palestine
Belgique/België P.P. Bruxelles X 1/1624
BULLETIN DE L’ASSOCIATION BELGO-PALESTINIENNE / WALLONIE-BRUXELLES ASBL TRIMESTRIEL N°59 – JANVIER/FÉVRIER/MARS 2014 – DÉPÔT BRUXELLES X – AGRÉATION P401130
SOMMAIRE DOSSIER D’un apartheid à l’autre > 3 Conversation avec Noura Erakat et Leila Farsakh > 10 Violence des colons > 12 Festival Eye on Palestine > 18
Gaza : quand des trombes d’eau s’abattent sur une terre sous blocus
Le 13 novembre 2013, plus de 35 000 mètres cubes d’eaux usées non traitées se sont déversés dans les rues de Zeitoun à cause d’une panne de sa station de pompage, affectant plus de 3000 personnes du voisinage. Alors que le nettoyage des dégâts était en cours, le quartier a de nouveau été inondé – par un volume d’eau environ deux fois supérieur – en raison des pluies violentes qui se sont abattues sur la bande de Gaza entre le 11 et le 15 décembre.
palestine 02 ÉDITO
HOMMAGES
et hypocrisie par Pierre Galand, Président
Dans leurs hommages unanimes à Nelson Mandela, leurs louanges sans fin à l’homme de paix et de dialogue, les chefs d’États occidentaux et le Secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, avaient-ils pour but de faire oublier la totale complicité des Occidentaux et de l’OTAN au maintien du système d’apartheid et aux crimes contre l’humanité commis en son nom ? Aucun n’a été convoqué devant la Commission Justice et Vérité présidée par Desmond Tutu, aucun n’a intégré dans ses messages de condoléances une demande de pardon. Le moins hypocrite d’entre eux n’aura-t-il pas été en fin de compte l’arrogant Netanyahou qui s’est abstenu de se rendre en Afrique du Sud? À moins qu’il n’ait craint d’être chahuté et déclaré persona non grata par les populations sud-africaines très au fait des complicités étroites entre Israël et le régime blanc d’Afrique du Sud. Honorer la mémoire de Nelson Mandela, c’est d’abord rappeler son combat et la résistance de tout un peuple contre l’apartheid, crime contre l’humanité. C’est rappeler que tant Mandela que Desmond Tutu ont tous deux critiqué Israël pour son système d’apartheid à l’égard des Palestiniens. Le régime d’apartheid a bénéficié, tout comme Israël, du soutien permanent des États Unis qui n’ont jamais hésité à opposer leur véto pour défendre l’un et l’autre chaque fois qu’ils étaient susceptibles d’être condamnés pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. De 1972 à 2002, les États-Unis opposeront 40 fois leur véto en faveur d’Israël ; ils l’avaient fait 17 fois en faveur du régime d’apartheid, soit au total la majorité des vétos du Conseil de Sécurité. Gardant en mémoire les résistances et les luttes des peuples contre le colonialisme et l’apartheid, la résistance palestinienne s’inscrit dans leur sillage. Aujourd’hui, elle nécessite plus que jamais la solidarité internationale. La campagne BDS, dont les ressorts sont très semblables à ceux du boycott contre l’apartheid, s’impose comme un levier indispensable pour obliger les responsables politiques, tant à l’ONU, aux USA qu’en Europe, à prendre des mesures de sanctions contre Israël pour l’occupation et la colonisation illégales de la Palestine. Une campagne contre le Mur de séparation, lui-même déjà unanimement condamné à l’ONU en 2004, à l’exception des États
Unis et de quelques États inféodés, dénonce ce que les juristes internationaux qualifient de persécutions du peuple palestinien. Le Mur, aujourd’hui les murs, ce sont tous les ouvrages érigés en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem qui isolent les Palestiniens et entravent leur liberté de mouvement, les enclavant dans des sortes de « bantoustans ». Ils constituent tous des crimes contre l’humanité. Occupation, colonisation, emprisonnements individuels et collectifs, Murs de séparation auxquels s’ajoutent la spoliation des ressources des Palestiniens, la destruction de villages palestiniens, la politique de ségrégation à l’égard des Palestiniens d’Israël, la négation du droit au retour pour les réfugiés expulsés en 1948 : en concluant ses travaux en mars dernier, le Tribunal Russell sur la Palestine invitait les juristes à examiner quel pouvait être le terme qui rendrait au mieux compte de l’ensemble de ces crimes et retenait celui de sociocide. Le concept de sociocide met en lumière tout à la fois la nature illégale et criminelle du colonialisme israélien et le déni illicite du droit à l’autodétermination du peuple palestinien.
palestine no 59
Comité de rédaction Marianne Blume, Ouardia Derriche, Nadia Farkh, Pierre Galand, Katarzyna Lemanska, Julien Masri, Christiane Schomblond, Gabrielle Lefèvre, Rabab Khairy, Hocine Ouazraf, Nathalie Janne d’Othée / A contribué à ce numéro Paul Delmotte / Relecture Ouardia Derriche Association belgo-palestinienne Wallonie-Bruxelles asbl Siège social rue Stévin 115 à 1000 Bruxelles Secrétariat quai du Commerce 9 à 1000 Bruxelles tél. 02 223 07 56 / fax 02 250 12 63 / abp.eccp@skynet.be www.association-belgo-palestinienne.be IBAN BE30 0012 6039 9711 / Tout don de plus de 40 euros vous donnera droit à une exonération fiscale Graphisme Dominique Hambye & Élise Debouny Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles
palestine 03 DOSSIER D’UN APARTHEID À L’AUTRE
DOSSIER
D’un apartheid
À L’AUTRE Le 5 décembre 2013, Nelson Mandela a définitivement rendu les armes. Ce militant contre le régime d’apartheid en Afrique du Sud avait acquis une renommée mondiale pour son investissement en faveur de la paix dans son pays. Au-delà de ce combat, celui que l’on surnommait affectueusement Madiba était également solidaire d’autres luttes contre l’injustice, comme celle des Palestiniens contre l’occupation israélienne (article p. 4-5). Son décès a remis en lumière les similitudes entre l’apartheid sud-africain et la situation actuelle en Israël et en Palestine occupée et celles entre les moyens de lutte utilisés (article p. 6-7). Mais alors que les Sud-A fricains avaient réussi à dépasser leurs divisions raciales, la lutte contre l’occupation israélienne reste encore menée sur des bases ethnico-nationales en Israël/Palestine (article p. 8-9).
palestine 04 DOSSIER D’UN APARTHEID À L’AUTRE
Madiba
Cela semble toujours impossible, jusqu’à ce que ce soit fait.» Nelson Mandela
par Paul Delmotte
Entre Nelson Mandela et l’Israël-Palestine, il y a sans doute eu, tout d’abord, son christianisme (protestant) fervent. Quant à l’importance de sa solidarité militante avec la cause palestinienne, elle n’est plus à rappeler. Les photos « googlées » de la vie de Madiba ne mentent pas. La moue de circonstance lors d’une accolade avec Shimon Peres. Le sourire radieux pour Yasser Arafat. Et, à l’annonce de sa mort, les Palestiniens s’en sont d’ailleurs dûment souvenus.
