HISTOIRE & PATRIMOINE RÉGION
NAZAIRIENNE
PRESQU’ÎLE GUÉRANDAISE
L’histoire locale de la Région Nazairienne et de la Presqu’île Guérandaise
Les Américains à Saint-Nazaire 1917-1918 vus par
Jean-Émile Laboureur Phares et sémaphores de Saint-Nazaire Saint-Nazaire et ses statues Théatre et chansons (1950), à Saint-Nazaire Monseigneur au village, à Mayun
La Baule-Paris-La Baule, à vélo, en 1979 Les fameuses huîtres de Mesquer A.P. H.R.N - n° 89 - avril 2017 - 10 €
Phare d’Aiguillon, à Saint-Nazaire, plus connu sous le nom de « Phare de l’Ève », construit en 1756, avant son remaniement, en 1906 (Tour, de 20 m 50, ramenée à 12 m) - Collection Patrick Pauvert
A
Éditorial
vec le présent numéro, les amateurs de textes variés seront, une nouvelle fois, satisfaits. Les deux guerres mondiales, auxquelles le port de Saint-Nazaire a été confronté, sont évoquées. Il existe différentes visions, différents évènements. L’histoire est rapportée sous des angles parfois inattendus. L’aspect artistique n’est pas oublié. L’art, quel qu’il soit, est la mémoire des hommes. Jean-Émile Laboureur nous a laissé des gravures, véritables témoins de la vie à Saint-Nazaire en 1917, celle des civils et celle des militaires américains arrivés en renfort. Hommage est fait à Arsène Hervy, capitaine au long cours, embarqué second capitaine, officier de tir sur le vapeur Guyane, qui a coulé un sous-marin allemand, le 22 janvier 1917. Bien que loué et décoré, il n’en a jamais parlé à ses proches. Hommage, aussi, à Hubert Caldecott, jeune résistant nazairien, fusillé en octobre 1941. Il comptait parmi les 50 otages exécutés en représailles, après que le commandant allemand Karl Hotz ait été abattu à Nantes. La paix revenue, la vie reprend de plus belle, vie souvent exubérante. On fréquente les bals populaires, mais aussi le théâtre. Non contents d’assister aux spectacles, on monte sur les planches. Dans la région nazairienne, les comédiens amateurs enthousiastes sont nombreux. Sur un autre ton, avec la même ferveur, on se rassemble aussi, avantguerre, autour de l’évêque de Nantes, en visite à Mayun, en 1938. Les fêtes religieuses de l’époque étaient belles et grandioses. Quittons les périodes perturbées et posons-nous un moment devant les statues érigées à Saint-Nazaire, écoutons leur histoire, racontée avec verve et esprit. Deux noms de lieux, qui, à priori, n’ont rien de commun : Chelsea, quartier huppé, situé à l’ouest de Londres, et, modestement, Savenay. Ils sont, pourtant, associés, en trait d’union. Lisez. Vous aimez le sport et les voyages ? Enfourchez votre vélo, en compagnie de vos amis, prenez la direction La Baule, Paris, La Baule, en aller et retour, pour un évènement nazairien et baulois. À la fin de l’épreuve, les profanes auront une idée plus précise de l’ambiance sportive cycliste. Les ports ont des phares. Saint-Nazaire est un port, donc Saint-Nazaire a des phares, et des sémaphores. Ils sont recensés et décrits, dans ce numéro. Notre aumônier breton n’a toujours pas terminé sa mission. Désormais, nous connaissons son nom. Son journal a été trouvé parmi les papiers de famille, conservés par l’un de mes oncles paternels à Vannes. Je ne désespère pas de savoir comment ce manuscrit est parvenu jusqu’ici. Pour finir, cela vous tente, des huîtres ? Celles de Mesquer sont délicieuses. Leur histoire est telle qu’elles sont même le sujet d’une thèse. Enfin, dans les dernières pages, laissez-vous emporter par un héron. Il vous enlève, au-dessus de la Brière, vers l’imaginaire... Christiane Marchocki Présidente de l’APHRN
1e page de couverture : « L’entrée du port » (Saint-Nazaire), burin de Jean-Émile Laboureur, 1917. (Collection Écomusée, Saint-Nazaire)
Histoire & Patrimoine - n° 89 — avril 2017
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A . P. H . R . N
Association Préhistorique et Historique de la Région Nazairienne
Agora (case n° 4) 2 bis avenue Albert de Mun - 44600 Saint-Nazaire aphrn.asso@gmail.com - http://aphrn.fr - Tél. 06 62 58 17 40 HISTOIRE & PATRIMOINE n° 89 - avril 2017 Editeur : A.P.H.R.N Directrice de la publication : Christiane Marchocki Maquette/Mise en page : Tanguy Sénéchal Impression : Pixartprinting Dépôt légal : 2ème trimestre 2017 N° ISSN : 2116-8415 Revue consultable aux Archives de Loire-Atlantique sous la cote Per 145
Contribuez à la revue HISTOIRE & PATRIMOINE Vous vous intéressez à l’histoire, et, en particulier, à l’histoire de notre région ? Vous souhaitez apporter votre témoignage sur une époque, aujourd’hui révolue ? Vous possédez des documents, ou objets, anciens (écrits, photos, dessins, peintures, tableaux, sculptures, objets divers), qui pourraient faire l’objet d’une publication ? Vous aimez écrire, raconter, transmettre, ce qui vous intéresse, ou vous tient à coeur, et qui a trait à l’histoire locale ? L’APHRN vous propose de publier vos écrits, ou documents, ou de transcrire vos témoignages, dans la revue HISTOIRE & PATRIMOINE. Téléphonez-nous, au 06 62 58 17 40, ou écrivez-nous, à l’adresse ci-dessous, ou, tout simplement, adressez-nous, directement, votre texte, sous forme numérique. Vos propositions seront examinées avec la plus grande attention et soumises au conseil de direction de l’APHRN, qui vous répondra dans un délai d’un mois, maximum. Adresse électronique : aphrn.asso@gmail.com - Adresse postale : APHRN – Agora (case n° 4) – 2 bis av. Albert de Mun - 44600 Saint-Nazaire
Abonnez-vous à la revue HISTOIRE & PATRIMOINE Un abonnement à la revue HISTOIRE & PATRIMOINE, c’est l’histoire de la région nazairienne/guérandaise, tous les trois mois, dans votre boîte aux lettres, pendant les trois premiers trimestres de l’année, en janvier, avril et juillet (votre abonnement vous permet, de plus, de bénéficier d’un tarif préférentiel sur les numéros hors-série, qui paraissent à l’automne). C’est l’histoire locale, dans toute sa diversité, écrite, à la fois, par des historiens professionnels, connus et reconnus, et par des amateurs éclairés, dans la tradition des publications de notre association, depuis sa création, par Fernand Guériff, il y a 48 ans. C’est, aussi, un support en constante évolution, d’un graphisme soigné, richement illustré, composé de près de cent pages à chaque livraison. Nous vous proposons cet abonnement avec une réduction de 10 % par rapport au prix public, frais de port compris (trois numéros par an, parution en janvier, avril et juillet).
