HISTOIRE & PATRIMOINE RÉGION
NAZAIRIENNE
PRESQU’ÎLE GUÉRANDAISE
L’histoire locale de la Région Nazairienne et de la Presqu’île Guérandaise
12 décembre 1941
La RAF bombarde la raffinerie de Donges
A.P. H.R.N - n° 90 - juillet 2017 - 10 €
Le sentiment La Fête des Écoles à Saint-Nazaire religieux en Brière après la guerre au milieu du XXe siècle
Les paludiers de Guérande :
de fameux cavaliers
L’art gagne toujours
Bâtir à Kercabellec sur la grève de mer au début du XIXe siècle
... Les 200 000 jeunes Américains, débarqués à Saint-Nazaire pour monter au front, inspirent à Gertrude Whitney cette image que nous connaissons tous : un soldat arrive en renfort offrant son épée et foulant un aigle vaincu. Il est érigé sur la plage, face à la ville, tournant le dos à la mer... Photo Nathalie Griffon - Photo Vidéo Club Saint-Nazaire
S Éditorial
’il est un point commun, donc un lien, entre tous ces articles, traitant de sujets très différents, à différentes époques, en différents lieux, c’est l’authenticité des faits relatés. Ce ne sont pas de vagues souvenirs, plus ou moins transcrits, mais des faits avérés, étayés par des recherches sur place et par des manuscrits déchiffrés. Les sources sont référencées, à la disposition des lecteurs. L’article sur le bombardement de Donges est particulièrement détaillé, accompagné de chiffres et de précisions techniques, aéronautiques. Il est digne d’une revue spécialisée. À Saillé, autrefois, à l’occasion des courses de chevaux de paludiers, on s’amusait bien, tout en conservant un certain sérieux. On dispose d’anciens écrits et témoignages sur cette époque. C’est la peinture d’un style de vie, qui nous parait lointain. Ce n’est pas en raison du nombre d’années qui nous en sépare, mais à cause des changements, rapides et profonds, survenus dans bien des domaines. Tout redevient sérieux avec le dernier sénéchal de Guérande, pendant cette période, ô combien troublée, de la Révolution. Le ton n’est pas pour autant dramatique, malgré les faits relatés, il montre une verve, un tantinet mordante, parfois. Ceci n’empêche pas un certain parallèle avec des personnalités plus récentes. L’humain est bien toujours le même. La naissance de Kercabellec permet de constater, décidément, qu’« il n’y a rien de nouveau sous le soleil », comme disent les latinistes : « Nihil novi sub sole ». On se plait à constater qu’acquisition, édification, administration riment toujours aussi bien. Même les « tempêtes exceptionnelles », à marée haute, par fort coefficient de préférence, se déchainaient, faisant partie, en ce temps-là, de l’environnement climatique. Quand on lit les articles concernant la vie sociale, religieuse ou laïque, puis, les périodes géologiques, vie de la terre, on reste un peu rêveur, pensif dirons-nous. C’est l’occasion de philosopher. Tous ces textes imprimés démontrent, encore une fois, que le passé et le présent ne se conjuguent pas, seulement, grammaticalement, mais aussi dans les faits et les esprits. Enfin, toujours pour illustrer cette idée, n’oublions pas d’évoquer les manifestations artistiques, portes ouvertes vers l’avenir, car tout est lié. C’est l’Histoire que nous servons au travers de nos récits locaux. Le rôle de la plume n’est pas nouveau, ni négligeable.
Christiane Marchocki Présidente de l’APHRN
HISTOIRE & PATRIMOINE - no 90 — juillet 2017
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A . P. H . R . N
Association Préhistorique et Historique de la Région Nazairienne
Agora (case n° 4) 2 bis avenue Albert de Mun - 44600 Saint-Nazaire aphrn.asso@gmail.com - http://aphrn.fr - Tél. 06 62 58 17 40 HISTOIRE & PATRIMOINE n° 90 - juillet 2017 Editeur : A.P.H.R.N Directrice de la publication : Christiane Marchocki Maquette/Mise en page : Tanguy Sénéchal Impression : Pixartprinting Dépôt légal : 3ème trimestre 2017 N° ISSN : 2116-8415 Revue consultable aux Archives de Loire-Atlantique sous la cote Per 145
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— HISTOIRE & PATRIMOINE - no 90 juillet 2017
SOMMAIRE HISTOIRE & PATRIMOINE n° 90 — juillet 2017 01 04
Éditorial
Christiane Marchocki
12 décembre 1941 - Quand le N° 22 Squadron de la RAF bombardait la raffinerie de Donges Pierre Babin
P. 34
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La Fête des Écoles à Saint-Nazaire, après la guerre
34
Réflexion autour du Monument Mayo, à Saint-Nazaire
38
L’évolution du sentiment religieux dans une paroisse de Brière, au milieu du XXe siècle - 1ére partie
Daniel Sauvaget Jean Le Derf
Marcel Belliot P. 54
54
Paléogéographie et paléo-environnement de la Région Nazairienne - 1ére partie Christian Comte
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L’art gagne toujours
70
L’inénarrable Henry-Joseph Le Peley (1737-1799) dernier sénéchal de Guérande
Christiane Marchocki
Bernard Tabary P. 70
78
Les paludiers de Guérande : de fameux cavaliers
88
Construire à Kercabellec, sur la grève de mer, au début du XIXe siècle
Françoise et Malou Roussel
Jocelyne Le Borgne 97 P. 97 100
Journal d’un aumônier breton - 1850 (21e partie) Christiane Marchocki
Notre-Dame de la Clarté
Une oeuvre guérandaise en Trégor Yves Avril
102
Dans les pas d’Anne de Bretagne Histoire, mythe et clichés Jean de Saint-Houardon
P. 100
115
Jacqueline Guériff, Présidente d’Honneur de l’APHRN, nous a quittés Christiane Marchocki
CA SE PASSE AUJOURD’HUI 116 116 - Les peintres de l’Estran - Christiane Marchocki À LIVRE OUVERT 118 - Comme dit ma mère (Élisabeth Pasquier) - Christiane Marchocki 118 118 - La passagère du TER (Élisabeth Pasquier) - Christiane Marchocki 119 - Église Notre-Dame-de-Pitié - 1494-1994 - 500e anniversaire (Collectif) Christiane Marchocki
P. 102
SORTIES CULTURELLES 120 120 - Sur les terres de Gilles de Rais : Tiffauges - Christiane Marchocki 123 - Archives départementales de Loire-Atlantique - Christiane Marchocki 124 L’ASSOCIATION HISTOIRE & PATRIMOINE - no 90 — juillet 2017
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12 dĂŠcembre 1941
Quand le N 22 Squadron de la RAF bombardait la raffinerie de Donges o
Pierre Babin Il est 15 h 15 (heure anglaise) en cet après-midi du 12 décembre 1941. Quatre bombardiers-torpilleurs bimoteurs Bristol « Beaufort » Mk. I du N° 22 Squadron de la RAF, emmenés par un jeune pilote australien de 24 ans, le Pilot Officer John Mervyn Lander, décollent de leur base de Saint Eval à l’extrême pointe des Cornouailles anglaises.
L
eur mission : bombarder la raffinerie de pétrole de Donges, implantée en bord de Loire, dans l’Ouest de la France, à quelques kilomètres seulement en amont de la ville de Saint-Nazaire. Une cible que les aviateurs de la RAF avaient déjà attaquée, à deux reprises, au moins, depuis l’invasion allemande de juin 1940 : dans la nuit du 7 au 8 mai 1941 (quatre réservoirs de mazout incendiés) et dans la nuit du 28 au 29 septembre 1941 (destruction d’une station de remplissage). HISTOIRE & PATRIMOINE - no 90 — juillet 2017
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La reconstruction de la ville et de son économie étant, on le sait, les priorités de Saint-Nazaire, au lendemain de la guerre, on veille à accompagner le relèvement démographique et revitaliser une vie sociale qui, pourtant, doit composer avec les restrictions des premières années. 24
— HISTOIRE & PATRIMOINE - no 90 juillet 2017
La Fête des Écoles à Saint-Nazaire après la guerre Daniel Sauvaget
P
arallèlement à la restauration de locaux scolaires partiellement épargnés par les bombes, un programme d’implantation de salles de classe en baraques s’étend de Kerlédé
à Herbins, en passant par le centre. Dans un contexte dominé par des logements provisoires et des services publics en reconstitution, une attention particulière est donc apportée aux enfants, à leur éducation, à leur
santé, à leur alimentation : campagnes de vaccination, distribution de lait en classes maternelles, accueil de missions françaises et étrangères (Quakers américains, Croix Rouge suisse) à buts sociaux, médicaux, culturels. HISTOIRE & PATRIMOINE - no 90 — juillet 2017
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Réflexion autour du Monument Mayo à Saint-Nazaire (Complément d’information sur l’esclavage et le marché triangulaire) Jean Le Derf
À Saint-Nazaire, ce monument est dressé en mer, juste derrière la halle servant, notamment, aux fêtes de la musique, quartier du Petit Maroc. Les parties en bois de ce monument peuvent rappeler les membres de vaisseau négrier, tandis que les personnages évoquent les étapes de l’abolition de l’esclavage.