Je fais l’hypothèse que – outre, bien sûr, les qualités humaines du jeune Mandela et la philosophie humaniste de l’ Ubuntu – les juifs communistes sud-africains qui l’ont aidé dans sa carrière, ont combattu à ses côtés au sein de l’ANC, ont subi avec lui la prison ou l’on défendu lors de ses procès, ont contribué à lui montrer que la lutte n’était pas celle de Blancs contre des Noirs. Mais bien une lutte – internationaliste – contre l’Oppression et l’Injustice. « Combattre la domination blanche comme la domination noire », dira-t-il. Cela sans ignorer pour autant que, parmi ces juifs sud-africains, les partisans de l’apartheid n’ont pas manqué non plus. Le procureur qui l’avait condamné en 1964 à la prison à vie à l’issue du procès dit de Rivonia était, lui aussi, juif. Très tôt, Mandela a ainsi dû comprendre que l’ennemi n’est pas à définir par ce qu’il est, mais par ce qu’il fait. Ou ne fait pas. Que ce soit en complicité avec l’injustice ou pour la combattre. Parmi les les treize militants jugés en 1964, cinq étaient juifs. Et, parmi ceux-ci, un ancien du… Palmakh. Mandela ne pouvait pas ne pas se souvenir de l’attachement de ces compagnons de lutte à l’État juif. En octobre 1999, retiré des affaires politiques et en visite dans les Territoires et en Israël, n’avait-il pas déclaré: « une des raisons pour lesquelles je suis si heureux d’être en Israël est aussi l’hommage que je veux faire à l’énorme contribution de la communauté juive d’Afrique du Sud. Je suis très fier d’eux ! ». Sans jamais tergiverser sur le principe de «deux peuples, deux États » : « selon moi, parler de paix tant qu’Israël continue à occuper des terres arabes est vain » disait-il. En rendant hommage au leader sud-africain, Shimon Peres a fait preuve de son hypocrisie coutumière. Même des médias israéliens ne s’y sont pas trompés. Car le président de l’État d’Israël, aux allures de sage incompris et revenu de tout, fut l’un des principaux artisans des relations entre son pays et le régime de l’apartheid sud-africain. Ministre de la Défense, Peres avait souligné à la Knesset, en novembre 1974, « l’importance vitale » d’une coopération avec le régime sud-africain, fondée « sur les bases inébranlables de notre haine de l’injustice et de notre refus de nous y soumettre ». Shimon Peres a
toujours aimé les grandes envolées lyriques… C’est aussi à Peres que l’on devra un secrétariat commun avec Pretoria pour la «guerre psychologique» visant entre autres. à redorer l’image du régime, et même une offre de lui vendre des têtes nucléaires. Une coopération que scellera, en 1976, la visite de Balthazar John Vorster, Premier ministre sud-africain (ministre de la Justice lors du procès de Rivonia) et sympathisant nazi à… Yad Vashem. Et un accord nucléaire avec Pretoria. Quant à «Bibi», en évoquant le « freedom-fighter opposé à la violence », il ne s’est, en fait, guère démarqué d’une bonne partie des puissants de ce monde qui, soudainement amnésiques, ont rivalisé d’efforts pour faire oublier leurs accointances avec l’ancien régime de Pretoria et le fait qu’hier encore, ils plaçaient Mandela dans le camp « ennemi ». Dans le camp « terroriste ». Précisément, début décembre, le JT de la RTBF, évoquant la vie du leader sud-africain, diffusait un message quasi explicite : ce qui fait la grandeur de Mandela, c’est son renoncement au « terrorisme ». Amalgamant « lutte armée » et « terrorisme », le journaliste ne se demandait bien sûr pas si, sans ce « terrorisme », quelqu’un aurait vraiment porté attention à l’apartheid ou – plus – si Madiba aurait pu réaliser ce qui allait le faire tant apprécier en 1990. Depuis la disparition de Nelson Mandela, d’aucuns se sont mis à gloser sur les raisons pour lesquelles aucun « Mandela palestinien » ni aucun « de Klerk israélien » n’apparaissaient à l’horizon de l’IsraëlPalestine. Même John Kerry a appelé, le 6 décembre, Israéliens et Palestiniens à « suivre l’exemple de Mandela ». La question est-elle bien posée ? Uri Avneri a bien cerné les différences de situation entre l’ex-Afrique du Sud et l’Israël-Palestine1. Différence d’époque: aujourd’hui, peu d’observateurs relient encore la chute de l’apartheid à celle de… l’URSS. La fin de la guerre froide a, en effet, réduit la valeur stratégique du régime alors en place à Pretoria. Jouent aussi l’espace et le
nombre : 1,2 millions de km2 contre 27 000 pour l’ensemble de la Palestine mandataire ; 20% de Blancs dans l’Afrique du Sud d’avant 1994 contre 20% de « citoyens » arabes d’Israël et une quasi-équivalence démographique entre les deux peuples sur ce même territoire… Autre différence majeure : alors que l’Afrique du Sud était et reste tributaire de la main-d’œuvre noire, Israël s’est pratiquement débarrassé de ses travailleurs palestiniens suite aux Intifada. Last but not least, le fait que, dans l’Israël-Palestine, la « solution » d’un État commun est loin de rallier une majorité au sein des deux peuples pose aussi la question de façon différente.
Madiba avait opté pour la fin du recours aux armes et le « pardon » entre Sud-Africains. Pourtant, lorsque Yasser Arafat a annoncé reconnaître Israël et renoncer au «terrorisme», l’on n’a guère vu, de la part de ladite communauté internationale, un encensement similaire à celui de Mandela. En 1999, Mandela avait publiquement admis les préoccupations d’Israël – et de ses amis juifs – en matière de sécurité : « je ne peux pas concevoir de retrait d’Israël si les États arabes ne reconnaissent pas Israël dans des frontières sûres ». Ce qui a été fait par l’OLP, Amman et Le Caire depuis près de dix ans. Et proposé par l’ensemble des États arabes en mars 2002 à Beyrouth. Depuis… Ne faudrait-il pas évoquer aussi les rapports de force qui, ici, ont poussé Frederik de Klerk à sa décision historique et là, à Oslo ? C’est, en effet, dans une Afrique du Sud affaiblie que le Premier ministre entame, dès son entrée en fonctions en 1989, son « grand tournant ». Revers militaires en Angola l’année précédente, boycott international dont l’impact, à vrai dire plus moral qu’économique, encourage néanmoins une lutte des Noirs qui ne faiblit pas. Tout en décourageant les Bancs qui se sentent « trahis » par leurs « frères » occidentaux (Avneri). Pour Abou Ammar par contre, la situation est nettement plus défavorable. Au moment d’Oslo, l’OLP connaît depuis dix ans une descente aux enfers: éviction en 1983 de ses fiefs au Liban, éparpillement de ses forces de par le monde arabe, dissensions internes, ostracisme
mondial renforcé lors de la première guerre d’Irak, assassinat de « statures » comme Abou Jihad et Abou Ayad, concurrence du Hamas,… Yasser Arafat a certainement cru qu’en sauvant le Fatah, il sauvait la lutte palestinienne. Au vu des dix années écoulées, espérons que l’avenir ne le démentira pas. Marwan Barghouti s’est adressé à feu Mandela : « Vous êtes bien plus qu’une inspiration » a-t-il écrit. Et d’aucuns considèrent aujourd’hui le prisonnier de Hadarim comme l’homme qui serait susceptible d’être le « Mandela palestinien ». L’on peut, je crois, partager ici le point de vue d’Avneri : c’est précisément pour cela que l’ancien leader des Tanzim croupit en prison. Du fait de l’intransigeance israélienne et de sordides calculs au sein de l’Autorité. Seul Yuli Edelstein, président de la Knesset, « aussi anonyme que la plupart des Israéliens ne le reconnaîtraient pas », note Avneri 2, a représenté son pays lors de l’hommage planétaire rendu à Nelson Mandela à Pretoria. Un mauvais point supplémentaire pour la diplomatie israélienne. Shimon Peres, « malade », n’a pu se déplacer. Indisposition, constate Avneri, qui ne l’a pas empêché de prononcer un discours et de recevoir des visiteurs le même jour. « Bibi » non plus n’a pas assisté à la cérémonie. Trop cher, a-t-on dit. Conséquence de l’« Affaire des bougies » ? En décembre, le Maariv avait révélé que 1700 $ d’argent public avaient été dépensés pour l’achat de bougies parfumées destinées à l’une des trois luxueuses résidences du Premier ministre… à charge du contribuable israélien 3. Une chose est sûre toutefois : « Bibi » n’a rien d’un de Klerk.
1/ Uri Avneri’s Column (info@gush-shalom.org): The New Mandela, 31.03.12 – Taking Apartheid Apart, 26.10.13 – Mandela The Movie, 28.12.13 2/ Counterpunch, 13-15.12.13 3/ Yediot Aharonot/Courrier international, 12-18.12.13
palestine 06 DOSSIER D’UN APARTHEID À L’AUTRE
D’un boycott à l’autre :
À QUAND LE SEUIL CRITIQUE POUR LE MOUVEMENT BDS ? par Nathalie Janne d’Othée
Le décès de Nelson Mandela en décembre dernier a eu pour effet de remettre en avant la question du boycott. Le boycott ayant réussi à mettre fin à l’apartheid sud-africain, l’appliquer à Israël est encore décrié. Mais des changements sont déjà perceptibles et laissent espérer une évolution vers une acceptation plus large du principe des sanctions internationales contre Israël. L’EXEMPLE SUD-AFRICAIN Depuis longtemps, les similitudes du système de discrimination israélien avec le régime de l’apartheid et les contacts qu’ils entretiennent avec les Sud-Africains ont inspiré les Palestiniens dans leur lutte contre l’occupation. En 2005, l’appel Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) mentionne explicitement la source d’inspiration sud-africaine. « Nous, représentants de la société civile palestinienne, invitons les organisations des sociétés civiles internationales et les gens de conscience du monde entier à imposer de larges boycotts et à mettre en application des initiatives de retrait d’investissement contre Israël tels que ceux appliqués à l’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid. » Dans le cas de l’Afrique du Sud, le boycott et les désinvestissements internationaux ont en effet contribué à faire tomber le régime de l’apartheid. Le succès du boycott international n’a atteint son objectif en Afrique du Sud que grâce à la convergence d’un certain nombre de facteurs : une résistance civile interne constante, des changements du contexte géopolitique, des événements qui ont heurté l’opinion publique internationale… Dans Haaretz, Chemi Shalev évoque les thèses des politologues américaines Martha Finnemore et Kathryn Sikking sur la genèse et l’évolution des normes internationales. Tout d’abord, des entrepreneurs sociaux comme les ONG contribuent à l’« émergence » d’une norme. Vient ensuite une « évolution en cascade » de la norme lorsque les États commencent à l’appliquer. Pour passer d’une étape à l’autre, il faut atteindre un « seuil critique », c’est-à-dire un moment de convergence d’une masse critique d’événements et d’opinions en faveur de la nouvelle norme. La révolte de Soweto a été un premier élément de « seuil critique » dans la lutte contre l’apartheid. Après la révolte de Soweto en 1976, la société civile sud-africaine a commencé à mettre en place une résistance civile qui ne s’est pas relâchée jusqu’à la chute de l’apartheid. La violence de la répression de la révolte de Soweto par le régime a par ailleurs poussé les Nations unies à décréter en 1977 un embargo sur les ventes d’armes à destination de l’Afrique du Sud. Un deuxième élément de « seuil critique » a été la mise en place de la Constitution de 1983 et l’établissement de la loi d’urgence en 1984-
1985 qui ont entrainé un revirement des derniers soutiens internationaux de l’Afrique du Sud. Le contexte géopolitique avait entre-temps changé ; les États-Unis, sortis victorieux de la longue période de la guerre froide, avaient alors moins besoin de leur allié sud-africain contre l’expansion du communisme.