ff abonnement ..... 27 €/an
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SOMMAIRE HISTOIRE & PATRIMOINE n° 89 — avril 2017
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Éditorial
Christiane Marchocki
Jean-Émile Laboureur et les Américains à Saint-Nazaire en 1917-1918 Daniel Sicard
P. 48
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Les phares et sémaphores de Saint-Nazaire
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Théâtre et chansons dans les années 1950, avec l’U.M.P
40
Saint-Nazaire et ses statues
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Patrick Pauvert
Daniel Sauvaget Loup
Hubert Caldecott
Un jeune résistant nazairien fusillé en représailles, en octobre 1941 Marie Lenoir
P. 51
51
Un sous-marin allemand envoyé par le fond L’exploit d’Arsène Hervy en 1917 Madeleine Jégu
54
Le château de Savenay, à Chelsea Claude Thoméré
Monseigneur au village
66 Le 24 avril 1938, Jean-Joseph Villepelet, évêque de Nantes, visite le
village de Mayun, à La Chapelle-des-Marais
P. 54
Marcel Belliot 74
La Baule - Paris - La Baule, à vélo avec le Vélo Club Nazairien - 1979 Paul Correc
80
Les fameuses huîtres de Mesquer
De la naissance de l’ostréiculture 1860-1960 Jocelyne Le Borgne
P. 88
88
Journal d'un aumônier breton - 1850 (20e partie)
Christiane Marchocki L'HISTOIRE ET L'IMAGINAIRE 93 93 - La Pierre du Héron - Adeline Roussel
CA SE PASSE AUJOURD’HUI 96 96 - La tête de l’emploi de Gérard Uginet P. 93
À LIVRE OUVERT 98 98 - Les tribulations d’une prof (S. Massonnaud-Herbouiller) - Christiane Marchocki 99 - Le Passé Composé et l’Imparfait (Gérard Kirion) - Christiane Marchocki 100 L’ASSOCIATION
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Jean-Émile Laboureur
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et les Américains en 1917 à Saint-Nazaire et 1918 Daniel Sicard
J.-E. Laboureur est né le 16 août 1877 à Nantes. Jusqu’en 1895, il fait toute sa scolarité à Nantes. Entre 1903 et 1910, il effectue des voyages et des séjours à l’étranger, dont les ÉtatsUnis d’Amérique. Ce pays l’a fortement marqué, où il découvre toutes les variantes de la civilisation américaine.
L’artiste, guide interprète auprès des militaires américains
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n 1911, il se fixe à Paris. Au début de la Première Guerre mondiale, il est affecté comme interprète auprès de troupes britanniques sur le front. En 1917, épuisé par les conditions de vie du front, il réussit à se faire affecter à Saint-Nazaire auprès des troupes militaires américaines qui viennent d’arriver dans ce port. Il a alors 40 ans. Il réside un peu plus d’une année entre 1917 et 1918 à Saint-Nazaire. Sa fonction est alors de recevoir les soldats américains et de les orienter dans les différents points militaires de Saint-Nazaire. « Not only as interpreter, but as guide ». Histoire & Patrimoine - n° 89 — avril 2017
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Les phares et sémaphores
de Saint-Nazaire Patrick Pauvert
Au début du XIXe siècle, Saint-Nazaire est une commune de 3 300 habitants qui, depuis trois siècles, n’a subi aucun développement. Plus de deux tiers des habitants vivent de la terre, de la vigne, du sel ou de la tourbe. Les gens pêchent, aussi, pour manger.
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Le reste des habitants, environ 800, vivent sur ce qu’on appelle « Le Rocher », ce promontoire granitique en forme de presqu’île. Une situation remarquable, en saillie très avancée sur la rive droite de l’embouchure.
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Théâtre et chansons
dans les années 1950 avec l’U.M.P Daniel Sauvaget
Au cours des vingt années qui ont suivi la guerre, le théâtre amateur a connu partout en France une intense activité. De grandes associations d’éducation populaire ont organisé des confrontations, festivals ou concours, et multiplié les propositions : constitution de répertoires accessibles aux non-professionnels, diffusion de publications spécialisées, stages de formation d’animateurs..
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es échanges étaient nombreux dans chaque région entre ces troupes nées spontanément à l’initiative de quelques passionnés, dans le cadre d’associations polyvalentes ou en groupements amateurs spécialisés. Le théâtre amateur était déjà très vivant avant la guerre à Saint-Nazaire, avec en particulier l’Université populaire et l’Union Méan-Penhoët. Les spectacles étaient très suivis par un public qui, alors, avait accès à moins d’offres de loisirs que de nos jours. Au lendemain de la guerre, le besoin de fêtes et d’animations a vite fait renaître ces activités. Le groupe théâtral de l’Union Méan-Penhoët, sans constituer un cas unique, a été un des plus actifs jusqu’à la fin des années 1950.
L’Union Méan-Penhoët
L’Union Méan-Penhoët est cette grande association de quartier fondée dans les quartiers ouvriers de la ville en 1920 à partir des activités de trois associations, dont deux
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amicales nées autour des écoles publiques. Association militante, patronage organisant les loisirs1 et mouvement d’éducation populaire, l’UMP a développé de nombreuses activités dont l’audience et la durée de vie ont beaucoup varié : gymnastique, tir, musique, théâtre, football (activités qui apparaissent dès les années 1920), puis haltérophilie, boxe, école de musique et de solfège, cinéma, basket-ball, tennis de table, aéromodélisme2… Dans les années 1930, son Groupe artistique proposait régulièrement des spectacles, dont une populaire revue consacrée avec humour à la 1 - Une histoire détaillée de l’Union Méan-Penhoët des origines à la guerre de 1939 (avec quelques informations postérieures) figure dans l’ouvrage Voyage à travers l’espace-temps de Méan-Penhoët publié par la maison de quartier Le Chantilly en 1995. Francis Balot et William Barbaro, deux participants actifs du groupe théâtral de l’U.M.P. ont participé à cet ouvrage. 2 - Les sections sportives et culturelles sont nombreuses et bien fournies dans les années 1950 (une douzaine en 1956). En 2016, l’UMP compte encore cinq sections : football, gymnastique, tennis de table, pétanque et musculation.
chronique locale, avec textes élaborés par les membres de la troupe sur des airs connus. En ville, l’Université populaire de Saint-Nazaire fondée en 1925 par Pierre Norange3, avait développé une activité théâtrale plus spécialisée sous la direction de Gaston Dauneau (père) avec notamment Poil de carotte et La Bigote de Jules Renard, La Petite chocolatière de Paul Gavault, Paul et Virginie d’après Bernardin de Saint-Pierre, un répertoire allant des Temps nouveaux de Romain Rolland à L’Asile de nuit du spécialiste du Grand Guignol Max Maurey. Une collaboration s’était instaurée avec l’UMP, comme le rappelle Pierre Norange dans un article de 19524 où il évoque l’UMP comme une « formation sœur ». Plusieurs comédiens amateurs ont d’ailleurs fait partie des deux groupes avant la guerre.
3 - Cf. Pierre Norange. Université Inter-âges de Saint-Nazaire, 2015. 4 - Dans Le Populaire du 8 août 1952. Pierre Norange mentionne les pièces jouées dans les années 1930, pièces de boulevard et textes de Mirbeau ou Jules Renard.
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Saint-Nazaire et ses statues Loup
La ville de Saint-Nazaire s’est vue confier par l’État, au cours des trois premières décennies du XXe siècle, plusieurs sculptures à disposer sur ses voies publiques et dans ses espaces verts. Plusieurs ont été vandalisées ou détruites, mais certaines existent toujours et demeurent la propriété de l’État, par l’intermédiaire de l’actuel Centre national des arts plastiques (CNAP).
