fromage et de la vente directe.
qui est un atout quand on fait du fromage. L'autre qualité de la Bretonne Pie Noir, c'est que c'est une race mixte. Ses bonnes qualités bouchères me permettent donc de vendre quelques veaux de lait et mes vaches de réforme en caissette tous les ans », remarque Églantine.
A la voir caresser ses vaches, on remarque rapidement qu'Églantine Touchais a tressé avec elles une relation particulière. Ses vaches, ce sont des Bretonnes Pie Noir. Comme celles qu'il y avait chez ses parents il y a une trentaine d'années. Lorsqu'elle s'est installée en 2003, à la Boussac (35), son choix a été instinctif et s'est tout de suite porté vers cette race-là. « Je me suis installée sans les aides en 2003, puis je me suis réinstallée avec les aides en 2004. Avec un petit effectif de 6 vaches sur 3 hectares. J'ai ensuite pu récupérer des terres et augmenter mon cheptel », explique Églantine. Aujourd'hui, elle élève 12 vaches sur 15 hectares.
Et de poursuivre : « Je n'y ai pas pensé tout de suite, mais leur petit gabarit me facilite également le travail, il est sécurisant. En revanche, je ne suis pas autonome en fourrage, car mon parcellaire est très éclaté, mais je reste cohérente avec ma philosophie en achetant du foin à un paysan bio du coin. »
Une installation à moindre coût Son petit effectif, couplé à la rusticité de la race, lui a permis une installation à moindre coût. « Les vaches restent dehors toute l'année, ce qui m'a évité d'investir dans un bâtiment et de me concentrer sur la construction d'une fromagerie ». Ne lui parler surtout pas de laboratoire, terme qu'elle trouve froid et pas très raccord avec son métier. Cette petite vache, plus petite race bovine française par la taille (1.17 m au garot), était plus adaptée à son système qu'une vache productive. L'éleveuse a en effet choisi de transformer tout son lait à la ferme. 10 à 12 000 litres par an qui deviennent de la tomme, des fromages caillés, des yaourts, du riz au lait, de faisselle et du Gwell, produit emblématique de la Bretonne Pie Noir. « Elle produit un lait de bonne qualité, riche en matière grasse et en matière protéique, ce
Pour être cohérente avec son système, elle écoule toute sa production en vente directe : marché, Amap et magasins spécialisés. Elle travaille avec un restaurateur également. « C'est intéressant à faire s'il y a un retour du cuisinier, un rapport humain. Je l'ai fait avec un grand chef, je livrais mes produits au restaurant, mais je ne le voyais jamais, je n'avais aucun retour, c'est frustrant », résume l'éleveuse.
Une implication forte Son système implique une triple compétence : production, transformation, commercialisation. Une triple casquette, qui demande un fort engagement sur la ferme « La transformation me prend une demie journée chaque jour si on y inclut la livraison, l'emballage, l'étiquetage. Et puis, quand on fait de la transformation à la ferme, le lait ne peut attendre, il doit être transformé le jour même ou au maximum le lendemain de la traite pour garder sa fraîcheur et ses qualités fromagères ». Si Églantine a un temps essayé la monotraite, elle a abandonné cette solution. « Ca m'apportait un confort de travail, mais dans ce système, la race Pie noir voit rapidement sa production de lait chuter. Pour produire le même volume de lait en monotraite, il lui aurait
fallu augmenter son troupeau, ce qu'elle ne peut faire, faute de terres disponibles. Il y a trois ans, son conjoint, qui est formateur, a pris le statut de conjoint collaborateur. En plus de l'aider dans ses tâches quotidienne, il propose également une activité complémentaire de promenade en calèche, puisque le couple possède un cheval de trait. Fortement impliquée dans l'Union Bretonne Pie Noir (UBPN), il semblait naturel à Églantine de faire en sorte que cette race qu'elle a connue petite continue à vivre. La vie en réseau est intéressante et permet d'échanger avec des gens passionnés par la race. « On voit des gens différents venir à nous, des porteurs de projets qui veulent directement s'installer avec cette race-là, ou des particuliers qui souhaitent avoir une ou deux vaches pour leur consommation personnelle et qui du coup veulent avoir une belle vache, typique du terroir.»
Quid de la reproduction? Première race française au début du siècle, la Bretonne Pie noir a pâti de l'industrialisation de l'agriculture et d'éleveurs qui lui ont préféré des races plus productives (cf encart). On compte aujourd'hui un peu plus de 1550 femelles. Mais sur ces races à petits effectifs, comment assurer une bonne reproductibilité ? « Un taureau est sélectionné afin qu'il s'accouple avec une vache de parenté la plus lointaine possible, pour que le taux de consanguinité soit le plus faible possible. L'insémination est remboursée par l'Union Bretonne Pie noir », explique Églantine. Elle ne voyait ainsi pas l'intérêt d'avoir son propre taureau. « C'est dangereux, et sur un tout petit effectif comme le mien, il aurait fallu que je le change tous les 2 ans pour éviter la consanguinité. » Comme beaucoup d'éleveurs des races anciennes, Églantine n'échangerait ses vaches pour rien au monde.
