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BANQUE & FINANCE

BF Couverture 111_Mise en page 1 23.08.11 13:19 Page1

BANQUE &

Ba Journ nq ée uie d rs es 20 11

FINANCE LE MAGAZINE DE LA PLACE FINANCIERE SUISSE

Droit & Fiscalité Stupeur et tremblements sur les trusts

N°111

Septembre/octobre 2011

CHF 12.- / 8€

Claude-Alain Margelisch, Président du Comité exécutif et Délégué du Conseil d’administration de l’Association suisse des Banquiers

Normes & Régulation Les conséquences d’UCITS III pour les investisseurs Investir dans les structurés Mieux gérer le risque débiteur

Claude-Alain Margelisch

L’architecte de l’impôt libératoire


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1 L’édito

DIDIER PLANCHE Directeur de la publication & rédacteur en chef

@ d.planche@banque-finance.ch

La médiocrité paie

L

e cadeau financier à la Grèce ressemble à s'y méprendre au jouet offert à un sale gamin qui aurait volontairement bouté le feu à la maison familiale. Celui-ci commet un acte d'une extrême gravité, mais se voit récompensé, entre autres pour le calmer. Les autorités grecques ont géré leur pays comme des Pieds Nickelés, laissant insidieusement s'installer un système de corruption des plus pernicieux et feignant d'ignorer le laxisme généralisé dans l'ensemble des secteurs économiques. Les finances de l'Etat s'étant alors effondrées, ce dernier a revêtu l'habit de l'insolvabilité en raison de son défaut (partiel) de paiement. De quoi faire définitivement honte aux éminents philosophes et grandes divinités de la Grèce antique, dont les plus célèbres rivalisaient de sagesse, et stopper net le Sirtaki endiablé du tourmenté Zorba, en éternel conflit entre le désespoir et la rage de vivre, c'est de circonstance. Oui, les dirigeants grecs ont fauté en beauté par incompétence et inconsistance. En contrepartie de sa colossale aide financière qui arrive pour le moins à un mauvais moment, l'Union européenne (UE) aurait pu leur infliger de graves sanctions, si ce n'est exigé séance tenante la démission du gouvernement Geórgios Andréas Papandréou, afin de nommer une nouvelle équipe d'union nationale motivée, travailleuse et honnête, voire même poursuivre pénalement les édiles mises en cause, ainsi que la myriade de corrupteurs et autres corrompus. Que nenni. L'UE a préféré délier sa bourse une nouvelle fois, après un premier prêt de 110 milliards d'euros en mars 2010. Autrement dit, Etats membres de la zone euro qui êtes déjà en situation de déliquescence (mais ne le sont-ils pas presque tous, hormis l'Allemagne?), continuez à faire du n'importe quoi et à déclamer l'ode à la médiocrité, vous serez de toute manière récompensés. Il s'agit bien là d'une situation délétère.

Pour l'heure, la Grèce, qui ne représente que 2,5% du PIB de la zone euro, a reçu en cadeau de l'UE, du fonds européen de stabilité financière et du FMI, une enveloppe globale de 158 milliards d'euros, y compris 50 milliards qui émanent du secteur privé, banques en tête. Merci pour elles. Elles risquent cependant de s'en souvenir longtemps, indépendamment du choix qui leur est généreusement proposé, entre l'extension des échéances d'emprunts existants, le renouvellement de la dette ou l'acceptation d'une décote de l'ordre de 20%. Pour rassurer les établissements bancaires concernés, les fonctionnaires de l'OCDE, toujours aussi désopilants, échafaudent diverses hypothèses de soutenabilité de la dette à long terme, dont certaines d'entre elles, mirobolantes, permettraient à la Grèce de retrouver son lustre d'antan. «Si les réformes budgétaires et structurelles sont pleinement mises en œuvre, le ratio dette/PIB pourrait atteindre un sommet en 2013, avant de retomber en dessous de 60% au cours des deux prochaines décennies. Le train de mesures annoncé devrait ensuite ramener les taux d'intérêt sur la dette grecque à un niveau raisonnable et favoriser le renforcement de l'investissement et de la croissance. Dès lors, la Grèce aura le temps nécessaire pour mettre en œuvre des réformes qui amélioreront sa compétitivité et ses résultats à l'exportation», annoncent-ils sans rire. Il est vrai qu'avec le recours à la conjonction «si» et au verbe «devoir», le monde pourrait être merveilleux, et l'humain encore plus. De qui se moquent-ils? En tout cas, c'est sûr, des créanciers privés qui vont essuyer des pertes conséquentes. Pas grave, les riches n'ont qu'à payer, estiment certainement les étatistes de service. Voilà où mène le laisser-aller de la médiocrité. Il est d'autant plus inacceptable que la Grèce ne présente aucune garantie de sortir de l'ornière où elle s'est fourrée, par sa seule faute. Il y a de l'Armageddon dans l'air. n BANQUE&FINANCE N°111 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011


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3 Sommaire

6

L’invité

6

CLAuDE-ALAin MARGELisCh L'architecte de l'impôt libératoire

n 111

Temps forts

°

10

DéCRYPTAGE

L'offshore à portée de presque tous

Septembre-Octobre 2011

13

LA PARoLE EsT à...

Nicolas Pictet La valeur du modèle de banquier privé

Retrouvez votre magazine sur le web www.banque-finance.ch

14

En TouTE LibERTé

Christopher Wasserman Défendre le bien commun

Photos de Une: © Christian Bonzon

17

A LA TRibunE

Me Christian Lüscher Du danger de la sur-réglementation

BANQUE &

FINANCE

18

ACTuALiTé

Laurent Ashenden invest’11, arrêt sur image

LE MAGAZINE DE LA PLACE FINANCIERE SUISSE

19

10

Sous la loupe JOURNÉE DES BANQUIERS 2011

ACTuALiTé

Jérôme Sicard Des contenus pour les Relations Investisseurs

31 oLiviER GAuDERon ET

.

10

PhiLiPPE RuEDin Réglementation bancaire Pour le bien des banques et des clients

34 JEAn-YvEs DE boTh Quel avenir pour les fonds offshore?

36 RAouL oLivER WuERGLER Banques étrangères en Suisse Une connaissance approfondie des marchés mondiaux

38 ThoMAs bRoTzER Nouveautés fiscales Les assurances aussi concernées!

BANQUE&FINANCE N°111 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011


04 Eri Bancaire:02 I share 24.08.11 10:23 Page1


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5 Sommaire . 20

DE zuRiCh

Cyril Demaria Les CoCos ou la realpolitik du risque bancaire

22

DE bRuxELLEs

Tanguy Verhoosel Le casse-tête fiscal de l’Europe

24

LE DEssous DEs CARTEs

Mohammad Farrokh Le casse-tête fiscal de l’Europe

26

si J'éTAis bAnquiER

Paul-Henri Levin Etre banquier, pour faire quoi?

Investir 42

DEvisEs

Howard Friend Attention aux big news!

MoRninGsTAR

46

hEDGE FunDs

Guillaume Monarcha Combiner les fonds UCITS avec les hedge funds!

82

66

Bernard Pichon A Paris, mise en Seine asiatique

67

68

Alexandre Mouthon Stagflation ou déflation?

57

86

Michel Reymondin Faux: marché interlope?

CoMPLiCATions & MouvEMEnTs

Joël A. Grandjean A l’heure du Rocher

LiRE

Didier Planche Le Business social face à la réalité

88

MA bibLioThèquE

Odile Habel Maxime Morand

bAnquE & inTERnET

Marc Barbezat Les satellites à la rescousse des banques

noMinATions & PRoMoTions sAvoiR

Fabio Bonavita L’épineuse question de la succession des PME

90 DiTEs-Moi quE J'Ai ToRT Gérald de Filippis L’Indigné indigne…

92

CouP DE CŒuR CouP DE GRiFFE

Fabio Bonavita Les banques en ligne font un carton

e iré o s

Des systèmes perméables à souhait

suivRE

Fabio Bonavita Un développement romand maîtrisé

76

Opérationnel

DéGusTATion

Romain Cellery Sauvignon gris de Genève 2009

sE PERFECTionnER

75 ART

voLuPTé

Gérard Vahe Magiques Collectors

sE PERFECTionnER

Dorothée Thénot Les opérateurs des marchés à l'honneur

74

CoCkTAiL Du GéRAnT

84

69

50

58

CoMMuniquER

85

72

A TAbLE

Bernard Pichon Le Duo, coups doubles au Royal

Dorothée Thénot La fiscalité en voie d’hyper-spécialisation

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insoLiTE

83

Christophe Lamps Le mécénat pour donner du sens

Lionel Pilloud Mieux gérer le risque débiteur

52

DiRiGER

Dorothée Thénot En finir avec le dilemme du manager

sTRuCTuRés

CFinAnCiALs

Vie privée

Fabrice Cuchet Les conséquences d'UCITS III pour les investisseurs

70

44

48

64 noRMEs & RéGuLATion

soLuTions bAnCAiREs

Nicolas Vezin Vers une logique d'applications en «libre-service»

94

LE bAnquiER ToMbE LA vEsTE

Didier Planche Jean-Michel Clerc Vivre son authenticité

96

AnnonCEuRs ET EnTREPRisEs CiTEEs

s

bAnquE & FinAnCE vous ConviE à un AFTER ŒnoLoGiE ExCEPTionnEL! insCRiPTion PAGE 85

FoCus bAnquE

Didier Planche Caisse d'Epargne Riviera Un modèle d'affaires qui séduit

60

ue iq n u

FoCus bAnquE

Christophe Roulet Tradition anticipe l'avenir

62

DRoiT & FisCALiTé

Marc Vaslin Stupeur et tremblements sur les trusts

L’information financière et bancaire sur www.banque-finance.ch avec B3B Partenaire de Banque&Finance, le site www.b3b.ch vous propose un accès simple et rapide aux faits marquants de l’actualité ainsi qu’aux nouvelles tendances. b3b est une cellule de veille stratégique et d’intelligence économique également accessible sur Twitter et Facebook.

BANQUE&FINANCE N°111 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011


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Après des études de droit à l’Université de Berne, puis l’obtention d’une licence en droit, du brevet de notaire et de celui d’avocat, Claude-Alain Margelisch (1963) a exercé son activité dans une étude d’avocats, jusqu’en 1993. Cette même année, il est entré au service de l’Association suisse des banquiers (ASB) pour être responsable du Département «Marchés financiers internationaux» et Vice-président du Comité exécutif. Le 17 septembre 2010, il est devenu Président du Comité exécutif et Délégué du Conseil d’administration de l’ASB, fonction qu’il occupe toujours. © Photos: Christian Bonzon

Parcours express BANQUE&FINANCE N°111 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011


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7 L’invité

CLAUDE-ALAIN MARGELISCH PRÉSIDENT DU COMITÉ EXÉCUTIF ET DÉLÉGUÉ DU CONSEIL D’ADMINISTRATION DE L’ASSOCIATION SUISSE DES BANQUIERS (ASB)

L’architecte de l’impôt libératoire Entre la conclusion de l’accord fiscal avec l’Allemagne, puis avec le RoyaumeUni, sur la retenue à la source libératoire, l’amélioration des prestations de services transfrontières, la législation «Too big to fail» ou encore le FATCA, soit la nouvelle législation fiscale américaine, Claude-Alain Margelisch n’a vraiment pas de quoi chômer, ni d’aller flâner dans son Valais natal, en dégustant une exquise Petite Arvine. Non, cet avocat et notaire passionné des imbroglios juridiques, se démène tambour battant pour que la place financière suisse et, partant les banques helvétiques, ne cèdent pas un pouce de leur compétitivité, au contraire. Banque & Finance: Comment vous portez-vous, Claude-Alain Margelisch, presque une année après votre nouvelle entrée en fonction et une masse de dossiers à suivre ou à résoudre? Claude-Alain Margelisch: Je vais bien et je vous remercie de vous soucier de ma santé. Ma nouvelle fonction représente effectivement une lourde responsabilité, mais elle s’avère vraiment passionnante. Actif au sein de l’ASB depuis près de dixsept ans, je pense pouvoir maîtriser correctement l’ensemble des dossiers et, surtout, je bénéficie d’un réseau de compétences en Suisse et à l’étranger, qui m’est particulièrement utile dans mes activités. Cependant, les défis actuels sont nombreux, complexes et fondamentaux pour la compétitivité de la place financière suisse et de ses banques. Comme ils évoluent à une vitesse fulgurante, ils exigent un suivi de tous les instants et une masse de travail conséquente. B&F: En cet été 2011, quelle est globalement votre appréciation de l’évolution de notre secteur bancaire? C.-A.M.: Il se porte très bien, en comparaison avec d’autres systèmes bancaires étrangers, en Europe en particulier. Hormis le cas UBS qui a été magistralement résolu par une intervention ciblée de la Banque Nationale Suisse, du Département fédéral des finances, ainsi que de la FINMA, et a rapporté 1,2 milliard de francs aux contribuables suisses, notre secteur bancaire a été globalement épargné par la crise financière. L’attrait de

notre place financière est restée intacte, grâce à des facteurs favorables comme la stabilité monétaire et politique du pays, la performance des banques, la protection de la confidentialité de la sphère privée, la qualité des infrastructures et des services, etc. Sa compétitivité se confirme d’ailleurs par l’afflux constant de capitaux. Enfin, le secteur bancaire joue un rôle toujours très important dans le développement de l’économie suisse, entre autres grâce à ses liens étroits avec l’industrie. Trois chiffres démontrent à l’envi la santé et la valeur ajoutée de notre secteur bancaire: il emploie plus de 140’000 collaborateurs, sa productivité atteint 36,7 milliards de francs, et il verse chaque année 11,2 milliards d’impôts à la Confédération. B&F: La capacité d’innovation des banques suisses et le niveau de formation de leurs collaborateurs sontils toutefois suffisants pour rendre le secteur davantage compétitif, face à une concurrence internationale exacerbée? C.-A.M.: Nos banques sont déjà compétitives, mais doivent poursuivre leur développement dans les innovations et optimiser toujours plus le niveau des formations et de leurs différentes filiales. A ce sujet, je rappelle que le Swiss Financial Institute est une émanation du secteur bancaire suisse en collaboration avec les universités helvétiques et la Confédération, qui figure parmi les premières formations financières mondiales. B&F: Qu’apportent aux banques suisses les exigences de Bâle III? C.-A.M.: Comme elles remplissent déjà presque toutes les exigences de Bâle III en matière de capital propre de Tier 1, nos banques confirment leur solidité et fiabilité. Elles s’inscrivent ainsi parfaitement dans le trend de la compétitivité mondiale. Toutefois, les règles applicables aux banques suisses dites systémiques, qu’elles ont d’ailleurs acceptées, méritent pour leur part une révision régulière, afin de correspondre en tous points à celles en vigueur sur le plan international. Le Conseil des . BANQUE&FINANCE N°111 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011


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8 L’invité

. Etats a déjà avalisé une clause de réexamen dans ce sens, qui permettra d’établir des comparaisons internationales et de prendre les mesures nécessaires pour adapter les règles à leur niveau d’exigences. En outre, la FINMA veille au respect de l’application des réglementations.

B&F: L’image des banques suisses, ou tout au moins de certaines d’entre elles, a été ternie par des boni versés aux dirigeants, dont les montants ont choqué l’opinion publique. Quelle politique proposez-vous en la matière? C.-A.M.: Certes, les montants de certains salaires et/ou boni ont scandalisé une partie de l’opinion publique et de la classe politique suisses. La FINMA a cependant émis une réglementation à ce sujet, qui oblige les banques à prendre des mesures pour limiter le montant des boni. De plus, elles doivent les régler sur le long terme, afin de s’assurer de l’engagement de leurs bénéficiaires à l’essor de la banque les employant. Je précise, toutefois, que les boni remis en cause concernent une minorité de managers bancaires, et que la très grande majorité des employés de banque ont des salaires qui sont tout à fait dans la moyenne de ceux du reste de l’économie. Enfin, les rémunérations versées aux dirigeants et principaux responsables des grandes banques suisses se doivent d’être calquées sur celles octroyées à l’international, pour éviter leur départ à l’étranger... C’est une réalité que l’on ne peut nier.

L’ASB SE BAT POUR ÉLIMINER LE DROIT DE TIMBRE PAR ÉTAPES, SURTOUT QUE SA DISPARITION PERMETTRAIT D’AUGMENTER LA PRODUCTIVITÉ DU SECTEUR BANCAIRE ET DE L’ÉCONOMIE.

B&F: In fine, que cherche le législateur européen, et même américain, en imposant à la Suisse des contraintes réglementaires devenues insupportables? C.-A.M.: Nous observons effectivement que le développement de standards réglementaires aux Etats-Unis et dans l’Union européenne, pose toujours plus de difficultés à la Suisse. Mais étant un pays tiers, elle n’est pas tenue de les reprendre stricto sensu, même si une adaptation clairvoyante semble prépondérante. La Confédération helvétique est cependant pionnière dans certaines réglementations, comme la loi «Too big to fail» qui enregistre une nette longueur d’avance. La Suisse fait preuve d’une qualité indéniable, à savoir sa flexibilité qui favorise son adaptation aux réglementations internationales ou, au contraire, lui offre la possibilité de se différencier si l’une d’elles, fruit de compromis politiques, porte gravement atteinte à son secteur bancaire. Se conformer sans fléchir

B&F: Le gouvernement fédéral, via son Secrétariat d’Etat aux questions financières internationales, estil suffisamment offensif et efficace dans sa défense des banques suisses, en réponse à la pression réglementaire qui commence à dépasser le seuil de tolérance, si ce n’est déjà le cas? C.-A.M.: Oui, le SFI défend indéniablement les intérêts de notre place financière et il vient encore de le démontrer avec la conclusion des deux accords fiscaux avec l'Allemagne et le Royaume-Uni. Quand à la pression réglementaire, elle émane essentiellement des organisations internationales, auxquelles la Suisse appartient. A ce titre, elle doit donc appliquer les mesures décidées, à l’instar des autres places financières. En revanche, le Conseil fédéral doit continuer à défendre nos conditionscadre, à travers une réglementation différenciée. En effet, celleci ne peut pas être mise en pratique de manière uniforme et unilatérale pour des banques actives à l’international, et d’autres focalisées sur le marché cantonal ou régional, par exemple. Bien sûr, l’évolution des coûts liés aux nouvelles réglementations est véritablement préoccupante pour les banques, selon leur taille. Nous travaillons sur ces coûts pour proposer des solutions de rationalisation par catégorie d’établissements, afin de les alléger, sans remettre en cause le bien-fondé des réglementations protégeant les épargnants et les investisseurs, notamment.