E
n effet, l’estuaire de la Loire est un axe de circulation pour les navires marchands, depuis le XVIIe siècle jusqu’au début du
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XIXe. Les navires négriers étaient armés par les armateurs nantais chargés de produits manufacturés servant d’échanges des esclaves capturés sur la côte ouest de l’Afrique
(Sénégal, golfe de Guinée). Puis, ces esclaves étaient transportés jusqu’aux Antilles, échangés contre du bois, du sucre, du café, etc. Ces marchandises étaient, ensuite, acheminées à Nantes.
La découverte de la Martinique et les premières implantations Après cette rapide présentation, un petit rappel de cette période paraît nécessaire. Lors d’une visite en Martinique, à la Savane des esclaves, j’ai pu visiter ce village d’antan reconstitué, par Gilbert Larose, Martiniquais passionné par son île. Les explications de sa guide sont très intéressantes et non partisanes. Je vais tenter de résumer ce que j’ai noté : Cette île de la Martinique est découverte en 1502, par Christophe Colomb, mais il n’est pas resté sur l’île. Les Portugais, les Hollandais, et les Espagnoles ont tenté de rentrer sur l’île, mais ont toujours été repoussés par les Caraïbes. Prise par les Anglais en 1759, elle est rendue aux Français, en 1763, à la suite d’un échange avec les terres du Canada. En l’an 1635, Pierre Belain d’Esnambuc, déjà installé sur l’île Française de Saint-Christophe, parvient à trouver un accord avec les Caraïbes et occupe la moitié de l’ile avec une centaine d’hommes du côté de Saint-Pierre. Petit à petit, les Français se familiarisent avec les Caraïbes. En 1636, le Français Pierre Belain d’Esnambuc meurt et c’est son neveu, du Parquet,
qui prend le contrôle de l’île. Il crée une compagnie coloniale. Les premiers colons à prendre possession de la terre devaient s’installer au-delà des « 50 pas du Roi », c’est-à-dire les 50 pas géométriques, à partir de la plage. On leur donnait une parcelle de terre de 300 m, sur 1,5 km, pour une durée de 5 années, pendant lesquels ils devaient défricher et produire du tabac, tout d’abord, du coton et de la canne à sucre, ensuite. Si, au bout de ces cinq années, ils n’avaient rien fait fructifier sur la parcelle, elle leur était retirée et confiée à un autre colon.
Les « engagés », puis les « 36 mois » Mais, l’ampleur du travail sur les terres nécessite de la main-d’œuvre. Le Cardinal Richelieu propose aux colons de recruter en France des Normands et des Bretons. On leur promit de partir aux Antilles planter l’équivalent de 600 livres de tabac pour en recevoir 300 en échanges. Nombreux furent les Bretons et les Normands à s’engager à partir, dans l’espoir de faire fortune. D’où leur nom « les engagés ». Malheureusement, lorsqu’ils débarquèrent en Martinique, ils furent vendus comme des esclaves et devaient
travailler pendant 36 mois pour leur propriétaire pour rembourser le voyage. Après cette durée, ils pouvaient alors espérer garder la moitié de leurs récoltes, comme promis lors de leur engagement. On les renomma « les 36 mois ».
L’arrivée des esclaves africains Ce n’est qu’en 1638 que les premiers esclaves africains arrivèrent sur l’île. Trois pays européens réalisèrent, sur quatre siècles, 89,9 % des expéditions de la traite : L’Angleterre : 41,3 %, le Portugal 29,3 %, premier pays à démarrer la traite, et la France 19,2 %. On peut estimer à, environ, 11 millions, le nombre d’hommes de femmes et enfants africains, privés de leur liberté et enrôlés, en tant qu’esclaves des Européens.
Ci-dessus : Entrée de « La Savane des esclaves », commune des Trois-Ilets, en Martinique. (Photo Jean-Louis Lascoux - CC BY-SA 3.0)
Page de gauche : Le monument «À l’abolition de l’esclavage» (1991), du sculpteur Jean-Claude Mayo, sur le port de Saint-Nazaire, non loin du Vieux Môle. (Photo Tanguy Sénéchal)
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L’évolution du sentiment religieux dans une paroisse de Brière
au milieu du XX siècle e
Première partie : 1938-1955
Un peuple chrétien rassemblé autour de son Église Marcel Belliot
Le sentiment religieux était particulièrement intense dans notre région au milieu du siècle dernier : fêtes et cérémonies religieuses, processions et pèlerinages rythmaient la vie d’une société dont les cadres hiérarchiques et les références morales étaient intimement liés à l’Église catholique.
D
ans de précédents numéros de cette revue, j’ai décrit les “missions paroissiales“ prêchées dans la presqu’île guérandaise durant l’après-guerre (H & P n° 88, janvier 2017) et j’ai rendu compte de la visite effectuée par l’évêque de Nantes, en 1938, à La Chapelle-des-Marais dans le village de Mayun (H & P n° 89, avril 2017). Quel contraste entre ce “monde d’avant“ et celui d’aujourd’hui où la religion catholique a quasiment disparu de l’espace public et où la visibilité même de la religion dans cet espace est remise en cause ! Une révolution est passée par là. Née dans les années 50, elle a mis du temps à produire tous ses effets, mai 1968 cristallisant le grand basculement à partir duquel, décidément, rien ne serait plus comme avant.
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Né après la guerre dans une famille très chrétienne de paysans-ouvriers de La Chapelle-des-Marais, j’ai conservé une grande tendresse pour la société traditionnelle où j’ai grandi… La marche du monde et mon chemin de vie m’en ont peu à peu éloigné, mais je n’ai jamais perdu le souvenir de ce monde où la religion commandait les pratiques sociales et organisait les rites familiaux. La mémoire de ce monde disparu s’évanouit cependant peu à peu en même temps que s’éteignent ses derniers témoins… Cela m’a donné l’envie de le décrire et d’en raconter l’histoire. J’ai pris pour terrain de recherche la commune de Brière où je suis né, La Chapelle-des-Marais… Ce faisant, je n’ambitionne pas de raconter l’histoire officielle de mon petit pays, dans son épaisseur économique, culturelle et sociale. Les historiens de métier s’en
chargeront ! Je souhaite plus modestement essayer de redonner vie à la sensibilité religieuse d’une époque qui ne manquait ni de grandeur, ni de convictions, ni de poésie. J’ai pu mener à bien cette entreprise grâce aux archives diocésaines de Nantes1 où sont conservées les archives paroissiales de La Chapelle-des-Marais. J’ai ainsi pu consulter les comptes rendus des visites pastorales effectuées tous les quatre ans 1 - J’ai raconté ailleurs (Histoire & Patrimoine n° 88, janvier 2017, p 48) l’histoire des archives paroissiales de La Chapelle-des-Marais et la perte importante de documents survenue à la fin des années 90, lorsque l’ancien presbytère est devenu médiathèque municipale. Beaucoup d’archives de la paroisse avaient déjà été dispersées ou perdues dans les années 70. Ce qui en subsiste est désormais conservé et consultable aux archives diocésaines de Nantes.
Paléogéographie et Paléo-environnement de la Région Nazairienne 1ère Partie
La géologie de notre région Christian Comte
L’art gagne toujours Christiane Marchocki
Les guerres et leurs pires carnages n’ont pas détruit que les hommes, au long des âges, elles ont aussi détruit leurs œuvres, en particulier leurs œuvres d’art. Or, si les hommes ne peuvent pas revivre, les œuvres d’art peuvent réapparaitre, on les recherche, on les restaure, on les conserve. Il en naît de nouvelles, commémorant l’héroïsme et les hauts faits de ceux qui les ont accomplis.
A
insi, à Saint-Nazaire, ce « Monument aux Américains », érigé après la Première Guerre mondiale 1914-1918, a connu la seconde 1939-1945, cause de sa destruction, mais on le vit renaître, car, en définitive, l’art gagne toujours. C’est lui le véritable vainqueur. Cette statue que vous voyez en arrivant à Saint-Nazaire, par la plage, comporte deux lignes perpendiculaires. La verticale est matérialisée par un personnage, l’horizontale par un aigle aux ailes déployées. Son histoire peut se résumer ainsi : ◊ 1926 - Inauguration de la statue originelle ◊ 1941 - Les nazis la détruisent. ◊ 1942 - Son auteur, Gertrude Whitney qui l’avait créée meurt. ◊ 1943 - Vient au monde Pierre Fouesnant qui la fera renaître. ◊ 1989 - Inauguration de la nouvelle statue
Gertrude Whitney, artiste et milliardaire
C’est à New York dans l’une des cliniques les plus luxueuses que nait la petite Gertrude Vanderbilt le 9 janvier 1875. Milliardaire dès qu’elle voit le jour, elle est la fille de Cornelius Vanderbilt. Ci-contre : Gertrude Whitney, en 1909
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D’emblée, elle mène la vie d’une riche héritière de la haute société américaine. Les jeunes filles, héritières ou non, sont alors astreintes à bien des obligations et traditions. Les plus favorisées par le sort mènent une existence enviable à bien des égards, mais se doivent de garder les apparences d’une vie rangée. Sa personnalité sera source de conflits. Elle épouse Harry Payne Whitney, homme d’affaires fortuné, éleveur de chevaux, des pur-sang anglais. Gertrude ressent au fond de son esprit, la fantaisie, l’imagination, le besoin de s’exprimer, que tout artiste possède en lui-même. Qu’à cela ne tienne. Ses moyens lui permettent de réaliser tous ses désirs.
