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DE LA

PLACE FINANCIERE SUISSE

Banque & Finance N° 106

LE MAGAZINE

Novembre / Décembre 2010

ANNE HÉRITIER LACHAT – FINMA «Plus on sera indépendants, mieux cela vaudra»

JEAN-FRANÇOIS KAHN – ÉDITORIALISTE La responsabilité supplémentaire du journaliste financier

FONDS DE PLACEMENT SECTEUR BANCAIRE GREC Banques locales, crise globale

CHF 12.– / 8€

Oskar Kokoschka, Autoportrait, 1917, huile/toile, Von der Heydt-Museum Wuppertal © Fondation Oskar Kokoschka/2010. ProLitteris, Zurich.

N°106

Des lancements tous azimuts


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éditoriAl Rédacteur en chef: Olivier Vacherand o.vacherand@promoedition.ch

Thérapie de groupe

A

Conseiller éditorial: Marian Stepczynski Rédaction: Véronique Bühlmann, Mohammad Farrokh, Odile Habel, Nicole Kunz, Pierre Marquis, Didier Planche, Jaona Ravaloson. Ont collaboré à ce numéro: Mes Jean-Yves de Both et Kim Do Duc, Pierre-Henri Badel, Manuel de Acevedo, Andrea Gerst, Scilla Huang Sun, Hélène Koch, Valérie Lemaigre. Edition: Promoédition SA Editeur délégué et Directeur de publication: Roland Ray

OLIVIER VACHERAND Rédacteur en chef

Production: Maryse Avidor Maquette: Dominique Berthet Mise en page: Ursula Brugger Photos: François Filliettaz Relecture: Viviane Cattin Impression: Atar Roto Presse SA Site internet: www.banque-finance.ch Rédaction et administration: Banque & Finance 35, rue des Bains Case postale 5615 1211 Genève 11 Tél. +41 22 809 94 60 Fax +41 22 781 14 14 E-mail: info@banque-finance.ch Publicité: Médiapresse Pub SA 3, rue de la Vigie Case postale 1119 1001 Lausanne Tél. +41 21 321 30 77 Fax + 41 21 321 30 69 Responsable: Roye Yarden Abonnements: E-mail: abo@banque-finance.ch CCP: 12-17931-5 1 an d’abonnement (6 numéros) CHF 60.2 ans d’abonnement (12 numéros) CHF 90.Banque & Finance paraît six fois par an et publie un numéro hors-série. © Promoédition SA, Genève, 2010

NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2010

«Malgré des mises en garde, la banque s’est, à tort, bercée dans l’illusion que la valeur de ses produits financiers liés au marché immobilier américain était stable et étaient suffisamment couverts contre d’éventuelles pertes.»

ux grands maux les grands remèdes! Les banques centrales ont réussi à éviter une nouvelle Grande Dépression en injectant des doses de liquidités phénoménales dans le système financier international. Reste que, à l’instar du Prozac pour les états dépressifs, les liquidités ont réussi à enrayer les symptômes sans vraiment traiter les causes. L’état de santé des malades s’étant nettement amélioré, l’heure est aujourd’hui à l’introspection. Parmi les premiers à prendre place sur le divan, UBS vient de publier son «rapport sur la transparence», fruit de longues séances de psychanalyse prescrites par les commissions de gestion des Chambres fédérales dans leur recommandation N°19.

Système de rémunération Les conclusions de ce rapport sont d’une lucidité, pour ne pas dire cruauté, rarement entrevue jusqu’alors dans le monde des affaires. «Dans sa réflexion sur les événements liés à la crise des marchés financiers, UBS arrive à la conclusion que le manque de planification systématique de la stratégie de croissance de la banque d’affaires a fortement contribué aux grandes pertes subies par la banque», souligne le document publié mi-octobre. Dès ses premières lignes, le rapport annonce clairement la couleur… en dénonçant vertement les errements cupides de l’ancienne équipe dirigeante. «Les incitations de l’époque du système de rémunération à générer du chiffre d’affaires sans prendre suffisamment en compte les risques ont encore encouragé cette stratégie et favorisé ainsi les pertes», poursuivent les rédacteurs du rapport en dénonçant, au-delà des insuffisances propres au groupe UBS, les excès d’un capitalisme financier mû exclusivement par l’appât du gain. Le rapport souligne également l’entêtement de la banque, qui, «malgré des mises en garde, s’est,

à tort, bercée dans l’illusion que la valeur de ses produits financiers liés au marché immobilier américain était stable et qu’ils étaient suffisamment couverts contre d’éventuelles pertes.» Enfin, en forme de conclusion, il est clairement souligné qu’«UBS n’a pas mis en œuvre un système efficace en matière de contrôle de la conformité aux règles en vigueur et de surveillance». Bref, une véritable Bérézina dont les responsables ne sont autres que les anciens dirigeants du groupe. Lesquels n’auront même pas eu à s’expliquer sur leurs insuffisances devant la justice du peuple, alors même que c’est justement l’argent du contribuable qui, in extremis, a permis d’éviter la catastrophe.

Totale impunité Et le rapport de préciser à ce sujet: «Le Conseil d’administration estime plus qu’incertaines les chances de succès de telles plaintes. Il considère également que ces procédures peuvent durer de nombreuses années, occasionnent des frais élevés pour la banque, véhiculent une publicité négative dans le monde entier et empêchent ainsi le rétablissement de la réputation d’UBS sur tous les marchés où elle est active.» Dont acte. Deux experts indépendants ont également planché sur le cas UBS avec, là aussi, des conclusions sans appel: «l’ancienne direction a manqué de personnalités dotées de la faculté de découvrir des risques cachés», lance non sans malice l’un d’entre eux, Tobias Straumann. Mais le dernier mot revient à la sagesse de Kaspar Villiger, qui, légitimement, en appelle à tourner définitivement la page: «Les enseignements du passé ont été tirés et la nouvelle direction a orienté UBS vers un succès durable. Il est important que nous nous concentrions maintenant sur l’avenir.» Reste à savoir aujourd’hui si cette opération de grand déballage aura les vertus thérapeutiques qu’on en espère… ■

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sommAire ÉDITORIAL

ENJEUX

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52 Secteur bancaire grec Banques locales, crise globale

Thérapie de groupe par Olivier Vacherand, rédacteur en chef

NEWS 5

L’actualité de la place financière

MANAGER 8 P. 8

MANAGER Silvana Cavanna – Banque Profil de Gestion Devenir un acteur majeur du private banking

Silvana Cavanna – Banque Profil de Gestion Devenir un acteur majeur du private banking

57 Private banking Régularisation: trop cher payé? 59 Livre La vertu de la double paire d’yeux pour un dialogue constructif

SOLUTIONS BANCAIRES 64 Organisation L’industrie bancaire doit se restructurer en profondeur

LEADERS 10 Dimitri Consoli – Banque Valiant Neuchâtel Un enracinement neuchâtelois

HISTOIRE

L’INTERVIEW

79 Entreprises citées

12 Anne Heritier Lachat à propos de la FINMA «Plus on sera indépendants, mieux cela vaudra»

OPINION

67 Banques étrangères La césure de 1968

80 Swiss Finish Par Marian Stepczynski

INTERVIEW P. 38

FONDS DE PLACEMENT Manuel de Acevedo – Semper Actions internationales: le meilleur de la gestion actions?

20 Jean-François Kahn – Editorialiste La responsabilité supplémentaire du journaliste financier

FONDS DE PLACEMENT 22 Le palmarès Morningstar Repères du marché de la gestion collective 24 Nouveaux fonds Des lancements tous azimuts 34 Stratégie Le GAM nouveau est arrivé 36 Actions allemandes C’est beau mais c’est chaud!

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GESTION DE FORTUNE Valérie Lemaigre – Stigma Partners Obligations: Espagne – Royaume-Uni: un spread à part

38 Actions internationales Le meilleur de la gestion actions? 40 Produits de luxe Les Chinois bientôt acheteurs N°1

GESTION DE FORTUNE

À LA UNE NOUVEAUX FONDS DE PLACEMENT Des lancements tous azimuts Chez les promoteurs de fonds, l’imagination est revenue au pouvoir et toutes les niches d’investissement sont systématiquement exploitées. En parallèle du foisonnement ininterrompu des ETFs, les fonds de type UCITS III se développent à très grande vitesse. Pour tenir compte des incertitudes des investisseurs, le segment du rendement absolu enregistre, lui aussi, une belle croissance. Le marché suisse reste un terrain de chasse privilégié pour les gérants d’actifs étrangers, dont l’activité d’enregistrement de fonds ne ralentit pas, bien au contraire.

ART DE VIVRE 72 VOYAGE Malaisie Le tigre n’a pas fini de rugir

74 LIVRES 75 PEINTURE Vienne 1900: la fusion des arts

76 AUTOMOBILE Toyota Auris HSD, Audi A7, Volvo V60 Version hybride, coupé 4 portes et break de charme.

78 TENTATIONS Les nouveautés

L’art dans B&F – Pour cette édition, Banque & Finance présente les œuvres de l’exposition Vienne 1900 – Klimt, Schiele et leur temps, qui se tient à la Fondation Beyeler de Bâle jusqu’au 16 janvier 2011. Informations sur www.fondationbeyler.ch. En couverture: Oskar Kokoschka, Autoportrait, 1917, huile/toile, Von der Heydt-Museum Wuppertal © Fondation Oskar Kokoschka/2010. ProLitteris, Zurich.

43 Macroéconomie Vers l’homme modèle? 44 Placements privés Donnez-moi de l’oxygène!

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JURIDIQUE Jean-Yves De Both – Schellenberg Wittmer Réglementation: la mort des prospectus simplifiés?

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46 Obligations Espagne – Royaume-Uni: un spread à part

JURIDIQUE 48 Réglementation La mort des prospectus simplifiés?

L’information financière et bancaire sur www.banque-finance.ch avec B3B Le site www.b3b.ch, partenaire de Banque & Finance, vous propose un accès simple et rapide à l’information bancaire qu’il vous faut. B3B propose des flux d’information continus, personnalisables en fonction de vos centres d’intérêt, et des newsletters thématiques.

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news Un nouvel associé chez Lombard Odier Frédéric Rochat rejoint le banquier privé genevois Lombard Odier avec la perspective d’être nommé associé-gérant au 1er janvier 2012. En attendant, ce jeune banquier de 34 ans prendra la responsabilité des activités de Lombard Odier à Londres, avec, comme objectif ,de développer la présence de la marque dans les domaines de la gestion privée et institutionnelle. Diplômé de l’Université de St-Gall, Frédéric Rochat a effectué la majeure partie de sa carrière au sein du groupe Goldman Sachs, à Londres et à New York, dans la division de banque d’affaires, d’abord dans le conseil aux entreprises financières puis industrielles. Depuis 2006, Frédéric Rochat couvrait plus particulièrement le marché suisse depuis Londres, avec la responsabilité des secteurs bancaire et financier. A ce titre, il a participé à un grand nombre de transactions dans les domaines de l’asset management et de la banque privée, développant ainsi une solide connaissance des enjeux auxquels ces métiers sont aujourd’hui confrontés. ■

EN BREF Précision. Dans notre dernière édition (n°105 – septembre-octobre 2010), nous avons omis de préciser qu’Yvan Hayoz, l’auteur de l’article intitulé «Amnistie fiscale ou compromis à la Suisse?», travaille au sein de la société KPMG. Comme nous l’indiquions, il occupe le poste de Directeur international Private Clients et responsable pour la Suisse romande. Threadneedle, qui affiche 89,4 milliards de dollars d’actifs sous gestion, innove en lançant un service destiné à accompagner les fondations et les family offices dans leur allocaIan Dalziel tion d’actifs et leur stratégie. C’est Ian Dalziel qui rejoint la société pour superviser cette nouvelle activité avec un titre de Head of Global Private Wealth and Foundations. Il sera basé à Genève. Ian Dalziel dispose d’une grande expérience des family offices. Il a d’ailleurs été General Manager et administrateur du family office de Schlumberger-Primat de 1991 à 2008.

Sarasin annonce l’ouverture d’une succursale au Bahreïn. La nouvelle entité, appelée Sarasin-Alpen (Bahrain) BSC, a obtenu de la Banque centrale du Bahreïn une licence de société d’investissement de la catégorie 2 qui lui permet de proposer des prestations de conseil à la clientèle privée aisée. La Banque Sarasin et son équipe ont déménagé dans de nouveaux locaux situés en plein centre de Lugano, à la Via Serafino Balestra 5. La Banque Sarasin a ouvert sa succursale tessinoise voilà dix ans. Mis à part les activités traditionnelles avec la clientèle privée, le site collabore intensivement avec des gérants de fortune externes. Luca Venturini reste responsable de l’agence de Lugano. La Caisse d’Epargne Riviera, établie à Vevey depuis 1814 – ce qui en fait la première banque fondée en terre vaudoise – ouvre sa première agence à Montreux. Banque de proximité par vocation et principalement active le domaine hypothécaire, le crédit de construction et la récolte de fonds passifs, la Caisse d’Epargne Riviera entend ainsi se rapprocher de sa clientèle de Montreux.

Des changements à la tête de l’ASPS Daniel Sandmeier, chef marketing & distribution des produits structurés au Credit Suisse a été élu à l’unanimité à la présidence de l’Association suisse produits structurés (ASPS). Daniel Sandmeier succède ainsi au président fondateur Roger Studer, qui a renoncé à se porter candidat à la réélection au terme de son second mandat. La viceprésidence sera assumée par Lucas Bruggeman (RBS), qui siège au comité de l’ASPS depuis la fondation de l’association. Lucas Bruggeman dirige depuis six ans la distribution de produits structurés chez RBS (anciennement ABN Amro Bank) en Suisse. Il remplace Paolo Vanini, lui aussi démissionnaire. Enfin, Eric Wasescha a annoncé sa démission du poste de directeur de l’ASPS pour avril 2011, poste qu’il occupait dans le cadre d’un mandat à temps partiel depuis la constitution de l’association en avril 2006. Sa succession va faire l’objet d’une procédure d’évaluation des candidats. ■

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CARRIÈRES Christian Wiesendanger a été désigné responsable du Département Wealth Management Suisse d’UBS avec effet au 1er octobre 2010. Il remplace Stefan Bodmer qui a décidé de changer d’orientation. Christian Wiesendanger a débuté sa carrière chez McKinsey & Company avant de rejoindre Credit Suisse où il a été récemment responsable du private banking Amérique latine. Régis Ducrey a démissionné de ses fonctions de directeur général adjoint et Chief Financial Officer de la Banque Profil de Gestion à Genève. Son départ intervient après trois ans passés dans l’établissement spécialisé dans la gestion de patrimoine avec un point d’appui dans le domaine du Capital Markets. Régis Ducrey sera remplacé au 1er décembre

par Gilbert Pfaeffli, qui dispose de plus de trente-cinq ans d’expérience dans le domaine bancaire, notamment à la Anker Bank, à la Banque Cantonale de Genève, à la Banque de Dépôts et de Gestion ou encore à l’UBS. Françoise Adam a rejoint Reyl Private Office, filiale du Groupe Reyl à Genève, pour développer une gamme de services exclusifs liés à la gestion d’œuvres d’art ou de patrimoines artistiques. Destinés à une clientèle sophistiquée, les services liés à l’art complètent l’offre «Art de vivre» de Reyl Private Office dont l’activité principale est l’optimisation juridique et fiscale de grands patrimoines. Avant de rejoindre le Groupe Reyl, Françoise Adam a travaillé pendant sept ans pour Christie’s, à Paris et Genève.

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l’ACtUAlité de lA PlACe FinAnCière CARRIÈRES Patrick Bédat vient d’être nommé CEO de la division de gestion institutionnelle Syz Asset Management. Après la reprise, annoncée en avril dernier, des activités de gestion obligataire institutionnelle suisse de State Street à Zurich, cette arrivée marque la montée en puissance de cette activité pour Syz & Co, où elle atteint déjà 6,5 milliards de francs d’actifs gérés. Avocat de formation, Patrick Bédat exercé chez Pictet, à la direction de la Banque Cantonale de Neuchâtel, puis à celle de l’UBS à Zurich. A partir de l’automne 2009, il effectue un bref passage à la direction de la Banque Bonhôte & Cie à Neuchâtel avant de rejoindre Syz & Co aujourd’hui. Roger Thomet prend la tête de la nouvelle succursale de Corporate Banking d’HSBC en Suisse. En tant que Managing Director d’HSBC Commercial Banking Switzerland, il dirigera, à Zurich, une équipe de chargés de clientèle et de spécialistes produits confirmés, en mesure d’offrir aux entreprises suisses une gamme complète de services internationaux en matière de Corporate Banking. Avant de rejoindre HSBC, Roger Thomet a travaillé plus de dix ans dans la division de banque d’investissement de la Banque Cantonale de Zurich (ZKB).

l’Europe et de l’Amérique latine chez BNP Paribas Wealth Management Monaco, dont il était aussi membre du Comité exécutif. EFG International a finalisé l’acquisition de la société de gestion Sycomore Gestion Privée en juillet 2008 et renommé la société EFG Banque Privée en janvier. Mario Alini a été nommé président et directeur général par intérim de Merrill Lynch Bank (Suisse) SA. Il gardera également ses fonctions de Chief Administration Officer. Avant de rejoindre Merrill Lynch, Mario Alini a été membre du comité exécutif au sein de la Bank Leumi (Switzerland) AG occupant le rôle de directeur financier. Auparavant, il a travaillé chez Pricewaterhouse Coopers et a été responsable des devises du G8 pour la SBB. Markus Maag prend la responsabilité du segment Premium Banking à la Banque Migros et devient membre de la direction générale. Entré au service de la Banque Migros en 2004, Markus Maag s’est vu confier, il y a quatre ans, la direction de la région Suisse orientale, où il a élargi le nombre des succursales de sept à dix.

Patrick Ramsey est nommé Managing Director de Barclays Wealth Switzerland. Philippe Sednaoui, l’actuel responsable en Suisse, occupera un nouveau poste senior au sein de Barclays Wealth, celui de Global Head of Latin American Markets. Patrick Ramsey, anciennement CEO et General Manager pour la Suisse chez Merrill Lynch, sera chargé de la gestion, de la croissance et de l’orientation des opérations en Suisse; une activité qui regroupent environ 400 personnes.

Osama Abbasi est nommé Chief Executive Officer de la région Asia Pacific et membre du directoire de Credit Suisse Group AG et de Credit Suisse AG. Il sera basé à Hongkong. Dans le groupe depuis 1996, Osama Abbasi est actuellement responsable du département Equity pour la région Asia Pacific et membre de l’Investment Bank Management Committee, du Global Equity Management Committee et de l’Asia Pacific Operating Committee. Parallèlement à cette nomination, Kai Nargolwala deviendra chairman de Credit Suisse Asia Pacific.

Maxime Vermesse est nommé au poste de directeur général de EFG Banque Privée, la filiale d’EFG International en France. Maxime Vermesse a fait l’essentiel de sa carrière chez BNP Paribas. Dernièrement, il était responsable de

Lawrence Lo prend le poste de Chief Executive Officer (CEO) et responsable des ventes Asie hors Japon auprès de l’Union Bancaire Privée (UBP). Il sera également membre du comité exécutif d’UBP Asset Management. Avant de rejoindre

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l’UBP, il assumait le poste de CEO de BSIGenerali Asia Limited. Auparavant, il a passé quinze ans au sein de BNP Paribas. Jakob Stott a été nommé Head Wealth Management Europe auprès d’UBS. Il aura sous sa responsabilité 45 implantations dédiées au wealth management onshore en Allemagne, France, RoyaumeUni, Monaco, Italie, Espagne, etc. Avant d’intégrer UBS, Jakob Stott était Chief Operating Officer chez JP Morgan’s Investment Bank et Global Head of the Reputation Risk Office. Xavier Guillon est nommé au poste de CEO de la division de fonds de placement Oyster Funds du groupe Syz & Co, en remplacement d’Alan Mudie qui prendra la tête du nouveau service SYZ Fund Research. Jusqu’alors, Xavier Guillon a dirigé les services aux gérants indépendants de Syz & Co; poste qu’il conserve par ailleurs. Arrivé chez Syz & Co il y a trois ans, Xavier Guillon a préalablement travaillé pendant quatorze ans à New York et à Londres auprès de Brown Brothers Harriman. Adrian Escher, partenaire fondateur et jusqu’ici vice-président du Conseil d’administration ainsi que Deputy CEO, a repris la direction opérationnelle de Kendris Private SA depuis le 1er octobre 2010 en qualité de Chief Executive Officer (CEO). L’ancien CEO de Kendris, le Dr Rudolf Roth, se concentrera désormais sur la Présidence du Conseil d’administration et celle du partenariat de Kendris. Alfred W. Moeckli est le nouveau Chief Executive Officer (CEO) de la Bank Zweiplus. Il remplace Marco Weber qui quitte l’établissement pour se consacrer à un nouveau défi professionnel. Alfred W. Moeckli était jusqu’alors Deputy CEO, Head Institutional and Treasury et membre du comité executive de la Falcon Private Bank. Il était également membre du comité de direction de la Bank Zweiplus.

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mAnAGer silVAnA CAVAnnA – BAnQUe ProFil de Gestion

Devenir un acteur majeur du private banking Cotée à la SIX Swiss Exchange, la Banque Profil de Gestion SA, «l’autre banque» selon son slogan publicitaire, se positionne, jour après jour, sur la place financière genevoise. Ses indicateurs passent progressivement au vert et ses activités se développent, en particulier dans le private banking. L’ambition de Silvana Cavanna, directrice générale de l’établissement: devenir un acteur majeur du private banking. Didier PLANCHE

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our Silvana Cavanna, la directrice générale de la Banque Profil de Gestion depuis le 1er juillet 2009, la cause est entendue et fermement énoncée: la Société Bancaire Privée (SBP) appartient au passé, de même que toutes ses péripéties, qu’il s’agisse par exemple de l’affaire Lipsky ou de la suspension de sa licence bancaire entre 2007 et 2008. Inutile donc d’y revenir, sauf à considérer que ce mauvais feuilleton de l’histoire bancaire genevoise permet de tirer des enseignements en matière de management et de gouvernance, notamment afin de ne plus commettre les mêmes erreurs. Dont acte.

Un nouveau départ Cependant, des pertes persistaient encore dans les comptes de la nouvelle Banque Profil de Gestion à la fin 2009, à l’instar d’un résultat net négatif de 2,6 millions de francs (en tenant compte de charges exceptionnelles). Mais là aussi, foin du passé! Au 30 juin dernier, la situation financière de l’établissement affichait déjà une tendance plutôt réjouissante, avec un bénéfice net de 0,4 million (avec la dissolution de provisions), un total de bilan de 228,8 millions (205,5 millions pour la même période en 2009), des fonds propres de 75 millions (environ 500% supérieurs à ceux requis) et des charges d’exploitation en baisse de 23%

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«La banque consent actuellement des investissements importants pour recruter des gestionnaires à l’esprit entrepreneurial» SILVANAA CAVANNA – BANQUE PROFIL DE GESTION

(toujours en comparaison avec les résultats semestriels de l’exercice précédent). Quant à la masse sous gestion, elle atteignait presque le milliard de francs, alors que le total des revenus chutait de 32,7% à 6,6 millions (par rapport au 1er semestre 2009), du fait de

l’évolution pénalisante des marchés et (surtout) de l’érosion des marges. Bien sûr, les performances de «l’autre banque» restent timides, mais l’établissement rebaptisé revient de loin, cela doit être souligné. Le restructurer, épurer les comptes

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silVAnA CAVAnnA Ses deux plus proches collaborateurs Depuis le 1er juin dernier, Marcelo de la Serna assume la responsabilité de l’ensemble des activités de private banking de la Banque Profil de Gestion. Au bénéfice d’une expérience de plus de quinze ans dans le domaine financier, Marcelo de la Serna a occupé la fonction de directeur à la banque Julius Baer, où il était responsable du développement des HNWI. Précédemment, il a dirigé un family office chez Suntrust Investment Co. à Genève, après avoir développé le marché latino-américain de la Commerzbank (Suisse) SA et géré les HNWI du même marché au sein de la Deutsche Bank (Suisse) SA. «La nomination de Marcelo de la Serna renforce la qualité de notre offre bancaire. En plus de ses connaissances éprouvées du marché sud-américain, son expérience du private banking et de la gestion des HNWI s’inscrit parfaitement dans notre volonté de proposer des prestations sur mesure à notre clientèle, après l’avoir écoutée avec attention», commente Silvana Cavanna.

et investir dans l’outil de travail étaient d’ailleurs les tâches prioritaires de Silvana Cavanna, en charge de la gestion privée de feu la SBP de juillet 2008 à la fin juin 2009. A première vue, la directrice d’origine italienne s’en est magnifiquement tirée, eu égard à sa détermination et à sa volonté. Ces deux traits de caractère, forts au demeurant, devraient lui permettre d’assurer la croissance et la durabilité de la banque, qui suscite déjà l’intérêt d’une nouvelle clientèle.

Priorité au private banking Selon la stratégie définie par les membres du Conseil d’administration de la Banque Profil de Gestion, à commencer par son actionnaire majoritaire, le groupe bancaire italien Profilo (propriété de Matteo Arpe), puis mise en place par leur déléguée exécutive, le nouvel établissement se focalise sur le private banking, son core business, le négoce (advisory) et le capital market (uniquement l’intermédiation des obligations), historiquement les métiers de base de l’ancienne SBP, et depuis peu sur le Forex on-line. «La banque consent actuellement des investissements importants pour recruter des gestionnaires à l’esprit entrepreneurial. Ils devront dynamiser et élargir ses activités liées en priorité au private banking, afin de séduire une clientèle onshore relevant si possible de la catégorie des High Net Worth

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Pour sa part, Patrizio Merciai a été nommé Chief Investment Officer au début janvier dernier. Actif depuis plus de vingt ans dans le secteur bancaire, Patrizio Merciai a dirigé la gestion de patrimoine de Merrill Lynch Bank (Suisse) SA, après avoir officié comme Chief Economist, Chief Strategist et Co-Head of Strategy chez Lombard Odier Darier Hentsch & Cie, entre 1997 et 2004. Il a enseigné à l’Institut d’études européennes de Genève, pendant cinq ans, et est actuellement chargé de cours à HEC Genève (depuis 1992). «Les compétences surtout économiques de Patrizio Merciai permettent de répondre précisément aux exigences de plus en plus élevées de la clientèle et de lui fournir des réponses adaptées à ses besoins», argumente Silvana Cavanna, qui précise que ses deux plus proches collaborateurs, des personnalités au caractère affirmé, se complètent harmonieusement.

Individuals (HNWI). Dans cette optique, nous allons aussi mettre l’accent sur la gestion patrimoniale, au sens large du terme, et sur le family office», explique Silvana Cavanna, qui travaille dans le private banking depuis quelque trente-cinq ans. La Banque Profil de Gestion renforce également ses collaborations avec les tiers gérants et s’intéresse de plus en plus aux clients institutionnels, étant aujourd’hui essentiellement concentrée sur la clientèle privée suisse, européenne et internationale (Amérique du Sud, Europe de l’Est, Asie). Implanté (pour l’heure) uniquement à Genève, avec sa quarantaine de collaborateurs, l’établissement propose surtout des mandats de gestion discrétionnaire en architecture ouverte, axés sur des approches innovantes et sur mesure, donc adaptées aux attentes du client, qui visent essentiellement la préservation du capital.

Madame la directrice générale Silvana Cavanna entend distinguer la Banque Profil de Gestion de ses concurrents par des relations plus personnalisées avec la clientèle et, disons-le, empreintes de féminité et du doigté qui la caractérise. Et puis, la directrice générale prône avec intransigeance une éthique sans concession dans la conduite des affaires de la banque, afin d’annihiler toute velléité de conflits d’intérêts. De même, elle exige la plus grande

transparence et le respect le plus absolu des lois et nouvelles réglementations. Des valeurs fortes (parfois insuffisamment appliquées…), auxquelles elle ne dérogera à aucun prix.

«Au 30 juin dernier, la situation financière de l’établissement affichait déjà une tendance plutôt réjouissante avec un bénéfice net de 0,4 million» Au fil des années et grâce à ses compétences bien réelles, Silvana Cavanna a su se faire respecter de ses pairs banquiers, plutôt enclins au machisme ambiant du milieu dans lequel ils évoluent. D’ailleurs, être une femme à la tête d’une banque privée ne l’empêchera nullement de relever des défis professionnels ambitieux et de les réussir, peut-être même au contraire, ni d’atteindre ses premiers objectifs fixés à 2012, à savoir une masse sous gestion de cinq milliards de francs et un total de revenus de 45 millions. N’est-il pas, Messieurs? ■ D.P.

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leAders dimitri Consoli – BAnQUe VAliAnt neUCHÂtel

Un enracinement neuchâtelois Dimitri Consoli dirige la succursale de la BDG à Neuchâtel et s’occupe actuellement de son intégration dans le groupe Valiant. Il a travaillé aussi bien à Zurich qu’à Genève, mais il est toujours revenu à Neuchâtel, son canton d’origine, où il est très impliqué dans la vie locale, du Lions Club Tandem au FC Colombier. Hélène KOCH

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artir pour mieux revenir, Dimitri Consoli l’a fait plusieurs fois au cours de sa carrière. Neuchâtelois d’origine et très attaché à sa région, il dirige actuellement la succursale de la BDG à Neuchâtel (Banque de Dépôts et de Gestion). A ce titre, il s’occupe de l’intégration de sa succursale au sein du groupe Valiant. Au départ, il a d’abord fait un apprentissage au Crédit Foncier neuchâtelois. «J’ai eu beaucoup de chance, car il y avait peu de places dans le domaine bancaire dans ce canton à la fin des années 70», note Dimitri Consoli. Ensuite, il fait un passage de quelques années chez Haefliger Kaeser, une entreprise de la région active dans la construction, un domaine qui l’intéresse beaucoup. A cet égard, il apprécie d’ailleurs énormément le cadre dans lequel se trouve la BDG, qui deviendra la Valiant Neuchâtel dès le 1er janvier. La banque est, en effet, installée dans une ancienne maison de maître du XVIIIe siècle. Après son passage par Haefliger Kaeser, qui restera le seul hors du monde bancaire, Dimitri Consoli consacre dix-huit mois à faire le tour du monde, avant de rentrer au Credit Suisse, à Genève, comme responsable du marketing et de la promotion des succursales de la région genevoise. De retour à Neuchâtel, il s’occupe ensuite de la clientèle privée. Il est également responsable de plusieurs départements pour le canton de Neuchâtel et le Jura bernois, à savoir le contrôle interne, les caisses et le

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«Il faut connaître son canton, les personnes qui y vivent et y travaillent, savoir qui est qui et aimer les gens pour bien faire son job» DIMITRI CONSOLI – BANQUE VALIANT

marketing. En 1995, il part à Zurich, à la direction générale, comme responsable du management des ventes des produits pour toute la Suisse romande, une expérience professionnelle qu’il trouve particulièrement intéressante dans la mesure où c’est en travaillant à la direction d’une grande banque que l’on peut appréhender son véritable fonctionnement, notamment dans le développement des produits bancaires.