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B&F: Je vous remercie, maintenant, de faire brièvement le point sur l’évolution de quelques dossiers en cours (voir aussi le texte sur la réglementation bancaire d’Olivier Gauderon et Philippe Ruedin, tous deux de KPMG Genève, en pages 31, 32 et 33). Secret bancaire (distinction entre fraude et évasion fiscales en relation avec l’entraide administrative), Fiscalité de l’épargne (susceptible de déboucher sur l’échange automatique d’informations) et Retenue à la source libératoire (impôt libératoire à la source accepté avec l’Allemagne et le Royaume-Uni). C.-A.M.: La stratégie 2015 de l’ASB repose sur quatre piliers. Il s’agit en premier lieu d’affirmer la volonté des banques d’acquérir et de gérer dans le futur des avoirs fiscalisés, ce qui implique de se conformer aux standards internationaux et notamment à l’article 26 de l’OCDE, régissant l’échange d’informations à la demande; la Suisse a déjà révisé plus de trente conventions de double imposition et a réussi la phase 1 du Peer Review Process, qui est un examen par les pairs des membres du Global Forum; elle va maintenant concrétiser une partie de ces conventions d’ici la fin de l’année, puis elle devra passer en 2012 la phase 2 de cet examen. En deuxième lieu, l’ASB souhaite trouver des solutions par la voie bilatérale pour régler le passé fiscal de certains clients, comme le paiement d’une retenue à la source unique qui leur permettrait de solder les impôts dus aux autorités fiscales de leur pays de résidence. En troisième lieu, l’ASB veut maintenir la capacité de la place financière à maintenir la protection de la sphère financière privée; dans cette optique, nous proposons un impôt libératoire à la source, à la place de l’échange d’informations automatique, dont le montant correspondrait au prélèvement en vigueur dans le pays de résidence du client; pour ce faire, la Suisse doit conclure avec les Etats intéressés un accord bilatéral contenant une législation fiscale identique à celle du pays de résidence du client, laquelle aurait toutefois l’avantage de conserver son anonymat, tout en s’acquittant normalement de ses impôts. Deux accords dans ce sens viennent d'être conclus avec l'Allemagne et le Royaume-Uni; pour le règlement du passé, ils fixent le taux d’imposition à 34% au


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9 L’invité

C.-A.M.: Un prospectus pour les investisseurs sur les fonds complexes, le KID pour Key Information Document, deviendra un standard au sein de l’Union européenne. La Suisse procédera aussi à des adaptations, surtout qu’elle a perdu du terrain à cause de son ancienne loi sur les fonds de placement, qui n’était pas adaptée aux évolutions en la matière. Dans ce domaine précis, nous travaillons étroitement avec l’Association suisse des fonds de placement, le SFI et la FINMA.

© Photos: Christian Bonzon

maximum de la fortune; quant à la charge fiscale effective, elle se situera entre 20 et 25% de la fortune totale pour la plupart des clients; ces deux accords vont ainsi créer la possibilité d’acquisition et de gestion d'avoirs des clients de ces deux pays conformes fiscalement; de même, ils vont favoriser une solide base de croissance pour les futures activités transfrontières des banques suisses avec l’Allemagne et le Royaume-Uni. En quatrième lieu, l'ASB vise l'amélioration des prestations des services transfrontières et leur accès, lequel peut être réglé de manière bilatérale, surtout depuis l'application des nouvelles réglementations prudentielles adoptées après la crise financière, qui ont un effet discriminatoire sur les pays tiers comme la Suisse, par exemple. Législation Too big to fail/TBTF (relative aux risques des banques d’importance systémique, elle vise à augmenter drastiquement leurs fonds propres et à séparer leurs activités). C.-A.M.: Ce dossier se trouve au stade de la procédure parlementaire. Le Conseil des Etats a déjà adopté la nouvelle législation et le Conseil national se déterminera cet automne. Le secteur bancaire a accepté la réglementation prévue par le rapport d’experts publié en octobre 2010. Il a néanmoins émis des propositions suite à certaines réserves sur divers renforcements de dispositions, insérées par la suite dans les documents soumis à consultation, lesquelles ont été avalisées par le Conseil des Etats. Une clause de réexamen régulier de cette loi a ainsi été acceptée, surtout pour s’assurer que la Suisse n’est pas plus stricte et exigeante que la réglementation internationale. De même, nous avons obtenu que les fonds propres pondérés aux risques des banques présentant des risques systémiques ne dépassent pas les 19% du total de bilan, et que le changement du système de l’impôt anticipé, en passant du système du débiteur à celui de l’agent payeur, se fasse de manière coordonnée et concertée avec d’éventuelles autres modifications sur le plan international. Loi fédérale sur les placements collectifs de capitaux/LPCC (elle permettra d’adapter la législation suisse à la Directive européenne AIFM, et plus spécifiquement AIFMD qui concerne en particulier les gérants de fonds alternatifs). C.-A.M.: Entrée en vigueur en juin dernier, cette Directive nécessite de procéder aux adaptations réglementaires en Suisse, dans le cadre de la LPCC. Nous devons aussi nous assurer que la distribution de placements et de produits alternatifs sera possible en Suisse, comme elle l’est dans l’Union européenne. De même, nous devons recevoir la garantie d’obtenir dès 2015 un accès au marché de la gestion alternative au sein de l’Union européenne, et faire en sorte que la législation suisse soit reconnue comme équivalente. C’est un enjeu stratégique pour la place financière suisse. UCITS III-IV-V (législation qui pose des exigences en matière de gestion des risques pour tous les fonds qualifiés de complexes).

Réforme du marché des OTC (marché des produits dérivés échangés de gré à gré). C.-A.M.: Ce dossier fait l’objet de standards différents, qu’il s’agisse des Etats-Unis ou de l’Union européenne. Nous militons donc pour leur uniformisation et leur reconnaissance mutuelle, afin que les banques suisses actives au niveau international ne subissent pas les complications de standards différents. Droit de timbre (et sa suppression). C.-A.M.: Sa suppression reste d’actualité, car il nuit aux investissements liés aux nouveaux produits financiers, et aux conditions-cadre fiscales de la Suisse. L’ASB se bat pour éliminer le droit de timbre par étapes, surtout que sa disparition permettrait d’augmenter la productivité du secteur bancaire et de l’économie. Je précise, toutefois, que le droit de timbre d’émission est sur le point d’être supprimé, ce qui est un premier pas dans la bonne direction. Nous sommes conscients qu’une élimination de cet impôt doit être considérée dans le contexte fiscal global, mais nous restons persuadés que son remplacement par une taxe compensatoire n’est pas une bonne solution. FATCA (Foreign Account Tax Compliance Act) en relation l’IRS (Internal Revenue Service). C.-A.M.: Le secteur bancaire suisse mène d’intenses efforts dans les mesures d’exécution du FATCA, mais de manière raisonnable et pragmatique, afin de ne pas alourdir les coûts des banques, et de faire en sorte que la sécurité du droit pour les intermédiaires financiers l’appliquant soit garantie. Avec les instances des banques européennes et de toutes celles des pays de l’OCDE, nous nous sommes mobilisés pour sensibiliser les autorités fiscales américaines sur la difficulté de la mise en œuvre du FATCA. Nous avons déjà obtenu un premier résultat avec l’application par étapes et non intégrale de cette réglementation à partir du 1er janvier 2013, qui sera ainsi échelonnée dans le temps. Ce report partiel est d’autant plus important que le FATCA concerne aussi les banques menant des opérations diverses sur le marché américain, même si elles n’y comptent aucun client américain, soit US person, ou n’investissent pas directement dans des titres américains, ce que beaucoup d’entre elles ignorent encore. n Propos recueillis par Didier Planche

BANQUE&FINANCE N°111 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011


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10 Décryptage

mohammad Farrokh

© Photos: ??????

L’offshore à portée de presque tous

Chroniqueur

@ m.farrokh@banque-finance.ch

Avec 3000 clients privés, SFM Corporate Services est leader sur le marché européen des structures offshore. La demande est forte pour des raisons de confidentialité, notamment dans les transferts passant par SWIFT, mais aussi pour des raisons fiscales et commerciales.

A

vant de créer sa société SFM en 2006, Reza Afshar était gérant dans le cadre de la Royal Bank of Canada. «Cela inclut la planification successorale», précise-t-il. Qui dit «planification successorale», dit trusts, surtout dans le contexte d’une banque à dominante anglophone. Pourtant, l’idée qui est à la clé du succès de SFM a été non pas de pratiquer le trust avec toutes les contraintes imaginables, notamment en matière de due diligence, mais bien d’élargir le concept de sociétés offshore à d’autres instruments. Car les besoins de confidentialité excédent de loin les possibilités du trust, même si celui-ci peut toujours représenter une sorte d’idéal-type dans ce domaine. A l’heure actuelle, disposer d’une structure offshore constitue un must pour celui voulant effectuer des transferts internationaux d’argent, sans que son nom apparaisse en tant que donneur d’ordres. C’est désormais le principal motif de création d’une structure offshore, mais non le seul. Il existe aussi une demande de la part de créateurs d’entreprises n’étant pas en mesure (ou ne désirant pas bloquer leur capital) d’apporter les 100’000 francs requis pour la constitution d’une société anonyme. Une société offshore, créée dans l’une des quelque quinze juridictions offertes par SFM, permet donc de réduire la mise de fonds pour un résultat comparable. La nouvelle société n’est pas une SA helvétique, mais la succursale BANQUE&FINANCE N°111 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011

d’une offshore basée aux Seychelles. L’exemple est approprié, car cette juridiction est la moins onéreuse, puisqu’il est possible d’y créer une structure pour seulement 1000 francs. D’autres usages de la structure offshore sont également d’actualité, notamment dans l’immobilier. Les nombreux clients britanniques de Reza Afshar apprécient particulièrement l’avantage offert par une offshore, dans la mesure où elle permet d’éviter les droits de succession qui, au Royaume-Uni, sont susceptibles de frapper lourdement les héritiers. «Une société ne meurt pas», relève le fondateur de SFM qui, malgré son jeune âge (34 ans), ne manque pas d’un certain sens de la durée. La liste des utilisations des structures offshore, sans même prétendre à l’exhaustivité, comporte bien sûr les sociétés utilisées dans le contexte du commerce international, ainsi que les sociétés créées pour détenir des droits de propriété intellectuelle. Une moitié de Français Mais comme le reconnaît Reza Afshar, la motivation principale reste, et semble-t-il d’assez loin, le désir de préserver la confidentialité depuis que la plateforme internationale SWIFT exige la mention de donneur d’ordres. L’argument de la confidentialité paraît particulièrement porteur auprès des Français, qui re-


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11 Décryptage

Un modèle précaire

présentent environ la moitié des clients de SFM. Pour des raisons de proximité géographique évidentes, ils sont aussi nombreux parmi ceux préférant se déplacer dans les bureaux genevois de SFM, plutôt que de faire usage des possibilités offertes par la société de créer des structures juridiques par internet. «Environ 30% des clients se déplacent physiquement», précise Reza Afshar, qui ajoute qu’il s’agit de ceux «ne voulant pas laisser de traces». Dans certains pays, il vaut mieux que le fisc ne sache pas qu’untel détient une offshore. Ailleurs, en Suisse par exemple, cela passe beaucoup mieux. D’autres clients, et ils sont de plus en plus nombreux, se fient aux possibilités de l’informatique. «Nous offrons des services de création de sociétés depuis des bureaux virtuels», explique Reza Afshar, dont la société est clairement devenue leader européen sur ce marché. «Tout est faisable en ligne», poursuit-il avant de préciser que SFM est directement réglementée par la Finma, qui a approuvé son modèle d’affaires. Que demander de plus? Autre rapprochement significatif avec l’univers bancaire, le site de SFM est sécurisé avec le même protocole que celui applicable aux banques. Juridictions à choix L’existence d’une telle plateforme sécurisée permet à SFM de créer une centaine de sociétés par mois, un chiffre qui n’est paraît-il ni atteint ni même approché par les concurrents de Reza Afshar, dont le plus actif n’arrive pas à la moitié. Les cinq premières de la société ont été particulièrement porteuses pour SFM. «Il y a cinq ans, j’étais encore seul. Maintenant nous

Le modèle d’affaires de SFM est particulièrement intéressant, mais précaire. Car la tolérance par rapport aux structures offshore est non seulement très variable d’un pays à l’autre, mais aussi menacée par la lutte contre l’évasion fiscale menée avant tout par l’UE. Certes, toutes les sociétés de ce type n’ont pas été créées à des fins fiscales, on pense notamment aux structures destinées à faciliter le commerce international, mais il n’en demeure pas moins que, dans le contexte actuel, la plupart des clients cherchent avant tout à échapper à une identification nominale, lors de transferts d’argent internationaux. En filigrane, une telle préoccupation fait surtout sens pour les titulaires de comptes non déclarés. D’une manière générale, les clients vont chercher des solutions toujours plus lointaines, et d’aucuns font transférer leur compte à Singapour, quitte ensuite à demander une «mise à disposition» d’un montant sur un compte accessible en Suisse. L’idée paraît clairement, au moins virtuellement, de fuir l’Europe. Or, ce n’est pas un hasard si 90% des clients de SFM sont Européens. Nombre d’entre eux doivent secrètement se réjouir des difficultés de l’UE. MF

sommes une vingtaine, avec des bureaux aux Seychelles et à Hong Kong.» Contrairement à ce que l’on pouvait penser, la vocation d’une offshore n’est pas un one stop shop. De telles structures exigent un suivi se traduisant par des mises de fonds périodiques de la part des clients. Les avantages, mais aussi les contraintes, sont réels, et l’exercice demande certaines explications. «Nous dépensons 100’000 francs par mois en frais de marketing», relève Reza Afshar. Il n’en dira pas plus, car ses concurrents, eux, ne donnent pas de chiffres. La liste des juridictions n’est pas non plus exhaustive. A l’une extrémité, se trouve la meilleure marché, les Seychelles, et à l’autre, la plus chère qui est Chypre. Entre les deux, un vaste choix. Mais si le contexte actuel est porteur, plus encore depuis la crise financière de 2008-2009, il est très changeant, alors que s’accroissent les pressions en faveur d’une transparence totale. n Par Mohammad Farrokh

Note de la rédaction: une malencontreuse omission a dénaturé le graphique de la Compagnie Benjamin de Rothschild, paru dans Banque & Finance 110, chronique Investir-Devises en page 45. Voici donc le graphique rectifié.

ER-COM: Gestion dynamique du risque de change

100% 90%

1.2000 80% 1.1500

60% 50% 1.0500

40% 30%

1.0000

20% 0.9500 10% 0%

0.9000

Une stratégie qui n’obéit donc pas à des prévisions aléatoires ou à des spéculations hasardeuses. La gestion est faite d’adaptations progressives et continues aux marchés. n

Hedge Ratio

70%

1.1000 USD/CHF

Le programme ER-COM de la Compagnie Benjamin de Rothschild a été pensé et bâti dans un objectif prioritaire de « hedging dynamique ». Sa structure repose depuis plus de dix ans sur des modèles quantitatifs visant à détecter les grandes tendances de change, puis à les accompagner tout en modulant, selon leur direction et leur intensité, le ratio de couverture de la position de change. L’approche quantitative couplée à une application disciplinée des modèles offrent ainsi à l’entreprise une protection efficace en cas de tendance défavorable d’une devise – en d’autres termes, en cas de besoin –, en maintenant sur cette période un ratio de couverture élevé. Dans le cas inverse d’une tendance favorable du cours de change, le programme permet de participer à ce mouvement positif par le biais d’une diminution graduelle du ratio de couverture.

Exemple de Réactivité en USD/CHF 1.2500

.-08

janv

08

juil.-

.-08

déc

09

juil.-

Hedge Ratio

.-08

juin

USD-CHF

.-08

janv

.-08

janv

Source: Groupe Edmond de Rothschild

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13 La parole est à...

Place financière suisse au cœur du débat

La valeur du modèle de banquier privé

Nicolas Pictet

Président de l’Association des Banquiers Privés Suisses

@

bourquin@swissprivatebankers.com (Chantal Bourquin, responsable de la communication)

Nous vivons une époque où la plupart des entreprises et des individus ont perdu de vue que le bien général doit être le moteur de leurs actions (1).

J’

ai lu, il y a quelque temps, un livre remarquable intitulé «The puritain gift». L’une des valeurs du puritanisme, la première en fait, est de vouloir contribuer au bien des autres. Pour nos citoyens du 21ème siècle, cela signifie faire quelque chose d’utile et de bon pour la société, quelles que soient nos croyances et notre religion. Pour les entreprises, c’est la recherche d’une valeur ajoutée pour autrui, ou l’apport d’une prestation reconnue comme valable par ses clients et même au-delà. Cette valeur a largement disparu. L’argent n’est plus un outil nécessaire à la fourniture d’une prestation de qualité, étant désormais une fin en soi. Plus encore que dans d’autres domaines d’activité, la banque est devenue le symbole de cet état d’esprit. Lorsqu’une institution fait une grande partie de ses bénéfices dans des activités pour compte propre, comme un gigantesque hedge fund, on peut légitimement se demander à quoi elle sert. Heureusement, il existe des institutions n’ayant pas perdu de vue qu’elles sont là pour servir leurs clients. Les banquiers privés en font partie. Il est vain de vouloir réglementer cet état de fait. On ne corrige pas l’absence de valeurs par des lois. La loi existe pour protéger les valeurs et les exprimer, mais non pour y remédier. Lorsque la société ne les reconnaît plus, la loi devient un emplâtre sur une jambe de bois. Mais comme la société est devenue individualiste, vouloir en combattre les conséquences, c’est comme s’attaquer aux symptômes d’une maladie et non à la maladie elle-même. A ne pas en prendre conscience, on ne guérira pas les problèmes, mais on empoisonnera le malade avec des potions inutiles. Et c’est précisément ce qui est en train de se produire. Il est faux de faire payer les pots cassés à l’ensemble des banques. L’attention doit se concentrer sur les établissements ayant connu des difficultés, plutôt que de trouver un moyen terme insuffisant pour ceux qui devraient être réglementés, et trop lourd pour ceux qui, à l’autre extrémité du spectre, n’ont rien à se reprocher.

Dans ce contexte de perte des repères, où la réglementation et les débats techniques occupent le premier plan, la place financière a perdu son attrait émotionnel. C’est grave, car sans le soutien du peuple et de ses représentants aux législatifs et exécutifs, nous risquons de perdre un important moteur pour l’économie et la prospérité de la Suisse. Ce n’est pas le moindre des défis que de remettre la place financière au cœur des préoccupations de nos concitoyens, ni de renverser les préjugés négatifs l’entourant. Ce n’est pas non plus le moindre des défis que de montrer l’utilité de la place financière, non seulement pour l’économie helvétique, mais aussi pour chacun de ses habitants. Le sens de la responsabilité Le modèle des banquiers privés, entrepreneurs libres et responsables sur la totalité de leurs biens, n’a jamais été cité en exemple. Pourtant, paradoxalement, notre modèle d’organisation n’est pas reconnu comme il devrait l’être, dans la forêt des nouvelles réglementations qui nous tombent dessus. Mais nous nous battrons pour faire valoir notre différence. Ma conviction est que le modèle libéral est le seul possible, car l’individu y a sa place, et non le modèle où l’Etat s’immisce dans la vie du citoyen. En quatre lignes, Victor Hugo a résumé l’essentiel: «Tout ce qui augmente la liberté augmente la responsabilité. Etre libre, rien n’est plus grave; la liberté est pesante et toutes les chaînes qu’elle ôte au corps, elle les rajoute à la conscience; dans la conscience le droit se retourne et devient devoir.» En d’autres termes, plus on est libre, plus on est responsable. Mais mieux vaut chercher à élever chez chacun le sens de la responsabilité, plutôt que de le priver de sa liberté. C’est toute la valeur de la conception libérale de la société et celle du modèle de banquier privé. n (1)Extraits du discours prononcé lors de l’Assemblée générale de l’Association des Banquiers Privés Suisses, le 10 juin 2011

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14 En toute liberté

Christopher Wasserman

Président, Zermatt Summit Foundation

© Photos: ?????

Défendre le bien commun La récente crise systémique n’a pas été suffisante pour s’interroger en profondeur sur les limites du fonctionnement des marchés mondiaux de biens, de capitaux et de l’entreprise.

@ christopher.wasserman@zermattsummit.org Parcours express Christopher Wasserman, président du Zermatt Summit Foundation, est aussi le fondateur et président du groupe Terolab Surface, basé à Lausanné, l’un des leaders européens du traitement de surface sous différentes formes. Ancien actionnaire du groupe Eutectic Castolin, il est aussi président et co-fondateur d’Ecophilos, une fondation suisse qui se préoccupe du respect de l’humain en relation avec la réussite de l’entreprise.

