Supplément culturel des Petites Affiches des Alpes Maritimes
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Conception/Design graphique :
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Photos : GGetty Images
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E U R O S
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“ T O U S ” !
manca F E S T I V A L INTERNATIONAL DES MUSIQUES D ’ AUJOURD ’ HUI
1 8 > 2 4 N OV. 2 011 • NICE BMVR • MAMAC • TNN • OPÉRA DE NICE • THÉÂTRE FRANCIS GAG • CNRR
Centre National de Création Musicale
Région Provence Alpes Côte d’Azur
vente en ligne : cirm-manca.org INFO & RÉSA : 04 93 88 74 68 > BUREAU DU FESTIVAL CIRM 33 av. Jean Médecin • Nice
ours Art Côte d’Azur Supplément culturel des Petites Affiches des Alpes Maritimes Numéro 3574 du 6 octobre 2011. Bimestriel ISSN 1962- 3569 Place du Palais 17 rue Alexandre Mari 06300 NICE Ont collaboré à ce supplément culturel : Rédacteurs Frédéric Altmann Alain Amiel Rodolphe Cosimi Alina Gavril Olivier Marro Harry Kampianne Directeur de la publication & Direction Artistique François-Xavier Ciais Conception graphique Maïa Beyrouti
EDITO Quand ce peuple pourra penser et rêver on lui donnera l’art qui fait penser et rêver. Gustave Moreau Je me souviens il y a quelques années après l’été ce n’était jamais drôle de repartir cartable au dos, je rêvais déjà d’un monde idéal. Vous me direz désormais ce n’est pas mieux, nous avons notre lot de mauvaises nouvelles, la crise toujours plus prégnante ne nous permet pas d’entrevoir l’hiver comme nous le souhaiterions, et de pouvoir rêver bien au chaud. Qu’à cela ne tienne, nous vous avons tout de même trouvé quelques éléments pour vous réchauffer l’esprit et l’âme ; l’artiste ne connaît pas de crise, ou plutôt si, celle existentielle, celle de l’ego, celle de la page blanche, celle du doute, en somme de l’introspection naît certainement la création au bénéfice de tous ; du reste, si l’on pouvait demander à nos boursicoteurs un peu d’esprit d’introspection, peut-être aurions-nous une création de richesse au bénéfice de tous. Peu importe par quoi nous serons grignotés, il nous restera toujours le rêve et l’évocation ; en cela Art Côte d’Azur vous sera un bon guide, nous irons de Barcelone à Lyon avec une
petite halte sur Vence afin de découvrir une galerie/ librairie totalement atypique, un passage passionné par Villefranche avec Madeleine Servera, au départ de Nice vous découvrirez une œuvre magistrale de l’artiste niçois Cipre qui voguera par delà nos frontières pour tâter du terrain au pays des All Blacks. La rentrée c’est aussi l’école, avec un établissement totalement dédié aux arts, la Villa Thiole à Nice, quelques regards croisés de photographes, une page spéciale sur Anish Kapoor, que nous retrouverons certainement au Mamac dans peu de temps. Un voyage artistique au pays des Tatoos, un passage No made avec le sculpteur au grand cœur Louis Dollé, une page spéciale sur le Récup’Art, et une toute particulière sur Margaret Michel ; vous l’avez compris, la rentrée pour Art Côte d’Azur, elle est tout simplement riche d’émotion et de découverte. Rêvons donc, nous le pouvons, au-delà de nos évasions touchons même la réalité, l’Artiste est encore vivant, il existe tout simplement, alors que faites-vous donc ? Songez immédiatement à ouvrir nos pages ! François-Xavier Ciais
D’heures en heures
Graphiste Maïa Beyrouti Caroline Germain Photographes Jean-Charles Dusanter Bertrand Ornano Isabelle Chanal Photo de Couverture Intérieur du Léviathan d’Anish Kapoor Monumenta Grand Palais pour Art Côte d’Azur © Tous droits réservés Rédactrice en chef Elsa Comiot Tél : 04 93 80 72 72 Fax : 04 93 80 73 00 contact@artcotedazur.fr www.artcotedazur.fr Responsable Publicité Anne Agulles Tél : 04 93 80 72 72 anne@petitesaffiches.fr Abonnement Téléchargez le bulletin d'abonnement sur : www.ArtCotedAzur.fr ou par tél : 04 93 80 72 72 Art Côte d’Azur est imprimé par les Ets Ciais Imprimeurs/ Créateurs « Imprim’Vert », sur un papier répondant aux normes FSC, PEFC et 100% recyclé. La rédaction décline toute responsabilité quant aux opinions formulées dans les articles, cellesci n’engagent que leur auteur. Tous droits de reproduction et de traductions réservés pour tous supports et tous pays. © J-Ch Dusanter
D’heures en heures La bourse en chute libre Sans parachute doré Et le CAC quarante vibre Pour venir s’écraser Dans nos salons blafards Quand tous ces tendres spéculateurs Et autres délicieux traders Ont fini de faire leur beurre Il ne nous reste plus Qu’à compter les épinards À la sauce discount Le système est corrompu Les banques sont en déroute Les marchés foncent vers la banqueroute Nous le reste du monde On a les mains moites À chaque seconde L’émoi des fins de mois À lécher des conserves en boîte La bourse joue avec nos vies Kerviel tutoie Machiavel Madoff lui nous endoffe Pour remplir leurs coffres À coup de stratégies démentielles Les traders d’aujourd’hui Comme les spéculateurs d’hier Ont la gueule de travers Une gueule d’enfer Et ils devraient se méfier De tous ces tuyaux percés On pourrait bien tous en crever… D’ailleurs En Somalie En Éthiopie Loin des bonus Mais près de l’oubli Certains ont commencé À perdre plus Que des taux d’intérêt. Arnaud Duterque
EN VILLE 6 HORS LES MURS 10 VENCE 12 VILLEFRANCHE 14
HORS LES MURS MUSÉE MACBA DE BARCELONE
BIENNALE DE LYON
iel © A. Am
CONCEPT « BASSE FONTAINE »
PORTRAIT MADELEINE SERVERA, CONSERVATRICE DES MUSÉES DE LA CITADELLE
ano © B. Orn
16 NICE 18 NICE
VILLA THIOLE, DOSSIER GRAVURE
STÉPHANE CIPRE, SCULPTURE RUGBY POUR LA NOUVELLE ZÉLANDE
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© F-X.
Ciais
MÉCÉNAT CULTUREL BPCA
© R Cosimi
La vie des arts 22 REMUALDO DOSSIER PHOTO
FABRE FRAÎCHER
26 ANISH KAPOOR 30 LOUIS DOLLÉ 32 RÉCUP’ART 35 MARGARET MICHEL 38 LÉO CASTELLI SUR
mualdo © O. Re
PORTRAIT
PORTRAIT
DOSSIER
AC © MAM
PORTRAIT
LA CÔTE D’AZUR
40 VOYAGE TATOO REPORTAGE PHOTOS
© B. Ornano
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HORS LES MURS
ba r c e l o n e
Un musée modèle :
le musée d’art contemporain de barcelone (MACBA) En mutation permanente, Barcelone est une ville hyperactive où il y a toujours de nouvelles choses à explorer. L'art y est présent partout.
M
ême les grandes rues commerçantes ont un air de fête et le charme d’une modernité turbulente. Dans le Barri Gòtic, le quartier médiéval (en fait
d’origine grecque et romaine), au détour des petites places, des ruelles minuscules, on croise Picasso, Miró, Barceló, etc. Au milieu des Ramblas (la promenade mythique de Barcelone), on rencontre la Bóqueria, un grand marché couvert de toute beauté où les commerçants se piquent de présenter leurs produits avec goût. Les étalages sont autant d’œuvres abstraites aux couleurs chantantes. Les barcelonais disent qu'ils ont les plus beaux fruits du monde… et ça a l'air vrai !
De haut en bas et de gauche à droite : Dessins de Picasso sur la façade d'un immeuble Etalage de fruits à la Böqueria Façade du Musée
BArcelOne
HORS LES MURS
A l’architecture fabuleuse de Gaudi (la Sagrada Familia - toujours
Un tel bâtiment au fort parti pris géométrique impose une scéno-
pas finie, le Parc Güell, la Casa Milà, etc.), s’est ajouté à partir
graphie poussée et dépouillée. Les accrochages sont parfaitement
des années 1975 (après la dictature franquiste) un urbanisme
ordonnés (peut-être trop pour certaines œuvres).
moderne et créatif. Dans les années 80, les musées Miró, Picasso sont inaugurés et en 1998, dans le quartier rénové du Raval, est né le musée d'Art Contemporain de Barcelone (MacBa). Il a été réalisé par Richard Meier, l’architecte américain grand spécialiste des musées (Atlanta, Indian, Francfort, siège de Canal +, etc.) L’écrin est somptueux : ouvert sur une grande place (devenu spot de skateurs), s’intégrant avec les bâtiments historiques alentours, ce bâtiment géométrique aux murs blancs et harmonieusement découpés, présente de grandes verrières offrant une luminosité exceptionnelle. Jeux de courbes et de droites, verticalité remarquable, angles droits et obliques (des rampes d’accès aux étages), dialogue des espaces intérieurs et extérieurs. Une architecture très graphique qui se prête bien à la photographie. Les proportions restent à taille humaine et les visiteurs qu’on aperçoit sur les rampes s’intègrent parfaitement aux volumes. Meier reprend en fait la problématique de la sculpture contemporaine qui interroge la relation entre l’art, l’espace… et la place de l’homme.
Les collections A partir de 1959, Alexandre Cirici-Pellicer a commencé à réunir une collection qui ajoutée à celle de la Generalitat et de la Fundació privada Museu d'Art Contemporan ont constitué le premier fonds d’œuvres de la seconde moitié du XXe siècle (Picasso, Miró, Tápies, etc.). A partir des années 2000, le MacBa s’enrichit d’œuvres illustrant le changement de paradigme de ces dernières années où l’art ne se satisfait plus de l’objet, mais vise à intégrer le récit, la situation, le dispositif, et surtout le rapport à l’autre (œuvres de Chantal Akerman, Baldessari, James Coleman, Dan Graham, Anish Kapoor, Mike Kelley, etc.)
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HORS LES MURS
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Très orientée depuis le début vers le service public, le Musée organise de nombreuses expositions temporaires. Pour explorer les idées et les problématiques actuelles, des concerts, conférences, séminaires, audiovisuels, cinéma expérimental, sont organisés à un rythme soutenu, concourant à générer une effervescence intellectuelle ce qui se veut l’axe central du projet artistique. Les inaugurations (avec cava, le champagne local) sont très courues.
Ci-dessus et dessous : Musée d’Art Contemporain de Barcelone
D ans le hall central, l'impressionnant lit éclaté d'Antoni Tapiäs
Cet été Le musée a présenté une sélection comprenant une centaine d’œuvres (62 artistes et huit groupes) provenant de la Moderna Galerija de Ljubljana, une des premières collections d'art d'avantgarde de L'Europe de l'Est de l'après-guerre. Différentes périodes historiques sont représentées : l’espérance en un monde nouveau dans les années 50, suivie d’une grande désillusion due à l’assujettissement à la pression politique. Après un premier temps où les arts liés au corps ont émergé, des
Ces dernières années, grâce à la connexion au réseau mondial,
réponses collectives (actions de groupe) se sont imposées, essen-
une nouvelle génération exprime sa subjectivité à travers des pro-
tiellement des performances sur l’état des lieux de la société.
ductions artistiques intégrant recyclages de formes et d’images et
Les manifestations des artistes dans l’espace public appa-
une dimension éthique et sociale.
raissaient au pouvoir forcément anti-institutionnelles et antiidéologiques. Ils n’ont pu développer leurs activités que dans des
Une exposition qui aide à comprendre l’évolution de l’art dans
espaces marginaux vaguement tolérés, les hauts lieux de l’art
l'Europe de l'Est, l’attitude des artistes et leurs projections pour
étant réservés à « l’art officiel ».
l'avenir.
A la chute du communisme, une nouvelle ère, marquée par la circulation des idées et des hommes est née. Photographie, film et vidéo se sont rapidement propagés.
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HORS LES MURS
LYON
La cuvée 2011 ? du Mieux !