Credit Suisse puis UBS Après un passage dans le canton de Vaud, à la tête de la succursale de Chavannes/Renens, il retrouve Neuchâtel en 2001, cette fois chez UBS, à un moment qu’il n’est pas près d’oublier: «C’était peu de temps après le 11 septembre.» A son nouveau poste, il s’occupe de

la conduite de la clientèle privée et relève au passage le potentiel de la région neuchâteloise et de sa population, notamment à travers l’horlogerie haut de gamme qui donne au canton un rayonnement international: «Vous retrouvez partout l’horlogerie de luxe fabriquée à Neuchâtel, que ce soit sur la 5e Avenue à New York, à Londres, à Paris…» C’est en 2005 qu’il rentre à la Banque de Dépôts et de Gestion en tant que membre du comité de direction et directeur de l’entité d’affaires de Neuchâtel avec toujours la même importance accordée à l’enracinement régional. «Il faut connaître son canton, les personnes qui y vivent et y travaillent, savoir qui est qui et aimer les gens pour bien faire son job.» En dehors de sa vie de famille, qui reste sa priorité, Dimitri Consoli participe ainsi beaucoup à la vie locale. Il a été l’un des membres fondateur du Lions Club Tandem, qui a été le premier club service mixte du canton. Il est aussi membre du comité de la Chambre immobilière neuchâteloise, du comité du FC Colombier et de celui du prix Pride, destiné à récompenser les PME du canton orientées vers l’écologie. Mais ce qui l’occupe le plus actuellement, c’est évidemment l’intégration de son équipe au sein de Valiant et la préparation de l’implantation de ce nouvel acteur bancaire dans la région de Neuchâtel. Valiant offrira aux clients de Neuchâtel une gamme complète de prestations bancaires: «Nous offrirons tous les produits bancaires sur Neuchâtel, y compris, par exemple, les crédits hypothécaires et commerciaux et les comptes jeunesse. L’ouverture de Valiant Banque Privée permettra également aux clients fortunés et exigeants de continuer à bénéficier des prestations d’une banque privée de qualité.» ■

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l’interView Anne Héritier lACHAt à ProPos de lA FinmA

«Plus on sera indépendants, mieux cela vaudra» Professeure associée à la Faculté de droit de l’Université de Genève où elle enseigne le droit bancaire et financier et le droit commercial, Anne Héritier Lachat siège au conseil d’administration de la FINMA, après avoir été membre de la Commission fédérale des banques (CFB) et viceprésidente la Commission des offres publiques d’acquisition (COPA). Dans l’entretien qui suit, elle s’exprime sur l’évolution de la surveillance bancaire en Suisse, et donne son avis sur les relations que la FINMA entretient avec la Banque nationale et le Département des finances. Propos recueillis par Marian STEPCZYNSKI

Banque & Finance: Avez-vous vu le film de Jean-Stéphane Bron, Cleveland contre Wall Street? ANNE HÉRITIER LACHAT: J’ai eu beaucoup de plaisir à le voir. D’abord, parce que j’aime l’approche de Bron, que j’avais déjà appréciée dans son film précédent, Mais im Bundeshuus. Il a su tirer parti d’acteurs, qui ne sont finalement pas des acteurs. Et j’ai adoré le personnage du dealer, reconverti en restructureur d’hypothèques! Le propos est légèrement invraisemblable, dans la mesure, par exemple, où l’on peut se deman-

der quel est le dommage. Mais le réalisateur a réussi à mener une analyse juste sur le fond; en tout cas, il n’y a pas vraiment de grosses erreurs dans le scénario. J’ai seulement regretté qu’à la fin ce soient les trois Blancs du jury qui votent pour Wall Street! B&F: On avait souvent reproché à la Commission fédérale des banques de se reposer sur le travail de contrôle des réviseurs. Les choses ont-elles changé avec la FINMA? A.H.L.: La CFB les avait déjà changées dans une certaine mesure. Il y avait notamment eu, vers 2001-2002, la création du département dit «grandes banques» – qui avait deux clientes, et qui n’en a toujours que deux – dans lequel la Commission procédait déjà directement. On a pu se rendre compte,

La liste négative La FINMA prend, à l’encontre des sociétés ou des personnes exerçant sans l’autorisation requise une activité soumise à autorisation en vertu des lois sur la surveillance, des mesures appropriées en fonction de chaque cas, pouvant aller jusqu’à la liquidation des entreprises concernées. Il peut toutefois arriver que la FINMA ne puisse pas mener ses investigations et prendre ou mettre en œuvre les mesures nécessaires, parce que, par exemple, une entreprise mène ses activités depuis l’étranger ou que les personnes concernées sont introuvables. La FINMA publie (http://www.finma.ch/f/sanktionen/unbewilligte-institute) une liste des sociétés et des personnes qui, au regard des activités qu’elles exercent en Suisse ou à partir de la Suisse, ou en raison de l’objet social figurant au Registre du commerce, exercent vraisemblablement une activité soumise à la surveillance de la FINMA sans être en possession de l’autorisation requise à cet effet. L’inscription sur la liste ne signifie pas nécessairement que l’activité exercée est illicite; mais les investisseurs doivent être rendus attentifs au fait que les entreprises concernées ne sont pas autorisées par la FINMA. La liste contient les noms des sociétés ou des personnes concernées, la date de l’inscription ainsi que d’autres informations de nature à contribuer à la protection des investisseurs. Les sociétés et personnes concernées sont supprimées de la liste dès que les vérifications nécessaires et les éventuelles adaptations ont été entreprises. ■

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notamment à la suite de la crise et à la lecture des divers rapports, que le fonctionnement de ce département n’était pas optimal. Il y avait, en particulier, un manque de communication entre les équipes qui surveillaient l’une des deux banques et celles qui révisaient l’autre. La procédure directe est cependant une tendance qui se dessine et s’accentue. Mais, pour l’instant, en Suisse, on ne peut pas se passer des réviseurs. Ils constituent comme on dit, et je crois que c’est juste, le bras armé de la FINMA. Nous cherchons simplement à rendre ce bras plus efficace. Par contre, nous nous efforçons beaucoup plus qu’auparavant de développer des compétences internes, et de former des équipes qui soient capables d’aller directement auprès des banques, et pas seulement auprès des grands établissements. B&F: Le reproche de trop déléguer la surveillance aux réviseurs ne vous paraît donc pas tout à fait infondé… A.H.L.: Il était probablement en partie fondé, dans la mesure où les compétences internes n’étaient pas toujours suffisantes. On a toujours eu de la peine, à la CFB, à recruter des gens. Cela va mieux, et nous offrons des conditions d’emploi qui deviennent meilleures. Il ne s’agit pas seulement des conditions financières, il se développe aussi un meilleur état d’esprit dans nos équipes. D’ailleurs, les sociétés de révision ont autant de difficulté que nous à recruter. B&F: Même si elles paient mieux? A.H.L.: Elles ne paient pas nécessairement mieux que nous. Les personnes qui font le

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Anne Héritier lACHAt travail dans les banques sont souvent des juniors, et, à ma connaissance, elles ne sont pas toujours très bien payées; ce sont les associés qui gagnent bien leur vie. Ce dont nous avons besoin, c’est plutôt d’un certain esprit critique, d’une véritable culture d’entreprise. Mais tout cela prend du temps à se développer. B&F: Un de vos collègues me confiait naguère que les moyens budgétaires à disposition de la CFB ne lui permettaient pas de s’entourer des compétences nécessaires. En gros, elle n’arrivait pas à payer les salaires qui seraient nécessaires. Est-ce toujours vrai? A.H.L.: Nous disposons, désormais, d’une plus grande flexibilité. Nous ne sommes plus, à la FINMA, complètement alignés sur les salaires de la Confédération. Nous avons réussi à faire une grille qui convient à peu près. Nous avons aussi introduit un système de bonus pour certaines activités. Il reste vrai que, pour certaines fonctions, nous payons encore largement moins bien. Mais je n’ai pas l’impression que ce soit récemment ce qui a retenu des candidats, que nous trouvions bons, de venir chez nous. Il y a un autre point qui a probablement retenu quelques personnes: c’est le Standort Bern, qui demeure un obstacle pour certaines personnes, en particulier celles qui envisageraient une activité à temps partiel, et qui sont souvent des personnes intéressantes, par exemple des femmes qui ont envie de diminuer leur temps de travail. Nous sommes en train de réfléchir à ce sujet, mais il faudra du temps. Je n’ai, au demeurant, pas le souvenir d’engagements récemment envisagés qui auraient échoué à cause de la question salariale. Nous restons encore sur cette limite, et pour certains postes nous ne sommes vraiment pas compétitifs. Cela étant, nous avons pu attirer d’excellents candidats, qui trouvaient d’autres intérêts que purement financiers, ou qui avaient envie de changer de carrière. B&F: Est-ce que la crise financière a facilité le recrutement? A.H.L.: Pas autant qu’on aurait pu l’imaginer. D’ailleurs, il n’y a pas eu autant de licenciements qu’on ne l’avait redouté, du moins dans les postes qui nous intéressaient. B&F: Vous n’engagiez pas des traders…

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«Pour l’instant, en Suisse, on ne peut pas se passer des réviseurs. Ils constituent comme on dit, et je crois que c’est juste, le bras armé de la FINMA» ANNE HÉRITIER LACHAT – FINMA

A.H.L.: Non. Mais cela reste un souci d’être encore en partie soumis à l’administration, et de devoir demander dans certains cas au Département des finances la permission de payer plus certains cadres. B&F: En comparaison avec l’étranger, la Suisse fait-elle bonne ou «pâle» figure, s’agissant de ses moyens d’action, des compétences disponibles, du degré d’indépendance de son autorité de surveillance? A.H.L.: Je pense que nous ne sommes pas si mauvais que cela. Nous ne sommes certainement pas non plus meilleurs que les autres. Malgré tout ce qui a été dit et écrit, nous jouissons d’une large indépendance face aux assujettis. De même, nous avons une certaine indépendance face au pouvoir politique, qui finalement ne nous a pas posé de problèmes particuliers. En tout cas pour le moment, nous sommes, à cet égard, relativement bien placés. Par contre, au niveau du rayonnement et de la reconnaissance, nous avons probablement encore quelques progrès à faire, au niveau de l’efficacité aussi. Ce qui est étonnant, c’est que personne ou à peu près per-

sonne ne savait ce qu’était la CFB, alors qu’à présent, tout le monde sait ou croit savoir ce qu’est la FINMA. Mais c’est une autorité qui, incontestablement, est davantage exposée qu’auparavant, et qui va devoir rendre plus de comptes. Notre indépendance doit être préservée, renforcée. A cet égard, il est important que nous réunissions davantage de compétences. Cette tâche implique aussi que nous continuions à rechercher des membres du conseil dans divers cercles et aussi dans celui des personnes ayant des rapports, passés ou futurs, avec la population des assujettis! Il faut un mélange de compétences directes et académiques. Je crois que nous devons vivre avec cette situation: la Suisse est un petit pays, et personnellement j’aimerais bien que l’on recrute de temps en temps à l’étranger. Nous l’avons fait pour des postes de direction, mais l’on pourrait peutêtre l’envisager aussi avantageusement au niveau du conseil d’administration. B&F: Cette notoriété nouvelle dont bénéficie la FINMA ne vient-elle pas aussi du rôle que vous avez joué dans la crise?

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Anne Héritier lACHAt parce que l’on fait plus attention que l’on est plus efficace. Ou meilleur.

«Malgré tout ce qui a été dit et écrit, la FINMA jouit d’une large indépendance face aux assujettis» ANNE HÉRITIER LACHAT – FINMA

A.H.L.: Très probablement, et cela vient aussi en partie des attentes parfois irréalistes qui ont été placées en elle. Personne n’attendait des miracles de la Commission fédérale des banques, parce que la majorité des gens ignoraient ce qu’elle faisait, et que la crise précédente s’est finalement déroulée de manière relativement correcte. A l’époque, les banques qui ont eu des problèmes dans l’immobilier n’ont pas vraiment fait la

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une des journaux, et on a peu parlé de la CFB à cette occasion. Cet anonymat a disparu actuellement, et je ne pense pas que ce soit un mal. La difficulté consiste à expliquer clairement l’activité de la FINMA. B&F: Et, plus exposés, vous devez faire d’autant plus attention… A.H.L.: Il faut, en tout état de cause, faire attention, et en même temps ce n’est pas

B&F: Vous avez écrit quelque part que la modification de la Loi sur les banques intervenue en 2004, en matière de faillite, avait fondamentalement changé les choses. Pouvez-vous être plus précise sur ce point? A.H.L.: La modification de 2004 concernant la faillite bancaire a entraîné deux progrès majeurs. Le premier, c’est que l’on a centralisé la procédure de faillite à la CFB, maintenant à la FINMA, et non plus auprès des autorités cantonales qui, par hasard, étaient les autorités du siège de la banque où celle-ci faisait faillite. Nous disposons désormais d’une compétence centralisée. Et, deuxièmement, nous disposons d’une procédure qui est adaptée à l’activité bancaire. Il est vrai cependant que, jusqu’à maintenant, à part deux ou trois cas sauf erreur, nous avons utilisé cette nouvelle procédure pour la liquidation des intermédiaires non autorisés, tels que ceux qui vous promettent des rendements mirifiques pour des vagues projets, et chez qui la plupart du temps il ne reste plus rien parce que tout l’argent a été dépensé pour acheter la voiture du directeur. Ces procédures sont relativement faciles, se déroulent souvent vite. Dans certains cas, nous avons vraiment récupéré de l’argent, et obtenu de bons taux de restitution aux investisseurs. Dans ce domaine, il y a eu un vrai changement. S’agissant d’intermédiaires financiers, nous avons liquidé, pour le moment, deux établissements autorisés. L’un étant une succursale en ligne de la banque islandaise Kaupthing où nous avons pu récupérer et distribuer des montants dans des délais assez rapprochés. L’autre cas concernait des négociants et n’est pas totalement terminé, mais où la liquidation se déroule de manière relativement fluide. Le fait de disposer de personnel qualifié à Berne et de l’aide de liquidateurs ad hoc qualifiés facilite ces opérations. B&F: La rapidité de la procédure permet de récupérer davantage… A.H.L.: Absolument. Et puis, finalement, nous acquérons une certaine habitude. Les gens qui effectuent ce travail ne s’occupent que de faillites financières. Les procédures sont devenues notablement plus courtes que dans le cas des faillites normales.

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l’interView B&F: S’agissant des intermédiaires financiers non autorisés: vous intervenez dès que vous les repérez, ou est-ce qu’un délai s’écoule, lié à d’autres éléments, avant que vous ne les sanctionniez? Sur votre liste négative, en tout cas, figurent depuis des mois des sociétés qui, apparemment, sont toujours là! A.H.L.: Il faut distinguer deux choses. La liste négative est la liste des personnes, entités, sociétés qui sont actives et que nous ne surveillons pas. Celles que nous mettons en faillite ou que nous liquidons parce qu’elles exercent une activité non autorisée, peuvent ou non figurer sur cette liste. Seul l’exercice non autorisé d’une activité bancaire ou analogue, d’une activité d’assurance, d’une activité autre soumise à surveillance, conduit à l’intervention de la FINMA. C’est ainsi, par exemple, que nous ne pouvons pas intervenir lorsqu’une personne viole les règles sur la loterie, parce que nous ne surveillons pas les loteries. Par contre, celui qui collecte l’argent du public pour l’investir et qui devrait être surveillé, celui-là, nous nous intéressons à son activité. C’est le problème de la limite entre l’assujettissement et le nonassujettissement. Comme vous le savez,

nous ne surveillons pas les gérants de fortune indépendants, ce qui ne veut pas dire qu’ils exercent des activités illicites. Mais si un gérant de fortune, non soumis à autorisation, entreprenait par hypothèse des activités soumises à autorisation sans disposer des autorisations nécessaires, nous agirions. B&F: En consultant votre liste négative, je suis tombé par hasard sur une soit-disant «Geneva Financial Commission» qui prétend textuellement – je cite ce qui figure sur son site Web: «The Geneva Financial Commission (GeFin) is authorized to discipline, regulate, and supervise the activities of all market participants […] The law authorizes GeFin to judge, scrutinize and above all punish any misdeed that might arise in the financial market industry of the country.» etc. etc. Comment avez-vous été amenés à la repérer, et à le faire figurer sur la liste? A.H.L.: Je suppose qu’en l’occurrence quelqu’un a dû téléphoner ou écrire à la FINMA pour obtenir des renseignements sur cette société, et qu’elle a été placée sur la liste négative pour éviter que l’on ne pense que cette entité est surveillée. En tout état de cause, il ne s’agit pas là d’une filiale de la

Déroulement type d’une enquête La procédure d’enforcement de la FINMA se déroule en principe en trois étapes: investigations préliminaires dans un premier temps, procédure administrative contraignante dans un deuxième temps, puis mise en œuvre des mesures ordonnées par la FINMA une fois qu’une décision définitive a été rendue. • Au stade des investigations préliminaires, la FINMA s’efforce de déterminer s’il y a lieu de penser que des entreprises assujetties ou des personnes physiques ont enfreint le droit de la surveillance de telle sorte qu’il se justifie d’établir les faits de manière détaillée en y allouant les ressources nécessaires dans le cadre d’une procédure administrative contraignante. • En présence de soupçons suffisamment fondés de violation du droit de la surveillance, et si l’ordre légal ne peut pas être rétabli par d’autres moyens, la FINMA ouvre une procédure administrative contraignante, c’est-à-dire une enquête. En règle générale, elle en avise les intéressés par écrit (art. 30 LFINMA). Dans un premier temps, la FINMA examine les faits. A cet effet, elle peut auditionner les parties et des témoins. Si nécessaire, elle ordonne à ce stade des mesures préventives, par exemple en nommant un chargé d’enquête (art. 36 LFINMA). Une fois les faits établis, la FINMA invite les parties à prendre position. Après examen des éléments d’information communiqués par les parties, le groupe Enforcement compétent soumet l’affaire pour décision au comité d’enforcement de la Direction ou au Conseil d’administration. Si une décision de la FINMA fait l’objet d’un recours devant le Tribunal administratif fédéral, la ou le responsable de la procédure suit la procédure de recours jusqu’à ce que l’affaire soit définitivement tranchée par le Tribunal administratif fédéral ou le Tribunal fédéral. • Dès lors qu’une procédure administrative contraignante a abouti à une décision définitive, il s’agit de prendre les mesures d’application nécessaires. Selon la teneur de la décision, celles-ci incombent soit à l’enforcement, soit aux domaines chargés de la surveillance courante. Le règlement des faillites d’établissements autorisés au sens de la Loi sur les banques ou de la Loi sur les Bourses constitue une forme particulière de mise en œuvre (procédure d’insolvabilité). Ces faillites sont menées à leur tour dans le cadre de procédures administratives contraignantes. ■

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FINMA! Je le répète, la limite reste la soumission ou non aux lois sur les marchés financiers. Quiconque produit des assurances sans autorisation ne figurera pas sur cette liste négative. Il fera tout de suite l’objet de mesures. Il n’y a donc pas de

«Depuis les cinq années que je suis à la CFB et maintenant à la FINMA, il me semble que les rapports avec la BNS se sont considérablement améliorés»

délai. Mais pour répondre à votre première question, nous trouvons les gens soit sur dénonciation, soit incidemment, à l’occasion du traitement d’autres dossiers, soit encore parce que ces personnes entrent à un moment ou à un autre en contact avec des banques. Mais nous n’effectuons pas de recherches systématiques. B&F: Votre principale source d’information, c’est la dénonciation? A.H.L.: Je pense, oui. B&F: La surveillance des assurances diffère-t-elle fondamentalement de la surveillance bancaire? A.H.L.: Cela dépend du côté du bilan. S’agissant des placements de capitaux auxquels les assurances procèdent pour couvrir leurs besoins, la surveillance des risques est, en partie, la même que pour la surveillance bancaire, puisqu’il s’agit d’une activité exercée sur les marchés financiers. Par contre, des règles différentes s’appliquent pour les métiers relevant de l’assurance proprement dite qui supposent d’autres méthodes, notamment pour évaluer les risques normaux liés cette activité. Là, nous travaillons avec d’autres collaborateurs. Auparavant, nous n’avions pratiquement jamais travaillé avec des actuaires. A présent, il y a un service actuariel à l’intérieur de la FINMA. B&F: L’intégration de la surveillance des assurances s’est-elle faite sans trop de problèmes? A.H.L.: Il y a, du côté des assurances, une culture originellement un peu différente,

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Anne Héritier lACHAt d’abord parce que les assurances sont surveillées depuis beaucoup plus longtemps que les banques, et ensuite parce que, par tradition, et encore maintenant, il s’agit largement d’une surveillance effectuée directement par l’autorité. Celle-ci fait parfois appel à des réviseurs, mais ils sont utilisés moins systématiquement que dans les banques. B&F: Que pensez-vous des normes IFRS qui s’appliquent à présent dans toutes les grandes entreprises, et qui supposent notamment le calcul des actifs à la «juste valeur» (fair value). Les banques ont maintes fois fait valoir au plus gros de la crise qu’il ne leur était pas possible de calculer cette juste valeur, puisqu’il n’y avait tout simplement plus de marché pour certains actifs dont la valeur n’était certainement pas pour autant tombée à zéro… A.H.L.: C’est un aspect préoccupant, parce que les normes comptables ont un double effet. D’une part, elles posent ces difficultés techniques (comment calculer la fair value, constituer les réserves, etc.) D’autre part, il est admis qu’un certain nombre de stratégies adoptées par les établissements financiers sont aussi influencées par ces normes, car selon la manière de procéder, leur effet est autre sur le bilan et, in fine, sur les fonds propres. A mon avis, les difficultés liées aux normes comptables, qu’elles soient IFRS, GAAP ou autres proviennent, en partie, de leur élaboration et de leur modification qui sont l’objet de processus relativement opaques; ces normes échappent largement à la surveillance étatique. Par ailleurs, il y a tout de même eu des questionnements importants au moment de la crise. Les normes comptables ont aussi eu un effet procyclique qui devrait être corrigé. Or, à l’heure actuelle, il reste difficile de prévoir quand et comment elles vont évoluer. Il y a là un vrai point d’interrogation, qui n’est pas propre à la Suisse, puisque ces normes, internationales, appellent une réponse internationale. B&F: Dans l’un de ses derniers «rapports de suivi» concernant la Suisse, le GAFI relevait encore quelques «lacunes» dans le dispositif helvétique. Est-ce que ce genre de constat vous préoccupe? A.H.L.: La Suisse fait toujours des progrès, mais nous avons encore quelques problèmes, sauf erreur dans le régime des

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«La FINMA est une autorité qui, incontestablement, est davantage exposée qu’auparavant, et qui va devoir rendre plus de comptes» ANNE HÉRITIER LACHAT – FINMA

infractions préalables au blanchiment, dont certaines sont traitées chez nous comme des délits, alors que le GAFI préférerait qu’elles soient considérées comme des crimes, donnant lieu, par conséquent, à l’application de toutes les règles sur le blanchiment. Et je crois qu’il subsiste toujours

la question – qui, à mon avis, est une fausse question – des titres au porteur. A part cela, les règles et leur application sont vraiment compatibles. La FINMA est, par ailleurs, en train de regrouper les ordonnances sur le blanchiment, qui auparavant étaient séparées par branche, et qui vont désormais

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l’interView faire l’objet d’une ordonnance unifiée, avec peu de changements de fond, mais probablement des modifications qui faciliteront l’application et la compréhension de ces dispositions. B&F: Le GAFI est-il un sujet qui vous prend du temps? A.H.L.: C’est un sujet qui a toujours été important pour nous, parce que le GAFI établit des listes, et le fait que la Suisse figurait sur ces listes avait des conséquences pour les établissements que nous surveillons. A présent, nous sommes un peu plus à l’aise, puisque les points qui restent à traiter sont plutôt des points de détail. Je rappelle au passage que nous avons également intégré l’autorité de lutte contre le blanchiment. Donc, nous nous intéressons à cela aussi, mais vraiment au deuxième degré, puisqu’il y a, en première ligne, les organismes d’autorégulation et les lois. B&F: S’agissant justement de la lutte contre le blanchiment, êtes-vous satisfaits des résultats obtenus en Suisse? A.H.L.: Je crois que la FINMA est satisfaite du système mis en place, qui implique une surveillance relativement distanciée, portant sur les conditions cadre. Il reste un certain nombre de problèmes, liés à l’organisation des OAR des assurances notamment, mais qui sont en voie de résolution.

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B&F: Comment fonctionnent les rapports que la FINMA entretient respectivement avec la Banque nationale suisse et avec le Département fédéral des finances? A.H.L.: Depuis les cinq années que je suis à la CFB et maintenant à la FINMA, il me semble que les rapports avec la BNS se sont considérablement améliorés. Pas seulement parce que les deux instances ont dû collaborer pendant la crise, mais déjà auparavant. Dans le cadre des séances que nous avions régulièrement et que nous tenons toujours, nous avons vraiment des échanges sur les problèmes, et pas seulement une information mutuelle. Cela étant, les choses pourraient aller encore mieux si – et je vous livre ici mon sentiment personnel – nous pouvions avoir accès aux compétences de la BNS en matière macroéconomique, compétences que, pour le moment, nous n’avons pas réussi à nous procurer complètement et dont nous aurions besoin pour la surveillance bancaire, y compris celle d’éta-

L’ART

blissements moyens et plus petits. On pourrait imaginer par exemple un processus par lequel la BNS nous «prêterait» ses économistes pendant un certain temps. Il serait souhaitable de façon générale que nous ayons des échanges plus proches, à des niveaux plus bas. Il faut tout de même noter que la BNS a une organisation différente de la nôtre: son conseil d’administration est un organe assez éloigné des affaires, alors que nous, nous sommes un conseil d’administration proche. Il y a donc quelques décalages. Avec le Département des finances, nous avons eu des rapports plutôt lointains. A la suite des rapports des commissions du Parlement et des recommandations de celles-ci, cette situation s’améliore. D’autre part, avec la création du SFI, le Secrétariat d’Etat aux questions financières internationales de Michael Ambühl, nous avons un nouvel interlocuteur appréciable. Pour nous, c’est un réel progrès. ■ M.Si

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B&F: Pourtant, le blanchiment peut prendre un nombre de formes… A.H.L.: La Suisse a commencé depuis fort longtemps à lutter contre le blanchiment, et aussi longtemps qu’il n’était pas question d’infractions fiscales, elle n’a jamais ménagé ses efforts en la matière. Il y a là, je pense, une culture qui, pour des motifs visant également à éviter l’intervention étatique, a pris naissance avec les toutes premières conventions de l’Association suisse des banquiers. D’ailleurs, la CFB avait exigé depuis longtemps, dans le cadre très général de la garantie de l’activité irréprochable, que le banquier connaisse ses clients et comprenne les transactions. Ce sont là des règles relativement anciennes qui, par la suite, ont pris la forme de lois. B&F: L’autoréglementation a servi en quelque sorte d’avant-projet… A.H.L.: Ou à différer l’inéluctable, je ne sais pas.

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Gustav Klimt, Un orage se prépare (Le grand peuplier II), 1903, huile/toile, Leopold Museum, Vienne. Photo Manfred Thumberger.

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interView JeAn-FrAnÇois KAHn – éditoriAliste

La responsabilité supplémentaire du journaliste financier Le journaliste, éditorialiste et essayiste français, Jean-François Kahn, est surtout connu pour ses écrits politiques, volontairement polémiques et provocateurs. Il ne connaît guère et lit peu la presse financière, mais son opinion sur cette thématique du journalisme n’en est pas moins intéressante. Entretien avec cet «empêcheur de tourner en rond». Propos recueillis par Didier PLANCHE

Banque & Finance: Quelle est votre appréciation générale de la presse financière en Europe? JEAN-FRANÇOIS KAHN: Je connais surtout la presse financière anglo-saxonne et française. Je considère a priori qu’elle ne remplit pas sa fonction didactique et pédagogique. En effet, si elle s’adresse aussi à Monsieur tout le monde, elle doit davantage se mettre à son niveau en lui expliquant les enjeux de la finance, le fonctionnement de la Bourse, les caractéristiques et les risques des instruments financiers, etc. Actuellement, la presse financière ne remplit pas cette mission, car elle utilise un jargon hermétique aux profanes. Dans ces conditions, il ne faut pas se plaindre si le grand public ne comprend rien à la finance! En revanche, elle est dans sa cible rédactionnelle si elle s’adresse uniquement aux professionnels du secteur. Je remarque aussi que la presse financière rejoint les thèses du libéralisme économique et l’idéologie du capitalisme. Dès lors, les lecteurs d’une sensibilité politique autre s’en désintéressent. Autrement dit, la presse financière actuelle pêche par sa spécialisation excessive et son discours politique trop typé. Comme si les économistes et les investisseurs étaient tous de droite!

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B&F: Quelle est alors une bonne information financière? J.-F.K.: Si je tiens compte de mes propos précédents, une bonne information financière est vulgarisée, compréhensible et explicite pour tout le monde. En cette période économique troublée et incertaine, il s’agit encore plus d’expliquer simplement les fonctionnements des économies et des marchés ou les théories qui prévalent, par exemple, surtout que les populations sont concernées au quotidien par leur évolution et les répercussions qui en découlent, et pas uniquement les financiers! B&F: Comment définissez-vous un journaliste financier pertinent et quelle devrait être sa formation idéale? J.-F.K.: En ce qui concerne sa formation, il n’existe aucune différence entre un journaliste financier, politique ou localier. Le jour-

naliste doit surtout posséder une large culture générale, afin d’appréhender les interactions entre toutes les activités qui régissent la société, puis maîtriser sa spécialisation. En outre, il doit savoir synthétiser et vulgariser l’information selon le titre dans lequel il écrit.

Pas de sujet tabou B&F: Le journaliste financier peut-il s’exprimer sur tous les sujets qui concernent sa matière ou doit-il observer parfois une certaine réserve? J.-F.K.: Un journaliste doit s’imposer le devoir d’écrire ce qui est vrai et prouvé. Par conséquent, aucun sujet n’est tabou. En revanche, le journaliste financier porte une responsabilité supplémentaire, qui est de vérifier davantage ses sources et ses informations s’il s’exprime, par exemple, sur des

Définition des fonds spéculatifs par Jean-François Kahn1 Seules institutions légales dont la raison sociale officielle consiste à développer ouvertement des pratiques que toutes les morales réprouvent. Il s’agit, en effet, de détourner le capital de ses fonctions productives, créatrices, innovatrices, sociales, voire humanitaires, pour l’inciter – l’aider – à se consacrer exclusivement à sa propre maximisation sans médiation productive. Processus ultracapitaliste qui subvertit le fondement éthique du capitalisme lui-même sans qu’aucune encyclique, hélas! ne soit venue le rappeler ou le proclamer expressément. Dans la logique des fonds spéculatifs, les profits d’aujourd’hui ne sont pas les emplois de demain: en fait, les profits d’aujourd’hui ne visent que les profits de demain, au détriment des emplois d’aujourd’hui et de demain. Il résulte, cependant, de l’acquisition de la majorité du capital d’une entreprise par un fonds spéculatif, que l’exploitation de l’homme par l’homme s’en trouve abolie. Non point parce qu’il n’y a plus d’exploitation, mais parce que les éventuels exploités ne savent plus qui les exploite, et parce que l’exploitation collective, surtout s’il s’agit d’un fonds de pension, ignore qui il exploite. ■ 1

Dernières salves, Supplément au Dictionnaire incorrect et à l’Abécédaire mal-pensant, Ed. Plon, Paris 2009.

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JeAn-FrAnÇois KAHn sociétés cotées en Bourse. Comme vous le savez, une information négative, accusatrice et surtout non authentifiée sur une telle société peut influencer directement le cours de son titre, avec des conséquences parfois très graves. Une information erronée peut même provoquer une panique boursière, de même que des manipulations spéculatives. Par conséquent, le journaliste financier doit être très professionnel dans son écrit et, évidemment, n’avoir aucun intérêt personnel à défendre. C’est pour cette raison qu’il est préférable que le journaliste financier ne soit pas lui-même investisseur en Bourse, ou alors qu’il s’interdise d’écrire sur des titres qu’il possède dans son portefeuille d’actifs. B&F: Doit-il systématiquement dénoncer les scandales, les fraudes ou autres opérations d’initiés? J.-F.K.: Bien sûr si, encore une fois, ses informations sont prouvées. Dans ce cas de figure, sa mission vise bien à informer les lecteurs, mais surtout à défendre les épargnants et investisseurs. B&F: Certains journalistes financiers sontils à la solde du pouvoir économique? J.-F.K.: Oui d’une certaine manière, puisque des publications financières appartiennent à des groupes industriels puissants. Dans ces conditions, le journaliste financier peut être contraint à se montrer complaisant et flatteur dans ses écrits sur le groupe en question. Il subit une sorte de pression quasi insurmontable, à défaut de la refuser en prenant la porte! B&F: La corruption existe-t-elle dans le journalisme financier?

«Les fonds spéculatifs consistent à détourner le capital de ses fonctions productives, créatrices, innovatrices, sociales, voire humanitaires, pour l’inciter – l’aider – à se consacrer exclusivement à sa propre maximisation sans médiation productive» JEAN-FRANÇOIS KAHN

J.-F.K.: Certainement, mais elle concerne l’ensemble de la corporation. Les journalistes font souvent l’objet de sollicitations,

dont certaines peuvent se concrétiser par des enveloppes en échange de textes favorables. C’est à chacun individuellement de refuser de telles pratiques et de se comporter selon sa conscience et son éthique.

Un témoin engagé de l’actualité Licencié en histoire, Jean-François Kahn (1938) a été correspondant pour Paris Presse, L’Intransigeant et L’Express, puis éditorialiste à Europe 1 et envoyé spécial permanent pour Le Monde, en Afrique du Nord. Après avoir fondé et animé L’Evénement du Jeudi, il a dirigé l’hebdomadaire politique Marianne jusqu’en 2007, dont il était aussi le fondateur. Il continue d’ailleurs d’y publier une chronique. Essayiste de talent, il est l’auteur de nombreux ouvrages dont Esquisse d’une philosophie du mensonge, Tout change parce que rien ne change, De la révolution, etc. Doté d’un sens affûté de la répartie et d’un penchant affirmé pour la polémique, Jean-François Kahn s’en prend souvent vigoureusement à l’ordre établi et à la «pensée unique». Il s’est engagé en politique sous l’étiquette du MoDem de François Bayrou et a été élu au Parlement européen, lors des élections européennes de 2008. Mais conformément à ses engagements de campagne, il a renoncé à siéger au profit de la numéro 2 de la liste. En 2009, il a annoncé la création d’un club de réflexion nommé Crréa (centre de réflexion et de recherche pour l’élaboration d’alternatives), destiné à «travailler à des alternatives qui dépassent les discours anciens et les approches qui ont fait faillite». ■

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B&F: Une question plus personnelle, JeanFrançois Kahn. L’une des dernières couvertures de votre hebdomadaire politique Marianne traitait le président Sarkozy de voyou de la République. J’imagine que vous êtes désormais dans la ligne de mire du gouvernement pour tenter de vous faire taire? J.-F.K.: Oh vous savez, je ne risque rien, car je suis parfaitement en ordre avec mes impôts. Les contrôleurs du fisc ne peuvent donc pas me prendre en faute pour tenter de me museler! En plus, je suis retraité, donc je m’en moque! ■ D.P.

