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Intentions Urbaines
4.1. Intentions Urbaines
4.1.1. Contextualisation
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Le renouvellement urbain, la régénération urbaine (terme anglais) ou le redéveloppement urbain (terme américain) sont des terminologies qui renvoient à la reconstruction de la ville sur elle-même. Cette méthode sous-entend le recyclage des ressources bâties et foncières afin d’intensifier les zones urbaines et de limiter l’étalement rural.
Cette notion varie selon les pratiques, l’échelle, les intervenants et le contexte où l’époque haussmannienne renvoie à la démolition/ rénovation, l’après-guerre mondiale à la reconstruction, et aux années 80 la définition se rattache au développement durable et à la réhabilitation des quartiers populaires insalubres.
Récemment, on adopte les notions de l’intégration et de l’inclusion sociale comme paramètres pour la planification du programme, d’autant plus ces manœuvres sont étroitement liées à des lois qui régulent la gentrification (conséquence généralement systématique).
Dans le suivant du travail nous analyserons des projets de requalifications urbaines afin d’orienter nos choix dans l’établissement du plan de régénération, en adéquation avec le bilan rétrospectif du quartier. Les interventions urbaines présentées portent sur les critères que nous adopterons au long de la phase ultérieure :
L’apport de la société civile dans un projet urbain
Le recyclage des délaissés urbains comme moteur de développement
L’inclusion de la communauté locale pour garantir l’adaptabilité du projet
4.1.2. Projets de référence
New York High Line
Situation :
La ligne de métro désaffectée a été construite en 1930, elle couvre une longueur de 2,5 km de voies ferrées aériennes. Le rail a été abandonné au profit de la route aux années 60 pour devenir une friche urbaine occupée par les herbes folles. Manhattan, New York, Les Etats-Unis
Intervention :
Steven Holl, architecte proposait en 1979 de réaménager la ligne en jardin suspendu et de réhabiliter les immeubles rattachés en lofts et en logements sociaux.
40 ans plus tard une association locale s’est mobilisée pour obtenir un gain de cause de la ville.
Les fonds financeront la restauration et l’aménagement des rails et la rénovation des immeubles avoisinants, pour devenir le plus long toit vert au monde avec plus de 100 espèces végétales et un programme varié.
Figure 41 : La requalification de la High Line Source : https://www.thehighline.org
The Priest’s Mill
Situation :
Lodz a perdu sa population juive et allemande entrepreneuse et créative après la deuxième guerre mondiale. Les réfugiés-villageois se sont installés dans la ville, ce qui a induit à l’appauvrissement des investissements dans l’immobilier (devenu public) et l’effondrement de l’industrie de textile (années 90). Priest’s Mill, Lodz, Pologne
Intervention :
Le gouvernement polonais et l’union européenne ont financé le projet :
Créer une école de Design complémentaire à l’académie d’art et maintenir l’environnement adéquat par l’encouragement et la facilitation d’installation des professionnels créateurs. Maintenir l’intégration et la mixité sociale par la mise en disposition de 20 médiateurs capables d’assister les habitants dans leurs choix financiers locaux et les regrouper autour des problèmes de leur quartier.
Figure 42 : La requalification de Priest’s Mill Source : https://urbact.eu
Jangsu Village
Situation :
Le village de Jangsu est un quartier au centre de la capitale Seoul qui a risqué d’être rasé par le projet de développement de 2004 dû à l’absence d’investissements et la détérioration de l’infrastructure. Les habitants sont majoritairement des migrants recasés après la guerre coréenne, 65% sont âgés de plus de 60 ans et dont les ressources sont limitées. Jangsu Village, Seoul, Corée du sud
Intervention :
En 2008, les résidents ont pris l’initiative en désignant leur propre architecte et en dessinant leur propre projet de régénération.
En 2013, les habitants ont demandé le financement de leur projet auprès de leur municipalité.
