ART CONTEMPORAIN///ARCHITECTURE///DANSE///CINÉMA///PHOTO///THÉÂTRE
EN VILLE Focus
Saint Paul de Vence Un habitologue dans sa bulle
Antti Lovag à Tourrettes sur Loup
Martine et les fumistes ! Alain Derey
Un philosophe de terrain à laVilla Arson
Rock au Conservatoire ! Fred Luzignant
SUPPLÉMENT CULTUREL DES PETITES AFFICHES DES ALPES MARITIMES
MAKING OF
Photo de Couverture © Alain HANEL 2008 Reproduction interdite sauf autorisation de l’auteur
Qu’il est difficile de ne pas s’adapter, se fondre, être dans le moule, lorsqu’on tend à vouloir exprimer sa créativité, son esprit novateur, son envie de différence ! Participer à une aventure éditoriale où richesse humaine se mêle à l’artistiquement être, sans aucun conformisme, ou copie d’un support ayant déjà existé, une démarche qui porte en soi une bien belle exploration. Art Côte d’Azur tend à devenir, s’il n’est déjà dans vos mains, un regard et un contenu aux propos originaux sur l’art, l’heureux augure de parler de notre région d’une manière différente, en oubliant de flâner vers le touristiquement correct et ses plages, afin de plon-
Contacts Valérie Noriega Tél : 04 92 47 21 81 Fax : 04 93 80 73 00 valerie@artcotedazur.fr www.artcotedazur.fr
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Art Côte d’Azur Supplément culturel des Petites Affiches des Alpes Maritimes Numéro 3392 du 14 au 20 mars 2008. Bimestriel. 17 rue Alexandre Mari 06300 NICE Ont collaboré à ce supplément culturel : Rédacteurs Florence Canarelli , Olivier Marro, François Xavier Ciais, Valérie Noriega Direction artistique Maïa Beyrouti Photographe Jean-Charles Dusanter
La rédaction décline toute responsabilité quant aux opinions formulées dans les articles, cellesci n’engagent que leur auteur. Tous droits de reproduction et de traductions réservées pour tous supports et tous pays.
n philosophie, nature et culture sont souvent des notions mises en opposition l’une par rapport à l’autre. D’un point de vue artistique, il en est tout autrement ! Nature et Culture vivent d’un même élan, d’une même énergie : aux soirées d’hiver sombres s’associent les expositions d’intérieur plus intimistes et les fêtes des lumières; aux soirées colorées et allongées de printemps s’invitent et s’inventent des arts protéiformes, multiples et sans cesse renouvelés ! La renaissance de la nature, marquée chez nous par l’éclat des milles soleils splendides du mimosa, s’accompagne immanquablement de l’éveil de la culture et des arts d’extérieur : Le Printemps des poètes, Mars aux Musées, le Printemps des Arts,
ger dans le culturellement profond d’un voyage esthétique, au sein d’une région particulièrement riche en rivages culturels et soleils artistiques. J’irai même à espérer que ces derniers rayons puissent éblouir bien au delà de nos frontières, et faire rapidement bronzer de passion l’âme de nos esprits d’humains curieux. Il fallait sûrement une pointe de folie pour croire que l’art pouvait se « marier » aisément à un journal d’annonces légales, sûrement un brin d’optimisme pour amener le cercle fermé des artistes et de leurs prescripteurs sous l’œil avisé de nos lecteurs....Et pourtant. Quel bonheur, quel plaisir, de simplement découvrir l’autre, le véritable artiste, cette 06 en scène…Mars et … ça repart ! Art Côte d’Azur a sélectionné pour vous quelques manifestations culturelles incontournables et vous offre de vivre, à votre rythme, une exploration printanière atypique de ceux qui font ou vivent ces événements ! Art Côte d’azur vous laisse choisir votre vitesse de croisière : en première partie de magazine branchez le pilotage automatique : laissez vous conduire, de Ville en Ville, par votre guide privé des événements culturels. Puis en deuxième partie, osez musarder à votre gré, créez vous même votre itinéraire de déambulation artistique! A vous de navi guer en fonction de vos envies : cinéma, littérature, architecture, photos…Ouvrez les fenêtres et laissez entrer
liberté de création, ce savant mélange d’êtres structurés aux délires assoiffés d’inconditionnelles inventivités, ou parfois même le contraire. Le savoureux passage du réel à l’irrationnel. L’art est ainsi, il peut ne pas se comprendre, il peut ne pas s’expliquer, il « peu » oui, cher Jean Mas ; les couleurs sont différentes, les goûts naturellement personnels, et selon les jeux de la vie, chacun des éléments inspirés nous amènent à une réflexion autre. Alors osons la différence, que notre choix soit le bon, soit le vôtre, ou soit le pire, cela existe, cela vit, cela est sur la Côte d’Azur, cela est aujourd’hui une réalité, nous l’avons fait....est-ce en cela déjà une performance artistique ?? » FXC le rire contagieux de Martine Pujol lorsqu’elle présente son nouveau spectacle, ou partez en balade à Tourrettes sur Loup et découvrez au bout du sentier un prospecteur hors du commun Antti Lovag, franchissez les portes du Conservatoire National de Région et laissez vous guider dans les couloirs par les notes de Rock électro de Fred Luzignant. Vous l’avez compris Art Côte d’Azur vitamine votre prin temps et vous donne à lire autrement la culture du département ! Et si ce premier voyage vous a donné le goût de déjà connaître la destination du prochain, sachez qu’il sera question de bulles, de rose, d’art culinaire et de mouvements : le printemps sera fabuleux, vivement l’été ! VN
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ANTIBES
Les Antiquités ont-elles un Avenir ?
© F Canarelli
CAGNES SUR MER
Une Conservatrice un Brin Rebelle
CANNES
Eteignez votre téléviseur. Osez Made in Cannes
MENTON
Le Théâtre de l’émerveillement
FOCUS
© Mairie de Cannes
SAINT PAUL DE VENCE
Un Village de Maîtres
NICE
Des Niçois prophètes en leur pays
MONACO
toute la vie de Pascal Rambert
© J-Ch Dusanter
© Patrick Imbert
La Vie des Arts 22 24 26 28 30 32 36 37 38
FIGURE DE L’ART
Alain Derey : Un Philosophe de Terrain
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© 2008 - Alain Hanel Reproduction interdite sauf autorisation de l’auteur.
MAISON D’ARCHITECTE Antti Lovag dans sa Bulle
Détail d’Architecture
La Voilette du 65 Croisette : Objet unique
EN MUSIQUE
Rock au Conservatoire ! Julian Lennon, parrain de la compilation « Rascasse Monte-Carlo »
© F Canarelli
EN SCENE
Martine Pujol aime les « Fumistes » !
DANS L’OBJECTIF
L’Opéra Sauvage Il court, il court, le Court Métrage
A LA PAGE
© J-Ch Dusanter
Ecrits d’ici
A L’ECOLE DE NICE
« Un Peu » de … par Jean Mas
A LA CAMPAGNE
Coaraze sous le soleil de l’art © M Rebière
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En Ville
ANTIBES
Les antiquités ont-elles un avenir ?
«Pas assez sélectif, trop long, cher pour la province». Pascal Moufflet n’a pas la langue de bois pour critiquer le Salon des antiquaires d’Antibes. Ce qui ne l’empêche pas de revenir chaque année depuis 18 ans !
© J-Ch Dusanter
Version optimiste Giorgio Salvai un Italien qui réussit en France
Il est vrai que le salon d’Antibes, avec ses 130 exposants venant à 50% de la région Paca, n’est pas unique au monde. Celui de Toulouse rassemble 300 exposants, la Biennale de Paris est beaucoup plus internationale et en Italie, on ne les compte plus. Si l’on s’en tient à l’objectif de départ - «animer le Vieil Antibes» - le pari est réussi. C’était en 1972, à l’initiative de Jean Gismondi. Aujourd’hui, l’Association des Artisans, Artistes et Forains du Vieil Antibes - à but non lucratif et sans subventions - emploie trois personnes à plein temps qui travaillent pendant neuf mois à commercialiser leur produit. Parmi elles, Sandrine Barale, qui passe son temps «à aller voir d’autres salons et développer le relationnel». Et travaille même aujourd’hui en partenariat avec l’office du tourisme.
But avoué : «que l’exposant aille au restaurant et à l’hôtel dans le Vieil Antibes. C’est pourquoi il n’y a aucun restaurant sur le salon» ! Après des débuts dans des locaux en tôle, le salon se tient désormais sur 8000 mètres carrés, sous deux énormes structures métalliques qui viennent de Hollande. Avec une moyenne de plus de 50.000 visiteurs, le salon d’Antibes est un incontournable rendez-vous des amoureux des beaux objets. Mais sa santé est liée à celle de l’économie. Illustration.
Créer de la joie dans les maisons et la vie de ses clients, c’est le but de Giorgio Salvai, Italien du Nord spécialiste du mobilier italien du XVIII au XXème siècle. Même pas 50 ans et déjà à la tête d’un show-room à Cannes et d’une boutique quai Voltaire à Paris : voila un Italien qui réussit en France. Sans doute grâce à sa personnalité flamboyante - et surtout à un amour du «Beau» typiquement latin : «J’adore partir à la chasse aux trésors, à la recherche de pièces miraculeuses laissées par nos ancêtres. Le beau fait du bien, il donne du plaisir, nous fait vibrer. Toucher, admirer une oeuvre d’art est un acte extatique». Dès l’âge de 15 ans, il redécore la maison familiale. Il commence par travailler auprès d’un antiquaire italien de renom, avant de se lancer au début des année 90. Découvrant Cannes à l’occasion d’un salon, c’est dans cette ville qu’il s’installe en 2000, dans une villa-show room, où il mélange des «objets d’antiquité de très haut niveau et œuvres design les plus à l’avant-garde». Meubles, objets, peintures, sculptures, il pratique avec art le mélange des genres, «cherchant le génie des objets, et le moderne à travers les âges» Heureux comme un Italien en France !
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Salon des antiquaires 36 ans Une réussite des amoureux du Vieil Antibes
La bible du mobilier Anne Lovreglio a écrit toute seule, et en deux ans seulement, le Robert du Mobilier : une Bible de 480 pages parue fin 2006 et préfacée par Jacques Tajan. Aidée quand même de sa fille Aurélia pour l’iconographie. Un ouvrage de référence, richement illustré (800 photos), pédagogique, tout sauf ennuyeux… D’abord antiquaire, cette experte en tableaux anciens spécialisée dans la détection des faux, aime être à la pointe du progrès : elle est sur internet depuis 1994, où elle répond -
gratuitement - aux questions les plus pointues des internautes, depuis le site www.search-antiques.com conçu par Aurélia : «ça m’amuse et me fait plaisir, d’être aujourd’hui consultée par le monde entier. Il suffit d’une photo pour faire une estimation d’un objet !». C’est facile pour elle, qui est capable de dire par exemple le nombre précis de perles que doit contenir un rosaire !
Jean Gismondi Le fondateur
Version pessimiste Pascal Moufflet ne conseillerait pas à son fils de devenir antiquaire Pascal Moufflet est un habitué. Sa famille a «fait» le salon depuis ses débuts, lui a repris le flambeau en 1990. Originaire de Bordeaux, son père s’installe dans les années 50 à Nice, dans le quartier des antiquaires, qui se trouvait alors dans les rues Longchamp et Paradis. Quant à lui, il ouvre une première boutique à Cannes en 1981 et commence par suivre la voie de ses parents, spécialistes de la Haute Epoque, puis il «tente de se faire un prénom» : «un matin, j’ai trouvé le Louis XIII dégueulasse, dit-il avec humour, j’ai évolué vers le Louis XIV, une marchandise plus chatoyante, plus raffinée - marqueterie, bois doré, acajou…» Plus haut de gamme aussi : un meuble de Haute Epoque dépasse rarement le million d’euros, contrairement au XVIIIème siècle où les prix peuvent atteindre 5 millions d’euros. Bientôt les antiquaires désertent Cannes : Pascal Moufflet se réfugie dans le quartier du port de Nice où il est encore aujourd’hui. Avant la chute du dollar, il vendait beaucoup aux Américains : «mais depuis le onze septembre 2001, c’est fini !» Ses clients actuels sont Italiens, avec quelques Anglais, Belges, ou Russes … De riches résidents
de la Côte à deux cent kilomètres à la ronde. Très peu de Français : «j’ai assisté à l’appauvrissement des classes moyennes. Avant, un architecte ou un médecin pouvaient acheter, aujourd’hui seul un directeur de clinique peut se le permettre.» Même s’il est critique, Pascal Moufflet pense qu’Antibes «reste un bon salon, les dates sont excellentes». Chaque année, il y donne rendez-vous à sa clientèle : «dans les années 80, je vendais presque tout pour un montant moyen de 300.000 euros. En 2007, j’ai vendu deux pièces et j’étais content d’avoir récolté 100.000 euros !» Soit six fois moins au cours actuel de l’euro - et c’est vrai semble-t-il pour l’ensemble de la profession. Au final, bien que fils d’antiquaire, il ne conseillerait pas à un jeune de le devenir : «c’est un métier qui demande beaucoup de connaissances, où la marchandise est très chère et l’erreur ne pardonne pas !»