B&F

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Fonds de PlACement REPÈRES DU MARCHÉ DE LA GESTION COLLECTIVE Palmarès sur un an des catégories de fonds avec au moins 5 fonds Moyennes des catégories MORNINGSTAR

Perf. en % sur 1 an

Perf. en % annualisée sur 3 ans

Volatilité annualisée sur 3 ans

Perf. en % annualisée sur 5 ans

MEILLEURES PERFORMANCES DES CATÉGORIES MORNINGSTAR - FONDS ACTIONS & MIXTES

Actions Turquie Actions Asie-Pacifique Autre Actions Secteur Métaux Précieux Actions Malaisie Actions ASEAN Actions Suède Petites et Moyennes Cap. Actions Inde Actions Suède Gdes Cap. Actions Afrique du Sud et Namibia Actions Israel Petites Cap.

32.26 28.54 26.79 25.78 24.38 23.62 22.18 21.35 20.43 18.57

-6.75 0.30 1.06 0.87 -5.02 -5.99 -4.84 -7.97 -4.77 -4.00

48.39 29.27 33.42 20.04 27.12 32.97 37.85 33.34 31.56 35.69

5.67 13.79 11.79 9.25 10.83 5.85 9.89 4.06 5.04 4.91

MOINS BONNES PERFORMANCES DES CATÉGORIES MORNINGSTAR - FONDS ACTIONS & MIXTES Actions France Gdes Cap. Actions Euroland Gdes Cap. Actions Espagne Actions Portugal Actions Grèce

-10.33 -11.08 -18.82 -25.00 -44.29

-16.15 -17.57 -15.22 -20.61 -35.04

25.94 26.14 27.64 27.85 34.99

-4.32 -4.82 -1.93 -4.49 -13.88

MEILLEURES PERFORMANCES DES CATÉGORIES MORNINGSTAR - FONDS OBLIGATAIRES Obligations Globales Islamiques Obligations et Liquidités Dollar Australien Obligations à Haut Rendement Livre Sterling Obligations à Haut Rendement Dollar Obligations Marchés Emergents Obligations Asie Obligations Privées Livre Sterling Obligations Franc Suisse Obligations SEK Obligations Privées Dollar

10.77 8.32 7.71 7.42 6.11 5.53 4.86 4.19 3.36 2.96

0.83 2.71 -7.49 -1.63 0.21 -0.03 -8.05 4.00 -1.74 0.24

11.89 14.33 21.63 17.49 15.23 11.85 16.34 4.24 12.60 11.78

1.62 3.87 -2.13 0.11 1.58 0.50 -3.75 1.95 0.60 -0.29

MOINS BONNES PERFORMANCES DES CATÉGORIES MORNINGSTAR - FONDS OBLIGATAIRES Obligations Euro Diversifiées Obligations à CT DKK Obligations d´Etat Euro Obligations Euro Indexées Obligations à CT Euro

-7.45 -7.92 -8.19 -8.36 -10.53

-2.87 -2.66 -1.74 -2.53 -4.69

9.19 8.78 8.83 10.07 8.69

-0.41 0.51 0.05 -0.75 -0.99

FUND PROFILE: ANALYSE DE FONDS: «CENTIFOLIA» – FR0007076930 La catégorie «Actions France Grandes Cap.» fait partie des catégories de fonds faiblement valorisés. Banque & Finance vous propose de prendre connaissance de l’analyse Morningstar sur ce fonds. Ce fonds d’actions françaises est, à notre avis, l’un des meilleurs, mais nous souhaitons voir les frais baisser. Centifolia est géré par l’un des gérants les plus expérimentés sur les actions françaises. Jean-Charles Mériaux possède plus de vingt ans d’expérience et a bâti un historique de performance des plus solides depuis le lancement de ce fonds en 2002. Ce succès tient à son talent d’investisseur et à une approche qui, sans être exagérément sophistiquée, repose sur des règles d’investissement strictes, clairement orientées vers une gestion de type «value». L’approche consiste à identifier des entreprises solides financièrement, bénéficiant d’un management de qualité, mais dont les fondamentaux sont sous-évalués par le marché. Le gérant fait preuve d’une grande discipline sur les valorisations. Il utilise différents critères, mais est particulièrement attentif au prix payé rapporté aux bénéfices (P/E). En véritable gérant «value», il n’hésite pas à augmenter les liquidités du portefeuille s’il estime que les opportunités à bon prix se font rares. Par exemple, dès 2006, le niveau de cash du fonds a augmenté jusqu’à

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B&F

atteindre 25%. Cette gestion tactique a permis de mieux protéger le capital des investisseurs dans la correction qui a suivi en 2007 et 2008. Une autre caractéristique de cette approche conservatrice est l’exposition aux sociétés considérées comme cycliques. Elle est limitée en permanence à 50% des actifs, le reste du portefeuille étant investi en valeurs défensives de rendement. Le gérant garde ainsi un portefeuille concentré sur ses plus fortes convictions en réduisant le risque. Depuis son lancement, la volatilité du fonds est bien moindre que celle affichée en moyenne par ses concurrents. L’attention particulière portée aux valorisations et à la cyclicité du portefeuille peut toutefois ternir les résultats relatifs quand le momentum de marché est élevé. A cet égard, la contre-performance de l’année dernière, dans un marché tiré par les valeurs à fort bêta, principalement cycliques et bancaires, ne nous surprend pas. Le fonds avait connu un sort similaire en 2005. Sur le long terme, la cohérence de l’approche et la

qualité de la sélection de titres ont permis de bâtir un excellent track record. De son lancement à fin mars 2010, le fonds a battu 98% de ses concurrents et a surperformé la moyenne de la catégorie de 3,93% par an en moyenne. Le seul point négatif de cette offre concerne les frais payés par les investisseurs. Outre des frais de gestion déjà élevés, DNCA prélève, en effet, des commissions de mouvement qui, sur l’exercice 2009, ont porté le total des frais sur encours parmi les 20% les plus chers de la catégorie (2,63%). Ce prix très élevé est, à notre avis, de moins en moins justifiable, d’autant plus que la taille du fonds dépasse désormais les deux milliards d’euros. Nous gardons une très haute opinion du gérant et de la stratégie. Le fonds conserve donc la meilleure note qualitative, «Elite», mais nous souhaitons voir les frais baisser. Mathieu CAQUINEAU, Analyste, Morningstar France

Centifolia vs Catégorie Morningstar Time Period: 01/10/2005 to 30/09/2010

150 145 140 135 130 125 120 115 110 105 100 95 90 85 80 75 70 65 60

2005

2006

2007

Centifolia

2008

2009

2010

93.28

Europe OE France Large-Cap Equity

84.39

Calcul de la performance en CHF, dividendes réinvestis, arrêté au 30/09/2010 Source © 2010 MORNINGSTAR, Inc. Tous droits réservés.

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rePères Les plus grandes catégories de fonds passées au crible du 1er quartile Time Period: 01/10/2005 to 30/09/2010

187.5

Asia-Pacific ex-Japan Equity

180

Europe Large-Cap Blend Equity

133.56 84.82

165

Global Large-Cap Blend Equity

83.45

157.5

U.S. Large-Cap Blend Equity

172.5

150

CHF Aggressive Balanced

142.5

CHF Cautious Balanced

135

76.63 98.29 104.32

127.5 120 112.5 105 97.5 90 82.5 75 67.5 80 52.5

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Le graphique ci-contre indique l'évolution des catégories de fonds sur cinq ans. Dans chaque numéro, Banque & Finance vous présente également une sélection de fonds. Découvrez avec nous les rares produits qui réussissent à se hisser dans le premier quartile sur toutes les périodes analysées. Nous publions au maximum les cinq premiers fonds sur un an.

Sur 102 fonds de la catégorie MORNINGSTAR «Actions Suisse Gdes Cap.», 7 fonds restent dans le 1er quartile sur 6 mois, 1 an et 3 ans. Actions Suisse Gdes Cap. Nom du fonds

Promoteur

Code ISIN

SVM Value SL iFunds (CH) Eq Switzerland (CHF) UBS (CH) Mgr Sel Eqs Switzerland XT2 B UBAM Swiss Equity I AXA WF Frm Switzerland AC CHF Moyenne

SIF Swiss Investment Funds SA Swiss Life Funds AG UBS Union Bancaire Privee AXA Investment Managers Paris

CH0013610248 CH0023989467 CH0015312546 LU0132668087 LU0087657150

Perf. en % sur 6 mois

Perf. en % sur 1 an

6.19 -0.13 -3.49 -4.15 -5.07 -6.16

16.78 14.05 7.18 6.69 4.34 2.05

Perf. en % annualisée sur 3 ans -3.59 -6.28 -7.38 -8.12 -7.26 -9.33

Volatilité annualisée sur 3 ans 19.58 18.44 16.40 17.35 17.55 18.08

Etoiles MORNINGSTAR ★★★★★ ★★★★★ ★★★★★ ★★★★ ★★★★

Sur 41 fonds de la catégorie MORNINGSTAR «Actions Suisse Petites & Moy. Cap.», 6 fonds restent dans le 1er quartile sur 6 mois, 1 an et 3 ans. Actions Suisse Petites & Moy. Cap. Nom du fonds

Promoteur

Code ISIN

LO Swiss Cap ex-SMI I D DWS (CH) - Small&Mid Caps Switzerld BGF Swiss Small & Mid Cap Opps A2 CHF UBS (CH) IF Small & Mid Cap Eqs CH IB BB Entrepreneurial Switzerland A Moyenne

Lombard Odier Darier Hentsch & Cie State Street Fondsleitung AG Blackrock (Luxembourg) S.A. UBS Wegelin Fondsleitung AG

CH0020299548 CH0025038479 LU0376446257 CH0011764310 CH0023244368

Perf. en % sur 6 mois

Perf. en % sur 1 an

5.52 3.06 1.85 1.40 0.84 -1.04

18.12 15.27 14.32 13.53 13.14 7.87

Perf. en % annualisée sur 3 ans -5.87 -0.43 -0.18 -3.56 -5.61 -7.37

Volatilité annualisée sur 3 ans 24.57 23.79 21.90 22.97 20.44 23.48

Etoiles MORNINGSTAR ★★★ ★★★★★ ★★★★★ ★★★★ ★★★★

Sur 130 fonds de la catégorie MORNINGSTAR «Actions Europe Gdes Cap. Mixte», 11 fonds restent dans le 1er quartile sur 6 mois, 1 an et 3 ans. Actions Europe Gdes Cap. Mixte Nom du fonds

Promoteur

Code ISIN

Threadneedle Pan Eurp Inst Net EUR Reyl (LUX) GF European Equities B Schroder ISF European Special Sit A MS INVF European Equity Alpha I Invesco European Growth Equity A Moyenne

Threadneedle Investments Reyl & Cie (France) Schroder Investment Management Ltd. Morgan Stanley Investment Funds Invesco Global Asset Management Ltd.

GB0030810682 LU0160155981 LU0246035637 LU0034265305 LU0194779913

Perf. en % sur 6 mois

Perf. en % sur 1 an

1.10 -1.18 -1.13 -1.46 -2.95 -5.99

6.63 4.09 3.49 3.06 3.06 -3.80

Perf. en % annualisée sur 3 ans -8.89 -11.83 -12.21 -13.12 -14.43 -15.88

Volatilité annualisée sur 3 ans 22.83 24.89 23.75 24.21 24.65 25.20

Etoiles MORNINGSTAR ★★★★★ ★★★★★ ★★★★ ★★★★ ★★★★★

Sur 123 fonds de la catégorie MORNINGSTAR «Actions Etats-Unis Gdes Cap. Mixte», 9 fonds restent dans le 1er quartile sur 6 mois, 1 an et 3 ans. Actions Etats-Unis Gdes Cap. Mixte Promoteur Nom du fonds

Code ISIN

LGT Multi Manager Eq North Amer USD B CONNECT Equity USA GREEN I CIF US Growth and Income B CONNECT Equity USA RED I UBS (CH) IF2 Equities USA Passive IB Moyenne

LI0026536560 CH0027988838 LU0157028936 CH0027988796 CH0022985938

LGT Capital Management Credit Suisse Asset Management Capital International Credit Suisse Asset Management UBS

Perf. en % sur 6 mois

Perf. en % sur 1 an

-5.29 -6.32 -7.38 -8.19 -8.42 -9.82

7.67 6.99 5.80 4.04 3.81 0.90

Perf. en % annualisée sur 3 ans -10.03 -7.77 -10.74 -12.37 -12.24 -13.98

Volatilité annualisée sur 3 ans 22.63 27.08 22.59 22.36 22.39 23.46

Etoiles MORNINGSTAR ★★★★★ ★★★★★ ★★★★ ★★★★★ ★★★★

Sur 117 fonds de la catégorie MORNINGSTAR «Actions Asie-Pacifique hors Japon», 11 fonds restent dans le 1er quartile sur 6 mois, 1 an et 3 ans. Actions Asie-Pacifique hors Japon Nom du fonds

Promoteur

Code ISIN

Aberdeen Global Asian Smaller Cos D2 HSBC GIF Asia ex Jap Eq Sm Co A Templeton Asian Growth A YDis $ T. Rowe Price Asian ex-Japan Eq I Aberdeen Global Asia Pacific Equity A2 Moyenne

Aberdeen Asset Managers Ltd Lux HSBC Investment Funds (Luxembourg) S.A. Franklin Templeton Investment Funds T. Rowe Price Global Inv. Services Ltd Aberdeen Asset Managers Ltd Lux

LU0231459958 LU0082770016 LU0029875118 LU0266341725 LU0011963245

NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2010

Perf. en % sur 6 mois

Perf. en % sur 1 an

19.78 7.42 7.24 7.30 6.64 1.11

42.17 28.33 26.19 22.78 18.39 10.86

Perf. en % annualisée sur 3 ans 7.09 -6.90 -5.43 -6.39 -2.43 -9.73

Volatilité annualisée sur 3 ans 23.79 33.89 34.33 36.23 27.13 29.10

Etoiles MORNINGSTAR ★★★★★ ★★★ ★★★★ ★★★ ★★★★★

B&F

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Fonds de PlACement noUVeAUX Fonds de PlACement

Des lancements tous azimuts Chez les promoteurs de fonds, l’imagination est revenue au pouvoir et toutes les niches d’investissement sont systématiquement exploitées. En parallèle du foisonnement ininterrompu des ETFs, les fonds de type UCITS III se développent à très grande vitesse. Pour tenir compte des incertitudes des investisseurs, le segment du rendement absolu enregistre, lui aussi, une belle croissance. Le marché suisse reste un terrain de chasse privilégié pour les gérants d’actifs étrangers, dont l’activité d’enregistrement de fonds ne ralentit pas, bien au contraire. FONDS ACTIONS EUROPE Oddo Génération Europe NOM DES GÉRANTS: E. Chapuis, G. Delorme, J. Gomez Rodriguez, Oddo Asset Management FORTUNE: EUR 46 millions (31.08.2010) POLITIQUE D’INVESTISSEMENT: Investi dans les valeurs familiales de la zone euro de tous les secteurs économiques et toutes les tailles de capitalisation, le fonds a pour objectif de surperformer l’indicateur OSF Euro (Oddo Sociétés Familiales Euro) sur un horizon d’investissement supérieur à cinq ans. Une valeur familiale répond à trois critères: être contrôlée par une famille, représenter l’essentiel du patrimoine de cette famille et avoir une perspective d’investissement long terme. Malgré ses orientations «valeurs familiales» et long terme, la volatilité du fonds sur trois ans, à 29,63%, ne diffère pas de celle de ses indices. Cependant, si, en 2008, sa performance a été quasi identique à celle de l’Euro Stoxx (–45,4%), en 2009, le fonds a réalisé une progression de 46,8%, double de celle de cet indice et en ligne avec celle de son indice de référence, le Oddo Sociétés Familiales. A fin août, sur le plan géographique, le fonds, composé de 46 titres, est clairement surpondéré en valeurs françaises (42% des actifs vs 31% dans l’indice de référence) et allemandes (26% vs 21%). Selon le gérant: «Le taux d’investissement est maintenu à 99%, avec toujours une préférence marquée pour les valeurs de grande capitalisation (75% de nos investissements) et une grande vigilance sur la qualité des résultats de notre univers.» INDICE DE RÉFÉRENCE: OSFEI/DJ Euro Stoxx (l’indice OSFEi, Oddo Sociétés Familiales, a été spécifiquement créé par Oddo AM pour mesurer la performance de la thématique «valeurs familiales» en Europe) PERFORMANCE AU 31.08.2010: –5,5% vs –1,6% (OSFEi) vs –8,6% (Euro Stoxx) PERFORMANCE DEPUIS LE 29.12.2006: –6,4% vs –7,2% vs –11,6% (indice de référence et processus de gestion ont été modifiés depuis le 01.01.2007) DATE DE LANCEMENT: 08.12.1989

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B&F

SAINT-HONORÉ EURO LEADERS NOM DES GÉRANTS: Marc Halperin, Anthony Penel, Edmond de Rothschild Asset Management (changement de nom du fonds 01.06.2010 ex-Tricolore) FORTUNE: EUR 259,65 millions (30.07.2010) POLITIQUE D’INVESTISSEMENT: Le fonds vise à sélectionner les leaders de demain, à savoir des valeurs de croissance de la zone euro occupant, ou amenées à occuper, des positions dominantes et pérennes sur leurs marchés, grâce à leur stratégie de développement et d’innovation. INDICE DE RÉFÉRENCE: MSCI EMU (EUR) INDICE DE MARCHÉ (INDICE DNR): MSCI EMU (NR) (EUR) PERFORMANCE YTD: –6,37% vs –6,68% (indice) vs –5,10% (indice DNR) PERFORMANCE 3 ANS: –27,21 vs –36,13% vs –29,26% PERFORMANCE ANNUALISÉE DEPUIS CRÉATION: 10,27% DATE DE LANCEMENT: 21.01.1981 (part D: 24.03.2005)

Evolution de la performance (du 31/07/2000 au 30/07/2010)

NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2010


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noUVeAUX Fonds FONDS ACTIONS MARCHÉS ÉMERGENTS Danske Invest – Russia GÉRANTE: Olga Karakozova. L’équipe de Danske Capital en charge de l’Europe de l’Est se compose de douze personnes, toutes en possession d’un solide savoir-faire local du marché russe (sept gérants de portefeuilles, quatre analystes et une négociante en actions). Danske Capital, gérant d’actifs, appartient au Danske Bank Group. A travers ses implantations en Europe du Nord et de l’Est, il gère 66 milliards d’euros d’actifs. FORTUNE: USD 10,80 millions POLITIQUE D’INVESTISSEMENT: Actions d’entreprises actives en Russie ou cotées à la Bourse russe, le portefeuille peut également contenir des sociétés étrangères en forte corrélation avec l’économie russe. L’approche est à la fois top-down et bottom-up: identification des thèmes stratégiques, puis sélection des titres en vue de créer un portefeuille diversifié. A fin juillet, le fonds était réparti sur 59 titres, les dix principales positions représentant 43% de ses actifs. L’objectif est de battre l’indice boursier russe RTS de 4 à 5% (surperformance sur les douze derniers mois: 9,95%, sur trois ans: 2,78%). Selon la gérante, «à l’heure actuelle, les conditions sont propices à une augmentation des cours en Russie. Le marché russe des actions affiche, sur la base des douze prochains mois, un rapport cours/

NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2010

bénéfice de 7, avec une augmentation des bénéfices des entreprises de 30%. Aucun autre marché international des actions ne se négocie à un prix aussi avantageux.» A l’instar d’un nombre restreint de pays, l’économie russe repose, en outre, sur des fondations solides avec une croissance du PIB de quelque 5% prévue en 2010 et une dette extérieure de seulement 7% du PIB. Et l’experte de conclure: «Si l’économie mondiale continue de se redresser, au cours des mois à venir, sans brusques revirements de situation, les investisseurs devraient alors acheter des actions russes durant le dernier trimestre de cette année ou, au plus tard, au début 2011.» INDICE DE RÉFÉRENCE: RTS PERFORMANCE DEPUIS LANCEMENT: –4,61% vs 0% (indice) COMMISSION DE GESTION: 2% DATE DE LANCEMENT: 29.04.2010

L’information bancaire et financière en ligne sur www.banque-finance.ch avec B3B

B&F

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Fonds de PlACement FONDS OBLIGATIONS

OBLIGATIONS CONVERTIBLES

AXA IM FIIS Short Duration High Yield

Oddo Convertibles

NOM DU GÉRANT: Axa Investment Managers Inc. (Axa IM), Greenwich, Etats-Unis. Anne Yobage, Tom Kelleher et Hannah Strasser travaillent ensemble depuis quinze ans et, depuis 2001, au sein Axa IM et se concentrent exclusivement sur le marché du haut rendement. FORTUNE: USD 5075,21 millions (8.07.2010) POLITIQUE D’INVESTISSEMENT: Le fonds investit dans les emprunts d’entreprises américaines à échéance courte, y compris dans les titres à haut rendement qui peuvent être résiliés de manière anticipée et qui présentent une durée résiduelle de trois ans au maximum. Grâce à leur approche rendement absolu, les gérants ont dégagé des rendements positifs depuis le lancement du fonds en 2004, et ce, avec une volatilité systématique inférieure à celle de l’indice. Le fonds offre des parts libellées en euros, en dollars US et en livres sterling et, depuis juillet 2010, des tranches en francs suisses. INDICE DE RÉFÉRENCE: Merrill Lynch US High Yield Master II Index PERFORMANCE 2010 AU 31.08: 5,57% PERFORMANCE SUR 5 ANS (TRANCHE A (H) EUR): 28,14% COMMISSION DE GESTION (CHF H): 0,75% à 1% DATE DE LANCEMENT: 01.04.2004 Signe des temps, fin septembre 2010, Axa IM a annoncé la création d’une cellule dédiée à la gestion «total return» (priorité à la préservation du capital). Dirigée par Serge Pizem, venant de Axa Framlington, cette nouvelle équipe «augmentera notre capacité à fournir les solutions d’investissement que réclament nos clients. Les qualités d’entrepreneur dont Serge Pizem a fait preuve au cours de son parcours au sein d’Axa IM seront un atout pour développer cette activité, dont nous souhaitons faire un important moteur de croissance pour l’entreprise à moyen terme», a déclaré Dominique Carrell-Billiard, CEO d’Axa IM.

NOM DES GÉRANTS: X. Hoche, M. Blanchier, Oddo Asset Management (OAM) FORTUNE: EUR 333 millions (31.08.2010) POLITIQUE D’INVESTISSEMENT: Le fonds investit dans les convertibles européennes libellées en euro (exposition maximale hors euro: 30%) et vise à battre l’indice Exane Convertibles Eurozone. Sa gestion active est basée sur une analyse fondamentale, dont le but est de sélectionner les titres les plus performants du marché. Actif depuis plus de quinze ans sur les convertibles, OAM a fait de cet actif l’un de ses piliers stratégiques. Sa gestion des convertibles repose sur trois axes: une gestion indépendante des indices, qui se traduit par des portefeuilles concentrés (52 positions dans le fonds à fin août), des gérants qui possèdent une expérience de plus de dix ans dans le secteur, des fonds purs et le respect du profil convexe de la convertible (la sensibilité du portefeuille peut aller jusqu’à 75%). INDICE DE RÉFÉRENCE: Exane ECI Eurozone PERFORMANCE YTD AU 31.08.2010: –4,3% vs –2,2% (indice) PERFORMANCE SUR 5 ANS: 13,8% vs 12,9% (indice) DATE DE LANCEMENT: 12.04.2006

OBLIGATIONS MARCHÉS ÉMERGENTS HSBC GIF BRAZIL BOND NOM DU GÉRANT: Octavio Ferreira, HSBC Global Asset Management FORTUNE: USD 40,81 millions (30.07.2010) POLITIQUE D’INVESTISSEMENT: Le gérant investit dans les titres à taux fixes de qualité ou à haut rendement libellés, pour la plupart, en reals brésiliens. La part des titres émis par le gouvernement brésilien est plafonnée à 35% des actifs du fonds. INDICE DE RÉFÉRENCE: Brazilian Interbank Rate PERFORMANCE 12 MOIS: 19,5% (30.07.2010) PERFORMANCE DEPUIS LANCEMENT: 70,3% (30.07.2010) DATE DE LANCEMENT: 06.07.2006

Performance depuis lancement 114 112 Portfolio (11.04%)

110 108 106 104 102 100 98 31/08/2009

31/10/2009

31/12/2009

28/02/2010

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Fonds de PlACement Dexia Diversified Futures

FONDS DIVERSIFIÉS Alion Fund – Tanzanite World Equity Fund NOM DU GÉRANT: Solitaire Wealth Management AG, Zurich. La société a été fondée en 2004 par Thomas Dürmüller et compte quatre conseillers en investissement. FORTUNE: CHF 9,97 millions (01.07.2010) POLITIQUE D’INVESTISSEMENT: Fonds diversifié dont la part actions minimale doit représenter 51% des actifs, l’objectif étant de faire mieux que l’indice MSCI World en francs suisses, et ce, en maintenant une certaine régularité (horizon d’investissement recommandé: cinq ans au minimum). La gestion est caractérisée par une pondération importante en actions suisses, une forte surpondération des régions du monde en forte croissance, l’utilisation de tous les véhicules d’investissement disponibles (titres, fonds, ETFs, etc.), une gestion active et des stratégies visant la maximisation du rapport coût/bénéfice et la préservation du capital. INDICE DE RÉFÉRENCE: MSCI Monde en CHF PERFORMANCE DEPUIS LANCEMENT: –8,94% vs –13,42% (indice au 1.07.2010) DATE DE LANCEMENT: 01.04.2010

BDG FUND – BDG Balanced (CHF) NOM DU GÉRANT: Banque de Dépôts et de Gestion SA, Lausanne FORTUNE: CHF 8,33 millions POLITIQUE D’INVESTISSEMENT: Allocation de référence équilibrée entre obligations et actions en vue d’une croissance de la fortune à long terme, ainsi que de revenus complémentaires réguliers. La diversification monétaire est recherchée. INDICE DE RÉFÉRENCE: n.d. PERFORMANCE DEPUIS LANCEMENT: –1,20% (10.09.2010) COMMISSION DE GESTION: 1,50% DATE DE LANCEMENT: 28.06.2010

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NOM DU GÉRANT: Dexia Asset Management FORTUNE: EUR 18 millions (30.06.2010) POLITIQUE D’INVESTISSEMENT: Le fonds vise à surperformer Eonia, tout en maîtrisant sa volatilité. Le programme de trading, fondé sur de nombreux modèles quantitatifs propriétaires, est appliqué à un univers d’investissement très diversifié (indices actions, taux d’intérêt courts, obligations d’Etat, devises, matières premières). INDICE DE RÉFÉRENCE: Eonia PERFORMANCE DEPUIS LANCEMENT: –3,69% (30.06.2010) DATE DE LANCEMENT: 16.11.2009

LGT Strategy 3 Years (USD) B NOM DU GÉRANT: Alex Borer, LGT Capital Management Ltd FORTUNE: USD 58,85 millions (31.08.2010) POLITIQUE D’INVESTISSEMENT: Fonds géré de manière active et diversifiée sur les marchés monétaires, les obligations, les actions et les matières premières et qui vise un ratio rendement/risque optimisé à long terme. L’objectif, grâce à une exposition importante aux taux fixes, est de limiter les probabilités de pertes sur un horizon d’investissement de trois ans. La gestion est basée sur l’analyse fondamentale, ainsi que sur les résultats émanant des recherches en finance comportementale. A fin août, sur les dix principales positions, trois représentaient des fonds multigérants de LGT. Lancés fin 1999, les fonds LGT en euros et francs suisses appliquant la même stratégie se sont vus décerner la note AA par S&P Fund Management Ratings. En ce qui concerne le fonds en francs suisses trois ans, sa baisse maximale depuis 2004 a été de 16,6% et la durée maximale de drawdown, de seize mois. INDICE DE RÉFÉRENCE: aucun indice comparable existant PERFORMANCE DEPUIS LANCEMENT: n.d. COMMISSION DE GESTION, ALL IN: 1,55% DATE DE LANCEMENT: 30.04.2010

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Fonds de PlACement PERFORMANCE ABSOLUE Amundi Funds – Arbitrage VaR 2 (EUR) NOM DU GÉRANT: Marc Plans. L’équipe de gestion, basée à Londres, est composée de plus de 20 professionnels spécialisés par classes d’actifs. FORTUNE: EUR 249,6 millions (08.2010) POLITIQUE D’INVESTISSEMENT: Dégager une performance absolue (Eonia +1% p.a.) sur un an grâce à une allocation dynamique de la VaR estimée sur les marchés OCDE et non-OCDE de taux et de devises. L’équipe de gestion diversifie son allocation entre des positions stratégiques directionnelles et relatives, des paris tactiques et du trading court terme. C’est l’allocation du budget risque (fourchette de VaR à 95% ex-ante comprise entre 0 et 2,5% l’an) qui détermine la composition du portefeuille. INDICE DE RÉFÉRENCE: 100% Eonia capitalisé (J) (BASE 360) PERFORMANCE SUR 1 AN: 4,07% vs 0,37% PERFORMANCE DEPUIS LANCEMENT: 17,35% vs 14,10% (indice au 25.08.2010) DATE DE LANCEMENT: 18.04.2005

Amundi Funds – Var Short Term I NOM DU GÉRANT: Merrick Styles. Disposant d’une expérience de plus de quinze ans en gestion de trésorerie des portefeuilles obligataires internationaux et performance absolue, l’équipe de gestion développe depuis plus de deux ans l’arbitrage monétaire. Elle est composée de 20 personnes et est basée à Londres. FORTUNE: n.d. POLITIQUE D’INVESTISSEMENT: Sur six à neuf mois, dégager une performance absolue (Eonia + 0,75% par an après frais) par une allocation dynamique de l’enveloppe de risque prédéfinie (VaR ex-ante entre 0 et 1,5%) sur les marchés de taux, devises et monétaires des pays développés et émergents. INDICE DE RÉFÉRENCE: Eonia, capitalisé quotidiennement PERFORMANCE DEPUIS LANCEMENT (AU 8.09.2010): 0,42% vs 0,21% (indice) DATE DE LANCEMENT: 15.02.2010

BNY Mellon Global Real Return (EUR)

Amundi Funds – Dynarbitrage VaR 4 (EUR) NOM DU GÉRANT: Christophe Chappuis, cf. VaR 2 FORTUNE: EUR 164,9 millions POLITIQUE D’INVESTISSEMENT: Dégager une performance absolue (Eonia +2% p.a.) sur deux ans grâce à une allocation dynamique de la VaR estimée (max. 4% l’an) sur les marchés OCDE et non-OCDE de taux et de devises, ainsi que sur les marchés d’actions OCDE et de matières premières. INDICE DE RÉFÉRENCE: 100% Eonia capitalisé (J) (BASE 360) PERFORMANCE DEPUIS LANCEMENT : 11,72% vs 14,10% (indice) (25.08.2010) DATE DE LANCEMENT: 18.04.2005

La stratégie d’investissement

NOM DES GÉRANTS: BNY Mellon Asset Management, Newton Investment Management, Londres, James Harries et AIain Steward (près de vingt-cinq ans d’expérience), responsables des investissements pour les fonds globaux. Depuis 2004, les gérants gèrent un fonds similaire, le Newton Real Return, noté AAA par S&P. Filiale de gestion d’actifs de BNY Mellon, Newton affiche des actifs sous gestion de plus de 41 milliards de livres sterling. Sa gestion est caractérisée par une approche globale et thématique. FORTUNE: EUR 27,05 (31.07.2010) POLITIQUE D’INVESTISSEMENT: Fonds flexible à performance absolue, investi dans toutes les classes d’actifs (actions, obligations, monétaire et produits dérivés), sans restriction de placement par rapport à un actif particulier. L’objectif consiste à battre le marché monétaire sur un horizon d’investissement de trois à cinq ans, avec une exposition modérée au risque à tout moment. La version britannique de cette stratégie, lancée en 2004, a régulièrement surperformé le Libor de +4% (performance nette). Sa performance a été de 10% sur un an, 31% sur trois ans et 63% sur cinq ans. INDICE DE RÉFÉRENCE: Euribor 1 mois PERFORMANCE DEPUIS LANCEMENT (AU 31.07.2010): 2,83% vs 0,17% (indice) DATE DE LANCEMENT: 08.03.2010

L’information financière et bancaire sur www.banque-finance.ch avec B3B Le site www.b3b.ch, partenaire de Banque & Finance, vous propose un accès simple et rapide à l’information bancaire qu’il vous faut. B3B propose des flux d’information continus, personnalisables en fonction de vos centres d’intérêt, et des newsletters thématiques.