L

e monde d’aujourd’hui doit faire face à des déséquilibres majeurs, dont la plupart ont un impact global. Or, leurs effets composés mettent les hommes dans l’obligation d’affronter ensemble et de façon coordonnée des défis d’une dimension et d’une complexité inconnues jusqu’ici. La crise financière et de confiance généralisée, ainsi que les difficultés éprouvées par les entreprises pour conserver leur dynamisme et leur créativité, démontrent que désormais le modèle classique de l’entreprise est probablement obsolète. Jamais remis en cause, il révèle toutes ses insuffisances et a besoin d’être profondément renouvelé dans le cadre d’un nouveau paradigme économique. Dans cette optique, le premier Zermatt Summit avait proposé que ce nouveau paradigme, appliqué à l’entreprise, s’articule autour des exigences de l’Entrepreneurship pour conserver à l’entreprise toute sa créativité et lui permettre de se développer dans le respect des hommes y travaillant, de Leadership pour compléter la technique managériale et lui apporter une dimension d’éthique et de responsabilité sociale, et de Statesmanship pour amener l’entreprise à prendre conscience de ses responsabilités quant à son impact sur les communautés auxquelles elle appartient et à l’inviter à davantage contribuer au bien commun. Les travaux du second Zermatt Summit ont mis l’accent, quant à eux, sur la nécessité et l’urgence de refonder l’enseignement dispensé dans les business schools, afin d’y inclure les grandes valeurs anthropologiques. Parallèlement, les interventions du Zermatt Summit 2011 ont relevé que ces défis ne peuvent pas être analysés de la même façon, selon les niveaux de responsabilité envisagés. Qu’ils se posent en termes de micro, meso ou macro, il convient de reconnaître les interactions fortes entre les problématiques individuelles, sociales et globales, et la nécessité d’aligner les actions à ces différentes échelles pour les faire converger vers plus d’humanité.

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Dans l’univers de la finance, le profit ne doit pas être la finalité unique de toute action, mais aussi prendre en compte les effets de la décision financière sur l’activité économique. Dans l’univers de l’entreprise, le profit, souvent recherché à titre principal, devrait être considéré comme un sous-produit d’une activité économique réussie, dont la finalité principale serait le service aux autres. Dans l’univers des institutions publiques et politiques, justice, respect de la personne, poursuite du bien commun, solidarité, ouverture culturelle et spirituelle semblent devoir être les maîtres-mots pour un monde plus respectueux de l’humain. Respect mutuel Les réflexions menées pendant le Zermatt Summit 2011 ont ainsi confirmé que le paradigme novateur doit s’accompagner de l’émergence d’un nouveau style de leadership, à savoir le Servant Leadership. Ces nouveaux leaders doivent apprendre à se mettre entièrement au service de leur organisation respective, de même qu’à assumer leurs responsabilités et celle de leurs communautés. Ceci pour les amener à trouver des solutions durables et pacifiques aux défis qu’elles rencontrent, en pleine coopération avec leurs homologues des communautés voisines, et dans un esprit de profond respect mutuel. Les leaders du changement présents à Zermatt ont décidé de se mettre au service du bien commun, dans le cadre de leurs communautés et dans la perspective du bien commun universel. Le prochain Zermatt Summit (21-23 juin 2012) sera consacré au thème «Towards the Common Good». n


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17 A la tribune

me Christian Lüscher

Du danger de la sur-réglementation

Conseiller national libéral-radical

@

La sur-réglementation conduit rarement à des résultats efficaces. Inversement, les effets dangereux qu’elle risque de produire ne doivent pas être négligés.

christian.luscher@praetor.ch

Parcours express n

S’

il est un sujet récent illustrant de manière limpide les immuables différences entre les modèles de société proposés par la droite et la gauche, c’est bien celui du sort réservé aux banques, après la crise financière mondiale et l’«affaire UBS». Nous n’avons certainement pas fini de débattre sur des projets inspirés par ces deux «traumatismes», et il est intéressant de se pencher sur les tendances de fond qu’ils révèlent. Dans ces deux dossiers, la gauche a trouvé l’occasion de ressortir une vieille recette inépuisable, fortement influencée par une idéologie qui transpire son mépris pour toute forme de succès économique. Sans devoir forcer le trait, elle a imputé la responsabilité de la crise au secteur bancaire dans son ensemble, et celle de toutes les inégalités à l’évasion fiscale. Elle suggère donc de leur opposer sa parade habituelle, à savoir une surabondance de nouvelles réglementations. A l’inverse, la politique de droite, que je défends, cherche à répondre à des problèmes précisément identifiés de manière libérale, pragmatique et efficace. Il s’agit d’adopter des réglementations nuancées et ciblées, limitant le risque de générer à leur tour de nouveaux problèmes. Incontestablement, certaines mesures doivent être prises à l’égard des banques pratiquant des activités à fort risque de bilan. C’est l’un des correctifs nécessaires au problème too big to fail. Ces risques ne concernant cependant qu’un nombre restreint de banques ou d’activités du secteur, ils ne devraient pas servir à étendre de nouvelles réglementations à des acteurs moins menacés, comme par exemple les banques exclusivement dédiées à la gestion d’actifs. Quant à l’évasion fiscale invoquée pour imposer de plus en plus d’obligations prudentielles, elle n’affecte pas la Suisse au point de justifier la mise en place de telles charges à ses banques. Notre pays n’a pas à fournir un exemple supplémentaire de probité en matière de fiscalité internationale, ayant fait plus que sa part du chemin dans ce domaine. C’est d’autant plus vrai que ceux enrobant leur discours du ton de la vertu poursuivent, en réalité, des objectifs de concurrence qui n’échappent à personne.

1990: Brevet d’avocat (3ème rang)

Un socle de confiance n

Dans ces deux exemples, la gauche s’attaque à des problèmes inexistants. Pire encore, sa solution proposée pour y remédier – réglementer à outrance au niveau national et international – aura pour conséquence réelle d’entraver les activités concernées en Suisse, sans pour autant produire les effets escomptés. En matière de réglementation, l’expérience rappelle, en effet, que ce n’est pas la quantité, mais bien la qualité qui est déterminante. Enfin, la sur-réglementation a pour conséquence principale d’instaurer des systèmes bureaucratiques conduisant à une dilution des responsabilités. Or, l’absence de responsabilité individuelle induit les excès que l’on cherche prétendument à combattre. L’essentiel à mes yeux, non seulement pour les banques, mais pour l’ensemble de la population suisse, est de promouvoir un socle de confiance solide entre les acteurs concernés. La confiance est à la fois le fondement de la relation entre une banque et son client, et le meilleur moyen de motiver davantage les citoyens à s’engager de manière responsable. C’est à cette même confiance que la Suisse doit une part essentielle d’un succès envié par beaucoup. Mais à vouloir imposer sans cesse de nouvelles réglementations et contraintes, on finit par favoriser l’instauration d’un climat de perpétuelle méfiance, avec à terme des effets néfastes dans toutes les couches de la société. Ma conclusion? Réglementer certes, mais de manière proportionnée, ciblée, limitée et constructive. n

1991: Master of Laws (LL.M.)

n

1991-1992: Avocat, collaborateur en l’Etude de Mes REYMOND & MOSIMANN, avocats

n

1993-1994: Avocat, collaborateur en l’Etude de Mes VEUILLET, VALTICOS, REYMOND & MOSIMANN, avocats

n

1994 – 2004: Avocat indépendant, associé à Mes Vincent SPIRA & Shahram DINI, avocats

n

1999-2003: Conseiller municipal de la commune de Troinex (Genève)

n

2001-2007: Député au Grand Conseil (Parlement de la République et Canton de Genève) (membre des commissions de contrôle de gestion, judiciaire et législative du Grand Conseil)

n

Depuis 2004: Avocat associé de l’Etude ZPG

Références: n «Les conséquences réglementaires en Suisse de la crise financière», discours de Yves MIRABAUD lors de l’entretien de l’Association des banquiers privés suisses avec la presse du 13 janvier 2011; (http://www.swissprivatebankers.com/fr/medias/file.cfm/document/ Mirabaud_presse2011_fr.pdf?contentid=2258); n Commentaire d’investissement de WEGELIN & CO n° 271 du 28 juin 2010, Konrad HUMMLER; (http://109.69.159.8/sites/default/files/publications/kom_271fr.pdf).

ZIEGLER PONCET GRUMBACH CARRARD LÜSCHER HEINIS n

2007: Conseiller national élu en octobre 2007 (membre des commissions des affaires juridiques, judiciaire et de rédaction)

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18 Actualité

invest’11, arrêt sur image

Laurent Ashenden

Partner, european investor relations SA

@

laurent@eir.ch

La 4e édition du Salon invest, le rendez-vous annuel des gérants de fortune indépendants en Suisse romande, se déroulera les 21 et 22 septembre au Bâtiment des Forces Motrices, à Genève.

O

rganisé par european investor relations, un spécialiste de la communication institutionnelle, des relations-médias et des relations avec les investisseurs, le Salon invest (www.invest11.ch) est devenu le plus grand événement dans l’agenda financier genevois. Son ampleur reflète l’importance grandissante prise par le métier de gérant indépendant en Suisse, et plus spécifiquement sur l’arc lémanique. La masse sous gestion de l’ensemble des gérants de fortune indépendants (GFI), en Suisse, est évaluée à 600 milliards de francs ou, selon les chiffres publiés par l’Association suisse des gérants de fortune (ASG), plus de 11% des actifs déposés auprès de banques helvétiques, voire même 14% selon d’autres sources. Ce dernier chiffre équivaut par ailleurs à près de 20% du montant total de la gestion privée, en Suisse. Les actifs en gestion auprès des GFI, environ 2500 acteurs dans notre pays, a incidemment enregistré une croissance nettement supérieure à celle de la place financière dans son ensemble, au cours des dix dernières années. Si les chiffres impressionnent par leur ampleur, la profession n’est toutefois pas épargnée et vit une mutation, en faisant face à des défis inédits. Tout d’abord, les gérants pratiquant un modèle d’affaires classique et établis depuis de nombreuses années sont actuellement sous pression. En effet, leurs marges se réduisent et les marchés sur lesquels ils ont prospéré (France, Italie, voire USA, qui étaient extrêmement porteurs) ne seront pas ceux de demain. D’autres les remplaceront, ou les ont déjà remplacés, souvent dans des régions émergentes. Ensuite, le cadre légal et réglementaire régissant leur métier évoluera encore ces prochains mois et années, jusqu’à parvenir à un assujettissement probable à la FINMA. Les discussions sur la fiscalité entre pays, ainsi que les réglementations qui leur BANQUE&FINANCE N°111 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011

sont imposées de l’extérieur, à l’exemple des FATCA américains, auront également un impact important sur la profession. Nombreuses personnalités En termes d’industrie et de parts de marché, l’optimisme reste toutefois de mise pour les GFI. En effet, les nouveaux arrivants, pour lesquels les paradigmes mouvants de la gestion indépendante feront partie intégrante du modèle d’affaires de base, seront plus nombreux et compenseront avantageusement les fusions et retraits d’activité. Pour pallier cette redistribution des cartes et donner quelques éléments de réponses à autant d’incertitudes, invest’11 a convié les principaux intervenants du marché. Plus de trente exposants représentant un large éventail de prestataires de services et produits financiers accueilleront ainsi les GFI (plus de 500 lors de la précédente édition) dans leurs stands. Par ailleurs, les visiteurs pourront assister à un cycle complet de conférences traitant de sujets actuels pour la profession. Parmi les intervenants programmés, mentionnons notamment Patrick Odier, président de l’ASB, Nicolas Pictet, président de l’Association des banquiers privés suisses, Christophe Blocher, ancien conseiller fédéral, le professeur Jean-Baptiste Zufferey, membre du conseil d’administration de la FINMA, John Armitage, gérant du fonds Egerton Capital, Michael Perler, chef de la Police judiciaire fédérale, Andreas Höfert, chef stratégiste à l’UBS ou encore Patrick Artus, chef économiste chez Natixis, et Thomas Clément, célèbre animateur de la blogosphère. n invest’11 est réservé aux professionnels de la gestion. Seuls les gérants indépendants, family offices et senior private bankers y auront un accès libre.


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19 Actualité

Jérôme Sicard

european investor relations SA

Des contenus pour les Relations Investisseurs «En amour comme à la guerre, pour conclure, il faut se voir de près», aimait à répéter Bonaparte, qui montra peut-être moins de facilité à plaire aux dames qu’à déplaire aux Autrichiens.

P

our rebondir sur cette formule, la Relation Investisseurs, variante feutrée de la Relation Client, obéit aussi à cette loi de proximité, mais réclame cependant un peu plus de consistance. Plus encore que se voir, il faut surtout savoir rester au contact. La nature même des produits financiers, pour le moins fluctuante, induit ce principe de présence et de continuité. Exercice marketing à part entière, la Relation Investisseurs, qui ne prend son sens qu’en apportant satisfaction, répond avant tout à un objectif de fidélisation. Appliquée à la gestion d’actifs, la qualité de la relation peut d’ailleurs revêtir autant d’importance, sinon plus, que la qualité même du produit. La capacité à produire de la performance, élément dont l’appréciation semble pourtant évidente, n’est pas une condition nécessaire, ou suffisante, pour emporter l’adhésion. Dans l’établissement d’une Relation Investisseurs gratifiante, des critères moins tangibles entrent en compte, comme la confiance, l’empathie, la transparence, ou encore la pertinence du reporting. Dans un univers ultra concurrentiel, où les fonds se comptent par milliers et leurs promoteurs par centaines, ces aspects peuvent vite se transformer en avantages compétitifs. Bien évidemment, la communication s’inscrit au cœur de cette relation, puisqu’elle en assure l’entretien. Elle privilégie l’échange, le nourrit, lui confère son rythme et sa profondeur. Venant en soutien aux efforts de vente, elle vise bien au-delà de la recherche de notoriété ou de visibilité. Dans le cas précis de la Relation Investisseurs, la stratégie de communication couvre un large spectre, qui s’étend de l’infiniment petit à l’infiniment grand. Son rôle, en amont, est de mettre en

scène la vision, les ambitions et les valeurs fondamentales des gestionnaires, dès lors qu’ils s’adressent à leurs cibles. Il s’agit en quelque sorte de tracer les contours de la proposition. Cette tâche substantielle porte principalement sur l’identité et l’image de marque, véhiculées à travers des messages clés accompagnés de visuels susceptibles de les illustrer. Stratégie précise A l’opposé du spectre, il y a tout le travail lié à l’Information Produit et son animation. Matière vivante, elle sert à exprimer les caractéristiques des fonds distribués et à en souligner les bénéfices que les clients sont amenés à en retirer, qu’ils soient institutionnels ou gérants indépendants. En parallèle, son propos consiste à valoriser le talent et l’expertise des gestionnaires. L’objectif final est de parvenir à ce que l’investisseur se sente si à l’aise avec le produit qu’il finisse par se l’approprier. Du factsheet au commentaire de gestion, en passant par les ebooks et autres versions i-pad, l’Information Produit peut se décliner sur plusieurs supports de communication. Il faut cependant qu’ils obéissent à une même stratégie de contenus, élaborée au préalable. Comme pour tout produit média, ceuxci doivent présenter à la fois une valeur d’usage et relationnelle. Ils servent en premier lieu à délivrer une information pratique aux investisseurs, c’est leur valeur d’usage. Mais ils ont également vocation, et c’est peut-être le plus important, à dynamiser la relation et à faciliter le dialogue sans lequel aucune implication n’est possible. n

@

jerome.sicard@eir.ch

Mesures d’impact Au moment d’établir les budgets, la communication a toujours tendance à être perçue comme une dépense inconsidérée, aux effets indistincts. Dans les périodes de crise, comme ce fut encore le cas récemment, le budget «Comm» est d’ailleurs le premier à passer à la trappe. Pourtant, le principe de la communication est de participer au processus de création de valeur, au même titre que tout centre de profit. Aujourd’hui, l’impact des actions de communication est d’ailleurs de plus en plus facile à mesurer. Les retombées des Relations-Médias, par exemple, s’apprécient de manière immédiate au regard de leur équivalent en valeur publicitaire (EVP). Mais c’est bien évidemment le web qui offre les instruments de mesure les plus efficaces. Qu’il s’agisse de campagne emailing, d’affichage de bannières ou de qualification de bases-clients, il permet d’en apprécier pleinement la portée et de justifier, après les ajustements nécessaires, d’un réel retour sur investissement (JS).

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20 De Zurich

Le commentaire

Cyril demaria notre correspondant permanent à Zurich

Et la liquidité? Mesure utile ou source de risque supplémentaire? Deux écoles s’affrontent. L’UBS indique que les seuils de déclenchement combinés aux CoCos vont de fait créer de la volatilité lorsque les ratios Tier 1 chuteront. Cela pourrait créer un effet d’engrenage et accentuer la crise. A l’inverse, les partisans expliquent que ces instruments devraient apporter une réponse bienvenue au too big to fail. Néanmoins, avec ou sans CoCos, «le problème de liquidité, auquel les banques vont devoir faire face, n’est toujours pas résolu », conclut Jérémy Blimbaum. En effet, les ratios Tier 1 vont augmenter d’une manière générale, et les banques vont drastiquement devoir revoir leur structure bilantielle. Le débat reste ouvert, et il va faire rage à mesure que 2013 et 2019 approchent. CD

@ cyril.demaria@gmail.com

Les CoCos ou la realpolitik du risque bancaire Le débat sur les CoCos va être nourri dans les années à venir. Et les grandes banques suisses y prendront part.

D

epuis le placement remarqué du Crédit Suisse du 14 février, les Contingent Convertible Bonds (ou CoCos) ont été particulièrement discrets sur la scène financière suisse. Alors que le placement de six milliards de francs (en deux tranches rémunérées à 9 et 9,5%) avait été sursouscrit, le doute demeure quant à l’avenir de ces instruments devant permettre à la Confédération d’éviter de gérer les cas too big to fail bancaires à l’avenir. Il est vrai qu’à «l’exception des émissions opérées avec l’appui des régulateurs, aucun cadre pour le traitement des CoCos n’a été fixé par le Comité de Bâle», explique Jérémy Blimbaum, Avocat associé du Cabinet spécialisé DuhamelBlimbaum à Paris. Le principe de ces instruments? Les obligations sont transformées en actions si le ratio Tier 1 d’une banque tombe sous le seuil de 7% (fixé par les Accords Bâle III). Comme l’indique Jérémy Blimbaum, «compte tenu des futures règles au capital réglementaire des banques, les CoCos permettraient, via leur mécanisme de conversion en actions, de prévenir les difficultés financières d’une banque avant sa faillite, la période dite going concern – high trigger CoCos, et de guérir en cas de faillite, soit la période dite gone concern – low trigger CoCos». Le Crédit Suisse devrait ainsi encore placer vingt milliards de francs supplémentaires de CoCos, si le Tier 1 tombait à moins de 5%. Les transactions de l’établissement ne devraient pas avoir lieu avant 2013, date de mise en œuvre des mesures fédérales. Les banques auront jusqu’en 2019 pour se mettre aux normes.