Le monument de 1870
À
la croisée des rues (Georges de) Villebois Mareuil, de Santander et du boulevard du président Wilson, se trouve une statue dont peu de Nazairiens savent à quoi elle correspond. En 1909, on s’aperçut que la ville de Saint-Nazaire était l’une des rares municipalités d’importance ne disposant pas d’un monument à la mémoire des soldats morts durant les combats de la guerre de 1870. Ce n’était pas rare, attendu que cette guerre avait été perdue par la France, que l’on préféra ne pas en parler durant plusieurs décennies. Saint-Nazaire étant une ville bretonne qui brassait une population venant de toutes les provinces de Bretagne, le souvenir du camp Conlie et la manière dont Gambetta traita les Bretons, faisait que toute allusion était mal venue. Cependant, en 1909 la politique française était de rendre hommage aux morts de 1870 et d’aller dans le sens des revendications populaires et nationalistes au sujet de l’Alsace et du nord de la Lorraine. Un comité
d’érection, composé de monsieur Renaud, président des vétérans, du commandant Gaté, du capitaine des pompiers Sorel, et du commissaire central Parisot de Sainte-Marie, fit son choix parmi les statues mises à disposition par l’État au fond des Beaux-Arts. Ils choisirent un bronze fort beau du sculpteur René-Philéas Carillon1, fondu par Joseph Malesset, une œuvre énergique et d’une grande maîtrise. Le Gouvernement confia la sculpture choisie à la Municipalité, sur acceptation du maire, Louis Brichaux, le 28 juillet 1909. Ce fut, sur l’instant, perçu par plusieurs comme une insulte aux Bretons, car elle figure un soldat de l’An II, l’un de ces soldats de la République qui massacra la résistance bretonne et royaliste. Qu’importe, pour la municipalité. Elle n’avait d’ailleurs pas les moyens de refuser, cela les aurait tous fait qualifier d’antifrançais, de non-patriotes, d’antirépublicains. Qu’importe aussi, si la sculpture avait été refusée par toutes les villes à qui elle avait été proposée et que le plâtre original 1 - On sait peu de chose au sujet de René Philéas Carillon. Il était le fils du sculpteur Hector Philéas Carillon, son atelier était à Montmartre, était spécialisé dans les sujets militaires, et il reçut une mention honorable au salon de 1902.
attendait depuis dix-sept ans, dans les réserves, qu’on veuille en faire un tirage. Saint-Nazaire aurait son monument à la mémoire des soldats morts en 1870. Il fallut trouver un emplacement. L’entrepreneur lyonnais, Aimé Duquaire, qui possédait et lotissait le front de mer de l’ancien domaine du manoir du Sable, offrit une parcelle, face à l’océan et à sa résidence personnelle2. Très beau cadeau quand on sait qu’il y avait la place pour construire deux maisons. La donation fut finalisée le 27 mai 1910, et le nom du donateur devint celui du square nouvellement constitué, à ceci près qu’aucun arrêt municipal ne le nomma ainsi officiellement. On ménagea les susceptibilités de tous, en ne donnant aucun nom officiel. Le 10 juillet, le sous-secrétaire d’État à la Guerre, Albert Sarault, vint, en grande pompe, inaugurer le nouveau monument. Le 64e sortit de sa caserne, en grands uniformes. On avait convoqué toutes les sociétés de gymnastique pour compléter et animer le défilé. Trois-cents enfants des écoles avaient été rassemblés 2 - La maison au fond, derrière le monument était la résidence d’Aimé Duquaire, elle a été détruite à la fin des années 1960, pour faire place à l’immeuble « Palazzo San Marée ».
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Hubert Caldecott Un jeune résistant nazairien fusillé en représailles en octobre 1941
Marie Lenoir
Parmi les otages exécutés, en octobre 1941, en représailles, après la mort de Karl Hotz, commandant allemand, abattu, à Nantes, par un commando de résistants, il y avait un jeune Nazairien de 28 ans : Hubert Caldecott.
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ubert Caldecott est né à Saint-Nazaire le 9 juin 1913. Brillant élève au lycée Clemenceau, à Nantes, c’était aussi un sportif accompli, qui pratiqua tour à tour, le rugby au Sporting Club Nazairien, dont son père était un des dirigeants, puis, ensuite, au Stade Nantais. Il fut aussi un des champions du Cercle de l’Aviron de Nantes. C’était un grand et vigoureux jeune homme sympathique, apprécié par ses coéquipiers pour son dynamisme et sa bonne humeur1.
Résistant isolé, puis membre du groupe de Marcel Hévin
Après ses études de pharmacie, il s’installe à Paris, pharmacien dans le 18e arrondissement2. Dès août 1940, ne pouvant supporter l’occupation allemande et la politique collaborationniste, d’abord résistant isolé, Hubert Caldecott aide les militaires français et anglais à s’évader en l’Angleterre et, pour certains, s’engager dans les Forces Françaises Libres, en leur procurant de fausses pièces d’identité. 1 - Journal « L’Avenir de l’Ouest », 9 juin 1945 2 - Site « Mémoire des Hommes »
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Il intègre ensuite le groupe de Marcel Hévin à Nantes, avec Philippe Labrousse, Victor Saunier, et Alain Ribourdille. Ce groupe est chargé de collecter des informations et des renseignements sur les mouvements de troupes, l’identification des unités en garnison dans la région, les mouvements sur le port et l’aérodrome de Château-Bougon, la récupération des armes, et le soutien aux aviateurs anglais. Hubert Caldecott contribue à l’évasion d’un agent de l’Intelligence-Service de l’hôpital de Chavagne.
Arrestation et jugement Suite à la dénonciation d’un collaborateur, André Barrault, informateur pour les services allemands, des membres du groupe Hévin sont arrêtés, dont Hubert Caldecott, arrêté à Paris le 10 avril 1941. Il est détenu à la prison du ‘’Cherche-Midi’’jusqu’au 16 avril, puis transféré à la prison Lafayette à Nantes où il est jugé pour ‘’aide à l’ennemi et aide à des prisonniers de guerre évadés’’. Il est ensuite transféré au camp de Romainville, le 1er octobre.
Représailles après l’attentat contre Karl Hotz Après l’exécution, le 20 octobre 1941, du commandant allemand Karl Hotz à Nantes, des notables sont arrêtés à Saint-Nazaire et Nantes pour servir d’otages. Les forces allemandes veulent un châtiment exemplaire et procèdent à l’exécution de 50 otages : 27 à Châteaubriant, 16 à Nantes, 5 au Mont-Valérien et 2 à Bordeaux, pour dissuader toute velléité de récidive. Hubert Caldecott est l’un de ces otages exécutés au Fort du Mont-Valérien, le 22 octobre 1941. Il aurait été désigné parce qu’il était originaire de la région nantaise, lieu de l’attentat et coupable d’un délit grave.
Inhumé au cimetière de La Briandais
Son inhumation a d’abord eu lieu au cimetière d’Ivry-sur-Seine. Son corps est transféré au cimetière de la Chauvinière, à Nantes, le 9 juin 1945 et va, finalement, rejoindre la concession familiale, le 14 mai 1949, ou repose entre autres, sa mère, au cimetière de La Briandais, à Saint-Nazaire.
