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CONJONCTURE Vers un second semestre plutôt compliqué

BANQUE & FINANCE

BANQUE &

FINANCE LE MAGA ZINE DE L A PL ACE FINANCIÈRE SUIS SE

Emploi, Carrière, Rémunération

L’heure est aux

ajustements

ENQUÊTE SALAIRES 2013 EN PARTENARIAT AVEC MICHAEL PAGE INTERNATIONAL

s e nt ts oi ra an r v gé d u s en le Le d é p e n t In ch er

DÉCRYPTAGE Le paradoxe de l’innovation financière

ch

FATCA Stratégie perdante au Conseil fédéral?

N ° 121 4e trimestrre 2013

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Tobias Regell

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Banque&Finance

Éditorial

.1

BANQUE &

FINANCE LE MAGAZINE DE LA PLACE FINANCIERE SUISSE

Ont collaboré à ce numéro Lucile Dubost, Mohammad Farrokh, Odile Habel, Bernard Pichon, Dorothée Thénot. Design et Infographie Lucile Dubost, Emilie Hébrard Marketing Florence Ray Publicité Médiapresse Pub SA 3, voie du Chariot P.O. Box 6836 CH-1002 Lausanne Tél + 41 (0)21 321 30 60 Fax +41 (0)21 560 56 10 Responsable: Pierre Chappuis e-mail: p.chappuis@mediapresse.ch Pages Partenaires Media Live SA Oetlingerstrasse 10 4057 Basel Tél. + 41 61 561 52 80 Responsable: Lila Maalem e-mail: ap@medialive.ch Abonnements E-mail: abo@banque-finance.ch CCP: 12-17931-5 1 an d’abonnement (6 numéros) CHF 70.2 ans d’abonnement (12 numéros) CHF 100.Responsable: Maïssa Naufal Tel. +41 22 809 94 53 Diffusion 77 logistics Edition déléguée Alter Ego Médias SAS succursale de Genève Boulevard Georges Favon 43 1204 Genève Tel. +41 22 501 70 15 E-mail: info@banque-finance.ch Le magazine paraît quatre fois par an et publie deux hors-série thématiques. © Alter Ego Médias - Septembre 2013

BANQUE&FINANCE est une marque de Promoédition SA, Genève. Editeur: Roland Ray

« c

A l’heure de L’addition

’est un résultat avec lequel on peut vivre et qui permet de regarder vers l’avenir». Ainsi se termine, en ce vendredi 30 août, la conférence de presse organisée dans l’urgence par Eveline Widmer-Schlumpf, à qui le Conseil fédéral avait donné mission, il y a deux jours, de finaliser avec l’administration américaine le règlement du conflit fiscal qui oppose les deux pays depuis trois ans. Les signatures de l’ambassadeur de Suisse à Washington et du vice-ministre de la Justice américaine, apposées la nuit dernière au bas du document, marquent selon la ministre des Finances, «la fin d’un long et intensif processus de négociation». Mais à quel prix! Inutile de se cacher derrière les mots: ce que Berne appelle un accord a bien des airs de diktat. Dans les jours et les semaines à venir, les juristes vont d’ailleurs largement commenter la portée de ce texte. Car si le secrétaire d’Etat aux questions financières internationales, Michael Ambühl, souligne ce matin auprès de nos confrères du Temps le respect du droit suisse, sans viol de la loi sur les banques ni de l’article 271 du Code pénal, balayé l’adage ancestral Onus probandi incumbit actori, la charge de la preuve qui incombe à celui qui allègue! Ce sont bien les banques suisses ellesmêmes qui vont devoir prouver qu’elles n’ont pas accepté de fonds américains provenant de l’évasion fiscale, et non le Trésor américain. Classées en quatre catégories, du très mauvais au bon élève (même l’ordre de présentation est révélateur de l’état d’esprit qui sous-tend le texte), elles vont être contraintes, si elles adhèrent au programme (auront-elles vraiment le choix?), de payer des amendes “substantielles”, de transmettre des “informations détaillées” sur chaque compte appartenant à un contribuable américain et de révéler “la totalité de leurs activités transfrontalières”. En quelques heures, le temps que soit rendu public le contenu dudit accord, on est passé de la satisfaction officiellement affichée par le Conseil fédéral, l’ASB ou l’ASEB à la gueule de bois. Certes, les conséquences financières et sociales de l’accord sont, dans l’immédiat, difficile à quantifier avec précision. Certes, la protection des collaborateurs paraît bénéficier de la meilleure garantie possible. Mais au-delà des mots, chacun sent désormais que la facture va être lourde. D’ailleurs, Eveline Widmer-Schlumpf n’a-t-elle pas immédiatement mis les choses au clair: «Les banques vont devoir payer, c’est à elles de voir avec quels fonds, si elles vont prendre l’argent sur leurs bénéfices ou ailleurs»? Sur l’emploi? Si la Une de ce numéro de rentrée est, cette année, “A l’heure des ajustements”, nous pourrions bien être contraints, l’an prochain, de titrer “A l’heure de l’addition”. n PAR frÉDÉRIC BARILLET

Rédacteur en chef f.barillet@banque-finance.ch BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013

Photo: Lucile Dubost

Editeur délégué et Rédacteur en chef Frédéric Barillet


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Banque&Finance

Sommaire

Actualités

Photo de Une: Tomml

.06

en images

.10

L’essentiel

.14

OPINION

.18

SUR VOTRE AGENDA

Enjeux

FATCA, stratégie perdante?

.10

Fusion ou OPA hostile, mode d’emploi

.26

.20

innovation financière

.26

fusion et opa hostiles

.30

les convictions de PBS

.34

conjoncture difficile

.39

CHOIX D’INVESTISSEMENTS

Spécial indépendants .56

7 jours sur 7, 24 heures sur 24, rendez-vous sur le web www.banque-finance.ch

.60

.62

wealth insurance fonds souverains NOUVEAU CAP Juridique

Vous

N 121 °

BANQUE &

FINANCE LE MAGAZINE DE LA PLACE FINANCIERE SUISSE

Gestion indépendante: Une profession qui cherche sa voie

.69

TENTATIONS

.70

AILLEURS

.72

LA BIBLIOTHÈQUE DE...

.55

sous la loupe

Emploi, carrière, rémunération Maître-mot, l’adaptation

BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013

.43 .44

ENquête salaires 2013

.48

coachez vos collaborateurs

.50

le travail, c’est (aussi) la santé!


La Chine entreprend des réformes structurelles qui soutiendront des secteurs entiers comme les entreprises individuelles. Participez au formidable potentiel de ce pays

en mutation Protection du capital

Rendement

Participation

Produits d’investissement avec débiteur de référence

Effet de levier

VONCERT sur le «Vontobel China Policy Performance-Index» Découvrez la nouvelle version de derinet, votre portail des produits structurés: www.derinet.ch

Après le changement de pouvoir historique en mars 2013, la Chine fait face à des défis immenses. Un vaste programme structurel devrait stimuler la demande intérieure et renforcer durablement la compétitivité. Les thèmes centraux de ce programme sont l’urbanisation, le système de sécurité sociale, la libéralisation du secteur financier ainsi que la modernisation de l’administration publique. Ces mesures pourraient soutenir des branches entières comme les entreprises individuelles. Sur la base des connaissances et de l’analyse approfondie des différentes mesures structurelles de politique économique, des thèmes d’investissement intéressants pourraient se dégager. Par conséquent, Vontobel s’est adjoint les services de NSBO (North Square Blue Oak), un partenaire compétent spécialiste du secteur «China Policy Research», en vue d’analyser de manière approfondie la politique économique chinoise. NSBO identifie les secteurs et les entreprises qui pourraient bénéficier le plus des orientations futures de la politique économique ainsi que des mesures de l’administration et du gouvernement chinois. Le «Vontobel China Policy Performance-Index» est un indice conçu dans cette optique. Il reflète l’évolution des actions des entreprises identifiées par NSBO. La composition initiale de l’indice ainsi que les ajustements ultérieurs aux dates de référence semestrielles obéissent à un règlement strict. En outre, la sélection des actions intègre des critères non seulement qualitatifs, mais également quantitatifs tels que la taille ou la liquidité. Le VONCERT (certificat tracker) sur le «Vontobel China Policy Performance-Index» offre la possibilité d’investir dans ce thème intéressant. Les investisseurs participent aux hausses ou pertes de cours potentielles de l’indice.

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Valeur

Symbole

Sous-jacent

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Durée de vie

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Vontobel China Policy Performance-Index

CHF 97.80

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1415 0663

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EUR 98.00

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Emetteur Vontobel Financial Products Ltd., DIFC Dubaï; Garant Vontobel Holding AG, Zurich. Durée de vie Open End; Commission de gestion 1.5 % p. a. Cotation: SIX Swiss Exchange Un investissement dans un VONCERT (désignation ASPS: certificat tracker [1300]) comporte globalement les mêmes risques qu’un placement direct dans le sous-jacent, notamment en ce qui concerne les risques de change, de marché ou de cours. Les VONCERT n’offrent pas de revenus réguliers et ne disposent d’aucune protection du capital. Les termsheets comprenant les indications juridiques faisant foi ainsi que de plus amples informations sont disponibles à l’adresse www.derinet.ch sous la rubrique «Souscriptions».

N’hésitez pas à nous contacter deriLine +41 (0)58 283 26 19 Investisseurs institutionnels +41 (0)58 283 26 26 www.derinet.ch – la plateforme des produits dérivés de la Banque Vontobel

La présente annonce est exclusivement publiée à des fins d’information et n’est expressément pas destinée aux personnes ressortissantes ou résidentes d’un Etat dont la législation en vigueur interdit l’accès à ce type d’information. Cette annonce n’est pas une annonce de cotation, ni un prospectus d’émission au sens des art. 652a et 1156 CO, ni un prospectus simplifié au sens de l’art. 5 al. 2 de la loi fédérale sur les placements collectifs de capitaux (LPCC). Elle ne représente en aucun cas une offre, ni une invitation à faire une offre, ni une recommandation en vue de l’acquisition de produits financiers. La documentation de produit déterminante sur le plan juridique (prospectus de cotation) se compose du termsheet définitif avec les Final Terms et du programme d’émission enregistré auprès de SIX Swiss Exchange. Ces documents ainsi que la brochure «Risques particuliers dans le commerce de titres» peuvent être obtenus gratuitement à l’adresse www.derinet.ch ou auprès de Banque Vontobel SA, Financial Products, Rue du Rhône 31, CH-1204 Genève. Les produits dérivés ne sont pas assimilés à des placements collectifs de capitaux au sens de la LPCC et ne sont donc pas soumis à la surveillance de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA). Les placements dans les produits dérivés sont exposés au risque de défaut de l’émetteur/garant et à d’autres risques spécifiques, sachant que la perte éventuelle est limitée au prix d’achat payé. Avant d’effectuer toute opération sur des produits dérivés, il est recommandé aux investisseurs de lire la documentation relative au produit et de solliciter les conseils compétents de sa banque attitrée. Les indications fournies dans cette annonce sont sans garantie. Nous nous tenons à votre disposition au numéro de téléphone +41 (0)58 283 26 26 pour tout renseignement concernant nos produits. Veuillez noter que toutes les conversations sur cette ligne sont enregistrées. © Bank Vontobel AG. Tous droits réservés. Genève, 29 août 2013

Vontobel Holding AG (S&P A / Moody’s A2) Bank Vontobel AG (S&P A+ / Moody’s A1)


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Banque&Finance

Index

CONTRIBUTEURS, PERSONNES ET ENTREPRISES CITÉS

A Aberdeen Asset Management

P39

B Banque Pâris Bertrand Sturdza Banque Syz & Co Banque Cantonale de Vaud Bensahel Frédérique Bertrand, Olivier Burrus, KAtrina

P32 P36 P72 P62 P30 P48

C CSFT P50

D Da Costa, Mario Deloitte Demaria, Cyril

E Etique, Pierre-Olivier

P62

F FFT Avocats Ferry, Emmanuel

P62 P30

H Hornung Douglas

I Iseux, Pierre-Emmanuel IWI International Wealth Insurer

K Keenan Faddoul, Kristina

P28

L La Compagnie R. Hottinger

P60

M Michael Page P44-47 P12 R Richards, Anne

P41

P60 P56 S Schupp, Jérôme P34 Sicard, Jérôme P40 Steiner, Joshua B. P28 Surber, Stephan P 47

P56 P28 P21

J Jacot-Descombes, Christian

P66

Invest’13 P54

PWC P15

Axiom P11

Kyocera P31

Rentes Genevoises

P33

Badoux Vins

C3

Lombard Odier

Reyl & Cie

P37

Banque Privée Edmond de Rotschild

C2

Manotel P68

Salon RH/Palexpo

P42

BMW

C4

MKB Conseil & Coaching

P38

Scoach P13

CamberwellB P67

Mirelis P17

Six P23

Cargill P29

MIT P12

Swisscanto P53

Crédit Agricole

Move on Coaching

P16

Swisscare P25

Devillard P19

Oki P66

UBP P49

Eri Bancaire

P41

PI Management

P65

Vontobel

ING Investment Management

P51

Planet caviar

P67

P72

ANNONCEURS

Amélie Conseils & Créations

BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013

P59

P05

P03


Virtual experience, real results:

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.6

actualités

En images

Gibraltar, territoire à vif Les esprits se sont échauffés depuis quelques semaines entre Londres et Madrid à propos du statut si particulier de l’enclave britannique. Il faut dire que les conditions de vie à l’ombre du rocher (plein emploi, 6 à 10% de croissance annuelle) et les avantages fiscaux consentis aux sociétés sont à des années lumières de celles des habitants de la région espagnole voisine (près de 40% de chômage). On comprend pourquoi tant de sociétés continuent de s’implanter chaque jour dans ce territoire de 7 km2. BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013


actualités

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Photo: Creamegg/istochphoto

En images

BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013


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actualités

En images

Photo: uschools/istochphoto

Les heurtoirs de porte à tête de lion restent un des symboles de la Chine.

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actualités

En images

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Pékin (entr)ouvre les portes de l’échange automatique d’information. En paraphant, fin août, la Convention multilatérale de l’OCDE concernant l’assistance administrative mutuelle en matière fiscale, le géant asiatique a notamment mis un peu plus la pression sur Berne, quelques jours avant le G20 de rentrée. Oubliant, au passage, d’inclure dans l’accord Hongkong et Macao qui, pour beaucoup d’experts restent assimilés à des paradis fiscaux pour non-résidents. BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013


Actualités

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SUISSE -Berne renonce à demander la réciprocité sur FATCA, voulant se

garder encore la possibilité de ne pas accorder l’échange automatique aux Européens. Ce faisant, la Suisse contribue à légitimer un accord qu’elle pourrait se retrouver à peu près seule à appliquer.

FATCA, stratégie perdante du Conseil fédéral?

L

’année 2013 marque un tournant, avec la fin des espoirs de maintien de l’anonymat des clients, malgré l’entrée en vigueur des accords sur l’imposition libératoire à la source conclus avec la Grande-Bretagne et l’Autriche. Les investisseurs n’y croient plus et, en 2012 déjà, ont anticipé sur l’introduction paraissant inévitable de l’échange automatique d’information (EAI), en optant souvent pour la régularisation pure et simple.

de l’OCDE pour le concrétiser. Par contre, le communiqué ne fait pas allusion à FATCA (Foreign Accounts Tax Compliance Act), la loi américaine qui peut être considérée comme le prototype de l’EAI.

Tout paraît aller dans ce sens: le communiqué publié à l’issue de la réunion des ministres des Finances du G20 à Moscou les 19 et 20 juillet attribue une «priorité élevée» à la conformité fiscale: tous les contribuables doivent payer leurs impôts. Le G20 rappelle aussi son engagement en faveur de l’EAI en tant que nouveau standard global et son soutien en faveur des efforts

Car FATCA pourrait bien s’avérer être un marché de dupes, dans la mesure où la réciprocité promise par le Département américain du Trésor est illusoire: sous la pression des banques, notamment de Floride et du Texas et des milieux conservateurs, il est plus qu’improbable que le Congrès autorise les banques américaines à livrer à des Etats étrangers les données concernant leurs clients offshore.

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C’est vraisemblablement pour cette raison que les gouvernements européens accueillent favorablement une loi qui fait bon marché de leur souveraineté. Elle sert leur propre politique de lutte tous azimuts contre la fraude fiscale, ou du moins le croient-ils.