LE BOYCOTT D’ISRAËL DE PLUS EN PLUS VISIBLE Aujourd’hui, plusieurs événements semblent indiquer une évolution de la perception du boycott vis-à-vis d’Israël. En ce début d’année 2014, le boycott s’est invité dans plusieurs médias israéliens. Une émission d’information très regardée sur la chaîne israélienne Channel 2 News a consacré 16 minutes en prime time à la question. Les opinions et articles sur le boycott se succèdent dans la presse quotidienne israélienne. Le boycott inquiète à juste titre en Israël puisqu’il commence à produire ses effets au niveau économique. Le Washington Post rapporte ainsi la portée du boycott sur les 21 colonies de la Vallée du Jourdain. Leur revenu, essentiellement basé sur les exportations de produits agricoles, a baissé de 14% – soit 29 millions de dollars – du fait du refus de certaines chaines de supermarchés d’Europe de l’Ouest – essentiellement britanniques et scandinaves – de s’approvisionner auprès d’entreprises impliquées dans les colonies. Dans Haaretz, Chemi Shalev énumère d’autres récents succès de la campagne Boycott, Désinvestissement et Sanctions : une compagnie néerlandaise met fin à ses liens avec Mekorot, la compagnie israélienne des eaux ; la plus grande Église protestante canadienne rompt ses liens avec trois compagnies israéliennes ; le gouvernement roumain refuse d’envoyer de nouveaux travailleurs dans le secteur de la construction en Israël et l’American Studies Association a voté une motion prônant la cessation de toute relation avec les universités israéliennes. Le décès de Nelson Mandela en décembre et l’absence remarquée des dirigeants israéliens à la cérémonie d’hommage organisée en Afrique du Sud n’ont fait que mettre davantage en lumière ces acquis de plus en plus nombreux du boycott international d’Israël. Ainsi, tout récemment, les critiques contre l’actrice Scarlett Johansson et son
contrat signé avec la marque Sodastream ont bénéficié d’une couverture médiatique sans précédent, tant dans les médias israéliens qu’internationaux.
LE BOYCOTT PROVOQUE LE DÉBAT EN ISRAËL En soi, le sujet du boycott a déjà fait couler beaucoup d’encre en Israël mais la nouveauté aujourd’hui est le débat qu’il suscite. Il ne s’agit plus, en effet, de dénoncer l’antisémitisme à l’égard d’Israël, mais bien de se poser la question de la multiplication des conséquences du boycott. Ce résultat est déjà en soi un succès de poids puisque nombreux sont ceux qui s’opposent au boycott par crainte d’une crispation de l’opinion publique israélienne, ses partisans soutenant quant à eux qu’il est susceptible de provoquer le débat au sein de la société israélienne. Au cœur du débat, se trouve la politique du gouvernement Netanyahou : un investissement minimal dans le processus de paix et une politique de colonisation accélérée en dépit de toutes les critiques internes et internationales. John Kerry avait demandé un délai de 9 mois pour parvenir à une relance du processus de paix. Cette période prendra fin en avril et les espoirs de le voir engranger un quelconque résultat s’amenuisent de plus en plus. Les négociations sont en effet bloquées par les annonces régulières de construction de nouveaux logements dans les colonies et ce, en dépit de toutes les critiques et mises en garde internationales. La récente visibilité du boycott s’est également immiscée dans le débat politique. Tzipi Livni, l’ex-ministre des Affaires étrangères et aujourd’hui négociatrice pour le parti d’opposition Kadima, a récemment déclaré : « Le boycott se déplace et progresse de façon uniforme et exponentielle. Ceux qui refusent de le voir vont finir un jour ou l’autre par le ressentir. » Dans la droite ligne de l’attitude générale du gouvernement, Naftali Bennett, le ministre de l’Économie, du parti nationaliste « Maison juive », a repoussé cette mise en garde d’un revers de la main en déclarant que la création d’un État palestinien représentait un danger mortel pour Israël. Selon lui, la lutte contre la montée internationale du boycott passe par une propagande (hasbara) accrue. La question divise donc le gouvernement israélien
qui a tenu une réunion spéciale sur la question le 29 janvier dernier. De telles divergences d’opinion sont courantes au sein de la classe politique israélienne. Mais la crainte de plus en plus grande d’une mise au ban internationale de leur pays a par ailleurs poussé les chefs d’entreprise israéliens présents en janvier à Davos à inciter les négociateurs à parvenir rapidement à une solution à deux États. Le gouvernement Netanyahou fait fi de nombreuses critiques, mais il pourra difficilement ignorer celle-là.
L’UNION EUROPÉENNE DONNE LE TON Devant la sourde oreille du gouvernement Netanyahou en matière de colonisation, l’Union européenne a, quant à elle, adopté en juillet 2013 des Lignes directrices excluant les entreprises et les projets israéliens situés en territoire palestinien occupé de tout financement européen. Certains États membres sont même allés plus loin en prodiguant des conseils à leurs entreprises en matière de rapports avec les colonies israéliennes. C’est le cas par exemple des Pays-Bas qui ont déconseillé à une de leurs entreprises de poursuivre un projet avec la société israélienne Mekorot dans la Jérusalem-Est occupée. Depuis de nombreuses années, l’Union européenne se déclare contre la colonisation et en faveur de la paix, sans résultat probant. Aujourd’hui, elle se décide enfin à accorder ses actes à ses paroles et ça fonctionne. On ne peut donc qu’encourager l’UE et ses membres à l’adoption de résolutions claires et fortes contre la colonisation des territoires palestiniens, comme l’interdiction de la commercialisation des produits issus des colonies ou la mise en place de lignes directrices claires aux entreprises qui souhaitent investir en Israël. Sans doute est-il encore un peu tôt pour prédire la fin de l’occupation israélienne, le retour des réfugiés et l’octroi de droits égaux aux Palestiniens d’Israël. Néanmoins, la conjugaison actuelle de nombreux faits et opinions semble tendre à rapprocher le boycott d’Israël d’un certain « seuil critique ». C’est donc le moment de redoubler d’efforts en vue d’élargir et généraliser le boycott, les désinvestissements et les sanctions contre la politique israélienne !
palestine 08 DOSSIER D’UN APARTHEID À L’AUTRE
À LA RECHERCHE D’UN MODÈLE DE LUTTE
contre l’apartheid en Israël/Palestine par Ran Greenstein
Comment définir et comprendre la nature de la lutte contre l’oppression politique en Israël/Palestine ? À première vue, la réponse est simple : la cible en est le régime israélien et ses pratiques. Mais y-a-t-il un principe commun au nom duquel la lutte est menée ? Plusieurs définitions de la question ont été présentées historiquement : une lutte du mouvement national palestinien pour l’indépendance et l’autodétermination, un combat d’une peuple colonisé pour se libérer d’une domination étrangère, une quête de l’égalité politique face à un régime analogue à celui de l’apartheid, une mobilisation axée sur le droit pour éliminer les obstacles juridiques et étendre les mêmes droits à tous les résidents, et ainsi de suite. (...)* Ces définitions ne s’excluent pas mutuellement et peuvent se chevaucher l’une l’autre dans une certaine mesure. Elles considèrent toutes le régime israélien (et avant lui le projet sioniste de colonisation) comme le problème principal. Et pourtant, chacune d’entre elles identifie une population et des limites politiques d’inclusion et d’exclusion quelque peu différentes. (…) Aucune de ces définitions n’est seulement théorique ; chacune implique une stratégie d’organisation et de résistance particulières et pourrait conduire à différents types de mobilisation politique. Pour comprendre de quoi il en retourne, observons la lutte anti-apartheid sud-africaine. Elle a été guidée, pour l’essentiel, par la Charte de la Liberté de 1955 et son idée que « l’Afrique du Sud appartient à tous ceux qui y vivent, Noirs et Blancs ». La charte a été produite par le Congrès du peuple, rassemblant quatre organisations représentant des groupes raciaux distincts. La contradiction entre l’objectif d’un pays sans discrimination raciale et unifié et une lutte sur une base raciale a été résolue au fur et à mesure. (…) Par conséquent, la lutte n’a pas été définie comme raciale (opposant un mouvement noir aux Blancs), ni comme une lutte nationale des peuples autochtones contre les colons, mais plutôt comme une lutte de toutes les forces démocratiques contre un régime de suprématie blanche. Ainsi, les Blancs progressistes sont devenus une partie de la solution et tous les Blancs sont devenus des partenaires potentiels dans la construction d’une société nouvelle. (…) Ce modèle « idéal-typique » du mouvement anti-apartheid vaut-il pour la lutte palestinienne ? Historiquement, la réponse est clairement
« non ». Avant et après 1948, l’axe politique palestinien était nationaliste et anticolonial par essence. Il était fondé sur la notion d’identité nationale palestinienne-arabe et la définition d’Israël comme une entité coloniale, imposée par la force aux Palestiniens par les puissances impériales, en les privant de leurs droits nationaux. Les colons juifs étaient d’origine étrangère et – en tant que groupe – n’avaient aucune revendication valide sur le pays, qui restait arabe de par son histoire, de par sa population et de par son environnement régional. (…) Il est intéressant de noter, à partir de la perspective actuelle, que la lutte sud-africaine a fort peu influé à ce moment-là. Les modèles préférés étaient ceux de l’Algérie, de Cuba et du Vietnam, qui étaient considérés comme des luttes de libération anticoloniales et anti-impérialistes couronnées de succès. Ces analogies, cependant, étaient toujours problématiques. (…) Le cas de la Palestine était différent. Ce n’étaient pas seulement les militants armés et les dirigeants qui étaient en exil, mais la majeure partie de la base populaire. Ce n’était pas une situation temporaire, mais plutôt semi-permanente, le seul cas dans l’histoire moderne d’un peuple qui lutte pour libérer son pays de la conquête coloniale, en étant forcé d’opérer d’au-delà de ses frontières. (…) Cela ne signifie pas un changement automatique de modèle, mais un écart ouvert entre la résilience de la conceptualisation d’origine et l’adaptation pratique de la stratégie. Cela a été rendu nécessaire par l’échec des organisations de la résistance armée dans leurs incursions dans le territoire contrôlé par Israël et leurs défaites d’abord en Jordanie, puis au Liban. Leur retrait dans des pays arabes loin du territoire d’Israël/Palestine a enfin condamné les perspectives de changement dirigées depuis l’extérieur du pays. Pendant ce temps, les attitudes envers les Juifs israéliens ont aussi changé. Au départ d’un rejet initial de ceux qui étaient arrivés dans le pays après 1917 et de la rhétorique notoire d’Ahmad Shuqeiri, l’OLP a commencé à accepter les Juifs comme légitimes, dans un premier
Aucun mouvement palestinien ou israélien n’a encore adopté un véritable modèle de lutte anti-apartheid.
