HISTOIRE & PATRIMOINE ASSOCIATION PRÉHISTORIQUE ET HIS TORIQUE DE LA RÉGION NAZAIRIENNE
L’histoire locale de la Région Nazairienne et de la Presqu’île Guérandaise
Hors-série
Patrick Pauvert
Images de Saint-Nazaire pendant la Grande Guerre
A.P. H.R.N - Hors-série n°4 - octobre 2015 - 7 €
En 1914, sur les quais du port de Saint-Nazaire, près de l’ancienne usine élévatoire de l’entrée est, des soldats anglais viennent de charger du matériel, et des subsistances, sur des voitures tirées par des chevaux.
V
Éditorial
oici une revue qui ne manquera pas d’attirer l’attention des lecteurs. Les illustrations de ce hors-série sont extraites de l’abondante collection de cartes postales, et de photos, de l’auteur, Patrick Pauvert. Ces photos d’époque sont prises sur le vif. On peut constater qu’il s’agit toujours de la même population, remarquer certaines ressemblances, reconnaître des hommes qui ne portent pas « sur leur front cette mâle assurance », mais, plutôt l’assurance qu’ils feront leur devoir, ces civils soustraits à leurs familles, à leurs professions, uniforme militaire endossé, pour défendre leur patrie, effectivement en danger. Les rares « objecteurs de conscience », selon l’expression actuelle, étaient vilipendés par la foule de cette époque. Certains, parmi nos contemporains, petits-enfants, le plus souvent arrière-petits-enfants, retrouveront, parfois, un ancêtre sur ces photos, ou se souviendront d’un récit oublié depuis l’enfance. Lorsqu’on voit, à l’écran, défiler des soldats de 14-18, ou sortir des tranchées, ou ramenés parmi les blessés, longtemps après, leurs descendants scrutent l’image, guettant un visage disparu. Les lignes intitulées « Les premiers blessés arrivent à Saint-Nazaire » sont parlantes. Les hôpitaux militaires se multiplient sur tout le territoire, les moyens médicaux sont encore faibles. Qu’on soit Nazairiens, ou pas, le présent numéro hors-série est impressionnant. Il rappelle que toutes les villes, le moindre village, toutes les familles, ont été atteintes par cette Grande Guerre. Ce fut un raz-demarée incontrôlable, déclenché par la mort. Ces documents authentiques captiveront beaucoup d’entre nous. L’histoire nazairienne défile sous nos yeux : les noms des rues dont on ne connaissait pas forcément l’origine trouvent leur identité. Saint Nazaire, base n° 1 pour le débarquement des troupes américaines, souligne l’importance de la ville et de son port. On a oublié le rôle qu’avait encore la race chevaline, les chiffres nous le rappellent. Pour les chevaux aussi, cette guerre fut un enfer. Tous les aspects de ce premier conflit mondial sont évoqués, ses conséquences économiques et humaines, dont celles qui perdurent actuellement. Ce hors-série passionnera tous ceux qui sont à la recherche de témoignages. Qui, dans son enfance, a entendu raconter le tocsin, le jour de la déclaration de guerre, s’en souvient, de même pour les carillons du 11 novembre 1918, avec, mêlé à l’enthousiasme général, le regret de tant de vies. Cela ne s’oublie pas.
Christiane Marchocki Présidente de l’APHRN
Ci-dessus : En 1917, groupe de marins américains, près de l’entrée sud du port de Saint-Nazaire. Première de couverture : À Saint-Nazaire, des soldats américains choisissent des cartes postales, devant la librairie du Dolmen, rue de Nantes.
Histoire & Patrimoine - Hors-série n° 4 — octobre 2015
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A . P. H . R . N
Association Préhistorique et Historique de la Région Nazairienne
Agora (case n° 4) 2 bis avenue Albert de Mun - 44600 Saint-Nazaire aphrn.asso@gmail.com - http://aphrn.fr.nf - Tél. 06 62 58 17 40 HISTOIRE & PATRIMOINE Hors-série n° 4 - octobre 2015 Editeur : A.P.H.R.N Directrice de la publication : Christiane Marchocki Maquette/Mise en page : Tanguy Sénéchal Impression : Pixartprinting Dépôt légal : 3e trimestre 2015 N° ISSN : 2274-8709 Revue consultable aux Archives de Loire-Atlantique sous la cote Per 145
Sommaire 5 6 7 8 11 12 14 15 19 21 25 31 32 33 35 36 38 2
La guerre est déclarée Les premiers blessés arrivent à Saint-Nazaire 2000 étrangers, et 3000 hommes du 147e régiment d’infanterie L’armée anglaise débarque, les prisonniers allemands embarquent... Les premiers Nazairiens tués L’aide aux victimes de la guerre Le port et les besoins de la défense nationale Les prisonniers allemands Les chantiers navals poursuivent leur activité Les Américains débarquent... Saint-Nazaire, base n° 1 Les équipements et le problème de l’eau potable Les prix flambent... Saint-Nazaire vit à l’américaine Saint-Nazaire adopte deux villes dévastées, et l’armistice est signé Deux monuments aux morts sont érigés Le monument américain
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Images de Saint-Nazaire pendant la Grande Guerre Patrick Pauvert
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Images de Saint-Nazaire pendant la Grande Guerre Patrick Pauvert
Parmi toutes les villes de l’arrière, Saint-Nazaire va jouer un rôle essentiel pendant le conflit de 14-18. La situation, et l’attractivité, de son port vont retenir, dès le début de la guerre, l’attention des autorités, civiles et militaires. Durant ces quatre années, la ville va connaître une activité intense, et apporter, globalement, une importante contribution à l’effort de guerre.