Elle pratique l’art qui lui convient : la sculpture. La fortune, synonyme de puissance devient pour elle instrument de liberté. Reportons-nous à la condition féminine en vigueur à la fin du XIXe siècle et bien au-delà. Gertrude est fort mal jugée, elle connaît des difficultés, mais les dollars sont porteurs d’estime. Elle peut voyager aisément de New York à Paris et inversement. Dans les premières années du XXe siècle, la jeune étudiante découvre Paris et ses artistes, elle les rencontre à Montmartre et Montparnasse. Élève de Rodin, celui-ci l’encourage. Elle travaille son style à « l’Art Students League of New York » et possède un atelier à Greenwich village, « l’atelier Whitney » un autre à Passy. Il est vrai qu’elle n’a pas besoin de la célébrité pour survivre même si celle-ci la rattrape. Ce n’est pas le cas de tous les créateurs, ses amis. En 1914, elle met à leur disposition l’un de ses appartements à Greenwich village, ainsi pourront-ils exposer en toute liberté, gratuitement. Elle achète les œuvres des artistes américains et fonde ainsi une collection remarquable. Plus tard, elle lèguera à son pays les bâtiments et toutes ces merveilles amassées pendant vingt-cinq ans.
Page de droite : Photo Jean-Paul Sagorin Photo Vidéo Club Saint-Nazaire
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L’inénarrable Henry-Joseph Le Peley (1737-1799)
dernier sénéchal de Guérande Bernard Tabary
Dans les N° 86 et 88 de la revue de l’APHRN, j’ai raconté la prise de Guérande et l’aventure des deux chefs insurgés, Guériff de Lanouan et Thomas de Caradeuc. Avant de clore cet épisode, je voudrais parler de l’un des juges qui ont condamné à mort le dernier nommé, Thomas de Caradeuc.
I
l s’agit de l’ex-sénéchal HenryJoseph Le Peley, Guérandais survenu, Guérandais quand même hélas ! qui brûle ce qu’il a adoré et adore ce qu’il a brûlé – l’un des nombreux tourne-veste de la Révolution française, qui annonce déjà le tourne-veste suprême, l’énorme, le champion hors-catégories, j’ai nommé le citoyen ministre de la police de tous les régimes, Joseph Fouché (e, accent aigu), heureusement non guérandais, mais natif du département, plus précisément de la localité du Pellerin, sur les rives de l’estuaire de la Loire. Nous l’avons échappé belle !
... De l’art d’écrire Il n’est absolument pas certain qu’à son baptême le futur dernier sénéchal de Guérande ait été prénommé « Henry », avec un « y ». Plus probablement s’appelait-il tout simplement Henri, avec un « i ». Mais en cette époque d’ancien régime finissant, l’écriture des actes, contrats, conventions, testaments... de toutes sortes, était un art, une véritable calligraphie – dans laquelle les lettres n’étaient certes pas égales.
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Comment confondre le petit (« petit, tout petit, minuscule », merci Edmond Rostand) « i », le iota, la plus étriquée, la plus rabougrie des lettres grecques, avec le majestueux, le grandiose, le royal « y » (qui d’ailleurs, dans l’alphabet grec, sous le vocable d’upsilon, n’était nullement un « i », mais un « u » – hé oui !). Si tu ne savais pas, lecteur, que le « y » était en réalité un « u », maintenant tu le sais : tu n’as donc pas perdu ton temps en commençant à lire cet article. Et tu vas sans doute découvrir bien d’autres choses. Alors, accroche-toi ! Mais pourquoi privilégier le « y » par rapport au « i » – le roy au lieu du roi, le lys à la place du lis... – au détriment de l’orthographe ? Quelle étrange idée ! Pourquoi ? Mais parce que depuis la fin du Moyen Âge (XIVe-XVe), dans le petit monde de ceux qui écrivent beaucoup, à la main, avec une plume d’oie/oye : scribes, copistes puis tabellions, clercs, greffiers, grattepapier de toutes sortes…, l’esthétique prend vite le pas sur l’orthographe. Tout ce qui dépasse de la ligne, par le haut ou par le bas – ou par le haut et par le bas, le rêve ! – devient prétexte
jouissif à décorations, guirlandes, enluminures, arabesques, boucles, entrelacs, volutes... Oh ! les « f », surtout les « f », qui dépassent à la ffois ! en haut et en bas, et qu’on avait tellement de plaisir à doubler ! Oh les barres des « t » qui s’allongent à n’en plus finir ! Tiens ! Même Joachim du Bellay le fait (lui qui n’est pourtant ni tabellion ni greffier, mais écrivain, auteur de livres, et poëte – c’est comme ça qu’on écrivait le mot jusqu’à la fin du XIXe –, ce qui est tout à fait autre chose,) dans son titre célèbre, daté de 1549, « Deffence et illustration de la langue francoyse ». Deux f et un c, là où nous écrivons aujourd’hui défense. Tu remarqueras aussi que, si la cédille est déjà en usage dans la première partie du XVIe, le camarade Joachim ne l’utilise pas… L’orthographe n’est pas éternelle. Lis quand même le mot francoyse comme s’il y avait la cédille – ou un « s » : comme le prénom « Françoise », mais ce sera encore plus parfait, plus d’époque, si tu prononces la diphtongue « oi » comme si c’était « oué » : le roi/roy ne disait pas : « le roi, c’est moi ! », mais « le roué, c’est moué !!!! »
HISTOIRE & PATRIMOINE - no 90 — juillet 2017
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Les paludiers de Guérande : de fameux cavaliers… Françoise Lehuédé, de Kervalet, et son cavalier, font revivre l’ancien temps.
Françoise et Malou Roussel
À l’époque où toute la vie sociale et économique du pays dépendait du cheval, les paludiers possédaient au minimum un mulet ou une mule ou bien encore un âne servant à leurs déplacements quotidiens et au transport du sel. Ils voyageaient parfois fort loin de chez eux, dans toute la Bretagne, en Maine et en Anjou, à l’occasion de « La Troque » qui consistait à échanger du sel contre « des grains » (voir article Histoire et Patrimoine n° 74 – octobre 2010). 78
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L
es paludiers étaient très attachés à leurs bêtes et ne manquaient aucune circonstance de les mettre en valeur, que ce soit à l’occasion des fêtes familiales, religieuses, touristiques ou bien encore lors de manifestations sportives comme les courses hippiques de Guérande, de la Madeleine ou de Pornichet. Dès son plus jeune âge, l’enfant du saunier ou du paludier participait aux soins des montures. Gustave Grandpré dans un texte intitulé « Saillé en 1828 » en a planté le décor : « […] Le danger paraissait d’autant plus imminent que ce jour, il y avait un livrage de sel et sans cesse le village était traversé par de nombreux convois de mules. Les unes pesamment chargées de trois sacs de sel, marchaient au petit pas, tandis que les autres revenaient débarrassées de leur fardeau, conduites par un enfant d’une douzaine d’années qui armé d’un énorme fouet, jurant comme un postillon consommé et monté sur un large bât qui le forçait à écarter les jambes comme un Bacchus sur un tonneau, les ramenait au grand trot. Les marmots, habitués à vivre au milieu des mules, n’en paraissaient nullement effrayés. ».
Tous les actes de la vie civile : naissances, mariages et sépultures étaient alors enregistrés à la mairie de la ville médiévale puisque Saillé dépendait de la commune de Guérande. La plupart des invités parcourait à pied les quatre kilomètres qui les séparaient du chef-lieu, mais le père, le parrain et la marraine s’y rendaient à cheval afin de présenter dignement le nouveau-né à l’officier d’état civil. Le baptême avait déjà eu lieu en l’église de Saillé, célèbre par l’illustre mariage du duc de Bretagne Jean IV avec Jeanne de Navarre, le 11 septembre 1386. D’après Henri Quilgars, il existait à Guérande, au XIVe siècle, au moins six frairies, sans tenir compte de la partie rurale : à Careil, Clis, Congor, Queniquen, Saillé et Trescalan. La Frairie est une sorte de circonscription religieuse et fiscale, étendant son influence autour d’une chapelle. Avant la séparation de l’Église et de l’État, elle était gérée par un conseil de fabrique composé de marguilliers laïcs chargés de l’administration des biens de la paroisse, de l’entretien des locaux et de la tenue du registre de la paroisse. Celle de Saillé, très importante, fut érigée en paroisse en 1841. En raison de l’affleurement
rocheux, le cimetière fut aménagé, plus au nord, en direction de Guérande, rue de la Crossero, en 1842. En ce qui concerne les mariages, le dictionnaire Ogée de 1845 nous rapporte que « les paludiers, soit qu’ils célèbrent leurs noces à Guérande, soit dans leur village, se rendent toujours à l’église sur leurs mules. Le marié et la mariée marchent en tête sur la même mule couverte de son bât et revêtue d’une draperie blanche. Les conviés portent, en croupe une jeune paludière, assise de côté qui se tient à son cavalier en lui passant un bras autour du corps. Ce cortège est des plus pittoresques… L’illustration journal universel publie le 6 janvier 1849 une scène presque identique située à Batz-sur-Mer où « l’auteur à peine sorti du Bourg vit venir à lui une brillante et nombreuse cavalcade ; les bâts des mules étaient tous recouverts d’une magnifique draperie blanche et chaque cavalier portait en croupe une jeune fille assise de côté, derrière lui (photo, page de gauche). C’est ainsi en effet que, dans le pays, les épousés ont coutume de se rendre à l’église […] ».