LE Le mensuel des Agrobiologistes de Bretagne | octobre 2014
La Bretonne Pie noir. Un peu d'histoire Si les origines de cette vache sont inconnues, les auteurs du 19e siècle s’accordent pour la qualifier d’autochtone : « Elle a été créée par le sol et pour le sol où elle vit » (Borie, 1863). Pourtant au 17e siècle, des sociétés d'Agriculture préconisent des croisements, car la vache bretonne est jugée trop petite. En 1840, la Race Durham arrive sur le sol breton pour renforcer la génétique des vaches bretonnes. Ces croisements auraient peu altéré la race en Morbihan et Sud Finistère, néanmoins il a auraient contribué à l'apparition de la race Armoricaine dans le Nord Finistère et les Côtes d'Armor. Sous l'influence des concours et des foires, la Bretonne, fortement représentée, prend de la valeur. Le premier livre généalogique de la Bretonne est créé en 1884, sous l'influence duquel elle devient Pie noir. En 1900, c'est la race la plus importante de France ; on en dénombre 700 000 têtes. Cet âge d'or va décliner au fur et à mesure
que l'agriculture mute vers une forme productiviste. En 1976, ses effectifs sont réduits à peau de chagrin, 46 éleveurs et 311 animaux, si bine que l'extinction de la race est prévue pour 1980. La race Bretonne Pie Noir va alors bénéficier du premier programme français de sauvegarde d’une race bovine en péril en 1976. Aujourd'hui, 12 races sont concernées par ce plan. Autour d'un noyau d'éleveur motivés, la race va reprendre du poil de la bête. Le développement de systèmes paysans va permettre à des éleveurs de renouer avec cette race. Des éleveurs renouent également avec la recette du gros lait et déposent la marque Gwell en 1999. En 2003 est adopté nouveau programme de sauvegarde génétique : accouplements à parenté minimale, augmentation de la fréquence des gènes rares pour éviter leur extinction totale, maximisation du nombre de taureaux d’IA disponibles la même année. En 2012, les effectifs de Bretonne Pie Noir étaient estimés à 1554 femelles.
13
La Fédération des races de Bretagne Au fur et à mesure que la Bretagne voyait son agriculture s'intensifier, les races qui faisaient la richesse de son patrimoine déclinaient. Ces races ont été sauvées, parfois in extremis, par des passionnées qui ont par exemple permis la mise en place de plan de sauvegarde, le premier datant de 1976, afin de sauver la race Bretonne Pie noir. Née en 2011, la Fédération des races de Bretagne a pour but de valoriser les productions de races typiques : Coucou de Rennes, Chèvre des fossé, mouton de Belle-Ile, mouton des Landes de Bretagne, Bretonne Pie Noir, vache Armoricaine, abeille Noire d'Ouessant, vache Froment du Léon, vache Nantaise, porc Blanc de l'Ouest, mouton d'Ouessant. L’intérêt de la valorisation de ces races est multiple, à la fois culturel, biologique, environnemental, gastronomique et économique. Les éleveurs sont majoritairement amateurs mais les professionnels augmentent d’année en année. Leur point commun : être proches de leurs animaux, des consommateurs et vendre la quasi intégralité de leur production en circuits courts. Le contexte agricole actuel y est favorable : recherche de nouveaux modes de consommation, de produits différenciés, typiques et de qualité : les races locales ont toutes leurs cartes à jouer !
Le mensuel des Agrobiologistes de Bretagne | octobre 2014
DU PRODUCTEUR
14
INNOVABIO
Que sont devenus les anciens gagnaNts? Par Élise GROUAZEL (Animatrice à Agrobio 35)
E
n quatre éditions, Innovabio s'est positionné comme un concours incontournable pour l'Innovation en bio dans le Grand Ouest. Ses quatre derniers lauréats sont unanimes, Innovabio leur a apporté de la visibilité et une légitimité qui les a conforté dans leur entreprise. Le concours leur a permis de sortir d'une forme d'isolement. La preuve les quatre derniers lauréats sont toujours en activité. Ils reviennent ici sur leurs activités respectives.
Panier local a pris une envergure nationale Lauréat 2013, Ludovic de Beaurepaire jouit d'une activité en plein développement. Créateur d'un logiciel de gestion commerciale, il a aujourd’hui une quarantaine de clients, et est en train d’embaucher. Depuis un an, son entreprise s’est professionnalisée : aujourd’hui il ne propose plus seulement un logiciel de vente pour les producteurs et la restauration collective, mais aussi un logiciel de gestion des exploitations agricoles. Cette évolution du projet permet une ouverture du marché, c’est un projet d’entreprise plus ambitieux. Autre grande satisfaction, il peut aujourd'hui se dégager un salaire. Si son entreprise se développe, Il a néanmoins rencontré quelques problèmes : il
a été contacté par de nombreuses personnes portant des projets d’intermédiaires. Ils ont profité de l’accompagnement et de l’offre progressive de Panier local pour finalement laisser tout tomber au bout de quelques semaines et se tourner vers d’autres entreprises. Du coup, il va aujourd’hui réviser un peu l’offre progressive pour la réserver aux producteurs. Innovabio a permis à Ludovic de Beaurepaire de valider la faisabilité de son projet d’entreprise. Cela lui a permis aussi d’obtenir de la légitimité, notamment dans les réseaux de restauration collective comme, « Manger bio ici et maintenant ». S'il était déjà bien implanté dans ce réseau, le concours lui a permis de se faire connaître plus faci-
lement sur ses nouveaux projets et d’avoir un rayonnement national. La vidéo lui a été très utile, il l’utilise toujours, elle lui a permis de sortir de l’anonymat et d’avoir une communication très efficace. « C’est un très beau cadeau ! ». De son passage sur le salon, il a gardé contact avec le GIE légumes secs de Vendée et les Boks. Là où le concours lui a vraiment été bénéfique, c'est sur le côté communication. Elle lui a permis de d'avoir quelques clients en Bretagne, et de gagner de la visibilité au niveau national. Il est désormais identifié par l'Agence Bio. Il a également présenté son projet au ministère de l’agriculture, qui l'a identifié comme l’un des 3 outils potentiels au niveau national.