P
our beaucoup de gastronomes et fins
Barthélémy Toguo expose 55 cercueils en bois poli. Une œuvre iné-
gourmets, Lyon est une somptueuse mise
dite et une façon, selon lui, d’expliquer « le constat de l’état drama-
en bouche pour solide appétit. Et qui dit
tique dans lequel se trouvent actuellement les 55 pays d’Afrique. »
cuisine, aussi costaude et raffinée soit-elle, traduit une
Autre curiosité de chair et d’inconscience, l’adipeuse sud-africaine
certaine affinité avec l’art et le plaisir de la création. Le tan-
Tracey Rose peinte en rose et narguant les soldats israéliens au pied
dem art/gastronomie a toujours fait sensation en France. Et
du Mur de la Honte au lever du jour tout en massacrant à l’aide d’une
la Biennale de Lyon, hormis ses fameux "bouchons" où mijotent
guitare électrique l’hymne israélien. Plutôt drôle comme vidéo si l’on
ses tabliers de sapeurs, ses quenelles, sa cervelle de canut ou en-
tient seulement au côté potache. Du côté créations exclusives en ce
core ses pieds de cochon, ne déroge pas à la règle du critique en
qui concerne la Sucrière, nous avons l’énorme rotonde inaccessible du polonais Robert Kusmirowski. Une sorte de mémoire collective géante où livres et archives ne sont visibles qu’en vue plongeante du deuxième étage. Rayon peinture, l’anglaise Lynette Yiadom-Boakye nous offre une galerie de portraits somme toute classique mais d’une
appétence. Pour cette cuvée 2011, nous lui accordons une bonne
grande présence physique et psychologique. Plutôt impressionnant.
mise en bouche tout en restant hélas sur sa faim. Tel est le premier
On retrouve aussi Guillaume Leblon dans une installation à la fois
ressenti de cette biennale après avoir compris que même un mil-
sobre et monumentale ainsi que les références encyclopédiques du
lésime moyen pouvait nous réserver quelques bonnes surprises. La
mexicain Erick Beltrán concentrées en un globe noir volumineux et
première d’entre elles est à dénicher à La Sucrière. Une immense
lumineux. Pour le musée d’art contemporain, la tchèque Eva Kotát-
bâtisse portuaire à deux pas de la Saône où "Une terrible beauté est
kova a mis en scène sa Machine de Rééducation, une installation
née". A partir de ce titre brumeux d’exposition extrait d’un poème de
audacieuse nous plongeant dans un univers kafkaïen. Toujours sur le
William Butler Yeats, la commissaire Victoria Noorthoon a souhaité
thème de la soumission, les poupées dessinées de Virginia Chihota se
mettre en scène une dualité qui selon elle « permet d’interroger la
transforment en symboles de capitulation vite associée à la condition
force du paradoxe et de la tension, et l’état d’urgence du monde
féminine « Vous pouvez faire subir n’importe quoi à une poupée »
et des arts d’aujourd’hui. » Pour sa 11ème édition la Biennale de
ajoute t-elle. Dans un tout autre registre, les évolutions graphiques
Lyon s’est donc contentée de titiller les paradoxes qui sommeillent
de l’irlandais Garrett Phelan se tournent vers une forme de croyance
en chacun de nous. Une sorte de Ying et Yang à grande échelle. 78
en l’image dont il souhaite présenter à travers son œuvre son « ex-
artistes issus d’une vingtaine de pays se sont chargés d’y appor-
périence de la confusion, de la contemplation, de l’incertitude, de
ter leur concours. Le résultat manque parfois de hauteur voire de
l’informe, de l’infini et de la méditation. » Bien que cette édition de la
culot mais la Sucrière s’en tire plutôt pas mal. Au rez-de-chaussée,
biennale soit encore installée sous le sceau de la vidéo et des instal-
x!
l yo n
HORS LES MURS
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biennale
de lyon
De gauche à droite et de haut en bas : KOTATKOVA Eva - Re-Education Machine DE CARO Marina - Sans titre YIADOM-BOAKYE Lynette - Condor And The Mole DEHN Jochen - GOTT IST NIVEA (DIEU EST NIVEA) LOPES Jarbas - New Human Generation PIERCE Sarah - An Artwork in the Third Person PARIS Nicolas - Lectura de casualidades o Incertidumbre calculada LIMA Laura - Gala Chicken and Gala Coop Affiche Biennale de Lyon 2011
lations, elle n’a pas omis de
Biennale, on ne peut
mettre en valeur des peintres
pas dire que le jardin
tel que l’écossais Neal Tait,
à la française Ma-
l’hollandaise Hannah van Bart
rienbad (inspiré du
ou les séries de dessins de
film d’Alain Resnais
l’argentine Marina de Caro,
L’année dernière à
de la hollandaise Elly Strik, du
Marienbad,
chinois Yun-Fei Ji ou du lyon-
de l’argentin Jorge
nais Christian Lhopital. N’ou-
Macchi accède au
blions pas les collages monu-
contraste
1961)
souhaité
mentaux du vénézuélien Arturo Herrera et l’inquiétant et fascinant
avec l’environnement en friche de l’usine. Trop timide. En intérieur,
film d’animation de l’allemand Alexander Schellow qui a observé une
seule la vidéo In the Castle of my Skin de Tracey Rose reprenant
femme de 96 ans recluse dans une clinique spécialisée pour patients
un chapitre d’un livre de Franz Fanon Peaux noirs, masques blancs
atteints d’Alzheimer.
mérite de l’intérêt et arrive pour le coup à nous surprendre. De nom-
Déception. La Fondation Bullukian, écrin de verdure cerné de vieilles
breuses surprises proviennent également des manifestations/satel-
bâtisses, elle aussi retranchée sur des créations inédites, manque
lites accrochées à la Biennale. Entre autres la magnifique collection
son rendez-vous : œuvres étouffées voire visuellement insipides
Antoine de Galbert au musée des beaux-arts, l’inégale Docks Art Fair
malgré la rigueur de la scénographie. Les "architectures mobiles" et
dont le millésime cette année est loin d’être excellent mais mérite le
les lieux d’utopie de Yona Friedman semblent empêtrés dans une
détour pour la courageuse initiative de Patricia et Olivier Houg, l’Ins-
structure carcérale sans réelle respiration. Même constat pour les
titut d’Art Contemporain de Villeurbanne dédié à la jeune création
dessins expérimentaux et architecturaux du colombien Nicolás Paris.
nationale et internationale…La Biennale de Lyon ne manque visible-
Trop effacés, pas assez de recul et surtout mal accrochés. Une autre
ment pas d’initiatives. Bien que le thème "Une terrible beauté est née"
déception et plutôt de taille nous attendra à l’usine T.A.S.E (Textiles
peut prêter à confusion voire incompréhension, l’obstacle n’est pas
Artificiels du Sud-Est) à Vaulx-en-Velin, une ancienne fabrique de soie
de taille à empêcher les agréables surprises de cette nouvelle cuvée.
artificielle construite en 1924 et aujourd’hui sous les feux d’un projet d’urbanisation. Pour sa première prestation dans le cadre de la
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EN VILLE
Vence
la basse Fontaine : Beaux Livres et peintures grandeur nature La Basse Fontaine, située au cœur de Vence, est à la fois une galerie et une librairie. Depuis 25 ans maintenant, l’esprit littéraire de Didier Bonnet côtoie l'esprit commerçant de son cousin germain Stéphane Averty dans un espace spécialisé dans les livres illustrés et la peinture moderne. Insertion dans leur espace intime où l’on vous souhaite de passer au moins une heure de votre vie !
U
n Noël 87, les artistes locaux s’immergent dans un lieu hors
8000 volumes stockés
du commun à l’époque, un espace de vie culturel où deux
Avec leur regard averti (avis au nom), la Basse Fontaine participe
cousins germains présentent leurs coups de cœur sur les
aujourd’hui aux plus grands salons, comme le prestigieux Salon du
livres anciens ou les affiches d’expositions qui placardent aujourd’hui
Livre au Grand Palais à Paris, en Bologne ou à Barcelone. Leur image
les murs de la Basse Fontaine. Une sélection de documents rares,
se compose d’une collection impressionnante de livres illustrés du
lithographies et affiches peintes par Chagall, Matisse, Picasso, Miro,
XXe siècle dans les Beaux-Arts, et parmi eux on cite notamment
Dufy, Braque, Buffet, Ernst, Tapiés ou Cocteau est proposée aux pas-
« La Divine Comédie » de Dali-Dante, « L’Hommage à Pablo Picasso »
sants, aux curieux et surtout aux acheteurs. Peu après l’ouverture, les
d’André Villers ou « La Vilaine Loulou » d’Yves Saint-Laurent. A cela
propriétaires constatent une évolution immédiate et inévitable dans
s’ajoutent des livres anciens et divers comme le Dictionnaire de mé-
le marché : ils se tournent vers le poster classique comme objet de
decine de James Robert ou l’unique « Voyage en Chine » de William
collection, en laissant à l’abandon l’organisation d’expositions dans
Saunders en 1870. Mais la fierté culturelle de la Basse Fontaine est
ce nouveau lieu d’art. « En 25 ans, le marché a bien changé. Des
liée également au courage d’une passion : « Nous avons toujours
choses qu’on aurait défendu en poster classique n’a plus aucun inté-
eu le choix entre acheter une seule pièce ou acheter une collection
rêt aujourd’hui. Il faut suivre l’acheteur et les tendances d’un art en mouvement » se défend Didier Bonnet. Intérieur de la librairie-galerie La Basse Fontaine à Vence
Les livres anciens, la fierté de Stéphane Averty et de Didier Bonnet
Vence
EN VILLE
entière et faire le marché » affirme Stéphane Averty. A nous d’ajouter
Benito de 1920, comme « La dernière lettre persane - Fourrures Max » :
que la deuxième option est celle gagnante, car la durée de vie d’un
un texte pastiche de Montesquieu et 12 planches en couleurs de
tel espace d’art en est le vif témoin.
Benito sous une couverture légèrement défraîchie… « Derrière le
Les particuliers s’arrêtent à La Basse Fontaine surtout pour des expertises, les deux cousins ne cessent de les renseigner, mais avant tout ils se conduisent d’après le « coup de cœur ». La galerie-librairie compte actuellement entre 7000 et 8000 volumes, ce « qui n’est pas énorme » mais ils se démarquent par la qualité d’un stock d’ouvrages anciens. Leur dernière trouvaille, le premier livre qui a été écrit sur la lumière. Scientifiquement, c’est une rareté qui sera présentée honorablement à Paris en 2012. Il n’y en a qu’un seul au monde.
miroir », la revue des éditions Maeght est par ailleurs régulièrement mise en vente chez eux. Côté affiches, la collection ne comporte que des originaux, reconnaissables surtout grâce au papier utilisé. Les plus anciennes affiches de la collection Picasso (500 au total) sont à retrouver à Vence aux côtés des grands formats de Miró. Des personnages grandeur nature Et parce que nous avons aussi nos coups de cœur, les personnages grandeur nature d’imagerie de Wissembourg se démarquent. 70 mo-
Seul mot d’ordre dans la Basse Fontaine de Vence : la mémoire. Les
dèles différents, témoignent de la période d’avant-guerre, à l’époque
volumes se regroupent dans des vastes rayons, entourés d’un mys-
où l’Alsace était allemande. Provenant des héritiers de l’imprimeur,
tère de l’âge. Les voyages, la science, les Beaux-Arts, la médecine,
les modèles sont du « jamais vu » pour Didier Bonnet. Imprimés sur
tant de domaines dont Stéphane Averty et Didier Bonnet sont fiers,
trois feuilles comme du papier peint, les personnages de cette belle
heureux de les présenter. Un des plus anciens volumes que l’on re-
collection sont bien les gardiens d’une passion pour
trouve à Vence est un premier livre sur la naissance de la Suisse. Dans
toute illustration ancienne
un autre décor, une originale Bulle du Pape reste enfermée dans un
et chargée d’histoire.
placard à désirs, car son estimation est tout d’abord sentimentale.
Même Newton retrouve
Parmi les trésors de la boutique, nous avons déniché pour vous les
sa place à Vence, avec ses
livres de publicité des années 30, les lithographies « d’artistes locaux »
séries
tels que Chagall, Matisse, Picasso ou les chefs d’œuvres Art-déco de
années 70…
photo-presse
des
Ce lieu se lit comme un livre : une couverture ancienne, des auteurs passionnés, des pages remplies de l’odorat des époques lointaines, illustrées par les affiches des peintres qui étaient de passage sur la Côte d’Azur ! Intérieur de la librairie-galerie La Basse Fontaine à Vence
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E n V ille
villefranche
Madeleine Servera
3 0 a n s a u se rv ic e de s musées de la citadelle C’est au sein de la Citadelle de Villefranche, site classé Monument historique que Madeleine Servera voue son temps et son énergie, depuis trente ans, aux musées Volti, Goetz et Boumeester, ainsi qu’à la collection Roux. Une bien belle mission qui est avant tout une passion. Comment a débuté votre aventure à la Citadelle de Villefranche ? Je suis arrivée aux musées de la Citadelle par le biais de l’Association “Renaissance de la Citadelle” lorsque la municipalité, en 1977, avait décidé de récupérer la citadelle pour les Villefranchois. Il s’était alors monté une association d’amoureux des fortifications et un ami conservateur du musée Terra-Amata m’avait fait signe pour me proposer de participer à cet élan. Cette association œuvrait pour la restauration de la Citadelle. J’étais à l’époque conservateur adjoint au musée d’archéologie de Cimiez. Bénévolement, j’ai donc participé à sa restauration de 1977 à 1981, puis j’ai pris le poste de conservateur quand le musée a ouvert. La Citadelle est un lieu vraiment particulier. Tout était-il en place lorsque vous avez pris le poste de conservateur ? Au démarrage, il y avait le musée Volti qui a ouvert le 11 juillet 1981. La collection Roux n’était pas à ce moment-là à l’endroit où elle se trouve actuellement. Elle était montrée dans d’autres locaux. C’est une collection hors du commun qui a voyagé mais, depuis 1987, elle a trouvé sa place dans l’actuel musée. Quant au musée Goetz, il a été ouvert en décembre de l’année 1983, un peu plus tard, occupant maintenant l’étage de l’ancien «Bâtiment du Casernement». Quelles sont vos missions auprès des musées réunis à la Citadelle ? Je m’occupe des collections permanentes, des entretiens, de la surveillance des œuvres, des présentations qui évoluent. On se trouve aujourd’hui à la troisième présentation des musées, parce que les choses évoluent vite et naturellement, on ne présente plus de la même façon qu’il y a trente ans. Technologie
oblige, il faut aujourd’hui ajouter des films, des vidéos. Il faut de l’interactif. Nous modernisons le musée au fur et à mesure en terme d’animation, d’accueil, de visites guidées, de visites scolaires, ou encore des visites familiales pour lesquelles nous avons prévu le «baluchon» dans lequel chaque famille retrouve des livrets, des jeux, des dessins, afin de visiter les musées de la manière la plus agréable possible. Volti, Goetz, Collection Roux. Cela représente beaucoup d’œuvres ? Il y a une centaine d’œuvres de Volti. C’est à peu près la même chose pour Goetz. Nous avons depuis trente ans également des donations, donc il faut compter en tout un millier d’œuvres. Il y a des œuvres que l’on sort tous les trois ans car certaines ne supporteraient pas une présence trop longue sur les cimaises, au risque de se détériorer. Qu’est-ce qui vous plaît particulièrement dans cette charge qui vous échoit auprès de l’art à Villefranche? En fait, ce que j’aime, c’est travailler dans cette configuration, car à la base, je suis historienne donc il est vrai que tout l’aspect historique de la fortification me plaît infiniment. Cela permet aussi d’avoir une latitude dans la présentation des œuvres car nous avons des collections différentes. Peinture, sculpture, artisanat d’art. Les lieux se prêtent à des configurations qui permettent des agencements adaptés aux expositions. Il y a une liberté d’espace qui offre un accueil tout à fait adapté à des expositions temporaires, qu’il s’agisse de peintures, de sculptures ou d’art contemporain. C’est cette partie historique qui donne une grande liberté dans le travail.