Caravane de sauniers, marchands de sel du Bourg-de-Batz et marchands de tourbe de Brière. (Litho Lalaisse, 1840) Collection particulière
Construire
à Kercabellec sur la grève de mer
au début du XIX siècle e
Jocelyne Le Borgne
Les « maisons de la grève », à Kercabellec, vers 1900. Les habitants ont pris la pose devant cette longère « aux lucarnes arrondies », qui fut édifiée vers 1805.
Jusqu’à la Révolution, le village de Kercabellec se trouvait situé à plus de trois cents mètres du Traict de Merquel, au bord du marais et tournait le dos à la mer. À partir de 1800, l’administration municipale du canton de Mesquer fut régulièrement sollicitée par des particuliers désireux de s’installer sur la grève de mer de Kercabellec.
Journal d'un aumônier breton - 1850 (21e partie)
Christiane Marchocki
On imagine fort bien la vie au large à bord d’un grand voilier, la terre étant hors de vue. L’apparition de la vie dans ce désert est un évènement, en particulier s’il s’agit d’un être qui vit sur le continent. insi cet oiseau réfugié sommes au milieu du XIX siècle, la 21 novembre 1850 à bord. Il s’en perd faune et la flore étaient abondantes.
A
beaucoup pendant leurs migrations. Il n’est pas rare d’en rencontrer. On éprouve alors le désir de les sauver. Leur vie devient précieuse. La présence de marsouins est naturelle, seul leur nombre est remarquable, nous
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Enfin les « bonnettes » sont des voiles supplémentaires qu’on établit de part et d’autre des voiles habituelles, lorsque le brise est faible. Et malgré tout cela notre aumônier pense toujours à Lorient.
Nous avons quitté hier le mouillage de Loanda vers 5 heures par une brise assez forte qui n’a pas tardé à diminuer, puis, à tomber presque tout à fait dans la nuit. La soirée a été accablante. Il y a longtemps que nous n’avions respiré un air aussi frais que HISTOIRE & PATRIMOINE - no 90 — juillet 2017
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celui qu’hier soir, toutes nos voiles déployées, ramassaient, pour le faire circuler sur le pont. Nous bougeons à peine. Le calme est complet. Nous filons un nœud et quelque chose, et nous avons l’immense avantage depuis trois heures, de jouir d’une de ces pluies à larges gouttes qui tombent, perpendiculairement, et si pressées qu’on dirait une nappe d’eau s’abattant du ciel. Nous en sommes réduits à la batterie ou
Ci-dessous : Coucher de soleil sur Luanda (Loanda) (Photo Erik Cleves Kristensen - CC BY 2.0) Page de droite : Vue de Saint-Paul de Loanda, en 1898. (Extrait d’un ouvrage de Giovanni Marinelli 1846-1900)
Page précédente : Saint-Paul de Loanda, ver 1665. (Johannes Vingboons - 1616–1670 - national archive of the Netherlands)
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à nos chambres. Et là, il fait encore bien chaud, car ici, la pluie n’est pas synonyme de fraîcheur. Nous avions espéré d’abord faire une centaine de lieues, promptement, et à la vapeur, pour échapper à l’influence de la mauvaise saison et trouver une suite favorable. Nous nous sommes trompés jusqu’ici. Si au moins nous avions le bonheur d’avoir un vent contraire ! La brise vient de tomber complètement. Nos voiles battent contre le mât à chaque mouvement de roulis. L’officier de quart vient de faire dire au commandant que nous ne gouvernions plus. Je crains que nous allons chauffer. On porte du charbon dans la machine. Tout le monde s’en réjouit. Le bon contribuable ajoutera quelques centimes au budget et nous arriverons plus vite. Je n’ai pas encore vu la mer aussi animée qu’elle l’a été presque toute l’après-midi. Nous avons eu, à quelque distance du navire, un troupeau de marsouins, tellement nombreux,
que la mer littéralement en était couverte, et, ils se livraient à de tels ébats qu’ils semblaient former comme une ligne de brisants. Ce soir ce sont deux bêtes qui les poursuivent, ils se lancent à huit ou dix pieds au-dessus de l’eau, tantôt perpendiculairement, tantôt en ligne courbe dans le but évident de tromper l’assaillant. Nous avons aussi assisté ce soir au plus beau coucher de soleil de la campagne. Nous nous sommes tous appuyés au bord du bâtiment pour l’admirer. Je n’ai jamais vu de couleurs aussi irisées, de teintes aussi douces, aussi richement variées, avant de venir en Afrique et n’ayant encore contemplé que mon ciel de Bretagne. J’avais vu dans un tableau de Le Lorrain un ciel semblable, ou seulement une pâle imitation, j’en avais certainement accusé le peintre d’excès d’imagination, d’exagération de ce que donne la nature.
Notre Dame
de la Clarté Une œuvre guérandaise en Trégor Yves Avril La venue de cette sculpture s’étant faite à bord du voilier de l’auteur, ce mode de transport ajoute à ce récit un charme non négligeable. On pense à certaines statues miraculeuses, et, aussi, à quelques saints abordant la Bretagne, ou sa sœur, l’Irlande, ou à Saint Goustan, posant son pied sur une pierre, qui en porte encore l’empreinte. En un mot, l’art, celui de la navigation à voile, celui inspiré par la foi, ajouté à la fidélité aux anciens, qui consacraient leur talent aux églises, marques de notre civilisation, nimbent cet évènement d’une poésie lumineuse. Christiane Marchocki
Nous étions à la Saint Yves 2014. La fête du Saint est le 19 mai, date de sa mort à Minihy Tréguier, à Kermartin, dans le manoir natal, transformé en hôpital de toutes les misères des XIIIe et XIVe siècles.
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outefois, une consultation de fidèles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier a été faite, il y a quelques années par l’Évêque, pour savoir si l’on devait maintenir le grand Pardon de Tréguier le 19 mai, ou le situer au dimanche le plus proche. L’Église n’est pas une démocratie. La Vox Populi, à une faible majorité, vota le statu quo. L’Évêque décida d’adopter la deuxième proposition.
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En visite
En cette veille du pardon, nous avions commencé à assister, le matin, au Colloque. Le thème : Une Justice sans juge ? Un ami, haut magistrat à la retraite, m’accompagnait. Voulut-il joindre le geste à la parole ? Il quitta le colloque, à midi, avec l’ancien écolier trégorrois que je suis. Celui-ci vit ressurgir un de ses plaisirs les plus secrets, skol louarn, littéralement l’école du renard, c’est-à-dire l’école buissonnière. Avec une poignée de Guérandais, intéressés tout autant par le Trégor secret que par le grand Saint et son Pardon, nous partîmes, l’après- midi, loin des savants débats pour gouter les richesses locales. Nos pas nous menèrent à Perros-Guirec, à la chapelle Notre-Dame-de-la-Clarté, monument de granit rose édifié au XVe siècle par un Seigneur de Barac’h, en Louannec, à la suite d’un vœu exaucé. Perdu dans la brume, au milieu du dangereux chenal des Sept-Îles, Pierre de Tournemine promit d’édifier une chapelle dédiée à la Vierge, là où la terre apparaitrait et le sauverait du naufrage. Ainsi fut édifiée la chapelle de Notre-Dame-deLa-Clarté, de style flamboyant breton, classée aux Monuments historiques dès 1904.