BANQUE&FINANCE N°111 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011

Pas de CoCos pour UBS Le doute plane sur les CoCos, car UBS a indiqué quelle ne souhaitait pas émettre ce genre d’instruments. Au contraire, elle capitalisera ses résultats pour se mettre aux normes en augmentant ainsi ses fonds propres, tout en diminuant ses risques et en réduisant son bilan. Cela fait écho à la position d’Ethos qui, à la différence d’ISS, s’était opposée aux émissions du Crédit Suisse, en indiquant qu’elle recommandait la séparation des activités de trading du groupe. En réduisant ainsi le risque de l’ensemble, il n’était plus nécessaire, selon elle, d’émettre les CoCos. Raiffeisen, par la voix de Franz Würth, explique qu’elle n’est pas concernée, ce que contredit l’émission de CoCos par Rabobank, par exemple. Même son de cloche à la Banque Cantonale de Zurich, selon Igor Moser. Pourtant, si «le statut des banques mutualistes ne leur permet pas de lever des capitaux auprès du public, et donc interdit de fait la conversion des CoCos en actions, les mutuelles peuvent utiliser ces instruments comme couverture d’un risque majeur. Rabobank a procédé à une émission d’obligations seniors non convertibles en actions, mais qui verront leurs cours chuter de 75% (et un coupon calculé en fonction du cours nominal réduit), si le ratio Tier 1 de la banque tombe sous 7%. Quant aux banques non cotées qui élimineraient la composante actions, les CoCos pourraient trouver leur place chez elles aussi», explique Jérémy Blimbaum. n Par Cyril Demaria


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22 De Bruxelles Le commentaire

Tanguy Verhoosel notre correspondant permanent à Bruxelles

La mauvaise affaire Les atermoiements des Vingt-Sept, sur la fiscalité de l’épargne, ne font l’affaire ni de Bruxelles, ni de Berne. L’absence d’accord sur l’extension du champ d’application de la réglementation européenne pénalisera certainement la Commission européenne dans les négociations qu’elle a entreprises avec les Etats-Unis sur le redouté Fatca. A défaut de le renforcer, l’Union peinera en effet à convaincre Washington que son propre système répond aux exigences américaines de transparence fiscale et, partant, qu’il n’est pas nécessaire d’accabler davantage les institutions financières européennes. La Suisse, de son côté, a déjà manifesté sa disponibilité à renégocier avec l’UE leur accord sur la fiscalité de l’épargne. On la comprend, car ce dossier est susceptible de représenter une précieuse monnaie d’échange pour Berne, alors que se profilent à l’horizon les «bilatérales III». Elles s’articuleront autour de délicates questions institutionnelles, que l’Union veut trancher le plus rapidement possible. Donc, vue la situation, hélas sans attendre que soit résolu le casse-tête fiscal. TV

@ tanguy@verhoosel.be

Bâtiment du Conseil (des ministres) de l’Union européenne

Le casse-tête fiscal de l’Europe Retour à la case départ. Le Luxembourg a douché cet été l’espoir de la présidence polonaise de l’Union européenne de forger rapidement un compromis sur la fiscalité de l’épargne, fût-il partiel, qui concernera directement la Suisse.

L

e 12 juillet, la Commission européenne a présenté aux ministres des Finances des Vingt-Sept ses recommandations sur la renégociation des accords que l’UE a conclus avec la Suisse, le Liechtenstein, Andorre, Saint-Marin et Monaco, en 2004. Il s’agit, pour elle, de s’assurer que ces cinq pays accepteront d’adapter ces accords aux développements de la législation communautaire. Les Vingt-Sept envisagent, en effet, d’étendre son champ d’application à de nouveaux produits (assurances-vie, etc.) et à certaines entités intermédiaires (trusts, etc.), afin de réduire les possibilités d’éluder l’impôt s’offrant aujourd’hui aux contribuables. La Commission européenne entend parallèlement graver dans le marbre l’engagement qu’a pris Berne d’appliquer les normes de l’OCDE en matière d’échange, sur demande, d’informations bancaires relatives à des fraudeurs présumés. Le hic, c’est qu’aux termes de l’actuelle directive (loi) européenne, la conclusion d’un nouvel accord sur cette base contraindrait le Luxembourg et l’Autriche à basculer du système de la retenue à la source, qu’ils appliquent actuellement, vers celui de l’échange automatique d’informations entre administrations fiscales, et donc à abolir leur secret bancaire, ce que la Suisse ne devrait pas faire.

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Ouverture de pourparlers Dans ce contexte, le grand argentier luxembourgeois, Luc Frieden, a estimé que c’est «tout au plus à la fin de l’année» que les Vingt-Sept pourraient s’entendre sur le lancement de négociations avec les pays tiers. Et encore, elles devront être limitées «à l’extension du champ d’application» de la réglementation européenne, a-t-il insisté. Pas question, donc, d’évoquer la question de la mise à mort du secret bancaire. Malgré ce blocage, le commissaire européen à la fiscalité, Algirdas Semeta, a conjuré la présidence polonaise de l’UE de continuer à accorder une «priorité élevée» au dossier. La tâche de Varsovie ne sera pas aisée, car Rome rechigne elle aussi à précipiter les choses. L’Italie ne s’oppose pas, ou plus, à l’ouverture de pourparlers entre l’UE et la Suisse, mais à condition qu’ils ne préjugent pas d’un accord définitif sur la révision de la réglementation en vigueur. Par ailleurs, a soutenu Luc Frieden, l’Italie réclame qu’avant de passer à l’action, les Vingt-Sept «examinent en détail» le rapport que la Commission a récemment rédigé sur «l’application correcte et effective» des dispositions de la législation existante et des accords bilatéraux lui étant liés. Cela risque de prendre du temps. Le temps que soient signés les accords «Rubik» que la Suisse a négociés en aparté avec la Grande-Bretagne et l’Allemagne, par exemple... Ils vont faire des envieux. Et probablement inciter le Luxembourg à exiger une remise à plat de l’ensemble du dossier de la fiscalité de l’épargne. n Par Tanguy Verhoosel Source: Conseil de l’Union européenne


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24 Le dessous des cartes

Vent et soleil au secours de la Grèce mohammad Farrokh

Chroniqueur

@ m.farrokh@banque-finance.ch

A

lors que les perspectives économiques de la Grèce paraissent sombres, elles pourraient s’éclaircir plus vite que prévu. Car la Grèce dispose en abondance de deux ressources essentielles, le vent et le soleil. Or, l’accident de Fukushima vient de changer la donne. Avec la montée en puissance de la méfiance à l’égard de l’énergie nucléaire, le solaire et l’éolien acquièrent plus que jamais une importance stratégique. Bien sûr, du soleil, il y en a encore plus au Sahara, mais il s’agit de régions instables, sans parler de la question de l’acheminement du courant. A terme, des piles géantes au lithium pourraient permettre de stocker le courant produit pendant la journée, mais c’est de la musique d’avenir. Située dans l’UE, à proximité immédiate des consommateurs, la Grèce a aussi l’avantage de disposer de beaucoup de terrains brûlés par le soleil et balayés par le vent. Avec ses dix millions d’habitants sur 130’000 kilomètres carrés, ce pays est proportionnellement trois fois moins peuplé que la Suisse, où le développement des énergies renouvelables se heurte à des obstacles difficilement surmontables. En théorie, il suffirait d’une surface recouverte de panneaux solaires sur 100 kilomètres carrés pour fournir toute la Confédération en énergie électrique. C’est relativement peu, mais déjà trop dans un pays où l’espace est densément peuplé et le terrain prohibitif. La même observation est valable pour l’éolien, qui présuppose l’implantation de grandes structures visibles de loin. Dans ce contexte, la région des Balkans toute entière revêt une valeur stratégique nouvelle et, de fait, un pays comme la Bulgarie est en passe de devenir un carrefour des énergies.

Déjà exportatrice de courant, avec sa centrale nucléaire de Kozloduy, la Bulgarie n’a pas attendu Fukushima pour miser sur les énergies renouvelables. A Sofia, l’élément déclencheur a plutôt été la crise immobilière de 2009. Se trouvant avec une offre pléthorique de terrains dévalués, certains promoteurs ont eu l’idée de les transformer en parcs à vent ou solaires. Au début réticents, les investisseurs étrangers, notamment français, s’intéressent maintenant à de nouvelles sociétés basées sur les énergies renouvelables et traitées à la bourse de Sofia. La fin du nucléaire Car si les spécialistes du nucléaire affichent une grande confiance, faisant valoir notamment que ni la Chine ni l’Inde n’ont manifesté la moindre intention de réduire leur programme de construction de centrales, ils savent pertinemment que Fukushima a porté un coup très dur aux perspectives de développement de cette forme d’énergie, du moins en Europe. L’anniversaire des vingt-cinq ans de Tchernobyl, le 26 avril 2011, est venu à point pour rappeler à ceux tentant de l’oublier, que les conséquences d’un accident sérieux sont effroyables et que, dans les pays densément peuplés d’Europe occidentale, elles seraient tout simplement ingérables. Un quart de siècle plus tard, des villes situées à une soixantaine de kilomètres de la centrale sont toujours évacuées et le resteront pour longtemps. Plus au sud, Bulgarie et Grèce, avec leurs paysages baignés de lumière et d’espoir paraissent annoncer un avenir dégagé des cauchemars de l’atome. n

LE CAFé Fédéral

Le centre droit pourrait disparaître Le PLR et le PDC pourraient-ils encore s’affaiblir le 23 octobre? Ce scénario est plausible en raison de l’arithmétique la plus élémentaire. La législature qui s’achève a été la première durant laquelle le PLR

n’était plus en mesure de fournir l’appoint à l’UDC pour faire une majorité. L’UDC a donc moins de raisons que par le passé de ménager un allié désormais peu utile. Par rapport au PDC, l’approche est

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plutôt d’encourager les défections, alors que plusieurs personnalités de l’aile droite du parti ont rejoint l’UDC. En octobre, les deux partis du centre droit devraient tomber ensemble au-dessous de la barre des 30%, affaiblis encore par l’émiettement des voix du centre

allant aux verts libéraux et au PDB. A terme, une quasi disparition n’est pas impensable comme le montrent les cas de la Turquie et de l’Italie. Heureusement pour le centre-droit, l’UDC pourrait se décrédibiliser à force de s’afficher avec certains partis européens d’extrême-droite.


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26 Si j’étais banquier

PAUL-HENRI LEVIN DIRECTEUR DE JUGGERS SÉCURITÉ SA

Etre banquier, pour faire quoi? @ paul-henri.levin@juggers.ch Parcours express n

1987-1992: études de Physique à l’EPFL, activités indépendantes dans le

Si j’étais banquier, voilà bien une hypothèse saugrenue que l’on me propose. De mémoire, je ne me la suis jamais posée étant enfant. Je pensais plutôt à vétérinaire ou conducteur de locomotive.

domaine de la sécurité n

1987-1988: assistant R&D au Laboratoire d’Astronomie Spatiale à Marseille

n

1988 (juillet/août): stage en technique du vide sur le programme spatial EUVE au Space Samuel Center Laboratory à Berkeley, USA

n

1989 (août): stage en sidérurgie à Sollac (F)

n

1990 (juillet/août): stage au service international de l’Aérospatiale Hélicoptères à Marignane (F)

n

1993: création de Juggers Sécurité à Lausanne

n

1995-1996: formations dans la vente, marketing et gestion auprès de Genilem

n

Actuellement: directeur de Juggers Sécurité SA à Crissier (VD), consultant en sécurité, instructeur, membre du CSP de Genilem

T

out ça pour finir chef d’entreprise, d’ailleurs. Mais bon, approfondissons la question. D’abord, quel banquier? Celui qu’on distingue à la télévision ou dans les journaux, et dont les revenus font hurler certains partisans du politiquement correct? Mon sympathique conseiller privé, dont je n’ai de nouvelles que lorsqu’il a un nouveau produit à me vendre? Mon référent pour l’entreprise (aujourd’hui) qui s’appelle banque.net (pas de publicité)? Ou mon référent pour l’entreprise (hier), celui qui m’a coupé une ligne de crédit de quelques dizaines de milliers de francs en 2000 sur ordre d’une hiérarchie débordée par les conséquences de sa gestion calamiteuse, risquant ainsi de condamner une jeune société ayant généré depuis plusieurs dizaines d’emplois dans le canton? Difficile de choisir. Alors, abordons le sujet autrement. Si j’étais banquier, ce serait sans doute par vocation. Et une vocation est suscitée. Sexy, le métier de banquier? Je laisse à chacun le plaisir de faire un sondage dans la rue. Même en Suisse, le résultat est connu, surtout par les temps qui courent. Effet des médias? Focalisation sur diverses dérives? Exaspération du principe du too big to fail? Au risque d’étonner ceux qui auront l’amabilité de lire ces lignes, les banquiers, je les aime bien dans l’ensemble. Et je trouve que la majorité d’entre eux font un travail essentiel au bon fonctionnement de l’économie, allant de la gestion de nos petits comptes personnels au soutien des entreprises et des grands projets.

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Déontologie et application Oui, mais ça reste peu sexy. Reprenons alors au début. Si j’étais banquier, quel serait mon métier? Mes buts et mes responsabilités? Ma fonction, mon core business? Et c’est là que le bât blesse. Illustration: avec un autre chef d’entreprise, un responsable bancaire et un associé d’une grande fiduciaire, j’ai eu l’honneur d’être invité par la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie comme orateur à une conférence consacrée… aux banques. Nous avons eu la chance d’avoir un large public, très participatif et avide de questions. Parmi celles-ci, l’une m’a particulièrement interpellé, ainsi que mon voisin banquier, qui émanait de deux jeunes filles en fin d’études à HEC Lausanne. En fait, elles s’étonnaient de n’entendre parler pendant leur cursus que de start-up, de capital-risque, de hedge funds et autres structures ou procédés non étrangers à la crise que nous venons (?) de traverser, mais jamais de financement traditionnel d’entreprises, en particulier de PME, avec des établissements bancaires classiques. Bien sûr, si les explications données aux futurs décideurs pendant leurs études révèlent que les banques ne servent pas à financer les 85% du tissu économique local, mais que leur seul rôle est celui décrit dans la presse, à savoir de s’en mettre plein les poches au détriment des familles ne bouclant pas les fins de mois, ce n’est effectivement toujours pas très sexy. Alors moi, si j’étais banquier, je commencerais par expliquer ma fonction, ce que je peux ou ne pas faire, et j’essaierais de prouver par les faits que déontologie et implication dans le tissu économique ne sont pas de vains mots. Et pour faire passer mon message, je n’utiliserais pas les images d’un grand tennisman suisse ou d’un bateau hors de prix publiées à grand frais par des agences spécialisées et payées par mes clients... n © Franck Boston


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29 Sous la loupe

JOURNÉE DES BANQUIERS 2011

Un rendez-vous incontournable La traditionnelle Journée des Banquiers, organisée cette année le mardi 6 septembre à Berne, permettra à nouveau aux professionnels du secteur bancaire de réaliser un large tour d’horizon des sujets d’actualité. Et ils ne manquent pas! A commencer par la conclusion de deux accords fiscaux avec l’Allemagne et le Royaume-Uni portant sur l’impôt libératoire à la source. Les banquiers pourront aussi débattre du renforcement de la surveillance bancaire, de l’évolution de la réglementation des fonds offshore, des atouts des banques étrangères en Suisse, voire du défi des assurances helvétiques face aux innovations fiscales. Autant de thèmes traités dans notre dossier.

31 RÉGLEMENTATION BANCAIRE

31

34

Pour le bien des banques et des clients

34 FONDS OFFSHORE Les acteurs suisses s’en distancient

Analyses

36 BANQUES ÉTRANGÈRES EN SUISSE Une connaissance approfondie des marchés mondiaux

36

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38 NOUVEAUTÉS FISCALES Les assurances aussi concernées!

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31 Sous la loupe

RégLementAtIon bAnCAIRe

Depuis la dernière crise financière, l’une des plus sévères de notre histoire, un effort de renforcement et de développement de la réglementation et de la surveillance bancaires a été entrepris par les gouvernements nationaux et les institutions internationales.

D

Olivier Gauderon Associé, Audit Financial Services, KPMG Genève

@

ogauderon@kpmg.com

e nombreuses initiatives sont ainsi en cours pour prévenir les risques systémiques, renforcer la surveillance bancaire, et pour finalement protéger les consommateurs et les investisseurs. Voici un aperçu des principales évolutions réglementaires au niveau suisse et international. Le contexte international Au niveau international, la priorité des régulateurs se porte sur des thèmes précis et d’une importance bien réelle. Surveillance et risques systémiques: les régulateurs et les autorités de surveillance ont renforcé leurs activités de contrôle et leurs attentes envers les entités réglementées. De nouvelles règles sont en cours d’élaboration, avec un degré accru de surveillance directe par les régulateurs. Le renforcement des exigences en termes de liquidités, de fonds propres, voire dans certains pays une séparation des activités d’acceptation de dépôts du public de celles de banque d’investissement ou commerciales, sont à l’ordre du jour, en particulier pour les grandes banques internationales qui, de par leur taille, présentent un risque systémique. Fonds propres: une base solide de fonds propres est plus que jamais nécessaire, comme gage de santé financière d’un institut bancaire. Alors que le niveau général des fonds propres de la plupart des établissements devrait augmenter ces prochaines années, c’est aussi leur qualité et leur structure qui

se trouvent au centre des réflexions. Par ailleurs, des coussins de fonds propres contra-cycliques pourraient être imposés aux établissements d’envergure. Liquidités: la récente crise financière a montré l’importance de disposer de liquidités suffisantes, afin de garantir un système financier sain et stable. Le niveau globalement plus élevé des liquidités entraînera des coûts supplémentaires pour les banques. Il pourra aussi affecter la rentabilité de certaines activités ou produits. Gouvernance: la surveillance réglementaire accrue s’accompagne d’attentes plus élevées quant à la gouvernance, à la composition et aux compétences du conseil d’administration. Ce changement majeur pour les établissements financiers constitue un défi pour le management et le conseil d’administration. Il pourra avoir un impact sur les profils recherchés pour de tels postes. Rémunération: des règles supplémentaires sur la rémunération et la compensation variable sont en cours d’élaboration dans la plupart des pays, visant à privilégier une rémunération basée sur les risques. Des mécanismes de reprise (clawback) et d’atténuation des risques sont envisagés, ainsi qu’un renforcement des exigences de publication d’informations. Protection des clients/consommateurs: les développements réglementaires portent également sur la protection et l’information des clients, par exemple en ce qui concerne l’adéquation des services avec leur profil, le caractère approprié des produits proposés ou encore sur la communication relative . aux risques.

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JouRnée Des bAnquIeRs 2011

Pour le bien des banques et des clients


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JouRnée Des bAnquIeRs 2011

32 Sous la loupe

Philippe Ruedin Directeur au sein du département d’audit bancaire, KPMG Genève

@ pruedin@kpmg.com

. Centrale de compensation pour les dérivés: les marchés de dérivés otC présentent un risque d’amplification de l’impact des crises, car il peut permettre une concentration des risques non identifiable (opacité de certains marchés). La réponse des régulateurs est d’encourager et de privilégier le traitement des dérivés au travers de centrales de compensation, ainsi que par la définition d’exigences de fonds propres plus faibles pour ce type de transactions par rapport aux dérivés otC. Comptabilité et publication d’informations: les incertitudes actuelles sur le niveau de convergence entre les référentiels us gAAP et IFRs rendent la planification des banques plus difficile. Les changements dans des domaines clés tels que l’évaluation, la comptabilisation et la dépréciation pourraient accroître la complexité de calcul des fonds propres des banques, et en augmenter les exigences. Les développements réglementaires s’effectuent avec des priorités différentes selon les continents. en europe, les risques systémiques et les exigences de liquidités sont au centre de l’attention des régulateurs, suivis par les fonds propres, la gouvernance, la rémunération, les marchés boursiers et la surveillance. Largement appliquées, les règles miFID et les normes comptables IFRs existantes subissent moins de pression. en Amérique du nord, les priorités sont similaires, à l’exception peut-être des aspects liés à la rémunération, qui subissent une pression plus modérée en comparaison avec l’europe. en Asie, la priorité est accordée aux liquidités et à la gouvernance, au détriment des autres thèmes qui, à ce jour, semblent moins prioritaires que sur les autres continents.