30 ans que vous œuvrez à la Citadelle entre un musée et l’autre. Quel parcours avez-vous suivi ? J’ai fait Histoire de l’art, des études secondaires à Lyon puis mes études supérieures à Nice. J’ai passé le concours des conservateurs et je suis entrée au musée de Cimiez. Un musée d’archéologie s’imposait puisque je suis historienne spécialisée en antiquité et architecture antique. J’ai changé depuis de période avec les musées Volti et Goetz mais je suis restée toutefois dans l’architecture. J’ai passé neuf ans au musée de Cimiez puis en 1981, je suis arrivée à la Citadelle. Cela fait donc bien 30 ans depuis l’ouverture... J’apprécie l’avantage d’être restée tout ce temps car c’est comme un bébé que j’ai vu naître, que j’ai vu évoluer…
villefranche
Pensez-vous avoir amené les musées dont vous vous occupez là où vous le souhaitiez ? Il y a beaucoup de choses à faire. Nous sommes à l’ère des nouvelles technologies. Il y a eu une période, dix ans auparavant, où les musées s’orientaient vers les animations théâtrales. Cela marche toujours, nous mettons en scène l’histoire avec un comédien, et l’on retrace le cheminement de l’art de façon véridique. Nous mettons l’accent sur l’humour mais le message passe, quoi qu’il en soit. Ce qui émerge aujourd’hui, ce sont les nouvelles technologies. Nous avons fêté les trente ans du musée dernièrement. Projection de film et vidéos en 3D. Puis nous avons réalisé des modélisations pour avoir un hologramme. Ainsi, nous avons pu donner à voir des sculptures en hologramme, c’est assez inédit. Nous allons nous équiper l’année prochaine d’un écran 3D. Comme au cinéma, nous mettrons à disposition des lunettes à l’accueil. Je pense que l’avenir est là. Je suppose que le public est satisfait ? Oui, et c’est incontournable. C’est même nécessaire pour que les musées perdent leur image un peu vieillotte. Que l’on ne s’y trompe pas, nous avons beaucoup de mal encore à dépoussiérer l’image du musée aujourd’hui en France. D’ailleurs, certains abandonnent le terme de «musée» car il traine une image trop désuète. Qu’il devienne «centre» ou un autre terme, c’est la même chose. Dès que l’on présente des collections d’art,
c’est un musée. Mais si l’on veut faire déplacer les gens, intéresser le public et approcher les nouvelles générations, il faut qu’on leur propose de nouvelles technologies, pour que cela reste un produit actuel. Nous travaillons beaucoup pour les enfants car ce sont les adultes de demain. S’ils trouvent le musée agréable, ils reviendront à coup sûr. Il faut du temps encore pour s’assurer de l’intérêt du public aux musées? Tout cela est encore très jeune. C’est la première ou deuxième génération où les musées prennent leur envol. Jusque dans les années 60, cela restait très élitiste. Maintenant, les conservateurs sont à l’écoute de la vie actuelle et des besoins. Il fallait que l’image change. En tant qu’historienne et maintenant conservateur, quel aspect du métier préférez-vous ? Ce qui me plaît, c’est la grande variété qu’offre le métier. C’est extrêmement multiple comme tâche, l’administratif bien sûr mais il n’y a pas que ça non plus. On supervise, on gère toute la partie administrative mais il y a aussi l’animation scolaire et tout ce que cela engendre envers le public. Contrairement aux musées d’état, nous sommes ici en prise directe avec la création et c’est très varié, très enrichissant. Cela laisse toute latitude à la présentation d’expositions ? Nous organisons des commissions avec des professionnels et la Culture de la Ville. Nous retenons une sélection et nous recevons ensuite les expositions. Nous essayons de garder cette variété d’offres au public et faisons attention de ne pas être toujours orienté dans la même ligne. Ne jamais faire la même chose est une nécessité impérieuse. Avez-vous une préférence particulière dans les collections présentes ? Je n’ai pas de préférence particulière. J’ai bien connu Volti. Cela est très enrichissant de connaître l’artiste et d’apprécier tous les aspects de sa création. Mais les expositions à connotation historique sont quand même celles qui me vont droit au cœur. Il y a un ancrage historique qui remonte. Quand nous travaillons sur l’histoire de la ville de Villefranche, les combats navals, les traditions villefranchoises, la trame
Musée Volti
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historique est celle où je me sens vraiment à l’aise. C’est ma formation de base. L’écriture fait partie aussi de vos occupations. Vous avez mis au point des catalogues accompagnant les collections… J’écris lorsque j’en ai le temps. Depuis quelques années maintenant, j’ai entrepris l’écriture de livrets européens. Le catalogue d’il y a trente ans était beaucoup trop orienté vers la critique d’art et du coup, il était moins proche des gens. Maintenant, nous avons un souci d’ordre pédagogique, une préoccupation d’accompagnement du visiteur. Avant ce n’était pas le cas. On donnait des plaquettes avec des avis autorisés sur l’artiste mais ce n’était pas réellement un accompagnement dans lequel on essaie d’expliquer le cheminement. Nous avons sorti celui du musée Volti, du musée Goetz. Enfin, celui de la Collection Roux est en cours, nous le publierons l’année prochaine. Un film a été également produit au sujet de Volti et on fera la même chose pour Goetz. Il y a eu beaucoup de tournages autour de ces artistes mais tout reste relativement épars. Il faut les rassembler, les rendre accessibles et surtout compréhensibles par tous. Comment faites-vous donc pour tout gérer de front ? Je ne suis pas seule heureusement, mais c’est ça que j’aime… sauter sans arrêt d’une chose à l’autre (rires). Cela permet aux neurones de rester jeunes et vifs ! Quels sont les projets en cours et ce qui vous tient à cœur pour l’avenir de la Citadelle? Il s’agira de terminer la rénovation du musée Goetz car nous avons dû refaire totalement la muséographie. L’année passée, nous avons aménagé l’ensemble des musées pour le handicap, qu’il soit mental, auditif ou visuel. Nous poursuivons ces aménagements qui sont lourds mais nécessaires. L’accessibilité est prioritaire, pour tous. J’essaie de laisser un musée qui ait atteint un certain niveau et qui entre dans le XXIe siècle avec les meilleurs atouts. Avec les possibilités que nous avons utilisées, je pense que les musées de la Citadelle ont un bel avenir et de belles perspectives. On est encore jeune… A 30 ans, un musée n’en est qu’à l’aube de son histoire. RC
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Villa thiole :
de l’Art à l’identité municipale Une école municipale ouverte aux arts…la description n’en dit pas trop, mais nous nous sommes rendus le temps de quelques heures à la Villa Thiole, là où les professeurs sont complices avec les élèves, là où les ateliers pratiques deviennent la passerelle vers les Grandes Ecoles de France. Nous sommes accueillis par le Directeur Martin Caminiti, accompagné de Sylvie Maurice, responsable de l’atelier de gravure et d’Ondine Roman, chargée de l’enseignement de l’Histoire de l’Art. Pour un moment, découvrez une école municipale avec les yeux de ceux qui l’animent !
La Villa Thiole
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our les 1400 élèves accueillis chaque semaine, les locaux de la Villa Thiole n’offrent pas un tableau de référence pour une école d’art. Mais c’est le seul défaut. Une fois entrés dans
les ateliers, nous apprécierons l’engouement de l’équipe. Avant de s’immerger dans l’atelier de gravure, l’histoire de l’école s’impose comme une évidence avec les paroles d’Ondine Roman. La Villa Thiole est créée à Nice en 1823, c’est ainsi la plus ancienne école de pratiques artistiques de la ville de Nice. Sur proposition du Chevalier Barberi, nommé le « premier fondateur de l’Ecole de Nice » par Christian Borghese dans son étude, son projet pédagogique faisait apparaître une réelle envie de transmettre ses multiples connaissances. « Fort de son expérience artistique, il souhaite fonder une école de dessin publique, sur le modèle des académies italiennes. Il emporte l’adhésion de tous ». De l’école « de dessin d’ornementation et d’architecture », elle devient Fondation Trachel en 1903 puis Ecole Municipale en Avril 1908. En guise de guides autoproclamés, nous concluons rapidement que la Villa Thiole est bien un lieu de formation, de recherche et de réflexion visant à l’épanouissement du potentiel artistique de chaque élève. Au fil des années, l’école s’ouvre aux disciplines qui n’existaient pas à ses débuts, la photographie, la bande-dessinée, l’infographie pour plusieurs types de publics : adulte, périscolaire et préparatoire pour les concours des écoles supérieures. En fin d’année, une exposition – journée portes ouvertes est le rendezvous annuel entre les aspirants et les travaux des élèves accomplis tout au long de l’année. La gravure en guise d’atelier Sylvie Maurice est une des nouvelles recrues de l’Ecole, depuis un peu plus d’un an elle enseigne la gravure, medium qu’elle pratique aussi dans sa vie d’artiste. Elle prend les reines d’Anne-Marie Da Ros qui a animé durant plus de 30 ans cet atelier, laissant en archives une très belle collection de gravures. Actuellement, l’atelier dispose de deux salles : de gauche à droite : Ondine Roman chargée de l'Histoire de l'Art ; Martin Caminiti, Directeur de la Villa Thiole ; Sylvie Maurice, enseignante gravure Une gravure repertoriée - Collection Villa Thiole
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EN VILLE
2 gravures repertoriées Collection Villa Thiole
l’une réservée à la préparation des matrices et l’autre à leur impres-
savoir-faire ! » Si vous voulez découvrir le travail personnel de Sylvie
sion. Dans le secteur de l'édition, la gravure joue un rôle important
Maurice, elle sera en exposition aux côtés de Martin Caminiti, lors de
à la Villa Thiole. Matière avec un statut particulier, la gravure s’ouvre
l’anniversaire de 20 ans de la Galerie Martagon de Malaucène.
aujourd’hui au plus jeune âge. La preuve avec les autoportraits répertoriés dans l’atelier, forme de naïveté artistique poussée par le
Catalogue des élèves
maître à une forme autodidacte d’Art. « La magie exerce toujours, car
Une nuée d’artistes de renommée internationale ont fréquenté ou au
quand on grave une matrice, on ne sait jamais le résultat qu’on va
moins jalonné les cours de la Villa Thiole : Bernar Venet, Raymond
obtenir». Pour les jeunes artistes d’aujourd’hui, en quête d’un résul-
Moretti, Henri Baviera, Zia Miradolbagi, Jean-Luc Verna, Pascal Brocco-
tat toujours plus rapide, sachez que la gravure est un medium qui
lichi, Tatiana Trouve, Michel Blazy, Emmanuel Régent, Gilles Miquellis,
demande de la recherche et un travail constant et maîtrisé. Long-
Sophie Brouquet… Mais le témoignage le plus percutant est celui du
temps unique moyen de diffusion et de reproduction des images,
Directeur actuel, qui était étudiant pendant deux ans à la Villa Thiole :
la gravure fait appel à des techniques élaborées, variées, voir com-
« C’est un peu un mimétisme, quand les enseignants montrent la
plexes. Les étudiants de l’atelier de gravure ont participé récemment
technique de choses inconnues encore. Les étudiants se sentent
au Printemps des Graveurs qui s’est déroulé du 19 mai au 25 juin
rapidement dans un décor familial… Les enseignants transmettent à
derniers à la Seyne-sur-Mer au Fort Napoléon et à la Villa Tamaris.
leurs élèves plus un savoir faire qu’une théorie, ce qui explique l’atta-
Le moment pour eux de montrer que la gravure en tant que métier
chement des étudiants à leur école et à leurs maîtres, contribuant
d’art laisse place à l’artiste graveur. Dorénavant, l’artiste est un plas-
ainsi au développement d’une première culture artistique ».
ticien qui utilise la gravure comme moyen d’expression. Outre les cinq écoles présentes, le Printemps des Graveurs avait comme invité d’honneur, l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris.