Vol et proposition de restauration Notre petit groupe entre dans la chapelle, où mes amis s’étonnèrent de l’effigie en carton, posée dans la niche au-dessus de l’autel. Navré, le Père Le Rétif, curé de la paroisse, leur raconte le vol de la statue, perpétré le jour de la Toussaint 2013 : des malfaiteurs avaient, sans aucun scrupule, descellé et emporté la magnifique Vierge à l’Enfant du XVIIe siècle. Pendant nos échanges, notre amie guérandaise, Maïe Lorieux, sculpteur reconnue1, lui propose de remplacer l’œuvre disparue. Interloqué, le père Le Rétif évoque un devis, assorti de l’autorisation des fabriciens, voire de la commune propriétaire de la chapelle. L’artiste l’interrompt : l’œuvre sera offerte, et réalisée prochainement. Par un temps de demoiselle, après quelques jours de parcours sur mon bateau, la représentation en carton fut remise avec soin dans les mains de l’artiste, à quai, dans le port du Croisic, le 14 juin 2014. Une photographie en fait foi. L’histoire de la réalisation m’échappe, l’atelier étant bien loin de mes attaches trégorroises, mais, à la Saint Yves suivante, précisément le 22 mai 2015, la statue est arrivée à La Clarté, reçue dans la chapelle par le Curé, une maire adjointe de la commune et une poignée de paroissiens. Tous se sont extasiés. Réalisée en terre cuite, la Vierge et l’Enfant sont la reproduction parfaite du modèle, avec un léger correctif : la Vierge a un aspect plus
doux, plus attendrissant que son modèle, mais ce détail ne peut être connu que de celui qui a vu ou la statue disparue, ou son effigie en carton.
Accueil
La Vierge et l’Enfant ont été bénis et installés, solennellement, par le Père Le Rétif, le samedi 11 septembre 2015, au cours d’une cérémonie émouvante, précédée d’une messe, suivie par une assistance remplissant presque entièrement la chapelle. L’œuvre est fixée, comme un défi aux voleurs, mais l’histoire n’est peut-être pas finie. Visiteurs, qui entrez dans la chapelle de la Clarté, extasiez-vous sur le Chemin de Croix de Maurice Denis, ce nabi célèbre et familier des lieux, mais n’oubliez pas que grâce au modelage, à la sculpture et à la peinture de Maïe Lorieux, force est restée à la loi. Les traces d’un odieux larcin se sont aujourd’hui évanouies, sauf, l’espace d’un instant, pour les lecteurs de ces quelques lignes.
Ci-dessus : Statue de NotreDame- de-la-Clarté, en voie d’achèvement, dans l’atelier de l’artiste. (Photo Maïe Lorieux)
Ci-dessous : Maïe Lorieux, devant la statue, posée dans sa niche, au-dessus de l’autel, dans la chapelle de Notre-Damede-la-Clarté. (Photo Alain Lorieux)
Yves Avril 1 - Site internet : maïelorieux-sculpture.fr
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Dans les pas d’Anne
de Bretagne
Histoire, mythe et clichés
Chronologie des événements et petit inventaire des raisons qui lui auront donné sa place dans l’histoire... Jean de Saint-Houardon
L’année 2014 fut pour la Bretagne et les Bretons, voire pour tous les Français attachés à leur histoire, l’année « Anne de Bretagne » (1) avec la célébration du 500e anniversaire de sa mort survenue au château de Blois le 9 janvier 1514, à trente-sept ans seulement.
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ne vie courte et pourtant si bien remplie peut étonner. Toutefois, duchesse à 11 ans, reine à 15, mère à 16 et veuve à 21, sa vie de femme, de duchesse et de reine, la somme de ses épreuves et celle des événements qui la placent au centre d’enjeux politiques, nourrissent cette impression. Duchesse de Bretagne et deux fois reine de France au milieu du deuxième millénaire, qui est celui de l’édification de notre pays, aura permis à Anne de Bretagne d’entrer en bonne place dans son histoire pour y demeurer, et à faire d’elle un personnage mythique dont se réclame encore la tradition. Il serait présomptueux et vain, ridicule même, de vouloir présenter une nouvelle Anne de Bretagne qu’aucun historien n’aurait perçue jusqu’ici. En effet, s’il est un exercice impossible, c’est bien celui de trouver un profil objectif et clair de la personne, de la duchesse et de la reine
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dans la synthèse des innombrables ouvrages qui lui ont été consacrés. Toutefois, il en est un autre, plus simple et plus sûr, qui consiste à en expliquer les raisons. En effet, au-delà de l’histoire officielle et de ses accommodements, des ouvrages d’historiens et de leurs partis-pris, Anne de Bretagne est depuis toujours, et aujourd’hui encore, l’enjeu de propagandes antagonistes qui visent soit à mystifier le passé d’une Bretagne jalouse de son indépendance, soit à vouloir sceller une nation française une et indivisible... L’histoire trouve davantage son sens dans la chronologie des faits qui sont têtus que dans leur justification, rarement objective. Si on peut s’interroger indéfiniment sur les intentions et le caractère de ses acteurs, on trouve plus sûrement ce qui les aura naturellement poussés sur la scène de l’histoire. Cela paraît très clair pour Anne de Bretagne...
Ses origines Anne de Bretagne, née le 25 ou le 26 janvier 1477 au château du duc de Bretagne, à Nantes, est la fille de François II, né en 1433, duc de Bretagne en 1458, décédé en 1488, et de sa deuxième épouse, Marguerite de Foix, décédée en 1486, fille de Gaston IV de Foix-Béarn et d’Éléonore de Navarre. Elle est la petite-fille de Richard, comte d’Étampes (13951438), et de Marguerite d’Orléans, et l’arrière-petite-fille du duc Jean IV (1345-1399) et de Jeanne de Navarre (1370-1437).
Son enfance Curieusement, nous ne savons pas grand-chose de ses premières années. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que les enfants n’étaient pas à l’époque source d’intérêt, fussent-ils ceux de personnages d’importance. Par ailleurs, les chroniqueurs de cette époque peinaient à rapporter,
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de ce dernier, en 1461, elle fut chassée de la cour sur ordre de Louis XI, pour être ensuite rappelée pour une mission, celle d’aller espionner le duc François II sur l’oreiller. Elle entretint alors une correspondance suivie pour l’informer des intentions du duc. Des historiens qui ont voulu ignorer le fait, malgré cette correspondance, prétendirent qu’elle en devint amoureuse. Ceci étant, le duc la combla de cadeaux et d’attentions. Pour exemple, elle reçut du duc en 1468 une pension de 18 391 livres, quand celle de Marguerite de Foix, son épouse, était de 7 000 livres. Elle en eut plusieurs enfants, François, puis Antoine, dit Dolus, mort jeune, et deux filles selon des historiens au nombre desquels figure Dom Lobineau, Marguerite, décédée en 1489 et Françoise, née en 1483, qui auraient partagé l’enfance d’Anne de Bretagne. En 1468, elle prit le parti de Bretagne contre le roi de France. François, bâtard de Bretagne (14621510), deviendra en 1480 titulaire de la 1ère baronnie du duché (Avaugour), reconstituée à son profit par la faveur de son père selon Dom Morice, ce qui ne l’empêchera pas de trahir le duc, auquel il devait tout, dans les guerres que se livrèrent les armées bretonnes et françaises. Ce qui paraît choquant à notre époque et qui était courant alors. Il sera titré comte de Vertus en Champagne (en 1485), comte de Goëlo, baron de La Ferté-sur-Aube et de Rosnay, Sgr de Clisson, de Châteaulandron, de Londolon et de Paimpol, lieutenant général de Bretagne et gouverneur de Saint-Malo par son père (cette dernière fonction lui sera retirée par le duc pour s’être associé à des seigneurs mécontents en 1487), et lieutenant de Bretagne par le roi Charles VIII. Il se maria à madeleine de Brosse, veuve de Jean de Savoye, comte de Genève, décédée en 1512, fille de Jean III, comte de Penthièvre, et de Louise de Laval. Historien et romancier réputé de la première moitié du XXe siècle, auteur très prolixe dont les ouvrages furent publiés chez Fayard, Grasset, Plon, Didot, Piazza Colin, Rieder, les Nouvelles éditions latines... Parmi ses ouvrages à succès, écrits dans l’esprit de son temps qui arrondissait les angles de l’histoire, notons La vie et les pensées de Sénèque (2 tomes), Montaigne, Histoire de Venise, Néron, Jules César, Louis XI, La Fontaine, Byzance... Traité dont les termes furent révélés par l’historien byzantin Procope (décédé en 562) et Grégoire de Tours, évêque de Tours (538-594), auteur d’une Histoire des Francs. Celui-ci était composé du maréchal de Rieux, de Françoise de Dinan, d’Alain d’Albret, demi-frère de Françoise de Dinan, de Dunois, de Comminges et du maréchal de Montauban. Françoise de Dinan était une intrigante notoire, gagnée au parti de Rieux, dont le fils était son gendre, et à celui d’Alain d’Albret qui était son demi-frère, quand les rivalités au sein du conseil de régence s’exacerbèrent. Anne, une gamine de douze ans aura été, tout au moins pendant un temps, le jouet de leurs intrigues et de leur avidité, son mariage s’avérant être pour eux un enjeu important.