Jean Gismondi, longtemps président du salon, a passé le flambeau à Gérard Fantino, expert-comptable de profession. Antibois d’origine, Jean Gismondi est un spécialiste reconnu des chefs d’œuvre de l’ébénisterie parisienne du XVIIIème siècle et de la peinture italienne et française des XVIIème et XVIIIème siècles avec une prédilection pour les Védutistes vénitiens. Installé depuis 1982 à Paris, dans la rue Royale, présent à Monaco dès 1993 par le biais d’une association avec le promoteur Michel Pastor, il est actuellement adjoint à la culture du maire d’Antibes. Il sera présent cette année encore dans le carré Prestige.
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CAGNES SUR MER
UNE CONSERVATRICE UN BRIN REBELLE
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algré un visage juvénile et une voix douce, Virginie Journiac a du caractère. Peut-être tient-elle sa patience et sa ténacité de son père, originaire du rude Cantal, devenu plus tard un Auvergnat de Paris - ville où elle naquit en 1973. Même si elle sut se démarquer très tôt des traditions familiales, au point de choisir l’art plutôt que l’enseignement, et la Corse plutôt que l’Auvergne comme lieu de sa première affectation. Rebelle à sa façon, en douceur, elle voulut d’abord être journaliste - sauf que, sur le chemin de l’inscription en école de journalisme, elle trouve sa vraie voie en lisant une annonce pour l’institut d’art et d’archéologie de la Sorbonne. «J’ai su en un éclair que c’était l’histoire de l’art qui m’intéressait vraiment». Aussitôt dit, aussitôt fait, elle s’inscrit, et la voila partie pour cinq années d’études, un DEA couronné par un mémoire de maîtrise sur l’iconographie de la Vierge en majesté, et en double cursus, le cycle de muséologie de l’Ecole du Louvre. Diplôme en poche, elle passe le concours d’Attaché de Conservation du Patrimoine - 1200 candidats pour 6 postes en inventaire du patrimoine, sa spécialité - dont elle est lauréate en 1998. Cerveau brillant, Virginie Journiac a beaucoup aimé cette période : «les six meilleures années de ma vie, qui m’ont ouvert l’esprit». Peut-être un peu trop brillante aux yeux de certains, Virginie Journiac a connu quelques difficultés à ses débuts dans le monde du travail : «pour mon premier poste au musée Fesch d’Ajaccio, l’unique musée des Beaux-Arts corse - un poste que j’avais voulu et attendu plus d’un
an - je me suis mal entendue avec le conservateur dont j’étais sensée être l’adjointe … Peut-être étais-je trop jeune à ses yeux ?». Son «amour de la Corse», région qu’elle connaît pour y aller en vacances depuis l’enfance et où elle avait toujours rêvé de travailler, n’en est pas sorti indemne. Après sept ans passés dans l’Ile de Beauté, elle saisit la première occasion qui lui est offerte de partir : ce sera Cagnes sur mer, où elle arrive fin 2006, «mieux armée pour affronter la vie». Et là, tout se passe à merveille. Elle débarque dans un château médiéval - le château Grimaldi du haut de Cagnes est un ancien fortin moyenâgeux transformé au XVIIème siècle - elle, la médiéviste, fascinée depuis l’enfance par cette période mystique, spirituelle, où se fonde la civilisation chrétienne. Le rêve pour une jeune femme admirative des romans courtois, de la quête du Graal et de la « matière de Bretagne » (cycle arthurien). Dans ses attributions, elle doit également gérer la maison Renoir des Collettes, qui possède 11 tableaux originaux du Maître : un Renoir de la dernière période, quand il dépasse l’Impressionnisme, comme en témoigne le tableau célèbre des «Grandes baigneuses» du salon. Devenue «administrative» par la force des choses (80% du travail !), elle n’en reste pas moins «rebelle» à sa manière, inventant des vernissages qui sortent du commun et du convenu : récemment, l’hommage à Suzy Solidor s’est fait en musique, chants, danses et invités costumés !
Virginie Journiac 34 ans Responsable des musées de Cagnes sur mer Médiéviste «administrative»
2008, l’année Renoir Pour fêter le centenaire de l’installation d’Auguste Renoir au domaine des Collettes en 1908 - période capitale de sa vie où il est déjà en fauteuil roulant mais où son génie se révèle - Virginie Journiac a préparé un programme de manifestations dont voici le sommaire :
1 Un téléfilm sera tourné aux Collettes, diffusé en mars-avril, sur les chaînes publiques, avec l’arrière petit-fils de Renoir et Jean-Charles Tacchela
2 Un déjeuner sur l’herbe en mai avec concert (ouvert au public)
3 Une grande exposition Renoir en juillet-août, dans la maison des Collettes, avec prêts de musées (du Gard) : archives, lettres, souvenirs, nombreux tableaux…
4 La biennale, octobre-novembre : «la femme comme inspiratrice et modèle», avec comme artistes Youn, Champollion et Tobiasse
5 Un cycle de conférences en octobrenovembre, où des médecins rhumatologues parleront de la maladie de Renoir, et de son influence sur son art…
6 Une conférence sur «Renoir et la musique» (il fut élève de Charles Gounod)
7 Sans oublier des prêts d’œuvres à
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des musées : le Japon par exemple prépare actuellement une grande rétrospective Renoir
Š J-Ch Dusanter
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CANNES
Eteignez votre téléviseur Osez Made In Cannes ! Comment susciter et renouveler le désir, l’envie de culture auprès de tous, développer les publics et permettre une diffusion la plus large des pratiques artistiques et culturelles locales ?
La Direction des Affaires Culturelles de Cannes a imaginé en 2002 un outil culturel étonnant qui a diversifié les horizons artistiques cannois et permis de toucher un nouveau public, plutôt jeune, curieux d’esprit et peu habitué à fréquenter les spectacles. Baptisée Made In Cannes, cette initiative volontariste originale a aujourd’hui 6 ans. 6 ans et alors ? Alors le concept s’étoffe, se cultive, se régénère à chaque saison et, en 2008, il est toujours aussi bouillonnant d’inventivité et de créativité ! Au début des années 2000, l’offre culturelle à Cannes est riche mais peine à intéresser une certaine catégorie de publics : les jeunes notamment ne se sentent pas concernés par ces propositions artistiques « conventionnelles » et se détournent massivement des salles de spectacles. La Direction des Affaires Culturelles (cf encadré) s’attache alors à découvrir une production artistique complémentaire de celle déjà existante et qui puisse rencontrer les envies de ces publics. Elle improvise une programmation artistique sur mesure, novatrice, un brin impertinente qui donne la primauté aux artistes locaux de talents et, à la création contemporaine urbaine locale. Depuis lors, Made In Cannes présente une sélection de spectacles donnés par des compagnies professionnelles dans lesquelles jouent, dansent, mettent en scène ou chorégraphient des
anciens élèves des écoles supérieures cannoises (l’Ecole Régionale d’Acteurs, L’Ecole Supérieure de Danse Rosella Hightower, le Conservatoire de Musique). Deux lieux, le Théâtre de la Licorne et la Salle des Arlucs, sont choisis pour accueillir tout au long de l’année cette scène consacrée au meilleur de la production des grandes écoles d’art de Cannes. Le succès est très vite au rendez vous : un nouveau public, jeune et moins jeune, se presse de plus en plus nombreux pour assister aux représentations éclectiques de danse, théâtre, nouveau cirque, marionnettes, performances audiovisuelles, arts plastiques, mode… En faisant le choix résolu et osé de mettre en avant les talents du cru au cœur de la Cité, de valoriser les pépinières de talents formés dans ses écoles d’art, la Direction des Affaires Culturelles a gagné son pari audacieux d’attirer un plus large public vers l’art et la culture. Pour autant, elle n’en est pas restée là et a présenté chaque année des évolutions qui sont venues enrichir le concept : ainsi très vite l’initiative est déclinée en Made In Cannes « Junior », ouvrant la programmation aux étudiants encore en cours de formation des écoles d’art. En plus de séduire le public à des tarifs attractifs, Made In Cannes est aujourd’hui une vitrine nationale incontournable de la qualité pédagogique des écoles d’art de la ville (l’ERAC se classe 4ème
CANNES
au niveau national, l’école de danse 6ème) et a permis la reconnaissance professionnelle nationale de plusieurs talents locaux ( Cie La Castafiore, le chorégraphe Eric Oberdorff..). Les effets induits du concept sont encore nombreux : valorisation de l’image des lieux culturels qui accueillent les représentations, de nouveaux locaux modernes à l’étude pour l’Ecole de danse, agrandissement prochain de l’ERAC, multiplication des rencontres de publics de milieux et d’âges différents… C’est René Corbier, heureux Directeur des Affaires culturelles de la Ville de Cannes depuis 23 ans, qui est le créateur du concept Made In Cannes. Il confirme avec humour que son idée a tellement séduit lors de la présentation que le Maire l’a entérinée en moins d’un quart d’heure ! Il s’attache depuis toutes ces années à mener une action culturelle engagée, militante, fervente et à assurer la continuité des services culturels en apportant sa solide expertise professionnelle. René Corbier est un passionné qui « sort chaque soir assister à un nouveau spectacle », il veut tout connaître, tout voir, pour être capable de proposer des réponses artistiques les plus justes et en toute connaissance de
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Mais ce sont sûrement les témoignages vibrants du public à l’issue des représentations qui parlent le mieux du triomphe de Made In Cannes ! Envie de poésies, de chorégraphies et de musiques inédites ? Made In Cannes, c’est décidé on y court! VN Programmation saison 2007/2008 www.madeincannes.com
cause. Amoureux de Cannes, il affectionne particulièrement la taille idéale de sa Cité qui lui donne la possibilité de concilier actions sur le terrain et raisonnements théoriques sur des stratégies culturelles. S’il travaille sur de nombreux projets à la Direction des Affaires Culturelles, il n’a jamais délaissé Made In Cannes : il assure toujours la sélection des compa gnies, traque les points à améliorer et continue d’œuvrer à garantir l’excellence de la programmation. Il a su toutefois s’entourer d’une équipe dynamique et passionnée pour assurer un élan permanent à l’idée : Marie Junk, chargée de la communication ou Cécile Kettela, dernière arrivée dans l’équipe courant 2007, collaborent avec
Photos © Mairie de Cannes Page de gauche : Made In Cannes se décline en Made In Cannes Junior et offre la possibilité aux étudiants encore en formation de se présenter sur scène et de donner à découvrir la richesse de leurs talents en devenir. La danse est une des disciplines privilégiées de la programmation de Made In Cannes : peu représenté sur le département, la Direction des Affaires culturelles souhaite donner une place prépondérante à cet art universel : langage compréhensible dans toutes les langues, la danse fait ainsi écho de belle façon à Cannes, Ville internationale ! Cette page :
lui, dans le plus grand secret, à concocter une saison 2008/2009 surprenante !
Les étudiants de l’école de Danse ne touchent plus terre depuis qu’ils sont programmés à Made In Cannes !
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En Ville
MENTON
Le théâtre de l’émerveillement L’histoire, évoluant entre petits drames et grands éclats de rire, a été rocambolesque et aurait pu faire l’objet d’une mise en scène théâtrale : cette aventure à écrire, c’est justement celle d’un théâtre
Retour sur les péripéties de ce Théâtre du Lavoir, perché haut sur les collines à Menton, qui s’épanouit littéralement en offrant une programmation exubérante et colorée pour notre plus grand bonheur. C’est avec Mandine Guillaume, pétillante et ravissante jeune fille de 26 ans, ancienne élève et actuelle responsable de la compagnie Arnika désormais résidente du théâtre, que nous consignons le scénario des souvenirs et surtout de l’avenir de ce lieu emblématique !
Mandine Guillaume joue C’est l’Histoire d’une Valise
© J-Ch Dusanter
qui faillit disparaître après le départ de son directeur, et, qui finalement renaît plus fort et s’inscrit aujourd’hui en haut de l’affiche de la culture mentonnaise !