ERwann touffet. La bio sur mesure Premier lauréat d'Innovabio avec une fontaine à lait, Erwann Touffet vit aujourd'hui de son activité. « Le développement coûte très cher. Quand on parle de développement sur mesure, cela ne pose pas de problème mais quand il s’agit de développement de produits propres, cela est très coûteux », explique Erwann Touffet. Il cherche donc un équilibre entre les prestations (dans tous les secteurs) et le développement (dans la bio). Il a plusieurs projets en cours notamment autour d’un caillebotis qu’il cherche à standardiser pour gagner en prix. Il a aussi un projet en lien avec la robotisation qui devrait commencer d’ici un an ou un an et demi, pour lequel il est actuellement en recherche de financement. Enfin, un autre projet est celui lié à la commercialisation de la production bio, notamment avec une faucheuse. Concernant la Fontaine à Lait, le projet est actuellement en veille. Si elle a répondu à un
besoin à un moment donnée, elle n’y répond plus vraiment. Il y a un développement du produit à faire, notamment pour la vitrine, mais ce n’est pas la priorité. « Lorsque le projet a été développé, il n’y a pas eu de démarche commerciale poussée, de plus, la réglementation et le système de mesure ne sont pas en faveur de la fontaine. En fait, le projet a répondu à une demande mais cette demande n’était pas le marché ! » Certains acheteurs sont néanmoins très contents, c’est le cas d’une épicerie fine à Acigné qui travaille avec le GAEC Lefort. Pour d’autres, c’est plus compliqué car il font des ventes trop importantes sur un temps court, du coup la fontaine ne convient pas, n’est pas adaptée, notamment du fait de la manipulation contraignante pour remplir la fontaine et du temps à attendre pour le refroidissement. Une des difficultés dans le fonctionnement de la fontaine réside dans
le partenariat tripartite entre le producteur, le distributeur et E. Touffet. Peutêtre peut-on envisager la solution de la location comme une alternative. Afin de recentrer ce projet, il faudrait mener une étude de marché car il existe sûrement un marché au niveau des commerces de proximité (boulangerie). Si ce marché existe, la vitrine devrait être modifiée notamment en termes de praticité et d’esthétique. Cela impliquerait donc une étude approfondie et une demande de financements.
Le mensuel des Agrobiologistes de Bretagne | octobre 2014
15
Biopousses couve les maraîchers en devenir débouchés et le matériel. L’association ne couvrira alors plus que la partie accompagnement. Il faudra aussi maintenir la fonction de la structure, en effet, au niveau régional, c’est un espace test sur le maraîchage bio (étude, production, innovation, etc.). La structure n’a d'ailleurs pour le moment aucun salarié, le CCPA de Coutances couvre les plus grosses charges.
Couveuse de maraîchers bio, l'association Biopousses (lauréate 2012) travaille sur 3 volets : une couveuse de porteurs de projets, un volet étude et expérimentation / innovation à destination des maraîchers de la région, et un volet dédié à l’étude et la structuration de la commercialisation vers la RHD (Restauration Hors Domicile). Aujourd’hui, sur les 5 maraîchers hébergés par la couveuse, un va s’installer dans le sud-Manche et les 4 autres souhaiteraient s’installer localement, cela a donc un intérêt pour la collectivité locale qui cherche à redynamiser le territoire en termes de maraîchage. Sur les autres volets, les études en cours concernent la pénibilité et le temps de travail, de plus, il y a aussi des expériences autour du matériel, notamment autour d’un partenariat avec l'Atelier Paysan, rencontré sur le salon en 2012. Il recherche à ce titre des partenariats techniques. Aujourd’hui, les 5 porteurs de projets cultivent 4 ha de terres, mais la viabilité économique de l’association n’est pas encore acquise. La production est notamment écoulée dans les collèges et lycées dans un rayon
de 30-40 km. Aujourd’hui, il faut chercher de nouveaux débouchés car la vente directe ne suffit pas pour écouler la production. Biopousses espère stabiliser son organisation en 2015 notamment en termes de logistique et de remise en état du matériel, ce qui prendra au moins 2 ou 3 ans. Les perspectives est avant tout d’asseoir le fonctionnement actuel. « On voit aussi qu’il va falloir s’adapter si des maraîchers s’installent localement, il faudra alors mener une étude sur la réorganisation de la production et de la commercialisation avec notamment un travail de coopération et de mutualisation ». L’idée serait peut être de mettre en place une SCIC avec les maraîchers locaux et la couveuse afin de mettre en commun les
Suite au concours, Biopousses a été particulièrement sollicité par les médias. Cela a permis une bonne diffusion et une reconnaissance plus facile de l’association. Le film leur a été très utile, notamment auprès des partenaires et pour expliquer aux gens en quoi consiste l’activité de Biopousses. C’est un support très adapté. Le stand lui a permis de tisser des liens avec l'atelier Paysan et Terrateck. « Ce prix a été gratifiant, il nous a apporté une reconnaissance de la profession. Ce qui est un gros soutien moral ». Ils ont participé à d’autres prix, notamment celui de la fondation Macif, ils ont gagné à cette occasion 10 000 €, cela a alors un réel impact sur l’association.