Les fonds contribueront à l’adduction de gaz et de l’électricité, la réhabilitation des habitations, l’aménagement du quartier et la création de centres pour personnes âgées, ou les résidents dépendants peuvent se réunir et passer le temps ensemble.
Figure 43 : La requalification de Jangsu Village Source : https://seoulsolution.kr
4.1.3. Diagnostic et intervention urbaine
La requalification spatiale commence avec le recyclage des délaissés urbains qui représentent un obstacle au développement, ces délaissés se présentent en des composantes architecturales comme les projets non-abouties, les interstices, les fractions d’espaces, les Junkspaces45, les dents-creuses ou l’occupation clandestine de l’espace.
D’après l’enquête sociale qu’on a recueille et l’analyse morphologique effectuée, nous avons repérer des espaces qui présentent des anomalies (d’ordre fonctionnel, spatial, conceptuel et autres). Ces espaces en mutation qu’on appellerait délaissés urbains sont cités dans les témoignages des habitants comme origines de la situation défavorable du quartier et du malaise de ses occupants.
Il nous est alors indispensable dans la suite du travail de décortiquer la situation actuelle de chaque délaissé urbain et d’identifier les causes équivalentes afin de déterminer le mode opératoire et l’intervention à suggérer à chacun d’entre eux.
Il est aussi important de préciser que ces espaces à recycler présentent malgré leurs situations un potentiel déterminent qui s’étale sur la qualité spatiale qu’ils offrent, la nature d’activités atypiques qu’ils proposent ou encore le profil d’usagers qui fréquentent ces délaissés.
Partant de ces espaces comme matière primaire, nous établirons en amont un plan de sauvegarde et de mise en valeur qui tiendra à agencer ces délaissés pour créer un réseau local visant l’autonomie du quartier et l’autosuffisance de ses équipements.
45 Terme utilisé par Rem Koolhaas
Ce plan traitera des besoins des habitants précédemment listés et couvrira ainsi les secteurs de :
La société ; assurer l’intégration des différents usagers du quartier en proposant des espaces communautaires implicatifs, suggérer des activités ludiques représentatifs de la mixité social et projeter des scenarios hebdomadaires qui incluent les habitants dans la représentation de leur espace.
L’Economie ; organiser les ressources matérielles et humaines autour d’un plan structuré, proposer un espace qui réunit différents corps de métiers et offre des opportunités d’emploi et propose un programme flexible et une économie alternative.
Le divertissement ; offrir des espaces adéquats pour la détente et les loisirs sans compromettre les différentes tranches d’âges existantes et leurs gouts ; des jardins publics, des espaces de spectacles et des aires de jeux.
La culture : Introduire un centre représentatif de l’identité et de la culture des quartiers de la médina de leurs savoir-faire, leurs coutumes et leurs mythes.
Réinterpréter le savoir-faire artisanal en s’appuyant sur l’emplacement géographique du quartier et en élaborant des connexions entre les tissus urbains avoisinant et contrastants.
Le programme et la nature d’activités affectés à chaque délaissé portera sur les critères de ; l’emplacement, la superficie et l’état actuel des lieux. Les espaces énumérés par les habitants précédemment et les problèmes qui lui sont liés représentent la clé de voute capable de supporter les besoins quotidiens et de redistribuer les charges afin de maintenir la cohésion sociale nécessaire.
Intégration Echange Société
Partage Mixité Production Transaction
Economie
Recyclage Croissance
Quartier Sidi-el-Béchir
Jeux Rencontre
Divertissement
Créativité
Repères
Culture
Sport Loisirs
Figure 44 : La requalification sectorielle de sidi-el-Béchir Source : Dessin de l’auteur Identité Valeurs
Inventaire des délaissés urbains
1 2 3 4 5
6 7 8 9
Figure 45 : Les délaissés urbains à Sidi-el-Béchir Source : Photos prises par l’auteur- Dessin de l’auteur sur fond de google maps (2014)
2 8
7
1 6
3 4
9
Figure 46 : Les délaissés urbains à Sidi-el-Béchir Source : Dessin de l’auteur
5
Requalification des délaissés urbains
1
Etat des lieux : Le Rez-de-chaussée des immeubles est majoritairement inoccupé, l’espace couvert sert à un dortoir pour les SDF ce qui pousse les passagers à user de la rue véhiculaire comme circulation piétonne. Suggestion : Réhabiliter les locaux du RDC pour y introduire le commerce de fripe (activité non structurée mais répondue), et allonger le cycle de vie de cette activité en aménageant les locaux à trier le chiffon et à recycler le surplus en matière première.