Étude sur les sépultures des 50 otages Suite à une longue étude, réalisée sur les sépultures des 50 otages exécutés, M. Jean-Claude Terrière informe notre comité de l’histoire de ce grand résistant très engagé, un oublié à Saint-Nazaire, son nom ne figurant pas sur la concession ou il repose. On retrouve son nom dans le site ’ Mémoire des Hommes’’ ainsi que sur le monument commémoratif des fusillés du Mont-Valérien et sur celui des Cinquante Otages à Nantes. Il a été reconnu ’’mort pour la France’’ par le ministère des Anciens combattants le 1er avril 1946.
Ci-dessus : Entrée du fort du Mont Valérien, à Suresnes. (Photo Téofilo - CC BY-SA 3.0)
Ci-contre : Vue partielle des noms inscrits sur le monument des 50 Otages, à Nantes. (Photo Camille Henri - CC BY-SA 3.0)
Page de gauche : Portrait d’Hubert Caldecott. (Publié dans le journal « L’Avenir de l’Ouest », le 9 juin 1945)
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LA GRANDE GUERRE
Un sous-marin allemand envoyé par le fond L’exploit d’Arsène Hervy en 1917 Madeleine Jégu
Un Nazairien, Arsène Hervy, Capitaine au long cours, embarqué Second capitaine, et officier de tir, sur le Guyane, de la Compagnie Générale Transatlantique, coule un sous-marin allemand, le 22 janvier 1917. Il avait 32 ans.
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n Nazairien, Arsène Hervy, Capitaine au long cours, embarqué Second capitaine et officier de tir sur le Guyane, de la Compagnie Générale Transatlantique, coule un sous-marin allemand, le 22 janvier 1917. Il avait 32 ans.
Le 20 janvier 1917, le Guyane appareille de Bordeaux pour New York. Depuis le début de la guerre c’est un navire « poudrier », c’est à dire : transporteur d’explosifs. Sur son pont arrière, il est armé d’un canon de 65 millimètres. Le 22 janvier, un sous-marin apparaît, à environ 2 milles. Le combat s’engage, au 2e tir du Guyane le sous-marin coule. Le Guyane poursuit sa route sans incident. Après une escale aux Açores, il arrive à New York, le 18 février 1917. Le commandant Rousselot raconta cette victoire à la presse.
Reproduction d’un article, paru dans la presse, aux États-Unis, en février 1917. Sur la photo, on peut voir le canon de 65 mm, monté sur le pont arrière du cargo Guyane.
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The Globe paraît le 19 février et imprime à la une « Fleeing french ship’s shell a german sub-marine » (Le projectile du navire français en fuite coule un sous-marin allemand). Le 20 février, le New York Herald titre : « Prussian sea wolf is destroyed by french steamship » (Le loup de mer prussien est détruit par un vapeur français). Le Courrier des États-Unis (journal en français) titre ce même jour : « Le Guyane coula un sous-marin », avec cet article : « Un obus bien dirigé envoya au fond le pirate qui avait attaqué le paquebot français ». « Le cargo français « Guyane » venant de Bordeaux, est arrivé hier dans le port de NewYork, après une traversée de quatre semaines. Le lendemain de son départ, ce navire coula un sous-marin allemand, après
Le château de Savenay à Chelsea Claude Thoméré
Le nom de John Samuel Phené traverse l’histoire contemporaine par deux fois. Le nom est associé à l’édification d’un « château de Savenay », à Chelsea (paroisse et nouveau quartier du Londres victorien) et à la désignation d’un pub1, également situé à Chelsea.
C
et établissement accueillera dans les sixties les frasques des people du moment : rock stars, footballeurs, écrivains, artistes et hommes de télévision. 1
Qui est John Samuel Phené ? Le créateur des arbres d’alignement
Son œuvre en tant qu’urbaniste – bien qu’agissant plutôt en tant que promoteur – a laissé des traces principalement à Chelsea, sur quelques rues et blocs d’immeubles dans le district de 1 - Phené’s Arms signifie établissement aux armes de Phené. C’est une façon de nommer les auberges en campagne anglaise d’après le nom et en utilisant l’écusson du propriétaire noble du territoire desservi. Là aussi, il y a une petite entorse aux règles : Phené n’est pas noble et de plus c’est un établissement situé en ville et de création récente. C’est donc très clairement un pastiche.
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l’Embankment/Oakley street. Il s’agissait dans les années 1850 d’un projet urbain nouveau, d’une taille modeste. Ce projet et sa réalisation devraient être aujourd’hui – à notre sens – enseignés dans les écoles d’architecture. J.S. Phené a créé un modèle de quartier « à la mode » agréable, aéré, d’un urbanisme naturel et convivial, idéal pour les artistes, les gens branchés, les stars. Il a eu de l’intuition et a su prendre le contrepied du Londres géorgien gris, triste et pompeux. Il n’a pas versé pour autant dans le « gothic revival2» qui commençait à fleurir partout. Son Chelsea qui a accueilli des générations successives de peintres, d’écrivains, de créateurs, semble aujourd’hui immortel. À noter que la pierre angulaire du quartier de Cheyne walk est le pub Phené’s Arms qui rappelle le nom de son créateur. Ce dernier a accueilli la vie sociale de générations de communautés 2 - Le gothic revival est un style architectural où quelques éléments gothiques sont réutilisés sur une construction de l’époque.
d’artistes et les accueillera encore longtemps, souhaitons-le ! La marque novatrice de son œuvre urbaine réside dans le soin porté à la réalisation des plantations d’alignement dans les espaces aménagés. Cette innovation le fit même remarquer par le Prince Albert – le mari de la reine Victoria – qui souhaita voir dupliquer cette toute première expérience dans toutes les nouvelles constructions. Il est vrai que la ville de Londres devait trouver des solutions à tous points de vue. Londres était la ville cloaque de la fange des docks vaseux où des populations marginales vivaient dans les taudis flottants décrits par Dickens. C’était encore la ville des brouillards lourds, Jack l’Éventreur y recrutait ses victimes dans les quartiers où vivaient les Irlandais chassés de chez eux par la grande famine au milieu des juifs polonais fraichement débarqués en provenance des ports de la Baltique. Mais, c’était aussi et avant tout la ville impériale, une ville monde où se devinait aisément une immense richesse.
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Monseigneur au village Le 24 avril 1938, Jean-Joseph Villepelet, évêque de Nantes, visite le village de Mayun à La Chapelle-des-Marais Marcel Belliot
On peine aujourd’hui à mesurer l’empreinte qu’exerçait la religion catholique sur les mentalités et les croyances des Briérons au milieu du siècle dernier. Dans un précédent numéro de cette revue1, j’ai rapporté comment les « missions », organisées tous les dix ans dans les paroisses de la région, mobilisaient la piété populaire et pouvaient rassembler, notamment le jour de leur clôture, des foules considérables.
L
es visites pastorales de l’évêque constituaient un autre moment très fort de la vie paroissiale. Elles se faisaient tous les quatre ans à l’occasion des confirmations.