temps seulement s’ils renonçaient au sionisme, plus tard sans conditions idéologiques préalables, lorsqu’est apparu le slogan d’une « Palestine laïque et démocratique ». Cela se rapprochait d’un modèle anti–apartheid où les Juifs israéliens étaient considérés comme un groupe religieux – pas une nationalité comme ils se définissent euxmêmes – dans le cadre d’une Palestine arabe. Vers le milieu des années 1970, l’État laïque et démocratique avait été relégué au second plan et remplacé par l’accent mis sur l’indépendance d’un État palestinien en Cisjordanie et à Gaza. Cela impliquait directement un modèle anticolonial, anti-occupation pour une partie du pays. L’essentiel de l’effort national palestinien pour les trois décennies suivantes fut consacré à atteindre cet objectif. Mais en dépit de progrès apparents avec la première Intifada et les accords d’Oslo, il n’a mené nulle part. De nouvelles approches ont été évoquées depuis que l’échec du processus d’Oslo est devenu évident, confondant souvent différents paradigmes (solution à un seul État avec le bi-nationalisme, par exemple), avec ou sans reconnaissance explicite des différences nationales, avec ou sans le soutien explicite du droit au retour pour les réfugiés, avec ou sans le retrait des colons de la Cisjordanie. Dans quelle mesure ces nouvelles approches rejoignent-elles un véritable modèle anti-apartheid ? À quoi ressemblerait un tel modèle dans le contexte actuel ? – Il impliquerait l’abandon du fait que la Palestine est un pays arabe, que ce soit dans un sens politique ou juridique (bien que les gens resteraient libres de pratiquer leur différence culturelle) ; – il embrasserait l’ensemble de la population dans une seule entité potentielle, et pas seulement ceux d’origine arabe palestinienne (bien que surmonter la dépossession historique des Palestiniens resterait la tâche politique la plus importante) ; – il transcenderait les distinctions entre populations autochtones et colons dans la mesure où celles-ci impliquaient des droits différents (tout en œuvrant à corriger les conséquences historiques de la distinction) ;
– cela nécessiterait un glissement d’une organisation sur une base ethnico-nationale à une mobilisation des gens sur base d’un agenda social, économique et basé sur les droits, indépendamment des origines. Cela signifie prendre en compte les différentes positions structurelles des segments de la population, ce qui peut donner lieu à des changements d’alliances en fonction du lieu, des intérêts, des priorités, des capacités ; – en d’autres termes, cela signifie dépasser les limites de la séparation, en insistant en même temps sur la nécessité de lutter contre les séquelles de la colonisation et de la dépossession de manière différenciée. Aucun mouvement palestinien ou israélien n’a encore adopté un tel modèle. Il ne fait aucun doute que les Juifs israéliens seraient réticents à un tel changement. Les militants radicaux ont pris des mesures dans ce sens, mais généralement accompagnées d’une réaffirmation de la fracture indigène-colon. Ainsi, l’héritage d’organisations nationalistes distinctes reste dominant. Les avantages d’un changement complet vers un nouveau paradigme ne sont pas évidents. Est-il réaliste de s’attendre à ce que des militants transcendent tous en même temps le nationalisme, étant donné son ancrage profond durant le siècle dernier ? Cette question nécessite une réflexion plus approfondie. (…)
Ran Greenstein est d’origine israélienne, professeur agrégé dans le département de sociologie à l’Université de Witwatersrand, à Johannesburg, en Afrique du Sud. Source : Searching for a genuine anti-apartheid struggle in Israel/Palestine sur 972mag.com, 14 décembre 2013 – Traduction N.J.O. * Cet article ne reprend que des extraits de l’analyse de Ran Greenstein parue dans 972mag. Vous pouvez retrouver l’entièreté de son analyse sur le site de l’ABP.
palestine 10 ENTRETIEN
Leila Farsakh Noura Erakat
Nouveaux paradigmes
POUR ISRAËL ET LA PALESTINE conversation avec Noura Erakat et Leila Farsakh
Noura Erakat Deux choses m’ont frappée au cours de la conférence. D’une part, les diplomates qui se sont exprimés parlaient de deux États pour deux peuples, du fait que c’était la seule solution, tout en reconnaissant que la réalité sur le terrain avait changé et que nous pourrions bientôt être confrontés à la perspective d’un seul État de facto. Mais n’est-ce pas là que se situe le plus gros problème précisément? Tous savent ce qui se passe sur le terrain mais, concrètement, ils ressassent toujours les mêmes antiennes et mythes et s’alignent en fait sur les États-Unis. L’Europe devrait-elle se démarquer ou les Européens pourraient-ils se démarquer ? Leila Farsakh Nous devons mettre les choses en perspective. La solution à deux États est, d’un point de vue juridique et politique, la seule solution envisageable sur le terrain. Pourquoi ? Parce que les résolutions de l’ONU sur le conflit depuis 1947 ont été fondées sur le concept de la partition du territoire. Le mouvement national palestinien avait rejeté celui-ci et dans les années 1970, quand le Fatah et le Front Populaire ont pris le contrôle de l’OLP, la plate-forme politique de 1971 affirmait que la seule solution était celle d’un seul État, un État démocratique en Palestine, incluant juifs, musulmans et chrétiens. Cette proposition n’était acceptable ni pour Israël, ni pour la communauté internationale qui ne pouvait y adhérer parce que le XXe siècle a été un siècle de nationalismes. La seule solution à tout problème politique, c’était soit qu’il s’agissait d’un problème humanitaire, comme celui des réfugiés qui nécessitait alors une solution humanitaire, soit d’un problème politique et c’était alors une question d’autodétermination. Lorsque l’on parlait d’autodétermination au XXe siècle, on entendait État. Donc, dans le contexte historique, des Palestiniens venant déclarer « Nous voulons un État palestinien », c’était là une étape politique très importante. C’était là assurément une étape qui a beaucoup coûté pour y parvenir. L’Histoire se souviendra d’Arafat comme du leader palestinien qui a préparé le peuple palestinien à l’idée que
Leila Farsakh et Noura Erakat étaient toutes deux à Bruxelles en novembre pour intervenir dans une conférence organisée au Parlement européen sur le thème Nouveaux paradigmes pour Israël et la Palestine. À cette occasion, l’émission Le Mur à des Oreilles (LMaDO) les a interviewées 1.