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noUVeAUX Fonds Henderson Horizon Fund – Global Currency Fund

Portfolio BP Quam Multimanager 5

NOM DU GÉRANT: Bob Arends, responsable de l’équipe «devises» de Henderson Global Investors Ltd, équipe qui cumule 50 années d’expérience sur ce marché. FORTUNE: n.d. POLITIQUE D’INVESTISSEMENT: Le fonds vise un rendement absolu, de 10% supérieur à celui du marché monétaire mesuré sur une période glissante de douze mois. Il investit sur tous les marchés des devises, sur la base d’un modèle quantitatif développé en interne par l’équipe de gestion. Ce modèle est conçu de manière à réaliser des rendements absolus à travers tout le cycle de marché, notamment grâce à un profil de corrélation flexible. La corrélation du fonds avec les principales classes d’actifs augmente en phase de hausse et se réduit en période de baisse. Le fonds investit sur les devises des marchés développés et sur celles des pays émergents (maximum 30% des actifs du fonds, 19 devises suivies), ce qui lui permet de bénéficier de la corrélation relativement faible de ces deux types de devises, ainsi que de la faible corrélation des devises des marchés émergents entre elles. INDICE DE RÉFÉRENCE: marché monétaire PERFORMANCE DEPUIS LANCEMENT: n.d. DATE DE LANCEMENT: 07.2010

NOM DU GÉRANT: Pri Investment, Groupe Edmond de Rothschild FORTUNE: n.d. POLITIQUE D’INVESTISSEMENT: Le fonds vise une performance absolue en investissant dans un univers vaste et diversifié, composé de fonds «long only», couvrant les marchés monétaires, obligataires, mixtes et actions sans restriction ni limite aucune quant au secteur géographique ou industriel. Les décisions d’investissement sont uniquement basées sur des modèles mathématiques, combinant l’observation d’une très grande variété d’actifs et l’élimination de toute subjectivité dans l’allocation du portefeuille. Les tendances de marchés sont analysées sur une base bimensuelle. La stratégie, développée en partenariat exclusif avec Expert Timing Systems (ETS), suit un processus d’investissement purement quantitatif, permettant une totale flexibilité de l’allocation, tout en respectant une contrainte de volatilité spécifique (5% max). INDICE DE RÉFÉRENCE: n.d. PERFORMANCE DEPUIS LANCEMENT: 2,75% (21.09.2010) DATE DE LANCEMENT: 15.12.2009

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Fonds de PlACement UBS (Lux) Volatility Arbitrage EUR P NOM DES GÉRANTS: Hatem Dohni, Antoine Lim, Cyril Legoeuil, équipe de volatilité CCR AM. CCR AM est l’une des premières sociétés de gestion françaises à avoir constitué un pôle de gestion dédié à la volatilité. Avec plus de dix ans d’expérience sur cette classe d’actifs, elle est l’un des leaders de la gestion de volatilité sur ce marché. CCR AM est le centre d’expertise d’UBS Global AM dans le monde en gestion de volatilité. FORTUNE: EUR 7 millions (31.07.2010) POLITIQUE D’INVESTISSEMENT: Saisir les opportunités d’arbitrage de volatilité offertes par les grandes capitalisations des indices boursiers (pays de l’OCDE et d’Asie) et les titres individuels (arbitrage entre des indices actions, entre un indice et un émetteur, entre émetteurs ayant une relation fondamentale, par ex. deux entreprises du même secteur, entre prix d’exercice et maturités d’un même émetteur). La gestion est donc neutre par rapport au marché: la volatilité est isolée de son sous-jacent en utilisant les instruments financiers appropriés pour couvrir les risques associés aux monnaies, aux taux d’intérêt et aux actions. Le fonds vise une performance de Eonia +3% (avant commissions) pour une période d’investissement de deux ans. INDICE DE RÉFÉRENCE: Eonia PERFORMANCE DEPUIS LANCEMENT : –0,96% vs 0,16% (indice) (31.07.2010) COMMISSION FORFAITAIRE DE GESTION: 1.20% p.a. DATE DE LANCEMENT: 18.02.2010 Au contraire du Volatility Arbitrage, qui vise une position neutre par rapport au marché, le UBS (Lux) Volatility Plus prend des positions directionnelles. Il opère en priorité sur les principaux marchés de la volatilité actions, et pourra, à titre accessoire, être exposé aux volatilités de taux ou de change dans le but d’atteindre l’objectif de gestion, à savoir réaliser une performance de Eonia +7% (brute de frais) par an sur un horizon de placement de quatre ans. Depuis son lancement, le 18.02.2010, le fonds a reculé de 1,38% (+0,16% pour l’indice) et, à fin juillet, ses actifs sous gestion s’élevaient à 9,05 millions d’euros.

Structure du portefeuille par moyens de placement (en %)

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GESTION ALTERNATIVE AMUNDI FUNDS – Multimanagers Long/Short Equity NOM DU GÉRANT: Equipe multigestion de Amundi, neuf ans d’expérience, 14 professionnels, 9,1 milliards d’euros d’actifs sous gestion (31.01.2010). Pour la sélection de fonds, elle peut s’appuyer sur Amundi Alternative Investments, dix-sept ans d’expérience, 31 professionnels implantés dans le monde entier. FORTUNE: EUR 9,96 millions POLITIQUE D’INVESTISSEMENT: Surperformer Eonia de plus de 5% brut p.a. sur un horizon minimum d’investissement de quatre ans, avec un maximum annuel de volatilité ex-post de 8%. Pour y parvenir, le fonds utilise des stratégies de performance absolue (long/ short) sur actions dans le cadre d’une approche multigérants. Le portefeuille est construit sur la base d’une approche top-down reflétant les attentes des économistes et des stratégistes d’Aumundi. Durant les périodes de stress de marché, le gérant peut allouer jusqu’à 10% des actifs du fonds à des stratégies de volatilité. INDICE DE RÉFÉRENCE: 100% Eonia capitalisé PERFORMANCE DEPUIS LANCEMENT: –1,61% vs 0,19% (indice) (25.08.2010) DATE DE LANCEMENT: 18.02.2010

Ignis International Cartesian Enhanced Alpha Fund NOM DU GÉRANT: Jeremy Hall, Cartesian Capital Partners (Edinbourg). Fondé en 2005 par quatre partenaires, la société a conclu un accord de joint-venture (50/50) avec Ignis Asset Management (Glasgow). Cartesian, dont les actifs sous gestion s’élèvent à 965 millions de dollars, gère trois fonds actions britanniques (opportuniste, long/short et 130/30). Ses gérants qualifient leur style «d’agnostique et sans contraintes»; ils sélectionnent les titres sur la base de leur valeur fondamentale. Critique vis-à-vis de l’industrie de la gestion et des lancements de nouveaux produits, l’un des partenaires a déclaré: «Les clients ne seraient-ils pas mieux servis si les sociétés de gestion de fonds se concentraient sur le tri de leurs fonds dans leurs propres gammes?» (source: Financial Times, 13.07.2010) FORTUNE: EUR 48,3 millions (30.07.2010) POLITIQUE D’INVESTISSEMENT: Fonds de type 130/30 (visant une exposition nette moyenne de 100%), géré selon une pure approche de sélection des titres sur l’ensemble du marché anglais. Pour leurs positions à découvert, les gérants sélectionnent les entreprises dont les modèles d’affaires présentent des failles ou qui sont fondamentalement surévaluées. Totalement indépendant des indices, leur portefeuille est constitué de leurs meilleures idées d’investissement. Le fonds est noté A par S&P. INDICE DE RÉFÉRENCE: FTSE All Share PERFORMANCE SUR 1 AN: 28% vs 19,3% (indice) vs 18,8% (médiane du secteur) PERFORMANCE DEPUIS LANCEMENT: –2,1% vs –8% (Indice) (30.07.2010) DATE DE LANCEMENT: 08.11.2007

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Fonds de PlACement strAtéGie

Le GAM nouveau est arrivé Pour assurer la réussite d’une société de gestion de fonds, mieux vaut disposer d’un large éventail de produits et de clients. Les idéalistes pensent que la performance est l’alpha et l’omega de la branche, mais la triste réalité est qu’aucun type de produit ou style d’investissement n’est systématiquement performant ou à la mode, et la fortune des clients est également sujette à variations. GAM l’a compris et les premiers résultats de sa diversification sont encourageants. Véronique BÜHLMANN

G

AM n’est plus la société mono-produit (fonds de fonds), mono-client (UBS) à laquelle nous étions habitués. Elle a élargi sa gamme de produits et diversifié ses canaux de distribution, gagnant ainsi une meilleure assise. Cette nouvelle stratégie semble fonctionner si l’on se réfère aux nouveaux encours dans les nouveaux produits à travers les nouveaux canaux de distribution. Les bénéfices du groupe et les actifs sous gestion sont repartis à la hausse, ce qui permet à la direction de convaincre (les investisseurs) de ses perspectives futures, conclut Peter Thorne, analyste de Helvea, dans son rapport de début septembre1. Aussi recommande-t-il le titre à l’achat en précisant que «bien que la faiblesse des marchés actions représente un risque pour

«La réglementation UCITS III n’est pas une panacée et ne permet pas de se mettre à l’abri de toutes les tempêtes, mais elle offre un cadre de protection intéressant» XAVIER CLAVEL – GAM

tous les titres bancaires, GAM Holding bénéficie d’un bon rendement, d’une capitalisation adéquate et d’un programme de rachat d’actions qui représentent un soutien de ses actions. En outre, elle est moins exposée aux actions que la plupart des gérants d’actifs.» Malgré ses changements structurels, GAM n’a pas modifié sa philosophie d’investissement, telle qu’elle avait été définie par son fondateur, Gilbert de Botton. Ses deux axes principaux demeurent l’architecture ouverte et les rendements absolus. Parce qu’aucune société de gestion n’est en mesure de rassembler les meilleurs dans toutes les classes d’actifs, GAM a mis en place une structure de sélection de gérants composée de 90 analystes répartis entre Londres, New York et Tokyo. Par ailleurs, précise Xavier Clavel, responsable de la clientèle privée pour l’Europe continentale: «Le renom de notre marque attire les talents.»

1 Peter Thorne, Helvea Ltd, Rapport GAM Holding, 1er septembre 2010.

2010: une cuvée diversifiante Depuis le début 2010, GAM a lancé quatre nouveaux fonds sur le marché suisse. Parmi eux, deux sont gérés par des spécialistes émanant de Augustus Asset Managers Ltd. (rappelons que ce gérant, spécialiste des taux fixes et devises, basé à Londres, était issu d’un MBO conclu avec Julius Baer Holding Ltd. en 2007, en vue de créé une société de gestion indépendante mais qui continue d’assurer la gestion des fonds Julius Baer, ses plus gros clients. Augustus a été acquis par GAM en mai 2009. A fin 2008, ses actifs sous gestion s’élevaient à 7,6 milliards de dollars). Les fonds nouvellement lancés sur le marché

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suisse sont des versions UCITS III de stratégies déjà proposées par GAM, au point que cette dernière affirmait récemment posséder l’une des gammes les plus étendues de fonds UCITS III. Lancé en avril, le GAM Star Emerging Market Rates réplique la stratégie taux d’intérêt et devises des marchés émergents gérée par Paul McNamara et Caroline Gorman (3,6 milliards de dollars d’actifs sous gestion dans cette stratégie au 30.06.2010 vs 2,8 milliards au 31.12.2009). Ce fonds vise un rendement annuel de 10% au-dessus du Libor. Géré selon une approche top-down et thématique, il inves-

tit dans la dette souveraine des marchés émergents et les devises. Depuis son lancement en 2004, la stratégie a dégagé des rendements «significatifs», de l’ordre de 14,5% pour une volatilité de 8,25%. Quoique travaillant un marché similaire, le GAM Star Pharo Emerging Market & FX est plus risqué que le fonds précédent puisque, tout en visant un rendement absolu, il présente un biais long. Par ailleurs, il est concentré sur 10 à 20 positions contre 30 à 40 pour le Emerging Market rates. Visant un rendement de 5-10% au-dessus de son indice, le JP Morgan EMBI Global Diversified Composite,

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strAtéGie Parmi les plus récents, citons Dr Sushil Wadhwani: économiste réputé, fondateur et directeur exécutif de Wadhwani Asset Management, il parvient, à travers ses modèles quantitatifs basés sur la théorie keynésienne et les principes de la finance comportementale, à dégager des rendements annuels de plus de 12%. Depuis avril 2010, il gère le fonds macrosystématique de GAM. C’est, en effet, une marque de fabrique de la société que d’accorder une marge de manœuvre très importante à ses gérants: «Nos gérants appliquent leur propre philosophie d’investissement, ils sont conscients des indices de référence mais n’en sont pas les esclaves. Cette approche leur permet d’exploiter une palette d’opportunités nettement supérieure à celle des gérants traditionnels. En outre, GAM est structurée de manière à offrir à ses gérants un environnement de travail tel qu’ils peuvent se consacrer exclusivement à la gestion», précise Xavier Clavel.

Libres mais absolus pour le rendement

Un absolu vraiment durable % 100 90 80 70

GAM Absolute Return Strategy - EUR (EUR) MSCI World Indes in EUR (EUR) Average EUR 1 Month Deposit Rate (EUR)

60 50 40 30 20 10 0 -10 -20 -30 1999

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Depuis le 1er janvier 1999, le GAM Absolute Return Stratégie, fonds phare de la société est parvenu à rester bien au-dessus de l’indice actions monde. Source: GAM

Dans ce contexte, on peut se demander si la réglementation UCITs III, un domaine dans lequel GAM s’est beaucoup développé ses derniers temps, créant des versions «réglementées» de ses stratégies offshore, ne s’avère pas trop contraignante. A cela, Xavier Clavel répond: «Cette réglementation n’est pas un carcan pour nos politiques de gestion.» De même, en ce qui concerne l’impact négatif sur les performances de la réglementation UCITs III, il explique: «Il existe différentes manières de le neutraliser.» Le responsable de la gestion privée ajoute

toutefois que: «cette réglementation n’est pas une panacée et ne permet pas de se mettre à l’abri de toutes les tempêtes, mais elle offre un cadre de protection intéressant.» Essentiellement axé sur la clientèle privée à l’origine, GAM s’est ouverte à la gestion institutionnelle, fonds de pension et sociétés d’assurance, qui représente aujourd’hui un tiers de ses actifs sous gestion. En ce qui concerne la clientèle privée, 90% des actifs sous gestion font l’objet de mandats discrétionnaires et, la majorité, dans une optique de rendement absolu (à savoir, pour les actions, participer à deux tiers des hausses de marché et à un tiers des baisses).

le fonds est géré par Pharo Global Advisors Ltd. Fondée fin 2000 et dirigée par Guillaume Fonkenell, la société est spécialisée dans le segment liquide des devises, des taux d’intérêt, du crédit et des indices boursiers au sein des pays émergents. Dans la gamme des fonds à rendement absolu, le GAM Star Absolute Europe reproduit la stratégie equity long/short gérée par Mark Hawtin. Ce dernier se concentre sur les secteurs en mutation afin d’exploiter des inefficiences de marché tant au niveau des valeurs que des thèmes. Actif depuis vingt-cinq ans sur le secteur, Mark Hawtin est reconnu pour la flexibilité dont il fait

preuve dans l’application de différentes techniques de placement, ce qui lui permet d’utiliser les éléments les plus performants de chacune d’elles (analyse fondamentale, analyse technique et trading). Il a rejoint GAM en octobre 2008, venant de Marshall Wace où il était gérant du Eureka Interactive Fund, le plus gros hedge fund centré sur les technologies, les media et les télécommunications. Lors de l’effondrement des valeurs TMT en 2000-2002, ce fonds a dégagé des rendements annuels proches de 14% vs –36% pour le Nasdaq. Géré par Adrian Owens, venant également de Augustus Asset Management, le GAM Star

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Comme le précise Xavier Clavel: «Malgré 2008, l’appétit des investisseurs pour ce type de gestion demeure, mais il a évolué: il s’est porté sur des stratégies actions de type long/short, qui se sont souvent avérées décevantes, vers les stratégies de type macro.» En ce qui concerne les institutionnels, ils sont gros demandeurs de fonds de type UCITs III et ce, tant pour des raisons de transparence que de liquidité ou encore de fiscalité. Chez eux également, la demande est orientée vers les gestions de type macro ou trading, aux dépens de toutes les stratégies moins liquides. ■ V.B.

Global Rates reproduit sa stratégie de change et de taux d’intérêt global macro. Le fonds vise un rendement annuel de 8 à 12% au-dessus du Libor sur une période mobile de trois à cinq ans. Comptant vingt et un ans d’expérience comme économiste et gérant de portefeuille, Adrian Owens a une connaissance approfondie de l’influence des facteurs macroéconomiques sur le comportement des marchés. Il applique un style global macro entièrement discrétionnaire, basé sur les fondamentaux économiques. Depuis janvier 2004, sa stratégie a dégagé une performance annuelle moyenne proche de 10%. ■

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Fonds de PlACement ACtions AllemAndes

C’est beau mais c’est chaud! L’économie allemande est en pleine forme. Bénéficiant d’un tissu industriel solide composé de milliers de PME innovatrices et très orientées vers l’exportation, y compris sur les marchés émergents, la Bourse allemande se traite au-dessous de sa moyenne historique et pourrait surprendre positivement les investisseurs. Telle est l’opinion de Tim Albrecht, sélectionné comme manager de l’année 2010 par Morningstar pour la gestion de son fonds DWS Deutschland. Véronique BÜHLMANN

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n nouveau miracle allemand se profilerait-il à l’horizon? Près des deux tiers du chiffre d’affaires des entreprises du DAX sont réalisés à l’étranger et notamment vers les grands pays émergents comme la Chine ou le Brésil. De 3,5 à 4% pour 2010 et de 1,5 à 2% pour 2011, la croissance du PNB allemand devrait être la plus forte parmi les pays européens. Au 7e rang sur 133 pays, l’Allemagne s’avère très compétitive en termes de productivité. Et les chefs d’entreprises sont optimistes: l’indice Ifo qui reflète les attentes pour les six prochains mois de quelque 7000 entreprises, se situe en phase de boom, les secteurs de la production industrielle (biens d’investissement) et du commerce de détail s’avérant particulièrement prometteurs. Côté Bourse, avec un PER de 11 à 12 et un rendement des dividendes supérieur à 3% (donc supérieur de 1 point à celui des obligations d’Etat allemandes), le marché est attrayant, tant dans une perspective historique que par rapport à d’autres classes d’actifs. Tous ces facteurs amènent Tim Albrecht à estimer que le DAX pourrait atteindre les 6500 en 2010 (évaluation début septembre).

Un feeling pour le marché Parmi les acteurs qui devraient bénéficier le plus de ces conditions favorables, le gérant du DWS Deutschland, cite les entreprises globalisées, les champions «cachés», à savoir les

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«C’est durant les périodes de crise que les gérants capables de garder leur sang-froid se distinguent» TIM ALBRECHT – DWS DEUTSCHLAND

innovateurs, les leaders de marché, les entreprises de niche qui sont souvent des petites et moyennes capitalisations et fréquemment des sociétés en mains familiales. La situation apparaît donc idéale pour que le DWS Deutschland déploie toute la puissance de sa politique d’investissement. Quoi qu’inclus dans la catégorie «grandes capitalisations allemandes» par Morning-

star, ce fonds de 1,1 milliard d’euros, peut investir de 10 à 50% de ses actifs dans les petites et moyennes capitalisations, son exposition historique moyenne à ce segment se situant à 30%. Noté A par Morningstar, le fonds, qui a dégagé une performance annuelle moyenne de 8,3% sur les cinq dernières années, a largement battu le DAX (4,7% p.a.) ainsi que CDAX (4,2% p.a.)1 et il se situe régulièrement dans le 1er quartile des quelque 100 fonds concurrents sur le marché allemand. Depuis 2002, date à laquelle Tim Albrecht a pris en charge la gestion du DWS Deutschland, sa performance est bonne, marquée par des périodes de surperformance exceptionnelles comme en 2003 ou en 2008 et 2009. «C’est durant les périodes de crise que les gérants capables de garder leur sang-froid se distinguent», explique Tim Albrecht2. Interrogé sur les raisons de l’importance de ses surperformances récentes, il précise: «En 2008, j’ai sorti les titres bancaires à temps, car pour moi, bien avant la faillite de Lehman, les problèmes du secteur étaient évidents. Par ailleurs, j’ai sous-pondéré les valeurs secondaires, et ce quelque peu précocement en 2007, puis je suis massivement revenu sur ce marché, ainsi que

Le DAX est composé des 30 plus grosses capitalisations allemandes alors que le CDAX reflète l’évolution de l’ensemble des valeurs cotées, il est donc plus représentatif de l’évolution de l’ensemble du marché allemand. 2 Depuis janvier 2007, Christoph Ohme a rejoint Tim Albrecht pour la gestion du fonds. Il est gérant de portefeuille senior en charge des actions allemandes ainsi que des petites et moyennes capitalisations européennes. 1

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ACtions AllemAndes DWS sur tous les fronts DWS propose 11 fonds actions centrés sur le marché allemand (fonds à monnaie de référence euro et possédant un historique de trois ans au minimum). Cette gamme reflète bien la diversité des différents segments du marché. En effet, sur trois ans, leurs performances vont de –2,28% pour DWS Deutschland à –34% pour DWS Small & Mid caps en passant par –15,28% pour le fonds de sélection de grandes capitalisations. Sur les douze derniers mois à début septembre, les performances vont de 21% pour un fonds de sélection de titres diversifié sur toutes les capitalisations à 10% pour un fonds axé seulement sur les grandes capitalisations. Il est donc essentiel pour les investisseurs de ne pas se tromper de segment de marché ou de stratégie. ■

sur l’ensemble des cycliques, au printemps 2009, comme je l’avais fait au printemps 2003. En effet, ces titres bénéficiaient de valorisations très attrayantes dans un marché plutôt pessimiste mais avec des indicateurs avancés en amélioration.» Cette capacité à «sentir» le marché, Tim Albrecht la doit à sa politique de contact rapproché avec les entreprises ainsi qu’à une bonne analyse macroéconomique. De manière générale, l’analyse de l’alpha dégagé par le fonds montre qu’un tiers émane de décisions top down (identification de tendances, choix thématiques et sectoriels) et que deux tiers sont à attribuer à la sélection des titres.

Une rotation très mesurée Le DWS Deutschland se distingue également de ses concurrents par sa politique d’exposition au marché: à fin juillet, celle-ci se montait à 117%, dont 36% par le biais de contrats à terme (positions longues). En moyenne, le degré d’investissement du fonds oscille entre 90 et 110% et peut, à très court terme, varier entre 80 et 120%. Cette stratégie a le double avantage de permettre de garder des liquidités suffisantes pour faire face à aux achats/ventes de parts sans influencer la politique d’investissement d’une part, et de mener une gestion tactique active d’autre part. En outre, grâce à cette souplesse au niveau de l’exposition, le gérant peut mettre en place une véritable stratégie à long terme: deux tiers des actifs en portefeuille sont considérés comme répondant à des critères structurels et détenus pour des périodes de

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l’ordre de trois à cinq ans, et un tiers seulement sont détenus pour des raisons tactiques et avec un horizon allant de trois à six mois. C’est le cas actuellement des titres offrant des rendements de leurs dividendes élevés ou des entreprises bénéficiant de la faiblesse de l’euro. Cette structuration des investissements explique la faible rotation des 60 à 80 titres en portefeuille qui est inférieure à la moyenne des autres fonds. Sur le plan des risques, le DWS Deutschland affiche une volatilité supérieure de 2% à celle du CDAX (RI), mais, souligne Tim Albrecht, elle s’explique par l’exposition aux petites et moyennes capitalisations et elle est plutôt inférieure à celle des fonds concurrents.

de l’Allemagne et des Pays-Bas. Profitant d’une dynamique budgétaire et de dette robuste, ces deux pays sont capables, selon nous, de battre leurs homologues européens dans les mois à venir.»3 Mais attention, avertissait Tim Albrecht, l’Allemagne est un marché cyclique et pour les investisseurs qui s’attendraient à un «double dip», il est à exclure. Par ailleurs, comme l’écrivait Morningstar: «Faute de titres des secteurs pharmaceutique et de l’énergie, les valeurs vedettes allemandes ne peuvent pas faire partie d’une stratégie de fonds de portefeuille», à moins d’aimer la volatilité. ■ V.B.

L’avenir est industriel

Insights, Opportunités d’investissement, Septembre 2010, Julius Bear Research.

En plus de la gestion du fonds, Tim Albrecht chapeaute la recherche sur l’ensemble des valeurs industrielles et gère, à ce titre, un fonds dédié aux entreprises qui devraient bénéficier le plus de l’évolution des infrastructures. C’est le cas par exemple des fabricants de machines (industrie, construction, agriculture) qui représentaient, à fin août, plus de 40% du fonds. Fortement exportateurs et réalisant sur les marchés émergents des marges bénéficiaires supérieures à celles émanant des marchés développés, ils devraient donc largement bénéficier du développement des infrastructures dans ces pays. Toutefois, avertit Tim Albrecht, en s’axant plutôt sur les producteurs que sur les opérateurs (réseaux eau, électricité, etc.), le fonds présente un risque supérieur aux fonds qui privilégient ces derniers. Cependant, avec une performance de 46% en 2009, et une progression de 21,3% sur les douze derniers mois, ce fonds de près de 200 millions, représente une option intéressante pour l’investisseur qui désire tirer parti du potentiel des marchés émergents.

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L’ART

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Prometteur mais volatil Pour revenir au marché allemand, il fait actuellement l’objet de toutes les louanges. En témoigne ce récent commentaire de Stefan Hofer de Julius Baer: «Outre les pays émergents, des opportunités intéressantes se présentent aussi sur les marchés développés. Depuis le début de la crise de la dette dans la zone euro, les investisseurs ont commencé à accorder une plus grande importance aux différences entre les pays alors qu’ils se concentraient sur une approche sectorielle. Dans ce contexte, nous insistons sur les atouts

Egon Schiele, La danseuse Moa, 1911, crayon, aquarelle & gouache, Leopold Museum, Vienne. Photo Manfred Thumberger.

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Fonds de PlACement Fonds ACtions internAtionAles

Le meilleur de la gestion actions? En matière d’accessibilité, les fonds actions internationales offrent de nombreux avantages pour la gestion de portefeuille. Parmi la large gamme des fonds actions, ils apportent aussi plus de diversification et de flexibilité que les fonds d’actions domestiques, thématiques ou benchmarkés. Explications. Manuel DE ACEVEDO Gérant du fonds Nemesis Semper

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n fonds actions monde est un produit financier unique qui permet à l’investisseur final, avec un apport minimal (limité souvent au prix de la part ou NAV du fonds), de bénéficier d’une gestion globale en actions. En comparaison, un investisseur qui veut acheter directement des titres de sociétés pour chaque grande zone géographique comme l’Europe, les Etats-Unis, le Japon, la Chine et l’Amérique du Sud, doit avoir des ressources plus importantes. Il devra, en plus, changer ses devises, payer des frais de courtage importants et s’adapter aux différents horaires des marchés pour le suivi de son portefeuille. Bien souvent aussi, les banques dépositaires autorisent leurs clients à investir en titres vifs sur certains pays émergents mais en échange de coûts exorbitants, avec un délai important dû à l’ouverture de comptes brokers à l’étranger. Un fonds actions internationales évite toutes ces contraintes à l’investisseur. Ainsi, le client pourra bénéficier d’un panier équilibré d’actions mondiales, avec une gestion professionnelle et des frais qui se limitent aux commissions de gestion et de performance du fonds. Dans le métier de la gestion privée, investir dans un fonds d’actions internationales permet aussi au gérant de portefeuille d’alléger son travail de stock-picking et d’avoir plus de temps pour la prospection ou le suivi de ses clients.

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«Les fonds actions internationales bien gérés proposent des performances plus importantes avec moins de risques» MANUEL DE ACEVEDO – SEMPER

Opportunités sur les émergents L’accès aux marchés émergents nous paraît aujourd’hui essentiel. Avec une part du PIB mondial qui devrait bientôt atteindre les 50%, ceux-ci sont actuellement des moteurs importants de la croissance internationale. A titre d’exemple, le marché mondial de la construction devrait augmenter de 70% d’ici

2020: la Chine en deviendrait le premier acteur devant les Etats-Unis, avec une part de marché supérieure à 19%, tandis que la croissance de l’infrastructure est estimée à 110% pour l’ensemble des pays émergents. En ce qui concerne le secteur de la téléphonie mobile, il est particulièrement prometteur sur ces marchés car si le taux de pénétration mobile atteint les 95% dans un pays comme la France, il n’était que de 45% l’année dernière en Inde. Avec plus de 10 millions de nouveaux abonnés par mois, la croissance qu’offre le secteur indien est bien plus importante que celle des marchés développés considérés comme saturés. Les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) devraient atteindre le niveau économique des Etats membres du G7 entre 2030 et 2050: il s’agit de saisir les opportunités d’investissement qu’ils offrent, notamment via les actions cotées dans ces pays. Pour le gérant d’un fonds actions monde, la palette des titres à choisir est la plus large possible, ce qui crée, comme on l’a vu, plus d’opportunités au niveau géographique mais aussi: • Sectoriel: par exemple, le secteur de l’énergie solaire est dominé par les EtatsUnis, la Chine et l’Allemagne. Il est donc important d’avoir accès à ces marchés si l’on veut construire une allocation optimale dans ce secteur. • Stratégique: la sélection de titres de croissance, défensifs, cycliques ou à fort rendement, n’est plus limitée à une zone géographique. Il en va de même pour les investissements suivant les capitalisations (ex: small cap). • Valorisation: au sein d’un même marché domestique, il existe une grande disparité

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Fonds ACtions internAtionAles dans la valorisation des titres. Le même principe s’applique pour les différentes zones géographiques. Par exemple, actuellement, le marché européen est «moins cher» que le marché japonais (le Price/Earnings de l’Eurostoxx 50 est à 12 contre 23 pour le Nikkei). La possibilité pour un fonds actions monde d’avoir accès à un plus grand nombre d’opportunités d’investissement permet ainsi d’augmenter la performance du fonds, mais aussi d’en limiter les risques grâce à la diversification. La diversification est une valeur ajoutée importante d’un fonds actions internationales. Aussi, la combinaison de titres de différentes zones géographiques engendre une baisse de la volatilité, donc du risque. De fait, les différentes places boursières ne sont pas toujours corrélées entre elles. Par exemple, depuis un an, la Bourse chinoise est modérément corrélée aux marchés européens. Ainsi, le coefficient de corrélation entre l’indice Hang Seng et l’Eurostoxx 50 est seulement de 0,32 (1 étant le niveau maximal de corrélation) pour la même période. Des études ont ainsi montré qu’un portefeuille composé d’actions domestiques, comme des valeurs exclusivement américaines, combiné avec des actions internationales, diminue de 30% la volatilité, comparé à un panier composé uniquement de titres américains. De fait, de plus en plus de clients américains, traditionnellement peu ouverts aux marchés étrangers, investissent dans des fonds actions monde.

Pondérations géographiques Les fonds actions internationales sont aussi les plus flexibles, car ils permettent au gérant de surpondérer les zones géographiques qui offrent les potentiels de croissances les plus dynamiques du moment donc, a priori, les meilleures performances boursières. Par exemple, depuis le début de l’année jusqu’à mi-septembre, le marché allemand a généré la plus forte performance des places boursières européennes (+5% ytd contre –6% en moyenne pour les autres places en Europe). La croissance du PIB allemand au deuxième trimestre est la plus forte d’Europe avec une hausse annuelle de 3,6%, soit plus du double de la croissance de la zone euro (+1,75%). L’analyse montre cependant que, durant les périodes où la panique l’emporte sur les fondamentaux, comme cela a été vécu en 2008, les interve-

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nants vendent massivement toutes leurs actions sans distinction. Ainsi, durant cette crise, le PIB de la Chine a été l’un des seuls à progresser (+9,1% en 2009 contre –2,6% pour les Etats-Unis et –4% pour l’UE), ce qui n’a pas empêché l’indice Hang Seng de baisser autant que les marchés américains et européens. En dehors des fortes crises, les performances des indices ont cependant tendance à refléter la croissance économique d’un pays. Il n’y a qu’à observer la performance de ces mêmes marchés chinois de 2003 à 2007 (+198% contre +67% pour le S&P 500). Il existe donc de grandes disparités de performances boursières suivant les zones géographiques et un bon gérant doit les anticiper en fonction de son analyse macroéconomique. Plus généralement, des études aux Etats-Unis ont prouvé qu’à long terme, les portefeuilles d’actions mixtes offraient des rendements plus importants qu’un panier uniquement composé de valeurs américaines.

mentaire de cette flexibilité est due, a contrario, à l’emprisonnement des fonds classiques, qui doivent être totalement investis, afin de satisfaire les grilles d’investissement des banques. Sur le long terme, avec des périodes de forte baisse des marchés, les gérants des fonds d’actions internationales ont donc plus de liberté, permettant de générer des performances plus solides. Au premier abord, les fonds actions monde peuvent effrayer des clients conservateurs. Après analyse, les fonds de cette catégorie qui sont bien gérés permettent ce que recherche tout investisseur: des performances plus importantes avec moins de risques. ■ M. DE A.

