Palestine n°64

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BULLETIN DE L’ASSOCIATION BELGO-PALESTINIENNE / WALLONIE-BRUXELLES ASBL TRIMESTRIEL N°64 – AVRIL/MAI/JUIN 2015 – DÉPÔT BRUXELLES X – AGRÉATION P401130

SOMMAIRE

© Eldan David

DOSSIER RÉFUGIÉS > 03 Racisme en Israël > 08 Un « nouveau » Moyen-Orient > 10 Élections israéliennes > 12 Nouvelles du BDS > 18 / 19 / 20

15 mai 1948, la Nakba, la catastrophe en arabe

Les historiens israéliens ont longtemps nié l’expulsion forcée des autochtones palestiniens et les massacres qui l’ont accompagnée. Mais rejoignant en cela les narrations qu’en faisaient les historiens palestiniens, de « nouveaux » historiens israéliens reconnaissent aujourd’hui le plan d’expulsion et les violences qui ont sous-tendu la création de l’État d’Israël et jeté 750 000 Palestiniens sur les routes de l’exil. La Nakba, c’est aussi le fait que ces Palestiniens exilés aient été systématiquement empêchés par Israël de revenir dans leurs foyers une fois la guerre de 1948 terminée. Les réfugiés attendent toujours de pouvoir revenir dans leur pays. Pour tous les Palestiniens, de l’intérieur comme de la diaspora, la Nakba représente le début de d’une longue série de catastrophes : déplacements forcés, exil, occupation, colonisation, arrestations, assassinats, destructions…


palestine 02 ÉDITO

LE SORT TRAGIQUE

des réfugiés par Pierre Galand, Président

Depuis 1948, le sort de la majorité des Palestiniens est d’être réfugiés ou prisonniers dans des geôles israéliennes. Gaza est le plus grand des camps de réfugiés palestiniens. L’enclave est sous blocus depuis 2007, après avoir été bouclée sporadiquement dès 1991, ce qui empêchait les entrées et sorties de Palestiniens. Gaza est ainsi devenue une prison à ciel ouvert sous la menace permanente d’une offensive de l’armée israélienne, comme ce fut le cas il y aura un an en ce mois de juillet. Malgré la mobilisation et la condamnation unanime de tous les défenseurs des droits humains, les Nations unies font montre d’une faiblesse et d’une réserve coupables. Les populations de Gaza attendent – avec le sentiment d’avoir été dupés – l’arrivée de l’aide promise à la suite de l’opération Bordure protectrice ainsi que celle des experts onusiens chargés d’enquêter sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis voici près d’un an. Entretemps, des dizaines de milliers de Palestiniens, dont des milliers d’enfants, ont été pris au piège dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk en Syrie où ils vivaient sous la protection de l’UNRWA. Depuis deux ans, ils y étaient enfermés du fait de la guerre civile en Syrie. La plupart d’entre eux ont réussi à fuir sans assistance ni lieu alternatif de refuge. Au début avril, restaient néanmoins encore piégés quelque 18 000 Palestiniens, dont de nombreux enfants, sans eau, sans nourriture ni aide médicale. Des dizaines d’entre eux sont morts de faim. La situation est critique à de nombreux égards car les réfugiés sont pris en tenaille entre l’armée syrienne et les différents groupes militaires qui tentent de s’imposer dans cette région proche de la capitale syrienne. Ce qui arrive à Yarmouk, après les multiples massacres commis depuis 1948 sur des réfugiés palestiniens, doit nous mobiliser. Le risque est trop grave de voir se reproduire le même scénario que celui de Gaza en 2014 et celui de Yarmouk en ce début de 2015 dans les autres grands camps de réfugiés palestiniens de la région. En effet, s’il s’agit très clairement d’un désastre humanitaire dans les deux cas, c’est aussi un désastre politique. Chacun, un tant soit peu au fait de la question palestinienne, peut comprendre que la question des réfugiés palestiniens est au cœur du problème et donc de la solution et de la reconnaissance de la Palestine. Le processus de paix qui n’existe plus, pour autant qu’il ait un jour réellement existé, ne pourra servir aux Palestiniens que s’il met en avant quatre conditions préalables pour le règlement de la question israélo-palestinienne : 1. Le retrait immédiat des troupes d’occupation et des colons israéliens ;

2. Le droit au retour pour tous les réfugiés ; 3. La libération de tous les prisonniers politiques ; 4. L’indemnisation des victimes palestiniennes de l’occupation ainsi que pour les destructions et spoliations des biens matériels et immatériels palestiniens. Certes, cela demandera un réel courage politique, celui qui manque cruellement aujourd’hui aux gouvernants, tant aux États-Unis qu’en Europe ainsi qu’aux responsables onusiens. Confrontés à des dirigeants israéliens élus sur la base de leurs exactions armées contre les Palestiniens et sur la peur irrationnelle entretenue vis-à-vis de leurs voisins, les responsables européens, américains et l’ONU accepteront-ils plus longtemps sans réagir les brutalités, les crimes et le racisme permanent à l’égard des Palestiniens victimes des guerres multiples qui sévissent dans la région ? Entretemps, que reste-t-il aux Palestiniens du rêve et de l’ambition de construire un État de Palestine dans leur pays, dans les frontières de 1967 ? Toutes les tentatives du terrorisme d’État israélien visant à briser toute résistance palestinienne ne sont pas parvenues à la réduire. Elle survit, créative et multiforme ; tous ceux qui ont décidé d’aller en Palestine lors des missions civiles ont pu s’en rendre compte : la résistance est politique, militaire, sociale, économique et culturelle. À leurs côtés, avec les Israéliens anticolonialistes et contre la guerre, nous devons plus que jamais soutenir les initiatives de l’ABP car elles sont l’expression la plus noble de notre solidarité indéfectible avec un peuple exemplaire de courage et de détermination pour le triomphe de sa juste cause.

palestine no 64

Comité de rédaction Marianne Blume, Ouardia Derriche, Nadia Farkh, Pierre Galand, Katarzyna Lemanska, Julien Masri, Christiane Schomblond, Gabrielle Lefèvre, Simon Moutquin et Nathalie Janne d’Othée / A contribué Hamdan Al Damiri Relecture Ouardia Derriche Association belgo-palestinienne Wallonie-Bruxelles asbl Siège social rue Stévin 115 à 1000 Bruxelles Secrétariat quai du Commerce 9 à 1000 Bruxelles tél. 02 223 07 56 / fax 02 250 12 63 / abp.eccp@skynet.be www.association-belgo-palestinienne.be IBAN BE30 0012 6039 9711 / Tout don de plus de 40 euros vous donnera droit à une exonération fiscale. Graphisme Dominique Hambye & Élise Debouny Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles


palestine 03 DOSSIER RÉFUGIÉS Tripoli

LIBAN Beyrouth

Damas Saïda

Tyr

SYRIE

ISRAËL JORDANIE

Jénine

Naplouse Tel-Aviv

Jéricho

Ramallah

Amman

Jérusalem Bethléem

PALESTINE BANDE DE GAZA

DOSSIER LA LONGUE ATTENTE DES

réfugiés palestiniens

La situation du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, proche de Damas, occupé depuis le 1er avril par l’État islamique, rappelle aux yeux du monde la longue et pénible attente des réfugiés palestiniens (voir article d’Anne Bernas, pages 4 et 5). La situation de Yarmouk est la plus dramatique, étant donné que la plupart des réfugiés qui ont pu quitter le camp connaissent aujourd’hui leur deuxième et parfois leur troisième déplacement. Les camps de réfugiés souffrent tous d’un statut et d’un environnement conçus pour être temporaires, evenus aujourd’hui permanents. La situation politique chaotique et la guerre dans la région ne font qu’empirer leur situation déjà précaire. Cependant, le droit au retour, pourtant ancré dans le droit international par la résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations unies, est de plus en plus mis en danger, que ce soit par le recul de son ordre de préséance dans les négociations, la perte de poids de l’OLP ou l’augmentation du nombre de réfugiés palestiniens (voir article d’Hamdan Al Damiri, pages 6 et 7).

© Al Jazeera

Hébron


palestine 04 DOSSIER RÉFUGIÉS

Yarmouk

LES DAMNÉS DE LA TERRE par Anne Bernas

Yarmouk est à l’agonie. Après la famine « organisée » par le régime syrien, le plus grand camp de réfugiés palestiniens du Proche-Orient est envahi par la terreur jihadiste depuis le 1er avril dernier. À Yarmouk, aux portes de Damas, les Palestiniens survivent tandis que la communauté internationale peine à réagir.

Yarmouk est un petit bout de Palestine, toutes les rues portent des noms qui lui sont liés. Une Palestine si proche – à peine 200 kilomètres séparent le camp de Ramallah – et pourtant si loin. Inaccessible. Le camp de Yarmouk, créé en 1957 suite à la guerre de 1948, est, selon l’UNRWA (l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient), un camp « non officiel ». D’ailleurs, Yarmouk n’a rien d’un camp. Yarmouk est en réalité une ville à part entière, avec ses écoles, ses hôpitaux, ses commerces, ses parcs. Une ville qui s’étend sur deux kilomètres carrés, à seulement sept kilomètres au sud de Damas. Yarmouk, c’est un dédale de ruelles aux immeubles grimpant toujours plus haut. Ce Yarmouk-là, il n’existe plus depuis 2011. Aujourd’hui, sur les 250 000 habitants du camp – 150 000 Palestiniens mais aussi des Syriens et des réfugiés irakiens arrivés après l’invasion américaine – il ne reste qu’environ 16 000 âmes. Les gens meurent par manque de soins et de nourriture et l’électricité est une denrée rare. Les écoles et les hôpitaux, les commerces, tout est à terre.

YARMOUK, ENTRÉ MALGRÉ LUI DANS LA GUERRE SYRIENNE Depuis Ramallah il y a quelques jours, le président palestinien Mahmoud Abbas a déploré le fait que « les Palestiniens paient le prix de guerres et d’agressions qui ne sont pas les leurs », appelant à « trouver une solution pour protéger les habitants de Yarmouk qui n’ont rien fait pour mériter cela ». En effet, c’est, selon les mots du porte-parole de l’UNRWA le 8 avril, un « massacre d’innocents » qui se prépare. « Les habitants de Yarmouk, dont 3500 enfants, a affirmé Ban Ki-moon, sont transformés en boucliers humains. Ce camp de réfugiés commence à ressembler à un camp de la mort », comparant Yarmouk au « dernier cercle de l’enfer ». Une extermination qui a débuté à Yarmouk et dans toute la Syrie en 2011. Au début de la guerre, Yarmouk accueille de nombreux Syriens qui fuient les zones sous les bombes mais le camp ne s’implique pas dans le conflit et tente de rester neutre, tout au moins politiquement.

C’est à l’été 2012 que la population commence à se soulever contre le régime après les bombardements du quartier mixte de Tadamoun, voisin de Yarmouk. Dès lors, les frappes du régime pleuvent sur le camp et entraînent un nouvel exode massif des habitants du camp. Demeurent malgré elles environ 40 000 personnes, pour la plupart trop pauvres pour partir. Depuis plus d’un an et demi et jusqu’au début de ce mois d’avril, Yarmouk était assiégé par l’armée syrienne. Bombardé constamment, il ne reste aujourd’hui du camp qu’à peine la moitié. Pour mieux mater la révolte de quelques-uns, le régime de Bachar el-Assad impose un blocus sévère à l’ensemble de la population. Tous les produits qui y entrent et qui en sortent sont strictement contrôlés. L’année 2013 marque un tournant radical dans la stratégie du régime syrien, puisqu’il devient tout simplement interdit de quitter la zone. La famine s’empare alors de Yarmouk. Des femmes, des enfants et des personnes âgées meurent. Les images d’horreur de corps décharnés circulent dans le plus grand silence. Près de 200 personnes perdent la vie à cause de malnutrition, les autres s’accrochent avec à peine 400 calories par jour (alors qu’il en faudrait au moins 2 000). Le prix du kilo de riz peut atteindre 100 dollars. « La tragédie à Yarmouk a commencé avec le blocus du régime syrien qui a empêché tous les produits du quotidien de parvenir dans le camp. Des gens sont morts de faim. Et personne n’en a parlé… Il a fallu attendre que Daesh arrive pour que les médias parlent du drame qui se déroule dans le camp », raconte Mohammed Sha’ban, un jeune réfugié de 28 ans, visiblement bouleversé. Et le mot est faible.