le mieux qu’ils pouvaient obtenir, c’était un État palestinien sur la Cisjordanie et la bande de Gaza. L’Europe a joué un rôle très important, en fournissant à l’OLP les moyens de se faire entendre et aussi en poussant Israël à accepter de commencer à traiter avec les Palestiniens. De ce fait, 1993 a été un succès jusqu’à un certain point car cela a permis la première reconnaissance officielle israélienne de l’existence des Palestiniens en tant que peuple et de leur droit à l’autodétermination. Maintenant, nous savons qu’Oslo a mal tourné. La tragédie, vingt ans après Oslo, c’est qu’au lieu de nous avoir donné la possibilité de créer effectivement sur le terrain une solution à deux États, nous avons fini par avoir la réalité d’un seul État et le pire, qui ressemble à l’apartheid. Nous avons tous les mécanismes juridiques pour mettre en œuvre la solution à deux États, mais pas la volonté politique israélienne de le réaliser. J’ai entendu deux aveux importants aujourd’hui à l’Union européenne. Le premier est que c’est la dernière chance de faire aboutir une solution à deux États. Deuxièmement, j’ai pensé qu’il a été très important pour eux de dire sans ambages qu’ils n’ont plus d’argent pour continuer à subventionner l’occupation et soutenir l’Autorité Palestinienne (AP). Cela crée une ouverture officielle pour réellement changer le débat sur le conflit et pour formuler l’option d’une solution à un seul État de manière plus concrète, plutôt que seulement en termes de morale ou de slogans. Noura Le problème est le fait que la direction palestinienne est ellemême le reflet du processus d’Oslo qui était censé être un accord provisoire. L’AP a été conçue comme un organe administratif provisoire qui a depuis supplanté l’OLP et tout type de mécanisme de représentation. Avant cela, les Palestiniens ne pouvaient pas exercer leur volonté d’autodétermination, mais au moins ils pouvaient exercer leur volonté populaire. Maintenant nous avons perdu les deux. Les Palestiniens faisant partie de la représentation officielle ne peuvent
rien demander de plus à ce stade parce qu’ils n’existent que grâce à un financement extérieur. Alors, comment commencer à reformuler la question autour de la solution à un seul État ? Jusqu’à présent, l’opinion publique majoritaire pense que les Palestiniens sont un peuple vivant en Cisjordanie et à Gaza. Ayant compris que la plupart d’entre eux vivent en dehors de ces limites (diaspora, réfugiés...), le plaidoyer pour un seul État deviendra beaucoup plus simple. Noura Votre question implique une question plus large : qui s’exprime au nom des Palestiniens en l’absence d’un quelconque organe de gouvernement ? Ce n’est pas la première fois que cette question surgit. Elle est apparue de façon manifeste en 2006, lorsque le Hamas a remporté les élections législatives, et en 2007 encore, quand le Fatah a été évacué de la bande de Gaza par un coup d’État préventif. La question alors était aussi : « Comment rester solidaires des Palestiniens quand personne ne représente vraiment entièrement leur peuple? » En fait, c’est un faux-fuyant, surtout pour les groupes de solidarité qui devraient davantage se préoccuper de la façon dont leurs propres gouvernements sont parties prenantes et complices des violations persistantes des droits ainsi que de la négation de l’autodétermination du peuple palestinien, indépendamment de ce à quoi leurs programmes formels ressemblent. Ainsi, même si vous ne disposez pas d’un programme politique quant à un ou deux États, ou n’importe quoi qui vous agrée, vous ne pouvez que convenir que l’UE, qui est sans conteste le plus grand marché pour les produits israéliens, devrait avoir pour politique de cesser d’être ce marché et de servir Israël. Nous devrions en convenir, parce que les 27 membres de l’UE sont aussi hautes parties contractantes à la 4e Convention de Genève, qu’ils doivent respecter l’avis consultatif de la CIJ de 2004 et ne participer à aucune activité économique, diplomatique ou politique qui favorise la construction du Mur d’annexion. Donc, pour le mouvement de solidarité, même si l’interrogation est très sincère, je ne pense pas qu’elle doive avoir un impact sur son action politique. Pour les Palestiniens, c’est une question qui se pose différemment, une question à laquelle nous devons répondre par nous-mêmes... Leila L’idée d’un seul État est une idée ancienne. Des sionistes israéliens, ceux que nous appelons les sionistes humanistes, l’ont avancée dans les années 1920 et 1930, les Palestiniens l’ont avancée dans les années 1970 ; elle a été mise en avant dans la déclaration palestinienne d’indépendance en 1988 et à Oslo et elle revient maintenant. On y revient parce que la réalité sur le terrain, avec un demi-million de colons en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, avec la création de bantoustans en Cisjordanie et à Gaza, avec plus de 96 points de contrôle permanents, 465 mobiles, avec le déclin économique par la fragmentation géographique, les routes de contournement, les gens disent sur le terrain : « Nous vivons la réalité d’un seul État ». Nous ne voyons personne du côté israélien qui puisse véritablement évacuer les colons, qui veuille partager Jérusalem, qui veuille donner aux Palestiniens la souveraineté sur le Jourdain, même si Kerry pousse de l’avant, et nous lui souhaitons bonne chance; le côté israélien ne semble pas intéressé par une solution à deux États réellement viable.
C’est pourquoi le débat sur un seul État est aujourd’hui plus opportun que jamais parce que la solution à deux États a été tentée et a échoué. Cependant, dire que la solution à deux États est morte ne signifie pas que la solution à un seul État est derrière le coin. Il y a la réalité d’un seul État, mais pas une solution à un seul État. Pour que cela devienne une solution, il y a de nombreuses questions fondamentales à résoudre. Nous voulons créer un État pour tous ses citoyens. Cela signifie que les Palestiniens et les Israéliens doivent vivre ensemble. Quand les gens parlent d’un seul État, ils disent que c’est la seule solution morale et j’en conviens. Mais pour que cette solution morale puisse devenir un projet politique, il y a un ensemble de questions qui doivent être abordées et c’est là la difficulté. Noura La solution à deux États n’est pas en soi un problème. Le problème, c’est la solution à deux États qui a été présentée à Oslo, une solution à deux États qui était seulement une solution politique, une solution fondée sur des concessions, sans reconnaissance de l’histoire, sans restauration des droits, sans conformité à des termes de référence. De nombreux tenants d’un seul État auraient soutenu une solution à deux États qui aurait intégré une approche fondée sur les droits. La leçon à tirer est que, quelle que soit la solution qui aboutisse, elle doit compter avec les droits individuels et collectifs de manière à intégrer l’histoire. Et Leila souligne comment il faut prendre en compte avec sérieux la question de l’histoire des Juifs israéliens, qui sont là maintenant depuis quatre générations, comment traiter avec eux, leurs revendications, leur histoire, et aller de l’avant. Leila Beaucoup de Palestiniens ont répondu en disant qu’ils pouvaient rester. La question la plus cruciale, c’est de savoir comment les amener à accepter le droit au retour, à partager la terre sur un pied d’égalité. Ils ont aujourd’hui des privilèges auxquels ils ne veulent pas renoncer. Comment avoir un programme humaniste ? Une solution à deux États est plus facile. Vous restez là, je peux rester ici, nous créons des frontières. La solution à deux États est la meilleure solution pour Israël sur le long terme. Israël aurait dû la mettre en place et évacuer des colons. Mais Israël ne voit pas les choses de cette façon. Donc, il faut répondre aux questions pratiques, mais certaines questions fondamentales doivent aussi être prises en compte. Comme l’a dit Noura, l’approche fondée sur les droits est la bonne approche. Ce qui a fait échouer la solution à deux États, c’est que nous n’avons pas abordé les données fondamentales du problème. Si Israël avait accepté la résolution 194, beaucoup de gens se seraient entendus sur deux États. Idem pour le partage de Jérusalem. La solution à deux États aurait été réalisée. Cela nous dit que nous devons revenir aux données fondamentales du problème. Nous sommes confrontés à un mouvement sioniste au passé colonial. Comment l’émanciper de son héritage colonial ? La seule façon de le faire est par l’acceptation d’un paradigme de droits dans lequel tout le monde a des droits égaux en Palestine. 1/ Cet article reprend partiellement l’interview de Leila Farsakh, professeur en science politiques à l’Université de Massachussetts, et Noura Erakat, avocate en droits de l’Homme, réalisée en anglais le 7 novembre 2013 par Le Mur a des Oreilles. Vous pouvez retrouver l’entièreté de la traduction française sur le site de l’Association belgo-palestinienne. Traduction par Thierry Bingen.
palestine 12 VIOLENCE DES COLONS
Les attaques des colons israéliens contre la population palestinienne de Cisjordanie sont un phénomène qui se développe depuis longtemps sur une large échelle et qui prend des proportions de plus en plus alarmantes. Incluant l’usage d’armes à feu et la destruction de propriétés privées, elles portent gravement atteinte à la sécurité des populations civiles de Cisjordanie. Provoquant des dommages très graves aux biens des personnes, aux édifices publics et religieux, des blessures, voire parfois des décès, ces agressions se produisent souvent autour de Naplouse, Qalqilya, Bethléem, Ramallah et Hébron, à proximité de certaines colonies.
L’INSTITUTIONNALISATION DE
l’impunité par Julien Masri
Selon UN-OCHA, les actes de violence de colons ayant causé des dommages matériels ou blessé des personnes ont augmenté de 32% entre 2010 et 2011. Par rapport à 2009, cela correspond à une augmentation de 144 %. Les chiffres indiquent clairement une escalade de la violence coloniale tout au long de 2011 : au cours de cette année-là, 5 Palestiniens (dont deux enfants) ont été tués et plus d’un millier blessés (près de 1/5 d’entre eux étaient mineurs). Pour 2013, en octobre, la destruction d’environ 8800 arbres avait déjà été enregistrée. Les attaques de colons s’intensifient lors de la récolte des olives (de mi-septembre à fin novembre). En 2012, durant cette période, alHaq en a répertorié plus de 29 contre des agriculteurs palestiniens. Plus de 747 oliviers ont également été détruits, brûlés, arrachés ou endommagés. Sur toute l’année 2012, ce sont plus de 7500 oliviers qui ont été abîmés ou détruits par les colons. Toujours en 2012, UNOCHA a enregistré 359 incidents ayant causé des blessures ou des dommages matériels. Al-Haq a noté une augmentation significative au cours de la même année, tant du nombre que de la violence des attaques des colons. Depuis 2008, ces derniers se livrent à un type particulier d’attaques : les attaques dites du prix à payer. Celles-ci, menées par des groupes très organisés comme les Jeunes des collines, sont des représailles exercées sur des Palestiniens à chaque fois que les autorités israéliennes agissent contre l’intérêt du mouvement de colonisation. Il s’agit de porter atteinte aux biens privés ou publics de la population, ce qui inclut l’incendie de voitures aussi bien que le vandalisme sur des sites religieux, mais aussi parfois des agressions physiques sur des personnes pouvant aller jusqu’au meurtre. Ces agressions
se sont intensifiées en 2011, en réponse à l’évacuation forcée d’un certain nombre d’avant-postes de colonies en Cisjordanie.