L’ART

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Plus de flexibilité La flexibilité des fonds actions globales est aussi un atout en période de baisse des marchés. Un gérant lambda qui anticipe cette baisse aura tendance à remplacer une partie des valeurs cycliques de son fonds par des valeurs dites défensives, comme celles du secteur de la santé. Or, par exemple, il est clairement pénalisant pour un gérant opérant seulement sur les valeurs américaines, de créer un panier équilibré dans ce secteur en s’interdisant d’investir dans Roche, Novartis ou Sanofi (valeurs européennes)! Plus généralement, les choix de ce même gérant seront restreints parmi les autres secteurs défensifs. De fait, d’après une étude de MSCI perspectives à fin 2008, parmi les dix plus grandes sociétés de services publics et de télécommunications du monde, huit ne sont pas américaines. De par la nature même de leur flexibilité, les fonds actions monde ont aussi plus tendance à réguler leur exposition actions que les fonds d’actions domestiques, thématiques ou benchmarkés. Ainsi, certains de ces fonds renommés ont su résister en 2008 en ayant une part importante de liquidités ou en utilisant des produits dérivés. On pourrait alors les rapprocher des hedge funds actions avec, en plus, les avantages de ne pas avoir les mêmes problèmes de liquidités ou de risques liés au levier. Une raison supplé-

Gustav Klimt, La Danseuse, ca. 1916-18, huile/toile, Collection particulière, Courtesy Neue Galerie, New York.

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Fonds de PlACement ProdUits de lUXe

Les Chinois bientôt acheteurs n°1 Il y a seulement dix ans, les Chinois étaient pratiquement inexistants sur le marché du luxe. Aujourd’hui, ils représentent 15% du marché. La demande en produits de luxe a progressé de 30% par an au cours des trois dernières années et, si sa vigueur persiste, la croissance restera à deux chiffres dans les années à venir. Générant à peu près 50% de la croissance de ce secteur, les Chinois en constituent le principal moteur et ne tarderont pas à être les acheteurs n°1 d’articles de luxe dans le monde. selon le rapport Hurun. Par exemple, RollsRoyce, constructeur de voitures de luxe, a indiqué que son plus jeune client en Chine avait 28 ans.

Scilla HUANG SUN et Andrea GERST Fund Managers Julius Baer Luxury Brands Fund, Swiss & Global Asset Management

Un mois de salaire pour un sac à main

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a création de richesse est le principal moteur de croissance dans l’industrie du luxe. Or, en Chine, la richesse privée s’accroît rapidement. L’économie a affiché une progression annuelle de 10% au cours des dix dernières années, soit trois fois plus que le PIB réel mondial. Une classe moyenne est en train d’émerger à mesure que les gens s’établissent en ville et que leur revenu disponible augmente. Selon McKinsey, la population urbaine devrait atteindre le milliard dans les villes chinoises d’ici 2030. La classe aisée (ménages urbains bénéficiant d’un revenu annuel supérieur à 250 000 renminbis) représente moins de 1% de la population urbaine en Chine, et près de la moitié d’entre elle n’était pas riche il y a quatre ans. On attend un accroissement du nombre des ménages aisés de 1,6 million en 2008 à 4 millions d’ici 2015, une évolution propice à l’industrie du luxe et encouragée par le gouvernement chinois, qui souhaite réduire la dépendance du pays par rapport aux exportations et accroître la consommation locale.

Nombreux jeunes millionnaires Le nombre des millionnaires progresse aussi à un rythme soutenu. D’après le Merrill Lynch Cap Gemini World Wealth

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«Il y a aujourd’hui 477 000 millionnaires chinois, soit 31% de plus qu’en 2008» ANDREA GERST – SWISS & GLOBAL ASSET MANAGEMENT

Report de 2010, il y a aujourd’hui 477 000 millionnaires chinois, soit 31% de plus qu’en 2008. La Chine a dépassé la France et le Royaume-Uni au cours des trois dernières années pour occuper désormais le 4e rang (après les Etats-Unis, le Japon et l’Allemagne) parmi les pays comptant le plus de millionnaires. Par rapport à d’autres régions du monde, les millionnaires chinois sont très jeunes, leur âge moyen étant de tout juste 39 ans, soit quinze ans de moins que les personnes fortunées d’autres pays,

Les jeunes Chinois ne rechignent pas à dépenser un mois de salaire pour acheter un sac à main ou des produits cosmétiques. Ce comportement diffère totalement de celui de leurs parents, qui économisaient une bonne partie de leurs revenus, en particulier pour la santé, l’éducation et la retraite. Pour diverses raisons, les jeunes dépensent leur argent beaucoup plus facilement. Les systèmes sociaux s’améliorent peu à peu et les jeunes Chinois bénéficient d’une meilleure éducation et de meilleures possibilités d’emploi. Ce changement est également favorisé par la politique de l’enfant unique. Les jeunes monopolisent souvent l’attention de leurs parents et de leurs quatre grands-parents. Le soutien financier est substantiel car les Chinois préfèrent consacrer leurs économies à leur enfant ou leur petit-enfant plutôt qu’à euxmêmes. Les jeunes ont davantage confiance dans leur avenir financier, ce qui constitue une bonne condition préalable à l’achat d’articles de luxe, qui implique toujours un aspect émotionnel.

La folie des marques occidentales Les millionnaires chinois dépensent plusieurs milliers de renminbis par an en produits de luxe. Selon le rapport Hurun, le

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ProdUits de lUXe millionnaire chinois moyen possède trois voitures et 4,4 montres de luxe. Les Chinois affectionnent souvent les symboles de prestige. Ils aiment se récompenser et afficher leurs réalisations. Par conséquent, ils préfèrent des marques reconnaissables et des produits dotés d’un logo. La culture du cadeau est également très importante dans ces décisions d’achats. Offrir des cadeaux à la famille, aux amis et aux partenaires commerciaux est une marque de respect, et le meilleur moyen de le montrer consiste à acheter un produit de standing ou une marque connue, montre Rolex ou foulard Hermès, par exemple. En conséquence, les grandes marques sont les premiers bénéficiaires de la croissance de la demande chinoise pour les produits de luxe. Les Chinois achètent les grandes marques réputées, telles que Gucci et Louis Vuitton pour les sacs, Omega, Patek Philippe et Rolex pour les montres, ou Bentley et Mercedes pour les voitures. Les marques qui se sont établies de bonne heure en Chine possèdent un avantage concurrentiel majeur en termes de reconnaissance de la marque ou de site d’implantation des magasins. La Chine ne cesse de gagner en importance pour les marques de luxe. Un tiers des exportations de montres suisses vont en Grande Part du marché mondial du luxe

Contribution à la croissance du marché du luxe

Chine, qui inclut Hongkong, Chine, Singapour et Taiwan. Swatch a vendu près de 30% de ses montres en Chine, surtout à travers ses marques Omega, Longines et Tissot.

Le luxe n’est pas réservé aux femmes A l’échelle mondiale, les produits de luxe achetés sont plutôt destinés aux femmes (60%). Or, en Chine, le luxe est davantage l’apanage de l’homme, et 70% des produits vendus lui sont destinés. Les montres et les vêtements prédominent largement et représentent deux tiers des dépenses de luxe, tandis que les sacs à main et les chaussures restent modestes, bien qu’en croissance rapide. Ces catégories sont beaucoup plus équilibrées à l’échelle mondiale. Selon Coach, société de maroquinerie basée aux Etats-Unis, un tiers des articles de maroquinerie en Chine sont destinés aux hommes, contre seulement 15% dans le monde. Pour accroître leur approche de cette clientèle, Hermès et Coach ont ouvert cette année leurs premiers magasins exclusivement réservés aux hommes à Shanghai et à New York.

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SCILLA HUANG SUN – SWISS & GLOBAL ASSET MANAGEMENT

Touristes chinois très dépensiers En 2000, 10 millions de Chinois ont voyagé hors de leur pays. En 2009, ils étaient déjà 47 millions à le faire. L’Organisation mondiale du tourisme prévoit 100 millions de touristes chinois en 2020. Ils sont partout les bienvenus dans la mesure où ils s’efforcent de conjuguer culture et shopping, et où ils dépensent bien davantage que d’autres touristes. Les principales destinations sont Hongkong ou Tokyo, ou encore des circuits en Europe incluant Paris, Milan et souvent Lucerne. Les Chinois voyagent en groupe, et il peut arriver qu’un bus de touristes chinois dépense un demi-million de francs suisses dans une bijouterie de la Bahnhofstrasse à Zurich. La moitié du chiffre d’affaires réalisé par Cartier en Europe provient de touristes, et les Chinois en représentent une part croissante. La faiblesse de l’euro a, de surcroît, attiré les touristes à Paris, à Rome et à Milan durant les derniers mois.

Expansion des marques européennes en Chine Source: Swiss & Global Asset Management

«Un tiers des exportations de montres suisses vont en Grande Chine, qui inclut Hongkong, Chine, Singapour et Taiwan»

Les Chinois ne doivent plus voyager aussi loin que par le passé pour acheter un sac à main de luxe. Louis Vuitton et Gucci ont

tous deux plus de 30 magasins en Chine. Omega en a 75, et la marque est, en outre, distribuée par plus de 100 détaillants locaux. Néanmoins, le luxe reste sous-représenté en Chine, en grande partie parce que les marques occidentales n’étaient pas autorisées, jusqu’en 2005, à y développer leur propre réseau de points de vente. Aujourd’hui, les marques de luxe affectent la moitié de leurs investissements à la Chine. Et il reste un gros potentiel d’expansion. 200 villes chinoises comptent plus d’un million d’habitants, contre 35 en Europe. En analysant l’évolution de l’industrie du luxe de manière approfondie, on s’aperçoit que l’émergence d’une vaste classe de consommateurs aisés en Chine va être le principal moteur d’expansion pour de nombreuses entreprises européennes. Ce constat se fonde sur la forte croissance économique, qui persistera jusqu’à nouvel ordre, et sur le puissant attrait suscité chez les consommateurs chinois par les beaux produits et, en particulier, les marques de luxe. ■ S.H.S. & A.G.

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Gestion de FortUne mACroéConomie

Vers l’homme modèle? Le présent et le passé proche sont incertains, du moins pour les macro-économistes, en fin de compte des aggrégateurs d’un grand nombre de données hétérogènes dont la récolte peu durer plusieurs mois, voire plus d’un an. Cette incertitude accentuant fortement la difficulté de leur tâche de prévision, il est important de la réduire: tel est précisément l’objet d’une nouvelle voie de recherche, le «nowcasting».

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in septembre 2010, le National Bureau of Economic Research annonce que la fin de la récession américaine a eu lieu en juin 2009. Or, le problème qui se pose à l’économiste aujourd’hui, est de se prononcer quant aux risques d’une récession à double creux… Malheureusement, il ne pourra guère connaître la profondeur réelle du creux actuel avant une bonne année. C’est ainsi que Fabrizio Quirighetti, économiste en chef auprès du groupe Syz introduisait la problématique du «nowcasting», développée par le professeur Giannone1 lors de sa présentation dans le cadre des conférences trimestrielles Syzquant2. Selon le professeur Giannone, le «nowcasting» peut être défini comme: «La prévision du présent, du futur très proche et du passé très récent. La clef de ce processus réside dans l’utilisation d’informations mensuelles régulières en vue d’estimer au présent (nowcast) des variables trimestrielles publiées avec des délais importants […] Ce processus va bien au-delà de la production d’une estimation avancée puisqu’il permet d’analyser le lien existant entre les “nouvelles” apparaissant dans les publications de données intermédiaires, et les révisions de prévision de la variable observée.»3 Précisons que la «nouvelle» est définie comme une «surprise» puisque, sur la base des données historiques, il est possible de projeter les valeurs futures. En intégrant régulièrement ces «surprises», le modèle évite la «surprise» de révisions importantes et tardives.

Aucune intervention humaine En effet, l’un des avantages de la démarche du professeur Gianonne réside dans le fait qu’il est parvenu à élaborer un modèle systématique et robuste, ne demandant aucune intervention humaine (donc aucun juge-

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ment), pour estimer le présent. Or, les obstacles à la modélisation sont nombreux. C’est le cas du PNB: cet indicateur dépend d’un très grand nombre de variables, des variables qui sont publiées à des fréquences différentes et qui n’ont pas des historiques identiques. Par exemple, les indices d’achats de l’industrie, les PMI ne datent que du milieu des années 90, depuis janvier 1995 en Suisse.

Un bon sismograph Testé sur une période aussi mouvante que 2008, le modèle a donné de très bons résultats puisqu’à moindres coûts, il est parvenu au même résultat que les prévisionnistes professionnels. Il en a été de même pour un test effectué sur la croissance du PNB américain depuis 2005. Cela explique qu’aujourd’hui un certain nombre de banques centrales aient adopté le «nowcasting». Toutefois, cette approche ne se limite pas à ce type d’utilisation: selon le professeur Giannone, un hedge funds axé sur les marchés obligataires utilise les résultats produits par le modèle comme indicateurs d’achat/vente. «Tous les modèles sont faux mais il existe des modèles plus utiles que d’autres.» C’est par cette citation d’un statisticien que Akimou Osse, responsable de la gestion des risques pour le groupe Syz, répond à la question de savoir ce qu’il faut penser de l’utilité d’un tel modèle. En effet, c’est toujours du choix judicieux des variables que dépendra sa robustesse, un choix qui passe obligatoirement par l’homme. Cela dit, Akimou Osse voit dans ce type d’instrument un bon système d’alerte, de surveillance de l’économie en temps réel, comparable à ceux qui existent en matière sismique. ■ Véronique BÜHLMANN

«La clef du nowcasting réside dans l’utilisation d’informations mensuelles régulières en vue d’estimer au présent (nowcast) des variables trimestrielles publiées avec des délais importants» DOMENICO GIANNONE

1 Domenico Giannone est professeur en économie de l’Université Libre de Bruxelles. Il est également chercheur affilié au Centre for Economic Policy Research de Londres. 2 Les conférences trimestrielles Syzquant, organisées depuis fin 2006, sont destinées aux professionnels et se veulent une plateforme d’échanges. Akimou Ossé, qui en est l’organisateur, choisit des thèmes originaux: avalanches, météorologie, chirurgie, autant d’approches de gestion du risque qui permettent d’élargir l’horizon financier. La prochaine conférence, avec Charles Wyplosz de l’IHEID, aura lieu le 23 novembre. 3 Nowcasting, Marta Banbura, Domenico Giannone and Lucrezia Reichlin, CEPR Discussion Paper N° 7883. www.cepr.org/pubs/dps/DP7883.asp

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Gestion de FortUne PlACements PriVés

Donnez-moi de l’oxygène! Il est plus facile de lever quelques dizaines de millions que quelques millions, à tel point que, pour les PME, le financement de leur croissance équivaut à la quadrature du cercle. Depuis près de dix ans, la société genevoise Capital Système Investissements (CSI) s’attache à leur faciliter la tâche en créant des passerelles entre entrepreneurs et investisseurs. Avec l’obtention de l’agrément de listing sponsor sur Alternext, CSI leur ouvre plus largement l’accès au marché des capitaux. Pain et média, même combat

Véronique BÜHLMANN

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n ne prête qu’aux riches, et ceci est encore plus vrai depuis 2008. Banques et gérants de fortune ont pratiquement banni le private equity, une classe d’actifs qui exige quelques efforts de calcul côté valorisation, et qui rentre difficilement dans les grilles d’allocation d’actifs traditionnelles. Quant aux fonds de private equity, seule une poignée, entre en matière au-dessous de la dizaine de millions. Pour les entrepreneurs, il ne reste donc plus que le recours au crédit, une denrée dont les banques se montrent particulièrement chiches, renforcement des bilans oblige. Une alternative réside dans le placement privé, une niche

«Toutes les entreprises sont difficiles à évaluer et, en fin de compte, tout dépendra de leur capacité à réaliser ou non leur business plan»

Comme le souligne Gilles-Emmanuel Trutat: «En matière de financement d’entreprise, les principes sont toujours les mêmes. Toutes les entreprises sont difficiles à évaluer et, en fin de compte, tout dépendra de leur capacité à réaliser ou non leur business plan. Le travail de l’analyste est sans doute plus aisé dans des secteurs bien rôdés tels que celui de la fabrication du pain, que dans un domaine plus innovateur comme celui des nouveaux médias, mais les possibilités de plus-value sont nettement plus importantes dans le second.» Sur le plan géographique et en fonction du nombre d’opérations réalisées, les entreprises conseillées par CSI se situent en Suisse, en France ainsi qu’en Allemagne. En Suisse romande, compte tenu de l’étroitesse du marché potentiel, les concurrents qui procèdent effectivement à des transactions ne se poussent pas au portillon. Parmi eux, Gilles-Emmanuel Trutat mentionne les sociétés Dimension SA (Lausanne) ou encore Hottinger & Partners.

GILLES-EMMANUEL TRUTAT – CSI

L’option Alternex Créé en 2005, NYSE Alternext a été créé pour répondre aux besoins des petites et moyen nes entreprises qui désirent bénéficier d’un accès simplifié au marché. Les conditions d’admission et les règles de négociation simplifiées d’Alternext sont adaptées à la taille et aux enjeux des petites et moyennes capitalisations, tout en répondant aux exigences de transparence des investisseurs. Au nombre des avantages d’Alternext compte la présence de listing sponsors qui accompagnent les entreprises tout au long de leur présence sur le marché. Alternext vise à devenir le marché de référence des petites et moyen nes entreprises de la zone euro. A l’heure actuelle, 159 entreprises y sont cotées. ■

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La Bourse ou le prix de la transparence sur laquelle CSI, intermédiaire entre l’entrepreneur et l’investisseur, est active depuis 2001. Côté PME, la société se concentre sur le segment des entreprises présentant une forte rentabilité et/ou connaissant une croissance élevée. En principe, les «jeunes pousses» n’entrent pas dans son univers d’activité. CSI couvre une large palette de secteurs, allant des plus pointus, comme les technologies internet/médias, aux plus traditionnels tels que l’industrie alimentaire ou l’industrie.

Côté investisseurs, CSI travaille pour un tiers avec des «anges des affaires»1, pour 40% avec des family offices et plus précisément avec leurs spécialistes de private equity, et pour le solde, avec des institu-

1 «Les “business angels” typiques possèdent de l’argent, de l’expérience et des relations, qu’ils ont généralement acquis en tant qu’entrepreneurs. Ils sont prêts à fournir des capitaux, à condition de pouvoir faire profiter l’entreprise de leur savoir-faire.» Martin Wettstein, président de Business Angels Suisse, La Vie économique, Revue de politique économique 11-2009.

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PlACements PriVés Private Equity: le commencement d’un nouveau cycle Le moment est venu d’investir ses capitaux pour bénéficier de l’accélération probable du marché dans les trois ou quatre ans à venir.

Source: Unigestion, Private Equity Update, Septembre 2010

tionnels tels que les fonds de placement spécialisés sur les petites capitalisations. Comme mentionné plus haut, depuis 2008, les banques et les gérants de fortune ne s’aventurent plus guère dans le private equity ou plus précisément le placement direct dans les petites entreprises. Leur attitude pourrait se modifier dès lors que ces mêmes entreprises sont cotées. En obtenant le statut de listing sponsor, CIS, la première société suisse à avoir franchi ce pas, se donne la possibilité de faire directe-

La levée de capitaux reste moribonde Le montant des capitaux levés reste à un faible niveau. Il est peu probable que l’on revienne aux niveaux atteints en 2007-2008 avant plusieurs années. D’une part les gérants ne sont pas pressés de lever de nouveaux capitaux, d’autre part, les investisseurs attendent de percevoir des distributions significatives de leurs investissements, avant de consentir à réinvestir.

Source: Prequin, Unigestion, Private Equity Update, Septembre 2010

ment les introductions en Bourse et ainsi d’accompagner les entreprises dans cette démarche, sans passer par un autre intermédiaire. Comme le précise Gilles-Emmanuel Trutat: «cette évolution nous paraissait nécessaire au vu de la situation des bailleurs de fonds»; des bailleurs pour lesquels la cotation facilite grandement le travail de valorisation. Une telle «structuration» n’a, cependant, pas que des avantages, Gilles-Emmanuel Trutat estime que «par rapport aux place-

CIS en bref Fondateur et Managing Partner de Capital Système Investissements SA, Gilles-Emmanuel Trutat possède seize années d’expérience dans la gestion d’actifs et le financement aux entreprises. Avant de créer CSI en 2001, il était partenaire et membre de la direction de PBS-Private Bank en Suisse, en charge du développement de la clientèle française. Il a alors mis sur pied un département de «corporate finance» destiné à offrir aux entrepreneurs une large palette de service de family office. Dans ses emplois précédents, il avait occupé des postes de gestion d’actifs (technologie et sociétés françaises) et d’analyste spécialisé dans le financement aux entreprises. Johannes Schmohl, cofondateur et partenaire de CSI, possède douze ans d’expérience dans le financement aux entreprises et le conseil stratégique. Il occupait auparavant le poste de senior manager auprès de Mitchell Madison Group, en charge de la due diligence et du conseil à des sociétés de private equity pour des investissements dans les secteurs de la consommation, de l’industrie et de la technologie. Les autres fondateurs et actionnaires de CSI sont Jean-François de Clermont-Tonnerre, directeur de la banque Hottinger (membre de la direction de Hottinger & Partners), Benoît DurandBarracand et Enrico Cartocci. Actuellement, la société emploie deux analystes. Parmi les sociétés suisses conseillées par CSI, citons Label (logiciels internet), Publibrands (média et publications en ligne) et, plus récemment la société de forge de précision, Schraner SA. ■

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ments privés, la Bourse valorise beaucoup plus les entreprises». Alors qu’aujourd’hui le niveau moyen de valorisation des placements privés se situe, grosso modo, à 5 fois l’excédent brut d’exploitation (EBITDA), il est deux fois plus élevé en Bourse. Au niveau actuel, cette classe d’actifs reste intéressante, le dirigeant de CSI estimant que les valorisations sont «saines». Reste à convaincre les investisseurs qu’il existe un réel potentiel de plus-value, une tâche des plus ardues après les déconvenues de ces dernières années. Et selon un observateur, la demande ne redémarrerait véritablement que si l’on observait un boom sur le segment des petites capitalisations. Or, depuis le début 2010, les gérants de fonds actifs sur ce segment battent leurs homologues axés sur les grandes capitalisations. Selon les données Morningstar, c’est le cas en Suède, en Suisse (+23,41% vs 16,56% grandes capitalisations), aux Etats-Unis (14% vs 8,25% grandes capitalisations mixtes) et plus généralement pour le secteur international petites et moyennes capitalisations qui, avec une progression de 12,05% devance le secteur grandes capitalisations mixtes (9%). En France, l’écart est encore plus marqué avec des progressions respectives de 7,96% et –1,24% (données en euros, YTD, au 15 septembre 2010). ■ V.B.

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Gestion de FortUne oBliGAtions

Espagne – Royaume-Uni: un spread à part Cette année, plutôt agitée sur les marchés financiers, marque le grand retour de l’analyse des fondamentaux macroéconomiques. Evolution de l’endettement privé et public, scénarios économiques de déflation, de récession, de reprise lente, autant de facteurs qui ont orienté les marchés obligataires, boursiers et des matières premières. Explications. Valérie LEMAIGRE Stigma Partners (Switzerland) SA Senior Economist, Senior Vice President

s

tigma Partners fonde son processus d’investissement sur les tendances macroéconomiques. L’analyse de ces tendances lui permet de profiter des excès de valorisation délivrée par l’exagération des marchés dans l’interprétation des fondamentaux économiques. Cette année, les exemples ont été nombreux, notamment sur le marché obligataire. Les autorités ont tenté en vain de convaincre que, face au désendettement privé, l’endettement public était indispensable pour éviter le pire. Pourtant, contraints par les marchés obligataires et des changes (envolée des rendements obligataires des pays européens périphériques, affaiblissement rapide de l’euro), la consolidation fiscale a dû être anticipée dans la plupart des pays européens. Et en remerciement, les investisseurs en ont déduit un scénario de déflation! La montée de sève printanière a créé des extrêmes de valorisation qui, pour être durables, nécessitent une confirmation des fondamentaux. C’est l’objectif de l’analyse suivante: comprendre les différences pour cultiver son potentiel, notamment entre les rendements gouvernementaux espagnols et britanniques.

Dette espagnole, pourquoi tant de haine? Depuis le mois d’avril, les marchés obligataires ont assimilé l’Espagne à la probléma-

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«Cet écart de taux aboutit à une aberration de valorisation dans un contexte d’aversion au risque extrême» VALÉRIE LEMAIGRE – STIGMA

tique grecque. Les rendements obligataires espagnols ont augmenté de plus de 100 points de base pendant plusieurs semaines. Sur la même période, les rendements britanniques ont perdu plus de 100 points de base; canard boiteux contre grâce du cygne? La décomposition des fondamentaux des deux pays vaut-elle la différenciation qui persiste sur le marché obligataire lorsque l’on s’attache à l’écart de rendement versus la référence allemande, comme illustré sur le graphique page suivante?

Notre approche fondamentale a décomposé les différents arguments qui pouvaient justifier une telle disparité: marché de l’immobilier résidentiel, endettement privé, endettement public, dynamique de croissance, système bancaire… Tant d’arguments qui mènent à peu de différenciation justifiant de battre la chamade. L’Espagne est le pays de la zone euro qui a connu un choc immobilier à l’instar des pays anglo-saxons. Les conséquences sur la situation domestique d’endettement privé, de fragilité du système bancaire, de détérioration des comptes publics sont éminemment comparables. Pourtant, en dépit des efforts incessants des autorités espagnoles, les investisseurs vont brides en mains face aux défauts de cuirasse ibériques. La situation des déficits et dette publiques des deux pays est équivalent ainsi que l’ampleur de la consolidation budgétaire décidée par les deux parties, du moins en tenant compte de la taille des économies. Les disparités dans ce domaine ne permettent pas de justifier les traitements différents de la part des agences de rating (Espagne: AA – RU: AAA)

Potentiels domestiques et externes s’affrontent Tant qu’une économie dépend des investisseurs étrangers pour financer sa dette domestique, l’acheteur marginal de la dette pourra décider de son prix. Et, l’économie britannique, fin 2009, avait constitué une épargne domestique suffisante pour financer le budget gouvernemental. Nul besoin de faire appel à l’investisseur étranger, d’autant que le gouvernement a exigé des banques commerciales qu’elles contribuent à l’achat de titres de la dette. En Espagne, si

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oBliGAtions la restructuration des comptes des acteurs économiques fut rapide, forcée par la crise financière, la reconstitution d’épargne domestique est encore insuffisante pour subvenir aux besoins de l’endettement public. Un recours indispensable à l’investisseur étranger tient la dette espagnole à la merci de plus d’inconstance et d’analyse arbitraire. On comprend dès lors pourquoi des critères tels que la compétitivité des entreprises et le potentiel d’intégration sur les marchés à l’exportation devient une clef d’analyse pour les investisseurs. Si, face au Royaume-Uni, l’Espagne n’a pas à rougir de sa compétitivité à l’exportation (débouchés sur l’Amérique latine), elle pâlit de son marché de l’emploi dont les records en termes de taux de chômage, toujours proche de 20%, cache un chômage structurel difficilement compressible, de plus de 10%. Dans l’état d’esprit actuel des investisseurs brandissant le spectre de la déflation, la situation du marché de l’emploi est primordiale. Mais à nouveau, insuffisante pour justifier les écarts de rendements! Et, le tassement de l’aversion au risque au cours du mois de septembre, n’a pas altéré les écarts de rendements. La flexibilité de la livre sterling est-elle vraiment la clef de cette différenciation? Si tel était le cas, la dépréciation rapide de l’euro entre avril et juin aurait dû apaiser les divergences. En procédant par élimination, les fondamentaux économiques semblent insuffisants pour expliquer cet écart de rendement et cette différence de traitement de la part des investisseurs.

Comment légitimer l’avantage britannique? Si le secteur bancaire espagnol souffre de déficiences, en particulier les «Cajas», il ne remet pas en cause sa solvabilité globale. Parmi les principales caractéristiques qui distinguent les banques espagnoles de leurs congénères britanniques, le portefeuille des actifs exposés au secteur de l’immobilier est plus largement exposé aux entreprises qu’à l’endettement du ménage, contrairement au Royaume-Uni. Si la capacité du ménage à honorer ses dettes reste bonne, le taux des prêts déficients est largement tributaire des sociétés immobilières ayant développé des projets d’envergure, notamment sur les côtes. Et, sur la totalité des

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Dette souveraine européenne: écart des rendements

Source: Thomson Reuters Datastream prêts octroyés à ces sociétés (445 milliards d’euros), les Cajas couvrent plus de la moitié (243 milliards d’euros). Si le ratio de prêts défaillants est modéré, le ratio de dette problématique peut atteindre 50% sur les prêts de sociétés. Pourtant, les ratios de capital et de solvabilité respectent déjà les nouveaux critères de Bâle III pour la plupart des banques. En juillet dernier, la publication du rapport du comité de supervision européen des banques divulguant les résultats du test de résistance à la récession pour les principales banques européennes, a révélé que cinq Cajas sur 45 ne passaient pas le test du capital minimum requis. Le marché l’avait anticipé et a accueilli cette nouvelle avec soulagement mais le resserrement des écarts de rendement n’a été que de courte durée. Cet épisode nous permet néanmoins de valider l’importance du secteur bancaire dans la différenciation actuelle des rendements obligataires gouvernementaux espagnols et britanniques. Or, durant la grande récession, contrairement au système bancaire britannique, les banques espagnoles n’ont pas eu besoin d’injection massive de capital et de mesure de garantie. Plus récemment, un fonds pour la restructuration des banques a été constitué pour assurer une réorganisation des caisses locales, notamment par les regroupements, fusions et acquisitions. Mis à part

certaines exceptions, le système financier espagnol reste solide et solvable. Enfin, si les investisseurs continuent de différencier les deux systèmes bancaires, en dépit de la solidité prouvée du dispositif espagnol, c’est qu’ils appellent à plus de transparence. Sans être partisan de la méthode anglo-saxonne d’évaluation des actifs à la valeur de marché, elle comporte l’avantage de paraître transparente, vertu célébrée par les investisseurs. De l’aveu de cette décomposition des fondamentaux économiques, cet écart de taux aboutit à une aberration de valorisation dans un contexte d’aversion au risque extrême. La poursuite, même progressive de la reprise économique permettra la normalisation de ces déviations. Si l’environnement obligataire souverain semble surévalué selon la plupart des mesures, il n’en demeure pas moins certains arbitrages attractifs, dont l’écart entre les taux espagnols et britanniques. Ce pouvoir que gardent les investisseurs sur la gestion de la dette gouvernementale européenne pose une controverse qui idéalement devrait être adressée par une centralisation européenne du marché obligataire souverain. Paradoxalement, cette centralisation permettrait de redistribuer aux gouvernements régionaux les pouvoirs fiscaux et politiques qui leur reviennent. Vœu pieux… ■ V.L.

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JUridiQUe réGlementAtion

La mort des prospectus simplifiés? La préparation d’un prospectus simplifié est requise pour la distribution de placements collectifs de capitaux ou le lancement de produits structurés. Introduit il y a quelques années pour informer les investisseurs de manière claire et compréhensible sur les caractéristiques et risques de ces investissements financiers, force est de constater que cet objectif n’a pas été atteint, ou que très partiellement. Aujourd’hui, les jours des prospectus simplifiés semblent comptés. Explications. Jean-Yves DE BOTH & Kim DO DUC Avocats Schellenberg Wittmer, Genève, Zurich www.swlegal.ch

l’

exigence de la préparation d’un prospectus simplifié pour les fonds de placement a été introduite en Suisse en 2004, en s’inspirant du droit communautaire. Aujourd’hui, un prospectus simplifié doit être publié pour les fonds en valeurs mobilières, les fonds immobiliers et les autres fonds en investissements traditionnels. Cette exigence vaut tant pour les placements collectifs suisses que pour les placements collectifs étrangers approuvés pour leur distribution au public en Suisse.