LE GROUPE EI OU LE RÈGNE D’UN CHAOS PERPÉTUEL L’assaut du groupe État islamique finit d’achever Yarmouk. Le 1er avril, après d’intenses combats meurtriers avec des milices, dont celle d’Aknaf Baït Al-Makdis, un groupe de combattants anti-Assad, et des Palestiniens, les terroristes de l’organisation État islamique pénètrent dans ce qui reste du camp et en prennent 90%. Le lieu est


© Unrwa

stratégique puisque Yarmouk est aux portes de la capitale syrienne et le groupe EI n’en a jamais été aussi proche.

frappes à coups de barils d’explosifs sur Yarmouk pour en déloger les terroristes.

En dix jours, au moins 38 personnes – huit civils et trente combattants – seraient mortes selon l’OSDH (Observatoire syrien des droits de l’Homme). Parmi eux, sept membres du principal groupe palestinien combattant l’EI, Aknaf Baït Al-Makdis (affilié au mouvement Hamas), ont été exécutés, dont deux décapités par l’EI. Les rares témoignages qui parviennent du camp sortent tout droit de l’enfer. « Depuis dix jours, je passe des nuits entières sur Skype avec eux, les activistes, mes amis, mes voisins. Certains sont morts de faim encore hier. Ils vivent l’horreur, raconte Mohammed, basé en ce moment à Paris, la voix éraillée par un manque de sommeil. Pour aller chercher de l’eau au puits, les habitants de Yarmouk doivent sortir de chez eux, sous les tirs. Alors ils n’y vont pas ».

Ce 6 avril, tandis qu’un dirigeant palestinien annonçait être en route pour Damas pour tenter d’y faire cesser les violences meurtrières, le Conseil de sécurité a appelé « à protéger les civils et à assurer un accès humanitaire au camp pour fournir une aide vitale aux habitants ». Un message qui trouve difficilement écho dans le désastre gigantesque et la tragédie incessante.

Pour les activistes locaux de l’intérieur, l’espoir n’existe plus. « Je crains bien qu’aujourd’hui nous n’ayons le choix qu’entre la mort et la mort. La mort entre les mains du régime, la mort entre celles de l’EI, ou encore mourir de faim ou de soif », témoigne l’un d’eux. Et Mohammed d’aller dans le même sens, expliquant que certains activistes sont aussi bien dans la ligne de tirs et de torture de Daesh que de l’armée du régime. « Ces gens-là sont tout simplement bloqués dans le camp, ils n’ont plus d’issue. Juste mourir ».

THÉÂTRE DU DÉSESPOIR Avec l’arrivée du groupe EI, la distribution d’aide alimentaire – qui était déjà très aléatoire – est interrompue. L’hôpital a été frappé par des obus. Et Chris Gunness, porte-parole de l’UNRWA, pousse un cri de détresse : « La situation à Yarmouk est un affront à notre humanité à tous, une source de honte universelle. Yarmouk est un test, un défi pour la communauté internationale. Nous ne devons pas échouer. La crédibilité du système international lui-même est en jeu ». Depuis l’arrivée des jihadistes, près de 500 familles seraient parvenues à quitter le camp pour un quartier contrôlé par le régime syrien. Un régime qui n’a de cesse, lui aussi, de poursuivre ses

Yarmouk est devenu un symbole de souffrances, de privations. Bachar el-Assad avait-il prévu ce scénario ? « En tout cas, on parle de Daesh en ce moment, mais voilà plus de quatre ans qu’on vit dans la répression, sous la menace de torture, dans l’horreur la plus totale, s’emballe Mohammed, ses grands yeux noirs perdus dans ses pensées les plus violentes. Plus de 200000 hommes, femmes et enfants ont été massacrés en Syrie. Il était évident que la politique du régime de Bachar el-Assad allait engendrer une entité telle que Daesh ». La stratégie du chaos en différents points du pays et l’implication des Palestiniens dans la guerre, marchent à plein régime. « Assad est dans une stratégie d’anéantissement », soupire Mohammed. « Il y a eu Sabra et Chatila, Nahr el-Bared, [camps de réfugiés palestiniens où ont été perpétrés des massacres, NDLR] Yarmouk c’est pire encore », conclut Mohammed, visiblement exténué. Sur la page Facebook du camp de Yarmouk, nombre de messages se concluent de la même manière: « Yarmouk ne tombera pas ». Mais pour Mohammed, c’est le règne du désespoir qui l’a emporté et il n’arrive pas à imaginer un avenir meilleur. « Quand le régime a soumis le camp à un blocus, on s’est dit que rien ne pouvait être pire que de mourir de faim. Quand Daesh est arrivé, on s’est dit, là encore, que rien ne pouvait être pire. Aujourd’hui, je me dis que le pire est peut-être encore à venir, mais je n’ose pas l’imaginer », confie-t-il, empli de douleur et de désespoir. Yarmouk, c’est sa Palestine à lui. Article initialement publié sur RFI, 10 avril 2015.


palestine 06 DOSSIER RÉFUGIÉS

LES RÉFUGIÉS PALESTINIENS ATTENDENT TOUJOURS

une solution par Hamdan Al Damiri, coordinateur de l’ABP Liège

Depuis soixante-sept ans, les cinq millions de réfugiés palestiniens sont toujours victimes de l'inertie de la communauté internationale et de l'impuissance de ses institutions. La naissance par la force et par la violence de l’État d’Israël en 1948 a entraîné plusieurs conséquences catastrophiques pour le peuple palestinien, dont les trois suivantes : la disparition de la Palestine comme pays de la carte, son territoire étant partagé entre Israël, la Jordanie et l’Égypte au lendemain du 15 mai 1948 ; la création du drame des réfugiés, près de 800 000 Palestiniens ayant été contraints de prendre le chemin de l’exil vers d’autres pays voisins, ou à l’intérieur de la Palestine historique, dans les territoires non contrôlés par Israël comme la Cisjordanie ou la bande de Gaza ; la disparition totale d’un interlocuteur politique palestinien sur la scène internationale pour défendre les intérêts du peuple palestinien. Il a fallu attendre 1974 avec la décision du sommet arabe de Rabat au Maroc, qui a intronisé l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) comme l’unique représentant du peuple palestinien, ce qui a permis un début de reconnaissance de l’OLP sur la scène politique et institutionnelle internationale.

Les réfugiés palestiniens ont un statut particulier reconnu par l’ONU dans le cadre de l’UNRWA. Ce statut englobe les Palestiniens qui ont dû quitter leur région en Palestine entre juin 1946 et mai 1948, ce statut tient évidemment compte de leurs descendants. L’UNRWA offre ses services dans 59 camps de réfugiés palestiniens répartis entre : – la Palestine : 19 camps en Cisjordanie et 8 camps à Gaza ; – la Jordanie : 10 camps ; – le Liban : 13 camps ; – la Syrie : 9 camps. Le nombre de réfugiés est en augmentation, les derniers chiffres font état en 2012 de l’existence de 5 271 893 réfugiés palestiniens identifiés par l’UNRWA. À l’évidence, sans la prise en charge et le règlement de cette problématique centrale qu’est la question des réfugiés, une solution pacifique au conflit israélo-palestinien paraît d’autant plus illusoire.

LES RÉFUGIÉS PALESTINIENS ET L’ONU Après la guerre de 1948, les Nations unies, lors de l’assemblée générale du 8 décembre 1949, ont décidé de mettre en place un organisme international temporaire pour s’occuper des réfugiés palestiniens, c’est l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (en anglais UNRWA). Cet organisme dont le mandat est régulièrement renouvelé devait offrir des services gratuits aux réfugiés palestiniens dans les domaines de la santé, de l’éducation (les 9 premières années d’études obligatoires et les formations professionnelles) et de l’aide humanitaire.

LA QUESTION DES RÉFUGIÉS PALESTINIENS EST UNE QUESTION POLITIQUE Depuis sa création en 1964, l’OLP a considéré, sur la base de la résolution de l’ONU 194, le droit au retour des réfugiés palestiniens comme une constante dans le combat national du peuple palestinien. Ce droit est d’abord individuel et personnel ; il est lié à chacun des réfugiés, c’est pourquoi aucune autorité politique ne peut le concéder ou y renoncer, il fonde également une revendication politique nationale sur laquelle les composantes du mouvement national palestinien sont unanimes ; enfin il est juridiquement


© Unrwa

fondé car relevant du droit international, la résolution des Nations unies 194 de 1949 accordant aux réfugiés palestiniens et à leurs descendants le droit de retour et d’indemnisation pour ceux qui ne désireraient pas en user.

LE DROIT AU RETOUR DES RÉFUGIÉS PALESTINIENS EN DANGER Depuis plusieurs années, la question des réfugiés fait l’objet de nombreuses attaques en règle, l’objectif principal en étant de l’affaiblir jusqu’à son effacement de l’agenda politique international. D’abord l’organisme des Nations unies concerné (l’UNRWA) a vu diminuer ses moyens financiers, cela a réduit en quantité et en qualité les services rendus au bénéfice des réfugiés palestiniens. Cette réalité conduit beaucoup de jeunes Palestiniens à tenter l’exil vers des pays lointains. Ainsi, le nombre de Palestiniens arrivés dans les pays européens depuis une dizaine d’années représente une réalité nouvelle à étudier. Sans aucun doute, la situation socio-économique bloquée dans le pays est la raison principale de leur départ. Ensuite, des initiatives politiques ont été prises en vue de trouver une alternative à la résolution 194 des Nations unies, c’est le cas à mon sens de l’initiative de paix arabe lancée lors du sommet arabe de Beyrouth en 2002. Cette initiative avance d’autres solutions que celle du droit de retour, prônant par exemple la proposition d’installer des réfugiés palestiniens dans des pays tiers comme les pays européens, le Canada, les États unis ou des pays arabes qui les accepteraient.

Sur le plan intra-palestinien même, la question des réfugiés est de plus en plus marginalisée dans le chef des institutions représentatives palestiniennes comme l’Autorité palestinienne ou l’OLP. Trouver à tout prix une solution au conflit israélo-palestinien conduit certains dirigeants palestiniens à perdre de leur fermeté dans la défense de ce droit ; certains d’entre eux ont proposé qu’une partie des réfugiés se trouvant dans des pays arabes depuis 1948 puissent intégrer le territoire du futur État palestinien au lieu de retourner dans leurs régions natales. Enfin, l’état de guerre dans certains pays arabes, comme la Syrie, la Libye ou l’Irak, pousse des réfugiés palestiniens à les quitter en demandant l’asile dans d’autres pays. En Syrie par exemple, des camps sont même détruits et des centaines de milliers de réfugiés sont déplacés par la force. Or la présence physique des camps des réfugiés est importante, elle constitue une preuve matérielle de l’existence de la question des réfugiés et rappelle de manière lancinante la nécessité d’y trouver une solution. Au lendemain de la création de l’État d’Israël en 1948, David Ben Gourion, Premier ministre israélien de 1948 à 1953, avait fait une déclaration devenue célèbre et dévoilant sa vision de la question des réfugiés palestiniens : « les vieux mourront et les jeunes oublieront ». La majorité des réfugiés palestiniens aujourd’hui n’ont pas oublié, ils continuent à réclamer fermement et avec force leur droit au retour.


palestine 08 RACISME

« EN ISRAËL,

un bon Arabe est un Arabe invisible

»

… ET UN BON AFRICAIN EST BLANC. par Marianne Blume

»

LA DÉMOCRATIE ISRAÉLIENNE RACISTE ? Les élections israéliennes ont donné lieu à un florilège de déclarations racistes ou à la limite du racisme. Il y a eu Netanyahou qui a appelé à aller voter car « Le gouvernement de droite est en danger. Les Arabes (des citoyens israéliens !) arrivent en masse aux urnes ». Puis on a entendu Lieberman, dont on connaît déjà la délicatesse, déclarer très simplement qu’il fallait décapiter à la hache ceux qui ne sont pas loyaux envers Israël, soit les Arabes. Puis encore Naftali Bennett, ministre de l’Éducation et des Affaires liées à la Diaspora dans le nouveau gouvernement, l’homme qui n’a aucun problème à tuer des Palestiniens, et qui sous-entend clairement que les citoyens arabes sont des voleurs de voitures. Quant au président du parti travailliste, Isaac Herzog, accusé par ses opposants de n’être pas un leader assez fort, son parti l’a défendu en diffusant une vidéo où ses camarades d’armée expliquent qu’il comprend la mentalité des Arabes et qu’il les a vus dans toutes sortes de situations, y compris à travers le viseur de son fusil… Que dire alors de Ayelet Shaked, actuelle ministre de la Justice, qui appelait notamment à tuer les mères des « terroristes ».