LES ETATS-UNIS, PARADIS FISCAL Dans ces conditions, il pourrait en aller de FATCA comme il en est allé jadis de la Société des Nations: les Américains ont suscité sa création avant de refuser finalement d’y adhérer. Si de leur côté, les Européens allaient de l’avant avec l’EAI qu’ils pourraient être seuls à appliquer sérieusement avec les Suisses bien sûr, les Etats-Unis verraient se renforcer leur position de paradis fiscal pour riches étrangers. Ou alors, les Européens pourraient renoncer à appliquer effectivement FACTCA, arguant de l’absence de réciprocité, pourtant promise par les «traités» signés avec pour l’instant neuf pays, en fait des «accords intergouvernementaux» (inter-Governemental Agreements IGA), qui n’engagent pas les Etats-Unis aussi longtemps qu’ils n’ont par été formellement approuvés par le Congrès. Dans cette seconde hypothèse, la Suisse qui est, avec

le Japon, le seul pays à avoir renoncé à la réciprocité, dans le cadre de l’accord signé avec le Trésor américain, se retrouverait seule en Europe à appliquer FATCA, ce qui la mettrait dans une position concurrentielle très défavorable. La ratification de l’accord signé avec les EtatsUnis sur FATCA est prévue par les Chambres fédérales dans le courant du mois de septembre. On peut se demander pourquoi la Suisse renonce à appliquer la réciprocité exigée par les Européens. La raison principale de cette retenue n’est pas à chercher dans un désir d’épargner toute angoisse aux Suisses qui ont ouvert un compte aux EtatsUnis et ne le déclarent pas au fisc de leur canton de domicile. Non, la raison invoquée par le Conseil fédéral est que le modèle d’accord adopté par la Suisse «assure aux établissements financiers suisses des simplifications et allègements administratifs équiva- ...


actualités

L’essentiel

.11

Berne s’accroche à l’espoir d’éviter l’échange automatique d’information. Problème, la Suisse s’est isolée en ne demandant pas de réciprocité aux Américains alors que les Européens, eux, l’exigent. Photo: William/istochphoto

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.12 L’ESSENTIEL

actualités

... lents à ceux d’un accord sur le modèle 1 (qui prévoit la réciprocité). Il ne repose toutefois pas sur l’échange automatique de renseignements et ne constitue par conséquent pas un précédent que pourraient invoquer d’autres Etats». UN MAUVAIS CALCUL Le Conseil fédéral s’accroche donc à l’espoir d’éviter l’EAI au point de renoncer à la réciprocité qui est en fait le seul espoir d’enrayer la marche autrement inexorable vers ce même EAI. Car une fois celui-ci mis en place au niveau européen et transat-

lantique, on voit mal comment la Suisse pourrait refuser aux Européens les prérogatives consenties aux Américains, réciprocité ou pas. Par contre, assortir la mise en œuvre de FATCA d’une clause de réciprocité est un moyen réaliste de faire en sorte que l’accord signé avec le Trésor américain reste lettre morte: si les Américains n’exécutent pas leurs obligations, les banques suisses n’auraient pas non plus à appliquer FATCA. La stratégie adoptée par la Suisse semble donc reposer sur une illusion, à savoir que les Européens

n’exigeront pas le passage à l’EAI une fois celui-ci instauré dans le cadre de FATCA. De plus, le modèle «choisi» par la Suisse est encore plus défavorable qu’il y paraît à première vue: en effet, les banques suisses devront s’enregistrer auprès de l’IRS sans passer par un organisme national qui ferait office de filtre. Certes, les banques devront demander à leurs clients américains l’autorisation de livrer les données les concernant. Mais l’exercice sera de pure forme. En l’absence de cette «déclaration de consentement», les banques devront communiquer à l’IRS le

nombre de comptes américains concernés et le total des avoirs déposés. Dans un second temps, «L’IRS peut exiger de l’Etat partenaire, par une demande groupée, les renseignements que l’établissement financier aurait dû communiquer s’il avait obtenu les déclarations de consentement requises», peut-on lire dans le Message du Conseil fédéral. Le respect des droits des clients américains se réduit donc à celui d’une marche à suivre. Il s’agit seulement de faire les mouvements, «go through the


actualités

Evénement

LA QUALITÉ NE DOIT RIEN AU HASARD *

L’IRS peut exiger de Berne les renseignements que l’établissement financier aurait dû communiquer. Photo: Susan Walsh/Associated Press/DR

motions», selon l’expression des Américains. LE PRECEDENT DES «LEAVERS LISTS» Cette façon d’agir influence déjà la politique du Département fédéral des finances (DFF), avant même la ratification de FATCA par les Chambres. Le 25 juillet, le Conseil fédéral a ainsi autorisé certaines banques, notamment Credit Suisse et Banque Cantonale de Zurich, à transmettre aux Etats-Unis, les «leavers lists», c’est-à-dire la liste des banques ayant reçu les anciens clients américains en partance de ces banques, avec le nombre de comptes et les montants concernés. Dans un second temps, les Américains obtiendront les noms des clients concernés par le biais d’une demande groupée. Ici l’on parle de règlement du passé, mais il est clair que le mécanisme est le même que dans le cadre de l’accord conclu avec le Trésor américain sur FATCA, au point qu’il s’agit en

fait, sinon en droit, d’une application par anticipation d’une norme juridique qui n’existe pas encore, pour ainsi dire de lege ferenda. En mars 2013 déjà, le conseiller national UDC Yves Nideger parlait déjà d’une «capitulation au pas de charge» et tout indique que le rythme s’accélère encore. Toutefois, le report de six mois de l’entrée en vigueur de FATCA, repoussé à juillet 2014, pourrait représenter une fenêtre d’opportunité, surtout en cas d’acceptation de l’accord par les Chambres. Dans cette hypothèse, et compte tenu du délai référendaire, il serait possible d’organiser un référendum qui ne pourrait pas se tenir avant début 2014. Mais ce scénario risque bien de ne pas avoir lieu: l’ASIN, échaudée par l’échec du référendum sur Rubik pour quelques milliers de signatures ne veut pas s’y lancer et le PLR, pourtant aiguillonné par Philippe Nantermod, a semble-til décidé de ne rien faire. Quant à l’UDC, elle préfère se concentrer sur des thèmes populistes qui lui ont assez bien réussi. n

PAR MOHAMMAD FARROKH

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.14 Opinion

actualités

SUISSE - L’avocat genevois s’est fait connaître en défendant quelques-uns des

employés de banque dont les noms ont été communiqués au fisc américain au printemps 2012. Il porte un jugement sans complaisance sur l’évolution et surtout sur les perspectives d’avenir de la place financière suisse. Un point de vue qui ouvre le débat et appelle des réponses.

Douglas Hornung: «il faut exiger la réciprocité». Banque&Finance: Où en sont les procédures en cours, notamment les plaintes pénales contre les banques pour avoir livré des noms d’employés aux Etats-Unis? Douglas Hornung: L’aspect pénal est terminé depuis avril. Dans l’affaire Delissy c/HSBC, le Tribunal pénal fédéral a dit qu’on ne saurait reprocher quelque chose de pénal au Conseil fédéral, à la banque et la Finma. L’autorisation du Conseil fédéral du 4 avril 2012 autorisant les banques à livrer des données aux Etats-Unis est considérée comme une base légale suffisante par le TPF. Dans son arrêt UBS du 15 juillet 2011, le Tribunal fédéral avait dit que, dans des cas très particuliers, le Conseil fédéral peut utiliser ses pouvoirs d’urgence et s’écarter du droit en vigueur, s’il y a urgence et dans le cas d’une banque d’importance systémique. Mais ce qualificatif ne peut tout de même pas s’appliquer à HSBC. De plus, six semaines après que le TPF affirme que la transmission de données aux Etats-Unis repose sur une base légale solide, Eveline Widmer-Schlumpf demande en urgence au Parlement de lui donner une… base légale pour permettre la transmission des données et cette base légale lui est refusée. Elle s’en moque et

décide de continuer sa politique de donner des autorisations au cas par cas selon l’article 271 du Code pénal, donc sans base légale suffisante. En autorisant récemment la transmission de leavers lists, elle va encore plus loin: une telle transmission est contraire à l’article 273 du Code pénal qui protège le secret des affaires (lequel ne peut faire l’objet d’une «autorisation» dérogatoire) et elle se contredit ellemême: devant le Conseil National, elle déclarait que la Lex USA lui était indispensable, car sans elle «les leavers lists ne pourraient être fournies». B&F: C’est le plan B du Conseil fédéral. Cela n’arrange-t-il pas tout le monde? DH: Ça arrange surtout les Américains. Ils veulent savoir où sont partis les clients américains et prononcer d’énormes amendes contre le plus de banques possible. Eveline Widmer-Schlumpf vient d’autoriser certaines banques à transmettre aux Etats-Unis des leavers lists, soit le nombre de clients US qui ont quitté la banque pour en rejoindre une autre ainsi que les références de la banque récipiendaire. Ainsi, les USA peuvent attaquer de nouvelles banques, les menacer de poursuites pénales pour «conspiration»,

BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013

obtenir toutes les informations internes de la banque en question, monter un dossier qui leur permettra d’encaisser de juteuses amendes et construire ainsi la base d’une demande d’entraide groupée pour finalement avoir tous les clients US de toutes les banques. Quand les clients auront tous été donnés, les petites banques seront rachetées par les grosses. B&F: Dans un tel contexte, on

peut se demander si la Suisse a encore la possibilité de refuser FATCA. DH: La Suisse doit dire qu’elle fera la même chose que les autres pays. Or, il y a deux versions de FATCA et la Suisse – seul pays avec le Japon -, a choisi la version la plus défavorable, celle qui ne prévoit pas de réciprocité. Au contraire, les Européens (par exemple la Norvège, la France ou encore l’Espagne) ont pris la première ...


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L’auditeur doit-il penser comme un chef d’entreprise ?

Certainement. Il doit connaître le secteur d’activité de l’entreprise et comprendre à la fois sa stratégie et le point de vue de ses dirigeants. Ainsi, il est non seulement un bon auditeur, mais également un interlocuteur de choix pour le conseil d’administration et le management. Quelle est la question qui vous interpelle?

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.16 Opinion

actualités

... version de FATCA, celle qui conditionne l’application de FATCA au principe de réciprocité (Les Américains devraient alors également transmettre aux fiscs européens, automatiquement, toutes les données de tous les Européens qui ont des comptes aux Etats-Unis). Les Américains ne peuvent accepter la réciprocité, car ils ne connaissent pas les bénéficiaires des comptes aux Etats-Unis. De plus, les associations des banques du Texas et de Floride s’insurgent contre l’idée de livrer les données de leurs clients à un fisc étranger et attaquent l’IRS, considérant qu’il y aurait là une violation de la sphère privée. C’est cela qu’il faut faire: exiger la réciprocité, et mettre les Américains face à leurs contradictions. Si le Conseil National ne demande pas la réciprocité, nous serons les seuls – avec peut-être les Japonais - à donner tout aux Américains sans rien recevoir en retour. B&F: Pour en revenir aux employés dont les noms ont été livrés, quel est leur sentiment? DH: Ils se sentent trahis, même si la déclaration du préposé à la protection des données le 20 juin disant qu’il ne faut pas livrer des données concernant les employés subalternes a été accueillie avec un certain soulagement. Par ailleurs, nous menons toujours

des procédures civiles visant à faire constater l’illicéité de la transmission de données concernant les employés. Pour cinq banques, HSBC, Credit Suisse, Julius Bär, BCZ et BCB, c’est trop tard, car tout a déjà été transmis. Mais pour les autres, il est encore possible de faire quelque chose. B&F: Pourquoi les Américains demandent la livraison de ces données puisqu’ils savent tout, s’il faut en croire Edward Snowden? DH: Pour ouvrir une enquête pénale, il faut des données précises. Les Américains exigent des leavers lists car ils veulent poursuivre d’autres banques qui ne sont pas encore sous enquête et les contraindre à livrer des données et construire un dossier contre chacune d’elles. Une fois leur dossier monté, ils prononceront de belles amendes et feront des demandes d’entraide groupées qui leur permettront d’avoir les noms des clients. Ils sont obligés de procéder de la sorte puisque la convention avec la Suisse exclut les fishing expeditions. B&F: A ce rythme, restera-t-il encore quelque chose de la place financière suisse d’ici une année? DH: D’ici une année, peut-être. Mais d’ici trois ans, elle sera réduite de beaucoup, car les Européens vont

demander (et obtenir) la même chose. Certaines banques n’ont pas vu venir cette évolution et ont encore beaucoup de clients non déclarés. Les contraintes administratives s’accroissent et, puisqu’il n’y a plus le secret bancaire, les banques ne peuvent plus prélever 1% simplement à titre de commission de gestion. Les petites banques seront rachetées par les grandes qui prendront les clients déclarés (et se rembourseront ainsi des grosses amendes). B&F: On peut avoir l’impression que cette évolution est inévitable. DH: Tout cela aurait pu être évité si le gouvernement et la Finma n’avaient pas paniqué avec l’affaire UBS en février 2009. Certes, les Etats-Unis menaçaient d’interdire le dollar à l’UBS, mais ils n’auraient vraisemblablement pas passé à l’acte, car UBS était alors la 2e chambre de compensation du dollar. Nous sommes gouvernés par des gens qui sont sous la coupe des grandes banques. Eveline Widmer-Schlumpf est le meilleur agent américain au sein de notre gouvernement. Si Christoph Blocher était resté, cela ne se serait probablement pas passé comme cela. Il avait une forte personnalité et des principes. Maintenant, nous sommes gouvernés par des chefs de rayon à qui on ne peut demander ni vision ni sens de

l’anticipation. Ce sont des gestionnaires. Pour qu’il y ait changement, il faut un gouvernement fort et un cap. On n’a malheureusement ni l’un ni l’autre. B&F: Malgré tout, votre action a eu un certain écho. A quoi l’attribuez-vous? DH: Nous avons pu alerter les médias avec l’affaire Delissy. Sans leur appui, il ne se serait rien passé et tout aurait été fait en catimini. Les Américains auraient déjà tout obtenu sans même faire de diktat et essayer de faire voter une loi d’exception qui aurait suspendu l’application du droit, juste pour leur faire plaisir. C’est parce que nous avons pu intéresser les médias que le débat a eu lieu, principalement en raison de la place des employés. Leur situation a permis au public de s’identifier à cette problématique. Mais si l’on va plus loin pour parler de respect de la souveraineté et des règles fondamentales de droit, l’intérêt des gens se perd. Maintenant que le gouvernement a écarté la communication de données concernant les «petites mains», il est plus difficile de sensibiliser l’opinion publique, à moins peutêtre que la question des places de travail menacées ne parvienne à susciter l’intérêt. n PROPOS RECUEILLIS PAR

MOHAMMAD FARROKH


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.18 Sur votre agenda actualités

L’AGENDA de la place financière ET LES NOMINATIONS SONT SUR www.banque-finance.ch

n 19

SEPTEMBRE 2013

ET 19 SEPTEMBRE 2013

Invest’13

OCTOBRE 2013

Geneva Forex Event

FundsEvent

Depuis plus de trois ans et demi, Dukascopy Bank a pris l’habitude de convier chaque mois quelque trois cents invités à son Geneva Forex Event. Qu’ils soient banquiers, financiers, clients de la banque ou entrepreneurs, l’événement permet de travailler son réseau professionnel tout en profitant du côté ludique de chaque séance. Une excellente méthode pour aborder des sujets sérieux sans la pression du résultat! www.genevaforexevent.com

2013, année phare pour la place luxembourgeoise? 300 sélectionneurs de fonds et professionnels du secteur des fonds d’investissement sont attendus pour la 3e édition de l’événement. Spécialement conçu pour l’industrie des fonds, il s’articule autour de conférences, de panels et masterclass,entrecoupés par ces moments de networking qu’affectionnent les professionnels du secteur. www.fundsevent.com

Genève

n 18

n8

Luxembourg

Genève

6ème édition d’un salon rapidement devenu incontournable. Dans un environnement en pleiné mutation, et à travers présentations et tables rondes animées par les spécialistes du cadre légal et réglementaire, invest’13 sera plus que jamais l’occasion d’échanger des expériences et de définir les bonnes pratiques qui régiront demain la gestion indépendante. Notons cette année la présence de l’Association Luxembourgeoise des Professionnels du Patrimoine, hôte d’honneur de l’édition 2013. Retrouvez Banque&Finance sur notre stand et gagnez (peut-être!) une tablette numérique! www.invest13.ch

n2

ET 3 OCTOBRE 2013

Salon RH Suisse

Genève Le point de rencontre des fournisseurs de services et de produits relatifs à la gestion des ressources humaines d’une part et des professionnels de la gestion des ressources humaines en entreprise et en administration d’autre part. Un rendez-vous qui devrait intéresser au plus haut point les responsables RH des banques et institutions financières de la place, à un moment où l’emploi, la formation et les évolutions de carrière sont au cœur des préoccupations du secteur. www.salon-rh.ch

n5

NOVEMBRE 2013

Richmond Finance Summit Genève

Une journée haut-de-gamme pour les professionnels de l’industrie en quête de nouvelles idées: intervenants de premier ordre, études de cas, débats, autant d’occasions pour les participants d’élaborer leurs stratégies de demain. www.finance-summit.com

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BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013


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enjeux

.20

© MirekP

Le paradoxe de l’innovation financière Innovation financière rime pour beaucoup avec excès, abus et crise subséquente. Pourtant, les produits et services innovants sont indispensables à une industrie financière en berne. BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013


enjeux

Décryptage

D

’après une étude toute récente étude de McKinsey («A new trend for global banking», mai 2013), la part du chiffre d’affaires bancaire devrait se stabiliser d’ici à 2020 à hauteur de 5% de l’activité internationale. Cette tendance tranche avec 30 ans de croissance, une éternité pour un monde bancaire habitué au succès ininterrompu (infographie 1). La réduction des effets de levier bancaires, le renforcement des réglementations expliquent cette stagnation pour les marchés développés, la guerre des prix et un faible taux de pénétration (entre 4 et 6%) pour les marchés en développement (Chine, Inde, Mexique, Nigeria, Russie). Selon McKinsey, seule une augmentation des taux d’intérêt ou une vague d’innovation pourrait relancer l’industrie bancaire. Le second point mérite une attention particulière. Il est difficile d’établir des positions stratégiques en finance et de les protéger comme dans les autres secteurs économiques. Les actifs bancaires sont essentiellement immatériels et notoirement difficiles à évaluer. Ainsi, la valeur des marques bancaires évolue très rapidement. Ces dernières sont établies sur les mêmes promesses dans l’ensemble du secteur: confiance, stabilité et solidité. Toute brèche dans ces valeurs réduit drastiquement la valeur de la marque, et peut conduire un établissement à la faillite (bank run). UNE INNOVATION FAIBLEMENT PROTÉGÉE… Par ailleurs, la finance est un des secteurs économiques où les brevets sont négligeables. Ainsi, il est rare qu’une technologie soit issue du monde bancaire lui-même: les innovations en matière de banque en ligne, d’automates (bancomat ou ATM) ou de moyens de paiement sont issues des fournisseurs et prestataires des banques. La boutade selon laquelle la dernière réelle innovation du monde bancaire est le bancomat vient de l’hypothèse implicite suivante: innovation signifie brevet, lui-même synonyme de protection, donc de rente par une exploitation dédiée. Or, les produits et services financiers se prêtent mal à une telle logique: il est difficile de breveter des services

ou procédés (les idées n’étant pas protégeables), et plus encore de faire respecter juridiquement cette protection. Par ailleurs, un produit ou un service offert par un seul établissement ouvrirait implicitement la voie à un doute: est-il dans l’intérêt de l’établissement ou du client? Si d’autres ne l’offrent pas, peut-être est-ce que le service ou le produit n’est pas viable, trop risqué ou même frauduleux? … ET AVANT TOUT MOTIVÉE PAR LA DEMANDE Pourtant, l’innovation est une des rares directions à emprunter pour maintenir ou augmenter le chiffre d’affaires et les marges commerciales des établissements financiers. La rapidité de la reproduction des techniques financières par la concurrence limite l’innovation, ce qui explique que l’innovation ...

