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William Wouters, Président de l’ASI
Le changement climatique est à l’ordre du jour, et la façon dont nous produisons le vin évolue sans arrêt, mais il y a une constante. C’est le sol. Comme nous le rappelle si éloquemment Alice Feiring, l’une des rédactrices invitées de cette édition, ainsi que le géologue Alex Maltman et John Szabo MS, il s’agit de la variable constante. Le monde du vin a connu des décennies de manipulations et d’altérations. Bien que ces vestiges de la pensée “science contre nature” subsistent encore, je suis heureux de dire que la grande majorité de la production de vin de haute qualité revient à des processus plus naturels, à la fois dans le vignoble et dans la cave. Il n’est donc pas surprenant que les sommeliers se soient ralliés à cette tendance, en intégrant de plus en plus de vins durables, biodynamiques et naturels dans leurs cartes des vins.
Avec la prise de conscience du rôle de la nature dans les vins que nous servons et dégustons, nous parlons de plus en plus du sol. Certains sommeliers identifient même le sol sur leur vin et quelques-uns organisent même leur carte en fonction du sol. La question est de savoir comment et dans quelle mesure le sol contribue au caractère d’un vin. Nous connaissons et aimons tous de nombreuses régions viticoles dont la réputation repose sur leurs sols. Avons-nous accordé trop d’importance au sol dans ces régions ? Peut-être pas assez ? Attribuons-nous les bons attouts au caractère organoleptique d’un vin en fonction de ce qui se passe sous la terre ? Devrions-nous accorder plus d’attention à ce qui se passe au-dessus du sol ? Après tout, le sol ne nourrit pas seulement la vigne, mais aussi toute la flore et la faune qui cohabitent avec elle. Comment cela se passe-t-il ? Dans cette édition, outre nos rédacteurs invités, nous avons demandé à des sommeliers tels que Reeze Choi (Chine), Romain Iltis (France) et Heather Rankin (Canada) de nous faire part de leur point de vue sur le lien entre le sol et ce qui se trouve dans le verre. Nous avons demandé à d’autres de partager leur “amour de la terre” en identifiant les vins qu’ils aiment et le sol dans lequel ils ont grandi.
Si l’on parle de l’influence du sol, ne faut-il pas aussi parler des racines qui transmettent les nutriments et qui sont peut-être finalement responsables de ce que l’on trouve dans le verre ? Peut-on parler d’influence du sol si les raisins ne sont pas cultivés de manière biologique ou biodynamique ? Peuvent-ils émettre le véritable langage de la terre si les vignes ne sont pas enracinées ? Nous avons interrogé Francisco Figueiredo, de l’Adega Regional de Colares, et Loïc Pasquet, de Liber Pater, dont les opinions tranchées sur les vignes enracinées sont à la fois fascinantes et opposées sur ce sujet.
Il s’agit d’une édition qui, nous en sommes convaincus, suscitera la réflexion, voire le débat. Comme le dit l’auteur français Joseph Joubert, “il vaut mieux débattre d’une question sans la régler que de régler une question sans la débattre”.