COMMENT LE RACISME SE PARE DES PLUMES DU PAON 2015. Lucy Aharish, une Palestinienne d’Israël, présentatrice vedette de l’édition anglophone de la chaîne d’infos i24news, a eu l’honneur d’être choisie pour allumer un des flambeaux sur le Mont Herzel, au Jour de l’Indépendance. Présentée officiellement comme l’exemple des Arabes israéliens qui « promeuvent le pluralisme social et la coexistence », elle est, comme le dit Gideon Levy, une bonne Arabe (Gideon Levy, In Israel, a good Arab is an invisible Arab, Haaretz, 12/05/2015). Elle n’a pas l’air arabe, elle ne s’habille pas comme une Arabe et elle n’a pas l’accent arabe. Elle est si bien intégrée qu’à l’égal du dernier des nationalistes juifs, elle décrie Haneen Zoabi (députée Balad qui défend avec force les Palestiniens d’Israël) et va jusqu’à se prononcer pour l’exclusion de celle-ci des élections à la Knesset. La même bonne Arabe avait, en pleine agression contre Gaza, fait une sortie contre le Hamas en

demandant « Pourquoi les habitants de Gaza ne se révoltent-ils pas contre le Hamas, qui les a placés dans une situation aussi inextricable ? ». Sa position est claire : « Nous avons d’autres choses à faire que combattre l’occupation et la discrimination (…) » (Nathalie Hamou, Lucy Aharish, l’Arabe israélienne qui défraye la chronique, CCLJ, 21/04/2015). Le choix de cette Palestinienne israélienne pour une cérémonie qui signifie pour les Palestiniens la Nakba démontre ce qu’Israël considère comme un Arabe acceptable : « Le deal est évident. Si vous vous comportez comme un Juif, parlez comme eux, vous serez considéré comme de bons Arabes et peut-être même comme des Israéliens ». (Gideon Levy)

COMMENT LE RACISME PERD SES PLUMES 17 août 2014. Morel Malka et Mahmoud Mansour. Il est Palestinien israélien de Jaffa, ville « mixte » ; elle est juive et s’est convertie à l’islam. Ils publient sur Facebook leur faire-part de mariage et aussitôt la machine raciste s’emballe. Lehava, groupe d’extrêmedroite qui milite contre « l’assimilation des Juifs et les mariages mixtes », appelle à une manifestation. Rien que de normal pour un tel groupe. Ce qui l’est moins, c’est qu’alors que le futur marié demande l’interdiction de cette manifestation, le juge l’autorise à condition que les manifestants se tiennent à 200 m de la salle de mariage. Les mariés sont alors obligés de recruter des gardes du corps pour fouiller les invités et vérifier les listes tandis qu’une centaine de policiers tentent d’éviter les bagarres. Quant aux invités, ils ont dû se frayer un passage sous les cris de « Mort aux Arabes » et « Arabes, faites gaffe, ma sœur n’est pas un bien public. » et autres slogans racistes, y compris contre Haneen Zoabi et Ahmed Tibi (deux députés arabes à la Knesset). Le père de la mariée n’est pas venu puisque sa fille épousait un Arabe. En permettant cette manifestation, la cour a donné une tribune à une organisation raciste et même si le président Reuvlin a félicité le couple, il n’a pas appelé à interdire Lehava ou à modifier les lois


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discriminatoires envers les Palestiniens israéliens. Il semble bien, comme le dit Mairav Zonszein, que ce genre d’organisation serve Israël dans sa volonté de préserver la souveraineté juive contre la « menace palestinienne » (Fighting for Israeli democracy atop a wedding cake, 27 août 2014). Pour Zvi Barel, le slogan «Arabes, faites gaffe, ma sœur n’est pas un bien public » résume parfaitement « les valeurs d’un État juif antidémocratique, chauvin, ultranationaliste et raciste ». Ce n’est pas le musulman qui est visé mais bien l’Arabe, ennemi national. (Arabs watch out (for Israeli racism), Haaretz, 20/08/2014) À signaler tout de même qu’une dizaine de contre-manifestants juifs étaient présents avec des fleurs et que le groupe Lehava les a copieusement vilipendés.

COMMENT LE RACISME N’A PLUS DE PLUMES L’Arabe n’est pas juif. Le Falasha (Juif éthiopien), lui, l’est. Est-il sauvé du racisme pour autant ? En réalité, il a une tare : il n’est pas un juif comme les autres, il est noir. C’est ainsi qu’une députée juive d’origine éthiopienne qui voulait participer à une collecte de sang à la Knesset en 2013 s’est vu répondre que « selon les directives du ministère de la Santé, il n’est pas possible d’accepter le sang spécial d’origine juive éthiopienne ». Rien d’étonnant puisque déjà en 1996, les dons de sang de cette communauté avaient été purement et simplement jetés à la poubelle. Le prétexte : risque de SIDA. Netanyahou s’en est ému et a déclaré vouloir revoir les directives… Rien n’a changé jusqu’à présent. Toujours en 2013, le gouvernement israélien reconnaît avoir procédé à des injections de Depo-Provera (un contraceptif) à des femmes d’origine éthiopienne, à leur insu et parfois de force. Pour Hedva Eyal, membre de l’organisation féministe Woman to Woman, il est clair qu’il s’agit de réduire la population noire. Au cours de sa recherche, interrogeant les officiels sur le nombre anormalement élevé de femmes falashas utilisant le Depo-Provera – par ailleurs dangereux pour la santé –, leurs quelques réponses manifestent

un racisme patent. On lui a suggéré que les femmes éthiopiennes devaient être traitées non de manière individuelle mais « comme un groupe dont la reproduction nécessitait un contrôle ». (Jonathan Cook, Israel’s treatment of Ethiopians “racist”, sur son site http://www.jonathan-cook.net ) Sait-on, par ailleurs, que les nouveaux immigrants ne sont pas considérés comme juifs et ne bénéficient pas de la loi du retour ? Ils n’obtiennent la citoyenneté israélienne qu’après avoir été placés dans des centres d’absorption où on les fait passer par un processus de conversion au judaïsme orthodoxe et où, le plus souvent, on a changé leur nom pour les judaïser. Mais le racisme anti-noir n’est pas qu’institutionnel. Bien que citoyens d’Israël, bien que juifs, les Falashas (2% de la population israélienne, 135 000 personnes) sont en butte aux discriminations à tous les niveaux : deux fois plus nombreux en chômage, quatre fois plus nombreux en prison. Des villes et des propriétaires refusent de les loger, des écoles refusent leurs enfants, la police les harcèle et l’armée ne les traite pas mieux. Plus d’un tiers des familles (38,5%) vivent sous le seuil de pauvreté, contre 14,3% dans l’ensemble de la population juive, et la plupart d’entre eux habitent des ghettos, des quartiers à l’allure de bidonville. Rien d’étonnant dès lors que, suite à la publication d’une vidéo montrant un soldat falasha agressé, battu et emprisonné par des policiers, la communauté falasha se soit mobilisée en mai et ait manifesté en masse à Jérusalem et Tel Aviv. Des manifestations réprimées avec une brutalité inhabituelle vis-à-vis de Juifs. Un manifestant brandissait une pancarte explicite : « En Europe, on tue des juifs parce qu’ils sont juifs et en Israël on tue des juifs parce qu’ils sont noirs ». Le racisme est une manière de tuer en effet.


palestine 10 ANALYSE GÉOPOLITIQUE

UN «NOUVEAU»

Moyen-Orient

par Paul Delmotte professeur retraité de politique internationale à l’IHECS

Un « nouveau Moyen-Orient » semble se mettre en place. Ce ne sera pas celui rêvé par George Bush junior, mais rien n’indique qu'il sera meilleur pour les peuples de la région. Ni pour le peuple palestinien. Guerre civile en Syrie et en Irak. « Arc chiite » contre « bloc sunnite ». Rapprochement entre Washington et Téhéran. Renforcement du « camp conservateur » au sein de la maison royale saoudienne. Dictature du maréchal Al-Sissi en Égypte. Victoire électorale de Netanyahou. Fractures inter-palestiniennes persistantes. Quel avenir dans tout ça pour la cause palestinienne ?

« ARC CHIITE » VS « BLOC SUNNITE » Lancée par Abdallah II de Jordanie en 2004, la vision d’un « arc chiite » menaçant la majorité sunnite au Proche-Orient a été reprise au vol par les Saoudiens au moment des « printemps arabes ». Elle est surtout, dit Clément Therme 1, un « slogan politique» des régimes sunnites autoritaires, en riposte au concept d’« axe de la résistance » des Iraniens ; un « outil diplomatique » contre ces derniers et un « vecteur de stabilisation politique interne ». L’on a en effet tendance à oublier que ce sont les « printemps arabes » qui ont mené en bonne partie à la situation actuelle. Et que l’un de ces premiers « printemps » à avoir été durement réprimé l’a été au Bahreïn par des contingents saoudiens et du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Les pétro-monarques ont eux aussi senti le sol trembler sous leurs pieds.

Rappelons quelles considérations ont poussé Obama à se rapprocher, au moins dès 2013, de l’Iran 2. Un rapprochement qui apparaît comme corollaire à la décision de réorienter la politique US en direction de l’Asie-Pacifique. Et qui offre certaines perspectives : ainsi, l’on peut supposer que Washington a voulu tirer parti de divergences, qui ne datent pas d’hier, entre l’Iran et son allié syrien 3. Obama a aussi dû faire le constat de l’émergence d’un nouveau danger : quoique financés par ses limited partners 4 – l’Arabie saoudite et le Qatar –, les jihadistes sunnites sont incontestablement – et n’en déplaise à certains obsédés du complotisme – des ennemis résolus de l’Oncle Sam. Ainsi que d’Israël. Et leur projet stratégique (du moins pour Daesh) d’une extension du jihad à l’ensemble du Proche-Orient, voire à l’ensemble du monde arabo-musulman, est plus qu’inquiétant. Pire encore est la perspective que cet internationalisme jihadiste s’autonomise de ses bailleurs de fonds. Comme l’observait il y a peu le journal turc Hurriyet (13 avril/Courrier international, 23.04-06.05.15), aucun des alliés arabes sunnites de Washington n’a pu faire preuve de stabilité, que ce soit face aux « printemps arabes » ou face aux jihadistes.

« ÉQUILIBRE DES POUVOIRS »

WASHINGTON-TÉHÉRAN : BACK TO 1978 ?