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Précédées par l’exploitation d’un questionnaire sur la pratique religieuse dans la paroisse et complétées par 1
1- La mémoire des missions dans la presqu’île guérandaise, Histoire et Patrimoine n° 88, janvier 2017.
un rapport du curé, elles fournissent une matière très riche sur la manière dont les chrétiens “vivaient“ leur religion. Conservées aux archives diocésaines, elles permettent de suivre, en continu, l’évolution du sentiment religieux dans notre région.
officiel de l’évêque ainsi que de nombreux articles sur ses activités pastorales ou conférencières. Soucieux de rester proche des fidèles, en dépit d’une élocution chantante et parfois précieuse, Monseigneur Villepelet n’épargnait ni son temps ni ses déplacements pour dispenser conseils et instructions. Ainsi, entre avril et juillet 19382, il a parcouru son diocèse en tous sens, célébrant près de 80 confirmations, inaugurant une douzaine d’églises et d’écoles ou d’oratoires, “honorant de sa présence“ une dizaine de conférences, de pèlerinages ou de fêtes patronales… sans parler des imposantes cérémonies organisées dans sa cathédrale et dans les rues de Nantes pour Pâques, la Pentecôte, la Fête Dieu ou les ordinations3.
Clôturant la procession, la foule des fidèles des paroisses nantaises (hommes d’un côté et femmes de l’autre) était groupée autour de ses bannières, accompagnée des enfants de chœur et encadrée par son clergé en surplis et en chape. Cette année-là, entre la cathédrale, la préfecture, les bords de l’Erdre et les “Cours“ Saint Pierre et Saint André, le cortège a chanté psaumes et cantiques avec ensemble, grâce, innovation heureuse, des haut-parleurs disposés sur la façade de la cathédrale et dans les arbres des cours. Sous les pas des fidèles s’élevaient les parfums des fleurs coupées et de l’encens, le parfum de la prière. La procession de la Fête Dieu devait avoir fière allure et donner une image à la fois triomphante et rassemblée de la communauté chrétienne.
La Fête Dieu de Nantes de 1938 Les deux visites Certaines célébrations pouvaient de Mgr Villepelet rassembler des foules considérables à La Chapelle comme la Fête Dieu de Nantes du 19 juin 1938. Elle avait été soigneusement des Marais, en 1938
Un évêque au milieu de son peuple Les visites épiscopales quadriennales n’étaient pas les seules occasions qui permettaient à un évêque de rester en contact avec les fidèles de son diocèse. Les grandes fêtes religieuses lui en offraient de nombreuses autres. Jean-Joseph Villepelet évêque de Nantes de 1936 à 1966, était très attaché aux manifestations traditionnelles d’expression de la foi chrétienne et la lecture de la « Semaine religieuse du diocèse de Nantes » en témoigne avec abondance. On y trouve l’agenda
préparée, comme en témoignent les nombreux articles que lui consacre, avant et après l’évènement, la Semaine Religieuse, Les Fêtes Dieu de Nantes assemblaient des milliers de fidèles dans une ville ornée de tentures et d’oriflammes et le long de rues où des mains d’artistes avaient dessiné des rosaces de fleurs et semé des hermines. Le défilé, de 10 h à midi, suivait un ordre précis : en tête les “communiants“ de l’année suivis par les élèves des “écoles libres “, les enfants de la Croisade eucharistique, les infirmières catholiques, les délégués des œuvres d’action catholique, les religieux des congrégations masculines et féminines du diocèse, précédant un magnifique dais de velours rouge abritant l’évêque portant l’Hostie du Saint Sacrement. Derrière le dais et en bon ordre, défilaient les autorités civiles et administratives du département : sénateurs, députés, conseillers généraux, conseilleurs municipaux. 2 - Semaine religieuse du diocèse de Nantes. 3 - L’ordination du 28 juin 1938 a ainsi vu l’ordination de 138 clercs : 41 tonsurés, 31 prêtres, 39 sous-diacres et 27 clercs mineurs.
Le faste qui se déployait, dans ce qui devait être la plus importante manifestation religieuse du département, se retrouvait, dans un cadre plus champêtre, mais avec la même ferveur dans les célébrations locales et villageoises auquel l’évêque participait volontiers. C’est ainsi qu’en 1938, Monseigneur Villepelet a effectué deux visites à La Chapelle-des-Marais, la première en avril à Mayun pour inaugurer une salle paroissiale, la seconde en septembre à Québitre pour bénir un oratoire à la mémoire de l’abbé Vaillant, prêtre réfractaire pourchassé pendant la Terreur. Je me suis particulièrement intéressé à la première de ces visites, celle effectuée à Mayun, mon village natal.
Les sources
Nous avons la chance, grâce aux comptes rendus d’un journal local, Le Courrier de Saint-Nazaire et de la Région, de disposer d’un témoignage exceptionnel sur cette visite épiscopale. Jacqueline Bruno, journaliste au Courrier, a su exprimer avec un rare bonheur et même, pour ceux qui Histoire & Patrimoine - n° 89 — avril 2017
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La Baule - Paris - La Baule à vélo
avec le Vélo Club Nazairien - 1979 Paul Correc
Après avoir été coureurs cyclistes amateurs, pendant une quinzaine d’années pour la plupart, l’âge venu, nous fûmes quelques-uns à Saint-Nazaire à nous retrouver chaque dimanche, afin d’effectuer, à bonne allure encore, ce que l’on appelait dans notre jargon : une bonne partie de manivelles.
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insi chaque dimanche matin, parfois également l’après-midi, nous effectuions une centaine de kilomètres, voire deux cents et plus quelquefois, et retrouvions avec grand plaisir nos sensations toutes fraîches encore, que nous venions à peine de quitter. Instinctivement, nos réflexes que désormais il convenait de qualifier « de vieux coursiers » agissaient à nouveau et, parfaitement calés dans
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la roue qui nous précédait, nous avions hâte de prendre le relais. Bien sûr pour corser l’affaire, nous nous efforcions de rechercher des circuits avec des difficultés, - rares dans notre région - aussi les bosses de Saint-Marc, ou celle de Kéniquen, nous étaient familières. Bien que parfaitement plates, les routes des marais salants sans aucun abri, mais toujours très ventées nous permettaient-elles aussi de joyeuses chevauchées - gare à ceux qui ne savaient pas frotter.
Précurseurs des nombreux clubs « Cyclos » existants et très prisés d’aujourd’hui, nous eûmes plusieurs fois l’honneur de la presse régionale qui, peu à peu, nous fît connaître auprès du public et nous amena de nouvelles et plus jeunes recrues. Notre groupe s’étoffa alors et il nous fallut bientôt, pour des raisons de sécurité et d’assurance évidentes, créer une section « Cyclos », au sein du vieux Vélo Club Nazairien.
La Baule - Paris - La Baule, en quatre jours
C’est ainsi qu’au cours de l’été 1979, le Président du V.C.N reçut un courrier d’un horticulteur-paysagiste très connu de La Baule, Mr Trimaud, conseiller municipal de surcroît, mais aussi passionné de cyclisme, l’informant qu’il recherchait une vingtaine de cyclistes chevronnés, afin d’effectuer une longue randonnée menant de La Baule à Paris et retour en quatre jours. Ce projet n’était pas anodin, puisqu’il s’agissait de démontrer que la très ancienne et réputée station balnéaire de La Baule, n’était pas, comme certains détracteurs le pensaient encore, perdue au fin fond du territoire et très éloignée de la capitale. Rappelons qu’à cette époque, La Baule était encore à près de cinq heures de train de Paris (Le T.G.V ne sera mis en service que dix ans plus tard). L’instigateur de ce projet avait déjà expérimenté personnellement la faisabilité de cette randonnée un peu folle avec quelques amis, mais cette fois, il voulait lui donner un caractère très officiel et faire connaître l’évènement par la presse notamment.