Nous étions partis à la découverte d’une école municipale, avec beaucoup de clichés en tête. Une fois encore, ce n’est qu’une histoire de
« Nous les suivons dans leur projet personnel, la gravure devient un
passion, de métier, de découverte. Une école municipale comme
apprentissage dans leur long chemin de vie », conclut Sylvie Maurice.
celle-ci vaut la peine, son expérience de plus ancienne institution de
« J’aime enseigner la gravure, parce que nous avons avec les élèves
pratiques artistiques de la ville se reflète dans le dévouement de ses
un contact relationnel très intéressant, parce que les gens creusent
professeurs, tous des figures artistiques remarquables !
dans leur avenir, et j’offre un atelier complet, où les élèves expérimentent beaucoup…c’est un mélange d’intuition, d’expérience et de
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En Ville
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STEPHANE CIPRE
Des mots qui voyagent Rien n’arrête le sculpteur niçois Stéphane Cipre. L’œuvre monumentale «Les contrevaleurs du rugby», dévoilée en Juillet dernier à Nice, est plus qu’ambitieuse, dans son message tout comme dans sa réalisation. Par les mots qu’il fait voyager jusqu’en Nouvelle-Zélande cette année pour la Coupe du Monde de Rugby, l’artiste compte bien transmettre les valeurs qui lui sont chères et les défendre par l’art.
C'
est autour d’une bonne table que tout commence. Entouré
bymen sont représentés dans l’action d’une mêlée qui «explose»
d’amis, d’anciens internationaux de rugby et en particulier
littéralement ce mur de mots. C’est une œuvre qui veut avant tout
de Jeff Tordo, ancien capitaine de l’Equipe de France et
marquer les esprits avec l’intention de faire passer le message. «Ce
figure emblématique du rugby français, Stéphane Cipre part en Nou-
n’est pas l’œuvre qui est importante, ce sont les valeurs qu’elle véhi-
velle-Zélande pour la Coupe du Monde. Aficionado depuis longtemps
cule, c’est ce qu’elle symbolise» souligne l’artiste. Pour sa réalisation,
et ayant pratiqué lui-même plusieurs années, il suit généralement avec
un lourd travail de fonte d’aluminium va être nécessaire. Il sculpte
sa bande d’amis l’équipe de France lors des matchs importants, que
en mousse, réalise la maquette puis une fois la structure achevée, il
ce soit en Irlande ou au Vélodrome de Montpellier. Mais cette fois-ci,
découpe, fond, rassemble, soude, ponce. Un travail de titan à l’image
c’est en Nouvelle-Zélande qu’il se rend. Artiste sculpteur niçois, c’est
du résultat.
avec une œuvre d’art de sa création qu’il rejoint le terrain de l’équipe de rugby la plus marquante au monde. Toute la bande, réunie autour de petits farcis et d’une franche amitié lance le défi, un peu fou, de réaliser une œuvre monumentale pour l’occasion. Quelque part, ne serait-ce pas, comme on dit, joindre l’utile à l’agréable ? Certainement, mais il s’agit d’abord de se questionner sur les valeurs et l’héritage que l’on transmet aux futures générations.
Car parler de rugby pour Stéphane Cipre, c’est avant tout parler de valeurs. Comme il le dit : « C’est un sport qui a su garder ses principes d’authenticité, de convivialité, d’union, de combativité sur le terrain. Pour les joueurs comme pour les spectateurs, lorsqu’on sort d’un match, on est enivrés mais il n’y a jamais de violence.» Il matérialise alors par les mots et le langage artistique qu’on lui connaît depuis plus de quinze ans, ce point de vue qu’il met en regard avec d’autres sports. Il «croque» ce que sera l’œuvre, il la montre aux copains, tous acquiescent et d’un commun accord, l’aventure démarre. Il s’agira d’offrir l’œuvre à la fédération de Rugby Néo-Zélandaise. Mais avant cela, c’est un travail de longue haleine qui ne dure pas moins de cinq mois pendant lesquels l’artiste reste concentré uniquement sur ce projet. L’œuvre représente un mur sur lequel sont inscrits des mots tels que «Drugs», «Individualism» «Selfishness» ou encore «Racism». Pour combattre ces «contre-valeurs», deux rug-
Portrait de Stéphane Cipre
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Contre valeurs du Rugby de Stephane Cipre.
Cette sculpture monumentale pour la Coupe du monde est un défi de
faire face ! Il se débrouille, travaille auprès de cabinets d’agréments et
taille qu’a su, encore une fois, relever l’artiste. Trois mètres soixante
d’ingénieurs. Il réussit son coup et transforme l’essai. La sculpture de
de haut, deux mètres vingt de large et plus de trois mètres de profon-
huit mètres s’élance vers le ciel, à la vue de tous, au centre du fameux
deur. Cipre charge dans la mêlée, c’est le moins qu’on puisse dire….
rond-point. Mais chaque projet est différent et celui de la Coupe du
Avec cette pièce, ce sont donc près de deux tonnes qui parcourent les
Monde de Rugby est une autre étape dans le parcours de l’artiste.
mers tout l’été en container pour rejoindre leur destination finale, le
Significative, inédite, l’œuvre l’est assurément, d’autant que Stéphane
parvis du stade Eden Park puis la ville de Christchurch. Stéphane Cipre
Cipre ne fait pas de la figuration une de ses habitudes dans son tra-
avait déjà réalisé une œuvre monumentale, sa première, il y a plusieurs
vail récent. Mais là, il y prend réellement plaisir tout en conservant sa
années de cela. Il avait participé à un projet de sculpture monumentale
«patte» créatrice et un sacré savoir-faire dans une œuvre résolument
destinée à être installée dans un rond-point. Il s’y lance à corps perdu
grandiose et «universelle».
et… il remporte le concours ! Mais à cette période, il n’a pas encore le bagage technique qu’il possède aujourd’hui, après quinze années d’expérience et de réalisations. Mais le concours étant gagné, il doit
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la vie des arts
MONACO NICE
Banque Populaire Côte d’Azur
La Culture est dans sa nature Son nom est indissociable des grands événements azuréens. De l’Art Contemporain et la Côte d’Azur au Nice Jazz Festival qu’est-ce qui pousse la Banque Populaire Côte d’Azur à « investir » dans la création ?
Quand on entre dans le vaisseau amiral de la Banque Populaire Côte d’Azur (BPCA), on est accueilli par un des premiers drapés en marbre de Sosno, un triptyque de Lucien Clergue et une affiche du Festival « Violons de légende ». Ce siège érigé en 1989 fut une des premières grandes architectures faisant face à la mer à s’inscrire dans le paysage de l’Arénas. Il marque une date clé dans cette success story qui lia la région avec cette enseigne née en 1883 à Menton sous le nom de Banque des Alpes Méridionales et qui fusionna un siècle plus tard avec celle du Var pour devenir : la BPCA. Jean-Philippe Dubar, Directeur de la Communication de la BPCA et son adjoint Jean-Pierre Fouchy également écrivain et passionné d’art, évoquent cette belle aventure partagée et à suivre… En quoi la BPCA est-elle intimement liée à l’essor de la Côte d’Azur ? Jusqu’en juin 1989 le siège était éclaté en 5 bâtiments dans la ville de Nice dont un hôtel particulier sur l’avenue Victor Hugo et, sur la rue de la Buffa, un ancien hammam créé en 1869 par le Docteur Charles Depraz, initiateur des premiers bains à Londres ou Paris. Ces lieux existent toujours, abritant aujourd’hui deux de nos agences. Nous projetons d’ailleurs de réaménager l’agence de la Buffa afin de rappeler son cachet originel, autant que le cahier des charges le permet bien sûr. Il ne s’agit pas de rouvrir les thermes (Rires) Le siège ultramoderne de l’Arénas marqua donc un renouveau... !
En effet il correspond à la naissance de la BPCA comme entité couvrant les Alpes-Maritimes et le Var. Son architecture fut et reste innovante. D’abord parce qu’elle été conçue comme la proue d’un navire ensuite parce que c’est un bâtiment intelligent, autonome et profilé dans un béton poli qui imite le marbre. L’inauguration du siège fut accompagnée de la création de l’Opéra d’Azur, un spectacle lyrique multimédia qui célébra le second souffle de la BPCA. Cette œuvre réalisée pour la Banque par l'Atelier de Barbizon a fait l’objet d’une nouvelle version en haute définition à l’occasion des 150 ans du rattachement du Comté de Nice.
de Nivèse, de Guy Fages, un triptyque rare de Lucien Clergue de sa période américaine etc. Des œuvres visibles de tous nos visiteurs du hall d’entrée au Lobby où se trouvent les bureaux de la direction. A l’accueil à proximité de l’une des premières oblitérations de Sosno se trouve une chambre forte appréciée de nos clients amateurs d’art. C’est une salle scientifiquement étudiée pour stocker des toiles dans des rangements verticaux à l’abri de l’humidité. Nous disposons également d’un auditorium de 150 places que nous prêtons régulièrement à des associations.
Jean-Paul Dubar Directeur de la Communication de la BPCA
A l’intérieur, l’art y est très présent… Dès l’ouverture du siège nous avons acquis des œuvres d’art. Une toile de Moya, des tableaux abstraits de Carpenter, un artiste anglais vivant à Nice, quelques sculptures emblématiques de Sosno, une
La culture semble être au cœur de vos préoccupations… La BPCA est une des rares entreprises à respecter la charte des 6% de travailleurs handicapés. Cet engagement solidaire, comme le soutien artistique, participe à
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la politique que nous avons souhaitée à dimension humaine et dynamique en faveur de l’épanouissement du tissu régional. Avec plus de 200 000 €/an, la BPCA est le premier mécène des Alpes-Maritimes selon une récente enquête du Ministère de la Culture. Mais nous ne donnons pas de l’argent pour avoir notre logo en bas d’une affiche. Nous devons être aussi exigeants que transparents dans nos choix car nous avons des comptes à rendre à 200 000 clients et 80 000 sociétaires parmi lesquels des élus de la région et bon nombre de dirigeants locaux. La Musique classique occupe un belle part de ce soutien… En effet depuis la création de l’Opéra d’Azur et un partenariat qui nous lie depuis notre naissance à L’Opéra de Toulon, la BPCA et sa Fondation sont très actifs dans ce domaine. En 20 ans, 173 jeunes instrumentistes et 19 compositeurs ont bénéficié du soutien de la Fondation d’Entreprise Banque Populaire. Le 20 septembre, nous avons convié nos sociétaires à une soirée de concert concluant une convention de mécénat avec le Conservatoire National à Vocation Régionale de Nice qui a permis
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Côté Beaux-Arts, quelles sont vos u à gauche : Signature de partenariat au actions, hormis les musée Chagall le 24 janvier 2011. Jean-François Comas, Directeur Général achats d’œuvres ? de la BPCA, Maurice Fréchuret, Directeur des Musées Nationaux du XXème Siècle Pour L’Art Contemdes Alpes-Maritimes, et Bernard Fleury, porain et la Côte Président de la BPCA. d’Azur nous avons u à droite : Opéra d'Azur aidé au financement à la BPCA d’offrir du magazine officiel à ce dernier une de l’événement. pièce estimée à Nous nous sommes 10 000 €. Il s’agit engagés sur trois d’un marimba, un ans à hauteur de instrument à percussion fabriqué avec du 15 000 € par an auprès des Musées Natiobois qui diffuse des essences rares. naux des Alpes-Maritimes pour couvrir les Cet été nous étions présents aux côtés de frais de leurs catalogues d’expositions. grands festivals : Les Nuits du Cloître de Pour la première journée du Patrimoine, Cimiez, le Festival de Musique de Chambre nous étions aux côtés de la Jeune Chambre de Saint-Paul de Vence, le Festival de Economique qui a permis à une trentaine Musique d'Hyères, Les Nuits du Château d’artistes d’exposer sur la Promenade des de la Moutte à Saint-Tropez, Violons de LéAnglais et organiser une table ronde sur le gendes. Sans oublier le Festival de Musique mécénat des particuliers. Nous subventionde Menton que nous « mécenons » aussi nons aussi des associations comme Ambre via notre Fondation qui a financé cette International qui a créé le 16 septembre année les récitals jeunes virtuoses et un rallye historique autour de l’art. Cet organisé une master class. Nous soutenons engagement ne date pas d’hier. Nous avons également l’ARON (Association pour le été mécène via la Fondation Provence Côte Rayonnement de l’Opéra de Nice) et le club d’Azur qui fut à l’origine de l’acquisition de Andantino qui promeut l’Orchestre Régiol’arc de Venet et de pièces pour le MAMAC. nal de Cannes. Qu’est-ce qu’il vous reste à faire ? Quant aux autres musiques ? Tant de chose encore ! La région est si Nous avons été partenaires du Festival productive. Nous souhaiterions être préElectro « Crossover » mais aussi du Nice sents aux côtés du TNN. Malgré l’agenda Jazz Festival, des Nuits du Sud ou encore très chargé de son directeur, nous espédes Voix du Gaou. Ce qui couvre un large rons pouvoir collaborer ensemble. éventail de genres et de publics. Propos recueillis par Olivier Marro
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LA VIE DES ARTS
phOtOGrAphie
Alors que le Septembre Off essaime dans la ville, jusqu’ au 23 octobre, nous avons braqué notre objectif sur trois photographes, trois personnalités, trois regards différents.