Tout cela signifie-t-il que nous assistons à une « volte-face » spectaculaire de la part des États-Unis ? Il serait plus réaliste de parler de « réajustements », dans le sens où Washington chercherait non pas à mettre fin à son alliance avec l’« axe sunnite », mais surtout à prendre ses marques et à garder également au feu le « fer chiite ». Plus qu’un revirement, Obama souhaiterait plutôt établir dans la région « un équilibre des pouvoirs où l’Iran jouerait un rôle important » 5. Ce qui n’empêche pas Washington de mettre en garde l’Iran contre une ingérence accrue au Yémen tout en ne soutenant que très mollement l’alliance anti-houthiste mise sur pied par l’Arabie saoudite. Et en faisant la sourde oreille aux demandes de Riyad de pousser le Pakistan à rejoindre la coalition 6.

L’on sait combien la Révolution islamique fut un coup dur pour Washington. Khomeiny laissait en effet le « Grand Satan » sans allié sérieux dans la région. En dehors, bien sûr, d’un Israël souvent récalcitrant et source de difficultés sans fin avec les alliés arabes.

Établir ne fût-ce qu’un modus vivendi avec Téhéran ne pourrait qu’aider Washington à se concentrer plus facilement sur l’Asie orientale. Alors même que le Moyen-Orient perd de son impor-

Une idée simple, même fausse, dit-on, passe plus facilement qu’une idée complexe et reflétant donc mieux les réalités. Riyad a réussi le tour de force de transformer aux yeux du monde des conflits avant tout politiques et sociaux en guerre confessionnelle. Le mythe d’une guerre fondamentale entre sunnites et chiites ne résiste, en effet, pas à l’examen. Comment expliquerait-il en effet – simples exemples – l’aura dont bénéficiait encore tout récemment le Hezbollah chiite dans l’ensemble du monde arabo-musulman ? Ou, jusqu’il y a peu, le soutien iranien au Hamas sunnite ?


En décembre 2012, Netanyahou déclarait publiquement que l’Arabie saoudite avait des « intérêts et des opinions communs » avec Israël. tance, gaz de schiste oblige. Face à un Pakistan devenu un partenaire si « limité » que l’administration Obama l’a fondu dans un AfPak (Afghanistan-Pakistan) plus qu’inquiétant – et à la veille du désengagement US d’Afghanistan, l’Iran serait le bienvenu à un poste de « vigile » bien rémunéré. On en reviendrait ainsi, pour l’essentiel, à la situation de l’Iran au temps du Chah. Plus : une telle perspective, écrit Young, ne doit pas être perçue comme relevant d’une éphémère administration Obama, mais risque d’être adoptée « par beaucoup de futurs dirigeants » américains. À l’opposé, pour Téhéran, une telle évolution pourrait s’avérer une « garantie » face aux velléités d’attaques israéliennes. Tandis qu’un règlement en Syrie lui permettrait d’économiser le coût pharamineux de son engagement aux côtés de Damas 7 et d’échapper au moins partiellement aux sanctions. Tout en conservant, grâce au maintien d’un régime « ami » à Damas, des liens directs avec le Hezbollah.

ALLIANCES, COOPÉRATIONS ET RETOURNEMENTS « CONTRE-NATURE » « Nouveau » ou pas, le Moyen-Orient restera « compliqué ». Les « alliances contre-nature », loin d’y être récentes, semblent connaître une vigueur nouvelle. Comme le montrent la situation en Syrie ou celle au Yémen. Illustration de cette stratégie de l’« équilibre des pouvoirs » ? Il est presque cocasse, en effet, de voir au Yémen les États-Unis se retrouver en quelque sorte et nolens, volens, du même côté que Daesh qu’il combat en Irak et en Syrie. Contre les houthistes, contre Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (AQPA) et contre l’Iran... dont il cherche à se rapprocher. Plus étonnant encore, en décembre 2012, Netanyahou déclarait publiquement que l’Arabie saoudite avait « des intérêts et des opinions communs » avec Israël 8. Et, en août dernier, il annonçait l’émergence d’un « nouvel horizon diplomatique » : un renforcement des relations avec l’Arabie saoudite et le CCG dans le cadre d’une

« diplomatie champignon », c’est-à-dire « de l’ombre », précise Le Monde (28.10.14). Il est clair que la réélection de Bibi fait l’affaire des dirigeants arabes : contre l’Iran, le Premier ministre est un allié pugnace. Enfin, l’attaque, le 18 janvier, d’un convoi du Hezbollah à la frontière du Golan par la chasse israélienne, dans laquelle ont péri un haut responsable hezbollahi, Jihad Mughniyeh, et un général des Pasdaran iraniens, est vue par certains 9 comme marquant la fin de « l’attentisme » israélien à l’égard de Damas. Face à la présence de forces iraniennes aux limites du Golan ainsi qu’en Syrie du Sud, les Israéliens verraient désormais des attaques directes contre la Syrie comme un moyen de pression sur l’Iran. Alors même que Washington aurait fait savoir aux Iraniens qu’elle s’abstiendrait désormais de cibler le régime de Bachar Al-Assad. Un substitut, en plus modeste (et plus acceptable, diplomatiquement parlant), à la menace de frappes israéliennes directes sur l’Iran ? À suivre: « Nouveau Moyen-Orient : et la Palestine ? »

1/ Diplomatie, n° 16, août-septembre 2013 2/ L’un des premiers signes concrets de ce changement de cap fut la livraison, en décembre dernier, d’armes « sophistiquées » (missiles et drones de surveillance) au gouvernement irakien de Nouri Al-Maliki, l’un des maillons de « l’arc chiite ». 3/ En septembre 2014, le président iranien, Hassan Rohani, exprimait au Washington Post sa « désolation » de voir la Syrie devenue « le théâtre d’une violence déchirante, incluant des attaques à l’arme chimique ». Début décembre, il disait souhaiter que Genève-2 mène à des « élections absolument libres et sans préconditions ». Comment Damas a-t-il dû comprendre ces propos ? 4/ Dans le jargon stratégique américain, les limited partners sont des alliés auxquels on ne peut faire totalement confiance. 5/ Michael Young, The Daily Star, 19 mars (Courrier international, 26 mars-1er avril) 6/ Le Monde diplomatique, mai 2015 7/ Selon LM (07.05.15), l’Iran pourrait récupérer 150 milliards de $ d’avoirs gelés en cas d’accord sur le nucléaire d’où les craintes du CCG de ce qu’un accord avec l’Iran permette à celui-ci d’augmenter son aide militaire à la Syrie, au Hezbollah et aux milices chiites d’Irak. 8/ Selon Marianne (23-29.11.13), le prince Bandar Al-Sultan avait rencontré en Jordanie le chef du Mossad en vue d’une autorisation de survol du territoire saoudien par des avions israéliens pour une éventuelle action contre l’Iran. 9/ Now, 20 février, in Courrier international, 5-11 mars 2015


palestine 12 ÉLECTIONS

IN EXTREMIS

entre extrémistes ! par Nathalie Janne d’Othée

Le 7 mai dernier, Benjamin Netanyahou a conclu un accord de coalition rassemblant une courte majorité à la Knesset. Cet accord est intervenu in extremis comme l’ont souligné de nombreux organes de presse. S’il a été effectivement annoncé juste à temps pour que le Likoud garde la main sur les négociations gouvernementales, il jette les bases d’une coalition menée par l’extrême droite. Le Likoud de Netanyahou s’allie en effet avec le Foyer Juif de Naftali Bennett, ainsi qu’avec Kulanu de Moshe Kahlon et deux partis ultra-orthodoxes, le Shass et le Judaïsme unifié de la Torah. Il obtient ainsi une courte majorité de 61 sièges sur 120 à la Knesset. La concession du ministère de la Justice au parti ultra-nationaliste Foyer Juif (Habayit Hayehudi) manifeste la position de force que ce parti acquiert dans la future coalition. Ce poste ira à la seule femme et la seule non-orthodoxe siégeant pour la formation à la Knesset, Ayelet Shaked. Sous ses dehors de jolie brune et de bonne mère de famille, Shaked s’est distinguée l’été dernier en relayant les propos du leader colon Uri Elitzur : « Ils sont tous des combattants ennemis, et leur sang devrait être sur toutes leurs têtes. Et cela inclut aussi les mères des martyrs, qui les envoient en enfer avec des fleurs et des baisers. Elles devraient suivre leurs fils, rien ne pourrait être plus juste. Elles devraient s’en aller, tout comme les maisons dans lesquelles elles ont élevé les serpents. Autrement, d’autres petits serpents y seront élevés » (“What does Israel’s new justice minister really think about Arabs?”, Haaretz, 11 mai 2015). En tant que ministre de la Justice, Shaked obtient aussi le contrôle du Comité ministériel pour la législation qui détermine quels sont les projets de loi que la coalition fera avancer et ceux qui seront bloqués. Le Foyer Juif obtient aussi la présidence de la Commission législative et constitutionnelle à la Knesset, lui concédant donc un contrôle inédit sur le système législatif israélien. Hayelet Shaked était une des plus ferventes défenseuses du projet de loi sur le renforcement du caractère juif de l’État d’Israël. Celui-ci sera donc sans doute parmi les premiers à être soumis au vote à la Knesset. La coalition gouvernementale s’est aussi engagée à présenter un projet de loi qui obligera toutes les ONG bénéficiant de contributions de l’étranger à requérir une approbation ministérielle et celle de la Knesset. Bref, sale temps pour les ONG de défense des droits de l’Homme et des Palestiniens qui n’obtiennent de soutien que de l’extérieur.

En analysant la répartition des portefeuilles, on peut donc prédire des années difficiles aux Palestiniens, qu’ils soient d’un côté ou de l’autre de la Ligne verte. Uri Ariel du Foyer Juif sera le prochain ministre de l’Agriculture, en charge entre autres de la question des Bédouins. Le Plan Prawer-Begin de déplacement forcé des Bédouins dans le Néguev ne pouvait tomber en de pires mains. Le Foyer Juif obtient aussi un vice-ministre de la Défense qui sera en charge de l’Administration civile, qui porte mal son nom puisqu’il s’agit de l’administration (militaire) des territoires occupés et de leurs habitants israéliens (colons) et palestiniens. Cette charge sera confiée à Rabbi Ben-Dahan, raciste notoire, ayant déjà déclaré que les Palestiniens n’étaient pas des humains, mais plutôt des animaux. (“Next head of ‘Civil Administration’ said Palestinians are sub-human”, +972Mag, 8 mai 2015). Naftali Bennett – Monsieur « J’ai tué beaucoup d’Arabes dans ma vie. Et il n’y a aucun problème avec ça » – sera quant à lui en charge des Affaires de la Diaspora et de l’Éducation. Pour ce dernier portefeuille, il entend se focaliser sur « la promotion de l’amour de la terre et du peuple juif ». Tout un programme… Moshe Kahlon a quant à lui négocié les ministères des Finances, de la Construction et de la Protection environnementale pour son parti Kulanu dont le programme est centré sur la situation économique et sociale du pays. Le parti orthodoxe-séfarade Shass obtient de son côté le ministère des Cultes ainsi que l’Économie et le Développement de la Galilée et du Néguev. Le parti Judaïsme unifié de la Torah obtient enfin le ministère de la Santé. Le Likoud garde pour lui les autres portefeuilles, dont l’Intérieur, la Défense et les Affaires étrangères. Netanyahou espère encore persuader l’Union sioniste d’Isaac Herzog et Tzipi LIvni de rejoindre la coalition gouvernementale. Certains portefeuilles clés pourraient alors leur revenir, dont sans doute les Affaires étrangères. En en donnant une image plus favorable à l’étranger, ce renfort parachèverait le tableau de ce gouvernement de tous les dangers.


palestine 13 ÉLECTIONS

CE QUE DISENT

les élections israéliennes

par Ilan Pappé, directeur du Centre européen d’études palestiniennes de l’université d’Exeter

J’ai été soulagé qu’un gouvernement sioniste libéral n’ait pas été élu. Il aurait permis à la mascarade du « processus de paix » de durer. DÉCOLONISATION Comme toujours, c’est Benjamin Netanyahou lui-même qui a fourni la conclusion en déclarant la fin de la solution de deux États. La puissance de cette escroquerie était visible aux yeux de tous quand les médias locaux avaient prévu une victoire pour le sionisme libéral représenté par la liste de l’Union sioniste d’Isaac Herzog et Tzipi Livni. Les sondages à la sortie des bureaux de vote réalisés par ces excellents statisticiens israéliens ont renforcé cette illusion : le fiasco ! L’attente du camp « libéral » s’est transformée en consternation face au triomphe de Netanyahou.

