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BANQUE & FINANCE

Banque & Finance N°108

BANQUE &

FINANCE LE MAGAZINE DE LA PLACE FINANCIERE SUISSE

No u for vell mu e le

N°108

Mars/avril 2011

CHF 12.- / 8€

Sous la loupe Marchés émergents, du mirage à la réalité Investir 12 classes d’actifs, 12 avis d’experts Juridique et fiscal Le FACTA, ses enjeux réels Jürg Bucher, Directeur général de La Poste et responsable de PostFinance

+100 000 clients en 2010

PostFinance

DÉRANGE! UneV2 108.indd 1

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L’édito

Didier Planche Directeur de la publication & Rédacteur en chef

@ d.planche@banque-finance.ch

Une aberration!

P

ostFinance ne deviendra pas une «vraie» banque. Car la Division des services financiers de La Poste, prochainement transformée en SA de droit privé avec le géant jaune comme actionnaire unique, devra se contenter d'une licence bancaire «hybride», de deuxième catégorie, le parlement et le Conseil fédéral l'ayant décidé ainsi dans la nouvelle législation postale. Ce statut presque créé sur mesure, du moins est-il tentant de le supputer, ne la dispensera aucunement de l'obligation d'augmenter ses fonds propres et de renforcer sa révision interne, entre autres exigences de l'incontournable FINMA. En revanche, PostFinance n'aura toujours pas la latitude d'offrir des crédits hypothécaires et commerciaux sous son nom propre. Donc aucune opportunité de privilégier ses investissements sur le territoire national, alors que l'injection de capitaux pourrait profiter pleinement au tissu des PME. Et puis cette clause ridicule segmentant avec rigidité les placements entre la Suisse et l'étranger compliquera toujours la répartition des risques. Certains argumentent que la cause n'est pas encore définitivement enterrée, puisqu'une initiative populaire lancée par des syndicalistes et les socialistes devrait donner lieu à une votation populaire. La motivation permet d'espérer, mais lorsque la partie adverse se compose des pouvoirs législatif et exécutif, il convient de regarder la réalité en face. En plus, cette initiative se trompe d'objectif en se focalisant sur le financement intégral du réseau postal par PostFinance, afin d'éviter son démantèlement progressif, mais nullement sur les moyens à donner à la division financière pour assurer son épanouissement capitalistique. Quoi qu'il en soit, la future licence «hybride» de PostFinance s'apparente bien à une aberration, un non-sens économique, car elle élimine les fructueuses perspectives de développement

que pourrait connaître l'établissement financier en revêtant le statut d'une «banque à part entière». Sans parler des marges qu'il n'aurait plus à partager avec ses partenaires. Certes, PostFinance affiche déjà une croissance insolente, année après année, grâce à l'augmentation régulière de sa masse sous gestion et du nombre de clients, notamment. Et alors? Est-ce une raison pour limiter son ascension? Ce choix politique de pénaliser PostFinance, en la maintenant sciemment en ligue B du secteur bancaire, vient de la crainte de ne plus disposer des revenus financiers de cette «vache à lait» ou «poule aux oeufs d'or», qui permettent d'éponger les pertes récurrentes du réseau postal, ou tout au moins de le subventionner, malgré les efforts menés pour compresser ses coûts. Plus pernicieux encore, ce choix politique émane, à n'en guère douter, de pressions «amicales» qu'exercent certains établissements bancaires sur leurs représentants siégeant au Parlement, pour que ces élus se démènent pour que jamais, ô grand jamais, PostFinance ne devienne une «banque à part entière». Combien sont-ils ceux qui jouent ce rôle funeste en touchant des jetons de présence des conseils d'administration des banques cantonales, des UBS et CS (et pourquoi pas du partenaire Valiant), ainsi que d'autres instances décisionnelles des Banques Raiffeisen, Migros ou Coop, pour ne citer que les principales enseignes apeurées par la concurrence bien réelle de PostFinance? Empêchée de jouer à armes égales avec ses challengers bancaires, la division des services financiers de La Poste est donc sacrifiée au nom de stricts intérêts privés et, quelque part, pour masquer les lacunes d'un secteur public déliquescent. Cela se nomme la médiocrité. En tout cas, PostFinance dérange, comme la présente édition de Banque&Finance le titre en Une.

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Sommaire L’invité

6

6

Jürg Bucher

La concurrence peut s'inquiéter!

n°108

Temps forts 11

Décryptage

14

Acteurs

16

la parole est à...

17

En toute liberté

18

a la tribune

20

sous les projecteurs

22

le dessous des cartes

24

si j'étais banquier

FINMA, gestion des risques et droits étrangers

Mars - avril 2011

Nominations et promotions

Christophe Gancel De la caricature à la réalité

BANQUE &

11

Francis Sermet Les leçons de la crise financière

Roger Nordmann La Suisse ou les banques?

FINANCE

Le retour des banquiers à Davos

LE MAgAZINE DE LA PLACE FINANCIERE SUISSE

Le moralisme fiscal annihile toute morale

Pierre-Alain Schnegg Banquiers et PME, si différents?

Sous la loupe

28 Pavel Laberko Habib oueijan

LES MARCHÉS ÉMERGENTS

27

Russie et Qatar, un booster nommé Coupe du monde

31

Tim Mccarthy

Les capitaux affluent vers les marchés émergents

32 William Yuen

L'Asie au cœur d'une dynamique

35 Daniel tassan-din Russie et Argentine en point de mire

36 Nicolas clavel

Miser sur le secteur de la consommation en Afrique

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Sommaire

Investir

. 38

55

art

76

suivre

56

le cocktail du gérant

78

solutions bancaires

Investir par passion

Actions Suisses et zone euro

Une allocation d'actifs offensive

L'euro, la clé pour les actions européennes?

39

Actions Monde

40

marché obligataire

58

stratégies

Et si l'on parlait du renminbi

Alain Freymond (BBGI-Group) L'originalité dans l'institutionnel

41

Devises

60

stratégies

42

Fonds de placement

62

patrimoine & successions

64

Dividendes: rendement et stabilité

44 46

Juridique & fiscalité

Fonds de placement immobiliers

Le juste milieu

hedge funds

Evasion fiscale, les enjeux du FACTA Depuis un an, les USA resserrent l'étau, ce qui contraint les banques à faire des choix stratégiques; à plus long terme, c'est toute la coopération internationale en matière fiscale qui est en jeu.

Une alternative aux matières premières?

48

produits dérivés

L'intérêt des indices algorithmiques

49

produits structurés

Couverture dynamique sans options

José Pedro Caldeira La Banque Privée Espírito Santo cultive son ADN

64

juridique & fiscalité

66

normes & régulation

Un monde de défis

68

diriger

Silvana Cavanna Du bon sens et bien s'entourer

69

prévoir

Quelle prévoyance pour demain?

71

recruter

72

se perfectionner

Le négoce en quête de ressources (humaines)

cfinancials

52

Pétrole, jouez la hausse!

matières premières

Le Compliance Officer, gardien de la légalité

54

private equity

74

communiquer

75

Savoir

Redevenir l'acteur de notre propre image

MBO et pérennité de la PME

38

48

Investir

40

berg.com www.bloom a.com soram www.bour.reyl.com www

ÉS

François Savary

s suisse

Action

Vice President, Equity Derivatives & Fund Products, Credit Linked Suisse

Roy Damary

des Directeur nts, Investisseme

Cie REYL & marché obligataire

xpert

Banque & Finance: Les dérivés permettent-ils Je peux acheter effectivement une action ou une allocation effi une obligation, mais ciente des risques? plus bas et avec les futures sont une transparenc un Frédéric Rouiller: e bon moyen pour supérieure. Un Oui, ils assurent investir ons dans des éventail très large ndati une gestion effi de indicesmma stratégies a été cace des risques Reco sur actions. Depuis peu, il développé. at : pour les entreprises, existe d’entre elles permettent Certaines même des à l’ach comme nts Les investisseurs en revenus fixes que l’endettement abyssal de du certains et singapourien. Il yfutures a quelques mois Pour les investisseurs pour les sur les notamment indices particuliers. D’une es segme MSCI cotés à Londres. é aux investisseur crise à d’autrEuropéenne baséss en Suisse, les part en si la consacrent beaucoup de temps pays dertl’Union a fait encore, la Chine semblaitUn tellement d’optimiser 3 • Nestl seul contrat un leur accès à plus dees termes, offrant mberger par rappo futurTop exposition «excursions» réplique de les hors classes d’autr • Schlu un portefeuille à plusieurs classes En à l’analyse du risque-créditseetdedu vaciller la confi ance dans d’actifs. l’euro,t où à franchir ce dernier pas devan L’essor réticente Liquide d’actions d’actifs desé.matières premières, march re sur le internationalement nationale simultanémmonnaie • Air es dans l’analy demeu ent. Pour les investisseur é diversifi risque taux d’intérêt, ce dernier comme investisseurs peuvent-ils se tourner que nous avions imaginé une solution chanc pour classe la dettes’est toutes les l’euro ded’actifs, assez risquées et s être intégr deux classes d’actifs, onsé. Pour les it à plus courtsont a doit ions del’échéance pourra terme, cette tout , l’euro essentiellem étantctdéterminant pour préserver leurs actifs? Réponse: régionale construite autour dud’options l’achat ent ndati fait des variat pour année pourrait e 2011 doivent impérativement scène lagrâce s en 2010, peut être aux dérivés. L’anné ée par être propice aux es : l’impa Reco unemma alternative Del’or. les faible. ntairl’est même, des portefeuilles. Mais ils sont biencversrester le franc suisse et renminbi, comme l’euro autour ventes européenne été marqu sur les tenir compte de la la pour pour s grande a léme d’options prospe des de majorité che 2010 à action investisseur à 2010 compdésirant des bler travers des produits les fonds he, le appro dequ’un L’année placement vélocitéstructurés. inattendue erratiques Dans ce incapables deune gérer le risque le plus Ce n’est, cependant, pis-aller. du DeutschesMark. Il est probable limiter ressem ou à leur dans s. En revanc . alors ements des Les investisseur potentiel de pertesVinci produits les du comme éenne ssolution ne les détiennent s et l’euro des mouv plusrééquilibrage dans unavaient significatif2011. de tous, celui des taux de Pour trouver une durable, que, même si les•autorités ulier conjugilué s europ appréciés dans qu’un domaine pas faible, action physiqueme européenne qu’ils maîtrisent • Caterpillar cas partic voulant eurosous type de confiéconomique. tive pour Vivece nt, mais d’un actions peu, guration de marché simple exclut le On a2010 de la dette changesides beauvalide faut tenirien compte du rééquilibrage pensé à cette idée, elles l’auraient vite ou pour la forme soft l’onmonnaies. de euromaint la règle e contrats avertis cherchant • Micro des l’internationalisation du problème futurs. D’autre restent les mêmes. Donc, aumonde la qui les titres 0, l’anné contexte, unSwat ch levier. er fortepart, la rechercherStoxx5 2 ou 3% de rendement bouleverse depuis le abandonnée à la lumière récents Il s’agit de produits e entre solution le de soutienne une renminbi! • effet des permettent it modifiles dérivés En 2010, Les stratégies n invers de l’Euro à optimisation d’opter relatio euro faible e été vérifiée? de ventes pour desàstratégies mances laen de la performanc supplémentaire choisissant l’euro changement depourra millénaire, savoir, événements dans la Intel zone euro. s eurod’options • perfor souveraine, de couverture 6,54% de e, ean «largement» ollar et les action ge des comme les barrier mener dedeux rapport pouvant portefeuilles péens a-t-ell éenne a perdu se à de Allerg le paysa par plutôt queeuro/d le franc suisse, les pertes l’émergence de grandes zones Cependant, si le renminbi devenait •grandes reverse convertibles pertes à ielles grâce ment l’achat une faibles europ et La perfor d’optionsetput parité , qui permettent sector devise une gestion périphé- lademandant ou de l’on attend le dollar. alescapables damary@bridport.ch aux investisseur induites par la de plus de 15% des économiques deindice fairesfront troisième monnaie internationale, vente Sibaisse en des appels de à région contre contrats s de marges, ou au cours (-5,81% péennes. à terme, de recevoir un 2010. sa valeur ainsi Les de lignes grâce de que pour Stoxx50 de l’euro rendent coupon attrayant franc suisse/euro de s mesures l’hégémonie d’après-guerre des Etatsque de problèmes financiers ver de crédit, il des des marge à celui compor- du taux de l’Euro persistante ient retrou de sécurité tout en bénéficiant d’unes’avère plus simple fs@reyl.com tres, soit er que le mance adoptées pourra de les implémente bientrimes futiles. l’Union européenne et l’Asie. internationaux seraient résolus! Et s du fait d’une protection contre leUnis, dans e indiqu dré le tels efforts ains riques ,40 isseur monde r sembl par engen proch le biais de produits conditionnelle «réel», invest de 1,20-1 2010) hors stratégie surtout, n’a pas de la s des du capital investi. tions d’entre nous ne peuvent sens, tous les pays du monde cela éviteraitstructurés un retour à gestion lémen- Dans un Une auprè élargir La plupart de l’euro de fluctua ssion comp est d’actifs. attrayante. relatives comme les discount certifi tuerait la levée tement Toutefois, Propos recueillis progre la que dire «si j’avais su». Or, justement, font partie ou tion sont rattachéstés à l’une l’étalon or, avec toutes ses catscontraintes par Didier Planche évalua et les escompté. ortation change pour la ortuni barrier reverse éenne, consti dollar, une croit 600 d’exp tante s résultat d’opp l’on la d.planche@b convertibles europ n, si pouvait valeur Alors que pe que B&F: de ces trois zones. Et chacune, pour le commerce international, anque-finance.ch n au Stoxx la poussée denul ne taire . imporou Enfiou de saisie les dessavoir. Privilégiez de hypothèque dont toutes justifiée. pas t du princi l’observatio -vous alors d’unepar les futures partan le déclin séculaire du dollar étaitpas remise a sa monnaie principale, soit le le FMI d’une s iale, toute , il n’est en raison serait surpresque, nt.lancement les actifs B&F: probable, ne sera e de l’euro Parmicroiss ance mond profit, exportatrice files souffre conclusion, nanciers . s iale les rio e, repris actifs ou prévisible, car aucun pays, pas même le dollar pour Etats-Unis et l’euro nouvelle monnaie de réserve. indice mond plutôt une fi tatrice scéna nanciers, ent à sur les commodit cet aux montr reprise lesquels ont les expor est notre és tirerai 8,6% de - superpuissance, s nation quipeut ies? gne actuellem n que on de la sociét (ce ne une continuer l’UE.certai Quant à l’Asie, supposons ent votre de perfor des indice que l’Espa FR:pour it en cause faveur? Les dérivés de la questi à dire L’étude endra ent ne divergences sont incluses. pas des, chinoise résolu de ses moyens Est-ce pour l’heure la tion monnaie sairem La que actionsde vivre au-dessus qui sous-t FR: elle, des actifs global). nt néces en tant que Dans les marchés Entre les quant à agne seraie tels, europ maiséenne actions, on tôtlaou tard,e sa monnaie n’en l’Allemest le renminbi. L’euro s’est élevé des outils de la devise dette Franc marquées. elle actions sans que, et s’attend à un marché erformer rendant possibles mances ) et les e éventu des stratégies à sous-p «tout»au statut delamonnaie légèrement hauss affirmation, qui n’est de commerce (-17,5% te unpâtisse. Cette de appelées haussier, surtout Non, mais couverture ou d’investisse on consta espagnoles 2010? soutenu par les dettes ment.comme (+16%), pourenles opérations et de réserve quepas pertinente on desDansinternational comme performances les matières allemandes 2010. Parce de forex la questi , des marchés émergents. à court terme, d’extrêmes. très alternative aupremières, billet vert.ilToutefois, dra deest est 33,5% en exportateur dépen éenne Cependant, il faut difficile d’investir écart de s un pays dans aussi prévoir fermé importance pour le choixeurop de la de l’euro tel n’est pas le cas du le renminbi. raines blé ou agne est le pétrole souve quelques périodes Etats plus à moins de posséder l’Allem a d’une faiblesseterme. plus chahutées nt à des monnaie La Chine et ses voisins sont desune de l’euro 2010, la à longd’une silos dans En épargne comparables à contraireme gne, la chute le Midwest la situation de d’outre-quantaàété L’euro, lui,l’expr ne seession prêtait pasdeà des superpuissance américain économique sans ou l’Espa e titres pétroliers dans novembre dernier. les ntre comm le Golfe. L’achat à l’enco soutenu s, analyse aussiance Les taux d’intérêt une monnaie internationale. Mais cela nantou la vente défi simple. Nombreux pourraient s’élever, logiquement ment a des mérite erforde futures s’impose res, entraî tout en ayant un sont ceux qui prétendent très lentement, selon l’argu doncun ces derniè que lesance pour lachange potentiel à la baisse de la sous-p plupart des investisseur Rhin! Si erform réduit. Dans ce au regard unique étaientesdésirent processus typiquement chinois. s qui isesfailles de la monnaie une sous-p contexte, les indices qu’en dire participer grand s frança à l’évolution , algorithmiques évidentes dès son mais ations Le renminbi1:1 a tout d’abord accédé banques, des action desorigine, r, LVMH semblent très mance d’oblig du cours du sous-jacent, ou l, Essilo intéressants pour de un événement l’achat prévoir a posteriori est au rang de monnaie de commerce ). L’Oréa calme rien détentrices aude fonds des investisseur (-3,34% et certificats le ip n’ont s à long terme. Un retour du CAC des sots! neentre la Chine l’apanage Ens.tous cas, force etréalisant ses voisins, puis et Techn ue lui. Ces d’Etat pour stratégies cherchent s. Le cas matiq Renault Pour les actifs problé à répliquer ce domestique nous este de reconnaître que nous situation ces derniers ontfinanciers, été autorisés exergu la à le que sur cette met en forcément est légèrement sociétés font les hedge lle t, car il funds ou des eraitdepas différente. ve n’avions la crise l’euro. à l’éche pas prévusignifi n massi stocker dans leurs coffres. De plus, traders, mais 40 est parlan ent majeur Les nouveaux futures à un coût nettement ppem la sous- que laune revalolerisatio Maintenant foi dans dollarBANQUE&FINA le Président chinois commence soit sur les indices MSCI de dévelo un éens, NCE N°108 MARS/AVRIL remporteraient la ), , en raison mi-à envisager és europ palme en 2011. est(-11,5% ébranlée du faitde del’euro son déclin le renminbi2011 comme des march des bancaires l'année 2010 ux écono s valeur continu et par l’assouplissement d a dominé monnaie de réserve. Enfin, la Chine fondamenta é moyenne performance mobile ou les l'indice alleman et de qualit l’auto quantitatif connu sous le he,s’apprête à autoriser les transactions t de 44 (également ques l’indice Ibex, alors que soufDax et de e. En revanc au progressaien Paris a de «planche sobriquet billets»), et de l’indice ttresur sa devise contre dollars australien enàEurop industrielles du Stoxx 600. les ratios it perme titres montre pourra en le sein cela de refaire ration Comme 33% au bancaire AgricoleN°108 MARS/AVRIL forte pondé BANQUE&FINANCE secteur 2011 son retard fert de sa ale, Crédit é Génér dire que partie de pour Sociét une cela BNP, r Axa. Tout r financie ou encore du secteu ortement le comp

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Avis d’expert

Avis d’expert

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Euro et dollar andes face au franc suisse actions allem

Actuellement, l’évolution des volumes est fortement corrélée à l’évolution des marchés sous-jacen En d’autres termes, ts. si les marchés des actions performen bien, les volumes t produits structurésdes sur ce sous-jacen t vont croître. De plus, les indices algorithmi ques devraient connaître une forte croissance . Leurs avantages sont indéniables pour les investisseurs.

@ frederic.rouiller@credit-suisse

Objectifs de perform ances

des rmance La surperfo

83

volupté

83

dégustation

84

complications & mouvements

Le Behike

«Le Chant de la Terre» 2009

Tournis temporels

85

tentations

87

index

88

le banquier tombe la veste

Jean-Charles Zimmermann Un engagement viscéral pour la cause animale

L’information financière et bancaire sur www.banque-finance.ch avec B3B

Conseiller économique, Bridport & cie SA

Avis d’e

insolite

Relais & Châteaux, des hôtels au sommet

Frédéric Rouiller

PRODUITS DÉRIV

L’intérêt des ind ices algorithmiques Etosiurl’on parlait s le p é cl du renminbi la ? L’euros, européennes action o ne eur et zo

Le financement mezzanine

82

Sur le web www.svsp -verband.ch www.pay www.credit-suisse.coff.ch om/derivatives

Sur le web

38 stir Inve

83

Le FATCA, ses enjeux réels

50

Investir

Vie privée

Mieux vaut tôt que jamais!

Morningstar

47

Au-delà de la colocation, l'essor du datacentre

Opérationnel

Actions? Oui avec la croissance

Tirer profit des spreads souverains

Symbole de sérénité pour nos clients

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VRIL 2011

&FINANCE

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BANQUE

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Parcours

Jürg Bucher (1947) a étudié l'économie politique et d'entreprise, la finance et le journalisme à l'Université de Berne, avant de suivre des formations complémentaires en gestion, en contrôle de gestion et en finance d’entreprise. De 1985 à 1993, il était l'adjoint du directeur des finances des PTT et, dès 1989, responsable du controlling pour tout le groupe. De 1994 à 1996, Jürg Bucher a dirigé la réforme du géant jaune et a conduit son développement. En été 1996, il a été nommé responsable adjoint de PostFinance, puis du marketing en 2001. Depuis 2003, Jürg Bucher est responsable de PostFinance. A ce titre, il a entre autres modernisé le trafic des paiements pour élever PostFinance au rang de prestataire de services financiers grand public. Depuis décembre 2009, il est aussi Directeur général de La Poste Suisse. © Photos: Frédéric Barillet / Alter Ego Médias

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L’invité

JÜRG BUCHER

Directeur général de La Poste Suisse et responsable de PostFinance

La concurrence peut s'inquiéter! L’autorisation bancaire complète de PostFinance n'est pas pour demain. Selon son patron, cette lacune ne l'empêche(ra) nullement de prendre des parts de marché à la concurrence. Banque & Finance: PostFinance sera prochainement transformée en une société anonyme de droit privé. Cette évolution juridique aura-t-elle une influence sur son business model? Jürg Bucher: En effet, le Conseil fédéral fixera la date du changement de statut juridique de PostFinance vraisemblablement vers la fin du premier semestre en cours. Puis en conformité avec la loi sur les banques, PostFinance obtiendra une autorisation de la FINMA, sa nouvelle autorité de tutelle, même si le Parlement a restreint son statut bancaire dans la nouvelle législation postale. Autrement dit, son offre en matière de placements sera encore limitée, puisque PostFinance ne pourra toujours pas octroyer des crédits hypothécaires et commerciaux sous son nom propre, n'étant pas en possession d'une autorisation bancaire complète. Par conséquent, cette transformation juridique n'aura aucune influence sur son modèle d'affaires. Je précise toutefois que, même sans autorisation bancaire complète, PostFinance continuera à fonctionner presque comme une «banque à part entière» avec son offre de prestations et de produits! En revanche, les principales modifications de ce changement de statut concerneront la création d'un conseil d'administration et l'extension de sa révision interne, en plus de l'exigence des fonds propres. B&F: Cependant, une licence bancaire complète augmenterait sensiblement la marge de manœuvre de PostFinance, ne serait-ce que pour mieux diversifier les placements.

JB: Certes, PostFinance pourrait davantage investir en Suisse, ce qu'elle n'a pas la possibilité de faire aujourd'hui. Cette situation complique d'ailleurs la répartition des risques. B&F: La Suisse est surbancarisée, paraît-il. PostFinance, si elle devenait une «banque à part entière», accentuerait cette situation. Pourquoi persistez-vous alors dans cette direction, surtout que PostFinance devrait assumer tous les risques, entre autres ceux inhérents à la gestion des crédits hypothécaires et commerciaux? JB: Qui prétend que la Suisse est surbancarisée? Moi, je constate simplement qu'il existe une demande de la clientèle et que PostFinance lui répond de manière opportune, si je tiens compte de sa forte croissance au cours de toutes ces dernières années. En ce qui concerne les risques, nos deux partenaires, la Münchener Hypothekenbank et le groupe Valiant, les assument effectivement pour les crédits hypothécaires et commerciaux. Mais PostFinance prend aussi des risques puisqu'elle gère des placements pour quelque 85 milliards de francs. Ils sont toutefois contenus grâce à une politique d'investissement prudente. Ses comptes n'ont ainsi enregistré que quelques petites corrections de valeurs pendant et après la crise financière. B&F: Pour la FINMA, PostFinance devra-t-elle répondre aux mêmes exigences qu'une banque entre autres en matière de fonds propres et de ratios financiers? JB: Aujourd'hui, PostFinance tend déjà vers les exigences de la FINMA. Elle doit encore nous préciser dans le détail ses nouvelles exigences en concomitance avec le nouveau statut de société anonyme de PostFinance, notamment le montant des fonds propres, même si nous le connaissons approximativement, et le délai pour l'atteindre.

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L’invité

B&F: Vous et votre équipe, vous vous préparez donc à répondre aux obligations de la FINMA. Travaillezvous aussi à l'ensemble des exigences que doit satisfaire l'obtention d'une licence bancaire complète dans les domaines de la compliance et du risk management, par exemple, même si PostFinance n'est pas encore intrinsèquement concernée? JB: Vous savez, pour gérer une masse sous gestion de quelque 85 milliards de francs et plus de 2,7 millions de clients dans toute la Suisse, il faut déjà une organisation parfaitement fonctionnelle et des compétences hautement professionnelles. Aussi, tous les services que vous mentionnez, de la compliance au risk management, sont intégrés dans PostFinance depuis belle lurette! Il existe même un service de révision interne comparable à celui des banques. B&F: Certains avis autorisés se demandent si PostFinance possède les compétences et la gouvernance nécessaires pour mener une activité bancaire complète. Ces craintes sont-elles justifiées? JB: Je répondrai à nouveau que gérer une affaire comme PostFinance n'est pas une plaisanterie et, comme je l'ai précédemment précisé, sa gestion nécessite de réelles compétences. En fait, je suggère à la concurrence de ne pas sous-estimer PostFinance, même si elle n'accorde pas de crédits en son nom propre! B&F: Vous évoquez la concurrence. Si PostFinance devenait une «banque à part entière», comment se différencierait-elle de celle, en particulier, des banques cantonales, Raiffeisen, Migros et Coop? JB: Banque à part entière ou pas, PostFinance se différencie déjà de la concurrence énumérée essentiellement par la qualité et l'étendue de son service des paiements pour tous les clients, qu'ils soient riches ou modestes. Fonctionnant 24h sur 24 et 7 jours sur 7, il est d'ailleurs le numéro 1 en Suisse. PostFinance se distingue également par toutes ses prestations bancaires offertes sur internet et partiellement sur le téléphone cellulaire. B&F: Quel succès rencontrent les produits actuels de PostFinance, tels les crédits hypothécaires et commerciaux, les placements principalement en fonds et en obligations de caisse, les comptes épargne et de prévoyance, etc.? JB: Tous les produits de PostFinance sont vraiment appréciés par la clientèle, surtout que leurs conditions sont parmi les plus attractives en Suisse. Ils ne le sont pas seulement pour les taux d'intérêt avantageux pratiqués, mais aussi pour la simplicité des produits et la qualité du service offert par nos collaborateurs. En

je suggère à la concurrence de ne pas sous-estimer PostFinance, même si elle n'accorde pas de crédits en son nom propre!

fait, PostFinance se développe comme une authentique alternative aux banques. B&F: Quels nouveaux produits PostFinance va-t-elle développer cette année et de nouveaux partenariats seront-ils conclus, en plus de ceux avec le groupe Valiant pour les crédits commerciaux et désormais hypothécaires, et avec la Münchener Hypotheken bank pour les seuls crédits hypothécaires? JB: PostFinance va introduire l'ensemble de ses prestations bancaires sur le téléphone cellulaire, soit le mobile banking, dès cet automne. En ce qui concerne les collaborations bancaires, aucun nouveau partenariat n'est prévu actuellement, surtout que nous sommes très satisfaits des résultats obtenus avec les deux établissements cités. B&F: Pourquoi avez-vous mis en place une collaboration avec une banque allemande et pas helvétique? JB: En Suisse, il existe peu d'établissements disposant d'offres pour toute la Suisse. D'où le choix de la Münchener Hypothekenbank. Précédemment, nous collaborions avec UBS, mais nous avons ensuite opté pour la banque munichoise, car ses conditions en matière hypothécaire étaient plus favorables à PostFinance. Quant au groupe Valiant, nous l'avons choisi compte tenu de son fort développement en Suisse. B&F: Le réseau postal permet de distribuer les produits financiers de PostFinance. Quelles améliorations sont-elles encore envisagées dans ce domaine? JB: Nous avons prévu de créer trois nouveaux offices de poste à Horgen, Köniz et Martigny, qui intégreront les services classiques de la Poste et les prestations de PostFinance. Des conseillers financiers accueilleront les clients dans des salons spécialement dédiés. Ces trois offices de poste pourront entrer en fonction entre cet automne et le printemps prochain.

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L’invité

B&F: Déficitaire à cause du déclin de ses activités traditionnelles, que deviendrait La Poste sans PostFinance, sachant que l'activité financière améliore sa rentabilité en tirant ses marges à la hausse? JB: C'est faux, La Poste n'est pas déficitaire! De fait, PostFinance représente l'un de ses piliers essentiels. Cependant, l'activité du courrier fonctionne très bien et celle de la logistique se développe à grande vitesse. Pour la première fois en 2010, elle a d'ailleurs gagné plus de 100 millions de francs. Sans tenir compte de PostFinance, ces deux activités compensent ainsi les pertes du réseau postal, qui sont hélas une réalité. La Poste est donc profitable et dotée d'un réel potentiel, y compris dans ses autres activités, même, je le répète, sans PostFinance. B&F: La vision de Claude Béglé, l'ancien président du géant jaune, de mettre l'accent sur certains services à l'international était donc parfaitement pertinente? JB: La Poste pourrait effectivement davantage se développer à l'international, surtout dans des activités de niche. Le volume d'affaires actuel réalisé à l'étranger représente déjà quelque 15% du chiffre d'affaires global de La Poste, mais il pourrait connaître une nette croissance. Notre stratégie vise aussi à accroître sa marge bénéficiaire à près de 10% dans les deux à trois ans à venir, contre 4 à 5% aujourd'hui.

B&F: Au 30 septembre dernier, PostFinance réalisait un résultat d'exploitation consolidé en hausse de 29% à 456 millions de francs et une masse sous gestion, elle aussi en croissance de 9,8 milliards, à 83 milliards de francs, notamment. Les résultats finaux de l'exercice 2010 sont-ils déjà connus? JB: Malheureusement, ils ne sont pas encore publiables (à la date du 2 février; les résultats devaient être officiellement communiqués le 23 février, NDLR). Néanmoins, je peux vous annoncer que le résultat d'exploitation consolidé dépasse les 500 millions de francs et la masse sous gestion approche les 85 milliards. Cette année, nous avons la ferme volonté de poursuivre la même tendance favorable en assurant un résultat d'exploitation consolidé d’environ 500 millions de francs. B&F: Revenons au statut de PostFinance. S'il demeure hybride au lieu de revêtir celui d'une «banque à part entière», est-il la conséquence d'un blocage émanant de la pression de la concurrence, qui craint la forte croissance des parts de marché de PostFinance? JB: Peut-être, la croissance de PostFinance, avec plus de 100 000 nouveaux clients en 2010, a en effet de quoi inquiéter sérieusement la concurrence! B&F: L'initiative populaire de certains syndicats et partis de gauche pour la création d'une banque postale, malgré l'opinion négative du Conseil fédéral et du Parlement, vous rend-elle service ou, au contraire, vous nuit-elle? JB: Il est préférable de ne pas confondre PostFinance avec les bureaux de poste, au sens propre et figuré. Le mélange des genres se révèle même dangereux, car les recettes supplémentaires de PostFinance, même avec une autorisation bancaire, ne permettront jamais de financer le réseau postal. La Poste demande une grande flexibilité pour s'adapter aux besoins évolutifs de la clientèle et pour diminuer les coûts de son réseau. La nouvelle législation postale me semble suffisante pour atteindre ces deux objectifs. Aussi, je ne vois guère l'intérêt de cette initiative.