.21

Par Cyril Demaria Funds Manager

Part des revenus bancaires dans le PNB nominal (après prise en compte du coût du risque)

Prévisions 6

5

4

2000 Bulle Internet et krach

3

1997 Asie du Sud-est Crise financière 1987 Lundi noir (krach mondial)

2

1994 Mexico Crise financière

1

0 1980

1990

2000

2008 Crise financière mondiale

2010

2020

Source: OCDE & McKinsey, 2013. BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013


.22 Décryptage enjeux

LA QUADRATURE DU CERCLE: INNOVATION, RENDEMENT, SUR-MESURE ET ALIGNEMENT D’INTÉRÊTS Toutefois, le lieu de la rencontre entre l’offre et la demande d’innovation est appelé à changer. C’est aujourd’hui le besoin de rendements absolus qui motive la demande de produits et services. En particulier, le «mur des pensions» approche avec l’accès des générations du baby-boom à la retraite. Il va accentuer le besoin de rendements élevés dans un contexte généralisé de rendements faibles (et marginalement décroissants).

... financière fut et demeure largement guidée par la demande. Le meilleur moyen de rentabiliser la conception d’un produit ou d’un service est d’avoir un client prêt à payer pour l’amortir immédiatement. Il revient ensuite à l’institution de développer une offre et de la commercialiser rapidement pour capitaliser en termes de volume, de parts de marché et de marque. En effet, l’érosion marginale du rendement des produits financiers milite pour une course à la part de marché. Les dérivés, les options, les obligations à haut rendement (high yield bonds), les produits structurés (collateralised debt obligations ou CDO, collateralised loans obligations ou CLO) ou encore les trackers (exchange traded funds ou ETF) sont autant d’innovations qui répondent à une demande d’accès au crédit ou aux investissements et de couverture ou de transfert de risque. A cet égard, si l’usage de ces produits a fait l’objet de dérives, leurs objectifs primaires ont été pleinement remplis. La réémergence des obligations à haut rendement après la crise de 1987, ou celle des CDO et CLO après 2008-2009 le prouve: leur utilité outrepasse très largement leurs inconvénients. UNE MATURITÉ ACCÉLÉRÉE, MOTIVANT LA PRISE DE PARTS DE MARCHÉ Une fois les positions acquises, il est possible de maintenir les marges à un certain niveau: suffisamment basses pour dissuader les nouveaux entrants, et suffisamment hautes pour que l’offre soit commercialement viable (par exemple, le service de dépositaire). Ceci explique la course à la taille (infographie 2) et la concurrence acharnée que se livrent les établissements sur les divers segments émergents, les grands établissements ayant manqué certaines vagues d’innovation payant alors cher leur retard en acquérant à prix d’or certains concurrents bien placés. A l’inverse, certains segments de marché maintiennent des marges élevées grâce à un effet de réseau et de marque. Ainsi, les introductions en Bourse (equity capital market) sont significativement plus coûteuses aux Etats-Unis que dans le reste du monde, car les introductions à succès sont faites par un petit nombre d’acteurs, qui eux-mêmes ne sélectionnent que les introductions potentiellement les plus performantes. La rencontre entre la demande et l’offre d’innovation financière s’est donc faite en matière de gestion du risque (titrisation, dérivés, options) ou bien en matière de réductions des coûts associés aux produits et services (ETF). D’autres produits ont été conçus sur mesure (credit default swaps ou CDS) ou bien pour repousser les limites de la liquidité (asset based securities ou ABS). BANQUE&FINANCE N°121 I 4 TRIMESTRE 2013 E

Parallèlement, la demande est en phase de différentiation accélérée: les besoins des caisses de retraite sont distincts de ceux des groupes d’assurances, des banques, des individus fortunés ou des fonds souverains. Les produits et services innovants vont devoir cibler des marchés plus ciblés, compliquant la tâche de l’innovateur financier habitué à l’innovation incrémentale et pragmatique ainsi qu’à la diffusion élargie de son innovation dans un laps de temps limité (six à douze mois avant que l’innovation ne soit largement reproduite).

Absence de corrélation entre taille et profitabilité, mais les grandes banques produisent une performance plus stable.

Les nouveaux paramètres à prendre en compte sont la transparence (conséquence des fraudes majeures de la dernière crise, mais aussi de l’accent mis sur le risque de contrepartie), la communication très poussée et plus objective (les réglementations s’y emploient, par exemple la Directive AIFM en Europe), et une ...

Marchés développés

Marchés émergents

Rendement des capitaux (%) 50

Rendement des capitaux (%) 50

30

30

10

10

0

0

y = 0.0003x + 0.1139 R2 = 0.0228

y = 0.0001x + 0.0615 R2 = 0.0011

-20

-20 0

1,000

2,000

3,000

Actifs (milliards USD)

0

200

400

600

Actifs (milliards USD)

Source: Thomson Reuters, Bloomberg, BankExplorer, McKinsey, 2011.


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.24 Décryptage enjeux

... gestion du risque avancée. Pour ce faire, l’expression qui domine désormais le monde financier est celle de l’alignement d’intérêts entre offreurs et demandeurs de produits et services financiers. Cette tendance va gagner en importance, l’offreur de produits étant appelé à participer financièrement aux côtés des clients dans les produits tandis que l’offreur de service sera rémunéré proportionnellement, plus en fonction de la réalisation d’objectifs ou de performances. Cela donnera lieu à l’émergence de nouveaux modèles économiques (infographie 3). LE RISQUE RÉGLEMENTAIRE Si l’innovation est installée durablement dans le paysage financier, une interrogation plane quant au rôle des autorités de régulation. La difficulté réside dans la tentation de limiter l’innovation, alors que l’industrie a besoin d’un cadre évolutif, un équilibre délicat à instaurer. Avant la crise, les autorités avaient largement délégué la régulation à l’industrie elle-même, apprenant au fur et à mesure des erreurs. A cet égard, les CDS, ABS, CDO, CLO et autres produits n’ont pas disparu ni été interdits, mais sont mieux contrôlés et encadrés (par exemple avec l’obligation de passer par une chambre de compensation pour les CDS et un meilleur suivi des expositions cumulées). Cependant, force est de constater que les interventions des régulateurs peuvent avoir des conséquences drastiques. Elles sont ainsi tardives, souvent indifférenciées et parfois via des réglementations mal conçues (comme, par exemple, la taxe sur les transactions boursières en France et en Italie). Le bénéfice de l’intervention reste encore à établir dans certains cas.

à le bonifier. De même, les comportements vertueux devraient être récompensés. Les sanctions en matière de réputation (l’un des actifs clés de la finance) seraient un outil à manier efficacement: le «name and shame» est très puissant. C’est une sanction adaptée qui sanctionne à la fois la lettre et l’esprit de la loi. Elle a des vertus préventives que les réglementations actuelles ne possèdent que rarement.

Les modèles d’affaires bancaires vont se différencier, d’autres vont émerger.

Réglementé

Générateur de rendement absolu

Dans ce cadre, tout comme l’intervention publique en économie a évolué d’une intervention directe (investissements) vers un cadre indirect (fiscal et incitatif) puis vers des partenariats publics-privés, il est clair qu’une nouvelle approche réglementaire est nécessaire. Pour cela, la transparence, l’information, l’autorégulation et la sanction mesurée sont des outils efficaces de réglementation. L’innovation peut se développer dans ce cadre. L’ensemble des acteurs du secteur financier contribue à une même chaîne de valeur. Chacun est capable d’identifier et de signaler les problèmes (le whistleblowing l’encourage de manière maladroite). Les réglementations devraient capitaliser sur cela et améliorer les incitations à participer au système et BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013

La constitution d’une source d’information fiable, systématique, uniforme et internationale sur les différents acteurs de la chaîne de valeur financière serait une source d’innovation radicale. Une banque de données répertoriant les condamnations, les procédures ouvertes (y compris celles ayant donné lieu à transaction ou classées sans suite), mais aussi les plaintes et les signalements devient nécessaire pour que l’industrie puisse efficacement faire sa propre police et travailler dans l’esprit d’un système vertueux. Une innovation réglementaire ouvrant la voie à un changement radical en matière d’approche de l’activité, voici une source inépuisable d’innovation financière durable, différente et nécessaire. n CD

Non réglementé Facilitateur de prise de risque avancé

* Banque universelle dédiée aux flux

Type de modèle économique (taille = chiffre d’affaires escompté) * Nouvelle banque d’affaires

* Banque de réseau / franchisée

Gestion du risque Gestion de la relation client

Gestion des infrastructures

Spécialiste des services et titres

Marchés et systèmes de trading alternatifs

Spécialiste du conseil

* Nouvelle banque d’entreprise

Source: McKinsey, 2011. «*» signale un nouveau modèle bancaire.



.26 Stratégie

© MirekP

enjeux

Fusion et OPA hostiles,

R

par Joshua B. Steiner Directeur, Deloitte Genève

PAR Kristina Keenan Faddoul Gestionnaire principale, Deloitte Zurich

acheter une entreprise n’a parfois rien d’aisé et peut même se passer dans un climat hostile. Du côté des bonnes nouvelles, les recherches de Deloitte montrent qu’une OPA hostile peut potentiellement générer un retour sur investissement très rentable. Du côté des mauvaises nouvelles, les activités qui devraient être réalisées conjointement par les deux entreprises deviennent extrêmement difficiles, même pour des équipes dirigeantes chevronnées. Surmonter ces obstacles exige des dirigeants qu’ils adoptent des règles du jeu différentes dans la planification et la réalisation de l’intégration. Les OPA hostiles - qui se définissent au sens strict lorsque l’acquéreur essaye de court-circuiter l’accord du conseil d’administration de la cible - sont souvent relayées par les médias surtout lorsque des sociétés connues telles que Kraft, Glencore ou Roche sont impliquées. Les prises de contrôle hostiles se définissent, quant à elles, plus largement et varient dans leurs niveaux d’hostilité. Une prise de contrôle peut être perçue comme tiède, inamicale ou bien encore hostile selon les dirigeants ou le personnel de la société. Alors que les actionnaires seraient disposés à vendre, il arrive donc que les responsables, eux, ne désirent pas être rachetés. C’est ce qui se produit lors d’offres d’achat directes aux actionnaires, ou bien lorsque la famille propriétaire vend à une entreprise de plus grande taille ou lors de la fusion de deux entreprises longtemps concurrentes. Il est bon de savoir qu’une opération de F & A – fusions et acquisitions – revêtant un caractère inamical peut être de toute taille et survenir à n’importe quel moment dans tous les secteurs de l’économie.

BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013

IL IMPORTE DE PLANIFIER Selon les meilleures pratiques et les stratégies éprouvées des acquéreurs expérimentés, les fusions les plus réussies sont le résultat d’une planification rigoureuse du projet dès sa genèse et d’une exécution rapide et complète. Le succès d’une acquisition repose sur la capacité de stabiliser rapidement le cours des affaires et de lancer immédiatement des programmes de croissance et de synergies dès la clôture. Une planification qui précède la conclusion de l’acquisition est d’une importance déterminante pour assurer le déroulement sans heurts de ces programmes. Le mieux est et de commencer tôt et de considérer la planification comme un prolongement du processus de Due Diligence. «Le plus tôt sera le mieux» est le mantra des acquéreurs en série et des équipes d’acheteurs chevronnés. Qui néglige de planifier judicieusement à un stade précoce du processus se prive de synergies, ne pourra qu’omettre des initiatives décisives sur le plan stratégique, perdra des clients et des employés importants et souvent galvaudera bien des avantages qui étaient acquis à cause d’une exécution dispersée et inefficace. LA DIFFICULTÉ À PLANIFIER DANS UN ENVIRONNEMENT HOSTILE Pendant la phase précédant la clôture de la transaction et dans des circonstances normales, les deux sociétés impliquées nouent un dialogue et entreprennent conjointement le développement des plans d’intégration. Lors d’une prise de contrôle hostile, les dirigeants s’opposent souvent à l’ouverture de discussion sur l’intégration et refusent d’échanger de l’information. La visibilité sur les activités de la


enjeux

Stratégie

.27

Planifier au moment même où il devient difficile de le faire est toujours un exercice périlleux. Mieux vaut donc anticiper et élaborer dès à présent vos stratégies de planification.

mode d’emploi société cible est alors grandement limitée par le climat d’instabilité, d’animosité et de désinformation qui règne. Il n’est, dès lors, guère surprenant que les chances de voir réussir l’intégration se trouvent singulièrement compromises. Les éléments qui peuvent contrecarrer une intégration réussie sont la polémique qu’entraîne le rachat, l’amertume qui se distille dans les sphères privée et publique, les échos défavorables de la presse et un accès insuffisant aux informations concernant les activités opérationnelles et les employés de l’entreprise. La planification prend alors une importance d’autant plus cruciale qu’elle doit intégrer des mesures de prise de contrôle de la société cible dès le premier jour suivant la clôture. Les acquéreurs devront évaluer le risque que comporterait le fait de laisser en place les dirigeants actuels et déterminer les changements à apporter à l’organisation et à ses processus pour assurer le contrôle adéquat de la nouvelle entreprise. Le véritable risque est de voir les affaires se détériorer pendant la période de transition et pour l’éviter, il convient donc de viser à retrouver une stabilité le plus rapidement possible. STRATÉGIES GAGNANTES EN MATIÈRE DE PLANIFICATION Eu égard à ce qui précède, comment les acquéreurs doivent-ils planifier l’intégration de la nouvelle société en minimisant les risques? Deloitte conseille aux responsables une marche à suivre en 5 points et de s’y conformer scrupuleusement. Cette approche augmentera les chances de surmonter les obstacles et de réussir l’intégration en termes d’objectifs de croissance et d’impact sur le résultat financier.

1. - DÉCIDER QUELS SONT L’OBJECTIF POURSUIVI ET LA VOIE QUI Y MÈNE Avoir un plan solide pour la nouvelle entité combinée est d’une importance capitale. Définir ce que l’intégration représente pour les clients, employés, consommateurs et fournisseurs, ainsi que d’exprimer clairement et de façon répétée la vision permettra l’alignement de la nouvelle organisation autour des nouveaux objectifs et des changements à venir. Les objectifs doivent absolument inclure les mesures que vous jugez nécessaires pour prendre le contrôle immédiat de la nouvelle société et pour sécuriser les domaines comportant des risques, soit la conformité règlementaire, la stabilité des effectifs et le service à la clientèle. On perd facilement de vue les éléments critiques quand on est confronté à l’incertitude. La meilleure façon de stabiliser les affaires immédiatement après la reprise de la société est d’énoncer clairement l’objectif commun, tout en admettant vos limites, à savoir que votre pouvoir de ...