1ère étape : La Baule - Argentan jeudi 20 septembre 1979
Sponsorisée par le Crédit Mutuel, par l’organisateur lui-même et par une très faible contribution des participants, l’épreuve fut parfaitement organisée et réussie. Accompagnés par deux véhicules, l’un ouvrant la route aux concurrents, le second chargé de l’intendance et fermant le convoi, il ne nous restait plus qu’à pédaler et accomplir les 1100 kms du parcours, répartis en quatre étapes. Une seule condition nous était demandée afin d’assurer le plein succès de l’opération : effectuer la totalité du parcours, et revenir au complet.
Il était cinq heures du matin, lorsque les vingt concurrents de cette longue épreuve quittèrent la place de La Victoire, à La Baule, ce jeudi 20 septembre 1979, en présence des responsables du Crédit Mutuel qui pour l’occasion, nous avaient dotés de maillots bleu et blanc aux couleurs de la banque, que nous devions porter tout au long de l’épreuve. Tous de Saint-Nazaire et des environs, nous avions cependant parmi nous un Niçois, invité par notre ami Gérard. Il faisait un temps idéal pour pédaler et c’est avec beaucoup de motivation que nous prîmes la direction de Guérande. Au petit matin, nous nous arrêtâmes un court moment à Guémené-Penfao, afin de changer de tenues et de quitter collants longs et vestes de survêtements. Alors, nous reprîmes la route en direction de Châteaubriant, puis Laval, Mayenne et enfin Argentan dans l’Orne, terme de la première étape, après avoir parcouru 292 kms. Aucun incident ne s’était produit et les vingt participants s’étaient
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Les fameuses huîtres
de Mesquer Jocelyne Le Borgne
« ... Ceux de Saint-Molf portent pommes et poires Ceux de Mesquer des huîtres pour mieux boire Disant dansons un rigodon ! Menons joyeuse vie Dont le petit Mignon riait Au giron de Marie... »
De la naissance de l’ostréiculture 1860-1960
C
et extrait d’un Noël guérandais non daté (probablement fin XVIIe siècle) évoquant les « fameuses huîtres » constitue le premier témoignage d’une part de l’existence de gisements naturels d’huîtres à Mesquer et d’autre part
de leur qualité gustative appréciée en très haut lieu… En 1726, les lettres patentes de Louis XV commettaient le sieur Le Masson du Parc pour « faire l’inspection des pesches sur les côtes [depuis] les Flandres [jusqu’à] la Bretagne ». Deux ans plus tard, explorant le littoral
de Saint-Nazaire au Pouliguen, il y notait la présence d’huitrières, ajoutant que « la pêche s’y fait à la main et que les barges de Trentemoult viennent en prendre des cargaisons pour Nantes », que les bargers se chargent « des moules pêchées dans les moulières des mêmes lieux ». Histoire & Patrimoine - n° 89 — avril 2017
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Journal d'un aumônier breton - 1850 (20e partie)
Christiane Marchocki
Avant d’imaginer l’arrivée tant attendue de la frégate à vapeur l’Eldorado à Lorient, son port d’attache, en ce Noël 1851, nous avons bien des milles nautiques1 à parcourir. Cette date est dans un futur lointain. .
É
coutons celui qui l’a vraiment vécu dans des conditions que nous jugerions inacceptables et que nous suivons, sans risques, avec un certain plaisir, ou, du moins, avec curiosité. À cette époque, 1
1- Mille nautique, international, mesure 1852 mètres.
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toute personne cultivée se devait de parler français, c’était la langue des ambassades et des cours d’Europe, cela transparait dans ce texte.
14 novembre 1850
La journée a été très belle ce matin jusqu’au moment où la brise s’est formée. Vers midi, il a fait une chaleur étouffante, supportable. Maintenant, il est 8 heures, il fait autrement chaud. On est presque disposé à se faire illusion, à croire que la lune qui nous brille d’un grand éclat, au-dessus de la tête, y est pour quelque chose. On pourrait facilement lire à sa lumière. Nous avons ce soir à souper le commandant de la corvette à vapeur anglaise, le Phénix. Le commandant Lysaght est un homme bien élevé, fils de l’amiral du même nom, et dont la figure serait assez agréable, si un œil qu’il a perdu, et qu’il a recouvert d’un morceau de soie noire ne lui nuisait beaucoup. Il parle assez bien français, quoique les mots ne lui viennent pas toujours aussi vite qu’il le voudrait. Il semble plus aimable que le sont habituellement les Anglais, et plus disposé à parler. Il est encore bien jeune pour son grade. Il n’est sur la côte d’Afrique que depuis deux mois. C’est par lui que nous avons eu d’Europe les nouvelles les plus fraîches, du 2 septembre, qui nous parlaient de la mort de Louis Philippe, de Robert Pecl, et surtout le mouvement des conseils généraux demandant presque tous la révision de la constitution.
15 novembre 1850
Rien de nouveau. Belle et brillante journée rafraîchie ce soir par la brise habituelle. Nous étions en situation de ne plus descendre, Monseigneur et moi, mais, le prétendu vicaire capitulaire, vient de remettre à Mgr une lettre dans laquelle il le sollicite de vouloir bien venir à terre pour y dire la messe. Comme nous craignions qu’on attribue à notre éloignement d’autres griefs que ceux que nous avions réellement, et qu’il en advienne, pour le clergé de la colonie, quelque nouvelle déconsidération, nous avons pris la résolution de descendre, en faisant observer, au moins, que l’évêque ne voulait absolument aucune démonstration extérieure.