Placements collectifs de capitaux A l’origine, en partant du constat que les investisseurs ne lisaient souvent ni le prospectus, ni le règlement du fonds, l’objectif du prospectus simplifié était de mieux répondre aux besoins des investisseurs. La loi prévoit ainsi que le prospectus simplifié doit contenir un résumé des informations essentielles du prospectus et être rédigé de façon aisément compréhensible pour l’«investisseur moyen». Il doit être proposé gratuitement à toute personne intéressée, avant la conclusion du contrat ou la souscription à une part d’un placement collectif. Malgré ces intentions louables, force est de constater que le prospectus simplifié n’a

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B&F

«En pratique, le prospectus simplifié est trop long et trop compliqué pour l’investisseur non expérimenté» ME KIM DO DUC – SCHELLENBERG WITTMER

pas été en mesure d’atteindre le but recherché. En pratique, le prospectus simplifié est trop long (souvent une dizaine de pages) et trop compliqué pour l’investisseur non

expérimenté. Ce constat vient d’être fait au sein de l’Union européenne. C’est dans le cadre de la réforme de la directive communautaire UCITS que les autorités européennes se sont penchées sur cette question. La nouvelle directive UCITS IV, ainsi que ses mesures d’application, devront être transposés par les Etats membres dans leurs législations nationales d’ici au 1er juillet 2011. A côté de la simplification de la commercialisation transfrontière, du passeport octroyé aux sociétés de gestion et de l’introduction des structures «master-feeders», le prospectus simplifié a figuré parmi les thèmes principaux de UCITS IV. UCITS IV entend rendre l’information aux investisseurs plus claire, facilement compréhensible et pertinente par l’utilisation d’un document dénommé «Informations clés pour l’investisseur» (selon la terminologie anglaise «Key Investor Information»). Ce document devra être bref et ne devra pas, selon les mesures d’exécutions adoptées par la Commission européenne, dépasser deux pages de format A4. Il devra contenir des informations non techniques, de manière très standardisée, afin de permettre des comparaisons. Il ne sera, en outre, approuvé que par une seule autorité, à savoir l’autorité compétente de l’Etat d’origine du fonds UCITS. Ce document devra au minimum fournir des informations sur les éléments essentiels suivants: (i) l’identification du fonds UCITS, (ii) une brève description de ses objectifs et de sa politique de placement, (iii) une présentation de ses performances passées ou un scénario de performances, (iv) les coûts et les frais liés, et (v) le profil risque rému-

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réGlementAtion nération de l’investissement, y compris des orientations et des mises en garde appropriées sur les risques inhérents à l’investissement dans le fonds UCITS concerné. Pour l’heure, on ne sait pas si, et dans quelle mesure, ces prescriptions de la directive UCITS IV seront reprises en Suisse. Dans une communication du 21 avril 2010, la FINMA a indiqué qu’aucune décision n’avait été encore prise à cet égard. En réalité, il y a fort à parier que la Suisse s’aligne. Ceci permettrait non seulement de s’assurer que notre législation sur les placements collectifs est euro-compatible (qui est un de ses buts avoués), mais également d’éviter qu’un fonds UCITS commercialisé publiquement en Suisse doive, à l’avenir, publier non seulement des «Informations clés pour l’investisseur» mais également un prospectus simplifié pour la Suisse.

Produits structurés Se calquant sur les règles applicables sur les placements collectifs de capitaux, les pro-

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duits structurés ne peuvent être offerts au public en Suisse que s’ils font l’objet d’un prospectus simplifié. Les exigences relatives au prospectus simplifié ont été concrétisées dans les directives de l’Association suisse des banquiers (ASB) concernant l’information des investisseurs sur les produits structurés. Le prospectus simplifié doit être rédigé de façon aisément compréhensible pour l'«investisseur moyen» et décrire, selon un schéma normalisé, les caractéristiques essentielles du produit, son potentiel de gain et ses risques de perte ainsi que les risques significatifs supportés par l’investisseur. Ce document doit, par ailleurs, également indiquer expressément que le produit n’est pas un placement collectif et qu’il n’est pas soumis à l’autorisation de la FINMA. Comme pour les placements collectifs, les prospectus simplifiés des produits structurés sont souvent décriés, que cela soit au niveau de la forme, du contenu, ou de leur utilisation. Certains suggèrent que des améliorations sont nécessaires, par exemple en

prévoyant qu’il soit adressé dans la langue maternelle de son public cible ou en modifiant sa présentation, afin d’en rendre sa compréhension plus aisée. De plus, en pratique, la majorité des investissements dans des produits structurés étant effectués avant leur émission, les investisseurs reçoivent généralement un «term sheet» ou un autre document similaire plutôt qu’un prospectus simplifié. La FINMA s’est intéressée à ce problème suite à la faillite du groupe américain Lehman qui a mené à la perte de la quasitotalité de la valeur des produits structurés à capital protégé qui avaient été émis par des sociétés du groupe Lehman. Au vu des répercussions de cette défaillance sur la place financière suisse, la FINMA a ouvert une enquête sur la distribution de produits structurés à capital protégé à la clientèle de détail, afin notamment de déterminer comment les placements des investisseurs en étaient venus à se déprécier. Dans son rapport publié au mois de mars 2010, la

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JUridiQUe

réGlementAtion différences des règles applicables à divers produits sont justifiées, en particulier concernant l’information des clients et le profil de risque des produits. La FINMA prévoit de déterminer, d’ici la fin de cette année, s’il y a lieu d’intervenir sur le plan réglementaire en transmettant des propositions de modifications législatives ou si elle doit elle-même édicter des prescriptions dans des domaines qui relèvent aujourd’hui principalement de l’autorégulation.

Objectifs non atteints L’introduction en Suisse du prospectus simplifié dans les domaines des placements collectifs de capitaux et des produits structurés a été motivée par un souci louable de simplicité et de transparence vis-à-vis des

L’ART

investisseurs. Or, en pratique, on constate que cet objectif n’a pas été atteint. Pour les placements collectifs, les prospectus simplifiés sont toujours trop compliqués et peu compréhensibles pour l’investisseur moyen. Il en va de même pour les prospectus simplifiés des produits structurés, mais, en plus, ceux-ci ne jouent aucun rôle lors du conseil du produit puisqu’ils ne sont formellement requis qu’après l’émission et que les investisseurs ne disposent généralement que d’un «term sheet» ou d’un document similaire. Au vu des évolutions au niveau de l’Union européenne et des réflexions actuelles de la FINMA, on peut toutefois s’attendre à une évolution prochaine des règles suisses et probablement à la disparition des prospectus simplifiés. ■ J.-Y.D.B. & K.D.D.

DANS

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«Au vu des évolutions au niveau de l’Union européenne et des réflexions actuelles de la FINMA, on peut s’attendre à une évolution prochaine des règles suisses et probablement à la disparition des prospectus simplifiés» JEAN-YVES DE BOTH – SCHELLENBERG WITTMER

FINMA arrive aux constats que les investisseurs avaient insuffisamment conscience du fait qu’ils étaient exposés au risque de perte totale, que les prescriptions édictées par le législateur pour protéger les investisseurs ont été inopérantes et que le prospectus simplifié exigé pour des raisons de transparence, à savoir pour assurer l’information des investisseurs, n’a joué strictement aucun rôle dans le conseil en placement pour des produits non cotés. Face à ce constat, la FINMA a lancé un projet intitulé «Règles applicables à la distribution» dont l’objectif est d’examiner l’ensemble du marché financier afin de déterminer notamment – en tenant compte également de la législation communautaire – si d’éventuelles

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Egon Schiele, Edith Schiele en robe à rayure, 1915, crayon, aquarelle & gouache, Leopold Museum, Vienne. Photo Manfred Thumberger.

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strAtéGie seCteUr BAnCAire GreC

Banques locales, crise globale Compte tenu de leur taille et de leur positionnement pays et métier, les banques grecques ne font pas, a priori, partie de ces institutions dites «systémiques», ces établissements complexes et de grande envergure («too big to fail») qui sont la hantise des superviseurs et des régulateurs et dont les difficultés éventuelles entraînent des secousses incontrôlables sur les marchés financiers. Jaona RAVALOSON (28/09/10)

i

l n’empêche que leur état reste un sujet de préoccupation permanente pour les hautes instances financières internationales. Selon les dires de S&P, dès la fin de l’année dernière, parmi les banques occidentales, elles étaient celles qui faisaient face aux risques les plus élevés. L’ampleur de leurs créances douteuses domestiques et l’insuffisance de leurs liquidités les ont considérablement fragilisées. Leur vulnérabilité aurait pu être circonscrite et surmontée, comme dans maints autres pays, s’il n’y avait pas la crise de la dette souveraine grecque, qui a explosé cinq mois plus tard et qui fait désormais d’elles, à leur corps défendant, des porteuses de risques systémiques. Du coup, en Grèce, le sort des banques et le statut de la dette souveraine sont liés intimement dans un cercle vicieux.

Les ruines d’Athènes La crise financière mondiale a franchi une nouvelle étape au printemps dernier lorsqu’un mouvement de défiance d’une ampleur inédite commençait à se manifester à l’égard d’Etats de la périphérie de la zone euro, collectivement désignée sous le vocable quelque peu ignominieux de PIGS. Le G de ce sigle néo-barbare désigne la Grèce dont la débâcle des finances publiques, masquée jusque-là par une habile manipulation des données, a provoqué un effet domino. La crise de la dette souveraine grecque reste une épée de Damoclès au-dessus de la

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stabilité financière internationale. Le secteur bancaire grec en est à la fois la principale victime mais peut en devenir un facteur majeur et aggravant. Ce qui déclencherait des répercussions inimaginables sur la zone euro et les marchés financiers globaux. Les banques grecques, en effet, sont, par nature, les plus gros détenteurs de papiers souverains de la République Hellénique. Toute détérioration de la solvabilité de l’Etat met en danger le portefeuille et le bilan des banques. C’est ce qui s’est passé en avril lorsqu’il a été impossible au Trésor grec de se refinancer sur les marchés et qu’il a été obligé de recourir à un financement d’urgence de 110 milliards d’euros mis en place par l’Union européenne et le FMI. Dans la foulée, S&P a dégradé les notes de crédit de la Grèce de BBB + à BB +, pour le long terme, et de A-2 à B, pour le court terme. Le passage au statut de «junk bond» de la signature de l’Etat fut extrêmement dommageable car, par définition, aucune banque ne peut se prévaloir d’un rating supérieur au souverain ni d’un coût de financement inférieur. Dommages collatéraux de la hiérarchie des notations, les banques grecques sont, par

ailleurs, affaiblies par les perspectives économiques locales, guère favorables et ne leur permettant pas de se rattraper sur leur exploitation. La contraction du PIB est significative tant cette année que l’an prochain, le pouvoir d’achat des ménages baisse ainsi que leur capacité d’emprunt et la situation financière des entreprises n’est pas florissante. Le futur du secteur bancaire grec dépend ainsi de la façon dont Athènes se relève de ses ruines, en réduisant drastiquement son déficit budgétaire (le plus élevé en Europe derrière l’Irlande, 13,6% du PIB en 2009 et 8,1% cette année), en diminuant notoirement sa dette publique et en mettant en œuvre, pendant une première échéance de trois ans, un plan d’austérité draconien. D’après une évaluation faite récemment par le FMI, le programme de réforme avance conformément à la feuille de route. De fait, une émission de papiers à six mois réalisée par le Trésor grec mi-septembre pour un montant d’un milliard a été jugée comme un succès car a réussi à attirer des investisseurs internationaux pour un tiers de son montant. Toujours est-il que le spread des obligations d’Etat grecques avec le Bund

Dégradation de la notation des quatre plus grandes banques S&P Long terme

Rating actuel

Rating antérieur

Perspective

Grèce

BBB+

BB+

National Bank of Greece

BBB+

BB+

Négative

EFG Eurobank

BBB

BB

Négative

Alpha Bank

BBB

BB

Négative

Piraeus Bank

BBB

BB

Négative

Source: S&P

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© UE

seCteUr BAnCAire GreC

Giorgios Papandréou, Premier ministre grec, à gauche, désormais sous le contrôle de l’Union européenne, avec José Manuel Barroso, président de la CE. allemand reste astronomique (supérieur à 900 points de base), soit un rendement de 11,55% pour les obligations à dix ans… La confiance règne! Les risques systémiques que pose un tel contexte n’ont pas laissé les partenaires insensibles. C’est pourquoi la sainte alliance (BCE, Commission européenne et FMI) reste vigilante et se penche continuellement au chevet des finances de l’Etat hellène. Lors des roadhows effectués fin septembre sur les grandes places financières européennes, il a même été affirmé que si la Grèce n’arrivait pas à restaurer la confiance des marchés à l’issue du programme de restructuration de trois ans, les institutions financières internationales continueraient à la garder sous perfusion et ce, si nécessaire, jusqu’en… 2020.

Piégé par la crise de la dette souveraine Dans tous les cas, afin de ne pas alourdir la tendance, les autorités ont un œil circonspect sur les banques. Le secteur bancaire grec est composé d’établissements concentrés plutôt sur la banque de détail et la banque commerciale avec des prolongements à l’international. Comme l’économie nationale s’enfonce de plus en plus dans

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la récession, les activités sont au ralenti avec une expansion des crédits inférieure à 2% en 2009. Le pincement sur les marges d’intérêt s’accentue. Les mauvaises créances ont commencé aussi à affluer: de l’ordre de 7,5% des encours en 2009, elles auraient atteint près de 10% en 2010. La diversification internationale peine à compenser la dégringolade des activités domestiques. Au cours de la décennie 2000, 6,5 milliards d’euros ont été dépensés par les différents établissements pour acquérir des parts de marché dans les pays voisins. Les opérations dans les pays de l’arc sudest européen (notamment, Pologne, Bulgarie, Roumanie, Serbie, Ukraine) ou dans le bassin oriental de la Méditerranée (Chypre, Egypte, Turquie) représentent maintenant

environ 20% de leur encours. Cette diversification dans les zones en émergence peut produire une volatilité dans les résultats. L’année dernière, EFG Eurobank y avait perdu 44 millions d’euros et Alpha Bank y avait enregistré une baisse de 50% après une forte progression des créances douteuses. Cette année, ces zones émergentes ont fait montre de reprise. Si l’on prend le cas de National Bank of Greece (NBG) au premier semestre, les activités à l’étranger ont dégagé des profits en hausse (301 millions d’euros dont 251 millions, soit +15%, pour la filiale turque) mais n’ont pas empêché le profit consolidé de chuter de 79% à 146 millions d’euros, avec les opérations domestiques en perte de 159 millions d’euros. A la crise de la dette souveraine et à la récession, se rajoute, pour le secteur bancaire grec, le nouveau challenge représenté par les normes Bâle III sur le capital minimum. Fin 2009, les principaux établissements affichaient, d’après la Banque centrale, un ratio de fonds propres purs proche de 9%. Mais ce niveau confortable n’a pas résisté à la dégradation des bilans provoquée par la crise souveraine. Un nouveau round d’augmentation de capital est, donc, à nouveau nécessaire. La liquidité est aussi un problème crucial. Il est courant que les emplois excèdent les ressources (un ratio de 112%, par exemple, pour Alpha Bank), d’autant que les fuites de dépôts s’accélèrent. Une sortie nette de 6% a été enregistrée au premier semestre. La fin de l’année et 2011 ne s’inscrivent pas sous de meilleurs auspices en raison des retraits opérés par les ménages et les entreprises pour compenser les difficultés économiques. Le drame est que, pour se refinancer, les banques grecques n’ont pas accès aux marchés interbancaires internationaux à cause du risque souverain. Elles ont, par conséquent, fait appel à l’Etat qui a mis en place un fonds de garantie de 15 milliards

Résultats du premier semestre 2010 M€

Revenus

Variation sur un an

Bénéfice net

National Bank of Greece

2'204

-16%

146

-79%

EFG Eurobank

1'502

2%

95

-44%

Alpha Bank

1'133

-3%

38

-82%

731

-6%

10

-92%

Piraeus Bank

Variation sur un an

Source: sociétés

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strAtéGie d’euros pouvant être utilisés pour servir de caution à des recours directs auprès des guichets de la BCE, un canal de refinancement fortement sollicité ces derniers temps.

Secteur sous perfusion Un autre fonds de stabilisation de 10 milliards d’euros a également été créé pour renforcer les fonds propres des banques, dans le cadre du plan de sauvetage UE-BCE-FMI. Ce package imposé par les institutions internationales au gouvernement en échange du renflouement des finances publiques exige une surveillance régulière et minutieuse de la situation des banques, du double point de vue des fonds propres et de la liquidité. Les contrôles de solidité doivent être menés sur une fréquence trimestrielle. Six banques grecques ont participé au stress test de juillet dernier mené par le Comité des superviseurs bancaires européens et s’en sont plutôt bien sorties. Seule Agricultural Bank (ATE), une banque publique, a échoué à ce check-up avec un ratio de fonds propres Tier 1 de 4,36% en cas de scénario adverse, bien en dessous du seuil de sécurité de 6%. Un autre stress test, censé être plus rigoureux et plus adapté au contexte local, a lieu en octobre. Il est destiné ainsi à tenir compte des résultats des groupes bancaires pour les neuf premiers mois de l’exercice 2010. Il intègre aussi les augmentations de capital lancées au début de l’automne. Par exemple, National Bank of Greece (NBG), le leader du secteur, a levé près de trois milliards de capitaux frais via de nouvelles actions (631 millions d’euros), des convertibles (1,2 milliard d’euros) et des cessions de participations (20% de la banque turque Finansbank à travers un placement en Bourse d’Istanbul pour un milliard d’euros). Cette initiative, qui va permettre à NBG d’avoir une base de capital parmi les plus hautes en Europe (ratio de capital Tier 1 de 13,4%), pourrait être imitée par d’autres établissements. La réaction du marché à ces opérations constituera des signaux à suivre de près pour jauger si le secteur bancaire a regagné en crédibilité ou reste piégé dans la crise de la dette souveraine.

Marche à la turque vers une consolidation du secteur Outre le renforcement des fonds propres du secteur et du dispositif de garantie pour faciliter son accès au refinancement, la troisième ligne de défense pour freiner la

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seCteUr BAnCAire GreC spirale de défiance à l’égard du système bancaire grec veut s’appuyer sur le lancement d’un processus de consolidation. Le programme de réforme mis en œuvre avec les instances internationales envisageait déjà un appel aux investisseurs, dans différents secteurs comme l’énergie et le tourisme, dans le but de revitaliser l’économie grecque. Mais le FMI et le Gouvernement ne se privent pas d’une occasion pour encourager également les fusions-acquisitions dans le secteur bancaire, avec, comme visée, de sortir le secteur bancaire grec de son isolement, de renforcer le poids et la solidité des différents acteurs et de bénéficier de synergies de coûts. Les mauvais résultats du premier semestre, publiés en août, sont une preuve supplémentaire de la nécessité d’une telle consolidation. Les scénarios de rapprochement sont multiples et les annonces d’intention ainsi que les spéculations émaillent quotidiennement la presse financière du pays. Piraeus, la plus petite de la «bande des quatre», a tiré le premier en se proposant d’avaler en une seule bouchée ATE, la banque publique agricole qui fut la seule à ne pas avoir passé le stress test européen de juillet, et Hellenic Postbank, appartenant également à l’Etat. Elle a mis 701 millions d’euros sur la table pour reprendre les participations de l’Etat dans ces deux établissements. Si cette offre aboutit, elle deviendra le numéro 2 du secteur avec 25% de part de marché et héritera des 12,6 milliards d’euros de dépôts de Postbank, trophée non négligeable en période de crise de liquidités. Cela étant, rien n’est acquis avant plusieurs mois, le temps que se déroule une procédure classique de privatisation avec une évaluation des deux cibles et un appel d’offres international. La concurrence peut être rude car EFG Eurobank et Alpha Bank, deux autres majors, ont d’ores et déjà constitué une position de 6% chacun dans Postbank. NBG a, pour sa part, renforcé sa participa-

tion dans une banque régionale, Stopanska Banka. Pour l’heure, la préférence va vers un rachat des acteurs de second rang plutôt qu’une fusion entre grands du secteur. Mais les choses peuvent évoluer rapidement. Les pouvoirs publics par la voix du ministre des Finances et du gouverneur de la Banque centrale ne cessent d’appeler de leurs vœux un rapprochement entre les quatre grands (NBG, EFG, Alpha et Piraeus). La forte chute des profits au premier semestre est une illustration des effets pervers d’une stratégie d’indépendance dans un contexte tumultueux. De toutes les façons, comme le signifiait Yannis Costopoulos, le président d’Alpha Bank, «il n’y a de la place que pour deux banques et demie sur le marché grec», soit deux grands établissements plus un troisième de taille plus modeste. Des fusions entre égaux sont donc envisageables mais à condition que les évaluations boursières et les prix de transaction soient satisfaisants. Le secteur bancaire pourrait-il attirer des prédateurs étrangers? A ce jour, l’expérience des banques étrangères en Grèce n’est pas concluante. Le groupe français Crédit Agricole en sait quelque chose avec les déboires d’Emporiki Bank. L’incertitude macroéconomique et les difficultés immédiates du secteur ne suscitent pas non plus d’appétit vorace. Néanmoins, des intérêts ont été manifestés par des fonds souverains comme le Qatar Investment Authority (QIA), déjà actionnaire bien avant la crise du numéro 3 national, Alpha Bank, à hauteur de 4%. Comme on ne prête qu’aux riches, on s’attend à ce que QIA prenne une participation inférieure à 10% dans différentes institutions de crédit y compris NBG. Tant il est vrai que l’appui d’une puissance pétrolière et financière du Golfe n’est pas à négliger en période de gros temps. ■ J.R.

Ratios boursiers des quatre grands Au 24/09/10

Cours/Actif net 2010

Cours/bénéfice net 2012

1.18

6.1

EFG Eurobank

0.76

6.7

Alpha Bank

0.63

6.8

Piraeus Bank

0.61

6.4

National Bank of Greece

Source: Présentation Piraeus Bank

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Régularisation: trop cher payé? Alors qu’il est beaucoup question de régularisation, la plupart des clients privés titulaires d’un compte non déclaré hésitent à franchir le pas. Pour lors, les modalités de l’entraide administrative ne sont pas suffisamment claires envers tous les pays partenaires pour que les candidats à la régularisation se fassent connaître. Etat des lieux. Mohammad FARROKH

e

n ordre avec le fisc, mais ruiné? Tel est le dilemme auxquels s’estiment confrontés de nombreux détenteurs de comptes non déclarés dans les banques suisses. Si la question de la régularisation des avoirs non fiscalisés se pose sérieusement depuis le 13 mars 2009, date de l’acceptation par la Suisse des «standards de l’OCDE», c’est seulement maintenant que les personnes concernées commencent à disposer des premiers éléments de réponse. Il y a désormais une certaine infrastructure pour aider à la décision, par exemple le «German Tax & Legal Centre» créé à Zurich par KPMG qui dispose également à Genève de services comparables, notamment pour la clientèle espagnole, anglaise et française. Il y a aussi, depuis le 1er octobre, l’ordonnance sur l’entraide administrative et les conventions de double imposition, plus connue sous le sigle allemand d’ADV qui permet aux clients des banques suisses de se faire une idée plus précise de l’environnement en train de se mettre en place avec l’adoption des conventions de double imposition (CDI), conclues par la Suisse pour répondre aux exigences de l’OCDE. Depuis 2005 en effet, l’article 26 du modèle de convention de double imposition publié par cette organisation prévoit l’échange de données bancaires entre Etats, à des fins fiscales. De plus, l’OCDE a également fait savoir que, pour être en conformité avec ses standards, un pays doit avoir conclu au moins 12 CDI reprenant l’article 26 du

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modèle. Depuis, mais ce n’est pas une surprise, la Suisse en fait trop, contrairement à certaines «juridictions» comme l’île de Man qui s’en tient au minimum de 12 CDI, conclues de préférence avec des Etats insignifiants sur la carte du monde économique. La Suisse, elle, ne s’en tiendra pas à douze: si dix CDI ont été ratifiées par les Chambres fédérales à la session d’été 2010, notamment avec la France, l’Autriche et les Etats-Unis, une quinzaine d’autres ont déjà été signées ou seulement paraphées. Toutefois, la réalité est plus complexe qu’il n’y paraît à première vue et, s’il est vrai que la Suisse signe beaucoup, elle négocie durement les textes des CDI. De plus, ces dernières doivent être lues à la lumière de l’ADV. Or, la lecture de l’ordonnance réserve de bonnes surprises à ceux qui, il y a quelques semaines encore, parlaient du secret bancaire suisse au passé.

«Danse des œufs» avec l’Allemagne A cet égard, il est intéressant de revenir sur la négociation de la CDI avec l’Allemagne, qui battait encore son plein au moment de l’entrée en vigueur de l’ADV. Car le protocole de modification paraphé le 26 mars n’a pas signifié la fin des négociations qui se sont, au contraire, intensifiées pour atteindre leur point culminant au début de l’automne. Selon Andreas Kolb, avocat et associé de Eversheds Schmid Mangeat, à Berne et Genève, un spécialiste des questions d’entraide administrative pour avoir été jusqu’en 2006 chef du service des pays au sein de l’Administration fédérale des contributions (AFC), les discussions se sont focalisées sur le taux d’imposition de la fortune déposée en Suisse qui sera appli-

«L’Allemagne a un argument, à première vue, très convaincant pour faire admettre un tel différentiel en sa faveur, à savoir l’anonymat qu’elle offrirait aux titulaires de comptes régularisés» ANDREAS KOLB – EVERSHEDS SCHMID MANGEAT

cable en principe aux sujets fiscaux allemands. Une problématique que l’avocat bernois connaît bien pour avoir notamment négocié avec l’Allemagne une précédente révision de la CDI, celle de 2002. Enhardie par un contexte qui a changé à son avantage, la République fédérale souhaite main-

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«Même les candidats au forfait fiscal s’interrogent sur l’opportunité de se «délocaliser» en Suisse, maintenant que la votation zurichoise a donné un signal défavorable» WALTER STRESEMANN – VISTRA SA

italiens en Suisse, le «scudo fiscale» a, en effet, fourni à l’ASB ce qui peut passer pour une planche de salut en des temps où il importe de sauver l’essentiel, quitte à y laisser quelques plumes. Une planche de salut que les Allemands s’emploient déjà à savonner, avant même la fin des travaux. Car le climat des discussions germanosuisses n’a pas été aussi serein que pourrait le laisser croire le réel réchauffement qui s’observe depuis quelque temps au niveau ministériel. Les sourires n’empêchent pas les coups de pied sous la table. Il suffit pour s’en convaincre de lire l’article intitulé Les Suisses ont tous les trucs pour défendre leur forteresse d’évasion fiscale, paru dans le Handelsblatt du 23 septembre, qui reflète le point de vue des experts allemands alors occupés à négocier âprement avec les représentants du Département fédéral des finances. D’avance, les Allemands relativisent la valeur de la CDI renégociée: «lorsque ces prescriptions deviendront réalité, la Suisse pourra de nouveau s’accommoder des nouvelles règles, de façon à accorder l’entraide administrative aussi peu que précédemment», déclarait notamment le vice-chef du syndicat des experts fiscaux. Plus loin, les Suisses sont accusés d’effectuer une «danse des œufs» (Eiertanz), deux pas en avant, un en arrière. Pour l’Allemagne, l’enjeu est important dans la mesure où il resterait encore 200 milliards d’euros d’avoirs allemands non fiscalisés dans les banques suisses.

200 milliards d’euros allemands tenant aller jusqu’à un prélèvement de 30% pour la régularisation des avoirs non déclarés. Ce taux est nettement plus élevé que ceux pratiqués par d’autres pays européens, notamment l’Espagne dont les prélèvements s’inscrivent entre 10% et 20%. Mais l’Allemagne a un argument, à première vue, très convaincant pour faire admettre un tel différentiel en sa faveur, à savoir l’anonymat qu’elle offrirait aux titulaires de comptes régularisés. Un anonymat qui va dans le sens de Rubik, la formule proposée par l’Association suisse des banquiers (ASB), à l’instigation d’ailleurs de l’Association des banques étrangères en Suisse (ABES), laquelle s’inspire clairement de l’amnistie fiscale italienne. Tout en ponctionnant cruellement les dépôts des clients

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L’enjeu est donc important et l’Allemagne est, pour l’instant, au centre de l’attention en matière de régularisation. Dans les banques privées, on parle volontiers de «legacy»: le mot fait plus chic, mais la réalité est la même. Une réalité assez dure, comme le rappelle le précédent de Klaus Zumwinkel, l’ancien patron de la poste allemande dont la découverte du compte non déclaré au Liechtenstein a servi d’élément déclencheur à l’assaut actuel contre le secret bancaire. Résultat, avocats allemands et conseillers fiscaux ont beaucoup à faire, tellement même que plusieurs bureaux ont ouvert à Zurich. Autant de mains secourables qui se tendent pour aider les Allemands titulaires de comptes non déclarés en Suisse à régulariser leur situation à un moment où il est possible de

le faire à des conditions finalement assez favorables. On cite, par exemple, le cas de ce client qui avait 25 millions sur un compte: il s’en est sorti avec un rattrapage fiscal de 5 millions représentant l’impôt éludé et les intérêts et, surtout, l’exercice ne se solde pas par une amende. Avec les Etats-Unis, où le client qui se déclare n’évite pas forcément la prison, la différence est considérable. En Europe, la prison reste non seulement une éventualité lointaine, mais l’amende peut aussi être évitée en procédant de la bonne façon. Pour ce faire, le recours à une structure spécialisée est d’autant plus judicieux qu’il permet de prendre la température de l’eau avant de s’y jeter. «Un premier contact est l’occasion d’expliquer la procédure, avant de faire analyser le dossier et de présenter la situation au client», explique, par exemple, Yvan Hayoz, responsable de la clientèle privée internationale pour la Suisse romande de KPMG. Il est basé à Genève où la société de conseil est particulièrement active auprès de la clientèle espagnole, encouragée par l’attitude assez ouverte de Madrid. Mais ouverture ne veut pas dire naïveté: «Nous attendons d’avoir une proposition d’accord avant d’aller de l’avant et de dévoiler le nom du client», rassure Yvan Hayoz.

L’épée de Damoclès du blanchiment Mais attention, car tout n’est pas que douceur et lumière de ce côté-ci de l’Atlantique: pour ce qui est de l’Allemagne, il existe un projet d’aggravation des sanctions, d’où une forte incitation à se déclarer. Il y a aussi, indépendamment de l’aspect fiscal, le risque d’une inculpation pour blanchiment d’argent, et c’est beaucoup plus grave. Sans parler du fait que toute opération de régularisation laisse forcément des traces: elle attire l’attention sur son «bénéficiaire» qui a intérêt à ne pas faire le moindre écart à l’avenir. Mais il y a encore d’autres aspects à prendre en considération, selon les pays. En Espagne, les évadés fiscaux ont peur de la publicité qui pourrait être donnée à leur cas. Une crainte plus forte encore en Grande-Bretagne où il est d’usage de faire un exemple en publiant les noms. Mais la dureté britannique est, comme presque toujours, à géométrie variable: celui qui ouvre un compte au Liechtenstein peut bénéficier des conditions spéciales négociées avec Vaduz.

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PriVAte BAnKinG Pour ce qui est de l’Allemagne, on peut s’étonner du mouvement déjà important de régularisations, alors même que les négociations sur la nouvelle CDI avec la Suisse battaient encore leur plein. Tout se passe comme si de nombreux clients allemands des banques suisses ne croient plus beaucoup à l’avenir de la confidentialité helvétique, Rubik ou pas, anonymat ou pas, nouvelle CDI ou pas. Car le compte à rebours qui mène à l’échange automatique d’informations paraît sur le point d’avoir commencé, si ce n’est pas déjà le cas. En effet, les pays européens réfractaires à l’échange automatique se sont engagés à l’accepter, une fois que la Suisse serait passée à l’échange à la demande, ce qui est donc sur le point de se vérifier.

Rubik or not Rubik Le fait que l’Allemagne paraisse prendre Rubik au sérieux n’est pas non plus considéré comme un gage durable pour l’avenir, mais peut apparaître plutôt comme une manière de saisir l’occasion en attendant mieux. Si l’échange automatique fait très peur, ce n’est peut-être pas non plus l’arme absolue contre l’évasion fiscale: les personnes morales ne sont, par définition, pas directement concernées et l’existence de la moindre lacune dans le dispositif quasi orwellien envisagé sera certainement mise à profit par les candidats à l’évasion fiscale. Il est vrai qu’à partir d’un certain niveau de fortune, la complexité des structures utilisées permet de déjouer les ambitions confiscatoires du fisc. En attendant l’échange automatique, l’information à la demande se met en place. A cet égard, si chaque pays a sa stratégie, il en est un qui a su admirablement tirer son épingle du jeu, sans même avoir à renégocier sa CDI avec la Suisse pour y introduire l’échange d’informations à la demande. L’Espagne a, en effet, obtenu la clause de la nation la plus favorisée, ce qui lui permet de bénéficier automatiquement des dispositions des nouvelles CDI conclues par la Suisse avec d’autres Etats européens. Madrid peut, en particulier, se réclamer des facilités accordées à la France, dont les demandes d’entraide ne doivent pas nécessairement fournir le nom de la banque. Avec l’ADV toutefois, la Suisse dispose d’un texte de référence qui devrait permettre de «cadrer» les demandes un peu trop téméraires. D’autant que, cette fois-ci, la publication ne

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fait pas suite à l’adoption d’une loi mais, au contraire, la précède. Tout indique que le Département fédéral des finances, désormais placé sous la direction, paraît-il énergique, d’Eveline Widmer-Schlumpf, s’apprête à mettre en route le processus qui conduira à l’adoption ultérieure d’une véritable loi sur l’aide administrative internationale.