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(9) Ce sont l’archiduc Philippe Le Beau et des électeurs de l’Empire qui s’engagèrent pour Maximilien sur dix clauses précises, sous la foi du serment. Celles-ci arrêtaient pour principes que les droits et les libertés de la Bretagne seraient observés, que les places fortes ne seraient confiées qu’à des gens du pays, qu’aucun impôt ne serait levé sans le consentement des États, que les lieutenants du roi et de la duchesse ne gouverneront le pays qu’après l’avis des seigneurs, que le premier enfant né du mariage sera élevé en Bretagne, que l’aîné hériterait des États germaniques et le second du duché breton, et, qu’enfin, le roi n’obligera pas les Bretons à faire la guerre contre leur gré. (10) Paul de Musset, a publié dans « Le National » une série d’articles sur les archives de l’ancienne République de Venise. Dans l’un de ceux-ci , l’auteur fait état d’écrits qui inculperaient le Sénat de la Sérénissime pour avoir fait empoisonner Charles VIII. (11) Ce navire emblématique fut construit au Dourduff, près de Morlaix, par Jean Coatanlem, à la demande de François II, en 1487. Fort de 200 canons (ou cent, selon les sources) et d’une capacité d’accueil de mille hommes d’équipage, ce qui peut sembler exagéré, il croisera en Méditerranée et mènera en 1501, comme vaisseau amiral, une expédition contre les Turcs. Expédition que l’on dit avoir été voulue par Anne de Bretagne. Celle-ci, marraine du navire qui sera plusieurs fois renommé (La Nef de Morlaix, La Mareschalerie, La Nef de la Royne), le rebaptisera pour lui donner son nom définitif : « la Cordelière »... Le vaisseau prit feu et sombra corps et biens, avec 2 000 personnes à bord, prétendent des historiens vraisemblablement excessifs, y compris son capitaine, Hervé de Porzmoguer, dont on fit un héros malheureux. C’était lors d’un accrochage avec les Anglais et leur navire « Le Régent » dans les eaux d’Ouessant, le 10 août 1512, jour de la Saint-Laurent, fêtée à bord, où énormément d’invités auraient pris place avant que le bateau fasse mouvement pour affronter l’ennemi. (12) Pierre Choque, héraut d’armes d’Anne de Bretagne, était, comme tous ses homologues, figures incontournables des cours européennes, un personnage d’importance, porteur de lettres et de messages, maître des cérémonies princières ou royales... Anne de Bretagne le fit embarquer sur la Cordelière pour participer
au siège de Mytilène. Il aurait décrit sa souveraine comme ayant une simplicité foncière... (13) Dans un dénombrement du début du XVIe siècle, il est stipulé que « le comté de Montfort est un membre ancien du duché de Bretagne, la seconde terre dudit duché, et le premier mâle de la maison de Bretagne est appelé Mgr de Montfort ». Ce comté qui connut les affres de la guerre de Cent Ans sera saisi et restitué plusieurs fois aux ducs. Ceux-ci y entretenaient des officiers qui étaient leurs délégataires. Ces derniers abusèrent de leurs pouvoirs quand du temps d’Anne de Bretagne et de Charles VIII le comté fut en proie à nombre de désordres, tant et si bien que le couple royal dût prendre des mesures. Anne de Bretagne fit construire à Montfort-L’Amaury l’église Saint-Pierre, en pierre de Bazemont et grès de Rambouillet. Celle-ci connut des modifications en 1532, 1613, et au milieu du XIXe siècle. Le souvenir d’Anne de Bretagne y est encore présent aujourd’hui avec un monument à son effigie au bas de la motte féodale sur laquelle se trouvent les ruines d’un donjon, « la tour Anne de Bretagne ». La localité aura accueilli nombre de pardons bretons de 1899 à 2009, dont les initiateurs furent Olivier de Gourcuff, connu pour avoir fait jouer sa pièce de théâtre « Jean Kever » qui met en scène Anne de Bretagne arrivant à Paris, et le chansonnier montmartrois Léon Durocher, lui aussi régionaliste breton. (14) Barhélemy-Amédée Pocquet du Haut-Jussé (1891-1988), chartiste, fut conservateur de la Bibliothèque Nationale de 1920 à 1928 et le premier titulaire de la chaire d’Histoire de la Bretagne créée à l’Université de Rennes qu’il occupa de 1941 à 1963. On lui doit un ouvrage sur la Diplomatie d’Anne de Bretagne publié en 1916. (15) André de La Vigne (1470-1526), poète français et grand rhétoriqueur, est l’auteur des chroniques sur l’expédition de Charles VIII en Italie. Il fut le secrétaire du duc de Savoie, puis de la reine Anne de Bretagne. (16) René de Mauldre la Clavière (18481902) fonda la Société d’histoire diplomatique. (17) Pierre de Bourdeille, dit Brantôme, abbé commanditaire et seigneur de Brantôme (1537-1614). (18) Jean d’Authon, dit l’abbé d’Angles, né vers 1466, décédé en 1527, fut un moine de l’ordre des Augustins et un historiographe français à qui l’on doit « les chroniques de Louis XII ». (19) À propos de ce phénomène, notons que l’Académie celtique fut fondée en 1805. Bibliographie : Ouvrages dont les auteurs sont cités dans le corps du texte.
Médaille d’Anne de Bretagne, réalisée pour son passage à Lyon, en 1499. (Nicolas Leclerc, Jean de Saint-Priest, d’après les dessins de Jean Perréal - CC BY-SA 3.0)
Jacqueline Guériff
Présidente d’Honneur de l’APHRN
nous a quittés Nous avons appris, avec beaucoup de tristesse, le décès de Madame Jacqueline Guériff, dans sa 91ème année. Ses obsèques se sont déroulées en l’église Sainte Anne, à la Turballe, sa ville, ce 2 juin dernier. Lors de la cérémonie, le groupe vocal Pays blanc, Pays noir, fondé par Fernand Guériff et Patrick Pauvert, a chanté pour elle. Jacqueline Guériff, notre Présidente d’honneur depuis avril 2003, a toujours participé aux activités de l’APHRN. Avec son mari, Fernand Guériff, ils se sont mariés à la Turballe en décembre 1946, elle s’appelait alors Jacqueline Le Roux. Tous les deux ont co-fondé notre association en 1969. Ils exploraient la région nazairienne, Jacqueline au volant. Fernand Guériff détestait conduire, nous dit-on. Elle ne tenait pas uniquement ce rôle. Elle fut Présidente des AVF de Saint-Nazaire, participa à la création de l’UIA, dont elle devint la Présidente. Elle fut nommée au bureau national à Paris. Elle nous donna deux conférences, nous rappelant les femmes dont les rues de Saint-Nazaire portent les noms : Sophie Germain, Maryse Bastié, Georges Sand, Marie Curie. Enfin, elle rédigea des articles pour Le Bulletin de l’APHRN, devenu, plus tard, la revue Histoire et Patrimoine. Nous avons perdu notre Présidente d’Honneur. Nous nous souviendrons de son affabilité, de sa culture, sans ostentation, de sa pondération, du plaisir que nous avions à la rencontrer. Nous avons eu la chance de la connaître. Christiane Marchocki Présidente de l’APHRN
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ÇA SE PASSE AUJOURD’HUI 116
Les peintres de l’Estran Chapelle de Congrigou - Sainte-Marguerite de Pornichet du 30 juin au 10 juillet 2017
Dans notre n° 87 d’Histoire et Patrimoine, page 96, paru en juillet 2016, nous parlons de l’œuvre du peintre Pierre Josse, Président des « Peintres de l’Estran ». Cet été, du 30 juin au 10 juillet, nous pouvons nous rendre à son exposition et contempler ses toiles.
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Aucune reproduction, aussi fidèle soit-elle, et évocatrice, ne vaut les originaux. Eux seuls font naître une émotion artistique. Cette exposition se tient à Sainte-Marguerite de Pornichet dans la chapelle de Congrigou, face à la mer, avec « à tribord », le rocher de Congrigou., Nous serons heureux d’y rencontrer Pierre Josse et son épouse Jacqueline, adhérents de l’APHRN. Quatre pêcheries, situées dans un emplacement, si acrobatique qu’un fort coup de vent en est venu à bout. Ces Quatre pêcheries ont inspiré quelques-unes de ses toiles, entre autres. « J’avais essayé de reconstituer l’insolite marche de quatre arachnides géantes… » nous dit-il. Et nous, nous aurons le plaisir d’une promenade en bordure de mer, enrichie d’un moment de grâce.
Christiane Marchocki
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À LIVRE OUVERT
Comme dit ma mère La passagère du TER Élisabeth Pasquier, sociologue, professeur à l’école supérieure nationale d’architecture à Nantes, chercheur au LAUA (langages, actions urbaines, altérités) écrit des articles et des livres dans ce domaine qu’elle connait si bien : espaces publics, rénovations urbaines, cultures populaires, réformes territoriales, laboratoires de quartiers. Cette fois, il s’agit de deux œuvres littéraires. Ce n’est plus technique et impersonnel. C’est humain.