16 novembre 1850
Nous sommes partis, ce matin, de la frégate, à 6 heures. Nous sommes mouillés très loin de terre et nous voulions être au plus tard à 7 heures au débarcadère. Nous nous sommes rendus directement chez le vieux vicaire capitulaire dont la toilette n’était pas encore achevée. Il nous a fait asseoir dans son salon en attendant qu’il fût prêt à nous accompagner. C’est un vieux mulot dont les habitudes ne sont guère élégantes. Quelques images mal encadrées, couvertes de poussière, une glace à barbe, deux énormes coffres, et une pile de livres, déposés là, forment sa bibliothèque et les ornements de son salon. Nous avons essayé le long de la route d’échanger avec lui quelques
Page de gauche : Musée national de l’esclavage de Luanda. (Photo Fabio VaninCC BY-SA 3.0)
Ci-contre :
Au marché de Saint-Paulde-Loanda. (Photo James Vandrunen CC BY-SA 3.0)
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L’HISTOIRE & L’IMAGINAIRE
La Pierre du Héron Adeline Roussel
A
lors que les rafales de vent atteignaient les cent kilomètres par heure, une pluie diluvienne achevait de transformer le bourg habituellement paisible de SaintLyphard en un paysage apocalyptique. On ne rencontrait plus personne dans les rues, ni homme ni animal. Les habitations, privées d’électricité, semblaient désertes. Malgré les progrès techniques, l’être humain restait bien peu de choses face aux forces de la nature. Ces dernières années, le dérèglement climatique avait provoqué de plus en plus fréquemment de brusques changements de temps. La menace de la disparition d’une partie du
littoral sous l’effet de la montée des océans se précisait et inquiétait les scientifiques et les politiques. Deux heures plus tôt, seul un léger vent venait caresser la surface du marais briéron. À peine de quoi faire plier les roseaux. Personne n’avait vu venir une telle tempête. Dans leur chaumière, Claudette et Henri étaient rongés par l’inquiétude et le manifestaient chacun à leur façon. Claudette tournait en rond, déplaçait de manière inconsciente des objets qu’elle reposait aussitôt. Son attitude contrastait avec l’immobilité de son mari. Henri restait assis dans son fauteuil, Histoire & Patrimoine - n° 89 — avril 2017
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près de la fenêtre, dans l’attente insupportable de voir enfin déboucher au coin de la rue la silhouette de Victor, leur petit-fils de dix ans. C’était un véritable enfant du marais, il ne pouvait s’en éloigner plus de quelques jours. Le jeune garçon était parti en chaland en début d’après-midi, quand le temps ne laissait encore rien présager du déluge qui allait suivre. « On devrait faire quelque chose, Henri… Appeler les secours… Partir à sa rencontre… Je ne sais pas… Je n’en peux plus de rester là sans rien faire… - Appeler les secours ? Et que veux-tu qu’ils fassent par un temps pareil ? Et nous ? On ne saurait même pas par où commencer les recherches. Ne t’inquiète pas. Victor a forcément su trouver un endroit où s’abriter. Il connaît le marais comme sa poche. » Claudette ne parut pas convaincue. Et elle devinait qu’Henri essayait de se persuader lui-même que leur petit-fils allait bien. Quand enfin le vent se calma, que la pluie cessa, que l’électricité revint, le couple sortit de sa chaumière pour mesurer l’étendue des dégâts. Juste quelques branches arrachées : rien de bien grave. C’est alors que Claudette aperçut enfin son Victor qui s’approchait sur sa trottinette électrique. Les grands-parents se précipitèrent à sa rencontre. « Répète un peu ton histoire, maintenant que tu as mangé et que tu t’es réchauffé. » Et le jeune Victor de recommencer son récit. Le temps avait changé si vite qu’il n’avait pas pu revenir au port du Clos d’Orange. Il avait alors poussé son chaland le long des canaux qu’il connaissait par cœur dans l’espoir de trouver un endroit où s’abriter. Le ciel était si sombre qu’on se serait cru à la tombée du jour. Victor commençait à désespérer quand il avait deviné, sur la rive droite, un dolmen. Sans se demander longtemps pourquoi il n’avait jamais remarqué l’édifice, le jeune garçon s’était dépêché de percher dans sa direction. Il avait réussi tant bien que mal à s’abriter, ainsi que son chaland, sous cette arche bienvenue. Et là, malgré les éléments déchaînés, il s’était endormi. Une présence l’avait réveillé : un héron se tenait devant lui et le fixait intensément. Il avait une pierre dans le bec, qu’il avait déposée devant Victor avant de s’envoler. Victor avait sorti la pierre de sa poche pour la montrer à ses grands-parents : il s’agissait d’une pierre brute, de couleur noire, striée de fines rayures blanches. C’est en examinant une nouvelle fois la pierre qu’Henri comprit. Il continua d’interroger
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son petit-fils, même s’il avait deviné ce que seraient ses réponses. « Et tout ça, ça s’est passé où ? Je ne me souviens pas d’un dolmen dans les parages. - Ben, c’est là que c’est bizarre… Le dolmen a disparu… Il n’était plus là quand je me suis réveillé. Mais je n’ai pas rêvé ! La preuve, mes vêtements avaient eu le temps de sécher et il n’y avait plus d’eau dans mon chaland… On pourrait peut-être y retourner ensemble, maintenant ? - Pas la peine. Tu ne trouverais pas la moindre trace de ton dolmen. Mais ne fais pas cette tête, je te crois. Je pense même avoir compris ce qui t’est arrivé. Tu n’es pas le premier que la Brière protège grâce à La Pierre du Héron. - La Pierre du Héron ? Qu’est-ce que tu veux dire ? - Viens, suis-moi dans mon bureau, je vais t’expliquer… » Henri entraîna son petit-fils avec lui, rechercha parmi de vieilles coupures de presse numérisées et présenta deux portraits à son petit-fils. « Voici au moins deux personnes qui ont rencontré La Pierre du Héron dans leur vie. Le premier, un certain Létard, dans les années 1900. L’autre, le dernier en date, un Morel, dans les années 2150. Il y plus de cent ans déjà. La Pierre du Héron, c’est ainsi que l’on a fini par surnommer cet endroit de Brière qui ne se découvre qu’à quelques élus pour les protéger en cas de danger. Il n’apparaît jamais au même endroit et s’adapte aux différentes situations. Pour toi, c’était un dolmen, mais pour Létard et Morel, il a pris d’autres formes. Pendant la Première Guerre mondiale, Létard s’était enfui dans le marais. Il était poursuivi par des soldats pour avoir saboté une ligne de chemin de fer. Alors qu’il était traqué, une forêt inextricable de roseaux était apparue devant lui pour le dissimuler de la vue de ceux qui étaient à ses trousses. Comme toi, il fut pris d’une si grande fatigue qu’il s’endormît. À son réveil, même scénario : les roseaux avaient disparu, le héron et la pierre étaient là. Dans les années 2150, Morel était un adolescent engagé qui militait pour la protection de la nature. Alors qu’il se battait contre je ne sais plus quel projet, il avait décidé de vivre nuit et jour en Brière, comme forme de protestation. Mais le dérèglement climatique commençait déjà son œuvre et les températures étaient caniculaires. Morel s’apprêtait à renoncer, car il en allait de sa survie. Mais là encore, la Brière lui offrit une protection : en une nuit, des chênes centenaires apparurent, lui apportant
ÇA SE PASSE AUJOURD’HUI
La tête de l’emploi de Gérard Uginet
Gérard Uginet (à gauche) réalisateur de la série La tête de l’emploi, en compagnie de Sébastien Péresse, son cadreur, lors d’un tournage sur les plateaux de France Télévisions, en février dernier.
Avec un parcours professionnel assez classique pour le métier de réalisateur, tel qu’il l’exerce aujourd’hui, les débuts de Gérard Uginet à la télévision, en 1984, l’ont d’abord dirigé vers l’assistanat de réalisation, la régie, la coordination de production.
P
uis le film publicitaire, vivier des metteurs en scène et techniciens de cinéma, qui a ouvert la porte du long-métrage et des plateaux de cinéma, pour revenir au documentaire et à une approche naturaliste. Films documentaires à caractère pédagogique, travail avec des comédiens, au fil des expériences dans la production, proche des contraintes de programmation et de délai de fabrication, il a complété son expérience tout en s’affirmant comme réalisateur. Quelques films documentaires en référence : « Babel Ouest », film de 52’ pour BIA et France 3, « Les aventuriers de la perle noire », film de 52’ pour Villem’s production et France 5, « Huis clos pour le poisson », film de 52’ pour Les films du rêve et France 3, « Histoires de loup », film de 52’ pour Images et Trames et France 3...
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Des films à caractère scientifique, ou tout du moins d’une sensibilité scientifique, sont venus ponctuer ce parcours de documentariste. Et, depuis toujours, des films, pour des magazines sur les gens de mer ou des émissions en langue bretonne, ont confirmé ses années de collaboration avec France Télévisions.
Ses dernières réalisations sont d’ailleurs une série sur le handicap au travail intitulée « La tête de l’emploi », diffusée chaque semaine sur France 3, depuis fin 2013, et pour laquelle il débute la production d’une saison 3 avec 36 nouveaux portraits pour compléter la collection des 67 existants. Des portraits sensibles de personnes en situation de handicap en entreprise et qui expriment sans tabou leur parcours souvent difficile et la satisfaction d’avoir trouvé un emploi.
