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L’édito

Didier Planche Directeur de la publication & Rédacteur en chef

@ d.planche@banque-finance.ch

Digressions printanières

I

ncompatibilité: Les banquiers éprouvent de sérieuses difficultés à être en phase et même à s’accorder avec les hauts fonctionnaires fédéraux, en particulier avec ceux qui conçoivent des textes de loi rigides, rétrogrades et coercitifs, ou négocient plutôt maladroitement les CDI et autres questions liées à l’entraide administrative en matière fiscale. C’est normal, car gradés ou non dans la hiérarchie étatique, ils restent des fonctionnaires dans l’âme, donc étrangers à l’esprit entrepreneurial et aux spécificités du secteur bancaire avec ses tenants et aboutissants, de même que déconnectés de la réalité des marchés et des turpitudes que provoque la concurrence internationale. En plus, ils perçoivent chaque mois une solde grassement rémunérée pour ne prendre aucun risque et ne travailler que quatre à cinq heures quotidiennes effectives. Dans ces conditions, il est illusoire d’imaginer un seul instant qu’un fonctionnaire puisse se mettre à la place d’un banquier, lequel prend des risques, y compris avec son propre argent, innove, crée de l’emploi, de la richesse et de la valeur ajoutée, et tout cela sans compter ses heures. Deux mondes, deux visions de la réalité économique et financière, et peut-être aussi de la vie, deux profils antinomiques, donc incompatibles. Dès lors, la compréhension entre eux semble vaine, au détriment de l’élaboration commune d’un plan d’actions efficace visant à développer davantage la place financière suisse et son secteur bancaire. Pourquoi alors les fonctionnaires ne laissent-ils pas les banquiers décider eux-mêmes leurs propres lois, en pratiquant une sorte d’autogestion sectorielle? Le secteur bancaire ne s’en porterait que mieux et la Suisse aussi. Quant aux fonctionnaires, ils pourraient davantage se livrer à leur passe-temps favori, soit la confection de cocottes en papier, un art où ils excellent.

B

onus: Les bonus des banquiers suisses, entre autres, ont retrouvé leur niveau d’avant la crise. Et alors? Tant mieux pour eux! Finalement, le niveau de ces bonus n’a aucune espèce d’importance. Il n’a d’intérêt réel que pour ceux vénérant le Dieu Argent. C’est-à-dire un certain nombre parmi les récipiendaires et surtout tous les salariés qui n’en touchent pas, mais critiquent vertement les banquiers pour mieux masquer leur jalousie, car eux aussi ils adulent le même Dieu Argent. Les premiers ont leur conscience pour eux. Quant aux seconds, ils feraient mieux de saisir la portée profondément négative et autodestructrice d’une telle vénération. Et de réfléchir en leur for intérieur à la véritable nature du bonheur. Il pourrait passer par le détachement de l’argent et de tout le matérialisme, ainsi que de la possession, qui l’accompagnent.

C

lairvoyance: Selon un récent sondage, la majorité de la population suisse exprime un sentiment positif en ce qui concerne l’attractivité de sa place financière et considère qu’elle bénéficie d’un net avantage concurrentiel au plan international. Les politiciens, qui montent au créneau pour la déstabiliser, devraient en prendre note au risque de perdre, un jour ou l’autre, leur mandat électoral. En fait, ils feraient mieux de rallier l’opinion prépondérante des Suisses plutôt que de s’égarer en vaines invectives et, par la même occasion, de «se tirer une balle dans le pied». Leur clairvoyance retrouvée, ils participeraient ainsi à la défense de notre place financière contre les attaques récurrentes de pays étrangers qui n’ont qu’un seul but, celui de s’approprier l’énorme masse financière gérée par les établissements helvétiques. Qu’il plaise à Dieu, ce jour là n’est pas prêt d’arriver.

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Sommaire L’invitée

6

Eveline Widmer-Schlumpf

6

Bête noire ou coqueluche?

Temps forts

n°109

10

Décryptage

12

Acteurs

15

la parole est à...

16

En toute liberté

18

a la tribune

20

a la tribune (réponse)

22

sous les projecteurs

24

le dessous des cartes

26

si j'étais banquier

Mieux servir les intérêts des investisseurs?

Mai-juin 2011

Nominations et promotions

Patrick Dorner Une (auto)régulation prudentielle!

Retrouvez votre magazine sur le web www.banque-finance.ch Photo de Une © KEYSTONE/Peter Klaunzer

BANQUE &

FINANCE LE MAGAZINE DE LA PLACE FINANCIERE SUISSE

10

Dominique Freymond Vers un nouveau modèle d’affaires!

Oskar Freysinger Une autoflagellation financière

Steve Bernard La Suisse ET les banques! Le petit poucet SIX n’a besoin de personne

L’influence des capitaux arabes

Philippe Gaemperle Soutenir les jeunes entrepreneurs

Sous la loupe

29

MATIÈRES PREMIÈRES 30 BerTRANd Carlier

Seule la demande réelle compte!

32 Harry Tchilinguirian

La proie des bouleversements politiques

34 Jean-Marc guillot

Catalyseurs de performance

36 Chloé Koos-Dunand

Entre spéculation et anticipation

38 Dominique Casai

Quel potentiel pour l’or?

.

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Sommaire 73

suivre

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Lire

Le réveil de la pharma suisse

Infidar Ltd Pour une clientèle déclarée

41

60

75

Banque & internet

Opérationnel

Investir

. 40

Actions Suisses et zone euro

Actions Monde

Tous les chocs ne sont pas identiques

42

obligations

L’univers 5B, une frontière à exploiter

43

Franc suisse et yen très demandés

46

Morningstar

Fonds de placement immobiliers

Immobilier indirect, une mode?

48

stratégies

stratégies

Banque Heritage Un esprit de family office

62

droit & Fiscalité

N’oublions pas les réjouissances fiscales!

Devises

44

58

hedge funds

64

Jean-Philippe Bonardi Le management, moteur de croissance

diriger

prévoir

50

69

recruter

70

se perfectionner

71

communiquer

Les caisses peuvent mieux faire La Suisse, un paradis pour les fiscalistes?

52

cfinancials

54

microfinance

55

art

Passeport pour les affaires?

Digital: quels enjeux pour le private?

56

le cocktail du gérant

72

Résilience et rendements attractifs

Ethique et rentabilité

Les prêts entre «amis» se développent

82

volupté

76

82

dégustation

83

Banc d’essai

84

complications & mouvements

Made in Taîwan, au-delà des clichés

Le cigare, une raison d’exister

Solutions bancaires

Les raisons de choisir l’outsourcing

Pinot noir, «Cœur du Clos» 2008 Saab 9-5 2.0T

Souscriptions et... actions

67

produits structurés

insolite

Dérivés OTC, révolution ou évolution?

Point de mire sur la prime de liquidité

Gestion active=valeur ajoutée

80

Chronique d’une mort annoncée

normes & régulation

66

Vie privée

La démocratisation du family office est en marche

Gestion de fortune, à l’écoute du client

Savoir

Une technique d’investissement unique

62

Droit & fiscalité Réjouissances fiscales! L’entrée en vigueur de l’échange de renseignements bancaires a occulté d’autres changements importants dans les relations bilatérales.

85

tentations

86

coup de cœur, coup de griffe

87

le banquier tombe la veste

Alexandre Gauthier Jaques Un esprit ouvert passionné des nanotechnologies

88

INDEX

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Parcours

Originaire des Grisons, Eveline Widmer-Schlumpf (1956) est docteure en Droit de l’Université de Zurich. De 1987 à 1998, elle a exercé une activité indépendante d’avocate et de notaire. Entre 1994 et 1998, elle a travaillé dans de nombreuses commissions, en qualité de députée du Grand Conseil, puis a été élue au gouvernement du canton des Grisons, le 15 mars 1998. Durant neuf ans, elle a ainsi dirigé son Département des finances et des communes, et a présidé deux fois le gouvernement (2001 et 2005). Le 12 décembre 2007, Eveline Widmer-Schlumpf a été élue au Conseil fédéral. Depuis le 1er novembre 2010, elle dirige le Département fédéral des finances et le 8 décembre 2010, l’Assemblée fédérale l’a élue vice-présidente du Conseil fédéral pour 2011. © Photo: KEYSTONE/Marcel Bieri

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L’invitée

EVELINE WIDMER-SCHLUMPF

CONSEILLÈRE FÉDÉRALE, CHEFFE DU DÉPARTEMENT DES FINANCES

Bête noire ou coqueluche? La nomination d’Eveline Widmer-Schlumpf au Département des finances semblait contenter les banquiers. Aujourd’hui, ils s’en inquiéteraient presque... Banque & Finance: Pour quelles raisons le Conseil fédéral accepte-t-il d’élargir l’entraide administrative en matière fiscale avec l’OCDE, autrement dit de se plier à son diktat, lequel fissure toujours plus le secret bancaire suisse? Eveline Widmer-Schlumpf: La décision évoquée est une adaptation formelle des exigences mises à l’assistance administrative, en matière fiscale. Les craintes d’une érosion du secret bancaire sont infondées. De plus, nous n’avons pas affaire non plus à un «diktat» de l’OCDE. Depuis qu’elle a repris la norme de cette dernière, en date du 13 mars 2009, la Suisse a conclu de nouvelles conventions contre la double imposition, ou CDI, avec quelque trente Etats. Actuellement, notre pays se soumet à un examen par les pairs – peer review –, à savoir que dans le cadre d’examens par pays, le Global Forum vérifie si les bases légales, dont disposent les Etats, suffisent à l’échange d’informations au sens de la norme OCDE. Ces examens sont dans l’intérêt de tous les pays, car ils contribuent à les placer sur un pied d’égalité. Dans le cadre de cet exercice, des signaux ont été adressés à la Suisse, selon lesquels les conditions que notre pays mettait à l’assistance administrative étaient en réalité trop restrictives, alors qu’elles avaient été jugées adéquates jusqu’ici. Notre pays risquait ainsi de ne pas passer l’examen par les pairs. Le changement de pratique, auquel nous nous prêtons, a été fortement dramatisé, car le Conseil fédéral se borne à dire que la procédure d’assistance administrative ne doit pas être mise en échec par une interprétation trop formaliste des dispositions d’une CDI. Dans les rares cas où l’Etat requérant ne connaît pas les noms de l’assujetti et de la banque, nous devons exceptionnellement pouvoir procéder à une identification univoque par d’autres moyens.

B&F: Cette nouvelle démarche constitue-t-elle un pas supplémentaire vers l’échange automatique d’informations que, pourtant, les professionnels du secteur bancaire rejettent catégoriquement? EW-S: Pour le Conseil fédéral également, la protection de la sphère privée des citoyens est intangible. Vis-à-vis de l’UE, il a toujours affirmé que l’échange automatique d’informations n’entrait pas en ligne de compte pour la Suisse. Dès lors, je dis très clairement que l’adaptation des exigences mises à l’assistance administrative, dont nous parlons ici, n’est d’aucune manière un pas vers l’échange automatique d’informations. Les conditions sévères que le Conseil fédéral a définies le 13 mars 2009 pour l’assistance administrative demeurent. En particulier, l’échange d’informations ne peut avoir lieu que suite à une demande concrète, et la recherche indéterminée de preuves – fishing expeditions – n’est pas admissible. B&F: La manière dont le Conseil fédéral traite le dossier sur le secret bancaire suisse avec l’OCDE semble empreinte de naïveté et de pusillanimité, voire d’un manque singulier de combativité. Validezvous cette appréciation? EW-S: Il s’agit d’une fausse impression. Il faut d’abord distinguer les acteurs avec lesquels la Suisse traite de questions fiscales transfrontalières. La fermeté est de mise vis-à-vis de l’UE, qui préférerait que nous passions tout simplement à l’échange automatique d’informations. Avec l’OCDE, il n’y a pas de divergences significatives. Sa norme autorise explicitement l’échange d’informations sur demande. L’examen par les pairs, dans le cadre duquel nous adaptons formellement les exigences vis-à-vis de l’assistance administrative, est dans l’intérêt de la Suisse. En effet, il crée une égalité des conditions de concurrence – level playing field – et garantit que tous les Etats et places financières en concurrence avec la Suisse satisfont aux mêmes exigences. Nous pourrions parler de naïveté si le Conseil fédéral avait repris, comme il l’a fait le 13 mars 2009,

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L’invitée

la norme de l’OCDE et négocié ensuite plus de trente CDI, tout en assistant les bras ballants à une nouvelle inscription de la Suisse sur une liste d’une couleur quelconque, au motif que notre pays n’aurait pas remédié à un vice de forme bénin et facile à corriger. B&F: Etes-vous favorable au projet Rubik d’impôt libératoire à la source, comme prôné par les banquiers suisses, qui a reçu l’agrément de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne, peut-être ultérieurement du Luxembourg et de l’Autriche, et que faites-vous concrètement pour obtenir sa mise en application? EW-S: Emanant des milieux bancaires, le projet Rubik n’est que l’une des nombreuses idées reprises dans la stratégie du Conseil fédéral, en matière de marchés financiers. L’impôt libératoire n’est qu’un élément de cette stratégie. Il permet de prendre simultanément en compte deux revendications, soit d’une part, l’intérêt légitime des Etats aux redevances fiscales de leurs ressortissants et, d’autre part, l’intérêt tout aussi légitime des clients des banques à la protection de leur sphère privée. Nous ne livrons pas des données, mais de l’argent. Outre l’Allemagne et le Royaume-Uni, avec lesquels nous négocions de manière concrète, d’autres pays ont fait connaître leur intérêt pour le modèle helvétique. B&F: Si le projet Rubik était conclu entre la Suisse et l’Allemagne et/ou avec la Grande-Bretagne, quelles garanties obtiendrait la Suisse pour s’assurer que, malgré tout, l’échange automatique d’informations ne serait pas appliqué?

Par sa stratégie d’argent propre, le Conseil fédéral vise clairement une place financière suisse intègre et axée sur une gestion de fortune respectueuse des règles fiscales.

permet de garantir à longue échéance la sécurité du droit et ne peut que renforcer la compétitivité. Au sein du Global Forum, la Suisse œuvre en faveur d’un respect universel des normes internationalement reconnues, en matière d’échange d’informations. Les places financières qui voudraient ainsi ignorer la transparence requise se trouveront exposées à des pressions accrues de la communauté internationale. B&F: Quelles mesures prenez-vous pour maintenir l’impôt forfaitaire, ou à la dépense, en faveur des exilés fiscaux étrangers qui apportent beaucoup à la Suisse, en s’y installant? EW-S: L’imposition d’après la dépense est un instrument de politique économique, qui a une longue tradition dans divers cantons. Elle doit toutefois répondre aussi aux principes de l’équité fiscale pour être acceptée par la population. A cet égard, il est nécessaire d’agir, et c’est pourquoi le Conseil fédéral a, en collaboration avec les cantons, élaboré des propositions d’amélioration de l’imposition d’après la dépense. Une procédure de consultation à ce propos s’est achevée récemment. Le Conseil fédéral en analysera les résultats et décidera sous peu de la suite des opérations.

EW-S: Les accords souhaités avec l’Allemagne et le Royaume-Uni dépassent le cadre du projet Rubik. Les conventions avec ces deux pays devraient préciser que la combinaison entre l’impôt libératoire, la régularisation des avoirs non déclarés dans le passé, et l’extension de l’assistance administrative équivaut à terme au système de l’échange automatique d’informations.

B&F: Les Etats-Unis s’acharnent sur les banques suisses, UBS et Credit Suisse en tête, indépendamment de certaines erreurs commises. Comment réagit le Conseil fédéral pour contrer leur virulence, dont le but essentiel vise à déstabiliser la place financière suisse? EW-S: Nous sommes en contact régulier avec les autorités des Etats-Unis. Ces entretiens sont confidentiels. Cependant, le Conseil fédéral veille en permanence à préserver la compétitivité de la place financière et économique suisse, et à maintenir son renom sur la scène internationale.

B&F: L’affaiblissement du secret bancaire et l’accroissement des démarches administratives tracassières pourraient davantage faire fuir certains clients étrangers importants vers d’autres places financières comme Singapour, pour ne pas la citer. Qu’envisagez-vous pour éviter une perte de vitesse de la place financière suisse qui aurait une incidence grave pour l’économie nationale? EW-S: Par sa stratégie d’argent propre, le Conseil fédéral vise clairement une place financière suisse intègre et axée sur une gestion de fortune respectueuse des règles fiscales. Cela

B&F: La Suisse est membre de l’OCDE. Pourtant, elle est plutôt mal traitée, faisant même l’objet de discriminations préjudiciables, allant même jusqu’à imaginer une perte de souveraineté. Dès lors, pourquoi le Conseil fédéral ne se montre-t-il pas plus ferme à son égard? EW-S: Je n’ai pas le sentiment que l’OCDE traite mal la Suisse. Dans l’ensemble, l’OCDE mène une politique conciliable avec les intérêts de la Suisse en tant que pays exportateur, y compris dans le domaine fiscal. Eviter les doubles impositions bénéficie aux ressortissants suisses actifs sur le plan international et à nos entreprises. En ce qui concerne concrètement l’assistance administrative, nous ne pouvons pas parler d’une discrimination de la Suisse par l’OCDE. Cette dernière exige partout la même norme minimale. Sans l’OCDE, dans le domaine de l’assistance administrative justement, nous serions encore bien éloignés d’un traitement identique de tous les pays et de règles applicables à

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L’invitée

B&F: Quel premier bilan de vos activités dressez-vous, quelque 200 jours après votre entrée en fonction? EW-S: Les cinq premiers mois de mon mandat de cheffe du Département fédéral des finances représentent une période de travail intense. Férue de chiffres, ancienne directrice des finances du canton des Grisons, ex-présidente de la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des finances et ancien membre du Conseil de la Banque nationale suisse, je disposais d’une bonne préparation à la politique budgétaire et fiscale. Je me sens à l’aise vis-à-vis de ces questions. Néanmoins, il m’a fallu me familiariser avec de nouveaux dossiers et réagir aux événements. La multiplicité des thèmes que nous venons d’aborder montre à elle seule la diversité des questions traitées par mon département.

© Photo: KEYSTONE/Peter Schneider

toutes les places financières. Faire partie de l’OCDE nous donne de meilleures chances d’influer sur les décisions dans le sens de nos intérêts, plutôt que de ne pas en être membre. B&F: La politique financière prudente de la Confédération semble porter ses fruits. Face aux défis qui l’attendent, quelle marge de manœuvre financière permettra de renforcer la compétitivité économique suisse? EW-S: Le frein à l’endettement inscrit dans la Constitution en 2001 garantit que, sur un cycle conjoncturel, les dépenses et les recettes s’équilibrent. Cette règle budgétaire a permis de stabiliser rapidement le budget de la Confédération. Par la suite, nous avons même pu réduire l’endettement. En comparaison internationale, la Suisse se trouve aujourd’hui dans une situation favorable. Cette politique budgétaire durable garantit un environnement fiscal stable et contribue dans une mesure notable à l’attrait de la place économique suisse. Les tendances à plus long terme, notamment le vieillissement de la population, constituent toutefois des défis importants pour la politique budgétaire. Des réformes structurelles sont indispensables, ne serait-ce que pour assurer le financement des assurances sociales. Ce n’est qu’ainsi que nous conserverons la marge d’action qui permettra à la Confédération de relever les défis qui lui seront lancés. La politique budgétaire doit servir une politique économique axée sur la croissance, en plaçant des priorités de manière ciblée et conséquente. B&F: Quelles mesures fiscales attractives sont prévues pour les entreprises, ne seraitce que pour maintenir les emplois et même en créer? EW-S: La Suisse continue de faire bénéficier les entreprises de conditions-cadres très attrayantes. Divers facteurs y contribuent, par exemple une main-d’œuvre bien formée. En matière fiscale également, ces conditions sont avantageuses dans la plupart des secteurs. La Suisse est toutefois soumise à une rude concurrence de la part d’autres Etats. C’est pourquoi le Conseil fédéral se préoccupe de maintenir la compétitivité de la Suisse. Notamment dans le cadre de la procédure de consultation relative aux entreprises d’importance systémique, dites too big to fail, le Conseil fédéral a prévu d’appréciables améliorations fiscales en faveur de la place économique suisse. J’espère que le Parlement suivra le Conseil fédéral sur ce point.

B&F: Est-il exact que vous «faites les yeux doux» aux socialistes dans l’espoir d’être réélue, alors que vous êtes désormais honnie de l’UDC? EW-S: Sur le plan de l’appartenance à un parti politique, j’étais une conseillère fédérale UDC lors de mon élection en octobre 2007. Ayant été exclue de l’UDC avec l’ensemble de la section grisonne, je ne peux mathématiquement compter aujourd’hui que sur les seules voix du groupe parlementaire BDP. Mais je ne songe pas pour autant à faire les yeux doux à un autre parti. En qualité de conseillère fédérale et de ministre des Finances, je m’efforce de faire de mon mieux et de convaincre par mon travail. Si, à la fin de cette année, je ne devais plus être conseillère fédérale, ce ne serait pas la fin du monde pour moi. Occuper cette fonction prestigieuse n’est pas la seule chose qui compte dans ma vie. B&F: Comment envisagez-vous votre avenir politique et quelle empreinte souhaitez-vous laisser au Conseil fédéral, après votre départ? EW-S: Je ne me préoccupe absolument pas de savoir si je vais être réélue. Je ne souhaite rien de plus qu’accomplir ma tâche et proposer des solutions aux questions qui se posent. L’une de mes priorités est de transmettre au Parlement le projet visant à limiter les risques que présentent les grandes banques d’importance systémique, c’est-à-dire de contribuer à résoudre le problème des entreprises too big to fail. D’autres projets, notamment en matière de fiscalité, de personnel et d’informatique, sont en préparation. Quel que soit le moment où ma carrière de conseillère fédérale prendra fin, je voudrais pouvoir me dire que je me suis bien acquittée de mes tâches et que je me suis efforcée de trouver des solutions dans l’intérêt de mon pays. Propos recueillis par Didier Planche d.planche@banque-finance.ch

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Décryptage

© drizzd - Fotolia

Rhodri PREECE CFA, directeur du Département réglementations des marchés de capitaux

@ rhodri.preece@cfainstitute.org

Mieux servir les intérêts des investisseurs? Cette année, la Commission européenne communiquera publiquement ses propositions de changements législatifs à apporter à la directive européenne relative aux marchés d’instruments financiers (directive MIF). Une opportunité évidente de créer une structure plus transparente et plus robuste, servant les intérêts d’une vaste frange des acteurs du marché.

L

a révision de la directive MIF tombe à pic au moment où, dans le sillage de la crise financière, la confiance dans le fonctionnement et l’intégrité des marchés des valeurs mobilières demeurent fragiles. Tandis que la directive MIF a fourni de nombreux avantages aux investisseurs, comme des coûts moins élevés et un choix plus vaste, les inquiétudes demeurent cependant quant à la transparence du marché et à la mise en œuvre de conditions de concurrence équitables. Le lancement de la directive MIF, en novembre 2007, a eu pour principale conséquence d’accroître la concurrence entre les différentes plateformes de négociation et les infrastructures d’exécution. Combinée à l’évolution technologique et aux avancées en matière de systèmes de négociation électroniques, la directive MIF a catalysé l’évolution des marchés boursiers, qui sont passés d’une structure largement centralisée à une structure décentralisée et fragmentée. A la suite de ces développements, la crainte est apparue que les plate-

formes de négociation engagées dans des activités fonctionnellement similaires ne soient pas sujettes aux mêmes règles. Des conditions inéquitables peuvent en effet fausser la concurrence et encourager le déplacement des transactions sur des plateformes de négociation opaques, ou moins réglementées. De plus, des règlements de transparence incohérents peuvent s’avérer préjudiciables à la détermination des prix, à l’octroi de liquidités et à un fonctionnement efficient des marchés. Pour les investisseurs, la transparence des marchés (la visibilité des prix et des intérêts de négociation exprimés) est cruciale, car elle réduit les asymétries d’informations, renforce la confiance, soutient les liquidités et peut contribuer à abaisser les coûts de transaction. Une transparence suffisante des marchés est également essentielle à une détermination efficiente des prix (le processus selon lequel les prix sont «fixés» par le biais de l’interaction entre ordres d’achat et de vente). En bref, la transparence est une composante clé de l’efficience et de l’intégrité des marchés. Pourtant, l’un des effets secondaires de la direc-

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Décryptage tive MIF a été un déclin de la transparence, pour deux raisons au moins. D’une part, la dispersion des liquidités à travers une myriade de plateformes de négociation, ainsi que par le biais de transactions hors du marché réglementé, a empêché les investisseurs d’obtenir un tableau clair des prix et des intérêts. Et cela, particulièrement en l’absence d’un dispositif de données consolidées, l’une des difficultés que la révision de la directive MIF vise justement à rectifier. D’autre part, le déclin du volume d’échanges a coïncidé avec une augmentation de celui des transactions sur les marchés opaques, ou dark markets. Ces derniers incluent les MTF (systèmes multilatéraux de négociation ou Multilateral Trading Facilities) opaques, les plateformes privées de croisement d’ordres intermédiaires, baptisées aussi broker crossing networks (BCN), ainsi que les autres types de transactions de gré à gré (over-the-counter ou OTC). Et tout cela, sans aucune transparence avant négociation. L’absence de cohérence dans les pratiques de reporting des transactions hors marché représente un autre facteur compromettant la transparence. Les données publiées par Thomson Reuters montrent que les opérations de gré à gré (OTC) constituent un tiers au moins du volume total, en Europe. Toutefois, la mauvaise qualité des données et l’absence de clarté, sur ce qui constitue une transaction unique, obscurcissent ce chiffre. Mais l’incertitude sur la proportion exacte d’échanges non transparents suffit, à elle seule, à éclairer la difficulté à laquelle doivent faire face les investisseurs et les régulateurs pour évaluer le marché. Elle souligne aussi la nécessité d’améliorer les règles de reporting post négociation. Quant aux plateformes d’échanges anonymes (dark pools), elles représentent une proportion relativement modeste du volume global des transactions. Au sein de l’UE et en Suisse, le chiffre d’affaires des MTF se montait selon les estimations de Thompson Reuters à 22,65 milliards d’euros en janvier 2011, soit 2,6% du chiffre d’affaires total du carnet d’ordres durant ce mois-là. Un volume d’activité similaire a été réalisé à travers les plateformes privées de croisement d’ordres intermédiaires, de sorte que dans l’ensemble, le chiffre d’affaires des plateformes dark pools se montait à environ 5% en janvier. Toutefois, le niveau d’activité sur ces dernières augmente nettement, comme le démontre le graphique ci-dessous. L’objectif premier des plateformes dark pools est de réduire le risque de fuite d’informations et de minimiser les coûts de l’impact sur le marché. Pour cette raison, ces infrastructures ont toujours été populaires pour l’exécution d’ordres en bloc. La possibilité de recourir à des ordres opaques ou d’opérer sur des plates-formes dark pools peut permettre aux investisseurs d’obtenir des exécutions efficaces et bon marché pour tous les types de transactions non standardisées.

Sur le web www.cfainstitute.org/ethics www.mifidirective.com

Consolidation des places boursières La chute des frais de courtage, consécutive à la concurrence entre les plateformes d’échanges, et la diminution des parts de marché, ont réduit la rentabilité des transactions sur le marché des actions au comptant. Mais le désir de renforcer le négoce des produits dérivés et des opérations de compensation représente peut-être un facteur plus significatif encore dans la consolidation des places boursières. Aussi bien la directive MIF en Europe que le DoddFrank Act aux Etats-Unis visent à déplacer la plus grande part possible du négoce des produits dérivés sur les marchés boursiers transparents, avec des contrats compensés par des contreparties centrales (CCP). La consolidation permet aux marchés boursiers de se positionner eux-mêmes, afin de bénéficier au mieux de ces changements et de maximiser des flux de revenus plus rentables.

recours aux transactions opaques pour des ordres standards, qui devraient normalement être exécutés sur des plates-formes transparentes, peut porter préjudice à l’efficience et à l’intégrité des marchés. Plus spécifiquement, en privant les marchés d’une liquidité normalement affichée, on risque d’ébranler la confiance de l’investisseur dans la fiabilité des prix et d’affaiblir le mécanisme de formation de ces derniers. En outre, la qualité des prix sur les plates-formes dark pools diminuerait également, ces derniers étant fixés en référence à ceux des plates-formes d’échange transparentes. Mais les régulateurs, qui procèdent à la révision de la directive MIF, doivent rester attentifs, car les difficultés identifiées suggèrent au moins trois choses. Premièrement, les mesures politiques doivent encourager les structures d’échange transparentes et prévenir une nouvelle érosion de la liquidité affichée. Deuxièmement, l’ensemble des places effectuant des activités similaires, voire traitant des ordres de type ou de volume comparables, devraient être soumises aux mêmes règles. Par exemple, les plates-formes de croisement d’ordres intermédiaires, qui facilitent l’adéquation des transactions multilatérales, devraient être soumises aux mêmes exigences réglementaires que les MTF, afin de garantir une concurrence loyale et une plus grande cohérence dans l’application des règles de transparence. Troisièmement, les autorités devraient prendre des mesures pour améliorer la qualité et l’utilité des données post transactions. Des règles standardisées en matière d’information financière, ajoutées à la mise en œuvre d’un dispositif de données consolidées, permettraient en grande partie d’atteindre cet objectif.La révision de la directive MIF représente une opportunité claire de créer une structure de marché plus robuste et plus transparente, qui serve les intérêts d’un vaste éventail d’acteurs du marché, et pas uniquement ceux d’une petite minorité privilégiée. Car c’est en améliorant la transparence des marchés des actions que l’on servira le mieux les intérêts des investisseurs.

Chiffre d’affaires des MTF opaques pour les actions UE et suisses (en milliards d’euros)

Intégrité du marché Ces dernières années, la taille moyenne des transactions sur les plates-formes d’échange anonymes a toutefois considérablement reculé, de sorte qu’elle est désormais comparable avec celle des transactions sur les places boursières. Pour garantir l’intégrité du marché, le recours aux opérations opaques devrait être limité aux transactions importantes, relativement aux marchés de taille normale, ou qui s’effectuent à des conditions non standards. Au-delà de ces circonstances, il existe peu de justifications économiques à réaliser des flux d’ordres standards sur des plates-formes dark pools. Qui plus est, le

Source: Thomson Reuters Equity Market Share Reporter.

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En partenariat avec

Acteurs

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Nominations &Promotions

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Cynthia Cho (1) vient d’être nommée à la tête de l’équipe comptable d’Investec Trust à Genève. Conseillère fiscale spécialisée dans le conseil pour les particuliers, elle était auparavant à Londres où elle apportait son savoir-faire à une société de conseil fiscal en tant qu’expertcomptable et fiscale. Cynthia Cho est diplômée de la London School of Economics and Political Science. Unigestion renforce son équipe de direction avec la nomination de Tom Leavitt (2) au poste nouvellement créé de Responsable «Clients institutionnels». Tom Leavitt devient également membre du Comité Exécutif. Titulaire d’un CFA et diplômé en Mathématiques et en Economie de l’Université du Vermont, il dispose d’une grande expertise des marchés financiers, notamment acquise au sein de Fortis Investments où il dirigeait l’activité commerciale institutionnelle. Il a aussi été directeur général de ABN AMRO Asset Management (Amérique du Nord).