Comme dit ma mère
Le langage volontairement enfantin surprend. La forme, sans véritable ponctuation, sans paragraphes, peut gêner au début. L’écriture d’un enfant qui s’exprime à sa guise, qui ne se plie pas aux règles. On s’habitue et on se laisse emporter par une foule de souvenirs, qui provoquent un écho dans notre propre mémoire, les souvenirs s’ajoutent, comme ils viennent dans notre esprit, non pas sans ordre, il reste une trame. Qui connait Nantes se sent chez soi. C’est même un plaisir de suivre l’enfant. On pourrait penser à une écriture spontanée. Celle-ci n’en a pas le désordre, les souvenirs arrivent sans interruption comme ils le font dans notre cerveau. Le lecteur est capté, il grandit avec l’enfant, il retrouve cette hâte de vieillir, ou plutôt, de devenir jeune adulte, ses forces croissant au fil des pages. C’est déjà fini, non, autre chose commence.
La passagère du TER
Le ton, un peu monocorde, comme la vitesse du train qui roule régulièrement, transportant ailleurs tous ces gens qui ont le besoin de se déplacer. Le regard de la passagère observe les habitations qui défilent, les arbres, la campagne, les gens, spectacle de l’humanité à cet instant. Les arrêts sont aussi féconds, elle devine les espoirs des uns, les habitudes des autres, les provenances, c’est un voyage dans la société, sur une ligne de chemin de fer comprenant dix arrêts et des spécimens humains de toutes sortes. Au rythme de la vitesse et des interruptions, ses regards distinguent les habitués du trajet, les promeneurs, les solitaires, les groupes. C’est un spectacle continuel, mouvement, couleurs, tout change, l’ennui n’a pas sa place, la poésie plane dès qu’elle lève les yeux et regarde autrement, alors le concret change de nature. Le train, tout un monde à connaître. Ces deux livres sont à découvrir pour leur originalité, pour le monde où ils vous font pénétrer, pour le plaisir de se laisser prendre, entraîner et de les suivre. C’est la société explorée.
Christiane Marchocki 118
— HISTOIRE & PATRIMOINE - no 90 juillet 2017
Comme dit ma mère 76 pages - Prix : 14 €
La passagère du TER 140 pages - Prix : 16 €
Élisabeth Pasquier Éditions Joca Seria
Église Notre-Dame-de-Pitié 1494-1994 - 500e anniversaire
L’église du Croisic, Notre-Dame-de-Pitié, est enserrée parmi les habitations, certaines très anciennes. On la découvre en se guidant sur son clocher, qui domine toute la presqu’île, on le voit de très loin au large. Il peut servir d’amer à ceux qui naviguent. Cette église mérite d’être connue, non seulement pour son architecture, mais aussi pour les œuvres d’art qu’on y remarque. En son honneur, pour ses 500 ans, en 1994, Jean-Pierre Le Pape, imprimeur au Croisic, a fondé une association afin de favoriser l’édition d’un très beau livre, numéroté de 1 à 1000. Il a collecté des textes portant la signature de noms célèbres dans le monde de l’architecture et de l’art religieux. Son but est la sauvegarde de ce monument et celle des œuvres qui s’y trouvent. L’association a fait restaurer les tableaux, certains très détériorés. Il fallut monter des dossiers, en accord avec la commune, la DRAC, et tous les prestataires obligés, avancer les fonds, et, enfin, l’imprimer. Les techniques étaient bien différentes, en 1994. Cela demandait beaucoup de temps. Les ordinateurs n’étaient pas là. Seules, les photos traditionnelles étaient disponibles. On ne bénéficiait pas d’un agrandissement à l’écran, mais, d’une « photocomposeuse » première génération. On travaillait en « labo photo ». C’était fort compliqué. Il n’est pas superflu de noter que Madame Le Pape collabora efficacement à cette réalisation. Ce livre décrit les aspects de l’église NotreDame-de-Pitié : l’architecture, son histoire, les peintures, les vitraux, les objets du culte. Il est même un exposé savant au sujet des cloches et des carillons en fonction des célébrations. C’est exceptionnel. Ce livre bénéficie d’une recherche complète, les sources sont toutes citées. C’est le résultat d’un long travail. Les photos sont très belles, le papier de qualité supérieure. C’est un livre d’art que l’on conserve avec soin dans sa bibliothèque, pour sa beauté, son authenticité et sa rareté.
Église Notre-Dame-de-Pitié 1494-1994 - 500e anniversaire 236 pages - Prix : 20 €
Collectif Association du 500e Anniversaire Contact, pour se procurer l’ouvrage : 06 07 34 52 94
Christiane Marchocki
HISTOIRE & PATRIMOINE - no 90 — juillet 2017
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SORTIES CULTURELLES
Sur les terres de Gilles de Rais : Tiffauges Sortie, à la journée, du dimanche 2 avril 2017
Christiane Marchocki C’est, ce 2 avril, par un temps clair et frais que nous nous dirigeons vers les terres de Gilles de Rais dont nous parle la présidente, puis Nicole Bonnaud organisatrice de l’expédition..
H
eureusement qu’avant de nous risquer chez lui, nous nous arrêtons au Musée du Vignoble Nantais, pour une visite et une dégustation, car, évoquer ce personnage est l’occasion d’entendre des allusions aux pires horreurs. Nous aimerions retenir uniquement la première partie de sa vie, mais, l’homme est ainsi, et l’Histoire aussi fidèle que possible.
Au Musée du vignoble nantais, un ancien pressoir. (Photo Dominique Sénéchal)
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Nous sommes au Pallet, pays du vin, et ville natale de Pierre Abélard, célèbre philosophe et théologien, célèbre aussi pour ses amours avec Héloïse. Abélard, maître de théologie à N.D. de Paris, se voit confier Héloïse, nièce du chanoine Fulbert, pour son éducation. Héloïse remarquablement intelligente, belle et jeune, met au monde leur fils Astrolabe. Ils se marient. Fulbert, envoie des « hommes de main » punir Abélard qui finit sa vie à l’abbaye de Saint Denis en tant que moine, tandis que Héloïse est abbesse au couvent du Paraclet. Ils échangeront de magnifiques lettres, en latin, comme il se doit, à cette
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époque, empreinte de spiritualité. Tous les deux sont actuellement inhumés au cimetière du Père-Lachaise, ceci depuis 1917. Nous voici au musée du Vignoble Nantais, lieu empreint d’épicurisme. Notre guide, membre de l’«Association Pierre Abélard » nous commente la carte, l’essentiel de la présentation illustrera la dénomination « Sèvre et Maine ». Arrivent les Romains, le vin ne leur est pas inconnu, bien que certainement différent du nôtre. Progressivement, le christianisme s’étend, le vin est un symbole. Du IVe au VIIe siècle le vignoble se développe. Saint Félix à Nantes et Saint Martin à Vertou le favorisent. XIIe siècle, les vignes s’implantent, XVIIe siècle, pour la première fois apparait dans les textes le mot « Muscadet ». Nous écoutons les différentes périodes ; métayage, complantage le bail est alors inaliénable, le propriétaire ne peut pas reprendre sa terre, il a droit à une partie de la récolte. Ceci disparait à la fin du XIXe. En 1936 apparait l’« appellation contrôlée », et, en 1960, une nouvelle manière de vinifier donne l’expression « sur lie ». En 1980, ce sont de bonnes années, on plante de plus en plus de vignes. En 10 ans, on passe de 6 000 hectares à 13 000 hectares. L’abondance fait baisser les prix : on arrache environ 9 000 hectares de vignes. C’est alors le plus grand vignoble mono cépage pour le vin blanc. Le phylloxéra détruit la quasi-totalité des plants, on fait des greffes et tout est replanté. On nous montre la technique de différentes greffes. Une vigne dure de 40 à 50 ans. Pendant toutes ces années, les soins apportés à cette culture sont nombreux, et nécessitent un savoir particulier ainsi qu’un outillage spécifique : 3 types de charrues, une houe pour gratter le sol, une serpette ou un sécateur pour la taille qu’on nous explique, du sulfate de cuivre pour éviter le mildiou.