La communauté internationale devrait comprendre que seule la décolonisation peut mener à la réconciliation et ce, par les mêmes moyens que ceux utilisés contre l’apartheid en Afrique du Sud. Le choix de la campagne BDS n’a jamais paru plus judicieux qu’aujourd’hui. Les pressions conjointes de l’extérieur et du mouvement de résistance intérieur constituent la seule manière de forcer les Israéliens à repenser leurs relations avec les Palestiniens. Dans le cas contraire, nous pouvons nous attendre à ce que le Likoud gagne 40 sièges lors des prochaines élections, à la suite d’un prochain soulèvement palestinien.

DÉBÂCLE Il est intéressant d’entamer l’analyse des élections israéliennes par cette débâcle. Beaucoup de ceux qui votent pour le Likoud de Netanyahou sont des Juifs de la 2e génération venus de pays arabes et musulmans. Ils ont été rejoints cette fois par les colons de Cisjordanie occupée. Les Juifs arabes ont voté plus pour le Likoud que pour Netanyahou. Les colons ont fait de même aux dépens du parti La Maison Juive de Naftali Bennett. Résultat catastrophique pour les sondeurs ! Les seules nouvelles passionnantes concernaient le succès des citoyens palestiniens d’Israël, unis pour former la Liste commune, qui ont gagné la troisième place après le Likoud et l’Union sioniste.

LA VICTOIRE DU LIKOUD Les trois résultats (Likoud renforcé, Union sioniste défaite, représentation palestinienne unifiée et renforcée) devraient servir de catalyseur à une nouvelle réflexion sur la question de la Palestine. La victoire du Likoud, en dépit de l’agitation sociale en Israël et de la position de l’État juif dans le monde, indique clairement qu’il n’y aura aucun changement en Israël dans un avenir proche. Le parti travailliste a fait son maximum et n’est pas susceptible de faire mieux; il n’offre pas d’alternative vers une réconciliation avec les Palestiniens. Il n’est pas en mesure de concéder à des dirigeants palestiniens, même modérés, le moindre accord leur permettant d’exercer une véritable souveraineté.

Un élément neuf est l’existence de la Liste commune : elle peut stimuler l’imagination d’autres communautés palestiniennes sur la possibilité d’une unité dans les objectifs. Que les islamistes et les marxistes puissent agir ensemble pour un meilleur avenir serait exemplaire. Mais on peut aussi rêver de solutions alternatives car en dépit de sa cruauté, le projet sioniste n’est pas le pire de l’Histoire. Malgré la souffrance qu’il a causée l’été dernier à Gaza, il n’a pas exterminé la population locale et son projet de dépossession demeure inachevé.

VISION Le souhait des Palestiniens est de vivre une vie normale : sans discriminations en Israël, sans apartheid ni occupation militaire en Cisjordanie, sans bouclage de la Bande de Gaza, mais avec un droit au retour pour les réfugiés palestiniens. La communauté internationale peut jouer un rôle positif en soutenant cette vision si elle adopte comme principes de base que le sionisme est colonialiste et donc que l’antisionisme n’est pas de l’antisémitisme et qu’elle renonce au traitement préférentiel accordé à Israël au cours des ans, en particulier dans le domaine des droits humains. Il est urgent d’abandonner les vieilles formules pour la « paix » qui n’ont rien donné et de commencer à chercher des solutions justes et viables.

The Electronic Intifada, 20 mars 2015 (extraits choisis) Traduction : info-Palestine.eu / Naguib


palestine 14 PRISONNIERS

La détention

ARME DE CHOIX DU SOCIOCIDE PALESTINIEN par Nathalie Janne d’Othée

Observer de plus près la problématique des prisonniers palestiniens, c’est appréhender le fondement même de l’occupation. Israël utilise l’emprisonnement pour casser toute volonté de révolte au sein de la population palestinienne. Les mouvements exigeant la libération de tous les prisonniers palestiniens sont de plus en plus nombreux dans le monde. La mise en avant de certains cas de prisonniers emblématiques sert à attirer l’attention sur les milliers d’autres Palestiniens détenus en Israël. KHALIDA JARRAR La fille de Khalida, Yafa Jarrar, l’explique bien sur le site d’information Mondoweiss (2 avril 2015) : « Cette occupation est vicieuse et les antécédents montrent que toute personne qui dénonce son agression est une cible ». Khalida Jarrar ne cesse en effet de dénoncer les violations des droits de l’Homme commises par Israël. Militante palestinienne de gauche, membre du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), elle a été directrice de l’organisation de défense des prisonniers Addameer pendant 12 ans. Elle est par ailleurs députée au Conseil législatif palestinien depuis 2006. La nuit du 1er au 2 avril, 50 à 60 soldats israéliens ont fait irruption au domicile de Khalida et l’ont emmenée. Le motif d’arrestation : «incitation et participation au terrorisme». Khalida Jarrar a été retenue en détention administrative (sans preuves, ni procès) jusqu’au 5 mai. Depuis, Khalida Jarrar est néanmoins maintenue en détention dans la prison de HaSharon dans l’attente de son procès. Elle comparaitra devant une cour militaire pour des chefs d’accusation uniquement politiques : appartenance au FPLP, appel à la libération des prisonniers politiques palestiniens, prise de parole dans des événements publics… Mais Israël n’a rien à craindre, personne ne trouvera à y redire. Comme personne ne viendra lui reprocher d’incarcérer Khalida en dehors du territoire occupé, c’est-à-dire en totale violation de l’art. 49 § 1 de la IVe Convention de Genève, ou tout simplement d’arrêter un membre élu du parlement palestinien, empêchant ainsi le fonctionnement démocratique palestinien.

LINA KHATTAB Lina Khattab est étudiante en première année de communication à l’université de Birzeit, près de Ramallah. Elle est engagée dans l’activité politique étudiante, ainsi que dans la troupe de danse palestinienne El-Founoun. Le 13 décembre dernier, alors qu’elle manifestait avec d’autres étudiants près de la prison d’Ofer, Lina Khattab a été arrêtée pour « jet de pierres » et « participation à une

manifestation non autorisée ». Elle a écopé de 6 mois de prison ainsi que de 6 000 shekels (1200 euros) d’amende. Lors de sa comparution devant la cour militaire d’Ofer le 12 janvier, Lina s’est vu refuser sa libération conditionnelle sans aucun motif. Une fois la séance levée, la juge a laissé échapper : « En la regardant, je peux distinguer les caractéristiques d’une leader ». Et c’est là le principal motif de son emprisonnement : Lina Khattab est charismatique. En l’emprisonnant, Israël entend envoyer un message de dissuasion à tous ceux qui, comme elle, veulent organiser la société palestinienne pour résister à l’occupation. Lina est interdite de visites familiales pour un mois parce qu’elle a, comme cinq autres prisonnières palestiniennes enfermées dans la prison d’HaSharon, hissé un drapeau palestinien dans sa cellule le jour de l’indépendance d’Israël.

SHIREEN, SAMER ET MEHDAT ISSAWY Parmi les cinq femmes punies pour avoir arboré le drapeau palestinien dans leur cellule se trouve également l’avocate Shireen Issawy. Comme Khalida Jarrar, Shireen milite pour les droits des prisonniers palestiniens. Le 6 mars 2014, Shireen a été arrêtée à son domicile sans mandat. Elle a d’abord été retenue pendant un mois en détention arbitraire à Jérusalem, sans pouvoir recevoir de visites de sa famille, avant d’être transférée dans la prison d’HaSharon en Israël. Elle y est retenue depuis dans l’attente de son procès. Le frère de Shireen, Samer, est lui aussi en prison. Membre du Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP), Samer avait été arrêté une première fois en 2002 et condamné à 26 ans de prison pour appartenance à une organisation illégale, tentative de meurtre et détention d’explosifs. En octobre 2011, Samer a été libéré en même temps que 1027 autres prisonniers palestiniens dans l’échange négocié par le Hamas pour la libération du soldat israélien


© GUE

Gilad Shalit. Le 7 juillet 2012, Samer est à nouveau arrêté. D’août 2012 à avril 2013, Samer entreprend une grève de la faim pour protester contre sa détention abusive. Il est finalement libéré en décembre 2013… Et réarrêté fin juin 2014 en représailles au meurtre des trois jeunes colons. Le plus jeune frère de Shireen et Samer, Mehdat, a également été arrêté le 30 mars 2014 pour avoir participé à des activités de solidarité avec les prisonniers palestiniens et pour appartenance au FDLP. Leur mère, Leila, a ainsi trois enfants en prison.

LES GARÇONS D’HARES Mohammad Suleiman, Ammar Souf, Mohammed Kleib, Tamer Souf et Ali Shamlawi sont tous du village de Hares, situé près de la Route n°5, dans le gouvernorat de Salfit en Cisjordanie occupée. Lors des faits, ils avaient tous entre 16 et 17 ans. Le 14 mars 2013, une habitante de la colonie israélienne de Yakir rentrait chez elle quand elle a fait un accident sur ladite route. Ses enfants furent blessés, dont un gravement. Elle a attribué la cause de son accident à des jets de pierre. La nuit suivante, une cinquantaine de soldats israéliens ont fait irruption dans les maisons du village d’Hares en demandant à voir les adolescents. Plusieurs adolescents furent arrêtés. Les soldats revinrent encore quelques fois durant la semaine qui suivit et arrêtèrent au total 19 adolescents. Ces mineurs furent tous emmenés dans un endroit inconnu de leur famille. Aucun d’eux n’avait un passé de lanceur de pierres. Après des interrogatoires violents, la plupart d’entre eux furent relâchés sauf cinq, les garçons d’Hares. Les médias israéliens les avaient déjà tous condamnés avant même qu’ils ne « confessent » sous la torture le jet de pierres. Ils ont tous été inculpés pour le chef d’accusation de tentative d’assassinat. Le procureur israélien requiert 20 ans de prison à leur encontre. Plus de 60 personnes sont venues témoigner à charge à leur

procès, alléguant qu’elles aussi avaient reçu des pierres le même jour. Netanyahou a lui-même déclaré lors de l’arrestation des garçons « on a arrêté les terroristes qui ont fait ça ». Le verdict est donc annoncé depuis longtemps. Ils comparaissent maintenant, deux ans après leur arrestation, en avril et mai 2015, sans grand espoir. L’affaire des garçons d’Hares représente un dangereux précédent qui permettrait à une cour militaire israélienne d’inculper pour tentative d’assassinat des enfants palestiniens qui jettent des pierres.