Le conseil d’administration de la Banque Heritage accueille à sa table F. Bernard Stalder (3), 61 ans, qui a occupé de hautes fonctions auprès de l’UBS et de Citibank, puis au sein du groupe Clariden dont celle de CEO pendant près de dix ans. Il est actuellement président du conseil d’administration de la Banque Cantonale du Valais. Daryl Liew (4) rejoint Reyl Singapour, la filiale nouvellement créée du groupe bancaire suisse Reyl & cie, en qualité d’analyste financier et de gérant de portefeuille senior. Il apporte ainsi au groupe, qui gère plus de 4 milliards de francs d’actifs, son expertise des marchés asiatiques. Précédemment chez Providend Ltd Singapour, il occupait la fonction de Chief Investment Strategist & Executive Director. Simon Lovat (5) rejoint Carmignac Gestion en qualité d’analyste matières premières. Fort de dix ans d’expérience dans le secteur financier, Simon Lovat a cogéré un fonds de matières premières au sein de la société entre-

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preneuriale Gaia Capital Advisors, à Genève, et ce durant les cinq dernières années. Erika Kessler (6) prend la direction de la Swiss Fund Data SA, l’entreprise commune de la Swiss Funds Association (SFA) et de SIX Swiss Exchange. Disposant de solides connaissances dans le domaine des données des fonds, elle s’occupait du produit depuis la naissance du système d’information sur les fonds de la Swiss Fund Data SA et a contribué à l’extension constante de la plateforme et des prestations. Dexia Asset Management a nommé Vincent Hamelink (7) au poste de directeur des investissements (CIO) du département Gestion traditionnelle chez Dexia Asset Management (Dexia AM). Il aura pour mission de renforcer la position de Dexia AM en tant que gestionnaire d’actifs de premier plan. Vincent Hamelink a rejoint Dexia Asset Management en 1997 en qualité de responsable du département Gestion Obligataire.

Jürg Stähelin (8) a été élu directeur de l’Association Suisse des Produits structurés (ASPS). Âgé de 45 ans, Jürg Stähelin connaît parfaitement le paysage bancaire suisse. Il bénéficie en effet d’une expérience de plus de quinze ans en tant que responsable communication et marketing dans le domaine de la finance. Il a notamment travaillé chez Julius Baer et au sein du groupe Vonbotel. Thomas Sutter (9) est le nouveau responsable du département communication et membre désigné du Comité exécutif de l’Association suisse des banquiers (ASB). Cet économiste a occupé, avant son entrée à l’ASB, divers postes à responsabilité dans des services de communication de prestataires de services. Axel Schwarzer (10) est nommé directeur de l’unité d’affaires Asset Management et membre du Directoire Asset Management du Groupe Vontobel. Agé de 52 ans, ce juriste a derrière lui une longue carrière internationale.

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La parole est à...

Gérants indépendants

Une (auto)régulation prudentielle! Les banquiers ne manquent plus une occasion pour critiquer la surveillance des gérants indépendants. Attaques légitimes ou simple désinformation?

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epuis qu’à l’automne passé, l’ASB a plaidé pour une surveillance renforcée des gestionnaires de fortune indépendants, les déclarations des banquiers se succèdent pour dénoncer ce qui, entretemps, est devenu une «absence de surveillance». Entre campagne de désinformation contre des concurrents qui gagnent chaque jour des parts de marché et besoin de régulation pour sauvegarder la réputation de la place financière, qu’en est-il réellement? Fiscalité, AIFM, accès au marché, cross border, inutile de rappeler que notre place financière est actuellement soumise, dans son ensemble, à de fortes pressions. Les obstacles en matière de régulation s’accumulent et des adaptations sont nécessaires pour sauvegarder sa compétitivité. Mais cela suffit-il à expliquer cette soudaine levée de boucliers contre les gérants indépendants? En fait, la question refait périodiquement surface. Dans les années 90, on renonce à soumettre la gestion indépendante à la loi sur les bourses. Dans les années 2000, le Conseil fédéral conclut qu’il n’existe aucun besoin de régulation supplémentaire, hormis pour les gestionnaires de placements collectifs. Néanmoins, la loi sur les placements collectifs qui s’en suit sert de base à la FINMA pour élaborer des règles-cadres pour la gestion de fortune et soumettre, en 2009, les gérants indépendants à des règles de conduite reconnues comme standards minimaux. Mais une base légale fragile et des normes de reconnaissance trop larges ont pour conséquence une diversification de l’autorégulation et un affaiblissement de celle-ci. La FINMA en est consciente et propose, en octobre 2010, des pistes de réflexion dans son rapport Distributions de produits financiers 2010. Elle réaffirme ses intentions en février, au moment même où le Tribunal fédéral met à mal l’obligation de soumission de certains gérants aux règles-cadres. Enfin, en mars dernier, le Conseil fédéral demande une modification de la LPCC pour réagir à la directive AIFM, renforcer la protection des investisseurs et améliorer la qualité de la gestion de fortune en Suisse. Le débat est rouvert. Et les gérants indépendants, dans tout ça? Ils n’ont pas attendu les atermoiements des politiques pour prendre leur régulation en main. Dès 1986, ils se regroupent pour fonder l’ASG. Ils se dotent d’un Code de conduite précur-

Patrick DORNER Directeur, Association Suisse des Gérants de Fortune (ASG)

@ Patrick.Dorner@vsv-asg.ch

seur qui n’a rien à envier à la Convention de diligence des banques. Avant même l’entrée en vigueur de la LBA, il se réfère aux obligations d’identification introduites dans le Code pénal; en avance sur la jurisprudence, il demande que le mandat de gestion règle les questions de rémunérations; plus d’une décennie avant les règles-cadres, il précise le contenu et la forme du mandat de gestion et exige une garantie d’activité irréprochable. La FINMA s’en inspirera. Aujourd’hui, ce système de régulation est entièrement contrôlé par la FINMA. Elle en agrée l’organisation, du personnel aux procédures, elle vérifie et reconnaît la conformité des divers règlements à la lueur de ses propres règles ou standards et, enfin, elle procède à des révisions annuelles. Quant à la surveillance exercée par l’ASG sur ses membres, elle couvre, par le biais d’une révision orientée risques, aussi bien le respect des règles-cadres de la FINMA que de la LBA, mais s’étend également aux conditions d’accès à la profession, à la formation, à la dotation en moyens financiers de l’entreprise, aux règles de comportement sur le marché et aux instruments de placement utilisés dans le cadre de la gestion. Comment peut-on, dès lors, prétendre que les gérants indépendants ne sont pas surveillés? Matériellement, cette surveillance est équivalente à une surveillance prudentielle. Malheureusement, aussi sérieuse et efficace qu’elle soit, elle reste affublée du nom «autorégulation», un terme inadéquat et incompris, mais justifié par l’absence d’obligation légale de soumission. L’ASG représente la moitié des gérants concernés par ce débat et a récemment prouvé, lors de l’audition sur la réforme de la LPP, qu’elle arrive à fédérer la profession autour d’une prise de position commune. Entre reconnaissance de la profession, accès au marché et recherche d’une réglementation pragmatique adaptée aux activités et aux risques de l’entreprise, les besoins des gérants sont diversifiés et personne ne doit être laissé sur le bas-côté. C’est pour trouver des solutions permettant à tous les acteurs de la gestion de fortune indépendante de s’épanouir que l’ASG travaille depuis plusieurs mois avec les différentes parties. Il est capital que l’ensemble de la profession se mobilise et se fédère pour soutenir son action.

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En toute liberté

Banque privée

Vers un nouveau modèle d’affaires!

Dominique FREYMOND Associé de Management & advisory Ltd, administrateur indépendant, président du comité consultatif du Finance Summit.

Les nouveaux eldorados de la banque privée questionnent le modèle d’affaires et de services.

@ dominique.freymond@mas-ltd.ch parcours • 1978: Débute chez IBM comme ingénieur commercial; différentes positions de management auprès d’IBM Europe et d’IBM Suisse • 1993: Directeur du service technique d’Unisys Suisse et Autriche • 1995: Chancelier d’Etat du canton de Vaud • 1997: Vice-président Europe centrale, Country Manager d’Unisys Suisse • 1997: Administrateur indépendant, dont La Poste Suisse (2002), Allianz (Suisse) (2006), SolvAxis, Sterci, etc • 2001: CEO du groupe TKS-Teknosoft, représentant la société informatique indienne Tata Consultancy Services • 2003: Associé de Management & Advisory Services, cabinet de conseil. • Depuis 2008: président du comité consultatif du Finance Summit.

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i la crise de confiance consécutive à la tempête financière a renforcé une approche de gestion conservatrice et le modèle traditionnel des banques privées «off shore», la fiscalisation des avoirs questionne ce dernier, en particulier lorsqu’un déploiement «on-shore» est choisi. A considérer les coûts d’entrée et les risques d’image d’une offre de service locale, le choix stratégique réside dans la sélection des géographies cibles, des clientèles visées et des offres de service. De ces choix cruciaux découle la remise en question du modèle de service intégré, dont le faible niveau des marges locales n’assure pas la viabilité, et dont le positionnement du métier «banque privée» reste à inventer. Face à l’enjeu de ces nouvelles géographies, qu’elles soient en Asie, en Amérique du Sud ou ailleurs, le défi consiste à adapter les modèles d’affaires et opérationnels aux conditions locales pour transformer ces expansions en succès commercial. Les pressions internationales ont obligé la Suisse à une remise en question des fondamentaux de sa place financière, en particulier du secret bancaire et du niveau de fiscalisation des actifs en dépôt. Si la place financière a perdu en compétitivité relative, les banques privées établies en Suisse ont pu arbitrer entre les places «off-shore». Si ces dernières possèdent une législation spécifique, elles s’appuient sur une vision partagée du métier de la banque privée internationale. Le modèle d’expansion touche ses limites dans la gestion des relations à distance au quotidien et dans la répartition de la valeur ajoutée, au sein de la banque. Adresser les enjeux des marchés «on-shore» relève d’une autre logique. La banque peut ambitionner d’accompagner ses clients dans le rapatriement des avoirs en gérant les fortunes fiscalisées à partir des centres «off-shore», ou se

positionner sur le marché local (gestion «on-shore»). Avec des marges inférieures de 20 à 30% par rapport à la banque privée internationale et des coûts logistiques importants, les banques devront définir individuellement l’opportunité de chacun des marchés, d’autant plus qu’en regard des risques légaux encourus, cela exclut un démarchage «off shore». Positionnement plus clair Vu son importance, le montage opérationnel de la banque privée doit gérer les dimensions réglementaires et fiscales. Comme chaque place financière connaît une organisation propre, une adaptation importante du modèle opérationnel est nécessaire en redéfinissant les tâches que la banque effectue en propre. L’enjeu réside dans la capacité à maintenir une qualité de service qui corresponde à l’image de la banque avec un mode opératoire plus complexe, le tout dans une enveloppe budgétaire plus limitée. Si le modèle opérationnel trouve ses limites dans la gestion de la complexité locale, l’approche de service intégrée des banques privées «off-shore» doit être confrontée à la maturité des marchés domestiques. Influencés par les modèles anglo-saxons, dont la chaîne de valeur est ségrégée, et par des approches locales où les services de banque privée se situent entre la banque d’investissement et la banque de réseau, toutes les banques privées seront confrontées à une problématique de positionnement pour que le client identifie la valeur ajoutée du modèle de service proposé. Ce positionnement doit tenir compte de l’identité des banques et de sa capacité d’adaptation au contexte financier local. Faire les bons choix des géographies cibles, des clientèles visées et des offres de service représente un défi pour les banques privées, qui devront trouver un nouveau modèle d’affaires pour relever ce défi avec succès.

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A la tribune

subventions tout azimut

Autoflagellation financière Oskar FREYSINGER Conseiller national UDC

@ ofreysinger@bluewin.ch parcours • Professeur d’allemand au lycée-collège de la Planta à Sion, depuis 26 ans • 1999: Président fondateur de l’UDC Valais • 1997-2000: Conseiller communal à Savièse • 2001 à 2003: Député au Grand Conseil valaisan • Depuis 2003: Conseiller national • Depuis 2007: Président de l’UDCVR • A publié: Brüchige Welten nouvelles (2004), Outre-pensées nouvelles (2005), Die Schachspirale roman (2007), Le nez dans le soleil monologue scénique (2009), Création traduction des poèmes de Hans W. Kopp (2009), i-mages, photos de S. Despot et poèmes de O. Freysinger (2010) + Oskar et les minarets de Slobodan Despot (2010).

Entre les subventions au marché financier international, au FMI et à l’aide au développement, les Suisses en ont ras le bol de passer pour les dindons de la farce.

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urant la session de printemps, le Conseil national a pris, par 94 voix contre 68 et 15 abstentions, des risques énormes sur le dos des contribuables en augmentant notablement la garantie financière que la Suisse accorde au FMI (sachant que 2/3 des bénéfices de la BNS reviennent aux cantons et que c’est le contribuable qui doit la recapitaliser, en cas de découvert). La somme totale astronomique de 16,5 milliards de francs accordée à cette institution, en garantie pour des risques à l’étranger, s’ajoute à plus de 20 milliards déjà perdus par la BNS en tentant de «sauver» l’euro et de diminuer la force du franc suisse, ce qui fait plus de 36,5 milliards investis dans l’énorme jeu de l’avion que représente, désormais, le marché financier international. Cette politique de la BNS va probablement priver les cantons de montants substantiels... Pendant ce temps, les politiques coupent mesquinement dans les budgets qui concernent les Suisses (frais de lunettes, rentes Ai, soins, médicaments, frais de laboratoire, versement de la BNS aux cantons de 2,5 milliards, etc.) et augmentent joyeusement taxes, impôts, amendes et primes diverses. Dès lors, on peut comprendre que le citoyen contribuable en ait «gros sur la patate» quand la BNS délie largement la bourse pour les profiteurs d’un système financier international absurde. C’est à se demander si cette servilité n’est pas au service des ambitions de M. Hildebrand cherchant à succéder à DSK à la tête du FMI, dans un futur proche. On a ainsi avancé 2268 francs par Suisse pour prétendument contribuer à sauver un système financier international mis à mal, alors que l’Allemagne paie seulement 496 francs et que les USA en sont à 356 francs par contribuable!

Pour réussir ce hold-up grâce aux voix de la gauche, les partis du centre ont accordé 640 millions de plus à l’aide au développement. 640 millions contre 31 milliards pour continuer à permettre aux instituts bancaires d’engranger d’énormes bénéfices, tout en maintenant la tête des Etats sous l’eau! Au passage, on met en péril la stabilité monétaire et financière de la Suisse. Quelle dérision, lorsqu’on sait que le FMI est à l’origine de la plupart des difficultés financières, faillites et insolvabilités de pays tels que la Hongrie, la Lettonie, la Roumanie, l’Ukraine, l’Islande, la Grèce et l’Espagne, sans même parler du piège de l’endettement qu’il a mis en place pour les pays sous-développés. De plus, il a lamentablement échoué lors de la crise de 2008-2009 et reste parfaitement antidémocratique. Epine dans le pied Qu’importe, les contribuables allemands et suisses continueront à verser docilement des sommes astronomiques pour contribuer à construire des mosquées en Grèce (sic!) et maintenir ce pays sous perfusion, jusqu’à ce que son effondrement économique ne représente plus aucun risque pour les instituts financiers. Le but? Détruire les derniers pans de souveraineté nationale des Etats nations, afin de mettre le monde entier sous la coupe réglée d’organisations supranationales censées prendre le relais, en instaurant un système de gouvernance mondial. La Suisse étant la plus grosse épine dans le pied de la mondialisation du pouvoir, avec sa démocratie directe qui donne de très «mauvaises» idées aux peuples rêvant d’autogestion, il faut donc l’affaiblir pour, à terme, la faire disparaître! Pour y parvenir, les technocrates du néolibéralisme mondialiste peuvent compter sur leurs fidèles laquais à l’intérieur de notre pays. Laissons faire les Calmy-Rey, Schneider-Ammann et Hildebrand, et nous serons bientôt au même niveau que nos voisins. «Die Schweiz schafft sich ab», dirait Thilo Sarrazin.

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A la tribune (Réponse)

la Suisse ou les banques

Non, la Suisse ET les banques! Dans une tribune volontairement provocatrice, «La Suisse ou les banques» (B&F n°108 de mars-avril 2011), le Conseiller national socialiste Roger Nordmann s’en prend à notre place financière, qu’il présente comme un secteur parasite à supprimer. Voici un autre point de vue pour les lecteurs de Banque&Finance.

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Steve BERNARD Directeur, Genève Place Financière

@ bernard@geneve-finance.ch

omme beaucoup de ses collègues de parti, Roger Nordmann embraye sur UBS pour décrier la place financière suisse, oubliant qu’elle ne se limite pas à cette seule banque. Si cet établissement a été momentanément ébranlé du fait de ses errements américains dans les subprimes, il ne représente cependant qu’une partie de l’ensemble de notre place financière. Le secteur financier helvétique existe depuis des dizaines, voire des centaines d’années, et fournit des services légitimes et appréciés à des clients étrangers et suisses. Il convient de s’en réjouir. Roger Nordmann semble satisfait des pressions que la Suisse a subies de la part de certains voisins, sans se soucier des motivations concurrentielles d’autres places qui se sont autoblanchies aux yeux de l’OCDE, alors que leur pratique dans la lutte anti-blanchiment, ou dans l’échange d’informations fiscales, laisse à désirer et est inférieure au niveau helvétique. Roger Nordmann déplore que la Suisse dispose d’un secteur financier fort, concurrentiel sur le plan international et générateur de 530 000 emplois directs et indirects (!), fournissant une part substantielle (88 milliards de francs) de la création de valeur de notre pays, sans parler des recettes fiscales directes (14 milliards de francs) conséquentes alimentant les caisses publiques. Roger Nordmann est d’avis que la matière première de la place financière est le franc suisse. Croire que seule une monnaie expliquerait que Zurich et Genève sont aux 8e et 9e rangs des places financières globales dénote le peu d’estime qu’il éprouve pour l’expérience et les compétences du personnel financier (les 237 000 collaborateurs concernés apprécieront!). Roger Nordmann regrette que la Suisse ait une inflation très basse et une fiscalité concurrentielle, mais pas un déficit budgétaire béant, comme nombre de pays étrangers qui paient amèrement leur laxisme budgétaire historique. Ce défaut présumé (ne serait-ce pas une vertu?) est attribué au lobby financier, et non à la sagesse et à la volonté du peuple suisse!

Roger Nordmann veut faire croire que la place financière surfe sur le franc fort. Il oublie que la finance est aussi un secteur d’exportation, qui souffre tout autant de la cherté du franc. Arguments pseudo moralisateurs Roger Nordmann prend des libertés avec les faits, lorsqu’il laisse entendre que notre pays pourrait n’offrir qu’une monoculture financière comme au Liechtenstein. Sait-il que plus de 70% de l’activité économique de notre voisin n’est pas financière? En Suisse, cette part monte à 88%! Il est donc absurde de dépeindre une monoculture financière et de laisser entendre, de surcroît, que nous souhaitons la disparition des hautes écoles, des start-ups, des PME, du tourisme ou de l’agriculture (!?). Roger Nordmann aborde le sujet des headquarters de multinationales en rapport avec l’aménagement du territoire. Mais cette problématique réelle est sans lien avec la place financière, de tels établissements étant liés au secteur industriel. Roger Nordmann évoque les hedge funds et se demande s’il y a un intérêt fiscal à les héberger. Il semble apparemment mieux informé que nos autorités cantonales. Rappelons que ces sociétés sont peu nombreuses, ne représentent que quelques centaines d’emplois (à Genève), mais versent des montants d’impôts très élevés. De nombreux responsables cantonaux des finances souhaiteraient sans doute héberger de telles sociétés. Précisions qu’à Genève, 40% des impôts versés par les entreprises proviennent de la finance (près de 60% pour la ville de Genève!). Les parts versées par les employ(é)es du secteur aux impôts sur le revenu et sur la fortune ne sont sans doute pas en reste. A l’heure où nombre de pays développés sont inquiets de leur avenir économique et de leur capacité à offrir des emplois attractifs à leur population, Roger Nordmann devrait plutôt se réjouir que la Suisse dispose de quelques secteurs locomotives, telle la finance, lui permettant de tenir un rang appréciable dans la concurrence internationale, tout en irriguant par leurs dépenses, achats et impôts d’innombrables PME, entreprises locales et associations. La conséquence d’être un pays relativement prospère est donc de permettre à certains de se draper d’arguments pseudo moralisateurs (qui réjouissent nos concurrents), peut-être porteurs sur le plan électoral, mais nullement en matière d’alternative crédible et justifiée.

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Sous les projecteurs

Le commentaire

Cyril DEMARIA Chroniqueur

Nouveaux types de partenariats? Si le SIX est un acteur intégré verticalement en matière de services financiers, la pleine exploitation du potentiel de sa plate-forme passe, en revanche, par des partenariats internationaux. En effet, Nasdaq-OMX se positionne comme un concurrent d’envergure et les synergies sont réelles entre son rôle de prestataires de services de titres et ses autres activités. L’indépendance de SIX est un atout autant qu’une limite dans le cadre de la redistribution des cartes internationales. Un atout, car il n’y a pas de conflits d’intérêts entre son activité de trading limitée pour l’essentiel à la Suisse et ses prestations de services. Une limite, car ses concurrents utilisent leur présence internationale pour imposer leurs propres solutions techniques. L’un des savoir-faire suisses est la mise en place de partenariats stratégiques, comme pour Scoach avec DBAG. Pour se renforcer, SIX doit développer son attractivité en matière de listing. Hong Kong et Singapour attirent autant des valeurs locales qu’internationales. Grâce à son rayonnement en matière de collecte de financements, SIX pourrait s’y essayer et peut-être innover en matière de partenariats. CD

@cyril.demaria@gmail.com

Le petit poucet SIX n’a besoin de personne Face aux récentes fusions géantes des bourses, la position de SIX semble menacée. Pourtant, la place suisse pourrait sortir renforcée de cette concentration sectorielle.

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e macrocosme boursier vit des bouleversements d’envergure. Plusieurs places continentales se sont rapprochées en 2000 au sein d’EuroNext, qui a acquis le Liffe et s’est rapproché du NYSE. Quant au Nasdaq, il a fusionné avec le scandinave OMX (les bourses de Stockholm, Copenhague, Helsinki, Reykjavik, Tallinn, Riga et Vilnius) en 2008. Après avoir racheté la Bourse de Milan, le LSE a fusionné avec la Bourse de Toronto-Montréal (TMX). Les bourses de Tokyo et d’Osaka ont entamé un processus de rapprochement ce mois-ci. Parallèlement, la Bourse de Singapour envisage une fusion avec la place australienne ASX. L’ICE et le CME (qui a racheté le CBOT en 2007, puis le Nymex) tentent de se positionner dans ces mouvements d’ampleur. Face à ces rapprochements, quelle est la place des bourses indépendantes, telles que le SIX? Le Groupe a décliné notre invitation à s’exprimer... Celui-ci n’est pas coté, à l’inverse de ses principaux concurrents, mais est détenu par 160 acteurs financiers. La pression d’un rapprochement est donc potentiellement moins forte que dans le cadre de groupes cotés, dont la stratégie d’entreprise et les logiques d’investissement sont scrutées en permanence. Pression croissante «La logique des fusions est une réponse à la mondialisation des activités de la clientèle des bourses en matière de trading», explique Bruno Lemière, président d’Arche Informatique, spécialisé dans le conseil aux places de marché mondiales. L’objectif de ces rapprochements est de générer des écono-

mies d’échelle, de mutualiser les coûts et de standardiser l’offre. Ainsi, le NYSE-Euronext et le Tokyo Stock Exchange (TSE) ont signé un accord devant permettre à leurs membres de bénéficier de facilités d’échange. Ceci comble un vide en matière d’échanges asiatiques pour la place américano-européenne. «Les bourses ont fait face à une pression croissante sur les coûts de la part des clients», confirme Bruno Lemière «mais ce n’est pas la seule offre de ces acteurs». De fait, la proportion du chiffre d’affaires du SIX généré par le trading est limitée. Le chiffre d’affaires de SIX pour 2009 l’illustre avec des services titres qui représentaient 230 millions de francs, celui des informations financières s’élevait à 415 millions et celui des trafics de paiements (multipay, cartes et paiements) à 616 millions. «C’est que l’autre rôle des places de marché est de répondre à une demande locale, à savoir l’introduction de nouvelles valeurs, la collecte et la diffusion d’informations, la collecte d’investissements et la fourniture de services. Cette offre verticale, SIX la propose déjà. Il est bien placé pour accentuer son avance», précise le président. De fait, SIX bénéficie d’un partenariat avec DBAG sur la partie trading, notoirement peu génératrice de marges commerciales. Mais ses autres activités (règlement de titres, information financière et trafic de paiements) sont rentables et reconnues à l’étranger. Pour preuve, SIX déclare réaliser un tiers de son chiffre d’affaires (1,2 milliard de francs) à l’étranger, grâce à vingt-trois implantations, notamment à Paris, Londres et Stamford. «Ce rôle de proximité ne disparaîtra pas. A l’inverse des rapprochements en cours, ou de celui de BATS/Chi-X, SIX n’a pas vraiment de pression à se rapprocher d’un autre acteur. Sa capacité à se diversifier a été démontrée» analyse Bruno Lemière. Le SIX a développé une approche basée sur la délivrance d’un label de qualité comme le trusted third party. «Son offre verticale est un avantage énorme, avec une approche de services intégrée qui a démontré sa force», conclut le président.

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Le dessous des cartes

Mohammad Farrokh Chroniqueur

@ m.farrokh@banque-finance.ch

L’influence des capitaux arabes

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e «printemps arabe» est-il le gage d’une évolution vers la démocratie à l’occidentale? Les optimistes se réfèrent au «modèle turc», qui semble effectivement représenter une expérience réussie de parti «islamo-démocrate» au pouvoir. Concrètement, la question à se poser est celle de savoir si, et dans quelle mesure, les Frères musulmans d’Egypte ou de Tunisie sont comparables avec les dirigeants de l’AKP, le parti au pouvoir à Ankara. La réponse paraît à première vue plutôt positive s’agissant du parti tunisien Ennadha (al-Nadha), dont la proximité idéologique avec l’AKP est connue. La réponse est plus réservée en ce qui concerne les Frères musulmans d’Egypte qui paraissent traversés de courants contradictoires, avec une forte composante conservatrice.

Avec quelque deux millions d’adhérents, les Frères musulmans d’Egypte seront, en tout état de cause, à la base de tout gouvernement de type «islamiste modéré», si celui-ci doit effectivement se concrétiser. Fondée en 1928, l’organisation des Frères musulmans s’inscrit clairement dans une ligne fondamentaliste, même si désormais elle est le plus souvent considérée comme un mouvement relativement modéré. Prélevant en principe entre 3 et 7% des revenus de ses adhérents, le mouvement a les moyens de se montrer très actif sur le plan social. «Une assise financière encore renforcée par l’apport de capitaux venus des investisseurs les plus conservateurs du monde arabe», comme le relève Zidane Meriboute, qui enseigne notamment à la School of Oriental and African Studies, à Londres. En avril 1974, le Anwar el-Sadate, le raïs égyptien, a lancé sa politique d’ouverture économique (infitah), destinée à attirer des capitaux étrangers. Le succès très relatif de l’infitah semble avoir surtout favorisé les Frères musulmans, qui ont pu renforcer leur assise économique à la faveur d’un flux de capitaux venus de la côte sud du golfe Persique. Car la parenté entre les Frères et le conservatisme qui prédomine dans la péninsule arabique est évidente. On y relève la prédominance du hanbalisme, c’est-à-dire de celle des quatre «écoles» de droit musulman sunnite, qui est considérée comme la plus stricte. Par contraste, l’école hanafite, qui prévaut en Turquie, est présentée par les spécialistes comme sensiblement plus accommodante et son influence s’est également fait sentir dans tous les pays inclus dans l’Empire ottoman, dont l’Egypte. Pour le monde musulman sunnite, la fin en 1924 du califat basé à Istanbul, dont l’évolution durant le dernier siècle de l’Empire ottoman avait été caractérisée par une tolérance parfois remarquable, a créé un vide qui a ouvert la voie à une radicalisation, semble-t-il favorisée par le protectorat

LE CAFÉ FÉDÉRAL

A petite concession grands effets Accorder l’entraide administrative en matière fiscale, sur la base d’un simple numéro de compte, peut apparaître comme une concession relativement mineure, venant après toutes celles qui ont déjà été faites depuis la fin de la distinction entre fraude et évasion fiscale, annoncée le 13 mars 2009. Cette fois-ci, la date à retenir est celle du 15 février 2011, soit celle de l’annonce formelle par le département fédéral des

Finances de l’acceptation de cette nouvelle concession par la Suisse, sous réserve de son approbation par le Parlement lors de la session spéciale de mi-avril. Celle-ci ouvrira la voie à une déclaration unilatérale d’interprétation, qui permettra à la Suisse d’appliquer la trentaine de conventions de double imposition (CDI) conclues ces deux dernières années, dans le sens voulu par le «Forum mondial».

L’administration a-t-elle tenté de jouer au plus fin, prétendant appliquer l’article 26 du «modèle de l’OCDE» tout en essayant d’en restreindre le champ d’application au moment de réviser les CDI? En fait, il semble bien que le «Forum mondial», qui est une émanation de l’OCDE, mais ne se confond pas avec celle-ci, se réfère à une norme encore émergente, inexistante avant mars 2010. Le fait que la Suisse se plie immédiatement et sans discussion à des injonctions formulées dans un tel contexte, toujours sous la menace plus ou moins implicite de finir sur une

liste grise ou noire, est un signe de faiblesse absolue de la part du Conseil fédéral. Voilà pour la forme. Sur le fond, cette nouvelle concession n’a rien de mineur: l’UBS paraît l’avoir bien compris (tout en s’en défendant) en écrivant, le 26 février déjà, à ses titulaires de comptes numériques pour leur suggérer un «entretien personnel» sur la protection que ces comptes représentent. Si un simple numéro suffit à déclencher l’entraide administrative, sans indication du nom et de la banque, alors cette protection n’existe plus. MF

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Le dessous des cartes

les Frères musulmans du sud de la Méditerranée ont retenu au moins un élément essentiel de l’expérience turque.

britannique sur l’Egypte des années 1920 et 1930. A l’époque, les Britanniques se méfiaient, beaucoup plus que des islamistes, du nationalisme laïque dans les pays arabes, mais aussi dans l’ensemble du monde musulman. Ils conservaient le souvenir des cuisantes défaites infligées aux puissances de l’Entente et à leurs alliés grecs par Mustafa Kemal Pacha, qui allait ensuite devenir le père de la Turquie moderne sous le nom d’Atatürk, lors des batailles des Dardanelles (1915-1916), de la Sakarya (1921) et de Dumlupinar (1922). Un modèle reproductible L’attractivité du «modèle turc» actuel vient en partie de la synthèse qu’il paraît réaliser entre la ligne islamiste modérée de l’AKP et le maintien d’une certaine tradition laïque, héritée du fondateur de la Turquie moderne. Toutefois, la singularité du modèle turc pose la question de savoir s’il est reproductible.

Structured Trade Finance Structured Trade Finance Structured Trade Finance

D’une part, l’européanisation de la société turque est un phénomène de longue date que l’on peut faire remonter au moins aux années 1840, l’époque du tanzimat et du sultan réformateur Abdülmecit. D’autre part, comme le relève également Zidane Meriboute, auteur notamment d’un ouvrage sur le soufisme, «les Frères musulmans s’inscrivent dans une tradition qui n’a guère subi l’influence du soufisme, contrairement à l’islam turc, marqué notamment par la figure de Mevlana (Celalettin Rumi) et l’ésotérisme de la confrérie des nakhshbandis.» Il reste que les Frères musulmans du sud de la Méditerranée ont retenu au moins un élément essentiel de l’expérience turque, à savoir la patience. Car leur relative modération s’explique aussi par une considération d’ordre tactique. Traumatisés par le précédent de l’Algérie en 1992, c’est-à-dire la confiscation du pouvoir par l’armée après la victoire dans les urnes du Front islamique de salut (FIS), les Frères musulmans ont décidé de s’approprier la stratégie légaliste et gradualiste de l’AKP.