B&F: Faudrait-il privatiser PostFinance? JB: Cette orientation ne figure pas au programme du Conseil fédéral et du Parlement. En outre, les entreprises publiques ne connaissent pas que des désavantages! Elles disposent d'une ligne stratégique à long terme, qui leur permet de se développer avec régularité et stabilité, sans subir la pression des actionnaires à court terme. B&F: Donc vous ne regrettez pas que PostFinance n'appartienne pas au secteur privé, ce qui lui aurait permis d'être déjà en possession d'une licence bancaire complète? JB: Comme je vous l'ai dit, PostFinance comporte aujourd'hui des avantages et des désavantages. B&F: Comme PostFinance n'est pas prête à devenir une «banque à part entière», si je vous ai bien compris, allez-vous continuer à vous investir autant pour son essor ou, autrement dit, le jeu en vaut-il encore la chandelle? JB: Oui, car c'est une vraie satisfaction que de constater la croissance de ses résultats et la satisfaction de sa clientèle. PostFinance a parfaitement su trouver son chemin dans le monde bancaire suisse et y faire sa place de manière plus qu'honorable. Quant à mon investissement personnel dans PostFinance, sachez qu'un nouveau directeur sera mis à sa tête à la fin de l’année 2011. Dès cette date, je me concentrerai sur la seule direction du groupe.

Propos recueillis par Didier Planche d.planche@banque-finance.ch

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Décryptage

© Olly-Fotolia

Jérôme Desponds Partner, Financial Services, Ernst & Young

@ jerome.desponds@ch.ey.com

FINMA, gestion des risques, droits étrangers Au centre des préoccupations de la place, les activités financières transfrontières ont fait l’objet d’une prise de position de la FINMA, en octobre dernier.

I

Barbara Ofner Senior Manager, Ernst & Young

@ barbara.ofner@ch.ey.com

l y a quatre mois, la FINMA, ayant reconnu l’absence de dispositions légales explicites, du moins dans le domaine bancaire, a voulu préciser la justification de son intervention en matière d’activités dites transfrontières (terme utilisé par la FINMA et certains auteurs juridiques en traduction du terme anglais «cross-border»), soit le cadre opérationnel fixé aux établissements financiers et ses attentes. Il convient, dès lors, d’apprécier la nature de cette prise de position et ses effets sur l’approche précédemment développée par les banques. Le message de la FINMA apparaît double. Sur la forme, une lecture superficielle pourrait laisser penser que l'autorité de surveillance considère la question sous le seul angle de la gestion des risques, alors que sur le fond, sa prise de position s’éloigne de ce schéma standard. Sur la forme, la FINMA souligne que les activités transfrontières peuvent générer des «risques juridiques et de réputation

accrus», dans la tendance des réglementations développées depuis plus d’une décennie. Elle précise aussi que les institutions financières doivent les connaître, après avoir fait l’objet d’une «analyse approfondie» pour les «prévenir, les minimiser ou les éliminer». Prenons ces indications au pied de la lettre et considérons que les établissements bancaires doivent adopter un modèle de gestion des risques. Dans cette optique, une banque devrait définir le périmètre des risques inhérents, en évaluer la probabilité de survenance et l’importance, ainsi que déterminer une stratégie pour les réduire. Afin d'identifier les risques inhérents, la banque devrait tenir compte de sa structure, en particulier de la manière dont elle a organisé son réseau hors de Suisse, et de ses activités, notamment des services et des produits offerts. L’exposition de l’établissement aux risques de ne pas respecter les réglementations étrangères est appréciée en fonction de son organisation sur chaque marché, à savoir que le niveau de risques est accru si la banque dispose d’une présence ou est simplement active sur le marché concerné. Quant aux mesures pour réduire les risques, la banque pourrait bien évidemment renoncer à toute présence hors de Suisse (évitement), provisionner les éventuelles conséquences de sanctions (cette acceptation du

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Décryptage

risque est toutefois peu envisageable, car elle implique l’acceptation de l'aspect criminel des actes de ses agents), ou mettre en place un système visant à assurer le respect des normes étrangères (réduction). Le transfert du risque au moyen d’accords conclus avec des entités autorisées à intervenir sur le marché concerné ne constitue pas une alternative, dès lors qu’il faut également vérifier les normes étrangères.

Sur le web www.finma.ch www.ey.com

irréprochable. Celle-ci s’applique aux organes des banques en cas de gestion inadéquate des risques transfrontières, ou si les dispositions étrangères sont violées. Il faudrait toutefois éviter que la responsabilité des organes soit objectivée et que l’on considère le respect du droit étranger comme une obligation de résultat et non de moyen. L’imputabilité de son non-respect devrait dans tous les cas être appréciée sur la base du caractère significatif et systématique de la violation et de la faute.

Sanctions en cas de violation Sur le fond, la prise de position de la FINMA s’éloigne toutefois du schéma standard de gestion des risques. En effet, les banques doivent «respecter le droit étranger de la surveillance et définir un modèle de prestations conforme pour chaque marché cible». Si la formulation de la FINMA hésite entre simple invitation et claire attente, son message n’en reste pas moins particulièrement sévère dès lors qu’elle se réserve de le faire appliquer au travers de futures procédures d’«enforcement». Sans analyser le bien-fondé politique ou juridique de la position de la FINMA, on peut se demander dans quelle mesure il lui revient de rappeler l’application du droit étranger, étant donné qu'il l'est de facto pour les activités conduites dans les pays concernés, ou s’il est opportun de prévoir des sanctions dans le cas de sa violation. De même, les variantes du droit étranger que les banques doivent respecter méritent une clarification. La FINMA indique qu’il s’agit des droits de la surveillance. Néanmoins, elle ne limite pas les exemples fournis dans le détail de sa prise de position aux droits de la surveillance stricto sensu, mais les étend aux dispositions étrangères en matière monétaire, fiscale et de protection des consommateurs. Enfin, comme le droit suisse ne prévoit pas directement le respect des droits de la surveillance étrangers, la FINMA se réserve la compétence d’en sanctionner la violation au moyen du principe de la garantie d’une activité

Prévisibilité et confiance La FINMA balance entre l’exigence de gérer les risques juridiques et de réputation des activités transfrontières et celle de se conformer au droit étranger. En pratique, il faut réconcilier les deux approches. La démarche souhaitée par la FINMA pour les établissements bancaires relève de la gestion des risques, lesquels doivent analyser de manière approfondie «le cadre juridique et les risques inhérents pour les limiter et les contrôler». A notre sens, l’analyse doit couvrir trois dimensions, à savoir l’organisation de la banque et de ses filiales à l’étranger, ses services et ses produits. Elle suppose toutefois que l'établissement a préalablement défini la stratégie qu’il souhaite poursuivre pour chaque marché, soit en agissant au travers d’une entité disposant d’une licence ad hoc et incorporée dans l’Etat en question, soit par l’intermédiaire d’une entité implantée dans un pays étranger disposant d’un passeport européen, soit enfin directement depuis la Suisse avec ou sans licence transfrontière. Pour les trois dimensions, la banque détermine les possibilités offertes et les limites fixées par les dispositions légales du marché concerné, afin de définir les interactions autorisées avec ses clients. Pour minimiser ou éliminer les risques, la FINMA esquisse essentiellement des mesures organisationnelles au sein des banques destinées à assurer le respect du droit étranger. Ces mesures prévoient également le retrait pur et simple d’un marché, lorsque la banque renonce à fournir des services transfrontières ou à servir des clients d’une certaine nationalité, car leur droit national est basé sur leur personne plutôt que sur le lieu de prestation du service (par exemple, droit des Etats-Unis). La place financière suisse se heurte donc à deux mouvements antinomiques, en l'occurrence une mondialisation croissante des services et produits, et une globalisation des échanges qui s’oppose à un raidissement des Etats sur leurs prérogatives. Son développement passe néanmoins par une prévisibilité des interactions possibles avec les clients étrangers, afin de préserver une relation de confiance. En la matière, la confiance est également un préalable aux relations entre l’autorité de surveillance et les établisIl existe différentes possibilités d'offrir des services bancaires et d'investissement aux sements financiers assujettis. Une communiclients se trouvant à l'étranger. La situation et l'impact d'affaires transfrontières doivent être cation claire et réciproque ne pourra que la considérés pour chaque entité individuellement, dès lors que chaque licence (onshore ou renforcer. transfrontière) peut contenir différentes possibilités et restrictions.

Modèles d'affaires transfrontières

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En partenariat avec

Acteurs

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Nominations &Promotions 8 7

Le groupe BlackRock vient de nommer Martin Gut (1) au poste de Directeur de l’activité institutionnelle en Suisse. Fort de plus de vingt-cinq années d’expérience dans les opérations de placement, il était jusqu’alors Directeur général au Credit Suisse, responsable de 2007 à 2010, des relations avec les grands clients institutionnels en Suisse. Augustus Cheh (2) est nommé Président de Janus Capital International à dater de mars 2011. Il sera basé à Honk Kong et reportera directement à Dick Weil, CEO du Groupe. Il sera responsable du développement des activités du Groupe en Asie, en Europe et au Moyen Orient. Avant de rejoindre Janus Capital, Augustus Cheh était CEO de Alliance Bernstein à Hong Kong, développant l’activité et la croissance du Groupe en Asie. Il a aussi été Directeur des investissements mondiaux de PricewaterhouseCoopers.

Pierre-Olivier Pourcelot (3) vient d'être nommé au poste de Directeur Marketing & Commercial de Reyl Asset Management après avoir œuvré pendant cinq ans chez Robeco (Suisse), à Zurich. Sa mission consiste à accélérer le développement commercial de la gamme de fonds Reyl et à élargir son réseau de distribution auprès des acteurs institutionnels. Basé à Genève avec des bureaux à Paris, Luxembourg et Singapour, le Groupe Reyl gère environ 4 milliards de francs d’actifs. La société de services Deloitte nomme Maxime Chrétien (4) au poste de Responsable du département Forensic & Dispute Services en Suisse romande. Spécialiste reconnu du domaine de la fraude, il a su construire une solide expertise dans la gestion des risques de fraude, l’assistance lors de contentieux ou d’arbitrage international, ainsi que l’investigation.

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Chez UBS, Christine Novakovic (5) prend la tête du Département Corporate & Institutional Clients et Manuel Leuthold au poste de Vice Chairman, avec un accent prioritaire sur la Suisse romande. Tous les deux sont directement subordonnés au CEO d’UBS Suisse Lukas Gähwiler. Christine Novakovic a débuté sa carrière à la Dresdner Bank en 1990 avant de passer chez UBS, Citibank et Hypo Vereinsbank. Quant à Manuel Leuthold (6), il travaille chez UBS depuis plus de 25 ans dans le domaine de la clientèle entreprises, de la gestion de fortune et de la banque de détail. Pendant la crise financière, il a pris les rênes du Département Corporate & Institutional Clients et l’a dirigé avec succès au travers de cette phase exigeante. Il apportera son soutien aux unités du front d’UBS dans le cadre du suivi des clients importants et représentera la banque vis-à-vis de l’extérieur.

Threadneedle, gérant d’actifs de premier plan, vient de s’attacher les services de Matthew Cobon (7), qui a rejoint son équipe Developed Government and Currency. Spécialiste des marchés monétaires, Matthew Cobon vient renforcer l’offre de Threadneedle en produits obligataires et à rendement absolu. Avant de rejoindre Threadneedle, Matthew Cobon travaillait pour le compte d'AberdeenAsset Management/ Deutsche Asset Management en qualité de Directeur international de la gestion des fonds en devises. Marco Fiorini (8) vient grossir les rangs de Carmignac Gestion en tant que responsable de la clientèle professionnelle suisse. Il était jusqu’alors directeur général en charge de la clientèle professionnelle chez Clariden Leu Asset Management. Agé de 40 ans, Marco Fiorini a débuté sa carrière au sein de Julius Baer en 1998.

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La parole est à...

Pragmatisme et créativité

De la caricature à la réalité

Christophe Gancel CEo, Crédit Agricole (Suisse)

Durant ces deux dernières années, nombreuses ont été les critiques prédisant la fin du modèle suisse de banque privée.

L

a Suisse a souvent été prise pour cible à cause de son secret bancaire, un particularisme qui a contribué au développement de la gestion privée, mais a souvent été mal compris. L’ambition d’autres places financières, plus éloignées de l’Europe, a en outre pu sembler faire de l’ombre à la Suisse, première place de gestion de fortune mondiale. Les accusations et craintes sur le modèle helvétique de banque privée ont finalement généré un retour bénéfique. Elles ont en effet permis de faire émerger la réalité du positionnement de la Suisse face à la caricature qui en avait été faite,

Se valoriser en tant que place financière incontournable et comme leader sur le marché de la banque privée

@ christophe.gancel@ca-suisse.com

plaçant le secret bancaire comme raison unique du succès en gestion de fortune. Son débat a ainsi mis en lumière ce qui importe réellement, à savoir le respect de la sphère privée des clients et leur volonté de discrétion. Ce principe a été redéfini, affiné et il doit être valorisé. Dans ce cadre, nous nous réjouissons des discussions actuelles en vue de faire aboutir le projet Rubik et fondons beaucoup d’espoir dans celui-ci, car il démontre le pragmatisme et la créativité de la Suisse. Confiants dans la capacité du gouvernement à faire aboutir ces négociations, il semble clair que les conséquences seront importantes pour les banques privées dont les systèmes informatiques devront gérer de nouvelles obligations fiscales. Pour autant, une fois cet ajustement effectué, les banques privées helvétiques auront tous les atouts en poche pour poursuivre leur développement. La Suisse a en effet de nombreux avantages qui lui permettent de se valoriser en tant que place financière incontournable et comme leader sur le marché de la banque privée. Nous trouvons ici plus qu’ailleurs toutes les qualités nécessaires à délivrer une gestion de fortune de très haut de gamme, soit une concentration particulière de compétences, des produits et services de grande qualité, des experts reconnus et une culture du service sur mesure. D’ailleurs, ces qualités ont également su attirer les plus grands négociants en matières premières de la planète et les institutions finançant leurs activités. L’arc lémanique est devenu le centre mondial du commerce des matières premières et attire aujourd’hui les traders londoniens. Les accords en cours de négociation permettront de valoriser davantage encore les atouts de notre place financière et, espérons-le, de donner la possibilité aux banques helvétiques de consolider leurs avantages concurrentiels par rapport aux grands établissements européens, et ce sur un terrain international.

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En toute liberté

sagesse orientale

Tirer les leçons de la crise financière Tous les experts s’accordent à dire que la crise financière de 2008-2010 a été plus profonde que celle des années 1929-1930. En plus, elle a entraîné des dommages dans l’économie mondiale sans précédent. Les mêmes spécialistes s’attendent encore à d’autres secousses collatérales.

L

’origine de la crise est évidente. Elle est née en Occident, principalement aux Etats-Unis, et a touché tous les habitants du globe. L’endettement excessif des gouvernements, de certaines banques et des consommateurs américains d’abord, et européens ensuite, ont créé un cercle vicieux qui aurait pu faire exploser le système financier mondial. Le déficit abyssal, l’usage maximum des cartes de crédit par les citoyens américains et l’octroi sans aucune limite de crédits hypothécaires ont eu des conséquences ressenties aux quatre coins du monde. Un petit groupe d’individus irresponsables, cupides et recherchant le profit immédiat a plongé des millions d’ouvriers, de retraités, de locataires, de petits propriétaires et de démunis dans un état de paupérisation avancé. Il y a, bien sûr, des exceptions. En tant qu’Etat, la Suisse a réussi en partie à échapper à ce drame, grâce à son esprit conservateur et son pragmatisme. En revanche, certaines grandes banques, dont l’UBS, ont participé au mal américain. Cette dernière n’a pas appliqué à l’extérieur la rigueur exigée des clients suisses comme si, dans une même organisation, on avait deux régimes différents. Et il a même fallu l’intervention de l’Etat, chez les partisans du moins d’Etat, pour sauver la grande banque. Bien sûr, l’Extrême-Orient, en particulier la Chine, a échappé à ce total laisser-faire. On pourrait encore citer la Turquie qui, ayant appris des crises précé-

dentes, a mis de la discipline dans son système. Ceci démontre à l’Occident que les pays imprégnés de la philosophie de Confucius, comme la Chine, ont davantage en vue l’intérêt et l’harmonie du groupe que les pays adeptes du libéralisme économique, qui privilégient la recherche du profit individuel. Le confucianisme, combiné avec le bouddhisme, gouverne depuis deux mille ans avec un Etat fort, qui comme un père, privilégie le pays, l’entreprise, la famille avant l’individu. En plus, le Chinois est un épargnant invétéré. En moyenne, il économise 25% de son revenu disponible contre 6% pour l'Américain. Il crée ainsi des ressources énormes qui permettent au pays d’investir et fait de la Chine un pays disposant des plus grandes réserves monétaires au monde. La conséquence ultime et durable de la crise financière est un net affaiblissement de l’Occident et un déplacement toujours plus grand du pouvoir économique et financier vers l’Asie. Toujours plus d’entreprises et de gouvernements voient leur futur plus là-bas qu’ici, ce qui fait dire aux Indiens et aux Chinois, «Venez vers nous, investissez chez nous», et à tous les donneurs de rating «L’Asie est à la hausse et en conséquence investissez dans cette partie du monde». A-t-on en Occident tiré toutes les leçons de cette crise? Je partage sans réserve l’avis de Fareed Zakaria, paru dans une interview accordée récemment à un magazine turc, à savoir «I do not think governments or people took important lessons from the crisis». Beaucoup de citoyens occidentaux gagneraient à s’entendre dire de leurs gouvernants respectifs les propos prononcés par le jeune roi du Bhoutan, lors de son accession au trône en 2008 : «Tout au long de mon règne, je ne m’occuperai pas de vous comme un roi, mais je vous protégerai comme un père, je prendrai soin de vous comme un frère, je vous soignerai comme un fils». Le Bhoutan, «royaume hors du temps», n’a pas connu la crise financière de 2008-2010.

Francis Sermet Conseiller du gouvernement turc

parcours • 1971-1980: diplomate en poste au Canada, en France, au Ghana et en Suisse •1980-1997: directeur de la promotion économique du canton de Neuchâtel •1997-2000: responsable des ventes et du marketing de Parmigiani •2000-2006: directeur du Conseil pour le développement du canton de Vaud (DEV), puis CEO du Development Economic Western Switzerland (DEWS) •2006-2009: Vice President de Sunstar Group •Dès 2009: Francis Sermet s’établit en Turquie (Istanbul), ayant été nommé conseiller stratégique de l’Agence de promotion des investissements étrangers de Turquie, directement rattachée au Premier ministre.

@ fisermet@bluewin.ch BANQUE&FINANCE N°108 MARS/AVRIL 2011

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A la tribune

la fin des privilèges

La Suisse ou les banques?

Roger Nordmann Conseiller national socialiste

parcours • 1995-1998: collaborateur personnel du conseiller d’Etat Jean-Jacques Schwaab, chef du Département vaudois de l’Instruction publique • 1998-1999: conseiller communal socialiste à Lausanne • 1999-2002: membre de l’Assemblée constituante vaudoise • 2004 (août à nov.): député socialiste au Grand Conseil vaudois • 2004 (novembre): conseiller national socialiste, membre de la commission Environnement, Energie et Aménagement du territoire, responsable de la délégation socialiste • 2006: président d’associations et comités à vocation sociale et économique.

@ roger.nordmann@approche.ch

Est-il bien sage pour la Suisse de miser encore davantage sur le secteur financier et de subordonner toute sa politique aux intérêts de ce secteur?

C

es dernières années, l’osmose entre la place financière suisse et l’Etat a atteint son paroxysme. Les pouvoirs publics, BNS et Confédération ont risqué 40 milliards pour sauver la plus grande banque helvétique. Suivant les injonctions de la place financière, le Conseil fédéral a lutté désespérément pour retarder la chute du secret bancaire. Au point, d’ailleurs, que la doctrine du «non négociable» s’est traduite par une chute non négociée, par une de ces ironies dont l’histoire a le secret. La Suisse n’a même pas pu régler correctement la question de la régulation de l’argent gris du passé. Sous le règne d’Hans-Rudolf Merz, quasiment tous les vœux de la place financière ont été exhaussés, en particulier en matière d’allègements fiscaux et de légèreté réglementaire. Aucun secteur économique n’a obtenu autant de soutien public et politique que la banque, les assurances, la fiduciaire et l’administration des sociétés. Conséquence logique, ce secteur a énormément grandi. Plaider la poursuite de cette politique appartient au «conventional wisdom» helvétique. Qu’il me soit permis d’exprimer une opinion dissonante. La matière première de la place financière est un franc le plus fort possible, avec des perspectives ascendantes. Les pouvoirs publics font tout pour renforcer le trend avec une inflation zéro, une fiscalité très basse, une faible coopération fiscale avec l’étranger et une conduite budgétaire très restrictive, au détriment des investissements dans les infrastructures. Cette politique est peut-être un engrais pour l’économie financière, mais elle étrangle de plus en plus le reste de

l’économie, qui représente environ 85% des emplois. L’envol du franc prend une tournure dramatique pour un pays dont 60% des exportations vont vers la zone euro. On assiste ainsi à une dichotomie malsaine entre l’économie réelle et la place financière. Le risque est donc que la Suisse se transforme peu à peu en un vaste Liechtenstein, avec une monoculture financière. Au-delà des aspects étroitement économiques, la diversité du tissu helvétique représente une valeur immatérielle très importante, car elle rend la vie en Suisse intéressante. Sans agriculture, sans PME, sans start-up industrielles, sans hautes écoles, sans tourisme, sans énergies renouvelables ou sans scènes artistiques, notre pays serait d’une tristesse affligeante. Autre aspect important, la concentration de headquarters est en train de poser un très sérieux problème d’aménagement du territoire et d’accès au logement pour la classe moyenne. Vivrons-nous vraiment mieux en attirant cinquante hedges funds supplémentaires à Lausanne et Genève, par des rabais fiscaux? La question mérite d’être posée.La subordination de la politique extérieure aux seuls intérêts de la place financière représente un risque majeur. Pour prendre un seul exemple, l’intégration du secteur électrique suisse dans l’Europe est bloquée par le dossier de la fiscalité des holdings des entreprises et par celui de l’échange d’informations. A terme, cela menace les deux milliards de bénéfices du secteur électrique. Coincée entre les exigences du secteur bancaire et l’évolution du contexte international, la Suisse a de plus en plus de peine à défendre ses intérêts. La chute brutale du secret bancaire est un signe annonciateur. Elle signifie que la politique pourrait être impuissante à maintenir durablement les avantages artificiels de sa place financière. Pour la simple raison, qu’il n’est guère possible d’être une île de privilèges dans un océan en proie aux difficultés économiques. Il serait donc prudent de réorienter la politique en faveur de l’économie réelle.

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Sous les projecteurs

Jamie Dimon (directeur général de JP Morgan Chase) lors de son face-à-face remarqué avec Nicolas Sarkozy.

© Sebastian Derungs/swiss-image.ch

Lors du Forum annuel du WEF, le secteur financier s’est affirmé comme partie prenante de la reprise mondiale.

@ f.mamais@agefi.com

PAR Frédéric Mamaïs Journaliste, L’Agefi

Le retour des banquiers à Davos

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etour vers le futur cette année à Davos. Après avoir déserté l’édition 2009 et effectué une apparition discrète en 2010, les plus grands acteurs bancaires étaient à nouveau présents à la 41e réunion annuelle du World Economic Forum (WEF) de janvier dernier. C’est que l’heure était grave pour Bob Diamond (Barclays), Jamie Dimon (JP Morgan Chase) ou encore Gary Cohn (Goldman Sachs), leur industrie étant à nouveau sous le feu des reproches et des suspicions de la part des institutions de régulation et des pouvoirs politiques occidentaux. Le sauvetage du secteur financier après la récente crise a creusé des dettes publiques gigantesques, forçant certains Etats à prendre des mesures de rigueur sans précédent. Dans la station grisonne, les dirigeants européens sont venus plaider pour une contribution des banques au processus de reprise. «Mon job est de les convaincre de dépenser leur argent», a ainsi expliqué le chancelier de l’Echiquier britannique, George Osborne, à l’égard des sociétés ayant accumulé une masse considérable de liquidités. Londres se trouve aujourd'hui dans une posture délicate, car le coup de froid sur la reprise en décembre intervient alors que le gouvernement conservateur lance un vaste plan d’austérité. Ailleurs en Europe, mais aussi aux Etats-Unis, les gouvernants exigent des banquiers qu’ils relancent l’accès au crédit, créent des emplois et, last but not least, se montrent ouverts à de nouvelles réglementations de leurs activités. «Trop, c’est trop!», a lancé Jamie Dimon à Nicolas Sarkozy, président du

Une valse à mille temps Chaque mois de janvier, Davos bat la mesure de quatre jours d’intenses débats entre représentants de l’élite mondialisée. Les contempteurs de la rencontre annuelle du WEF soulignent

une médiatisation gigantesque pour peu de décisions concrètes. Une «montagne magique», chère à Thomas Mann, accouchant d’une souris. Ce serait pourtant sous-estimer la tâche sacerdotale que Klaus Schwab s’est donnée, à savoir offrir une plateforme d’échanges afin d’«améliorer l’état du

G20 cette année, dans un face à face mémorable à Davos. Le directeur général de JP Morgan Chase s’est opposé à une nouvelle taxe sur les transactions financières à l’ordre du jour du prochain G20, ainsi qu’à toute autre «mauvaise politique» d’encadrement. «Les 440 pages de l’accord de Bâle III et la démultiplication des mesures régulatrices suffisent largement à atténuer les effets d’une nouvelle crise», ont plaidé les élites financières. Quant à la taxe Tobin, véritable serpent de mer censé «moraliser» les échanges financiers, beaucoup la considèrent hors sujet. Est-elle seulement réalisable? Le président de Swiss Re, Walter Kielholz, faisait partie des sceptiques à Davos. Selon lui, la dynamique du G20 n’y est plus et les Etats le composant affrontent des situations trop différentes pour s’entendre à ce sujet. Les divergences sont déjà nombreuses sur le choix des flux financiers qui seront taxés, ainsi que sur l’ampleur de la ponction. Le véritable enjeu pour le secteur bancaire, lors du forum, était ailleurs. Leur situation démontre que le temps du purgatoire est bien fini. Comme l’ont souligné Jamie Dimon et Bob Diamond, les liquidités circulent à nouveau abondamment et vont alimenter le mouvement de reprise de l’économie mondiale. «Laissez-nous jouer notre rôle», clament-ils en substance. Le passage de relais entre le public et le privé est bel est bien en marche. Et l’optimisme, à Davos, n’avait rien d’un remake des années de pré-crise.

monde». Davos ne vise pas moins que de définir les grands enjeux planétaires en l’espace de quelques jours. Mais la superposition de leur nombre croissant se traduit par une inflation de l’ordre du jour, année après année. En 2011, la reprise économique multivitesses, la guerre des monnaies, l’incertitude

européenne et toutes les problématiques géopolitiques connexes ont donné le vertige aux observateurs et aux participants. Mais tous continueront à vouloir prendre part à cette valse à mille temps, unique danse entre leaders politiques et économiques.

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Le dessous des cartes

Mohammad Farrokh Chroniqueur

@ m.farrokh@banque-finance.ch

Le moralisme fiscal annihile la morale

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n annonçant son intention de surveiller de plus près les «manteaux d’assurance» ou «insurance wrappers», la FINMA contribue à affaiblir ce qui reste du secret bancaire et à déstabiliser toute une clientèle traditionnelle des banques suisses, dont les avoirs se situent typiquement autour du million. Car les «insurance wrappers» ont été perçus comme une planche de salut, notamment par les usagers de l’amnistie fiscale italienne, leur permettant de maintenir leurs avoirs en Suisse par l’intermédiaire d’un contrat d’assurance. Le principe est simple. Le client confie ses avoirs à une compagnie d’assurance qui, ensuite, en délègue la gestion à une banque, celle-ci ne connaissant pas l’identité de l’ayant droit économique. Depuis le 1er janvier 2011, ce dispositif est toujours plus précaire dans la mesure où il deviendra difficile d’éviter que l’assureur ne transmette à la banque les données sur l’identité du bénéficiaire du contrat. Bien entendu, la FINMA est sous forte pression. En décembre dernier, la perquisition effectuée dans les locaux d’une filiale du Credit

Suisse en Allemagne visait précisément ce type d’assurancevie. Néanmoins, la rapidité avec laquelle la FINMA a pris des mesures ne peut que décourager ceux ayant cru voir un raffermissement de la Suisse dans l’évolution relevée à fin 2010. Rappel: l’ordonnance encadrant l’application des conventions de double imposition (CDI), publiée le 1er octobre sous le sigle d’OACDI, ne pose pas moins de huit conditions à l’octroi de l’entraide administrative à un Etat étranger. Avec la nouvelle réglementation de la FINMA sur les manteaux d’assurance, on peut à nouveau avoir l’impression que cet organisme suit sa propre politique, comme en février 2009, où sa décision de transmettre une liste de noms à l’administration américaine avait eu, pour le moins, de sérieuses conséquences. Qu’elle ait ensuite été désavouée par le Tribunal fédéral ne pouvait plus rien changer à une affaire bien mal engagée depuis le départ. Sur le fond, certains observateurs salueront le geste de la FINMA, dans la mesure où il va dans le sens de ce qui peut apparaître à première vue comme une moralisation de la place financière suisse. Mais à première vue seulement car, à y regarder de plus près, le renforcement de la surveillance qui s’exerce sur un segment de la clientèle, qu’on peut qualifier de modérément riche, incite au contraire les banques à privilégier les très grandes fortunes. A ce stade, les préoccupations liées à la moralité fiscale relèvent d’une naïveté presque pathétique. Car elles accroissent la pression pour des bonus toujours plus élevés et fournissent une justification à l’accumulation de fortunes démesurées. En effet, seuls ceux dont la fortune se compte au moins en plusieurs dizaines de millions ont la possibilité de se libérer des contraintes posées par les Etats et de conserver l’anonymat. Un exemple? Pour effectuer un transfert international sans mentionner le nom du donneur d’ordre, celui-ci doit pouvoir s’abriter derrière une coûteuse structure juridique créée à cet effet. Maintenir la confidentialité est donc toujours possible, mais c’est beaucoup plus cher qu’il y a encore seulement dix ans. Autre exemple: pour bénéficier du secret bancaire suisse, nombre de clients étrangers des banques de gestion de fortune envisagent sérieusement une «délocalisation» dans un canton pratiquant le forfait fiscal. Ici encore, il y a un effet de seuil. Ce genre de déménagement n’est guère réaliste au-dessous de 40 ou 50 millions de francs. En tout état de cause, celui qui affiche une «honnête» fortune de quatre ou cinq millions passe désormais pour un «petit client». Voilà le résultat du moralisme fiscal. Et ce n’est que le début.