AU fil de l'ortie a toujours autant de piquant L’activité s’est très bien développée depuis la participation au concours en 2011. Au moment de la participation, l’activité de l'entreprise était vraiment en phase de lancement. La médiatisation qui a eu lieu avec le concours a été très intéressante, notamment car ce sont les premiers en Europe à faire de l’ortie une culture à part entière avec un travail de transformation. Aujourd’hui, l’entreprise ne parvient pas à fournir tous ses clients. Elle ne fait donc que très peu de communication et fonctionne surtout par le bouche à oreille. La production n’étant pas suffisante pour fournir tous les clients, l’entreprise est souvent obligée d’acheter des plants à un autre producteur en Belgique, afin de transformer le produit. En cela, l’entreprise ne gagne pas d’argent mais conserve sa clientèle. Ils ont repris depuis peu une nouvelle ferme de 25 ha et se sont installés en GAEC. Dans la nouvelle ferme, il y a des bâtiments qui font office d’atelier de production. Pour le moment, ils sont 2 sur la ferme mais ont le projet de s’agrandir encore et d’embaucher en fonction. Au niveau de la production, il y a toujours une
production dédiée au soin des animaux, mais aussi des végétaux (granulés et poudre). Au fil de l'ortie développe également une gamme pour l’alimentation humaine, ce développement s’est fait en collaboration avec les étudiants du lycée de Terre. En effet, la ferme a pu louer les installations du laboratoire du lycée pour développer sa gamme de produits pour l’alimentation humaine. Cette phase de recherche et développement, en collaboration avec les étudiants, a abouti à une gamme de 3 soupes d’ortie (classique, poivre et ail sauvage) qui sera commercialisée dans 3 mois. Un autre projet est en cours, celui d’une gelée d’ortie, projet accompagné par un groupe d’étudiant. « L’idée est de pousser à fond l’idée de l’ortie mais aussi de s’ouvrir à d’autres plantes sauvages, notamment le pissenlit avec une confiture de pissenlit », explique Laëtitia Cenni. Pour le moment, la viabilité économique de l’activité est en cours de stabilisation, ils restent cependant prudents quant à cette viabilité. Innovabio leur a « offert une belle visibilité ». Ils sont régulièrement sollicités par des
journalistes. Le concours les a également conforté dans leur projet. « On s'est rendu compte qu'on était pas les seuls à avoir des projets atypiques », remarque Laëtitia Cenni. Ce qui leur a permis de nouer des liens avec d'autres candidats, notamment Breizh Avoan. Innovabio leur a apporté une vraie reconnaissance.
Le mensuel des Agrobiologistes de Bretagne | octobre 2014
SAVOIR
16
Maraîchage
Ils ont créé un groupement d'employeurs Par Thérèse PIEL (Technicienne maraîchage à Agrobio 35)
D
ans un contexte où la gestion et le coût de la main d’œuvre salariée demeurent une problématique pour la production de légumes bio en règle générale et où les besoins de mutualisation s’expriment sur le terrain, cinq fermes maraîchères du département d’Ille et Vilaine (35) avec un profil proche, se sont données comme objectif de construire un groupement d’employeurs. Cette initiative se situe sur les communes de Pleine Fougères, Sains, La Boussac, dans le nord du département, à proximité de la côte et à une soixantaine de kilomètres de Rennes, en milieu rural.
Christophe et Sophie étaient déjà en activité quand plusieurs nouveaux maraîchers se sont installés successivement à proximité suite à leur stage « 6 mois ». Motivés par la volonté de dynamiser le territoire au travers d’installations nouvelles, Christophe et Sophie les ont fortement appuyés dans leur démarche. Un réseau de fermes proches de 1 à 3 kilomètres se constitue alors. Une dynamique solidaire s’est mise en place peu à peu, avec du matériel en copropriété et l’instauration de chantiers collectifs (plantations, entretien de certains légumes). Tous partageaient ce même besoin de main d’œuvre expérimentée et souhaitaient participer à la pérennisation d’emplois. Incités par l’exemple d’un groupement d’employeurs d’éleveurs du secteur, ils se sont lancés en créant leur propre groupement. Une association les a accompagnés en les aidant à se poser les bonnes questions, à structurer leur projet et à identifier les aides financières. L’accompagnante s’est déplacée plusieurs fois sur le terrain.
Coopérer ensemble. Oui, mais comment ? A ce jour, le groupement est composé de cinq maraîchers bio, dont les profils et structures sont proches, tant en terme de systèmes de production que de gamme (celle-ci étant large), et de circuits de commercialisation. Ils se sont installés respectivement en 1999 pour le premier, puis en 2006, 2007, 2008 et 2010. L’organisation est cohérente et la question de l’ouverture à d’autres structures ne se pose pas aujourd’hui.
Ce qui est mutualisé Actuellement, le groupement d’employeurs embauche deux salariés temps plein en CDI. L’essentiel du temps de ces deux salariés est consacré à la production de plants pour l’ensemble des fermes impliquées : 95 % des besoins en plants maraîchers des fermes sont ainsi satisfaits. L’atelier se situe sur la ferme de Christophe et Sophie. Le reste du temps va se diviser en fonction des besoins de chacune des fermes. Par exemple, Jérôme, l’un des salariés, effectue chaque semaine 28 heures de travail rétribuées par l’ensemble du collectif pour
Objectif de la coopération : Δ Répondre à des besoins de main d’œuvre par une solution collective permettant de bénéficier de salariés expérimentés et de pérenniser des emplois locaux Δ Produire des plants maraîchers fermiers collectivement Les fermes impliquées : 5 fermes en maraîchage diversifiés aux profils et structures très proches Territoire: Commune de Pleine Fougère (35)
la production des plants et complétées par 9 heures sur la ferme de Christophe et Sophie, financées par ces derniers. Il y a aussi du temps salarié dédié à la commercialisation avec un roulement : une semaine sur cinq pour chaque maraîcher. Pour les autres besoins en main d’œuvre, chacun emploie en direct des saisonniers sous forme de Titre Emploi Simplifié Agricole (TESA).