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Si j’étais banquier

PHILIPPE GAEMPERLE DIRECTEUR DE GENILEM VAUD-GENÈVE

Soutenir les jeunes entrepreneurs

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parcours • 1993-1999: consultant en Logistique et Supply Chain Management chez Nestlé Suisse SA, puis planificateur et programmateur production • 1999 -2001: responsable Finances, Administration et Sales Support chez Carlsberg Boissons (ex-Feldschlösschen) SA (Lausanne) • 2001-2006: Finance & Operations Manager & Project manager, puis Head of Operations & Sales Support chez Hewlett Packard International corporation EMEA (Genève) • 2006-2009: sousdirecteur, Head of Education & Development Centers (Suisse romande, Monaco) chez UBS, puis Global Wealth Management & Business Banking (Lausanne) • Dès 2009: directeur de Genilem Vaud-Genève, organisme d’aide à la création d’entreprise.

@

evenir banquier, l’espace d’une page, alors que je dirige Genilem dont la mission est de soutenir les entreprises qui démarrent, c’est m’offrir une tribune pour défendre l’entrepreneuriat! Ayant consacré une partie de mon parcours professionnel au secteur bancaire, j’ai probablement une vision plus nuancée que d’autres de cette industrie. Entre mon apprentissage bancaire et ma fonction de responsable des centres de formation de l’UBS, plusieurs années se sont en effet écoulées et j’ai pu constater le changement significatif qui s’est opéré dans l’approche clients. De la seule gestion de portefeuille, les banques se sont recentrées sur la réalité de leurs clients, leur consacrant plus de temps pour mieux les connaître, créer une relation de confiance et proposer des solutions personnalisées, adaptées à leurs besoins d’aujourd’hui et de demain. Cette tendance dépasse le cadre bancaire. D’une situation où l’on privilégiait le volume des ventes et le chiffre d’affaires sans se préoccuper, ou presque, de la situation du client, on est passé, en moins de dix ans, à une approche solution, basée sur les services et le conseil stratégique. Mais avec la crise financière de ces dernières années, le cynisme présumé de certains banquiers a pris le pas sur cette approche clients, tout au moins dans la perception du public. Deux économies parallèles coexistent désormais, l’une spéculative et l’autre réelle qui semblent s’affronter plutôt que se compléter. Retrouver le respect

Si j’étais banquier, je recentrerais mon activité sur cette économie réelle, celle des entrepreneurs, celle qui produit de la richesse, crée des emplois et qui vaut à la Suisse d’être classée championne d’Europe de l’innovation, philippe.gaemperle@genilem.ch pour la deuxième année consécutive.

J’investirais plus de temps et de moyens dans la création d’entreprises, tous secteurs confondus, je collaborerais plus étroitement avec les organismes de soutien au démarrage et je m’impliquerais dans l’accompagnement des jeunes entrepreneurs depuis leur sélection, en tant que porteurs de projet, jusqu’à la transmission de leur entreprise. Si j’étais banquier, je ne pourrais pas ignorer la viabilité des projets soutenus. Mais pour les sélectionner, je mettrais plutôt l’accent sur la personnalité de l’entrepreneur que sur son business plan qui, même s’il est bien ficelé et bien présenté, ne dit pas grand-chose de la capacité d’une personne à garder les pieds sur terre, ni de son endurance ou de son pragmatisme. Enfin, si j’étais banquier, je faciliterais l’accès aux moyens de financement aux projets innovants. Idéalisme, déformation professionnelle? Peut-être. Mais il me semble qu’un banquier doit jouer un rôle de mentor, de conseil et de mise en relation. Il doit développer un partenariat basé sur la confiance et la responsabilité partagée. Il doit donner du temps au temps, considérant le long terme comme un investissement profitable à tous. Je souhaite et pense nécessaire que les banques, tout en respectant une politique de crédit qui réponde à des critères stricts et économiquement justifiés, investissent plus de moyens et de temps directement ou indirectement dans l’économie réelle. C’est cette idée-là que je me fais d’un «bon» banquier, soit un acteur engagé et un partenaire économique participant au développement d’une région sur le long terme. Utopie? Je dirais plutôt un pas en direction de la banque, en tant que catalyseur du développement économique et facilitateur de la répartition de la richesse à la collectivité. En prenant cette place centrale dans la société, le banquier retrouverait aussi le respect de tous. © Franck Boston

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Sous la loupe

MATIÈRES PREMIÈRES

Prises en étau

© Eyeidea® © christian - Fotolia

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30 BerTRANd Carlier Seule la demande réelle compte!

32 Harry Tchilinguirian La proie des bouleversements politiques

Analyses

Chloé Koos-Dunand Entre spéculation et anticipation

Point de vue

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34 Jean-marc guillot Catalyseurs de performance

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38 Dominique Casai Quel potentiel pour l’or?

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Sous la loupe

Seule la demande réelle compte!

MATIÈRES PREMIÈRES

Derrière les fluctuations de court terme liées aux perspectives de croissance, s’affirme une tendance lourde à la hausse des matières premières. La modification profonde des modes de vie des populations vivant dans les pays émergents génère de nouveaux besoins, un mouvement qui s’auto-entretient.

L

ors de sa dernière séance plénière début mars 2011, l’Assemblée nationale chinoise a confirmé le sens des marchés, à savoir que les métaux industriels devraient poursuivre leur hausse entamée voilà dix ans. Investir dans les matières premières signifie d’être persuadé du potentiel de demande en équipements et en infrastructures nécessaires à la confirmation de l’émergence d’une croissance économique endémique, et non plus axé sur les seuls revenus des exportations. Revenons à la planification chinoise, plus précisément au travers de son douzième plan. 47,5% de la population vivent en ville actuellement; 51,5% d’ici 2015 y vivront selon les planificateurs chinois. D’après l’association «Appliance manufacturers and china building», la consommation de cuivre s’élève à 41 kilos dans un logement. Pour intégrer cette urbanisation dans le paysage, des dizaines de milliers de kilomètres de voies de chemin de fer, de routes, de canalisations seront construites. Des centrales pour satisfaire la demande énergétique, consommatrices du métal rouge, le seront aussi. Les chiffres s’enchaînent quel que soit le domaine. Les besoins sont donc immenses. Selon l’«International Copper Study Group», sur les vingt-deux millions de tonnes de cuivre utilisées en 2009, 7,9 millions l’ont été par la Chine. A titre de comparaison, l’Europe de

l’Ouest, second utilisateur, en utiliserait 3,1 millions tonnes. Parmi quelques chiffres, côté production, permettant de remettre en perspective la tendance, citons Escondida, la plus grande mine chilienne, qui peut en produire en capacité 1,3 million de tonnes (un million y ont été extraits en 2010). Quant à la production totale chilienne, elle est en hausse de

Utilisation du cuivre par secteur d’activité et par région (en 2009)

Source: International Copper Study Group

Japon: incertitudes et relance La hausse du baril, puis le désastre japonais, se sont traduits par une liquidation de tous les actifs indexés sur la croissance, au premier rang desquels les métaux industriels. Déterminer l’ampleur des dégâts reste encore un exercice délicat. On rappellera que le Japon est le troisième importateur de matières premières, le pays étant pauvre en ressources naturelles. Dès lors

0,5% en 2010. La demande mondiale en augmentation de 8% doit être comparée à une production de 4% supérieure pour cette même année 2010. Parler de déficit est ainsi un euphémisme. Les prix devraient poursuivre le mouvement haussier, sans même mentionner l’aspect stratégique que représentent les stocks. Après avoir grimpé quasiment

que le Japon reprendra le contrôle de ses centrales nucléaires, l’archipel devra remettre en route l’appareil industriel, relancer ses réseaux électriques, reconstruire et remplacer ce qui a été détruit. Après une baisse significative de quelques jours ou de quelques semaines amplifiées par l’arrêt des fonderies, les importations devraient reprendre. La période qui s’est ouverte continuera à

être volatile, les prix fluctuant au gré des nouvelles et des risques de lecture approximatifs. En revanche, cette volatilité va réduire mécaniquement les positions des «spéculateurs», les espoirs de gains se réduisant du fait de mouvements de prix erratiques. On surveillera attentivement les inventaires à Shanghaï et Londres, afin de jauger la demande. Quels métaux privilégier lorsque la reconstruction commencera? Le cuivre bien

sûr, le zinc, l’aluminium et le plomb, les besoins en batteries et en générateurs devant se substituer aux défaillances du réseau électrique. En revanche, les niveaux sur lesquels acheter sont toujours délicats à définir. Avec les informations actuelles, des paliers compris entre 8500 et 9000 dollars la tonne de cuivre paraissent attractifs. Aux besoins conjoncturels japonais, s’additionne la demande structurelle en provenance de Chine, notamment.

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L’intro

En ce début avril, les événements politiques’ ainsi que les catastrophes naturelle et nucléaire, influent de fait sur l’évolution des matières premières, des soft commodities et des métaux. Les cours du pétrole ne cessent de grimper, largement influencés par la situation vacillante en Libye, dont la production ne dépasse plus les 300 000 barils/jour (1,7 million à l’origine). Cacao et nickel plongent, alors que maïs, blé, étain et cuivre s’envolent. Idem pour l’or et l’argent qui caracolent à des sommets.

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Sous la loupe

Sur le web http://www.icsg.org

http://www.ca-suisse.com

Aussi une dimension politique Depuis le 15 février 2011, des facteurs de croissance globale ont enrayé cette hausse. A l’instabilité de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, s’ajoute la tragédie japonaise, chacun à leur manière venant assombrir les perspectives de croissance, créant cette volatilité. Or, si la première s’impose comme une taxe sur la consommation engendrant des effets d’éviction, la seconde conforte encore la tendance s’il en était besoin. En effet, la reconstruction du Japon se traduira, par exemple, par des achats de cuivre qui viendront s’ajouter aux 1,2 million de tonnes déjà consommées en 2010 par le pays. La volatilité de court terme ne doit pas occulter la tendance de long terme liée aux contraintes de demande sur un produit limité en quantité. Derrière la croissance réelle des besoins, s’ajoute

une dimension politique. Imaginons les tensions sociales si, sur les quelque trente-huit millions de nouveaux logements à construire pour accompagner l’urbanisation évoqué par le XIIe plan chinois sur les cinq ans à venir, rien ne sort de terre pour cause d’assèchement des marchés de matières premières. L’accès à la ressource est essentiel. Il permet de mieux comprendre les opérations d’achats ou de prises de participations des géants indien et chinois. Cependant, comme dans le marché de l’assurance, la prime en cas de probabilité forte de réalisation de l’événement monte. La flambée du baril, avec en toile de fond les instabilités proche-orientales ou nord-africaines, le rappelle. La récente montée de la volatilité qui, traditionnellement va à l’inverse du marché physique, a accompagné la hausse violente du baril dans un premier temps. Cette prime d’assurance vaudrait alors dix à quinze dollars pour l’instant, semble-t-il. Et encore, ne reflète-t-elle que les incertitudes géopolitiques. En effet, plus fondamentalement, la synchronisation des cycles de croissance se traduit par une demande conjointe d’énergie. Tout comme pour le cuivre, les facteurs qui poussent les prix à la hausse reposent avant tout sur la croissance. Le prix des matières premières est souvent fixé par la demande marginale. Une disparition de quelques centaines de barils par jour, sur un total d’environ 87,5 millions de barils consommés quotidiennement, provoque

un ajustement immédiat à la hausse, dont l’ampleur dépendra de la qualité du pétrole. La crise de 2008 a probablement renforcé la prise de conscience par les grands pays, que sont l’Inde et la Chine, de s’équiper pour renforcer la capacité de leur population à bénéficier d’économies plus endémiques. En sortie de crise, ce sont maintenant les grands pays industriels qui accroissent leur demande en matières premières. Il s’agit d’un choc de demande de long terme sur fond d’investissement insuffisant, du fait de la crise, auquel un risque géopolitique se greffe. Un cocktail explosif, dont l’issue devrait pousser les prix à la hausse, tout en générant des régimes de volatilité plus élevés, reflet des atermoiements des anticipations de croissance.

MATIÈRES PREMIÈRES

jusqu’à 10 200 dollars la tonne, le prix oscille actuellement légèrement au-dessus de 9000 dollars, des niveaux qui, sur le long terme, paraissent attractifs. L’argument de la demande des pays émergents est certes un poncif, mais représente néanmoins une réalité incontournable. D’autant que cette dernière émane d’une Chine inscrivant son développement dans la durée. L’identification des facteurs de demande permet de mieux appréhender les évolutions des prix.

Bertrand CARLIER Responsable Taux et Matières Premières, Crédit Agricole (Suisse) SA

Urbanisation et hausse du revenu, comparaison interpays

Source: CEIC, CACIB

@ bertrand.carlier@ca-suisse.com BANQUE&FINANCE N°109 MAI/JUIN 2011

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La proie des bouleversements politiques MATIÈRES PREMIÈRES

La demande mondiale en pétrole pourrait s’élever, mais l’approvisionnement connaît encore de nombreuses incertitudes. Entretien avec Harry Tchilinguirian, Oil Strategist chez BNP-Paribas (Londres). Banque & Finance: Compte tenu des événements récents en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, vous risquez-vous à pronostiquer l’évolution des cours du pétrole, ne serait-ce que jusqu’à la fin 2011? Harry Tchilinguirian: Si les bouleversements politiques en Tunisie et en Egypte ont eu relativement peu d’impact sur le marché pétrolier comme sur son infrastructure, il en va autrement avec la Libye, compte tenu de son importante provision de pétrole brut et de son volume de production. Les prix du pétrole étant basés sur l’offre et la demande, les investisseurs pourraient spéculer sur les cours, craignant d’autres soulèvements populaires en Algérie et en Arabie saoudite, qui couvre la majeure partie des capacités inutilisées de production de l’OPEP, la pierre angulaire du marché pétrolier. En imaginant cet effet domino, toutes prévisions sur l’évolution des cours du pétrole restent hypothétiques.

Harry Tchilinguirian Oil Strategist chez BNP-Paribas (Londres).

B&F: L’ère du pétrole bon marché est-elle définitivement révolue? HT: En effet, il est difficile d’envisager un retour du baril vers les 50 dollars en raison des contraintes sur l’offre à moyen terme avec la baisse de production des champs matures, ou encore avec la difficulté croissante d’acquérir et d’exploiter de nouveaux gisements par manque d’accès des entreprises étrangères aux ressources. En plus, il faut compter avec les risques géopolitiques au Moyen-Orient et une demande plutôt en hausse des marchés émergents.

Prix du baril de brut Brent Mer du Nord en dollars

Pétrole, le printemps arabe fait monter les prix

B&F: Si l’économie mondiale sortait aujourd’hui de la récession, les prix du pétrole grimperaient-ils en flèche sous l’effet d’une forte hausse de la demande face à une offre contrainte? HT: En partant de l’hypothèse que l’économie mondiale sortira de la récession de manière synchronisée, la demande en produits pétroliers sera naturellement plus élevée. Avec la rareté du pétrole libyen du côté de l’offre, qui risque de perdurer, et une baisse conséquente des capacités excédentaires de production, cette augmentation de la demande serait un facteur de hausse du cours du pétrole. Or, ce n’est pas le scénario que nous envisageons. Nous estimons, en effet, que les perspectives pour l’économie mondiale présentent un monde à deux vitesses. D’un côté, une croissance et des pressions inflationnistes fortes dans les pays émergents et, de l’autre, une croissance plus modérée dans les pays de l’OCDE. Avec le récent tremblement de terre au Japon et si nous assistons à un choc négatif majeur de la demande à court

terme, l’immense effort de reconstruction sera, lui, un facteur haussier pour la demande de produits pétroliers. Il convient, cependant, de tenir compte des tensions géopolitiques au Moyen-Orient, qui abrite une part importante de la production de pétrole et des réserves mondiales. Le marché se focalise ainsi plutôt sur le risque de contagion des soulèvements populaires, qui peuvent ensuite avoir un impact sur le volume potentiel de production en jeu. Du coup, les considérations traditionnelles d’offre et de demande deviennent secondaires. B&F: Estimez-vous que les banques centrales sont directement responsables de la bulle pétrolière à cause de leur politique monétaire laxiste, qui a entre autres engendré l’inflation? HT: La mise en place de politiques monétaires expansionnistes, avec des taux d’intérêt quasi nuls et la pratique du quantitative easing par la Fed depuis 2009, privilégie l’investissement dans les actifs risqués telles les actions et certaines matières premières, au détriment d’instruments obliga-

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Sous la loupe

B&F: Quelles sont les incidences de la hausse du pétrole sur la rentabilité des entreprises dans les pays de l’OCDE? HT: Cela dépend fortement des politiques de couverture de risque des prix, de l’environnement concurrentiel des entreprises et de la part du pétrole dans les coûts de production. Les politiques de couverture à l’aide d’instruments dérivés permettent de protéger les marges. Si ces dernières ne sont pas couvertes, alors tout dépend de la capacité de l’entreprise à répercuter les coûts sur les

consommateurs finaux. Si son environnement est concurrentiel, ou encore si la demande finale est faible, l’entreprise devra alors absorber en partie, ou totalement, la hausse du coût du pétrole et donc rogner sa marge. Enfin, l’impact d’une hausse des cours dépend aussi de l’intensité énergétique du PIB du pays concerné, c’est-à-dire le volume de pétrole utilisé par unité de PIB réalisée. Pour les pays de l’OCDE, la délocalisation ces dernières années de la manufacture, intensive en énergie, vers l’Asie, a réduit l’incidence du pétrole dans le PIB. Enfin, le taux de change vis-à-vis du dollar joue un rôle important. Plus la monnaie d’un pays s’apprécie vis-à-vis du dollar, et plus elle permet de contenir l’effet qu’une hausse des cours du pétrole pourrait avoir sur les marges des entreprises. B&F: Qu’en est-il d’une hausse des cours du pétrole sur les économies des pays émergents et en développement?

HT: La même problématique se pose pour les pays émergents que pour les pays dits avancés de l’OCDE. Certes, les pays émergents ont une intensité énergétique du PIB plus élevée que celles des pays de l’OCDE. Mais la forte croissance économique permet d’absorber une hausse des prix du pétrole par un effet revenu. De plus, bon nombre de pays émergents subventionnent encore les prix de détail des produits pétroliers. Il existe ainsi un écart entre les prix domestique et international. C’est donc le budget de l’Etat qui absorbe la hausse des cours, plutôt que les entreprises ou les particuliers. Propos recueillis par Didier Planche d.planche@banque-finance.ch

MATIÈRES PREMIÈRES

taires. En 2010, la politique de la Fed a eu comme conséquences d’affaiblir le dollar et de provoquer la hausse des anticipations d’inflation future, deux éléments qui soutiennent les cours des matières premières. Ceux du pétrole ont certainement bénéficié de l’ajout de liquidités par les banques centrales, mais il s’agit d’un facteur contributif parmi d’autres.

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Sous la loupe Sur le web www.platinum.matthey.com

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Catalyseurs de performance LES MARCHÉS ÉMERGENTS

2011 pourrait bien marquer un tournant historique dans le marché du platine et du palladium. Les faiblesses de l’offre se confirment, alors que la demande va exploser créant un déficit et une hausse des prix.

L

a crise de 2008 et ses conséquences sur la dette des grands Etats du monde ont conduit à une brutale érosion du capital confiance dont jouissaient les devises principales. Dans une recherche de préservation de leurs avoirs, de nombreux investisseurs se sont tournés vers l’or, puis l’argent. La vague révolutionnaire déferlant sur les pays arabes a récemment renforcé ce besoin de protection, qui incite à la détention d’actifs réels. Le retour progressif de la confiance dans les marchés, accompagné d’anticipations d’une croissance mondiale soutenue, plaide en faveur d’un rattrapage des métaux alliant des caractéristiques industrielles à leur nature précieuse. L’avènement du platine et du palladium semble donc approcher. Déficit de production en vue Ne dit-on pas que ce qui est rare est cher! Sans nul doute, le platine et le palladium sont des métaux très rares. Alors que la production annuelle mondiale d’argent avoisine les 700 millions d’onces et que celle de l’or oscille aux environs de 80 millions d’onces, la production cumulée de platine et de palladium peine à atteindre les 14 millions d’onces. Cet effet rareté

prend également une connotation géographique, lorsque l’on constate que la production de platine et de palladium se concentre sur deux pays, l’Afrique du Sud et la Russie, qui représentent à eux seuls environ 90% du total mondial. De la rareté à une situation de manque il n’y qu’un pas, que le marché du platine et du palladium s’apprête à franchir dès 2011. Les principaux centres de production sont en effet confrontés à des contraintes et difficultés croissantes. Les coûts suivent une courbe ascendante, reflétant la dégradation de l’accessibilité de la ressource toujours plus profondément enfouie, la hausse de la facture énergétique et la pression des unions syndicales pour une augmentation des salaires des mineurs. S’ajoutent, à cette liste, les investissements complémentaires nécessaires en mesures de sécurité dans les principaux centres d’extraction. Enfin, la tendance à l’appréciation du rand sud-africain et du rouble contre le dollar crée une pression supplémentaire sur les marges des producteurs. En l’absence de nouveaux projets miniers majeurs annoncés, la production de platine et de palladium montre donc certains signes d’essoufflement que le développement du recyclage ne saurait à lui seul pallier. A tel point que les projections à l’orée 2015 suggèrent un manque de couver-

Ratio Platine / Palladium Ratio Platine / Palladium 6

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Evolution progressive du ratio vers la zone plus équilibrée de 1.00 - 1.50.

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Jean-Marc GUILLOT Directeur des marchés Banque Bénédict Hentsch & cie

@ Jean-marc.guillot@bbh360.ch ture des besoins annuels par l’offre globale, un déficit de nature à confirmer le potentiel haussier du prix de ces métaux précieux. Envolée de la demande Rares, certes, mais le platine et le palladium suscitent-ils un réel intérêt industriel? Offrent-ils de véritables débouchés commerciaux? La réponse est unanimement oui pour l’ensemble des PGMs (Platinum Group Metals), dont la demande en hausse constante est appelée à s’intensifier encore davantage au cours des années à venir. L’impulsion la plus sensible vient sans conteste du secteur de la construction automobile. La première utilisation du platine et du palladium reste, en effet, la fabrication de pots catalytiques pour les véhicules à moteur. Plusieurs facteurs suggèrent que la demande en provenance de ce secteur d’activité sera très soutenue au cours des prochaines années. La reprise de l’économie mondiale favorise la consommation, qui elle-même influence positivement la production de nouveaux véhicules dans la fabrication desquels interviennent platine et palladium. Dans le même temps, les préoccupations environnementales se généralisent et rendent parfaitement incontournables les pots catalytiques, garantie de moindre pollution. Enfin, l’actuelle phase de développement des parcs automobiles indiens et chinois apporte un net soutien à la demande globale de PGMs. Selon les projections moyennes des analystes du secteur, d’environ 60% de la demande totale de platine et palladium confondus en 2010, la part des catalyseurs pourrait dépasser 75%, d’ici 2015, pour

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Sous la loupe

Décennie du palladium Depuis la fin 2009, l’évolution technologique permet de remplacer le platine par le palladium à hauteur de 50%, dans la production de pots catalytiques pour moteurs diesel. Cette avancée est un facteur capital pour la hausse du prix du palladium, car 50% des voitures produites en Europe sont des diesels et les pots catalytiques pour moteurs diesel sont deux fois plus gourmands en PGMs! Graduellement, le facteur de substitution du palladium pour le platine se rapproche de 1 pour 1. Le palladium est donc le plus à même de profiter de la croissance attendue du marché automobile, au niveau mondial. Une des particularités du palladium est le rôle clé joué par les stocks russes dans l’équilibre du marché. La chute de l’Union soviétique, en 1989, a ouvert les portes de ses réserves stratégiques de palladium au marché mondial. La taille totale de l’inventaire, début 1990, reste encore un secret bien gardé, mais des analyses basées sur les rythmes de production annuelle de Norilsk

l’estiment à une trentaine de millions d’onces. Compte tenu des exportations en provenance de Russie corrigées des productions annuelles connues des principaux sites, 25 à 30 millions d’onces des réserves ont probablement déjà été commercialisées. Par conséquent, la compensation de l’excès global de demande en puisant dans les stocks russes tend à devenir un phénomène du passé. L’accroissement du déficit, qui en découle, devrait contribuer à gonfler le prix du palladium.Enfin, la demande de palladium dans les autres secteurs d’industrie tels que la chimie, l’électronique, les prothèses dentaires et la joaillerie reste soutenue. Plus encore, et contrairement au platine dont le marché des bijoux est déjà mature, le secteur de la joaillerie n’utilise encore que peu le palladium. Son potentiel de développement demeure donc important, notamment avec le réel engouement de la clientèle chinoise.

Progression des métaux précieux depuis le 31/12/1999

PGMs, métaux à tout faire Le platine et le palladium, ainsi que le rhodium, le ruthénium, l’iridium et l’osmium partagent nombreuses de leurs propriétés chimiques. Ils forment ainsi une unique famille de métaux regroupés habituellement sous les initiales PGMs, de l’anglais «Platinum Group Metals». De cette famille, seuls le platine et le palladium constituent la catégorie des métaux précieux, avec l’or et l’argent. Extrêmement rares et de plus en plus difficiles à produire, ces métaux ont pourtant une très large utilisation. En effet, on considère qu’ils apparaissent dans la composition d’un bien sur quatre, ou interviennent dans son processus de production. L’essentiel de la consommation de platine et de palladium concerne la production de pots catalytiques pour l’industrie automobile. Toutefois les utilisations pratiques sont aussi multiples que variées: bijouterie, composants électroniques pour les ordinateurs et les téléphones portables, télévision à haute définition, contacts électriques, prothèses dentaires, purification de l’hydrogène, domaine médical, applications chimiques ou encore traitement de l’eau. Sans oublier qu’ils sont également utilisés comme véhicules d’investissement notamment via des ETFs, mais également sous forme physique (pièces de monnaie).

MATIÈRES PREMIÈRES

des besoins globaux en hausse potentielle de plus de 30%. De quoi expliquer le déficit probable de l’offre par rapport à la demande!

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Sous la loupe Sur le web www.pictet.commatthey.com

Entre spéculation et anticipation Comme les prix des matières premières s’envolent, l’activité dite spéculative de certains financiers est à nouveau pointée du doigt.

MATIÈRES PREMIÈRES

L

orsque la Commission de régulation des marchés des futures sur les matières premières aux Etats-Unis (CFTC) révéla, en 2008, que les sommes engagées par les fonds de placement sur ces marchés étaient passées de deux milliards de dollars, en 2002, à plus de 200 milliards en 2008, la raison de l’explosion des prix sur cette période semblait toute trouvée. L’activité financière sur les matières premières étant concentrée sur les marchés des futures, la quantification de l’effet de la spéculation se résume à déterminer à quel point l’activité sur des instruments à terme peut influencer les prix courants. L’erreur la plus répandue consiste à assimiler une demande pour un papier à terme à une demande physique. Comme chaque participant souhaitant acheter un future sur un bien fait face à une contrepartie disposée à le vendre, le marché des instruments à terme s’assimile à un jeu, dont la somme des bénéfices et des pertes est nulle. Le bien

sous-jacent n’est généralement pas «consommé» à proprement parler, car les intervenants préfèrent généralement prolonger l’échéance de leurs contrats ou les revendre. L’impact sur le marché physique devrait ainsi être inexistant. D’ailleurs, la corrélation observée entre les prix des futures et les prix courants n’implique en rien une relation de cause à effet. Par exemple, lorsque de nouvelles informations sur les fondamentaux apparaissent, les participants sur les marchés à terme révisent leurs anticipations, provoquant des variations de cours des futures, et les prix courants s’ajustent simultanément pour les mêmes raisons. Les études académiques menées sur le sujet s’accordent à conclure que les résultats sont non probants et que les fonds de placement ne peuvent être tenus responsables de la flambée des prix. Bien que certaines recherches économétriques trouvent des preuves de comportement spéculatif sur quelques matières premières, elles qualifient de

limité l’impact sur les prix. Elles estiment, en outre, la durée spéculative à quelques mois seulement, de mars à juillet 2008 pour le prix du pétrole par exemple. Augmenter la liquidité On parle de spéculation lorsque les fondamentaux de l’offre et de la demande ne justifient pas les variations dans les cotations courantes. La théorie voudrait ainsi qu’une augmentation des stocks exerce une pression baissière sur les prix. En pratique, les prix peuvent toutefois aussi augmenter. En 2008 par exemple, alors que les prix courants et les cours des futures du pétrole ne cessaient d’augmenter, les acteurs du marché physique ont probablement profité de la situation pour acheter de l’or noir en prévision de prix encore plus élevés. Dès lors, la hausse des stocks de pétrole, observée de mars à juillet 2008, a probablement été motivée par les anticipations des acteurs du marché physique, phénomène que la Banque Mondiale qualifie de «spéculation réelle», par opposition à une spéculation financière. En l’absence de preuves, le principe de précaution n’est pas de mise en ce qui concerne les fonds d’investissement. Les sommes injectées par ces investisseurs viennent non seulement augmenter la liquidité sur les marchés, mais elles permettent avant tout aux acteurs du marché physique de se protéger des risques, en les transférant vers ceux qui souhaitent en prendre. Limiter l’activité des spéculateurs financiers pourrait donc avoir à terme des conséquences néfastes pour les marchés financiers, mais aussi pour la sphère réelle. Chloé KOOS-DUNAND Economiste Pictet & cie

Prix moyens de deux paniers de matières premières en dollars, selon si les biens sont échangés ou non sur le marché des futures

Commodities at crossroads, World Bank (2009)

@ ckoos@pictet.com

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Sous la loupe

Quel potentiel pour l’or? MATIÈRES PREMIÈRES

Après dix ans de hausse ininterrompue, on peut légitimement se demander si le métal jaune possède encore un potentiel d’appréciation.

Sur le web www.uram.ch

www.gold.org www.gfms.co.uk

A

u niveau de l’offre, le consultant GFMS prévoit que la production d’or devrait graduellement décroître, durant cette décennie. En effet, malgré un niveau record des dépenses d’exploration ces dernières années, les succès ont été très limités. La quantité d’or découverte a ainsi chuté depuis dix ans. Or, les nouveaux gisements sont la force vitale pour les sociétés productrices, qui ont constamment besoin de remplacer leurs réserves pour maintenir la production. En outre, le développement des nouvelles ressources minières est devenu de plus en plus complexe et long. Du côté de la demande, l’augmentation du revenu par habitant dans les pays émergents devrait soutenir la demande bijoutière à moyen terme, en particulier en Chine et en Inde. Pendant vingt ans, les banques centrales européennes ont régulièrement réduit leur stock d’or. Elles avaient en effet estimé, dans les années 80, que la quote-part du métal jaune était trop importante dans leurs réserves et qu’il fallait la diminuer pour acheter des actifs avec du rendement. Cependant, cet arbitrage a été quasiment arrêté depuis deux ans, l’environnement économique ne justifiant plus une poursuite de cette réallocation. Par ailleurs, les banques centrales de pays émergents ont commencé à faire face au déséquilibre inverse, à savoir une quote-part d’or extrêmement faible. Elles se sont donc mises à acheter de l’or, si bien qu’à partir du deuxième trimestre 2009, les banques centrales sont devenues globalement des acheteurs nets. Equation extrêmement favorable

Dominique Casaï Fondateur d’URAM SA

@ dcasai@uram.ch

Depuis plusieurs années, les facteurs macroéconomiques sont favorables à la demande d’investissement. Premièrement, la performance de l’or est positive tant que les taux d’intérêt réels ne dépassent pas 2%. Or, il est extrêmement peu

probable que ce niveau soit dépassé avant longtemps. Il est important de rappeler que la Fed a justifié les mesures d’assouplissement quantitatif par le besoin de combattre le spectre déflationniste. Le taux d’inflation naviguant désormais entre 1 et 2%, les taux d’intérêt réels sont négatifs. Etant donné la situation précaire du consommateur américain, il est peu probable que la Fed procède à une hausse rapide des taux. Historiquement, la banque centrale américaine a toujours attendu que les emplois retournent au niveau prérécession, avant de remonter les taux. Mais la croissance de l’emploi est encore trop faible. M. Bernanke a d’ailleurs indiqué qu’il faudrait des années avant que le taux de chômage se normalise. Deuxièmement, l’or est la monnaie refuge par excellence, grâce à ses propriétés uniques, à savoir une valeur tangible ne dépendant pas de la souveraineté d’un Etat, avec une croissance de l’offre limitée par les capacités de production. Les craintes sur les grandes devises, qui ont commencé à émerger en 2008, ont remis ces qualités indéfectibles du métal jaune, sur le devant de la scène. L’euro est déstabilisé en raison de la crise de l’endettement de plusieurs pays membres. Le dollar n’est pas mieux loti, la situation de l’Etat américain s’étant fortement dégradée. Selon les projections de la commission budgétaire du congrès, le déficit devrait perdurer durant toute la décennie. L’endettement des Etats-Unis ne devrait donc pas s’améliorer, et il est fort probable que leur notation soit abaissée. Troisièmement, la hausse de l’inflation étant un problème grandissant dans les pays émergents, le métal jaune attire de plus en plus d’investisseurs. En conclusion, l’équation offre/demande reste toujours extrêmement favorable au métal jaune. De plus, comme le démontre le Conseil mondial de l’or dans une étude récente, le développement de la tendance haussière actuelle ne présente absolument pas les caractéristiques statistiques des précédentes bulles financières. Enfin, le métal jaune

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Et les prochaines prévisions: un temps splendide!