SOCIOCIDE Certains des prisonniers sont des leaders charismatiques, mais tous ne le sont pas. Certains sont des militants armés, mais certains ne sont même pas militants… Leur point commun : ils sont tous Palestiniens. Femmes, hommes, adultes et enfants, peu importe. Les motifs de la détention sont souvent laissés à l’entière discrétion des autorités d’occupation israéliennes. La justice militaire israélienne – car c’est devant elle que comparaissent également les civils palestiniens – n’observe pas les mêmes règles que la justice civile. Il arrive aussi souvent qu’elle ne suive même pas ses propres règles. Cela rend ce système judiciaire à part aléatoire et opaque, en d’autres termes arbitraire, non démocratique. Israël maintient en permanence 4000 à 6000 Palestiniens dans ses prisons. 20% de la population palestinienne, 40% de la population masculine ont déjà fait un séjour plus ou moins long dans les geôles israéliennes. Tous les Palestiniens ont un proche, ami ou parent, en prison. Les différents parcours de prisonniers relatés dans cet article démontrent qu’Israël utilise la détention comme un outil pour détruire la société palestinienne et sa volonté de résistance. Israël se rend coupable, par ce moyen et par bien d’autres, de sociocide ou, en d’autres termes, de la destruction systématique de l’espace, du paysage, des maisons, de la politique, de l’économie, de la force de résistance mais aussi de la culture palestinienne.


palestine 16 JÉRUSALEM-EST

Rapport annuel

DES CHEFS DE MISSION DE L’UNION EUROPÉENNE par Katarzyna Lemanska

Chaque année depuis 2005, les diplomates des États membres de l’Union européenne postés à Jérusalem et Ramallah, appelés aussi « chefs de mission », établissent un rapport sur l’évolution (politique, économique, culturelle, religieuse) de la situation à Jérusalem-Est au cours de l’année écoulée. Le constat dressé, ils formulent des recommandations. Cette base de travail est ensuite transmise aux ministères des Affaires étrangères des États membres. PROCÉDURE La délégation de l’UE auprès de Jérusalem et Ramallah rédige une première version du rapport qui est retravaillée par les chefs de mission des États membres. La version commune sur laquelle ils se sont accordés est envoyée à Bruxelles. Aux prises avec la réalité de terrain, les diplomates en poste dans la région posent un constat plus lucide et avancent des recommandations plus audacieuses que celles qui seraient formulées à Bruxelles où le document est fortement édulcoré. Les recommandations sont en effet d’abord discutées au sein du groupe de travail du Conseil de l’Union européenne en charge du dossier, puis par les ambassadeurs des États membres au sein du Comité politique et de sécurité et, enfin, par les ministres des Affaires étrangères. Des blocages se manifestent tout le long du processus : certains États membres rejettent tout bonnement certaines recommandations et refusent que d’autres soient rendues opérationnelles. In fine, peu, voire aucune, ne sont appliquées. Les rapports, censés être confidentiels, se retrouvent presque systématiquement dans la presse. Européens et Israéliens s’en accusent mutuellement : les premiers voudraient ainsi accroître la pression sur Bruxelles afin de s’assurer qu’il y ait des avancées, les seconds voudraient tuer la poule dans l’œuf et empêcher qu’un débat serein puisse avoir lieu sur la question.

PRINCIPAUX CONSTATS DES CHEFS DE MISSION Les chefs de mission estiment que presque toutes les problématiques couvertes par leur rapport ont connu une détérioration sérieuse en 2014 : « l’expansion de la colonisation s’est poursuivie, y compris dans les zones très sensibles ; des politiques très restrictives sur

les constructions palestiniennes à Jérusalem ont été maintenues avec force et ont été suivies par des vagues de démolitions et d’expulsions ; l’éducation pour les Palestiniens reste inéquitable ; les Palestiniens continuent d’affronter des difficultés pour bénéficier des soins de santé ; l’économie de Jérusalem-Est ne montre aucun signe d’amélioration. De surcroît, Israël a remis en vigueur des mesures punitives, comme la révocation des droits de résidence et la démolition des habitations des Palestiniens impliqués dans des attentats. » Les politiques mises en œuvre de longue date par Israël font peser un sentiment de « menace existentielle » sur la présence palestinienne à Jérusalem. La colonisation dans des zones très sensibles (Har Homa, Givat Hamatos,…) s’est poursuivie, ce qui menace la solution des deux États. Les actes violents commis par Israéliens et Palestiniens se sont multipliés, ce qui a fait de 2014 l’année la plus troublée depuis la seconde Intifada. Les consuls ajoutent que « si l'on ne s’attaque pas aux causes profondes de cette violence, le résultat probable sera une poursuite de l’escalade, et une aggravation de la division extrême dont la ville a souffert au cours des six derniers mois de 2014 ». Les mesures prises par Israël afin de répondre aux troubles ont notamment « perturbé la liberté de mouvement, le commerce et les activités économiques et culturelles à Jérusalem-Est ». La montée des tensions autour de l’Esplanade des Mosquées « menace d’ajouter une composante religieuse au conflit ». Le régime de planification urbaine de la municipalité de Jérusalem reste une source de préoccupation importante en ce qu’il « soumet à de très sévères restrictions les activités de construction des Palestiniens, ce qui crée une grave pénurie de logements et d’infrastructures pour les résidents palestiniens et paralyse le développement ». Les révocations des droits de résidence de Palestiniens


PROJET DE TÉLÉPHÉRIQUE

Jérusalem-Est Vieille ville Mont des Oliviers Porte des immondices Jérusalem-Ouest Ligne verte de 1949

© Wikipedia

Ancienne gare Ottomane

PROJET DE TÉLÉPHÉRIQUE

à Jérusalem se poursuivent. La proposition de révoquer le droit de résidence de tout membre de la famille d’un Palestinien qui aurait commis un acte violent ou qui aurait exprimé son soutien à de tels actes a été soumise à la Knesset. En conclusion, les consuls soulignent qu’une action urgente est nécessaire. Sinon, 2014 pourrait s’avérer un tournant dans le processus qui mène à la perte du caractère unique de la ville et des perspectives de paix basées sur la solution à deux Etats.

La municipalité de Jérusalem a remis sur la table un projet controversé prévoyant la construction d'un téléphérique qui irait de Jérusalem-Ouest vers Jérusalem-Est. Ce projet a pour conséquences de : – renforcer l’annexion illégale israélienne de Jérusalem-Est, – renforcer les colonies illégales par la facilitation de la mobilité entre les colonies israéliennes à Jérusalem-Est occupée et Jérusalem-Ouest, – créer des structures permanentes à Jérusalem-Est occupée mais pas au bénéfice de la population palestinienne locale. Le téléphérique constituera un moyen de transport discriminatoire en faveur de la population israélienne et notamment les colons israéliens et les touristes étrangers depuis Jérusalem-Ouest, – exproprier illégalement des propriétés privées chrétiennes et des propriétés du « waqf musulman » (biens religieux de mainmorte, immobilisés au profit de fondations pieuses ou d’utilité publique).

RECOMMANDATIONS Les recommandations des chefs de mission sont regroupées autour de quatre axes : la préservation de la viabilité de Jérusalem comme capitale des deux États, le renforcement de l’identité religieuse et culturelle de Jérusalem, la fin de l’isolement socio-économique de Jérusalem et le renforcement du rôle, de la visibilité et des politiques de l’Union européenne.

étant violents, ce qui suppose qu’ils soient condamnés – dans les faits ceci n’arrive presque jamais). Fait intéressant et positif, la recommandation sur l’étiquetage des produits provenant des colonies renvoie également à « d’autres mesures possibles », sans stipuler lesquelles. L’interdiction de toute importation des colonies semble néanmoins la suggestion la plus probable.

Les 40 recommandations n’apportent rien de neuf. Certaines visent à renforcer des politiques déjà existantes (par exemple accentuer les efforts pour attirer l’attention des entreprises européennes sur les risques de travailler avec les colonies). D’autres proposent l’adoption de mesures déjà dans les tiroirs (l’avancement des travaux sur les lignes directrices pour éviter que des opérateurs touristiques ne soutiennent des activités économiques dans les colonies et l’adoption de mesures supplémentaires afin que les consommateurs européens puissent exercer leur droit à un choix informé sur les produits des colonies). D’autres encore sont impossibles à mettre en œuvre (notamment l’adoption de mesures contre les colons connus comme

En général, les mesures proposées visent à résoudre les problèmes constatés (par ex. encourager Israël à reconnaitre et respecter la dimension multiculturelle de Jérusalem ou assurer l’intervention de l’UE lorsque des Palestiniens sont arrêtés ou intimidés par les autorités israéliennes pour des activités non violentes). Aucune d’entre elles ne permet d’agir sur les causes structurelles du problème. Par ailleurs, les recommandations sont faibles au regard du constat sans appel qui est posé. De surcroit, les mesures reprises dans le rapport seront probablement réduites à peau de chagrin une fois remontées jusqu’aux ministres des Affaires étrangères, qui ne se priveront pas d’achever d’anéantir toute action possible.


palestine 18 SODASTREAM

Boycott

SODASTREAM ! par Simon Moutquin

Si la campagne BDS prend de l’ampleur à travers le monde, c’est que la contribution apportée par l’actrice américaine Scarlett Johansson a été significative. Ambassadrice de la marque israélienne SodaStream, auparavant implantée dans la colonie de Mishor Adumin, l’actrice américaine avait bien involontairement offert un surcroît de visibilité au mouvement de boycott, en préférant défendre les machines à soda plutôt que l’ONG Oxfam dont elle était également l’ambassadrice. VICTOIRE DU MOUVEMENT BDS FACE À L’ÉCONOMIE COLONIALE ISRAÉLIENNE ? Oui, en partie car pour la première fois, un mouvement citoyen est parvenu à toucher aux bénéfices nets d’une marque israélienne (moins 0,43 % au second trimestre 2014), mais il a surtout fait subir une chute vertigineuse à l’action SodaStream avec un repli de 44% sur l’année 2014. Sauve-qui-peut général! Les actionnaires de la marque à bulles se sont empressés de pousser la direction à annoncer un retrait des colonies et une nouvelle implantation au sud d’Israël, dans le désert du Néguev. Devant la chute des ventes et les pressions du mouvement BDS, l’entreprise israélienne avait en effet annoncé fin 2013 son intention de quitter la Cisjordanie et de fermer son site dans la colonie de peuplement, illégale du point de vue du droit international, rappelons-le.

UNE DÉFERLANTE SODASTREAM Nous sommes cependant bien loin d’une victoire… Avez-vous remarqué l’invasion de paquets cadeaux SodaStream dans vos grandes surfaces ? Et les spots publicitaires aux heures de grande audience sur une chaine nationale ? Cet été, SodaStream contreattaque et inonde le marché belge. Pire, nous l’avons appris il y a quelques semaines, à partir de cet été, les SodaStream seront réglables en eco-chèques distribués à 500 000 personnes en Belgique. Bonne nouvelle, dorénavant, l’occupation israélienne est subsidiée par la Belgique ! Malgré l’annonce d’un départ précipité de la colonie de Mishor Adumim, cette nouvelle vague de SodaStream dans nos magasins provient bien des territoires occupés et la vente de leurs appareils constitue toujours un soutien économique à la politique d’occupation israélienne. En Oregon (USA), les mouvements engagés contre cette politique sont parvenus à faire étiqueter « made in West Bank » ces appareils de provenance illégale afin d’informer les consommateurs. Rien de cela chez nous… malgré un avis clair du SPF Économie à l’égard des détaillants.

DÉPLACER L’EXPLOITATION DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA LIGNE VERTE De plus, si vos appareils SodaStream ne proviendront plus d’une usine implantée dans une colonie, la marque à bulles prévoit de maintenir des coûts de production très bas en s’installant à Leha-

vim, près du township de Rahat, ville de « regroupement » (lisez « de déplacement forcé »), de population bédouine. SodaStream met ainsi à profit la vision du général Dayan qui expliquait en 1968 « il faudrait que nous transformions les Bédouins en un prolétariat urbain, pour l’industrie, les services publics, la construction et l’agriculture. Le Bédouin ne vivrait plus sur ses terres, mais deviendrait une personne urbaine (…). Ceci serait une révolution, mais c’est réalisable en deux générations. Et ce phénomène des Bédouins disparaitra… ».