Après tout ce travail, il est à souhaiter que la grêle ne vienne pas tout détruire, on tente de l’éloigner à l’aide de fusées. Enfin, chaque année à l’automne, vient la récolte. C’est au tour du pressoir de se montrer. Dernier épisode : la vinification. Nous écoutons une nouvelle explication : contrôle de la température, de la fermentation. Ce sont d’autres observations attentives. Dernier acte : la dégustation. Ceci nous mène au restaurant Nous déjeunons en vue du château de Barbe Bleue, la légende s’est emparée de Gilles de Rais. Le vin que nous consommons, modérément, nous rappelle qu’il est le résultat de toute une suite de soins étudiés, améliorés, au long des siècles, reflet d’une civilisation. Investissons le château. Dès l’entrée, on nous signale qu’assaillants, possibles, nous serions pris au piège, le pont-levis relevé derrière nous, une muraille infranchissable, portes fermées devant nous. Reste à subir le tir croisé des assiégés. Ce sont des volées de flèches acérées qui s’abattent jusqu’à ce qu’elles aient transpercé les protections que nous verrons de près dans un moment. Visiteurs désarmés, pacifiques, curieux d’apprendre l’histoire de ces lieux, nous sommes admis et accueillis. Un film en « 3 D » nous relate la vie de Gilles de Rais, version heureusement adoucie, à l’usage des enfants. Orphelin très tôt, il est élevé par son grand-père, homme violent et sans scrupules. Il devient un parfait chevalier, l’un des plus instruits dans l’art de la guerre. En 1420 il enlève Catherine de Thouars, âgée de 18 ans, l’épouse, elle apporte en dot ce château de Tiffauges. Plus tard, devenue veuve, elle se remariera avec Jean II de Vendôme, vidame de Chartres (le vidame représente l’évêque, sur le plan temporel, et commande ses troupes) il fait construire la tour Vendôme qui survit encore. Gilles de Rais, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, se bat devant Orléans, il est présent à Reims au sacre du roi, l’un des plus grands seigneurs de son temps, il est fait maréchal de France, il a le privilège d’ajouter à son blason, en bordure, le bleu azur et la fleur de lys. Jeanne d’Arc, faite prisonnière, brûlée, il perd la faveur du dauphin. Revenu dans son château, il se ruine en fêtes. C’est alors
qu’il a recours à l’alchimie, on croyait en la transmutation des métaux qui permettrait d’obtenir de l’or. Il fait venir un alchimiste italien, offre aux démons des animaux en sacrifice. Il n’obtient pas d’or. Il offre alors des sacrifices humains. Il fait enlever de jeunes garçons de 8 à 15 ans. On évalue le nombre de ses victimes de 140 à 250, nombre difficile à évaluer. On le considère comme l’un des plus grands criminels connus. Arrêté, capturé, son procès durera deux ans à Nantes, les accusations et témoignages affluent. Il fera amende honorable, sera brûlé, et pendu pour ce qu’il reste de son corps. Nous sommes dans un endroit atroce. C’est la plus grande forteresse de l’ouest de la France, à la frontière du Poitou. Dans la tour Vendôme se trouvaient les canons de XVe siècle, nous voyons les couleuvrines, il existe une deuxième salle à canons avec les chambres de tir. Dans la salle d’armes, nous apprenons beaucoup, en direct ; l’arbalète présente, atteint sa cible à 300 mètres, sa f lèche ou carreau, a quatre faces. On peut se protéger : le camail, sorte de pèlerine, enveloppe la tête, le cou et les épaules, elle est faîte de mailles d’acier. Le haubert, longue chemise faite elle aussi de mailles, armement du chevalier, ne pèse que 11 kilos. N’oublions pas les casques, plus variés qu’on pourrait le croire. Remarquons ce casque à « visaille », le geste de soulever la visière protectrice serait
L’entrée du château de Tiffauges. (Photo Dominique Sénéchal)
Un participant à la sortie n’a pas hésité à revêtir cotte de mailles et armure. (Photo Dominique Sénéchal)
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Le groupe de l’APHRN, au début de la visite du château de Tiffauges. (Photo Dominique Sénéchal)
l’ancêtre de notre salut militaire. Tout ceci nous mène droit à un tournoi. C’est très beau un chevalier sur son destrier, lui aussi protégé. Lorsqu’ils s’élancent l’un contre l’autre au galop lances pointées, on pense à ce que ce devait être lorsque ce n’était pas pour jouer. Quelques écus sont percés, c’était prévu, mais tout de même. Rappelons que la couleur rouge rappelle la vaillance et le bleu la courtoisie. Gilles de Rais était-il chevaleresque ? L’humain est si complexe. Pour compléter ces épisodes guerriers, nous apprenons le maniement du mangonneau, du trébuchet et autres machines de guerre du genre catapultes bien utiles en temps de siège. On savait tuer. Encore un regard sur ces ruines imposantes datant du XIIe siècle avec Geoffroy de Thouars, il montre maintenant 18 tours, un mur d’enceinte épais de 3mètres, situé sur un éperon rocheux, il domine le paysage. Au XIXe, on découvre une crypte de la fin du XIe.
Elle était murée, sa chapelle dédiée à Saint Vincent avait été détruite pour laisser place à la réalisation d’un projet de celui qu’on nommera Barbe bleue. Désormais, ce château est la propriété du Conseil Général de la Vendée. En un temps, on y a joué au football, autre forme de tournoi. Maintenant, on y donne des spectacles. Cette journée culturelle organisée par l’APHRN émaillée d’amours illicites, de crimes sans nom, de violences guerrières aura été fort passionnante, c’est une belle documentation sur ce que fut notre histoire, et ce n’est pas fini, bien des auteurs continuent leurs recherches, nous aussi, pour de nouvelles découvertes.
Christiane Marchocki
Les sorties culturelles APHRN d’automne 2017 »» »»
Dimanche 1er octobre 2017 Sortie à la journée, en autocar - Grandchamp et Colpo (Morbihan) Vendredi 20 octobre 2017 (après-midi) Sortie à la demi-journée - Canal de La Martinière et Couëron Retenez bien ces deux dates dans vos agendas
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SORTIES CULTURELLES
Archives départementales de Loire Atlantique Sortie, à la demi-journée, du vendredi 12 mai 2017
Christiane Marchocki On se perd dans le temps lorsque l’on s’avise de le remonter. On se perdrait aussi aisément dans les couloirs des Archives départementales de Loire Atlantique : les ADLA.
C
e sont des couloirs, un labyrinthe de couloirs pour qui n’est pas initié, 57 kilomètres au total, sans fenêtres, les murs tapissés de dossiers classés, rangés, numérotés, comptabilisés jusqu’à hauteur d’homme. La température y est de 18 degrés, l’hygrométrie de 55 %, la lumière artificielle est là heureusement. La présence de notre guide, médiateur culturel, est rassurante et passionnante. En 1491 sont déposées à Nantes, dans un bâtiment de la place des Cordeliers, toutes les archives des ducs de Bretagne. Logique, la ville abrite le « Château des Ducs ». Ceci nous donne le privilège de voir, en vrai, la signature de la duchesse Anne au bas du texte d’un document restauré. L’ensemble est qualifié de « Trésor ». Ceci n’a effectivement pas de prix. Ces textes sont conservés dans des layettes en chêne, commandées par la duchesse ellemême. L’histoire des archives est entrecoupée de déménagements pour des locaux toujours plus grands pour des documents toujours plus nombreux, leur volume étant en croissance continuelle au cours d’évènements et au cours du temps. La numérisation est une aide, mais tout est éphémère. Les archives tentent de fixer la mémoire. En 1770, J.B. Ceineray construit le palais de la chambre des comptes, plus une salle pour les archives. Pendant la Révolution, ce bâtiment devient la Préfecture. Tout au long des XIXe et XXe siècles les documents affluent. La chapelle de l’Oratoire se libère, 3000 mètres linéaires sur 10 mètres de hauteur supportent des étagères chargées de dossiers. En 1911, c’est trop petit. En 1928, acquisition d’un terrain rue de Bouillé sur la rive droite de l’Erdre. On réalise une nouvelle construction pour un stockage sur 10 000 m linéaires à 6 niveaux. Il sera doublé en 1963. L’hôtel Gueudet est bientôt envahi lui aussi par les dossiers. Nous visitons un ancien salon de réception magnifiquement décoré. 1998 : ces locaux sont beaucoup trop petits,
il faut penser à l’avenir, dit-on, de 2005 à 2008 on fait des travaux d’extension pendant lesquels les archives ne sont pas accessibles. Actuellement, on peut aligner ces chiffres : 57 000 m linéaires, une salle de lecture de 130 places, une salle de conférence de 100 places et une salle d’exposition de 380 mètres carrés. On ne peut arrêter le temps, nous avons la chance d’avoir cette possibilité de consulter, de déchiffrer ces textes qui nous concernent encore par écho, sachons en bénéficier.
Nous écoutons attentivement, et même avec étonnement, à quel point un manuscrit peut être détérioré par la lumière et les vers. Il faut prendre de grandes précautions pour le consulter, sous un éclairage atténué. Il n’est pas bon, dans un but louable de réparation, d’utiliser du scotch dont la colle acide détruit lentement l’encre. Il faut se cantonner à du « Filmoplast ». Les travaux pour reconstituer une seule feuille sont délicats, minutieux, exige de la patience, de l’adresse. Le résultat est surprenant. Nous nous penchons sur l’œuvre de spécialistes. Accéder aux ADLA est facile et gratuit. On est accueilli dans une salle de lecture vaste et claire. Il est possible de rechercher sa généalogie, ceci représente 90 % des demandes, mais on peut aussi étudier des points d’histoire, faire toute recherche permettant d’écrire des ouvrages et participer ainsi à la diffusion du savoir, à la conservation de notre mémoire donc de notre histoire.
Le groupe de l’APHRN écoute, avec beaucoup d’attention, les explications de Didier Besseau, médiateur culturel aux Archives départementales 44. (Photo Tanguy Sénéchal)
Christiane Marchocki HISTOIRE & PATRIMOINE - no 90 — juillet 2017
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A . P. H . R . N
Association Préhistorique et Historique de la Région Nazairienne
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Illustration : Jacqueline et Fernand Guériff, dans les années 1950..
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Le port de Kercabellec, en 1997 Peinture acrylique sur contreplaqué, réalisée par un peintre amateur, signant M. Jacques