LE café fédéral

Forfait fiscal et Lex Koller: comprendre les enjeux Le forfait fiscal helvétique, outre le fait de soustraire son bénéficiaire aux appétits du fisc étranger, a aussi pour conséquence de lui ouvrir le marché immobilier suisse. Si le forfait fiscal se traduit par une pression à la hausse sur les prix de l’immobilier, le phénomène reste sous contrôle dans la mesure où ce statut n’est pas accordé de

façon trop libérale, tandis que le traitement attentif des dossiers permet de se faire une idée assez précise des bénéficiaires. Il n’en serait pas de même en cas d’abrogation pure et simple de la Lex Koller, qui sera remise prochainement sur le métier. En 2007, une précédente tentative d’ouverture totale du marché

immobilier résidentiel suisse avait été enrayée in extremis en commission à la faveur d’un sursaut dont le mérite revient notamment au conseiller national sortant UDC Jacques Pagan, soutenu par des élus socialistes et verts. Au final, certains représentants de la droite libérale ont reconnu leur soulagement devant l’échec d’un projet qu’ils avaient pourtant soutenu, il est vrai un peu par automatisme

idéologique, tout comme les socialistes s’étaient, eux, déclarés initialement favorables à l’abrogation, par souci de nondiscrimination. Au-delà des réflexes conditionnés et des slogans de cantine, l’abrogation aurait pour effet d’ouvrir totalement le marché à des capitaux parfois d’origine douteuse, dévaloriserait le forfait fiscal et menacerait la stabilité politique du pays par une hausse incontrôlable des loyers. MF

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Si j’étais banquier

PiERRE-AlAin sCHnEGG CEo, SoLVAXIS

Banquiers et PME, si différents?

parcours • 1984-1986: cofondateur de l’entreprise KSM (construction de bâtiments industriels et agricoles), à Moutier • 1986-1987: responsable du département microinformatique de Ebel, à La Chaux-de-Fonds • 1987-2007: cofondateur de l’entreprise Pro-Concept à Sonceboz, CEO et président du conseil d’administration • 2007-2009: responsable de l’unité Upper Mid-Market pour le groupe Sage en Suisse (produits ProConcept ERP et Sage ERP X3), intégration de Pro-Concept dans le groupe • Dès 2009: CEO et administrateur de SolvAxis, à Sonceboz; la société développe et distribue le produit ProConcept ERP principalement en Suisse, mais également en France et en Asie

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a démesure est toujours condamnable, mais prenons garde de ne pas généraliser en tirant des conclusions hâtives qui, finalement, pourraient nous coûter cher. Les décisions prises en réaction aux excès pourraient en effet nous rattraper plus vite que nous ne le pensons. Bien que le monde bancaire soit très différent de mon environnement professionnel, j’ai souvent été en contact avec ce secteur. Ces relations ont toujours été empreintes de sérieux et d’honnêteté. Mais il est vrai que les marchés financiers ont parfois perdu la raison. L’appât du gain semble s’être élevé en dogme dans quelques cercles. Certains ont quitté leur fonction pour endosser celle du spéculateur avide, voire du truand. Si j’étais banquier, je reviendrais donc aux valeurs fondamentales. N’oublions pas l’être humain qui doit être au centre de nos préoccupations. Il est la raison d’être de nos démarches et entreprises. Or, nombreux sont les banquiers ayant compris la nécessité de faire de l’économie réelle, seule créatrice de vraie valeur, leur objectif principal. Ces derniers ont tout mis en œuvre pour soutenir les acteurs économiques nationaux et régionaux. Tironsleur un grand coup de chapeau pour n’avoir pas cédé aux modes extravagantes ayant entraîné les dégâts que nous connaissons! Aujourd’hui plus que jamais, l’entrepreneur se doit de collaborer étroitement avec son banquier. A l’heure où la plupart des transactions et des échanges d’informations se font par voie électronique et informatisée, voire dématérialisée, il est primordial de soigner ses relations,. Si j’étais banquier, j’appliquerais cette orientation car les meilleures stratégies sont le fruit d’un échange solide et franc entre acteurs

@ pierre-alain.schnegg@solvaxis.com

© Franck Boston

économiques. On peut ainsi anticiper l’évolution des marchés et prendre les meilleures décisions, dans le but de maintenir et de dynamiser notre place économique. Voilà plus de vingt-cinq ans que je collabore avec les banquiers. Mon expérience m’a permis de vérifier qu’en entretenant une relation régulière et approfondie avec eux, nous avons pu éviter bien des écueils et trouver des solutions permettant à notre société de se développer et de générer de la valeur ajoutée, aussi dans l’intérêt de la banque partenaire. Mais un banquier ne peut s’identifier à un projet et le soutenir s’il n’en connaît pas les tenants et les aboutissants. A cet égard, la confiance joue un rôle crucial. Une telle relation ne va pas de soi. Chaque partie prenante se doit de gagner et de garder la confiance de l’autre. Confiance, honnêteté et collaboration sont les maîtres mots de la relation entre banquier et entrepreneur. Je les mettrais aussi en pratique, si j’étais banquier. Je suis ainsi persuadé qu’aujourd’hui encore, il est possible de mettre sur pied des projets innovants et audacieux avec le soutien des banques. Chacun a un rôle important à jouer, mais seuls des échanges justes et empreints de respect peuvent perdurer. Si toutes les parties gardent pour objectif une saine croissance et une vraie création de valeur, tout le monde sera gagnant sur le long terme. J’ai eu le privilège de collaborer avec des banquiers avisés, honnêtes et constructifs qui, par leur soutien et leurs conseils, m’ont aidé à progresser et à développer notre entreprise. J’adopterais la même attitude, si j’étais banquier. N’est-il pas rassurant de constater que même dans notre monde où les normes, les codes et la technologie ne cessent de gagner en importance, c’est en fin de compte l’aspect humain qui fait la différence? Il est réjouissant de savoir qu’un climat de confiance et un dialogue ouvert, franc et direct, permettent aujourd’hui encore d’établir et de consolider des relations d’affaires aussi complexes que celles se nouant entre une PME et sa banque. Si la place économique suisse a su trouver des réponses adaptées en cette période mouvementée, c’est à ses principaux acteurs qu’elle le doit. Nous pouvons en être fiers. Si j’étais banquier, je le serais aussi.

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Sous la loupe

LES MARCHÉS ÉMERGENTS

Du mirage à la réalité

©Lusail Eyeidea® iconic stadium à Doha © Foster + Partners

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28 Pavel Laberko/ 29 Habib Oueijan Russie et Qatar, un booster nommé Coupe du monde

31 Tim McCarthy Les capitaux affluent vers les marchés émergents

Analyses

Nicolas Clavel

Miser sur le secteur de la consommation en Afrique

Interview

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32 William Yuen L’Asie au cœur d’une dynamique

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35 Daniel Tassan-Din Russie et Argentine en point de mire

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Sous la loupe

Russie et Qatar, un booster nommé Coupe du monde LES MARCHÉS ÉMERGENTS

Les Coupes du monde de football 2018 et 2022 se dérouleront en Russie et au Qatar. En matière d’investissement aussi les pays émergents prennent le devant de la scène.

Pavel Laberko gérant Actions Europe émergente, UBP Asset Management, Union Bancaire Privée

@ pla@ubp.ch

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es Coupes du monde de football 2018 et 2022 semblent encore loin, mais les préparatifs en Russie et au Qatar sont déjà lancés. Les investisseurs ont donc tout intérêt à se positionner dès à présent sur ces marchés. Le fait de décrocher l’organisation d’un tel événement devrait donner un sérieux coup de fouet à la performance des marchés boursiers des deux pays, à court terme. L’Afrique du Sud et le Brésil ont ainsi vu leurs marchés actions devancer l’indice MSCI Emerging Markets de respectivement 1770 et 1890 points de base, six mois après que ces pays ont remporté l’organisation de la Coupe du monde de football. Par ailleurs, les milliards de dollars engagés par la suite en infrastructures devraient générer une multitude d’opportunités d’investissement et permettre aux économies russe et qatarie, aujourd’hui essentiellement axées sur l’énergie, de s’orienter vers d’autres secteurs. La Coupe du monde met en lumière une tendance qui prévalait déjà pour ces deux pays, comme d’ailleurs pour les marchés émergents en général, à savoir la rapidité de leur croissance économique et la hausse des dépenses domestiques qui conduisent aujourd’hui à une revalorisation des actions de ces marchés et à un regain d’intérêt de la part des investisseurs internationaux. La Coupe du monde et ses retombées pour la Russie Le premier ministre Vladimir Poutine a déclaré que la Coupe du monde 2018 jouera un rôle de catalyseur essentiel pour le développement des infrastructures de la Russie. De même, elle contribuera à étoffer le paysage économique, en l’aidant notamment à réduire sa dépendance vis-à-vis du secteur énergétique. Le manque de transparence a longtemps découragé nombre d’investisseurs, mais l’attention du monde

étant désormais focalisée sur la Russie, l’événement devrait constituer un formidable élan pour la mise en œuvre de ses réformes d’une manière générale. Par ailleurs, la probable adhésion de la Russie à l’OMC en 2011 a engendré un regain d’intérêt des investisseurs. Le délai serré de 2018 devrait encourager les investissements et la modernisation des infrastructures, des transports et du logement. Les matchs se dérouleront dans seize stades, dont treize restent à construire et trois sont à rénover, dans treize villes de la partie occidentale du pays. Les investissements porteront ainsi sur plusieurs régions et ne seront donc pas concentrés uniquement sur Moscou et Saint-Pétersbourg. Au total, ils devraient s’élever à quelque 50 milliards de dollars, dont douze pour les infrastructures touristiques, notamment la construction de 8000 kilomètres de routes et 2000 kilomètres de voies ferrées à grande vitesse, ainsi que de nouveaux terminaux et pistes aéroportuaires. Sans compter les milliers de chambres d’hôtel supplémentaires nécessaires pour loger les visiteurs. Compte tenu de l’abondance de ses ressources énergétiques, la Russie n’aura aucune difficulté à trouver les capitaux requis pour assurer le succès de l’événement. Le gouvernement russe avait initialement estimé le coût des Jeux olympiques d’hiver de 2014, à Sotchi, à dix milliards de dollars. Ce montant a déjà été dépassé et la Russie a facilement réuni les fonds additionnels nécessaires. Idem pour le Qatar Sa population est certes inférieure à deux millions d’habitants, mais le Qatar dispose de ressources pétrolières colossales qui en font l’un des pays les plus riches au monde. Il a en outre connu une expansion économique rapide ces dernières années, dopée par la flambée des prix du pétrole. Les prévisions de croissance s’élèvent à plus de 15% pour 2010 et 21% pour 2011, et des dépenses d’infras-

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L’intro

Depuis le début de l'année, les marchés émergents commencent à offrir moins de perspectives attrayantes. L'indice MSCI sur leurs actions a ainsi reculé de 2,8%. Quant au rendement de leurs obligations, il s'inscrit en léger fléchissement. Leurs promesses pourraient donc s'obscurcir en 2011: pressions inflationnistes, incertitudes sur l'évolution de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Mais, globalement, les investisseurs apprécient toujours ces marchés. A suivre en particulier la Russie et le Qatar, mais aussi l'Argentine, voire le Brésil, et bien sûr l'Asie.

L’équipe gagnante

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Sous la loupe

La région MENA vs les économies du monde (croissance du PIB en %)

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re dunt adiam irillam consed min utpate venit aliqui bla feum diamet, vero -6 etuer amet nullaoreet 2010 2011 ipsuscin vulla 2009 acipis augiat, vent ad modolendreet Japon MENA Etats-Unis Europe ad dipit Monde adQui enissequisl dolorper sim adipit ad euguerit del delendi onsequat lor sum amconsed magna feu facidunt vendrem nos alissi tiniamc La croissance du PIB de la région MENA est soutenue onulla faciliquis aut volorpe riusci ero od magna par les revenus issus du pétrole et du gaz, ainsi feummoloreet adit lut la faci blaore volore faciduisit que par les dépenses d’infrastructures importantes dolutpat iriure ming ea feum ad exerostoTe tat aci consenties par les différents gouvernements en vue de diversifier leur économie. ting el ute feumsan eleniam, quat, quisim inciliquis nim zzrit, con hendree tueros el et lor sim eum vero odignim velit nostis ad dit, suscing esequat, quisim quisl utpat, commy nullaor irit nos aut wis nonsenis nulput init iniscin hendre minit lut num in venibh esequating et, si. Tionsectet, commy nos dolesse con hent ut am, siscilit augait nostrud do dolor sit iurem velit ad Sur le web www.zawya.com www.ubpbank.com ming eugait irillan ute dolobore magna feugait http://blogs.ft.com/beyond-brics/category/europe/russia/ wis duisl et, consequam vel ulputat lore feum iriusci liscidunt pratie vulluptat, vel ut numsand iamcortinit amcon henibh ex eriustrud et alit

tructures massives sont déjà planifiées. Avec la Coupe du monde de football, le Qatar se lance dans un projet pharaonique, puisque la finale se déroulera dans la ville de Lusail qui doit être construite pour l’occasion. Sans compter la construction de neuf stades climatisés ultramodernes et la rénovation de trois autres, ainsi que la construction d’un réseau ferroviaire (vingt-cinq milliards de dollars), d’un aéroport (onze milliards) et d’un port en eaux profondes (5,5 milliards), de même que la rénovation du réseau routier (vingt milliards). A titre de comparaison, la Coupe du monde en Afrique du Sud a coûté quelque quatre milliards de dollars. Ce qui différencie le Qatar, c’est la taille relative de l’investissement prévu en comparaison du PIB. Avec un ratio de dépenses/PIB de 24% dépassant largement celui de l’Afrique du Sud 2010 (1%), du Brésil 2014 (1%) et de la Russie 2018 (3%), les retom-

bées sur l’économie, sur la démographie et sur les secteurs privé et public devraient être beaucoup plus importantes que pour les autres pays organisateurs. Elles devraient aussi stimuler l’intérêt des investisseurs. Par ailleurs, bien qu’aucune société de construction ne soit cotée à la Bourse du Qatar, certaines le sont sur la place de Dubaï, et un pays comme l’Egypte, qui compte de grandes sociétés de construction, est exposé aux sociétés de croissance du Qatar. D’autres secteurs devraient aussi tirer leur épingle du jeu comme l’immobilier et l’industrie ou encore les télécommunications et le secteur bancaire. Néanmoins, il faut demeurer vigilant, car le marché qatari est très limité et peut connaître des surchauffes rapides. Il est donc

@ hso@ubp.ch

LES MARCHÉS ÉMERGENTS

• Investissement prévu dans la Coupe du monde de football: Russie: 50 milliards de dollars Qatar: plus 100 milliards de dollars • L’amélioration des infrastructures aura des retombées considérables sur ces pays après l’événement • La Coupe du monde constitue un réel catalyseur pour de futures réformes en Russie • Les deux pays pourront envisager une diversification sectorielle, au-delà du pétrole et du gaz • La Coupe du monde contribuera à dynamiser le tourisme en faveur de ces pays • La perception des investisseurs à l’égard de ces deux pays et de leurs économies respectives sera grandement améliorée • La Coupe du monde au Qatar bénéficiera aussi aux autres marchés de la région MENA • Outre Moscou, différentes régions de la Fédération de Russie devraient également profiter des retombées positives de l’événement • L’adhésion de la Russie à l’OMC en 2011 s’insère aussi dans ce processus de normalisation • La modernisation devra se faire dans des délais serrés, les projets devant être achevés à temps pour l’événement • Les banques, les sociétés de construction et les entreprises actives dans les matériaux bruts devraient être les grandes gagnantes de la Coupe du monde

Habib Oueijan Responsable du Centre d’investissement MENA, UBP Asset Management, Union Bancaire Privée

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Sous la loupe Evolution du revenu moyen disponible en Russie

LES MARCHÉS ÉMERGENTS

(2006-2008)

Source : Russian Centrol Bank, Goscomstat

Le revenu moyen disponible par habitant a été en croissance constante, au cours des dernières années, et ceci impacte la demande domestique en Russie. Les ventes au détail sont en croissance régulière et l’émergence d’une classe moyenne réduit la dépendance de l’économie russe aux exportations. En pleine crise financière mondiale en 2008 et 2009, le revenu moyen des Russes a continué à croître, au contraire de la situation dans les pays développés.

important de choisir un gérant capable d’éviter les pièges d’illiquidité, en privilégiant une exposition appropriée aux sociétés les plus attrayantes au sein de la région. Le football, la seule bonne raison d’investir? Le fait de se voir confier l’organisation de la Coupe du monde peut considérablement dynamiser le marché boursier d’un pays à court terme, et sensiblement améliorer la perception des investisseurs. Les nouvelles infrastructures développées peuvent avoir des répercussions économiques très positives sur le long terme. Cependant, l’investissement prévu par la Russie dans le cadre de cet événement est faible en comparaison de son PIB, tandis que le Qatar est actuellement au cœur d’un programme de modernisation rapide, indépendamment de la Coupe du monde. Par conséquent, si la Russie et la région MENA constituent aujourd’hui des opportunités d’investissement intéressantes, c’est surtout en raison du développement régulier de leur économie et de leur marché à long terme.

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Sous la loupe Sur le web www.valartis.ch www.valartisbank.ch www.valartis.ch/en/Asset_Management/Equities/MC_Russian_Market_Fund/

Auparavant, les allocations d’actifs n’étaient guère basées sur les marchés émergents pour la protection des capitaux. Mais 2010 a cependant modifié cette tendance.

MC Russian Market Fund

La courbe du MC Russian Market Fund montre clairement une augmentation de 212% au cours de ces vingt-quatre derniers mois.

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es évaluations sont fondées sur des cash flows futurs et les marchés sont «prévisionnels», ce qui implique que les investisre dunt adiam irillam consed min utpate seurs doivent aller où le centre de gravité venit aliqui bla feum diamet, vero économique se trouvera à l’avenir, et non traîner où etuer amet nullaoreet ipsuscin vulla il se trouvait dans le passé. La Chine a déjà dépassé acipis augiat, vent ad modolendreet les Etats-Unis qualité de dolorper plus important marché ad dipit adQuienenissequisl sim adipit ad automobile. croissance du PIB marchés euguerit delLa delendi onsequat lordans sumlesamconsed émergents probablement 7% en 2010, magna feu dépassera facidunt vendrem nos alissi tiniamc soit presque trois fois plus que dans les pays déveonulla faciliquis aut volorpe riusci ero od magna loppés. En matière delabilans des Etats souverains, feummoloreet adit lut faci blaore volore faciduisit les charges de la dette pays dolutpat iriure ming eades feum ad développés exerostoTe entraîtat aci neront un accroissement de la charge fiscale et un ting el ute feumsan eleniam, quat, quisim inciliquis ralentissement de la croissance. La sim majorité des nim zzrit, con hendree tueros el et lor eum vero ressources naturelles vaesequat, de pair avec la odignim velit nostis admondiales dit, suscing quisim superfi cie des différents Leur est quisl utpat, commy nullaorpays. irit nos autdétention wis nonsenis donc particulièrement à inl’époque nulput init iniscin hendreintéressante minit lut num venibh actuelle, les et, devises esequating si. de réserves mondiales étant des Tionsectet, commy nos dolessepar conunhent ut am, monnaies fiduciaires dégradées «assouplissiscilit nostrudLe dodifférentiel dolor sit iurem velit ad sementaugait quantitatif». de taux de ming eugait irillan ute dolobore magna feugait wis duisl et, consequam vel ulputat lore feum iriusci liscidunt pratie vulluptat, vel ut numsand iamcortinit amcon henibh ex eriustrud et alit

LES MARCHÉS ÉMERGENTS

Les capitaux affluent vers les marchés émergents

Poids et influence des marchés émergents Plus de 80 milliards de dollars ont afflué dans des fonds d’actions de marchés émergents, tandis que quelque 80 autres milliards de dollars désertaient ceux des Etats-Unis. Ceci n’est que l’amorce d’une tendance séculaire à long terme, soutenue par des bases fondamentales, du fait que la dette et les crises monétaires actuelles des marchés «développés» chassent les investisseurs, qui sont par ailleurs attirés par les caractéristiques démographiques et socio-économiques des pays émergents. Il existe des facteurs évidents qui justifient une évolution des modèles d’allocation mondiale des actifs et favorisent le choix de pays émergents. Il convient de rappeler que ces marchés, qui représentent 75% de la superficie terrestre (dont 13% pour la Russie,

le plus grand pays du monde), génèrent 52% du PIB mondial ajusté à la parité de pouvoir d’achat. Ils renferment 85% des réserves de pétrole et 89% des réserves de gaz (la Russie détient 25% des réserves de gaz mondiales), et abritent 87% de la population mondiale y résident. Enfin, 74% des réserves de devises mondiales en dollars des Etats-Unis sont détenus dans des banques centrales de marchés émergents, tandis que 90% de la dette externe mondiale sont dus par des pays développés. En considérant ces éléments, en réfléchissant aux tendances et en les projetant dans l’avenir, il est malaisé de comprendre pour quelles raisons l’exposition moyenne des investisseurs mondiaux dans les marchés émergents ne dépasse pas 6%.

Tim McCarthy Head of Asset Management & Senior Portfolio Manager Eastern Europe & Russia, Valartis Asset Management

@t.mccarthy@valartis.ch BANQUE&FINANCE N°108 MARS/AVRIL 2011

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LES MARCHÉS ÉMERGENTS

Sous la loupe croissance restera probablement important du fait que les populations des pays émergents quittent de plus en plus les milieux ruraux pour s’implanter dans les villes et que ces pays commencent à produire des volumes plus importants de biens et services à plus haute valeur ajoutée. La technologie dissémine les connaissances plus vite que jamais dans l’histoire humaine et suscite de nouveaux souhaits, de nouveaux besoins et de nouveaux schémas de consommation. Les niveaux de santé, de sécurité et d’éducation s’améliorent rapidement et l’espérance de vie s’accroît sensiblement dans les marchés émergents. Tous ces facteurs se reflètent dans un accroissement de la consommation et des investissements. Des personnes saines et éduquées gagnent, investissent et consomment plus que celles qui sont en mauvaise santé et sans éducation. Les infrastructures vont se développer rapidement pour rester en ligne et soutenir le rythme rapide de la croissance économique des pays émergents. Si, dans le passé, l’infrastructure d’exportation était fondamentale pour eux, l’infrastructure de consommation nationale prendra dorénavant de plus en plus d’importance. Les échanges entre pays émergents se sont développés plus rapidement que les exportations vers les pays développés. Ils ont donc bien des raisons de réduire leur dépendance vis-à-vis des marchés développés et de se focaliser sur les échanges commerciaux entre eux. La croissance du prix des matières premières est corrélée à la croissance mondiale en termes de PIB par habitant. Au fur et à mesure que ce dernier revient à des niveaux d’avant la crise et que des pays émergents, dans le même temps, passent d’une situation rurale à une situation urbaine liée à une baisse des taux de natalité, les schémas de consommation deviennent de plus en plus gourmands en matières premières et leurs prix vont probablement poursuivre leur hausse dans leur tendance séculaire de «supercycle». Au fur et à mesure que les investisseurs mondiaux ajustent leurs modèles de répartition d’actifs en vue d’éviter les monnaies fiduciaires et les récessions dues à l’endettement, les capitaux vont de plus en plus affluer vers les marchés émergents. Les définitions conventionnelles de «qualité» et de «fuite vers la qualité», ainsi que les mesures visant à préserver les capitaux, pousseront à opter de plus en plus pour une exposition dans ces marchés. Les plus faibles perspectives de croissance des marchés développés, du fait de leur endettement, de leurs déficits et de leurs dévaluations, rendent très attirants des marchés émergents tels que la Russie, en raison de leurs réserves financières significatives, de leurs taux de croissance plus élevés et de l’abondance de leurs réserves naturelles.

Sur le web www.cei.gov.cn/

http://ce.cei.gov.cn/ www.adb.org/Documents/Books/Infrastructure-Seamless-Asia/default.asp www.adb.org/Documents/Books/Key_Indicators/2010/pdf/Key-Indicators-2010.pdf

L’Asie au cœur d’une dynamique Une croissance solide, une hausse du pouvoir d’achat, une démographie et des politiques publiques favorables ont apporté des conditions propices en 2010 à l’Asie. Et demain?

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es marchés d’Asie pacifique hors Japon ont clôturé 2010 en forte hausse, avec un indice MSCI AC Asia Pacific ex Japan qui s’est adjugé 18,4% sur l’année. Soutenue par sa croissance économique solide, sa démographie positive et des politiques publiques favorables, ainsi que par un pouvoir d’achat en hausse, l’Asie a sans conteste émergé sous le feu des projecteurs. A la tête de cette tendance impressionnante, la Chine, suivie par deux thèmes prometteurs, à savoir les infrastructures et la consommation. Pour 2011, nos perspectives sur l’Asie hors Japon sont positives. Grâce à de légères améliorations dans les économies occidentales, la reprise mondiale devrait bénéficier d’une assise plus solide qui permettra aux autorités d’adopter des politiques économiques favorables, tandis que les entreprises seront plus confiantes pour reprendre leurs plans d’investissement. La région asiatique récolte les fruits de sa résistance à la crise, grâce à une situation financière et des fondamentaux économiques robustes, accompagnés de politiques publiques de soutien et d’une démographie favorable. Après ce rebond économique vigoureux, l’Asie devrait toutefois connaître un ralentissement de sa croissance à un rythme toujours honorable, situé entre 4 et 8% en 2011. Ce contexte florissant et la compression des primes de risque devraient fournir un environnement favorable aux marchés actions. Cependant, nous sommes conscients que l’Asie est aussi confrontée à des défis propres. Nous sommes particulièrement attentifs à une éventuelle envolée de l’inflation en raison de la hausse récente des prix alimentaires, qui pourrait déclencher un cycle

de resserrement monétaire en 2011. L’année sera marquée par une divergence entre les politiques de la Fed et celles des banques centrales asiatiques (assouplissement contre resserrement quantitatif). Contrairement aux économies développées, dont les taux d’intérêt devraient rester extrêmement faibles, l’Asie doit combattre l’inflation au moyen d’initiatives monétaires et budgétaires. L’inflation, qui part d’une base plus élevée qu’en 2010, devrait atteindre un pic, puis diminuer dans les prochains mois. Côté positif, nous nous réjouissons de voir que les valorisations (ratios cours/bénéfices, rentabilité des capitaux propres) et l’endettement des sociétés asiatiques sont actuellement inférieurs à leurs moyennes à long terme, dans un environnement macro-économique stable. Chine: changement dans les priorités économiques La Chine est à l’entrée d’une nouvelle ère «post crise». Le pays devrait connaître une phase de transformation avec un nouveau gouvernement en 2012, la création d’une économie plus équilibrée s’appuyant à la fois sur les exportations et la demande intérieure, et enfin la mise en œuvre du 12e plan quinquennal. Tous ces éléments devraient favoriser l’émergence d’une société harmonieuse réduisant les écarts entre l’est et l’ouest du pays, les zones urbaines et rurales, et enfin les individus fortunés et défavorisés. L’année 2011 sera celle du changement des priorités économiques de la Chine. En effet, le pays n’a pas besoin d’une croissance tumultueuse et trop rapide. Il se construit une économie plus saine et

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Infrastructures en Asie, l’investissement idéal Les besoins d’investissements en infrastructures en Asie sont immenses. Selon les prévisions de la Banque de développement asiatique, la région devra dépenser 8000 milliards de dollars en infrastructures entre 2010 et 2020. Environ 70% de cette somme concerne de nouveaux équipements, les 30% restants étant consacrés à l’entretien et au remplacement des installations existantes. A près de 80%, ces investissements seront réalisés dans deux secteurs, l’énergie et les transports (Cf schéma ci-dessus). Par conséquent, les acteurs liés aux infrastructures devraient afficher des perspectives de bénéfices très solides. L’année 2011 constitue la première phase des plans quinquennaux d’investissements en infrastructures prévus dans de nombreux pays asiatiques, notamment la Chine, l’Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande. L’Inde, pour sa part, devrait mettre en place son prochain programme d’investissements entre 2012 et 2017. Malgré d’excellentes performances ces derniers temps, les secteurs liés aux infrastructures affichent toujours des décotes par rapport à l’ensemble du marché. C’est notamment le cas de l’énergie et des matériaux, qui présentent des valorisations attrayantes, avec une croissance du BPA robuste. Le secteur des matériaux se négocie ainsi sur la base d’un ratio cours/bénéfices d’environ 12x (contre 13x pour l’ensemble du marché asiatique) et devrait offrir une croissance de son BPA de 23% en 2011 (contre 13% pour le reste du marché asiatique).

Hausse des dépenses d'infrastructures entre 2010 et 2020

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plus équilibrée, avec un objectif de croissance de 7-8% et d’inflation de 3-4% (IPC), accompagnée d’une appréciation stable de son taux de change. Après s’être remise de la crise financière bien plus vite que la plupart des autres pays, la Chine abandonne manifestement sa politique accommodante au profit d’une politique prudente, dans le cadre de son processus de normalisation monétaire. Compte tenu du caractère modéré de la reprise en occident, les liquidités devraient continuer à affluer et à soutenir l’essor du marché boursier, mais ce phénomène n’ira pas sans tensions inflationnistes. Selon nous, l’inflation atteindra un pic au cours des prochains mois sous l’effet de la hausse des prix alimentaires et de facteurs saisonniers, et les craintes générées par les anticipations d’inflation sont peut-être plus graves que le contexte inflationniste réel. En utilisant la croissance de la masse monétaire M2 comme indicateur de l’inflation, l’inflation devrait progressivement ralentir et s’aligner avec l’objectif du gouvernement.

Au cours de la prochaine décennie, les investissements seront effectués dans les nouveaux équipements pour les 2/3 d'entre eux. Source: ADBI (2009); Bhattacharyay 2008

La consommation dans une Asie dynamique Les tendances de consommation des marchés asiatiques sont structurellement prometteuses. Elles sont portées par la croissance rapide du PIB de la région et la hausse du revenu par tête, ainsi que par une population jeune et nombreuse, des niveaux d’endettement faibles et la poursuite de l’urbanisation (Cf schéma page suivante). Selon nous, les valeurs du thème de la consommation n’en sont qu’aux premiers stades d’une phase d’expansion qui durera plusieurs années. Après le rebond marqué qu’elles connaissent depuis deux ans, les valeurs classiques de la consommation discrétionnaire et de produits de première nécessité présentent maintenant des valorisations

William Yuen Directeur associé et gérant du fonds Invesco Asia Consumer Demand, Invesco Hong Kong

@ william_yuen@hkg.invesco.com BANQUE&FINANCE N°108 MARS/AVRIL 2011

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Sous la loupe élevées. Toutefois, elles n’ont pas encore atteint les sommets qu’elles affichaient lors du dernier pic de 2007. D’autres secteurs liés à la consommation se négocient toujours à des niveaux inférieurs à leurs moyennes historiques. C’est notamment le cas de la finance, de l’informatique et des télécommunications. Dans un contexte de reprise lente dans les pays développés, la consommation asiatique devrait constituer le premier moteur de la consommation mondiale d’ici 2030 et représentera 32 000 milliards de dollars, soit près de 43% des dépenses des ménages à l’échelle internationale*. En réalité, nous venons d’observer un léger repli des valeurs de la consommation, car les investisseurs ont pris leurs bénéfices après leur parcours solide de 2010. Des opportunités d’investissement pourraient se dessiner dans certains domaines pouvant être perçus comme délaissés par les investisseurs, car la tendance positive de la consommation asiatique est un thème s’inscrivant dans un horizon de moyen à long terme. * Source : Banque de développement asiatique, août 2010

Marché de la consommation en Asie et aux Etats-Unis

Le marché de la consommation en Asie, hors Japon, représente environ 40% de celui des Etats-Unis et en est le 2e en termes de consommateurs à l'échelle mondiale.

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Sous la loupe Daniel Tassan-Din www.safdie.com www.argentnina.ar

Russie et Argentine en point de mire En considérant leur ratio risque/rendement, la Russie et l’Argentine se profilent comme les plus prometteurs cette année. Idem sur le plan de la croissance.

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es effets de l’intégration des pays émergents dans l’économie mondiale ont eu comme résultante une hausse des pouvoirs d’achat de leurs populations, mais une stagnation de ceux des citoyens des Etats développés. Ce phénomène s’est aussi traduit en 2010 par une augmentation des valorisations des titres de la plupart des pays émergents. En effet, le P/E de leurs actions atteignait un ratio de 12x, parfaitement en ligne avec celui des pays développés. Pour les obligations, les différentiels de rendement ont diminué à 2-3%. En considérant les BRIC, ce rattrapage de valorisation est encore plus fort (le rendement de l’obligation 10 ans du Brésil en dollars est, par exemple, seulement supérieur de 1% aux 10 ans du Trésor américain). Selon la majorité des économistes, la croissance mondiale va clairement continuer à être plus soutenue cette année dans les pays émergents, soit 5-6% par rapport aux 2-3% des Etats développés.