Selon quelle gouvernance ? Concernant le statut juridique de ce groupement d’employeurs, les producteurs ont choisi une association loi 1901 et la gouvernance associée. Les producteurs se réunissent de façon formelle une fois par an, ainsi que sur deux jours complets en hiver pour organiser les commandes de graines, faire les plannings et prendre le temps d’échanger sur les variétés, les expériences et les connaissances. Question organisation et gestion des rôles de chacun, le trésorier, qui demeure un poste tournant, s’occupe de la rentrée des paiements en complémentarité avec la comptable de l’association qui prend en charge la gestion administrative des sala-
Le mensuel des Agrobiologistes de Bretagne | octobre 2014
riés : paies et déclaration des salaires, suivi des congés... Tous les maraîchers ont le même centre de gestion et la même comptable, ce qui facilite l’administration pour les membres du groupe. Les salariés étant très autonomes, il n’y a pas vraiment de responsable du management. De plus, l’organisation des semaines est bien rodée et fixe (jour de travail chez un producteur, jour de commercialisation, production des plants). Aujourd’hui, le coût du temps passé sur la production des plants est réparti équitablement entre les 5 associés. A l’avenir, il sera réparti au prorata du nombre de mottes prises par maraîcher.
Quels enseignements d’une telle expérience ? Les La production mutualisée de plants fermiers apporte sécurité et souplesse en règle générale ; étant réalisée sur la commune, cela ne nécessite que peu de déplacements pour aller les chercher. Ce groupement facilite également les remplacements pour les congés des agriculteurs et permet de proposer aux salariés un contrat à durée indéterminée, ,et ainsi de valoriser leurs compétences et expériences.
17
Beaucoup d’échanges découlent des rencontres, notamment sur le volet technique, et permettent d’acquérir plus rapidement de nouvelles compétences techniques et organisationnelles.
UNE EXPÉRIENCE « HUMAINE »...
La planification des cultures et des commandes de graines, nécessaire pour organiser collectivement la production de plants, aide les plus récents installés à trouver plus rapidement une structuration et une organisation cohérente.
Ce projet a pu se concrétiser notamment grâce un accompagnement expérimenté pour se poser les bonnes questions dès le départ et pour appuyer la rédaction du règlement intérieur, et à la connaissance des aides financières possibles.
D’un point de vue économique, l’atout majeur est le gain de temps. L’organisation collective permet de diminuer d’autres coûts, comme celui du terreau et des graines, de par les commandes groupées.
La réussite du groupement passe également par les bonnes relations entre les cinq fermes, par l’instauration d’une bonne communication au quotidien et par une organisation définie collectivement et compatible avec les besoins et attentes des différents associés.
Cette démarche participe également à créer plus de liens entre agriculteurs récemment et plus anciennement installés, les précurseurs ayant la volonté d’accompagner les installations sur le territoire. La distance entre les fermes et le « fonctionnement » des personnes, pourraient être les principales limites selon les maraîchers. Aucun frein juridique n’a été par contre rencontré pour la création de l’association.
A retenir AVANT
TOUT
Principaux points de vigilance pour des maraîchers qui souhaiteraient reproduire l’expérience : être capable de s’engager dès le départ sur des volumes de temps de travail suffisant pour le salarié, de les financer et d’effectuer les paiements dans les délais impartis.
Le mensuel des Agrobiologistes de Bretagne | octobre 2014
18
ALIMENTATION DES VACHEs laitières SAVOIR
D
Etienne cultive un mélange épeautreféverole Par François PINOT (Technicien production animale Agrobio 35)
evenu incontournable dans la ration des vaches et des génisses d'Etienne Legrand, le mélange épeautre féverole a la particularité d'être peu acidogène comparativement à d'autres mélanges céréaliers.
Chez Etienne Legrand dans la Manche, depuis maintenant 9 ans, les vaches et les génisses consomment un mélange d’épeautre et de féverole produit sur la ferme. Dans cette exploitation, ce mélange est devenu incontournable pour l’alimentation des animaux de par ses caractéristiques alimentaires. Et pour cause, ce mélange céréalier a pour particularité d’être beaucoup moins acidogène que d’autres mélanges céréaliers plus communs, ce qui lui permet d’être utilisé plus simplement en correcteur, ou bien en concentrés de productions pour les ruminants.
Semer avec une forte densité Le mélange utilisé au semis est en moyenne de 80 à 100 kg par hectare de féverole, et environ 100 kg d’épeautre (on parle ici du grand épeautre et non du petit). Ce mélange est complété par 25 kg d’avoine et 25 kg de triticale pour un total de 250 kg de semence par hectare. Etienne souligne qu’il ne faut pas hésiter à semer avec une forte densité à l’hectare, pour permettre une bonne couverture du sol, surtout si la récolte est tardive (cas de la Manche). Le triticale et l’avoine permettent de remonter la valeur énergétique ainsi que de favoriser la couverture du sol sans pour autant que cet assemblage céréalier ne deviennent trop acidogène. Car c’est bien pour son intérêt non acidogène que ce mélange est intéressant, l’épeautre étant l’une des seules céréales à paille qui n’engendre pas de phénomènes acidogènes, il se révèle donc très intéressant pour les ruminants. Le semis se fait à l’automne entre fin octobre et début décembre suivant les condi-
tions. « Il faudrait semer la féverole avant de réaliser le labour puis semer le reste des céréales après labour, de cette façon la féverole est protégée du froid, car plus en profondeur. Mais ici, vu la situation géographique de la ferme - peu de froid l’hiver, proximité de la mer -, le semis se fait en une seule fois au semoir à ergots - plus approprié qu’un semoir hélicoïdal », détaille Etienne. Rappelons que la pratique qui reste conseillée est bien la mise en place de la culture en deux temps avant et après labour. « Au niveau du désherbage, en général, il y a un passage de herse étrille, un passage de houe et un second passage de herse étrille ».