ACA Pouvez-vous retracer en quelques lignes l’histoire attachante de cette communauté de passions qui s’est formée pour conserver vivant le théâtre du Lavoir ? Mandine En fait, après le départ rapide de l’ancien directeur, les élèves se sont mobilisés : ils ont remué ciel et terre et ont abattu un travail de titan pour obtenir la gestion du lieu. Projet un peu fou, puisqu’ils n’étaient pas des professionnels de la culture, ni même des habitués de l’associatif …. Mais leurs énergies et leur amour de ce lieu, la joie de faire du théâtre ensemble ont eu raison de toutes les difficultés rencontrées. Et ils ont réussi à convaincre toutes les parties prenantes de l’intérêt et de la faisabilité de leur idée. ACA Il semble donc que ce lieu soit propice à éveiller des coups de foudre irrésistibles pour tous ceux qui foulent son chemin : vous avez vous aussi une histoire de très longue date avec ce théâtre et il apparaît que vos destinées respectives sont étroitement liées : vous êtes partie loin pour mieux revenir ? Mandine C’est un lieu que j’ai
vu naître et qui m’a vu naître… j’avais 17 ans, je montais regarder l’avancement des travaux d’aménagement, je collais les affiches, je pliais les programmes. Et puis j’y ai joué, enseigné, grandi, j’y ai fait mes premières mises en scène… on m’y a fait confiance, et je garde cette « confiance » comme un très beau cadeau… Et j’en suis partie, parce qu’il n’y avait pas assez de place pour ouvrir mes ailes… je suis partie pour partir, pour voler… pas pour revenir… Partir pour revenir ça n’aurait aucun sens… autant rester alors… Et finalement quand la nouvelle équipe m’a proposé de revenir, je me suis rendue compte que je savais voler et que je pouvais me poser. Après avoir travaillé huit ans dans ce lieu, les élèves connaissaient bien mon travail, ma manière de transmettre, de partager et ils se sont tout naturellement, je crois, tournés vers moi et ma compagnie pour les assister sur le coté artistique et pédagogique de la tâche. ACA Peut-on dire que votre troupe représente la «jeune création» de Menton, celle qui
innove (par envie et/ou par manque de moyen aussi) , celle qui propose, explore d’autres voies théâtrales? Mandine L’important n’est peut être pas d’innover forcément, mais de « douter » toujours. En tout cas on cherche… Et on essaie d’explorer les chemins qui mènent à l’autre, le spectateur, l’humain, et par là même les chemins qui mènent à nous même. ACA Quelles expériences ont marqué votre esprit au Théâtre du Lavoir ? Mandine C’est au lavoir que j’ai donné mon premier cours de théâtre… j’avais 20 ans et je n’en menais pas large. Accompagner quelqu’un, transmettre, offrir son exigence et sa confiance, cela fait 10 ans que ça dure… et je ne me lasse pas de le partager avec les élèves. Repousser toutes les limites main dans la main avec les élèves, c’est magique ! Les expériences négatives, je les transforme en positive… alors je n’en ai pas en stock ! ACA Quel est votre aujourd’hui au théâtre ?
rôle
© J-Ch Dusanter
Mandine Je dois avoir une tête à chapeau, alors j’ai toujours plusieurs casquettes… et puis je suis toujours très à l’étroit dans les cases et les étiquettes… J’ai le rôle de Mandine. ACA Parlons du spectacle qui vous a rendu célèbre dans tout le département Mandine ! Vous continuez à jouer ce spectacle de la valise, avec lequel vous avez fait le tour du monde : pouvez vous nous rappeler comment ce spectacle a vu le jour et nous faire partager son histoire ? Mandine Au départ « c’est l’histoire d’une valise » n’est pas un spectacle, c’est un projet de voyage, d’échanges… En mai 2006, je suis allée rencontrer des enfants à l’Ariane à Nice et, ensemble, on a écrit une histoire, sur le thème de la frontière, et fabriqué des marionnettes pour raconter cette histoire… Et puis j’ai mis ces marionnettes dans ma valise-castelet et je suis partie en Bosnie, rencontrer d’autres enfants, faire le même travail et leur offrir les marionnettes françaises. J’ai continué mon périple, en Serbie, en Bul-
garie, Roumanie Egypte, Israël et Palestine pour faire grandir cette chaîne d’histoires, faire passer les frontières à ces marionnettes, pour que ces paroles d’enfants résonnent. Ça a donné 6 mois de voyage, un retour forcé pour cause de guerre, des rencontres avec les enfants des rues, ceux des camps de réfugiés, des orphelinats, des centaines de marionnettes fabriquées, des bandes sons dans 10 langues, 10 frontières, des « check point », des visas, des rires d’enfants, des petites mains dans les miennes… et tant de choses .. Cette aventure c’est la découverte de ces pays, les rencontres et le travail avec presque 200 enfants qui ont donné leurs sourires et leurs envies à ce projet. Voir des choses se construire, une histoire, une marionnette, un souvenir... c’est beau, fragile et précieux comme un château de cartes dans une brise d’été, comme une coccinelle prête à s’envoler de la main où elle s’est posée, ce travail aura été pour moi un bonheur de chaque minute, de partager avec ces enfants un petit bout
de vie, un petit bout d’envie et de rêve. Ce projet ma appris « l’émerveillement », comme seule arme contre la colère ou la douleur. ACA Que peut-on souhaiter au Théâtre du Lavoir et à Mandine Guillaume ? Mandine Au niveau de la programmation, nous espérons avoir le plus rapidement possible les moyens d’acheter quelques spectacles. Et que le monde ressemble à celui dont j’ai rêvé sur les routes avec les enfants.
VN Plus d’info www.valise.org www.arnikacompagnie.org
Questions express Mandine c’est un prénom de scène ? Non… je n’aurais pas été capable de m’inventer un aussi joli prénom… Merci Papa et Maman Pourquoi la valise et pas le sac à dos ? Pourtant je suis plutôt sac à dos … mais là, elle s’ouvre et se transforme en théâtre miniature ! Si vous n’aviez pas été comédienne, quel métier auriez vous aimé faire? Pirate, sauveur de l’humanité, dresseuse de chats, funambule, diseuse de bonne aventure, ange gardien, peintre, rock star, architecte pour maison de poupée, lanceuse de couteau… ah, on a dit réponse brève…. pardon Vous avez tant voyagé, dans quelle autre ville que Menton auriez vous pu vous installer ? Je serais malheureuse loin de la lumière qu’on trouve ici… je reste ! La marionnette que vous auriez aimée inventer : Guignol ou Pinocchio? Pinocchio... parce qu’il devient un vrai petit garçon...
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En Ville
FOCUS
SAINT PAUL DE VENCE
UN VILLAGE DE MAITRES
Les plus grands artistes et les plus grands galeristes semblent s’y donner rendez-vous. C’est le miracle de ce village inspiré. Démonstration à quatre voix.
La Colombe d’Or
77 ans Auberge provençale devenue mythique Dirigée par la troisième génération de la famille Roux
1931
Le pouce d’Arman à la Colombe d’Or © F Canarelli
Paul Roux et son épouse Baptistine ouvrent une petite auberge de trois chambres. Au menu : panier de crudités, petits farçis, poivrons à l’huile d’olive, carré d’agneau et poulet rôti … une cuisine provençale toute simple. Rien d’exceptionnel, si ce n’est la personnalité du patron, irrésistiblement attiré par la peinture … et par les peintres : « ici on loge à cheval, à pied ou en peinture » sera sa devise. Pour posséder des tableaux, il n’hésite pas à entretenir des artistes en échange de leurs oeuvres. Ses premiers amis se nomment Dufy, Signac ou Soutine… Puis Matisse, avec qui il prend le thé dans sa limousine. Ensuite Braque, Léger, Miro deviennent des habitués. Jacques Prévert, pour le tournage des Visiteurs du soir, vient accompagné de Marcel Carné, et loue bientôt une maison dans le village. Et Simone Signoret, alors épouse du cinéaste Yves Allegret, tombe amoureuse du lieu… Si on ne peut les citer tous, n’oublions pas Picasso, qui donnera à Paul des conseils d’ami pour peindre. Peu à peu, la Colombe d’or s’agrandit, l’architecte Jacques Couëlle y apporte sa touche, tandis qu’après guerre, c’est le cinéma américain qui s’y donne rendez-vous.
Désormais à la retraite, Paul s’asseoit volontiers sous le figuier pour converser avec Aimé Maeght. Bientôt, Francis prend la relève de son père : Prévert amène ses amis Yves Montand ou Lino Ventura. On achète la maison voisine, pour y recevoir toujours plus de grands noms : Calder, Arman, César, mais aussi Raymond Queneau ou André Gide. En 1951, Yves Montand y épouse Simone Signoret, et continuera à jouer à la pétanque avec Francis sur la place du village durant de longues années, à la grande joie des touristes. Avec Clouzot puis Truffaut, c’est la Nouvelle Vague qui monte jusqu’ici, et plus tard l’écrivain américain James Baldwin qui y élit domicile à l’année. Plus récemment, le petit-fils François Roux, né en 1953, y reçut l’équipe de tournage de Manon des Sources, et plusieurs écrivains contemporains y sont comme chez eux. Avec son épouse Danièle, François veille aujourd’hui sur un héritage artistique impressionnant : Picasso, Léger, Calder, Braque, César, Arman...
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Michel Enrici FONDATION MAEGHT
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63 ans Directeur de la Fondation Maeght depuis décembre 2006 Veut faire dialoguer l’art Vivant avec l’art Moderne
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ourtant, son parcours n’a pas été jusqu’ici si tranquille. Né à Marseille en 1945, c’est à Paris qu’il étudie la littérature et l’histoire de l’art, avant de commencer une carrière de professeur de lettres. Ce qui ne l’empêche pas de rencontrer tous les grands intellectuels parisiens des années 70, du philosophe JeanFrançois Liotard à l’écrivain Roland Barthes en passant par le psychanalyste Jacques Lacan. Ni surtout de se frotter à la critique d’art en participant à l’aventure de la revue Artistes, fondée en 1979 par Bernard Lamarche-Vadel. Il put ainsi «accompagner par ses textes l’aventure artistique de ses contemporains», avec «la méthode critique de l’exercice d’admiration», défendant par exemple Jean-Pierre Pincemin et le groupe Supports-Surfaces, puis plus tard, la génération de Fabrice Hyber. Ce fut «un bon terrain d’apprentissage»,
même si la revue n’aura duré que six années, «une belle aventure de jeunesse. Je fus très heureux dans ce milieu, en tant qu’amateur d’art au sens du XVIIIème siècle». Ensuite Jack Lang est arrivé, et a créé 150 nouveaux lieux d’expositions en 15 ans : «et tout ce que nous faisions pour le plaisir est devenu un métier !». En 1985, Michel Enrici fait une autre rencontre déterminante avec un artiste de la galerie Maeght, Gérard Gasiorowsky, dont il devint l’ami peu de temps avant sa mort. C’est lui qui sera chargé de faire l’inventaire de son atelier : «ouvrir les placards d’un ami, c’est une expérience qui marque». C’est ainsi que Michel Enrici en vint à s’intéresser aux éditions Maeght. Car Aimé Maeght, qui fut imprimeur, incitait ses artistes à faire des gravures, lithographies, et autres eaux fortes, ce qu’ils firent tous, et brillamment. Dès 1989, il organise à Tours une exposition d’estampes réalisées par les artistes Maeght, et sera en 2005 commissaire de l’exposition «trésor d’estampes» de la Fondation Maeght. Après avoir dirigé l’école des Beaux-Arts de Dijon puis de Marseille, il crée à Monaco une école de scénographie (le pavillon Bosio, en 2002) : «scénographie, c’est un mot conquérant, qui est au cœur de l’art contemporain. Tous les artistes d’aujourd’hui la pratiquent, même si la
«Je ne vivrais plus dans le calme et l’anonymat» a pensé Michel Enrici, à la manière de la princesse de Clèves, en arrivant à la tête de la Fondation Maeght. tradition s’est un peu perdue dans les écoles d’art en France …Ce qui n’est pas le cas en Italie». Depuis son arrivée à la Fondation Maeght en décembre 2006, appelé par Adrien Maeght, il cherche à mettre en pratique cette idée, mais «avec prudence ; je souhaite faire dialoguer des artistes vivants avec la collection et ce lieu unique». Sa première exposition fut «le centenaire d’Aimé Maeght», puis il invita le sculpteur grec Takis, 83 ans et réputé de caractère difficile : « tout s’est passé merveilleusement bien, il nous a laissé une poétique sculpture en noir et blanc qui tourne légèrement avec le vent, que j’ai la chance de pouvoir admirer de mon bureau ! » Avec la traditionnelle grande expo de l’été, Michel Enrici ajoute une nouvelle programmation au printemps et à l’automne, de deux artistes vivants. En février, l’artiste franco-chinois Yan Pei-Ming dialoguait en peinture et en sculpture, avec Giacometti. A son crédit : un nouvelle installation de la salle Giacometti, telle qu’elle était le jour de l’inauguration de la Fondation en 1964 (classique mais très efficace présentation) et aussi une nouvelle lecture de la collection, des «grands gestes d’artistes», comme les lithographies grands formats signées Miro, ou une mise en parallèle très éclairante de Sam Francis avec Paul Jenkins. Pédagogique et passionnant à la fois ! FC
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En Ville
FOCUS
SAINT PAUL DE VENCE
Lieven de Buck
59 ans Directeur de la galerie Guy Pieters Collectionneur devenu galeriste
GALERIE PIETERS
Né dans un village près de Gand, Lieven de Buck a grandi dans le milieu des arts graphiques. Il fonde sa propre société de photogravure au début des années 70, qui employa jusqu’à 90 personnes et travaillait en continu, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7…
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Lieven de Buck devant une photogravure, faite par lui, de l’ Espadon.