UNE VIOLENCE INSTITUTIONNALISÉE Certains groupes de colons sont officiellement reliés à ces attaques, comme ceux de la colonie La Ferme de Maon à côté d’Hébron, ou de la colonie de Yitzhar, près de Naplouse. Des personnalités israéliennes, des membres de la classe politique soutiennent et justifient les actes de violence des groupes de colons qui ont, parfois, bénéficié du soutien administratif et financier d’institutions israéliennes. Du côté religieux, le rabbin Yitzhak Ginsburg, président de la yeshiva de la Tombe de Joseph (un colon de Yitzhar), le rabbin David Dodkowitz, le grand rabbin de la colonie, et le rabbin Yitzhak Shapira, le maire de la colonie ont publiquement défendu le principe des attaques «le prix à payer ». Du côté politique, des membres du Parlement israélien les appuient, comme Michael Ben-Ari (parti de l’Union nationale) qui a réclamé, après le meurtre de cinq membres d’une famille de la colonie d’Itamar (mars 2011), que le gouvernement israélien utilise des mesures du type « prix à payer » pour identifier le village d’origine des responsables, en déporter tous les habitants et le détruire afin de construire sur son emplacement une colonie. Le séminaire Od Yosef chai, dans la colonie de Yitzhar, a reçu des financements publics israéliens, malgré le fait que ses étudiants soient régulièrement impliqués dans des agressions de civils palestiniens. D’autres groupes similaires reçoivent des financements de l’étranger, des USA ou d’Europe. Face à ces agressions, certains responsables israéliens ont exprimé leur condamnation comme le ministre de la Défense, Ehud Barak ou la ministre de la Justice, Tzipi Livni, pour qui « le prix à payer est un
euphémisme pour des crimes haineux » qui doivent « être stoppés ». D’autres voix se sont élevées contre ces violences, en Grande-Bretagne, aux USA, aux Nations unies. Pourtant, plutôt que de prendre des mesures pour éradiquer la violence des colons, le gouvernement israélien préfère prendre des initiative pour apaiser ceux-ci en autorisant a posteriori certains avant-postes, en développant l’extension des colonies et en continuant à inciter les citoyens israéliens à s’installer dans les colonies. En outre, les autorités israéliennes font preuve d’un manque flagrant de volonté lorsqu’il s’agit de faire respecter le droit par les colons. La plupart des enquêtes n’aboutissent pas. L’organisation israélienne Yesh Din a suivi 938 incidents pour lesquels la police a ouvert une enquête entre 2005 et 2013. Dans plus de 90% des cas, l’enquête n’a abouti à aucune inculpation. De plus, les victimes de violences ont souvent beaucoup de mal à engager une procédure judiciaire : à la faible probabilité que la procédure aboutisse, s’ajoutent le temps et le coût nécessaires ainsi que le risque de représailles des colons. Qui plus est, pour déposer plainte, il faut pouvoir accéder au commissariat de police, c’est-à-dire disposer d’un permis pour entrer dans la colonie où il se situe ! Quel contraste avec le cas où un Palestinien est soupçonné d’avoir commis une agression sur des colons ! Les autorités israéliennes prennent alors des mesures à grande échelle, comme de vastes campagnes d’arrestations, de fouilles et d’interrogatoires.
PROTÉGER LES COLONS Bien que le code pénal israélien condamne fermement toute incitation à la violence et qu’il puisse parfaitement s’appliquer aux actes de violence sur des Palestiniens, les groupes qui soutiennent le mouvement de colonisation s’évertuent à protéger les colons. Des lois
sont proposées pour donner une forme d’immunité aux rabbins et à d’autres personnalités publiques qui incitent à la violence, des pressions sont exercées sur la classe politique, des arrangements sont trouvés avec les tribunaux. Ainsi, Noam Federman, membre éminent d’un mouvement colonial, a été jugé coupable d’incitation à la haine et à la violence à l’encontre des Palestiniens à la télévision publique et dans d’autres médias, proposant de « déporter les Arabes », se référant à eux un comme à « un cancer », proposant de « démolir des mosquées ». Il n’a été condamné qu’à quatre mois de travaux d’utilité publique et six mois de mise à l’épreuve. De leur côté, les Palestiniens sont soumis à la juridiction militaire, qui impose des restrictions draconiennes de leurs droits. Toutes les colonies israéliennes de Cisjordanie (ce qui inclut Jérusalem-Est) sont illégales au regard du droit international (article 49-6 de la IVe Convention de Genève), ce qui a été confirmé à de nombreuses reprises par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale de l’ONU). La colonisation, la violence des colons à l’encontre des populations civiles palestiniennes et le défaut manifeste de protection de ces populations par les autorités israéliennes constituent des violations graves du droit. La responsabilité des États tiers est aussi avancée : ces États devraient prohiber toute relation entre des individus ou des groupes nationaux et des individus ou des groupes liés aux actes de terreur perpétrés par les colons. Lorsque les structures détruites au cours des attaques sont financées ou gérées par ces États tiers, ces derniers devraient demander à Israël de prendre les mesures nécessaires (dont l’inculpation des responsables). Enfin, les représentants de l’État de Palestine devraient entamer les démarches pour adhérer au Statut de Rome de la Cour pénale internationale, afin d’assurer un maximum de protection juridique à la population civile de Cisjordanie.
palestine 14 VIOLENCE DES COLONS
L’ARMÉE, LES AGENTS DE SÉCURITÉ PRIVÉS ET LES MILICES DES COLONS
l’union sacrée contre les Palestiniens (1E PARTIE) par Marianne Blume
D’après les règles internationales, une armée d’occupation doit assurer la sécurité des populations occupées. Suivant les Accords d’Oslo, Israël est responsable de la sécurité dans les zones B et C (60% de la Cisjordanie); sa mission théorique est de protéger les colons mais aussi les Palestiniens. Un récent rapport de l’ONU (2013) constate que les attaques de colons ont quadruplé en 8 ans.
Une vidéo, publiée récemment par B’Tselem (Settler Attack in Urif), montre clairement des colons, accompagnés de soldats et d’un garde armé, attaquant un village et son école. Des vidéos de ce genre pullulent sur le Net. Quelle est l’implication des firmes de sécurité et quels sont leurs liens avec l’armée ?
L’ÉTAT ET LE GARDIENNAGE PRIVÉ DES COLONIES Non content de protéger les colons avec l’armée, le gouvernement israélien alloue des subsides pour des gardes privés au travers du ministère du Logement et ce, depuis les années 70 (initiative de Sharon). Leur nombre exact n’est pas connu (discrétion oblige) ; à elle seule, la compagnie Hashmira (appartenant à 91% à G4S) affirme, en 2002, en compter des centaines dans les Territoires occupés. D’autres compagnies sont aussi présentes sur le terrain. Dont Modi’in Ezrachi qui, en 2013, employait, rien qu’à Jérusalem-Est, 350 agents de sécurité répartis sur 56 colonies (soit 1 agent de sécurité pour 5 colons) et qui était, en 2003, le plus gros employeur en Israël. À Jérusalem-Est précisément, l’État fournit aux colons des gardes 24h/24h, dans chaque maison, en plus d’escortes et même de transport. Le budget annuel affecté est d’ailleurs en croissance constante (54 millions de NIS en 2009-2010 contre 70 millions pour l’année 2011-2012). (Settlements in Palestinian Neighborhoods in East Jerusalem, Peace Now, septembre 2011) Pour les colonies en Cisjordanie, les chiffres exacts sont inconnus mais on sait que toutes les colonies en emploient.
HASHMIRA/G4S S’EST RETIRÉ DES COLONIES EN CISJORDANIE ? Suite aux vives critiques dont G4S a été l’objet, son PDG avait déclaré s’être retiré de Cisjordanie. Tout en précisant, il est vrai, qu’il continuait à protéger à l’intérieur des colonies les supermarchés et les banques… Or, d’après le Guardian (P. LAGERQUIST et J. STEELE, « Group 4 Security firm pulls guards out of West Bank », 09/09/2002), Hashmira
(G4S) est toujours présente dans la colonie de Kedumim (près de Naplouse)1 et la collaboration entre les agents de sécurité et l’armée est avérée. Une barrière coupe la seule route pavée menant au village de Kfar Kaddum et c’est un employé d’Hashmira qui la garde : il stoppe les véhicules palestiniens et déclare au journaliste : « Personne ne peut passer en voiture. Nous permettons aux enseignants et à ceux que nous reconnaissons de passer à pied. Les autres doivent prendre des routes alternatives. » Auparavant, les habitants mettaient 20 minutes pour aller à Naplouse ; depuis, cela leur prend environ 5 heures, par des routes de campagne. Même les ambulances sont stoppées et le garde n’hésite pas à tirer. Les colons expliquent qu’ils secondent ainsi l’armée dans sa mission dans les « territoires ». De leur côté, les enquêteurs de Who profits témoignent de la présence de cette même firme dans les colonies de Qiryat Sefer, Ma’aleh Adumim et Har Adar.