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Une mine d’or Les mines d’or présentent une opportunité d’investissement intéressante. Premièrement, elles offrent un effet de levier opérationnel par rapport au métal jaune. Deuxièmement, elles peuvent profiter de facteurs n’étant pas liés à l’évolution du cours de l’or, comme le succès d’exploration, l’augmentation de la production au travers de développement de projets ou d’opérations de fusions/acquisitions ou encore la distribution des cash flows libres aux investisseurs sous forme de dividendes. Troisièmement, elles sont aujourd’hui en décote par rapport au métal jaune, alors qu’elles se traitaient historiquement avec une prime. Depuis trois ans, les investisseurs se sont en effet tournés vers les ETFs, estimant que les mines d’or ne procuraient désormais ni croissance de la production, ni levier opérationnel. Cependant, les difficultés rencontrées par l’industrie aurifère pour remplacer les réserves exploitées par de nouvelles découvertes ont déclenché un mouvement de consolidation, qui s’intensifie d’année en année. Le prix moyen d’acquisition payé dans le cadre de ces transactions a fortement progressé et ne représente désormais plus qu’une modeste décote par rapport au cours de l’or. Une réévaluation du secteur se met donc en place au coup par coup. Comme les producteurs vont bénéficier d’une profitabilité record en raison de marges opérationnelles colossales, ils auront les moyens de poursuivre leur effort. Dès lors, les mines d’or offrent une opportunité attractive par rapport au métal physique.

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n’est pas surévalué. Alors que le stock d’or de la Fed couvrait plus que la base monétaire en 1980, il faudrait que le cours du métal jaune soit supérieur à 7000 dollars l’once pour que ces mêmes conditions soient réunies aujourd’hui.

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Investir

Sur le web www.bcge.ch www.roche.com/investors.htm www.novartis.com/investors/index.shtml

Jean-Luc LEDERREY

Actions suisse et zone euro

Responsable des études financières, BCGE

La pharma se réveille Le marché suisse a profité du rebond général des actions, qui a démarré en mars 2009, mais dans une moindre mesure que d’autres grands marchés à l’exception du Japon. De fin février 2009 au 16 mars 2011, l’indice SPI a ainsi gagné environ 40% contre 70% pour l’indice américain S&P 500. Il est vrai qu’une grande partie de la différence de performance est gommée par les variations de cours de changes. Exprimée en francs suisses, la performance du S&P 500 n’est en effet guère supérieure à celle du SMI ou du SPI. Par ailleurs, la relative sous-performance des actions suisses, ces deux dernières années, concerne essentiellement les grandes valeurs. Depuis mars 2009, l’indice SMI n’a ainsi gagné que 28%, essentiellement en raison de la contre-performance des valeurs pharmaceutiques, qui «pèsent» pour un tiers dans l’indice des grandes capitalisations helvétiques. L’indice SPI Extra des petites et moyennes capitalisations a progressé, pour sa part, de 56% depuis le début du rebond des marchés. Sur la plupart des marchés AD Galerie_Mise 1 07.04.11 boursiers, les petitesenetpage moyennes

sociétés ont réalisé une forte surperformance, depuis le début du rebond des marchés en 2009. Cet univers d’actions est largement composé d’entreprises industrielles et cycliques, qui bénéficient directement de l’amélioration des perspectives économiques, depuis la fin de la crise de 2008-2009. La relative contre-performance des valeurs plus défensives, comme l’alimentation ou l’industrie pharmaceutique, est donc habituelle au début d’une phase de reprise économique. La forte contre-performance des valeurs pharmaceutiques soulève néanmoins certaines questions. Au niveau international, le secteur a subi depuis plusieurs années une remise en cause de son statut de secteur de croissance, ce qui se traduit par un recul important de sa valorisation boursière, en termes de multiples cours/bénéfices. Ces derniers sont même tombés en 2011 à leurs plus bas niveaux historiques. Le marché semble ainsi douter du potentiel de croissance de nombreux grands groupes pharmaceutiques. 15:02 Page1 En Europe comme aux Etats-Unis,

la valorisation boursière du secteur a été divisée par deux, depuis le début des années 2000, tandis que les rendements de dividendes de groupes comme Novartis et Roche dépassent actuellement 4 voire 5%. En d’autres termes, les groupes pharmaceutiques sont perçus comme de puissants générateurs de liquidités pour les actionnaires. Cependant, le marché considère leur croissance future compromise par l’expiration de nombreux brevets ces prochaines années, la difficulté d’amener de nouveaux médicaments sur le marché, le renforcement du contrôle étatique sur les prix de vente dans le cadre des réformes de la santé, et le renforcement croissant du rôle des organismes de financement de la santé (assurances, sécurité sociale), dans les décisions concernant les traitements autorisés. Dans ce contexte, les stratégies d’acquisitions menées par des sociétés comme Roche ou Novartis, pour stimuler leur développement, peinent à convaincre les investisseurs. En ce qui concerne les deux grands groupes suisses Roche et Novartis, la

Avis d’expert Un retour des grandes pharmas helvétiques devrait intervenir ces prochaines années, qui permettra de soutenir le marché au moment où le rebond des cycliques sera épuisé. Cet élan attendu ne doit pas faire oublier le principe de la diversification à haute dose, qui accroît le rendement et réduit le risque.

@

jean-luc.lederrey@bcge.ch

sanction du marché a probablement été excessive, durant ces derniers mois . Les deux sociétés présentent notamment des portefeuilles de recherche attrayants et de faibles expirations de brevets, au cours de ces prochaines années. Roche, notamment, devrait être protégé en partie contre les expirations de certains de ses brevets, grâce à la difficulté d’imiter ses médicaments issus de la biotechnologie.

Alexey Titarenko 6 mai au 25 juin 2011

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Investir

Sur le web www.hsbcprivatebank.com

www.stratfor.com

Sebastian PARIS HORVITZ

Actions monde

Chief Market Strategist, HSBC Private Bank

Tous les chocs ne sont pas identiques

Avis d’expert La catastrophe japonaise se traduit par de fortes perturbations des chaînes de production, notamment dans la filière électronique. Il est possible d’assister à une distribution des cartes dans ce secteur, avec la réduction de la dépendance à l’offre japonaise. Dans le secteur des blank wafers, où le Japon domine 60% de l’offre mondiale, les concurrents devraient ainsi voir leurs parts de marché grandir fortement. La destruction de la capacité de raffinage devrait bénéficier à la Corée, à la Malaisie ou à Taïwan. Le secteur de la construction, jusqu’ici très délaissé, sera le grand gagnant de l’effort de reconstruction. Enfin, la crise nucléaire risque de modifier profondément les choix de diversification énergétique. Les portefeuilles devront refléter cette situation, car les énergies fossiles pourraient sortir gagnantes à court terme, mais à moyen terme, l’accent sur les alternatives serait plus fort, alors que le récent envol du nucléaire devrait être fortement freiné..

«Les familles heureuses se ressemblent toutes; les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon», écrivait Tolstoï dans les premières pages d’Anna Karenine. Il en va de même des malheurs qu’apportent les crises et les chocs, mais ils ont généralement des effets différents sur les économies. L’époque actuelle n’a pas été avare en difficultés. Alors que nous sortons à peine de la plus grave crise financière mondiale depuis des décennies, nous faisons déjà face à une succession de chocs non anticipés en ce début 2011, notamment les révoltes au MoyenOrient et le désastre au Japon. Pour tout investisseur, il est toujours primordial de tenter d’évaluer la nature de tout choc, notamment ceux pouvant constituer des dangers systémiques. C’est-à-dire ceux offrant la possibilité de paralysie du système économique, qui conduit souvent à la contraction de l’activité. Si la crise financière de 2008 était non seulement systémique, mais

@ sebastian.paris.horvitz@hsbcpb.com

aussi globale, les chocs subis depuis le début de l’année sont de nature bien différente. Les surprenantes révoltes et changements politiques en Afrique du Nord et au Moyen-Orient sont des événements locaux, mais ayant la possibilité de devenir systémiques par le risque qu’ils font peser sur l’approvisionnement de pétrole. En effet, un prix du pétrole qui retrouverait le niveau de la mi-2008, soit près de 150 dollars le baril, serait susceptible de ralentir la croissance, mais aussi de déclencher une récession dans de nombreux pays. Ce risque ne peut être négligé. De ce fait, réduire un peu la voilure sur l’exposition aux actifs risqués est justifié, en s’écartant quelque peu des régions et secteurs les plus vulnérables à la hausse des coûts énergétiques. Mais il serait erroné d’adopter une stratégie de préservation du capital à outrance, en délaissant les actions, alors que la croissance apporte encore des opportunités.

Les marchés face au choc

Source Bloomberg

Ne pas céder à la panique Un désastre naturel doit être évalué par rapport aux pertes potentielles de ressources productives. Au Japon, on estime que la région touchée par le tremblement de terre et le tsunami dévastateur représente 4% de son PIB. De ce seul fait, nous pourrions en déduire que malgré le drame humain, les conséquences économiques ne devraient pas être considérables, une fois rétablie la normalisation de l’approvisionnement des ressources de base. Cependant, la catastrophe nucléaire rend ce rétablissement plus incertain, surtout si des risques de radiation viennent paralyser l’activité de manière plus durable. A ce jour (18 mars), la situation sur ce point est encore peu claire. Toutefois et même si l’on ne peut pas négliger une baisse marquée de la demande de la troisième économie mondiale, il reste peu probable que cet élément renverse la dynamique actuelle porteuse de la croissance mondiale. La stratégie à adopter consiste donc à identifier les gagnants et perdants à court terme, et surtout à moyen long terme, notamment les entreprises qui bénéficieront de l’offre perdue par le Japon et celles qui participeront à l’effort de reconstruction. Tous les chocs ne se ressemblent pas, et malgré notre lassitude face à une telle succession de crises, nous ne devons pas céder à la panique, car nous avons encore des nombreuses opportunités devant nous. BANQUE&FINANCE N°109 MAI/JUIN 2011

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Investir

Sur le web https://funds.lombardodier.com/

Stéphane MONIER

Obligations

L’univers 5B, une frontière à exploiter L’investisseur obligataire fait actuellement face à un difficile dilemme, à savoir comment maintenir une rentabilité positive dans un environnement caractérisé par des rendements bas, sans compromettre pour autant la qualité et le risque de crédit de son portefeuille. Les obligations gouvernementales offrant un maigre coussin de protection en cas de remontée des rendements, la tendance naturelle pour de nombreux investisseurs est de relâcher les critères de qualité et d’investir dans des obligations d’émetteurs high yield, dont la notation s’avère inférieure à BBB. Alors même que la segmentation traditionnelle entre les univers investment grade (BBB) et high yield (BB), qui repose uniquement sur la notation des grandes agences, présente des limites évidentes. Pour notre part, nous voyons une opportunité à se positionner non pas sur le high yield, mais sur l’univers d’émetteurs notés BBB et BB se situant à la frontière de l’investment grade et du high yield, ce que nous appelons le 5B, ou crossover selon la dénomination courante. La plupart de ces émetteurs sont connus sous l’appellation de rising stars, pour ceux dont la notation est en train de s’améliorer comme ITV, et de falling angels pour ceux dont la notation suit le chemin inverse, à l’image de Lafarge. Ces entreprises, en transition entre deux univers bien segmentés, sont souvent négligées par les gérants investment grade, qui préfèrent la sécurité de sociétés bien établies, et les gérants high yield, en quête de

rentabilité supplémentaire auprès d’émetteurs moins bien notés. Fondamentaux de crédit D’un point de vue historique, l’univers 5B offre pourtant des caractéristiques rendement/risque particulièrement intéressantes. Sa rentabilité annuelle sur la période allant de 2003 à 2010 a été supérieure à celle de l’univers investment grade, bien qu’inférieure à celle de l’univers high yield. Sa volatilité est en revanche nettement inférieure à celle du high yield, et marginalement supérieure à celle de l’investment grade. En conséquence, le ratio rendement/risque de l’univers 5B se compare très favorablement tant à l’investment grade qu’au high yield. A noter également que la perte maximale de cet univers, lors de la crise financière (-8%), a été largement réduite par rapport celle du high yield (-30%). Dans ces conditions, les anomalies causées par la segmentation arbitraire des univers

investment grade et high yield, sur la base du critère de la notation, méritent d’être exploitées. En plus d’un intérêt marqué pour l’univers 5B, nous privilégions à l’égard de ce type d’émetteurs une approche d’investissement alternative basée sur les fondamentaux, dont l’allocation ne dépend plus du niveau d’endettement d’une société, mais de ses fondamentaux de crédit. L’utilisation généralisée du principe de la capitalisation boursière dans la construction des indices obligataires d’émetteurs privés implique, en effet, des allocations très éloignées de la réalité économique. Elle tend à favoriser aussi bien les secteurs que les sociétés les plus endettés. A titre d’exemple, l’univers high yield est aujourd’hui constitué pour plus d’un tiers d’émetteurs financiers, suite à la crise financière et à la dégradation de la dette subordonnée de bon nombre d’établissements bancaires. S’appuyant sur une approche basée sur les fondamentaux, l’univers 5B

Responsable du Département obligataire et devises, Lombard Odier Investment Managers

Avis d’expert • Investir sur l’univers 5B: il offre un rapport rendement/risque supérieur tant au high yield qu’à l’investment grade. • Baser son allocation sur les fondamentaux des sociétés, et non sur le principe de capitalisation boursière qui concentre les expositions sur les secteurs et les émetteurs les plus endettés.

@ s.monier@lombardodier.com s’affirme donc comme une opportunité d’investissement pour augmenter la rentabilité d’un portefeuille obligataire, sans pour autant en compromettre fortement la qualité et le risque.

Caractéristiques historiques du 5B

Sur la période allant de 2003 à 2010, le ratio rendement/risque de l’univers «5B» se compare très favorablement tant à l’«investment grade» qu’au «high yield».

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Investir

Sur le web www.realtimeforex.com

DEVISES

Emman Xuereb

Franc suisse et yen très demandés

Trader Realtime Forex

Avis d’expert En Suisse, les dirigeants de la BNS ne semblent pas être en mesure de trouver des solutions pour limiter la hausse du franc, qui bat en permanence des records historiques. Nous anticipons une poursuite de la tendance actuelle et n’imaginons pas que la parité USD/CHF repasse la barre des 96,30, voire 97,50, dans le court terme, alors que l’EUR/CHF devrait rester en dessous de la zone 1,3115/1,3205.

@ t.glauser@realtimeforex.com

Le Japon s’est vu propulsé à la une des quotidiens économiques ces dernières semaines, alors que les événements au Moyen Orient et en Afrique du Nord étaient relégués au second plan. En effet, après un tremblement de terre et un Tsunami sans précédent, l’archipel est aujourd’hui exposé à des risques radioactifs importants. Ces risques, combinés avec les coûts de reconstruction encore difficiles à chiffrer, ont provoqué de larges mouvements de fonds sur les marchés financiers et les devises, alors que la reprise économique mondiale reste encore très incertaine. Dans ce contexte, les investisseurs n’ont donc pas attendu très longtemps avant de se retourner, comme à leur habitude, sur le franc suisse qui est plus que jamais la monnaie refuge par excellence, tandis que l’attitude des

Américains, consistant à constamment injecter des liquidités sans visiblement se soucier de la hausse des prix des matières premières, inquiète passablement les intervenants. De son côté, le yen a bénéficié du rapatriement de nombreux fonds investis à l’étranger par des investisseurs nippons, poussant notamment les emprunts d’états américains à régresser dès le lendemain du sinistre. Nombreux sont ceux qui ont également réduit leurs investissements sur des monnaies à haut rendement, telles que les dollars néo-zélandais et australien, en faveur du yen. La situation s’est quelque peu modifiée à la suite de la réunion de la Fed du mardi 15 mars, pendant laquelle le message sur la politique américaine de taux semblait évoluer vers une hausse anticipée par rapport aux

Le dollar face au franc suisse

prévisions des analystes, relançant les investissements sur l’euro et la livre sterling, au détriment du dollar. Les parités USD/CHF et USD/YEN sont néanmoins restées sous pression pendant ces mouvements, enregistrant même de nouveaux records. Renverser la tendance Les efforts entrepris par la Banque du Japon, qui est intervenue massivement à partir du 14 mars en injectant des liquidités très importantes dans les circuits financiers pour faciliter les financements nécessaires à la reconstruction et à calmer les marchés, alors que le pays traversait déjà une crise financière historique, n’ont pour l’instant pas permis d’entrevoir une baisse durable du yen. Le seul événement susceptible de renverser la tendance actuelle serait plusieurs interventions de la BOJ sur le marché des changes. Elle pourrait ainsi vendre massivement la devise nipponne. Cette mesure serait particulièrement efficace si la Fed et la BCE se joignaient à elle, ce qui pourrait bien être le cas compte tenu des circonstances. Il faut toutefois rappeler que sur le marché du Forex, le yen japonais a souvent été utilisé pour financer les «carry trade». Ces transactions ont été massivement débouclées pendant les semaines ayant suivi le séisme japonais, et ont rajouté de la demande à la monnaie nippone. Nous restons donc positifs sur le futur du yen et ne croyons pas à un retour du USD/YEN au-dessus de 85,15 et de l’EUR/JPY au dessus de 116,00. BANQUE&FINANCE N°109 MAI/JUIN 2011

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Investir REPÈRES DU MARCHÉ DE LA GESTION COLLECTIVE Palmarès sur 1 an des catégories de fonds avec au moins 5 fonds Mathieu Caquineau

Moyennes des catégories Morningstar

Analyste Morningstar France

Perf. en % Perf. en % Volatilié sur 1 an annualisée annualisée

Perf. en % annualisée

sur 3 ans

sur 5 ans

sur 3 ans

MEILLEURES PERFORMANCES DES CATEGORIES MORNINGSTAR - FONDS ACTIONS & MIXTES

Actions Thaïlande Actions Secteur Métaux Précieux Actions Royaume-Uni Petites Cap. Actions Suède Petites et Moyennes Cap. Actions Suisse Petites et Moyennes Cap.

29,91 25,63 24,50 18,40 17,63

2,96 -0,26 -2,59 3,67 0,32

29,35 33,16 27,90 31,61 21,79

4,96 6,35 -3,11 3,65 4,65

MOINS BONNES PERFORMANCES DES CATEGORIES MORNINGSTAR - FONDS ACTIONS & MIXTES

Sur le web www.morningstar.fr

Actions Secteur Santé Actions Secteur Biotechnologie Actions Afrique & Moyen Orient Actions Portugal Actions Grèce

-6,44 -7,09 -9,70 -12,39 -22,31

-2,75 -1,52 -16,68 -16,09 -27,24

16,32 20,72 26,35 27,76 35,61

-5,31 -5,85 -6,97 -7,86 -17,53

MEILLEURES PERFORMANCES DES CATEGORIES MORNINGSTAR - FONDS OBLIGATAIRES

Obligations GBP Haut Rendment Obligations ZAR/NAD Diversifiées Obligations AUD Convertibles Couvertes en Autres Devises Obligations International Couvertes en CHF

6,99 5,19 3,64 3,24 2,90

-0,60 9,63 5,61 0,14 3,12

21,46 21,15 13,67 13,43 5,25

-1,90 -2,12 3,86 -1,03 1,93

MOINS BONNES PERFORMANCES DES CATEGORIES MORNINGSTAR - FONDS OBLIGATAIRES

Obligations EUR Diversifiées Obligations HKD Obligations EUR Diversifiées Court Terme Obligations EUR Long Terme Obligations EUR Emprunts d'Etat

Ce fonds possède, à notre avis, un certain nombre de qualités qui en font un bon choix d’investissement. Tout d’abord, il bénéficie d’une équipe de gestion solidement expérimentée qui a été renforcée au fur et à mesure de la progression des actifs. Elle compte aujourd’hui six gérants actions sous la direction d’Isabel Levy. Actionnaire et membre fondateur de Metropole, Levy possède plus de 20 ans d’expérience dans l’industrie. Elle a organisé l’équipe d’une manière peu conventionnelle puisque les gérants ne sont pas répartis formellement par secteur ou par pays, mais contribuent à l’ensemble des dossiers. La prise de décision est en outre véritablement collégiale et la stabilité de l’équipe illustre s’il en faut que chaque membre adhère pleinement au fonctionnement et à la philosophie d’investissement du fonds. Cette dernière est clairement orientée vers la recherche de titres sous valorisés. Les gérants investissent dans les actions européennes de grandes et moyennes capitalisations sans référence aux indices. Afin de détecter les titres décotés, l’équipe

filtre l’ensemble de l’univers sur des critères simples de valorisation puis ceux jugés intéressants sous soumis à un examen minutieux de leur valeur intrinsèque, à l’aide de méthodes plutôt pragmatiques (comparaison de ratios, multiples de transaction). L’équipe retient souvent le scénario le moins optimiste et l’analyse est complétée par la recherche d’éléments à même de déclencher une revalorisation. L’équipe est très vigilante sur l’identification de ces catalyseurs afin d’éviter d’investir dans des valeurs décotées, mais amenées à le rester. Par exemple, ces six derniers mois, les gérants ont sorti du portefeuille des valeurs sous valorisées, mais dont les catalyseurs leur semblaient de moins en moins évidents, par exemple France Télécom ou Sanofi Aventis. L’équipe maintient en permanence un portefeuille de fortes convictions - autour de 25 positions – ce qui est beaucoup plus concentré que la plupart des fonds d’actions européennes que nous rencontrons. Cette approche très sélective conduit à des paris géographiques et sectoriels importants. A fin

septembre 2010, le portefeuille n’était par exemple pas exposé à l’énergie ou aux services publics. Le biais «value» de l’approche n’est également pas sans risque. Ainsi, en 2006 et 2007, l’équipe était restée à l’écart des valeurs cycliques et celles liées aux matières premières qui tiraient alors les marchés vers le haut, pénalisant la performance relative. Si le fonds n’est pas taillé pour briller dans toutes les configurations de marché, la discipline dont font

-6,32 -5,43 -5,09 -5,70 -7,04

10,59 10,09 9,95 11,10 9,46

-2,55 -1,92 -1,84 -2,20 -2,41

preuve les gérants sur les valorisations et la cohérence de l’approche se sont révélées largement payantes sur le long terme. De son lancement à fin octobre 2010, le fonds a surperformé 97% de ses concurrents. Pour les investisseurs prêts à en assumer les risques, nous continuons à penser que ce fonds est de grande qualité. L’équipe est expérimentée, l’approche est solide et des frais raisonnables ne viennent rien gâcher. Il reste noté “Supérieur”.

Metropole Sélection A vs catégorie Morningstar

Source © 2011 MORNINGSTAR, Inc. tous droits réservés

Metropole Sélection A - FR0007078811

-12,86 -13,68 -14,74 -14,78 -14,96

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Investir Les plus grandes catégories de fonds passées au crible du 1 er quartile

Le graphique ci-contre indique l'évolution des catégories de fonds sur cinq ans. Dans chaque numéro, Banque&Finance vous présente également une sélection de fonds. Découvrez les rares produits qui réussissent à se hisser dans le premier quartile sur toutes les périodes analysées. Nous publions au maximum les cinq premiers fonds sur un an.

Sur 146 fonds de la catégorie MORNINGSTAR "Actions Suisse Gdes Cap.", 6 fonds restent dans le 1er quartile sur 6 mois, 1 an et 3 ans. Actions Suisse Gdes Cap. Nom du fonds

SVM Value SL iFunds (CH) Eq Switzerland S&M Cap Swiss Equity Discovery Fund Schroder ISF Swiss Eq Opps A B & P Vision Q-Selection Switzerland

Promoteur

SIF Swiss Investment Funds SA Swiss Life Funds AG CACEIS Fastnet (Suisse) SA Schroder Investment Management Ltd. Crystal Fund Management AG

Code ISIN

Perf. en % sur 6 mois

Perf. en % sur 1 an

Perf. en % sur 3 ans annualisée

Volatilité annualisée sur 3 ans

Etoiles MORNINGSTAR

CH0013610248 CH0023989467 CH0035717070 LU0227177580 LI0022299676

18,73 18,79 22,47 15,49 9,83

26,72 21,25 19,07 15,32 15,32

3,41 3,21 -3,38 -3,18 -2,10

18,92 17,81 26,66 20,53 17,56



9,74

4,79

-2,33

17,13

Moyenne

   

Sur 52 fonds de la catégorie MORNINGSTAR "Actions Suisse Petites & Moy. Cap.", 5 fonds restent dans le 1er quartile sur 6 mois, 1 an et 3 ans. Actions Suisse Petites & Moy. Cap. Nom du fonds

SaraSelect AXA Swiss IF Eqs Switzer Sm & Mid Caps 2 UBS (CH) EF Small Caps Switzerland P LO Swiss Cap ex-SMI I D BB Entrepreneurial Switzerland A

Promoteur

Sarasin AXA UBS Lombard Odier Wegelin Fondsleitung AG

Code ISIN

Perf. en % sur 6 mois

Perf. en % sur 1 an

Perf. en % sur 3 ans annualisée

Volatilité annualisée sur 3 ans

Etoiles MORNINGSTAR

CH0001234068 CH0035534368 CH0004311335 CH0020299548 CH0023244368

22,66 23,45 24,64 16,53 20,76

36,64 34,85 30,50 29,52 26,31

-0,46 1,34 5,13 1,78 2,38

24,22 22,15 23,66 23,29 19,62



16,37

18,44

0,47

21,86

Moyenne

   

Sur 190 fonds de la catégorie MORNINGSTAR "Actions Europe Gdes Cap. Mixte", 8 fonds restent dans le 1er quartile sur 6 mois, 1 an et 3 ans. Actions Europe Gdes Cap. Mixte Nom du fonds

JPM Europe 130/30 A (acc)-EUR Threadneedle Pan Eurp Inst Net EUR Arnica European Opportunity Fund AXA WF Frm Europe Opportunities AC EUR Skandia European Opportunities B

Promoteur

JPMorgan Asset Mgt (Europe) S.à r.l. Threadneedle Investments Swiss Life Funds AG AXA Investment Managers Paris S.A. Skandia Fund Management (Ireland) Ltd

Code ISIN

Perf. en % sur 6 mois

Perf. en % sur 1 an

Perf. en % sur 3 ans annualisée

Volatilité annualisée sur 3 ans

LU0289089384 GB0030810682 CH0033137149 LU0125727601 IE0031387826

24,04 18,83 29,45 18,56 18,62

16,91 15,70 14,98 13,42 13,31

-5,65 -1,23 3,13 -7,28 -6,67

25,13 21,08 21,67 24,43 24,79

14,91

4,88

-7,78

24,15

Moyenne

Etoiles MORNINGSTAR     

Sur 164 fonds de la catégorie MORNINGSTAR "Actions Etats-Unis Gdes Cap. Mixte", 6 fonds restent dans le 1er quartile sur 6 mois, 1 an et 3 ans. Actions Etats-Unis Gdes Cap. Mixte Nom du fonds

CONNECT Equity USA GREEN I Nordea-1 North American Growth BP Clariden Leu (Lux) North America Eq B Clariden Leu (CH) US Quant Equity A LGT Multi Manager Eq North Amer USD B

Promoteur

Credit Suisse Anlagestiftung Nordea Investment Funds S.A. Clariden Leu AG Clariden Leu AG LGT Capital Management

Code ISIN

Perf. en % sur 6 mois

Perf. en % sur 1 an

Perf. en % sur 3 ans annualisée

Volatilité annualisée sur 3 ans

Etoiles MORNINGSTAR

CH0027988838 LU0095740188 LU0434328265 CH0020220155 LI0026536560

26,18 19,45 24,71 22,65 16,16

14,16 11,68 11,62 8,90 7,25

6,94 0,22 -3,10 -2,52 -0,41

25,24 27,36 24,27 22,87 21,62



17,15

4,02

-3,64

22,41

Moyenne

   

Sur 66 fonds de la catégorie MORNINGSTAR "Actions Asie-Pacifique hors Japon", 1 fonds restent dans le 1er quartile sur 6 mois, 1 an et 3 ans. Actions Asie-Pacifique hors Japon Nom du fonds

Aberdeen Global Asian Smaller Cos D2 AXA Rosenberg Pac Ex-Jap Sm Cp Alp A USD BNY Mellon Asian Equity A USD First State As Pac Sustainability A LGT Multi Manager Eq Asia ex-Jap USD B Moyenne

Promoteur

Aberdeen Asset Managers Ltd Lux AXA Rosenberg Management Ireland Ltd Scottish Equitable First State Investments (UK) Ltd LGT Capital Management

Code ISIN

Perf. en % sur 6 mois

Perf. en % sur 1 an

Perf. en % sur 3 ans annualisée

Volatilité annualisée sur 3 ans

Etoiles MORNINGSTAR

LU0231459958 IE0008367009 IE0003795394 GB00B0TY6S22 LI0026536305

-0,26 14,74 7,30 3,26 3,53

17,47 13,74 11,20 10,09 9,56

8,51 -7,74 -1,72 1,24 -2,76

22,85 32,28 26,02 21,66 23,02



6,41

4,96

-2,90

25,63

   

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Investir

Sur le web www.mvinvest.ch

www.finma.ch

Fonds de placement immobiliers

Immobilier indirect, une mode? Selon le dictionnaire de l’Académie française, le terme mode signifie «manière de voir, d’agir, fantaisie.» Il relève aussi du goût et du caprice. En Suisse, le secteur de l’immobilier indirect vit dans l’euphorie. Grâce à la forte demande des investisseurs, de nombreuses sociétés profitent d’un trend favorable pour lancer de nouveaux produits sur le marché, ou annoncer des augmentations de capital. Tant que les investisseurs (esclaves de la mode?) les accueillent à bras ouverts et les sursouscrivent, cette tendance se poursuivra. De plus, le secteur financier amplifie la demande existante par un marketing agressif en direction de la clientèle. Cette situation se révèle toutefois préoccupante. D’une part, l’apport accru d’argent frais (plus de deux milliards de francs prévus ce printemps) pousse les gérants à investir au plus vite. D’autre part, les transactions d’immeubles locatifs se clôturent depuis plusieurs mois sur des niveaux de rendement de plus en plus bas. Dès lors, comment les fonds immobiliers vont-ils investir les nouveaux capitaux, alors que le marché immobilier est actuellement asséché (en Suisse romande)? Les derniers produits commerciaux lancés sont-ils la réponse? En d’autres termes, l’immobilier commercial recèle-t-il un potentiel plus important, ou bien les managers investissent-ils davantage selon leur conscience? L’action de la FINMA est plutôt pragmatique et opportune dans ce domaine, notamment en luttant contre les exagérations du marché immobilier.