De 30 à 60 quintaux par hectare La récolte se fait autour de la mi-août, mais ce qui fixe la date de récolte c’est avant tout la maturité du mélange. « Il faut récolter une céréale sèche et mûre », nous explique Etienne, ce qui implique d’être très attentif au moment de la récolte. Celle-ci se fait de façon classique, quelques réglages sont parfois nécessaires sur la machine car pour l’épeautre ce sont les
épillets qui sont récoltés et non les grains. Au niveau des rendements, suivant les années et les terres, on peut aller de 30 à 60 quintaux par hectare. Les céréales avant d’être distribuées sont aplaties. « Sur l’exploitation, nous aplatissons avec un aplatisseur double rouleau, double entraînement. Dans l’idéal il faudrait un aplatisseur trois rouleaux pour avoir une meilleure efficacité et un travail plus homogène ».
Ses voisins l'ont adopté Le mélange céréalier est utilisé pour les vaches laitières ainsi que pour les génisses. « Pour mes vaches en début de lactation, je distribue ce mélange jusqu’à 3-4Kg par jour », indique Etienne. Il est intéressant car il est un bon compromis entre apport d’énergie et de protéines. Dans la ration, ce mélange peut aussi bien être utilisé comme correcteur que comme concentré de production suivant le fourrage avec lequel il est associé. De plus, il est peu acidogène, ce qui le rend plus intéressant que d’autres mélanges céréaliers plus classiques. Pour Etienne, cette culture est très efficace, pour preuve des voisins de tous horizons l’ont adopté.
Le mensuel des Agrobiologistes de Bretagne | octobre 2014
19
Lutte contre les adventices SAVOIR
P
Une écimeuse adaptée à partir d'un matériel viticole Par Régis LE MOINE (Conseiller spécialisé Grandes Cultures au GAB 22)
Un système hydraulique assure la rotation des lames.
roducteur bio à Lamballe, Michel Méheust s'est construit une écimeuse pour lutter contre les adventices envahissement tardivement des cultures.
Pour l’adapter à la lutte contre la folle avoine, Michel a déplié horizontalement les trois panneaux fixés au châssis. L’outil a ensuite été monté sur le relevage avant d’un tracteur équipé de pneus à voies étroites.
L’écimeuse est un outil équipé de lames, attelé sur le tracteur, qui sectionne en avançant les adventices qui dépassent au dessus de la culture en place. Michel Méheust utilise l’écimage sur des parcelles de céréales soumises à des envahissements tardifs d’adventices comme la folle avoine. C’est la dernière intervention de désherbage possible sur céréales. Concrètement, au stade épiaison de l’adventice, les lames de l’écimeuse sectionnent l’inflorescence des adventices avant qu’elles ne grainent et ne polluent le sol. Un premier passage est réalisé fin juin-début juillet. Un deuxième passage est réalisé selon les nouvelles levées avant la moisson, fin juillet-début août.
Comment régler l’outil ? Il faut veiller à trois points pour réussir l’intervention : Δ Disposer d’une hauteur de travail se rapprochant le plus possible de la culture implantée sans la toucher. Δ Avancer plus ou moins vite selon la densité des tiges à couper et de la hauteur entre adventices indésirables et culture implantée (plus la différence est grande, plus on avance rapidement). Δ Il faut que la tige de l’adventice soit suffisamment rigide. Des adventices trop souples auront pour effet des mauvaises herbes couchées et non coupées, qui reprendront leur croissance et leur caractère concurrentiel.
Une année problématique a lancé la réflexion Problématique des rotations où les céréales reviennent souvent, la folle avoine est une herbacée annuelle haute (qui peut mesurer
Chaque panneau accueille deux lames rotatives reliées en partie haute à une courroie entraînée par des boîtiers mécaniques, eux même animés par le système hydraulique du tracteur. « J’ai protégé les courroies dans des boîtiers pour éviter les bourrages au champ », précise-t-il.
de 50 cm à 150 cm) qui monte au dessus des cultures. Sa prolifération impacte le rendement de la céréale en pompant l’énergie des plantes. Extirper la racine par un travail du sol est peu envisageable car ces graines peuvent germer depuis une profondeur de 15 à 20 cm. Un pied de folle avoine mûr produit plusieurs dizaines de graines, qui, en tombant à terre au voisinage du pied mère vont entraîner une prolifération par « taches » de la plante. La lutte préventive passe par l’allongement de la rotation, en limitant par exemple les successions de cultures sensibles. Mais pour agir de manière curative, il faut l’écimer. En 2008, une partie des cultures de Michel est fortement envahie de folles avoines. L’écimage s’impose alors comme une solution. Il se lance dans une réflexion pour construire lui-même son écimeuse. Il acquiert une rogneuse d’occasion chez un viticulteur du vignoble nantais. La rogneuse est une machine agricole utilisée dans les vignobles. Fixée à l’avant ou à l’arrière d’un tracteur, elle assure une taille et un format des plantations dans les vergers et les vignes. Elle est dotée de lames pointues et dures qui éliminent les branches et les feuilles qui dépassent des arbustes afin que l’air et le soleil atteignent le reste du raisin.