Le spectre des environnements hostiles

Tiède

Hostile

Inamical

BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013


.28 Stratégie enjeux

Définir clairement l’objectif

Les stratégies gagnantes ... convaincre et d’obtenir l’adhésion est momentanément limité à une communication unilatérale. Il conviendra de remplacer le dialogue qui a lieu lors d’une planification conjointe par une compréhension accrue de la situation et une adaptation rapide aux faits, au fur et à mesure qu’ils vous seront connus. On débouche alors sur le point suivant. 2. - LES ERREURS SONT INÉVITABLES Admettez le fait, en vous y préparant, que le «brouillard créé par la reprise» engendra bon nombre d’erreurs – dans les deux organisations. Il n’est ni réaliste ni pragmatique d’aspirer rigidement à la précision en pareilles circonstances. Mieux vaut adresser les conséquences des erreurs qui pourraient avoir été commises involontairement en partant du principe que rien n’est irréversible. Entourez-vous d’une équipe de collaborateurs ayant confiance en eux-mêmes et capables de prendre des décisions même sous le feu des critiques et des regards scrutateurs, mais en même temps, assez souples pour infléchir le cours des choses quand ils le jugent nécessaire. Evitez enfin de vouloir réussir de grandes choses d’un seul coup, et restez conscient que la perfection se construit petit à petit. 3. - MAINTENIR UN LEADERSHIP SANS FAILLE Dans un contexte hostile, des dirigeants faisant preuve d’une fermeté inébranlable sont un élément essentiel pour franchir avec succès la phase initiale de planification et d’implémentation des mesures décidées. Il faut aussi être capable de prendre des décisions difficiles, si elles s’imposent, pour pouvoir rester fidèle aux objectifs fixés. Il est difficile de rester focalisé sur les objectifs essentiels alors que les sujets annexes abondent, et que nombreux sont les défis à relever et les luttes de pouvoir. Les principales qualités requises pour faire face à ces difficultés sont: (1) savoir communiquer clairement ce qu’on a à dire et donner le cap sans ambiguïté pour l’intégration; (2) être capable de prendre des décisions désagréables. Les décisions prises dans le flou ou laissées en attente altèreront la confiance dans la nouvelle équipe dirigeante combinée, avec des répercussions négatives imprévisibles sur presque tous les aspects des affaires. 4. - PRÉSUMER, PROJETER ET COMPOSER AVEC L’IMPRÉVISIBLE L’absence d’information est un des principaux écueils pendant la phase de planification de l’intégration suite à une OPA hostile. Les acquéreurs sont amenés à devoir se passer des informations critiques sur l’entreprise, ainsi que des détails sur les divisions, les produits et les fonctions et se contenter d’informations disponibles dans le domaine public et d’hypothèses. Nous recommandons donc de développer un certain nombre de scénarii logiquement concevables, en tenant compte de la situation du marché, de ses tendances et de son évolution possible, de la situation concurrentielle, et de réaliser des projections prévoyant des mesures d’atténuation des risques. Cette méthode ayant ses limites, évitez de faire des projets d’envergure qui engagent à long terme les deux BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013

le cœur et l’esprit

Planifier l’imprévisible

Il est normal de faire des erreurs

Un leadership fort

sociétés réunies avant la clôture. Il y a déjà beaucoup à faire afin de stabiliser la situation et prendre le contrôle. 5. - GAGNER LES ESPRITS ET LES CŒURS Le facteur humain est absolument critique. Un environnement hostile vous offre la possibilité d’opérer des transformations y compris au niveau organisationnel plus rapidement que dans des circonstances normales. Mais avant toute autre chose, parler aux cœurs et aux esprits des gens que vous voulez conserver auprès de vous est une priorité et, sans doute pour vous, le moyen le plus efficace qui vous est donné de stabiliser la situation et de faire repartir le processus de croissance de l’entreprise unifiée. Un traitement équitable de vos collaborateurs et collaboratrices ne signifie aucunement une contrainte et un appel à ne rien changer, bien au contraire, c’est l’occasion de réaliser la fusion des organisations, des régimes de prestations et des plans de motivation afin de supprimer rapidement la mentalité «eux contre nous» pour faire place à un «nous» collectif. Il ne faut surtout pas sous-estimer l’importance qu’un changement d’image et de nom pourrait avoir pour agir sur les esprits et changer les mentalités. Bien que certaines parmi ces stratégies ne soient pas sans rappeler celles qui accompagnent les transactions traditionnelles collaboratives, leurs exécutions prennent une forme sensiblement différente dans des environnements hostiles. Leur succès est en grande partie tributaire de l’usage qui sera fait de la période précédant la conclusion de la transaction, de l’implémentation d’un jour J bien délimité suivant cette clôture, en stabilisant promptement la situation et en prenant le contrôle pour pouvoir déployer les plans d’actions et de croissance. Une fois que les trois coups ont été frappés et que le rideau est levé, l’information se met à circuler (voir à inonder la scène). Prenez alors le temps d’analyser à nouveau la situation et de valider vos hypothèses. Mais ne prenez pas trop de temps toutefois. L’entreprise cible a certainement besoin d’un dialogue ouvert, de clarté et d’exécution rapide. Les entreprises capables de planifier et d’exécuter leurs plans sont assurées de garder la main et de réaliser les objectifs qui étaient à l’origine du projet de reprise de la société cible. n JBS & KKF


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.30 Stratégie enjeux

Pâris Bertrand Sturdza va au bout de ses convictions Avec la fin du secret bancaire, la gestion de fortune doit se réinventer, se rapprocher du client et mettre l’accent sur l’expertise et la performance. Fondée en avril 2009, la banque s’inscrit dans un nouveau modèle de gestion privée répondant aux données d’un marché qui reste porteur, à condition de respecter certains principes.

«I

l nous est arrivé de réduire la part actions à 0%. C’était en septembre 2011», se souvient Emmanuel Ferry, le Chief Investment Officer de la Banque Pâris Bertrand Sturdza SA («PBS»). Se dégager d’une certaine rigidité a été l’une des caractéristiques de la banque dès le début. L’histoire remonte à avril 2009: «la banque a été fondée en grande partie sous l’impulsion de nos clients», précise Olivier Bertrand, Associé Fondateur de la Banque précédemment Managing Director chez UBS où il a travaillé aux côtés de Pierre Pâris, autre Associé Fondateur. Dans le contexte de l’époque, celui de la crise financière, la confiance dans les grandes banques avait été ébranlée et surtout les clients qui ont suivi les associés de la nouvelle banque aspiraient à autre chose ; un service au plus près de leurs besoins. Une approche que résume Olivier Bertrand: «une relation de confiance et de conseil avec les clients, une recherche constante et indépendante des meilleures solutions sur le marché basée sur une architecture totalement ouverte et, à la différence d’une société de gestion, dans un cadre bancaire régulé».

Olivier Bertrand, Associé Fondateur Banque Pâris Bertrand Sturdza

BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013

Emmanuel Ferry, Chief Investment Officer Banque Pâris Bertrand Sturdza

De toutes ces qualités cependant, la flexibilité dans la gestion est peut-être la plus significative pour le client, car rester investi à certaines périodes représente un risque inacceptable. Dans de tels moments, il faut savoir se souvenir que le cash est une classe d’actifs à part entière et que c’est la seule à être sans risque de marché. Il y a bien sûr le risque de contrepartie qui est traité avec beaucoup d’attention par la Banque PBS. «Dans une situation extrême nous pouvons être à


enjeux

.31

© MirekP

Stratégie

100% en cash», relève Emmanuel Ferry. «Nous n’avons aucune contrainte financière ou structurelle qui nous pousse à rester investi en dépit du bon sens» complète Olivier Bertrand. Une autre spécificité de PBS est de préconiser une gestion active et ce parti pris requiert un certain courage tant l’argumentaire pour la gestion passive peut paraître convaincant de prime abord. LES INVESTISSEURS ONT UN CERTAIN TEMPS Sur cent ans, un portefeuille composé à 60% d’actions pour 40% d’obligations affiche une performance annuelle moyenne de 7,3%, soit 4,3% corrigée de l’inflation. «Les défenseurs de la gestion passive disent qu’une telle performance est satisfaisante. Mais ce qui ne l’est pas est le risque de baisse maximale qui atteint 73%. Il a fallu 24 ans pour récupérer le terrain perdu en 1929», explique Emmanuel Ferry. Pour un investisseur, même institutionnel, un tel horizon temps n’est pas envisageable. A long terme, certes, les pertes sont largement compensées mais à long terme, comme le disait John Maynard Keynes, «nous sommes tous morts». A plus court terme, les choses se présentent différemment: depuis 2000, les bourses européennes ont perdu 60% à deux reprises. «Il faut faire une performance de 150% pour compenser une telle baisse qui n’est en soi pas acceptable». Au surplus, aucune classe d’actifs ne répond à elle seule aux objectifs de performance et de risque d’un investisseur. Les obligations? Longtemps privilégiées par certains investisseurs, notamment institutionnels, elles deviennent maintenant un actif risqué. ...


.32 Stratégie enjeux

LA TENDANCE PERSISTANTE DES MARCHÉS Dès lors que, suivre et répliquer les indices n’est pas satisfaisant, une gestion active s’impose, ce qui n’est pas non plus sans risques. Une mauvaise décision d’investissement est lourde de conséquences, et c’est pourtant précisément les mauvais choix que les investisseurs sont portés à faire en cédant aux pressions émotionnelles. Résultat, on achète au plus haut et on vend au plus bas ; «pour éviter ce biais, il convient d’effectuer un processus d’allocation d’actifs sur une base disciplinée et systématique» précise Emmanuel Ferry. Cela ne veut pas dire agir dans une perspective trop théorique qui revient à ignorer la tendance persistante des marchés. Pendant dix ans, les taux d’intérêt à long terme étaient considérés comme trop bas, constate par exemple Emmanuel Ferry, ce qui devait normalement conduire à sous-pondérer les obligations américaines. Difficile à justifier a posteriori lorsqu’on sait qu’elles ont généré une performance moyenne de 7% entre 2003 et 2012. «Il existe un phénomène de persistance

Le Fonds PBS SMART Portfolio en faits et chiffres

PBS SMART Portfolio est une stratégie multi classes d’actifs, globale et dynamique qui offre : 1. Un niveau élevé de diversification via une exposition à plus de 20 sous-classes d’actifs 2. Une sélection indépendante de véhicules d’investissement (fonds et trackers) avec une approche «best in class» 3. Une «asset allocation» active, systématique et disciplinée La gestion active du PBS SMART Portfolio repose sur une pleine exposition aux marchés haussiers et un désinvestissement en phase baissière. Cette stratégie, développée depuis quatre années, a abouti au lancement d’un fonds UCITS IV fin août 2012. Douze mois après son lancement, la taille du fonds est déjà proche de CHF 200M et sa performance le place déjà dans le 1er quartile de l’univers des fonds diversifiés. La liquidité du fonds est quotidienne et trois parts sont disponibles : EUR, CHF et USD entièrement couvertes par rapport au risque de change. Un soin particulier à été apporté à la solidité du schéma opérationnel: le gérant est la Banque Pâris Bertrand Sturdza SA, la société de gestion est PBS Investments plc et les rôles de dépositaire et d’administrateur sont confiés à HSBC. Une équipe indépendante de l’équipe de gestion assure les fonctions de middle office et de contrôle des risques. L’audit est assuré par KPMG. Le fonds PBS SMART dispose déjà d’une base d’investisseurs large, diversifiée et internationale (clients privés, institutions, dont des family offices, caisses de pension et banques privées). Il a pour ambition d’être une solution clé en main de référence dans l’univers de la gestion patrimoniale et de l’allocation d’actifs flexible.

des tendances» observe Emmanuel Ferry qui parle aussi d’amplification. Ces phénomènes l’emportent sur la vision fondamentale des marchés qui incite à prendre des décisions apparemment fondées mais ensuite susceptibles d’être démenties par la tendance persistante des marchés. Olivier Bertrand parle, lui, «d’humilité face aux marchés» ce qui plaide également pour une approche systématique et non émotionnelle. Avoir raison sur les tendances ne suffit pas: il reste encore à déterminer le moment propice pour agir. Concrètement, il s’agit de capter les grandes tendances, et ensuite de déterminer le ou les instruments les plus adaptés pour en tirer parti. Il convient également de se montrer réactif : à la Banque PBS, l’allocation d’actifs est revue chaque mois et peut changer rapidement en cas de retournement de tendance. L’apparition d’une tendance baissière doit donner le signal à un désinvestissement. PLAIDOYER POUR UNE GESTION INDÉPENDANTE Dans cette perspective, l’indépendance de la gestion est un atout capital: «notre modèle repose sur l’expertise et le conseil en investissement et non pas sur la distribution et la vente de produits», souligne Olivier Bertrand qui insiste sur la relation de confiance avec le client, d’où la nécessité d’éviter strictement tout conflit d’intérêts. Des conflits d’intérêts qui peuvent aussi provenir d’une activité bancaire trop diversifiée, mais ce n’est pas le cas de la Banque Pâris Bertrand Sturdza qui se concentre uniquement sur la gestion de fortune pour clients privés et institutionnels. Le service au client passe aussi par une totale indépendance dans le choix des fournisseurs de solutions d’investissement. Dans cette optique, la banque se veut une structure «totalement alignée avec les intérêts de son client», ce qui implique aussi de s’organiser de façon à pouvoir lui consacrer suffisamment de temps. Un gestionnaire s’occupe ainsi d’un maximum de quarante clients, ce qui est conforme à la vocation d’une banque axée sur le conseil de qualité. Enfin, les investisseurs extérieurs à la Banque peuvent bénéficier de son approche de gestion grâce à la stratégie d’investissement PBS SMART Portfolio – disponible sous forme de fonds UCITS (voir encadré et sur www.pbsinvestments.com) - qui reflète la politique de gestion de la banque et qui, en moins de douze mois après son lancement affiche déjà un excellent track record et une fortune de l’ordre de CHF 200 millions. n

BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013

PAR MOHAMMAD FARROKH



.34 Conjoncture

© MirekP

enjeux

Vers un second semestre plutôt compliqué Pour Syz & Co, la seconde partie de l’année offrira quelques belles opportunités même si certains secteurs risquent de traverser une période de turbulence au cours des mois à venir.

B par Jérôme Schupp Responsable de la recherche, banque Syz & Co

ien qu’évoluant dans un environnement boursier semé d’embuches, le marché mondial des actions est parvenu à afficher une hausse de 10.3% durant les six premiers mois de l’année. Notons cependant que les indices régionaux qui ont été capables de battre cette performance sont bien peu nombreux. Parmi ces premiers de la classe, on trouve le Japon, dopé par un changement drastique de politique monétaire, les Etats-Unis, toujours présents dans les phases de rebond et soutenus par une économie en meilleure santé… et le marché suisse, qui a pu compter sur les valeurs pharmaceutiques et bancaires. Tous les autres principaux indices mondiaux, que ce soient l’Allemagne, le Canada ou encore l’Australie, affichent des performances bien inférieures. Et que dire des actions émergentes qui, elles, se retrouvent souvent en territoire négatif, à l’image du Brésil, de la Russie, de la Chine, de Hong Kong ou encore de la Corée du Sud?

BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013

LES ACTIONS COMME ACTIF AU PLUS FORT POTENTIEL D’APPRÉCIATION Pour ce second semestre, nous estimons que les actions bénéficient encore d’un potentiel d’appréciation, mais que celui-ci sera plus largement distribué que durant les 6 premiers mois de 2013. La très forte surperformance des titres japonais semble derrière nous. Le yen devrait désormais se stabiliser autour des 100 yens pour un dollar et ce sont bien les perspectives économiques japonaises qui dicteront la performance des actions ces prochains mois. Aux Etats-Unis, la situation est plus complexe. D’un côté, les fondamentaux économiques s’améliorent au fil des mois, ce qui est une bonne nouvelle pour la croissance bénéficiaire des entreprises, mais d’un autre côté, la Réserve Fédérale américaine devrait progressivement restreindre sa politique monétaire expansive, qui a tant soutenu les actions au cours des derniers trimestres. Cependant, même si les taux remontent, comme c’est


enjeux

Conjoncture

le cas depuis quelques semaines, nous estimons qu’ils restent trop bas pour impacter de manière significative les multiples de valorisation des actions. De plus, étant donné le faible risque inflationniste, les taux d’intérêt ne devraient pas afficher une forte remontée au cours des 12 prochains mois. Les actions européennes risquent de rester tiraillées entre le Nord - en meilleure forme et le Sud - très dépendant des décisions de la Banque Centrale Européenne. Nous restons à l’écart des pays émergents. En effet, la dynamique de croissance ralentit notamment au Brésil et en Chine et certains pays sont confrontés à une balance des comptes courants fortement déficitaires, ce qui entraîné une dépréciation de leur devise et obligé leur banque centrale à intervenir et à monter leurs taux directeurs ENCORE DU POTENTIEL POUR LES VALEURS PHARMACEUTIQUES Si l’on descend d’un niveau et que l’on raisonne au niveau des secteurs, nous privilégions toujours les titres pharmaceutiques. La croissance des bénéfices continuera à dépasser largement la hausse du PIB mondial pour les entreprises qui bénéficient des meilleurs portefeuilles de produits et d’une importante innovation. Leur capacité à générer du free cash flow reste impressionnante. C’est le cas notamment des deux grandes valeurs suisses, de Novartis et tout particulièrement du groupe Roche. Ce dernier a affiché une rentabilité opérationnelle de 40.7% pour le 1er semestre 2013! Roche dispose d’un portefeuille sans équivalent dans le domaine de l’oncologie, tandis que son voisin est en passe de négocier favorablement la perte du brevet de son produit phare Diovan, les nouveaux produits étant capables de compenser les pertes de chiffre d’affaires. L’allemand Bayer nous semble aussi particulièrement intéressant. Grâce au lancement de nouveaux produits à fort potentiel de vente, les marges de sa division pharmaceutique progresseront vivement ces prochaines années: son segment Agribusiness est très compétitif; quant à sa division Chimie, elle pourrait être cédée, ce qui entrainerait une hausse mathématique de la rentabilité moyenne du groupe. Les valeurs financières vont quant à elles bénéficier de la hausse des taux. Les assureurs vie pourront ainsi investir les nouvelles primes collectées à des taux plus élevés. Les banques font également leur retour, timide en Europe, mais bien plus marqué aux Etats-Unis. Recapitalisées, ces dernières bénéficient d’importants plans de baisse de coûts, mais aussi du retour de la banque d’affaires et d’une activité banque de détail qui reste très profitable dans les pays qui sont moins touchés par la crise économique et qui ne connaissent pas un éclatement de bulle immobilière. Là également, les grandes banques helvétiques peuvent tirer leur épingle du jeu. Tant le Crédit Suisse que l’UBS ont ...