Regards croisés
Depuis son invention la photographie est une discipline qui s’est ramifiée au fil du temps des modes, des progrès technologiques et s’est imprégnée d’autres formes d’art. Si JeanClaude Fraicher, Olivier Remualdo et Gabriel Fabre partagent la même passion, ils n’ont pas la même façon de nous la faire partager. Des points communs tout de même : ils sont tous les trois liés au Septembre Off et sont de grands voyageurs. Du cadre au champ
Jean Claude Fraicher
© J-CH Dusanter
Jean-Claude Fraicher est un des fondateurs du Sept Off de la photographie avec Robert Matthey et Laurent Colonna.
© J-CH Dusanter
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Quand je suis arrivé à Nice, il y a 15 ans, nous avons décidé de créer le Sept Off qui a coexisté une dizaine d’années avec le In, se déployant dans des lieux qui ne sont pas réservés à la photographie. Aujourd’hui le septembre de la Photo n’existe plus que grâce au Off qui pour sa 13ème édition souligne notre identité méditerranéenne. Le thème « Passe (ports) méditerranéens » choisi en 2010 a été rattrapé par le printemps arabe qui sera au cœur d’une exposition à Saint Jean d’Angely avec un photographe tunisien Hamid Bouali, F. Fernandez et J-F. Roubaud qui ont couvert l’événement pour Nice-Matin et moi-même, avec un sujet sur les tunisiens de Vintimille.
Le reportage, Jean-Claude Fraicher s’en est nourri depuis qu’il a contracté le virus de la photo et arpenté le globe. Né en Afrique du nord, Jean-Claude vient faire ses études de lettres à Nice puis passe sa maîtrise aux USA. Dès lors, le périple durera près de 20 ans, l’amenant en Nouvelle Calédonie, dans le Pacifique sud, aux Indes, en Chine, en Australie : « Sur la route de Kerouac » fut le sujet de ma maîtrise mais finalement j’ai fait plus de photos que d’écriture. Cette attirance remonte à mon père. Géomètre à l’IGN, il avait réalisé un album sur les villes méditerranéennes qui exerça une fascina-
tion sur l’enfant que j’étais » A Nouméa dans les années 90 Jean-Claude braquera son objectif sur la culture Kanak. « Quand il y a eu l’assaut de la grotte d’Uwea, j’ai été mis à l’écart en tant que blanc. Etre photographe ethnologue c’est aussi savoir que l’on aura toujours le regard de l’étranger ». Ce regard décalé peut être aussi un champ de liberté. « J’aime trop la lumière naturelle et la vie pour l’enfermer dans un studio. J’ai toujours œuvré comme un reporter, être mobile, faire des rencontres. Pour JeanClaude Fraicher, le portrait est une enquête rapide où il traque les indices autour de ses
photographie
sujets pour « tenter de comprendre comment ils se retrouvent aujourd’hui en face de moi… Chez Eliane Radigue, la veuve d’Arman j’ai été fasciné par sa collection de vieux magnétos à bandes ». C’est selon ce processus durant lequel « il est vital de travailler vite, de continuer une conversation » qu’il réalisera quelques portraits/reportages sur les travailleurs du Port de Nice, mais aussi sur les artistes azuréens « Pour les 50 ans du Patriote, j’ai photographié les artistes dans leur atelier. Une expo baptisée Attitude montrée à l’Espace à Vendre en 2010 et au Cedac de Cimiez regroupant une trentaine de créateurs d’Ernest Pignon à Ben via Vernassa, Caminiti, ou Mendonça. « C’est un personnage étonnant. Je l’ai shooté dans sa combinaison blanche parce qu’il me rappelait ces scientifiques illuminés des séries B américaines » Le cinéma, c’est l’autre passion de J-C. Fraicher qui découvrit l’Italie à travers ses films néo-réalistes, tant et si bien que le photographe avoue utiliser régulièrement la
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vie des arts
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Attitudes Zaira Mantovan pour l'affiche du Sept Off 2009
fonction caméra de son appareil « je bouge beaucoup, c’est pour ça que j’aime filmer. On a la chance avec le numérique d’avoir une qualité d’image exceptionnelle. Aujourd’hui cela me fascine plus que la photo qui n’existe plus que par l’approche plasticienne. Il y a un potentiel dans l’image en mouvement comme il y a 20 ans dans l’image fixe » explique cet artiste insaisissable qui semble désormais sortir du cadre de la photo pour rentrer dans le champ du clip et du documentaire.
Attitudes Richard Cairaschi auteur comédien humoriste niçois © Jean-Claude Fraicher
India Song
Olivier Remualdo Il y a 5 millions de Sâdhus en Inde qui sont à l’origine des brahmanes ayant choisi une vie d’errance, d’ascèse pour se consacrer à la spiritualité. Ils sont nomades ou sédentaires, parfois à la tête d’ashram qui compte des milliers de dévots. Ils peuvent être puissants et riches. C’est un des paradoxes de la culture indienne.
Olivier Remualdo © Jean-Charles Dusanter
Olivier Remualdo est intarissable sur le pays des Mantras. Un pays que ce photographe âgé de 33 ans a parcouru et « documenté » à six reprises, passant sur place l’équivalent d’un séjour d’un an et demi. Elevé à Cannes, Olivier Remualdo est de souche niçoise. Après des études de commerce à Paris VIII, il fera bouillir la marmite en faisant le métier de voiturier à l’hôtel Belles Rives et à Courchevel. La photo l’amène très vite à la rencontre de l’autre. Après un stage de photographie au Noga Hilton il choisit sa voie « J’aime trop les gens au naturel. Cette expérience m’a permis de savoir ce que je ne voulais pas faire ». Et ce qu’il veut c’est tailler la route des Indes. Malgré son catogan et son visage christique, Olivier n’a pas la même motivation que ses aînés qui prirent les chemins de Katmandou. Il veut découvrir l’envers du décor, comprendre qui sont ces sages à l’avant-scène de la spiritualité. « À 26 ans je suis parti 2 mois en Inde. J’y suis resté 6 mois » Et depuis, Olivier n’aura de cesse d’explorer cette ethnie. Des milliers de photos et de kilomètres au compteur. Tous ces projets photographiques restent une quête à la fois humaine et culturelle « Mythic Sarasvati » son premier périple au cœur de l'Inde spirituelle
Naga Sâdhu Dharam Puri Maharaj. Les dreadlocks, appelées jatha en Inde, sont l'un des principaux signes distinctifs des Sâdhus. Varanasi 2009 © Olivier Remualdo
LA VIE DES ARTS
mOnAcO
Naga Sâdhu Shiva Giri. Il est Sâdhu depuis 28 ans et dirige un ashram au Katmandou. Haridwar 2010 © Olivier Remualdo
s’attacha à réinventer le cours du Sarasvati, « le seul des 7 fleuves sacrés rayé de la carte il y a 4000 ans ». Lauréat du Prix Défi Jeunes et finaliste de la Bourse Lonely Planet 2006, ce projet de 6 mois fut subventionné puis exposé à Orléans, à Paris, à Cannes (Espace Ranguin) en 2008 et au Musée des Arts Asiatiques. Olivier réalise ensuite Street Massala mettant en scène de buveurs de thé dans
les rues de Bénarès et montré en 2009 au Sept Off. Son troisième grand projet naît d’une rencontre avec un Sâdhus à la Kumba mellâh, un événement qui réunit 74 millions de pèlerins venus se purifier dans le Gange ». En mai et juin 2010, il part ainsi en pèlerinage dans l’Himalaya aux côtés de ces Sâdhus. Il réalisera à pied en chameau stop, plus de 600 kilomètres dormant à la belle étoile ou dans des temples. Le fruit de ce travail flirtant avec le reportage « gonzo » apportera une importante source documentaire à un projet dont la première mouture fut dévoilée en 2010 au Sept Off. Un an après, sa saga sur « Les Sadhus- Les hommes Saints de l’Hindouisme » immortalisés en noir et blanc sur un fond de bâche neutre « afin d’occulter tout exotisme » décroche le prix Lucien Clergue 2011. Une version définitive du livre sur les Sâdhus doit bientôt voir le jour. « L’Inde c’est une planète qui éveille tous les sens. Je mets un certain temps pour atterrir quand je reviens. Mais avec l’expérience, j’ai appris que la sagesse n’est pas l’apanage d’un seul pays et que le véritable voyage, c’est à travers le regard qu’on le fait ».
L’empire des signes
Gabriel Yoshitsune Fabre © J-CH Dusanter
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Lit de rivière ( Installation dans la rivière de la Brague, juin 2006) Format 60 x 45 cm. Technique tirage digigraphique contrecollé sur dibond ©Gabriel Fabre
Niçois d’adoption depuis 11 ans, Gabriel a étudié à Paris les arts plastiques et la linguistique à la Sorbonne Nouvelle. En 1989, il part faire son service militaire à Berlin. « Quelques mois après mon arrivée au service photo du 2ème bureau, le mur est tombé. Une belle opération sur le plan du publi-reportage ». Gabriel commence par faire de l’assistanat photo avant que ses premiers clichés ne soient publiés en 1991 dans Télérama : « une série sur les ascenseurs pour l’ascension ». Cela ne s’invente pas. Après avoir œuvré dans le domaine du reportage sur des sujets religieux en Espagne ou sur le SEL (Système d’Echange Local) pratiqué par des réseaux parallèles d’économie solidaire, Gabriel entrera de plein pied dans la
Né à Tokyo en 1967 de parents exilés au Japon, Gabriel a lui aussi voyagé mais sa plus belle aventure, il la vit à travers ses créations .
« J’ai un inconscient japonais car j’ai été élevé par une nounou japonaise jusqu’à l’âge de 7 ans. Cela m’a laissé une empreinte qui s’est révélée à la lecture de « L’empire des signes » de Roland Barthes »
photographie plasticienne sous l’influence du glossaire de Michel Leiris. Dès lors, la correspondance entre mots et images trouvera sa place dans le travail de celui qui est imprégné de la langue idéographique « les jeux de mots, le double langage m’ont amené à publier un texte puis à essayer de trouver une forme plastique adéquate ». C’est ainsi que Gabriel Fabre, qui a quitté Paris en 2000, initie quatre ans plus tard une série baptisée « Les PHOTDORTHOGRAPHIES », son ticket d’entrée au Sept off. « Un travail exposé jusqu’à Gènes qui est fait d’assemblages de photos et d’objets, des installations qui tentent de signifier un mot sans le dire. C’est une célébration des faux sens, des ambiguïtés, du glissement progressif sur toutes les variations du signifiant.» Dès lors, Gabriel réalisera plusieurs expositions au rythme de 6 à 12 par an, s’attachant à explorer la Poésie visuelle. Chez Fabre l’exercice prend des formes diverses, parfois même d’installations. Ainsi en 2006 il photographie pour « L’Onde art » sur le thème « Lit de rivière » un baldaquin dans la Brague. En 2007 pour nomade il écrit LOW sur l’eau avec des feuilles de magnolias. « J’ai passé beaucoup de temps ado à visiter des
musées mais la peinture n’étant pas pour moi un geste naturel je pratique la photo sur un mode plasticien ». Ses racines nippones continueront de s’exprimer. Il participe ainsi à l’exposition caritative au MUSEAAV afin de soutenir le Japon après la catastrophe de Fukushima en créant une œuvre hommage aux techniciens intervenus sur le site. En décembre 2009, après 4 semaines et 4000 kilomètres dans le sud de Kyoto il réalisa une série de diptyques. « J’ai exposé ce travail à Nice, à Paris et à Monaco où l’association en charge du Jardin japonais de Monaco m’a commandé une autre série sur ce principe d’assemblage » . Une quarantaine de panneaux y seront exposés en extérieur célébrant visuellement un jeu de langage nippon. « Momiji no sasayaki » un exercice PHOTdorthOGRAPHIES qui vient d’être invité au opinel + oignon = opinion Om 15x20 opi © Gabriel Fabre Festival Artcolar à Monaco.
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LA VIE DES ARTS
AniSh KApOOr
anish Kapoor
"LE LEVIATHAN" Rappelez-vous la MONUMENTA… Nous avons eu droit à un Grand Palais rubicond. Le sculpteur anglais Anish Kapoor a fait de la nef et de ses verrières majestueuses un ogre, une sorte de Léviathan hideux nous propulsant au cœur de la bête, comme happé par une respiration d’outre-tombe.