Guy Pieters pratique : La grande exposition de l’été 2008 sera consacrée à Jim Dine (américain proche du Pop Art qui répète des motifs de coeur ou de crâne avec des variations chromatiques) : vernissage le 19 juillet. Prévue pour octobre 2008, une confrontation «Arman - César». Une idée des prix ? Si vous entrez chez Pieters sachez qu’il vous faudra débourser entre 5000 et 500.000 euros. Pour une belle sculpture d’Indiana (chiffres monumentaux exposés dans le jardin), comptez 360.000 euros. Pour une oeuvre récente de Claude Gilli en bois découpé, entre 7500 et 35.000 euros.
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’aventure s’achève avec l’arrivée du numérique. Mais Lieven de Buck n’a pas tout perdu : il a, durant ces 35 années, travaillé pour de nombreux artistes et acquis une solide réputation de qualité. Après avoir côtoyé Tom Wesselman, Karel Appel ou Corneille, comment ne pas devenir collectionneur. D’autant plus quand on est ami intime de Guy Pieters, et qu’on passe ses vacances ensemble chaque année sur la Côte d’Azur … avec un petit détour rituel par Saint Paul et sa Fondation Maeght. Jusqu’au jour où Pieters rachète la galerie d’Alexandre de la Salle et propose à Lieven d’en prendre la direction. Après quelques travaux d’agrandissement (750 mètres carrés de galerie et 4000 mètres de jardin), Lieven s’installe à Saint Paul avec son épouse Dorothée, y achète une maison et … continue à travailler autant qu’avant, week-end compris. Mais pour suivre le chemin tracé par Guy Pieters, né comme lui dans un village flamand et passionné depuis l’adolescence par le Pop-Art, le mouvement Cobra ou le Nouveau Réalisme. Depuis la création de sa galerie dans la station balnéaire très chic de Knokke-le-Zoute en 1981, Pieters garde la même ligne directrice, y ajoutant quelques grands artistes belges comme Jean-Michel Folon, Wim Delvoye ou Jan Fabre et plus récemment, le peintre français Robert Combas. Aujourd’hui, Guy Pieters et Lieven de Buck oeuvrent de concert, l’un en Belgique l’autre dans le sud de la France, à défendre les mêmes artistes, parmi les plus « exceptionnels ». Lieven, qui parle trois langues, a su s’adapter facilement à une clientèle à 80% étrangère, de passage ou possédant une villa sur la Côte, Anglais ou Allemands, Italiens ou Coréens, Japonais ou même Chinois : « Mais ce ne fut pas facile. Il faut prendre les choses au sérieux dans ce métier, soigner le client pour le fidéliser ». Cette année encore, sera organisée à Saint Paul en été une grande fête privée avec 350 clients et relations. Lieven de Buck a de quoi se réjouir, les chiffres sont en progression constante : «2007 fut une excellente année pour la galerie. Je suis très heureux ici. Je profite au maximum de la qualité de vie dans cette belle région, mais je me donne à fond à la galerie, et mes clients, qui souvent deviennent des amis, le savent. » FC
SAINT PAUL DE VENCE
FOCUS
Catherine Issert GALERIE ISSERT
«
Galeriste Ouvre sa première galerie en 1975 A toujours voulu être contemporaine
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J’ai toujours voulu être contemporaine » ditelle aujourd’hui pour expliquer son parcours, depuis ses études d’art à l’institut Michelet et à l’école du Louvre, jusqu’aux oeuvres dont elle aime à s’entourer aujourd’hui : points rouges alignés sur un carré blanc du Suisse John Armleder, huile de vidange noire qui coule sur une plaque en laiton du groupe BP, formes géométriques imbriquées de François Morellet. Car son goût la pousse vers un art contemporain plutôt conceptuel, même si elle fit par la suite des choix plus diversifiés : « Je vends les artistes que j’aime avoir sur mes murs : je n’ai pas de double vie ni de double langage, c’est mon goût profond, je ne veux pas tromper les gens ». Une vie faite de rencontres, comme avec Claude Viallat qu’elle connu lors d’une première expérience chez le grand galeriste parisien Jean Fournier (et avec qui elle fit sa première exposition). Ou avec Aimé Maeght qui fut son mentor. Née à Nice, d’une mère parisienne et d’un père qui fut maire de Saint Paul de Vence durant 50 ans, elle est finalement « restée toute sa vie au même carrefour ». Celui où ses parents se sont rencontrés (à la Colombe d’Or), et où se trouvait la maison familiale (juste en face !). Car c’est dans cette maison qu’elle a ouvert sa première galerie en 1975, avant de s’installer dans sa demeure actuelle, quelques mètres plus bas.
Ses débuts, à 29 ans, ne furent pas faciles : ses premiers clients sont des étrangers venus du nord - Suédois et Hollandais principalement - seuls au début à apprécier cet art d’avant-garde. Depuis lors, en bonne connaisseuse de l’histoire de l’art, elle s’attache à représenter les trois courants principaux qui découlent de Malévitch-Duchamp-Matisse : issu de Malévitch, l’abstraction géométrique, ou art concret, représenté par François Morellet ou John Armleder. De Duchamp, le mouvement Fluxus (le « tout est art » de Ben). Et enfin, issus de Matisse, des peintres comme Jean-Charles Blais ou Jean-Michel Alberola, ou encore le groupe Supports/Surfaces qui travaille sur le vocabulaire de la peinture (Bernard Pagès). A quoi s’ajoutent des jeunes de la Villa Arson, pour lesquels elle a le projet d’une section « laboratoire ». « Quand je regarde derrière moi, je suis plutôt satisfaite de mes choix , j’ai eu les mêmes critères de jugement que les bonnes galeries, les musées, les centres d’art … Mes artistes, déjà respectés à l’époque, sont aujourd’hui à Beaubourg ». Elle n’en oublie pas pour autant de soigner l’accueil de ses clients : « je suis dans un métier de relations publiques, j’explique volontiers, je ne méprise personne ». Pendant ses rares moments de détente, elle lit ou va au cinéma, mais très vite, elle revient à l’art : « pour moi, la vie passe par l’art. Comme je ne sais pas faire les choses à moitié, j’ai parfois du mal à me détendre : ma vraie vie, c’est ma galerie ». FC
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Une galerie de province qui fait la FIAC et dure depuis 33 ans, c’est, parait-il, exceptionnel. C’est pourtant le cas de Catherine Issert, qui doit bien avoir quelques qualités rares : fidélité, honnêteté, constance et cohérence, perfectionnisme ?
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En Ville
NICE
Des Niçois prophètes en leur pays Le tramway à Nice : qui aurait imaginé voici seulement quelques années que la ville du sud au stationnement anarchique, aux embouteillages fiévreux et habituée au concert de klaxons et aux trottoirs surchargés, allait connaître cet apaisement soudain, cette métamorphose en une cité radieuse aux grandes perspectives tranquilles ? Pourtant, le miracle s’est produit et les râleurs se sont tus.
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©François Fernandez
uf, on respire… Et en plus, l’art est entré dans la ville. L’art contemporain, qui plus est, et non des moindres. Sélectionnés par un comité d’experts, de grands noms internationaux ont été retenus, la plupart habitués à travailler dans l’espace urbain, comme le catalan Jaume Plensa. 218 candidatures sont venues du monde entier, le choix final ayant été fait par les politiques locaux, unis pour l’occasion. Le tramway est donc le « bébé » autant de la ville de Nice que de la communauté d’agglomération, des directeurs des musées locaux que d’experts des ministères de la culture et de l’équipement. Et les artistes niçois, dans tout ça ? Si beaucoup se sont sentis rejetés - nul n’est prophète en son pays ? - quelques-uns ont eu la chance d’être parmi les heureux élus : un tiers d’artistes locaux était le chiffre annoncé. Ils sont quatre sur douze : pari tenu.
Ben Michel Redolfi Pascal Pinaud et Stéphane Magnin Artistes Vivent et travaillent à Nice Point commun : ont été sélectionnés pour travailler sur le tram
Parmi eux, l’incontournable Ben Vautier : qu’on l’aime ou qu’on le déteste, Ben le Suisse né en Italie de mère occitano-irlandaise et de père suisse francophone, est plus niçois que les Niçois. Choisir Ben pour la calligraphie du nom des stations, c’était une idée évidente. Y ajouter des « pensées », sous chacun des 42 abris voyageurs, encore fallait-il y penser ! - « Pas d’art sans liberté, regardez le ciel, tous formidables, le temps est illimité, la solution existe, ne pas faire semblant, penser à sourire , tous ego, je doute de tout… Entre évidences, injonctions et réflexions… à chacun d’y prendre ce qui lui plait. Michel Redolfi a voulu « magnifier l’effet de glisse du tramway ». Confier les annonces sonores à un musicien contemporain originaire du Sud, voila une idée plus inattendue. Michel Redolfi, connu pour avoir inventé les concerts sous l’eau au milieu des années 70, vit et travaille depuis 1999 à Beaulieu sur mer, où il a ouvert son studio personnel nommé Audionaute. C’est là qu’il a créé ces fameux « sonals » (on dirait jingle en anglais), avec un luxe de variations pour « éviter la répétition qui lasse les usagers ». Des sonals pour identifier chaque station, pour le jour et la nuit, pour le week-end, pour l’été ou la fin de l’année… Tram festif ou apaisé, vivifiant ou international, réconfortant ou solaire - Michel Redolfi s’est montré très créatif pour « magnifier l’effet de glisse du tramway ». Né à Marseille en 1951, Michel Redolfi fait des études musicales classiques, avant de se tourner vers la création électroacoustique. A 22 ans, il part pour la Californie poursuivre ses recherches universitaires : c’est là qu’il invente ses fameuses musiques « subaquatiques ». Onze ans plus tard, il est à Nice pour diriger le Centre national de Création Musicale (CIRM) puis le festival Manca (jusqu’en 1998). Mais comme il ne veut pas s’enfermer dans
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une bulle élitiste, recherchant plutôt les « larges audiences », il se lance dans la conception sonore pour les espaces publics : Parc de la Villette, Cité des Sciences et de l’Industrie, Fondation Maeght, parc de la mer Marineland, expositions universelles de Séville et de Lille, Nuit Blanche de Paris et Biennale de Venise… Pascal Pinaud et Stéphane Magnin, unis pour garder la mémoire urbaine. Tous deux professeurs à la Villa Arson, ils sont de la même génération (nés au milieu des années 60) et ont des pratiques artistiques proches. Pinaud travaille sur les motifs décoratifs des années 70 et Magnin revisite les années 60 et 80. Pinaud « vole des savoir-faire dans différents mondes, se les approprie et les réinjecte en questionnant les moyens de la peinture », tandis que Magnin « manipule et contamine des références hétérogènes - la science fiction par exemple - en leur attribuant un aspect critique ». Ayant répondu tout seul à l’appel d’offre, Pascal Pinaud choisit ensuite de travailler avec son col-
lègue pour un projet sur le Mail des deux futures universités, à la station St Jean d’Angely. Dans les entrepôts de la Ville, ils découvrent de vieux réverbères urbains de toutes les époques, d’où l’idée de les assembler en une « Composition exubérante de réverbères hybrides, résurgence de la mémoire urbaine ». Au final, trois mois de travail pour eux et l’aide de l’entreprise Labbé chargée du nettoyage, de la restauration, peinture et assemblage, pour un budget de production de 100.000 euros. Récup’ et aussi économie d’énergie grâce à l’emploi d’ampoules basse-tension (de 30 watts au lieu de 300, et qui durent 12.000 heures), la note écolo n’est pas oubliée. Avec ces 31 mâts de hauteurs différentes, 100 boules sur 14 emplacements, disposés « comme des bouquets de fleurs », ont-ils réussi à créer « un décalage, une impression de basculement dans un monde étrange » ? Aux usagers d’en décider ! FC
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MONACO
« Toute la vie » Au moment où le Printemps des Arts programme sa pièce « Toute la vie », retour sur la jeune mais prolixe carrière de Pascal Rambert qui fit ses gammes à Nice avant de percer la cuirasse du théâtre ! Nommé il y a deux ans, directeur du Théâtre de Gennevilliers, Pascal Rambert né à Nice en 1962 a déjà un parcours d’auteur (publié depuis 1988) et de metteur en scène jalonné de succès dont certains ont défrayé la chronique. Son engagement, son regard radical, pluriel et contemporain ont remis en cause le pouvoir des tréteaux en puisant dans la réalité de l’acte de représentation une nouvelle grammaire. En renonçant aux principes fondamentaux du théâtre, en le soumettant à la question comme aux autres agents déstructurants du réel, le cinéma, l’opéra ou la danse, Pascal Rambert a accouché d’une œuvre en perpétuel mouvement, d’une poétique du plateau mis à nu duquel ne reste que la posture active des comédiens. Au sortir du Lycée du Parc Impérial , Pascal Rambert entre au Centre Dramatique de Nice où il met en scène Marivaux, Dario Fo, Büchner puis ses propres textes : Désir, Les Lits. Météorologies, qui reçoit le Prix spécial USA, est joué à l’Espace Pierre Cardin à Paris où il s’installe dès 1984 afin d’offrir de nouvelles planches à ses rêves. En 1989, il se distingue en Avignon avec Les Parisiens et décroche avec John & Mary le prix Villa Médicis « Hors les murs ». Il met en scène d’autres univers, de Jan Fabre à Shakespeare tout en répondant à des commandes pour l’Opéra de Lille, le Théâtre National de la Criée ou France Culture. Son talent s’exporte à l’étranger et notamment à l’Experimental Theater Wing de New York où il travaille dès 1998 autour de « Gilgamesh » qui verra le jour en 2000 au Festival d’Avignon. En 2001, il crée Asservissement Sexuel Volontaire au Théâtre National de la Colline. En 2003, il est à Kyoto, pour écrire PARADIS en résidence à la Villa Kujoyama. Deux ans plus tard Pascal Rambert présente au Festival d’Avignon « After/before » et le « Début de l’A » qui agitent la controverse autour de la création théâtrale contemporaine. Nommé directeur du Théâtre de Gennevilliers en 2006 il succède à son fondateur Bernard Sobel, le « Pionnier » de la décentralisation en banlieue.