Mais après une hausse des marchés actions et obligataires respectivement à 97 et 34% pour la période 2008-2010, les opportunités deviennent plus rares. Malgré un environnement financier favorable pour les douze prochains mois, la situation en Chine n’est pas si stable qu’elle y paraît. Aux yeux de son premier ministre Wen Jiabao, la poursuite de sa croissance sans création d’inflation représente l’élément critique. Parallèlement, la Chine doit ajuster son modèle économique devenu «instable, non coordonné et insoutenable dans le long terme». Autrement dit, une politique qui conduit à des surplus importants du compte courant, par le biais d’une monnaie faible et d’une politique économique liée essentiellement à l’exportation (30% du PIB) sans se préoccuper de son impact sur le reste du monde, a de fortes chances de ne pas être viable à long terme. D’ailleurs, une grande partie de la croissance chinoise vient des dépenses d’investissement des gouvernements locaux (presque

Head of Asset Management, Banque Safdié

@ dtassan@safdie.com 50% du PIB). Si au début, cet effort était nécessaire pour lancer le développement du pays, son taux d’efficacité est désormais fortement réduit. Du point de vue du risque/rendement, les deux pays les plus prometteurs cette année sont la Russie et l’Argentine qui dépendent de l’évolution des matières premières, le premier pour le secteur énergétique (pétrole, gaz) et le second pour le secteur agricole (soja). Pour la Russie et ses cotations en actions, le P/E estimé pour 2011 s’élève à 7,5x. Avec une croisre dunt adiam irillam consed min utpate sance des bénéfices de plus de 20%, son marché venit aliqui bla feum diamet, vero des actions reste attractif par rapport aux autres etuer amet nullaoreet ipsuscin vulla grands pays BRIC. L’attention des marchés et des acipis augiat, vent ad modolendreet médias surtout focalisée sur la Chine, le Brésil ad dipits’est adQui enissequisl dolorper sim adipit ad ou l’Inde, del maisdelendi de l’avisonsequat de plusieurs économistes, le euguerit lor sum amconsed PIB russefeu devrait atteindre la même celui magna facidunt vendrem nos taille alissique tiniamc de l’Allemagne pourriusci devenir cinquième onulla faciliquisd’ici aut2020, volorpe erola od magna économie mondiale. De plus, la récente intégration feummoloreet adit lut la faci blaore volore faciduisit dans l’OMC et le fait d’avoir le Mondial de dolutpat iriure ming ea feumdécroché ad exerostoTe tat aci football pour 2018 eteleniam, les Jeux quat, olympiques en ting el ute feumsan quisimd’hiver, inciliquis 2014,zzrit, devraient favorisertueros son expansion économique. nim con hendree el et lor sim eum vero En ce quivelit concerne ce pays a réalisé la odignim nostis l’Argentine, ad dit, suscing esequat, quisim plus utpat, forte croissance économique l’Amérique quisl commy nullaor irit nos autdewis nonsenis latine, en (estimée 8,5%),lut et num elle avoisinera nulput init2010 iniscin hendreà minit in venibh les 6-7% cette notamment avec les élections esequating et, année, si. Tionsectet, commy con hent ut am, présidentielles. Quantnos auxdolesse rendements obligataires siscilit augait do dolor sit et iurem velit ad des papiers émisnostrud par le gouvernement les provinces ming eugait ute ils dolobore magna feugait (Buenos Aires,irillan Cordoba), devraient se situer aux wis duisl des et, 8-10% consequam feum alentours en USDvel ou ulputat EUR. Enlore revanche, iriusci pratie vulluptat, vel ut certainsliscidunt pays comme la Chine, le Brésil ou numsand l’Inde ont iamcortinit amcon henibh plus ex eriustrud et alit un profil risque/rendement dangereux.

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Sur le web http://en.iwep.org.cn/

Comparaison Performance Safdié Corporate High Yield vs S&P500 Une alternative à une allocation classique dans les actions constitue la stratégie adoptée dans le tower global High Yield. Focalisée sur un mix d’obligations des sociétés à haut rendement en US et dans les marchés émergents, elle permet de réaliser des performances de 8% par an (depuis novembre 2001 à fin 2010, de 8,3% annuelle) contre 3% pour le marché actions (S&P 500). Ceci, avec une volatilité de 8% contre 16% pour le S&P500. La caractéristique de cette stratégie est d’investir dans la partie haute du High Yield (BB/B) et/ou dans la partie basse du Investment grade (BBB).

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Sous la loupe Sur le web www.cian.asso.fr

Miser sur le secteur de la consommation LES MARCHÉS ÉMERGENTS

L’émergence d’une classe moyenne consommatrice en Afrique constitue une piste d’investissement. Quatre questions à Nicolas Clavel, Chief Investment Officer de Scipion Capital. Banque & Finance: Quelles sont les principales répercussions de la crise financière sur les moteurs de croissance africains, en particulier les cours des matières premières et les flux d’investissement étrangers? Nicolas Clavel: Dans un premier temps, nous avons surtout assisté à la chute des cours de certaines matières premières, à cause de la faiblesse de la croissance mondiale et des difficultés du secteur de la construction. A titre d’exemple, le prix du cuivre est passé de quelque 8000 dollars la tonne à moins de 3000 dollars. Puis les cours ont retrouvé de meilleurs niveaux et ont même dépassé ceux atteints avant la crise financière, du moins pour quelques matières premières. Mais comme l’Afrique est aussi un grand producteur d’or, les pertes subies sur le plan macroéconomique par les producteurs de cuivre ont été plus que compensées par les gains additionnels des productions d’or. En ce qui concerne les flux d’investissement étrangers, ils se poursuivent dans les domaines miniers, mais aussi dans l’agriculture. Quant aux investissements

locaux, ils se focalisent surtout dans le secteur de la construction. B&F: La Chine va-t-elle poursuivre son expansion en Afrique dans les secteurs des matières premières, des infrastructures et de l’agriculture, au détriment des pays industrialisés en perte de vitesse? NC: Sans aucun doute, l’influence de la Chine va continuer à grandir. Dans le domaine de l’investissement, elle prend des décisions rapides, de même qu’elle offre du crédit long terme et bon marché. De plus, les Chinois travaillent 24 heures sur 24 et sept jours par semaine pour remplir leurs contrats. La qualité laisse parfois à désirer, mais les Africains préfèrent des solutions expéditives et visibles à de longues études, qui sont l’apanage des fournisseurs européens ou américains. B&F: Comment évoluent les marchés financiers africains et quelles sont leurs faiblesses?

www.izf.net

NC: Le manque de liquidité des bourses est leur faiblesse principale. En revanche, la grande majorité d’entre elles fonctionnent déjà selon les normes internationales, et les compagnies cotées tiennent des comptabilités également adaptées aux standards européens. Le manque de dynamisme et d’engagement des actionnaires constitue un autre handicap. Quant au dialogue entre les dirigeants des sociétés cotées et leurs actionnaires, il diffère selon les pays. Il est satisfaisant au Maroc, mais absolument nul au Nigeria, par exemple. B&F: Dans quels secteurs d’activité et classes d’actifs conseillez-vous d’investir? NC: L’Afrique compte un milliard d’habitants contre un milliard cent cinquante millions pour l’Inde. Les familles dotées d’un revenu de 20 000 dollars par an sont plus nombreuses en Afrique qu’en Inde. Cette nouvelle classe moyenne, en grande partie inexistante en Afrique il y a encore dix ans, forme actuellement encore plus demain une catégorie de consommateurs importante. Dans ce contexte, un portefeuille d’actions activement géré se concentrera sur des sociétés du secteur de la grande consommation, qui bénéficient et bénéficieront davantage de cette augmentation du pouvoir d’achat en Afrique. Les cimenteries, les brasseries, les banques, les entreprises de téléphonie mobile et la grande distribution sont des secteurs avec un fort potentiel de développement. Propos recueillis par Didier Planche d.planche@banque-finance.ch

Performances du fond Scipion 160

Nicolas Clavel Chief Investment officer de Scipion Capital

Scipion Capital LLP (Londres) gère trois fonds d’investissement en Afrique, dont le principal finance les matières premières (performance ci-dessous). Lancé en août 2007, il a bénéficié du retrait de bon nombre d’acteurs bancaires dans cette activité. Ses performances ont augmenté de 50% depuis sa création. En 2010, il a enregistré une hausse régulière de 17,68%, sans connaître un seul mois négatif.

@ nicolas@scipion-capital.com

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Investir

Sur le web www.bloomberg.com

www.boursorama.com www.reyl.com

François Savary

Actions suisse et zone euro

L’euro, la clé pour les actions européennes? L’année 2010 a été marquée par des mouvements erratiques sur les actions européennes et l’euro. Dans ce contexte, la règle simple voulant qu’un euro faible soutienne les titres européens a-t-elle été vérifiée? En 2010, la devise européenne a perdu 6,54% de sa valeur contre le dollar. La performance de l’EuroStoxx50 (-5,81% en 2010) semble indiquer que le comportement de l’euro n’a pas engendré le résultat escompté. Toutefois, élargir l’observation au Stoxx 600 change la conclusion, en raison de la poussée de 8,6% de cet indice. L’étude des indices nationaux montre, quant à elle, des divergences de performances marquées. Entre les actions espagnoles (-17,5%) et les actions allemandes (+16%), on constate un écart de 33,5% en 2010. Parce que l’Allemagne est un pays exportateur, contrairement à des Etats plus fermés comme l’Espagne, la chute de l’euro a logiquement soutenu les titres d’outreRhin! Si l’argument a des mérites, qu’en dire au regard de la sous-performance des actions françaises (-3,34%). L’Oréal, Essilor, LVMH, Renault et Technip n’ont rien de sociétés domestiques. Le cas du CAC 40 est parlant, car il met en exergue un développement majeur à l’échelle des marchés européens, soit la sousperformance des bancaires (-11,5%), alors que l’automobile ou les valeurs industrielles progressaient de 44 et de 33% au sein du Stoxx 600. Paris a souffert de sa forte pondération en titres BNP, Société Générale, Crédit Agricole ou encore Axa. Tout cela pour dire que

Directeur des Investissements, Reyl & Cie

Avis d’expert

le comportement du secteur financier secteur bancaire de refaire une partie Recommandations à l’achat: doit être intégré dans l’analyse de de son retard par rapport à d’autres l’impact des variations de l’euro pour segments du marché. En d’autres Top 3 • Nestlé les actions européennes en 2010, tout termes, si la crise de la dette demeure • Schlumberger comme dans une approche prospecsur le devant de la scène, l’euro a • Air Liquide tive pour 2011. toutes les chances de rester faible. Recommandations Donc, si l’on exclut le cas particulier L’année 2011 pourrait alors ressembler complémentaires: de l’EuroStoxx50, l’année 2010 valide à 2010 pour les actions européennes. «largement» la relation inverse entre la En revanche, le maintien d’un euro • Vinci parité euro/dollar et les actions eurofaible, conjugué à une solution au • Caterpillar péennes. Si l’on attend une faiblesse problème de la dette souveraine, pour• Microsoft persistante de l’euro au cours des rait modifier fortement le paysage des • Swatch • Intel prochains trimestres, soit des marges performances régionales et sectorielles • Allergean de fluctuations de 1,20-1,40 contre par rapport à celui de 2010. Les indices dollar, une progression complémenpériphériques pourraient retrouver fs@reyl.com taire des valeurs d’exportation est grâce auprès des investisseurs du fait probable, partant du principe que la d’une évaluation attrayante. Une strareprise mondiale ne sera pas remise tégie de saisie d’opportunités relatives la hausse éventuelle de la devise en cause (ce qui est notre scénario serait alors justifiée. Enfin, si l’on croit européenne, constituerait la levée global). Est-ce à dire que l’Espagne à une reprise de l’euro, il n’est pas d’une hypothèque importante pour la et la France seraient nécessairement certain que les exportatrices souffrent. croissance mondiale, dont toutes les appelées à sous-performer l’Allemagne La résolution de la question de la sociétés tireraient profit, exportatrices comme en 2010? Non, mais «tout» dette européenne, qui sous-tendrait incluses. dépendra de la question des dettes souveraines européennes. En 2010, la faiblesse de l’euro a été l’expression d’une défiance à l’encontre de ces dernières, entraînant une sous-performance des banques, grandes détentrices d’obligations d’Etats. Un retour au calme sur cette problématique ne signifierait pas forcément une revalorisation massive de l’euro, en raison de fondamentaux économiques de qualité moyenne en Europe. En revanche, Comme le montrent les ratios de l’indice Dax et de l’indice Ibex, l'indice allemand a dominé l'année 2010(+16%) cela pourrait permettre au

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La surperformance des actions allemandes

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Investir Eric Le Coz Membre du Comité d’investissement, Carmignac gestion

Actions monde

Avis d’expert • Carmignac Commodities (+135% sur deux ans), car la croissance des émergents aura une forte influence sur les besoins en ressources • Carmignac Emergents (+111% sur deux ans) qui englobe l’Afrique, le Moyen-Orient, la Turquie et la Russie • Carmignac Emerging Discovery (+145% sur deux ans) qui cible les small caps des mêmes régions.

@ e.lecoz@carmignac.com

Actions? Oui, avec la croissance Depuis l’été dernier, nous sommes convaincus que le contexte est favorable pour la classe d’actifs «la plus risquée», celle des actions, raisonnablement valorisées, alors même que les bénéfices des entreprises s’améliorent et que leur endettement a rarement été aussi bas. La Chine continue à souffrir d’un mal que nous aimerions partager, à savoir une économie trop vigoureuse. Cette croissance de plus de 10% s’accompagne de pressions inflationnistes qu’un taux de change encore trop administré ne parvient pas à enrayer. D’ailleurs, les derniers chiffres d’inflation publiés sont en hausse de plus

Carmignac Commodities

L’indice Carmignac Commodities a été calculé et composé à l’origine (mars 2003) de 45% MSCI ACWF oil and gaz (Eur), 5% MSCI ACWF Energy Equipment (Eur), 40% MSCI ACWF Metal and Mining (Eur), 5% MSCI ACWF Paper and Forest (Eur) et 5% MSCI ACWF Food (Eur). Cet indice est rebalancé trimestriellement depuis le 28/09/2007.

de 4%. Faut-il s’en inquiéter? Nous ne le croyons pas. D’une part, l’alimentation a largement contribué à cette poussée de l’inflation et le gouvernement a déjà pris des mesures pour contrôler le prix des denrées les plus importantes. D’autre part, la Chine est déjà sortie de l’ère de la croissance à n’importe quel prix. Le relèvement des réserves obligatoires des banques à 18% et le resserrement des taux directeurs confirment que la politique chinoise vise une croissance un peu moins forte, mais plus équilibrée, permettant à la consommation domestique de devenir le principal contributeur de la croissance. Le rééquilibrage de la croissance mondiale est donc bien réel. En Inde, autre pays dont la croissance repose sur la demande domestique, des affaires de corruption ont été publiquement dénoncées sans que cela parvienne à déstabiliser le marché. C’est un signe encourageant de robustesse, après l’afflux de capitaux qu’a connu le pays depuis le début de l’année. Dans l’univers émergent, les valorisations sont en ligne avec les perspectives de croissance. Ces marchés ont connu une certaine consolidation en fin d’année, mais sans remettre en cause leur avance sur l’ensemble des marchés internationaux, avec une progression de près de 20% (en euro) pour l’indice mondial des actions émergentes. Un récent voyage au Brésil a conforté la première impres-

Sur le web www.carmignac-gestion.fr www.carmignac.ch/flash/carmignac-emergents.htlm www.carmignac.ch/fr/carmignac-commodities.htlm

sion que nous avions eue à l’issue de l’élection de Dilma Rousseff. Les nominations au gouvernement sont rassurantes et la croissance économique restera forte en 2011. Quant à l’inflation, elle est sous le contrôle vigilant de la Banque centrale. Outre-Atlantique, la Fed a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2011, malgré la nouvelle injection monétaire de 600 milliards de dollars. Elles ont été ramenées d’une fourchette de 3,5 à 4,2%, à une plage de 3 à 3,6%. Un chiffre dont l’Europe se réjouirait... De plus, différents indicateurs confirment le scénario d’une reprise américaine. Le vent pourrait donc tourner plus vite que prévu. Un monde à trois vitesses se confirme ainsi. La discipline allemande imprime sa marque à la zone euro, parfois dans la douleur, et au prix d’une croissance faible et de pressions déflationnistes qui devraient maintenir l’euro sous pression. Aux Etats-Unis qui craignent autant la déflation que l’Allemagne redoute l’inflation, point de salut sans croissance, selon la Fed. Il y aura donc autant de dopage monétaire que nécessaire pour assurer la reflation, la croissance et donc l’emploi. Pour leur part, les économies émergentes, elles, connaîtront le sort enviable d’une croissance moyenne agrégée de plus de 6% en 2011, doublé de l’avantage de monnaies stables. C’est un environnement favorable pour les actions de ces régions, y compris celles des «nouvelles frontières», mais aussi pour les titres liés à l’énergie et aux ressources naturelles qui bénéficieront de cette croissance. BANQUE&FINANCE N°108 MARS/AVRIL 2011

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Investir

Roy Damary

marché obligataire

Et si l’on parlait du renminbi Les investisseurs en revenus fixes consacrent beaucoup de temps à l’analyse du risque-crédit et du risque taux d’intérêt, ce dernier étant déterminant pour l’échéance des portefeuilles. Mais ils sont bien incapables de gérer le risque le plus significatif de tous, celui des taux de change des monnaies. On a beau rechercher 2 ou 3% de rendement supplémentaire en choisissant l’euro plutôt que le franc suisse, les pertes induites par la baisse de plus de 15% du taux franc suisse/euro rendent de tels efforts bien futiles. La plupart d’entre nous ne peuvent que dire «si j’avais su». Or, justement, nul ne pouvait savoir. Alors que le déclin séculaire du dollar était prévisible, car aucun pays, pas même une superpuissance, ne peut continuer de vivre au-dessus de ses moyens sans que, tôt ou tard, sa monnaie n’en pâtisse. Cette affirmation, qui n’est pas pertinente pour les opérations de Forex à court terme, est d’extrême importance pour le choix de la monnaie d’une épargne à long terme. L’euro, quant à lui, ne se prêtait pas à une analyse aussi simple. Nombreux sont ceux qui prétendent que les failles de la monnaie unique étaient évidentes dès son origine, mais prévoir un événement a posteriori est l’apanage des sots! En tous cas, force nous est de reconnaître que nous n’avions pas prévu la crise de l’euro. Maintenant que la foi dans le dollar est ébranlée du fait de son déclin continu et par l’assouplissement quantitatif (également connu sous le sobriquet de «planche à billets»), et

que l’endettement abyssal de certains pays de l’Union Européenne a fait vaciller la confiance dans l’euro, où les investisseurs peuvent-ils se tourner pour préserver leurs actifs? Réponse: vers le franc suisse et l’or. Ce n’est, cependant, qu’un pis-aller. Pour trouver une solution durable, il faut tenir compte du rééquilibrage qui bouleverse le monde depuis le changement de millénaire, à savoir, l’émergence de deux grandes zones économiques capables de faire front à l’hégémonie d’après-guerre des EtatsUnis, l’Union européenne et l’Asie. Dans un sens, tous les pays du monde font partie ou sont rattachés à l’une de ces trois zones. Et chacune, ou presque, a sa monnaie principale, soit le dollar pour les Etats-Unis et l’euro pour l’UE. Quant à l’Asie, supposons pour l’heure que la monnaie chinoise est le renminbi. L’euro s’est élevé au statut de monnaie de commerce international et de réserve comme alternative au billet vert. Toutefois, tel n’est pas le cas du renminbi. La Chine et ses voisins sont une superpuissance économique sans monnaie internationale. Mais cela change très lentement, selon un processus typiquement chinois. Le renminbi a tout d’abord accédé au rang de monnaie de commerce entre la Chine et ses voisins, puis ces derniers ont été autorisés à le stocker dans leurs coffres. De plus, le Président chinois commence à envisager le renminbi comme monnaie de réserve. Enfin, la Chine s’apprête à autoriser les transactions sur sa devise contre dollars australien

et singapourien. Il y a quelques mois encore, la Chine semblait tellement réticente à franchir ce dernier pas que nous avions imaginé une solution régionale construite autour du renminbi, comme l’euro l’est autour du Deutsche Mark. Il est probable que, même si les autorités avaient pensé à cette idée, elles l’auraient vite abandonnée à la lumière des récents événements dans la zone euro. Cependant, si le renminbi devenait la troisième monnaie internationale, que de problèmes financiers internationaux seraient résolus! Et surtout, cela éviterait un retour à l’étalon or, avec toutes ses contraintes pour le commerce international, ou le lancement par le FMI d’une toute nouvelle monnaie de réserve.

Conseiller économique, Bridport & Cie

Avis d’expert Pour les investisseurs basés en Suisse, les «excursions» hors monnaie nationale sont assez risquées et doivent impérativement tenir compte de la vélocité inattendue du rééquilibrage économique. Vive l’internationalisation du renminbi!

@ damary@bridport.ch

Euro et dollar face au franc suisse

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Investir

Etienne Weber CIIA, Institutional Services tradition

@ etienne.weber@tradition.ch L’incertitude sur la dette souveraine persiste en 2011. Le marché se pose plusieurs questions quant à l’avenir immédiat et à la réussite du sauvetage de certains membres de la zone euro. Pendant le mois de janvier, de nouvelles émissions faites par la Banque Centrale irlandaise et certaines émissions obligataires de l’Europe périphérique ont été majoritairement souscrites par la BCE, laissant à penser, lors de la rédaction de ce texte, que la situation n’est de loin pas stabilisée. Le marché des changes a réagi déjà depuis le début de la semaine du 24 janvier à l’image du franc suisse qui a repris deux centimes face au dollar et à l’euro, pour se situer respectivement à 1,2880 et 0,9480. Les taux d’intérêt à long terme ont fait de même, perdant

DEVISES

Tirer profit des spreads souverains une dizaine de points dans la même période. Après s’être envolés à des niveaux records en début d’année, les Credit Default Swaps (CDS) sur les pays en périphérie de zone euro, comme l’Irlande, l’Espagne, le Portugal, etc., en sont légèrement revenus. Il se pourrait que les spreads de crédit sur les dettes souveraines s’écartent encore ces prochains mois. Dans une optique d’investissement, le détenteur d’un portefeuille obligataire est exposé, au-delà des risques standards de taux, au risque de crédit de l’émetteur, même si ce dernier est un Etat. En Europe, la probabilité de défaut d’un Etat est certes faible, mais l’évolution des spreads depuis le début des récentes difficultés économiques démontre que la mise en place d’une protection contre ces mouvements

peut être judicieuse, voire prendre la forme d’un investissement plus spéculatif. Très loin des grands fonds d’investissement qui s’attaquent à leur cible dans le but de les mettre en difficulté, plusieurs stratégies s’offrent aux investisseurs désireux de générer du rendement dans le segment du crédit souverain, sans pour autant être qualifiés d’investisseurs sans foi ni loi. Si l’on prend exemple sur le marché des actions, un investisseur, avec une vue stable à légèrement haussière, va tenter d’améliorer son rendement par des reverse convertibles, lui offrant un revenu supplémentaire sous la forme d’un coupon. Selon cette formule, l’investisseur, dont la vision sur les obligations étatiques est négative, peut tenter de capturer l’écartement des spreads sur les CDS, selon une méthode s’apparentant au reverse convertible. En effet, traiter les CDS en direct étant quasiment impossible pour un investisseur normal, la structuration du CDS sous forme de warrant s’impose. Cette méthode permet de protéger son exposition obligataire ou de spéculer sur le spread de crédit de façon directionnelle, avec plus ou moins de levier. La maturité relativement longue de

CDS à cinq ans sur la Belgique a perdu 80 pb en deux semaines

cette solution ne correspondant pas forcément à la vision de chacun, une solution de type reverse convertible sur CDS paraît plus appropriée pour une stratégie à très court terme. Cette structure permet, par exemple, de matérialiser une vue baissière sur la qualité de crédit d’un pays de l’Europe de l’Ouest, sur une maturité de trois ou six mois et avec un coupon élevé garanti, mais constitue un investissement à risque (par opposition, supposons, à un capital garanti). A maturité, l’investisseur reçoit de toute façon le coupon couru indépendamment de l’évolution du sous-jacent, et le montant nominal du produit est remboursé en fonction du niveau final du CDS de référence. Cette structure est ainsi remboursée au pair si le CDS cinq ans, à maturité, est égal ou supérieur à son niveau initial. A contrario, le produit est remboursé au-dessous du pair si le CDS cinq ans est inférieur à son niveau initial. Sur les niveaux actuels, les coupons garantis se situent entre 8% annualisés pour un produit trois mois sur la Belgique et 18% annualisés sur une structure six mois sur l’Irlande. Le but final de l’investisseur étant donc bien d’obtenir un rendement supplémentaire, alors que ce dernier a une vue stable à légèrement haussière sur le spread de crédit et équivalente à une détérioration de la capacité de remboursement de l’Etat sous-jacent, qu’elle soit effective ou estimée par le marché.

Sur le web www.bloomberg.com

Les incertitudes persistent et la tendance haussière pourrait reprendre.

www.tradition.ch

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Investir Emmanuel L. Delley INg Investment Management (Suisse)

Avis d’expert • Acerinox: La compagnie métallurgique espagnole a une comptabilité forte, mais le cours de son action a sous-performé le secteur «material», ainsi que les autres aciéries. Elle offre une exposition importante au marché américain et est positivement corrélée à l’immobilier américain. Bien que son exposition au marché espagnol ne soit que très limitée, le cours de son action a souffert de la crise espagnole et cela a produit une opportunité d’achat. Axa: L’assureur français se traite à des niveaux très attractifs, avec un rendement du dividende de près de 6%, ainsi qu’un discount de 20% par rapport à ses pairs. Le titre a sous-performé en 2010 du à son exposition à l’assurance-vie, ainsi qu’une exposition importante au marché des actions.

Fonds de placement

Dividendes: rendement et stabilité Ecarter le rendement du dividende des principaux critères d’investissement est un tort, car les sociétés distribuant des rendements élevés et soutenables s’avèrent plus résistantes et performantes sur le long terme. Une analyse historique a démontré qu’en moyenne, environ la moitié du rendement total d’un portefeuille d’actions provient du rendement des dividendes. Il en résulte un portefeuille relativement défensif, peu volatil et dont le risque à la baisse est moindre. A plus forte raison dans un environnement où les marchés obligataires offrent peu d’alternatives, les actions à haut rendement constituent une solution d’investissement attrayante. Mais les sociétés qui versent les dividendes les plus élevés n’affichent pas nécessaire-

ment les meilleurs rendements, ce qui atteste de l’importance d’une analyse approfondie des sociétés et de la valeur d’une gestion active. Pourquoi est-il si attrayant d’investir en dividendes? La recherche indique que, sur le long terme, investir sur les valeurs «value» procure des rendements supérieurs à ceux du marché et que ces titres délivrent en moyenne des rendements ajustés au risque qui sont supérieurs. Mais allons plus loin et ajoutons l’élément «dividende», afin de peaufiner la proposition. Une approche «value» fondée sur les dividendes offre un atout supplémentaire et permet d’obtenir un profil risque/ rendement attrayant, du fait d’une faible volatilité et de caractéristiques défensives.

Pourquoi faut-il se concentrer sur les dividendes? D’abord, parce que les dividendes sont la principale source du rendement total des actions; une analyse des rendements des actions sur les quarante dernières années montre que, pour toutes les régions, le rendement du dividende est l’élément qui contribue le plus au rendement total. Ensuite, parce que le rendement du dividende est la seule source de rendement qui soit toujours positive sur la durée, tandis que l’évolution de la croissance des multiples et des dividendes peut afficher des chiffres négatifs. Une stratégie fondée sur les dividendes offre ainsi une plus grande protection, comparativement à un fonds d’actions traditionnel. Les dividendes sont également

Dispersion annualisée sur des périodes de cinq ans

Abertis: le constructeur et gérant d’autoroutes payantes et de parking franco-espagnol génère des liquidités importantes et offre un dividende de 5%. La nouvelle direction, ainsi qu’un activisme des actionnaires, pourraient déclencher des changements tels que la vente de participations secondaires dans Atlantia, Brisa, et Eutelsat, ce qui soutiendrait fortement le cours du titre en 2011.

@ emmanuel.delley@ingim.com BANQUE&FINANCE N°108 MARS/AVRIL 2011

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Investir

Pendant longtemps, le rendement du dividende a été écarté des principaux critères d’investissement. A tort.

Performance de l’ING (L) Invest Euro High Dividend CAP (depuis le lancement en avril 1999)

Sur le web www.highdividend.ch

www.ingim.ch

Les perspectives des investissements en dividendes

moins volatils; en effet, la croissance des dividendes est beaucoup moins volatile que celle des bénéfices, surtout durant une période de contraction de l’économie. Enfin, les dividendes sont un outil d’évaluation stable et un signal fiable; l’importance et la stabilité des dividendes fournissent des informations sur les perspectives d’une entreprise, les dirigeants estimant que la réduction des dividendes nuit à leur image et que, par conséquent, il est préférable de les lisser au fil du temps. L’analyse fondamentale, la clé de bons résultats d’investissement Pendant un certain temps et avant que ne débute la crise financière

en 2007, on pensait qu’un portefeuille d’actions à rendements de dividendes élevés conduisait à des retours sur investissement eux aussi élevés. De nombreux investisseurs estimaient qu’il suffisait, au moment de construire un portefeuille, de ne prendre qu’en considération le rendement des dividendes. Le risque d’être confronté à des réductions de dividendes était minime. En 2008 et 2009, la situation des dividendes s’est complètement renversée. La crise du crédit a entraîné une avalanche de diminutions et de suspensions des dividendes, notamment dans le secteur financier. Ce secteur, qui représentait habituellement plus du tiers du

revenu total lié aux dividendes, a chuté à 10% en 2009. De tels changements sont lourds de conséquences pour un investisseur qui s’appuie toujours sur les caractéristiques prédictives et défensives des dividendes. L’analyse fondamentale est devenue à nouveau un facteur critique du processus de sélection d’actions à dividende élevé. Une analyse fondamentale menée par une équipe d’analystes expérimentée permet de choisir les meilleurs investissements à dividende élevé, aux rendements durables, grâce à une étude approfondie de la qualité du bilan et de la solidité des activités d’une entreprise.

L’importance des dividendes dans le rendement total d’un portefeuille d’investissements sera plus grande dans l’environnement de faible croissance et de faible rendement que nous prévoyons pour les marchés développés. La demande de revenu et de rendement restera sans doute forte, notamment pour des raisons démographiques structurelles, et le rendement d’autres catégories d’actifs est historiquement faible. Il est probable qu’une stratégie de sélection des actions à rendement de dividendes élevé et pérenne bénéficie de cette tendance. Une poursuite de la croissance des bénéfices en 2011 et 2012, associée à de très fortes liquidités, devrait stimuler les dividendes, d’autant plus que les ratios dividendes/bénéfices sont nettement en dessous de la moyenne à long terme. Cet environnement, combiné à l’attractivité à long terme des investissements en dividendes, justifie selon nous une sélection d’actions à fort dividende dans tout portefeuille d’actions. BANQUE&FINANCE N°108 MARS/AVRIL 2011

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Investir REPÈRES DU MARCHE DE LA GESTION COLLECTIVE Palmarès sur 1 an des catégories de fonds avec au moins 5 fonds Mathieu Caquineau Analyste Morningstar France

Moyennes des catégories Morningstar

Perf. en % Perf. en % Volatilié sur 1 an annualisée annualisée sur 3 ans sur 3 ans

Perf. en % annualisée sur 5 ans

MEILLEURES PERFORMANCES DES CATEGORIES MORNINGSTAR - FONDS ACTIONS & MIXTES

Actions Thaïlande Actions Indonésie Actions Secteur Métaux Précieux Actions Afrique du Sud et Namibie Petites Cap. Actions Suède Petites et Moyennes Cap.