La Suisse pose ses conditions Pour les clients des banques suisses, les modalités concrètes de l’entraide administrative sont au cœur des réflexions actuelles sur l’opportunité de régulariser des avoirs non déclarés. En d’autres termes, si la Suisse a l’intention de se ressaisir, il importe de ne pas baisser pavillon trop tôt. A cet égard, l’ordonnance ADV semble bel et bien apporter un correctif très attendu aux prétentions de certains Etats. Entrée en vigueur en novembre, l’ADV pose, en son article 5, huit conditions préalables avant d’accorder l’entraide dans un cas particulier, à commencer par l’identification correcte de la personne concernée et la description précise des informations recherchées. Mais ce n’est pas tout: l’Etat requérant doit aussi démontrer qu’il a tenté de se procurer les informations demandées et a épuisé «les sources d’informations usuelles» dans le cadre d’une procédure fiscale normale. Ce texte est donc appelé à encadrer l’application des nouvelles CDI, dont aucune n’est encore entrée en vigueur. En attendant, l’incertitude persiste sur les modalités pratiques de l’échange d’informations à la demande. C’est ce que souligne pour sa part Walter Stresemann, administrateur et directeur de Vistra SA, à Genève, société spécialisée dans la création de structures juridiques, notamment trusts, qui confirme, dans l’ensemble, l’attitude d’expectative qui continue à prévaloir dans la clientèle. Même les candidats au forfait fiscal s’interrogent sur l’opportunité de se «délocaliser» en Suisse, maintenant que la votation zurichoise organisée sur ce sujet a donné un signal défavorable. Dans ces conditions, s’il est effectivement beaucoup question de régularisation, nombre de titulaires de comptes, vraisemblablement la plupart, hésitent entre au moins trois ou quatre options. La première, qui consiste simplement à éviter d’attirer l’attention, est peut-être la plus praticable pour des personnes disposant d’une fortune de l’ordre de

«Nous attendons d’avoir une proposition d’accord avant d’aller de l’avant et de dévoiler le nom du client» YVAN HAYOZ – KPMG

5 à 10 millions, peu portées sur le luxe tapageur. Une deuxième option serait de se délocaliser, par exemple à Singapour, qui pratique également l’échange à la demande mais ne pose pas moins d’une douzaine de conditions pour donner suite à une requête venue de l’étranger. Une troisième option serait de créer des structures offshore de type trust, mais elle est relativement coûteuse s’agissant de fortunes n’excédant que de peu un seuil situé aux environs de 5 millions. Reste l’option de se déclarer qui, en admettant même que les modalités pratiques en soient maîtrisées, n’est pas sans conséquences à long terme. A cet égard, la ponction effectuée sur les avoirs déclarés est déterminante pour la propension à faire le pas. A 15%, voire 20%, le coût de l’opération paraît encore assumable. A 30%, il ne l’est vraisemblablement plus, d’autant que ce prélèvement, déjà presque confiscatoire, ouvre la voie à d’autres formes d’impositions subséquentes qui condamnent la fortune déclarée à un dépérissement quasi certain, à moins d’imaginer des rendements illusoires dans un univers de taux désespérément bas… ■ M.F.

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enJeUX roGer-Pol droit – FrAnÇois Henrot

La vertu de la double paire d’yeux pour un dialogue constructif © BRUNO LéVY

Roger-Pol Droit et François Henrot, les deux auteurs de l’ouvrage Le banquier et le philosophe ou La double paire d’yeux1, mettent en lumière l’intérêt du dialogue approfondi entre deux hommes aux conceptions de l’existence et de l’organisation de la société apparemment opposées. Dissertation sur la crise, les responsabilités des banques et des acteurs de la sphère financière, ou encore sur la perte des valeurs dites fondamentales au profit de l’argent. Regard croisé. Propos recueillis par Didier PLANCHE

Banque & Finance: Votre ouvrage, Le banquier et le philosophe, sur vos deux perceptions et analyses de la crise mondiale a priori divergentes cherche-t-il justement à démontrer qu’un dialogue critique est possible pour parvenir à des pratiques constructives du secteur bancaire et financier? ROGER-POL DROIT : Notre projet éditorial visait justement à sortir des antagonismes simplistes, à savoir, par exemple, qu’un banquier ne s’intéresserait pas au monde des idées et qu’un philosophe serait, par nature, allergique, hostile ou même méprisant à l’égard des banquiers. Au contraire, la gravité de la crise mondiale, ainsi que son ampleur et sa diversité, nécessite un dialogue en profondeur pour tenter de trouver des éclairages et des chemins de compréhension et d’analyses nouveaux. FRANÇOIS HENROT: En dialoguant avec un philosophe sur un sujet aussi préoccupant que la crise mondiale, je souhaitais entendre une interprétation différente de celle des banquiers et autres professionnels de la finance, qui me permettrait de mieux comprendre ses causes. L’approche et le regard du philosophe m’intéressaient, car ils se focalisent sur des notions et concepts peu ou jamais développés dans l’univers bancaire.

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«Ce serait une utopie si l’on attendait cette date mémorable, mais improbable, où tous les praticiens de la finance seraient des “sages”, avec des comportements rigoureusement éthiques» ROGER-POL DROIT

B&F: De fait, toutes les mesures de régulation, de surveillance et de contrôle du secteur bancaire et financier deviendront inutiles lorsque ses acteurs adopteront un comportement régi par une éthique rigoureuse, étant devenus presque par enchantement des «héros de sagesse», selon votre terminologie. S’agit-il d’une utopie?

R.-P.D.: Ce serait à l’évidence une utopie si l’on attendait comme un jour glorieux cette date mémorable, mais improbable, où tous les praticiens de la finance seraient des «sages», avec des comportements rigoureu-

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Editions Plon, Collection Tribune Libre, Paris 2010

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liVre sement éthiques. Néanmoins, il est possible d’espérer que la part de conscience morale des dirigeants donne naissance à un effet régulateur constructif. Mais l’impact de la moralité et de l’éthique individuelles ne suffira pas pour solutionner la question cruciale de la régulation, qui exige obligatoirement une intervention raisonnée des pouvoirs publics. F.H.: Je partage l’opinion de mon ami philosophe sur ce point. La régulation ne sera efficace et réelle que si elle repose sur trois piliers qui sont des régulations publiques obligatoires, la conscience morale individuelle des acteurs financiers, et des sanctions judiciaires civiles et pénales infligées aux contrevenants. Cependant, je constate de manière empirique que la globalisation des activités financières nécessite une régulation cohérente et harmonisée des deux côtés de l’Atlantique, à défaut de l’être sur le plan mondial. Mais pour l’heure, l’entente entre les principaux pays directement concernés porte uniquement sur les plus petits dénominateurs communs entre les réglementations des uns et des autres. Je suis donc plutôt sceptique sur la mise en place d’une régulation mondiale efficace et rigoureuse. En revanche, je crois plus en la conscience individuelle des financiers, qui serait renforcée par le regard de leurs pairs et la sanction des marchés. B&F: Vous vous accordez tous deux pour reconnaître l’impérieuse nécessité de l’instauration d’un «ordre public financier». Parviendra-t-il toutefois à corriger les erreurs du passé et à rectifier la trajectoire, sachant que la crise financière a été provoquée, entre autres, par des produits financiers d’une telle complexité qu’ils sont devenus toxiques et incontrôlables, mais

surtout créés uniquement pour répondre à la seule quête du profit? R.-P.D.: Comme nous l’avons souligné, l’activité financière est globalisée, alors que les régulations sont régionales, plutôt que mondiales. Dès lors, il faut, bien entendu, modifier la donne. En ce qui concerne la correction des erreurs du passé, il est surtout recommandé de veiller à ne pas tomber dans celles du futur. En fait, une réflexion sur la manière de concilier les exigences techniques et financières des praticiens de la finance avec celles d’autres acteurs de la société ayant des préoccupations éthiques, sociales ou politiques permettrait non pas d’atteindre la solution idéale clé en main, mais de sérieuses avancées dans la régulation mondiale qui permettraient, entre autres, de remédier à temps aux excès. F.H.: Ce n’est pas la création de produits financiers qui est anormale, mais les profits anormalement élevés de certains d’entre eux. Dans les années 2000, des produits dits toxiques ont émergé, grandi et se sont développés dans une absence quasi totale de régulation. Aucune règle ne leur était imposée, ni en matière de fonds propres, ni en matière de transparence. La prospérité générale et l’opulence du secteur financier ont alors «anesthésié» le jugement de tous ses acteurs. Le système fonctionnait comme un réacteur nucléaire près à s’emballer à cause de quantité de dettes et de risques de crédit tout à fait déraisonnables qui, de surcroît, ne figuraient plus dans les bilans des banques, mais dans leurs annexes, en particulier «hors-bilan». Les banques étaient métamorphosées en «transformateurs» de crédits qu’elles revendaient aux investisseurs par la titrisation et les CDS, en dégageant au passage des rentabilités extra-

Roger-Pol Droit, philosophe Normalien et agrégé de philosophie, Roger-Pol Droit (1949) travaille au CNRS comme chercheur et enseigne à Sciences Po Paris. Membre du Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie, il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, dont plusieurs sont traduits en plus de dix langues (dernier en date: Vivre aujourd’hui avec Socrate, Epicure, Sénèque et tous les autres, Editions Odile Jacob, 2010), et chroniqueur au quotidien financier Les Echos, notamment.

François Henrot, banquier Ancien élève de l’ENA, François Henrot (1949) a rejoint le secteur bancaire en 1985 comme directeur général, puis président, de la Compagnie Bancaire. Il a ensuite été président du Crédit du Nord et membre du directoire de Paribas (1995-1997), puis a été nommé associé-gérant de Rotschild & Cie, à Paris. Il préside actuellement la banque d’affaires du Groupe Rothschild. Il figure parmi les meilleurs connaisseurs du monde financier international. ■

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liVre que des zones grises autorisant certaines pratiques dangereuses, mais non explicitement interdites par les nouvelles règles mises en place, persisteront toujours.

«Civiliser» l’argent

«La dissémination des risques, leur fractionnement, leur couverture par des instruments de plus en plus sophistiqués donnaient l’illusion d’une sécurité collective sans précédent» FRANÇOIS HENROT

ordinaires. En outre, la dissémination des risques, leur fractionnement, leur couverture par des instruments de plus en plus sophistiqués donnaient l’illusion d’une sécurité collective sans précédent. Nous connaissons la suite tragique. Comme les modes de contrôle et de régulation de la sphère financière ont été frappés d’obsolescence par la globalisation, ainsi que par l’accélération et la complexification des opérations, oui, il convient d’instaurer une régulation mondiale, un «ordre public financier», qui incite continûment aux bons comportements, enraye les excès et punisse les contrevenants. Malheureusement, je crains

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B&F: Comme vous l’exprimez dans votre ouvrage, la crise financière reflète la perversion à son paroxysme de l’argent avec, comme corollaire, la culture par l’idolâtrie du «bling-bling». Le comportement odieux des joueurs de football français lors de la Coupe du monde en Afrique du Sud et les affaires nauséeuses Kerviel et Madoff confirment à l’envi cette constatation. Dans ce contexte où le paraître et l’avoir prévalent sur l’être, comment est-il imaginable de «civiliser» l’argent en le dotant d’une «éthique sociale», pour reprendre vos propos, et par extrapolation de «civiliser» l’individu en lui faisant recouvrer la mesure de la raison? R.-P.D.: «Civiliser» l’individu signifie le policer en termes d’urbanité. Dans son prolongement, la société passerait d’un état frustre ou barbare à une société pacificatrice et régulée, au bon sens du terme, avec des règles éthiques à respecter et des contraintes à accepter. Les rapports avec l’argent deviendraient eux aussi «civilisés», puisqu’il ne serait plus adulé sans réserve, ni affiché de manière hystérique, mais non plus méprisé systématiquement. Mais il s’agit là d’une tâche de longue haleine axée sur le long terme et l’imaginaire. Elle demande de s’inscrire dans des perspectives temporelles et en tout cas plus dans l’unique court terme qui engendre des attitudes factices et excessives, donc nuisibles. Lorsque j’évoque la mesure de la raison, je me réfère à la crise qui est le symptôme d’une démesure de la raison. J’entends par là que les instruments de la raison, qui est censée enseigner la mesure, ont justement produit l’effet inverse. En fait, tous les modèles mathématiques, les algorithmes sophistiqués, etc., utilisés en finance, soit autant d’outils de la rationalité qui semblaient relever de la raison, ont créé la matrice même de l’absence de limites. Au lieu de faire accéder à la réalité, cette hyperrationalité en a éloigné et détourné les financiers. F.H.: L’argent m’apparaît comme «civilisé» dès qu’il s’intègre dans un processus continu d’innovations utiles au développe-

ment humain. Le mythe de l’argent comme facteur de bonheur se révèle bien sûr erroné. En revanche, il existe bien une dimension éthique de l’argent qui peut contribuer à l’humanisation du monde. Pour revenir sur la démesure de la raison que vous évoquez, je reconnais que la plupart des banquiers et des financiers ont oublié les limites intrinsèques et de signification des comptes, ainsi que celles de validité des statistiques et des modèles mathématiques à caractère probabiliste. La globalisation, qui a engendré l’accélération extraordinaire du rythme des opérations financières et même leur «désincarnation», les a fait évoluer dans un monde de plus en plus abstrait où ils ont perdu leurs repères et leur raison. B&F: Dans le même ordre d’idée, le système capitaliste, apparemment insubmersible puisqu’il rebondit toujours et parvient même à corriger ses excès, valorisera-t-il un jour la conscience morale? R.-P.D.: Le rôle du capitalisme n’est pas de devenir moral, mais d’assurer le meilleur fonctionnement possible d’une société, selon des critères précis relevant d’une pratique économique. En revanche, ce capitalisme doit faire l’objet de corrections et de moralisation en cas d’excès, émanant de l’extérieur et non du système même. F.H.: Si le capitalisme a une capacité avérée à générer des excès qui débouchent sur des crises, il manifeste aussi une capacité à corriger ses propres excès, ses erreurs et ses fautes, avec une rapidité et une souplesse d’adaptation aux réalités complexes qu’aucun autre système connu n’a jamais égalées, ni même approchées. En effet, le capitalisme a démontré, et continue à le faire, sa capacité à corriger ses défauts en construisant et en entretenant, malgré des contraintes financières aggravées par la crise, des amortisseurs individuels et collectifs qui évitent, le plus souvent, la chute dans la misère à ceux étant touchés par les mesures d’adaptation. Et puis, l’étonnante faculté de rebond du capitalisme lui permet d’exploiter rapidement les opportunités ouvertes par toute crise, pour en faire la matière première de nouvelles croissances. Grâce à sa vitalité originelle, à son optimisme, à sa propension à se projeter dans l’avenir de façon positive et à sa plasticité, le capitalisme est déjà en soi une conscience morale. ■ D.P.

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solUtions BAnCAires orGAnisAtion

L’industrie bancaire doit se restructurer en profondeur Une étude réalisée dans le cadre de l’Université de St-Gall analyse en détail l’évolution du secteur bancaire à l’horizon 2015, dans le contexte de la globalisation de l’économie. Les facteurs de la transformation de l’industrie bancaire découlent de quatre principaux critères: le comportement des clients, l’évolution du marché, le cadre régulatif et les mutations que l’on constate dans la gestion des affaires. Pierre-Henri BADEL

Changements majeurs dans le comportement de la clientèle Les personnes interrogées dans le cadre de cette enquête considèrent que pour ce qui est du comportement de la clientèle, l’interaction hydride avec les clients sera le principal facteur de changement des banques à l’horizon 2015. Les canaux électroniques et mobiles complètent ou remplacent même partiellement le mode d’interaction du guichet bancaire tel qu’on le connaissait traditionnellement jusqu’ici. L’utilisation toujours plus large des canaux alternatifs réduit les avantages que présentent les succursales des banques, car de nouveaux acteurs peuvent désormais atteindre leurs clients de cette manière. Les réseaux sociaux permettent d’améliorer et de renforcer la communication et l’interaction avec les clients. Malgré cela, le conseiller à la clientèle conserve son rôle de pilier de la communication avec le client de la banque.

L’environnement du marché est plus fluctuant que jamais L’essentiel des changements se déroule au niveau du back-office des banques. Celles-ci délocalisent le processus bancaire du trafic des paiements ou des crédits à la consommation vers un site centralisé. Le déroulement des crédits hypothécaires se réalise

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par contre différemment. Les processus ne sont pas encore standardisés dans ce domaine, ce qui laisse à penser qu’une automatisation, et ainsi une délocalisation des processus vers d’autres instituts financiers ou hébergeurs est tout à fait envisageables. Les perspectives en matière de standardisation sont, dès lors, très prometteuses.

Un cadre régulatif toujours plus rigide Le nombre de prescriptions ne fait qu’augmenter dans le secteur bancaire. Cela concerne surtout le secteur des crédits et celui des papiers valeurs, qui ont été forte-

«A l’avenir, les banques devront se concentrer sur ce qu’elles savent faire de mieux» THOMAS PUSCHMANN – UNIVERSITÉ DE ST-GALL

ment touchés par la crise financière. La majorité des personnes ayant répondu à cette enquête considère que l’apparition de nouvelles prescriptions s’avère pénalisante pour leurs affaires. Elle a, par exemple, comme conséquence une augmentation des coûts. Si cela présente un effet collatéral positif dans l’optique des banques, cela rehausse la barre pour les entreprises

externes au marché bancaire, mais qui désirent s’y engouffrer.

Des secteurs d’activités très imbriqués L’importance du private banking va se renforcer au fil des années en raison de la croissance de la fortune disponible dans ce secteur, et cela en dépit de la crise financière. Les secteurs du corporate banking et de l’investment banking restent des composants majeurs du modèle d’affaires, considèrent par ailleurs les banquiers interrogés dans le cadre de cette enquête. Selon ceuxci, l’importance des entreprises clientes des banques en termes de recherche de capitaux et d’assistance lors d’acquisition d’entreprises reste une priorité majeure. Une évolution possible pourrait se concrétiser en intégrant ces deux secteurs.

Les retombées sur la banque de 2015 Les facteurs qui président à toutes ces mutations ont des retombées directes sur le modèle d’organisation, l’architecture informatique et la standardisation des procédures. Pour ce qui est du premier de ces secteurs touchés par ces mutations, un aspect essentiel de la réorganisation passe par une focalisation accrue sur les compétences clés et, de ce fait, par une spécialisation dans le secteur du déroulement et du support tant auprès des banquiers que des fournisseurs,

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ce qui débouche sur une coopération plus intense. Cela exige que les banquiers et les fournisseurs intègrent des mécanismes servant d’interface au sein des processus existants, et coordonnent la collaboration en faisant appel à une gestion des réseaux. Les principales mutations que l’on rencontrera s’effectueront au niveau du backend. Le remplacement des architectures monolithiques existantes par des progiciels modulaires, et axés sur le service dans le cœur du métier de la banque s’avère être un processus à moyen et long terme. Les économies potentielles s’expriment en termes d’accroissement de la souplesse du système, mais surtout en termes de réduction des coûts au niveau des systèmes bancaires déterminants et des autres systèmes satellites. Les possibilités de standardisation pour les banques et les fournisseurs se retrouvent dans les produits, les services et les processus. Un large éventail de produits, et de services ne peut émerger qu’en les normalisant au maximum. Les possibilités de standardisation s’avèrent encore particulièrement importantes dans le secteur du crédit.

Les spécificités des banques suisses Contrairement à ce qui est le cas en Allemane et en Autriche, les banques helvétiques mettent un point d’honneur à faire couvrir l’ensemble des métiers de la banque et des processeurs bancaires au moyen de leur application centrale. Les banques suisses jugent l’interopérabilité des applications beaucoup plus sévèrement que leurs voisins d’Outre-Rhin. Le potentiel d’économies sur le logiciel standard utilisé dans les applications métier et périphériques est également considéré comme particulièrement sensible dans les établissements bancaires helvétiques. Ceux-ci admettent également qu’ils dépendent fortement des éditeurs de logiciels, révèle encore cette étude. Quoi qu’il en soit, ce désir de bon nombre de banques suisses de vouloir couvrir l’ensemble des métiers de la gestion financière est plutôt jugé avec un certain scepticisme par Thomas Puschmann, chef de projet au Direct Management Institut de l’Université de St-Gall, et coauteur de cette étude. «A l’avenir, les banques devront se concentrer sur ce qu’elles savent faire de mieux», conseille-t-il. «Pour ces établisse-

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Le potentiel d’économies sur le logiciel standard utilisé dans les applications métier et périphériques est considéré comme particulièrement sensible dans les établissements bancaires helvétiques. ments, une telle remise en question pourrait représenter une réelle opportunité», poursuitil. En revoyant leur stratégie, les banques suisses sont bien placées pour affronter la nouvelle constellation de l’économie bancaire à l’horizon 2015, reconnaît-il bien volontiers. Elles ont passé la crise sans trop de casse en raison de la relative stabilité économique que l’on constate dans notre pays. Les conditions sont réunies pour qu’elles réussissent leur mutation, mais les clés du succès sont entre leurs mains. Et l’on ne s’attend pas à un mouvement impliquant d’énormes fusions, acquisition ou concentrations parmi les grandes banques, poursuit encore Thomas Puschmann. Par contre, les banques qui ont largement vécu de l’activité d’évasion fiscale auront des mauvais mois, si ce n’est des années devant elles pour se recentrer sur un mode d’affaires nettement repensé. Le principal problème qu’elles vont rencontrer dans cette redéfinition de leur stratégie est lié au manque de personnel qualifié sur les autres secteurs d’activités vers lesquels elles devront désormais s’orienter. Les banques suisses sont donc bien positionnées pour assurer leur survie, mais cela se fera au prix d’efforts encore importants et de longue haleine.

L’élément majeur de la redéfinition du futur modèle est de facturer à leurs clients les services qu’ils leur demandent effectivement. Cela devra se faire sur la base d’un modèle apportant beaucoup plus de transparence dans la définition des services rendus réellement. ■ P.-H.B.

L’étude de l’Université de St-Gall Le rapport des travaux de recherche réalisé par le centre de compétence Sourcing dans l’industrie financière (CC Sourcing) de l’Université de St-Gall est le fruit d’une collaboration avec l’Institut d’informatique de gestion de l’Université de Leipsig et de l’Institut suisse pour la banque et la finance de l’Université de St-Gall. Cette étude se base sur une enquête effectuée entre décembre 2008 et septembre 2009 au moyen d’un questionnaire auquel ont répondu 104 entreprises ainsi que sur des interviews réalisées individuellement avec 10 personnes sur la situation de l’évolution future de l’industrie bancaire. Ce rapport n’existe qu’en allemand. ■ Pour en savoir plus: www.ccsourcing.org

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Histoire BAnQUes étrAnGères

La césure de 1968 Même si l’histoire des banques étrangères en Suisse remonte aux années 1870, il a fallu attendre la vague de panique qui a saisi les fortunes européennes en 1968 pour qu’elles s’organisent. Retour sur plus d’un siècle d’histoire. Mohammad FARROKH

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a création de l’Association des banques étrangères en Suisse (ABES), le 5 juillet 1972, ne donnait lieu qu’à un bref communiqué de l’Agence télégraphique suisse. On y apprenait que «le but de la nouvelle association est de défendre les intérêts communs des banques étrangères dans notre pays et de renseigner l’opinion publique sur l’activité et le rôle de ces instituts». Si la nouvelle ne créait pas l’événement, c’est que l’essentiel avait déjà été dit au moment de la publication d’un Message du Conseil fédéral sur un «projet d’arrêté fédéral urgent instituant le régime du permis pour les banques en mains étrangères». Il faut replacer cet arrêté dans son contexte qui est facile à évoquer, car le Message est daté du 13 novembre 1968. A la suite des troubles qui avaient éclaté en mai 1968, en France mais aussi un peu partout en Europe, la Suisse avait vu affluer les dépôts de riches épargnants pris de panique devant la dégradation du climat social, voire, par endroits, une situation quasi insurrectionnelle. Banques et sociétés financières à caractère bancaire n’avaient pas tardé à suivre, 18 ayant déposé une requête pour les dix premiers mois de 1968, alors que 6 autorisations avaient été délivrées en 1967, seulement 2 en 1966. Loin de se réjouir de l’attractivité en forte hausse de la place financière suisse, le Conseil fédéral s’en inquiétait avec beaucoup de sagesse, car l’époque était encore aux valeurs traditionnelles helvétiques de retenue et de modestie. «Des établissements financiers étrangers ne se gênent pas de faire état d’un siège ou d’une filiale en Suisse en se servant, d’une manière franchement intempestive, de notre secret bancaire comme

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d’une arme publicitaire. En ouvrant en Suisse des filiales ou des succursales, ils réussissent à attirer chez nous des capitaux étrangers dans une bien plus large mesure que ne pourraient le faire nos propres banques. Nous ne saurions dès lors nous étonner que notre secret bancaire fasse l’objet à l’étranger, jusque dans les milieux officiels, d’une hostilité croissante et qu’on juge notre attitude suspecte.»

Un démenti bienvenu Cette longue citation est nécessaire car elle apporte un démenti bienvenu à l’image d’une Suisse qui aurait eu pour politique d’attirer des fonds étrangers, même d’origine parfaitement honorables, s’agissant le plus souvent d’une épargne de précaution apportée par de riches particuliers ayant des raisons légitimes de craindre pour leurs

«A la suite des troubles qui ont éclaté en mai 1968, la Suisse a vu affluer les dépôts de riches épargnants pris de panique devant la dégradation du climat social»

biens, voire leurs personnes. A l’époque, il a d’abord fallu définir la «prédominance étrangère». Dans le cas d’une banque, le critère retenu a été celui d’une participation étrangère prépondérante au capital. Une condition parfois remplie si «des étrangers non titulaires du permis d’établissement exercent une influence prépondérante dans une banque avec une participation de moins de 50% du capital social ou des voix». Le projet d’arrêté voulait également introduire une certaine transparence, en posant

que «le caractère étranger de la banque à prédominance étrangère doit apparaître dans la raison sociale». De plus, le Conseil fédéral enjoignait aux banques étrangères de renoncer à faire en Suisse et à l’étranger «toute publicité intempestive». L’arrêté fédéral urgent du 13 novembre 1968 allait tout au plus ralentir le mouvement d’implantation en Suisse. Avec l’entrée en vigueur, le 1er juillet 1972, d’une nouvelle ordonnance d’application de la Loi sur les banques, les banques étrangères n’étaient plus autorisées à s’installer en Suisse que sous réserve d’une clause de réciprocité renforcée. En d’autres termes, l’Etat d’origine devait accorder, en principe, les mêmes droits aux banques suisses désireuses de s’installer sur leur territoire. Que la création de l’Association des banques étrangères en Suisse ait eu lieu quelques jours après l’entrée en vigueur de ce nouveau renforcement de la législation les concernant fait apparaître en creux l’importance de cette disposition qui allait être appliquée rigoureusement jusque dans les années 1990.

L’âge d’or des années 1960 Créée dans un contexte très marqué par les événements de 1968 et la fuite des capitaux vers la Suisse, l’ABES allait, dans ses premières années d’existence, revendiquer une légitimité historique, rappelant que l’implantation de banques venues des pays voisins est aussi vieille que la place financière suisse. Une étude publiée en juin 1975 à l’enseigne de la Haute Ecole de Saint-Gall, sur mandat de l’ABES, fait remonter cette histoire aux années 1431-1448, durant le Concile de Bâle qui coïncide avec l’installation dans la ville rhénane d’une filiale de la banque des Médicis. Mais le véritable début de la place financière moderne est lié à l’installation à Genève au lendemain de la défaite de 1871

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Histoire de deux banques françaises: la Banque de Paris et des Pays-Bas en 1872 et le Crédit Lyonnais en 1876. Créé à Lyon en 1866, ce dernier choisissait d’implanter sa succursale genevoise dans un bâtiment demeuré longtemps emblématique. Marché couvert

«Avec l’entrée en vigueur de la nouvelle ordonnance d’application de la Loi sur les banques, les banques étrangères n’étaient plus autorisées à s’installer en Suisse que sous réserve d’une clause de réciprocité renforcée»

en 1830, il avait ensuite notamment abrité la poste de 1842 à 1865. Si l’installation à Genève de deux banques aussi visibles est une étape essentielle, d’autant que la Place de Hollande doit son nom à la Banque de Paris et des Pays-Bas, il n’en demeure pas moins que cette présence allait demeurer longtemps un fait isolé. Il devait falloir attendre 1909 pour assister à l’ouverture du siège bâlois du Crédit Industriel d’Alsace et de Lorraine (CIAL). L’internationalisation de la place financière suisse ne commence qu’au lendemain de la Première Guerre mondiale, et encore le processus est-il lent au début. La venue à Genève de la Lloyds Bolsa International Bank Ltd., en 1919, s’inscrit dans le contexte de la création de la Société des Nations. La banque allait d’ailleurs connaître un regain d’activité plusieurs décennies plus tard avec le choix de Genève comme siège européen des Nations Unies, à partir de 1963. En tout, une dizaine de banques étrangères se créaient ou s’installaient en Suisse dans les années 1963 et 1964, autant que durant les deux décennies de l’entre-deux-guerres de 1919-1939. Le regain d’attractivité de la Suisse, devenu manifeste dans les années 1947-1948 déjà, allait ensuite encore se renforcer et donner lieu dans les années 1957-1959 à une dizaine de nouvelles implantations, dont deux à Lausanne, la Banque de l’Indochine (1957) et la Banque Indiana (Suisse) SA, en 1959.

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BAnQUes étrAnGères Genève allait, elle, connaître une période déjà faste au début de la décennie suivante, marquée notamment par l’apparition d’enseignes un temps emblématiques de sa place financière, notamment la United Overseas Bank créée à l’origine en 1961 comme un joint-venture entre trois grandes banques étrangères. Une implantation qui venait aussi confirmer la place grandissante de Genève sur le marché du financement du négoce international.

Une tentative sans lendemain Si la présence des banques étrangères n’est donc pas liée exclusivement à l’importance prise par le private banking dès l’aprèsguerre de 1945, le relatif isolement de la Suisse au milieu d’une Europe en voie de construction peut expliquer l’absence sur le sol helvétique de réseaux de banque universelle qui seraient venus concurrencer le quasi-monopole des grandes banques, des banques cantonales, et, jusque vers 1990, des banques régionales. A cet égard, le cas de la Lloyds Bank, devenue pour un temps la banque de détail du personnel des Nations Unies avec son siège de la Place Bel-Air doublé d’une agence située à l’intérieur même du bâtiment principal de l’ONU, peut, avec le recul, faire figure de curiosité. La seule tentative notable d’un grand L’ART

groupe bancaire étranger de se doter d’un embryon de réseau sur le marché suisse a été le fait du Crédit Lyonnais, au tournant des années 1990. Présente à Zurich depuis 1877, un an après Genève, la prestigieuse enseigne française devait attendre 1988 pour s’installer à Lugano. Devaient suivre jusqu’en 1991 les ouvertures de Lausanne, Montreux, Fribourg et Bâle, l’idée étant précisément de disposer d’un maillage suffisant pour se positionner, notamment sur le marché du crédit aux PME. Dans ce cadre, la gestion de fortune passait au second plan, sauf à Montreux et peut-être à Bâle. Mais cette stratégie voulue à l’époque par le patron du groupe, Jean-Yves Haberer qui l’inscrivait dans une vision européenne, allait, pour ce qui était de la Suisse, se heurter presque d’entrée de jeu à des vents contraires. D’une part, l’ouverture sur le crédit aux PME devait coïncider avec la pire crise immobilière que la Suisse ait connue, avec tout ce que cela impliquait pour la solvabilité de ce genre de débiteurs. D’autre part, le «non» du peuple suisse à l’Espace économique européen (EEE) du 6 décembre 1992, allait donner le coup de grâce à cette stratégie, dans la mesure où il confirmait le «Sonderfall» helvétique pour au moins deux décennies. ■ M.F.

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Gustav Klimt, Un orage se prépare (Le grand peuplier II), 1903, huile/toile, Leopold Museum, Vienne. Photo Manfred Thumberger.

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Art de vivre VOYAGER, DéGUSTER, ACHETER, SORTIR, SE DéTENDRE

mAlAisie

Le tigre n’a pas fini de rugir Coincée entre la touristique Thaïlande et le temple du business financier de Singapour, la Malaisie souffre d’un indéniable déficit d’image. Le tigre prometteur des années 90 continue néanmoins de rugir, entre dynamisme urbain, jungle luxuriante, plages de rêve et campagne accueillante. Un séduisant concentré d’Asie. Les Petronas Towers, toute l’ambition d’un pays.