SUPERPOSITION DES RÔLES DE L’ARMÉE ET DES FIRMES DE SÉCURITÉ PRIVÉES En fait, le président d’Hashmira est très clair sur le rôle de ses agents depuis la 2e Intifada: « En temps normal, la division de la Sécurité traite principalement de la surveillance des biens et des personnes. Soudain, sans avertissement préalable 2, ils étaient tenus d’effectuer des missions semblables à celles généralement effectuée par la police et la police des frontières. Nous avons dû recruter du personnel de haute qualité et, en très peu de temps, les entraîner à utiliser des armes à longue portée pour faire face à une population ennemie équipée d’armes à feu. Le travail aujourd’hui comprend des patrouilles dans les colonies, le long des clôtures de périmètre, à l’entrée des colonies ainsi que le fonctionnement des unités de garde. » (Peter LAGERQUIST, «Very active defence», London Eeview of Books, 19/09/2002). Il ressort clairement de cette déclaration que les agents de sécurité jouent le même rôle que l’armée ou la police. On peut aller plus loin : chaque
colonie possède sa propre patrouille de sécurité et celle-ci est en liaison avec les commandants militaires. C’est ainsi que ces milices opèrent sur les routes et vont jusqu’à pénétrer dans les villages palestiniens. C’est ainsi aussi que, à la veille du vote de l’ONU sur l’admission de l’État de Palestine comme membre observateur, l’armée a entraîné des agents civils au maniement des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes… Les incidents impliquant des gardes privés sont trop nombreux pour être tous relatés 3. Mais en voici un exemple : une manifestation pacifique contre une carrière israélienne illégale située sur les terres de Nil’in et Budrus. Les manifestants approchent et aussitôt, un garde privé hurle et se met à tirer sur eux à balles réelles. Quand l’armée arrive, non seulement elle n’arrête pas le garde mais de plus, elle décrète illico la zone zone militaire et tire des grenades lacrymogènes. Un Palestinien est blessé (J. DANA, « Private security guard attacks Palestinan protesters with live fire », Magazine 972). A Bil’in, ce sont l’armée, les gardes frontière et les firmes de sécurité privées qui attaquent conjointement les manifestants. (G. ALGAZY, « Settlers on Israel’s eastern frontier », Le Monde diplomatique, 04/08/2006) Dans leur ouvrage Le livre noir de l’occupation israélienne, Breaking the silence rapporte le témoignage d’un soldat de garde dans une colonie près d’Hébron : « C’est le responsable de sécurité de la colonie qui décide ce qui est permis et ce qui est interdit. C’est une situation assez amusante, quand on y pense, dans laquelle un civil dit à l’armée ce que sont ses limites et quelles sont les lois. » À vrai dire, le responsable de la sécurité n’est pas nécessairement un employé d’une firme de sécurité. Souvent, en effet, la confusion règne. Un observateur israélien des DH note que des jeeps avec l’inscription « sécurité » ont participé à des attaques contre le village de Hares où il était posté et qu’il est très difficile de faire la différence entre l’armée et les colons, les gardes privés et les volontaires: de nombreux
colons portent des uniformes militaires tandis que les gardes privés n’ont rien qui les distingue des civils. Dans un rapport de Priv-War (Israel: The use and regulation of private military and security companies in situations of armed conflict Israel, 2010), l’accent est mis sur cette confusion opérée dans les médias et rapports. En réalité, la collusion entre l’armée et les colons – organisés en milices ou se payant des agents de sécurité – n’en est que plus flagrante.
L’HISTOIRE N’EST PAS FINIE Là ne s’arrête pas le rôle des agents de sécurité et leur implication dans l’oppression et la répression des Palestiniens en Cisjordanie. Il faudra encore aborder la privatisation des checkpoints. Là ne s’arrête pas non plus le rôle des colons et de leurs groupes paramilitaires. Il faudra aussi expliquer pourquoi Israël délègue l’occupation à des privés. Ce sera l’objet d’un autre article. En attendant, on peut conclure sans se tromper que l’État d’Israël protège les colons et que les tirades de certains politiques contre les colons extrémistes sont plus qu’hypocrites : l’État les a armés, il leur accorde des subsides pour leur protection et il fait garder leurs colonies par l’armée. Si la Cisjordanie devient le « Far West » notamment avec les Jeunes des collines, c’est bien là le résultat d’une politique qui vise avant tout à consolider l’occupation et à enfermer les Palestiniens dans des ghettos pour s’emparer du plus de terres possible. (à suivre)
1/ Enquête du Guardian. 2/ Il fait allusion à la 2e Intifada. 3/ Voir par exemple, Private security companies in the Occupied Palestinian Territories (OPT) : an international humanitarian law, Harvard University, mars 2008.
palestine 16 VINS ISRAELIENS
L’industrie viticole israélienne collabore à l’occupation de la Cisjordanie et du plateau du Golan, zones propices à la production de vins. Les entreprises viticoles s’approprient des terres palestiniennes pour y planter des vignes, accaparent les ressources hydriques en territoire occupé, normalisent la colonisation en développant l’œnotourisme et tirent des profits du tourisme et de la vente de vins en Israël et à l’étranger.
Vins des colonies EN BELGIQUE par Katarzyna Lemanska
Les Conseils des colonies s’emparent parfois de puits, sources et bassins d’eau afin de les intégrer aux parcours touristiques, privant ainsi les agriculteurs palestiniens d’espaces jusque-là publics et de ressources hydriques déjà limitées. Le gouvernement israélien octroie des incitants financiers aux entreprises agricoles pour développer leurs activités en territoire occupé : quotas d’eau subsidiés, fonds en provenance des ministères de l’Agriculture (pour la construction des installations), de la Défense (pour la réfection de routes et la clôture de parcelles) et du Tourisme (pour développer le pendant touristique des vignobles).
fait référence à des vignobles dans les régions viticoles « Shomron » et « Judean Hills », qui sont à cheval sur Israël et la Cisjordanie occupée. Il n’y a pas non plus de précisions sur l’origine des vignes utilisées. – La Tishbi Estate Winery possède des vignobles à Gush Etzion et des parts dans Gush Etzion Wineries (Cisjordanie occupée).
Le marché viticole israélien est contrôlé par six maisons qui possèdent toutes, sans exception, des vignobles en territoires occupés (syrien et/ou palestinien). – La Carmel Winery est propriétaire de trois vignobles dans le plateau du Golan et exploite des vignes cultivées à Mevo Horon. Carmel est également à la tête de la Yatir Winery, fondée par des colons viticulteurs, qui exploite des vignobles situés (entre autres) dans la région des « collines du sud d'Hébron ». – La Barkan Winery est la deuxième plus grande entreprise viticole d’Israël. Elle est propriétaire de vignobles dans le plateau du Golan et d’un vignoble en Cisjordanie. Plusieurs de ses vins sont entièrement produis dans les colonies. – La Golan Heights Winery est une entreprise viticole fondée à Katzerin (Golan occupé) dont 96% des vignobles sont situés dans le plateau du Golan. 30% de la production sont destinés à l’exportation. Les vins commercialisés sous les marques Yarden, Gamla et Golan sont produits à base de raisins cultivés dans le plateau du Golan. – La Teperberg 1870 Winery possède plusieurs vignes, dont certaines à Gush Etzion et Mevo Horon (Cisjordanie occupée). L’origine des vignes utilisées pour la fabrication des différents vins n’est pas indiquée par l’entreprise. – La Binyamina Winery exploite des vignobles en Israël, en Cisjordanie et dans le plateau du Golan. Dans ses publications, l’entreprise
Sauf pour quelques bouteilles spécifiques de la Golan Heights Winery, il est impossible de distinguer les vins produits à base de raisin cultivé en Israël des vins pour lesquels des vignes des territoires syrien et palestinien occupé ont été exploitées :
En Belgique, ces vins sont vendus dans des vinothèques, en ligne ou via des distributeurs indépendants. Certains vins produits par la Golan Heights Winery peuvent être achetés sur le site de Delhaize, Delhaize Wine World (l’origine indiquée est la Galilée) et chez Rob.
– L’agence israélienne d’exportation a mis au point une carte de « régions viticoles » dont le tracé ne correspond à aucune délimitation connue. Ces régions s’étendent à la fois sur les territoires occupés et le territoire israélien. Il est donc impossible d’affirmer qu’un vin vendu en Belgique dont la provenance indique « Galilée » soit réellement produit en Galilée, Israël. – La classification des vins en « Nouveau / Ancien Monde » donne aux viticulteurs un outil supplémentaire pour brouiller la piste des vignes des colonies. Les vins israéliens tombent dans la catégorie « vins du Nouveau Monde », qui classe les vins selon la variété des raisins utilisés plutôt que par région. L’utilisation de raisin cultivé en territoire occupé passe ainsi inaperçue. – Les viticulteurs n’indiquent pas l’origine des vignes, ce qui leur permet de dissimuler l’exploitation de celles cultivées en territoire occupé. Il est donc absolument impossible d’exclure que le vin israélien des marques mentionnées ci-dessus et qui est en vente en Belgique n’a pas été produit à partir de vignes situées en territoire occupé.
palestine 17 THÉÂTRE Elias Sanbar nous le rappelait il y a peu dans son introduction à l’histoire sociale de la Palestine, au programme de la Chaire Liebman de cette année, la Palestine est un petit territoire sur lequel se sont focalisés dès le début du 19e siècle des enjeux réels et imaginaires immenses liés notamment à son statut de Terre sainte.
Décrisravage
UN PROJET DOCUMENTAIRE CONSACRÉ À LA QUESTION DE PALESTINE D’ADELINE ROSENSTEIN par Ouardia Derriche La rencontre avec l’Occident, ses missions religieuses, ses armées et même ses artistes, illustre à merveille « l’histoire de l’Occident et sa façon de tracer des frontières au milieu de peuples pluriethniques, de prendre ses points de repère pour des réalités locales. »
DES TÉMOIGNAGES D’ARTISTES ET DES CITATIONS DE THÉÂTRE Le projet documentaire d’Adeline Rosenstein est développé à partir d’une double option. La première est de s’appuyer sur la parole d’artistes occidentaux ayant vécu quelque temps en Israël ou en Palestine, dont elle a recueilli les témoignages sur des événements survenus durant leur séjour, avec des extraits, traduits de l’arabe, de pièces de théâtre historiques sur les mêmes événements. On ne peut que saluer ce changement de perspective qui permet de faire place à la parole de l’Autre. Celui-ci est enfin reconnu pour ce qu’il est, à savoir un sujet autonome et non l’éternel objet du regard de l’Occidental. Pourquoi le choix de témoignages d’artistes ? Si l’on veut bien croire à leur sincérité, sont-ils pour autant plus clairvoyants sur le sens des événements qu’ils sont amenés à vivre ? D’après Adeline Rosenstein, s’ils ne sont pas plus clairvoyants ni mieux informés, ils seraient plus changeants et donc davantage susceptibles d'être conscients de soutenir ou d’avoir soutenu des discours idéologiques. Selon elle, ils identifieraient des contradictions dans leurs positions avec davantage de sincérité.