Pascal Rambert © Patrick Imbert
Ses textes - publiés chez Actes Sud et aux Editions les Solitaires Intempestifs – sont créés en France, en Europe, aux USA et au Japon. Parallèlement il explore le champ cinématographique via plusieurs court-métrages. « Le 4ème est en préparation. Au cinéma j’aime explorer la scène du crime, revenir aux premières sensations, là ou tout a commencé ! » Guère étonnant que le directeur artistique du Printemps des Arts invite en 2008 cette poésie protéiforme qui convoque l’écriture, le chant, la vidéo, la danse. « Ma rencontre avec Marc Monnet remonte aux années 80. Il y trois ans à sa demande j’ai mis en scène son premier opéra à Strasbourg. C’est une histoire d’amitié et d’affinités, nous partageons ensemble le désir d’ouvrir nos disciplines » explique Pascal.
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Photos cette page : Toute la vie Spectacle proposé pour le Printemps des Arts
© Patrick Imbert
Après avoir posé la question de la dramaturgie contemporaine et de son articulation, TOUTE LA VIE créée en 2007 au Théâtre de Gennevilliers (avec son école de danse et son conservatoire de musique Edgar Varèse) renoue avec le récit sous une forme très libre. « Un peu à la manière du théâtre chinois ou japonais où faire un pas, c’est franchir une rivière. Lever un genou, c’est commencé à monter dans le ciel »
Plus d’information et programmation complète du Printemps des Arts : www.printempsdesarts.com OM
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La Vie des Arts
MONACO
UN PHILOSOPHE DE TERRAIN Alain Derey
© J-Ch Dusanter
53 ans Directeur général de la Villa Arson depuis mars 2006 Veut ouvrir cet établissement d’Etat sur le monde
FIGURE DE L’ART
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vec son doctorat d’état, il commence par enseigner la philosophie en Tunisie, avant de remonter vers le nord (bref épisode comme chargé de cours à l’université de Caen). Mais ce natif de Nantes n’est pas un casanier : il a appris deux langues africaines, ce qui lui permet de faire plusieurs séjours en Afrique comme conseiller culturel de coopération (Zaïre, Sénégal, Cap Vert). En 1995, il passe de la planche à voile à la rue de Valois, où il entre au cabinet de Philippe DousteBlazy. Déjà féru d’architecture, il y travaille entre autres au rattachement de cette discipline à la Culture et non à l’Équipement … jusqu’à la dissolution de l’Assemblée Nationale. Aussitôt, il reprend l’avion, direction l’île de la Réunion pour mettre en place les lois de décentralisation en faveur de l’Outre-Mer. Bientôt, le voilà de retour en Métropole, comme directeur de l’école d’architecture de ClermontFerrand, et ce n’est pas un hasard : « je l’ai choisie car c’est la seule école de France à posséder un département Philosophie de l’habitat, qui a été transformé ensuite en laboratoire de recherche accrédité auprès du CNRS ». Deux ans plus tard, Renaud Donnedieu de Vabres fait appel à lui, comme « conseiller pour les arts plastiques, les enseignements supérieurs, l’éducation artistique, les métiers d’art et le mécénat ». Le voici de nouveau en politique. Mais
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Alain Derey aime trop l’action pour se contenter de programmes élaborés sous les ors des cabinets ministériels : « La main n’est rien sans l’esprit et inversement », pense-t-il, citant Hördelin. Quand le poste de directeur de la Villa Arson, qu’il fréquente depuis de nombreuses années, se libère, il y voit l’occasion idéale de mettre en pratique son expérience. Sa passion pour l’architecture reprend le dessus, une discipline qu’il aime « comme geste à la fois physique et esthétique ». D’où son ambition « d’aider la Villa à reconquérir ses lettres de noblesse au travers d’une architecture rénovée ». Entouré de son équipe fidèle qu’il a fait venir avec lui, Alain Derey est un intellectuel qui « cherche à mettre en place une politique d’ouverture, de partenariat, pour que ce lieu soit plus lisible, et conquiert un public plus large que les connaisseurs d’art contemporain ». Et un homme d’action qui se flatte d’avoir « de nombreux chantiers en cours » : une salle de conférence de 200 places, un studio de prise de vue, la réouverture des terrasses au public … En préparation, un livre et deux plaquettes, l’une sur « les jardins » de la Villa et une autre sur « les oeuvres in situ » - sculptures du jardin dont il va faire restaurer les plus intéressantes, signées Jacques Vieille, Maurizio Nannucci ou François Morellet. FC
Une villa pas comme les autres La Villa Arson fait partie des derniers grands projets novateurs d’André Malraux. L’inventeur des maisons de la culture avait imaginé, dès le début des années 60, un équipement culturel de l’Etat en région, qui mélangerait divers domaines de création (arts de la scène, arts plastiques et architecture). Et il avait choisi Nice, seule ville de France à posséder alors un aéroport international. La Villa quant à elle, fut construite à la fin XVIIIème siècle par le banquier Pierre-Joseph Arson sur la colline saint Barthélémy. Entourée d’un superbe jardin en terrasse de deux hectares avec vue sur la mer, transformée en hôtel puis en clinique, elle est achetée par la Ville à la fin de la seconde guerre mondiale avant d’être cédée à l’Etat en 1965.
On fait appel à l’architecte Michel Marot, qui travaillera durant 4 ans à intégrer la villa ancienne dans un ensemble architectural contemporain, en béton et galets du Var, de style brutaliste. L’école nationale d’arts décoratifs ouvre en 1970, et le centre artistique de rencontres internationales un an plus tard. La « Villa Arson » est inaugurée officiellement en 1972 par le ministre des affaires culturelles Jacques Duhamel. Un projet qui a beaucoup évolué avec le temps : prévu à l’origine pour 600 étudiants, (avant mai 68, les beaux-arts étaient enseignés dans la même école que l’architecture), on y construisit un théâtre de 500 places … qui ne fut jamais achevé. Dès l’origine, la Villa Arson eut une triple fonction d’école,
centre d’art, et résidence d’artistes. On y enseignait la scénographie, le design ou la communication. Mais, depuis le milieu des années 80, sous la direction de Christian Bernard, les options sont supprimées, l’enseignement n’étant plus axé que sur l’art contemporain : en un cursus de 5 ans, les 170 étudiants apprennent autant les techniques traditionnelles (peinture, gravure, lithographie, sérigraphie, édition, céramique, dessin) que les technologies les plus modernes (vidéo, infographie, photo numérique, expérimentation sonore et internet). Fabriquer un châssis et tendre une toile font également partie de l’apprentissage ; ce qui prouve que l’art contemporain n’en a pas totalement fini avec la tradition !
La philosophie mène à tout… à condition de savoir redescendre sur terre. C’est ce que fait Alain Derey depuis toujours, jonglant entre théorie et pratique.
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Antti Lovag
dans sa Bulle
La route qui mène à Antti Lovag est longue, escarpée, difficile. « Il ne faut pas emmerder les autres » dit-il pour justifier l'isolement de sa maison, sur les hauteurs encore sauvages de Tourrettes sur Loup. Une maison ronde expérimentale, qu'il a construite de ses mains au début des années 70, « à partir de l'intérieur, en fonction des besoins humains », la façade n'en étant qu'une résultante : « Je n'ai pas suivi une démarche esthétique : décider du beau et du laid, c'est du fascisme ! » Et de faire visiter sa bulle qui regorge de mille détails créatifs : pas de porte sauf pour les wc, la position des fenêtres réglée en fonction de la vue, des oculus au plafond donnant une lumière zénithale qui ne laisse pas d'ombres, des placards qui tournent (en rond bien sûr), deux trous bien placés servant de marches pour entrer dans le « pelotoir » (une sphère ne contenant qu'un matelas rond où l'on ne tient que couché !) … Pourquoi cette obsession du rond ? Quand on lui pose, pour la nième fois, cette question, il trouve, une fois l'agacement passé, quelques excellentes raisons : « Quand j'étais petit en Scandinavie, je jouais à construire des
igloos et à les relier entre eux par des couloirs... Et j'ai perdu ma mère à l'âge de six mois ». A la recherche de la mère perdue ou hymne à la féminité ? Toujours est-il que ces formes rondes et rassurantes parlent à merveille à l'imagination. Viscéralement « antti-conformiste », Antti Lovag n'est pas architecte, il n'en a jamais obtenu le diplôme. Ce qui ne l'a pas empêché d'étudier l'architecture navale, les travaux publics, ni de passer un moment à l'école des Beaux-Arts de Paris et à l'institut d'urbanisme : « j'arrêtais tout dès que je m'ennuyais ». De ses études, il ne retient que les leçons d'un seul professeur qui lui a donné « une conscience planétaire et toute liberté de penser, sans s'embêter avec la réglementation ». Né en 1920 en Hongrie, d'un père juif russe et d'une mère finlandaise, ayant vécu en Suède puis en France, Antti est un « citoyen du monde apatride » : il affirme ne pas avoir de passeport, et s'avoue plutôt fier d'avoir « traîné partout dans le
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Une vie rondement menée
Antti Lovag 87 ans Habitologue
Vit dans une bulle à Tourrettes sur Loup
©F Canarelli
monde », piloté des avions en rase-motte pendant la guerre, beaucoup voyagé (Turquie, Sardaigne, Grèce, Italie) et baroudé, pratiqué tous les sports dont les plus périlleux. Et même s'il le paie aujourd'hui par diverses douleurs, il ne regrette rien : « je me suis bien amusé. Je n'avais pas des clients mais des complices car je posais mes conditions : ne jamais faire un devis, ni un planning de chantier ». A 87 ans, Antti continue de « dessiner, chercher, améliorer les détails, étudier la circulation et l'éclairage. » Le passé ne l'intéresse pas : d'ailleurs, qu'on se le dise, Antti Lovag recherche de nouveau « un aventurier qui accepterait d'investir, un complice qui l'aiderait à réaliser des maisons sur-mesure, à partir de modules que l'on combine à volonté. » FC
La Maison du Rouréou : un projet proposé en 1969 à Antoine Gaudet, pour une maison finalement construite entre 1986 et 89, sans permis de construire, et classée en 1999 Monument historique ! ©F Canarelli
Pionnier en France de l’architecture organique, avec Haüsermann et Chanéac, Antti Lovag expérimente l’autoconstruction dès le début des années 60, puis collabore avec Jacques Couëlle pour les Maisons Sculptures de Castellaras et Port-La-Galère à Théoule. Sa rencontre avec l’industriel lyonnais Pierre Bernard, son « complice » et mécène, lui permet de construire sa première maison ronde sur le terrain de ce dernier dans le village de Port La Galère. Puis une seconde, beaucoup plus ambitieuse, sur les hauteurs de Théoule, face à la mer : commencée en 1975, Pierre Bernard n’eut pas le loisir de l’habiter (il est décédé en 1991). Mise en vente par Sotheby’s en 1989 pour 50 millions de francs, elle a été achetée par Pierre Cardin : le « palais-bulle » fait désormais partie du patrimoine du 20ème siècle (classement régional). Mieux, la maison du Rouréou de Tourrettes sur Loup, également connue comme Maison Gaudet, est devenue un Monument Historique depuis janvier 1999 (classement national). Son édification s’est effectuée au fil de trois décennies, puisque la maquette expérimentale date de 1969. C’est l’un des rares exemples de bâtiments contemporains ayant été classés. Sur la Côte d’Azur, Antti Lovag a également signé la Maison des Jeunes Picaud à Cannes, le complexe astronomique du collège Valeri à Nice ou le laboratoire d’interférométrie à l’observatoire astronomique de la Côte d’Azur au plateau de Calerne. Antti Lovag a enseigné l’architecture, donné des conférences et organisé des stages d’autoconstruction.