Une première version qui en amène une autre La machine actuelle a une envergure de 3,3 mètres. Elle fonctionne bien mais elle comporte plusieurs limites : Δ Le débit de chantier est faible : il n’est que de 1,65 ha par heure. Ce qui n’est pas satisfaisant car Michel cultive une dizaine d'hectares de céréales chaque année, occasionnant un temps de travail trop important. Δ La faible envergure entraîne de nombreux allers retours au champ, qui vont abîmer les cultures. Michel a réuni les éléments pour passer à une envergure de 7,50 mètres, qui fera passer à un débit de chantier de 3,75 ha à l’heure. Il a récupéré de nouvelles lames d’écimeuses avec leurs moteurs. Il devra alors équiper le tracteur d’une alimentation en huile indépendante, car l’alimentation du tracteur seule ne suffira plus. Michel estime que la mise en place de la machine lui aura coûté 2000€. Une machine neuve coûte entre 6000 et 7000 €. Ce faible investissement est adapté à son utilisation ponctuelle de la technique selon le salissement des parcelles.
Le mensuel des Agrobiologistes de Bretagne | octobre 2014
LE POINT
20
MaÏs Pop
Bilan de deux années d'expérimentation Par Goulven MARÉCHAL (Chargé de mission à la FRAB)
L
e projet Maïs POP a permis de développer pendant 2 ans un réseau régional de sélection participative pour expérimenter et promouvoir la diversité des maïs populations en Bretagne. Ce projet porté par la FRAB, le CIVAM Adage35, le GAB29, le GAB56, le GAB22 et l’INRA SAD-Paysage s’est achevé en 2013. Une trentaine de paysans bretons ont expérimenté pendant 2 ans des maïs populations1 issus du Périgord. Au total, 13 populations différentes ont été expérimentées.
Protocole et mesures Chaque paysan engagé dans l’expérimentation a choisi ses semences en 2012 selon ses propres critères et sur la base de références constituées par Agrobio Périgord depuis une dizaine d’année. La surface minimale à semer a été estimée à 1000 m2, avec un isolement de 300 m avec d’autres parcelles de maïs, pour limiter les pollinisations croisées. Des conventions expérimentales ont été établies pour chacun des essais. Les paysans impliqués réalisent eux-mêmes la récolte manuelle d’au moins 600 épis sélectionnés pour la semence. Cette sélection se fait selon les critères de chacun. Un des
objectifs majeurs était de mesurer l’adaptation des maïs population au terroir breton mais aussi aux pratiques des paysans. Plusieurs observations ont été faites :
des feuilles (2013) par l’INRA
Δ Un suivi à la parcelle par les producteurs (2012-2013)
Δ Des analyses grains avec le laboratoire de Combourg (2012-2013)
Δ La précocité des maïs : elle a été approchée par les besoins en degrés-jours entre le semis et la fin de la floraison. La somme de températures est calculée depuis la date du semis jusqu’à la date de la fin de la floraison mâle. Les températures journalières de chaque ferme sont estimées par les données de la station météorologique la plus proche.
Δ Une étude comparative sur les symbioses mycorhiziennes et une étude sur la corrélation entre le taux de protéine et la couleur
Δ Le taux de protéines : les essais menés dans le Périgord de 2002 à 2010 montrent que les maïs populations ont une teneur en
Δ Des analyses fourrages avec le laboratoire de Combourg (2012-2013)
Deux critères ont plus particulièrement été observés :
Analyse des grains : Taux de protéines moyen (g/kg MS) par population sur les 2 ans
Le mensuel des Agrobiologistes de Bretagne | octobre 2014
protéines supérieure aux maïs hybrides2, ce qui se traduit par un rapport amidon/protéines plus équilibré. Ces essais ont aussi montré que les protéines sont corrélés avec la précocité: plus les populations étaient précoces, plus elles étaient riches en protéines.
Bilan des 2 ans Les caractéristiques suivantes ressortent des 2 ans d’expérimentation pour les populations testées : Δ ÉVOLUTION DE LA PRÉCOCITÉ : les besoins en degrés-jours des maïs population en 2013 sont toujours inférieurs aux valeurs de 2012. Toutes variétés confondues, on obtient des valeurs moyennes de 1 039 ± 64 degrésjours en 2012, et de 863 ± 79 degrés-jours en 2013 (la valeur après le signe ± correspond à l’écart-type). Cette différence est statistiquement significative3. Elle ne semble pas due aux conditions météo de l’année, plutôt médiocres. Il semblerait donc que l’adaptation des plantes, voire leur sélection pour les paysans engagés depuis plus longtemps, ait été efficace. Δ VIGUEUR ET HAUTEUR : la vigueur des maïs population ressort comme assez ho-
mogène (notée en moyenne 3/5 par les paysans). La hauteur moyenne de ces maïs est d’environ 2,5m Δ VERSE : la verse sur les maïs a été inférieure ou égale à 20%, mais ce taux est très variable selon les années, les variétés et même les individus au sein des variétés. La sélection peut jouer sur ce critère, à terme, mais aussi la précocité, pour avancer la date de récolte. Δ MALADIES ET RAVAGEURS : peu de problèmes de char bon ont été signalés (moins de 5% des pieds attaqués) mais ce sont surtout les animaux sauvages et les corbeaux en particulier qui ont posé des problèmes. Plusieurs abandons de producteurs sont dus aux ravageurs. Δ ANALYSES DE GRAIN : les taux de protéines pour les grains de maïs populations ressortent comme significativement supérieur aux tables, ainsi que leurs taux de cellulose. Les taux de matière grasse et les valeurs énergétiques sont par contre plus faibles. Pour les taux de protéines, la dispersion des valeurs autour de la moyenne est plus faible en 2013 qu’en 2012. Les populations auraient
21
ainsi tendance à se stabiliser, sous l’effet de l’adaptation et de la sélection. Δ ANALYSES DE FOURRAGES : les 2 années d’expérimentation ont permis relativement peu de passages en conditions plein champ. Les résultats des analyses de fourrage sont donc à manier avec précaution car ils concernent peu d’échantillons. Là aussi, les taux de MAT et les PDI sont significativement supérieurs aux références (valeurs table INRA pour 25% et 30% de matière sèche) tandis que les UFL sont majoritairement inférieurs aux références. Δ MYCORHIZES : la symbiose mycorhizienne est l’association entre une plante et un champignon. Nous avons émis l’hypothèse qu’elle peut traduire la capacité des maïs à s’intégrer dans leur environnement et à optimiser ses capacités. Les premières observations sur racines n’ont cependant pas permis de dégager de résultats : elles montrent d’importantes disparités des mycorhizes en fonction du lieu d’implantation des maïs population. Des analyses plus fines sont en cours, sur la nature de ces mycorhizes chez les maïs hybrides et populations.