C’est à retrouver sur France 3, en région, chaque samedi vers 18 h 55 à partir du 8 avril 2017. Une diffusion quotidienne a lieu pendant la semaine européenne des personnes handicapées (SEEPH) la 3e semaine de novembre.
Contacts et filmographie sur : gerarduginet.fr
À propos de LADAPT Une association engagée pour la citoyenneté des personnes handicapées LADAPT, l’association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées, est une association loi 1901, reconnue d’utilité publique. Avec plus de 120 établissements et services d’accompagnement, de formation, d’insertion, de scolarisation ou de soin, LADAPT accompagne en France chaque année plus de 16 000 personnes. Elle organise depuis 1997 la Semaine pour l’emploi des personnes handicapées, qui connaît un succès grandissant chaque année, et a évolué en 2015 en Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées/European Disability Employment Week (SEEPH/EDEW). En 2014, LADAPT crée Ouverture de Champ, 10 soirées qui traitent du handicap en sortant des sentiers battus, par les prismes de l’image et de l’humour.
Chaque année, les rendez-vous se succèdent dans les salles de cinéma françaises pour faire évoluer les mentalités et favoriser le débat citoyen. Fin 2015, LADAPT lance sa première campagne d’interpellation du grand public. Baptisée #KillLaBêtise, elle adopte un ton volontairement grinçant et s’attaque aux préjugés, idées reçues, stéréotypes sur les personnes en situation de handicap. Grâce aux 350 bénévoles de son Réseau des Réussites, LADAPT offre un véritable soutien citoyen aux personnes handicapées dans leur recherche d’emploi. Dans le cadre des orientations de son projet associatif, LADAPT entend proposer des réponses innovantes aux besoins des personnes en situation de handicap pour faciliter leur insertion sociale et professionnelle à chaque étape de la vie.
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À LIVRE OUVERT
Les tribulations d’une prof
L
es tribulations d’une prof , titre aussi évocateur que précis. Texte fort instructif pour les profanes qui connaissent uniquement ce qu’on leur en dit, en orientant leur pensée au sujet de ces profs, toujours en vacances, dont les heures de présence dans leurs établissements sont si peu nombreuses, pendant que le reste de la population travaille pour les payer, de plus, incapables de faire régner l’ordre dans leurs classes. C’est à eux de tout enseigner : la politesse, le Code de la route, la morale… organiser des sorties culturelles, sans parler des disciplines heureusement encore au programme.
Idéalement, l’objectif est de cultiver l’esprit d’analyse, le raisonnement logique, en un mot, de développer l’esprit critique, celui qui ne découle pas du gavage. Mais, personne n’est parfait. Pas vrai ?
Christiane Marchocki
Ce livre, signé Sophie Massonnaud-Herbouiller, anciennement professeur d’espagnol - langue aussi riche, difficile et structurée que le français, très répandue - est écrit avec verve et ironie. Le style est alerte, le langage jeune. On peut y rencontrer, éventuellement, quelques expressions empruntées aux élèves, ceci pour leur propre compréhension, sans doute, et pour l’humour, certainement. Sophie Massonnaud-Herbouiller approche tous les aspects de la profession. C’est un compte rendu complet. Non seulement les relations entre élèves et professeurs sont abordées, mais aussi celles des élèves entre eux, comme celles des adultes, jalousies, besoin de dominer, clans. Elle n’oublie pas la hiérarchie, l’administration, les parents d’élèves et leurs excellents conseils en pédagogie, quelles que soient leurs propres activités professionnelles, ou même sans activités. Les professeurs actifs ou retraités trouveront tous, dans cet ouvrage, des aspects familiers. Elle a raison : le monde éducatif est un reflet de notre société. Elle nous y plonge, au cœur de l’action, elle en dépeint les difficultés. On rit à certaines anecdotes, même si, parfois, l’absurde est affligeant. Lisez-la, vous ferez des découvertes derrière son sourire. Malgré les déboires, les déceptions, les obstacles, elle n’omet pas de nous montrer la passion de transmettre, le plaisir de la réussite, lorsque l’on constate l’épanouissement intellectuel de certains jeunes qu’il a fallu tout d’abord rassurer, la grande confiance en l’adulte qui sait les comprendre et les entraîner vers l’étude. C’est pour l’enseignant une satisfaction personnelle impossible à faire partager. Tant mieux, cela encouragera les étudiants qui envisagent d’exercer ce métier, qu’ils considèrent beau, utile, sinon nécessaire à la société. L’enseignement participe à la pérennité d’un savoir, et, par là même, d’une civilisation. D’où des luttes d’influences.
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Les tribulations d’une prof Sophie Massonnaud-Herbouiller Cdanslapoche Éditions cdanslapoche.edition@gmail.com https://sophie-herbouiller.jimdo.com/
294 pages - Prix : 20 €
Le Passé Composé et l’Imparfait
N
ous avions déjà rencontré Gérard Kirion dans notre revue « Histoire et Patrimoine », n° 82, page 122. Cette fois nous le retrouvons pour un autre ouvrage : « Le Passé Composé et l’Imparfait », recueil de poèmes. Comment analyser, disséquer la poésie, domaine immatériel ? Il est toujours possible de compter les pieds, noter les rimes, les classer, retrouver les lois qui régissent ces textes, noter l’emplacement de la césure, de l’e muet, l’hiatus parfois toléré, le plus souvent évité. Tout ceci n’est qu’un faible appui pour une œuvre littéraire. Ce n’est pas ce qui crée un poème, même en respectant strictement toutes ces règles. Quelques tubes de peinture armés d’un pinceau ne suffisent pas pour engendrer une toile. Non, il faut la pensée, le don qui ne s’apprend pas, la sensibilité qui l’imprègne, le besoin de formuler, de s’exprimer dans un langage différent. C’est pourquoi on ne peut que vous dire, quelle qu’en soit la manière : lisez-le. Lisez et laissez-vous cueillir. C’est chez Gérard Kirion, une conjugaison nouvelle, née d’un grand sens poétique.
Christiane Marchocki
Le Passé Composé et l’Imparfait. Gérard Kirion Photos Roland Chevillard
Prix : 12 € On peut rencontrer l’auteur, lors de Salons du Livre de la presqu’île guérandaise.
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A . P. H . R . N
Association Préhistorique et Historique de la Région Nazairienne
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Remerciements aux photographes et collectionneurs qui nous ont fourni des illustrations. Merci, également, aux membres du Conseil de Direction de l’APHRN qui ont activement contribué à l’élaboration de ce numéro, réalisé de manière entièrement bénévole.
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Illustration : Une partie du groupe de l'APHRN, lors de la sortie culturelle du 2 octobre 2016, à Fougères..
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— Histoire & Patrimoine - n° 89 avril 2017
Au large de la pointe de Merquel, en Mesquer, vue des parcs à marée basse Collection privée
Impression Pixartprinting - Réalisation Tanguy Sénéchal (Collection Patrick Pauvert)
HISTOIRE & PATRIMOINE n° 89 - avril 2017 - 10 €
A.P.H.R.N - Association Préhistorique et Historique de la Région Nazairienne Agora (boîte n° 4) - 2 bis avenue Albert de Mun - 44600 Saint-Nazaire Courriel : aphrn.asso@gmail.com - Site internet : http://aphrn.fr ISSN : 2116-8415
ISSN : 2116-8415
Saint-Nazaire 1825, d’après Le Bailly