2
Etat des lieux : Ce terrain rassemble des contenaires en tôles d’aluminium et de zinc prévus d’accueillir les commerçants de fripe, ce projet inachevé est devenu un dépôt de déchets ménagers. Suggestion : Récupérer les tôles et les utiliser comme matériaux pour un projet capable d’offrir des possibilités d’emploi aux habitants, de créer un savoir local capable d’endurer les mutations.
3
Etat des lieux : Le commerce de chiffon est aléatoire, non structuré qui s’étale sur l’espace public et s’entremêle au souk, ce qui défavorise la salubrité du quartier.
Suggestion : Relocaliser et structurer cette activité dans les locaux des immeubles de rapport, l’organiser selon la nature des ventes et dégager l’espace public.
4
Etat des lieux : Le souk de Beb-el-Fella est à l’image de l’état du quartier, un espace commerçant sans limite où on peut trouver de tous au même coin (fruits et légumes, volailles, détergents, charcuterie, chaussures, épices et plus). Suggestion : Réhabiliter le souk et l’organiser en modules, compréhensibles, autosuffisants (panneaux photovoltaïques qui détectent la lumière directe et réfléchie), et abrités par une toiture végétalisée.
5
Etat des lieux : Les étalages de fruits et d’articles de contre bande envahissent la voie piétonne et la voie véhiculaire, ces marchands ambulants demandent l’espace adéquat où ils z peuvent travailler.
Suggestion : Relocaliser les marchands ambulants au souk de
Beb-el-Fella et la fourrière (espace qu’eux même réclament) et dégager l’espace public.
6
Etat des lieux : Jardin public très peu fréquenté, sal et mal entretenu.
Suggestion : Réaménager le jardin pour qu’il puisse accueillir le besoin de stationnement autour du quartier / regrouper les résidents autour d’évènements culturels, sportifs ou de détente quotidienne.
7
Etat des lieux : Jungle publique inaccessible, occupée partiellement par une association de retraités d’une équipe sportive. Suggestion : Réaménager le jardin (rare espace vert dans un milieu urbain cadencé), et amener les habitants du quartier à s’approprier l’espace et de l’entretenir.
8
Etat des lieux : Peu entretenue et mal organisée, la maison des jeunes manque d’espaces dédiés aux activités sportives, elle est encore peu reconnaissable dans le paysage urbain. Suggestion : Réhabiliter la maison des jeunes, aménager l’espace extérieur et la connecter avec les équipements urbains avoisinants.
9
Etat des lieux : Le marché est déserté car il est incapable de recevoir la fonction pour laquelle il a été conçu (principalement à cause des matériaux utilisés, de la conception de l’espace et de l’accessibilité du projet). Suggestion : Réaménager l’espace afin d’introduire un programme en adéquation avec son contexte et sa localisation.
En vue d’une lecture globale couvrant les différents constituants de la société civile, il serait à noter qu’un rétablissement de l’avenue piétonne serait intéressant en considération des problèmes que ces voies véhiculaires posent et de l’inadéquation de la proposition originelle dans ces tissues organiques. La piétonisation de la rue Sidi-el-Béchir la positionnerait comme allée attractive où la qualité spatiale est alignée à l’échelle humaine. La mise en œuvre de cette opération demanderait l’adduction convenable de la voie véhiculaire de l’avenue de Carthage et de l’avenue de la gare, ainsi que de prévoir des aires de stationnement aux bouts de la rue Sidi-el-Béchir.