.35

G4 + Suisse (Indice ISM Manufacturier)

source: Syz Asset Management

BRIC (Indice ISM Manufacturier)

source: Syz Asset Management BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013


.36 Conjoncture enjeux

... été capables d’afficher des fortes croissances de leurs résultats, en raison d’une présence mondiale dans le domaine de la gestion de fortune et d’un strict contrôle des coûts. Aux Etats-Unis, l’ensemble des grandes banques, mais aussi les établissements régionaux, a publié d’excellents chiffres semestriels, signe d’une santé retrouvée de l’économie nationale. Dans la zone euro, les banques du sud de l’Europe vont continuer d’afficher des rentabilités extrêmement faibles, en raison d’un besoin de provisions très élevé. L’immobilier espagnol est toujours en crise, tandis que le niveau de faillites reste élevé en Italie. Parmi les valeurs liées au cycle économique, le message général reste prudent, à l’image de BASF, le géant allemand de la chimie, ou encore du Suisse ABB, leader dans les domaines de la production et de la distribution d’électricité. Malheureusement, la demande en provenance des pays émergents à tendance à se tasser, tout comme la consommation; le néerlandais Unilever cite en premier lieu le Brésil et l’Inde. Dans ce secteur, ce sont plutôt les valeurs américaines qui, bénéficiant

Bilan des grandes banques centrales (% PIB)

source: Syz Asset Management BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013

d’un important marché national, s’en sortent mieux, à l’image de General Electric. ETRE «ACTIF» SUR LA PARTIE OBLIGATAIRE En ce qui concerne les taux d’intérêt, nous commençons à assister à une normalisation du niveau des taux aux Etats-Unis en rapport avec la croissance économique. Il en est de même en Grande-Bretagne, en Allemagne ou en Suisse. Les taux réels sont en passe de redevenir positifs. En effet, les taux nominaux ont quelque peu progressé depuis un an, alors que les attentes d’inflation ont reculé. Cette hausse des taux a été brutale en juin, suite aux propos du Président de la Réserve Fédérale américaine. Ils se sont quelque peu repliés depuis, car rien n’indique que les banques centrales retireront rapidement des liquidités du marché, la reprise économique américaine étant encore trop fragile. En Europe, on est très loin de parler de reprise. Il s’agit déjà de stabiliser la zone euro, plus proche du risque de déflation que d’inflation. Cependant, dans un contexte de hausse progressive des taux, seule une gestion active des portefeuilles obligataires permettra de générer une performance positive sur le second semestre. En Europe, les opportunités sont nombreuses, les perspectives étant différentes entre des obligations gouvernementales allemandes, espagnoles ou encore irlandaises. L’ère du «buy & hold» dans le domaine obligataire est révolue, à plus forte raison lorsque le soutien apporté jusqu’à présent par la Réserve Fédérale diminuera. LE DOLLAR DEVRAIT FINALEMENT S’APPRÉCIER Quant aux devises, tout plaide pratiquement pour une appréciation du dollar. Une économie plus dynamique, un déficit budgétaire qui se réduit rapidement, un différentiel de taux en faveur des obligations américaines… mais, pour le moment du moins, rien n’y fait! La politique expansive de la banque centrale empêche le dollar de s’apprécier. Nous pensons cependant qu’il ne s’agit que d’une question de temps et que le billet vert finira l’année à un niveau supérieur à l’actuel, tant vis-à-vis de l’euro que du franc suisse. Nous restons l’écart de la majorité des devises des pays émergents. Quant au franc suisse, nous n’avons pas été étonnés par sa légère dépréciation vis-à-vis de l’euro. Celle-ci pourrait se poursuivre, mais à un rythme lent et avec une faible amplitude. n JS


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Conjoncture

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© MirekP

Economie internationale et choix d’investissements

Selon Anne Richards, Chief Investment Officer chez Aberdeen Asset Management, la valeur des entreprises à suivre est à dissocier du contexte macroéconomique dans lequel elles évoluent. Banque&Finance: Selon vous, comment l’Europe rivalisera-t-elle selon vous à long terme face aux pays émergents ou aux Etats-Unis? Anne Richards: En tant qu’investisseur, il convient d’établir une nette distinction entre l’Europe économique et l’Europe des entreprises. Dans la première, la compétitivité est entravée par des problèmes tels que le vieillissement démographique et le haut niveau de l’endettement public – problèmes que les différents pays devront surmonter. L’Europe des entreprises, en revanche, jouit de perspectives bien plus positives, si l’on considère la multitude de sociétés leaders actives à l’échelle mondiale qu’abrite le Vieux Continent. Bon nombre de ces entreprises se caractérisent par une offre de produits unique et seront à même de tenir leur rang face à leurs homologues d’outre-Atlantique ou des marchés émergents. B&F: A votre avis, quels sont les changements structurels clés que la zone euro doit engager pour parvenir à s’imposer? AR: Le succès de l’entité politique et économique

qu’est l’Europe est important pour l’économie mondiale; ce postulat dépasse le seul cadre de la zone euro et concerne l’ensemble de la région. Les changements structurels nécessaires à l’échelle du continent sont ceux qui élimineront les entraves à la croissance et à la création d’emplois. Cela passera par une libéralisation du marché du travail dans certains pays et, dans d’autres, par une amélioration des infrastructures afin d’attirer les investissements étrangers – deux leviers qui peuvent contribuer à réduire un chômage structurellement élevé. B&F: Comment la politique pratiquée par la Fed au cours des cinq dernières années et celle menée par la BCE se comparent-elles? AR: C’est avant tout le contexte politique dans lequel la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) opèrent qui a différencié leur action au cours des cinq dernières années. D’une manière générale, la Fed peut agir sans subir les contraintes politiques qui s’exercent en Europe. La Fed s’est montrée ainsi plus accommodante en instaurant des ... BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013


.40 Conjoncture enjeux

... conditions et des incitations monétaires généreuses sous la forme d’un assouplissement quantitatif. Le retard de la BCE dans la mise sur pied d’un mécanisme pérenne, capable d’enrayer la crise de la dette souveraine illustre bien les antagonismes politiques en vigueur dans la zone euro. Rétrospectivement, la BCE s’est montrée réactive face aux événements, tandis que la démarche de la Fed s’est avérée plus proactive.

Anne Richards est Chief Investment Officer d’Aberdeen Asset Management. Elle y dirige en parallèle les stratégies d’investissement alternatives et la région EMEA. Anne Richards est l’un des directeurs exécutifs d’Aberdeen. Elle fut auparavant CIO et co-directrice générale d’Edinburgh Fund Managers, rachetée en 2003 par Aberdeen. Anne Richards est diplômée de l’Université d’Edinburgh (ELectronique et Ingénierie électrique) et elle a obtenu un MBA à l’Insead.

B&F: Quelles sont à présent vos plus grandes craintes à l’égard de l’économie européenne? AR: Dans les conditions actuelles, la conduite de la zone euro constitue un difficile exercice d’équilibre entre volonté politique et réalité économique. Notre inquiétude vient de l’écart qui se creuse entre les élites politiques et les citoyens qu’elles représentent. Ce décalage a poussé les politiques à privilégier des mesures de court terme dans une logique de réélection, aux dépens de programmes plus draconiens et potentiellement plus efficaces à long terme. Vu le chômage élevé et le vieillissement démographique que l’on retrouve dans plusieurs pays européens, le scénario du pire prend la forme d’une dépression longue et profonde, avec la spirale de la dette en toile de fond. A noter toutefois que ce scénario n’est pas inéluctable et qu’il peut être évité moyennant des mesures politiques adéquates. B&F: Dans cette Europe des entreprises, quelles sont les sociétés de qualité offrant les meilleures perspectives à long terme que vous avez identifiées? AR: L’Europe se caractérise par son histoire et par une forte concentration de pays. Conséquence: nous avons la chance de pouvoir investir dans un grand nombre de sociétés de classe mondiale, dotées de perspectives attrayantes à long terme au vu de la demande croissante que suscitent leurs produits. Le fabricant de cosmétiques L’Oréal est l’exemple même de ces sociétés de qualité dans lesquelles nous investissons. Au travers de son portefeuille de marques, il jouit d’un positionnement unique en termes de propriété intellectuelle et est appelé à tirer parti de l’émergence de la classe moyenne dans des régions telles que l’Amérique latine et l’Asie. L’entreprise danoise Novo Nordisk est un autre modèle du genre. Leader mondial dans le traitement du diabète, la société occupe une position dominante sur la majorité des marchés dans

BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013

lesquels elle opère et bénéficiera de la hausse de la prévalence à long terme de la maladie. B&F: Dans un environnement aussi tendu, quels sont les principaux critères sur lesquels se fondent vos décisions de placement? AR: Résister au flux de nouvelles macroéconomiques et éviter d’être trop influencés par le contexte macro des différents pays constitue l’une de nos priorités. Nous avons pour tâche de mener un processus de due diligence approfondi, et nous nous basons sur notre expérience pour identifier ces sociétés de qualité qui présentent des valorisations attrayantes. Cela ne veut toutefois pas dire que nous ignorons complètement l’impact qu’une économie domestique en difficulté peut avoir sur la marche des affaires d’une entreprise. Nous analysons plutôt ce type d’effet avec le scepticisme requis et examinons en détail la dépendance de l’entreprise en question à l’égard de la consommation discrétionnaire domestique. Nous sommes également à la recherche de sociétés capables de croître indépendamment de l’environnement macroéconomique. Dès lors qu’il est extrêmement difficile de prévoir l’évolution de la conjoncture et plus difficile encore de définir un market timing, nous laissons aux entreprises elles-mêmes le soin d’effectuer ce travail ardu pour nous et pour nos clients. B&F: Vous êtes, par formation, ingénieur en électronique et électrotechnique. Cette expertise scientifique vous permet-elle d’imaginer une approche différente de l’investissement? AR: Disposer d’un bagage scientifique ou technique apporte selon moi deux avantages dans l’univers de l’investissement. Le premier consiste à suivre une méthodologie stricte dans l’évaluation des objectifs, ce qui permet d’éliminer plus facilement le trop-plein d’informations en provenance des marchés et de se focaliser sur les fondamentaux essentiels. Le second avantage porte sur la capacité à identifier d’emblée le problème à résoudre, avant de s’attaquer à sa résolution. Dans la vie quotidienne en effet, on gaspille souvent beaucoup d’énergie en cherchant à répondre à la mauvaise question. A mon sens, l’expérience acquise dans le domaine scientifique ou technique aide à poser directement la bonne question. n PROPOS RECUEILLIS PAR

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FINANCE LE MAGAZINE DE LA PLACE FINANCIERE SUISSE


.43

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Maître-mot, l’adaptation

.44 ENQUÊTE SALAIRES 2013 TOP MANAGEment .45 BANQUE PRIVÈE ET GESTION D’ACTIFS .46 BANQUE D’INVESTISSEMENT, PRIVATE EQUITY .47 TROIS QUESTIONS À...STEPHAN SURBER .47

en partenariat avec PageGroup

.48

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le TRAVAIL, c’est (aussi) la SANTÉ

Evolution des métiers, poids croissant de la règlementation, environnement international en pleine évolution, autant d’éléments qui conduisent à des remises à plat des habitudes en matière d’organisation et de rémunération. L’occasion de regarder ce qui se passe du côté de l’emploi, des salaires, de penser à l’intégration efficace des nouveaux arrivants et de se souvenir de quelques règles de bon sens pour travailler dans des conditions épanouissantes! BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013


.44 Emploi, carrière, salaires sous la loupe

L’heure est aux ajustements RESSOURCES HUMAINES

Effectifs en baisse, mais pour le moment moins touchés que prévu, reprise des recrutements dans des domaines de spécialité, rémunérations en léger repli, le secteur s’adapte à la nouvelle donne. Sans trop de casse jusqu’à présent. Mais pour combien de temps?

I

l y a un an, lors de la première édition de ce numéro dédié plus particulièrement à l’emploi dans le secteur bancaire et financier, nous nous faisions l’écho des multiples craintes de la place concernant le nombre de licenciements possibles directement ou indirectement imputables à la crise et à ses conséquences colatérales. Sans atteindre les 15 à 30’000 pertes d’emplois prédites par certains, la baisse des effectives est patente. A la fin de l’année 2012, la Banque nationale Suisse recensait en effet quelque 128’900 salariés contre 132’500 douze mois auparavant. Ce recul d’un peu moins de 3% ramenait ainsi les effectifs au niveau de l’année 2009. La baisse s’est surtout concentrée sur les effectifs présents en Suisse (- 3000 personnes environ), les personnels à l’étranger étant en définitive bien moins touchés. En termes de type de banques, ce sont avant tout les grandes banques qui ont tranché dans leurs effectifs (-1400 dont les 2/3 hors Suisse). Les banques commerciales et les banques en mains étrangères ont plus légèrement suivi leur exemple. Et si les banques cantonales sont restées stables, il convient de noter la bonne tenue des banques régionales, des caisses d’épargne et la progression des entités Raiffeisen. Quant aux offres d’emploi, il est intéressant de noter que les statistiques réalisées par Michael Page à travers son Swiss Job Index ont montré, au cours des derniers mois (août excepté), une reprise incontestable estimée à environ +8%. L’explication

BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013

est venue de Charles Franier, le directeur exécutif de la branche du groupe spécialisée en recrutement de cadres: «La plupart des institutions financières ont désormais terminé leur restructuration. Elles renforcent désormais progressivement leurs équipes selon leurs besoins». Ce n’est une surprise pour personne, les recherches se concentrent surtout sur les juristes, les spécialistes du risque et le compliance. BAISSE GÉNÉRALISÉE DES BONUS L’enquête salaires dont nous publions aujourd’hui la mise à jour corrobore cette notion d’ajustements. Si l’on compare les données 2013 à celles que nous livrions ici même en septembre 2012, la tendance générale est à la baisse. Mais avec de fortes disparités. Si les salaires d’embauche des “juniors” sont souvent en recul, les rémunérations fixes des «seniors” sont généralement moins touchées, parfois stables voire en progression (banque d’investissement et private equity). Le seul point commun à toutes les catégories (à deux exceptions près) étant la baisse systématique du pourcentage des rémunérations variables, les fameux bonus. Preuve qu’au delà des déclarations d’intention, les banques ont réellement diminué les niveaux de ces éléments de rémunération complémentaires. Les plus touchés par ces ajustements sont finalement les traders. Faut-il y voir la transcription d’une nouvelle politique salariale ou une simple pause dans la tourmente économico-médiatique? Seul l’avenir nous le dira. n PAR FRÉDÉRIC BARILLET


sous la loupe

Emploi, carrière, salaires

.45

1 200 000.-

180 000.-

Les salaires des tops managers CHIEF EXECUTIVE OFFICER 0-3 ans

3-5 ans

5-10 ans

> 10 ans 2013/12

Rémunération minimale

280 000

400 000

450 000

600 000

Rémunération maximale

400 000

500 000

600 000

1 200 000

Bonus (%)

30-60

30-60

50-100

50-100

CHIEF OPERATING OFFICER

Méthodologie de l’enquête Salaires 2013 - PageGroup Cette enquête salaires a été actualisée à la fin du premier semestre 2013. Il convient de rappeler que de multiples facteurs dictent le salaire réellement payé: taille des entreprises, secteur, nature du poste, nombre d’années dans l’entreprise, les paiements au mérite, la responsabilité de personnels et l’implantation géographique. En outre, en raison des limites statistiques de cette enquête, certains salaires peuvent tomber en dehors de la plage définie. En Suisse, la plupart des salaires sont composées de deux éléments fixes et variables. Dans cette enquête, tous les salaires excluent l’élément variable communément appelé un bonus. Le potentiel de bonus est indiqué séparément pour chaque fonction présentée.

> 10 ans 2013/12

Ancienneté

0-3 ans

3-5 ans

10 ans

Rémunération minimale

180 000

220 000

250 000

320 000

Rémunération maximale

240 000

260 000

320 000

400 000

Bonus (%)

20-40

20-40

20-40

20-40

CHIEF FINANCIAL OFFICER Ancienneté

0-3 ans

3-5 ans

5-10 ans

> 10 ans 2013/12

Rémunération minimale

150 000

180 000

220 000

300 000

Rémunération maximale

220 000

220 000

320 000

450 000

Bonus (%)

20-30

20-30

20-30

20-40

CHIEF INVESTMENT OFFICER Ancienneté

0-3 ans

3-5 ans

7-10 ans

> 10 ans 2013/12

Rémunération minimale

180 000

240 000

300 000

350 000

Rémunération maximale

240 000

300 000

400 000

500 000

Bonus (%)

30-50

30-60

50-80

50-100

CHIEF RISK OFFICER < 10 ans 2013/12

Ancienneté

0-3 ans

3-5 ans

7-10 ans

Rémunération minimale

180 000

230 000

280 000

340 000

Rémunération maximale

230 000

280 000

340 000

400 000

Bonus (%)

20-30

30-40

30-50

40-70

Source des données: Michael Page International. Reproduction interdite sans autorisation.

BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013

RESSOURCES HUMAINES

Ancienneté


.46 Emploi, carrière, salaires sous la loupe

Banque privée et gestion d’actifs RELATIONSHIP MANAGERS - PRIVATE BANKING

Banque privée

400’000.-

120’000.-

Man. Dir. 2013/12

Fonction

AVP

VP

Director

Rémunération minimale

120 000

150 000

200 000

280 000

Rémunération maximale

150 000

200 000

280 000

400 000

Bonus (%)

0-30

20-50

30-80

30-100

RELATIONSHIP MANAGERS - INSTITUTIONAL SALES Fonction

AVP

VP

Director

Man. Dir. 2013/12

Rémunération minimale

125 000

150 000

180 000

240 000

Rémunération maximale

150 000

200 000

240 000

350 000

Bonus (%)

20-30

20-40

20-60

30-80

RESSOURCES HUMAINES

JUNIOR / ASSISTANT RELATIONSHIP MANAGEMENT > 10 ans 2013/12

Fonction

0-5 ans

5-10 ans

Rémunération minimale

60 000

80 000

100 000

Rémunération maximale

90 000

110 000

130 000

Bonus (%)

5-10

10-15

10-25

INVESTMENT ADVISORS - PRODUCT MANAGERS Fonction

AVP

VP

Director

Man. Dir. 2013/12

Rémunération minimale

100 000

130 000

160 000

240 000

Rémunération maximale

130 000

160 000

240 000

300 000

Bonus (%)

0-20

10-30

20-40

20-40

FUND / PORTFOLIO MANAGERS

Gestion d’actifs

350’000.-

Director Man. Dir. 2013/12

Fonction

Assistant

AVP

VP

Rémunération minimale

80 000

110 000

140 000

180 000

250 000

Rémunération maximale

110 000

140 000

180 000

240 000

350 000

Bonus (%)

0-15

10-20

20-40

20-50

30-60

RESEARCH / ANALYSTS BUY SIDE

80’000.-

Man. Dir. 2013/12

Fonction

AVP

VP

Director

Rémunération minimale

100 000

130 000

160 000

250 000

Rémunération maximale

120 000

160 000

240 000

300 000

Bonus (%)

10-20

20-40

20-60

30-100

RESEARCH / ANALYSTS SELL SIDE

BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013

Fonction

AVP

VP

Director

Man. Dir. 2013/12

Rémunération minimale

100 000

130 000

200 000

240 000

Rémunération maximale

130 000

180 000

240 000

>320 000

Bonus (%)

0-50

20-60

30-80

40-100


sous la loupe

Emploi, carrière, salaires

.47

Banque d’investissement, Private equity INVESTMENT BANKING / M&A Fonction

Traders

Analyst Associate

VP (Exec).Dir.