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DéTAIL D’ARCHITECTURE
la voilette du 65 Croisette Objet unique
Lieu mythique et de prestige, le Boulevard de la Croisette à Cannes a de tout temps cultivé un idéal d’élégance et de beauté : la Croisette est sans conteste une des adresses les plus racées du monde et entend bien le rester !
D
epuis toujours elle se réinvente, s’embellit, s’illumine, s’expose et n’a de cesse de veiller à préserver, avec créativité et sensibilité, son identité méditerranéenne d’avant-garde et de luxe. Restée à l’écart de cette explosion d’architectures de luxe et de vitrines d’apparat, depuis plusieurs années ensommeillée, l’esplanade du Miramar attendait le moment d’éclore aux yeux de tous et d’ajouter, à son tour, à la magnificence du fameux boulevard. La belle endormie a enfin trouvé ses « Princes Charmants » et s’éveille ce mois-ci évoluant entre mesure et démesure. Choisis* pour imaginer la réhabilitation du site, Alain Moatti (architecte/scénographe) & Henri Rivière (architecte/designer) ont imaginé, pour réveiller ce lieu oublié, de façonner sur mesure une architecture qui tisse subtilement la mise en valeur du passé et
l’innovation. Et ont inventé un signe architectural qui marque l’identité du lieu, « la voilette », en résonance au tapis rouge du Palais des Festivals. Une création résolue qui comme le livre Alain Moatti « donne naissance à un bâtiment d’une grande féminité tout en courbe et contrecourbe, en partie cachée sous cette voilette de verre opalescent sérigraphié qui capte le soleil, réfléchit la lumière d’azur pour faire l’éloge de l’ombre : visuellement épurée et simple, cette voilette est en fait le fruit d’une recherche complexe sans concession : un matériau rare forgé par une technologie pionnière et maîtrisée , issue d’une recherche innovante, auprès d’un artisan verrier italien au savoir faire intemporel. La voilette apporte une illusion de légèreté, de sans effort et, à force de pureté, met le bâtiment en état d’apesanteur, l’accroche davantage au ciel
DéTAIL D’ARCHITECTURE
qu’aux vagues de la mer, tout en adoptant le rythme de ressac ». La voilette se fait sculpture, objet unique, et s’offre aux regards, autour d’un parvis qui relie naturellement le site à la Ville de Cannes et à son effervescence. Car Moatti & Rivière ont une générosité créatrice inspirée de la Renaissance : architectes/auteurs et pas seulement bâtisseurs, ils travaillent à l’immersion du site dans son environnement, et recherchent une architecture du vivant, de l’émotion. « L’enjeu est de créer des lieux qui appartiennent à tout le monde et c’est parce qu’ils sont uniques qu’ils appartiennent à tout le monde ».
© Agence Moatti et Rivière
Les exigences d’excellence n’intimident pas ces deux architectes et pour cause : à peine associés en 2001, Jean Paul Gauthier les désigne pour métamorphoser un hôtel particulier du début du XXème siècle en maison de haute couture : c’est un immense succès ! Dès lors ils sont invités à de prestigieux concours publics et privés : ils signent la rénovation du Musée des Ecritures à Figeac, l’extension de la Cité Internationale de la Mode et de la Dentelle à Calais, la réalisation de l’Historial Charles de Gaulle aux Invalides, la transformation de la Grande Halle des anciens ateliers
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L’esplanade en demi cercle du Miramar se destine à devenir pour les cannois « une respiration douce, un lieu de rendez-vous privilégié, qui n’existe nulle part ailleurs sur le boulevard » et dont la Voilette, comme un « diamant irisé » sera le signe de ralliement. VN * c’est le groupe Codic qui a racheté ce site en association avec Holdinvest et qui a retenu l’agence Moatti et Rivière.
Découvrir les réalisations de l’agence Moatti-Rivière : www.moatti-riviere.com
© S. Elbaz
Alain Moatti & Henri Rivière
© Agence Moatti et Rivière
SNCF d’Arles en lieu de culture et d’innovation. Et ils sont récemment choisis pour la réalisation à travers le monde des boutiques Yves Saint Laurent ! C’est donc tout naturellement, avec ce savoir faire et cette passion pour les lieux d’exception, que leur projet est retenu pour dessiner le nouvel écrin qui accueillera 8 boutiques haut de gamme au 65 Croisette. Leur présence sur le chantier à Cannes depuis deux ans semble d’autant plus évidente que « ces 2 artisans des savoir faire oubliés et des technologies du futur » ont des attaches puissantes avec le territoire
méditerranéen : Alain Moatti, pied noir d’Algérie, a vécu sous le soleil d’azur à La Roquette/Siagne lors de ses 2 ans de collaboration avec l’architecte prospecteur Antti-lovag. Henri Rivière, dont les origines piémontaises affleurent à chaque création, a travaillé plusieurs années à Marseille et nourrit l’idée d’y revenir. Leurs racines méditerranéennes se devinent dans chacune de leur création et affirment immanquablement une identité sensible, tactile dont on pourrait presque sentir le parfum.
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EN MUSIQUE
Rock au Conservatoire ! Qui aurait pu se douter qu’on apprendrait en l’an 2000 le rock’n roll au Conservatoire? Chuck Berry, Elvis Presley, Jimmy Hendrix, John Lennon, Keith Richards…? Sûrement pas une de ces rocks stars qui embrassèrent la carrière suite à un concours de circonstances ou en gratouillant trois accords au fond d’un garage !
Et pourtant depuis 2001 Frédéric Luzignant enseigne à Nice au Conservatoire National de Région, le noble art de faire rugir les amplis Marshall comme d’autres celui de caresser les cordes d’un violon. Que s’est-il passé Fred, comment en eston arrivé là ? La reine mère en anoblissant Sir Paul McCartney, Mick Jagger et Elton John auraitelle mis le feu aux poudres ? « En fait le diplôme de Musiques Actuelles Amplifiées a été initié en France en 2001, l’année où je l’ai décroché après une licence de musicologie et le Capes. Il m’a permis d’enseigner dans le cadre du Conservatoire, d’abord dans des annexes (Sud Pop, le Volume) puis au sein du nouveau bâtiment à Cimiez, le champs des musiques des années 50 à nos jours, les tendances identifiées blues, rock, funk, rap, électro, comme celles underground ou hybrides ». Merci docteur ! On se revoit quand ? ©Fred Luzignant
Fred Luzignant
Encart photo : Le nouveau Conservatoire National de Région à Cimiez
Vous avez dit « Musiques Actuelles » ? C’est à un vaste programme d’ouverture qu’est convié la trentaine d’élèves de cette classe dotée de 2 studios (répétition et enregistrement) et qui côtoie au même étage celles de Jazz, d’Electro Acoustique et de Musiques Anciennes.
Une promiscuité qui n’est pas pour déplaire à son éclectique professeur de 35 ans qui luimême a suivi une formation classique (trombone) puis jazz (guitare basse) au CNR de Nice avant d’évoluer au sein du trio expérimental « Sashird Lao ». Cet échangisme musical c’est la tasse de thé de la web génération : « Dans mes cours se mélangent les élèves issus des études classiques et de purs rockers. En refaisant l’histoire de ces musiques populaires, on met tout le monde d’ac-
cord. Et puis c’est le meilleur moyen de gommer les effets de modes ! ». A la théorie, à la pratique vient se rajouter l’art de savoir faire son trou dans une niche très prisée par nos jeunes, novices ou déjà confirmés : quelques musiciens qui ont déjà mis un pied dans la porte se glissent ici pour parfaire leur technique. La classe Musiques Actuelles dispense parallèlement un cursus à la formation professionnelle qui accueille via la Ruche, une association niçoise, des groupes locaux prometteurs qui ont besoin d’être guidés pour leurs premiers pas dans la carrière « Avec IMAGO et le Théâtre Lino Ventura nous leur proposons des premières parties de concert, des résidences. Nous travaillons aussi avec l’association Elektron promotion, fondatrice du Festival Nuziq, afin d’accueillir prochainement en master class le saxo du groupe anglais Herbaliser ! » D’Olivier Messiaen à Sashird Lao Nos rock stars en herbe auraient pu tomber plus mal ! Frédéric Luzignant est un passionné pur jus qui est tombé dans la marmite tout petit. Comment faire autrement avec un père enseignant l’écriture musicale au
EN MUSIQUE
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Julian Lennon,
parrain de la compilation « Rascasse Monte-Carlo »
CNR et un oncle qui n’est autre que le compositeur Olivier Messiaen dont on célèbre en 2008 le centenaire de la naissance. Même punition pour sa sœur harpiste, son frère aîné violoniste dans un big band et leur petit frère qui suit des cours dans sa propre classe. Et quand il n’est pas au CNR, Frédéric qui a collaboré avec de nombreuses formations, accompagné les plus capés, des frères Belmondo à Elliot Murphy, évolue depuis trois ans au sein de « Sashird Lao ». Ce trio vocal poly-instrumentiste au nom imprononçable qui fusionne jazz, grooves urbains et musiques du monde avec sa chanteuse d’origine égyptienne, a décroché l’été dernier le prix du public au tremplin de « Jazz à Juan ». Fidèle à ce qu’il enseigne, Frédéric et ses complices Yona et David pratiquent allégrement le métissage des genres. Dès leur premier album « Watsdis » -le second est sur le feu- le combo protéiforme a accueilli des instrumentistes venus d’horizons très différents. « Horizons différents », c’est la clé de la nouvelle partition musicale qui semble se jouer. « L’image du Conservatoire change, explique Fred, des musiciens venus d’autres filières n’hésitent plus à franchir son
Pour les pilotes de F1, la Rascasse c’est le dernier virage avant la ligne d’arrivée du grand prix de Monaco... Pour les noctambules, une scène live où tournent à plein régime les meilleurs groupes pop -rock de la Riviera
Et si le public est fidèle à ce rendez-vous nocturne les musiciens le sont aussi ! L’idée de réunir la crème de ces groupes qui mettent chaque soir le feu à la Rascasse, a vite fait de séduire Marc Toesca, récent fondateur de « Monte Carlo record ». Hé oui les petits loups ! Celui-la même qui anima le Top 50 dans les eighties vient de produire cette compilation made in riviera, parrainée par Julian Lennon, un habitué des lieux, qui offre en fin d’opus une superbe balade de son cru. 11 tracks à découvrir pour 5 formations qualifiées à l’applaudimètre : le gang « Brit pop » Blah Blah avec une compo signée par leur pote Julian
issue de leur premier album, Ozcar, dont la Pop fine et racée fait merveille sur « More than this » de Brian Ferry, Waste, régionaux et benjamins de l’étape, Caligagan, rastafari fusionnel, vu en 1ère partie de Tété ou de San Sévérino et enfin Pascal Mono qui revient aux sources rock après son 1er album au sortir de la Star Ac’. Mastérisé au Millénium Studio de Nice, la compilation Rascasse Monte-Carlo volume 1 est disponible dans toutes les FNAC. Le Volume 2 est déjà à l’étude ! OM
www.montecarlo-records.com
seuil ». Une évolution qui va de concert avec la mutation que connaît le monde musical. « Via Internet des musiciens peuvent aujourd’hui faire entendre et vendre leur compos en ligne. Un ami a planifié sa tournée aux USA grâce à « MySpace ». Des sites de téléchargement libre comme Deezer offre en écoute des centaines de groupes. Le vrai problème pour les
majors, rajoute-t’il, c’est que l’on échappe à leur contrôle pour faire nos propres choix ». Ouverture, indépendance… Et si l’enjeu de ces débats à l’aube du nouveau millénaire n’était autre que de faire vibrer musique et liberté sur le même accord ?