L’impact sur la Suisse Les développements réglementaires au niveau international ne sont pas restés sans effets sur la suisse. suite au sauvetage de l’ubs, le Conseil fédéral a institué une commission d’experts, dont le rôle a été de formuler des recommandations pour adresser la problématique du too big to fail. La commis-

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sion d’experts a proposé quatre mesures clés mutuellement complémentaires en matière de (i) fonds propres, (ii) de liquidités, (iii) de répartition des risques et (iv) d’organisation applicables aux grandes banques. La FInmA participe activement aux groupes de travail du Comité de bâle sur le train de réformes prises suite à la crise financière, sous l’intitulé de bâle III. La suisse a ainsi adopté les nouvelles prescriptions sur les risques de marché du Comité de bâle, avec une entrée en vigueur au 1er janvier 2011, en étroite coordination avec d’autres réformes réglementaires nationales sur le capital et les liquidités. Afin de concrétiser les principes du Comité de bâle sur le 2ème pilier, la FInmA a élaboré la Circulaire 2011/2 «Volant de fonds propres et planification des fonds propres», entrée en vigueur le 1er juillet 2011 avec un délai de transition au 31 décembre 2016 pour les exigences de capital additionnel. Ces règles ne sont pas applicables aux grandes banques déjà soumises aux règles du too big to fail. en matière de fonds propres additionnels, la FInmA suit dorénavant une approche axée sur les risques, puisque leur montant est fixé de manière différenciée et dégressive selon des critères objectifs, ainsi qu’en fonction du classement des établissements en catégories de risques. Il est également exigé des banques et négociants qu’ils établissent une planification du capital. Au cours des prochaines années, les réglementations sur le capital et les liquidités prévues à l’échelon international déclencheront en suisse d’autres adaptations d’envergure. La FInmA prévoit ainsi de transposer le dispositif de bâle III en droit suisse pour le 1er janvier 2013. Il devrait principalement affecter les grandes banques. Cependant, les changements relatifs au régime des liquidités seront sensibles aussi pour de nombreux autres établissements, tout comme la mise en oeuvre d’un ratio de levier «leverage ratio». enfin, dans le domaine des rémunérations, la Circulaire FInmA 2010/01 «systèmes de rémunération», est entrée en vigueur au 1er janvier 2010. elle exige des conseils d’administration qu’ils aménagent et pilotent les systèmes de


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33 Sous la loupe Focus Distribution des produits

rémunération, et que les performances, le risque et l’utilisation du capital soient pris en compte dans le calcul des rémunérations. D’autres projets législatifs sont en cours dans la surveillance et le renforcement de la protection des déposants, ainsi que relatifs aux règles sur l’assainissement et l’insolvabilité des banques. Aussi, les circulaires et réglementations sur la gouvernance d’entreprise régissant les établissements assujettis à la FInmA font actuellement l’objet d’un réexamen. Le monde bancaire est désormais soumis à une forte pression réglementaire et les banques doivent l’in-

tégrer, malgré une rentabilité sous pression et de fortes incertitudes existantes sur les marchés financiers. A court terme, ces efforts sont significatifs et nécessitent des investissements humains et financiers importants. A moyen terme, c’est le prix à payer pour permettre de renforcer les établissements bancaires, protéger les épargnants et les consommateurs, et rendre aux banques et aux acteurs financiers la crédibilité qu’ils méritent, au vu de leur importance dans l’économie mondiale. n

La FInmA a mené des enquêtes suite aux affaires madoff et Lehmann. Celles-ci ont révélé que tous les établissements ne faisaient pas preuve de la même diligence, lorsqu’il s’agissait de sélectionner et de recommander des produits financiers pour leurs clients. Ayant considéré qu’il fallait agir, elle a donc lancé un projet intitulé «règles applicables à la distribution», qui concernait tous les produits et services financiers réglementés par ses soins. Les résultats de ses travaux ont été publiés en novembre 2010, puis ont fait l’objet d’une procédure d’audition jusqu’au 2 mai 2011. Ils devraient déboucher sur l’élaboration d’une ordonnance fédérale relatives aux règles de conduite dans le négoce de valeurs mobilières et la distribution de placements collectifs.


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34 Sous la loupe

JouRnée Des bAnquIeRs 2011

Quel avenir pour les fonds offshore? Les acteurs suisses se distancient des fonds offshore. Les raisons en sont multiples, notamment la réglementation et la fiscalité, mais aussi la méfiance.

L

Jean-Yves De Both Avocat, Schellenberg Wittmer, Genève, Zurich

@ jean-yves.deboth@swlegal.ch

es juridictions offshore telles que les Iles Caïmans, les Iles Vierges britanniques ou Jersey se sont depuis longtemps démarquées comme des centres de création de fonds, en particulier dans le domaine de la gestion alternative. elles présentent la caractéristique commune de permettre la création, dans des délais relativement brefs, de fonds dont les types, stratégies et limitations d’investissement ne sont que peu, voire pas du tout réglementées. outre la création du fonds lui-même, ces juridictions favorisent également celle, facilitée, de sociétés de gestion locales qui, sans toujours y être obligatoires, assurent une bonne ségrégation des risques pour les promoteurs et animateurs de ces fonds. en principe, ces sociétés de gestion ne sont pas soumises à surveillance prudentielle et requièrent, dans les faits, peu de substance locale. Depuis des décennies, le marché suisse a eu recours aux fonds offshore dans les limites, jusque là assez larges, des règles helvétiques sur le placement privé. souvent, ces fonds ont ainsi été créés comme produits destinés à des investisseurs institutionnels, ou en vue de placement dans les portefeuilles de clients gérés. Ces fonds ont aussi eu beaucoup d’intérêt pour les gérants de fortune indépendants souhaitant créer leur propre produit. Face à cette utilisation, on sent toutefois, depuis un certain temps, une baisse d’intérêt et d’attractivité des fonds offshore. Les raisons en sont multiples, et il s’agit probablement d’une tendance irréversible.

Méfiance des institutionnels La crise des hedge funds et la fraude de bernard L. madoff ont mis en évidence les faiblesses juridiques et réglementaires des fonds offshore. en l’absence de réglementation et à teneur de certains prospectus minimalistes proposés sur le marché, des gestionnaires et administrateurs pouvaient jouir d’une très (voire trop) grande discrétion dans les stratégies d’investissement, avec peu de transparence et de contrôle pour l’investisseur. La fraude de madoff a aussi été associée aux faiblesses structurelles des fonds offshore, et ce même si l’un de ses feeder funds était un fonds uCIts. Il est considéré que l’absence de surveillance et de prescriptions ont permis, ou à tout le moins facilité, le cumul des rôles de gestionnaire et de (de facto) dépositaire, permettant ainsi la mise en place d’un ponzi scheme. C’est aussi en réponse à cette méfiance que l’on voit aujourd’hui la gestion alternative essayer de se structurer, dans les limites réglementaires possibles, sous forme de fonds uCIts. Pression fiscale que ce soit au niveau des institutions financières ou des clients finaux, la modification de l’environnement fiscal joue également un certain rôle. on pense d’abord à la pression fiscale exercée dans le cadre de l’oCDe. Devant ces remous politiques, et malgré la signature de conventions de double imposition par de nombreuses juridictions offshore, certains


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groupes essayent de se distancer de ces juridictions, que cela soit en termes de création de fonds, de constitution de sociétés de gestion, ou même à titre d’investisseur. Avec l’accroissement de clients «fiscalisés», il convient aussi de prendre en compte que certaines juridictions européennes peuvent prévoir des régimes fiscaux spéciaux pour les parts de fonds offshore. Par exemple, en espagne, un certain pourcentage de rendement théorique peut être ajouté à la valeur nette d’inventaire pour le calcul de l’impôt sur le revenu du titulaire de parts.

ler dans ces juridictions offshore qui sera réduit. Il en ira prochainement de même pour le marché suisse. en réponse à l’AIFmD et selon le projet de modification de la LPCC, mis en consultation jusqu’au mois d’octobre prochain, les gestionnaires suisses de fonds offshore seront soumis de manière obligatoire à une surveillance prudentielle. toujours selon ce projet, le champ du placement privé va également se réduire (par exemple exclusion des clients gérés).

AIFMD et LPCC

si les fonds offshore ne semblent a priori pas être une espèce en voie d’extinction, leur marché se rétrécit. Les juridictions offshore devraient conserver un intérêt pour des fonds fermés ou pour certains investisseurs, au moyen-orient ou en Asie par exemple. en dehors de sa prédominance pour les fonds uCIts, on constate ainsi une concurrence grandissante du Luxembourg pour les fonds non-uCIts, ainsi qu’un développement de malte. Ces juridictions européennes développent des produits très flexibles et soumis à des exigences réglementaires, certes européennes, mais quand même plus limitées que les fonds uCIts. n

L’entrée en vigueur au mois de juillet 2011 de la directive sur les gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs, plus connue sous l’acronyme AIFmD, va dans le même sens. L’AIFmD vise l’activité de gestion et celle de commercialisation de fonds alternatifs (définis comme tous fonds qui ne sont pas soumis à la directive communautaire uCIts) à des investisseurs professionnels de l’union européenne. Dès 2013, si un promoteur ou gestionnaire suisse souhaite commercialiser des fonds offshore à des investisseurs dans l’union européenne, il pourra en théorie utiliser des fonds offshore, mais le gestionnaire du fonds et, le cas échéant, le délégataire de la gestion du portefeuille devront être établis et réglementés en europe. s’ils sont établis ailleurs, ils seront soumis à une surveillance prudentielle locale, jugée équivalente. A cet égard, il reviendra à l’union européenne de décider si elle juge la surveillance locale équivalente, pré-requis essentiel pour une distribution en europe. Le schéma classique d’une société de gestion offshore, à moindre coût et sans grande substance, ne pourra dès lors plus être combiné avec des fonds offshore pour la distribution à des européens. Partant, sans cette gestion locale, c’est tout l’attrait d’al-

L’avenir

Focus Règles de placement privé en Europe A l’échéance d’un délai de transition de deux ans, soit en juillet 2013, l’AIFmD limitera la commercialisation de fonds offshore dans l’union européenne. mais qu’entend-t-on par commercialisation dans l’union européenne? A priori, l’AIFmD ne s’appliquera pas aux investissements effectués de leur propre initiative par des investisseurs de l’union européenne, sans qu’ils aient été sollicités d’une quelconque manière. Pour le reste, toute offre de fonds, que cela soit sous forme de distribution au public ou par voie de placement privé, sera considérée comme une commercialisation au sens de l’AImFD. Pendant une période transitoire, en tout cas jusqu’en 2018, les régimes de placement privé des etats membres pourront être utilisés par des gestionnaires hors union européenne, pour autant que certaines règles de la directive soient respectées (publication d’un rapport annuel; le fonds et le gestionnaire ne sont pas situés dans des juridictions figurant sur la liste noire du gAFI, et il existe un accord de coopération entre régulateurs concernés). Cela étant, les règles de placement varient largement selon les etats membres de l’union européenne. L’on sait, par exemple, que le Royaumeuni, les Pays-bas ou l’Autriche permettent que des fonds offshore soient proposés par voie de placement privé. D’autres juridictions, telles l’Italie ou la France, sont par contre beaucoup plus restrictives.

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JouRnée Des bAnquIeRs 2011

35 Sous la loupe


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bAnques étRAngèRes en suIsse

JouRnée Des bAnquIeRs 2011

Une connaissance approfondie des marchés mondiaux La réponse des banques étrangères en suisse à la «fin du secret bancaire» consiste en une séparation nette entre transparence fiscale et préservation de la sphère privée. Il en va du succès du private banking swiss style.

Raoul Oliver Wuergler Secrétaire général adjoint, Association des banques étrangères en Suisse

@ wuergler@foreignbanks.ch

L

es rumeurs de la période de crise financière qui prédisaient la disparition en masse des banques étrangères ne se sont pas confirmées. Au contraire, leur groupe en suisse a pris du poids, ne serait-ce que par les effectifs dont le nombre dépasse désormais les 20 000. Il s’agit d’un signe clair en faveur de la place financière suisse, toujours opportune et importante pour les groupes bancaires internationaux. Cela ne signifie pas pour autant que rien n’a changé pour les banques étrangères en suisse, loin de là. Le concept de la protection de la sphère privée de la clientèle bancaire, l’une des caractéristiques centrales de la relation banque-client, a été la cible de rudes attaques jusqu’à engendrer sa redéfinition profonde. La proposition des banques suisses d’un impôt libératoire sur les avoirs des clients étrangers, accompagnée du maintien de la protection de la sphère privée en échange de la régularisation des avoirs et de l’accès aux marchés, changera en profondeur le cadre d’activité de la banque privée helvétique. Le droit d’accès aux marchés et la transparence totale en matière fiscale amèneront, en effet, une plus forte implication des banques dans leurs marchés d’activité. elles nécessiteront dès lors une expertise précise des marchés cibles, notamment leur législation et réglementation dans les domaines de la fiscalité, de la transparence et de la protection des investisseurs. Face à cette complexité accrue, les banques

revisiteront certainement aussi leur modèle d’affaires. Plutôt que d’offrir des services sur tous les marchés, elles cibleront ceux sur lesquels elles auront une connaissance détaillée, afin d’offrir un accès privilégié à leurs clients, notamment en produits et services de placement respectueux des exigences locales. S’aligner à la nouvelle donne A première vue, ce développement pourrait d’effectuer au détriment des clients. mais c’est le contraire qui prévaut, puisque la focalisation des banques sur certains marchés et catégories de produits leur permettra de proposer des services de qualité dans ces domaines. Cela concerne en particulier les banques étrangères qui, par le biais de leurs actionnaires ou la présence internationale de leur maison-mère, ont des relations privilégiées avec certains marchés. Au niveau de la place financière helvétique, la nombreuse présence des banques étrangères en suisse reflète cette exposition aux marchés mondiaux. Dans un cadre juridique unique et sur une des places financières les plus performantes au monde, le client a ainsi la possibilité d’entrer en relation avec des établissements étant en mesure d’offrir des produits et services compatibles avec une grande diversité de juridictions nationales. La prise en compte de l’environnement juridique dans lequel évolue le client accroît, certes, la complexité de la création des produits financiers. tou-


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Personne ne peut s’attaquer seul à l’ascension d’un sommet.

tefois, elle procure en même temps un atout essentiel pour celui souhaitant avoir accès direct et immédiat à son patrimoine, tout en le sauvegardant en dehors de son pays de domicile. Les produits faits sur-mesure, aussi bien en fonction des attentes du client que du cadre régulateur où il vit, représentent une plus-value importante pour chacun d’eux, mais aussi pour la banque et la place financière toute entière. La longue expérience de la banque internationale, dont bénéficie la place financière suisse, constitue un atout essentiel dans la prestation de ce genre de services. toutefois, elle ne suffira pas à elle seule. Le cadre régulateur helvétique devra, à son tour, s’aligner à la nouvelle donne. La compétition est ouverte et l’arbitrage régulateur jouera en plein. n

Focus Abolir le droit de timbre Pour assurer la compétitivité de la place financière suisse, il s’avère nécessaire de réfléchir à la raison d’être de certaines réglementations, telles les procédures d’autorisation de produits ue ou le droit de timbre. Les produits financiers surveillés par une autorité reconnue comme équivalente à la FInmA devront bénéficier de procédures d’accès facilitées et accélérées aux marchés, comme cela est mentionné dans le rapport sur la distribution des produits financiers: «la diversité de produits est essentielle pour un lieu de distribution comme l’est la place financière suisse». Aussi, le droit de timbre doit être aboli, car il ne ponctionne que les transactions facilement et effectivement transférées à l’étranger. Cette taxation est d’ailleurs l’une des causes majeures du départ à l’étranger du négoce de l’or, du marché des eurobonds et de la production de fonds de placement. Il faut désormais créer le cadre favorable à la génération de nouvelles transactions en suisse, dont la richesse générée créera des ressources novatrices, plutôt que de taxer les transactions existantes avec des impôts dépassés. La place financière suisse a de bonnes cartes pour continuer à jouer dans la ligue des grands. Il suffit qu’elle soit un joueur attentif, qui sorte la bonne carte au bon moment. (RW)

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09:48


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38 Sous la loupe

nouVeAutés FIsCALes

JouRnée Des bAnquIeRs 2011

Les assurances aussi concernées! Le paysage fiscal est sur le point de connaître un profond bouleversement, avec des conséquences considérables pour le secteur financier. Les nouveautés concernent aussi bien les assureurs que les banques suisses.

A

Thomas Brotzer Insurance Tax Leader Switzerland, Ernst & Young Zurich

vec la crise financière de 2007, de nombreux etats ont vu leur dette publique grimper de manière vertigineuse. outre les réformes réglementaires (bâle III pour les banques et solvabilité II pour les assureurs), ils ont mis en œuvre, ou du moins envisagé, des réformes fiscales. Le 22 février 2011, la Commission européenne a lancé une consultation publique sur la taxation du secteur financier. entre-temps, différents pays ont déjà instauré des «taxes bancaires». même en suisse, des systèmes d’imposition d’un genre tout à fait nouveau ont été abordés, dans le cadre de la discussion sur la problématique too big to fail. Le passage du principe du débiteur à celui de l’agent payeur était l’un des points à l’ordre du jour. Les modifications prévues des conditions-cadres fiscales concernent le secteur de l’assurance à trois niveaux différents. en tant qu’investisseurs institutionnels majeurs, les assureurs seront lourdement touchés par les taxes sur les transactions. Par ailleurs, les nouveautés auront une incidence significative sur la conception des produits et, par conséquent, sur le modèle commercial lui-même, sans parler du surcroît de travail administratif généré par les nouvelles réglementations fiscales.