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L
e 1er août 1914, le gouvernement français décrète la mobilisation générale. Immédiatement, le maire Louis Brichaux fait placarder la proclamation suivante :
À la population nazairienne « Mes chers concitoyens » Le décret de mobilisation générale de l’armée française vient de paraître. Tous les hommes susceptibles de rejoindre leur corps sont priés de prendre connaissance des affiches qui sont apposées sur les murs. À l’heure où chacun tient à remplir son devoir civique, le calme et le sang-froid s’imposent. La municipalité prendra toutes les dispositions utiles pour mettre à l’abri du besoin les femmes, les enfants et les familles nécessiteuses. Le bureau de bienfaisance, les cantines scolaires, les fourneaux municipaux vont fonctionner dans des conditions qui seront indiquées à la population. Que durant les premiers jours, les familles s’aident entre elles, et nous signalent les situations auxquelles il est urgent de remédier.
Le 64e régiment d’infanterie dans la cour de la caserne de La Briandais, à Saint-Nazaire
Haut les cœurs ! Mes chers concitoyens. Vive la France ! Le port est immédiatement placé sous l’autorité d’officiers supérieurs. Le casino de Saint-Nazaire est reconverti en hôpital provisoire, pour les blessés.
1914 La guerre est déclarée Le 4 août, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Le conseil municipal se réunit ce même jour. La séance prend fin sur cette exhortation du maire : « Et maintenant mes chers collègues, je
vous convie à oublier nos divisions passées, à considérer que, les uns et les autres, nous sommes français avant tout, et à lever la séance au cri de « Vive la France ! » Louis Brichaux, maire de Saint-Nazaire, de 1909 à 1919.
Ce cri est répété par toute l’assistance. Ce même 4 août, le bataillon du 64e régiment d’infanterie, composant la
garnison de Saint-Nazaire (500 hommes), quitte la caserne de la Briandais pour se rendre au front. Il part, couvert de fleurs, salué par des vivats répétés, enthousiastes. En toute hâte, les hôpitaux temporaires s’organisent. Dès le 5 août, une partie des locaux du collège des garçons, ainsi que l’école Saint-Joseph et l’école des filles de la rue du Bois-Savary, sont prêts à recevoir les blessés. Près de 20 hôpitaux sont disponibles.
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Un moment de détente pour les prisonniers : le jeu de cartes.
Le dortoir du camp.
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1916 Les chantiers navals poursuivent leur activité Aux séances du conseil municipal de l’année 1916, le maire annonce 288 Nazairiens morts dans les combats. Le 12 septembre 1916, les Chantiers de Penhoët lancent le Paris, le plus grand paquebot français avec ses 235 m de longueur (plus long que le France, lancé en 1910, qui ne faisait que 218 m). Le Paris quittera Saint-Nazaire le 5 juin 1921 et brûlera, au Havre, le 18 avril 1939. Est achevé, également, le cuirassé Lorraine (lancé le 30 septembre 1913 en présence du ministre de la Marine, Pierre Baudin), mais, pour ce navire de guerre de la Marine nationale, le départ est tenu secret. Lancement du cuirassé Lorraine. Lancement du paquebot Paris, aux chantiers de Penhoët.
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La population s’est massée autour de l’entrée sud du port, pour assiter à l’arrivée des navires américains, chargés de troupes.
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1917 Les Américains débarquent... 1917 : 178 morts sont annoncés aux séances du conseil municipal. Près du casino, en avril 1917, un dépôt de chevaux étrangers reçoit 160 000 chevaux, transportés par des navires en provenance des États-Unis.
Le 6 avril 1917, les États-Unis entrent en guerre. Aussitôt, le problème du choix des ports de débarquement se pose. Bordeaux, Brest, Saint-Nazaire… Chaque municipalité vante son port et fait des démarches auprès des autorités françaises et américaines. Louis Brichaux demande à Paul Bellamy, le maire de Nantes de s’associer aux démarches.
C’est le 20 mai 1917, en présence d’une mission de journalistes américains, venus visiter la ville, qu’il est très positivement question de faire de Saint-Nazaire la base principale de l’armée américaine. À la date du 15 juin, Louis Brichaux est en mesure d’annoncer que Saint-Nazaire a été choisi comme base n° 1 pour le débarquement de leurs troupes.
Les premières baraques en construction, au camp n° 1, au « Bois Guimard » (Plaisance).
Une vue du camp n° 1, en voie d’achèvement. Histoire & Patrimoine - Hors-série n° 4 — octobre 2015
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Présidente d’honneur Jacqueline Guériff Présidente Christiane Marchocki Vice-présidente Geneviève Terrien Trésorière Annick Montassier Secrétaire général (qui cumule les fonctions de contrôleur aux comptes)
Tanguy Sénéchal Secrétaire adjointe Jocelyne Le Borgne Conseillère (Responsable des sorties) Nicole Bonnaud Conseiller Jean-Pierre Coquard Conseiller André Dubreuil Conseiller Josick Lancien
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Illustration : En 1914, navire de transport anglais, à quai à Saint-Nazaire.
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En 1917, quelques soldats américains, autour du side-car d’un officier. Au fond, d’autres soldats chargent du matériel sur un train, qui quittera Saint-Nazaire pour le front.
Impression Pixartprinting - Réalisation Tanguy Sénéchal
Georges Éveillard - Journée des Nazairiens au Front et en Captivité (15 août 1915) - « Un combat acharné »
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