OM
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Martine Pujol aime les « Fumistes ! »
© J-Ch Dusanter
Partenaire de Richard Cairaschi depuis 10 ans avec qui elle créa « Les chaises de la promenade », la comédienne niçoise opère un retour attendu sur les planches avec son nouveau one woman show « La Belle Epoque »
EN SCENE
A
près trois ans de Classes Préparatoires à l’Ecole Normale Supérieure et une licence de philosophie à Nice, Martine Pujol s’initie au théâtre traditionnel puis expérimental avec le Living Theater. Elle tiendra une chronique pour Radio France, enregistrera des voix off pour des documentaires et travaillera sur plusieurs films réalisés dans la région par Ridley Scott ou Blake Edwards. Sa rencontre avec Richard Cairaschi la ramène dans le droit chemin. Ensemble ils accouchent de comédies originales, fonctionnant à deux personnages dont la trilogie des « Chaises de la Promenade ». Une comédie haute en couleurs locales saluée par la presse et les niçois pour sa verve populaire qui n’est pas sans rappeler celle que Pagnol anobli dans une autre trilogie. En regard de sa formation philosophique et de sa passion pour les divans, elle crée en 2006 une pièce sur Freud : « Une page à part ». C’est en dénichant des textes inédits depuis 1880 dans les malles des « Fumistes », des acteurs poètes du Paris d’Aristide Briand qui furent les pionniers du Stand up, que Martine a le nouveau déclic. Interprétant des monologues écrits par des plumes trempées dans l’encre caustique, dont certaines de la comédie Française, ces « hydropathes » devenus « fumistes » firent rire jaune de Saint-Germain des Prés au « Chat Noir » de Montmartre. Ce vent de rébellion très fin de siècle ouvrit la brèche aux dadaïstes puis aux surréalistes, de la diatribe ubuesque de Jarry aux extravagances de Dali. Et si comme disait Hemingway « L’alcool conserve les fruits et la fumée les viandes » les textes des fumistes ont su garder malgré le temps toutes leurs vertus. Et c’est fou ce qu’on peut rire, un siècle plus tard de nos travers via ces saynètes frondeuses et « vintages » à peine réactualisées et mises en scène par Richard Cairashi. Une cure anti-age, anti-morosité que dispense avec brio et efficacité Martine Pujol qui a bien voulu se prêter au questionnaire de Proust. Un questionnaire écrit en 1886 sous le régime de la « Fumisterie ».
© J-Ch Dusanter
« La belle Epoque » 21, 22, 23 mars à Antibes
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Le principal trait de votre caractère ? L’enthousiasme La qualité que vous préférez chez vous et chez les autres ? Tenir sa parole Un de vos défauts dont vous vous passeriez volontiers ? L’hyper sensibilité Ce que vous détestez par-dessus tout ? La bêtise La faute qui vous inspire le plus d’indulgence ? Qu’est-ce qu’une faute ? Le comble de la misère ? Envier les autres Vos écrivains ou auteurs de fiction favoris ? Shakespeare, encore pour quelque temps La figure réelle ou imaginaire qui représente le mieux l’humour ? Oscar Wilde, même si c’est plutôt de l’esprit… Vos héros dans la fiction et dans la vie réelle ? Les héros m’interrogent plus qu’ils ne me fascinent ... Je n’ai pas la propension à faire des listes Un épisode ou personnage que vous aimeriez rayer de l’histoire? La saison 20 de la série des Grands Chefs : Hitler, Staline, Mao et les autres Votre passe temps favori quand vous
n’êtes pas sur scène ? La psychanalyse Votre plat préféré ? Le couscous Le bruit ou son que vous aimez entendre ? Le chant des oiseaux Un endroit où vous n’aimez pas trop vous m’attarder ? Un endroit bruyant Celui que vous avez le plus de mal à quitter ? Mon lit L’expression familière ou dicton qui a le don de vous énervez ? C’est comme ça ! Si vous étiez un animal ? Un chat – s’il a 9 vies, ça peut aider… Si vous étiez un super héros, le don que vous voudriez avoir ? Aider les bons, terrasser les cons.... Si vous étiez Président la première réforme à faire? Un impôt sur les produits financiers et qui pour commencer, grâce à la Société Générale pourrait rapporter 5 milliards d’euros, ni vu ni connu ! Si vous deviez rencontrer Dieu après votre mort, la première chose que vous lui diriez ? Bravo ! A part vous -même qui auriez vous aimé être ? Si je n’étais pas moi, je serais un autre moi-même : quelle différence avec ce moi-ci ?...
The second détail William Forsythe Ballet de Monte-Carlo 2006 © 2008 - Alain Hanel Reproduction interdite sauf autorisation de l’auteur
DANS L’OBJECTIF
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De l’Opéra de Nice à celui de Strasbourg puis de Monte-Carlo, le photographe niçois Alain Hanel traque le ténor, la diva et le danseur étoile comme d’autres l’antilope ou le tigre blanc !
A l’époque un jeune photographe pouvait devenir célèbre en quelques clics-clacs, il s’achetait alors une « Rolls » et un pyjama de soie ! Et en route pour l’inconnu ! ». Alain Hanel parle avec passion et nostalgie de l’âge d’or des seventies « En fait j’ai vécu le passage de l’imagerie d’après guerre à celle moderniste. De Doisneau à Avedon. En France où régnait encore le style Jour de France, cette nouvelle vague venue d’outre-atlantique avec Harper’s Bazaar ou Vogue fut un électrochoc pour toute une génération ! »
ce laboratoire pandémonium Alain passera de la photo aux arts graphiques, des mains de photographes comme Horvat ou Bugat à celles de Cavanna et de Reiser en gagnant un concours pour le journal HARA-KIRI (On imagine le pire !) : « Dans la salle de rédaction il y avait toujours du vin et du saucisson, une autre façon d’envisager la Presse ! ». Les coulisses du grand et du petit écran il les découvrira bientôt en travaillant avec Remo Forlani (le « Monsieur Cinéma » de RTL depuis plus de 40 ans) puis avec Jacques Martin et l’équipe improbable du « Petit Rapporteur ». Ses talents de graphiste lui ouvrent les portes du Show Bizz. Alain initie le premier studio dédié aux pochettes de disques et « cartonne » en habillant les vinyles de Claude François, Eddy Mitchell ou Steve Hackett « Guitar hero » de Genesis. Puis en 1983 celui qui vit le jour à Rabat gagne Nice, l’autre rive, pour prendre la direction des programmes de Radio Baie des Anges. « En fait j’ai pris l’appareil en 67, je l’ai lâché en 71 pour le reprendre en 2000 ». Reviens, va t’en ! La classique love story quoi ! Mais l’œil était dans l’objectif et regardait Hanel !
Blow Up !
Premiers pas à l’Opéra de Nice
C’est au cœur de cette époque révolutionnaire qu’Alain Hanel embrasse la carrière comme assistant de photographes de mode et de publicité. Dans les rues de Paris, les affiches du film « Blow Up » jettent de l’huile sur le feu sacré qui couve en lui. Mais l’image acide Pop du dandy anglais à l’œil photosensible révélé en 1966 par Michelangelo Antonioni n’est pas le fruit du hasard. Dans la vie réelle ils s’appellent David Bailey, Helmut Newton et photographient Mick Jagger, Marilyn, les nouvelles égéries savamment dévêtues par Courrèges et Paco Rabanne. C’est l’époque de l’usine à rêve de la Factory, du « Flower power », bref de l’expérience in vivo de la liberté. Dans
Lorsqu’il reprend son 24 x 36, pour traquer la faune et la flore du carnaval de Nice avec le soutien de Gaston Franco et Bernard Morel, c’est comme s’il l’avait quitté hier : « Portraits, couleurs, mouvements, j’ai retrouvé toutes mes sensations en remettant le pied dans l’univers du spectacle ». Jean Michel Bouvron (un ancien de Béjart) maître de ballet à l’Opéra de Nice lui conseille de faire des photos de danse. Grâce à Paul-Émile Fourny, directeur de l’Opéra de Nice il enchaîne avec des portraits d’artistes lyriques dans leur élément. « Je suis rentré dedans d’un coup ». Alain est fasciné, le résultat séduit, il signe un contrat pour la saison 2006/2007. Une
Alain Hanel ©Jean-François Le Sénéchal
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Photos de haut en bas : Les Troyens Hector Berlioz Opéra National du Rhin © 2008 - Alain Hanel Reproduction interdite sauf autorisation de l’auteur. © 2008 - Alain Hanel Reproduction interdite sauf autorisation de l’auteur.
DANS L’OBJECTIF
exposition suit à l’Opéra à l’occasion de son 120éme anniversaire puis à la galerie Alain Couturier dirigé par Frère Benoît, l’aumônier des artistes. Lorsque Bertrand Rossi, une vieille connaissance l’invite à explorer la scène Rhénane il lui lance un défi. « Je fais les photos de septembre à début février et l’on expose. « C’était de la folie, je pouvais tout perdre ! ». Mais quatre mois après, ses 120 clichés remportent un vif
succès aux Journées Européennes de l’Opéra à Strasbourg et, à la demande de la direction générale, Alain couvre la fin de la saison pour en faire un ouvrage édité en décembre dernier et qui referme avec bonheur ce chapitre en terre étrangère. Scènes de chasse sous les ors A Monaco un autre challenge l’attend. En 2005 Jean-louis Grinda, metteur en scène, l’invite à œuvrer à l’ Opéra de Nice sur la première de La Gioconda : « Plus de cent personnes sur scène, du lourd, l’équivalent d’une choucroute bien garnie ! » commente le photographe encore sous le choc de son succès alsacien. En juillet 2007 le même homme nommé à la direction de l’Opéra princier lui offre la possibilité de couvrir « La Chauve Souris » de Strauss créée pour la fête nationale monégasque. Un livre ainsi qu’une exposition sur la saison monégasque 2007/2008 sont sur le feu « Cette nouvelle ouverture sur Monte-Carlo, c’est pour moi la chance de toucher un public très large ! ». Collaborant depuis plusieurs saisons avec les Ballets de Monte-Carlo et Jean-Christophe Maillot, Alain prépare parallèlement une exposition sur sa dernière création : Faust. Les séances de prises de vues se sont déroulées en janvier dernier lors de la générale : « Je travaille toujours sans le public, je ne tiens pas à gêner ceux qui ont payé leur place. C’est une règle d’or ! ». Une autre veut qu’il n’opère qu’a découvert « Je n’assiste à aucun filage, ni répétition. Je ne veux pas connaître l’histoire, sinon ce n’est pas la même chasse ! ». Car pour celui qui a réinventé la photographie de plateau pour le concert lyrique, il s’agit bien d’une chasse à l’homme, d’une chasse à l’humain en pleine gestation créative ! Et la mise en danger est indispensable si le photographe dans l’ombre de la fosse veut jouer à égalité avec ceux qu’il traque en pleine lumière « je veux sentir la même pression, mais je ne recherche pas la performance absolue, tans pis si je loupe un moment ! Cela fait partie du jeu, tu es bien placé ou pas ! L’essentiel c’est d’avoir au final quelques clichés qui te laissent sur le cul ! ». Aussi Alain qui ne travaille qu’en numérique se refuse à mitrailler en rafales « Autant tirer des grives à la kalachnikov. La vraie récompense, c’est d’avoir pu saisir sur scène une seconde de vérité sans le moindre artifice ! »
DANS L’OBJECTIF
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Après avoir exposé son « Opéra sauvage » en formats géants à « C’est Pas Classique ! », Alain Hanel dévoilera lors du prochain « 06 en scène » son travail récent sur le Hip-Hop, il accrochera ensuite ses clichés XXL au Palais des Festivals de Cannes du 12 juillet au 30 août avant de s’atteler à un album sur la scène Rock azuréenne. Après le gibier à plume, le gibier à poil ? Le safari photo sous les planches continue ! OM
(détail)
l’Autre côté Bruno Mantovani Opéra National du Rhin © 2008 - Alain Hanel Reproduction interdite sauf autorisation de l’auteur
Il court, il court, le court métrage ! Il est passé par ici, il repassera par le cinéma Rialto, le Mercury et le Théâtre de la Photographie du 1 au 6 avril à Nice
Programme sur www.nice-filmfest.com Tel : 04 93 13 97 65
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epuis 8 ans « Un Festival, c’est trop court » traque nuit et jour l’animal dans ses moindres recoins, fictions, docus, animations, clips, webfilms, films expérimentaux… Un carrousel d’images pour réactiver le cinéma en région. Forte de 4000 spectateurs en 2007 la manifestation, organisée par l’association « Hélio-
trope », est le point d’orgue de son engagement pour la diffusion et à la promotion de la « forme courte ». 150 oeuvres innovantes ou singulières venues de 21 pays d’Europe, seront projetées au cours de cette 8ème édition donnant un coup de projecteur sur les Pays-Bas. Carrefour de la jeune création européenne et régionale, le festival
convie le grand public de 7 à 77 ans et les professionnels à venir designer leur « Grand Prix 2008 » parmi la Compétition Européenne, le Mix Vidéo mais aussi les programmes thématiques comme les Produits régionaux, Experience 8.0 (Nouvelles images) ou Scopitone (clip). OM