Désormais, elle contrôle les experts indépendants des fonds de placement et n’autorise plus toutes les demandes de création de produits. Son attitude ne plaît évidemment pas à tout le monde, mais celle-ci sera sûrement très appréciée en cas de perte de vitesse du marché. Les fonds immobiliers suisses connaissent actuellement une saine régulation et il serait très mal venu qu’un nouveau produit immobilier se trouve en difficulté. Au pire des cas, la FINMA pourrait ordonner une liquidation des portefeuilles concernés, afin de traiter tous les investisseurs de manière égale. Agios excessifs La question des agios demeure aussi omniprésente. Leur niveau moyen

Roland VÖGELE Cofondateur MV Invest AG, Conseiller en investissement du MV Immoxtra Schweiz Fonds

Avis d’expert

actuel s’élève à 30% et représente un nouveau record historique (graphique). Le potentiel fondamental des produits immobiliers correspond-il à cette prise de risque importante des investisseurs? Après un cycle de dix ans de baisse des taux et d’une période d’immigration forte, les portefeuilles immobiliers ont été parfaitement mis en valeurs, avec des taux de vacance au minimum. Le potentiel d’augmentation des futurs revenus est donc restreint, et les réserves locatives mentionnées par certains professionnels sont loin d’être définitives. Pourquoi l’engouement des investisseurs est-il aujourd’hui aussi élevé, alors qu’il aurait pu l’être il y a environ huit ans lorsque les portefeuilles immobiliers avaient un potentiel réel?

Nous recommandons d’investir prudemment dans l’immobilier indirect suisse. Une diversification régionale et sectorielle s’avère nécessaire pour optimiser les risques. Un investisseur doit rechercher un rendement stable avec des prises de risque moindres, plutôt qu’un gain à court terme sur un produit côté. Le professionnalisme des gérants de fonds immobiliers n’est pas à remettre en question. Malgré tout, l’investisseur doit être plus vigilant et remettre toujours en question sa stratégie. En fait, nous souhaitons qu’un investissement dans l’immobilier indirect suisse ne devienne pas un phénomène de mode!

Taux, agio et rendement sur une période de dix ans

@ rv@mvinvest.ch

Source: MV Invest AG

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Investir

Sur le web www.cpci.ch www.lyxor.com www.hedgefundresearch.com/

Grégory FALK

Hedge funds

Point de mire sur la prime de liquidité Depuis la crise de la tulipe au XVIIe siècle jusqu’aux subprimes de 2007, nous avons assisté à une succession de crises allant en s’accélérant. Outre des pertes extrêmes, celle que nous vivons actuellement a placé la liquidité comme une problématique centrale pour tous les actifs cotés, et plus particulièrement au sein de l’industrie alternative. Comme il est impossible de prévoir ces crises, une allocation alternative diversifiée composée de hedge funds peu liquides intervenant sur des niches ou des stratégies événementielles (MBS, Distressed Credit, Special Situations), associés à des gestionnaires très liquides pour des stratégies plus courantes (CTAs, Long/ Short Equity, Global Macro), semble être la plus pertinente. Stratégiquement, un hedge fund peut choisir d’investir dans des actifs illiquides tels que des instruments de crédit ou des titres distressed, afin de générer une performance plus élevée. Il tente ainsi de capter la «prime de liquidité», c’est-à-dire l’excès de rendement censé compenser ce risque spécifique. La valorisation et la cession de ces actifs posent alors problème, en cas de survenance d’une crise sur les marchés financiers. Pour ce type de hedge funds, l’investisseur doit se demander si les termes de liquidité restreints sont justifiés (la stratégie déployée par le gérant impose-t-elle une période de lock-up et par la suite une liquidité trimestrielle?), et comment l’immobilisation de son capital sera compensée. S’il choisit de capter cette prime et de supporter

les périodes de baisse des marchés, l’investisseur devra alors procéder à un «due diligence» très strict, afin de comprendre en détail les risques des fonds qu’il détient. Car, comme cela s’est produit en 2008 avec l’instauration de gates, de nombreux hedge funds ont transféré ce risque de liquidité sur leurs investisseurs. Transparence et réactivité Au contraire, l’investisseur, dont l’aversion au risque est plus forte ou dont l’horizon d’investissement est variable, doit limiter son exposition à cette prime de liquidité. Pour cela, il doit privilégier des fonds alternatifs liquides, transparents et à faible levier, tels que ceux présents sur les plateformes de managed account. Ce sont des fonds qui répliquent la stratégie du programme original du hedge fund, en respectant le niveau de risque imposé par un mandat de gestion. Cette procédure stricte permet un contrôle étendu des risques, car les managed accounts ne dupliquent pas les positions illiquides, trop fortement

concentrées ou leveragées en dehors des limites du mandat. Ce cahier des charges imposé au gestionnaire peut entraîner une différence entre la performance du managed account et celle du hedge fund; c’est la tracking error. Celle-ci peut être en faveur du managed account ou au contraire le pénaliser. Dans ce dernier cas, la tracking error représente la prime de liquidité, qui est le prix à payer pour récupérer son capital en une semaine. Mais les avantages ne se limitent pas uniquement à la gestion du risque et à la protection des investisseurs, car les managed accounts sont également un outil de gestion transparent qui autorise une grande réactivité, en permettant de modifier une allocation de manière hebdomadaire et de s’adapter à des conditions de marché changeantes. La liquidité joue donc un rôle essentiel dans la sélection des hedge funds. Elle doit être prise en compte dans l’analyse des rendements et le ratio rendement/risque doit être étudié à la lumière de celle-ci.

Directeur adjoint, Compagnie privée de Conseils et d’Investissements SA

Avis d’expert La tracking error mesure la différence de performance entre un fonds et son benchmark. Dans le cas des managed account, elle est légèrement défavorable: c’est la prime de liquidité. Elle peut cependant favoriser ces derniers en période de stress, en ne répliquant pas le levier élevé du fonds benchmark, ou en n’investissant pas dans une position trop concentrée.

@ Gregory.falk@cpci.ch

Le ratio liquidité/performance depuis 5 ans

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Investir

Sur le web www.realvaluemanagement.ch www.scoach.ch/FR/Showpage.aspx?pageID=8 http://www.sspa-association.ch/home/index.aspx?lang=en&

Produits structurés

Gestion active = valeur ajoutée Les produits structurés ont une réputation mitigée, voire mauvaise, auprès de nombreux investisseurs. Ils sont souvent perçus comme étant opaques, peu liquides, complexes, voire simplement incompréhensibles. Certes, leur univers se révèle très hétérogène et comprend autant de produits relativement simples, transparents et liquides, que l’inverse. Aussi, une analyse et une compréhension détaillée de chacun d’eux s’avèrent essentielles pour éviter divers écueils. La grande majorité des investisseurs en produits structurés adoptent l’approche de gestion passive buy & hold, alors qu’elle comporte des risques potentiels importants. Ces produits étant majoritairement émis par des institutions financières, toute modification de la cote de crédit de l’émetteur et de sa perception du risque (voire son défaut) peut fortement détériorer la performance de l’investissement, tant sur le marché secondaire qu’à maturité du produit. Un autre risque important des structurés est lié aux actifs sousjacents, qui leur sont associés. Par exemple, un produit barrier reverse convertible ayant une exposition sur trois actions aura une valeur de remboursement directement ou indirectement lié à ces titres. Dès lors, si le cours de l’une de ces actions chute durant la vie du produit, sa valeur peut être fortement diminuée, tant sur le marché secondaire qu’à maturité. Une gestion active des produits structurés s’avère donc essentielle pour identifier les risques sous-

jacents et en minimiser leurs effets potentiellement néfastes. Cette approche de gestion permet, en fait, de maximiser les chances d’atteindre les objectifs de l’investisseur. De plus, une diversification adéquate de ce type de produits permet de réduire la volatilité de l’ensemble des investissements, de même que celle d’un éventuel rendement négatif sur un investissement spécifique. Une étude précise de l’agence Bloomberg (janvier 2011) démontre clairement que le rendement moyen des barrier reverse convertibles était négatif (-1%) en 2010. Ces produits étaient majoritairement détenus par des investisseurs adeptes de l’approche buy & hold. En revanche, une analyse détaillée des investissements et une gestion active des risques encourus ont permis à certains fonds d’investissement, suivant cette pratique, d’enregistrer

des performances largement positives, soit de +6% à près de +10%, sur une période équivalente. La gestion active des produits structurés est depuis lors prisée par un nombre croissant d’investisseurs institutionnels, et autres. Leur but? Obtenir des rendements positifs relativement stables, avec une volatilité moindre que celle offerte par un investissement dans un ou plusieurs produits structurés. Enfin, une nouvelle ère associée aux produits structurés est née. Il s’agit d’une ère de gestion active offrant une diversification cohérente et adéquate, qui favorise une optimisation du couple rendement/risque. Ces bénéfices sont recherchés par un large éventail d’investisseurs, surtout dans une période où les rendements appréciables sont particulièrement difficiles à obtenir.

Dr. Marc-André PEPIN CEO & Partner, Real Value Management SA

Avis d’expert Le marché des actions aura une volatilité croissante en 2011, mais l’année sera négative. Des incertitudes importantes pèsent sur les marchés à cause des agitations en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, sans parler de la catastrophe au Japon. Dans ce contexte, une gestion active de BRC semble particulièrement judicieuse.

@ mp@rv-m.ch

Barrier Reverse Convertibles

Une gestion active consiste à éviter les éventuelles pertes de capital suite à une conversion du produit.

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Investir Cfinancials.com un accès simple et gratuit à tous les produits financiers. Un accès à 98% des produits financiers, soit 9,5 millions d’instruments financier.

Fonds avec la meilleure performance depuis le début de l’année.

Sur 902 Fonds 04.04.2011 (Source ThomsonReuters Lipper). Critère: Domicilier CH, Focus CH en CHF Perf YTD %

Fund Name

Price Date

8,04 UBS (CH) Property Fd-Direct Residential

Fund Type

4 avr. 2011 Fund

AssetType Real Estate

ISIN CH0026465366

7,45 Credit Suisse Real Estate Fund Siat

4 avr. 2011 Fund

Real Estate

CH0012913700

6,41 UBS (CH) Property Fd-Swiss Mixed 'Sima'

4 avr. 2011 Fund

Real Estate

CH0014420878

5,83 UBS (CH) Property Fd-Leman Residential 'Foncipars'

4 avr. 2011 Fund

Real Estate

CH0014420852

5,67 Reichmuth Pilatus

4 avr. 2011 Fund

Equity

CH0013728990

Fonds avec la meilleure performance depuis le début de l’année.

Sur 1706 Fonds 04.04.2011 (Source ThomsonReuters Lipper). Critère: Domicilier CH en CHF Perf YTD % 10,7 10,65 10,35 9,17 8,77

Fund Name UBS AST Aktien Euroland Swisscanto (CH) IF - Eq Europe Value AST Region Wegelin Equity Active Indexing World Value ZKB Silver ETF A (CHF) Julius Baer Physical Silver-CHF A

Price Date 4 avr. 2011 4 avr. 2011 4 avr. 2011 4 avr. 2011 4 avr. 2011

Fund Type Fund Fund Fund of Funds ETF ETF

AssetType Equity Equity Equity Other Other

ISIN CH0002875331 CH0046652290 CH0017007094 CH0029792717 CH0106405894

AssetType Other Other Other Other Other

ISIN CH0106406199 CH0106405894 CH0029792717 CH0106407239 CH0106407320

AssetType Equity Equity Other Real Estate Real Estate

ISIN CH0033224889 CH0019182366 CH0029792717 CH0026465366 CH0014420829

AssetType Equity Equity Equity Equity Real Estate

ISIN CH0019182366 CH0019597530 CH0014725250 CH0022736166 CH0045159842

Fonds avec la meilleure performance sur 1 an.

Sur 1459 Fonds 4.04.2011 (Source ThomsonReuters Lipper). Critère: Domicilier CH en CHF Perf YTD % 101,88 101,82 77,27 76,68 76,68

Fund Name Julius Baer Physical Silver-CHF AX Julius Baer Physical Silver-CHF A ZKB Silver ETF A (CHF) Julius Baer Physical Palladium-CHF A Julius Baer Physical Palladium-CHF AX

Price Date 4 avr. 2011 4 avr. 2011 4 avr. 2011 4 avr. 2011 4 avr. 2011

Fund Type ETF ETF ETF ETF ETF

Fonds avec la meilleure performance sur 3 ans.

Sur 1131 Fonds 4.04.2011 (Source ThomsonReuters Lipper). Critère: Domicilier CH en CHF Perf YTD % 76,59 50,39 50,21 48,99 39,82

Fund Name BAM Equity Trading Fund (CHF) Quantex Strategic Precious Metal (CHF) ZKB Silver ETF A (CHF) UBS (CH) Property Fd-Direct Residential UBS (CH) Property Fd-Swiss Residential 'Anfos'

Price Date 4 avr. 2011 4 avr. 2011 4 avr. 2011 4 avr. 2011 4 avr. 2011

Fund Type Fund Fund ETF Fund Fund

Fonds avec la meilleure performance sur 5 ans.

Sur 836 Fonds 4.04.2011 (Source ThomsonReuters Lipper). Critère: Domicilier CH en CHF Perf YTD % 98,09 56,42 48,69 48,57 47,42

Fund Name Quantex Strategic Precious Metal (CHF) AMG Substanzwerte Schweiz A IAM - Gold & Metals A ZKB Ressourcen Vision Fonds A Credit Suisse Real Estate Fund PropertyPlus

Price Date 4 avr. 2011 4 avr. 2011 4 avr. 2011 4 avr. 2011 4 avr. 2011

Fund Type Fund Fund Fund Fund Fund

BANQUE&FINANCE N°108 MARS/AVRIL 2011

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Michael Heijmeijer

Investir

CEO

@ management@cfinancials.com

La société est privée et indépendante des émetteurs de produits. Les analyses de produits financiers sont objectives et basées sur un traitement informatique des données. Sur le web www.cfinancials.com

Funds Shares Hedge Funds Fund of Funds ETF Bonds Structured Products

544.000 570.000 8.000 23.000 14.000 1.100.000 415.000

Pipeline Products New Products Warrants Options Futures Money Markets Indices

1.000 20.000 520.000 2.200.000 132.000 412.000 221.000

Initial Public Offering Private Equity Private Placements Financial Reporting Product Issuer News

1.000 5.000 400.000 135.000 20.000

Les 30 derniers Fonds lancés en Suisse depuis le début de l’année (jusqu’au 21.03.2011) Launch Date 31 janv. 2011 31 janv. 2011 31 janv. 2011 31 janv. 2011 31 janv. 2011 31 janv. 2011 31 janv. 2011 31 janv. 2011 1 févr. 2011 16 févr. 2011 18 févr. 2011 18 févr. 2011 18 févr. 2011 18 févr. 2011 18 févr. 2011 18 févr. 2011 18 févr. 2011 18 févr. 2011 22 févr. 2011 23 févr. 2011 28 févr. 2011 28 févr. 2011 1 mars 2011 1 mars 2011 1 mars 2011 1 mars 2011 16 mars 2011 21 mars 2011 21 mars 2011

Fund Name ZKB-CIF Asia Real Estate Index E ZKB-CIF Asia Real Estate Index N ZKB-CIF Canada Index E ZKB-CIF Canada Index N ZKB-CIF EUR Govt. Bond Index E ZKB-CIF EUR Govt. Bond Index N ZKB-CIF Europe ex CH Real Estate Index E ZKB-CIF Europe ex CH Real Estate Index N African Energy Resources Fund Falcon Gold Equity Fund H (EUR) Falcon Gold Equity Fund Asia I Swiss Hedge Trading Fund A Swiss Hedge Trading Fund A-(EUR) Swiss Hedge Trading Fund D Swiss Hedge Trading Fund D-(EUR) Syz AM Liquidity Mgmt - EUR A2 Syz AM Liquidity Mgmt - EUR B2 Syz AM Liquidity Mgmt - EUR C2 CSIF Bond Aggregate EUR Index F ZKB Fonds CH Small & Mid Caps ASSL - Swiss Life Immobilienfonds Schweiz ASSL - Swiss Life Immobilienfonds Schweiz PM BAP - BVG-Mix 15 Plus Tranche R BAP - BVG-Mix 25 Plus Tranche R BAP - BVG-Mix 40 Plus Tranche R Julius Baer Inst World Bond Fund (CHF hedged) B2 Edmond de Rothschild Real Estate - Swiss A-CHF BCV DIAPASON Commodity Systematic Alpha (EUR) A BCV DIAPASON Commodity Systematic Alpha (EUR) I

Fund Type Fund Fund Fund Fund Fund Fund Fund Fund Fund Fund Fund Fund Fund Fund Fund Fund Fund Fund Fund Fund Fund of Funds Fund of Funds Fund of Funds Fund Fund Fund Fund Fund Fund

Asset Type Equity Equity Equity Equity Bond Bond Equity Equity Mixed Assets Equity Equity Other Other Other Other Money Market Money Market Money Market Bond Equity Equity Equity Mixed Assets Mixed Assets Mixed Assets Bond Real Estate Other Other

ISIN CH0117052685 CH0117052669 CH0117044864 CH0117044872 CH0117045168 CH0117045150 CH0117052594 CH0117052586 CH0111840010 CH0124247377 CH0124247401 CH0116465623 CH0116465649 CH0116465631 CH0116465656 CH0123544345 CH0123544352 CH0123544360 CH0124774958 CH0116687838 CH0124683795 CH0124685659 CH0124249597 CH0124249662 CH0124249738 CH0125176831 CH0124238004 CH0113586041 CH0113586090

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Investir

Sur le web www.symbioticsgroup.com

www.syminvest.com www.cgap.org

MICROFINANCE

Résilience et rendements attractifs Banque & Finance: Créée par idéalisme, la microfinance est rapidement devenue un secteur d’investissement à part entière. Que pensez-vous de cette évolution bien éloignée de l’aide financière à une paysanne de Bolivie? Roland Dominicé: Plus les investissements se développent dans ce secteur, plus les microentrepreneurs peuvent bénéficier de microcrédits, comme cette paysanne bolivienne mentionnée. Par conséquent, l’évolution de la microfinance demeure positive. Il faut cependant veiller à une juste allocation des ressources financières à disposition, en réglementant strictement cette activité, et poursuivre sa démocratisation accompagnant la distribution du capital aux défavorisés désireux de se mettre à leur compte, afin de créer de la valeur qui leur assurera une meilleure qualité de vie. B&F: Est-il exact que de nombreux IMF sont devenus insolvables en raison d’une masse trop importante de crédits douteux et que la microfinance cause du surendettement, s’étant orientée vers le crédit à la consommation? RD: Sur les 150 IMF que nous finançons, seulement deux d’entre elles ont connu des défauts de paiement en 2009-2010, et l’une est partie en faillite. Cela démontre que la microfinance n’est pas à l’abri des

crises financières et économiques, mais que sa résilience s’avère meilleure que celle du secteur bancaire traditionnel. Quant au surendettement de particuliers qu’elle peut engendrer, cette dérive relève d’un manque de réglementation de cette activité dans certains pays, comme au Nicaragua, en Bosnie, en Inde, etc. B&F: Quel est le montant des actifs sous gestion de Symbiotics Group, la pondération de son portefeuille et la moyenne des rendements des fonds dans lesquels il investit? RD: Symbiotics gère plus de 500 millions de dollars, répartis en une quinzaine de fonds d’investissement essentiellement européens et suisses, qui investissent à hauteur de 40% dans des IMF d’Amérique Latine, 40% d’Europe de l’Est, 10% d’Asie et 10% d’Afrique. Depuis environ deux ans, nous avons créé des bureaux à Singapour et en Afrique du Sud pour augmenter nos expositions dans ces deux zones. Quant au rendement moyen des fonds, il s’élève à 5% en dollars, mais certains d’entre eux atteignent 6%. B&F: Pourquoi Symbiotics Group a-t-elle choisi d’être active dans les CDO, alors qu’ils rappellent les subprimes de sinistre mémoire? RD: Symbiotics réalise ses financements uniquement sous la forme de dettes à moyen ou

Roland Dominicé CEO de Symbiotics Group

@ roland.dominice@symbioticsgroup.com

long terme. Il fonctionne donc comme un investisseur stratégique auprès des fonds d’investissement d’une part, et des IMF d’autre part. Certes, le groupe a recouru précédemment à des structures en CDO, qui s’adaptaient assez bien à la microfinance, mais il a cessé de les utiliser à cause de leur mauvaise image auprès des investisseurs. En outre, les primes de rendement attendues étaient devenues trop élevées pour le secteur de la microfinance. Symbiotics est donc revenue aux prêts en direct et, en plus, a lancé deux premières émissions obligataires pour les microbanques, en décembre dernier. B&F: Quels placements en microfinance recommandezvous aux investisseurs institutionnels?

RD: Le fonds Finethic Microfinance de droit luxembourgeois spécialement adapté aux caisses de pension, que gère Symbiotics. Il répond parfaitement à leurs attentes en matière de liquidité et de risque, et enregistre un rendement annuel de 5 à 6%. Egalement gérant du fonds REGMIFA, le groupe le considère comme opportun pour les institutionnels. Doté de 200 millions de dollars émanant d’un consortium de douze banques de développement et d’une dizaine de gouvernements européens, il alloue des prêts en monnaie locale à de petites IMF d’Afrique subsaharienne. Pour limiter les risques sur les taux de change, Symbiotics, qui vient de réaliser une première transaction au Mozambique, s’appuie sur le fonds de couverture de change TCX. Propos recueillis par Didier Planche

La microfinance dans le monde en 6 chiffres

1 50 milliards de dollars.....................Total des actifs 2 250 milliards de dollars.............Potentiel des actifs

3 150 millions....................................Total des clients 4 2 milliards..................................Potentiel de clients

5 125...Nombre de fonds d’investissement spécialisés 6 2000 .................................................Nombre d’IMF

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Investir

Michel REYMONDIN Expert en œuvres d’art

michelreymondin@bluewin.ch @

Le 25 janvier 2007, Sotheby’s New York vendait Young Woman with a Black Cap (c. 1632 de Rembrandt), pour 6,152 millions d’euros. Le 7 février, elle cédait à Londres White Canoë (1990 de Peter Doig) pour 7,741 millions d’euros. Le marché de l’art venait de basculer dans le virtuel, parallèlement à l’entrée en force des nouvelles technologies. L’incompréhensible prenait place. Cette ambivalence a l’avantage de soulever une question pertinente: jusqu’où l’esbroufe va-t-elle nous entraîner? Manifestement, les critères d’appréciation d’une œuvre d’art ont radicalement changé depuis

ART

Passeport pour les affaires? dix ans. Le pic de l’évolution économique des sociétés occidentales est parvenu à maturité aux confins des années 1980. Dès lors, pour montrer, prouver ou étaler sa réussite, rien de tel que de projeter en avant son meilleur symbole, l’art, à l’instar d’un César récompensant l’acteur le plus méritant. Cette question d’image est le signe avant-coureur d’une décadence programmée. Il a déclenché une frénésie de constructions muséales camouflant la paupérisation grandissante de nos connaissances culturelles. Ces nouveaux temples du savoir se sont bâtis à coups de concours architecturaux multimillionnaires, comme pour mieux justifier des dépenses somptuaires destinées à la création d’une vitrine tapageuse. Au rythme soutenu

L’édition en bronze du Penseur de Rodin dans sa version monumentale est un travail exceptionnel du fondeur Valsuani. Tirée à vingt-cinq exemplaires, elle se présente comme l’unique possibilité d’acquérir cette œuvre de légende symbolisant à la fois le passé, le présent et l’avenir de l’Homme.

de trente-cinq institutions érigées annuellement au cours des vingt dernières années, le phénomène a atteint sa limite anorexigène! Culture artificielle Chaque ville, région ou pays émergent veut dorénavant afficher son triomphalisme économique. Tous choisissent le nom de Musée, un emblème dorénavant galvaudé et sacrifié à la gloire d’un succès éphémère. Puis arrive rapidement la question récurrente sur la matière servant à combler les cimaises. Les dix-huit plus grandes institutions du monde, qui renferment des collections constituées généralement sur plus de deux siècles, contiennent à elles seules la majorité du patrimoine mondial, toutes civilisations confondues. Peu importe, les conservateurs, associations, généreux mécènes et opportunistes de tout genre vont se tourner vers l’art contemporain. Dès le début des années 90, s’accélèrent à coup de millions de dollars les emplettes des jeunes créateurs pour garnir le panier culturel artificiel. Et comme tout bonheur économique se partage, les sociétés d’enchères vont peu à peu se substituer aux galeries traditionnelles. Elles s’arrangent les uns et les autres pour introduire ici ou là quelques inconnus, pourvu qu’ils soient accompagnés d’un discours savant et d’un bon soutien financier. A tel point que l’on s’interroge de savoir comment de parfaits inconnus parviennent, en quelques mois, à atteindre des prix hallucinants

capables de rivaliser avec les ténors du patrimoine mondial. Un mystère qu’il conviendrait d’éclaircir! Et voici que l’on a commencé à nous arroser d’art chinois, coréen, indien, arabe, tous dépourvus de bases historiques, mais dont le critère principal est d’appartenir à une région émergente, histoire de bien montrer sa puissance et de justifier ainsi les dépenses pharaoniques pour tous ces beaux musées antinomiques à leurs réelles destinées... Le résultat a engendré l’apparition de nouvelles sociétés d’enchères asiatiques, réalisant à elles seules plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires annuel. Elles se positionnent juste derrière les deux leaders et très loin devant Drouot. Nous relèverons un petit couac avec Damien Hirst, en sérieuse régression, qui doit créer de nouveaux crânes sertis de pierres précieuses et diamants pour justifier le prix de revient de l’objet. Ce détail compte peu pour sa cote chancelante, puisqu’il ne fait plus partie des pays émergents. Un détail insignifiant en regard des nouveaux venus issus des pays émergents, où l’on voit tant à Dubaï qu’aux Emirats Arabes Unis et au Qatar, onze nouveaux musées sortis du sable totalisant quatre milliards de dollars de «frais architecturaux», disposés à accueillir autant de nouveaux artistes «muséables», mais difficilement prononçables. Sauf qu’avec le prix de 100 000 dollars par objet vendu aux enchères, nous devons nous empresser de retenir ces noms pour ne pas paraître totalement largués... BANQUE&FINANCE N°109 MAI/JUIN 2011

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Investir

Sur le web www.wwf.fr

www.lcl.com www.turquoisefinances.com

Le cocktail du gérant

Ethique et rentabilité Sous le terme de fonds éthiques, deux types de placement se distinguent aujourd’hui. D’une part, les investissements socialement responsables (ISR) qui sélectionnent les entreprises selon des critères financiers, mais aussi moraux liés à l’environnement, le social et la gouvernance. D’autre part, les fonds solidaires dont la gestion, plus classique, est axée sur la performance, mais qui reversent une partie des commissions à des projets humanitaires ou pour la protection de l’environnement. L’idée d’investissement éthique est apparue après la Première Guerre mondiale, mais il connaîtra un véritable essor à partir des années 2000. A aucun moment, le respect des questions extra financières ne s’est

substitué à la réalité économique et à l’intérêt financier. Au contraire, ils se complètent harmonieusement pour garantir les droits de l’Homme et le développement durable. Actuellement, il apparaît clairement qu’associer l’objectif social à la performance financière n’empêche pas de réaliser des performances à long terme, comparables à celles des fonds traditionnels. Traversée ces deux dernières années, la tempête économique, émaillée de scandales financiers, a entraîné une crise de confiance qui a renforcé l’attachement à des valeurs plus humaines. S’y est ajoutée une forte prise de conscience des enjeux climatiques et sociaux majeurs. Les investisseurs institutionnels ou particuliers ont ainsi tout naturellement diversifié

Evolution des encours ISR sur le marché français

Malgré la crise boursière de 2008, la collecte des fonds ISR a bondi de 70%.

leur portefeuille dans des fonds socialement ou écologiquement utiles. Le viager, un acte solidaire Les fonds éthiques se multiplient, à l’instar d’Hymnos, créé par le Crédit Lyonnais Asset Management pour répondre à la demande de congrégations religieuses (performance de 6,95% à la fin 2010). Les entreprises ne respectant pas les droits de l’Homme et celles dont plus de 5% du chiffre d’affaires proviennent d’activités non conformes à la morale (armes, tabac, jeux) sont exclues de la sélection. Autre exemple, le Living Planet Fund, lancé en 2003 par le WWF International, qui rassemble des grandes entreprises et des plus petites, dont les produits et services offrent des avantages environnementaux avérés et une grande efficience en termes d’exploitation des ressources (plusvalue de 9% au 31.12.2010). Au mois de décembre dernier (charité bien ordonnée commence par soi-même), Turquoise Finances SA a lancé le premier fonds immobilier en viager européen. La Sicav-Sif Fonds Viager Life SA, agréée par la Commission de surveillance du secteur financier au Luxembourg, est destinée aux investisseurs institutionnels et présente l’intérêt d’être décorrélée des marchés et d’avoir une dette égale à 0. Le viager consiste à vendre un bien immobilier en transformant tout, ou une partie du prix de vente, en rente mensuelle en faveur du vendeur, qui continue à vivre sur place. Destiné aux personnes âgées, ce mode d’acquisition constitue un acte solidaire puisqu’il

Michel Jacques PETIT Directeur général de Turquoise Finances SA

Avis d’expert Notre portefeuille type se compose de 5 à 10% de fonds immobiliers suisses et européens, de 10% de fonds ISR tels que Hymnos ou Living Planet Fund, de 60% d’un panier d’obligations européennes AAA ou suivant la stratégie de diversification du fonds W&P Optimum Portfolio Fund (12,7% en 2010). De plus, il comprend 10 à 20% d’actions suisses et européennes à trois mois pour leur profitabilité, et 10 à 20% de fonds comme la Sicav-Sif Daytona Fund qui est intéressante pour sa diversification sur les marchés baissiers et sa couverture des marchés haussiers. Sa performance annualisée est de plus de 11% sur les quatre dernières années.

@ mjpetit@turquoisefinances.com accroît significativement la qualité et le niveau de vie des retraités, qui complètent leur pension retraite en restant chez eux. L’augmentation du pouvoir d’achat des aînés nourrit l’économie et diminue les inégalités. La Sicav-Sif Fonds Viager Life SA représente donc un outil financier doté de valeurs éthiques, car il vise à renforcer la cohésion sociale en limitant l’appauvrissement et l’isolement des aînés.

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Stratégies

CEO d’Infidar depuis 2008, Markus Gonseth est bien placé pour analyser les dernières tendances en matière de gestion de fortune.