41,38 32,61 28,45 26,30 22,21

3,67 8,47 2,93 -6,34 -0,46

29,88 40,14 32,62 32,14 32,76

8,53 20,35 9,80 4,16 4,99

MOINS BONNES PERFORMANCES DES CATEGORIES MORNINGSTAR - FONDS ACTIONS & MIXTES

Sur le web www.morningstar.fr

Actions Secteur Energies Alternatives Actions Italie Actions Espagne Actions Portugal Actions Grèce

-17,01 -19,20 -25,47 -27,89 -39,59

-23,42 -21,07 -18,46 -23,51 -35,07

31,17 28,38 28,84 29,32 35,51

-5,18 -10,16 -3,76 -6,99 -17,08

MEILLEURES PERFORMANCES DES CATEGORIES MORNINGSTAR - FONDS OBLIGATAIRES

Obligations ZAR/NAD Diversifiées Obligations ILS Indexées sur l'Inflation Obligations Marchés Emergents Devise Locale Obligations JPY Obligations CHF

14,35 5,95 4,04 3,75 2,68

4,25 1,94 -0,49 4,99 3,41

22,41 18,35 13,47 14,89 4,63

-0,04 3,17 0,68 1,03 1,76

MOINS BONNES PERFORMANCES DES CATEGORIES MORNINGSTAR - FONDS OBLIGATAIRES

Allianz Euro Oblig 1-3 Plus R (C) - FR0010117119 Fort de plus de 20 ans d’expérience dans la gestion au sein de la même société, François Lepera gère le fonds avec la même stratégie depuis 1997. Le rapprochement des pôles de gestion d’Allianz en Italie et en France, cette année, a conduit à une réorganisation de l’équipe obligataire. La gestion «taux» en euro est désormais sous la responsabilité de Mauro Vittorangeli. Elle compte au total quatre gérants suite au départ de deux de ses membres. C’est regrettable, mais nous pensons que les quatre gérants actuels sont tous expérimentés et apprécions le fait que le fonctionnement collégial par expertise (courbe, duration, sélection pays, etc.) a été maintenu. Nous saluons en outre le renforcement de l’équipe en charge des obligations privées (huit gérants-analystes) sur laquelle Lepera se repose pour cette partie du portefeuille. L’approche de gestion tire pleinement parti de ces ressources internes. Elle repose dans un premier temps sur un scénario économique et sur des anticipations sur l’évolution des marchés de taux, élaborées collégialement au

sein des équipes obligataires. Le gérant dispose d’une grande latitude pour transcrire les vues de l’équipe, liberté qui a même été élargie depuis avril 2010. Limités à 50-150% de la duration de l’indice JPM EMU 1-3, les paris en sensibilité aux taux peuvent désormais évoluer entre –2 et +3. Le fonds a toutefois vocation à rester structurellement en sensibilité positive. Le passage en duration négative se fera éventuellement, de façon tactique, lorsque l’équipe aura une conviction suffisamment forte sur la hausse des taux. La sélection de titres et la part allouée aux obligations privées, qui ont atteint leur maximum de 30% des actifs depuis le début de l’année, constituent les autres sources de performance de la stratégie. Le positionnement sur la courbe des taux revêt ici une importance moindre, le fonds étant investi uniquement dans les maturités courtes et moyennes. Ce segment du marché obligataire comporte moins de risque de taux: une augmentation de ces derniers impacte en effet moins la valeur nominale des obligations à maturité plus courte. Le portefeuille se positionne donc, de

-12,86 -13,68 -14,74 -14,78 -14,96

façon récurrente, dans la partie sensibilité basse aux taux dans la Morningstar Style Box. Le gérant affiche néanmoins des paris marqués en duration, au risque de sous performer en cas de mauvaises anticipations comme ce fut le cas en 2006. Par ailleurs, le fonds comporte un risque de crédit non négligeable, reflété par la qualité de crédit moyenne reportée dans la Style Box. Il n’en demeure pas moins

-6,32 -5,43 -5,09 -5,70 -7,04

10,59 10,09 9,95 11,10 9,46

-2,55 -1,92 -1,84 -2,20 -2,41

un choix solide pour les investisseurs souhaitant un risque de taux limité. L’approche a permis de surperformer régulièrement ses concurrents (1er quartile sur trois, cinq et dix ans à fin août 2010). Outre l’expérience du gérant et la solidité de l’approche, les frais facturés aux investisseurs sont raisonnables et contribuent à rendre le fonds compétitif sur le long terme. Le fonds conserve la note «Supérieur».

Allianz Euro Oblig 1-3 Plus R (C) vs catégorie Morningstar

Source © 2011 MORNINGSTAR, Inc. tous droits réservés

Obligations Europe Obligations EUR Diversifiées Obligations EUR Emprunts d'Etat Obligations EUR Indexées sur l'Inflation Obligations EUR Diversifiées Court Terme

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Investir Les plus grandes catégories de fonds passées au crible du 1 er quartile

Le graphique ci-contre indique l'évolution des catégories de fonds sur cinq ans. Dans chaque numéro, Banque&Finance vous présente également une sélection de fonds. Découvrez les rares produits qui réussissent à se hisser dans le premier quartile sur toutes les périodes analysées. Nous publions au maximum les cinq premiers fonds sur un an. SUR 142 FONDS DE LA CATÉGORIE MORNINGSTAR "ACTIONS SUISSE GDES CAP. ", 8 FONDS RESTENT DANS LE 1 er QUARTILE SUR 6 MOIS, 1 AN ET 3 ANS. Actions Suisse Gdes Cap. Nom du fonds

SVM Value SL iFunds (CH) Eq Switzerland S&M Cap B & P Vision Q-Selection Switzerland EFG Equity Funds Switzerland Quantus Top Class of Swiss Eq

Promoteur

Code ISIN

Perf. en % sur 6 mois

Perf. en % sur 1 an

Perf. en % sur 3 ans annualisée

Volatilité annualisée sur 3 ans

Etoiles MORNINGSTAR

SIF Swiss Investment Funds SA Swiss Life Funds AG Crystal Fund Management AG SIF Swiss Investment Funds SA Falcon Fund Management (Switzerland) Ltd

CH0013610248 CH0023989467 LI0022299676 CH0019450441 CH0015917344

17,75 21,15 17,58 16,64 14,24

24,49 23,31 21,07 15,76 15,55

-0,01 -0,86 -6,12 -5,00 -4,72

19,54 18,79 19,81 19,35 18,84



8,12

4,24

-6,47

18,02

Moyenne

   

SUR 52 FONDS DE LA CATÉGORIE MORNINGSTAR "ACTIONS SUISSE PETITES ET MOYENNES CAP.", 5 FONDS RESTENT DANS LE 1er QUARTILE SUR 6 MOIS, 1 AN ET 3 ANS. Actions Suisse Petites & Moy. Cap. Nom du fonds

SaraSelect AXA Swiss IF Eqs Switzer Sm & Mid Caps 2 UBS (CH) EF Small Caps Switzerland P LO Swiss Cap ex-SMI I D Clariden Leu (CH) Swiss Small Cap Equity

Promoteur

Sarasin AXA UBS Lombard Odier Clariden Leu AG

Code ISIN

Perf. en % sur 6 mois

Perf. en % sur 1 an

Perf. en % sur 3 ans annualisée

Volatilité annualisée sur 3 ans

Etoiles MORNINGSTAR

CH0001234068 CH0035534368 CH0004311335 CH0020299548 CH0005647661

24,35 23,99 22,09 21,55 20,26

35,99 34,41 33,14 31,11 27,44

-5,71 -3,32 0,70 -2,59 -5,60

25,47 23,57 25,16 24,72 25,29



16,93

19,79

-3,38

23,17

Moyenne

   

SUR 188 FONDS DE LA CATÉGORIE MORNINGSTAR "ACTIONS EUROPE GDES CAP. MIXTES", 13 FONDS RESTENT DANS LE 1er QUARTILE SUR 6 MOIS, 1 AN ET 3 ANS. Actions Europe Gdes Cap. Mixte Nom du fonds

Arnica European Opportunity Fund Threadneedle Pan Eurp Inst Net EUR JPM Europe 130/30 A (acc)-EUR Nordea-1 European Alpha AP Quality Europe Equity B

Promoteur

Swiss Life Funds AG Threadneedle Investments JPMorgan Asset Mgt (Europe) S.à r.l. Nordea Investment Funds S.A. Swiss & Global Asset Management AG

Code ISIN

Perf. en % sur 6 mois

Perf. en % sur 1 an

Perf. en % sur 3 ans annualisée

Volatilité annualisée sur 3 ans

Etoiles MORNINGSTAR

CH0033137149 GB0030810682 LU0289089384 LU0326853156 LU0199669259

24,81 13,13 14,03 16,27 12,47

13,61 7,10 4,08 3,80 3,73

-5,99 -8,00 -13,53 -13,52 -11,61

25,33 22,71 26,53 29,12 26,17



8,59

-5,02

-14,62

25,29

Moyenne

   

SUR 157 FONDS DE LA CATÉGORIE MORNINGSTAR "ACTIONS ETATS-UNIS GDES CAP. MIXTES", 7 FONDS RESTENT DANS LE 1er QUARTILE SUR 6 MOIS, 1 AN ET 3 ANS. Actions Etats-Unis Gdes Cap. Mixte Nom du fonds

CONNECT Equity USA GREEN I Reyl (LUX) GF North Amer Equities B Clariden Leu (Lux) North America Eq B LGT Multi Manager Eq North Amer USD B Clariden Leu (CH) US Quant Equity A

Promoteur

Credit Suisse Asset Management Reyl & Cie (France) Clariden Leu AG LGT Capital Management Clariden Leu AG

Code ISIN

Perf. en % sur 6 mois

Perf. en % sur 1 an

Perf. en % sur 3 ans annualisée

Volatilité annualisée sur 3 ans

Etoiles MORNINGSTAR

CH0027988838 LU0160156013 LU0434328265 LI0026536560 CH0020220155

9,76 9,98 14,02 7,00 13,13

11,56 9,96 9,66 5,57 5,56

-2,67 -8,71 -10,88 -7,61 -10,24

26,83 23,51 25,44 22,71 23,97



3,31

-0,72

-9,69

23,11

Moyenne

   

SUR 64 FONDS DE LA CATÉGORIE MORNINGSTAR "ACTIONS ASIE-PACIFIQUE HORS JAPON", 0 FONDS RESTE DANS LE 1er QUARTILE SUR 6 MOIS, 1 AN ET 3 ANS. Actions Asie-Pacifique hors Japon Nom du fonds

Aberdeen Global Asian Smaller Cos D2 First State As Pac Sustainability A AXA Rosenberg Pac Ex-Jap Sm Cp Alp A USD LGT Multi Manager Eq Asia ex-Jap USD B Aberdeen Global Asia Pacific Equity A2 Moyenne

Promoteur

Aberdeen Asset Managers Ltd Lux First State Investments (UK) Ltd AXA Rosenberg Management Ireland Ltd LGT Capital Management Aberdeen Asset Managers Ltd Lux

Code ISIN

Perf. en % sur 6 mois

Perf. en % sur 1 an

Perf. en % sur 3 ans annualisée

Volatilité annualisée sur 3 ans

Etoiles MORNINGSTAR

LU0231459958 GB00B0TY6S22 IE0008367009 LI0026536305 LU0011963245

10,36 10,58 22,73 8,04 7,70

27,61 17,98 14,35 14,20 13,53

7,26 -0,56 -10,45 -6,01 -2,07

23,37 22,81 33,93 24,21 26,74



10,70

6,83

-6,56

26,72

   

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Investir

Sur le web www.lafonciere.ch

Fonds de placement immobiliers

Le juste milieu Les fonds de placement sont des véhicules d’investissements très répandus. Ils permettent d’investir dans une multitude de domaines et tous sont soumis à la LPCC (loi sur les placements collectifs de capitaux). Bien que le concept du fonds immobilier soit connu, trop souvent ses caractéristiques le sont moins. Un fonds de placement immobilier est un véhicule de placement dont les actifs sont constitués d’immeubles, gérés par une société de direction, sous la garde d’une banque dépositaire. Au-delà des contrôles effectués par les réviseurs, la FINMA joue son rôle d’autorité de surveillance. Contrairement à un fonds mobilier, dont la fortune est pour la plupart du temps constituée d’actions ou d’obligations disponibles en nombre à la bourse, celle d’un fonds immobilier est ainsi constituée d’immeubles, distincts et uniques.

Chaque fonds immobilier a donc une fortune qui lui est totalement propre. Une différence majeure des fonds immobiliers tient dans le fait que la société de direction est responsable de la gestion des actifs composant sa fortune. Même si cette dernière délègue certaines tâches à une régie, elle en est donc le moteur. C’est elle qui va prendre les décisions sur les immeubles (ce n’est évidemment pas le cas pour le fonds mobilier, car on imagine mal la société de direction intervenant dans la gestion des sociétés dont elle détient des actions). Un fonds immobilier doit donc non seulement faire l’acquisition de bons actifs, mais il doit ensuite les faire fructifier. C’est dans la réussite de cette double mission que le succès du fonds se mesure. Si un portefeuille classique comprend des actions, c’est pour bénéficier de la création de valeur qui découle de l’activité

Arnaud de Jamblinne Directeur général, La Foncière

@ arnaud.dejamblinne@lafonciere.ch économique de ladite société. Elle peut être générée par sa présence dans un secteur très porteur ou encore parce que l’entreprise dispose d’un avantage concurrentiel ou d’une technologie unique. La conjoncture est déterminante dans l’augmentation de la valeur des actions. Si un portefeuille classique se compose aussi d’obligations, c’est pour bénéficier d’un rendement sûr, indépendant de la conjoncture, sans attendre de plus-value (abstraction faite des arbitrages). Le fonds de placement immobilier se situe donc entre les actions et les obligations et allie les avantages des deux. En effet, un rendement va être dégagé par les revenus générés par les immeubles (loyers moins les charges), qui devrait être supérieur

au rendement des obligations. En outre, le risque de la classe d’actif immobilier est également supérieur. De plus, les revenus vont augmenter avec les années, les loyers suivant l’augmentation du coût de la vie. Le rendement sur l’investissement initial va donc augmenter et dégager un delta par rapport à celui du rendement obligataire, qui est fixe. Il s’agit là d’un premier avantage. La valeur d’un immeuble est directement fonction de son revenu. Dès lors que les revenus augmentent, sa valeur va aussi croître. Il en résulte une croissance de la valeur du capital, ce qui n’est évidemment pas le cas pour les obligations (sauf arbitrage, bien sûr). En revanche, cette mécanique rapproche des actions. Voici le deuxième avantage.

Performances sur des périodes de cinq années roulantes

Comparaison entre les performances de La Foncière et de l’indice obligataire SBI sur des périodes de cinq ans entre le 30/09/1998 et le 30/09/2010, avec réinvestissement des dividendes. BANQUE&FINANCE N°108 MARS/AVRIL 2011

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Investir

Sur le web www.aima-org.com

www.unigestion.com

Philippe Gougenheim Managing Director, Head of Hedge Funds, Unigestion

Avis d’expert La protection offerte par le portefeuille de fonds Matières Premières que nous gérons depuis 2007 ne se limite pas à une diminution importante de la volatilité (+9,36% annualisée sur trois ans contre +31,9% pour le S&P GSCI Index et +24,05% pour le MSCI World). Elle permet aussi d’amortir considérablement les baisses lorsque les marchés plongent. En 2008, alors que l’indice GSCI essuyait ainsi une baisse de -46,49%, notre portefeuille spécialisé a fini l’année à +6,91% (en USD, net de frais). En 2009 et 2010, lorsque l’indice progresse respectivement de +13,48% et +9,03%, notre portefeuille affiche des performances de +6,24% et +9,35%. Quant à sa perte maximale, elle est de -8,35% contre -67,64% pour l’indice S&P GSCI (depuis le lancement du fonds).

@ phg@unigestion.com

Hedge funds

Une alternative aux matières premières? Au même titre que l’immobilier, les matières premières ou le private equity, les hedge funds ont historiquement été considérés comme une classe d’actifs à part entière. Or, en raison de la diversité de stratégies et des objectifs différenciés qu’ils poursuivent, un nombre croissant d’investisseurs institutionnels les intègrent comme solution active, en complément des allocations traditionnelles. Si les stratégies d’equity hedge et d’arbitrage trouvent leur place respectivement dans une allocation actions et dans la «poche» obligataire d’un portefeuille institutionnel, les hedge funds proposent également des solutions plus spécialisées pour, par exemple, être un complément à une allocation crédit ou matières premières. Particulièrement révélateur de la valeur ajoutée d’une approche active, ce dernier exemple mérite que l’on s’y attarde. Si les investisseurs s’accordent à dire que les matières premières regorgent d’opportunités et de potentiel (rendements attractifs, diversification et protection contre l’inflation), ils reconnaissent également les travers liés à une exposition par le biais d’indices, comme une forte volatilité et des coûts significatifs dus au réinvestissement (rolling) des positions (futures). Sur trois ans, ce rolling cost s’est en moyenne élevé à 15% par an! Un investisseur long terme sur les commodities se voit ainsi pénalisé. A court terme, la volatilité et les variations de prix sont dissuasives, car les investisseurs

s’exposent à un risque de perte important lié à un mauvais timing. En 2010 par exemple, le prix du sucre a grimpé jusqu’à 28 dollars en janvier pour descendre à 12 dollars en mai et finir l’année à 33 dollars. Pas inhabituelles dans les secteurs moins liquides, comme les produits agricoles (blé, sucre, coton, café, etc.) ou les métaux industriels (cuivre, aluminium, étain, etc.), ces fortes fluctuations impactent avant tout les investisseurs «long only». Les gérants actifs, en revanche, savent tirer parti de cette forte volatilité et engranger des bénéfices à la hausse

comme à la baisse. Leur connaissance approfondie des dynamiques sous-jacentes au marché et leurs vues fondamentales sur les sousjacents leur permettent de capturer habilement des tendances à court terme. Tout ceci est, de plus, appuyé par une gestion des risques très disciplinée! Un portefeuille de gérants de hedge funds, rigoureusement sélectionnés et combinés, répond aux attentes des investisseurs avec des rendements élevés et une diminution significative de certains risques liés à un investissement dans les matières premières.

Les Hedge Funds chez Unigestion

Performances comparatives depuis le lancement du fonds Matières Premières d’Unigestion (en USD, nettes de frais).

Sources: Unigestion et Bloomberg au 31.12.2010.

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Investir

Sur le web www.svsp-verband.ch

www.payoff.ch www.credit-suisse.com/derivatives

Frédéric Rouiller Vice President, Equity Derivatives & Fund Linked Products, Credit Suisse

PRODUITS DÉRIVÉS

L’intérêt des indices algorithmiques Banque & Finance: Les dérivés permettent-ils effectivement une allocation efficiente des risques? Frédéric Rouiller: Oui, ils assurent une gestion efficace des risques pour les entreprises, comme pour les particuliers. D’une part en offrant un accès à plus de classes d’actifs. L’essor des matières premières, comme classe d’actifs, s’est essentiellement fait grâce aux dérivés. De même, la grande majorité des fonds de placement ou des investisseurs ne les détiennent pas physiquement, mais sous la forme de contrats futurs. D’autre part, les dérivés permettent d’opter pour des stratégies de couverture de portefeuilles grâce à l’achat d’options put ou de vente de contrats à terme, ainsi que pour des mesures de sécurité adoptées dans le monde «réel», hors de la gestion d’actifs. B&F: Privilégiez-vous les futures sur les actifs financiers ou plutôt sur les commodities? FR: Les dérivés ne sont pas des actifs en tant que tels, mais des outils rendant possibles des stratégies de couverture ou d’investissement. Dans les matières premières, il est très difficile d’investir dans le blé ou le pétrole à moins de posséder des silos dans le Midwest américain ou des pétroliers dans le Golfe. L’achat ou la vente de futures s’impose donc pour la plupart des investisseurs qui désirent participer 1:1 à l’évolution du cours du sous-jacent, ou l’achat de fonds et certificats le réalisant pour lui. Pour les actifs financiers, la situation est légèrement différente.

Je peux acheter une action ou une obligation, mais les futures sont un bon moyen pour investir dans des indices sur actions. Depuis peu, il existe même des futures sur les indices MSCI cotés à Londres. Un seul contrat futur réplique un portefeuille d’actions internationalement diversifié. Pour les deux classes d’actifs, l’achat d’options peut être une alternative pour des investisseurs désirant limiter leur potentiel de pertes dans un domaine qu’ils maîtrisent peu, ou pour des avertis cherchant un effet de levier. Les stratégies de ventes d’options pouvant mener à de grandes pertes et demandant une gestion des appels de marges, ou de lignes de crédit, il s’avère plus simple de les implémenter par le biais de produits structurés comme les discount certificats et les barrier reverse convertibles. B&F: Parmi les actifs financiers, lesquels ont actuellement votre faveur? FR: Dans les marchés actions, on s’attend à un marché légèrement haussier, surtout soutenu par les performances des marchés émergents. Cependant, il faut aussi prévoir quelques périodes plus chahutées comparables à la situation de novembre dernier. Les taux d’intérêt pourraient s’élever, tout en ayant un potentiel à la baisse réduit. Dans ce contexte, les indices algorithmiques semblent très intéressants pour des investisseurs à long terme. Ces stratégies cherchent à répliquer ce que font les hedge funds ou des traders, mais à un coût nettement

plus bas et avec une transparence supérieure. Un éventail très large de stratégies a été développé. Certaines d’entre elles permettent notamment aux investisseurs d’optimiser leur exposition à plusieurs classes d’actifs simultanément. Pour les investisseurs à plus court terme, cette année pourrait être propice aux ventes d’options à travers des produits structurés. Les produits les plus appréciés dans ce type de configuration de marché restent les mêmes. Il s’agit de produits à optimisation de la performance, comme les barrier reverse convertibles, qui permettent aux investisseurs de recevoir un coupon attrayant tout en bénéficiant d’une protection conditionnelle du capital investi. Propos recueillis par Didier Planche d.planche@banque-finance.ch

Avis d’expert Actuellement, l’évolution des volumes est fortement corrélée à l’évolution des marchés sous-jacents. En d’autres termes, si les marchés des actions performent bien, les volumes des produits structurés sur ce sous-jacent vont croître. De plus, les indices algorithmiques devraient connaître une forte croissance. Leurs avantages sont indéniables pour les investisseurs.

@ frederic.rouiller@credit-suisse.com

Objectifs de performances pour 2011

Les nouveaux futures sur les indices MSCI remporteraient la palme en 2011.

Source: Credit Suisse Equity Research

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Investir David Rey Financial Engineering, Banque Sarasin & Cie

@ david.rey@sarasin.ch

Produits structurés

Couverture dynamique sans options comment tirer parti des hausses en limitant les risques liés à la baisse

La sécurité avant tout, telle est la devise de nombreux investisseurs. Les instruments de protection du capital garantissent la préservation intégrale ou partielle du capital engagé à l’échéance. Cependant, les produits traditionnels ne sont pas toujours attrayants. Certaines méthodes dynamiques offrent de meilleures chances de rendement. La Constant Proportion Portfolio Insurance (CPPI) est une stratégie de couverture dynamique. Elle permet à l’investisseur de participer le plus pleinement possible à une hausse des marchés, tout en limitant systématiquement le risque de moinsvalue. Contrairement aux produits classiques de protection du capital, la CPPI consiste à couvrir le risque grâce à des redistributions d’actifs entre les sous-jacents «risqués», comme les indices boursiers, et les placements à rémunération fixe «exempts de risque». La théorie du

prix de l’option n’est pas appliquée dans ce cas, car le mécanisme des redistributions d’actifs est nettement plus simple. Lorsque le seuil de valeur, et donc le montant de la protection du capital est défini, la différence entre le capital engagé et le seuil de valeur représente l’amortisseur de risque et sert de sûreté en cas de baisse du sous-jacent. Le montant investi dans le sous-jacent correspond à l’amortisseur de risque multiplié par un «multiplicateur». L’exemple suivant illustre le fonctionnement du principe: l’investisseur dispose de 10 000 francs et souhaite limiter son risque de perte à 1000 francs. Le seuil de valeur est donc de 9000 francs et l’amortisseur de risque correspond à 1000 francs. Avec un multiplicateur de cinq par exemple, il faut investir 5 x 1000 francs dans le sous-jacent risqué (exposition et taux de participation de 50%) et le reste dans des placements à rémunération fixe. Cette règle simple est immuable au fil du temps. En cas de hausse de la valeur du sous-jacent, la valeur de l’amortisseur de risque augmente. Cette nouvelle valeur est multipliée par le multiplicateur; il en résulte une exposition cible accrue, car avec une capacité au risque plus élevée, l’exposition et donc le taux de participation sont également plus élevés, et vice versa. La stratégie CPPI est procyclique et suit une tendance. Les positions sont renforcées en cas de hausse des marchés boursiers et au contraire

réduites, en cas de baisse. Il n’est pas possible d’indiquer un taux de participation fixe au début de la mise en œuvre, car ce taux dépend de l’évolution du cours du sous-jacent au fil du temps et pas uniquement du cours de clôture. En cas de hausse continuelle des marchés, la participation peut dépasser 100%. A l’inverse, la dépendance de la garantie est généralement considérée comme le principal inconvénient de la stratégie CPPI. Si les cours se replient fortement au début de la mise en œuvre, il se peut que l’amortisseur de risque soit entièrement utilisé et que la partie investie dans le sous-jacent tombe de façon permanente à zéro, si bien que l‘investisseur ne pourra pas profiter d’un redressement des cours. Les stratégies CPPI présentent toutefois des avantages considérables. Une fonction de «lock-in» permet, par exemple, de réaliser par anticipation une partie des bénéfices, aussi bien sous la forme d’un paiement que d’un relèvement du niveau de la protection du capital, pendant la durée de la stratégie. Le sous-jacent peut en outre être géré activement, tout comme le multiplicateur, qui peut être modélisé en fonction du temps selon un modèle de volatilité et de suivi de tendance, afin qu’il soit plus élevé durant les phases de hausses que durant les phases de baisse ou de forte volatilité. En effet, l’investisseur souhaite participer aux phases de hausse, mais pas aux baisses. BANQUE&FINANCE N°108 MARS/AVRIL 2011

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Michael Heijmeijer

Investir

CEo

@ michael.heijmeijer@cfinancials.com Cfinancials.com (un accès libre à 98% des produits financiers, soit 9,5 millions d’instruments financiers) a sélectionné ces performances pour banque&finance.

Actions Suisses et Monde (sur 117 332 Actions) Meilleur dividende en CHF et performance boursière supérieure à 50% sur 1 an • Walter meier ag chf3.00 (regd) cls ‘a’ • Forbo hldgs ag chf0.10(regd) • Calida hldg chf42.00 (regd) • Phoenix mecano chf1(br) • Zehnder group chf100(br)

Meilleur bénéfice par action en CHF et performance boursière supérieure à 75% sur 1 an • Jelmoli • Victoria-jungfrau chf100(regd) • Crucell nv eur0.24 • Intl minerals corp com npv • Victoria-jungfrau chf100(regd)

Fonds de placement (sur 192 532 fonds) Performance supérieure à 90% sur 5 ans en CHF

• Gold Equity Fund B (CHF) (Swiss & Global Asset Management (Luxembourg) SA) • Quantex Strategic Precious Metal (CHF) (CACEIS Fastnet (Suisse) SA) • Gold 2000 CHF (Gold 2000 Ltd)

Performance supérieure à 90% sur 5 ans en EUR

Funds 544.000 Shares 570.000 Hedge Funds 8.000 Fund of Funds 23.000 ETF 14.000 Bonds 1.100.000 Structured Products 415.000 Pipeline Products 1.000 New Products 20.000 Warrants 520.000 Options 2.200.000 Futures 132.000 Money Markets 412.000 Indices 221.000 Initial Public Offering 1.000 Private Equity 5.000 Private Placements 400.000 Financial Reporting 135.000 Product Issuer News 20.000

Performance supérieure à 90% sur 5 ans en USD

• Aberdeen Pacific Equity USD (Aberdeen Asset Management Asia Limited) • UBP Multifunds II - Emerging Markets Equity B (Union Bancaire Privee SA) • Lazard Emerging World (Lazard Fund Managers (Ireland) Limited)

• Robeco Chinese Equities D EUR (Robeco Luxembourg SA) • Fidelity Funds - South East Asia A EUR (FIL (Luxembourg) SA) • Amundi Actions Emergents P (Amundi SA)

Exchange Traded Funds (sur 9382 ETF)

Performance supérieure à 90% sur 5 ans en USD

• FTSE/Xinhua China 25 CHF (BlackRock Advisors (UK) Ltd)

• Skandia Greater China Eq B (Skandia Global Funds plc) • Oppenheimer Gold & Special Minerals Fund;N (OppenheimerFunds Inc) • JF China Region Fund (JF International Management Inc)

Fonds de fonds (sur 23 226 FoF) Performance comprise entre 30 % et 40 % sur 5 ans en CHF • Man Commodity Strategies CHF I (Man Investments AG) • UBS - Aktien Emerging Markets Asien (Anlagestiftung UBS) • UBS - Aktien Emerging Markets Global (Anlagestiftung UBS)

Performance supérieure à 90% sur 5 ans en CHF Performance supérieure à 90% sur 5 ans en EUR

• iShares DJ STOXX 600 Chemicals (DE) (BlackRock Asset Management Deutschland AG) • Diapason Rogers Comm Idx (Metals) B (Diapason Commodities Management SA) • iShares FTSE/Xinhua China 25 EUR (BlackRock Advisors (UK) Ltd) • Lyxor ETF China Enterprise (HSCEI) A (Lyxor International Asset Management SA)

Performance supérieure à 90% sur 5 ans en USD

Performance supérieure à 90% sur 5 ans en EUR

• Allianz Multi Actions Valeurs Or (Allianz Global Investors France SA) • Danske Invest Kulta Kasvu (Sampo Rahastoyhtio Oy) • Fcm Chine (C & M Finances SA)

• Vanguard Emerging Markets Stock Index Fund;ETF (Vanguard Group Inc) • Pictet-Emerging Markets Index-P dy USD (Pictet Funds (Europe) SA) • ETFS Gold Bullion Securities (ETFS Fund Management Company Limited)

Sur le web www.cfinancials.com BANQUE&FINANCE N°108 MARS/AVRIL 2011

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Investir

Sur le web www.iea.org

www.cftc.gov www.privatebanking.societegenerale.ch

Xavier Denis

matières premières

Pétrole, jouez la hausse! Détrompant certaines prévisions pessimistes, la croissance mondiale, loin de ralentir à l’automne dernier, a au contraire rebondi principalement aux Etats-Unis et dans les pays émergents. Dans un contexte où le prix de l’or noir a longtemps fluctué entre 70 et 85 dollars, le baril connaît une hausse régulière et devrait poursuivre sa trajectoire haussière en 2011 et au-delà, en raison d’une demande toujours croissante. La rigueur de l’hiver et une croissance plus forte qu’attendue aux Etats-Unis et en Chine ont en effet récemment dopé la demande de produits pétroliers. La hausse des importations des pays émergents est un phénomène structurel et le principal facteur d’augmentation de la demande de produits pétroliers. La Chine a donc battu son record d’importations de pétrole avec 9,6 millions de barils par jour en décembre, soit plus que toute la production actuelle de l’Arabie Saoudite (8,25 millions le même mois). Cependant, l’envolée récente du prix du pétrole, qui s’est rapproché du seuil symbolique de 100 dollars le baril et l’a même atteint sur les marchés asiatiques, semble trop rapide pour être pleinement justifiée par des facteurs fondamentaux. Plusieurs facteurs conjoncturels paraissent ainsi s’être conjugués: la rigueur de l’hiver occidental est venue soutenir la demande d’énergie, l’absence de révision des quotas de production de l’OPEP avalisée en décembre dernier a empêché la hausse des quotas de production et donc de l’offre, et un nouveau record historique des positions nettes longues sur le marché des

futures pétroliers de New York a été enregistré en janvier. L’ensemble de ces facteurs exerce naturellement une pression haussière sur le prix du pétrole dans des proportions délicates à estimer. La composante purement spéculative ajoute sans doute au moins dix à quinze dollars au prix du baril, au-delà de la simple détermination des prix par l’équilibre entre offre et demande. Même si nous considérons que dans les prochaines années, le prix du pétrole devrait poursuivre sa progression tendancielle, à horizon des prochains mois les risques sont désormais baissiers, car les stocks de pétrole dans les pays de l’OCDE, bien qu’en baisse depuis le début 2010, demeurent néanmoins au-dessus de leur moyenne quinquennale. De même, les capacités de production

inutilisées restent élevées au sein de l’OPEP (l’Arabie Saoudite pourrait aisément accroître sa production, comme à l’été 2008, pour peser sur les prix). De plus, la surchauffe de l’économie chinoise laisse présager de nouvelles mesures de resserrement monétaire qui auront nécessairement pour conséquence de freiner l’activité, et donc d’infléchir la demande de matières premières de l’Empire du Milieu. Enfin, dans le contexte de sortie de crise, un baril durablement au-delà de 100 dollars a clairement des effets inflationnistes et donc récessifs sur l’économie mondiale; il produit une hausse des coûts de production des entreprises, comprime les marges, tandis que son impact sur les prix de détail freine la consommation des ménages.

Economiste-stratégiste, Société générale Private Banking

Avis d’expert Jouer la hausse à moyen et long terme du prix du pétrole, en se prémunissant des risques de baisse. Un structuration de type «sunrise», à horizon de cinq ans, offre une protection du capital à hauteur de 95% à maturité, de même qu’une participation de 100% à la performance du sous-jacent moyennant l’abandon de la meilleure performance mensuelle du sousjacent, sur la période d’investissement.

@ xavier.denis@socgen.com

Positions longues sur le marché des futurs américains de pétrole et cours comptant du baril de WTI

Sur les marché des futurs américains sur pétrole, les positions acheteuses nettes n'ont jamais été aussi élevées historiquement, signalant que les investisseurs parient sur la poursuite de la hausse du baril.