Man. Dir. 2013/12

Rémunération minimale

90 000

130 000

160 000

220 000

300 000

Rémunération maximale

130 000

160 000

220 000

300 000

500 000

Bonus (%)

10-40

20-50

30-60

40-80

50-100

300’000.PRIVATE EQUITY

75’000.-

Analyst Associate Invest.Man.

Invest.Dir. Partner/MD 2013/12

100 000

120 000

150 000

200 000

260 000

Rémunération maximale

140 000

150 000

200 000

280 000

400 000

Bonus (%)

0-20

10-30

30-50

40-70

50-120

TRADERS Fonction Associate

Man. Dir. 2013/12

AVP

VP

Director

Rémunération minimale

75 000

100 000

140 000

180 000

240 000

Rémunération maximale

100 000

140 000

180 000

240 000

300 000

Bonus (%)

0-30

0-50

20-100

30-100

30-150

Source des données: Michael Page International. Reproduction interdite sans autorisation.

Trois questions à... Stephan Surber Directeur PageExecutive Banque&Finance: Les turbulences qui entourent la législation fiscale impactentelles l’emploi des cadres? Stephan Surber: C’est certain. Il y a aujourd’hui sur le marché du recrutement de plus en plus de demandes pour des candidats dotés d’un réel savoirfaire en termes de fiscalité, de droit et de compliance. B&F: Comment les différentes branches de l’activité bancaire (retail, wealth, investissement, banque privée) se comportentelles? Si des différences existent, comment les expliquez-vous? SS: La banque de détail est très stable et une source de revenus solide. Le Private Banking est aujourd’hui engagé dans un processus de transformation lourde qui va encore durer deux ans. En raison de la situation fiscale en Suisse, beaucoup de banques privées vont devoir revoir leur taille à la baisse, certaines risquent même tout bonnement de disparaître. Les zones géographiques qui ont le vent en poupe sont la CEI, le Moyen-Orient, l’Asie et l’Amérique latine.

La banque d’investissement, elle, continue sa cure d’amaigrissement et le repositionnement de son personnel en Suisse. Les centres de décisions sont de plus en plus souvent rapatriés à Londres, qui devient le cœur de l’activité Banque d’investissement. Quant à la gestion d’actifs, elle va se consolider l’année prochaine en raison du rôle de régulation de la FINMA. Certains groupes de moyenne et de grande taille tireront leur épingle du jeu. Les petites structures, elles, vont se battre pour survivre ou se rapprocheront des gros gestionnaires d’actifs. B&F: Comment «sentez»-vous le marché pour le second semestre 2013 et peut-on déjà prévoir les tendances 2014? SS: En 2013, l’accent va continuer d’être mis sur le front-office. Et si la bourse reste bien orientée, nous pensons que 2014 confirmera la tendance plus positive que nous avons enregistrée depuis le début de l’année en matière de recrutement. n

BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013

RESSOURCES HUMAINES

Fonction Rémunération minimale


.48 Emploi, carrière, salaires sous la loupe

Coachez vos équipes! RESSOURCES HUMAINES

Dirigeants, cadres supérieurs, gestionnaires externes, banques et institutions financières n’échappent pas aux sirènes du coaching. Pratiqué par des pros, ses effets sont réels et quantifiables.

«C

e n’est pas parce que vous avez obtenu de brillants résultats dans la société que vous venez de quitter que vous allez automatiquement renouveler cette performance chez votre nouvel employeur. Connaître son métier est une chose, s’imprégner de la culture et des habitudes d’un nouvel environnement en est une autre. Voilà le type de missions que nous confient nos clients». Katarina Burrus sait de quoi elle parle. Pour cette ancienne cadre bancaire, l’envie de voler de ses propres ailes a été plus forte que le doux confort du sérail. PhD en développement humain et organisationnel en poche, elle a décidé de créer son activité en 1994, par goût du contact. «Jusque là, je vivais dans un monde où tout était lié à la finance. Mais ce qui m’intéressait, c’était le côté humain, relationnel». Aujourd’hui, la structure qu’elle dirige, MKB Coaching et Conseil, implantée à Vandœuvres, s’est spécialisée dans le top management. Outre le traditionnel media training, désormais incontournable pour tout dirigeant désireux de maîtriser ses interventions médiatiques, ses interlocuteurs viennent chercher en elle une compétence très particulière qu’elle doit à une enfance et une adolescence multiculturelle: sa connaissance de la psychologie de ceux qu’on appelle les “dirigeants nomades”. Enfants de la globalisation, multilingues, ils ont pour caractéristique d’être souvent très à l’aise lorsqu’il s’agit de s’adapter rapidement à un nouveau cadre de vie. Ce qui en fait des candidats extrêmement sérieux pour les entreprises à vocation internationale

BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013

ou pour celles qui disposent de filiales à l’étranger. Mais le coaching de cadres ne se limite bien évidemment pas à ces profils. Pour une banque ou une institution financière, comme pour toute autre activité, la capacité d’adaptation d’un cadre nouvellement recruté et la durée de cette transition sont devenues des éléments clés de productivité. Autre cas de figure, la nomination d’un cadre à un poste plus élevé. Avec son cortège de difficultés visibles ou cachées parmi ses anciens collègues. Il est parfois (souvent?) difficile, en effet, d’accepter que son homologue devienne du jour au lendemain son “patron”. Le rôle du coach permet de rationaliser les analyses, de mettre chacun en position d’exprimer un point de vue et d’accompagner le changement. De même, le recours à un coach pourra se révéler extrêmement utile lorsque l’entreprise se trouve en face d’un de ces cadres que Katarina Burrus nomme les “dirigeants abrasifs”. Si leur compétence est reconnue, leur incivilité est telle qu’elle devient un handicap pour la performance de toute l’équipe. Avant d’en arriver aux solutions extrêmes, le coach peut permettre de désamorcer les tensions. Chacun est alors amené à faire un pas vers l’autre pour nouer ou renouer le dialogue. Autant de situations qui parlent pour le recours à un coaching professionnel, clairement centré sur des problématiques opérationnelles. Un bon moyen de s’éviter la gestion de ces blocages irrationnels qui font souvent le quotidien de bien des dirigeants d’entreprises. n PAR FRÉDÉRIC BARILLET


.49

Notre engagement à long terme auprès de nos clients constitue la pierre angulaire de notre stratégie.

Rue du Rhône 96-98 | CP 1320 | 1211 Genève 1, Suisse Tél. +41 58 819 21 11 | Fax +41 58 819 22 00 | ubp@ubp.ch | www.ubp.com BANQUE&FINANCE N°119 I 2 TRIMESTRE 2013 E


.50 Emploi, carrière, salaires sous la loupe

RESSOURCES HUMAINES

QUE DIT LA LOI? La loi fédérale sur l’assurance-accidents précise dans l’article 82 l’obligation des employeurs «de prendre, pour prévenir les accidents et maladies professionnels, toutes les mesures dont l’expérience a démontré la nécessité, que l’état de la technique permet d’appliquer et qui sont adaptées aux conditions données.» Par ailleurs, il doit faire collaborer les travailleurs aux mesures de prévention des accidents et maladies professionnels. Les travailleurs sont, quant à eux, «tenus de suivre les prescriptions sur la prévention des accidents et maladies professionnels. L’article 6 de la loi fédérale sur le travail dans l’industrie, l’artisanat et le commerce précise que l’employeur est tenu de prendre toutes les mesures “pour protéger l’intégrité personnelle des travailleurs.” Il doit notamment “aménager ses installations et régler la marche du travail de manière à préserver autant que possible les travailleurs des dangers menaçant leur santé et du surmenage.” Les seconds sont tenus de seconder l’employeur dans l’application des prescriptions sur la protection de la santé.

BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013

Le travail c’est (aussi) la santé La Commission fédérale de coordination pour la sécurité au travail a mis en ligne un nouvel instrument interactif pour informer dirigeants et collaborateurs sur la protection de la santé au travail et prévenir les accidents. Les banques sont bien évidemment concernées.

C

haque année, 1,6 million de journées de travail sont perdues en raison de douleurs musculo-squelettiques. L’impact sur l’économie nationale est estimé à trois milliards de francs: il faut en effet prendre en compte les échéances reportées, les remplacements à organiser, ou encore les heures supplémentaires des autres collaborateurs. «Ces chiffres sont élevés et varient peu, explique Serge Pürro, directeur de la Commission fédérale de coordination pour la sécurité au travail CFST. Dans le secteur des banques et de la finance, le nombre d’accidents est fort heureusement peu élevé. Mais le secteur tertiaire, dans son ensemble, représente tout de même plus de la moitié des accidents professionnels. Il était donc nécessaire de rendre attentives toutes les entreprises de services à ces questions par notre action Prévention au bureau (www.prevention-au-bureau.ch)». En moyenne, on estime que chaque journée d’absence coûte près de 600 francs à l’employeur. La CFST vient d’obtenir un certificat de mérite de l’Association internationale de la sécurité sociale

pour son outil d’information en ligne interactif, la box CFST (www.box-cfst.ch). Celle-ci propose une visite virtuelle de diverses situations de bureau pour signaler les dangers potentiels. Cette box est destinée au secteur tertiaire, avec une partie gauche sur planification et aménagement du bureau qui s’adresse aux responsables, et une partie droite sur l’ergonomie du poste de travail et la prévention des accidents ciblant tous les collaborateurs. «Le comportement des gens vis-à-vis des médias a beaucoup changé, poursuit-il. C’est pourquoi nous avons recouru à un instrument qui répond au besoin actuel de s’informer en ligne, avec un outil interactif et divertissant. Ainsi, chacun peut-il s’installer à son poste de travail et l’adapter pour le rendre plus ergonomique. En revanche la planification du bureau, son agencement, son éclairage, sont rarement de la compétence directe du collaborateur.» Le travail dans un bureau peut en effet avoir des conséquences durables sur la santé en raison de l’environnement général dans lequel travaillent les collaborateurs et ces derniers peuvent souffrir de problèmes dorsaux, de troubles musculo-squelettiques, d’irritations ...


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.52 Emploi, carrière, salaires sous la loupe

... des voies respiratoires (dans les bureaux climatisés notamment), de troubles visuels ainsi que de problèmes psychiques dus au mobbing et au stress.

RESSOURCES HUMAINES

Sur la box, deux personnages, Sophie et Alex, dispensent en trois langues nationales (français, italien, allemand) et en anglais leurs conseils pour améliorer concrètement la sécurité au travail et la protection de la santé au bureau. Le site est clair, facile à utiliser, les situations concrètes et les explications simples. Pour les dirigeants, l’idée est d’améliorer l’aménagement de l’espace, le climat, l’éclairage et l’insonorisation des lieux. Cela va d’un éclairage minimal de 500 Lux au placement des salles de réunion, ainsi que des télécopieurs et photocopieuses. Dans la partie qui concerne l’ensemble des collaborateurs, les conseils portent sur le réglage et l’installation du siège, de la table, de l’écran, ainsi que le clavier et la souris selon les besoins du salarié. Ce sont des notions concrètes qui ont trait au quotidien des collaborateurs du secteur tertiaire. «Notre maître mot est qu’il est possible d’apporter d’importantes améliorations dans l’organisation générale du bureau et du poste de travail de chaque collaborateur, sans que cela nécessite pour autant des investissements coûteux, précise-t-il. Un poste mal aménagé peut avoir des conséquences sur la santé du salarié et peser sur les finances de l’entreprise. C’est l’affaire de tous.» Tous

les points sont abordés, comme le réglage du siège, du bureau, des accoudoirs, inclinaison du dossier de la chaise, ajustement du soutien lombaire. Les outils de travail ne sont pas oubliés: à quelle distance et à quelle hauteur installer son écran, comment disposer la souris et le clavier, où placer ses documents de travail? Ce sont des questions que les collaborateurs ne se posent pas toujours et la CFST propose ainsi un outil interactif de formation et d’information. Pour prévenir les accidents au travail, la CFST a identifié les dangers potentiels et indique comment les désamorcer. Un tiers des accidents est dû à une chute, parce qu’une personne trébuche ou tombe d’un escabeau de fortune en essayant d’attraper un dossier. Laisser les voies de circulation libres, refermer les tiroirs après usages, signaler les seuils, ne pas déposer d’objets lourds en haut des armoires, mais le plus bas possible: là encore les conseils sont simples, mais on estime que chaque année sur mille personnes employées dans les entreprises des services, 50 sont victimes d’un accident. Les quatre chapitres actuels de la CFST n’englobent pas tous les aspects de la sécurité au travail et de la protection de la santé. De nouveaux contenus sont donc en développement et seront en ligne d’ici octobre 2013. n PAR DOROTHÉE THÉNOT

Le bureau ergonomique en pratique Une table de bureau doit être réglable en hauteur entre 65 et 85 centimètres pour être adaptée à la taille de chaque collaborateur. Pour les postes de travail utilisés plus de 25 heures par semaine, un bureau ajustable entre 65 et 125 cm permettra de travailler assis ou debout et donc d’alterner sainement les activités pouvant être effectuées dans l’une ou l’autre de ces positions. Une table doit avoir une taille minimum de 80 cm par 160 cm pour permettre de placer l’écran, le clavier et la souris correctement. Un siège ergonomique dispose d’un dossier réglable en hauteur ou d’un soutien

BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013

lombaire pouvant être ajusté séparément. Les accoudoirs ne sont pas nécessaires, mais si le siège en est équipé, ils doivent être réglables en hauteur, largeur et profondeur. L’intensité de l’éclairage de travail doit pouvoir être adaptée individuellement et ne pas éblouir. Pour les activités sur écran, veiller à choisir une lumière blanche plutôt neutre ou chaude située sur une plage de 3300 à 5300 Kelvin. Les bruits sont un facteur de distraction important et peuvent fortement diminuer les performances de travail. Le niveau

sonore d’un poste de travail ne devrait pas dépasser 65 décibels, ce qui correspond à un environnement dans lequel on peut s’entretenir sans difficulté avec son interlocuteur sans être obligé de hausser la voix. Dans les bureaux, la température idéale se situe entre 21 et 23 degrés Celsius et l’humidité de l’air peut varier entre 30 et 65%. S’il y a un système de climatisation, la température intérieure ne doit pas descendre pas à plus de 8 degrés en dessous de la température extérieure en été. Le système de climatisation doit faire l’objet d’un entretien régulier. n


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Être livré aux fluctuations du marché ? Pas avec nous. L’argent fait le bonheur quand on a la chance d’enregistrer un rendement positif, même si le contexte du marché est difficile. Profitez de notre stratégie de placement Absolute Return qui a fait ses preuves et atteste d’excellentes performances. Faites-nous confiance et investissez dans le Swisscanto (LU) SICAV II Bond Absolute Return. N’hésitez pas à vous renseigner sous www.swisscanto.ch/absolutereturn ou auprès du conseiller de clientèle de votre banque.

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PRENEZ NOTE

18 et 19 septembre 2013 - Bâtiment des Forces Motrices (BFM), Genève

KEYNOTE SPEAKERS

Patrick Artus chef stratégiste Natixis

Susan Greenfield Jean Fuchs Scott Weber neuroscientifique président de directeur général et écrivain l’Association d’Interpeace Luxembourgeoise des Professionnels du Patrimoine

Nicolas Giannakopoulos founding partner, Global Risk Profile

David Hiler conseiller d’Etat, République et Canton de Genève

TABLES RONDES ❚

Investissement immobilier

Formation continue et best practices

Marketing, communication et leadership financier

Gestion d’actifs, planche de salut de la place financière suisse ?

Conseillers et gérants de patrimoines indépendants : qui, quoi, où, comment ?

LE SALON DES GÉRANTS AUTRES THÉMATIQUES ❚

Développements réglementaires

Conjoncture économique

Centres financiers

Gestion d’actifs

Fiscalité

Services bancaires

Organisation : Voxia communication François Fragnière - T +41 22 591 22 62 - francois.fragniere@voxia.ch

DE PATRIMOINES

Sergio Ermotti président de la direction générale, UBS

SPONSORS Aberdeen Asset Management Answer SA Aristophil SA Association Luxembourgeoise des Professionnels du Patrimoine Banque Cantonale Vaudoise Banque Cramer & Cie SA Banque Hottinger & Cie SA Banque J. Safra Sarasin SA Carmignac Cornèrcard CornèrTrader E-MERGING FBT Avocats SA Financière de l’Echiquier Fundana SA Gibraltar Funds & Investments Association IAM Independent Asset Management Interiman Banque et Finance iShares IWI International Wealth Insurer JP Morgan Asset Management KeeSystem KPMG SA M&G Investments Mirabaud & Cie Banquiers Privés Natixis NGAM Switzerland Plates-formes sodi SA S.A.G.E. SA Saxo Bank (Suisse) SA SPDR - State Street Global Advisors Strateo Swiss & Global Asset Management Ltd TeamWork Management SA TMF Group Tocqueville Finance Varenne Capital Partners Zuercher Kantonalbank programme complet ? sponsors ? conférenciers ? keynote speakers ?

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.55

© istockphoto

SPECIAL INDÉPENDANTS

Focus

Une profession qui cherche sa voie A quelle sauce la gestion de patrimoine indépendante sera-telle accomodée dans les mois à venir? Les discussions vont bon train. Si les pratiques et les textes vont indéniablement bouger, si certains parlent de fusion ou, pire, de disparition, reste que ce qui a fait la force des indépendants demeure: la volonté d’entreprendre et d’aller, souvent seul, à la rencontre de leurs clients. Voici quelques pistes de réflexion et quelques idées d’activité en Suisse et hors Suisse qui pourraient bien intéresser les plus proactifs.

BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013


.56 Wealth Insurance

spécial indépendants

Parfois désigné sous l’appellation «assurance patrimoniale», le Wealth Insurance désigne les solutions d’assurance vie sur mesure destinées au segment de clientèle particulier des (Ultras) High Net Worth Individuals.