MARKUS GONSETH CEO D’INFIDAR LTD

Pour une clientèle déclarée

I

ndépendante avec Julius Baer comme actionnaire majoritaire, la société zurichoise se présente comme un tiers gérant particulièrement innovateur, fortement positionné sur le segment haut de gamme, avec un dossier moyen par client de l’ordre de quatre millions de francs. Initialement fiduciaire, puis société de gestion de fortune assez traditionnelle

à partir des années 1980, Infidar est devenue, sous l’impulsion de Markus Gonseth, le prototype d’une formule qui pourrait bien se répandre ces prochaines années. Car les gérants indépendants ont de plus en plus de peine à faire face à un environnement encore plus dur depuis l’annonce du 13 mars 2009, soit celle de l’abandon de la distinction entre fraude et

évasion fiscale. Certains gérants s’accrochent à un modèle d’affaires dépassé et conservent la nostalgie de temps meilleurs. L’âge d’or de la place financière de Genève, Markus Gonseth s’en souvient bien pour y avoir commencé sa carrière en 1975, alors au service de la Banque Paribas. En 1980, il quittait la banque de la place de Hollande

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Stratégies Le commentaire

mohammad farrokh Chroniqueur

La crainte des mauvaises surprises

Sur le web www.infidar.ch

pour ouvrir les bureaux genevois de la Deutsche Bank (Suisse) SA. Puis en 1986, il faisait le saut de l’indépendance pour lancer sa propre société de gestion de fortune à l’enseigne d’Argès SA. L’année suivante, il participait activement aux débuts de l’Association suisse des gérants de fortune (ASG). Une vingtaine d’années plus tard, l’affaiblissement du secret bancaire ne signifie pas pour autant la fin de la confidentialité «qui reste un argument essentiel pour des tiers gérants tels que Infidar», comme l’explique Markus Gonseth. Un argument dont la société vient même de tirer parti, en lançant en 2010 un nouveau produit, les «club deals». Il permet de répondre aux besoins des clients existants en leur évitant de se positionner sur certains marchés, où il est difficile de ne pas attirer l’attention. C’est le cas notamment de l’immobilier où certaines transactions s’effectuent sans publicité, sur la base de mises en contact. «Cela correspond à une nécessité dans le marché», commente Markus Gonseth. La quadrature du cercle L’innovation est aussi de mise en matière de gestion de fortune proprement dite. Markus Gonseth a amené avec lui le processus d’investissement structuré qu’il avait déjà appliqué avec succès, dans le cadre de Julius

Baer. Même si Infidar reste une structure maniable avec ses trentedeux employés, son CEO n’en a pas moins l’expérience des fonctions de direction dans des structures d’une certaine importance. Après avoir vendu en 1996 Argès SA, sa société genevoise de gestion de fortune, il est venu à Zurich appelé par l’American International Group (AIG) pour prendre la tête du private banking de sa filiale suisse Ueberseebank, devenue depuis lors AIG Private Bank. Pour la multinationale américaine, il avait la responsabilité du private banking au niveau mondial. Passé au service de Julius Baer à partir de 2000, il y était responsable des «solutions de gestion de patrimoine», également à l’échelle internationale. Une expérience et des compétences mises au service de la société de la Nüschelerstrasse qui a, sous son impulsion, élaboré un concept destiné à un segment de clientèle ne se satisfaisant plus de la gestion «normale». Bien sûr, Infidar reste très active sur cette formule éprouvée, qui propose au client une gestion discrétionnaire conforme à la stratégie de la société. A cet égard, Markus Gonseth est formel: «Julius Baer est un actionnaire important, mais n’intervient pas dans le choix des produits et des banques dépositaires.» Une gestion qui peut être plus innovante pour les clients le désirant. Pour ceux-ci, un conseil

d’investissement a été créé avec trois membres, qui sont des personnalités reconnues, à savoir Klaus Wellershof, ancien chef économiste d’UBS devenu indépendant, le professeur Bert de Groot, des Pays-Bas, ainsi que lord Latimer Coutts. «Ils sont chargés d’élaborer une stratégie d’investissement à trois ans», explique le CEO d’Infidar, qui précise que ces spécialistes dégagent les trois ou quatre thèmes d’investissement utilisés par la société dans sa stratégie. Une deuxième phase du processus fait intervenir le comité de stratégie, qui définit le benchmark pour le client en fonction de ses objectifs et de la structure de son dossier. En troisième lieu, le comité de tactique a pour rôle d’apporter une valeur ajoutée au niveau de la sélection des titres. Cette dernière peut typiquement être déléguée à un gérant externe, spécialisé sur un marché, à charge pour Infidar d’assurer la consolidation de la gestion et de surveiller la mise en oeuvre de la stratégie préalablement définie. «Le processus d’investissement structuré facilite la séparation des différentes tâches», commente Markus Gonseth, qui plaide décidément pour une architecture ouverte dans un cadre offrant à la fois sécurité et confidentialité. Un peu la quadrature du cercle, mais, en matière de gestion, il paraît que la chose est possible... Mohammad Farrokh

Pour nombre de gérants indépendants, notamment à Genève, il est trop tard pour suivre la voie tracée par Infidar, ou même simplement pour vendre leur société à une banque, avant de se mettre au vert. Les prix ont fortement diminué, en admettant même de trouver preneur. Pour ceux qui n’ont pas su voir venir et ont manqué le tournant, le temps est parfois à l’angoisse et, dans certains cas, il devient même risqué de s’aventurer à l’étranger. Même respectueux des lois suisses, le gérant peut désormais craindre d’être accusé d’assistance à évasion fiscale et se retrouver sur la sellette, aux Etats-Unis mais aussi en Europe, et notamment en Allemagne où les personnes concernées sont, paraît-il, soumises à forte pression. La Suisse est belle, mais tout de même un peu petite... Si l’opportunité de la mise en vente est désormais problématique, c’est que les «mauvaises surprises» sont difficiles à éviter pour les banques, lors de l’acquisition de sociétés dont le modèle d’affaires est toujours, pour la plupart, celui qui était en vigueur dans les années 1980 et 1990. Un modèle qui privilégiait une clientèle non déclarée, plutôt facile à vivre dans la mesure où, par principe, elle avait tendance à très peu se manifester laissant donc une liberté d’action presque totale aux gérants indépendants. Reste la stratégie de l’argent blanc qui est celle adoptée par Infidar. Mais elle n’est pas accessible à tous, seulement aux gérants positionnés sur le haut de gamme. A ce niveau, on ne parle pas d’évasion, mais d’optimisation fiscale. Une nuance certes, mais elle est de taille. MF

@ m.farrokh@banque-finance.ch BANQUE&FINANCE N°109 MAI/JUIN 2011

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Stratégies

CARLOS ESTEVE

SERGE LEDERMANN

ASSOCIÉ ET DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT EN CHARGE DU DÉPARTEMENT ASSET MANAGEMENT

FONDATEUR ET DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA BANQUE HERITAGE

Un esprit de family office

Après avoir appliqué une stratégie de développement, qui lui a permis de doubler en deux ans ses actifs sous gestion, la Banque Heritage à Genève vise le cap des dix milliards de francs.

L

orsque Carlos Esteve parle de l’établissement qu’il dirige et qu’il a fondé sous la forme d’un family office en 1986, doté d’une licence bancaire dès 2003, il n’est pas difficile de percevoir une certaine satisfaction, vu le chemin parcouru. Une satisfaction mêlée à cette sérénité propre aux personnes ayant confiance dans l’avenir. La

Banque Heritage est, en effet, à bout touchant d’un plan de développement prévu sur deux ans, qui aura rempli toutes ses promesses. «Ce programme d’expansion a eu comme objectif d’atteindre la taille critique nécessaire. En conséquence, nous avons ouvert de nouvelles plateformes à Londres, Singapour et Montevideo, sans oublier notre nouveau bureau à Zurich, autant

d’implantations nouvelles qui nous ont permis de doubler le montant des avoirs sous gestion à six milliards de francs. Dans la mesure où cette croissance s’est faite de manière organique, il est évident que de telles opérations ont leur coût. Mais le résultat est là», précise Carlos Esteve. Résultat aujourd’hui remis en question. «Depuis la crise financière,

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Stratégies Le commentaire

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la donne a évolué, poursuit-il. Les marges ont baissé et les frais sont en forte croissance, notamment en raison des exigences légales toujours plus contraignantes. C’est pour cette raison que les établissements de notre taille sont obligés de trouver des solutions pour augmenter la masse sous gestion à un minimum de dix milliards de francs, et de parallèlement optimiser leur structure de coûts. En d’autres termes, la dynamique de marché a changé et notre stratégie doit s’adapter. Cela dit, les opérations de fusion et acquisition se font aujourd’hui dans un contexte nettement plus favorable. Quand nous avons lancé notre programme de développement, il y a deux ans, les cibles potentielles de rachat se payaient entre 4 et 5% de la valeur des actifs. De nos jours, cette proportion a baissé entre 1 et 2%. Nous devrions ainsi voir le secteur bancaire en Suisse poursuivre sa concentration.» Une approche conservatrice Comme le laisse clairement entendre Carlos Esteve, la Banque Heritage devrait ainsi adopter un nouveau visage dans les mois à venir. Pas question, toutefois, d’abandonner la philosophie à la base de l’établissement, celle d’un family office créé, dans un premier temps, pour gérer les affaires de la famille Esteve d’origine catalane, par ailleurs propriétaire de la holding Ecom, à Lausanne, active depuis plus de 150 ans dans les «soft commoditites», notamment le café. «Nous ne sommes pas des chasseurs d’étoiles, commente le CEO. C’est pourquoi nous privilégions la qualité du service, qui repose sur une architecture totalement ouverte et une approche conservatrice des marchés. Nous avons vingt-cinq professionnels entièrement dédiés à l’investissement et aux marchés, un nombre

plutôt important pour un petit institut comme le nôtre. La récente venue de Serge Ledermann, un professionnel aguerri, ancien associé chez Lombard Odier Darier Hentsch & cie, qui nous a rejoints en qualité d’associé et de directeur général adjoint en charge du département Asset Management, donc de l’investissement, est d’ailleurs venue coiffer ces efforts.» Des intérêts alignés sur ceux de la clientèle Cette vision des marchés et de la clientèle n’a d’ailleurs pas empêché le Groupe Heritage, fort aujourd’hui de 240 collaborateurs, de faire œuvre de pionnier en s’intéressant très tôt à des classes d’actifs comme le private equity ou les fonds alternatifs. Avec trois divisions, la clientèle privée, l’investissement et la banque d’affaires, cette dernière étant constituée d’une cinquantaine de professionnels répartis entre Londres, Sao Paolo et Istanbul, l’établissement dispose d’activités très complémentaires avec, comme cible privilégiée, une clientèle d’entrepreneurs trouvant notamment auprès de la banque une expertise de longue date sur les marchés émergents. «C’est vrai que nous ne sommes pas très présents en Europe, mais il s’agit d’un choix délibéré. En dehors de la Suisse, nous avons ciblé les marchés de croissance. Il est certes plus difficile d’y faire sa place, mais je pense qu’il est indispensable d’aller là où la fortune se crée», estime Carlos Esteve. Et pour bien marquer son propre engagement, la Banque Heritage aligne ses intérêts sur ceux de ses clients. «Il n’y a pas un seul produit que nous leur présentons où nous ne sommes pas nous-mêmes investis, explique-t-il. Nous assumons les mêmes risques!» Des risques qui doivent dorénavant inclure l’érosion du secret bancaire

helvétique, sans toutefois émouvoir le fondateur de l’établissement. «Nous devons bien reconnaître qu’en matière bancaire, la Suisse est fortement chahutée, et que les autorités politiques appliquent une stratégie qui rend le développement des affaires plus difficile. On ne peut toutefois passer sous silence les efforts réalisés par la place financière du pays. Un seul exemple: il ne se passe pas une semaine sans que les banques suisses ne reçoivent des courriers de juges à la recherche de fonds non déclarés. A Londres, Singapour ou Montevideo, nous n’avons qu’une fraction infime de telles demandes. Cela me porte à dire qu’il s’agit d’une guerre économique, où l’on exige de nous, banquiers, des ajustements sans contrepartie. Soyons sérieux, personne ici ne veut d’argent sale dans ses coffres. Cela dit, je suis confiant. La Suisse reste extrêmement compétitive en matière de gestion de fortune, non seulement pour la qualité du service, mais également pour ses capacités à investir à l’international. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard, si toutes les banques étrangères sont présentes sur le sol national, des établissements qui s’accommodent très bien du secret bancaire tel qu’il existe aujourd’hui. Ce n’est pas un hasard non plus, si des montants importants d’argent déclaré de clients européens continuent de trouver le chemin de la Suisse en provenance en particulier du Royaume-Uni, une place bancaire pourtant réputée.» La Banque Heritage a donc bien l’intention d’assurer son développement à la fois en Suisse et à l’étranger avec, en ligne de mire, une offre ciblée à l’intention de clients privés et de nouvelles classes d’actifs à prospecter notamment dans l’agrobusiness, un segment où la famille Esteve dispose de toute l’expérience voulue. Mais avant, l’établissement aura peut-être déjà changé de costume. Christophe Roulet

Christophe Roulet chroniqueur

Un nom prédestiné En février dernier, la Banque Heritage annonçait la nomination conjointe de Bernard Stalder et de Jorge Esteve à son conseil d’administration, le premier au poste de président. Bernard Stalder, également président de la Banque cantonale du Valais, est une personnalité bien connue des milieux bancaires pour avoir occupé de hautes fonctions auprès d’UBS, de Citibank, puis au sein du groupe Clariden. Quant à Jorge Esteve, qui a conduit sa carrière auprès de HSBC Mexico, par ailleurs administrateur du Groupe agroalimentaire familial Ecom, il est le cousin germain de Carlos Esteve, CEO et fondateur de la banque, et de Marcos Esteve, actuel CFO/ COO de l’établissement. Ces deux nominations montrent amplement quelles sont les valeurs cultivées par la banque, à savoir une fidélité indéfectible à la famille au service d’une expertise financière à renforcer pour relever «les défis qui n’ont jamais été aussi nombreux pour les banques de notre pays», selon les termes de Carlos Esteve. Jusqu’ici, la Banque Heritage y a fait face avec succès. Elle se dote aujourd’hui des moyens pour poursuivre dans cette voie. CR

@ c.roulet@banque-finance.ch

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Droit & Fiscalité

© Vincent Moreau - Fotolia

Me Marc VASLIN Avocat fiscaliste aux Barreaux de Paris et Genève (liste des avocats UE) Vaslin & Associés, Etude associée à Scotto & Associés, Avocats Paris

@ mvaslin@vaslin-associes.com

N’oublions pas les réjouissances fiscales! L’entrée en vigueur de l’échange de renseignements bancaires a occulté d’autres changements importants dans les relations bilatérales, en 2011.

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ans l’actualité de la convention fiscale francosuisse, la plus discutée est sans conteste celle concernant l’échange de renseignements bancaires depuis le 1er janvier 2010, en raison de l’entrée en vigueur, le 12 octobre 2010, de l’avenant du 29 août 2009. Les relations bilatérales ont toutefois connu trois autres modifications qui, bien que peu médiatisées, n’en sont pas moins significatives. Actionnaires réjouissez-vous! Depuis le 1er janvier 2011, l’entrée en vigueur de l’avenant permet aux personnes physiques résidentes en France, qui

reçoivent des dividendes de source suisse, de bénéficier de l’abattement de 40% ou du prélèvement forfaitaire libératoire. Il s’agit d’un progrès significatif puisque jusqu’à présent, un dividende versé par une société suisse était pleinement imposable en France au barème progressif, soit jusqu’à 52,2%, alors qu’un dividende versé par une société de l’UE était imposé à un taux maximum de 31,2%. Ceci devrait améliorer la rentabilité nette des portefeuilles d’actions suisses… Les actionnaires helvétiques noteront qu’ils peuvent désormais bénéficier immédiatement du taux réduit de la

retenue à la source (RAS), au titre de leurs dividendes de source française. Auparavant, la RAS de droit interne français de 25% était automatiquement prélevée (sauf entre sociétés mère et fille), à charge pour l’actionnaire d’en demander la restitution. En application de la procédure conventionnelle «simplifiée», il suffit désormais pour les actionnaires suisses d’adresser à l’établissement payeur français, au plus tard lors de la mise en paiement du dividende, le formulaire 5000 signé par l’AFC, afin de bénéficier immédiatement du taux réduit (15% pour les personnes physiques). On regret-

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Droit & Fiscalité

tera, cependant, que cette procédure simplifiée ne soit pas applicable du côté suisse, et que les actionnaires français doivent toujours demander le dégrèvement des 20/35e de l’impôt anticipé. Notons encore l’assouplissement des conditions à remplir pour bénéficier de l’exonération de RAS au titre des dividendes versés entre sociétés mère et fille. Retraites pénalisées... Les modifications apportées par l’avenant et par la loi de finances françaises, pour 2011, ne sont hélas pas heureuses en matière de pensions de retraite. Jusqu’au 31 décembre 2010, une personne qui, après avoir travaillé en Suisse, décidait de prendre sa retraite en France et optait pour la liquidation de son deuxième pilier sous la forme d’un versement en capital, échappait totalement à l’impôt tant en Suisse qu’en France. En effet, l’article 20 de la convention prévoit que les retraites privées ne sont imposables que dans l’Etat de résidence du bénéficiaire. De son côté, la France n’imposait pas les retraites versées sous forme de capital, faute d’une disposition législative en ce sens. Cette aubaine est désormais terminée. Voulant mettre fin à cette double exonération à son profit, la Suisse avait accepté la signature de l’avenant et l’échange de renseignements bancaires, à condition qu’elle puisse imposer les retraites privées en capital aussi longtemps que la France ne les imposerait pas. C’était là faire bien peu de cas de l’opportunisme et de l’instabilité fiscale chronique française, qui plus est, en période de disette budgétaire. A l’occasion de la loi de finances pour 2011, le gouvernement français a en conséquence instauré à compter du 1er janvier 2011 (à la va-vite de toute évidence, tant le texte est peu clair), un mécanisme d’imposition au barème progressif des prestations de retraite versées sous forme de capital (avec l’application d’un

la réforme de la fiscalité du patrimoine prépare bien des surprises.

mécanisme de quotient, afin de tenir compte du caractère exceptionnel de ce revenu). Malgré ce système de quotient, les retraités percevant, l’année de liquidation de leur retraite, des revenus imposables supérieurs à environ 170 000 euros (couple marié sans enfant à charge) seront désormais imposables à un peu plus de 40% sur le capital retraite. Les jeunes retraités, qui souhaitent liquider leurs droits à retraites suisses sous forme d’un versement en capital, auront dorénavant intérêt à demeurer résidents de Suisse, ou à s’y installer. En l’état actuel des fiscalités respectives, l’imposition serait en effet alors limitée à environ 9% en Suisse (à Genève) contre plus de 40% en France! … mais propriétaires avantagés Notons encore que les résidents suisses propriétaires d’un bien en France peuvent également se réjouir, en raison d’une baisse significative de l’imposition des plus-values immobilières. Rappelons que le Code général des Impôts français prévoit que les plus-values immobilières (qu’il s’agisse de la cession d’un immeuble ou de parts de sociétés à prépondérance immobilière), réalisées par des personnes physiques non résidentes, sont imposées au taux de 19%, lorsque le cédant est résident d’un Etat membre de l’UE (ou, sous certaines conditions, d’un Etat membre de l’EEE), et au taux de 33,33% dans le cas contraire. Ces dispositions ne sont cependant applicables que sous réserve des dispositions conventionnelles liant la

France à l’Etat de résidence du cédant. Le paragraphe 4 de l’article 15 de la convention bilatérale (non modifié par l’avenant de 2009) prévoit que le prélèvement frappant les plus-values immobilières doit être «calculé dans les mêmes conditions que le bénéficiaire soit résident de l’un ou l’autre Etat contractant». Jusqu’à présent, l’administration française refusait pourtant de taxer les plus-values réalisées par les résidents suisses au taux de 19%. Cette position vient d’être condamnée par le juge dans une décision du 20 mai 2010 , aux termes de laquelle l’imposition des plus-values immobilières des résidents suisses ne peut excéder 19%. En pratique, la réduction du taux d’imposition à 19% ne peut être obtenue pour le moment, qu’au moyen d’une demande de dégrèvement. En effet, l’administration entend faire de la résistance. Aussi, notaires et représentants fiscaux continuent de prélever l’impôt au taux de 33,33%, lors de la mutation. La demande de dégrèvement devra être déposée avant le 31 décembre de la deuxième année suivant celle de la vente. Pour le passé, les cédants pourront encore demander la restitution du trop payé (soit un peu plus de 40% de l’imposition subie) au titre de cessions réalisées en 2009 et 2010, l’année 2008 étant malheureusement prescrite depuis le 31 décembre 2010. Le taux d’imposition des plus-values immobilières de 19% pourrait toutefois prochainement augmenter dans le cadre de la réforme prochaine de la fiscalité du patrimoine, qui prépare bien des surprises. Fiscalistes, réjouissons-nous!

Conséquences lourdes En matière d’échange de renseignements bancaires, il sera intéressant de constater avec quelle diligence l’administration des contributions traitera de telles demandes. L’enjeu pourrait être de taille pour les relations bilatérales. En effet, si la Suisse ne jouait pas le jeu pour l’application de ce dispositif, la France ne serait pas démunie et pourrait exercer une forte pression sur notre pays, notamment en le classant sur sa liste des Etats ou territoires non coopératifs prévue à l’article 238-0 A du CGI (liste mise à jour annuellement). Les conséquences seraient particulièrement lourdes pour les contribuables, puisque nonobstant la convention bilatérale, nombre de transactions seraient alors assujetties à une RAS de 50% en France (dividendes ou intérêts payés sur un compte bancaire ouvert en Suisse, plus-values immobilières ou mobilières réalisées par des résidents suisses). Nul n’en sortirait gagnant assurément.

Sur le web www.scotto-associes.com

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Normes & Régulation

Dérivés OTC, révolution ou évolution? Dr Nicole Beiner Consultante en gestion des risques, Beiner SA

@ nicole.beiner@nbriskcontrol.ch

Le marché des dérivés OTC génère différents types de risques, qui doivent être gérés et contrôlés. Les autorités de surveillance ont décidé de s’en mêler.

venants du marché financier, c’est-àdire au-delà du marché des dérivés OTC.

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Recommandations du G-20

ébutée en août 2007, la crise financière a une fois de plus placé le marché des dérivés OTC sous les projecteurs des autorités de surveillance. Bien que reconnu comme n’étant pas à l’origine de la crise, le marché des dérivés OTC, et en particulier son fonctionnement, a été dénoncé comme étant l’un des principaux contributeurs à la rapide propagation de la crise, au-delà du marché américain des crédits «subprime». Selon le dernier rapport triennal de la Banque des Règlements internationaux, le montant notionnel des contrats dérivés OTC en cours, à fin juin 2010, s’élevait à 582 655 milliards de dollars, soit 89% du montant notionnel de tous les contrats actifs. Outre son importance économique, le marché des dérivés OTC se caractérise par une concentration très élevée de ses intervenants, et en particulier «sell-side», qui sont fortement connectés par un réseau privé de transactions autoréglementées et non surveillées. Le manque de transparence sur ce réseau de connexions est d’ailleurs régulièrement relevé par les autorités de surveillance, comme étant l’un des facteurs majeurs à l’ori-

gine de leurs difficultés à évaluer le risque systémique en temps de crise, et qui les a obligées à faire appel aux liquidités de banques centrales ou aux fonds publics pour sauver une institution. En effet, bien que le marché des dérivés OTC soit indéniablement reconnu comme étant indispensable à une allocation optimale des risques entre les acteurs économiques, il est également l’une des sources de la problématique «too-connected-tofail». Une gestion inappropriée des risques par une institution active sur ce marché peut ainsi l’empêcher d’honorer, ponctuellement ou définitivement, ses engagements contractuels. Privées des liquidités qu’elles s’attendaient à recevoir pour financer leurs activités, les contreparties de l’institution défaillante vont, à leur tour, être confrontées à des difficultés financières pouvant les amener à faire défaut sur leurs propres obligations contractuelles. Sans l’intervention des pouvoirs publics, la défaillance isolée d’une institution peut, par conséquent, très rapidement se transformer en une crise avérée de liquidité et être à l’origine d’une véritable épidémie de problèmes financiers au sein des inter-

La sévérité de la dernière crise financière a amené les dirigeants des pays du G-20, réunis à Pittsburgh en septembre 2009, à s’accorder sur des propositions visant à réglementer le marché des dérivés OTC, d’ici la fin 2012. Ces recommandations concernent l’utilisation d’une plateforme électronique organisée pour le négoce des contrats suffisamment standardisés, la compensation des contrats suffisamment standardisés par une contrepartie centrale, le reporting des transactions conclues OTC à un dépositaire central de données, et l’exigence de fonds propres supplémentaires pour le risque de contrepartie sur les contrats n’étant pas compensés par une contrepartie centrale. Excepté l’exigence de fonds propres supplémentaires, ces propositions ont été positivement saluées par les principales associations professionnelles, telles que l’ISDA et SIFMA, puisqu’elles ont pour principal objectif d’uniformiser les processus opérationnels du marché OTC des dérivés et non les contrats eux-mêmes. Ces recommandations s’inscrivent ainsi comme un prolongement naturel d’un nombre important d’initiatives

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Normes & Régulation

Sur le web www.isda.org

Didier Planche

www.bis.org www.nbriskcontrol.ch

Rédacteur en chef conduites par l’ISDA et l’industrie, depuis plusieurs années, qui visent à minimiser les risques auxquels les intervenants sont exposés en traitant sur le marché des dérivés OTC. Gestion des risques La flexibilité sur les clauses des contrats est la principale valeur ajoutée du marché des dérivés OTC. Elle permet de répondre aux besoins spécifiques d’investissement et de couverture des intervenants «buy-side», comme les fonds de placement, les hedge funds, les fonds de pension, les compagnies d’assurance, les gouvernements et les entreprises commerciales. Par leur nature, ces contrats «faits sur mesure» ne disposent pas toujours des critères leur permettant d’être négociés sur une plateforme organisée, ou de faire l’objet d’une compensation par une contrepartie centrale. Ils obligent même les intervenants à procéder à de nombreuses interventions manuelles à plusieurs étapes de leur traitement. Outre la gestion des risques légaux et de contrepartie, les intervenants doivent ainsi également gérer un nombre important de risques opérationnels engendrés par le manque d’automatisation du processus de traitement des dérivés OTC. Pour minimiser la survenance de risques légaux, les intervenants utilisent la documentation juridique publiée par l’ISDA. Cette documentation modulaire est constituée d’une convention-cadre, nommée «Master Agreement», et de modèles de confirmation «courts» et «longs» adaptés à chaque classe d’actif sous-jacent. Les intervenants, qui gèrent leur risque de contrepartie par des échanges de collatéral, utilisent l’un des «Credit

Support Annex», compris dans cette documentation. Des guides sont également publiés par l’ISDA pour aider les intervenants à utiliser cette abondante documentation. En fonction de l’activité et de l’infrastructure des intervenants, le risque de contrepartie est géré via un ensemble de mesures complémentaires, comme la sélection appropriée des contreparties, l’attribution de limites d’exposition, la novation des contrats à une contrepartie centrale ou l’exigence de garanties par une partie tierce. Les intervenants peuvent également s’accorder sur des dépôts de collatéral pour couvrir les pertes, en cas de défaut de leur contrepartie. Néanmoins, l’inconvénient de ce dernier type de mesure est qu’il expose les intervenants à des risques opérationnels, légaux et de liquidité, qui devront être activement gérés. Le manque d’automatisation du processus de traitement des dérivés OTC génère de nombreux risques opérationnels qui, s’ils surviennent,

augmenteront l’exposition des intervenants aux risques légaux, de marché, de liquidité et de contrepartie. Par exemple, un retard dans la confirmation d’une transaction, dû à un traitement manuel, peut invalider le caractère exécutoire du contrat et empêcher les parties de considérer la transaction dans le calcul de l’exposition nette comme prévu dans leurs conditions-cadres, modifiant ainsi l’exposition réelle des parties aux autres types de risque. Conscients de ces risques, l’industrie et l’ISDA ont défini un ensemble de mesures visant à automatiser le processus de traitement des dérivés OTC, comme l’introduction d’un langage commun (FpML) pour décrire les contrats ou le développement de systèmes électroniques de confirmation. L’ISDA publie également, et régulièrement, des études visant à décrire les «best practices» en matière de gestion des risques opérationnels pour tous les processus relatifs aux contrats dérivés OTC. Il est donc vivement recommandé de s’y référer.

Marché des dérivés OTC (en milliards de dollars)

Estimer le risque Bien que le montant notionnel en cours soit utilisé pour estimer la taille du marché des dérivés, cet indicateur surestime les besoins réels des utilisateurs finaux. En effet, il est calculé en sommant le montant notionnel de chaque contrat en cours, y compris celui issu des contrats conclus entre les intervenants «sellside» pour retourner les positions prises avec leurs clients. Notons que ces intervenants procèdent de plus en plus régulièrement à une compression de leurs portefeuilles, réduisant ainsi le montant notionnel en cours. La valeur brute de marché est définie comme la somme, en valeur absolue, des valeurs de remplacement positives ou négatives des contrats en cours évaluées au prix du marché. Le terme «brut» signifie que les valeurs de remplacement des positions des intervenants ne sont pas compensées selon les conventions négociées avec leurs contreparties. Bien qu’encore imparfait, cet indicateur est un meilleur estimateur du niveau de risque du marché des dérivés OTC.

Source: BIS

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Diriger

Jean-Philippe Bonardi Professeur d’économie et de stratégie à HEC Lausanne et directeur de l’Institut de recherche en management.

Le management, moteur de croissance Le système macroéconomique international laisserait la part belle aux marchés financiers. Comment rendre la parole et la prise de décision aux managers?

L

@ d.thenot@banque-finance.ch PAR Dorothée Thénot Journaliste

e comportement des managers serait-il dominé par le «short-termisme», ou par le «court-termisme»? L’importance excessive que les dirigeants d’entreprise accordent à leurs bénéfices immédiats, afin de satisfaire leurs actionnaires, aurait un effet presque sclérosant sur les modes de management. C’est l’analyse de JeanPhilippe Bonardi, professeur d’économie et de stratégie à la faculté HEC de Lausanne, et directeur de l’Institut de recherche en management. Les décisions de croissance sont liées à leur impact sur les marchés financiers, au détriment de la réflexion sur la stratégie. «L’impression générale prévalant est que les managers prennent leurs décisions en fonction des attentes des actionnaires, expliquet-il, plutôt que de se préoccuper de la capacité de l’entreprise à innover à long terme. C’est une réalité liée à l’environnement macroéconomique des années 1990.» Au-delà des questions de stratégie, l’ensemble de l’entreprise est touché: «Cela influence la gestion des ressources humaines,

et notamment l’octroi de contrats à court terme plutôt qu’un engagement de l’entreprise à plus long terme. Dans un environnement inflationniste, il est nécessaire pour les managers de conserver des soupapes de sécurité pour pouvoir baisser les coûts si nécessaire.» Pour Jean-Philippe Bonardi, cet environnement est marqué par une forte instabilité et un manque de visibilité, dus à l’alternance de périodes de forte croissance et de corrections. «C’est aussi pour le même type de raisons que les managers préfèrent les opérations de croissance externe (acquisitions, fusions, etc.), qui ont un impact direct sur le cours de bourse et peuvent se faire par l’endettement (le mécanisme clé dans une économie inflationniste), plutôt que les opérations de développement et d’innovation développées en interne (qui sont plus longues et ont moins d’impact à court terme).» La crise financière de 2008? Une phase de correction au cours de laquelle rien n’a changé: le rôle du manager est resté le même car les grandes tendances structurelles sont restées en

place, dans le secteur bancaire comme dans les autres. «Il y a une responsabilité du monde académique qui n’a pas réfléchi à un système alternatif. De nouveaux modes de management émergeront quand l’environnement économique sera modifié.» Pieds et poings liés, les managers face à la financiarisation de l’économie? «Le management devrait être le moteur de la croissance, insiste-t-il. Nous sommes dans un système où les mécanismes de croissance dépendent des décisions prises par les banques centrales d’injecter des liquidités. Il faut rendre le pouvoir et la parole aux managers.» Un tableau qui ne semble pas décourager les managers en place ou en devenir, car c’est aussi un système créateur d’inégalités… et d’inégale réussite. Les vocations ne manquent pas. «Dans certains secteurs à forte inflation, l’Internet il y a 20 ans ou les greentechs aujourd’hui, il y a de fortes opportunités de profit individuel. Il faut être malin et identifier les bons secteurs.» Et (ré-)inventer un management qui laisse la place à l’innovation.