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Investir

Sur le web www.seca.ch www.dimension.ch www.dimension-investissements.ch

Maurice Pierazzi

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MBO et pérennité de la PME

Associé Dimension

@ maurice.pierazzi@dimension.ch

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60

qu it y e n S te E ui

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Fon ds P

PRIVATE EQUITY

soit 36 Venture, 12 Buy Out 12 Generalist Sources: EVCA, SECA, M&A Database 2009

Banque & Finance: Quel est le profil type d’une entreprise candidate à un MBO? Maurice Pierazzi: Il s’agit d’une PME non cotée du secteur industriel ou des services qui emploie moins de 250 collaborateurs, enregistre un chiffre d’affaires jusqu’à 50 millions de francs et est dirigée par des particuliers ou une famille, voire contrôlée par un groupe désireux de s’en séparer pour des raisons stratégiques. Afin de réaliser l’opération de MBO dans les meilleures conditions, la relation préexistante entre l’actionnaire et le dirigeant doit être basée sur la confiance réciproque. Celle-ci permet surtout d’assurer une juste adéquation entre le prix de vente de la PME et les possibilités de financement et de remboursement du management repreneur.

d’assurer le remboursement complet des intérêts. Cette dette est bien sûr complétée par les fonds propres du management repreneur, lesquels doivent combler le différentiel entre l’emprunt bancaire et le prix de vente de la PME. En cas de recherche d’une solution plus viable, le management peut renégocier le prix de vente ou faire appel à des investisseurs en fonds propres. Ils sont des privés ou des sociétés de private equity qui se positionnent dans le capital de la PME avec le risque de sa prise de contrôle, et visent une plus-value financière à terme. La dette mezzanine intervient également dans le financement d’un MBO et est systématiquement subordonnée à la dette senior et à son remboursement intégral. Elle permet au management repreneur de financer l’écart entre les fonds propres et l’emprunt bancaire sans ouvrir le capital à des tiers investisseurs. Une

société holding d’acquisition est fréquemment constituée pour réaliser l’opération de MBO. B&F: Un MBO apporte-t-il de la valeur ajoutée à la PME? MP: Un MBO présente l’intérêt d’être mis en place par un management connaissant parfaitement la PME, son histoire, son fonctionnement, son organisation, ses produits, sa clientèle, son développement, ses perspectives, donc toutes ses spécificités économiques et financières. Autrement dit, l’équipe dirigeante, qui a fait ses preuves, rassure les investisseurs et la banque, de même qu’elle assure la continuité dans la gestion de la PME et sa pérennité. B&F: Quelles sont les particularités du cadre fiscal d’un MBO? MP: Le recours à l’endettement pour un MBO autorise une optimi-

sation fiscale, qui réduit l’imposition. Néanmoins, une dette trop élevée constitue toujours un risque non négligeable. L’endettement ne doit effectivement pas la pénaliser, par exemple si les fonds servent à rembourser les intérêts au lieu d’être affectés à l’investissement, donc à l’essor de la PME. Par conséquent, la configuration de la dette doit être cohérente. Lors de la structuration du financement, les repreneurs veilleront à ne pas générer un risque fiscal avec la liquidation partielle indirecte. Ils devront s’assurer que les dettes seront bien financées par les cash-flows futurs dégagés par la société d’exploitation, et non par la substance existante dans la société au moment de l’acquisition. Pour éviter tout risque, il peut être judicieux de faire avaliser le montage financier par l’administration fiscale. Propos recueillis par Didier Planche d.planche@banque-finance.ch

Schéma d'un LBO (Mbo - Mbi)

B&F: Quelles sont les particularités de son financement? MP: Un MBO se finance généralement par une dette senior auprès d’une banque. Cet endettement exige entre autres la rentabilité de la PME concernée sous la forme de cashflows futurs et le respect de certains ratios de financement standards, afin BANQUE&FINANCE N°108 MARS/AVRIL 2011

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Investir

Françoise Adam Sous-directrice, Reyl Private office

Avis d’expert Avec la crise, il est une règle d’or que les investisseurs ont découvert à nouveau. Pour être sûr de s’y retrouver, il est fortement conseillé d’investir dans des produits que l’on comprend. Appliquée au marché de l’art, il est fortement recommandé d’investir d’abord dans des œuvres que l’on aime.

@ fad@rpo.ch «Il faut penser riche», proclamait Andy Warhol (1928-1987), qui s’ingéniait pourtant à s’inventer des looks de miséreux. Warhol vouait un véritable culte au billet vert, dont il aimait à se remplir les poches. Aujourd’hui, on aurait dit de lui qu’il était tendance «liquid assets». Mais c’est sur ses toiles que l’icône amassait plus sûrement sa fortune. En 1962, il a peint 200 One Dollar Bills, comme un acte de foi. En 2009, cette pièce maîtresse du pop art s’est vendue chez Sotheby’s pour 43,8 millions de dollars... Célébré pour ses motifs répétés, Warhol aura finalement produit tout au long de sa carrière une belle série de planches à billets. En 1983, une collectionneuse a acheté Coca-Cola (4) Large Coca-Cola, pour 143 000 dollars. En novembre 2010, elle l’a revendu pour 35,4 millions de dollars chez Sotheby’s, à New York. En 27 ans, elle a multiplié son investissement initial par 247. Sur la même période, de 1983 à 2010, l’indice Standard & Poor’s est passé de

ART

Investir par passion 145 à 1250 et l’action Coca-Cola de 2 à 65 dollars. De jolis rendements, mais des progressions moindres comparées à la valeur prise sur un quart de siècle par les œuvres de Warhol qui, dans ce cas précis, ont fait 32 fois mieux que l’indice SP500 et huit fois mieux que le titre Coca-Cola! De toute évidence, investir dans l’art à travers l’une de ses figures emblématiques, ou appelées à le devenir, peut s’avérer extrêmement profitable. Pour un investisseur discipliné, doué de sens esthétique, cette option présente des avantages techniques indéniables. Elle permet de se couvrir contre les risques d’inflation, elle optimise la diversification du portefeuille, de même qu’elle en réduit la volatilité. Enfin, elle présente une très faible corrélation par rapport à des produits standards comme les actions et les obligations. Pris sous cet éclairage, l’art mérite sans nul doute d’être considéré comme une classe d’actifs à part entière. Il élargit la palette de l’investisseur. Ces derniers mois en ont fourni une nouvelle fois la preuve. Avec des marchés erratiques et une conjoncture morose, le marché de l’art est apparu comme une alternative très fiable. En novembre 2010, toujours chez Sotheby’s, le Nu, feuilles vertes et buste de Picasso s’est vendu 106,5 millions de dollars, établissant un nouveau record du monde. Si l’art mérite mieux que son rôle subalterne de valeur refuge, il convient cependant de l’aborder avec quelques précautions d’usage. Comme pour tout investissement réfléchi, la clé du succès réside en grande partie dans la gestion du risque. Or, l’acquisition et la revente d’œuvres

d’art comportent des risques inhérents. Les mécanismes et la dynamique du marché de l’art n’obéissent pas aux mêmes règles que les marchés financiers. Investir dans l’art impose une stratégie à long terme. Sur ce marché, il existe aussi un segment blue chips, avec les grands classiques et les géants de l’art moderne qui se négocient assez facilement. Acheté 16,7 millions de dollars, en 1999, un Modigliani se revend en 2010 pour 68,9 millions de dollars. Mais pour le reste, investir dans l’art s’apparente davantage à une opération de private equity avec des inconvénients comme les fonds bloqués, le risque d’illiquidité et les coûts d’opportunité. Voir la cote d’un artiste décoller peut demander des années, sans garantie aucune. Heureusement, la possession d’une œuvre d’art apporte de toutes autres satisfactions. A la différence d’une prise de participation dans un fonds en private equity, un tableau de maître ou une œuvre d’art se contemple jour après jour. La passion joue un rôle essentiel dans ce choix d’investissement. Le plaisir pris à posséder une pièce unique, avec laquelle on entre en résonance d’une façon ou d’une autre, est le premier dividende versé. Ce n’est pas le moindre. Sur le web www.rpo.ch

www.reyl.com http://artsalesindex.artinfo.com

Sotheby’s (Lot 12) PRoPERtY oF AN AMERICAN CoLLECtoR ANDY WARHoL - 1928 - 1987 CoCA-CoLA [4] [LARgE CoCA-CoLA] signed and dated 62 on the reverse acrylic, pencil and Letraset on canvas 81 3/4 X 56 3/4 in. 207.6 x 144.1 cm. BANQUE&FINANCE N°108 MARS/AVRIL 2011

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Investir

Sur le web www.ifp.ch

www.ifpfund.ch

Frédéric A. Weinberg

Le cocktail du gérant

Une allocation d’actifs offensive Les incertitudes de l’année 2010 étayées par les inquiétudes de certaines dettes souveraines s’estompant, en tout cas pour l’instant, l’année en cours démarre sur des notes positives. Les intervenants reviennent sélectivement sur le marché des actions et sous-pondèrent l’allocation obligataire, selon les pays. Les chiffres économiques mondiaux, avec leurs divergences, réussissent pour l’instant à contrebalancer les risques de surchauffe, en particulier amenés par la hausse régulière des matières premières. Cette situation permet d’envisager plus sereinement une allocation balancée. Aussi, nous recommandons les répartitions suivantes:

Répartition suggérée des actifs

40% en obligataire: nous avons relevé que les spreads entre les emprunts corporate et ceux d’Etats de qualité étaient toujours intéressants, du fait de l’amélioration des bilans des sociétés et de leur potentiel lié à la reprise. Nous privilégions donc une sélection très fine d’emprunts de sociétés ayant une bonne visibilité comme Europcar, Grohe, Hertz, Avis Budget, Continental-Gummi, Citigroup, Heidelbergcement, Inbev, Alcatel et Bombardier. 25 à 30% en actions diversifiées internationales: la classe action est revenue en ce début d’année comme la préférée des analystes, certaines sociétés présentant des résultats satisfaisants et des perspectives positives. En plus, elles paient à leurs actionnaires des rentabilités sommes toutes attractives compte tenu des «taux sans risques» très bas. Nous retenons ainsi certains secteurs telles les minières (Barrick Gold, Rio Tinto, Vale de Rio), mais aussi des sociétés actives dans le secteur alimentaire et agraire (Nestlé, Potash, Agrium, Mosaic) , de même que des pétrolières à fort rendement (Royal Dutch, Eni), et parcimonieusement certains producteurs de matériel pour les biotechs et les pharmaceutiques. 10% en obligations convertibles: depuis plusieurs années, nous sélectionnons les obligations convertibles, en les considérant comme une classe d’actif à part entière. Elles apportent un potentiel de plus-value s’appuyant

sur un coussin obligataire et un rendement occasionnel. Nous investissons dans cette classe d’actifs à travers le fonds IFP Global Convertible Bonds Fund, fonds avec VNI journalière, lequel été récompensé par Lipper en 2009 pour ses résultats sur trois ans. 5 à 10% en investissements thématiques: à la suite à la dernière crise financière, nous avons décidé d’intégrer un thème lié à l’investissement socialement responsable (ISR), dans notre grille d’allocation. Au vu de notre expérience obligataire et dans un souci d’un bon rapport risque/ rendement, nous avons cherché un fonds dont l’allocation d’actif privilégie principalement les obligations dans le secteur porteur et prometteur de l’environnement, du développement durable et du bien-être, mais intégrant des actions de sociétés actives dans ce secteur. Ne l’ayant pas trouvé, nous avons fait créer l’IFP Global Environment Fund (volatilité mesurée, performance attrayante), désormais pris en compte dans notre grille.

Administrateur et directeur, IFP Asset Management

@ frederic.weinberg@ifp.ch 10% en métaux précieux et matières premières: considérés comme outil de diversification par rapport aux devises par certaines banques centrales, ou véritable classe d’allocation d’actifs, les métaux précieux sont présents dans nos dossiers depuis la crise de 2001. Ils constituent une assurance en cas de reprise de l’inflation. 5 à 10% en cash: les marchés monétaires ne rémunérant peu ou pas, le cash est à considérer comme une réserve technique pour l’épargnant. Il peut être augmenté en fonction de prises de bénéfices temporaires ou de période «d’attente» d’opportunités avant réinvestissement. Nous recommandons aussi de couvrir le risque devise, susceptible de bouleverser la performance d’un portefeuille. Néanmoins, nous profitons ponctuellement de certaines embellies de devises ou de spreads de taux d’intérêt favorables dans nos choix.

Tableau de sensibilité au marché

tableau permettant à un investisseur d’estimer son risque de gain ou de perte selon la répartition de ses placements - Rendement obligataire estimé: 6%

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Stratégies

Alain freymond associé-gérant bbgi group

Centre de compétences indépendant dans la gestion institutionnelle, BBGI Group a su, de par son sens de l’innovation, prendre le tournant d’une crise financière qu’elle a anticipée dès 2002.

L’originalité dans l’institutionnel

L

e BBGI Group n’existerait pas sans la loi sur la prévoyance professionnelle (LPP). Car c’est dans le contexte de son application, en 1985, qu’Alain Freymond est entré au service de Pictet & cie. A l’époque, la grande banque privée genevoise venait de se doter d’un service de gestion institutionnelle qui ne comptait encore que quatre

personnes. «J’étais le cinquième», se souvient Alain Freymond, qui allait être rejoint par Fernand Garcia en 1988. Ensemble, ils allaient créer BBGI en 2002. Mais Alain Freymond n’en revient pas moins volontiers sur les années Pictet, précisant qu’«à notre départ, la gestion institutionnelle occupait quelque 250 personnes». Un développement exponentiel qui

n’a pas seulement été quantitatif, mais aussi qualitatif. Car la dernière décennie du XXe siècle a coïncidé avec un élargissement souvent extraordinaire du champ de la gestion institutionnelle. Un élargissement géographique d’abord, lorsque des capitaux arabes ont commencé à s’y intéresser. C’est de cette époque que date la familiarité d’Alain Freymond avec

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Stratégies le Moyen-Orient, renforcée par des déplacements réguliers sur les rivages du golfe Persique. Après 2001, lorsque les fonds arabes ont esquissé un mouvement de reflux vers le MoyenOrient, mais aussi vers l’Europe, BBGI Group, qui venait de se créer, était en position de leur offrir un concept de gestion approprié. «Nous avons été les premiers à lancer un fonds islamique de droit suisse, le BBGI Islamic Share Energy», précise Alain Freymond, qui dispose aussi d’une base de données étendue lui permettant de suivre les sociétés en fonction des exigences de la charia. «Nous avons un screening complet de plusieurs milliers de valeurs et les bilans sont testés en fonction de certains ratios financiers», confie-t-il. Bref, il ne s’agit pas simplement d’éviter d’investir dans certains secteurs ou sur certaines catégories de valeurs. Une approche comparable, mais avec d’autres critères, se retrouve en matière d’ISR, l’investissement socialement responsable. Ici aussi, l’impulsion initiale a été donnée à l’époque de Pictet. «Un jour, se souvient Alain Freymond, on m’a donné carte blanche pour développer le segment sustainable equities». Avec la fondation de BBGI, l’ISR est encore à l’ordre du jour, mais dans le cadre d’une architecture ouverte qui propose, mais n’impose pas. Au surplus, ces diversifications ne lui font pas oublier ce qui, pour BBGI, reste l’essentiel, à savoir la gestion institutionnelle, les fonds du 2e pilier. A cet égard, l’originalité de la société ne consiste pas seulement à être l’une

des deux seules à Genève à se positionner en tant que centre de compétences indépendant. Elle réside aussi dans une approche particulièrement innovante en matière de gestion. Si au tournant du siècle, la supériorité des actions paraissait établie sur le long terme, cette certitude est ébranlée dix ans plus tard. Or, cette évolution Alain Freymond l’a en quelque sorte anticipée, d’où l’éclectisme et l’esprit d’innovation qui ont, dès le départ, caractérisé l’approche de sa société. «Nous pensions que les années 2000 allaient être marquées par la hausse des taux d’intérêt et la reprise de l’inflation, et que l’ère de la hausse des actions allait prendre fin», résumet-il. Si la hausse des taux d’intérêt se fait attendre, le marché est d’ores et déjà devenu beaucoup plus incertain pour les actions, et la menace inflationniste est toujours plus d’actualité dans le contexte actuel. On ne peut que se rallier à la constatation d’Alain Freymond lorsqu’il relève que «2002 a coïncidé avec la fin d’un cycle» extraordinairement favorable aux actions. D’où la nécessité, dans un contexte aussi contraignant sur le plan réglementaire que celui de la gestion institutionnelle, de remettre en cause des convictions qui, avec le recul, s’avèrent simplistes. En 1990, il suffisait à un banquier de faire apparaître à quel point l’évolution à long terme des actions était avantageuses rapportée aux formes alternatives de placement. Maintenant, ce n’est plus aussi simple et il faut chercher ailleurs. Dans cette perspective, BBGI Group semble bien

L'évolution du fonds BBGI Commodities vs les index S&P GSCI et Dow Jones UBS

Sur le web www.landoltetcie.ch www.commodityonline.com www.bbgi.ch

avoir une longueur d’avance. D’où, par exemple, l’insistance mise sur le marché des matières premières, une option prise sans attendre que d’anciennes certitudes volent en éclats sous l’effet de la crise. Fonctionnement horizontal Au demeurant, la spécificité de BBGI Group réside dans le concept même auquel elle doit son existence. L’idée est de fonctionner de manière horizontale, en tant que centre de compétences, non pas dans la logique verticale qui est celle des banques, porteuse de conflits d’intérêts. Le client ne vient pas dans la société d’Alain Freymond et de Fernand Garcia pour trouver une logique exclusive de toute autre, comme celle de l’investissement socialement responsable par exemple, mais bien pour se voir proposer une autre approche, comportant des solutions diversifiées. «Nous avons une gamme de concepts de gestion fondée sur une meilleure appréhension des risques», explique-t-il. L’idée est aussi de sortir de la dualité entre gestion «agressive» et gestion prudente, dont la pertinence dépend évidemment des conditions de marché. En période de bull market, la gestion agressive a largement fait ses preuves. Pour sa part, Alain Freymond vise sur une approche active qui colle le plus près possible aux fluctuations du marché. «Il ne suffit pas d’observer l’évolution une fois par mois. Nous avons élaboré un outil quantitatif qui analyse les risques sur une base quotidienne», relève-t-il. Savoir observer ne suffit pas si l’on n’est pas en mesure de réagir, d’où la pertinence du concept 0/100 qui permet de réaménager l’allocation des actifs en fonction de la situation des marchés. Dans un portefeuille équilibré «traditionnel», on garde toujours 40% d’actions. Même à la veille d’un krach. Mohammad Farrokh

Le commentaire mohammad farrokh Chroniqueur

Moins d'états d'âme Le milieu des gestionnaires institutionnels n’est pas a priori le terreau le plus fertile pour cultiver l’originalité. C’est pourtant ce que font Alain Freymond, Fernand Garcia et leurs collaborateurs de BBGI Group. Il y a parmi eux des hommes de terrain qui savent comment approcher une institution de prévoyance enracinée dans la Suisse profonde. Il y a aussi tout un art de réconcilier les contraires, qui tire son excellence des années passées chez Pictet. Pourtant, la grande banque privée, de par sa tradition de service à une clientèle individuelle, n’était pas, à l’origine, la mieux désignée pour gérer des fonds de pension qui répondent à une autre logique. Mais elle a su prendre le tournant dès 1985, avec des hommes ayant retenu le meilleur de cette expérience. Car la gestion institutionnelle a aussi du bon. Elle permet une façon de gérer détachée des états d’âme de riches investisseurs capricieux. Il faut rendre des comptes, certes, mais dans un contexte institutionnel qui offre l’avantage d’une certaine distance. MF

@ m.farrokh@banque-finance.ch

Les performances de la gestion diversifiée de BBgI group sont renforcées par son expertise de gestion sectorielle, en particulier celle des matières premières.

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Stratégies

josé pedro caldeira directeur général de la banque privée espÍrito santo

La Banque Privée Espírito Santo cultive son ADN Etablie à Lausanne depuis 1977, la Banque Privée Espírito Santo a commencé il y a trois ans à déployer ses ailes au niveau international, avec des spécificités propres à ce groupe d’origine portugaise.

L

e groupe Espírito Santo, c’est l’histoire d’une reconquête. Fondée en 1869 au Portugal par José Maria do Espírito Santo Silva, l’entreprise va devenir au fil des décennies un empire financier dans la banque et l’assurance. Las, la Révolution des œillets en 1974, synonyme de nationalisation de près de 70% de l’économie portugaise, signe

un arrêt brutal à cette expansion. La famille Espírito Santo ne jette toutefois pas l’éponge, bien au contraire. C’est à partir de l’étranger qu’elle va créer de nouvelles bases, notamment en Angleterre, au Brésil et en Suisse, pour progressivement monter en puissance et reprendre son acquis d’autrefois, en rachetant les anciennes propriétés familiales. Aujourd’hui, le groupe

Espírito Santo International regroupe un pôle financier (Espírito Santo Financial Group) coté aux Bourses de Luxembourg, Londres et Lisbonne, actif dans la banque privée, les assurances, la banque d’affaires, la gestion d’actifs comme la banque de détail, et un pôle non financier (Rioforte) spécialisé dans les transports, l’agrobusiness, la santé, le tourisme et l’immobilier. Fidèle

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Stratégies Le commentaire Sur le web www.espiritosanto.com

Christophe Roulet à ses racines et employant plus de 20 000 collaborateurs dans le monde, Espírito Santo reste une société familiale aux mains de la quatrième génération qui cultive ses valeurs, propres à un esprit d’entreprise et ayant fait ses preuves. La création en 1977, à Lausanne, de la Compagnie Financière Espírito Santo qui, en 1999, acquiert le statut de banque et adoptera la raison sociale Banque Privée Espírito Santo en 2007, n’est d’ailleurs pas étrangère à cette campagne de reconquête. Mais là n’est plus la question pour ses dirigeants, entièrement dévolus au développement d’une entité qui assoit aujourd’hui son internationalisation. Après avoir naturellement ouvert Lisbonne, il y a trois ans, puis à Porto en 2009, la banque s’est encore étendue à Genève et en Pologne lors de son dernier exercice. Unique en Europe «Chacune de ces implantations a sa propre histoire, mais avec comme objectif commun de nous rapprocher de nos clients, commente José Pedro Caldeira, directeur général de la Banque Privée Espírito Santo. En ce qui concerne nos deux bureaux au Portugal, nous avons anticipé le développement des activités onshore dans la banque privée, étant donné cette tendance de fond voulant que les avoirs financiers retournent aujourd’hui en partie dans leur pays d’origine. Pour ce qui est de la Pologne, il s’agissait de s’allier à la stratégie d’internationalisation du groupe et notamment à notre banque d’investissement, qui a pris des positions importantes dans ce pays. Quant à Genève, je pense que toute banque privée digne de ce nom se doit d’y être implantée dans la mesure où cette place financière reste incontournable dans la gestion de fortune, avec un savoir-faire probablement unique au monde». C’est sur ces bases désor-

mais élargies, et qui devraient encore s’étendre prochainement à l’Espagne, que la Banque Privée Espírito Santo, dont les actifs sous gestion dépassent les dix milliards de francs, entend asseoir sa différence. «Nous faisons partie d’une compagnie plutôt unique dans le paysage européen, précise José Pedro Caldeira. Espírito Santo est en effet un des rares groupes sur le continent contrôlé et géré par la même famille depuis 140 ans, synonyme d’une parfaite continuité dans l’actionnariat. De plus, nous sommes à même d’offrir toute la palette des services financiers, complétée par nos activités développées dans l’économie réelle. Cette conjonction, qui est en quelque sorte notre ADN, est elle aussi relativement rare. Notre présence internationale, enfin, fait clairement partie de nos atouts. Si nous sommes d’origine portugaise, nous sommes pourtant basés au Luxembourg ou encore à Pully pour ce qui est de la Banque Privée. En d’autres termes, nous nous sentons chez nous aussi bien dans la péninsule ibérique qu’en Amérique latine ou en Afrique australe, qui forment le fameux triangle de l’Atlantique Sud. Ce sont ces trois caractéristiques qui expliquent le particularisme de notre offre et sur lesquelles nous nous appuyons». Une clientèle d’entrepreneurs La clientèle cible de l’établissement? Les entrepreneurs propriétaires de PME et les groupes familiaux. Si ceux-ci se recrutaient jusqu’ici essentiellement parmi les populations latines, là également la base est en train de s’internationaliser davantage. «La création de richesse est intimement liée à l’entrepreneuriat, poursuit José Pedro Caldeira. Et nous sommes nous-mêmes un groupe entrepreneurial. Avec nos clients, nous parlons ainsi le même langage dans la mesure où

nous connaissons parfaitement toute la problématique liée à la gestion des sociétés familiales. De plus, nous comptons une quinzaine de nationalités au sein de nos 150 collaborateurs. Ce qui relève de notre volonté à partager une même culture avec chacun de nos clients. Il faut en effet savoir que les horizons d’investissement ou encore la perception du risque sont des notions qui varient fortement en fonction des différentes cultures. D’où l’importance d’en appréhender tous les aspects au-delà de la maîtrise de la langue. Cela facilite le dialogue et permet d’envisager des relations d’affaires basées sur la durée. Pour toutes ces raisons, je dis volontiers que nous étions prédestinés à faire du Private Banking et en ce sens, notre mission est d’agir en tant qu’ambassadeur pour l’ensemble du groupe». La BPES souffre-t-elle des attaques contre le secret bancaire? Rien n’est moins sûr, comme le démontre un afflux net de fonds important lors de l’exercice 2010. José Pedro Caldeira précise que «nous savions depuis longtemps que l’on ne pourrait pas durablement baser notre compétitivité sur les seuls aspects fiscaux. Nous n’avons donc pas été pris au dépourvu. Mais cela ne doit pas nous empêcher de rester vigilants et de nous adapter, notamment aux nouvelles règlementations, un véritable défi pour un groupe financier international. Car si la place financière suisse dispose d’atouts indéniables en termes de stabilité, de sérieux et confiance, avec des valeurs enracinées dans la tradition fort prisées de nos jours vu ce qui se passe sur les marchés européens, elle ne peut se permettre d’ignorer que la création de richesse est en train de se déplacer. Il s’agit donc d’avoir accès à ces régions en pleine croissance et d’adopter un discours et un positionnement faisant appel au savoir et à l’innovation». Christophe Roulet

chroniqueur

Les trois "F" Finance, Firme et Famille, telles sont les «mottos da la Banque Privée Espírito Santo». L’établissement met en effet son savoir-faire financier au service d’entreprises qui, comme lui, privilégient des valeurs familiales. Un seul exemple: le Brésil, à l’heure actuelle une des régions du monde vers laquelle les investisseurs ont tous les yeux rivés. Qu’à cela ne tienne, le groupe Espírito Santo n’est pas à court de propositions. Une des branches de la famille a en effet jeté des bases solides dans ce pays avec une banque d’investissement à São Paulo, comptant plus de 200 collaborateurs. Sans parler des activités développées dans l’agrobusiness, l’hôtellerie, l’immobilier, l’énergie et le fonds de «private equity» qui devrait bientôt voir le jour. Un exemple parmi tant d’autres qui démontre que l’offre d’un établissement adossé à un groupe familial d’envergure ne se limite de loin pas aux seuls produits classiques de gestion de fortune. Dans une logique entrepreneuriale, toutes les options sont bonnes. Et celles de la Banque Privée Espírito Santo ont le mérite de l’originalité. Certes, l’année 2010, marquée par un franc fort et des taux bas, se solde par des résultats financiers en dessous de ceux de 2009. Il n’en demeure pas moins que le modèle d’affaire de la banque est parfaitement calqué sur les valeurs qui ont fait son propre succès. CR

@ c.roulet@banque-finance.ch BANQUE&FINANCE N°108 MARS/AVRIL 2011

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Patrimoine & successions

Mieux vaut tôt que jamais! Grégoire Vaucher CEO, Managing Partner, Semper

@ contact@semper.ch

Informations lacunaires, peur d’un sujet tabou? Il arrive d’être confronté à des héritiers, dont le défunt parent n’a pas suffisamment préparé sa succession.

L

’environnement financier global a évolué de façon drastique ces dernières années. Avant 2008, et afin de répondre à une demande croissante, les banquiers et financiers ont rivalisé d’ingéniosité dans la conception de produits d’investissement toujours plus pointus et variés. Pour augmenter leurs rendements, les prestataires étaient prêts à prendre des risques démesurés. La mondialisation a permis une évolution stratégique des portefeuilles dans différentes classes d’actifs réparties à travers le monde. Par ailleurs, la législation évolue constamment. Les règlements et lois propres à chaque pays sont ainsi modifiés au gré des besoins et demandent aux investisseurs de passer un temps considérable à mesurer les risques inhérents à la détention d’un produit financier. La crise des subprimes et les conséquences des événements de l’année 2008 ont poussé les gouvernements occidentaux à mettre en place tous les moyens disponibles pour s’assurer que les personnes physiques et morales s’affranchissent du paiement de leurs impôts, comme il se doit. Le récent FATCA (Foreign Account Tax Compliant Act) oblige d’éminents financiers à se poser la question de la détention de titres américains. En effet, comment justifier le paiement

éventuel d’un impôt de 35% sur des titres américains pour des investisseurs n'ayant aucun lien avec ce pays? L'unicité de chaque patrimoine Une succession privée est fréquemment liée à une succession professionnelle, d’où l’importance d‘une discussion entendue avec les différentes parties. Dans le cas de grandes entreprises familiales, certains membres moins actifs peuvent avoir des besoins de liquidités, alors que d’autres, occupant ou ayant occupé des postes stratégiques dans l’entreprise, ont été rémunérés adéquatement et n’ont, par conséquent, pas les mêmes besoins. Si la société est cotée, il est possible de pallier cette situation en utilisant des options ou en créant des produits structurés spécifiques. Toutefois, en cas de baisse des marchés, ces produits peuvent se révéler dangereux et engendrer des pertes significatives au lieu des revenus escomptés. Le nantissement d’une partie des avoirs, sous forme de crédit lombard, par exemple, est aussi fréquemment utilisé, afin d’assurer des revenus, sans nécessité de vendre les actions de la société concernée. Cependant, dans ce cas également, une baisse du cours de l’action, pour des raisons parfois exogènes à la santé de la société, pourrait engendrer un appel de marge de

la banque dépositaire, créer des divergences d’opinions et mettre le client dans une situation pénible. En effet, les dirigeants ou actionnaires familiaux connaissent mieux leur société que quiconque, mais peuvent se montrer peu objectifs lorsque se profile une situation pouvant mettre en péril leur patrimoine. La difficulté d’une succession tient au caractère unique de chaque patrimoine. Dès lors, aucun instrument ne peut être utilisé de façon globale pour gérer un cas précis. Les structures traditionnelles susceptibles de gérer, entres autres, la planification successorale, telles que les trusts et les fondations, permettent souvent de résoudre une situation familiale, mais sont parfois contestées par certaines autorités gouvernementales, notamment d’un point de vue fiscal. Comme mentionné précédemment, la situation est sensiblement différente d’un pays à l’autre. Les instruments permettant la transmission d’un patrimoine, tout en optimisant la situation fiscale, varient significativement de cas en cas. Les ressortissants français aisés, par exemple, sont de grands consommateurs d’assurances-vie, qui sont peu avantageuses dans d’autres pays et ce, au sein même de l’Union européenne. Ce qui est généralement appelé assurance-vie est en fait un contrat d’assurance valable en cas de décès et en cas de vie sur une seule et même durée. L’assurance-vie agit comme une sorte d’épargne, tout en proposant des avantages fiscaux et

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Patrimoine & successions

Sur le web www.notaires-geneve.ch/pdf/succession

www.successions-europe.eu.

financiers. Les pays de droit commun, tel le Royaume-Uni, utilisent volontiers, quant à eux, les structures composées de trusts, qui eux-mêmes sont peu reconnus en France. Afin d’atteindre le but recherché, le trust doit normalement être irrévocable et discrétionnaire. Lors du choix d’un instrument de planification successorale, il arrive cependant que le trust soit mal perçu, car les propriétaires de biens doivent juridiquement s’en séparer en faveur d’un (ou de plusieurs) bénéficiaire(s). Les biens sont alors gérés par un (ou plusieurs) trustee(s), qui a (ont) le devoir de protéger le ou les bénéficiaire(s). Ce qui peut éventuellement poser problème si, après la constitution d’un trust, le settlor désire modifier la part des bénéficiaires. Il devrait alors s’assurer de la complaisance des trustees, ce qui n’est ni le but ni l’envie. Par ailleurs, la Suisse a ratifié en 2007 la Convention de La Haye relative à la loi applicable aux trusts et à leur reconnaissance. Depuis lors, un trust qui serait géré en Suisse n’est pas imposé fiscalement, même pour des bénéficiaires domiciliés à l’étranger. Certains préfèrent aussi donner de leur vivant, afin de s’assurer que leurs souhaits soient bien respectés. Dans ce cas également, la valeur d’un patrimoine au jour du décès, qui peut survenir plusieurs années après la

donation, peut avoir évolué de façon significative et être alors source de disputes entre les héritiers. Après un survol du sujet, il est aisé de constater que la gestion d’une succession ne peut se régler facilement. Cela demande une concertation entre les différentes parties, qui peuvent présenter des intérêts contradictoires.