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lantées en plein cœur de Kuala Lumpur telles deux fusées prêtes au décollage sur leur pas de tir, les Petronas Twin Towers représentent, à elles seules, tout l’esprit d’un pays jeune, ambitieux et résolument tourné vers l’avenir. De nuit, l’œuvre de l’architecte américano-argentin Cesar Pelli, qui culmine à 452 m, éclipse tous les autres gratte-ciel de la ville dans un faisceau de lumière un peu show off pour certains mais véritablement somptueux. Pourtant, le cœur de la culture malaisienne est ailleurs. Modelé par des vagues migratoires en provenance d’Inde et de Chine qui sont venus s’agréger aux populations malaises, le pays est un véritable melting-pot culturel. La gastronomie, l’architecture, les pratiques religieuses ou encore le mode de vie, tout en Malaisie reflète cette diversité.

cohabitent avec les minorités hindouiste, en provenance d’Inde, et chrétienne, héritage de la colonisation européenne, britannique, néerlandaise et portugaise. Du fait de ce mix religieux, le pays recèle des dizaines de lieux de cultes, parmi lesquels plusieurs valent vraiment le détour. C’est le cas notamment des grottes de Batu, situées dans les faubourgs de Kuala Lumpur. Comme protégé par la monumentale statue dorée de Murugan, qui culmine à plus de 42 m de hauteur, le site est composé, entre autres, d’une immense grotte qui s’ouvre sur différents temples et sanctuaires. Pour y accéder, le visiteur doit gravir le Batu Caves, la monumentale statue dorée de Murugan.

Temples colorés et exubérants Un peu plus de 60% de la population (28 millions d’habitants) se réclame de l’islam dans une version plutôt modérée, ne serait-ce que dans sa capacité à accepter les autres cultes. L’autre composante importante de la population (20%) est constituée de bouddhistes, d’origine chinoise essentiellement. Ceux-ci

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ART DE VIVRE

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Art de vivre Capitale fantôme Plantation de thé dans les Cameron Highlands.

grand escalier de 272 marches et montrer patte blanche à la joyeuse colonie de singes qui règne sur le lieu. Biscuits ou cacahuètes de rigueur! Plus au nord, l’île de Penang, reliée à la péninsule malaise par un pont de 13,5 km, ouvert en 1988, fait aussi figure de passage obligé. Outre l’attrait touristique du très animé centre-ville à l’architecture coloniale, Penang propose, là encore, des sites religieux hors du commun qui rivalisent de kitsch et d’exubérance colorée. Le plus vaste est la pagode chinoise du Kek Lok Si, dans le quartier de Air Hitam. Depuis le marché très animé, montez la colline par les petites rues couvertes, surpeuplées de marchands, pour atteindre ce nirvana aux innombrables statues tour à tour zen, séduisantes ou inquiétantes. Le site est dominé par la statue de Kuang Yin, la déesse de la miséricorde, à laquelle on accède en empruntant un funiculaire. Toujours à Penang, la pagode (thaie) de Chaiya Mangkalaram vaut également le détour, avec ses dragons multicolores qui gardent l’entrée d’un temple où trône un monumental bouddha couché de 33 m de long. Impressionnant.

Jungle luxuriante En quittant le littoral, direction les Cameron Highlands. A 1500 m d’altitude, la température est plus fraîche, l’air plus respirable. Sur la route sinueuse qui serpente au cœur de la jungle, quelques villages ani més ponctuent le parcours. Haltes de rigueur sur les marchés ruraux, à l’ambiance bruyante et colorée. Parmi les visites incontournables dans le

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Jungle luxuriante dans les Cameron Highlands.

secteur, la plantation de thé BOH est un véritable ravissement, avec ses valons plantés à perte de vue et ses innombrables déclinaisons de verts variant au gré de l’exposition et de la maturité des plants. Très instructive, la visite de la fabrique se termine par d’inévitables achats à la boutique, histoire de savourer quelques tea-time nostalgiques et parfumés une fois de retour sous nos latitudes. Quelques guides proposent des randonnées à la journée ou à la demi-journée dans la jungle luxuriante des Cameron Highlands, sur les traces de Jim Thompson et surtout de sa légende. Cet industriel américain qui a fait fortune dans la soie, ex-agent de la CIA, a disparu mystérieusement le 26 mars 1967. Mais rien. A part quelques singes acrobates sur la cime des arbres, aucune trace de l’aventurier américain. Ce qui, finalement, n’enlève rien à la qualité du trek!

Voler vers la Malaisie KLM opère des vols entre Genève et Kuala Lumpur via son hub d’Amsterdam. Il faut compter un peu plus de 1400 francs et 12 heures de vol. ■

De retour dans le secteur de KL (prononcez à l’anglaise pour faire plus local), direction Putrajaya, à une vingtaine de kilomètres au sud. La nouvelle et très ambitieuse capitale administrative du pays a émergé en l’espace de quelques années dans une zone jusqu’alors totalement vierge. Un chantier titanesque pas tout à fait achevé, qui prend des allures de parc d’attraction avec son lac artificiel de 650 hectares, le plus grand au monde, et ses édifices à l’air de déjà-vu. Comme ce pont, copie conforme du pont Alexandre III qui enjambe la Seine, à Paris, ou ce ministère de la Justice aux vrais airs de Taj Mahal. Au cœur de la ville, la mosquée Putra, flanquée d’un minaret de 116 m, peut accueillir 10 000 fidèles. Mais voilà, les voitures sont rares, tout comme les piétons qui n’apparaissent qu’à l’heure de

Penang, la pagode de Chaiya Mangkalaram.

sortie des bureaux. L’endroit a un côté totalement surréaliste. Une véritable ville fantôme qui contraste avec l’ébulition qui règne dans certains quartiers de KL, laquelle garde son rang de capitale, économique tout du moins. Enfin, la visite du pays ne saurait se passer d’une halte dans la ville de Malacca, classée au Patrimoine mondial de l’Unesco. Chargée d’histoire, ce port, étape sur la voie commerciale entre la Chine, l’Inde et le Moyen-Orient, résume à lui seul toute l’histoire du pays et de sa colonisation. Une ville attachante, où il fait bon déambuler à pied et flâner devant les échoppes colorées. Un spot incontournable pour les amateurs d’antiquités asiatiques. ■ Olivier VACHERAND

Prière et offrandes à la pagode chinoise du Kek Lok Si.

Ce reportage a été réalisé à l’invitation du Comité du tourisme malaisien avec Air France/KLM.

Où loger? Comme on peut s’y attendre, toutes les catégories d’hébergement sont présentes en Malaisie. Au regard des prix pratiqués, il est souvent possible de monter d’un cran en catégorie. Nous avons testé avec bonheur les suites du Ritz Carlton de Kuala Lumpur, les chambres à l’ambiance coloniale du magnifique Cameron Highlands Resort ou encore la plage de sable de l’Holiday Inn de Penang. Pour un contact plus authentique avec la population, les autorités touristiques ont lancé la formule Homestay, sortes de bed and breakfast chez l’habitant. Nous l’avons testée à Mengkuang Titi, un village situé à plusieurs heures de transport au nord de Kuala Lumpur. Le confort est spartiate, mais le contact avec l’habitant hors du commun. Une vraie réussite. ■ Beaucoup d’adresses sur http://www.tourism.gov.my

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Art de vivre LIVRES Pension Funds Guide Switzerland 2010

Tout savoir sur le Venture Capital

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les fonds de pensions suisses se trouve dans la 4e édition du Pension Funds Guide Switzerland 2010. Fidèle à sa présentation concise, le petit ouvrage présente les 100 plus grandes caisses de pension en Suisse du secteur public, des entreprises, ainsi que des groupements d’industries et métiers. Les caisses de pension sont présentées avec leur adresse, les faits et chiffres essentiels, les dirigeants, l’allocation des actifs, le rendement, ainsi que les gestionnaires externes. Cette édition 2010 permet de prendre la mesure des évolutions observées en matière d’allocation d’actifs au plus fort de la crise financière. Le Pension Funds Guide s’adresse avant tout aux professionnels de la gestion institutionnelle (directeurs de caisses, comités de placements, conseils de fondations, gestionnaires et fournisseurs de prestations). La version papier est disponible à l’adresse internet ci-dessous. Une version électronique comprenant plus de 300 caisses est également accessible sur le site avec un accès réservé. ■ Pension Funds Guide 2010, www.marketstools.com, CHF 50.–

Le Venture Capital est l’un des facteurs clés de l’innovation et de la croissance économique. Venture Capital in Switzer land livre une analyse empirique du marché et de sa contribution au fonctionnement de l’économie. Publié aux éditions Haupt à l’enseigne de la Swiss Private Equity & Corporate Finance Association, l’ouvrage, écrit par Jens Englehardt et Pascal Gantenbein, constitue une intéressante contribution sur le sujet. Entre 1999 et 2009, plus de 5,7 milliards de francs suisses de capital-risque ont été injectés dans des start-up helvétiques, principalement à Zurich, Genève/Vaud et Bâle. Après la bulle technologique des années 2000, les sciences de la vie représentent aujourd’hui près de 70% des investissements consentis dans les entreprises en création ou en développement. Selon les auteurs, les financements extérieurs constituent l’un des principaux facteurs de réussite au même titre que le caractère innovateur des produits proposés. ■ Venture Capital in Switzerland, Jens Engelhardt et Pascal Gantenbein, Haupt Verlag, Berne, 2010.

Construction de portefeuille, suivez le guide!

26 cantons, 26 légendes

Repartir sur de nouvelles bases après la crise financière. C’est un peu ce que propose le gestionnaire de fortune Lukasz Snopek dans un ouvrage qu’il vient de publier aux éditions Maxima. Son Guide complet de construction et de gestion de portefeuille offre un équilibre entre la vulgarisation et la rigueur indispensable à ce genre d’exercice. L’auteur apporte une innovation en proposant un cadre nouveau en matière de construction de portefeuille qui repose sur l’analyse de quatre «forces» qui guident, selon lui, le marché: la force macroéconomique, la force fondamentale, la force technique et la force comportementale. Sa méthode vise donc à superposer différents niveaux d’analyse pour créer un portefeuille adapté au profil des investisseurs. En matière de sélection de titres, Lukasz Snopek passe en revue trois approches pratiques développées par trois investisseurs à la renommée internationale: Warren Buffett, Benjamin Graham et Peter Lynch. L’auteur s’attarde également sur une notion qui a retrouvé sa place centrale après les excès qui ont conduit à la crise: les risques et leur mesure. ■ Guide complet de construction et de gestion de portefeuille, Lukasz Snopek, éditions Maxima, Paris, 2010, € 38,50, 424 pages.

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ART DE VIVRE

Que d’exploits mythiques! De combats glorieux! De monstres et de démons terrassés! La Suisse est terre de légendes. L’ouvrage de Christian Vellas propose une sélection de légendes, une par canton, choisies parmi les plus célèbres, les plus originales ou les plus représentatives. 26 cantons, 26 légendes nous permet d’évoluer entre les corbeaux de Meinrad (Schwyz), les diables des Diablerets (Vaud) ou encore les dragons du mont Pilate. Bien entendu, un ouvrage sur les légendes suisses ne pourrait pas passer à côté de l’incontournable Guillaume Tell (Uri). Avec cette lecture, on se rend compte combien nos ancêtres avaient besoin d’apprivoiser l’incompréhensible, de perpétuer le souvenir de leurs héros, de bâtir leur Histoire sur des symboles. Ces légendes sont aussi un moyen d’expliquer les bizarreries de la nature et de leurs peurs face à des animaux fabuleux. L’auteur invite le lecteur à suivre ses ancêtres dans leurs rêves ou leurs cauchemars. Et de s’interroger si ces rêves et ces cauchemars, sous d’autres formes, ne sont pas toujours un peu les nôtres. ■ Suisse, 26 cantons, 26 légendes, Christian Vellas, éditions Slatkine, Genève, 2010, CHF 59.–

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PEINTURE

Art de vivre

Vienne 1900: la fusion des arts Le rayonnement de la Sécession viennoise et de la Wiener Werkstätte au tournant du XXe siècle a propulsé la capitale autrichienne au rang de berceau de l’art moderne. Simplification des formes, vision interdisciplinaire de l’art, design et architecture, concept d’art global ont animé ces artistes auxquels la Fondation Beyeler (Bâle) rend hommage jusqu’au 16 janvier 2011.

A

Allemagne, mais continue aujourd’hui encore à s’exprimer dans les architectures de Zaha Hadid, Frank Gehry et GioPonte, par exemple. Premier président de la Sécession viennoise, Gustav Klimt continue à séduire par ses allégories et ses portraits féminins aux compositions audacieuses construites par un schéma chromatique complexe où l’utilisation fréquente de l’or accentue l’esthétique fascinante de ses tableaux. Bien qu’ayant été mentor de Oskar Kokoschka et d’Egon Schiele, ces derniers ont très vite pris des directions différentes du maître, en se rapprochant de l’expressionnisme naissant. Avec un goût identique pour l’érotisme, ils représentent des corps torturés qui dévoilent une âme en souffrance et désemparée. Les dessins érotiques de Klimt et Schiele font d’ailleurs l’objet d’une section particulière de l’exposition. En parallèle des œuvres picturales, le visiteur peut découvrir également des pièces de mobilier issues de la Wiener Werkstätte, dont les formes et les détails harmonieux sont le reflet des ambiances des tableaux. Pour recréer ce concept global des disciplines artistiques, la Fondation Beyeler organise un programme musical qui reprend des pièces jouées à Vienne à l’époque de la Sécession. De plus, un café viennois, spécialement aménagé pour les besoins de l’exposition, propose les célèbres viennoiseries. ■

travers 200 toiles et dessins, des maquettes d’architecture, des meubles et des textiles, des objets et des affiches, cette exposition veut mettre en exergue la modernité de l’activité artistique qui anima la Vienne de 1900. Du point de vue historique et géographique, cette ville se trouve à la conjonction entre l’Est et l’Ouest au cœur d’un empire puissant, tout en profitant d’un héritage de plusieurs siècles de pein-ture, musique et littérature. Au niveau des idées, nous sommes à une époque où les intellectuels hésitent entre renouveau et vision apocalyptique du monde tel qu’on l’a connu jusqu’alors. La réunion de ces différents éléments a conduit à une impulsion majeure au niveau de la création artistique.

Une œuvre d’art globale En 1897, Gustav Klimt, Joseph Hoffmann, Joseph Olbrich et d’autres peintres, sculpteurs et architectes fondent la Sécession viennoise, qui prône l’idée d’œuvre d’art total, où les frontières entre arts plastiques, architecture et arts appliqués se dissolvent. Ainsi, on conçoit chaque détail, des plans aux meubles, en passant par les peintures, les tentures, les sculptures et même les vêtements des habitants. Quelques années plus tard, en 1903, naît le Wiener Werkstätte, collectif d’artistes et d’artisans d’art sur le modèle des Arts and Crafts britannique. Les deux associations viennoises ont collaboré régulièrement, en développant le goût pour l’expérimentation et la recherche qualitative ainsi que la fusion des différentes disciplines artistiques et artisanales en une œuvre globale. Cette conception s’est poursuivie ensuite avec le mouvement De Stijl aux Pays-Bas et le Bauhaus en

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Nicole KUNZ

Gustav Klimt, Judith II (Salomé), 1909, huile/toile, © Fondazione Muei Civici di Venezia, Galleria internazionale d’Arte moderna di Ca’ Pesaro.

Vienne 1900 – Klimt, Schiele et leur temps, exposition à la Fondation Beyeler de Bâle jusqu’au 16 janvier 2011. Informations sur www.fondationbeyler.ch

ART DE VIVRE

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Art de vivre toYotA AUris Hsd, AUdi A7 et VolVo V60

Version hybride, coupé 4 portes et break de charme

Toyota Auris HSD Seconde voiture hybride de la gamme Toyota, l’Auris HSD (Hybrid Sinergy Drive) est basée sur la Prius, dont elle reprend l’ensemble de la technologie. Extérieurement, cette hybride a été peaufinée afin d’améliorer son aérodynamique. A bord, on retrouve les modifications

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ART DE VIVRE

appor tées à la gamme 2010 et on remarque les modifications spécifiques à la conduite hybride. L’Auris HSD reprend le groupe motopropulseur de la Prius, composé d’un 1.8 l essence de 99 CV associé à un groupe électrique de 80 CV. La puissance cumulée est de 136 CV, ce qui correspond à un moteur 2.0 l à essence ou diesel. En mode purement électrique, elle peut rouler jusqu’à 50 km/h sur 2 km. Sur route, inutile de chercher des performances exceptionnelles, ce qui n’empêche pas l’Auris HSD d’afficher un comportement dynamique. Tenue de route sécurisante et bon confort routier permettent d’envisager de longs déplacements. En ville, la conduite de

cette Auris est très agréable et surtout silencieuse, le moteur électrique étant souvent seul à fournir un effort. La consommation moyenne annoncée est de 3.8 l/100 km et les émissions de CO2 de 89 g/km seulement. Cette motorisation hybride fait de l’Auris la voiture la plus propre du segment des compactes. Et pour l’instant, la seule.

subtilement des autres grands modèles Audi. A bord, on retrouve l’ambiance luxueuse et la finition exemplaire qui participent à la réputation de la marque aux

Audi A7 Ce «Coupé 4-portes» Sportback est techniquement proche de la future A6. Latéralement, sa ligne tendue fait un clin d’œil à l’Audi 100 Coupé S de 1969, les passages de roue musclés accentuant l’impression de puissance. Pas de doute, l’A7 a de la classe et se démarque

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AUTOMOBILE détecte les piétons et freine la voiture, réduisant ainsi les conséquences des accidents. Le châssis se montre efficace et offre un bon compromis confort/ tenue de route. Un système iden-

sonorité. Voiture au comportement souverain, la nouvelle A7 réunit le meilleur des deux mondes, celui de la berline et celui du coupé.

Volvo V60 anneaux. L’A7 étrenne le système d’affichage tête haute. Vision nocturne, suspension pneumatique ou différentiel sport sont parmi les options disponibles. Trois motorisations sont au programme: 3.0 TDI, 204 CV multitronic avant – 3.0 TDI, 245 CV, S tronic, quattro – 3.0 TFSI, 300 CV, S tronic, quattro. Suivra fin 2010, la version 2.8 FSI, 204 CV, S tronic, quattro. Nous avons essayé les deux versions quattro équipées des V6 les plus puissants. Ils rivalisent de souplesse à bas régime et se montrent aussi discrets l’un que l’autre. Il faut pousser le Sportback dans les tours pour remarquer la différence. Et c’est le 3.0 TFSI, plus puissant et incisif, qui l’emporte sur le 3.0 TDI, dans une belle une

Break, design nordique et sécurité composent les valeurs Volvo. La nouvelle V60 les symbolise comme aucun autre modèle de la marque auparavant. Plus coupé que break, la V60 soigne son design et le confort de son habitacle. Esthétiquement, la révolution est importante. Sans renier ses origines, elle affiche une silhouette nouvelle et sportive. La présentation intérieure joue avec les matériaux et des couleurs raffinées. Si le coffre n’affiche «que» 430 litres, la V60 compense en proposant une modularité exemplaire. Les versions 2.4 D5 affichant 205 CV et la version T6 de 304 CV couronnent la gamme. Précieuse dans nos régions, la transmission intégrale est de série sur la version T6 et en option, avec la boîte automatique, sur la D5. Les V60 reçoivent de série le système «City Safety» qui freine automatiquement la voiture si le conducteur ne réagit pas lorsque le véhicule qui le précède s’arrête. Un autre système

tifie et intervient sur toute tendance au dérapage, aidé par un système de contrôle des trajectoires innovant. Encore une preuve de la no tion de sécurité chez Volvo. ■

TABLEAU DE BORD ■ Nominations au Salon de l’Auto Le comité du Salon a désigné le successeur de Me Luc Argand, président depuis 2004. Me Maurice Turrettini lui succédera en juillet 2011. André Hefti, directeur de la communication Renault depuis quinze ans, est nommé directeur général du Salon. Il remplacera Rolf Studer dès le 1er avril 2011.

■ Miss Suisse roule Lancia Kerstin Cook, de Kriens, nouvelle Miss Suisse 2010, portera son titre un an durant. Lancia, sponsor principal de cette élection, a offert à la nouvelle élue une Lancia Delta Argento. La marque Lancia et, en particulier la Delta, parraine depuis huit ans l’élection de Miss Suisse dont les valeurs en termes d’élégance s’associent parfaitement à la beauté de Miss Suisse.

■ Pneus d’hiver Le Touring Club Suisse a examiné 28 pneus d’hiver de dimensions 185/65 R 15 T et 225/45 R 17 H. Seuls les produits de marques connues ont été réellement convaincants. Le TCS déconseille l’achat de pneus chinois qui ont obtenu de mauvais résultats en termes de sécurité. Les premières places dans les dimensions 185/65 R 15 T reviennent au Dunlop SP Winter Sport 3D MO, Goodyear UltraGrip 7 + et ESA-TECAR Super Grip. Dans les dimensions 225/45 R 17 H, les premières sont décernées au Michelin Alpin A4, Continental ContiWinterContact TS 380P et Dunlop SP Winter Sport 3D. L’infoguide TCS «Pneus d’hiver 2010» peut être téléchargé à l’adresse www.pneus.tcs.ch.

■ Mazda, nouveau directeur général Alfred F. Gubser a été nommé au poste de directeur général de Mazda (Suisse) SA. Il remplace José Santamaria. A.F. Gubser est au service de Mazda depuis 2005, en tant que directeur des ventes. Il a fait profiter l’entreprise de sa riche expérience et de sa connaissance de l’industrie automobile suisse. Marc Wenger, a, pour sa part, repris le poste de directeur des ventes.

■ Pionnier de l’économie centenaire Walter Haefner, fondateur et propriétaire de la société AMAG, fête son centenaire. Son don des affaires s’est rapidement révélé. En 1945, il fonde la société AMAG et conclut, en 1948, un contrat avec VW. Il développe ensuite de nombreuses sociétés en rapport avec le secteur automobile. En privé, Walter Haefner est un mécène dans les domaines de la peinture et de la musique. Il consacre également ses loisirs à l’équitation et aux chevaux. Il subventionne des organisations caritatives et apporte son soutien à l’Ecole polytechnique fédérale. Ce grand industriel est toujours resté modeste malgré une réussite exceptionnelle.

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ART DE VIVRE

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Art de vivre TENTATIONS Son sans fil

So Chocolate!

Votre laptop, comme tous les laptops, affiche une image haute définition mais délivre un son qui n’est vraiment pas à la hauteur. Normal! C’est pour cela que Logitech vient de mettre sur le marché une nouvelle génération d’enceintes d’appoint sans fil avec la Logitech Wireless Speaker Z515 comme navire amiral. Ce système, connectable sans fil, y compris à un iphone ou un ipad, génère un véritable son panoramique grâce à ses deux transducteurs 2 pouces stéréo. Et ça fonctionne dans un périmètre de 15 m! ■ Wireless Speaker Z515 – Logitech Prix: CHF 84.90 www.logitech.ch

Si comme beaucoup d’entre nous, vous êtes sujet(e)s aux fringales chocolatées de 16h30 ou de 23h00, vous allez adorer So Chocolate. Plus besoin de bouger du bureau ou de votre canapé, c’est le chocolat qui vient à vous. Le site est une véritable invitation à la gourmandise avec de vrais chocolats pur beurre de cacao fabriqués par de vrais artisans chocolatiers suisses. Des arômes originaux et même sur-mesure, des packagings classes et innovants, bref, un must. A noter, une collection professionnelle personnalisable pour ravir le palais de vos clients. ■ So Chocolate Différents prix www.sochocolate.com

Maître chausseur Ancrée dans la tradition, mais sans nostalgie, Claridge, la nouvelle ligne de chaussures Weston, s’adresse à un dandy à l’écoute de ses propres valeurs, sans luxe ostentatoire. Voilà ce que nous apprend le dernier dossier de presse du maître chausseur français. Mais au-delà des formules marketing, Weston signe une très belle collection qui joue à la fois sur le classique et le mélange des genres et des codes: une couture interrompue, un dentelage inédit, un double cambrage. La nouvelle ligne se porte aussi bien accompagnée d’un costume que d’un jean’s. Le tout dans un confort que l’on décèle avant même de les passer. ■ Ligne Claridge – Weston Prix: entre CHF 840.– et CHF 915.– www.jmweston.com

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ART DE VIVRE

Webcam HD Terminées les images sacadées, les expositions approximatives et le son d’outre-tombe. Microsoft se lance dans la webcam haute définition avec sa nouvelle Lifecam studio équipée d’un capteur 1080 points. Couplée à Windows Live Messenger 2011, prévu pour cet automne, la nouvelle webcam supportera la vidéo conférence en HD. Son angle de vue à 360 degrés et sa technologie auto-focus de pointe en font la rolls de la webcam. Il faudra malheureusement patienter jusqu’à janvier 2011 pour se mettre au volant. ■ LifeCam Studio – Microsoft Prix : CHF 129.– www.microsoft.ch

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Banque & Finance N° 106 – Les entreprises citées ENTREPRISES

PAGE

ABN Amro Bank

5

Agricultural Bank

52

Alpha Bank

52

Anker Bank

5

ENTREPRISES Commerzbank (Suisse) SA

PAGE

ENTREPRISES

PAGE

8

Mitchell Madison Group

42

Crédit Agricole

52

National Bank of Greece

52

Crédit Industriel d’Alsace et de Lorraine

67

NBG

52

Crédit Lyonnais

67

PBS-Private Bank

42

Pharo Global Advisors Ltd.

34

Piraeus

52 52

Augustus Asset Managers Ltd.

34

Credit Suisse

Bank Leumi (Switzerland) AG

5

Deutsche Bank (Suisse) SA

Bank Zweiplus

5

Dimension SA

42

Postbank

Banque Bonhôte & Cie

5

DWS

36

Profilo

8

Banque Cantonale de Genève

5

EFG Eurobank

52

RBS

5

Banque Cantonale de Neuchâtel

5

EFG International

Reyl Private Office

5

Banque Cantonale de Zurich

5

Emporiki Bank

Rothschild Private Banking & Trust

5

Sarasin-Alpen (Bahrain) BSC

5

Falcon Private Bank

5-10 8

5 52

Banque de Dépôts et de Gestion

5-10

5

Banque de Paris et des Pays-Bas

67

Finansbank

52

Semper

Banque Hottinger

42

GAM

34

Société Bancaire Privée

8

Banque Indiana (Suisse) SA

67

Goldman Sachs

State Street

5

5

38

Banque Migros

5

Helvea

34

Stigma Partners (Switzerland) SA

44

Banque Pictet

5

Hottinger & Partners

42

Stopanska Banka

52

Banque Profil de Gestion SA

8

HSBC

Banque Sarasin

5

JP Morgan

5-34

Banque Valiant

10

Julius Baer

34-46

5

8

Swiss & Global Asset Management

46

Sycomore Gestion Privée

5

Barclays Wealth Switzerland

5

Kendris Private SA

BNP Paribas

5

Lloyds Bank

67

Threadneedle

Brown Brothers Harriman

5

Lombard Odier

5-8

UBS

BSIGenerali Asia Limited

5

Marshall Wace

34

Union Bancaire Privée

5

Caisse d’Epargne Riviera

5

McKinsey & Company

5

United Overseas Bank

67

Wadhwani Asset Management

34

Capital Système Investissements

42

Merrill Lynch

5

Suntrust Investment Co

5-8

Syz & Co

5-41 5 5-10-34

Les annonceurs de Banque & Finance N° 106 AD Galery

26

Devillard

AKAD

61

DWS Schweiz GmbH

15

Partenaires B&F

Axiom

29

Furer SA

49

Reyl & Cie SA

27

SAP (Suisse) SA

25

Bentley Genève - André Chevalley SA

2

GAM (Schweiz) AG

7

4

MIT

28 56-69-70-71

Blue-Infinity (Switzerland) SA

31

Gérifonds SA

40

Schweizerische Post

11

Caceis Fastnet (Suisse) SA

C3

Global Objectives World-Check

C4

Sungard (Switzerland) SA

55

Citco Fund Advisors (Schweiz) AG

33

Kinetic Partners (Switzerland) SA

19

Coninco Wealth Management SA

51

Michael Page International

C2

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B&F

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oPinion

Swiss Finish

A

l’exception peut-être de l’Islande, dont les trois grandes banques (Kaupthing, Landsbanki Islands et Islandsbanki, toutes nationalisées depuis lors) géraient, avant la crise, des actifs équivalant à près de neuf fois le produit intérieur brut, aucun pays au monde ne dépend autant de la solidité de ses principaux établissements bancaires que la Suisse. A fin 2009, en effet, le total du bilan d’UBS et du Credit Suisse avoisinait les 1450 milliards de francs, soit presque trois fois un PIB d’un peu plus de 535 milliards. Dans ces conditions, on comprend que la problématique du «too big to fail» ait ici une résonance particulière, et que les mesures préconisées par le groupe d’experts mandaté par la Confédération pour éviter la répétition des événements ayant failli provoquer la disparition d’UBS dépassent d’une bonne longueur les standards internationaux minimaux contenus dans le dispositif dit de «Bâle III». Ce «Swiss finish», auquel les deux grandes banques devront intégralement se soumettre d’ici 2019, leur impose, comme on sait, un matelas de fonds propres d’une épaisseur totalement inusitée: 19% au minimum des actifs pondérés en fonction de risques selon la définition de Bâle III, dont 10% sous forme de «fonds propres de qualité supérieure», les 9% restants pouvant prendre la forme d’emprunts à conversion obligatoire sous certaines conditions, les fameux «contingent convertible bonds», ou «CoCo’s», soit, au total, quelque quatre fois plus de fonds propres que sous les anciennes règles, et bien plus que les 7% prévus par Bâle III.

Distorsion de concurrence? Ainsi harnachées avec ceinture et bretelles, nos grandes banques seront-elles davantage «crash-proof», ou simplement alourdies de contraintes les handicapant sérieusement face à leurs principaux concurrents internationaux? C’est l’avenir, bien sûr, qui le dira. On peut néanmoins, dans l’intervalle, risquer quelques hypothèses. Primo, il n’est pas exclu que l’exemple helvétique face école, s’agissant, en particulier, du

80 B&F

Tertio, c’est peut-être le lieu de rappeler le vieux théorème de Modigliani-Miller selon lequel la valeur d’un actif économique quelconque (donc: y compris celle d’une banque) est indépendante de la façon dont cet actif est financé, que ce soit par de la dette ou par du capital propre. Le monde parfait, sans impôts ni coûts de transaction, dans lequel ce théorème s’applique n’est certes pas celui que nos grandes banques affrontent dans la réalité, mais un fond de vérité persiste, qui devrait nuancer la critique de ceux pour qui le régulateur helvétique risque en l’occurrence d’aller trop loin.

Argent bon marché

«Une forte proportion de fonds propres ne constitue pas uniquement un handicap, mais aussi un atout en termes d’image, une image de confiance susceptible de séduire une clientèle de déposants qui se contenterait, en échange de cette garantie implicite de solvabilité, d’une moindre rémunération de ses avoirs» MARIAN STEPCZYNSKI

recours à l’emprunt convertible obligatoire, et que d’autres régulateurs nationaux emboîtent le pas à la Suisse, dans la mesure où il ne leur est pas interdit de faire mieux que les minimas prévus. Secundo, une forte proportion de fonds propres ne constitue pas uniquement un handicap, mais aussi un atout en termes d’image, une image de confiance susceptible de séduire une clientèle de déposants qui se contenterait, en échange de cette garantie implicite de solvabilité, d’une moindre rémunération de ses avoirs.

On pourrait, quarto, rappeler qu’en échange de leur poids gigantesque et de la menace potentielle qu’elles font pour cette raison peser sur l’économie suisse, nos grandes banques bénéficient d’un avantage comparatif imprenable, et même double, qui est celui du bas niveau des taux d’intérêt auxquels elles peuvent se refinancer d’une part, et de la faiblesse congénitale des politiques de dividende usitées en Suisse d’autre part. Pour preuve, d’ailleurs, qu’UBS autant que CS envisagent le plus sereinement du monde l’accomplissement de leur devoir, qu’elles pensent en mesure de remplir sur la seule base de la non-distribution d’une partie de leurs bénéfices courants. Bénéficiant ainsi, deux fois plutôt qu’une, d’un accès à de l’argent bon marché, elles peuvent s’engager dans des activités à l’étranger à des conditions que les banques du monde presque entier peuvent leur envier. Et tout cela, quinto, sans que la question fondamentale du «too big to fail» ait été en quoi que ce soit tranchée. Car si d’aventure et par extraordinaire un cas «UBS bis» devait se présenter, on peut être sûr que, comme la première fois, Confédération et Banque nationale suisse se verraient contraintes de voler au secours du géant bancaire défaillant. Il n’a jamais été prétendu, ni par les experts ni par personne d’autre, qu’un tel accident était désormais exclu. En finance, rien n’est impossible, pas même le pire. ■ Marian STEPCZYNSKI

NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2010


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