Intérieur du Léviathan - Monumenta Grand Palais
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apoor en a fait une matrice « sang pour sang » monochrome. Un rouge tendre entre feu et viande. Frissons et chair de poule. Rappelez-vous, il fallait passer le sas, une petite porte noire en tourniquet. Les vitres opaques ne laissaient filtrer aucun rai de lumière. Une fois à l’intérieur, l’obscurité vorace relâchait progressivement sa proie. L’imposante structure aux cratères lunaires prenait forme au fur et à mesure des pas du visiteur déambulant dans ce ventre de tissu distendu où plus aucun repère n’était là pour vous rassurer. Destabilisant donc. Et pourtant magique. Au gré des minutes qui s’écoulaient, la matière de l’œuvre donnait vie à la couleur, mariée à la lumière naturelle du Grand Palais. Une immersion totale réussie. Une prouesse technique et émotionnelle. Néanmoins être invité à découvrir l’univers d’Anish Kapoor au cœur de son atelier à Londres, être invité à l’écouter pour qu’il nous dévoile en partie son travail sur cet ogre de sang et de lumière ? Deux fois plutôt qu’une ! Le "studio" d’Anish Kapoor est à quelques encablures de Camberwell New Road, un quartier quelque peu désœuvré au sud-est de la capitale. Nous pensions bien pénétrer dans une matrice en ébullition, et de ce fait nous n’avons pas été déçus. De nombreux assistants, filles et garçons, jeunes et moins jeunes, quelques-uns vêtus de combinaisons blanches et de masques, ponçaient, mesuraient, découpaient, polissaient les créations du maître. Une atmosphère de factory studieuse, vive et spacieuse dans laquelle la présence de certaines sculptures réfléchissantes nous renvoyait une image kaléidoscopique de l’atelier et de nous-mêmes. Anish Kapoor nous récupèrera alors que nous étions en immersion totale, les uns complètement fascinés par l’aspect ruche artisanale, les autres captant l’instant à coups de clichés photos ininterrompus. Direction seconde partie de son atelier consacré à la sculpture monumentale, un espace où le projet de la Monumenta mûrissait. Réunis autour d’une maquette, nous étions formellement conviés de ne pas prendre de photos et de ne point divulguer d’informations détaillées avant l’inauguration, nous voilà donc à l’écoute et tenus sous le sceau du secret jusqu’à "nouvel ordre". Mais loin de toute révélation caractérisée, Anish Kapoor semblait nous prévenir que cet « immense volume empli de lumière » était un challenge « un choc visuel dans lequel on engage la technologie du XXe siècle confrontée à celle du siècle précédent. Un défi dans lequel la verticalité de la lumière tombant de la nef est à prendre en compte. » Au fur et à mesure, le décryptage se faisait : il nous parlait de passerelles, de corridors sur lesquels le visiteur circulera en plein cœur d’une sculpture monumentale sillonnant le Grand Palais de part et d’autre. « J’aimerais, disait-il, que les personnes soient entraînées dans une confrontation à la fois esthétique et physique, une sensation de vertige, pris par la couleur, par une sorte de monochromie instable. La couleur n’est jamais neutre. C’est un moteur très puissant de l’imagination et de l’abstraction. Et si je choisis le rouge, c’est aussi pour ses nuances sombres, psychologiquement et physiquement beaucoup plus ténébreuses que le noir ou le bleu. » Souhait qui rejoignait le constat de Jean de Loisy, commissaire de cette Monumenta "monumentale" : « Plus le ciel est dégagé, plus la sensation de fragilité et de vulnérabilité augmente, on a l’impression que la peau du Léviathan se fait plus fine. Moins il y a de lumière, plus le rouge se fait obscur et chaud. C’est un artiste qui intervient très peu dans la fabrication de l’objet. Il invente un processus de création de façon à ce que l’objet naît de sa propre énergie » ou mieux « il pense que le rôle d’un artiste est d’inventer un espace sublime, pas le sublime vers lequel on plonge comme dans une œuvre de Barnett Newman mais le sublime qui serait en avant de l’œuvre. Il a été très marqué par le projet de Richard Serra car lui aussi travaille sur l’espace. Mais chez lui, il y a une vérité du matériau que la sculpture doit raconter, alors que chez Kapoor, le matériau est avant tout le point de départ d’une fiction. Il n’est pas là pour nous dire la vérité de l’objet mais pour permettre d’y échapper. Il nous amène au-delà de l’objet, plutôt vers un monde mental et poétique. En clair, Serra est du côté de la vérité de l’objet tandis que Kapoor est du côté de la mythologie de l’objet ». Rencontrer Anish Kapoor, c’est aussi aborder un homme extrêmement disponible, soucieux de clarté dans ses propos quitte à répéter ou détailler le processus dans lequel sa création a tout d’un rapport biblique marié à une sensualité oscillant entre des pulsations de mort et d’érotisme. Avec son côté bonhomme plutôt rieur et rassurant, Anish Kapoor nous emmène l’air de rien vers la Bête "majestueuse" qui sommeille en nous. HK
Atelier Anish Kapoor
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LICENCE D’ENTREPRENEUR DE SPECTACLES 1-1015185 / 2-1015183 / 3-1015184 LICENCE D’ENTREPRENEUR DE SPECTACLES 1-1015185 / 2-1015183 / 3-1015184
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Louis Dolleé
Portrait Dollé © Rodolphe Cosimi 2011
Contrairement à certains artistes qui auraient plus tendance à parler d’eux directement, tu t’attardes très souvent et ne taris pas d’éloges sur le collectif No-Made auquel tu participes depuis plusieurs années. D’où vient cette implication de ta part ? C’est qu’il s’agit d’un collectif si éclectique que je m’y sens vraiment bien. No-Made est né de la rencontre de plusieurs artistes qui se sont rencontrés il y a une douzaine d’années autour d’une exposition. C’est une «invention» de Denis Gibelin, si l’on peut dire cela comme ça. En tout cas, il en est l’instigateur et c’est une association qui aujourd’hui, compte une trentaine d’artistes internationaux. Lorsque nous nous retrouvons à l’Arboretum de Roure, un de nos lieux de prédilection, il nous arrive même d’être quatre-vingts. No-Made, c’est une petite tribu autour de l’art et ce n’est pas commun. Ce collectif d’artistes mérite qu’on parle de lui et que l’on s’y attarde car il offre un concept vraiment singulier. De quoi s’agit-il au juste ? Le but est de détourner l’art comme l’avait fait Duchamp avec le Ready-made. Même si je mets des guillemets à l’idée de cet héritage, je pense quand même que l’on participe de cet élan. On ne cherche pas à faire joli mais bien plus à être abordable et accessible aux gens de la rue. Chaque année, nous avons des expositions avec un thème et un lieu. Deux d’entre eux, et pas des moindres, sont la Villa du Roc Fleuri à Cap d’Ail qui nous accueille au bord de la mer et l’Arboretum de Roure qui nous fait prendre
Artiste sculpteur niçois, Louis Dollé fraie son chemin dans l’art azuréen depuis plusieurs années en faisant des apparitions remarquées dans de nombreuses expositions et notamment en jouant un rôle d’ambassadeur auprès du collectif No-Made. Dans son atelier et école d’arts plastiques, que l’on reconnaît au premier coup d’œil grâce à une sculpture monumentale qui domine la rue, l’artiste ne se contente pas de créer mais transmet et partage une vision surprenante de l’art. l’air frais en montagne. Ce sont les deux points d’ancrage du collectif. On se réunit, on discute, on échange et on expose. C’est l’inverse des «journées chevalet». C’est un peu les rencontres d’ateliers d’artistes fin XIXème. Avec No-Made, nous avons et nous donnons carte blanche à l’artiste. Quelle en est donc la ligne directrice ? Sa ligne de conduite ? Mis à part le thème imposé, chacun s’adapte pour l’occasion. C’est un véritable défi à chaque fois pour l’artiste. Car No-Made, ce n’est pas une exposition mais une œuvre, une aventure humaine à travers laquelle l’artiste se met en harmonie avec l’œuvre. C’est loin d’être un mouvement car nous avons chacun nos différentes optiques. Certains font du figuratif, d’autres de l’abstrait, des installations, des sculptures… Ce qui est incontournable, c’est de réussir à s’accorder au lieu. Qu’est-ce qui t’a donné envie de rejoindre ce groupe d’artistes ? Il y a dix ans, j’étais aux Diables bleus. Il y avait aussi les artistes Maurice Maubert, Thierry Boussard. Denis Gibelin nous a invités à exposer. Son invitation était si décalée
que j’ai accepté. J’y participe aujourd’hui essentiellement en tant qu’artiste car je viens d’ouvrir une école d’art et il faut bien faire des choix. Je suis toujours présent. No-Made est une sorte d’alternative. Les lieux que nous utilisons pour montrer l’art ne sont pas des lieux consacrés à l’art, comme les jardins de Valrose par exemple. Pendant deux ans, nous nous sommes dit qu’il y avait un projet vraiment intéressant, un défi à investir ce lieu et à trouver une thématique. Ce que j’aime dans ce collectif, c’est qu’il nous pousse à évoluer. S’il y avait un mot pour définir No-Made ? «Eclectisme», ça résume vraiment bien notre démarche. Nous avons tous nos références, nos propres travaux et si l’on expose des œuvres compliquées à comprendre pour l’homme de la rue, généralement l’homme de la rue est intrigué. No-Made vulgarise. Même si certains d’entre nous peuvent contredire cela, ça crée le débat, la discussion, c’est toujours constructif. Quoi qu’il en soit, nous voulons être abordables. Le collectif a forcément une vocation de connaissance des artistes… Oui bien sûr, No-Made permet à beaucoup d’artistes qui ne sont pas forcément connus sur la Côte d’Azur d’être visibles et d’exposer ensuite dans d’autres lieux. La visibilité est grandissante dans le département. L’aspect international aussi est une bonne chose. La diversité, c’est ce qui fait la richesse. J’étais connu dans mon village niçois, mais en un an, toutes les choses auxquelles je n’avais pas accès, les galeries, la presse, cela s’est fait en grande partie avec et grâce à No-Made. Venons-en à toi. L’art, la peinture, la sculpture. C’était inévitable dans ta vie ? Je suis né là, pas loin de l’atelier, à trente mètres, à Santa Maria. J’ai franchi le Paillon il y a huit ans puisque j’étais à Nice. J’ai vécu quatorze ans au Mont-Boron. J’étais donc face à la mer et mes journées d’école, je les passais à regarder par la fenêtre et à faire du dessin. Puis, de la vue sur la mer, on est passé à la vue sur l’usine d’incinération. Là, j’ai arrêté officiellement l’école. Je m’ennuyais trop et je voulais être artiste.
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Raconte-nous comment Louis Dollé est donc devenu artiste... Pour me rapprocher de l’art, l’artisanat était la meilleure des choses. J’étais tout à fait inculte à cette époque. Je savais bien sûr qui était Michel-Ange ou Léonard de Vinci. Ma mère avait une bibliothèque de bouquins d’art et je regardais les images, je ne lisais pas les textes même si, déjà, je lisais pas mal avant cela. J’ai donc rejoint le lycée d’enseignement professionnel Pasteur pour suivre une formation d’ébéniste. Au début, je n’y comprenais rien. Moi qui pensais qu’il suffisait de prendre un bout de bois et de sculpter le bonhomme dedans, j’étais loin du compte ! C’est par le dessin que je me suis intéressé à la sculpture. Mais très vite, je me suis vu reproduire les mêmes gestes au quotidien, ça n’allait plus. Je crois savoir qu’une rencontre a été décisive... Effectivement, voyant que je n’avançais plus, ma mère m’a présenté Jean Cortez, le maître de Nicolas Lavarenne, pour un stage de sculpture sur bois. Jean Cortez m’a parlé de Picasso et j’ai réagi, comme la plupart des gens, avec
Envol de late st-paul © Louis Dollé
l’idée qu’un enfant de cinq ans pouvait faire la même chose. Un jour, il me montre une autre œuvre sans me dire de qui cela provenait. Je lui réponds que je reconnais Michel-Ange. «Ce qui est important, me dit-il, c’est le message». Quelques jours après, il me montre Giacometti et me demande ce que j’en pense, je lui réponds que je trouve cela très plaisant. Un jour suivant, il ouvre un bouquin et me montre une Madone, femme et enfant, une œuvre superbe ! Là, il me dit : « C’est Picasso ». Ce fut un choc !