@ thomas.brotzer@ch.ey.com

Dangereuses taxes sur les transactions Dans son communiqué du 7 octobre 2010, la Commission européenne a évoqué, entre autres, l’introduction d’une nouvelle taxe sur les transactions financières (ttF). elle la justifiait en indiquant que le secteur financier serait à l’avenir moins tenté de prendre des risques inconsidérés, et qu’il devait être tenu pour responsable des conséquences négatives sur la dette publique. La taxe sur les transactions financières frapperait toute transaction proportionnellement à sa valeur. Afin d’engranger un maximum de recettes fiscales, la ttF doit cibler la gamme d’instruments financiers la plus large possible (actions, obligations, devises et produits dérivés), mais aussi s’appliquer à un territoire le plus vaste que possible (dans le monde entier ou au moins dans les etats membres). La Commission européenne estime que les recettes s’élèveraient à environ 60 milliards d’euros. sur le principe, de telles taxes sur les transactions financières sont comparables au droit de timbre, déjà en vigueur en suisse. Le compte d’etat 2010 indique que celui-ci a rapporté près de 1,4 milliard de francs à la Confédération. Ces redevances représentent une charge pour les investisseurs institutionnels, y compris les assureurs suisses. L’introduction de nouvelles taxes européennes sur les transactions financières concernerait en premier lieu les investisseurs institutionnels tels que les assureurs et les institutions de prévoyance. outre les taxes sur les


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39 Sous la loupe

Punition fiscale La plupart des etats européens encouragent la prévoyance privée par le biais d’incitations fiscales. A titre d’exemple, en suisse, tous les revenus des assurances vie en capital privées susceptibles de rachat sont exonérés d’impôt. Ces dernières années, certains pays d’europe ont considérablement durci les conditions d’exonération fiscale, ou de report de l’imposition. Les produits d’assurance vie sont alors devenus beaucoup moins attractifs. Il est plutôt étrange que la prévoyance privée subisse une telle punition fiscale en période de réduction des prestations de rente étatiques. Assurances et FATCA Dans le sillage de la crise financière, différents etats ont multiplié leurs efforts pour lutter contre la soustraction d’impôt, à l’échelle mondiale. Les assureurs, eux aussi, sont directement ou indirectement concernés par les nouvelles mesures. Le 18 mars 2010, le Président américain a ouvert la voie à la mise en œuvre du FAtCA, impliquant que les établissements financiers étrangers se soumettent aux mêmes règles de déclaration que les prestataires américains de services financiers. L’objectif du FAtCA est d’arriver à une transparence maximale dans les relations off-shore de contribuables américains. Il s’adresse donc à tous les prestataires financiers étrangers, qui servent les Américains et/ou détiennent des titres américains. en ce sens, les banques, mais aussi les assurances, sont concernées par le FAtCA, qui entrera en vigueur au début 2013. Les premières informations relatives à sa mise en œuvre ont été publiées le 27 août 2010, et le 9 mai 2011 par l’Internal Revenue service (IRs). Au grand désarroi du secteur assurantiel, les direc-

tives encore non contraignantes n’ont fourni aucun point de repère sur la façon de répondre aux questions spécifiques aux assurances. mais les produits d’assurance vie avec une composante épargne seront évidemment soumis aux nouvelles réglementations. De ce fait, les assureurs devront transmettre à l’administration fiscale américaine toutes les informations fiscales sur leurs clients américains. tout refus serait sanctionné par une amende fiscale de 30% sur les intérêts, dividendes et produits de l’aliénation américains. L’ue s’était engagée par le passé dans une tout autre voie. son principal outil de lutte contre la soustraction d’impôt est la directive sur la fiscalité de l’épargne. Le 13 novembre 2008, la Commission européenne a proposé de la modifier. La directive doit être renforcée par différentes mesures, afin de combler des lacunes et de mieux combattre l’évasion fiscale. Désormais, les intérêts des placements dans certaines innovations financières, ainsi que des produits d’assurance vie précis, doivent par exemple être inclus dans son champ d’application. Dans le dernier cas, il s’agit concrètement des contrats d’assurance vie, dont la prestation est intégralement liée aux revenus de créances ou à des revenus équivalents, et dont la couverture de risques ne dépasse pas 5%. Le durcissement, éventuel, de la directive européenne sur la fiscalité de l’épargne n’entrera cependant pas en vigueur avant 2013. Reste à savoir si, et dans quelle mesure, le concept américain d’intégration de tous les intermédiaires financiers pourrait avoir une influence sur le projet de la Commission. entre-temps, l’introduction d’un impôt compensatoire est à l’étude. son application pourrait avoir également une incidence sur certains produits d’assurance. Les banques ne sont donc pas les seules à considérer les innombrables nouveautés fiscales comme un défi de taille. Le secteur de l’assurance est, lui aussi, confronté à la nouvelle imposition et à la hausse des coûts liés à la mise en ?uvre des réformes fiscales. La répercussion de ces coûts sur les clients pourrait avoir pour conséquence une hausse du prix des services bancaires et des produits d’assurance. n

Focus Imposition à la source La plupart des pays prélèvent un impôt à la source sur les paiements de dividendes et d’intérêts. Le créancier peut exiger le dégrèvement ou le remboursement de l’impôt à la source, sur la base d’une convention de double imposition ou du droit national. Dans différents cas de figure, le risque existe actuellement que plusieurs créanciers demandent un remboursement. Ce dernier, qu’il soit double ou multiple, est par exemple possible dans le cadre des opérations de prêt et d’emprunt de titres, en ce sens qu’emprunteur et prêteur reçoivent un dividende et un décompte de coupons. Dans son courrier du 3 mars 2011, le ministère fédéral allemand des Finances résout le problème en ajoutant une obligation de fournir une attestation de l’agent payeur. La suisse va plus loin et exige du tiers, qui verse une prestation compensatoire (manufactured payment), la déduction d’un deuxième impôt anticipé. Depuis le 1er janvier 2007, l’obligation de décompte est également appliquée aux assureurs qui prêtent des titres de contreparties (tb).

BANQUE&FINANCE N°111 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011

JouRnée Des bAnquIeRs 2011

transactions financières, certains pays planchent sur l’instauration ou la hausse des taxes sur les primes d’assurance (Insurance Premium taxes). en suisse, elles sont en principe imposées à hauteur de 5% (2,5% pour les assurances vie financées par le versement d’une prime unique).


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41 Investir

42 DEvisEs Attention aux big news!

50 AnALYsEs Les indicateurs avec Cfinancials

44 REPèREs Les tendances en partenariat avec Morningstar

52 CoCkTAiL Du GéRAnT Stagflation ou déflation?

57 ART 46 hEDGE FunDs

Faux: marché interlope?

Combiner les fonds UCITS avec les hedge funds!

48 PRoDuiTs sTRuCTués Mieux gérer le risque débiteur

BANQUE&FINANCE N°111 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011


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42 Investir

Devises

Attention aux big news ! Howard Friend Chief Market Strategist, MIG BANK

Les news et statistiques majeures, qui influencent les marchés, sont à traiter avec une stratégie bien réfléchie, afin d’en tirer d’éventuels profits.

Du point de vue des traders à court terme, il semble très risqué de prendre des positions les jours de «grandes nouvelles», car un écart brutal par rapport aux estimations du consensus peut déclencher des fluctuations de prix très amples, et générer des pertes importantes. Voici la méthode à retenir: juste avant la publication des chiffres, il faut enregistrer le prix du marché. Ce prix, que l’on peut appeler «News Origin», sera notre prix d’entrée au cas où le marché générerait des fluctuations significatives, liées à la publication. Une expansion de la fourchette de la journée, ou le franchissement d’un plus haut ou d’un plus bas de la veille, est réputé «significatif». Si un mouvement «significatif» est constaté, il faut placer un ordre «buy» ou «sell stop» au «News Origin», pour entrer une position dans la direction opposée à celle du mouvement déclenché par les nouvelles. En effet, si le marché retourne à ce niveau en ayant effectué un mouvement post-publication «significatif», tous les traders orientés sur les nouvelles se retrouveront d’un seul coup sous l’eau, et ce sont eux qui feront évoluer le prix à la hausse ou à la baisse dans des opérations d’achat ou de vente stop-loss. Si la transaction est déclenchée, il est conseillé de placer un ordre stoploss de couverture à l’autre bout de la fourchette du jour en le suivant de près au moment où la transaction dégage un bénéfice, si tout se passe comme prévu.

Le «piège» des chiffres de l’emploi US Prenons un exemple de cette stratégie de négoce appliquée à l’EUR/USD après la publication des «Non Farm Payrolls» américains, le 2 octobre 2009. Juste avant cette publication, l’EUR/USD se négociait à 1,4543. Mais les chiffres de l’emploi s’étant avérés bien inférieurs aux attentes du marché (-263,000, alors que les prévisions tablaient sur -170,000), ils ont déclenché des ventes massives et donc une chute «significative» du prix. Après cet effondrement induit par cette statistique négative, l’EUR/USD a brusquement inversé sa tendance pour se renégocier au News Origin de 1,4543, déclenchant un signal d’achat avec un stop-loss à 1,4479, juste en-dessous du plus bas de la séance. En quelques heures, l’EUR/USD avait fortement remonté et les vendeurs à découvert « piégés » ne pouvaient que digérer leurs positions perdantes. (voir graphique). En fait, l’achat d’EUR/USD au News Origin de 1,4543 s’est avéré une stratégie payante pour les traders avec des positions sur plusieurs jours. Moins de deux jours de négoce après la publication, l’EUR/USD a pu accroître son avance jusqu’à un plus haut de 1,4763. Si les plus impatients avaient attendu après la publication pour acheter au News Origin en plaçant un ordre stoploss juste en-dessous du plus bas de la séance, ils auraient pu engranger un bénéfice supérieur à 200 points pour une prise de risque de seulement 65 points, soit un profit trois fois supérieur à la perte potentielle. n

BANQUE&FINANCE N°111 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011

DE PLUS L’approche la plus sûre pour négocier les jours de «grandes nouvelles» est d’attendre après la publication des chiffres, plutôt que de s’exposer à un mouvement inverse brutal. Attendez que le marché dévoile son jeu avant de vous positionner selon la stratégie de négoce pour les jours de news majeures.

@ h.friend@migbank.com

1.46400

EUR-USD - 5 min

1.46200

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NEWS ORIGIN

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Source: TradeStation


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44 Investir REPÈRES DU MARCHE DE LA GESTION COLLECTIVE Palmarès sur 1 an des catégories de fonds avec au moins 5 fonds Moyennes des Catégories Morningstar

Thomas Lancereau Analyste, Morningstar France

@ thomas.lancereau@morningstar.com

pour des raisons de valorisation – causant une augmentation anormale du «turnover» et des commissions de mouvement, il considère que beaucoup de petites et moyennes capitalisations sont trop chères, notamment dans les secteurs industriel et immobilier. Il a donc resserré le portefeuille autour de son coeur historique, et à fin juillet 2010, la sélection de titres favorise largement des sociétés de croissance non cycliques telles qu’Imtech ou Autonomy. Ces caractéristiques expliquent largement le retard de performance du fonds au cours des 18 derniers mois. Nous savons d’expérience que la sous-performance de court terme, a fortiori dans un contexte de forte volatilité, n’a aucun pouvoir prédictif sur les performances futures d’un fonds. Sur le long terme, les résultats restent convaincants. Sous la responsabilité de Cvetanovski depuis octobre 2005, le fonds a surperformé la moyenne de catégorie de 1,6% par an à fin août 2010. En toute logique avec l’approche poursuivie, ceci a été obtenu avec une volatilité inférieure à la moyenne de catégorie sur trois et cinq ans. C’est à nos yeux une qua-

BANQUE&FINANCE N°111 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011

Perf. en % annualisée sur 3 ans

Volatilié annualisée sur 3 ans

Perf. en % annualisée sur 5 ans

MEILLEURES PERFORMANCES DES CATEGORIES MORNINGSTAR - FONDS ACTIONS & MIXTES Actions Norvège 20.01 -7.81 35.40 -0.92 30.58 1.08 Actions Suède Petites et Moyennes Cap. 16.15 4.45 Actions Europe hors R-U Petites & Moy. Cap. 15.52 -4.53 24.57 -1.57 Actions Europe Petites Cap. 15.32 -5.18 25.42 -3.86 Actions Zone Euro Petites Cap. 15.27 -5.18 25.60 -3.86 MOINS BONNES PERFORMANCES DES CATEGORIES MORNINGSTAR - FONDS ACTIONS & MIXTES Actions Japon Grandes Cap. -10.67 -11.25 17.96 -12.58 Actions Afrique & Moyen Orient -12.71 -18.52 24.20 -3.13 Actions Grèce -15.00 -29.25 34.75 -19.17 31.11 4.22 -15.21 3.21 Actions Inde Actions Vietnam -38.58 -12.52 31.93 -30.40 MEILLEURES PERFORMANCES DES CATEGORIES MORNINGSTAR - FONDS OBLIGATAIRES Obligations EUR Haut Rendement 4.54 -0.65 19.84 0.17 Obligations AUD 4.04 4.34 12.34 4.97 Obligations Europe Haut Rendement 3.78 -0.25 21.44 0.06 Convertibles Europe 2.06 -3.56 16.51 -2.46 Obligations PLN 1.27 -7.78 17.17 0.78 MOINS BONNES PERFORMANCES DES CATEGORIES MORNINGSTAR - FONDS OBLIGATAIRES -16.80 -2.29 12.24 -2.48 Obligations USD Indexées sur l’Inflation Obligations USD Emprunts Privés -17.56 0.39 11.47 -2.23 Obligations USD Diversifiées -18.85 -1.24 11.88 -2.31 Obligations HKD -19.91 -1.93 14.41 -3.22 Obligations USD Emprunts d’Etat -20.16 -2.00 13.10 -2.46

«Carmignac Euro-Entrepreneurs» FR0010149112 Ce fonds constitue à notre avis un bon moyen de s’exposer aux petites et moyennes capitalisations européennes. Jordan Cvetanovski gère le fonds depuis octobre 2005. Il se distingue par la clarté de ses vues et la grande independence d’esprit dont il fait preuve par rapport aux fonds concurrents et aux indices. Le cœur du portefeuille est constitué de sociétés qui dispose selon lui de «business models» solides avec une direction de qualité mais dont le cours de bourse, rapporté à leur capacité à générer des «free cash flows», est sous-évalué par le marché. Historiquement, le portefeuille se situe sur le segment croissance de la Morningstar Style Box. En plus de ces positions généralement détenues pour le long terme, Cvetanovski est prêt à investir dans des entreprises plus cycliques mais à condition que les valorisations – toujours rapportées aux «free cash flows» – soit encore plus atrayantes. Or, Cvetanovski reste plutôt prudent par rapport aux conditions de marché qui prévalent depuis le deuxième trimestre 2009. Après une brève incursion sur certaines cycliques qu’il a revendu rapidement

Perf. en % sur 1 an

lité appreciable compte tenu des risques intrinsèques au segment des petites et moyennes capitalisations. L’investisseur doit en contrepartie être prêt à accepter des périodes de sous-performance et conserver un horizon d’investissement long. Tout n’est pas pour autant parfait sur ce fonds. Il souffre notamment de commissions de mouvement élevées qui ont plombé le total des frais

sur encours en 2009 (2,83%). Nous nous attendons néanmoins à voir ce chiffre se réduire avec la baisse du turnover, même si le fonds restera probablement plus cher que ses concurrents. Malgré cet handicap, nous pensons que l’expertise du gérant et sa capacité à maintenir une approche cohérente, même dans des conditions de marché adverses, devraient lui permettre de continuer à surperformer sur le long terme, d’où la note «Supérieur». n

Calcul de la performance en CHF, dividendes réinvestis, arrêté au 30/06/2011

Source © 2011 MORNINGSTAR, Inc. Tous droits réservés


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45 Investir Les plus grandes catégories de fonds passées au crible du 1er quartile

Le graphique ci-contre indique l’évolution des catégories de fonds sur cinq ans. Dans chaque numéro, Banque&Finance vous présente également une sélection de fonds. Découvrez les rares produits qui réussissent à se hisser dans le premier quartile sur toutes les périodes analysées. Nous publions au maximum les cinq premiers fonds sur un ans. anquiers éproutage se livrer à leur fonctionnaires ne laissent-ils pas les Nouveau types Sur 140 fonds de la catégorie MORNINGSTAR "Actions Suisse Gdes 5 fondsfavori, restent le 1er quartile sur 6 mois, 1 an et 3 ans leurs vent de sérieuses difficultés à être en Cap.", passe-temps soitdans la confection banquiers décider eux-mêmes de partenariats? phase et même à s’accorder avec les de cocottes en papier, un art où ils expropres lois, en pratiquant une sorte Actions Suisse Gdes Cap.