Le Wealth Insurance, un atout déterminant Mario da Costa Chief Markets Officer, IWI International Wealth Insurer, Luxembourg

N

ouvelle tendance, le Wealth Insurance couvre expressément les besoins et attentes d’une clientèle fortunée, avisée et exigeante. Les gestionnaires indépendants, family offices et banquiers privés disposent donc à présent d’un outil supplémentaire qui s’inscrit en complément des autres produits proposés, et qui peut faire toute la différence. La mise en place d’une solution d’assurance vie sur mesure relève d’une méthodologie rigoureuse. Celle-ci recouvre plusieurs étapes allant de la compréhension des besoins du client à l’élaboration de la solution, en passant par l’examen minutieux de sa situation BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013

personnelle, familiale et professionnelle actuelle, des contraintes et du contexte juridique et fiscal qui lui sont spécifiques. Cette démarche fait appel à la fois à des compétences juridiques, fiscales et financières. Cela implique que l’assureur sache travailler de concert avec les conseillers du client et mobilise toute l’expertise requise avec comme seule motivation le respect des objectifs du client et la satisfaction de ses besoins. Néanmoins, lorsqu’il s’agit de Wealth Insurance, les exigences du client vont au-delà du produit d’assurance vie usuel. C’est ici qu’intervient le savoirfaire de l’assureur et que les compétences requises deviennent

particulièrement pointues, notamment dans sa capacité de mettre à disposition des équipes dédiées et pluridisciplinaires et de s’associer à des experts de renom pour développer des solutions sur mesures adaptées à la demande et intégrées dans l’approche globale envisagée. A QUI PROPOSER UNE SOLUTION DE WEALTH INSURANCE? Dans un monde caractérisé par la mobilité des personnes et des capitaux, et par l’évolution constante de l’environnement économique et politique, l’assurance vie constitue une solution particulièrement souple et


spécial indépendants

Wealth Insurance

durable. Le nombre de délocalisations géographiques s’est considérablement accru. L’année passée, une centaine des plus grandes fortunes de France s’est exilée, pour s’installer, en grande partie, en Belgique, en Suisse et à Londres. Les médias estiment qu’un tiers des multimillionnaires français s’expatrie, sans compter les Français déjà expatriés qui renoncent à rentrer en France après avoir fait fortune à l’étranger. Avec la compétition fiscale entre pays, la mobilité géographique devient partie intégrante du mode de vie des grandes fortunes. Ces délocalisations sont aussi le fait des parcours professionnels, par exemple chez les sportifs qui ont une carrière professionnelle internationale. Dans ce cas, le Wealth Insurance peut constituer un très sérieux atout, au bénéfice tant du conseiller que du client. Ces solutions sont effectivement conçues pour s’adapter aux différentes législations et ne pas perdre le bénéfice d’un contrat. Avec un assureur spécialisé, le client ne se voit pas simplement proposer un contrat, il est conseillé sur l’opportunité mais aussi sur le meilleur moment pour souscrire (avant ou après sa délocalisation). La solution d’assurance ayant pour vocation première d’être un produit à long terme, elle est à même de suivre le client dans toutes les évolutions de sa situation personnelle, familiale et

professionnelle, et de répondre aux imprévus, par exemple en modifiant la stratégie d’investissement ou encore en adaptant la clause bénéficiaire afin de gratifier une personne de son choix. Aujourd’hui, les familles fortunées souhaitent obtenir des solutions internationales. Et ce type de solution requiert une expertise particulière. Le Wealth Insurance s’adresse à une clientèle privée et internationale. L’assurance vie a pleinement sa place dans le cadre d’une planification successorale, c’est même - à condition de choisir le bon interlocuteur - un véritable facteur de succès. IWI a développé un mode de fonctionnement approprié aux standards des clients de banques privées ou de family offices. Il s’agit du Private Insurance Center. Celui-ci recouvre plusieurs éléments: une approche orientée client, des processus au sein de la compagnie mais aussi des collaborateurs dédiés qui disposent du degré d’expertise requis pour élaborer les solutions de Wealth Insurance. Pour assurer un service haut de gamme et une ingénierie de haute volée, une équipe dédiée est mise en place pour chaque partenaire. Le Relationship Manager, assisté d’un membre du Distribution Support, travaille en étroite collaboration avec les départements Wealth Solutions, Wealth Analysis & Planning et Business Legal. Le

Private Insurance Center passe donc par une équipe interne d’experts en matière juridique et fiscale mais aussi, si nécessaire, par une étroite collaboration avec des réseaux d’avocats internationaux de premier plan. C’est un fonctionnement qui a fait ses preuves sur le segment de clientèle des (U)HNWI. POURQUOI OPTER POUR UNE SOLUTION LUXEMBOURGEOISE? Alors qu’en termes de produits et de possibilités d’investissement, la réglementation luxembourgeoise est caractérisée par sa souplesse et son pragmatisme, elle est particulièrement rigide en matière de protection des avoirs placés en assurance vie. De fait, la sécurité est un atout des produits d’assurance vie luxembourgeois. Le Luxembourg peut se prévaloir du régime de protection des avoirs placés en assurance vie le plus solide d’Europe. Le régime de la Libre Prestation de Services (LPS) permet à un non-résident luxembourgeois de bénéficier du régime de protection unique des investisseurs propre au Luxembourg. Il s’agit d’un mécanisme communément appelé «Triangle de sécurité». Ce mécanisme repose sur un accord tripartite (Convention de Dépôt) entre: • la compagnie d’assurance vie, • l’autorité de contrôle du secteur

.57

des assurances à Luxembourg (le Commissariat aux Assurances), • et la banque dépositaire. La séparation des actifs La réglementation définit deux types de patrimoines au sein de la compagnie d’assurance: d’une part, le «patrimoine réglementé» qui correspond à l’ensemble des actifs sous-jacents aux contrats appelés «actifs représentatifs des provisions techniques», d’autre part, le «patrimoine libre» qui correspond aux actifs propres de la compagnie. La loi impose une nette séparation entre les actifs représentatifs et les actifs propres de la compagnie: ils doivent être logés sur des comptes bancaires distincts. La compagnie d’assurance est par ailleurs tenue de déposer les actifs représentatifs auprès d’une banque préalablement agréée par le CAA (Commissariat aux Assurances). Le Grand-Duché va plus loin dans la protection de ses épargnants et assurés en obligeant la banque dépositaire à opérer également une ségrégation des actifs des clients des compagnies d’assurance déposés chez elle. La supervision de l’autorité de contrôle Les deux niveaux de ségrégation des actifs (au niveau de l’assureur et de la banque dépositaire) sont contrôlés chaque trimestre par le CAA. Le CAA vérifie en outre que l’entreprise d’assurance dispose ...

BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013


.58 Wealth Insurance

spécial indépendants

LA MÉCANIQUE DES FID

... d’ «actifs représentatifs» suffisants pour faire face à ses engagements à l’égard de ses clients. Il contrôle également la marge de solvabilité. Les compagnies d’assurance sont tenues de disposer d’une marge de solvabilité suffisante destinée à combler l’insuffisance éventuelle du patrimoine réglementé. Le super-privilège La loi luxembourgeoise octroie aux souscripteurs d’un contrat d’assurance vie luxembourgeois la qualité de créanciers privilégiés de 1er rang de la compagnie d’assurance sur la masse des «actifs représentatifs». Ce privilège du souscripteur, connu sous le nom de super privilège, prime tous les autres créanciers quels qu’ils soient. Il devance tous les autres créanciers privilégiés, y compris l’Etat, la Sécurité Sociale et les salariés. En cas de défaillance de la compagnie d’assurance, le CAA peut procéder au blocage des comptes bancaires détenus par la compagnie d’assurance auprès de la banque dépositaire pour protéger les droits des souscripteurs. Plus aucune opération ne peut alors être effectuée sur ces comptes sans accord préalable du CAA. Le super privilège permet aux clients de récupérer en priorité les créances relatives à l’exécution de leurs contrats d’assurance. Les possibilités en termes de sous-jacents L’assurance vie luxembourgeoise offre des possibilités inaccessibles avec la plupart des autres contrats européens, qu’il s’agisse de sousjacents, de modularité ou encore

CLIENT

MEMBRE FAMILLE 1

MEMBRE FAMILLE 2

Contrat d’assurance vie 1

Contrat d’assurance vie 2

Contrat d’assurance vie 3

souscrivent, définissent la/les stratégies(s) d’investissement et versent les primes

Fonds Internes Dédiés «Multi-FID - Umbrella»

FID A X% des avoirs

FID B X% des avoirs

Banque dépositaire A agréée par le CAA*

Banque dépositaire A ou B agréée par le CAA*

Gestionnaire financier A

Gestionnaire financier B * Commissariat aux Assurances

de portabilité du contrat. Au-delà de 250’000 euros, la gamme de produits accessibles s’élargit en fonction du montant du contrat et du patrimoine total de l’investisseur. Ainsi, avec un contrat de 250’000 euros, le souscripteur accède aux contrats dédiés, lesquels ouvrent la porte de la gestion personnalisée. Celle-ci est alors confiée à un professionnel qui compose un portefeuille avec, au Luxembourg, un choix d’actifs sous-jacents plus important que la plupart des pays européens : OPCVM, fonds alternatifs, fonds immobiliers, actions, obligations, instruments financiers. Autre atout spécifique, le contrat luxembourgeois donne accès à des actifs financiers sophistiqués: Fonds d’Investissement Spécialisé (FIS), Société d’Investissement à Capital A Risque (SICAR), actifs non cotés, ou encore actifs à liquidité réduite. Les clients qui disposent d’un patrimoine important peuvent souhaiter investir tout ou partie de leur actif dans un domaine

BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013

bien précis. Le Wealth Insurance permet de mettre en place un fonds interne dédié (FID) au client ou un fonds familial, conçu sur mesure, en fonction de sa situation personnelle, professionnelle, et patrimoniale. Le FID est un fonds sur mesure géré de manière discrétionnaire par un gestionnaire d’actifs professionnel conformément à une stratégie d’allocation préalablement définie. L’intérêt de ce type de solution est d’avoir un meilleur contrôle de la gestion, du respect des objectifs et restrictions prévues dans le règlement de gestion, et d’éviter de subir des pertes en raison de rachats effectués à un mauvais moment par un co-investisseur. Pour réaliser une gestion familiale et élargir les limites d’investissement, un FID peut être partagé par plusieurs contrats (FID Umbrella). Il est aussi possible d’avoir au sein d’un même contrat plusieurs FID gérés par des gestionnaires d’actifs différents et déposés auprès

de plusieurs banques dépositaires différentes (Multi-FID). En effet, le contrat luxembourgeois autorise la diversification et la multigérance. L’investisseur choisit le gestionnaire d’actifs qui sera désigné par la compagnie pour gérer le fonds. Il peut confier la gestion de son contrat à plusieurs banquiers ou gérants d’actifs. Comme évoqué précédemment, la plupart des investisseurs fortunés ont, à un moment ou à un autre, des opportunités ou des désirs de mobilité. Le contrat d’assurance vie luxembourgeois est une des rares solutions susceptible de les «accompagner» dans leurs itinéraires de carrière et de vie. Les compagnies d’assurance vie luxembourgeoises ont développé une expertise unique dans l’accompagnement des clients internationaux fortunés, en tenant compte des particularités fiscales et légales de chaque pays. n MDC


.59


.60 Fonds Souverains

spécial indépendants

La gestion externalisée des actifs de fonds souverains est une opportunité souvent ignorée des sociétés de gestion indépendantes.

Gérants indépendants,

pensez aux Fonds souverains! Pierre-Emmanuel Iseux Member of the Group Executive Board, La Compagnie R. Hottinger

L

es fonds souverains sont des fonds d’investissement gouvernementaux responsables de la gestion d’actifs correspondant le plus souvent à une logique de long terme. Les actifs sous gestion proviennent de nombreuses sources, mais la plupart des fonds sont alimentés par les rentes pétrolières, gazières, minières ou autres excédents commerciaux des pays propriétaires. L’objectif de gestion des actifs est toujours de pérenniser les ressources à disposition pour un transfert vers de futures générations, qu’ils soient des fonds de stabilisation, d’épargne, de réserves ou de développement. BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013

Depuis 2006, plus de 40 fonds souverains ont été créés. C’est surtout la hausse du pétrole et d’autres matières premières qui ont forcé de nombreux états à diversifier les réserves financières domestiques dans des investissements souvent considérés plus durables. On compte aujourd’hui plus d’une centaine de fonds pour un volume d’actifs estimé à plus de 3’000 milliards de dollars américains, soit presque 1,5% du marché mondial des obligations et actions. Ces véhicules d’investissement, exposés aux marchés internationaux, peuvent voir leurs objectifs évoluer dans le temps. Par exemple, un fonds prévu pour

stabiliser les revenus du pays peut muter en un fonds de financement des retraites ou de développement des infrastructures du pays. On a donc pour les fonds souverains deux types de profils: 1. l’un est politique, pour représenter l’État et ses intérêts économiques; 2. l’autre est financier, pour diversifier ses revenus et assurer une partie des besoins financiers éventuels ou futurs du pays. Le récent développement de ces fonds dans des pays souvent émergents a toutefois suscité une méfiance des pays industrialisés propriétaires d’actifs potentiellement à vendre. C’est pourquoi les


spécial indépendants

Fonds Souverains

accords de Santiago dirigés par le Fonds Monétaire International, en collaboration avec l’OCDE, ont établi en 2008 un accord de contrôle et d’établissement de bonne pratique des investissements des fonds souverains. Ces accords ont pris la forme de recommandations se rapportant aux politiques d’investissement, de financement, de gestion des risques, de cadre juridique et de transparence. Par ailleurs, les fonds souverains ont aussi une éthique et des standards se rapportant à la moralité et à l’intégrité. Les mêmes règles couvrent les abus commis, ainsi que les opérations d’initiés, conflits d’intérêts, politique de communication des actifs en portefeuille et différents contrôles afin d’éviter toute activité non éthique ou frauduleuse. Enfin les différenciations des fonctions entre le comité d’investissement, les équipes de gestion et les banques dépositaires permettent de limiter toutes actions inadéquates ou non éthiques. Gestion externalisée et comité d’investissement Les fonds souverains, dont la taille peut être très importante, bénéficient souvent d’une structure et d’une organisation interne leur permettant de gérer leurs portefeuilles. Toutefois, de nombreux fonds, surtout de tailles moins importantes, confient la gestion de leurs actifs à de nombreux gérants externes. Même si pendant longtemps, la gestion de ces actifs a été confiée principalement à de grandes banques occidentales, aujourd’hui, de plus en plus de sociétés de gestion indépendantes, bénéficiant de processus d’investissement reconnus,

sont sélectionnées par les fonds souverains. Mais c’est toujours les dirigeants des fonds, à travers un comité d’investissement, qui définiront l’allocation d’actifs confiés aux gérants choisis. Le comité d’investissement est généralement constitué de représentants gouvernementaux, banque centrale, organisations financières internationales, risk manager… A titre d’exemple, environ 75% de la gestion des actifs d’Abu Dhabi Investment Authorities (ADIA) est confiée à des gérants extérieurs. Les décisions d’investissement des fonds souverains, internalisés ou externalisés, sont faites principalement au travers un cahier des charges défini par un comité d’investissement pour servir deux types d’objectifs: • La recherche d’une performance attractive: l’objectif est d’investir dans des classes d’actifs avec un horizon à long terme pour obtenir un rendement espéré. • La recherche d’un résultat stratégique bénéfique au développement du pays propriétaire: à l’image d’un fond de private equity, l’objectif est d’accompagner le développement de sociétés privées parfois domestique afin de participer au développement des tissus industriels et commerciaux du pays. Dans les deux cas, les sociétés de gestion indépendantes sont toujours sollicitées pour leurs expertises spécifiques, leurs processus d’investissement et la régularité de leurs performances positives passées. Allocation d’actifs et gestion des risques En définissant des objectifs précis, le comité d’investissement adopte

automatiquement une stratégie d’allocation qui deviendra le cadre dans lequel devront être gérés les fonds confiés aux gérants externes, c’est-à-dire la perception du risque et les préférences de rendement. Il convient toutefois de différencier les fonds de stabilisation des autres types de fonds. En effet, la gestion du risque est la principale préoccupation des fonds de stabilisation afin, par exemple, de protéger le budget d’un Etat contre la volatilité des prix des matières premières, alors que pour d’autres types de fonds, c’est surtout la maximisation de la richesse et de la rentabilité à long terme qui prévaut. Pour ces autres fonds, la stratégie d’allocation d’actifs et les processus de gestion utilisés sont totalement différents. Par exemple, la constitution d’un portefeuille diversifié dans plusieurs secteurs et plusieurs pays avec une partie prépondérante en actifs à risques, à savoir actions cotées et obligations de différents credit ratings. Ces fonds sont clairement gérés en investissement long terme avec un objectif précis de collecte

.61

de primes de risques, afin d’augmenter le rendement potentiel global. En matière de gestion de risque, plus les échéances possibles ou probables d’utilisation des capitaux du fond sont proches, moins le fonds aura de flexibilité dans sa recherche de performance et devra réduire son risque afin de garantir le capital potentiellement nécessaire. Toute société de gestion peut ainsi prétendre gérer pour fonds souverains, à condition qu’elle présente les éléments nécessaires à la sélection: solidité du processus de gestion, structure de gestion de contrôle et gestion des risques, régularité des performances passées... Enfin, une connaissance culturelle locale est aussi souvent un facteur clé de succès à l’obtention de mandat de gestion pour les fonds souverains.

Exemple de composition de portefeuille défini par un comité d’investissement d’un fond souverain

Répartition du portefeuille par classe d’actifs

Min.

Max.