UNE CAMPAGNE ESTIVALE « BOYCOTT SODASTREAM » Par ailleurs, face aux échecs diplomatiques répétés et à l’impasse d’une solution politique, il va de soi que le boycott des produits israéliens, en provenance des colonies ou non, est dorénavant la seule alternative citoyenne et pacifique pour contraindre Israël à respecter le droit international. Aujourd’hui, le mouvement BDS continue de progresser de manière exponentielle à travers le monde, de manière plus rapide que celui d’hier contre le régime d’apartheid en Afrique du Sud. Face à la l’invasion de machine à bulles cet été, ouvrez l’œil et le bon ! Scarlett Johansson sera peut-être postée devant votre grande surface. Elle vous rappellera que, si nos entreprises, voire nos politiques, ne sont pas à cheval sur les droits de l’Homme, vous avez, vous, comme consommateurs et citoyens engagés, l’opportunité d’influencer économiquement cette entreprise afin qu’elle cesse de profiter de la politique d’occupation israélienne. Dans le meilleur des cas, on peut espérer que cette entreprise et d’autres fassent pression sur le gouvernement israélien afin qu’il s’engage en faveur d’une solution juste et durable pour les Palestiniens.

L’Association belgo-palestinienne vous invite d’ores et déjà à vous joindre à notre campagne estivale « Boycott Sodastream ». Plus d’informations prochainement sur notre site Internet ou par e-mail à l’adresse info@abp-wb.be. Rendez-vous le 20 juin pour le lancement de la campagne !


palestine 19 NEWS DU BDS Alors que SodaStream s’apprête à envahir nos grandes surfaces (voir article ci-contre), le mouvement BDS progresse encore à travers le monde. En Belgique, où des académiciens s’élèvent contre l’injustice, dans le monde culturel, quand des artistes refusent de se produire à Tel Aviv ou encore à l’autre bout de la terre, lorsque le refus de laisser entrer en Israël un de ses ministres provoque une vague de BDS en Afrique du Sud. Tour d’horizon des avancées du BDS.

News du BDS Belgique

USA

ULB - Pressions israéliennes, liberté d’expression en danger ? Largement commentée dans la presse, l’action du Cercle BDS-ULB organisée dans le cadre de l’Israel Apartheid Week a suscité une vive polémique au sein de l’Université libre de Bruxelles. Montée par des étudiants du Cercle des étudiants juifs de l’ULB, une vidéo tentait d’accréditer l’accusation selon laquelle des propos à caractère antisémite auraient été tenus lors de l’action. Alors que le recteur de l’ULB a démenti toutes ces assertions dans un communiqué de presse commun avec le cercle BDS et les étudiants à l’origine du montage vidéo, 75 personnalités en lien avec l’ULB ont appelé dans une carte blanche à la suppression du cercle BDS. Préoccupées par cet appel qui relève tout simplement de la censure, deux cents personnes de ou proches de l’université ont, quant à elles, défendu l’existence du Cercle BDS et rappelé le droit de débattre et de critiquer librement Israël, sans être aussitôt taxé d’antisémitisme, ce qui est purement et simplement « un outil d’intimidation intellectuelle qui n’a pas sa place dans la pratique du libre examen ». BACBI (Belgian Campaign for an Academic en Cultural Boycott of Israël) – le monde culturel et académique belge se mobilise en faveur d’un boycott des universités israéliennes Plus de deux cent cinquante universitaires belges ont appelé à un boycott complet et permanent de toutes les institutions culturelles et académiques israéliennes. Les signataires de cet appel demandent que cessent les violations continues des droits humains des Palestiniens. « Les universités israéliennes sont complices dans les politiques d'occupation et d'apartheid, soit par leur silence soit par leur coopération active avec l'industrie de l'armement et l'armée. » Il s’agit là d’une des plus importantes initiatives à travers le monde en faveur d’une rupture des liens avec les universités israéliennes, pour leur complicité dans l’occupation.

Lauryn Hill, la célèbre chanteuse Rnb, a décidé d’annuler sa venue en Israël dans le cadre d’un concert prévu le 7 mai. « J’aurais beaucoup aimé offrir un concert live dans cette partie du monde, mais aussi être présente pour soutenir la justice et la paix » a déclaré la chanteuse, qui précise qu’elle aurait aimé se produire à Ramallah.

ÇA BOUGE DANS LES UNIVERSITÉS BELGES

Grande-Bretagne SOAS REJOINT BDS !

La prestigieuse université londonienne School of Oriental and African Studies rejoint la liste des signataires du BDS. Lors d’un référendum, le corps professoral, les étudiant-e-s et les employé-e-s de l’université ont voté à 73 % pour la rupture des liens académiques entre Israël et leur établissement. L’université SOAS, classée parmi les 10 meilleures universités au monde dans ses domaines de compétences, devient ainsi la première université occidentale à rejoindre le BDS. En Belgique, même si aucune université n’a pour le moment fait le grand saut, rappelons que la Fédération des étudiants francophones (FEF) est signataire du BDS.

LAURYN HILL ANNULE SON CONCERT

Afrique du Sud

REFUS D’ENTRÉE EN ISRAËL, BDS S’ENVOLE Sacré coup de pouce donné à la campagne BDS; Blade Nzimande, le ministre sud-africain de l’Enseignement supérieur s’est vu récemment refuser l’entrée sur le territoire israélien. Après avoir déclaré qu’ « Israël essaie de subvertir la liberté académique, ce qui ne peut être toléré », il a aussitôt appelé les institutions académiques sud-africaines à rompre immédiatement tous leurs liens avec Israël. Depuis lors, cinq universités sud-africaines ont rompu leurs liens académiques avec Israël et dans la foulée, une vingtaine de grandes entreprises ont résilié leurs contrats avec l’entreprise G4S impliquée dans l’occupation en Palestine.

France

ORANGE COMPLICE DE L’APARTHEID ISRAÉLIEN Nos voisins français se lancent dans une grande campagne contre l’entreprise de télécoms Orange complice dans les attaques de 2014 contre Gaza. En effet, il est dorénavant avéré que l’entreprise française a fourni une aide matérielle directe aux forces israéliennes. Pire, depuis quelques années déjà, la firme « parraine » également deux unités militaires israéliennes. Lecteurs français… vous voilà prévenus !

Brésil

SI TU VAS À RIO… (CE SERA SANS ISDS) Suite aux pressions de plus de 60 organisations de la société civile brésilienne, le gouvernement brésilien a décidé d’annuler son contrat avec la société israélienne International Security and Defense Systems. Conclu dans le cadre des prochains JO de Rio en 2016, ce sont 2, 2 milliards de dollars d’envolés pour ISDS Company.


palestine 20 TTIP

LE TTIP AU SERVICE D’ISRAËL,

contre BDS ?

Nous vous en parlions dans notre précédent numéro, les mobilisations contre le traité transatlantique (TTIP/TAFTA) et celles pour les droits du peuple palestinien se rencontrent soudainement. Bien entendu, rares sont ceux et celles qui n’étaient pas déjà présents sur les deux fronts en même temps, mais la menace sur la campagne BDS est désormais inscrite dans le prolongement du traité UE-USA.

Il y a quelques semaines, le sénateur américain Cardin a déposé, avec l’appui du puissant lobby pro-israélien AIPAC, un amendement au projet de loi relatif au commerce entre les États-Unis et l’Europe, à savoir le déjà tristement célèbre Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP), dans le but de contrer la campagne BDS. Le succès sans cesse grandissant de la campagne BDS dérange en effet très fort les supporters inconditionnels d’Israël. L’amendement interdirait au gouvernement étatsunien de conclure le TTIP, ou tout autre accord commercial similaire, avec des partenaires qui ne s’engageraient pas à prendre toutes les mesures utiles pour « décourager toute action visant, pour des motifs politiques, à promouvoir le boycott, le désinvestissement ou les sanctions visant Israël et à éliminer toute barrière non tarifaire ayant des motivations politiques pouvant entraver le commerce de biens, de services ou autres imposée à l’État d’Israël ». Pour conclure des accords commerciaux avec les États-Unis, les États européens, ciblés par cet amendement, devront s’engager à interdire toute forme d’action ayant des motivations politiques visant à « pénaliser ou à limiter de quelque manière que ce soit » le commerce « avec Israël ou des personnes faisant des affaires en Israël ou dans les territoires contrôlés par Israël ». Si cette proposition était adoptée, les États-Unis chercheraient donc à imposer à l’Union européenne et à ses États membres l’abandon des mesures telles que l’interdiction récemment adoptée de financer par des programmes européens des initiatives israéliennes dans les territoires palestiniens occupés (les « territoires contrôlés par Israël ») ou l’étiquetage distinctif des produits provenant des entreprises installées dans les colonies illégales de Cisjordanie. La proposition Cardin a été adoptée au Sénat en commission par… 26 voix contre 0, et celle similaire du représentant Roskamp a pareillement été adoptée à la Chambre, où le débat a cependant été vif.

Les parlementaires étatsuniens semblent quelque peu mal à l’aise d’endosser aussi ouvertement les thèses de l’AIPAC, car – rapporte Mike Coogan sur le site Mondoweiss, à qui nous avons emprunté une bonne partie du contenu de cet article – les tractations politiques autour de ce texte ont été entourées d’un certain secret, et mercredi dernier la commission de la Chambre qui en débattait a soudain déplacé ses travaux dans une toute petite salle, juste avant de passer au vote, de manière à empêcher, faute de place, la présence du public. Le mouvement Jewish Voice for Peace (« Voix juive pour la paix ») a protesté, expliquant que l’amendement en question « encourage la construction de colonies illégales et tend à renforcer l’extrêmedroite israélienne », et ajoutant qu’il démontre aussi que « le boycott est un moyen de plus en plus puissant pour combattre l’impunité dont bénéficie la violation des droits des Palestiniens par Israël ». Même le mouvement J-Street, qui est hostile au BDS, a déclaré cette initiative parlementaire contre-productive, l’adoption de ce texte ne pouvant, selon lui, que renforcer l’influence du BDS en validant « une de ses thèses les plus fallacieuses, à savoir qu’Israël et les territoires occupés ne forment qu’un seul ensemble ». L’amendement du sénateur Cardin admet implicitement qu’il faut considérer « les territoires contrôlés par Israël » comme ne formant qu’un avec Israël,… ce qui à terme ne pourrait permettre qu’un État binational dans lequel les Juifs ne seraient plus majoritaires. J-Street rappelle aussi que les États-Unis sont toujours officiellement opposés à la colonisation de la Cisjordanie occupée par Israël.

Article publié par la Plateforme Charleroi Palestine (site www.pourlapalestine.be) le 6 mai 2015 et inspiré de l’article de Mike Coogan sur Mondoweiss.net : « AIPAC-backed legislation targeting BDS movement advances in Congress », 25 avril 2015.


palestine 21 WELCOME

Welcome !

par Babou

Ce 24 avril, je prends le vol Bruxelles/Tel Aviv, destination l’école de cirque de Ramallah pour un mois d’échange pédagogique. Sachant qu’à l’aéroport de Tel Aviv, les douaniers souffrent d’une allergie à l’évocation de la Palestine, entraînant des comportements suspicieux voire hostiles vis-à-vis de celui qui a prononcé le mot tabou, je prépare un petit scénario dans lequel je deviens une touriste en Terre sainte. Mais cette fois-ci, on ne me croit pas !

fuse. La menace, l’insistance, la calomnie seront utilisées tour à tour pour avoir ces noms. Mon refus restera ferme et signera mon retour en Belgique. Je suis alors considérée comme une personne potentiellement dangereuse. Ça devient angoissant, j’ai mal à la tête, je suis fatiguée, j’ai faim. On vient me chercher pour me fouiller.

Petite note pour comprendre la suite des événements: la première fois que je suis allée en Palestine et donc en Israël, c’était en 2007. Pour une raison inexpliquée, la douane m’avait laissée entrer dans le pays sans apposer un visa sur mon passeport. Suite à des soucis lors de passages de checkpoints en Palestine, je reçus du consulat de France un document indiquant que j’étais en mission culturelle en Palestine. Ayant utilisé ce document pour quitter Israël, il est évident que celui-ci a été enregistré dans les dossiers de la douane.