Promoteur

Code

Perf. en %

Perf. en %

Perf. en %

Volatilité

Etoiles

Nom du fonds ISIN sur invectives 6 mois sur 1 an la sur 3 ans annualisée MORNINGSTAR hauts fonctionnaires fédéraux, en cellent.en vaines et, par d’autogestion sectorielle? Lesecteur verticalement en matière annualisée sur 3 ans particulier avec ceux qui conçoivent même occasion, de «se tirer une balle bancaire ne s’en porterait que mieux de services financiers, la SVM Value SIF Swiss Investment Funds SA 0.97 18.89 19.00 pleine exploitation du podes textes de loi rigides, rétrogrades CH0013610248 dans le pied». Leur clairvoyance reet3.51 la Suisse aussi. QuantHHHHH aux foncBEKB Aktien Schweiz Value Balfidor Fondsleitung AG CH0107535632 -0.52 8.89 -0.30 17.71 HHHH tentiel de sa plate-forme et coercitifs, ou négocient plutôt maltrouvée, ils participeraient ainsi à7.96 la détionnaires, ils16.62 pourraient davantage CS Select Fund (CH) Swiss Eqs 130/30 B Credit Suisse Asset Management Funds AG CH0017229615 -1.14 -0.02 HHH pleine exploitation du poadroitement les Management CDI et autres quesfense de notre place financière 7.51 contre se livrer à leur passe-temps NAB Aktien Schweiz I Credit Suisse Asset Funds AG CH0037482590 -0.52 -0.84 17.55 HHHHfavori, tentiel deSwitzerland sa plate-forme UBS (CH) Mgr Sel Eqs XT2 B UBS -0.57 de pays6.28 -0.99la confection 14.86 de cocottes HHHHH tions liées à l’entraide administrative CH0015312546 les attaques récurrentes étransoit en paMoyenne passe, en revanche, par -3.09 4.70 -2.10 16.60 en matière fiscale. C’est normal, car qui n’ont qu’un seul but, celui de vaines gers pier, un art où ils excellent.en des partenariats internagradés ou non dans la hiérarchie étas’approprier l’énorme masse financière invectives et, par la même occasion, de tionaux. En effet, NasdaqSur 47 fonds de la catégorie MORNINGSTAR "Actions Suisse Petites & Moy. Cap.", 2 fonds restent dans le 1er quartile sur 6 mois, 1 an et 3 ans tique, ils restent des fonctionnaires gérée par les établissements helvé«se tirer une balle dans le pied». Leur OMX se positionne comme un concurrent dans l’âme, doncPromoteur étrangers à l’esprit tiques. à Dieu, ce jour clairvoyance retrouvée, ils Etoiles participeActions Suisse Petitesd’envergure & Moy. Cap. Code Qu’il plaise Perf. en % Perf. en %là Perf. en % Volatilité du fondspleine exISIN sur 6 mois sur 1 an sur 3 ans MORNINGSTAR et les Nom synergies entrepreneurial et aux spécificités du n’est pas prêt d’arriver. raient ainsiannualisée àsur la 3défense de notre place annualisée ans ploitation du potentiel de secteur bancaire avec ses tenants et financière contre les attaques récurSaraSelect sa P CHF Sarasin CH0001234068 -1.10 22.98 -0.48 24.25 HHH plate-forme passe, en aboutissants, de même que décon- CH0035534368 à Dieu, ce jour -2.39 là n’est pas prêt rentes de pays étrangers HHHH qui n’ont AXA Swissrevanche, IF Eqs Switzer & Mid Caps 2 AXA 21.02 1.08 22.14 parSm des partenanectés de la réalité des marchés et d’arriver qu’un seul but, celui de s’approprier BEKB Aktien Schweiz Small & M Caps Value Balfidor Fondsleitung AG CH0107535624 -0.59 18.36 2.86 21.57 HHHH riats internationaux. En Regiofondseffet, Zuerichsee LLB Services AGque provoque la LI0018925540 -2.41 17.93 -2.77 23.37 HH desFund turpitudes l’énorme masse financière gérée par Nasdaq-OMX se poClariden Leu (CH) Swiss Small Cap Equity Clariden Leu AG CH0005647661 -2.95 16.70 -0.54 23.06 HHH concurrence internationale. En plus, financière contre les attaques récurles établissements helvétiques. Qu’il sitionne comme un concurMoyenne -4.53 12.11 0.04 21.59 rent d’envergure et les ils perçoivent chaque mois une solde rentes de pays étrangers qui n’ont plaise à Dieu, ce jour là n’est pas prêt synergies passe, en regrassement rémunérée pour ne prenqu’un seul but, celui de s’approprier d’arriver. Sur 173 fonds de catégorie "Actions Europe Gdes Cap. Mixte", 6 fonds restent dans le 1er quartile sur 6 mois, 1 an et 3 ans vanche, parlades partena-MORNINGSTAR dre aucun risque et ne travailler que l’énorme masse financière gérée par vétiques. Qu’il plaise à Dieu, ce jour là riats internationaux. En Actions Europe Gdes Cap. Mixte Promoteur Perf.heltage en % en %fiPerf. % prêt Volatilité quatre à cinq heures quotidiennes eflesCode établissements laPerf. place n’estenpas d’arriver. n Etoiles effet, Nasdaq-OMX se poNom du fonds ISIN sur 6 mois sur 1 an sur 3 ans annualisée MORNINGSTAR fectives. Dans ces conditions, il est ilnancière suisse et son secteur banannualisée sur 3 ans sitionne comme un concurlusoire d’imaginer un seul instant caire. Pourquoi alors les rent d’envergure et les Arnica European Opportunity Fund Swiss Life Funds AG CH0033137149 -0.53 24.15 1.87 19.82 HHHHH qu’un Investment fonctionnaire puisse fonctionnaires ne-0.78 laissent-ils 16.93 pas les synergies Artemis Intl SICAV Pan European Eq A Acc Artemis Mngmt Ltd se mettre LU0268337366 -15.46 24.65 H AXA WF Frm Europe Opportunities AC EUR AXA Paris S.A.prend LU0125727601 16.49 -6.82 22.94 HHH à laInvestment place d’unManagers banquier, lequel banquiers décider1.91 eux-mêmes leurs cyril.demaria@gmail.com JPM Europe 130/30 A (acc)-EUR JPMorgan AssetyMgt (Europe) S.à r.l. 1.06 15.25 -6.75 24.28 HHH des risques, compris avec son pro- LU0289089384 propres lois, en pratiquant une sorte Skandia European Best Ideas A1 Skandia Fund Management (Ireland) Ltd IE00B2Q0GR60 -2.81 14.23 -3.32 25.74 HHHH pre argent, innove, crée de l’emploi, d’autogestion sectorielle? Le secteur Moyenne -2.17 6.07 -8.33 22.65 de la richesse et de la valeur ajoutée, bancaire ne s’en porterait que mieux et tout cela sans compter ses heures. et Mixte", la Suisse aussi. restent Quant aux foncSur 153 fonds de la catégorie MORNINGSTAR "Actions Etats-Unis Gdes Cap. 6 fonds dans le 1er quartile sur 6 mois, 1 an et 3 ans Deux mondes, deux visions de la réationnaires, ils pourraient davantage Actions Etats-Unis Gdes Cap. Mixte Promoteur en % Perf.favori, en % Perf. en % Volatilité Etoiles lité économique et financière, et peutse Code livrer à leurPerf. passe-temps Nom du fonds ISIN sur 6 mois sur 1 an sur 3 ans annualisée MORNINGSTAR  être aussi de la vie, deux profils soit la confection de cocottes en pa- annualisée sur 3 ans antinomiques, pier, un art où ils excellent.en vaines Janus INTECH US Risk Mgd Core A EUR Janus Capital Fundsdonc Plc incompatibles. IE0032746970 4.91 20.54 -7.88 25.67 HH Dès lors,Asset la compréhension invectives et, par la5.35 même occasion, JPM US Eq A (acc)-EUR (Hdg) JPMorgan Mgt (Europe) S.àentre r.l. eux LU0278558811 19.86 de -7.80 25.44 H Russell IC US Equity EH A Russell Investments Limited 19.85 -6.95 27.61 H semble vaine, auIreland détriment de l’éla- IE00B193MG60 «se tirer une balle 2.74 dans le pied». Leur JPM US Select 130/30 A (acc)-EUR (Hdg) JPMorgan Asset Mgt (Europe) S.à r.l. LU0281482918 0.49 14.43 -6.58 26.03 H boration commune d’un plan d’acclairvoyance retrouvée, ils participeKBL Key Fund North America EUR KBL European Private Bankers LU0266124469 0.60 13.49 -12.69 26.73 H tions efficace visant à développer raient ainsi à la défense place Moyenne -4.99 de notre0.46 -5.12 20.49 davantage la place financière suisse financière contre les attaques récuret son secteur bancaire. Pourquoi de0 pays qui n’ont Sur 59 fonds de la catégorie MORNINGSTAR "Actions Asie-Pacifique horsrentes Japon", fondsétrangers restent dans le 1er quartile sur 6 mois, 1 an et 3 ans alors les fonctionnaires ne laissent-ils qu’un seul but, celui de s’approprier Actions Asie-Pacifique hors Japon Code Perf. en % Perf. en % en % Volatilité Etoiles pas les banquiersPromoteur décider eux-mêmes l’énorme massesur financière gérée par Perf. Nom du fonds ISIN 6 mois sur 1 an sur 3 ans annualisée MORNINGSTAR leurs propres lois, en pratiquant une les établissements helvétiques. Qu’il annualisée sur 3 ans AXA Rosenberg Pac Ex-Jap Sm Cp Alp A USD sorte AXAd’autogestion Rosenberg Management Ireland -6.72là n’est pas 14.49prêt -7.86 30.06 HHH sectorielle? LeLtd IE0008367009 plaise à Dieu, ce jour F&C Pacific Equity A F&C Management Limited -6.27 6.64 -4.00 24.31 HH secteur bancaire ne s’en porterait que LU0153359475 d’arriver. UBS (CH) IF Eqs Pac (ex Japan) Pass IX UBS CH0033048320 -7.29 6.10 -0.98 24.60 HH mieux et la Suisse aussi. Quant aux IE0007218849 tage la place financière et son Vanguard Pacific Ex-Jap Stk Idx Inst USD Vanguard Group (Ireland) Limited -7.51 suisse 5.66 -1.26 24.43 HHH fonctionnaires, pourraientFunds davansecteur bancaire.-7.55 Pourquoi alors CSIF Pacific ex Japan Index D Credit Suisse Asset ils Management AG CH0015408419 5.60 les -1.60 24.41 HHH

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23.19

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46 Investir Hedge Funds

Combiner les fonds UCITS avec les hedge funds! Le premier semestre 2011 a été marqué par un environnement de marché très volatil, d’abord porté par de bons résultats des entreprises durant le premier trimestre, puis lourdement déstabilisé, dès le mois de mai, par la résurgence des problématiques macroéconomiques. Les perspectives de croissance pour le second semestre laissent présager un environnement de marché similaire pour les mois à venir, alternativement impacté par le ralentissement marqué de la croissance dans les émergents, la problématique du financement de la dette américaine, qui demeurera sous la pression du déficit budgétaire et d’un potentiel de croissance affaibli, et la gestion de la crise des dettes souveraines périphériques en Europe. Dans un tel contexte, tout exercice d’allocation d’actifs devient extrêmement délicat, notamment pour les allocations alternatives. En effet, le pilotage stratégique d’un portefeuille de hedge funds repose conjointement sur la bonne perception de l’environnement de marché futur, et sur la sélection des stratégies et des supports d’investissement qui permettront d’en tirer profit. Par exemple, dans un contexte de croissance et de faible incertitude, favorable au cycle de fusions/acquisitions et à la stabilité des politiques monétaires, les stratégies à biais long actions (Long/Short Equity, Emerging Markets), ou d’Event Driven, seront mises en avant de manière à bénéficier d’une exposition significative à la hausse des marchés, tout en tirant profit du

stock picking exercé par les gérants. A l’inverse, dans un contexte de crise et de récession, caractérisé par le recul généralisé des cours des actifs risqués, des divergences de politiques monétaires et une forte volatilité, nous aurons tendance à privilégier les gérants discrétionnaires ou systématiques, ainsi que les gérants de relative value. Pas de concentration unique Au-delà du pilotage tactique des allocations alternatives, les investisseurs sont également confrontés à la question du support d’investissement, à savoir fonds UCITS ou hedge funds traditionnel? Il est vrai que les fonds

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UCTIS proposent des arguments répondant aux besoins post-crise des investisseurs (liquidité et transparence accrues, cadre réglementaire européen), ce qui explique partiellement la forte croissance de leurs encours sous gestion (+52% en 2010 pour un encours estimé à 140 milliards de dollars). Cependant, en contrepartie, les contraintes imposées par la réglementation (levier inférieur à 2, limites de concentration, exposition limitée aux matières premières, etc.) contiennent à la fois la transposition de certaines stratégies d’investissement en format UCITS, et la capacité des gérants à générer de l’alpha. Les investisseurs ont ainsi souvent tendance à assimiler l’arbi-

Guillaume Monarcha Responsable de la Recherche, Partner, Orion Financial Partners

DE PLUS Risque-t-on de voir disparaître les hedge funds dont les stratégies d’investissement peuvent être répliquées dans le cadre UCITS, comme les fonds Long/Short Equity? Cela est peu probable. En effet, de récentes études montrent que pour un niveau d’exposition au risque de marché équivalent (béta), les hedge funds affichent un niveau de performance absolue significativement supérieur (alpha). La préférence pour les fonds UCITS est donc essentiellement justifiée par la liquidité et le cadre réglementaire.

@ gmonarcha@orion-fp.com


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47 Investir trage UCITS, vs. hedge funds, à un arbitrage entre liquidité et performance Cyril demaria absolue. Ce débat n’a pourtant pas lieu d’être, Chroniqueur particulièrement dans un contexte de marché similaire à celui que nous avons connu durant le premier semestre. En effet, se concentrer uniquement sur des fonds UCITS fermerait l’accès à un certain nombre de stratégies d’arbitrage bénéficiant de vecteurs de performance significatifs, comme la volatilité des courbes de taux ou des spreads de crédit intraeuropéens, et serait source surexverticalement ende matière position au de marché. A la derisque services financiers, l’inverse, pleine se concentrer essentielleexploitation du pode sa plate-forme ment sur tentiel des hedge funds moins lipleineposer exploitation du poquides pourrait des problèmes tentiel de sa plate-forme de timing dans un environnement ou passe, en revanche, par la durée et l’ampleur des tendances des partenariats internade marché sont trèsEn variables, pénalitionaux. effet, Nasdaq-

Nouveau types de partenariats?

dans un c?ur d’allocation, dont le turnover est très faible (pas de contrainte de liquidité) et nécessitant des moteurs de performance absolue (pas d’exposition aux marchés). A l’inverse, les fonds UCITS présentent des propriétés très favorables pour se positionner en satellites tactiques, dont la fréquence de réallocation peut être relativement importante dans le contexte de marché actuel. Sur ce segment de l’allocation seront consitage se livrer à leur passe-temps fadérées (enlafonction du contexte de en vori, soit confection de cocottes marché) les stratégies Long/Short papier, un art où ils excellent.en Equity, Emerging Markets les stravaines invectives et, par laou même octégies Les CTAs ou le casion,d’Event de «se Driven. tirer une balle dans les gérants Macro retrouvée, pourront alLeur Global clairvoyance ils pied». ternativement être associés aux deux participeraient ainsi à la défense de composantes de l’allocation, enles foncnotre place financière contre attion de leur niveau de et de taques récurrentes deliquidité pays étrangers leur horizon d’investissement. n s’apqui n’ont qu’un seul but, celui de

obligations

Bête noire ou coquel

Allocation top/down

A contre-courant du débat manichéen opposant les fonds UCITS aux hedge funds, nous pensons que les méthodes d’allocationdetop/down anquiers éprouvent sérieuses difcombinant ces deux supports d’in- à ficultés à être en phase et même vestissement sont source de valeur. s’accorder avec les hauts fonctionNotre connexe àavec nairesraisonnement fédéraux, enest particulier celui lesdes approches ceux qui qui sous-tend conçoivent textes dedeloi type core-satellite, visant à associer ou rigides, rétrogrades et coercitifs, un cœur deplutôt portefeuille stable à desles négocient maladroitement positions directionnelles CDI et autres questionstactiques. liées à l’enDans cas d’un portefeuille alternatraideleadministrative en matière fistif, lesC’est hedgenormal, funds suivant des ou stratécale. car gradés non gies value ont leur dansde la relative hiérarchie étatique, ilsplace restent

des fonctionnaires dans l’âme, donc étrangers à l’esprit entrepreneurial et aux spécificités du secteur bancaire avec ses tenants et aboutissants, de même que déconnectés de la réalité des marchés et des turpitudes que provoque la concurrence internationale. En plus, ils perçoivent chaque mois une solde grassement rémunérée pour ne prendre aucun risque et ne travailler que quatre à cinq heures quotidiennes effectives. Dans ces conditions, il est illusoire d’imaginer un seul instant qu’un fonctionnaire puisse se mettre à la place d’un banquier, lequel prend des risques, y cyril.demaria@gmail.com compris avec son propre argent, innove, crée de l’emploi, de la richesse et de la valeur ajoutée, et tout cela sans compter ses heures. Deux mondes, deux visions de la réalité économique et financière, et peutêtre aussi de la vie, deux profils antinomiques, donc incompatibles. Dès lors, la compréhension entre eux semble vaine, au détriment de l’élaboration commune d’un plan d’actions efficace visant à développer davantage la place financière suisse et son secteur bancaire. Pourquoi alors les fonctionnaires ne laissent-ils pas les banquiers décider eux-mêmes leurs propres lois, en pratiquant une sorte d’autogestion Structured Trade Finance sectorielle? Le Structured Tradesecteur Finance bancaire ne s’en porterait que Structured Trade mieuxFinance et la Suisse aussi. Quant aux fonctionnaires, ils pourraient davanOMX se positionne comme un concurrent d’envergure et les synergies pleine exploitation du potentiel de sa plate-forme passe, en revanche, par des partenariats internationaux. En effet, Nasdaq-OMX se positionne comme un concurrent d’envergure et les synergies passe, en revanche, par des partenariats internationaux. En effet, Nasdaq-OMX se positionne comme un concurrent d’envergure et les synergies

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sant ainsi les stratégies à biais long (Long/Short Equity, Emerging Markets), mais surtout les gérants systématiques (CTAs) et discrétionnaires (Global Macro).

proprier l’énorme masse financière gérée par les établissements helvétiques. Qu’il plaise à Dieu, ce jour là n’est pas prêt d’arriver. à Dieu, ce jour là n’est pas prêt d’arriver

fonctionnaires ne laissent-ils pas les banquiers décider eux-mêmes leurs propres lois, en pratiquant une sorte d’autogestion sectorielle? Le secteur bancaire ne s’en porterait que mieux et la Suisse aussi. Quant aux fonctionnaires, ils pourraient davantage se livrer à leur passe-temps favori, soit la confection de cocottes en papier, un art où ils excellent.en vaines invectives et, par la même occasion, de «se tirer une balle dans le pied». Leur clairvoyance retrouvée, ils participeraient ainsi à la défense de notre place financière contre les attaques récurrentes de pays étrangers qui n’ont qu’un seul but, celui de s’approprier l’énorme masse financière gérée par les établissements helvétiques. Qu’il plaise à Dieu, ce jour là n’est pas prêt d’arriver. vétiques. Qu’il plaise à Dieu, ce jour là n’est pas prêt d’arriver. n

financière contre les attaques récurrentes de pays étrangers qui n’ont qu’un seul but, celui de s’approprier l’énorme masse financière gérée par les établissements heltage la place financière suisse et son secteur bancaire. Pourquoi alors les fonctionnaires ne laissent-ils pas les banquiers décider eux-mêmes leurs propres lois, en pratiquant une sorte d’autogestion sectorielle? Le secteur bancaire ne s’en porterait que mieux et la Suisse aussi. Quant aux fonctionnaires, ils pourraient davantage se livrer à leur passe-temps favori, soit la confection de cocottes en papier, un art où ils excellent.en vaines invectives et, par la même occasion, de «se tirer une balle dans le pied». Leur clairvoyance retrouvée, ils participeraient ainsi à la défense de notre place financière contre les attaques récurrentes de pays étrangers qui n’ont qu’un seul but, celui de s’approprier l’énorme masse financière gérée par les établissements helvétiques. Qu’il plaise à Dieu, ce jour là n’est pas prêt d’arriver. tage la place financière suisse et son MIT (MICRO INFORMATIQUE & TECHNOLOGIES SA) ,ÕiÊ`iÊ ½ `ÕÃÌÀ iÊxnÊÊUÊ£äÎäÊ ÕÃà } ÞÊ Ê-Ü ÌâiÀ > ` secteur bancaire. Pourquoi alors /i Ê\ʳ{£Ê­Ó£®ÊΣnÊn£Ên£ÊUÊÊÊ >ÝÊ\ʳÊ{£Ê­Ó£®ÊΣnÊn£Ê les > Ê\ÊÃ> iÃJ ÌÃ>°V Ê Ê1, Ê\ÊÜÜÜ° ÌÃ>°V

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48 Investir

Produits structurés

Mieux gérer le risque débiteur

Lionel Pilloud Managing Director, Head of Advisory and distribution Financial Products Suisse romande, Banque Vontobel

DE PLUS Le marché des produits structurés a évolué très rapidement, ces dernières années. Si l’innovation dans ce domaine est importante, les solutions liées à la gestion du risque de contreparties n’ont connu qu’un faible développement. Dernièrement, la Banque Vontobel a lancé une toute nouvelle gamme de produits répondant clairement à cette problématique, et séduisante par son originalité. Il s’agit des produits structurés avec emprunts de référence. Les produits structurés se définissent comme des obligations au porteur, dont le remboursement dépend en dernier lieu de la capacité de l’émetteur à honorer ses engagements, et donc de sa solvabilité. Ce risque est appelé risque de contrepartie ou de débiteur. Si la flexibilité relative aux produits structurés est aujourd’hui très importante, les possibilités de gérer le risque de débiteur, au sein d’un portefeuille, sont limitées. En 2009, l’industrie suisse des instruments dérivés a trouvé une solution permettant de minimiser le risque de débiteur, avec la garantie par nantissement COSI® (Collateral Secured Instrument). Cependant, les perspectives de rendement sont légèrement moins élevées du fait de l’existence du dépôt de la garantie, auprès de SIX Swiss Exchange. Après avoir été le premier émetteur à émettre des produits estampillé COSI®, en septembre 2009, la Banque Vontobel en propose désormais une version élargie avec emprunt de référence. Cette variante

permet à l’investisseur de mieux gérer son risque débiteur, puisqu’il peut désormais lier son produit structuré à un emprunt obligataire de référence de son choix. Cette nouveauté offre encore à l’investisseur la possibilité de transférer son risque débiteur sur des entreprises industriels, ou des gouvernements, pour lui éviter une exposition systématique au secteur bancaire inhérent à tous produits structurés. Rendement attractif Dès lors, le remboursement du produit structuré ne dépend plus uniquement de l’émetteur, mais également de la capacité du débiteur de référence à honorer ses engagements. Afin que l’investisseur ne supporte pas deux risques (émetteur et débiteur de référence), le risque d’émetteur est minimisé au moyen de la garantie par nantissement COSI®. Outre la diversification, en fonction de la qualité du débiteur sélectionné, l’investisseur £bénéficie d’un rendement supplémentaire. Cette influence dépend essentiellement de la solvabilité du débiteur de référence. Dès lors, plus la solvabilité d’un débiteur de référence est jugée élevée par le marché, plus la prime de rendement de l’emprunt de référence dans le produit structuré sera faible. La prime de rendement dépend du niveau des différentiels de taux (voir la définition du différentiel de taux). A l’inverse, moins la solvabilité du débiteur de référence est jugée élevée par le marché, plus la prime de

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rendement de l’emprunt de référence sera importante au sein du produit. L’opportunité réside donc dans le fait qu’il existe de très nombreux emprunts de référence dotés de différentiels de taux élevés, dans lesquels un investissement est parfaitement envisageable et qui peuvent être choisis comme emprunt de référence. Nombre d’entreprises industrielles, pourtant considérées comme solides, se négocient ainsi avec une prime de rendement (différentiel de taux) élevée par rapport au secteur financier. Si l’investisseur est prêt à accepter une telle entreprise comme garant économique pour son produit, il pourra bénéficier de perspectives de rendement plus attractives qu’avec le même profil de remboursement d’un produit structuré traditionnel. L’essentiel est que l’investisseur soit convaincu de la capacité de remboursement du débiteur de référence. L’opportunité de rendement supplémentaire se traduit, par exemple, par un coupon plus élevé dans le cas d’un produit Defender Vonti (Barrier Reverse Convertible), ou une participation plus importante à l’évolution du sous-jacent dans le cas d’un Unit (protection du capital). Augmenter la compétitivité Que se passe-t-il à l’échéance d’un produit structuré avec emprunt de référence? En principe, le remboursement du produit structuré avec emprunt de référence s’effectue de manière analogue à celui des produits

Qu’est-ce que le différentiel de taux? Le différentiel de taux, ou credit spreads en anglais, est un indicateur de la probabilité de défaut d’un débiteur. Il représente l’écart entre le taux d’intérêt sans risque et le taux de marché que doit payer un débiteur pour emprunter. Cette valeur intègre l’évaluation actuelle de la solvabilité du débiteur par le marché. Moins la solvabilité du débiteur est élevée, plus le différentiel de taux indiqué en points de base est important. Un différentiel de taux important signifie donc que le débiteur doit payer à ses bailleurs de fonds une prime de risque plus élevée.