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A LA PAGE
Ecrits d’ici Comme elle distingue un grand homme d’un homme grand, la langue devrait mieux faire la différence entre les éditeurs grands par le chiffre d’affaire et ceux dont la grandeur tient aux textes publiés, marquant que la qualité importe ici davantage que la quantité. Depuis une vingtaine d’années, dans les régions nombre d’éditeurs dits «petits» se signalent par la richesse de leurs catalogues. Ainsi le catalogue de L’Amourier éditions (à Coaraze), non seulement parce qu’il comporte quelques noms très connus, mais aussi parmi ses auteurs, certains encore très jeunes, des écrivains qui méritent de l’être mieux. Parmi les dernières parutions : Si j’ai une âme, de Vincent Peyrel, «livre destiné à un public averti» indique l’éditeur ; Impostures de Marie Claire Blancquart qui, dans une approche inédite et sensible de l’histoire propose de découvrir trois destins exceptionnels, trois récits hantés par l’imposture. Dans la collection poésie Grammages (dans laquelle nous trouvons entre autres, Michel Butor, Béatrice Bonhomme, Jean-Pierre Chambon, Marcel Migozzi, Yves Ughes, Bernard Noël) un nouveau recueil d’Alain Freixe, Dans les ramas, rassemblement de textes pour lequel l’auteur nous dit avoir risqué «ramas» pour aller contre le sens péjoratif que le mot donnerait à l’art de confectionner les fagots qui l’hiver permettent d’allumer les feux. Nous dirons donc un livre bien fagoté ! Toujours chez L’Amourier, Vienne le ciel d’abord sur la structure. On aimera, ou pas, mais… Comme un apprentissage de la photographie. L’art de donner (du modèle) et l’art de prendre (de l’auteur)… Présenter une femme, mère, regards de Jérôme Bonnetto, un roman dans lequel le travail porte différents mais «Ada
(à suivre…)
qu’on ne peut qu’aimer. Sans preuve.» Tant est fragile l’image. Drôle de « romanphoto », sans photographies, qui n’existe et ne tient que par une écriture originale à la hauteur du propos. L’anecdote serait banale si le découpage photo par photo et l’analyse de chaque plan (sans aucune reproduction !) n’étaient aussi précis et sensibles qu’insolites. Michel Séonnet a accompagné le travail d’Armand Gatti dont il a publié et préfacé les œuvres aux éditions Verdier. Les lecteurs de ses romans, La Chambre obscure ou Le pas de l’âne, (éditions Gallimard 2001 et 2005) le savaient niçois. A l’adolescence, fâché, Michel Séonnet s’est éloigné. Nice, le bleu du galet, (éditions Point de Mire, 2004) disait le long chemin de réconciliation avec sa ville natale. La marque du père (Collection L’un et l’autre, éditions Gallimard 2007) ne pouvait venir qu’à cet âge où le passé s’épaissit, où la lente remontée de la part cachée de l’histoire familiale peut enfin, le père disparu, être plus ou moins digérée et assimilée. Dans un récit douloureux à l’écriture nuancée et sensi-
re du Comté de Nice en 100 dates (2007) de Ralph Schor, retrace en 150 pages, à partir de 100 dates repères, la vie locale depuis 1815 (Restauration Sarde) jusqu’à nos jours. Dates bien choisies pour l’importance des événements marquants qu’elles situent, ou pour la singularité locale qu’elles soulignent. Les guerres, par exemple, concernent la nation, tandis que d’autres faits, comme la publication de la Nemaïda de JosephRosalinde Rancher, participent plutôt à la saveur propre du Comté de Nice. On apprend que la création française de Lohengrin de Richard Wagner eut lieu à Nice, au Cercle de la Méditerranée, le 21 mars 1881. L’incendie de l’Opéra de Nice (63 morts) qui survient deux jours plus tard par pur hasard, rassuronsnous, n’étant pas imputable à des flammes wagnériennes ! Autant que puisse s’en assurer un amateur, l’auteur, Ralph Schor, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Nice-Sophia Antipolis, procède semble-t-il avec clarté, précision et exactitude. Un ouvrage utile et agréable bien que, trahi par ses
ble, la raison parle mais se heurte à l’impossible compréhension que cet homme admiré ait pu aussi être un autre. Avec Petit Livre d’Heures à l’usage de ma sœur que L’Amourier a publié fin 2006, il relève la gageure d’écrire « un livre pieux pour une impie ». Série de courts textes chacun à propos d’une image ou d’un objet présent autour du bureau où s’écrit le livre. Dans un autre registre, Alandis éditions (à Cannes), présente un catalogue spécialisé dans la littérature et l’histoire du Comté de Nice et de la Provence. Histoi-
sources dans un secteur qui ne lui est manifestement pas familier, le court texte à propos de l’Ecole de Nice reste plus qu’approximatif sur un thème qui n’a certainement pas fait à ce jour l’objet de beaucoup d’écrits sérieux. On nous annonce, pour 2008 aux éditions Giletta (à Nice), écrit par Raphaël Monticelli, un ouvrage à propos de l’École de Nice accompagné d’un volet pédagogique élaboré par une large équipe d’enseignants, ensemble qui devrait mettre quelques lumières sur le sujet. Marcel Alocco
A L’ECOLE DE NICE
La Vie des Arts 37
« Un Peu » de … par Jean Mas Oui, nous avons fait campagne pour 0% de voix, Art d’attitude qui s’inscrit après le 0% de matière grasse, de sel, de colorant…et de prêt à 0% ! Gage de qualité le 0% est exploité par l’artiste au plus grand plaisir de la décrispation. Tout un programme avec des actions de démotivation, un succès ! Mais seulement voilà, la voix des menaces, des menaces à l’égard des colistiers et de J.Mas lui-même. Des menaces de voter pour lui ! A suivre « un peu »... Oui, un face à face, hasard des lieux et des jeux. A Monte Carlo dans les jardins du casino : trente artistes ont accepté la thématique de l’art et de l’écologie (www.arty-ecology.com). Incompatibilité entre le hasard des jeux et celui de la gestion de la planète. Ma main « mise » sur la réussite de telle initiative d’enjeux écologiques pour « peu que l’on s’en donne la peine ». Oui : un dos à dos, Moya à Cap d’Ail, Miguel aux Ponchettes, rien à voir, ou plutôt si, une distance infinie entre la production de ces deux artistes. L’art permet d’apprécier les distances en mesurant le sens critique qui engage notre réflexion. Avec Moya, c’est être à soi-même son propre modèle qui se meut dans son monde. Implosion réussie d’un narcissisme fondant son utopie, l’être Moya règne ! Avec Miguel, c’est l’avancée de la matière, c’est le savoir d’une pratique qui fonde les éléments théoriques d’un bâtisseur. Deux artistes importants pour qui veut un « Peu » plus de proximité distante avec la chose de l’art !
Oui ! pour ceux qui ne connaissent pas encore Ben, allez voir son expo chez Catherine Issert à saint Paul, mais là, nous sommes d’emblée dans le « trop » qui constitue le fumet de l’artiste. Voir Ben et mourir, c’est paraît-il mieux que Naples. Les nez sens du beau font partie des questions que pose l’artiste, il aura sans craindre la répétition, élevé la question au rang d’œuvre d’art. Artiste du « un peu trop » Ben devrait en faire « un peu moins » matin, midi et soir pendant au moins trois mois, crois-moi ! Oui, après la peinture au mètre linéaire, voici la sculpture au poids avec Giorgi. Il vendra ses petits poissons métalliques à la pesée (balance Roberval) et cela un 1° avril ! Il y aura de la friture dans l’air le 1° avril à 19h00, à la Galerie Librairie niçoise Jacques Matarasso (2 Rue Longchamp), présentation par Jean Mas…
Né à Nice en 1946 Artiste polyvalent Membre atypique de l’Ecole de Nice créateur des cages à mouches Vit et travaille à Roquefort-les-Pins
©Séverine Giordan
Oui à un « Peu » de publicité à la télé sur la chaîne publique, il n’y a pas d’incompatibilité formelle et structurelle avec la Culture, le grand C de celui qui sait, prétend exclure la publicité arguant de la vérité sur ce qu’elle doit être. C’est comme si l’on avait dit à des conservateurs de musées : pas d’objet de prisunic dans les œuvres d’art. L’école de Nice, les nouveaux réalistes, n’auraient jamais existé ! Je suis pour un « Peu » de publicité.
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La Vie des Arts
à la campagne
Coaraze sous le soleil de l’art Classé parmi les 100 plus beaux villages de France, le village perché de Coaraze a gardé une envoûtante atmosphère médiévale.
Les cadrans solaires à Coaraze
E
© F Canarelli
t s’il est connu aujourd’hui comme « le village du soleil », ce n’est pas uniquement pour son ensoleillement optimum, mais grâce à la volonté de Paul Mari d’Antoine, un natif du pays féru de poésie. A voir : Elu maire en 1953, on lui doit les Rencontres Le cadran solaire de Poétiques de Provence présidées par Jean CocPatrick Moya sur le mur teau qui réunissaient chaque année au village de l’école. Ceux de Ben et de Sacha Sosno sur le 200 poètes jusqu’en 1970. D’abord éditeur à parvis de l’église. Prévus Coaraze, puis à Paris, Paul Mari mena « une vie pour début mars, sur le de châtelain désabusé ». Il a publié à ce jour douze mur de la mairie, ceux de recueils de poèmes. Fabienne Barre photograDe retour au pays depuis 2005, il n’eut de cesse de phe d’Aix en Provence et Henri Maccheroni, faire revivre son projet de « douze cadrans solaires artiste plasticien, place qui seraient des oeuvres d’art », dont il avait eu du Portal. l’idée avec ses amis Jean Cocteau et Gilbert Valentin (céramiste célèbre de Vallauris). Les premiers cadrans avaient été installés en avril 1961 sur la façade de la mairie : parmi eux, celui de Cocteau intitulé « Les lézards » - le lézard étant l’ emblème des armoiries de Coaraze. Jusqu’à tout récemment, on en comptait six, les autres étant signés Gilbert Valentin, Mona Cristie, Georges Douking, Henri Bernard Goetz, Ponce de Léon. Ayant repris son bâton de pèlerin, Paul Mari sut convaincre le maire actuel Michel Péglion de poursuivre le projet, et participa en personne au choix des artistes. « Lou temps passa, passa lou Ben » pour l’un, silhouette de Venus pour l’autre; Ben et Sosno choi-
© F Canarelli
sirent tous deux de faire un dessin, qui a été reproduit sur céramique par un professionnel. Posé sur le mur de l’école, le cadran de Patrick Moya, raconte avec humour « la vie d’un artiste méditerranéen ». Il a réalisé son dessin au studio Ernan d’Albisola (ville historique de la céramique italienne) puis modelé deux personnages en cire perdue pour obtenir un bronze qu’il a peint. Décidément voué aux arts plastiques, Coaraze peut se flatter d’avoir été un des haut-lieux du mouvement artistique Supports/Surfaces. Durant l’été 1969, Claude Viallat, Daniel Dezeuze, Bernard Pagès et Patrick Saytour choisissent ce petit village éloigné des circuits parisiens pour exposer leurs travaux en plein air : «Dezeuze peignait des châssis sans toile, moi je peignais des toiles sans châssis et Saytour l’image du châssis sur la toile» racontera le Nîmois Claude Viallat. Une exposition qui est restée dans les annales de l’histoire de l’art, malgré l’existence éphémère du mouvement, dissous en 1974 pour dissensions politiques. Enfin, Coaraze est également le siège depuis 1995 de la maison d’éditions l’Amourier, créée par Jean Princivalle, un ancien ébéniste, pour éditer des livres d’artistes et ouvrages de bibliophilie (35 titres parus à ce jour). FC
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Joséphine Un spectacle musical de
Jérôme Savary “De quoi s'agit-il ? D'une revue, d'un passage en revue de tous les grands moments, de toutes les grandes figures du jazz et du blues. D'un hommage aux Noirs aussi, pour tout ce qu'ils ont subi et pour tout ce qu'ils ont donné. Le panorama nostalgique et joyeux d'une grande saga humaine et musicale. Savary est allé faire son marché aux Etats-Unis. Il en a ramené des danseurs et des musiciens qu'il a réunis en une troupe formidable, qu'il dirige superbement, encadrée par l'ineffable Michel Dussarat, maître de cérémonies, et par le vieux Sénégalais James Campbell, une valeur sûre. Vous serez emballés par la vedette du spectacle : Nicole Rochelle, voix rauque et puissante et présence scénique rare. Tout cela est enlevé, jubilatoire et bon enfant.” • Le Figaro
RS A M 1 20 > 2, SALLE APOLLON OLIS ACROP
“Osez Joséphine ! Théâtre dans le théâtre sur fond de Louisiane dévastée, Savary connaît toutes les ficelles de son métier, mêle en habile maître-queux jeux d'illusions et moments plus politiques, divertissement et engagement. Avec punch et éclat, la troupe entièrement composée d'artistes noirs suit le chef saltimbanque, qui vient lui-même pousser la chansonnette, quand il n'interprète pas au saxo ses propres arrangements musicaux. Plaisir et bonne franquette.” • Télérama