UN LANGAGE QUI DÉLIE La deuxième option est en fait une ambition relative au langage. Il s’agit de veiller à ce que le langage utilisé ne soit pas vecteur de tension, voire de rupture mais concourre à démêler le nœud de « ce qui a bien pu se passer pour qu’on en arrive là » depuis plus de 100 ans. Voilà un projet dont on se dit immédiatement qu’il est casse-gueule à souhait. L’auteure et metteure en scène, mélange subtil de fragilité apparente et d’énergie débordante, s’est entourée pour mener à bien
cette aventure d’une équipe d’amies aussi compétentes que solidaires (l’une d’entre elles, Julia Strutz, par exemple, est turcologue en même temps que danseuse et chorégraphe). Elle s’est également adjoint le concours décisif d’un auteur et chercheur palestinien, Mas’ud Hamdan, de l’université de Haïfa, devenu passeur privilégié de la parole des dramaturges issus des pays arabes.
DES VIES ET DES LANGUES QUI BIFURQUENT Introduits et mis en contexte par des rappels historiques, témoignages d’artistes occidentaux et citations de pièces de théâtre s’entrecroisent au gré et au fil « des vies et des langues qui bifurquent (français, allemand, anglais, espagnol, turc, arabe, hébreu,… » Le tout, traduit en français, donne lieu au déploiement de différentes «sortes de français», qui sont le résultat du soin particulier apporté à la retranscription des créoles et des « dialectes » parlés par les personnes ayant traversé des frontières. « Ces langues tordues par l’effort de justesse ont toutes leur place au théâtre, observatoire poétique de la guerre des récits. »
ANATOMIE DU SPECTACLE Le documentaire se présente sous forme d’épisodes qui se sont construits au fil des résidences. C’est une sorte de work in progress dont cependant le plan général est établi et toute la documentation rassemblée. Un dernier mot sur le titre : si l’on observe déjà que l’amour porté par les uns et les autres à la terre de Palestine n’empêche pas pour autant de procéder à sa destruction, réelle ou symbolique, l’ambition des artistes à vouloir la décrire peut paradoxalement aboutir à en détruire l’histoire. D’ailleurs, ne dit-on pas aussi traduire, trahir ? Embrasser le réel est toujours de l’ordre de la fiction mais certaines catégories de fiction peuvent devenir mortelles.
Du 25 février au 8 mars au Théâtre Océan Nord, 63-65 rue Vandeweyer à 1030 Bruxelles Les citations sont extraites du document de promotion du projet.
palestine 18 FESTIVAL
Lundi 24 mars |Journée d'inauguration (KVS Brussels) Apples of the Golan (Film) // Toot Ard (Concert) //Al-Jisser par Subversive Films (Video Art) // This Mined Land of Ours (Video Art) par Mirna Bamieh // Disarming Design (exposition) // Mardi 25 mars From the field: Reporting an everyday colonial occupation. Débat avec Amira Hass (Gent / De Centrale) // Mercredi 26 mars Suspended Times (Montages 9 courts métrages/9 réalisateurs) suivi d'un débat avec Amira Hass (KVS / Bxl) // Jeudi 27 mars Genêt à Chatila (Film) suivi d'un débat avec Leila Shahid (KVS / Bxl) // Vendredi 28 mars Thanks God is Friday (Film) suivi d'un débat avec Jan Beddengenoots // Samedi 29 mars Fix Me (Film) suivi d'un débat avec Raed Andoni (KVS / Bxl) // Dimanche 30 mars | Journée de la Terre Route 60 (Film) suivi d'un débat avec Alaa Ashkar (Sphinx / Gent) // Mashrou Leila (Concert) (De Centrale / Gent) // Lundi 31 mars Leila and the Wolves (Film) suivi d'un débat avec Heiny Srour (KVS / Brussels) + The Common Archive (Exposition) (KVS / Bxl) // Mardi 1er avril Conférence de Diana K. Allan sur les archives de la Nakba (MENARG, Ghent University / Ghent) // On the side of the road (Film) suivi d'un débat avec Lia Tarachansky // Mercredi 2 avril Still Life // Terrace of the Sea (Films) suivi d'un débat avec Diana K. Allan (KVS / Bxl) // Jeudi 3 avril I wish I never took a photo of you. Exposé de Yazan Khalili (Cafe Palestine @ Monk / Brussels) // Off Frame: Réflexions sur le cinéma militant palestinien, exposé de Mohanad Yaqubi (KVS / Bxl) // Vendredi 4 avril The Society of Spectacle (Film) suivi d'un débat avec Lara Khaldi et Reem Shilleh (Pianofabriek – Bxl) // The lonely Crowd (exposition) (Pianofabriek / Bxl) // Samedi 5 avril | Clotûre Two Lady Bugs (Theater) // Occupying Palestine (Film) suivi d'un débat avec David Koff Restless Leg Syndrome (Concert/soirée) (KVS / Bxl)
palestine 19 LIVRES/FILM
livres LA PALESTINE EXPLIQUÉE À TOUT LE MONDE
PALESTINE, TERRE PROMISE JOURNAL D’UNE VILLE ASSIÉGÉE
par Rajah Shehadeh, Éditions Payot/ Rivages, Poche, 2007, traduit de l’anglais par Karine Laléchère
par Elias Sanbar, Éditions du Seuil, 2013
film VOYAGE DANS UNE GUERRE INVISIBLE Documentaire de Paul Moreira, 2013 (visible sur YouTube)
L’auteur est l’une des grandes figures intellectuelles du mouvement national palestinien. Historien, écrivain, homme d’action, il fut l’un des négociateurs des accords de paix d’Oslo et il est aujourd’hui ambassadeur de Palestine à l’Unesco.
L’auteur est écrivain et avocat, fondateur d‘Al-Haq, organisation de défense des droits de l’Homme.
À ceux qui disent ne rien comprendre au « conflit israélo-palestinien », à ceux qui le trouvent trop compliqué, Elias Sanbar répond par ce petit texte qui restitue l’histoire de la Palestine contemporaine, depuis le mandat britannique à partir de 1917 jusqu’à aujourd’hui. Ce court récit raconte l’histoire palestinienne vécue de l’intérieur; il est émaillé de souvenirs et de commentaires personnels.
En avril 2002, l'armée israélienne investit la Cisjordanie. Elle s'acharne sur Ramallah et en particulier sur la Mouqata’a qui abrite le quartier général d’Arafat. Durant cette période, Rajah Shehadeh a tenu son journal pour raconter la vie quotidienne en état de siège. « Maintenant, je ne peux même plus franchir le seuil de chez moi. Le périmètre de cette maison est tout ce qu’il me reste d’une Palestine que je puisse appeler mienne... Les adultes sont empêchés d’aller au travail, les enfants d’aller à l’école, les malades de recevoir des soins médicaux ; une société entière se voit dénier le droit de vivre normalement. »
L’auteur n’esquive pas les questions difficiles et ne nie pas que l’usage de la violence a souvent malheureusement terni l’image des Palestiniens mais, comme il l’explique avec grande conviction, la lutte palestinienne ne se réduit pas à une stratégie terroriste. C.S.
Ce livre est rédigé dans une prose pudique et maîtrisée ; il constitue un document profondément émouvant et d'une grande portée politique. Sept ans après sa parution, il est toujours cruellement d'actualité, même si le décor de la tragédie a quelque peu changé. C.S.
Excellent reportage sur l’occupation et le rôle des colonies dans la politique d’Israël. Le reportage débute et s’achève sur Hébron mais ne s’arrête pas là : les journalistes font un voyage en Cisjordanie occupée, notamment à Kfar Kaddum et Burin. On y montre la réalité de terrain confrontée aux témoignages de Palestiniens dont Issa Amro (Youth against settlements) et d’Israéliens dont Yehuda Saul (Breaking the silence), de la représentante de B’tselem et de colons dont Dani Dayan (colon, ministre du Logement, du parti Yesha). Tout y est : la vision stratégique, la collusion entre colons et armée, les deux réseaux de routes, les villages assiégés, le racisme, la religion, les manifestations populaires, le pouvoir des caméras et plus encore. L’Histoire n’est pas non plus oubliée et le résumé en est bien fait. Un reportage remarquable qui va au fond des choses et donne une image fidèle de l’occupation. Un tout petit détail me chiffonne : dans le commentaire de fin, on dit que les soldats israéliens « vont devoir de nouveau envahir la zone palestinienne (à Hébron) ». Devoir ? M.B.
À L’OCCASION DE LA JOURNÉE DE LA TERRE L’ABP VOUS INVITE À LA PROJECTION DU FILM
mercredi 26 mars à 20 h – Tournai Inauguration de la Semaine de la Solidarité internationale jeudi 27 mars à 20 h – Marche-en-Famenne Tiroir des saveurs / Maison de la Culture (Chaussée de l'Ourthe 74 à Marche-en-Famenne) vendredi 28 mars à 20 h – Liège Centre Culturel Arabe en Pays de Liège (Rue Henri Orbay 1 à 4030 Grivegnée) samedi 29 mars à 17 h – Bruxelles Centre Culturel Jacques Franck (Chaussée de Waterloo, 94 à 1060 Bruxelles) suivi par une soirée conférence-débat organisée par la Communauté palestinienne de Belgique dimanche 30 mars à 17 h – Gand Festival Eye on Palestine, Cinema Sphinx (Sint-Michielsplein 3 à 9000 Gent).
éditeur responsable Pierre Galand – rue Stévin 115 à 1000 Bruxelles
En présence du réalisateur Alaa Ashkar