Veloman © Louis Dollé
Depuis, tu te consacres à la peinture, la sculpture, l’écriture, l’enseignement… Oui, je fais tout à la fois, je fais de la photographie également. Je suis plus connu pour être sculpteur mais j’ai l’impression de faire de la sculpture en peinture aussi. J’aime le mélange, j’aime détourner, j’aime les installations. Tout change sans cesse. Que travailles-tu en particulier en sculpture ? Je travaille beaucoup sur l’équilibre, sur des sculptures qui n’ont pas de socle. La sculpture installée devant l’atelier fait 4,50 m de haut et tient sur ses deux pieds. Je ne peux pas montrer ces œuvres partout mais il faut que la sculpture soit et reste un défi à chaque fois. Outre le côté intrinsèque de ce que raconte l’œuvre, il y a un souci technique. Tant de choses ont déjà été faites ! Les lignes directrices, je les puise dans l’abstraction. Je suis héritier de Giacometti pour la verticalité. Beaucoup reconnaissent ma sculpture «l’homme qui marche» comme étant une œuvre phare dans mon parcours. Il y a du Giacometti, c’est sûr… mais il y a du Rodin également. Quel est le cheminement dans la réalisation des tes œuvres ? La majorité du temps, j’ai un thème, une idée et je cherche le moyen de le représenter. J’ai inventé une technique de collage de bois, ayant dépassé la technique traditionnelle. D’habitude, on taille le bois, en ce qui me concerne, je fais du modelage avec du bois et du métal. Je pense être davantage un modeleur qu’un tailleur, même si j’ai une vraie formation de tailleur. Pour le message, j’aime que des symboles soient intégrés dans l’œuvre et que cette œuvre interpelle, fasse réfléchir. Tu as ouvert une école Il Mare © Louis Dollé
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d’art à Nice et tu enseignes aujourd’hui différentes disciplines comme le croquis, le modelage, la sculpture et la peinture. J’enseigne, oui, mais pas autant que je le voudrais… J’ai un parcours un peu particulier et comme tout parcours atypique, cela ne plaît pas à tout le monde. J’ai travaillé dans le social auparavant et me suis occupé de SDF. Comme Ernest Pignon Ernest, que j’apprécie énormément, j’ai collé des affiches pour interpeller les hommes politiques sur des sujets sensibles qui me tenaient à cœur ; on ne se fait pas forcément des amis de cette façon. Je suis en effet quelqu’un de revendicatif et ça me porte préjudice aujourd’hui. J’ai postulé à la villa Thiole et au lycée Guillaume Apollinaire pour y enseigner, mais en vain. Donner des cours dans des lieux comme ça, ce serait mon rêve. J’aimerais dédier la moitié de mon temps à l’enseignement de ma passion et l’autre moitié à la création pure. Mais ce n’est pas le cas et ça me désole… Et ce n’est pourtant pas faute de diplôme, avec ma maîtrise d’artisan et mes formations, je devrais pouvoir enseigner au même titre que d’autres. Mais la pédagogie et la proximité avec le public ne font malheureusement pas toujours la différence. Ton art va-t-il sans cesse à la rencontre du public ? Oui. La sculpture «Eve» fait 4,50 m de haut. Si ses jambes sont longues, c’est pour qu’elle domine. Elle incarne la connaissance, et nous regarde de toute sa hauteur, d’un air un peu narquois. Nous autres, hommes, ne pouvons la toucher car elle est inatteignable. Cela engendre un vrai dialogue, une recherche. Cette rencontre est essentielle. Je fais des choses en hauteur et des choses tout en symbole. J’ai fait un chat en bois qui fait 2,70 m, le trou du cul de l’animal est au niveau du regard de l’homme moyen. L’animal est au niveau de l’homme et inversement. Le message passe et j’aime jouer de cette confrontation avec le public, souvent décalée, certes… mais il faut que l’art surprenne ! RC
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d oss i e r
Le Récup’art est né dans les pays dit émergents où la population, pour pallier la carence en produits finis, s’est habituée à recycler les déchets pour en faire des objets artisanaux. De stratégie de survie, le Récup’art serait-il devenu une mode ?
Quand la récup est récupérée par l’art ! C’est en tous cas un phénomène qui a infiltré nos sociétés industrialisées sous la poussée de la contre-culture écologique. L’effet de surchauffe du consumérisme avait déjà été pointé dans les années 60, par les artistes de L’Arte Povera qui créèrent des installations à base de matériaux industrieux et par les nouveaux réalistes collectionneurs d’objets accumulés, détournés, compressés. Mais aujourd’hui le
Eco-glam
Récup’art fait rage dans toutes les strates de la création, donnant naissance à des meubles, bijoux, vêtements et objets d’art. Il participe à la protection de l’environnement, s’enseigne à l’école, en ateliers, se propage via des salons ouverts à tous les artistes « responsables » qui recyclent des matériaux pauvres pour les faire renaître sous une autre forme où l’Art transcende le produit fini. q Corinne Reinsch, dans son atelier u
Corinne quitte à 18 ans sa Moselle natale pour Bordeaux où, tout en suivant des études littéraires, elle travaille chez un antiquaire. Elle commence à collectionner boutons et galons qu’elle inclut à des céramiques puis travaille sur des bijoux mêlant matériaux détournés, végétaux et minéraux. Des pièces qui lui valent de collaborer à Paris avec Olivier Lapidus puis d’exposer en 1993 au Salon des indépendants au Grand Palais. En arrivant sur la Côte en 2001, sa ligne de bijoux hybrides s’acoquine aux collections de mode tandis que sa réflexion croise le Récup’ art (Elle réalise un arbre à bijou pour Nomade), la customisation, et l’amazone attitude. Corinne a devancé les modes. Dans son atelier, près de la gare du sud, un véritable trésor de pirate : des centaines de noyaux de fruit et graines, des fleurs séchées, drisses, bout de pneu, plumes, filin, crin de cheval, passementeries, tesson de verre, qu’elle assemble pour créer le bijou de demain, personnalisé, évolutif, plurifonctionnel « car toutes ces pièces, à l’image des ornements tribaux, ont une valeur symbolique et sentimentale ». Tout comme d’ailleurs les œuvres du collectif « Artsens », une association d’artistes qu’elle a fondé
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Ce projet artistique éco-citoyen a suscité chez Corinne Reinsch deux activités qu’elle mène de front.
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u Robe Cyclo
pour promouvoir le Récup’ art des « Rencontres de jardin » à SaintTropez au Carnaval de Nice, mais aussi via des ateliers et ventes caritatives. C’est en récoltant des bouchons pour « France Cancer » que Corinne a créé avec 1200 muselets sa robe champagne, clin d’œil à Paco Rabanne. Une robe eco-glam qui rejoint une collection de 17 autres présentées à la Maison de l’environnement en juin dernier. Un nouveau glamour écologique aux antipodes du bling bling, c’est ce que cette styliste responsable transmet via sa pratique et en enseignant dans les écoles de la région.
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Robinet de la cuisine à la galerie «Keskon Fabrique ?»
Connectif
q David Galimant, Nicolas Pennaneach et Marie Nicola © Bertrand Ornano
Keskon Fabrique ? C’est la question que tout le monde nous posait avant l’ouverture du lieu. On a gardé ce nom, il nous correspond explique David Galimant qui, avec Nicolas Pennaneac’h, a investi au printemps un atelier de la rue Molière. Un espace de 150 m2 qui abrite les travaux de ces deux créateurs autodidactes venus naturellement vers le Récup ‘art. Car eux aussi ont le goût des autres, de par leurs professions d’éducateurs mais aussi parce que leur inspiration vient de l’observation du monde qui les entoure. C’est d’ailleurs dans la rue qu’ils récoltent une masse d’objets hétéroclites, qu’ils démontent, déboulonnent, découpent, pour les détourner et recréer des univers décalés, ludiques, invitant ainsi le public à la découverte. « Si le projet
artistique est défini : changer le regard avec des objets usuels qui proposent une autre vision du quotidien, la production, elle, n’est jamais préprogrammée ». Ainsi ces complices de 15 ans ont mis en commun leurs compétences, afin de créer un monde parallèle qui évoque à travers des objets réinterprétés (Boîte à lettres, cabines téléphoniques, Lampes néons) et une cuisine où se mêlent cuivre, manchon de caoutchouc et systèmes mécanistes, les fantasmagories de « Nemo », celles de Jeunet et Caro, un rien de poésie post-apocalyptique. « Ramasser des objets laissés par les uns et re-destinés aux autres, c’est faire passer l’énergie entre les gens ». Ainsi l’atelier a-t-il lui aussi été récupéré pour devenir une plateforme de diffusion ouverte à d’autres associations. Une aventure artistique et humaine qui prolonge la réflexion de ce duo atypique qui revendique la notion de « connectif » (pour connexion et collectif).
Mosaïques © B. Ornano
Originaire d’Istanbul, Silva Usta vit à Nice depuis 1980 où elle travaille dans son atelier (rue Gounod). Autodidacte, Silva fut gouvernante générale à l’Hôtel Westminster, avant de suivre les cours de l’EMAP (Villa Thiole) et de se consacrer entièrement à l’art. Pendant sept ans elle travaille sur de grandes mosaïques allant jusqu’à Salerne pour fouiller les containers des carreleurs. Elle compose à domicile pour sa demeure niçoise ou une villégiature à Sisteron où elle vit Silva Usta © B. Ornano avec son compagnon Arved Schmidt, un autre passionné d’art à l’origine de la galerie « La Conciergerie ». S’appropriant cette technique ancestrale, elle explorera le design en créant z Atelier de Silva Usta © B. Ornano des tables, des miroirs, mais aussi les champs de la sculpture en utilisant parfois comme des œuvres exposées à l’occasupports des pare-brises récupérés chez un sion d’événements : pour une carrossier, en créant une pièce murale bossevente de charité en faveur des lée, en 3 D. En 2005 elle réalise sur commande enfants malades en 2008 à l’ateune mosaïque (2,50 m x 1,90 m) pour le jardin q Mosaique pour Jean-Claude Farhi lier du Port, au Museaav en 2010 de Jean-Claude Fahri, sculpteur de l’école de autour d’un thème sur la femme, Nice. Les créateurs deviennent parfois ses fournisseurs « J’ai fait les lors d’un parcours organisé par Botox(s). Une implication citoyenne poubelles de Vernassa, dont l’atelier était proche de mon domicile ». étroitement liée à la démarche de cette artiste qui souhaite « sensibiOM Plexi, verre, ardoise, Silva aime s’inspirer de ces matériaux pour créer liser au delà des circuits traditionnels du marché de l’art ».
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La Mécanique poétique de Margaret Michel
Elle détourne les objets pour créer des œuvres mouvantes, émouvantes, comme enfantées par un scientiste dans la lignée du docteur Frankenstein. À l’instar du héros de Mary Shelley ou de Prométhée, Margaret Michel dérobe le feu du ciel pour donner à ses créations/créatures la vie ! Margaret Michel est une artiste sculpteur plasticienne qui travaille sur la Côte d’Azur depuis 1998. Elle est originaire de la Californie où elle travailla au cœur de la Silicon Valley. C’est dans ce cyber temple qu’elle commença d’ailleurs à faire de la récupération en intégrant à ses premières créations des déchets informatiques. Margaret pratique aujourd’hui un art fusionnel qui inclut la sculpture, l’installation, la photo et le Ready-made.
Prévert rencontre Dada
On entre dans son atelier de Vallauris, comme dans un cabinet de curiosité. Quelques animaux naturalisés, des rouages, des câbles, balanciers, des plumes, globes, minéraux, papillons, radiographies, photos … Voici l’étrange laboratoire où l’artiste assemble selon un rite qui parait occulte, tous ces u FrankenChair u Margaret Michel © Isabelle Chanal ingrédients dignes d’un inventaire de Prévert. « J’inclus dans mes œuvres des indices qui parlent de l’évolution, de la métamorphose. Je m’intéresse Mais c’est au contact de James Turrell, artiste qui réalise des insaux développements scientifiques, à la nature, à l’humain et à tallations à partir de la lumière, qu’elle aura la révélation « On l’animal » explique celle qui à 20 ans, quitta son pays avec un est descendu dans le cratère qu’il avait acheté en Arizona. Pour diplôme d’art de l’Université George Mason (Virginie). Au cours la première fois j’ai compris ce que pouvait être une réflexion d’un voyage d’études, elle apprend le français à l’Université d’artiste autour de la matière et comment on pouvait aborder de Nice puis gagne l’Allemagne pour travailler chez un éditeur la sculpture autrement ». L’artiste commencera dès lors à créer d’art. Elle étudiera ensuite l’histoire de l’art Asiatique à l’Ecole son propre langage, soutenue sur la Côte d’Azur par Simone du Louvre de Paris ainsi que la sculpture à l’American Center. Dibo Cohen (Galerie Art 7), puis exposera au MAMAC en 2006 De retour à San Francisco, Margaret devient assistante dans une son bestiaire incarné tout en intégrant à Londres la prestigieuse fonderie d’art et commence à exposer ses propres sculptures. galerie Kinetica dédiée à l’art cinétique.