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Prévoir

Sur le web www.lusenti-partners.ch

www.vorsorgeforum.ch www.pps-epas.ch

Mieux optimiser la performance Au cours de ces dernières années, les résultats des placements des institutions de prévoyance suisses n’ont guère été enthousiasmants. Quelles mesures prendre pour optimiser la performance?

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Graziano LUSENTI Dr. ès sciences politiques, Expert diplômé en assurances de pension, conseiller en investissement, Lusenti Partners LLC

@ g.lusenti@lusenti-partners.ch

a performance annuelle moyenne, mesurée à l’aune de portefeuilles diversifiés, a varié sur dix ans entre 1,9 (indice Pictet LPP 40) et 2,5% (indice Pictet LPP 25). Sur cinq ans, les résultats ont été encore moins bons (entre 1,3 et 0,6% environ), alors que sur vingt ans, ils ont été en revanche sensiblement meilleurs avec près de 5,4%. Quant au risque mesuré par la volatilité, il atteignait près de 5,8% sur dix ans, et 6,2% sur cinq ans. A relever également que durant la dernière période de dix ans, exceptionnelle puisqu’elle a connu deux crises boursières et financières majeures, la prise de risque n’a nullement été récompensée, les placements les plus volatiles (actions étrangères) ayant dégagé le ratio performance/volatilité le moins favorable. Autant d’observations plutôt décourageantes. Pourtant, ce n’est pas tant la performance historique que celle, future et attendue, qui figure au centre des interrogations des responsables de caisses. Dès lors, comment l’évaluer, puis la réaliser? Pour l’estimation, des traitements statistiques complexes sont la norme, afin d’extrapoler des valeurs plausibles à partir des séries de données des classes d’actifs. Les simulations réalisées dans le cadre de la détermination des actifs, en fonction des passifs (études ALM), conduisent à escompter pour la

prochaine décennie une performance moyenne de l’ordre de 4,5% environ, avec une volatilité de près de 6,4%. C’est loin d’être négligeable, mais le rendement de la fortune ne pourra guère compenser les déséquilibres actuariels dans les caisses de pension. Quatre questions pertinentes Les responsables d’institutions peuvent toutefois prendre des mesures adéquates pour optimiser les performances en se posant des questions qui concernent quatre domaines prioritaires d’intervention : a) Quels sont les Mégatrends qui façonnent nos sociétés et nos économies? Répondre à cette question permet de mettre des accents forts dans l’allocation et d’envisager leur impact sur la performance future. Cinq d’entre eux paraissent importants, à savoir l’innovation technologique, le vieillissement de la population mondiale, la raréfaction des ressources naturelles et le défi écologique, l’endettement colossal des Etats de la zone OCDE et, enfin, l’affirmation des économies émergentes dans la nouvelle donne mondiale. b) Notre Allocation stratégique estelle appropriée, assez diversifiée par classes et sous-classes d’actifs? Couvre-t-elle de manière satisfaisante l’ensemble du spectre des possibilités

attrayantes, tout en réduisant l’importance des classes les plus problématiques, en termes de risque? c) La caisse met-elle en œuvre, directement ou par ses mandataires, des mesures relevant de la gestion tactique: rebalancements systématiques, gestion active et dynamique de l’allocation, etc? Prend-elle des mesures de couverture pour se prémunir de baisses soudaines des taux de change, des marchés des actions ou des taux d’intérêt? A-t-elle introduit une gestion active de ces risques par le biais d’un «currency overlay», ou d’un «risk overlay»? d) L’institution utilise-t-elle toute la gamme des services et produits attractifs (mandats, fonds, produits structurés), qui existent sur le marché? Recourt-elle à la gestion indicielle à bon escient et examine-t-elle attentivement les facteurs clés de la transparence et de la réduction drastique des coûts? Quel rôle accorde-t-elle au développement durable? Quelles que soient les circonstances, météorologiques ou boursières, les grands crûs ne sont pas seulement le fruit du terroir et de l’ensoleillement. Ils sont aussi le résultat des travaux opérés par la main de l’homme, qui mélange les cépages, conduit la vinification et réalise la mise en bouteille. Il n’en va pas très différemment des performances.

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Recruter

Sur le web www.ap-executive.com/ www2.unine.ch/mas-international-taxation http://cms.unige.ch/llm/

La Suisse, un paradis pour les fiscalistes? Anicet TANGHE Senior Consultant, AP Executive

Les changements récents, au sein du monde bancaire, ont confirmé l’émergence de métiers à compétences juridiques, d’où une nouvelle approche dans la recherche de talents.

@ anicet.tanghe@ap-executive.com

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éfinir avec exactitude les tendances du marché de l’emploi du secteur financier, en Suisse, s’avère être une tâche aussi complexe que présomptueuse, car le climat socioéconomique général influence indubitablement ce dernier. Mais qui aurait pu dire, il y a six mois, que le MoyenOrient allait s’embraser de la sorte, et peut-être mettre en péril une timide reprise? Ce constat «géo politicoéconomique» aura sans doute une conséquence non négligeable sur la gestion privée, puisque des capitaux, ayant fui il y a peu la Suisse, pourraient très bien y revenir plus vite que prévu. Les gérants de fortune spécialisés sur cette partie du monde devraient ainsi récolter un certain succès… Depuis la crise, un virage stratégique a été pris dans le domaine de la gestion de fortune et de la clientèle privée, notamment en ce qui concerne les actifs non déclarés. De fait, un certain nombre de changements en termes de compétences ont vu le jour. Au niveau juridique, les avocats, et tout particulièrement ceux admis aux Barreaux des cantons, constituent une denrée rare, surtout les profils trilingues (anglais, français, allemand). Les

professionnels de la compliance et de la gestion du risque ont donc le vent en poupe, tout comme ceux spécialisés dans l’ingénierie patrimoniale. En effet, les clients sont moins à la recherche de rendements via des produits risqués, mais davantage en quête de solutions complexes, englobant l’optimisation fiscale et la transmission patrimoniale. De nouvelles formations universitaires postgrades pour cadres voient ainsi le jour, comme le «LLM Tax» de l’Université de Genève, ou encore l’«Executive master in international taxation» de l’Université de Neuchâtel. Sans oublier les inscriptions toujours plus importantes à la formation TEP proposée par la «Society of Trust and Estate Practitioner» (STEP), un organisme de référence dans le domaine du trust. Au niveau des gérants, il se peut d’ailleurs que nous allions vers un modèle de convergence des compétences, car le modèle du Relationship Manager, comme simple vendeur de produits, est devenu obsolète. Le gérant du futur sera un professionnel qui, au-delà des ses fortes aptitudes commerciales, sera capable d’apporter un savoir-faire regroupant les spécialisations de plusieurs collaborateurs de la banque. Ce modèle d’affaires a

été anticipé par les structures indépendantes, dites de «family offices», qui séduisent de manière croissante une clientèle exigeante à la recherche d’une gestion personnalisée et indépendante. Mais le monde du «family office» reste vaste, et les services proposés tendent à être très variés! Les compétences recherchées sont donc spécialisées et dépendent de la fonction de la structure (hedge funds, private equity, gestion d’actifs, fiduciaire, planification, etc.). L’expérience et la confiance sont dès lors de rigueur et les compétences juridiques, fiscales, comptables et fiduciaires très appréciées, surtout lorsqu’elles s’inscrivent dans une dimension internationale et transfrontalière. En ces temps difficiles, notamment en ce qui concerne l’acquisition de clients, une tendance globale tend à favoriser/détecter les profils ayant des aptitudes commerciales, ce dans tous les secteurs de la gestion d’actifs. Car aujourd’hui, qui mieux que de tels professionnels peuvent apporter de la valeur ajoutée tangible? Encore une fois, les recruteurs se doivent de faire preuve d’une certaine flexibilité, afin de valoriser des profils qui, à première vue, n’auraient pas les compétences techniques, mais disposeraient d’un vrai potentiel de «business développement». Au demeurant, nous sommes plutôt dans le domaine de l’inné que de l’acquis!

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Se perfectionner

Sur le web www.ifgp.ch

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Formation En partenariat avec la Fondation Genève Place Financière

Gestion de fortune, à l’écoute du client La gestion de fortune est confrontée à un double défi: ses clients en demandent plus, cela dans un environnement de plus en plus complexe.

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raditionnellement, le gestionnaire de patrimoine s’occupait de conseils, d’investissements et de planification financière. Sa mission était de faire fructifier le patrimoine de ses clients. «Il s’agissait d’optimiser l’allocation rendement/risque du patrimoine d’un client privé ou institutionnel», explique Francis Kahn, président du groupe Kahn & cie et directeur de l’IFGP (Institut de formation de gestionnaire de patrimoine). «Depuis le début des années 2000, nous sommes passés à la gestion de fortune, à savoir que l’établissement gère un portefeuille financier selon des

@ d.thenot@banque-finance.ch PAR Dorothée Thénot Journaliste

critères de rendement/risque propres à chaque client. C’est généralement de la gestion off shore d’argent non déclaré ou placé.» Le terme générique de gérant de fortune fait référence à des métiers comme Portfolio Manager, Financial Planner et Relationship Manager. Ce dernier est le pivot de l’activité, étant la personne la plus proche du client. Incarnant le lien privilégié entre la banque et ce dernier, il doit être un «généraliste de la banque et de la finance dans le conseil patrimonial», selon la définition de Genève Place Financière. Il nécessite donc de solides connaissances en économie, finance, droit, fiscalité, risque, ainsi que des compétences dans la vente, la communication et l’écoute active. «Le conseiller doit comprendre rapidement des questions de spécialistes, précise Joëlle Frick-Muhlemann, directrice de l’ISFB (Institut supérieur de formation bancaire). Il doit donc posséder un spectre large de connaissances et compétences pour donner les premières informations. Après avoir consulté un spécialiste, il doit pouvoir

synthétiser l’information pour la restituer au client.» Conseil global et planification financière Le secteur financier a donc évolué et prend davantage en compte les contraintes fiscales et juridiques du client. Et la demande d’expertise du conseiller est d’autant plus importante que les clients sont de plus en plus formés et informés. La multiplication vertigineuse de produits (hedge funds, fonds de placement, produits structurés), le poids pris par la gestion alternative et la compliance avec la lutte contre le blanchiment rendent la formation continue incontournable. D’autant que le changement du cadre législatif de la Suisse a renforcé les contraintes juridiques et fiscales pesant sur le client. «La responsabilité personnelle du gérant est de plus en plus mise en cause, signale Joëlle Frick-Muhlemann. La crise de 2008 a accéléré les bouleversements et rendu nécessaires de nouvelles réflexions sur les produits à proposer.»

Face aux changements de l’offre de marché, celle des formations s’est adaptée. Les organismes proposent des diplômes reconnus, mais aussi une préparation au Chartered Financial Analyst (CFA®), la certification professionnelle la plus reconnue dans le monde de la finance. «Nous sommes passés d’une formation centrée sur les outils de placements à une formation comportementale, explique Francis Kahn, directeur de l’IFGP. Elle est à présent tournée vers le conseil financier global, incluant des connaissances en finance, droit et psychologie.» L’Institut de formation de gestionnaire de patrimoine dispense des formations globales sur l’ensemble du métier, en particulier un diplôme de Gestion de patrimoine et relation clientèle sur neuf mois. L’Institut supérieur de formation bancaire a compté 782 participants, en 2010. «La moyenne d’âge est de 33 ans, précise Joëlle Frick-Muhlemann, directrice de l’ISFB. Ce sont des professionnels qui veulent s’adapter aux besoins du marché et de l’actualité. Ils ont face à eux d’autres professionnels qui apportent leur expertise.» DT

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Communiquer

Sur le web http://digitalreputationblog.com/ https://www.e-merging.com/iammo/main.jsp http://www.dailymotion.com/creditagricole#videoId=xh27f0

Les agrégateurs de veille Une nouvelle génération d’outils de surveillance des médias sociaux, simple d’utilisation et puissante, a fait son apparition. Ces outils permettront de surveiller les propos tenus sur l’entreprise, d’identifier les thématiques en cours et de mieux gérer l’e-réputation. Qu’ils soient gratuits (Addict-o-matic, Black Type, RollYo, TwazzUp) ou payants (Sysomos, Attentio, Radiane6), ils offrent également la possibilité de cartographier les personnes influentes pour un sujet donné.

Christophe Lamps Senior Partner, Dynamics Group

@ cla@dynamicsgroup.ch

Digital: quels enjeux pour le private? Peu utilisée par les banques privées, une communication digitale bien maîtrisée pourrait constituer un atout important à l’avenir.

A

vant l’effondrement de Lehman Brothers en septembre 2008, très peu de banques étaient présentes sur les médias sociaux. Depuis, elles sont plus nombreuses à les utiliser dans le cadre de programmes de marketing et de communication novateurs. Avec un certain succès, semble-t-il. Car elles ont compris que l’avènement des ces réseaux entraîne de nouvelles façons de communiquer avec les clients et facilite la création de nouveaux liens. Pour beaucoup de banques, c’est aussi l’occasion de retravailler une forme de confiance fortement ébranlée par la crise. Disposer d’une visibilité sur les réseaux sociaux au moyen d’un compte Facebook, LinkedIn ou Twitter, élaborer une plate-forme thématique d’échange ou alimenter un blog d’entreprise permet aux banques d’atteindre cinq objectifs majeurs. Tout d’abord, mieux communiquer avec leurs clients, être à leur écoute et entrer «en conversation» pour mieux les servir quel que soit le lieu, le moment ou le sujet. Ensuite, offrir une nouvelle qualité de service et promouvoir ses prestations et ses produits par le biais de tweets alimentés en permanence; un réseau social peut ainsi devenir un

outil de recherche et de développement produits très intéressant. En plus, les pratiques communautaires favorisent les relations de proximité dans le sens d’un partage des valeurs autour de centres d’intérêt communs; Facebook permet de valoriser ses engagements citoyens et réalisations, par exemple en matière de développement durable; on peut également créer une plate-forme de contenus et de dialogue exclusifs sur des thèmes spécifiques. De même, l’utilisation de ces réseaux permet aux banques de montrer qu’elles sont actives dans le web 2.0 et qu’elles savent ainsi faire preuve de dynamisme et d’innovation; ceci permet de faire le lien avec la nouvelle génération de clients et d’attirer de nouveaux clients potentiels. Enfin, gérer sa réputation, car dans un monde marqué par une immédiateté de l’information, la nécessité de disposer d’outils de veille et d’évaluation, et donc de prévention, ne fait plus débat. Quelques initiatives originales Les nouvelles plates-formes de communication, qui se développent rapidement pour les banques généralistes, ne représentent en apparence qu’un intérêt marginal pour les banques privées, tant il est vrai que les

relations avec leurs clients sont loin d’avoir une dimension grand public, sans parler de possibles utilisations abusives. Une seule banque privée suisse et l’ASB semblent offrir un flux RSS, alors que cette dernière est aussi la seule à avoir mis en place un compte Twitter. Il existe quelques pages Facebook, mais elles sont peu alimentées. LODH a pris une initiative intéressante en s’inspirant de Facebook pour créer E-Merging, une plate-forme d’échange internet réservée uniquement à la communauté des gérants indépendants. La grande majorité des banques privées pourront-elles encore longtemps ignorer ces nouveaux développements et les opportunités qu’elles représentent, afin d’affirmer, notamment, leurs valeurs et de partager leurs engagements citoyens, pourtant nombreux? Certes, toutes les banques privées veillent à leur réputation sur Internet en analysant les commentaires des Influencers, et les sentiments exprimés sur les différents Tweets. Mais ne sera-t-il pas trop tard et trop défensif d’attendre des périodes de crise pour être présent sur ces réseaux sociaux? Nul doute qu’à l’avenir, la construction d’une réputation positive pour les banques privées intégrera quasi obligatoirement une stratégie digitale réfléchie, maîtrisée et efficace dans le domaine des médias sociaux. La Banque Bordier & cie l’a bien compris, en utilisant récemment Facebook pour inviter ses clients et ses prospects à une conférence.

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Savoir

Une technique d’investissement unique Christophe Wittwer Investment advisor, Lloyds TSB Private Banking

En mettant un point final à son travail de diplôme sur la gestion de portefeuille lors de son cursus au sein de l’Institut supérieur de formation bancaire (ISFB), Christophe Wittwer s’est rendu compte qu’il avait mis au point une technique d’investissement à l’efficacité rare. Il en dessine les grands contours et explique l’originalité de sa méthode.

@ christophe.wittwer@lloydsbank.ch Banque & Finance: Dans votre travail, vous avancez un argument fort, en affirmant que le plus grand capital du nouveau millénaire n’est autre que… la confiance. Christophe Wittwer: Effectivement, tout dépend de cette confiance. La confiance dans notre système, dans nos banques, dans tous les pays où nous cherchons à obtenir des rendements intéressants. Quand cette confiance disparaît, comme au début des années 1990 au Japon, ou dans les années 2000 aux Etats-Unis, les indices boursiers s’effondrent et toute l’économie réelle devient malade. B&F: Avec la crise des subprimes, cette même confiance a-t-elle été sérieusement écornée?

Coller au taux de la Fed Les théories financières enseignent que des taux bas sont favorables pour l’économie, et que des taux élevés représentent une menace pour la croissance. Mais alors pourquoi le Japon a vu son indice divisé par quatre, depuis 1990, avec des taux à zéro, alors que l’indice brésilien Bovespa a quadruplé, depuis dix ans, avec

des taux d’intérêt entre 7 à 17%? Je suis certain que lorsque la Fed augmentera ses taux, elle donnera un signal positif à long terme au marché. La deuxième spécificité de ma tactique d’investissement est de suivre la théorie de «la réflexivité» de George Soros. Selon lui, ce n’est plus vraiment les fondamentaux

CW: Ecornée certainement, mais pas détruite! Comme je l’explique dans mon travail, gérer l’argent de nos clients ne doit pas devenir la simple vente de produits à tout prix. Nous pouvons obtenir ou regagner la confiance de nos clients seulement si nous gérons leur argent comme si c’était le nôtre! B&F: Comment redonner du crédit aux instituts bancaires? CW: Bâle III est un premier pas dans la bonne direction. Plus importantes encore sont les nouvelles règles de liquidité de la FINMA, qui ont été imposées à UBS et au Credit Suisse. Leur but vise à faire en sorte que les deux grandes banques soient «en mesure de maîtriser seules, sans l’aide de l’Etat, des situations de crise grave». Ensuite, c’est le travail de chaque gestionnaire qui fixent le prix du marché, mais au contraire, c’est le prix du marché mondialisé qui influence les fondamentaux! Contrairement à la théorie de «la réflexivité», les théories modernes du portefeuille avec leurs évaluations des actifs financiers ont prédit, en 2007, que les actions étant sous-évaluées, il fallait être long à tout prix. Les prévisions des analystes pour 2011 disent la même chose… Tous les fonds de pension et

et conseiller financier de placer l’argent de ses clients avec intelligence, et avec la plus grande prudence. B&F: Vous estimez qu’il faut garder les actions jusqu’à la prochaine baisse de taux de la Fed. Avez-vous déjà pratiqué cette stratégie? CW: En commençant en septembre 2007 mes études à l’ISFB pour le diplôme en économie bancaire, j’ai simplement informé mes collègues que le marché des actions allait chuter, suite à la baisse des taux de la Fed. Mais comme j’avais investi dans un appartement au début de la même année, je n’avais plus d’actions à vendre! B&F: Vous recommandez d’investir directement dans les d’investissement sont donc presque «obligés» d’acheter davantage d’actions en ce premier trimestre, pour obtenir la même performance que leur benchmark. Pourtant, nous savons qu’historiquement les grandes crises bancaires sont suivies par celles de la dette extérieure souveraine. Comme disait Warren Buffet, «la plus bête raison du monde pour acheter une action, c’est de le faire juste parce FB qu’elle monte.»

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Savoir

indices, en achetant des ETFs. Ce conseil est-il payant? CW: Tout-à-fait. Il faut acheter différents ETFs de plusieurs émetteurs de première qualité, afin d’obtenir une bonne diversification du risque de contrepartie. Pour l’investisseur moyen, c’est plus facile et beaucoup moins cher d’acheter cinq ou dix ETF de différents indices du marché mondial, que d’acquérir des dizaines, voire des centaines d’actions sur les différentes places boursières.

B&F: Votre tactique d’investissement permet de mieux gérer les portefeuilles. En quoi consiste-t-elle? CW: Elle est simple et efficace à long terme: sortir du marché des actions lorsque la Banque centrale de l’économie dominante, pour l’instant la Fed, commence à baisser les taux, puis les racheter durant les mois de leur dernière baisse. Les taux étant actuellement à zéro (fin mars, NDLR), nous pourrions imaginer que le QE2 de la Fed

représente une «baisse synthétique de taux», et que le marché boursier devrait arriver à maturation ces prochains mois. Mais comme les «quantitative easing» de la Fed sont des mesures inédites, il est possible que le marché réagisse autrement que par une baisse des taux conventionnelle. Il faudra de toute manière vendre ses actions lorsque la prochaine baisse des taux de la Fed interviendra, tout en espérant qu’une hausse figure à l’ordre du jour. Propos recueillis par Fabio Bonavita

Pour obtenir l’étude Christophe Wittwer, Lloyds TSB Private Banking tél. 022/307.39.96 christophe.wittwer@lloydsbank.ch.

Suivre

En partenariat avec Genilem

La démocratisation du family office est en marche La société Willow Services, sélectionnée et accompagnée par Genilem, a su trouver de nouveaux marchés grâce à ses services globaux destinés à la clientèle privée.

C

@ f.bonavita@banque-finance.ch PAR fabio bonavita Journaliste

omment se démarquer de la concurrence lorsqu’on lance une société active dans la planification, la gestion de patrimoine et l’immobilier? La réponse, c’est Arev SalamolardYildiz, avocate et fondatrice de la société Willow Services, qui la communique: «Notre particularisme est d’avoir su démocratiser le conseil global, le family office, auprès de notre clientèle privée, et d’offrir ainsi une approche consolidée des aspects juridiques et financiers de la situation d’une personne.» Courtage en assurances, conseils juridiques, fiscalité, planification et

gestion patrimoniale, financement immobilier, etc., la société Willow Services embrasse de nombreux domaines. Ce qui lui permet d’agir sur tous les fronts, lorsqu’un client lui demande son appui. «Je me rappelle d’un cas illustrant bien notre activité, souligne la directrice de la société. Un jeune couple souhaitait des conseils pour l’acquisition d’un bien immobilier. Contents de notre service, il nous a recommandés auprès d’une tante. Cette dernière voulait planifier sa retraite. Elle avait une foule de questions à laquelle nous avons apporté des réponses concrètes. Puis, elle nous a confié l’optimisation de sa fiscalité. Ensuite, elle a rencontré des difficultés avec son employeur. Grâce à notre service juridique, nous lui avons amené un soutien, et une solution à l’amiable a pu être trouvée. Elle souhaitait

ensuite planifier l’achat d’un nouveau bien immobilier, tout en réglant sa succession successorale. Nous étions toujours là pour la conseiller et l’aider dans ces nombreuses démarches.» Honoraires variables La rémunération de Willow Services est fixée selon la complexité du cas et la situation du client. «Lorsque nous percevons des commissions de la part de nos partenaires, banques ou compagnies d’assurance, elles sont déduites du montant global de la facture, précise la fondatrice. Cela s’opère en toute transparence avec le client.» Fabio Bonavita f.bonavita@banque-finance.ch

Sur le web www.willow.ch

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Lire

Chronique d'une mort annoncée

Info popcorn De Christian Campiche et Richard Aschinger Collection Sagitta Editions Eclectica Genève, 2011 Prix TTC: CHF 38.-

Alors que l’image des banques s’est fortement dégradée et que les crises se multiplient, les banques sont-elles réellement préparées à gérer des situations souvent complexes?

S

ous le titre évocateur Info popcorn, les deux journalistes romand et alémanique, Christian Campiche et Richard Aschinger, publient le fruit de leurs analyses et commentaires sur le déclin de la presse écrite helvétique (20% de tirage en moins depuis 2000). Autant le dire sans détour, les deux auteurs ne font pas dans la dentelle et sortent même l'artillerie lourde. Les grands éditeurs font l'objet d'une attaque en règle, accusés de se comporter comme de vulgaires marchands de savonnettes, rivés à leur tiroir-caisse et licenciant à tour de bras par volonté de thésaurisation, en faisant fi de toute considération humaine à l'égard des journalistes. Les journalistes? Ils en prennent aussi pour leur grade, qualifiés de «bons petits soldats dévoués à la cause publicitaire» et de «zélés cire pompes». La plupart d'entre eux n'ont cependant pas trop le choix de leur comportement, à défaut de prendre la porte d'eux-mêmes, les éditeurs leur signifiant avec arrogance et mépris qu'«il y en a dix qui attendent dehors

pour prendre votre place». Une façon brutale de leur faire comprendre leur obligation de servilité. La vassalité contrainte des journalistes s'exprime dès lors à travers leurs «excellentes» relations avec les agents de relations publiques, les PR, et se concrétise par la rédaction d'articles de complaisance pour s'attirer les bonnes grâces des annonceurs. Ils sont ainsi devenus les champions de la collusion entre le rédactionnel et la publicité. Les deux auteurs déplorent également que le journalisme soit devenu anonyme, dépersonnalisé. Quant à la pertinence des reportages, désormais rarissimes, elle a chuté aussi drastiquement que les budgets rédactionnels, réduits en peau de chagrin. Enfin, Christian Campiche et Richard Aschinger dénoncent vertement «la culture du gratuit» que «tout le monde bouffe», comme les popcorns. Elle engendre le nivellement par le bas de l'information et exacerbe les viles déviations humaines, à commencer par le voyeurisme. A leurs yeux, la presse gratuite conditionne les esprits et met en danger la démocratie. Un

jugement sans appel. Info popcorn a le mérite d'avoir été écrit sans concession, courageusement. Car il met en lumière certaines vérités occultées ou insuffisamment dénoncées, tout en se gaussant de l'ego démesuré de certains journalistes. Didier Planche d.planche@banque-finance.ch

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Banque & Internet Sur le web www.b3b.ch www.twitter.com/b3b

Les prêts entre «amis» se développent Autour de nous En Suisse, c-crowd (www.c-crowd.com) et cofundit (www.cofundit.com) sont actifs sur le marché du crowdfunding, depuis fin 2010. C-crowd vient d’annoncer son premier projet en février 2011. De son côté, Cofundit finance actuellement un projet de 250K CHF grâce à quinze investisseurs. En France, Friendsclear (www.friendsclear.com) propose depuis 2008 des prêts de 3 à 25’000 euros. En Angleterre, le site Zopa (http://uk.zopa.com/) est présent sur ce marché depuis 2005 (retrouvez toutes les références sur http://bit.ly/hNT0OL)

Marc BARBEZA Créateur et éditeur de b3b

@ marc@b3b.ch

Appartenir à une communauté sur internet, c’est aussi une opportunité de financer des projets en vase clos grâce à ses membres… sans les banques.

L

es réseaux sociaux occupent, aujourd’hui, une part toujours plus importante dans notre vie quotidienne. Ils permettent en particulier de réunir des personnes au sein de communautés partageant, par exemple, des mêmes centres d’intérêt ou de compétence, un même objet (un iPhone, une Ferrari…) ou une même activité (sport, voyage, cuisine…). Rien d’étonnant, alors, que des idées puissent y germer et des projets se développer en leur sein. Propulsés par des plateformes technologiquement matures, les réseaux sociaux peuvent désormais fédérer les efforts individuels au sein d’une communauté. Comme la taille n’est plus un obstacle et grâce à la puissance d’internet, un internaute seul peut désormais profiter de son réseau d’amis virtuels pour réaliser

ses projets jusqu’alors impensables. Réunir et organiser les membres d’une communauté dans un tel objectif s’appelle le croudsourcing. Ce principe ne s’arrête pas à la mise à disposition de forces de travail, mais peut être étendu au financement du projet lui-même. On parle alors de crowdfunding (financement collectif). La communauté plutôt que les banques Les petites rivières font les grands fleuves et, dans le cas du financement collectif sur internet, ce n’est certainement pas Barack Obama qui contredira cette maxime. Lors de la course présidentielle de 2008, il a récolté plus de 265 millions de dollars de fonds privés versés par plus de 1,5 million d’internautes, et plus de 90% des dona-

tions étaient inférieures à 100 dollars. Dorénavant, de nombreux sites se positionnent sur ce segment pour mettre en relation prêteurs et emprunteurs sur une même plate-forme. Ils souhaitent ainsi proposer une vraie alternative de financement face aux banques et en particulier dans les domaines où il peut se révéler difficile à trouver, comme l’art, la culture, un projet personnel, etc. Même le journalisme d’investigation possède ses communautés de financement participatif. Aujourd’hui, le crowdfunding aurait permis de lever près d’un milliard de dollars de crédits dans le monde. Les montants des prêts vont de quelques milliers de francs et peuvent dépasser le million. La rémunération du crédit n’est pas obligatoirement financière. En effet, elle peut prévoir d’autres contreparties, par exemple dans le cadre du financement d’un film, un pourcentage des recettes des ventes de la billetterie ou même qu’un personnage du film porte votre nom. Et si Facebook devenait une banque? Si jusqu’alors la banque se révélait souvent le seul interlocuteur, internet et ses communautés chamboulent aujourd’hui les modèles économiques établis, en pratiquant la désintermédiation sur le marché du crédit. En poussant plus loin le curseur, que se passerait-il si Facebook offrait un service de crowdfunding? Il deviendrait alors le plus important acteur financier du monde avec 500 millions de clientsbanquiers-amis. Une pure utopie? Pas si sûr que ça... BANQUE&FINANCE N°109 MAI/JUIN 2011

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Solutions bancaires

Ecosystème de la banque privée Suisse.

Enzo GIANNINI Directeur du Service Outsourcing/ ASP, Sungard Group

@ enzo.giannini@sungard.com

Les raisons de choisir l’outsourcing Les banques privées et de gestion de patrimoine font face à de nombreux défis dans un monde en perpétuelle évolution. Seul un fort degré de flexibilité et d’adaptation leur permettra de les relever. Externaliser certains services et coopérer étroitement avec un partenaire de confiance peut y contribuer.