Il n’existe actuellement aucun instrument prêt à l’emploi, aucune stratégie à même de gérer une succession efficacement et rapidement. Il est néanmoins primordial, autant dans le domaine privé que professionnel, de consulter des spécialistes et de préparer sa succession le plus tôt possible.

Planifier sa succession

Respecter les étapes Didier Planche

en chef Plus que jamais,Rédacteur il est important de s’entourer de personnes compétentes pour prévoir sa succession. Dans la majorité des cas, il s’agit d’un travail de groupe au sein duquel sont réunies les compétences fiscales, juridiques, financières et comptables. Afin d’atteindre le but requis, soit la protection et la transmission d’un patrimoine, l’ingénierie patrimoniale requiert le respect de certaines étapes. L’analyse détaillée des avoirs mobiliers et immobiliers doit ainsi commencer le plus tôt possible et tenir compte des objectifs fixés, ainsi que des contraintes imposées (performance recherchée, aversion au risque, actionnariat familial, etc.). Il convient avant tout de comprendre le but recherché et de s’assurer que les personnes exposées s’entendent sur ce dernier. La stratégie peut alors être définie et la recherche d’instruments initiée.

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Juridique & Fiscalité

© Simon Pestridge - Fotolia

Evasion fiscale, les enjeux du FATCA Depuis un an, les USA resserrent l'étau, ce qui contraint les banques à faire des choix stratégiques. A plus long terme, c'est toute la coopération internationale en matière fiscale qui est en jeu.

Jean-Frédéric Maraia Avocat fiscaliste

@ jean-frederic.maraia@swlegal.ch

Jean-Yves De Both Avocat

@ jean-yves.deboth@swlegal.ch

A

u mois de mars 2010, les Etats-Unis se sont dotés d'un nouvel outil afin de lutter contre l'évasion fiscale. Il vise les contribuables américains qui seraient tentés de conserver ou de placer leur argent discrètement en dehors des Etats-Unis. Alors qu'il est assez aisé pour un Etat d'avoir accès aux informations sur les actifs de ses contribuables sur son territoire, il est toujours plus délicat d'obtenir des renseignements sur des actifs sis à l'étranger. Le FATCA (Foreign Account Tax Compliance Act), qui est une version améliorée du système actuel du QI (Qualified Intermediary, qui sera maintenu), a pour but de permettre au fisc américain d'avoir une information complète sur tous les actifs financiers de ses contribuables, et ce indépendamment de leur localisation. Le principe du FATCA est simple. Tous les instituts financiers étrangers (FFI-Foreign Financial Institutions) doivent s'engager contractuellement à faire un reporting annuel au fisc

américain sur tous les actifs financiers détenus directement ou indirectement par des contribuables américains. Si un FFI refuse de prendre un tel engagement, le fisc américain prévoit une retenue à la source de 30% sur tous les revenus de source américaine versés au FFI récalcitrant. Par «revenus de source américaine», il faut entendre non seulement le versement de dividendes ou intérêts sur des titres américains, mais également le produit brut de la vente de titres américains. Vu son champ, cette retenue n'est clairement pas un impôt libératoire, mais bien une sanction contre les établissements qui ne voudraient pas adhérer au système. FATCA prévoit que reporting et retenue s'appliqueront à partir du 1er janvier 2013. D'ici là, le fisc américain doit encore publier les directives et notices de mise en œuvre. Les choix stratégiques des établissements suisses Si les établissements ont encore deux années pour mettre en œuvre le FATCA, il leur appartient maintenant

de mesurer son impact et de faire des choix stratégiques. A priori, il y a trois options. La première, certes coûteuse, est de se conformer au FATCA pour tous les comptes américains (existants et nouveaux). En pratique, cela impliquera un travail conséquent sur l'identification des clients. Le fisc américain exige des recherches basées sur divers indices (par exemple, procuration en faveur d'une personne avec adresse américaine, instructions données à partir d'une adresse américaine). Tout client américain devra autoriser le FFI à donner les informations sollicitées au fisc américain. A défaut, le FFI devra prélever une retenue de 30% sur les revenus de source américaine de ce client. Cette retenue n'est cependant qu'une solution temporaire; si le contribuable américain n'accepte pas la divulgation d'informations, le FFI devra clôturer la relation. La deuxième option est de ne plus accepter de contribuables américains. Dans ce cas, si l'établissement souhaite continuer à faire des investissements américains, il lui appartiendra tout de même de

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Juridique & Fiscalité

Sur le web www.swlegal.ch

signer un accord avec le fisc américain. En effet, l'établissement devra s'assurer qu'il n'a pas de tels contribuables. En pratique, cette solution permettra d'éviter les contraintes du reporting annuel, mais pas les efforts d'identification. La troisième option, si le FFI n'entend pas signer d'accord avec le fisc américain, est de ne plus effectuer d'investissements sur le marché américain. Cela étant, il faut être conscient que le FATCA est structuré de manière à éviter qu'un FFI non participant puisse effectuer des investissements indirects sans imputation de la retenue de 30%, par exemple via une banque correspondante ou des fonds. En effet, les FFI participants devront retenir 30% (à reverser au fisc américain) non seulement sur les clients américains refusant la remise d'information, mais aussi sur les établissements refusant de participer. Le fisc américain tiendra et publiera des listes des FFI participant et récalcitrant. De même, tous les fonds voulant investir sur le marché américain devront aussi s'engager à respecter les principes du FATCA. Commercialement, vu l'importance qu'a encore le marché américain, il n'est pas certain que beaucoup d'établissements puissent justifier à l'égard de leurs clients qu'ils renoncent intégralement au marché américain. Un parallèle avec l'échange de renseignements LE FATCA est bien un outil visant fondamentalement à assurer une communication par les instituts financiers étrangers (non américains) sur les contribuables américains. Un parallèle avec les clauses d'échange de rensei-

gnements fondé sur les conventions de double imposition (CDI) et les développements récents dans ce domaine s'impose. Cette dernière année, face à la pression internationale, les Etats qui avaient encore récemment une pratique restrictive en matière d'échange de renseignements, comme la Suisse notamment qui n'accordait pas l'échange pour la bonne application du droit interne de l'Etat requérant en l'absence de fraude fiscale, ont révisé leurs CDI pour autoriser une entraide administrative large fondée sur la clause du Modèle de convention OCDE (article 26). Avec le FATCA, les Etats-Unis montrent clairement que cette disposition ne leur paraît pas suffisante et, pour l'améliorer, adoptent une approche unilatérale consistant à fonder juridiquement l'obtention de renseignements sur le droit interne et à rechercher l'information directement auprès du tiers détenteur, évitant ainsi de devoir solliciter l'échange auprès de l'autorité compétente de l'Etat où réside ce dernier. Concrètement, en ce qui concerne les informations détenues par les instituts financiers, le FATCA met un terme à la discussion sur la question de l'échange automa-

tique de renseignements et vide de sens les exigences relatives à l'identification de la personne faisant l'objet de l'enquête et au tiers détenteur. En effet, il s'agit de ce point de vue d'un transfert automatique et unilatéral d'informations, sanctionné en cas de non-respect, et qui, astucieusement, inverse le fardeau de la preuve dans la mesure où il n'appartient pas à l'autorité requérante (autorité fiscale américaine) d'identifier les personnes en cause et l'institut financier. C'est au contraire ce dernier qui devra répondre aux exigences du fisc américain pour éviter la retenue de 30%. Le droit interne prend ainsi le relais du droit international et s'impose en force à l'étranger. On peut alors s'interroger sur les conséquences de l'application d'un tel système par d'autres Etats. Les instituts financiers seraient-ils à même de mettre en place des procédures internes pour répondre aux exigences similaires de dix, vingt ou trente Etats différents? Dans tous les cas, on constate, avec l'adoption du FATCA, un renforcement constant et une diversification des mesures permettant au fisc de connaître la situation fiscale réelle de ses contribuables.

Le FATCA, beaucoup plus loin que le QI 1- Le QI est limité aux comptes détenus directement par des citoyens américains ou des sociétés américaines. En pratique, l'intermédiation d'une structure était généralement vue comme permettant d'échapper au reporting du QI. Pour remédier à cela, le FATCA vise désormais tous les comptes détenus directement et indirectement par des citoyens américains ou des sociétés américaines. Ainsi, devront être fournies des informations sur les actifs de toute société ou trust dans lequel un contribuable américain a un intérêt de plus de 10%. 2- Le système QI prévoit un reporting, en principe limité aux titres américains. Le FATCA impose la transmission d'informations sur tous les actifs financiers des contribuables américains. 3- Le QI s'adresse aux banques. Le FATCA s'appliquera en revanche à la plupart des intermédiaires financiers (négociants en valeurs mobilières, dépositaires, placements collectifs de capitaux, etc.).

Il appartient aux établissements de mesurer l'impact du FATCA, puis de faire des choix stratégiques.

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Normes & Régulation

Un monde de défis Les trésoriers ont désormais l’opportunité d’augmenter leur apport à la résilience de l’entreprise par une approche intégrée de la gestion des risques. David Stréliski Associé Financial Risk Management, Deloitte

@ dstreliski@deloitte.ch

L

e monde actuel des trésoriers regorge de défis et d'opportunités en termes de gestion des risques. Depuis plusieurs années, les sociétés font face à une volatilité et une incertitude accrues autour des taux de change, prix des matières premières et taux d’intérêt. Les entreprises plus globales et celles ayant délocalisé certaines activités voient se multiplier les facteurs de risques auxquels elles sont exposées pour la valeur de leurs actifs nets et de leurs revenus nets (taux de change sur les exportations, prix de l’énergie sur les coûts de production, etc.). Dans de nombreux cas, ceci a pour effets d’influer sur la rentabilité de certaines activités et d’augmenter la volatilité des résultats des entreprises. De plus, les lendemains de crises financières combinés à une compétition grandissante des pays émergents poussent les actionnaires à être plus exigeants envers la performance financière et la résilience des corporations. Cela incite les conseils d’administration des organisations à exiger une gestion plus serrée des coûts, des liquidités et des risques de l’entreprise, de même qu'à explorer de nouveaux

marchés, sources de nouveaux risques financiers. Dans ce contexte, le rôle du trésorier devient de plus en plus stratégique. Il peut contribuer directement à la résilience des résultats de l’entreprise, via notamment des stratégies de couverture des risques financiers corporatifs qu’il élabore selon le cadre de leur gestion approuvé par la haute direction. Le défi est alors d’établir des couvertures économiques se traduisant par des impacts comptables équivalents. Changement des règles comptables Les exigences réglementaires comptables reliées à la gestion des risques se sont fortement complexifiées au cours des dix dernières années. La norme IAS 39 a constitué un défi important en contraignant fortement le traitement comptable des stratégies de couverture. La dernière mouture de la réglementation appliquée en l’espèce, documentée dans la phase 3 de la nouvelle norme IFRS 9, laisse cependant présager une plus grande flexibilité pour faire correspondre la gestion économique et comptable des programmes de couverture. Le 1er janvier 2013 sera la date d’entrée en

vigueur de l’ensemble des chapitres de la norme IFRS 9. Mais certains estiment que les avantages du chapitre sur la comptabilité de couverture pourraient encourager des organisations à l’adopter dès la fin 2011. Les principaux changements apportés concernent tout d’abord la charge administrative que représente la production périodique de tests d’efficacité sur les relations de couverture, en base prospective et rétrospective, et selon le critère quantitatif du ratio de «offset» (80%-125%). Elle est ainsi remplacée par des exigences plus souples basées sur le jugement. En outre, le critère quantitatif du ratio de «offset» n’est plus exigé pour prouver l’efficacité d’une relation de couverture, ni d'ailleurs le test rétrospectif. Il faut désormais démontrer que l’on attend une compensation de valeurs (un offset) «autre qu’accidentelle», c'est-à-dire non aléatoire, entre l’instrument couvert et de couverture. Il faut également prouver que l’on effectue une désignation non biaisée dans la relation de couverture définie. En revanche, la mesure d’inefficacité à chaque période est maintenue, ainsi que son report dans les résultats. Ceci devrait encourager les entreprises à

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Normes & Régulation

Sur le web www.ifrs.org www.iasplus.com www.deloitte.ch

appliquer la comptabilité de couverture dans des situations considérées, auparavant, comme trop complexes à gérer. Au niveau de la couverture des composantes de risques des éléments non financiers, IFRS 9 augmente aussi la flexibilité par rapport à IAS 39. Là où seul le taux de change était considéré comme composante de risques d’un item non financier, comme l’achat ou la vente de matières premières, il sera possible de couvrir et de désigner séparément toutes les composantes de risques d’un tel contrat, dans la mesure où elles sont «identifiables de manière séparée et mesurables de manière fiable». La norme permet d’utiliser un jugement bien documenté pour cette démonstration. Les éléments financiers et non financiers seront donc traités de manière cohérente, de manière à éliminer les montants d’inefficacité artificiels créés lors des couvertures de produits non financiers. Quant aux entreprises soumises aux prix des matières premières, elles pourront bénéficier pleinement de la réduction de volatilité des résultats reliée aux stratégies de couverture sur les risques autres que le taux de change.

ture macro? Y répondre nécessite en premier lieu d’articuler clairement l’appétit aux risques de l’entreprise, au niveau du conseil d’administration. Pour ce faire, on peut lui présenter au moins une fois par an des analyses de sensibilité des résultats économiques et comptables à certains scénarios de facteurs de risques, puis obtenir l'évaluation des mesures les plus importantes à cibler et des seuils considérés critiques (volatilité du bénéfice net, part de marché en valeur, marge de profit, liquidités, covenants, etc.). Les stratégies de couverture prioritaires visent à protéger l’organisation contre les scénarios poussant les variables clefs au-delà de ces seuils. Il est alors primordial pour le trésorier de développer les outils et méthodes lui donnant la possibilité de mesurer ex-ante et ex-post l’impact de certaines stratégies de couverture sur les variables cibles à risques. L’élaboration d’un cadre de calcul de type «revenus à risques» nécessite généralement un modèle des facteurs de risques clefs pour l’entreprise (prix de matières premières, devises), permettant de simuler leurs valeurs sur

l’horizon de suivi des seuils de risques (d’un trimestre à plusieurs années) de manière cohérente entre eux et à travers le temps. Cette même élaboration demande également des formules de prix associant chaque facteur de risques à une position dans le portefeuille de l’entreprise (par exemple, un contrat de gaz tient compte du prix du pétrole et taux de change); les positions de couverture sont elles aussi à modéliser. Enfin, elle exige un modèle comptable agrégeant toutes les positions clés de l’organisation dans des états financiers pro forma, sur la base des IFRS, et produisant les valeurs des variables cibles pour évaluer les seuils de risques. Le trésorier peut alors analyser périodiquement l’impact de différents scénarios de risques sur les variables cibles, optimiser les stratégies de couverture et suivre leur performance dans le temps. Grâce à la flexibilité accrue d’IFRS 9 et à cette approche intégrée de gestion des risques, le trésorier jouera ainsi un rôle encore plus stratégique pour la résilience de l’organisation face aux défis de ce monde nouveau.

Didier Planche Rédacteur en chef

L'appétit aux risques Qui: haute direction et conseil d’administration Quand: revoir au moins une fois par an Questions: • Quels niveaux de risques sommes-nous prêts à prendre pour poursuivre nos objectifs stratégiques? • A quelles natures de risques notre organisation est-elle la plus vulnérable? • Comment définir notre tolérance aux risques? Exemples: • Volatilité annualisée du bénéfice net de moins de 10% • Coût de production ne devant pas fluctuer de plus de 5% • Rentabilité du ROE au dessus de 12%

Gestion des risques financiers corporatifs

Gestion intégrée des risques Ces éléments fournissent plus de flexibilité aux trésoriers pour élaborer des stratégies de couverture avec une plus grande cohérence entre les aspects économiques et comptables. Mais comment optimiser la couverture des risques financiers corporatifs par rapport aux spécificités de son organisation? Doit-on cibler les expositions de manière indépendante ou opter pour une stratégie de couver-

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Diriger

Sur le web www.swissbanking.org

www.snb.ch www.bancaprofilo.it

SILVANA CAVANNA Depuis juillet 2009, Silvana Cavanna dirige une quarantaine de collaborateurs à la Banque Profil de Gestion à Genève. Sa méthode: du bon sens et des contacts humains.

Du bon sens et bien s’entourer Banque & Finance: Comment définissez-vous votre rôle de directrice générale? Silvana Cavanna: Je considère que la gestion d’une structure nécessite la même approche que celle d’une famille. Il faut être reconnu du point de vue humain et professionnel pour avoir le respect de ses collaborateurs. J’ai toujours travaillé dans des établissements de taille humaine, qui ne dépassaient jamais plus de 150 personnes. C’est un choix pour garder le contact avec mes collaborateurs, les actionnaires de la banque et nos clients. Quelle organisation avez-vous instaurée? SC: Avec les derniers collaborateurs arrivés en décembre 2010, nous avons atteint une situation optimale. Je délègue beaucoup pour que le travail se poursuive normalement en mon absence. Et je trouve important de former, de transmettre mon expérience. Cela implique d’avoir quelqu’un capable de recevoir cette expérience et de progresser. Notre slogan est «L’autre banque». Voulez-vous aussi appliquer un «autre» management? SC: Je partage intensément avec mon équipe sur les objectifs de la banque.

Cette transparence est nécessaire dans une petite structure. Le choix du collaborateur est donc primordial. Ici travaillent ensemble des personnes très compétentes, dotées d'une forte personnalité. Le manager doit avoir la capacité de créer un bon esprit et de les faire travailler ensemble. Que demandez-vous à vos équipes? SC: C’est la qualité du service qui nous permet de faire la différence. Selon moi, l’innovation est le retour au bon sens. Et dans le private banking, le bon sens signifie écouter le client et comprendre ses exigences. Considérez-vous que diriger amène à prendre des risques? SC: Oui, plus votre niveau de responsabilité est élevé, plus vous en prenez. Nous en revenons donc à la première des priorités, à savoir ne pas se tromper dans le choix de ses collaborateurs. Il y en a deux à trois avec qui je partage ces responsabilités et eux-mêmes sont capables de gérer la structure. Il ne faut donc pas tout centrer sur vous. Comment recrutez-vous et quels profils recherchez-vous? SC: Actuellement, nous cherchons

surtout des gestionnaires pour développer notre activité core business. Le candidat doit partager nos valeurs. Ce n’est pas facile à trouver, mais quand je le trouve, je sais qu'il est le bon. Le fait d’être une femme changet-il votre manière de diriger et le regard des autres? SC: Je suis aujourd’hui à un âge où le fait d’être une femme n’est plus un problème… mais un avantage! Pour diriger, il faut être respecté, a fortiori quand on est une femme. Quand mes collaborateurs ont vu que j’étais compétente dans mon domaine, j’ai eu leur respect et leur écoute. Quel est l'élément le plus déterminant, être une femme ou d’origine italienne? SC: C’est vrai qu’être une femme, une Italienne, arrivée ici pour gérer une structure, n’a pas été facile. Les collaborateurs aux niveaux les plus élevés ont dû apprendre à connaître leur interlocuteur féminin. Mais cela n’a pas été ma difficulté la plus importante. En Suisse, des femmes sont à des postes à responsabilité, au niveau fédéral ou à la FINMA par exemple. Les choses changent.

Propos recueillis par Dorothée Thénot d.thenot@banque-finance.ch

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Prévoir

Sur le web www.ge.ch/statistique/ www.genevaassociation.org/ www.rentesgenevoises.ch

Quelle prévoyance pour demain? Deux personnes sur trois estiment que leur qualité de vie s’est dégradée à la retraite.

L

Pierre Zumwald Directeur général, Rentes Genevoises

a presse s’est fait l’écho, ces dernières années, de nombreuses inquiétudes autour de la prévoyance sous toutes ses formes. Les coups encaissés par certaines institutions, lors des dernières crises financières, ont alimenté les débats. De plus, les récentes préoccupations relatives à l’augmentation de la longévité ont relancé les discussions, sans que de réelles solutions soient apportées. Si ce sont souvent des points spécifiques liés aux politiques ou aux institutions qui sont mis en avant, qu’en est-il de la prévoyance vue du côté des particuliers? Une étude menée à Genève, en 2010, apporte quelques éléments de réponse. Un premier constat porte sur le déficit d’information. Près de 33% des personnes interrogées se disent insuffisamment informées en matière de prévoyance. Si ce chiffre paraît déjà élevé, il se dégrade encore selon le type de population. Il passe ainsi à 40% pour les femmes, à 45% pour les classes de revenus inférieures à 70 000 francs et à 53% pour la classe d’âge des 18-34

@ Pierre.Zumwald@rentesgenevoises.ch

ans. Un deuxième constat porte sur la capacité à se constituer une prévoyance suffisante. Une personne interrogée sur deux estime son niveau de prévoyance suffisant. Pour les autres, 4% ne savent pas, 29% estiment leur niveau insuffisant, mais vont le compléter, et 17% considèrent leur niveau comme insuffisant, sans pouvoir ou vouloir le compléter. Ce dernier chiffre est inquiétant et varie selon la classe d’âge, soit entre 14% (classes jeunes) et 30% (classes âgées). Il se situe, par ailleurs, à 25% pour les classes de revenus inférieurs à 70 000 francs. Une attention toute particulière devrait donc être portée sur ce segment dans la mesure où le revenu brut médian, dans le canton de Genève, se situe entre 69 000 et 70 000 francs. Un troisième constat, peut-être le plus négatif, porte sur la qualité de vie à la retraite, avec la prévoyance accumulée (toutes sources confondues). Parmi les 18-34 ans, 18% pensent vivre mieux à la retraite et 29% la même chose. Parmi les 35-54 ans, 7% pensent vivre mieux et 48% la même chose. S’agissant des 65 ans et plus, les chiffres sont éloquents, puisque seuls 10% des personnes interrogées disent vivre mieux et 20% la même chose. Le

corollaire de ces chiffres est une dégradation vécue ou attendue de la qualité de la vie à la retraite. Parmi les 65 ans et plus, 60% disent vivre moins bien et 10% nettement moins bien, soit deux personnes sur trois. Parmi les classes plus jeunes, environ 40% s’attendent à vivre moins bien, voire nettement moins bien. Si ces constats dressent un portrait en demi-teinte et peuvent mettre en lumière une certaine résignation, ils ne condamnent pas pour autant le système des trois piliers. Ils constituent en fait des pistes pour une réflexion globale autour de la prévoyance. Si une vie entière de travail est nécessaire pour se constituer un 1er et un 2e pilier, la constitution d’un 3e pilier devrait se faire au même rythme. Or, il semble que cela ne soit pas nécessairement le cas. Une première mesure, facile à mettre en place, pourrait passer par une meilleure information sur la prévoyance dans son ensemble, dès le plus jeune âge, relayée ensuite par les employeurs et les collectivités. D’autres pistes, comme la promotion de la prévoyance individuelle à l’aide d’incitations fiscales, devraient à nouveau être envisagées. Finalement, le problème de la longévité qui conduira, à terme, à une dégradation de la qualité de la vie à la retraite doit être empoigné, par exemple, au travers de produits d’assurance dits «de dépendance».

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Recruter

Sur le web http//fr.efinancialcareers.ch/

www.hrtoday.ch/hrtoday/fr/ www.barometrerh.ch/ www.ampersand-world.com/

Le négoce en quête de ressources (humaines) Ariane Janis Fondatrice partenaire, Ampersand World

@ aj@ampersandworld.ch

Penda Coulibaly Fondatrice partenaire, Ampersand World

@ pc@ampersandworld.ch

Devenue l’une des premières places internationales dans le financement et le trading des matières premières, Genève attire un nombre croissant d'acteurs mondiaux. De vrais défis en perspective pour la gestion des RH.

Q

u'il s'agisse du développement endémique d'un acteur local vers le secteur des énergies renouvelables ou de l'arrivée d'opérateurs d'un pays émergent, le secteur confidentiel du négoce est en pleine mue. Trading, shipping et banques de financement, chacun profite de cet essor à sa façon, mais tous font face aux enjeux universels de la croissance, à savoir la recherche de talents et la pérennité du capital humain. Ce besoin d’experts est à la source de tensions palpables sur le marché de l'emploi. Plus que jamais, la gestion des talents, que ce soit en termes de recrutement, de rétention ou de développement des compétences, est un enjeu stratégique majeur qui ne s'improvise pas. Le défi est d'autant plus grand que la compétition entre sociétés s'intensifie. On le constate, l'affrontement économique s'invite dans les débats RH et ceux qui prendront l'initiative auront l'avantage. Le point commun à toutes les nouvelles stratégies réussissant est

qu'elles modifient fondamentalement la manière d'aborder l'organisation du travail. Formation des équipes et réallocation des ressources, afin de compenser en productivité, implication des collaborateurs dans la stratégie d’entreprise et plus grande visibilité dans les perspectives professionnelles en sont quelques exemples. La fonction RH évolue vers plus de transparence et d'implication. Se rapprochant de l’opérationnel, elle s'impose dans le meilleur des cas en véritable «business partner». Accompagnant les managers au plus proche des décisions et de la création de valeur, elle cible avec d'autant plus de pertinence la nature des besoins. C'est à ce stade uniquement que l'on peut alors parler de «talent management», ultime étape et Saint Graal d'un système entièrement voué au développement personnel et professionnel. L'entreprise, consciente de la myriade de forces qui influence son processus de recrutement et de rétention, englobe alors au sein même de ses valeurs fondatrices un subtil équilibre entre

opportunités de carrière et de réalisation de soi. Pénurie d'experts ou pas, les talent managers, guidés dans leur démarche par des outils qui s'affinent et qui font appel aux dernières technologies de recrutement et même du risk management, sauront hisser leur société au premier plan et en tirer parti. Or, selon le dernier baromètre RH 2010, seuls 11% des entreprises en Suisse romande ont comme axe prioritaire de gérer les hauts potentiels. Quatre fois moins que la moyenne mondiale. La place genevoise se reposerait-elle sur ses lauriers? Au sein du monde du négoce, assurément pas! Preuve en est le développement de diplômes spécialisés et l'attrait des métiers, qui ne se dément pas. L’univers du négoce a ceci de fascinant qu'il reste pour beaucoup un secteur dans lequel les carrières évoluent vite et les compétences sont largement reconnues.

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Se perfectionner

Sur le web www.compliance-management.ch

www.csbancari.ch www.ilce.ch www.finma.ch

Formation En partenariat avec la Fondation Genève Place Financière

Le Compliance Officer, gardien de la légalité Le Compliance Officer veille au respect du cadre réglementaire encadrant les activités bancaires. A l’instar de la finance, son champ d’action n’a aucune frontière.

C

’est l’un des métiers de la banque qui évolue le plus actuellement. Né au début des années 2000 avec la loi sur le blanchiment d’argent, il a pris une tournure résolument internationale. Son appellation n’a pas d’équivalent en français. «Le rôle du Compliance Officer est de s’assurer de la conformité des activités de la banque à la législation et à la réglementation, définit François Larrey, directeur de l’institut VisionCompliance. Il doit donc les connaître pour mettre en place l’organisation, les procédures, les contrôles et les formations nécessaires». Ce poste est stratégique, car il faut identifier les règles et risques réglementaires qui détermineront les choix de la banque. «Il existe deux aspects

@ d.thenot@banque-finance.ch PAR Dorothée Thénot Journaliste

dans ce métier, précise Alessandro Bizzozero, associé de la société BRP Bizzozero Robinson & Partners SA et membre du comité directeur de la formation continue en Compliance Management de l’université de Genève. Le Compliance Officer exerce une fonction de contrôle. Mais il doit aussi être dans l’anticipation et la gestion des risques et c’est ce volet du métier qui a explosé depuis quatre à cinq ans». Un rôle de prévention donc, car il vérifie que les activités de la banque sont conformes à une réglementation en constante évolution, afin d’éviter de lourdes sanctions financières et administratives. «Le Compliance Officer assure une veille active, prévient Christopher Robinson, son associé et enseignant en Compliance Management, pour détecter au plus vite les changements réglementaires et permettre à la banque de s’adapter. C’est un rôle très proactif». Une fois les problèmes potentiels identifiés, il doit en effet alerter, organiser des groupes de travail au sein de la banque pour implémenter les règles ad hoc. Le champ d’action du Compliance

Officer dépasse désormais les frontières du pays où siège la banque. Pour certains établissements, il doit par exemple veiller à la conformité au Mifid (Markets in Financial Instruments Directive), directive européenne entrée en application en 2007, des activités de la banque. Par ailleurs, le développement des activités transfrontières, avec ou sans présence physique de la banque à l’étranger, démultiplie les risques cross border. C’est un point essentiel de l’activité du Compliance Officer, car la FINMA a renforcé l’obligation d’appliquer les législations étrangères. Il est rattaché à la direction générale de la banque ou du groupe pour faire remonter l’information rapidement et pouvoir prendre les décisions qui s’imposent.

La formation de référence en Suisse romande est dispensée à l’université de Genève. Depuis 2003, le Centre de droit bancaire et financier propose un certificat de formation continue en Compliance Management, qui s’adresse à des professionnels exerçant une fonction de Compliance ou appelées à le faire dans une banque, auprès de négociants, de sociétés de gestion de fortune et autres sociétés financières. Pour devenir «l’expert du cadre réglementaire dans les domaines financiers, bancaires et boursiers tout en étant un généraliste de la banque et de la finance» défini par Genève Place Financière, le candidat suit 160 heures de cours pendant un an, avec six modules: connaissance générale du cadre réglementaire et de surveillance, lutte contre le blanchiment, relations avec le client, marchés financiers, produits bancaires et Compliance Management. Les intervenants sont des professionnels de la banque, mais aussi des membres des autorités de surveillance, des magistrats et avocats en rapport étroit avec des services de Compliance. DT

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Communiquer

Sur le web http://www.swissbanking.org/

http://www.geneve-finance.ch/ http://www.finwatcher.com/

Un outil, FinWatcher

Redevenir l’acteur de notre propre image L’avenir de la place financière suisse passe par une communication maîtrisée, anticipée et entendue.

J

amais la Suisse n’a connu une crise d’identité et d’image aussi importante que depuis 2008. Accusé d’être le prédateur de la finance mondiale et un paradis favorisant l’évasion fiscale, le financement du terrorisme ou le blanchiment d’argent, notre pays s’est trouvé soudainement démuni et vulnérable face à ce tir groupé et les nombreux fronts ouverts contre lui. Sans stratégie et sans communication à la hauteur des enjeux, il n’a eu d’autre solution que d’assouplir, avec un sentiment d’humiliation, son secret bancaire, ouvrant ainsi la voie à d’autres pressions telles que l’échange automatique d’informations. La prise de conscience de la nature profonde des changements intervenus et de leurs conséquences majeures a eu lieu en 2009. Misant sur une stratégie active et évolutive, axée sur la conformité fiscale et la protection de la sphère privée, le nouveau président de l’Association suisse des banquiers, Patrick Odier, a su, dès sa nomination en septembre 2009, réorienter la stratégie de la place financière. Avec l’appui des autorités, il s’est engagé avec convic-

tion en privilégiant le dialogue avec les différents acteurs. Une stratégie qui lui a permis de développer des arguments efficaces pour convaincre l’Allemagne et le Royaume-Uni d’accepter l’impôt à la source libératoire. Alors que le projet Rubik était loin d’être donné, Patrick Odier a réussi à utiliser une clé essentielle pour permettre à la Suisse de façonner sa propre réputation, soit la conviction et la détermination à défendre une ligne claire et des propositions concrètes. Diplomate, il est également parvenu à mieux coordonner les réponses et les prises de position au sein de l’administration fédérale et du secteur bancaire. Ce dernier parle désormais à l’unisson et présente un front uni. Cette cohésion était indispensable, tout comme la clarté du message. Il reste à travailler sur quatre axes complémentaires. En priorité, il faut retrouver la confiance des clients et de l’opinion publique. Ensuite, il est indispensable d’être mieux entendu, ce qui implique de pouvoir disposer de porteparoles plus nombreux, correctement préparés et suffisamment impliqués pour promouvoir le «Swissness», notre

savoir-faire, mais également pour réfuter les accusations infondées et refuser toute nouvelle concession unilatérale. Il faut également prendre des initiatives, notamment politiques, et démontrer toute notre capacité à pouvoir nous adapter aux nouveaux défis de la concurrence internationale. Enfin, il faut travailler notre faire-savoir, en mettant en place de manière proactive des plans de communication afin de valoriser, en Suisse et à l’étranger, les atouts de notre place financière. N’oublions pas que depuis des générations, notre pays est le leader mondial dans le domaine de la gestion de fortune et du private banking. Il en est même l’inventeur. Sur la base de la stratégie des quatre piliers mise en place par l’ASB, la Suisse doit faire ce qu’elle n’a jamais fait ou eu à faire, à savoir inventer un système de promotion de la place financière et promouvoir un savoir-faire séculaire relevant de notre ADN. C’est un véritable branding du know-how helvétique qu’il s’agira de mettre en place ces prochaines années, afin de renforcer l’avenir de la place financière. Le défi est de taille, mais compte tenu de son importance pour notre économie, 11% du PIB ou 18% en comptant les effets indirects, il est crucial de le relever pour redevenir l’acteur de notre propre image.