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Po r t r a i t
Translation /Transfiguration
« Pour moi le mouvement, ça parle d’une transition, de quelque chose en train de se faire, une forme qui se développe, se rétracte, s’étend …». N’en déplaise à Baudelaire, les sculptures animées de Margaret déplacent les lignes selon une mécanique qui s’inspire de l’organique. Ainsi la fascination qu’exercent ses « œuvres à l’œuvre » vient de cette faculté qu’a l’artiste à insuffler un mouvement - les ailes d’un oiseau qui se déploie, une mâchoire de gorille qui s’ouvre, une ondulation de reptile - à des objets inertes, domestiques. Transmettre la vie là où on ne l’attend pas, insuffler du vivant dans des matières inappropriées, conférer une épine dorsale à une machine à écrire, des articulations à une chaise (Frankenchair) qui se déplace toute seule, ne relève pas d’une expérience artificielle de Philippe K Dick. Au contraire, face à l’œuvre, aussi décalée soit-elle, le spectateur est séduit par l’étrange familiarité qui s’en dégage. De 7 à 77 ans, on ne résiste pas à cette célébration ludique, de l’acte de vie dans ses manifestations les plus simples, universelles : le mouvement, la respiration. Le déploiement de l’éventail s’ouvre et se ferme comme un diaphragme (Diaphanous dance). Ces simulacres de vie sont aussi pour Margaret une métaphore de la pensée « qui subit sans cesse des mutations ». Ainsi sur des lettrines montées sur un u Manifeste Destiny. Exposition MAMAC 2006 axe peut-on lire « ETATS GOD ». Lorsque ce dernier u Le Paysage d’Intérieur, acier, moteur electrique, parties de vélo. 2009. 61cm x 45cm x 10cm. pivote à 180°, les lettrines en basculant forment le attester de leur liberté, de leur fragilité ? Car il suffit au spectamot « DOG STATE ». Dans le travail de l’artiste pas de mouvements sans induire teur de s’en éloigner pour qu’elles se figent et reviennent dans une mutation, une évolution, un effet domino, des réactions en l’espace/temps qui est le nôtre « Pour les expositions j’ai recours chaîne. Les œuvres de Margaret se reconstruisent à chaque se- à un détecteur de mouvement ou de voix » explique l’artiste avant de rajouter « c’est d’ailleurs un problème pour vendre, les acheconde comme tout ce qui est vivant. teurs redoutent la panne. Mais un vase, on peut le casser aussi ». Moins de risques avec des pièces mues par l’eau ? Sur l’invitation de la galerie Sintitulo, Margaret avait investi en 2010 le lavoir de Mougins avec une installation où l’élément liquide en circulant provoquait des événements comme une douce mélopée percusSi le vivant est au cœur de ses sculptures performances, il n’est sive. Eau, vent ou électricité, Margaret travaille toujours en lowguère surprenant d’y trouver ici et là des radiographies, des IRM tech, usant de mécanismes artisanaux qu’elle récupère, bricole qui, dit-elle, « donnent une autre vision de l’anatomie ». Margaret dans le secret de son atelier. prolonge la poésie méta mécanique des « Trash Toys » de Bruno Après avoir créé ainsi des « boîtes cinétiques », puis des pièces Pelassy ou des machines ubuesques de Jean Tinguely. « Pour cette ouvertes comme le corbeau « au cœur battant le mur » acquis animation j’ai pensé au mythe de Sisyphe » avoue l’artiste qui ne par le MAMAC, elle se consacre à des installations monumentales déteste pas pour autant pratiquer une certaine dérision dans ses telles que celle dévoilée cet été à la Chapelle de la Miséricorde de « programmes vivants » qui renvoie également aux Rotoreliefs de Vallauris qui combine plusieurs « attractions ». Une seule étant Duchamp ou aux hybridations de Rebecca Horn. Les pièces de animée par des aimants déplaçant de la limaille. Fin septembre Margaret sont plus intimistes, moins nihilistes que celles de Tin- Margaret Michel sera au Luxembourg pour présenter d’autres guely, mais comme elles, seul le bruit de leur mécanique interne étonnants pièges qui ont le don de capturer la vie sans l’empriles accompagne dans le silence de la galerie. Peut-être pour mieux sonner et d’exorciser l’éphémère… OM
Ce cœur qui ne bat que pour vous !
Chillida
Eduardo Chillida, Arco de la Libertad, 1993 ; Acier ; 270 x 205 x 207 cm © Zapalaga-Leku, Adagp, Paris 2011
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Rétrospective Eduardo Chillida Fondation Maeght, 06570 Saint-Paul Téléphone : +33 (0)4 93 32 81 63 E-Mail : contact@fondation-maeght.com Internet : www.fondation-maeght.com
Ouvert tous les jours, sans exception : Avril-Juin : 10h-18h Juillet-Septembre : 10h-19h Octobre-Mars : 10h-13h/14h-18h
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LA VIE DES ARTS
pOrtrAit
Sur la Côte d'Azur
léo castelli
L'ami Léo Castelli (Trieste 1907 - New York 1999), fut un des plus grands découvreurs et marchands d'art au XXe siècle.
I
l a mis en évidence : Andy Warhol, Keith Haring, Jackson Pollock, Willem de Kooning, Robert Rauschenberg, Jasper Johns, Dan Flavin, Donald Judd, Roy Lichtenstein, Cy Twombly, Frank Stella, Lee Bontecou, Yves Klein, Imaï, Jan Dibbets, Robert Morris, Richard Serra, Cucchi, Baselitz, Clemente, Palladino, Garouste, Christo... la fine fleur de l'art contemporain international... Du Pop Art à L'Art Minimal sans omettre, l'Art Conceptuel, il était curieux de tout...Il disait volontiers "Je ne suis pas marchand d'art, je suis galeriste". Il a régné sur l'art contemporain international pendant plus de quarante ans. Des amitiés solides avec Pierre Restany, Henry Geldzalher, Claude Fournet, Otto Hahn, Sam Hunter, Daniel Templon. Il a vécu dans les plus grandes villes d'Europe : Trieste, Vienne, Milan, Budapest, Bucarest, Paris... Il rejoint les Etats-Unis pour fuir le fascisme en 1941, où il ouvre sa galerie à New York en 1957, à l'âge de cinquante ans. "Ce n'était pas l'Amérique qui m'intéressait, mais plutôt New York comme un aimant. J'y avais toujours pensé, depuis mon enfance." Le livre que lui consacre Annie Cohen Solal, sous le titre "Léo Castelli et les siens", paru chez Gallimard en 2009, est remarquable, une somme de travail inouïe, car fort bien documenté (550 pages). C'est au cours de ses nombreux séjours sur la Côte d'Azur, que je l'ai surpris avec mon appareil photographique. Je dois cette rencontre au photographe américain David Douglas Duncan, qui réside au Castellaras à Mougins, et ce lors d'une exposition de Suzanne-Donnely Jenkins au Musée de la Photographie André Villers à Mougins. Par la suite des soirées mémorables chez Vergé au Moulin de Mougins en compagnie de Bernard Pagès, Nivèse, Gabrielle Bryers, José Albertini... Des rencontres au hasard d'expositions de Raph Gibson, à la galerie Sintitulo, dirigé alors par José Albertini, à la galerie
Léo Castelli- Juillet 1993
Léo Castelli- Mai 1993
pOrtrAit
LA VIE DES ARTS
Juillet 1993
Aux ponchettes
Artcade en compagnie de Bernar Venet, chez Catherine Issert, à Saint-Paul de Vence avec Jean-Charles Blais. Au Château Notre Dame des Fleurs à Vence, avec Ben, César, Arman, Verdet, Venet, Villeglé, Hains... Mais mon souvenir le plus émouvant, ce fut à la galerie des Ponchettes à l'occasion de l'hommage rendu à sa femme "Toiny Castelli", en présence de Pierre Restany, Robert Pincus Witten, Pierre Chaigneau, Jacqueline Péglion, Claude Fournet... et sa compatriote Nivèse, née à Pula avec qui Léo Castelli aimait dialoguer car elle parle couramment le croate et l'italien. Léo Castelli aimait la Côte d'Azur, sa galerie était présente lors d'Art Jonction International "Ma galerie y vient. Parce que j'y crois. Et pas pour de l'argent, mais pour le concept." Léo Castelli était un grand modeste, pas mondain et même timide ? Sa modestie fut mise à rude épreuve en 1991, lorsque François Mitterrand, lui remet les insignes d'Officier de la Légion d'Honneur. Le Président dans son discours lui dira "Au-delà de ce qu'a été votre travail de défricheur, de découvreur, on connaît les qualités de coeur, de passion qui sont les vôtres, une certaine façon d'être au monde... Léo Castelli, nous vous faisons Officier de la Légion d'Honneur." Ce fut un privilège de faire quelques pas en compagnie de cet homme qui restera à jamais gravé dans ma mémoire photographique et dans l'histoire de l'art... Car c'était un passeur d'art... et ils sont devenus rares ? Et c'est bien dommage... fA
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Voyage
tatoo
A l’origine, dans le monde occidental, le tatouage était un signe d’appartenance à un groupe: Tribal, religieux, de pirates, d’anciens prisonniers ou de légionnaires. N’étant réservé qu’à quelques initiés, il se montrait peu et revêtait souvent une connotation
péjorative. A partir des années 70 et plus particulièrement dans les années 90, un véritable engouement pour le tatouage apparaît. Il n’est plus alors une manière d’afficher son affiliation à un clan, une famille, à une tribu.
repOrtAGe phOtO
c’est devenu un moyen de revendiquer sa singularité, de séduire, de provoquer. c’est ainsi, de part le développement impressionnant des studios de tatouage, de part la volonté aussi des tatoueurs d’offrir à leurs « fidèles » des possibilités picturales innombrables ou la fusion des styles s’affranchissent des « tabous », que cet art s’épanouit. il devient dès lors un véritable phénomène générationnel et culturel. J’ai souhaité,
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dans ce reportage de portraits, mettre en avant l’esprit tatoo, son aspect universel. il m’a semblé plus approprié de tenter de capturer l’instant, la personnalité des sujets photographiés que « d’esthétiser » la qualité des dessins photographiés. c’est par une légende faite d’anecdotes, d’impressions, de notes explicatives que j’ai voulu étayer mes photos afin de proposer un voyage imagé dans le temps et l’espace.
Kyoto, Japon
Bertrand Ornano
Là, c’est le tatouage total. Des photographes japonais ont fait le déplacement jusqu’à Nice pour réaliser des clichés, impressionnés par la qualité des tatouages. Ces dessins originaux s’inspirent des motifs Yakuzas (la mafia japonaise). D’autres organisations criminelles pratiquent le tatouage « intégral » telle la mafia russe ou les Maras au Salvador. Celuici est perçu comme une carte d’identité, un C.V. relatant des événements marquants ou singuliers, même les plus inavouables. Dans le cas présent, bien entendu, rien de tout cela. Ces tatouages ont une valeur uniquement esthétique.
pho tog rap he
Habite Nice depuis 10 ans Photographe pour une agence de communication (Verso Paris) expositions photo Galerie Rosanoff, Nice By Lucien, Nice Galerie Besseiche, Paris la démarche pour la série tatoo : J’ai voulu apporter une vue instantanée sur «l’attitude» des personnes photographiées. Le côté martial, affirmé ne révèle-t-il pas un aspect plus aérien, une sensibilité s’affichant sans fauxsemblant. N’hésitons pas à nous affranchir des clichés et de ses carapaces en adoptant, pour le coup, un regard différent. www.bertrandornano.fr
séance de tatouage Le tatouage, malgré sa démocratisation récente, conserve encore un aspect initiatique. Son caractère intrinsèquement indélébile, la douleur (relative) ressentie lors d’une séance ainsi que le choix très personnel des motifs choisis constituent une démarche rarement irréfléchie au moment du « passage à l’acte ».
Proj
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L a vie des arts
r e p o r t ag e p h o t o
mer du sud
piercing et tatoo lion ailé
New look
L’ étymologie de Tatouage vient du tahitien « tatau » qui signifie : marquer, dessiner. Sur cette photo il y a un mélange de style, polynésien et asiatique. En poussant un peu, Gauguin ou Pierre Loti auraient pu rapporter des gravures du même type de leurs voyages respectifs.
La plupart des studios exercent la double activité. Le piercing était une pratique rependue dans les sociétés traditionnelles de Papouasie et chez les Massaïs d’Afrique de l’est.
Ce lion très bien réalisé s’inspire de la BD. L’imagination fertile des tatoueurs permet de créer des personnages et des formes originales renouvelant sans cesse le « panthéon » des dessins tatoos.
Définitivement universel, « syncrétisme » post-moderne, le look des temps futurs s’est ici dévoilé.
Lincoln, Nebraska
la ville de Nice revisitée C’est par quelques touches irisées que je me suis permis de rendre hommage à Nice qui, à défaut d’accepter des tatoos permanents, a bien voulu présenter sa beauté à un regard décalé. Toutes les photos ont été réalisées à Nice. Un grand merci à tous ceux qui se sont prêtés au jeu et aux studios : J’aurai ta peau, Lucky Sailor.
Tijuana, Mexique entre la Tamise et la Mersey
Ces photos nous transportent dans une ville frontalière quelque part en Amérique centrale. L’air est lourd, l’ambiance pesante, les gangs armés et le temps immobile ; En fait nous sommes à Nice, un dimanche, aux abords du stade du Ray.
C’est dans quelques pubs anglais entre la Tamise et la Mersey qu’une pinte s’est épanchée complétement hors sujet et là un rude guerrier à l’accent cockney prononcé m’a sommé d’arrêter.
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Ouverture à Menton du Musée Jean Cocteau collection Séverin Wunderman le 6 novembre 2011. muséeJeanCocteau
collection Séverin Wunderman