L

e secteur bancaire est sorti presque intact de la crise financière, mais pas indemne. En fait, la plus importante conséquence est encore à venir, compte tenu du secret bancaire qui s’étiole et des règlementations s’intensifiant. Désormais, les banques suisses sont de plus en plus en concurrence avec les établissements internationaux qui opèrent à partir de leur pays d’origine, avec des structures de coûts et de frais différentes. De plus, l’augmentation en cours des actifs sous gestion reste insuffisante, dans de nombreux cas, pour pallier la baisse des marges. Pour

demeurer compétitives, les banques doivent donc adapter leur modèle d’affaires, d’où un impact important sur leur organisation et leurs stratégies informatiques. Dans un même temps, cette tendance concurrentielle pousse l’industrie bancaire à s’orienter vers la diversification de ses produits d’investissement et de sa gamme de services. Les pressions s’accentuent aussi en raison d’une clientèle de plus en plus variée et exigeante, ses décisions étant autant influencées par les recommandations, ou les comparaisons, que par les enseignes ou la réputation des banques (3,5 millions

d’opinions sont générées chaque jour sur des blogs par leurs utilisateurs). En outre, les clients sont habitués à des services rapides, souples, personnalisés et à la demande (si Facebook était un pays, il serait le 3e plus grand du monde avec plus de 400 millions de participants a ce réseau social). La technologie soutient cette évolution caractérisée par l’afflux de davantage d’informations sous des formes toujours plus différentes (la quantité de données uniques générées en 2010 est plus élevée que celle des 5000 années précédentes). D’ailleurs, l’utilisation d’Internet a encore considérablement augmenté

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Solutions bancaires

Sur le web www.sungard.com/ambit

www.active-sourcing.com http://sourcing.iwi.unisg.ch

ces dix dernières années, concernant près d’un tiers de la population mondiale (1,9 milliard de personnes sont en ligne aujourd’hui). Dès lors, les marchés existants ne sont pas nécessairement ceux de l’avenir. De même, les modèles du client et du fournisseur sont en pleine évolution. Plus de flexibilité Pour relever ces défis et maintenir leur position comme prestataires de services bancaires aux particuliers fortunés, les établissements actifs en Suisse doivent proposer des prestations toujours plus compétitives. Pour répondre aux nouvelles exigences, les banques, dont l’écosystème (figure 1) est devenu assez complexe, ont besoin de solutions novatrices permettant de mieux appréhender les objectifs de leurs clients, et de garder l’information sécurisée. Indépendamment de la stratégie, la clientèle a besoin que les banques comprennent mieux ses objectifs d’investissement, lui fournissent des informations précises à sa demande et soient disponibles à l’interaction. Elles doivent ainsi répondre à ces attentes par le biais d’une flexibilité organisationnelle et d’une attention particulière à leur activité principale, tout en réalisant une réduction des coûts à long terme.

que de tout effectuer en interne. La sous-traitance transforme des coûts fixes en coûts variables et libère des capitaux pour d’autres investissements. Comme l’économie d’échelle du fournisseur augmente l’efficacité, les banques peuvent ainsi concentrer leurs ressources humaines dans les secteurs où elles en ont le plus besoin. Cette approche permet de démarrer rapidement de nouveaux projets, tout en continuant à se focaliser sur l’activité principale et en réduisant les risques opérationnels. Pour les banques, l’un des principaux budgets reste celui de l’exploitation informatique. Il est inhérent au matériel et aux exigences de l’infrastructure du système, sans parler des applications bancaires ayant besoin d’être entretenues, de l’assistance technique et de la gestion des opérations. A une époque où les systèmes requièrent différentes plates-formes, souvent totalement indépendantes, il est difficile de garder le contrôle de manière économique. Des projets spécifiques

et de nouvelles lignes d’activité nécessitent donc des connaissances pratiques et techniques spécialisées. Il s’agit d’une source importante de dépenses, du point de vue de la demande en termes de ressources humaines et de formation, pour faciliter rapidement et efficacement de telles opérations. Si l’on considère les fortes demandes si diversifiées, il est possible de commencer à percevoir l’ampleur des pressions auxquelles fait face actuellement le secteur bancaire. Aussi, les banques doivent évaluer sérieusement les types de services informatiques susceptibles d’être toujours gérés en interne, de manière efficace et rentable. Sous-traiter une partie intégrante et essentielle à un fournisseur externe de services ASP n’est pas une décision facile à prendre. Ce choix requiert des rapports de confiance à long terme assurant au client que le prestataire est pleinement conscient et respectueux de ses besoins, tant au présent qu’à l’avenir

Niveaux de service ASP

Des avantages certains L’ASP est un modèle de service où les solutions sont hébergées et gérées par une société prestataire de services sur son infrastructure propre, dont l’accès est proposé en location à ses clients. Outre les services d’exploitation de la banque, ce modèle fournit des connaissances, de l’assistance technique et du matériel de pointe à un coût raisonnable, facilitant l’accès à une gamme d’expertises beaucoup plus importante que celles normalement disponibles en interne (schéma ci-dessous). Il assure de passer rapidement à du matériel de meilleure qualité, non pas avant, mais lorsque cela s’avère nécessaire, et permet aux experts d’accéder facilement à un large éventail de services bancaires, au moment précis où ils en ont besoin. L’ASP offre une nette diminution du risque d’exploitation, tout en fournissant des solutions logicielles, une infrastructure et une expertise de pointe, et en permettant également une réduction stratégique, à long terme, des frais d’exploitation des technologies informatiques.

Sous-traitance ou externalisation Développer de nouveaux produits et services implique la nécessité d’envisager des approches alternatives, telles que la sous-traitance et les services à la demande, plutôt

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Vos partenaires

Hotel Rivage xp_Hotel Rivage 13.04.11 11:04 Page1

Pour s'épanouir et être efficace, chaque personne a besoin d'être reconnue dans le respect de son individualité Depuis toujours à l'écoute des autres, j'ai aidé des êtres à oser dire leurs ressentis et mettre des mots sur leurs émotions; progressivement j'en ai fait mon activité. Ma connaissance du milieu très exigeant des sociétés (j'y ai travaillé) et mes capacités de médium me permettent d'adapter les techniques aux besoins de l'instant. En groupe ou en séance individuelle, je perçois chacun dans son individualité; je discerne les souffrances et j'accompagne les êtres à les conscientiser et les guérir. La première séance permet d'observer la situation et mettre les premiers jalons; puis chacun décide de son parcours.

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80 ( Insolite @ www.pichonvoyageur.ch PAR Bernard Pichon Journaliste

MADE IN TAÏWAN

Au-delà des clichés

Derrière son célèbre label, l’ancienne Formose dissimule un étonnant concentré de culture chinoise, mélange de high-tech et de traditions ancestrales. Temple de Quanhua

Festival des lanternes C’est le point d’orgue du Nouvel-An chinois. Rivalisant avec chimères et dragons surdimensionnés, l’effigie du lièvre (signe astrologique de l’année) inspire les milliers de lampions qui transforment Miaoli en un fabuleux Luna parc. Disciplinées, les foules investissent cet éphémère Disneyland sans la moindre bousculade. Alcool et violence semblent totalement bannis du parc municipal, où les familles confient sagement leurs vœux à de petits billets accrochés aux suspensoirs des lanternes. BP

F

abriqué à Taïwan. Identifiée sur nos gadgets, l’étiquette adhère si fort à la République de Chine (vaste comme quatre fois la Corse) qu’on l’imaginerait volontiers comme une autre «usine du monde», modeste réplique de sa voisine dite «populaire», mais témoignant de la même effervescence industrielle. Le paysage aurait-il à ce point changé, depuis l’époque où les navigateurs portugais du XVIe siècle la nommèrent Ilha Formosa (la belle île)? La première impression pourrait bien confirmer les préjugés: imbroglio d’accès autoroutiers superposés, chantier du futur monorail reliant

la capitale à son aéroport, banlieue bétonnée… un air de déjà vu, encore souligné par les icônes de la consommation globalisée, étalées sur panneaux géants. Mais voici que se profile à l’horizon l’emblématique silhouette de la Tour 101. Cette construction est à Taipei ce que les jumelles Petronas sont à Kuala Lumpur, soit un symbole de l’orgueil national facturé à plus de deux milliards de nos francs. Classé n° 2 au palmarès des plus hauts du monde (derrière Burj, de Dubaï), ce gratte-ciel ne surprend guère par son contenu (centre commercial, restaurants, bars et bureaux). Défini par ses concepteurs comme «un majestueux bambou bleu turquoise», serait-il ironiquement porteur d’un hommage à la nature? Pour découvrir cette dernière, il faut laisser derrière soi le vaste damier des avenues rectilignes, les innombrables cantines improvisées à même le trottoir, les processions de taxis jaunes et tous ces marchés de nuit, dont les enseignes façon Broadway attirent des essaims de consommateurs butineurs.

© photos: www.pichonvoyageur.ch

quasi couvertes, tant les adorables habitations de bois y sont serrées. De maisons de thé en boutiques raffinées, de pâtissiers en artisans, il s’agit d’une Asie rurale de carte postale, encore relativement préservée des pacotilles touristiques. Tout proche, le littoral de Yeliou révèle de bien curieuses formations géologiques avec des bougies et morilles géantes, patiemment sculptées par l’érosion. Escarpées, les falaises dominent des plages aux allures tropicales, bordées de luxuriante végétation. Elles marquent la terminaison d’une longue épine dorsale montagneuse, véritable sanctuaire botanique et ornithologique. Esthètes et laborieux, les Taïwanais n’en demeurent pas moins superstitieux et respectueux des traditions ancestrales. Toutes générations confondues, dans un curieux syncrétisme, leur attachement aux différentes religions (bouddhisme, taoïsme) s’exprime à travers offrandes et prières portées par des volutes d’encens.

D’un sanctuaire à l’autre Sur la côte nord, voici Jiufen, une bourgade aux ruelles pentues et

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Sur le web www.taiwantourisme.com

www.taiwan.net.tw www.taiwantourismus.de

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82 ( Volupté

S

i le tabac est aujourd’hui mis au banc des accusés, le cigare avec toute son histoire garde, lui, une réelle raison d’exister aux yeux de ses amateurs. Avec ses mille et un symboles et son critère de sélection, qui est celui de la qualité, il est devenu une des réfé-

la votation du 31 octobre 2009 visant à interdire le tabac dans les lieux publics semble ainsi aboutir à une meilleure qualité de dégustation. Qu’il s’agisse du cigare d’après-dîner ou du cigare de compagnie, voire du cigare savouré dans la journée avec un bon café, l’harmonie du produit avec

CIGARE

Gérard Vahé Gérard Genève

@ info@gerard.ch

Une raison d’exister rences des produits de bouche dans l’univers épicurien. Cette approche se détourne du monde de la consommation, en s’orientant résolument vers celui de la saveur et de la découverte d’un monde fascinant, où l’apprentissage et les connaissances se conjuguent au fil des siècles avec une adaptation du produit à son temps. Le résultat de

le temps que l’amateur lui consacre s’avère meilleure. En effet, la diminution de la quantité prédispose à mieux apprécier la qualité du produit, en le consommant au bon moment et dans un cadre approprié, grâce à la création de fumoirs permettant de vivre l’instant de manière intense et totale. Les amateurs de cigares partagent ainsi des moments de qualité, en se réunis-

© Mist - Fotolia

© vahekatrjyan - Fotolia

sant autour d’une même passion et en profitant pleinement d’un instant unique volé au temps. Déguster un cigare avec un bon alcool et en compagnie de ses amis, c’est aussi s’accorder un plaisir de la vie.

Sur le web www.worldofgerard.com

( Dégustation

PINOT NOIR

«Cœur du Clos» 2008

L

Prix départ cave: 37 francs

e Clos des Corbassières est un domaine historique de 3,3 hectares situé aux portes de Sion, sur la colline de Mont d’Orge. Il s’agit d’un vignoble en forme d’amphithéâtre, baigné par le soleil et découpé en 52 terrasses accrochées à flanc de coteau. J’ai donc choisi de vous présenter le vin issu des plus vieilles vignes de ce magnifique terroir, cultivées en biodynamie par Stéphane Reynard et Dany Varone les propriétaires du domaine Cornulus. La mention «vieilles vignes» de ce Pinot noir est loin d’être usurpée,

puisque l’âge moyen des ceps s’élève à 90 ans, synonyme d’une exploration profonde du sol par les racines et de rendements modérés, propices à donner des vins concentrés. A la dégustation, ce vin présente une robe limpide et brillante, dont la nuance commence à évoluer vers le tuilé. Le nez est encore très frais avec une belle complexité sur des notes de petits fruits rouges typiquement Pinot noir, et présente une touche florale pleine d’élégance. La bouche est ample, volumineuse et dotée de tanins soyeux. Elle se termine par une belle persis-

Romain Cellery Responsable de l’Ecole du Vin de Changins

tance aromatique. Ce vin exprime à merveille son terroir et évite, malgré sa richesse, le piège d’une maturité excessive. Une bouteille agréable, dès à présent, mais qui atteindra son apogée dans quelques années.

@ romain.cellery@eichangins.ch

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( Banc d'essai

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SAAB 9-5 2.0 T

La religion de l'efficacité

Derrière le volant de la Saab 9-5, bien calé dans un large et confortable fauteuil, on s'amuse à distinguer l'exclusif du commun. Au passage, on admire les grands cadrans animés d'aiguilles vertes et l'harmonie générale de la planche de bord. L'exclusif, chez Saab, ce sont par exemple les aérateurs. Un jeu de grilles superposées, simples et du plus bel effet. Autre trait de caractère, le contact moteur sur la console centrale. Cette fois, un simple bouton pressoir suffit puisque la clé peut rester dans la poche. En revanche, la commande de l'ordinateur de bord ramène vers le monde Opel, moins chic. Mais ça fonctionne plutôt bien. BB

Atouts

+

• La réputation de la marque • Le confort à bord • La transmission intégrale • La ligne Aero

Faiblesses

Fiche technique •L ongueur x largeur x hauteur: 5 x 1,86 x 1,46 m •C apacité du coffre: 515 litres •M oteur: essence 4-cylindres • Cylindrée: 1 998 cm3 • Puissance: 220 ch • Couple: 350 Nm • Vitesse maxi: 230 km/h •A ccélération 0-100 km/h: 7,9 s •C onsommation moyenne: 8,8 l/100 km •E missions de CO2 : 199 g/km

Sur le web www.saab.ch

Deux ans après le début de sa cession par General Motors, Saab relance la machine. Et c'est la berline 9-5 qui donne le ton.

S

aab est de retour. Repris par le néerlandais Spyker, le constructeur suédois réintègre la totalité de sa production en son berceau de Trollhättan. La grande et belle 9-5, qui symbolise sa renaissance, devrait lui permettre de retrouver son rang parmi l'élite. Cette voiture est produite depuis la fin août 2010 et ses premières unités ont été livrées à travers l'Europe. La 9-5 s'impose d'emblée. Avec ses galbes généreux et ses lignes tendues, cette berline statutaire s'inscrit parfaitement dans l'esprit aéronautique qui inspire la marque depuis ses origines. Nul doute qu'avec un tel gabarit, ce modèle s'inscrit pleinement dans le haut

de gamme, en concurrence des Mercedes Classe E, BMW Série 5 et Audi A6. Globalement, tout en portant haut le blason de la maison, cette 9-5 ne renie rien de son ancienne filiation avec General Motors, dont on reconnaît l'influence à bord. Avec quatre portes s'ouvrant sur cet habitacle spacieux et un grand coffre séparé de 515 litres, la 9-5 répond parfaitement à la définition de la berline classique. Et comme l'Opel Insignia, une cousine désormais éloignée, la Saab se déclinera cette année en break, une version «Estate» qui devrait devenir une nouvelle référence en termes de volume. Si l’on y ajoute les versions à transmission intégrale XWD, le constructeur disposera alors d'une gamme premium complète.

-

• Le gabarit encombrant • Le réseau de diffusion restreint

L'efficacité est une religion chez Saab, qui place le turbocompresseur au rang de dogme. C'est dire si l'on retrouve cet organe avec bonheur, notamment couplé au moteur 2 litres essence. Une version propre à satisfaire les plus exigeants. Les grands rouleurs se tourneront plutôt vers les blocs diesel avec, en particulier, un 160 ch qui étonne par son dynamisme. Mais fidèle à ses convictions nordiques, Saab ne désarme pas sur le bio. Il propose ainsi des versions BioPower utilisant le carburant E85, rare, mais peu coûteux. Autant de signes distinctifs qui devraient remettre Saab en jeu sur l'échiquier automobile mondial. Bernard Bastien

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84 ( Complications § mouvements @ j.grandjean@banque-finance.ch PAR Joël A. Grandjean Journaliste

E

n horlogerie le principe de la souscription est attribué au mythique horloger Abraham Louis Breguet, qui trouvait ainsi le moyen de financer ses complications. Ce réseautage avant l’heure perdure, oscillant entre foi en l’avenir, désir d’entraide ou volonté prosaïque d’être associé à la genèse d’une marque. Max lève des fonds Maximilian Büsser, fondateur de la marque MB&F et des Horological Machines est un ouvreur de tracés, un dameur de routes. En 2005, après avoir permis à la bijoutière Harry Winston d’accéder en un temps record au nirvana horloger – la saga des Opus –, il entame son aventure éponyme, façon collectif de savoir-faire et mise en avant des acteurs de sa sous-traitance. Six détaillants, convaincus sur présentation de dessins et d’esquisses, s’y impliquent. Il réunit les 700 000 francs nécessaires. Le deal? Versez une avance de 35% de la totalité de la commande et, deux ans après, recevez les montres. Vingt-cinq pièces seront ainsi réservées. Pour le ravissement

Phoenix de Laurent Favre

des collectionneurs les plus audacieux de la planète, il en est à Thunderbold, son Horological Machine N°4, concentré d’avant-gardisme horloger doté de complications sur mesure. Laurent, le «cercle de la première heure» En 2008, la crise aura raison de son business plan, pourtant apte à faire frétiller plusieurs investisseurs. Qu’importe, Laurent Favre porte un nom qui n’autorise pas le doute. La première mention d’un aïeul horloger remonte au 17e siècle, avec Abraham Favre (1685-1762) dont la famille accouchera de la dynastique FavreLeuba. Féru d’histoire, dépositaire patenté des trésors patrimoniaux de l’une des familles les plus célèbres de l’horlogerie suisse, ce représentant de la dixième génération lance le «Cercle de la Première Heure», et prévend vingt-quatre garde-temps malicieusement baptisés Phoenix. Tout pour séduire les aficionados: pétrissures de discrétion et d’attentions manufacturières. Son Quantième à Grand Affichage Rotatif, un système inédit au monde des complications, reflète

la quintessence des arts horlogers. A l’heure de ces lignes, il fignole la convention d’actionnaires auquel chaque souscripteur a droit. La GMT-3 de Vincent, bientôt aux poignets Constructeur horloger, Vincent Plomb débarque avec une presque centaine de commandes. Pour convaincre, il a construit un modèle en parfait état de marche encore plus abouti que celui qu’il présente, images et film de synthèse à l’appui. Sa ténacité paie, la marque s’appelle VicenTerra et GMT-3, sa première création, est un nirvana complicationnel de forme tonneau: miniglobe terrestre en mouvement, indicateur de rayons solaires et ciel lunaire nocturne saupoudré d’étoiles. Les «forumeurs» de la planète collectionnite se donnent le mot. A prix d’usine, c’est à dire peut-être six fois moins cher que les 5 000 francs proposés, on hérite en sus d’une action sur la future SA. Il reste des places. Sur le web www.mbfconcept.com

www.afavrefils.com www.vicenterra.ch

ITINÉRAIRES

Souscriptions et… actions

Au-delà de la bonne action, certains passionnés d’horlogerie participent à la genèse d’aventures horlogères. En se faisant plaisir, quitte à en ressortir tout de même avec une participation symbolique d’actionnariat. GMT-3 de Vincent

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( Tentations

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LUXE 3.

2. 4.

5.

6.

1.

Une sélection réalisée par Fabio Bonavita

MOMENTS D’EXCEPTION

Objets prestigieux 1. Briquet S.T. Dupont: le modèle «Ligne 2» dispose d’une double pointe de diamant en finition palladium, 750 francs, www.st-dupont.com 2. Eau de parfum de Van Cleef & Arpels: cette création provoque une explosion d’agrumes – citron et bergamote – qui fusionnent avec une touche aromatique de romarin, 110 francs, www.vancleef-arpels.com 3. Lunettes 3D de Gucci: la firme italienne s’y met enfin et propose un modèle proche du mythique style aviateur, 340 francs, www.gucci.com 4. Richelieu de Louis Vuitton: dotées d’une finition en cuir verni, ces chaussures feront toute la différence, 810 francs, www.louisvuitton.com 5. Montre Christal Mystérieuse de Dior: un modèle unique qui joue avec la transparence et un verre en saphir incrusté de nacre, 21 000 francs, www.dior.com 6. Baskets chics d’Hermès: en veau velours et cuir, c’est le confort et le luxe qui prédominent, 900 francs, www.hermes.com

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86 ( Coup de cœur, coup de griffe @

f.bonavita@banque-finance.ch PAR fabio bonavita Journaliste

URSS, JAPON, CHINE

Les travers de l’Histoire

A

chaque période de l’Histoire, on nous refait le même coup. L’URSS devait forcément être la puissance économique de demain. Puis, ce fut le tour du Japon qui, au vu des analyses pointues des spécialistes, allait largement dépasser les EtatsUnis. Aujourd’hui, c’est au tour de la Chine de lorgner sur la première place mondiale. Et là, le refrain déjà entendu mille fois se reproduit à l’identique. Les médias tombent dans le panneau et l’empire du Milieu s’en retrouve du coup surévalué: «Faut-il avoir peur de la Chine?», «Pourquoi la Chine va dominer le monde», etc. Pris dans le feu de l’actualité, on en oublierait presque les prédictions

M

arc Fiorentino se présente comme un spécialiste des marchés financiers. Davantage occupé dans l’édition que dans l’analyse boursière, il vient de publier un nouveau livre baptisé «Sauvez votre argent, mon régime santé pour vos économies». En un peu plus de cent pages, l’auteur français agite comme un flambeau la peur pour retenir son lecteur. Il se présente comme le sauveur et fait preuve d’une modestie à toute épreuve. Ce qui débute par un livre mal écrit se poursuit en un sketch non assumé. «Dès aujourd’hui, vous pouvez jeter à la poubelle tous les guides classiques de placements (…). Etre à votre service et vous protéger, c’est la devise de la police américaine.

ratées de ces dernières décennies. Les premières craquelures dans l’économie chinoise se font déjà jour. Les employés, sous-payés, exigent des salaires corrects, les manifestations pour davantage de liberté se multiplient, le régime fait face aux préoccupations occidentales… avec quarante ans de retard. La voie du socialisme à la chinoise continue pourtant d’étonner les analystes. Malgré le prochain écroulement de cette économie, ou du moins le coup de frein sec à sa croissance démesurée dont les chiffres éveillent les soupçons des économistes les plus pointilleux, le modèle survit tant bien que mal. Gordon Chang, un avocat américain d’origine chinoise

qui a travaillé vingt ans en Chine, a déjà prédit la fin de la réussite éclair chinoise et son écroulement dans un laps de temps inférieur à cinq ans. Si ses prévisions devaient se vérifier, ce sont les économies mondiales qui en pâtiraient. Avec l’effet domino que l’on a pu connaître grâce aux subprimes, voir la Chine sombrer dans une dépression profonde et durable n’est souhaitable pour personne. Surévaluer les performances du régime de Pékin ne l’est pas non plus. A moins que l’on ne souhaite cacher les dettes publiques, les emplois biffés et les performances catastrophiques des économies occidentales. Et du coup, le prétexte chinois est tout trouvé. FB

LIVRE

Mauvais investissement à vingt-cinq francs Ce sera la mienne dans ce manuel», confie l’auteur. Et le fantasme du complot mondial de la finance sur les pauvres épargnants enfle encore lorsqu’il s’agit de caractériser les conseillers financiers: «Ils veulent tous vous prendre le fruit de votre travail ou l’argent transmis par vos ascendants. Je vais essayer de vous aider à le sauver avant qu’il ne soit trop tard (…)», annonce-t-il. Quels sont les conseils du sauveur

autoproclamé Fiorentino? Placer son argent dans les paradis fiscaux, ne faire confiance à personne, vivre avec la peur permanente de tout perdre, c’est finalement davantage à une psychothérapie de groupe que l’auteur invite. D’autant que ce dernier joue les traders convertis, alors qu’il est encore actif dans le domaine de la finance. On l’accuserait uniquement de cracher dans la soupe si le livre était au moins bien

écrit. Le problème, c’est qu’au final, on n’y apprend rien. Acheter de l’or (quel scoop), maîtriser les risques de l’investissement (deuxième découverte) et ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier (la base de toute stratégie), les conseils tombent sous le sens. Le seul mauvais investissement dont l’auteur ne parle pas est de débourser vingt-cinq francs pour un livre inutile. FB

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( Le banquier tombe la veste

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ALEXANDRE GAUTHIER-JAQUES

Un esprit ouvert passionné des nanotechnologies Alexandre Gauthier-Jaques est un passionné de nanotechnologies et des sciences, en général, qu’il considère comme une source d’enrichissement intellectuel. Il compte un bel actif dans ce secteur.

parcours • 1995-1998: Project Leader et chercheur au Centre de Recherche de Nestlé SA, à Lausanne • 1999-2009: Client Advisor pour la clientèle des HNWI, Project Manager, Desk Head et expert en investissement dans les sciences de la vie et les nanotechnologies chez UBS, à Genève et Lausanne • 2005-2010: Membre du conseil d’administration du Family Office Medco SA, à Genève • Depuis 2009: CEO de la Caisse d’Epargne Riviera, à Vevey et Montreux

S

’entretenir avec le vaudois Alexandre Gauthier-Jaques rafraîchit les sens et ravive la propension à l’enthousiasme, tant le jeune banquier (1969), qui dirige la Caisse d’Epargne Riviera (Vevey, Montreux), parvient à faire partager ses passions et surtout à communiquer sa grande curiosité intellectuelle, un signe évident d’intelligence. L’une d’elles a trait au développement des nanotechnologies, qui concernent les innovations autour des structures, dispositifs et systèmes relevant de la taille du nanomètre. Elle rejoint d’ailleurs son intérêt pour les start-ups et son étonnement du gap existant entre les entrepreneurs et les banquiers en matière de mentalité, notamment. Les nanotechnologies, Alexandre Gauthier-Jaques les a approchées et approfondies lors de ses études en sciences à l’Université de Lausanne, couronnées par un doctorat. «Directement liées aux molécules, les nanotechnologies désignent le sens de la vie avec toutes leurs extraordinaires propriétés», confie-t-il, les yeux remplis de lueur. Elles ne l’ont d’ailleurs pas quitté sur le plan professionnel, pendant plusieurs années. A UBS, où Alexandre GauthierJaques était en charge de la clientèle privée internationale, il a ainsi réussi à convaincre des membres de la direction de s’intéresser de près aux nanotechnologies, dont l’avenir s’avérait prometteur. Il a alors reçu le mandat de recenser les sociétés © Bertrand Rey

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actives dans ce secteur, puis de les suivre avec l’œil double du scientifique et du financier. Devenu le spécialiste des nanotechnologies au sein de la banque, il a donné des conférences de par le monde aux collaborateurs du secteur bancaire et a rencontré de nombreuses personnalités scientifiques, dont des Prix Nobel. En précurseur qu’il était (et qu’il est resté) pour s’être intéressé parmi les tout premiers aux «dotcoms» en 1999, Alexandre Gauthier-Jaques a ensuite conçu un indice pondéré pour les valeurs de nanotechnologie, et un autre spécifiquement pour ses grandes capitalisations. Après s’être penché sur leurs possibilités d’investissement à travers l’exemple du fonds de capital-risque suisse d’Aymeric Sallin qui leur était dédié, l’idée lui est venue de créer un fonds d’investissement sectoriel en nanotechnologies pour UBS. Malheureusement peu versés dans l’innovation, les pontes de l’établissement zurichois ont décliné sa proposition.... alors que le Crédit Suisse a occupé le marché peu de temps après! Même si, aujourd’hui, il s’investit à fond dans son activité à la tête de la Caisse d’Epargne Riviera, une banque de proximité spécialisée dans l’hypothécaire, Alexandre GauthierJaques consacre toujours une grande partie de ses loisirs à étudier l’évolution des nanotechnologies. Une vraie passion! Didier Planche d.planche@banque-finance.ch BANQUE&FINANCE N°109 MAI/JUIN 2011

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Directeur de la publication et Rédacteur en chef: Didier Planche Rédaction: Fabio Bonavita, Cyril Demaria, Mohammad Farrokh, Joël A. Grandjean, Bernard Pichon, Christophe Roulet, Dorothée Thénot. Edition: Promoédition SA Editeur délégué: Roland Ray Production: Maryse Avidor Secrétariat de rédaction et infographie: Alter Ego Médias www.aemedias.com Photos de Une et Invitée: KEYSTONE/Peter Klaunzer/Marcel Bier/ Peter Schneider Impression: Atar Roto Presse SA www.banque-finance.ch Rédaction et administration: Banque&Finance 35, rue des Bains Case postale 5615 1211 Genève 11 Tel. +41 22 809 94 60 Fax +41 22 781 14 14 E-mail: info@ banque-finance.ch Publicité: Médiapresse Pub SA 3, rue de la Vigie 1001 Lausanne Tel. +41 21 321 30 77 Fax +41 21 321 30 69 Responsable: Roye Yarden Pages Partenaires Promoguide SA Ruchligweg 101 - CP 52 4125 Riehen-Basel 2 Tél. + 41 61 606 50 20 Fax + 41 61 606 50 29 Responsable: Lila Maalem Abonnements: E-mail: abo@banque-finance.ch CCP: 12-17931-5 1 an d’abonnement (6 numéros) CHF 60.2 ans d’abonnement (12 numéros) CHF 90.Banque&Finance paraît six fois par an et publie un numéro hors-série © Promoédition SA, Genève - 2011

CONTRIBUTEURS & PERSONNES CITÉES

ENTREPRISES CITÉES

B Marc Barbeza Nicole Beiner Steve Bernard Jean-Philippe Bonardi C Mathieu Caquineau Bernard Carlier Dominique Casai Romain Cellery Cynthia Cho D Roland Dominicé Patrick Dorner E Carlos Esteve F Grégory Falk Dominique Freymond Oskar Freysinger G Philippe Gaemperle Alexandre Gauthier Jaques Enzo Giannini Markus Gonseth Jean-Marc Guillot H Vincent Hamelink Michael Heijmeijer J Jean-Luc Lederrey Jean-Marc Guillot Jean-Philippe Bonardi Jürg Stähelin K

A

75 64 20 66 44 31 38 82 14 54 15 60 48 16 18 26 87 76 58 34 14 52 40 34 66 14

Erika Kessler 14 Chloé Koos Dunand 36 L Christophe Lamps 71 Tom Leavitt 14 Serge Ledermann 60 Jean-Luc Lederrey 40 Daryl Liew 14 Simon Lovat 14 Graziano Lusenti 67 M Stéphane Monier 42 P Sebastian Paris Horvitz 41 Marc-André Pepin 50 Michel Jacques Petit 56 Rhodri Preece 10 R Michel Reymondin 55 S Axel Schwarzer 14 Jürg Stähelin 14 F. Bernard Stalder 14 Thomas Sutter 14 T Anicet Tanghe 69 Harry Tchilinguirian 32 V Gérard Vahé 82 Marc Vaslin 62 Roland Vögele 46 W Eveline Widmer-Schlumpf 6 Christophe Wittwer 72 X Emman Xuereb 43

ANNONCEURS AD Galerie 40 Amundi 17 Banque Vontobel 2 Cargill C4 Citco 28 Devillard 13 Equinix 14 Eri Bancaire 4 Finnova 33 Gérifonds 37 GVA Energing Markets 81 HSBC 5 ING Investment management C2

Jet Fin Agro 68 Liminopuncture 78 Manotel 57 Michael Page 14 MIT 25 Penta Consulting C3 Restaurant La Picholine 78 Riviera Sud 78 Scoach 39 Sistrade Sàrl 78 Sofgen Save Tax 35 Sungard 51 Synergy Partners 27

AP Executive

69

ASG 15 B B3B 75 Banque Bénédict Hentsch & cie

34

Banque Heritage

60

BCGE 40 BNPParibas (Londres)

32

C cfa Institute

10

Cfinancials 52 Compagnie privée de Conseils et d’Investissements 48 Crédit Agricole (Suisse)

31

D Dynamics Group

71

E Ecole du Vin de Changins

82

F Fondation Genève Place Financière

72

G Genève Place Financière

20

Genilem Vaud-Genève

26

Gérard Genève

82

H HEC Lausanne

66

HSBC Private Bank

41

I Infidar 58 L Lloyds TSB Private Banking

72

Lombard Odier Investment Managers

42

M Management & advisory Services

16

Morningstar France

44

MV Immoxtra Schweiz Fonds

46

P Pictet & cie

36

R Real Value Management

50

Realtime Forex

43

S Sungard Group

76

Symbiotics Group

54

T Turquoise Finances

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U Uram SA

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L’information financière et bancaire sur www.banque-finance.ch avec B3B

Partenaire de Banque&Finance, le site www.b3b.ch vous propose un accès simple et rapide aux faits marquants de l’actualité ainsi qu’aux nouvelles tendances. b3b est une cellule de veille stratégique et d’intelligence économique également accessible sur Twitter et Facebook.

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