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Sidi-el-Béchir entre passé et présent

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Table des figures

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2.2. Sidi-el-Béchir entre passé et présent 2.2.1. L’origine de l’appellation

Le quartier détient son appellation d’un saint personnage d’origine Kabyle « Sidi-el-Béchir Zouawi», un homme pieux et érudit de culte qui au dix-neuvième siècle fondit une filiale de la zaouïa Rahmounia (confrérie algérienne puissante) où il a enseigné le « Fikh » et le « Hadith » à la mosquée el kssar23 , Sidi el Béchir a mis les conditions de mariages qui sont prises en considération jusqu’à nos jours dans quelques régions24. Il est décédé le 4 mai 1827 et inhumé au cimetière elJallez25 .

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2.2.2. La porte extérieure- يناربلا بابلا

Depuis sa formation le faubourg sud à l’exception de celui du nord hébergeait la population venant du sud de la capitale, des régions centrales et des pays avoisinants. Son emplacement suggère que ces groupes de personnes entreprenaient leurs commerces et approvisionnaient la médina pendant que ses portes étaient ouvertes.

L’emplacement reculé de cette région et son interaction directe avec la population de l’arrière-pays lui a valu un caractère spécifique d’où le dicton: « لاينارب ىلع ناك يوضي ام ةرانم باب ليدنق », dont la traduction littérale est « la lanterne de Beb Mnara n’éclaire que l’étranger». En effet cette porte à l’ouest de la médina appelée à l’époque des Hafsides « porte du fanal » illuminait avec sa lampe à l’huile la route des caravanes la nuit.

Bab Alioua quant à lui voyait passer les caravanes de légumes et de poteries venues de Nabeul et Hammamet, les pierres arrachées aux carrières de Kedhel, les olives et les vins de Grombalia et de Bir elkassaa.

23 Mosquée el Ksar, rue Beb Mnara fondit au XIIème siècle et rattachée á la demeure royale Dar Hussein 24 Dans la délégation de Joumin, entre mateur et Beja, les rituels de mariage prennent place auprès de la Zaouïa Sidi-el-Bechir où les frais de mariage sont fixés à 69 millimes, et ou l’époux n’est redevable que d’un festin (ةعصق) se résumant à un couscous décoré de confettis. 25 Les saints et les zaouias, sidi el bechir et sayda manoubeya, url: https://lessaintsetleszaouias.wordpress.com/2018/04/23/82/ , consulté le 19/01/2019 La mémoire de Sidi Béchir Ziri, son mausolée et sa mosquée, Hatem Bourial, url :http://www.webdo.tn/2017/04/28/memoire-de-sidi-bechir-ziri-mausolee-mosquee/ , consulté le 30/11/2018

Autre la porte de Beb el Fallah au long de la rue du même nom représentait une brèche dans les remparts ou les citadins autrefois fuyaient la ville aux temps des guerres espagnoles. Longeant la porte on trouvait le souk à bétail et les immenses abattoirs, c’est à partir de là que la viande prenait son chemin aux boucheries tunisoises.26 Aujourd’hui encore on peut entendre parler de « Nahj el Mosran » (rue des intestins) qui suggère par son appellation son vécu.

Tout au long de la rue Sidi-el-Bechir on retrouvait les marchands qui proposaient depuis leurs magasins de stockage les produits primaires et dérivés comme l’orge, le foin, le pois chiche et le caroubier.

Outre les activités économiques, le quartier et ses alentours sont riches en monuments religieux comme les medrassas, les zaouïas et les mosquées, on estime que pas moins de 2000 personnages saints et oulémas (Sidi bou Medien, Sidi Belhsan, Sidi Zlizi, Sidi Brahim..) se perpétuaient à ces alentours pour cultiver la recherche et la culture. La rue de Sidi-el-Béchir voit aussi défiler les enterrements car le principal cimetière musulman n’est pas loin.