La crise financière mondiale et les profondes mutations en découlant ont considérablement accru le besoin d’informations des professionnels du secteur. En proposant la première plateforme internet capable de filtrer l’ensemble de l’information financière et bancaire mondiale émanant de 350 sources publiques et privées, FinWatcher offre à la fois une alerte immédiate et un accès facile aux documents d’importance stratégique et réglementaire sur les activités bancaires et financières internationales.

Christophe Lamps Senior Partner, Dynamics group

@ cla@dynamicsgroup.ch

Retrouvez également sur notre site internet, www.banque-finance.ch le flux d'informations en continu fourni par notre partenaire www.b3b.ch

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Savoir

Sur le web www.isfb.ch

Le financement mezzanine Thomas Mistelbauer Responsable de la clientèle entreprises Credit Suisse

Thomas Mistelbauer a achevé un travail de diplôme sur le financement mezzanine lors de son cursus à l'Institut supérieur de formation bancaire (ISFB). Il livre les particularités de cet outil, qui vient en aide aux sociétés matures.

@ thomas.mistelbauer@credit-suisse.com Banque & Finance: Votre travail traite du financement mezzanine qui combine des éléments de capitaux propres et de capitaux de tiers, pourquoi ce choix? Thomas Mistelbauer: Mon travail de diplôme devait traiter d'un sujet en lien avec mon activité professionnelle, soit la clientèle entreprises et institutionnelle. Ce sujet crée le lien entre les entreprises qui empruntent et les caisses de pension, principaux investisseurs dans le mezzanine en Suisse. De plus, lors de l'établissement de mon travail au printemps 2009, nous connaissions une situation économique durant laquelle l'accès au crédit bancaire était devenu plus difficile pour les PME faiblement capitalisées.

Pour obtenir l’étude Thomas Mistelbauer Credit Suisse Place Bel-Air 9-11, 1260 Nyon Tél.: +41 22 994 81 76

B&F: Quelle est l'origine de ce financement? TM: Le terme mezzanine vient de l'italien «mezzanino» qui, dans un contexte architectural, signifie une sorte d'entresol. En clair et dans le

domaine des crédits aux entreprises, il s'agit d'un financement entre les fonds propres et les fonds étrangers. B&F: Ce type de financement permet-il de doper l'accès au crédit de manière durable? TM: Non, d'ailleurs il ne se substitue pas directement au crédit bancaire traditionnel. Ce crédit permet de faire face à un investissement, là où le crédit bancaire traditionnel ne pourrait être octroyé à des conditions de marché standards. Il est utilisé principalement dans le cadre d'une expansion de la société, d'une succession d'entreprise ou bien lors d'un MBO, soit des financements qui demandent une assise en fonds propres très importante. En souscrivant à un financement mezzanine, certaines sociétés peuvent ainsi réaliser leur investissement. B&F: En quoi se distingue-t-il des autres solutions existantes d'accès au crédit?

TM: Le financement mezzanine est considéré comme des fonds étrangers d’un point de vue juridique et comme des fonds propres d’un point de vue économique. Les intérêts découlant de ce prêt sont ainsi fiscalement déductibles, alors qu'il a la possibilité de se transformer plus tard en capital propre, à l’aide de clauses à option stipulées dans le contrat de prêt Mezzanine. Ce crédit se distingue donc principalement par sa position postposée au passif du bilan de l'entreprise emprunteuse. Ce prêt peut donc être considéré comme des quasi-fonds propres si un crédit bancaire traditionnel devait être souscrit en parallèle, pour optimiser la structure du bilan. Il signifie également une réduction des coûts de financement, car l'apport de fonds propres induit par le mezzanine permet un réajustement du rating de la société, se traduisant par une baisse des intérêts sur la dette senior de l'entreprise. Les conditions d'intérêts diffèrent également. Alors qu'un

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Savoir Le mezzanine en Suisse

crédit commercial bancaire traditionnel coûte aux alentours de 4 à 6% par an, il faut compter 9 à 12% par an d'intérêts en francs pour le Mezzanine. Ce dernier point est à remettre dans le contexte, à savoir que des fonds propres proprement dits n'exigeraient pas moins de 15-20% de rendement pour les bailleurs de fonds.

expansion, par exemple. Le financement mezzanine est attribué sous la forme d'un prêt subordonné, remboursable à l'échéance et à des sociétés réalisant au moins dix millions de francs de chiffre d'affaires avec un rating minimum Moody's Baa3, selon les conditions du fonds CSA Mezzanine du Credit Suisse.

B&F: Quelles sont les conditionscadres pour qu'une entreprise puisse bénéficier de ce type de financement? TM: Tout d'abord, le crédit mezzanine n'est pas un financement de capital risque. Il est octroyé à des sociétés matures n'ayant pas l'assise suffisante en fonds propres pour financer une

B&F: Dans votre travail, vous démontrez que ce financement n'est pas perçu de la même manière aux Etats-Unis. En quoi les deux perceptions diffèrentelles? TM: La Suisse, comme bien d'autres pays en Europe continentale, a historiquement eu une orientation des finan-

Suivre

cements bancaires très marquée, en comparaison des pays anglo-saxons où ils sont orientés vers le marché des capitaux. Aux Etats-Unis, le financement Mezzanine est d'ailleurs accompagné d'options négociables librement, permettant à l'investisseur un effet de levier de son rendement. En Europe, ces financements sont considérés comme des fonds de tiers non négociables sur un quelconque marché. Propos recueillis par Fabio Bonavita f.bonavita@banque-finance.ch

On y distingue tout d'abord les départements internes aux banques, telles que Credit Suisse, la Banque Cantonale de Zurich, la Basler Kantonalbank et la Luzerner Kantonalbank qui sont les plus actives et investissent pour le compte d'une clientèle principalement institutionnelle. Il existe également des institutions financières qui placent des capitaux pour leur propre compte. Ensuite, des établissements principalement domiciliés à l'étranger (Londres et Francfort) qui investissent dans des entreprises suisses. L’UBS est bien entendu présente sur le marché des financements hybrides, mais n’utilise pas le terme mezzanine dans son activité aux PME. Elle accepte de financer du «surfinancement», en moyennant une hausse sensible du taux d’intérêt pour la partie du financement qui dépasse la capacité d’endettement de l'entreprise.

«Symbole de sérénité pour nos clients»

Arev Salamolard-Yildiz Avocate, associée Willow Services Sur le web www.willow.ch

✔ ✔ Capacités de gestion administrative ✔ Développement des activités ✔ clients privés Développement des activités ✔ clients institutionnels Développement commercial ✔ Equipe

Situation financière

Banque & Finance: Quelles ont été les principales étapes, du projet à sa concrétisation? Arev Salamolard-Yildiz: Les étapes préparatoires étaient peu nombreuses. Notre principale préoccupation était la localisation de nos locaux, alors que les autres points s'avéraient relativement simples. Au niveau de la structure juridique par exemple, nous avions les compétences à l’interne. Ensuite, il a fallu trouver le nom de la société en sortant du cadre sempiternel des noms de famille des associés ou du lien avec le produit. Nous avons donc opté pour un symbole, celui

du saule pleureur qui nous a semblé parfaitement correspondre. Il signifie la sérénité apportée à nos clients, ainsi que l’enracinement. B&F: De quelle manière s'est donc concrétisé le soutien de Genilem? A.SY: Genilem nous a aidés à acquérir de la crédibilité et de la visibilité, et nous a fourni un accompagnement permettant de faire face à certaines situations imprévues. Notre conseiller Genilem est d'ailleurs devenu un ami. C’est bien la preuve de son implication totale dans notre projet.

B&F: Si c’était à refaire, que changeriez-vous? ASY: Je prendrais davantage de temps avant la création proprement dite. Il ne faut pas être trop pressé lorsque l’on lance sa société, malgré l’engouement évident du début. Propos recueillis par Fabio Bonavita f.bonavita@banque-finance.ch

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Solutions bancaires

Au-delà de la colocation, l’essor du datacentre

Marco Dottarelli Directeur général de l’unité commerciale, Equinix Suisse

@ marco.dottarelli@eu.equinix.com

La Suisse est depuis longtemps l’un des principaux centres financiers du monde. Les datacentres y jouent désormais un rôle essentiel dans la croissance.

L

a place financière suisse et sa bourse électronique ont toujours occupé un rôle central dans les secteurs bancaires et financiers mondiaux, en offrant une palette de services qui n’a cessé d’évoluer et de s’étendre. Ces dernières années, le marché a bénéficié d’un nouvel élan à la suite des changements en matière de fiscalité et des réformes des réglementations. Cette évolution a favorisé la création et l'implantation d'un grand nombre de sociétés de services financiers avec l’aide, notamment, d’organismes clés tels que la SIX Swiss Exchange. Ces modifications de marché ont apporté de nouvelles opportunités de croissance, mais aussi tout un lot de nouveaux défis. Le renforcement de la concurrence, la hausse constante du volume d’échanges, la nécessité d’opérer à l’échelle mondiale, ainsi que l’obligation croissante de réduire les coûts, ont contraint les marchés financiers à s’adapter de manière tant stratégique qu’opérationnelle pour survivre.

Dans le cadre de ce processus d’ajustement, de nombreuses entreprises ont été obligées de repenser complètement leurs infrastructures technologiques sous-jacentes, afin d’être assez rapides, fiables et rentables pour faire face aux conditions du marché actuel. La colocation joue ici un rôle crucial, car les acteurs du marché sont de plus en plus nombreux à reconnaître que le datacentre ne devrait pas uniquement soutenir les opérations commerciales, mais également doper la croissance. Le datacentre a longtemps été considéré comme un outil à peine plus avancé qu’un système en back-office, constitué d’équipement IT non critique et de systèmes de sauvegarde, tout ceci dans un environnement sécurisé et fiable. Avec l’ascendance du marché électronique, le datacentre a toutefois perdu son image de simple centre de coûts. Il est ainsi devenu un véritable catalyseur commercial et parfois même un avantage stratégique, hébergeant des places de marché virtuelles dans lesquelles des ordinateurs interagissent au sein d’un écosystème de

SIX et Equinix

e-commerce de machine à machine. La colocation dans un datacentre multi tenants accueillant un écosystème établi qui rassemble les échanges, autres acteurs du marché et fournisseurs de services, est aujourd’hui quasi essentielle. En effet, le choix du bon datacentre est devenu l’une des plus importantes décisions d'un acteur de marché. La neutralité, élément stratégique clé du datacentre Autrefois, les entreprises se félicitaient de gérer leurs propres datacentres ou de partager une infrastructure avec un Extranet financier, alors qu'aujourd'hui, elles évaluent leur capacité à conserver une position compétitive avec un coût total de possession gérable. En réponse, bon nombre d'entre elles ont opté pour des datacentres riches en réseaux qui offrent des espaces de colocation à hautes capacités et rassemblent des fournisseurs réseau, des gestionnaires de biens, des courtiers, des bourses et des plateformes commerciales, ainsi que des fournisseurs de données de

SIX Swiss Exchange, l’une des plus grandes bourses de valeurs au monde et dotée de capacités technologiques avancées, est un exemple d’entreprise ayant tiré profit du modèle de datacentre neutre. En 2010, elle a ouvert un nœud d’accès pour l’infrastructure de son système commercial critique au sein du datacentre ZH4 IBX® d’Equinix à Zurich, permettant ainsi aux sociétés de services financiers présentes dans le datacentre d’accéder directement à Swiss Securities Exchange. La localisation stratégique en plein centre-ville du datacentre ZH4 IBX d’Equinix a joué un grand rôle dans cette décision, le ZH4 apportant une colocation de proximité à SIX Swiss Exchange et des solutions à faible latence pour cette plateforme commerciale clé. SIX Swiss Exchange tente d’attirer de nouveaux membres, et plus spécialement des traders de haute fréquence, afin de maintenir la diversité de ses flux d’ordres, au vu de la concurrence provenant des plateformes d’échanges d’actions alternatives partout en Europe.

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Solutions bancaires

marché et de données analytiques pour former une place de marché ouverte et unique. Ceci permet de réduire considérablement le nombre et le coût des interconnexions haute vitesse. Les datacentres à réseau neutre constituent actuellement l’option préférée des entreprises souhaitant intégrer les marchés mondiaux. Les datacentres et leur avenir Les bourses ne sont pas les seules à pouvoir profiter de la colocation en datacentres neutres, ceux-ci s’adressant également au secteur bancaire. L'évolution de la fiscalité, qui a

entraîné l’arrivée de nouvelles entreprises de services financiers à Genève, constitue le prochain facteur clé d'accroissement de la demande de services de colocation et de datacentres au sein des compagnies commerciales et organisations bancaires locales et mondiales. Comme les participants au marché, ces entreprises bancaires ont besoin d'accéder à une vaste communauté de fournisseurs de services réseau et de partenaires du secteur, reliée via une plateforme mondiale ou des datacentres interconnectés, afin de mettre en œuvre leurs stratégies commerciales locales et mondiales.

Pour les communautés bancaires et commerciales, le choix du bon fournisseur de services datacentres est devenu une décision stratégique de plus en plus cruciale. Les fournisseurs neutres offrent non seulement de l’espace pour grandir et de la puissance en continu, mais aussi des architectures à la pointe de la technologie et une prévisibilité des coûts. L'élément vital reste toutefois leur capacité à donner accès à des écosystèmes mondiaux d’entreprises collaboratives, offrant ainsi de nouvelles opportunités commerciales et un potentiel de croissance inégalé.

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82 ( Insolite @ b.pichon@citycable.ch

PAR Bernard Pichon Journaliste

RElAis & CHÂTEAUX

Des hôtels au sommet Des établissements haut de gamme, uniques et conviviaux. La Suisse n’échappe pas à la globalisation du concept. A témoin, trois adresses d’altitude.

La route du bonheur Qui se ressemble, s’assemble. Forts de cet adage et suite à ses précédents accords avec Nespresso et Silversea, les Relais & Châteaux viennent d’associer leur nom aux champagnes Laurent-Perrier et aux automobiles japonaises Infiniti. Ces flirts luxueux se matérialisent notamment le long d’une «Route du bonheur» jalonnée par les établissements du réseau, désormais étendu jusqu’en Asie, Afrique ou Amériques. BP

Sur le web www.relaischateaux.com

La terrasse et le spa du Chalet d’Adrien.

S

ur territoire helvétique et au voisin Liechtenstein, ils sont désormais une bonne trentaine d’hôtels à avoir rejoint la famille des Relais & Châteaux. Oui, «famille» plutôt que chaîne, histoire de distinguer l’âme d’un réseau prioritairement orienté vers l’ambiance chaleureuse et l’accueil personnalisé. Familial, pas familier. Comment satisfaire une clientèle à la fois avide de dépaysement et soucieuse de se retrouver partout «comme à la maison»? Périlleux paradoxe que les équilibristes affiliés tentent d’affronter chacun sur le fil de leur talent et sensibilité, mais avec une commune aspiration à l’excellence, de la literie

au couvert, du spa au carnotzet. Sans oublier de valoriser terroir, paysages et environnement naturel. «L’hôtellerie et la grande gastronomie suisses ont leur identité propre. Nous souhaitons mettre en évidence cette spécificité du marché helvétique», explique Philippe Vuillemin, le président de la délégation suisse de Relais & Châteaux, en proposant de tester quelques établissements représentatifs. A Schönried, d’abord, sur les hauts de Gstaad, l’Alpenrose constitue le premier fleuron de cette «Route du bonheur» (Cf encadré). Ici comme aux prochaines adresses, l’accueil des propriétaires polyglottes distingue la réception, généreuse en cocktails

et amuse-bouches de bienvenue. Le décorum réveille d’emblée l’imagerie d’une Heidi désormais branchée WiFi, séduite par la gratuité des connexions. Une balade en calèche parmi les chalets illuminés parachève la concrétisation d’un fantasme idéalisé. Fondu enchaîné sur le Chalet d’Adrien, un cinq étoiles emblématique des hauts de Verbier, salué, entre autres, par le Guide Michelin. Ex-présentateur à la télévision publique française, le patron n’a rien perdu de son éloquence lorsqu’il s’agit de commenter les taglioni aux truffes et langoustines rôties du chef, Marco Bassi. On les

goûtera au retour d’une course en traîneau à chiens aussi endiablée qu’en Laponie! Final au Waldhotel Fletschhorn de Saas Fee, dont la vinothèque aux 42 000 bouteilles mériterait à elle seule le détour, sans oublier la bonne fée de ce grand chalet, Maren Müller, lauréate du Prix de la Femme entrepreneur 2010 et le chef Markus Neff (18 points Gault & Millau), qui transmet volontiers son savoir-faire lors de cours de cuisine. Sur le web www.hotelalpenrose.ch

www.chalet-adrien.com www.fletschhorn.ch

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( Volupté

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Gérard Vahé Gérard Genève

@ info@gerard.ch

Le Behike

I

l aura fallu attendre plus de trente ans pour admettre que les cigares au diamètre important ont aussi leur intérêt dans l’univers des amateurs de la feuille de Nicot. Avec le nouveau cigare de Cohiba, nous arrivons au stade où les formats se marient totalement à une certaine présentation. Pour réussir ce coup de marketing, il fallait trois éléments clefs, soit une marque puissante, ce qui est le cas, un produit

calqué sur la mode actuelle et un conditionnement digne d’un cigare de qualité. C’est ainsi que le concept BHK est né. Ces cigares ont déjà été manufacturés en petites quantités à l’occasion de la dernière conférence des pays non alignés, où ils avaient eu un énorme succès. Mais la production limitée à 100 boîtes regroupant tous les modules fut un feu de paille, ce qui n’est pas le cas avec cette nouvelle série, déclinée en trois formats, soit Robusto avec un diamètre 52, sublime 54 et, pour finir, un 56 de Cepo. C’est une réussite de qualité pour les amateurs de cigares aromatiques qui auront une préférence pour les 52 et les 54, les 56 offrant des goûts plus puissants et présents en bouche. Pour les amateurs sensibles à la beauté, les capes ont été choisies avec soin et les cigares sont manufacturés de manière très précautionneuse. Voilà un cigare qui fera couler beaucoup d’encre.

( Dégustation PLANT ROBERT

«Le Chant de la Terre» 2009

L

e Plant Robert est un cépage rare et ancien originaire de Lavaux. Pratiquement disparu dans les années 60, il a été sauvé de l’oubli par une poignée de vignerons qui, réunie en une association, a établi un cahier des charges garantissant l’authenticité et la qualité de ses vins. Bien leur en a pris, car ce cousin Sur le web www.mermetus.ch

www.arte-vitis.ch www.ecole-du-vin.ch

du Gamay donne des vins à la typicité affirmée, à la fois sauvages et distingués. Seuls quatorze vignerons produisent du Plant Robert certifié, reconnaissable par la collerette rouge apposée sur le goulot de la bouteille. Elle garantit qu’il s’agit bien d’un vin 100% Plant Robert, issu des parcelles mères historiques et entièrement élaboré à Lavaux.Le vin présenté dans ce numéro est le Plant

Robert 2009 «Le Chant de la Terre», d’Henri Chollet, à Aran/Villette. Henri Chollet est un artiste du vin, un passionné comme on aime en rencontrer, qui élabore des vins de caractère. Ce 2009 dévoile un bouquet très expressif plein de fraîcheur, aux notes de cerise noire, de cassis, de pivoine, et de poivre. La bouche est souple et gourmande, avec des tanins soyeux d’une belle délicatesse. Cette bouteille donne déjà beaucoup de plaisir actuellement, mais elle gagnera à attendre quelques années. Une superbe réussite (22 francs départ cave).

Romain Cellery Responsable de l’Ecole du Vin de Changins

@ romain.cellery@eichangins.ch BANQUE&FINANCE N°108 MARS/AVRIL 2011

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84 ( Complications § mouvements @ j.grandjean@banque-finance.ch PAR Joël A. Grandjean Journaliste

Tournis temporels Cette montre n’est pas encore une montre? Endless est l’œuvre éclairée, voire prémonitoire, de Costa Edir, jeune élève bijoutier en deuxième année au Centre de formation professionnelle d’arts appliqués, à Genève. Il participait au concours Time Dress Code lancé par l’horloger indépendant Antoine Preziuso et sa fille Laura. Chaque élève se devait d’habiller une véritable boîte de montre, en quelques semaines. Costa Edir, premier prix, a réinterprété la crise financière qui battait alors son plein, organisant dès 17 h une dégringolade de chiffres en entrelacs subtils, tandis qu'aux heures sérieuses et indiquées, des aiguilles cachées par un cadran gris argenté effectuent leur course en toute discrétion. L’horloger des complications, qui tenait salon en janvier et lançait son tout nouveau modèle, ne sait pas encore s’il en fera une montre, mais reste bluffé par la fraîcheur talentueuse des neuf élèves participants.

www.antoine-preziuso.com

www.ressence.eu

Tandis que la Belgique se cherche encore un gouvernement, le temps de cette pièce Type 1001 de la marque anversoise Ressence - contraction de Renaissance de l’Essentiel -, fait sa révolution autour du cadran, ce qui est totalement novateur et particulièrement complexe à réaliser. En d’autres termes, chacun des trois compteurs tourne sur lui-même, comme calé sur la course d’une aiguille dessinée à même le fond anthracite d’un cadran principal lui-même tournant. Absence d’aiguille, effets d’optique rafraîchissants, cette nouvelle venue découverte au salon horloger Geneva Time Exhibition, en janvier, est lancée par Benoît Mintiens, un designer industriel belge. Mieux vaut le voir fonctionner.

www.ballouard.com

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La Upside Down Number One de l’horloger Ludovic Ballouard, en pleine création de sa marque éponyme après avoir sévi chez François-Paul Journe, remet en valeur le bon sens. En effet, les heures visibles sur le cadran de ce garde-temps, qui ne possède qu’une magistrale aiguille des minutes, sont toutes à l’envers, sauf une. Celle justement qui indique l’espace temporel dans lequel on est. Et qui, 60 minutes plus loin, se renverse tandis que «l’heure d’après» se remet à l’endroit. Bref, douze mécanismes complexes, un pour chaque heure, habitent ce concentré d’horlogerie compliquée, dotée d’une dimension poético ludique et d’une sobriété de puriste. A voir, absolument.

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( Tentations @

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f.bonavita@banque-finance.ch PAR fabio bonavita Journaliste

LUXE

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MoMEnTs D’EXCEPTion

Objets prestigieux 1. Gadget grand luxe: la société gresso sort sur le marché un iPad pour le moins tentant. Il est fabriqué en bois d'ébène vieux de 200 ans et en or 18 carats. Un objet unique qui séduira les plus exigeants (prix non encore fixé en janvier), www.gresso.com 2. Coffret Macallan: le très élégant coffret contient un précieux whisky de 64 ans d'âge. Le tout en édition ultra limitée, 16 000 francs, www.themacallan.com 3. Anniversaire Jimmy Choo: quinze ans de créativité aux pieds des femmes, voici ce que célèbre la marque de luxe Jimmy Choo. Elle propose des modèles uniques que l'on peut acheter ou offrir le temps de la célébration de l'anniversaire, www.jimmychoo.com 4. Rendez-vous pour coquins: la célèbre marque de lingerie fine propose un ensemble de dessous raffinés pour hommes et femmes. Le calendrier fait également partie de l'assortiment, ainsi que les coupes à champagne, 320 francs, www.aubadestore.com 5. Caviar à petits prix: acheter du caviar directement avec sa souris sans se ruiner, c'est désormais possible. Le site Caviarpassion propose un large assortiment à prix cassés, de 39 à... 4700 euros, www.caviarpassion.com 6. Parapluie original: le mondialement célèbre guy de Jean s'est associé avec deux autres noms de la couture, Jean-Paul gautier et Chantal thomass, pour proposer un modèle qui est d'abord un accessoire de mode, 250 francs, www.guydejean.com

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Directeur de la publication et Rédacteur en chef: Didier Planche Rédaction: Bernard Bastien, Fabio Bonavita, Mohammad Farrokh, Joël A. Grandjean, Frédéric Mamaïs, Bernard Pichon, Christophe Roulet, Dorothée Thénot. Edition: Promoédition SA Editeur délégué: Roland Ray Production: Maryse Avidor Design et infographie: Lucile Dubost - Alter Ego Médias Photos de Une et Invité: Frédéric Barillet - Alter Ego Médias Impression: Atar Roto Presse SA www.banque-finance.ch Rédaction et administration: Banque&Finance 35, rue des Bains Case postale 5615 1211 Genève 11 Tel. +41 22 809 94 60 Fax +41 22 781 14 14 E-mail: info@ banque-finance.ch Publicité: Médiapresse Pub SA 3, rue de la Vigie 1001 Lausanne Tel. +41 21 321 30 77 Fax +41 21 321 30 69 Responsable: Roye Yarden Pages Partenaires Promoguide SA Ruchligweg 101 - CP 52 4125 Riehen-Basel 2 Tél. + 41 61 606 50 20 Fax + 41 61 606 50 29 Responsable: Lila Maalem Abonnements: E-mail: abo@banque-finance.ch CCP: 12-17931-5 1 an d’abonnement (6 numéros) CHF 60.2 ans d’abonnement (12 numéros) CHF 90.Banque&Finance paraît six fois par an et publie un numéro hors-série © Promoédition SA, Genève - 2011

CONTRIBUTEURS & PERSONNES CITÉES

ENTREPRISES CITÉES

A Françoise Adam Richard Aschinger B Alessandro Bizzozero Jean-Yves de Both Jürg Bucher C José Pedro Caldeira Christian Campiche Mathieu Caquineau Silvana Cavanna Romain Cellery Augustus Cheh Maxime Chrétien Nicolas Clavel Matthew Cobon Penda Coulibaly D Roy Damary Emmanuel L. Delley Xavier Denis Jérôme Desponds Marco Dotarelli F Marco Fiorini Alain Freymond G Christophe Gancel Philippe Gougenheim Martin Gut H Michael Heijmeijer J Arnaud de Jamblinne Ariane Janis L Pavel Laberko Christophe Lamps

A Ampersand World Antoine Preziuso B Ludovic Ballouard Banque privée Espírito Santo Banque Safdié Banque Sarasin & Cie BBGI Group Blackrock Bridport & Cie C Carmignac Gestion Cfinancials Crédit Agricole Credit Suisse D Deloitte Dimension Dynamics Group E Ecole du vin de Changins Equinix Suisse F Fondation Genève Place Financière G Gérard Genève I IFP Asset Management ING Investment Management Invesco L La Foncière M Morningstar P PostFinance R Rentes Genevoises Ressence Reyl & Cie S Scipion Capital Semper Société Générale Private Banking Solvaxis T Tradition Threadneedle U UBS Unigestion Union Bancaire Privée V Valartis W Willow Services

55 73 72 64 6 60 73 44 68 83 14 14 36 14 71 40 42 52 11 78 14 58 16 47 14 50 46 71 28 74

François Larrey 72 Eric Le Coz 39 Manuel Leuthold 14 M Tim Maccarthy 31 Jean-Frédéric Maraia 64 Thomas Mistelbauer 75 N Robert Nordmann 18 Christine Novakovic 14 O Barbara Ofner 11 Habib Oueijan 28 P Maurice Pierazzi 54 Pierre-Olivier Pourcelot 14 R David Rey 49 Christopher Robinson 72 Frédéric Rouiller 48 S Arev Salamolard-Yildiz 76 François Savary 38 Pierre-Alain Schnegg 24 François Sermet 17 David Stréliski 66 T Daniel Tassan-Din 35 V Gérard Vahé 83 Grégoire Vaucher 62 W Etienne Weber 41 Frédéric A. Weinberg 56 Y William Yuen 32 Z Jean-Charles Zimmermann 88 Pierre Zumwald 69

ANNONCEURS AD Galerie AP Group Association AVAV Banque Privée Espírito Santo Cargill International C-F Création Citco CPCI Credit Suisse Delta Concept New Access Devillard Etude Borel & Barbey Fundana GAM Gambit Financial Solutions Gérifonds Idealgestion Ixa Systems Jetfin Asia

63 23 80 53 4 80 15 25 10 26 13 34 2 21 C2 51 C4 80 73

Michael Page Parc Hotel Penta Consulting Régie Brolliet Retraites populaires Rouvinez Vins Scoach Sofgen Sungard Swiss & Global Asset management Private Banker

14 81 C3 70 37 79 30 57 77 19 86

87 71 84 84 60 35 49 58 14 40 14, 39 50 16 48, 75 14, 66 54 74 83 78 72 83 56 42 33 46 44 6 69 84 38, 55 36 62 52 24 41 14 14 47 28 31 76

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88 ( Le banquier tombe la veste

JEAn-CHARlEs ZiMMERMAnn

Un engagement viscéral pour la cause animale parcours • Dès 1980: Collaboration à divers établissements bancaires à Genève et Zurich • 1986: Direction du service financier de l'International Social Security Association auprès du BIT (Genève) • 1987: Responsable des études financières de Darier & Cie (Genève) • 1991: Responsable du département Institutionnel & Recherche de Darier Hentsch & Cie (Genève) • 1998: Création de Darier Hentsch (Sion) SA • 1999: Directeur du Conseil en investissement de Lombard Odier Darier Hentsch & Cie (Genève). • Depuis 2004: Cofondateur et partenaire de Hottinger & Associés, gestion patrimoniale SA, à Sion et Brigue

Jean-Charles Zimmermann a choisi de s'exprimer sur la défense du monde animal. C'est ainsi qu'il s'active pour que l'humain respecte davantage ces êtres vivants à part entière.

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uiconque côtoie le fringant banquier sédunois Jean-Charles Zimmermann se rend compte de sa proximité et même de sa complicité avec le monde animal. Qu'il s'agisse d'un chien, d'un chat, d'un cheval, voire d'un animal de rente, enfin toutes les espèces animales, il leur voue effectivement une affection naturelle et surtout un profond respect. Il s'agit en fait d'une attirance quasiment atavique, ayant été élevé dans une famille qui vivait entourée de vertébrés domestiques, tous considérés comme des êtres vivants à part entière. Et puis un jour, son regard croisa des actes de maltraitance sur un chien. Immédiatement, le sang du jeune Jean-Charles, choqué et meurtri, ne fit qu'un tour et, n'étant malheureusement pas en position d'intervenir pour faire cesser cette violence insupportable, il se jura de se consacrer à la défense animale. C'est ainsi qu'est née l'association Kids & 4 Legs, reconnue d'utilité publique, visant à développer le respect et l'harmonie réciproques entre le monde de l'enfance et celui des animaux. «Il s'agit concrètement de sensibiliser les enfants à la cause animale par des cours et diverses activités, afin qu'ils adoptent un comportement aimant

et respectueux des animaux tout au long de leur existence», explique le banquier fondateur, qui assume la présidence de cette association à la noble mission et la finance en propre de manière prépondérante. Le respect envers l'animal, voilà bien la pièce maîtresse de l'engagement de JeanCharles Zimmermann, un engagement qui l'anime au quotidien, même s'il ne représente qu'une goutte d'eau dans un océan. «Les animaux sont des êtres vivants qui ressentent aussi des émotions. Comme les humains, ils souffrent et éprouvent de la joie, n'étant ni des choses, ni des jouets. Par conséquent, nous ne devons pas les négliger et avons même le devoir de prévenir et de remédier à toutes les violences

et mauvais traitements que certains, hélas, subissent parfois», s'enflammet-il, tellement cette cause lui tient à cœur. D'ailleurs, il y consacre un temps considérable par le biais de son association, tout en assurant la fonction de vice-président de la Ligue valaisanne pour la protection des animaux. Cette activité parfaitement complémentaire lui permet de participer à la gestion d'un refuge animalier, donc de constater concrètement la souffrance dont sont victimes certains compagnons à quatre pattes. Quelque part, le combat du banquier Jean-Charles Zimmermann recouvre aussi une dimension de paix universelle, sachant qu'un humain respectueux des animaux le sera aussi de ses congénères. Didier Planche d.planche@banque-finance.ch

BANQUE&FINANCE N°108 MARS/AVRIL 2011

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