Seule dans une salle avec 3 agents : l’un m’interroge, l’autre prépare la machine à rayons X et le dernier ouvre mes valises…

Cependant, lors de mes voyages suivants, je taisais ma première venue et me faisais passer pour une touriste. Les douaniers jouaient le même jeu que moi et me laissaient passer. Je pensais utiliser la même conduite cette fois-ci… Ce fut un mauvais calcul de ma part !

C’est drôle et pathétique à la fois de voir ces gens sérieux, en uniforme, manipuler des jouets en plastique aux couleurs vives comme des bombes potentielles.

Je suis directement envoyée avec d’autres personnes dans une salle d’attente. La salle est gardée et, bien sûr, il y a des caméras au plafond. On nous appelle les uns après les autres à suivre des douaniers dans leur bureau. De 15h30 à 23h30, je serai successivement interrogée par 4 douaniers, ces interrogatoires entrecoupés de longues attentes. L’interrogatoire principal se déroulera avec un homme se présentant à moi comme «agent expert»; s’il m’interroge, c’est parce qu’il en va de la sécurité d’Israël. Il me demande d’être honnête, collaborante et tout se passera bien.

Balles, massues, diabolo, monocycle, trapèze ! Ils sont déstabilisés. Les monocycles et leurs tubes métalliques les laissent perplexes. Chaque objet est inspecté, soupesé, soumis aux rayons X, passé au contrôle de présence de poudre d’explosif.

Puis, c’est moi, la « terroriste potentielle », qui suis fouillée, des cheveux aux chaussettes. Bilan : Rien de dangereux ! Ni dans mes valises, ni sur moi ! Étonnant ! Je termine la nuit en centre de détention, enfermée dans une cellule avant d’être expulsée par le premier vol du matin. Escortée jusqu’à l’avion, je vois mon passeport remis à un steward avec interdiction de me le rendre avant l’arrivée à Bruxelles, où je serai accueillie par la police belge. M’escortant en voiture sécurisée, on contrôlera mon identité avant de me rendre enfin mon passeport et ma liberté. Face à mes « interrogateurs », j’ai été frappée par le fossé qui nous sépare : pour eux, je suis une personne dangereuse ; ils pensent que, travaillant avec des Palestiniens, je suis contre Israël.

Durant cet interrogatoire, je m’accrocherai le plus longtemps possible à mon scénario de vacancière mais les nombreux sous-entendus qu’il fera sur mon voyage en 2007, accompagnés d’une menace d’expulsion, me pousseront à dire la vérité.

De mon côté, je voyais des hommes et des femmes victimes d’une propagande déshumanisant les Palestiniens et tout ce qui est en rapport avec eux.

Comme je m’en doutais, la suspicion s’accentue, on me demande les noms des Palestiniens avec lesquels je suis en contact. Je re-

Face à ce constat, une question s’impose à moi : ne faudrait-il pas travailler avec les Israéliens ? Mais comment ?


palestine 22 LIVRES

livres

LA PAIX N’AURA PAS LIEU, DISENT-ILS

LA PALESTINE, UNE QUESTION JUIVE

par Richard Wagman, Édilivre, 2014, préface de Michel Warschawski

par Pierre Puchot, Éditions Don Quichotte – Le Seuil, 2015

LA MÉMOIRE DE LA NAKBA EN ISRAËL LE REGARD DE LA SOCIÉTÉ ISRAÉLIENNE SUR LA TRAGÉDIE PALESTINIENNE par Thomas Vescovi, Éditions L’Harmattan, collection Comprendre le Moyen Orient dirigée par J.-P. Chagnollaud, 2015, préface de D. Vidal

Richard Wagman, Juif franco-canadien, pur produit d’une vie familiale juive laïque progressiste, il immigre en 1990 en France où il fonde l’Union juive française pour la paix (UJFP).

À 35 ans, Pierre Puchot est journaliste à Mediapart, spécialiste du Maghreb et du Moyen-Orient auxquels il a consacré plusieurs ouvrages. Fruit de plusieurs années d’enquêtes et de reportages de terrain à Gaza, en Israël, en Cisjordanie et au cœur des colonies israéliennes, conçu comme un outil pédagogique enrichi de cartes, d’une bibliographie et d’une chronologie politique de 1947 à 2015, cet ouvrage plonge le lecteur dans le quotidien des acteurs locaux. Pour qui veut comprendre le conflit au Proche-Orient, il décrypte les enjeux qui dicteront le paysage de demain, de la stratégie politique de la droite israélienne à celle du Hamas, des efforts stériles d’une diplomatie américaine sans stratégie au soutien obsessionnel de François Hollande au gouvernement israélien, de l’isolement d’une Autorité palestinienne délégitimée à l’essor de la campagne de boycott contre Israël, hier tabou, et qui fait désormais son chemin, y compris au sein de gouvernements européens. (Extrait de la 4e de couverture)

La Palestine, c’est la question qui hante toute la communauté juive, suscitant en son sein des sentiments divers. Tantôt des sentiments de rejet, du déni, du refoulement, parfois de la honte, de la culpabilité, induisant haine et violence. Tantôt, la question fait naître chez certains Juifs doute, désarroi, remise en question des certitudes dont ils ont été bercés auparavant. Chez d’autres Juifs, elle inspire du regret, la sensation qu’on aurait pu régler le conflit depuis longtemps, si on l’avait voulu. Chez d’autres « Israélites » encore, elle éveille de la compassion, de l’empathie, voire de la nostalgie, surtout chez les Juifs expatriés originaires du Maghreb ou du Machrek, qui se souviennent de la coexistence paisible, agréable, douce, qu’ils ont connue avec leurs voisins musulmans sous les palmiers du monde arabe. Chez d’autres Juifs enfin, la question palestinienne encourage la solidarité, la fraternité, le désir de rapprochement, certains d’entre eux comparant le sort fait aujourd’hui aux Palestiniens à celui fait hier à leurs ancêtres dans les ghettos d’Europe. Quoi qu’il en soit, dans la communauté juive dans son ensemble, la question palestinienne ne laisse personne indifférent. C.S.

Thomas Vescovi est étudiant chercheur en histoire contemporaine, diplômé de l’Université Paris VIII. Pour Thomas Vescovi, l’année 1948 bien plus que 1967 est le cœur du conflit. La Nakba est, de loin, pour les Palestiniens, l’événement historique le plus traumatisant; le 15 mai 1948 est, pour les Juifs israéliens, leur fête nationale, un jour de gloire et d’honneur. Depuis mars 2011, une loi israélienne punit les organisations qui commémorent la Nakba le jour de la fête d’indépendance. Dans ce livre, l’auteur interroge les Israéliens sur ce qu’ils savent des événements de 1948, des réfugiés palestiniens, du récit officiel et des corrections apportées par les travaux des nouveaux historiens israéliens. Grâce à ces derniers, on sait que le discours dominant, à savoir que la terre de Palestine était vide et que le Palestinien n’existe pas, ne tient pas. Mais, pour l’auteur, dans le système israélien, l’empathie est inenvisageable : la société s’est constituée de communautés unies et cimentées contre un ennemi commun, éprouver ou exprimer de la pitié pour cet ennemi reviendrait à trahir le pays. C.S.


LANGUAGE OF WAR, LANGUAGE OF PEACE par Raja Shehadeh, Profile Books, London 2015.

COMMENT J’AI CESSÉ D’ÊTRE JUIF par Shlomo Sand, Paris, Flammarion, coll. Champs actuels, 2013

Raja Shehadeh est un écrivain de renom, avocat, fondateur en 1979 de Al-Haq, l’un des premiers groupes de pression en faveur des droits humains du monde arabe.

Dans ce livre court et de lecture aisée, Shlomo Sand s’interroge une fois de plus sur la judaïté. Il reprend l’idée qu’il n’existe pas de peuple juif comme d’ailleurs pas de terre revendiquée comme telle avant le 19e s. Il explique qu’en fait, il n’y a pas de culture proprement juive qui puisse rassembler tous les Juifs, ceux des pays arabes et ceux des pays occidentaux, ceux de France et ceux d’Amérique latine, etc. Il n’y a pas une langue, une cuisine, une musique juives, etc. Et l’histoire des Juifs n’est pas non plus une. Qu’est-ce qui fonde alors l’apparence d’unité ? Les pratiques religieuses, qu’elles soient dictées par la foi ou par la perpétuation de rites, comme la Bar Mitzvah. Dès lors, quand on est athée, où est la judaïté ? Dans les gènes ? Sûrement pas. En réalité, il y a un peuple israélien avec une culture israélienne. Shlomo Sand se sent donc israé-

lien, pas juif. Or Israël ne reconnaît pas de nationalité israélienne et inscrit sur les cartes d’identité juif, musulman, druze, etc. Quiconque est reconnu juif peut prétendre à la citoyenneté israélienne tandis qu’un Palestinien né et éduqué en Israël, parlant hébreu, se la voit refuser. C’est cela que critique entre autres Shlomo Sand. « Supportant mal que les lois israéliennes m’imposent l’appartenance à une ethnie fictive, supportant encore plus mal d’apparaître auprès du reste du monde comme membre d’un club d’élus, je souhaite démissionner et cesser de me considérer comme juif. » Personnellement, cet opuscule m’a beaucoup fait réfléchir et je le conseille vivement à ceux qui veulent en faire autant. M.B.

Ce petit ouvrage est basé sur 2 conférences que l’auteur a données, l’une à New York en 2013, la seconde à Londres le 28 mars 2014, pour le 10e anniversaire de la mort d’Edward Said. Les sujets abordés sont les thèmes de prédilection d’Edward Said, à savoir la culture, le langage et la politique, mais aussi le droit, par goût personnel de l’auteur. Secoué par une pièce de théâtre vue à Ramallah, celuici réalise à quel point le langage utilisé pour nommer les Palestiniens a évolué au cours du temps: de « citoyens » dans la Palestine mandataire, ils sont devenus « infiltrés » et « absents » dans la loi israélienne, puis « terroristes ». C’est en allant en auto, de Jérusalem à Jéricho, qu’il prend pleinement conscience de l’absurdité des routes séparées pour Palestiniens et Israéliens et des règles différentes en vigueur sur des terres voisines. Il le savait intimement, mais il n’avait jusque-là pas admis qu’à son corps défendant, il avait adopté le langage de l’occupant et abandonné le sien. Dans ce livre, il explicite comment les mots de l’occupant ont progressivement intégré les esprits pour s’imposer dans la vie courante comme dans les récits historiques et la couverture de l’actualité. C.S.


l’ A BP CET ÉTÉ À vos agendas, voici quelques rendez-vous à ne pas rater !

20 juin Journée d’action contre Sodastream à Bruxelles et en Wallonie. Contactez-nous pour être mis en contact avec l’équipe la plus proche de chez vous ! 8 juillet Actions Stop au blocus de Gaza. Un an depuis la dernière attaque contre Gaza et rien n’a changé: tout est à reconstruire et le blocus est toujours là ! 29-30 août Un espace Palestine à la Fête des solidarités à Namur. Lors de la 3ème édition de ce rassemblement solidaire, l’ABP animera un bel espace dédié à la Palestine : sensibilisation, jeux, initiations à la culture palestinienne, expositions photos et bien d’autres surprises ! En partenariat avec la Coordination namuroise belgo-palestinienne et Maramiya, centre culturel palestinien. Rejoignez-nous lors de cette fête estivale ! 5 septembre Assemblée de rentrée de l’ABP. Journée de rencontre, d’échanges et de planification avec les membres et les régionales. Pour recevoir par mail l’agenda complet des actions et évènements culturels autour de la Palestine, inscrivez-vous à notre agenda belgo-palestinien sur www.association-belgo-palestinienne.be

éditeur responsable Pierre Galand – rue Stévin 115 à 1000 Bruxelles

Pour plus d’informations, contactez l’ABP sur info@abp-wb.be


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