Figure 19 : Rue Sidi-el-Béchir lors des rituels d’enterrement Source : Musée Maghrébin de la Photographie et de la Carte Postale Ancienne Figure 18 : La deuxième porte de Beb Alioua Source : Musée Maghrébin de la Photographie et de la Carte Postale Ancienne

26 Bailhe CL, Balthazar JL (1987), Algérie -Tunisie - Maroc Au temps des Diseurs de Bonne Aventure

2.2.3. Caractéristiques urbaines et architecturales

Partant du positionnement que l’architecture est la concrétisation des aspects sociaux, économiques, politiques, religieux et culturelles, l’interprétation de la médina a longtemps été péjorativement perçue par les critiques et les romanciers explorateurs, ignorants ou peu investisseurs dans la compréhension de la structure, ils nous ont véhiculés une cité impossible, sombre et mystique.

« L’ahurissement et la crainte s’étaient emparés de nous. Perdu au milieu de cette foule d’orientaux graves, dédaigneux ou terribles, il nous semblait que par une audacieuse intrusion nous avions franchi le seuil sacré d’une ville interdite. Nous avions peur ! » (Léon Michel)27

On parlait ainsi d’architecture voilée qui reflète le culte islamique et on oubliait que les maisons à vestibules et chicanes proviennent de la civilisation mésopotamienne, on s’inquiétait au sort de l’hygiène et de l’entretien des bâtiments publics sans conscience que habous et awkafs représentaient des institutions et des outils qui déversaient des revenues pour entretenir ces monuments.

Roberto Berardi dans sa démarche analytique a pu éclaircir la relation entre les rapports socioculturels et la structure qui régit les bâtiments de la médina. Par le biais des relevés que Berardi a effectué, il a pu dégager les constituants unitaires « elements discrets », qui selon certaines configurations « mise en service » et « simple addition » agencent les équipements comme les souks, les maisons a patio, fondouks et autres.28

Figure 20 : Les elements discrets Source : Le signe de la Médina. La morphologie urbaine selon Roberto Berardi

27 Léon Michel (1867), Tunis : l'orient africain, arabes, maures, kabyles, juifs, levantins, scènes de mœurs, p.102 28 Berardi Roberto (1969), Le signe de la Médina. La morphologie urbaine

La génération de l’espace urbain :

 1ere opération : La mise en série de l’unité « l’enclos »  2eme opération : La disposition de ces séries définit la nature de l’activité, (a) : suggère la direction alors que (b) : regroupe autour d’un évènement  3eme opération : L’ajout des murs donne un caractère statique à l’espace (a) : Souk, (b) : Fondouk  4eme opération : Représente le développement de ces espaces (a) : l’annexion d’une autre série en parallèle exprime la complémentarité (b) : la destruction du périmètre change le programme de l’espace

Sous l’influence du culte et des pratiques sociales, la médina de Tunis a formulé un vocabulaire de dualité joignant privé et public. On peut retrouver cette notion en prenant le chemin des rues des souks jusqu’aux impasses menant aux demeures à patio les plus richement décorées.

Les façades sobres renvoient à la règle religieuse et les convenances sociales selon lesquelles l’exhibition des richesses déstabilise l’égalité, l’intimité et l’ordre, atouts indispensables pour le maintien de l’équilibre communautaire.

La privatisation de l’espace est maintenue graduellement par les réseaux de voiries, on retrouve les grandes rues qui desservent les ruelles moins vastes qui a leur tour renvoient aux impasses. Les rues se joignent pour former l’étendu des activités sociales et commerciales (les souks, les mosquées,..), complémentaires et accessibles à tous les usagers, ces rues sont alimentées par les ruelles qui renferment les besoins de la communauté locale (ateliers, épiceries,..). Encerclé autour de ces ceintures l’espace résidentiel jouit d’un emplacement privilégié desservit par les impasses qui par leur nature trompent et découragent la mauvaise curiosité

Rue

Ruelle

Impasse

Figure 21 : La privatisation de l’espace par le réseau des voiries Source : Coloriage de l’auteur sur fond U.S. Army Map Service, 1942-1943

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