Le mensuel des Agrobiologistes de Bretagne | octobre 2014
Δ COULEUR DES FEUILLES : l’hypothèse d’une corrélation entre la couleur des feuilles au champ et le taux de protéines des plantes permettrait de pouvoir sélectionner, au champ, des plantes riches en protéines. Une première étude a été menée par un stagiaire de l’INRA en 2013 mais, aucun lien n’a pu être établi entre la couleur des feuilles et le taux de protéines des pieds de maïs. Mais cela reste à creuser car l’intensité de la couleur n’a pas encore été étudiée.
En conclusion ? En conclusion de ces 2 années d’essai, on peut supposer que les maïs population ont bien commencé à s’adapter au territoire breton et que leur sélection les années précédentes a été efficace. Quelques caractéristiques communes ressortent, comme leurs taux de protéines plus
élevés ou leurs taux de glucides plus faibles. Ces résultats nécessitent d’être pondérés par les rendements potentiels des maïs population et il faut aussi rappeler que nous manquons encore de données sur l’utilisation ensilage. La possibilité de production d’un maïs plus équilibré sur les fermes reste une perspective intéressante pour les éleveurs. Un projet à ce sujet a été proposé dans le cadre du plan « autonomie protéique » des régions Bretagne et Pays de la Loire, avec des groupements partenaires GAB et CIVAM des Pays de la Loire. S’il est validé, ce projet permettra d’étudier plus précisément la question de la qualité nutritionnelle des maïs population pour l’alimentation animale : quelle plus-value par rapport aux maïs hybrides ? quels impacts sur les animaux ou sur la qualité du lait ?... Des fiches descriptives ont été également
22
faites pour les différentes populations testées en Bretagne. Il apparaît cependant nécessaire de sortir de la logique variétale habituelle pour analyser les maïs population : une même population se différencie très rapidement d’un lieu à un autre et d’un producteur « expérimentateur » à un autre. Chaque paysan constitue ainsi une population et des données uniques, propres à sa ferme et ses objectifs. La reconquête de l’autonomie des fermes passe aussi par là…
1 - variétés ni stables, ni homogènes mais possédant des caractéristiques communes 2 - 8,9% de protéines contre 7,3% en moyenne pour des variétés hybrides (avec des taux allant de 7% à 11,3% chez les maïs populations) 3 - D’après un test de Student.
Le mensuel des Agrobiologistes de Bretagne | octobre 2014
LES
23
LE
R ec h e rc h e E m p l o i Recherche travail - Trois personnes à la recherche de travaux agricoles. Disponible de la fin septembre jusqu'à la fin de l'année. Expérience du secteur pour les trois. Contact.
corre.arnaud.1@gmail.com
a s s o c i é « En Loire Atlantique, près de NANTES, GAEC avec 4 associés non familiaux recherche un(e) candidat(e) à l’installation pour préparer le départ en retraite de l’un des associés. Ferme en système herbager autonome, 250 ha groupés, en production laitière bio depuis 22 ans, quota 680 000 litres, manège de traite, séchage du foin en grange, 30 ha de céréales et 220 ha de pairies ; la Mise aux normes est faite. Montant de la reprise 52 500 EUR. Période de salariat avant installation. Secteur dynamique disposant de tous les services, à 25 km de NANTES. Contacts mail
Tel :
02 40 77 63 91 gaec4saison@orange.fr
Fo urr ag es Vend foin bio, très bonne qualité ; 100 €/ tonne, possibilité de livraison sur Squiffiec (22) Contact. Anais LE QUERE 06 62 49 55 58
a vendre C é r é a l e s Mat é r i e l Vend herse étrille 6 mètres Carré. Année 2011, état neuf. Visible dans les Côtes d'Armor. Contact.
06
41
80
78
48
VEND SON de Blé biologique par Big-Bag – secteur sud Rennes Paul et Chantal SIMONNEAUX FERME de la ROCHERAIE - 35150 CORPS-NUDS 02 99 44 00 66
ABONNEZ-VOUS ! Nom Prénom Adresse Code postal Commune Tél. Profession Renvoyez le bulletin accompagné d'un règlement par chèque à l'ordre de : FRAB, 17 rue du Bas Village - CS 37725 35 577 Cesson-Sévigné cedex
w w w . a g robio breta g ne . or g Votre Petite annonce
Δ Je m’abonne pour un an (11 numéros) Je suis adhérent(e) d’un GAB : 25 € Je m’abonne au tarif normal : 45€ Abonnement et Petites annonces sur: www.agrobio-bretagne.org
Tarif : 5 euros Nom Prénom Annonce Adresse Tél. Mail Renvoyez le bulletin accompagné d'un règlement par chèque à l'ordre de : FRAB, 17 rue du Bas Village - CS 37725 35 577 Cesson-Sévigné cedex
un réseau, des valeurs, des hommes
Soyons acteurs du développement d'une bio cohérente, dynamique et ambitieuse Pour adhérer
02 99 77 09 47
02 96 74 75 65
02 98 25 80 33
02 97 66 32 62
www.agrobio-bretagne.org