Actions pays développés

25%

50%

Actions pays émergents

10%

30%

PME

1%

5%

Obligations d'État

10%

30%

Crédit

0%

20%

Alternatif

0%

10%

Immobilier

5%

20%

Capital investissement

0%

10%

Infrastructures

1%

10%

Liquide

0%

20%

BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013


.62 Juridique

spécial indépendants

Nouvelle mutation de l’environnement réglementaire à l’horizon pour les gérants de fortune indépendants: la Suisse veut faire évoluer sa Loi fédérale sur les services financiers.

Surveillance prudentielle, changement de cap en vue Frédérique Bensahel FBT Avocats

Pierre-Olivier Etique FBT Avocats

L

es gérants de fortune indépendants bénéficient en Suisse d’un cadre légal et réglementaire très souple. Ainsi, chacun peut offrir en Suisse des services de gestion de fortune s’il respecte les exigences fixées par la loi sur le blanchiment d’argent (LBA) et se conforme, en cas d’offre des parts de fonds de placement dans le cadre d’un mandat de gestion, aux règles de conduite établies par l’association professionnelle à laquelle il est affilié. Ce régime, fondé sur l’autorégulation et qui constitue une «exception helvétique», est appelé à disparaître.

BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013

Sur mandat du Conseil fédéral, le Département fédéral des finances (DFF) a publié, le 18 février 2013, un rapport relatif à un projet de «Loi sur les services financiers» (FIDLEG) ci-après dénommé le «Rapport DFF». Ce document pose les bases d’une future réglementation qui s’appliquerait de manière transversale à tous les acteurs du marché et à tous les produits financiers. L’objectif est double. D’une part, il s’agit d’améliorer la protection du client, un objectif qui, favorisé par le contexte de crise financière de 2008 et les pertes subies par les investisseurs suite à la faillite de la banque d’affaires Lehman

Brothers et la fraude Madoff, se trouve au cœur de la plupart des récentes initiatives législatives en matière bancaire et financière au plan international. D’autre part, le projet FIDLEG doit permettre à la Suisse d’adapter son droit des marchés financiers aux standards européens, en particulier la directive européenne concernant les marchés d’instruments financiers, qui est en cours de révision (projet MiFID II), dans la perspective d’un accès des prestataires suisses au marché européen des services financiers. L’un des grands axes de cet impor-


spécial indépendants

Juridique

tant chantier législatif est d’assujettir tous les gérants de fortune à un régime de surveillance prudentielle. Ce dernier ne concernerait que les gérants de fortune et non les conseillers en placement. Deux modèles sont à l’étude: une surveillance exercée soit directement par l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA), soit par un organisme d’autorégulation (OAR) auquel le gérant de fortune devrait s’affilier (à l’instar de ce qui prévaut actuellement en matière de lutte contre le blanchiment d’argent). Un consensus semble se dessiner dans l’industrie en faveur de ce second modèle, plus proche du système actuel. Pour obtenir une autorisation, le nouvel assujetti devra disposer de ressources financières suffisantes, ainsi que d’une organisation adéquate. Il devra par ailleurs être dirigé par des organes compétents garantissant une activité irréprochable et être doté d’un personnel qualifié qui sera soumis à des obligations de formation et de perfectionnement. Le Rapport DFF n’apporte aucune précision sur les exigences financières et organisationnelles à charge du gérant de fortune. Celles-ci s’orienteront très vraisemblablement vers celles qui s’appliquent aux gestionnaires de placements collectifs de capitaux, soit un capital social minimal de 200’000 francs et des fonds propres en suffisance, déterminés en proportion des coûts fixes. Au plan organisationnel, on peut s’attendre à ce que la FINMA porte son attention sur le système de

Les nouvelles règles de conduite imposeront des obligations qui vont au delà du régime d’autorèglementation actuel, même si certaines d’entre elles sont déjà contenues dans les règles-cadre de la Finma révisées avec effet au 1er juillet dernier.”

corporate governance au sein de la société du gérant de fortune (check and balances), ainsi que sur les fonctions de compliance et de gestion des risques. Les standards en la matière, fixés par l’autorité de surveillance dans le cadre de la pratique développée à l’égard des gestionnaires de placements collectifs, sont élevés; ils constitueront à n’en pas douter l’un des principaux défis auxquels devra faire face le gérant de fortune contraint de solliciter une autorisation pour poursuivre son activité. Un autre axe important de la future réglementation sur les services financiers qui aura un impact direct sur les gérants indépendants consiste dans l’instauration de règles de conduite pour l’ensemble des prestataires de services financiers, indépendamment de leur statut réglementaire. Actuellement, seuls les gérants qui offrent des parts de fonds de placement à leurs clients dans le cadre de la gestion sont obligatoirement assujettis aux règles de conduite de leur association professionnelle, lesquelles sont fondées sur les

Règles-cadres de la FINMA pour la gestion de fortune. Au plan matériel, ces nouvelles règles de conduite imposeront des obligations qui vont au-delà du régime d’autoréglementation actuel, même si certaines des propositions formulées sont déjà contenues dans les nouvelles Règles-cadres de la FINMA, qui viennent d’être révisées (avec effet au 1er juillet dernier). Ainsi, le Rapport DFF propose d’introduire des devoirs d’information étendus à la charge du prestataire de services financiers sur les caractéristiques, les coûts et les risques des produits financiers offerts. Par ailleurs, le rapport préconise qu’avant d’entrer en relation d’affaires avec un client, le gérant indépendant devra s’assurer que ses prestations (de conseil en placement ou de gestion de fortune) sont en adéquation avec l’expérience, les connaissances, la situation patrimoniale et les objectifs d’investissements du client (suitability test). Ce test d’adéquation, qui est calqué sur le modèle

.63

de la directive MiFID, a déjà été consacré dans son principe par le Tribunal fédéral; il est également repris dans la version révisée des Règles-cadres de la FINMA. La proposition du DFF va toutefois plus loin que la jurisprudence du Tribunal fédéral et les propositions de la FINMA, dans la mesure où le gérant devrait documenter les informations relatives à la situation du client (et non se contenter des déclarations de ce dernier) et, s’il ne parvient à obtenir tous les renseignements nécessaires de la part du client, s’abstenir d’offrir sa prestation de gestion ou d’exécuter la transaction en cause. La future FIDLEG traitera également de la délicate question des rétrocessions. Le client pourra y renoncer, mais il devra être informé du montant et des paramètres de calcul de celles-ci. Le Rapport DFF tient ici compte des dernières évolutions jurisprudentielles, lesquelles ont d’ores et déjà été introduites dans la version révisée des Règles-cadres de la FINMA. Il ajoute cependant des conditions nouvelles, puisqu’il n’admet ces rétrocessions que si elles servent les intérêts du client et contribuent à améliorer la qualité du service fourni. L’option d’une interdiction pure et simple des rétrocessions en faveur des gérants de fortune indépendants est même envisagée dans le Rapport DFF. Enfin, diverses mesures sont proposées en vue d’améliorer la mise en œuvre des prétentions civiles des clients. Les litiges entre un client et son gérant pourraient ainsi être portés devant une instance de médiation, qui ...

BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013


.64 Juridique

spécial indépendants

... pourrait émettre des recommandations ou même prendre des décisions. Le Rapport DFF va jusqu’à proposer que le prestataire de services financiers supporte l’intégralité des frais du procès (et en fasse l’avance) même s’il devait obtenir gain de cause devant les tribunaux, ce dans le cas d’un avis préalable favorable de l’instance de médiation sur l’issue du litige. En plus de cette «assurance financière» accordée à l’investisseur, ce dernier bénéficierait d’un renversement du fardeau de la preuve en cas d’action à l’encontre de son gérant: ce ne serait plus au client de prouver une violation des devoirs de diligence de son mandataire, mais bien à ce dernier de démontrer qu’il a géré les avoirs de son client dans le cadre du mandat qui lui a été confié. On peut craindre que ces mesures conduisent à une «judiciarisation» excessive des rapports entre clients et prestataires de services financiers. Quoi qu’il en soit, elles feront, à n’en pas douter, l’objet d’âpres débats au cours du processus législatif à venir. Un avant-projet de loi pour-

rait déjà être mis en consultation à l’automne 2013 et la FIDLEG pourrait entrer en vigueur dans un délai de deux à trois ans. Si le législateur suit, dans leur esprit, les propositions présentées par le DFF, le projet FIDLEG va imposer aux gérants indépendants un véritable changement de culture dans la manière d’appréhender leur profession. Ceux-ci devront se doter d’une organisation leur permettant de faire face à leurs nouvelles obligations légales et réglementaires. Les coûts de fonctionnement générés par l’adaptation à ce nouvel environnement réglementaire vont sans aucun doute provoquer une concentration des acteurs du marché, un mouvement qui est annoncé depuis un certain temps par l’industrie, mais qui ne s’est pas encore véritablement amorcé. Le projet FIDLEG comporte par ailleurs un enjeu sous-jacent de taille pour le développement de la gestion de fortune suisse: l’accès au marché européen des services

Le législateur suisse serait ainsi bien avisé de suivre de très près l’évolution de la réglementation européenne en matière de surveillance prudentielle”.

financiers. En effet, le projet de directive MiFID II actuellement en discussion exige des prestataires étrangers qui souhaitent offrir leurs services en Europe qu’ils justifient d’une surveillance prudentielle équivalant aux standards européens en vigueur. L’accès doit toutefois en principe se faire au moyen d’une succursale approuvée dans un pays de l’Union européenne et est notamment subordonné à la conclusion entre la Suisse et l’Etat membre d’accueil de la succursale d’une convention fiscale conforme aux standards OCDE. La partie est donc loin d’être gagnée. Le législateur suisse serait ainsi bien avisé de suivre de très près l’évolution de la réglementation européenne sur ce sujet avant d’imposer aux acteurs de la gestion de fortune des exigences qui pourraient affecter la diversité de l’offre et, en définitive, l’attractivité et la compétitivité de ce segment important de notre industrie financière. n FB ET POE


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.70 Ailleurs vous

Iles Philippines

BANQUE&FINANCE N째121 I 4E TRIMESTRE 2013


vous

Ailleurs

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PAR BERNARD PICHON Chroniqueur

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Un remède efficace contre le blues automnal Soucieux de prolonger l’été, le touriste helvétique pourrait bien viser les plages balinaises ou thaïlandaises, légitimement qualifiées de paradisiaques. L’économie des Philippines, dont le PNB flirte avec les 100 milliards de dollars, repose prioritairement sur l’agriculture, un secteur toutefois peu compétitif (12,3% du PIB) par manque d’infrastructures. Les principales cultures sont le tabac, l’ananas, la banane, le riz, la canne à sucre et les mangues, exploitées notamment dans l’impressionnante usine de Profood, à Cebu, où elles sont conditionnées par milliers de tonnes. Le secteur des services représente plus de la moitié du PIB et bénéficie du mouvement des délocalisations d’entreprises occidentales tels que les centres d’appel. La population philippine travaillant à l’étranger participe largement à l’économie nationale (environ 10%).

M

ais sait-il seulement que pour un temps de vol à peine prolongé, ce sont potentiellement 7’000 îles que les Philippines encore mal connues -, offrent à sa découverte? La dernière barrière terrestre avant l’ouverture sur le grand large de l’Océan Pacifique déploie un spectaculaire éventail de beautés naturelles propices à l’activité sportive et au farniente. Les montagnes du nord de Luzon appellent à la randonnée, les grottes de Samar à la spéléologie, les plages de Boracay à la planche à voile. Quant aux plongeurs, ils explorent les richesses du milieu sous-marin, notamment du côté de Palawan (pour les plus nantis), une île si idyllique que certains épisodes de Koh Lanta y furent tournés. Ce chromo de carte postale peine toutefois à dissimuler la triste condition d’une grande partie de la population, malgré l’un des taux de croissance les plus élevés d’Asie (+ 6,6% en 2012). Dans ce pays aux 100 millions d’habitants, le dramatique fossé entre riches et pauvres ne tarde pas à frapper le visiteur de Manille, Cebu et autres grandes concentrations urbaines où une misère noire croupit à l’ombre des clinquants totems de la mondialisation. A Obando, la voiture croise une

procession dédiée au saint patron local: fanfares, majorettes, grillades, stands de pacotilles. Trois siècles de colonisation espagnole n’ont pas fait que greffer le catholicisme sur l’arbre des croyances ancestrales, par ailleurs toujours vivaces ici et là; ils ont aussi légué aux Philippines un riche héritage d’églises baroques, centres de la vie collective. Cinq décennies de protection américaine ont aussi laissé des traces: «Nous autres Philippins avons tendance à dépenser l’argent du mois avant d’en connaître la couleur», déplore encore un autochtone dans la langue des USA, couramment pratiquée sous ces latitudes. Avec ses célèbres «collines de chocolat», la région de Bohol étonne même les Helvètes blasés du Toblerone. Brun sur vert: de curieuses concrétions pointent jusqu’à l’horizon leurs reliefs féminins sur une végétation peuplée d’étranges créatures. Bienvenue dans le biotope du tarsier, le plus petit primate du monde, aux allures d’E.T! C’est sans doute l’image de ce survivant préhistorique - aujourd’hui menacé - que les enfants ramèneront d’un voyage dans l’archipel. Imprimée sur leur t-shirt coloré, elle témoignera d’une destination qui a bien plus à offrir que son légendaire sourire. n

en Pratique

S’Y RENDRE Singapore Airlines relie quotidiennement Zurich à Singapour en A380, puis garantit de bonnes correspondances vers les Philippines. Pour ceux qui en ont les moyens, la classe affaires est un véritable must. Y SEJOURNER Tourasia, le grand spécialiste suisse de l’Asie propose une très large gamme d’hôtels et de forfaits adaptés à toutes les attentes.

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BANQUE&FINANCE N°121 I 4E TRIMESTRE 2013


.72 La bibliothèque de ... vous

Propos recueillis pAR ODILE HABEL Journaliste

o.habel@banque-finance.ch

Christian Jacot-Descombes PREMIER VICE-PRÉSIDENT DE BCV GROUP RESPONSABLE DE LA COMMUNICATION DE LA BCV

Lecteur sélectif, Christian JacotDescombes privilégie les supports virtuels, les idées provocatrices et la belle écriture.

Parcours Après des études en psychologie à l’Université de Genève, Christian Jacot-Descombes, 57 ans, a commencé sa carrière comme journaliste à L’Hebdo, puis à la Radio Suisse Romande en tant que producteur. Il a aussi été présentateur à la Télévision Suisse Romande à plusieurs occasions. Aujourd’hui, Christian Jacot-Descombes est à la tête de la communication à la BCV. Il est aussi premier vice-président de BCV Group.

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Banque&Finance: Le mot qui résume votre bibliothèque? Christian Jacot-Descombes: Virtuelle. Ça prend moins de place. Les livres qui nous ont marqués sont assimilés. Ce qu’ils contiennent d’essentiel influence notre système de pensée dans chacune de nos réflexions. Il est donc inutile de les garder ou d’y revenir. B&F: Quel genre de lecteur êtes-vous? CJ-D: En ce qui concerne les livres: chaotique et dans une proportion inverse au volume de stress de la vie quotidienne. Pour l’information tout court: pur addict, car la prise d’information est plus rapide qu’avec les supports audiovisuels. B&F: Où achetez-vous vos livres? CJ-D: Amazon, des ouvrages pour Kindle. B&F: Comment rangez-vous votre bibliothèque? CJ-D: Mon Kindle les classe par ordre alphabétique, sauf erreur. B&F: Votre bibliothèque idéale? CJ-D: Encore quelques achats et Amazon saura mieux répondre à cette question à mon sujet que moi! En attendant, je citerai le très beau dialogue Houellebecq - Lévy; Bret Easton Ellis pour

l’ensemble de son œuvre lucide; Baudelaire pour «les Fleurs du Mal»; Chessex pour sa magnifique écriture; Alan Greenspan, pour sa fantastique autobiographie montrant comment l’on devient président de la réserve fédérale US après avoir commencé sa carrière aux côtés de Stan Getz, le plus grand saxophoniste de tous les temps. Foenkinos aussi. Qui écrit bien et illustre à merveille ce paradoxe de la France qui du fond de son désarroi réussit encore à nous faire rire. Murakami: il court comme moi. Lentement, mais en profitant de l’intelligence accrue, malheureusement temporaire, que provoque l’afflux sanguin cérébral lié à l’effort de longue durée. Je pense aussi à Martin Sutter dont la modernité témoigne de l’avance de Zurich sur le reste de la Suisse. B&F: Le livre qui a marqué votre jeunesse? CJ-D: J’ai beau chercher quelque chose de plus «érudit», mais c’est toujours la trilogie de Pagnol qui me revient en premier. B&F: Celui que vous relisez jusqu’à le connaître par cœur? CJ-D: Je ne relis jamais aucun livre, tout comme j’évite de revoir un film, même ceux que j’adore. La vie est trop courte pour ne pas se consacrer entièrement à la nouveauté.

B&F: Celui dont vous n’avez jamais dépassé la 20e page? CJ-D: Tous les ouvrages dont il est évident que l’auteur confond écriture et psychothérapie. Je considère que notre système de mutualisation des soins de santé me dispense de la lecture de ces pénibles déballages. B&F: L’écrivain avec qui vous voudriez refaire le monde? CJ-D: Michel Houellebecq, mais ce serait difficile. Il est plus destructeur que constructif. Douglas Kennedy serait bien aussi vu qu’il passe son temps à refaire la vie de ses personnages, mais il me fait pleurer. Dans le fond, ce serait Ayn Rand, dont «Atlas Shrugged» est considéré comme l’un des ouvrages fondateurs du courant libertarien. Je partage à l’extrême son admiration pour les créateurs de valeur (producers) et son dégoût pour les pilleurs (looters). B&F: Le livre que vous offrez spontanément à un ami? CJ-D: Celui dont il semble le plus avoir besoin. A l’occasion d’un récent déménagement de nos locaux, j’ai offert à tous mes collaborateurs un exemplaire de «l’art de l’essentiel» de Dominique Loreau. Ça nous a permis d’éradiquer, en partie, toutes sortes de bibelots et autres souvenirs pesants. n



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