@ lionel.pilloud@vontobel.ch


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49 Investir

Cyril demaria Chroniqueur

Nouveau types de partenariats? verticalement en matière de services financiers, la pleine exploitation du postructuréstentiel traditionnels, conforméde sa plate-forme ment aux pleine conditions de rembourseexploitation du poment spécifiées le plate-forme termsheet. tentieldans de sa passe, en revanche, Tant que le débiteur de référencepar ne des partenariats internas’est pas déclaré insolvable, ou n’a pas En effet, Nasdaqprocédé àtionaux. un remboursement anticipé OMX se positionne comme de l’emprunt, un changement évenun concurrent d’envergure tuel de saet solvabilité n’a paspleine d’in- exles synergies fluence sur le remboursement du de ploitation du potentiel sa plate-forme passe, en revanche, par des partenariats internationaux. En effet, Nasdaq-OMX se positionne comme un concurrent d’envergure et les synergies passe, en revanche, par des partenariats internationaux. En effet, Nasdaq-OMX se positionne comme un concurrent d’envergure et les synergies

@ cyril.demaria@gmail.com

obligations

Bête noire ou coquel anquiers éprouvent de sérieuses difficultés à être en phase et même à s’accorder avec les hauts fonctionnaires fédéraux, en particulier avec ceux qui conçoivent des textes de loi rigides, rétrogrades et coercitifs, ou produit. Si, pendant la durée de vie du négocient plutôt maladroitement les produit, il est constaté un «cas de déCDI et autres questions liées à l’enfaut ou de remboursement», un remtraide administrative en matière fisboursement anticipé est alors cale. C’est normal, car gradés ou non effectué. Dans un tel cas, le montant dans la hiérarchie étatique, ils restent de la perte dépend de la valeur résides fonctionnaires dans l’âme, donc duelle de l’emprunt de référence, et étrangers à l’esprit entrepreneurial et de la valeur de marché des autres aux spécificités du secteur bancaire composantes du produit. Le rembouravec ses tenants et aboutissants, de même que déconnectés de la réalité des marchés et des turpitudes que provoque la concurrence internationale. En plus, ils perçoivent chaque mois une solde grassement rémunérée pour ne prendre aucun risque et ne travailler que quatre à cinq heures quotidiennes effectives. Dans ces conditions, il est illusoire d’imaginer un seul instant qu’un fonctionnaire puisse se mettre à la place d’un banquier, lequel prend des risques, y compris avec son propre argent, innove, crée de l’emploi, de la richesse et de la valeur ajoutée, et tout cela sans compter ses heures. Deux mondes, deux visions de la réalité économique et financière, et peutêtre aussi de la vie, deux profils antinomiques, donc incompatibles. Dès lors, la compréhension entre eux semble vaine, au détriment de l’élaboration commune d’un plan d’actions efficace visant à développer davantage la place financière suisse et son secteur bancaire. Pourquoi alors les fonctionnaires ne laissent-ils pas les banquiers décider eux-mêmes leurs propres lois, en pratiquant une sorte d’autogestion sectorielle? Le secteur bancaire ne s’en porterait que mieux et la Suisse aussi. Quant aux fonctionnaires, ils pourraient davan-

tage se livrer à leur passe-temps favori, soit la confection de cocottes en papier, un art où ils excellent.en vaines invectives et, par la même occasion, de «se tirer une balle dans le pied». Leur clairvoyance retrouvée, ils sement se calcule sur la base de la participeraient ainsi à la défense de valeur de marché du produit multinotre place financière contre les atpliée par la valeur résiduelle en pour taques récurrentes de pays étrangers cent de l’emprunt de référence. qui n’ont qu’un seul but, celui de s’apUnique dans le marché, cette nouvelle proprier l’énorme masse financière possibilité est également disponible gérée par les établissements helvépar le biais de la plate-forme interactiques. Qu’il ®plaise à Dieu, ce jour là tive deritrade . Elle permet aux pron’est pas prêt d’arriver. fessionnels de la gestion de fortune à Dieu, ce jour là n’est pas prêt d’arriver financière contre les attaques récurrentes de pays étrangers qui n’ont qu’un seul but, celui de s’approprier l’énorme masse financière gérée par les établissements heltage la place financière suisse et son secteur bancaire. Pourquoi alors les fonctionnaires ne laissent-ils pas les banquiers décider eux-mêmes leurs propres lois, en pratiquant une sorte d’autogestion sectorielle? Le secteur bancaire ne s’en porterait que mieux et la Suisse aussi. Quant aux fonctionnaires, ils pourraient davantage se livrer à leur passe-temps favori, soit la confection de cocottes en papier, un art où ils excellent.en vaines invectives et, par la même occasion, de «se tirer une balle dans le pied». Leur clairvoyance retrouvée, ils participeraient ainsi à la défense de notre place financière contre les attaques récurrentes de pays étrangers qui n’ont qu’un seul but, celui de s’approprier l’énorme masse financière gérée par les établissements helvétiques. Qu’il plaise à Dieu, ce jour là n’est pas prêt d’arriver. tage la place financière suisse et son secteur bancaire. Pourquoi alors les

fonctionnaires ne laissent-ils pas les banquiers décider eux-mêmes leurs propres lois, en pratiquant une sorte d’autogestion sectorielle? Le secteur bancaire ne s’en porterait que mieux et la Suisse aussi. Quant aux foncd’élaborer «online» des solutions d’intionnaires, ils pourraient davantage vestissement entièrement sur mesure se livrer à leur passe-temps favori, et aux meilleures conditions de marsoit la confection de cocottes en paché. Cet outil de gestion dont le nompier, un art où ils excellent.en vaines bre d’utilisateurs professionnels ne invectives et, par la même occasion, de cesse de croître ajoute ainsi une nou«se tirer une balle dans le pied». Leur velle corde à son arc, augmentant daclairvoyance retrouvée, ils participevantage sa compétitivité. n raient ainsi à la défense de notre place financière contre les attaques récurrentes de pays étrangers qui n’ont qu’un seul but, celui de s’approprier l’énorme masse financière gérée par les établissements helvétiques. Qu’il plaise à Dieu, ce jour là n’est pas prêt d’arriver. vétiques. Qu’il plaise à Dieu, ce jour là n’est pas prêt d’arriver. n

BANQUE&FINANCE N°111 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011


Maquette BF 111_BF Rubrique edito 23.08.11 10:02 Page50

50 Investir Cfinancials.com un accès simple et gratuit à tous les produits financiers. un accès à 98% des produits financiers, soit 9,5 millions d’instruments financiers.

Sur 1683 Fonds 07.20.2011 (Source ThomsonReuters Lipper) Fonds avec la meilleure performance depuis le début de l’année. Critère: Domicilié CH en CHF Perf YTD % 19.23 13.29 13.25 9.69 9.48 8.19 7.79 7.58 7.39 7.27 6.68 6.66 6.6 6.59 6.54 6.37 6.37 6.18 6.15 6.04

Fund Name UBS (CH) Property Fd-Direct Residential Julius Baer Physical Silver-CHF A Julius Baer Physical Silver-CHF AX AS Avadis - Private Equity Welt II AS Avadis - Private Equity Welt IV LA FONCIERE UBAM (CH) GOLD + (CHF) AH Testina Anlagegruppe C Procimmo Swiss Commercial Fund AS Avadis - Immobilien Europa AS Avadis - Private Equity Nordamerika SF Property Securities Fund CH I SF Property Securities Fund CH R SF Property Securities Fund CH CS ETF II (CH) on Gold - hedged CHF Julius Baer Physical Gold Fund-CHF AX Julius Baer Physical Gold Fund-CHF A UBS IS - Gold (CHF) hedged ETF I UBS IS - Gold (CHF) hedged ETF A Credit Suisse Real Estate Fund PropertyPlus

Price Date 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.19.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11

Fund Type

AssetType

ISIN

Fund ETF ETF Fund Fund Fund Fund Fund Fund Fund Fund Fund of Funds Fund of Funds Fund of Funds ETF ETF ETF ETF ETF Fund

Real Estate Other Other Other Other Real Estate Equity Equity Real Estate Equity Other Equity Equity Equity Other Other Other Other Other Real Estate

CH0026465366 CH0106405894 CH0106406199 CH0010932652 CH0019606083 CH0002782263 CH0117983137 CH0031077628 CH0033624211 CH0011219844 CH0006349135 CH0045826101 CH0045826085 CH0026674181 CH0104136285 CH0044821731 CH0044781232 CH0106027136 CH0106027128 CH0045159842

Fund Type

AssetType

ISIN

ETF ETF ETF ETF Fund ETF Fund Fund Fund ETF Fund of Funds Fund Fund Fund of Funds Fund Fund of Funds Fund Fund Fund Fund Fund of Funds Fund of Funds

Other Other Other Other Real Estate Other Equity Other Other Other Other Equity Other Other Other Other Equity Equity Other Equity Equity Other

CH0106406199 CH0106405894 CH0106407239 CH0106407320 CH0026465366 CH0029792717 CH0042829561 CH0049136812 CH0049136820 CH0029792683 CH0023789099 CH0031077628 CH0048804659 CH0024637180 CH0048503335 CH0024636968 CH0013728990 CH0022736166 CH0028896592 CH0025663565 CH0025650778 CH0024634401

Sur 1548 Fonds 07.20.2011 (Source ThomsonReuters Lipper) Fonds avec la meilleure performance sur 1 an. Critère: Domicilié CH en CHF Perf 1Y % 82.59 82.59 66.92 66.92 46.48 44.73 39.6 35.8 35.19 32.98 27.8 25.04 24.89 24.48 24.13 23.95 23.92 23.88 23.67 23.59 23.52 23.4

Fund Name Julius Baer Physical Silver-CHF AX Julius Baer Physical Silver-CHF A Julius Baer Physical Palladium-CHF A Julius Baer Physical Palladium-CHF AX UBS (CH) Property Fd-Direct Residential ZKB Silver ETF A (CHF) PAM Gold & Silver Mining & Metals Fund All Commodity Tracker Plus Ah All Commodity Tracker Plus Ch ZKB Palladium ETF Sarasin Commodity - Diversified Testina Anlagegruppe C UBS (CH) Commodity Fund - CHF I-X BCV DIAPASON Commodity (CHF) C UBS (CH) Commodity Fund - CHF I-62 BCV DIAPASON Commodity (CHF) B Reichmuth Pilatus ZKB Ressourcen Vision Fonds A Swisscanto (CH) Commodity Selection Fund I Swisscanto (CH) IFS2-International RE Assets AST Swisscanto AST Avant Immobilien Ausland BCV DIAPASON Commodity (CHF) A

BANQUE&FINANCE N°111 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011

Price Date 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.19.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11


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51 Investir

MICHAEL HEIJMEIJER CEO

@ management@cfinancials.com

Cfinancials.com est une société privée et indépendante des émetteurs de produits. Les analyses de produits financiers sont objectives et basées sur un traitement informatique des données.

sur le web www.cfinancials.com

Funds Bonds Warrants Initial Public Offering Shares Structured Products Options

544.000 1.100.000 520.000 1.000 570.000 415.000 2.200.000

Private Equity Hedge Funds Pipeline Products Futures Private Placements Fund of Funds New Products

5.000 8.000 1.000 132.000 400.000 23.000 20.000

Money Markets Financial Reporting ETF Product Issuer News Indices

412.000 135.000 14.000 20.000 221.000

Sur 1161 Fonds 7.20.2011 (Source ThomsonReuters Lipper) Fonds avec la meilleure performance sur 3 ans. Critère: Domicilié CH en CHF Perf 3Y % 61.66 61 56.1 46.66 39.18 35.17 35.13 34.8 32.95 32.45 32.42 32.03

Fund Name ZKB Silver ETF A (CHF) UBS (CH) Property Fd-Direct Residential BAM Equity Trading Fund (CHF) Quantex Strategic Precious Metal (CHF) UBS (CH) Property Fd-Swiss Residential ’Anfos’ CSA - Real Estate Switzerland Pooled Investments L Immo Helvetic CSA - Real Estate Switzerland Pooled Investments Swisscanto (CH) IBF - Global High Yield I ZKB Gold ETF A (CHF) Credit Suisse Real Estate Fund PropertyPlus ZKB Palladium ETF

Price Date 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11 07.20.11

Fund Type

AssetType

ISINN

ETF Fund Fund Fund Fund Fund of Funds Fund Fund of Funds Fund ETF Fund ETF

Other Real Estate Equity Equity Real Estate Real Estate Real Estate Real Estate Bond Other Real Estate Other

CH0029792717 CH0026465366 CH0033224889 CH0019182366 CH0014420829 CH0031094334 CH0002770102 CH0031081455 CH0030955865 CH0024391002 CH0045159842 CH0029792683

BANQUE&FINANCE N°111 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011


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52 Investir

Cocktail du gérant

Stagflation ou déflation?

Alexandre Mouthon CFA, Responsable des Investissements, Pentagram SA

La dramaturgie grecque se jouant sous nos yeux depuis presque deux ans, va-t-elle s’achever dans la douleur et les larmes comme il est de coutume que cela soit, dans les écrits de l’antique Hellène? Pour le bien de tous, nous ne le souhaitons évidemment pas. Si nos politiques ne veulent pas engendrer un effet dominos désastreux, puis se lancer dans un sauvetage très coûteux du système bancaire européen (graphique 1) un règlement bien ordonné de cet épineux problème est souhaitable. Mais force est de constater que la solution peine à émerger. En effet, voilà des mois que les décideurs tergiversent sur le type d’aide à apporter aux Grecs, les montants et les moyens d’y parvenir, étant tous tiraillés entre leurs aspirations européennes (pour autant que certains en aient encore) et leurs échéances électorales domestiques (Allemagne en tête). Tout ce processus prend du temps, beaucoup de temps … et le temps est compté. Espérons que les décisions prises durant l’été (1) pourront enfin jeter les bases d’un règlement du cas grec non plus temporairement, mais de façon définitive, afin d’éliminer de l’équation ce risque systémique planant sur les banques européennes et les marchés financiers. Deux scénarii Depuis quelques mois, la situation se complique pour les investisseurs. Aux problématiques de la dette souvraine

et de l’endettement excessif (USA compris!) est venu s’ajouter celui de la croissance mondiale. Comme si le contexte n’était pas déjà des plus difficiles! Mais est-ce vraiment étonnant? Nous ne le pensons pas. Dès 2008, au plus fort de la crise, et pour des raisons d’endettement excessif des privés et du secteur public entravant une reprise «normale» de l’activité, nous étions partisans du scénario en «racine carrée». A savoir une réelle baisse de l’activité, suivie de son fort rebond (qui a eu lieu), susceptible de déboucher sur une stabilisation de la croissance..., toutefois avec des niveaux faibles (2-2.5% au grand maximum). Cette dynamique semblerait se confirmer avec des indicateurs économiques moroses (création d’emplois, activité industrielle, confiance des consommateurs, etc.). Une situation de stagflation serait cependant de loin plus enviable que l’autre alternative, la déflation, pas encore remise au placard. Cette dernière, qui demeure menaçante, serait toutefois vigoureusement combattue par l’injection supplémentaire de liquidité dans le système (QE3, 4, 5). Elle ne serait alors qu’une menace transitoire, alternant phase d’espoir et de pessimisme sur les marchés. Mais à quel prix? Que le Quantitative Easing 1 ait eu un effet salvateur sur le système financier mondial, c’est indéniable. En revanche, les effets bénéfiques du QE 2 sont des plus discutables, tant sur l’effet richesse recherché que sur le plan de la relance du crédit, poumon d’une éven-

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tuelle reprise économique. Selon nous, aucun nouveau Quantitative Easing ne sera durablement bénéfique si ses effets ne se déploient pas dans l’économie réelle, au niveau du crédit aux PME principalement. Et il va sans dire que sans cette circulation de la monnaie et l’effet multiplicateur engendré, il sera fort difficile de générer de l’inflation dans les pays développés. Chaque allocateur d’actifs doit donc avoir ces deux scénarii en tête, et miser sur les classes d’actifs les plus susceptibles d’exceller ou de résister le mieux, jusqu’à y voir plus clair. n (1) Le 3 juillet, déblocage de 110 milliards d’€ et le 11 juillet de 65 milliards à des fins de «financing gap» pour l’année 2012, pose des bases de l’ESM – European Stability Mechanism.

@

DE PLUS Pour faire face aux deux scénarii décrits, nous privilégions notamment les actions qui, au delà de la volatilité à court terme, présentent un potentiel de rendement attractif à moyen terme, mais aussi la dette émergente en devises locales (portage positif et diversification de l’exposition monétaire des portefeuilles). Nous misons aussi sur un fonds de dette indienne achetant sur le marché primaire de la dette gouvernementale indienne ou de la dette de sociétés détenues majoritairement par l’Etat indien et ayant de fait un rating BB+, le tout en roupie indienne (rendement annuel attendu 8% , plus l’appréciation de la roupie). Alexandre.mouthon@pentagramsa.com


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57 Investir

michel Reymondin Expert en œuvres d’art

@ michelreymondin@bluewin.ch

Art

Faux: marché interlope? Une affaire médiatisée lausannoise, courant juin, nous a rappelé que le secteur économique de l’art n’est pas épargné par la problématique du faux dans les œuvres. Nous parlons plus souvent de marques plagiées chez les maroquiniers ou les horlogers, qui utilisent le terme de contrefaçons. Ici, si l’usage du faux en peinture est réel, il faut néanmoins nuancer la portée fâcheuse de ce type de pratique hautement préjudiciable. Les exemples nous montrent une constante. Les prix payés par les acquéreurs de faux se situent rarement au-dessus des 30% de la valeur du marché. Ces acquisitions radines participent à l’incitation d’un usage mercantile, où seul le profit reste la motivation première des deux parties. Les batailles juridiques en découlant relèvent systématiquement cet aspect inique de la transaction. L’homme est ainsi poussé dans son orgueil à croire qu’il serait l’heureux bénéficiaire d’une manne tombée du ciel à son profit. Cette psychologie puérile provoque l’émergence récurrente de quelques affaires de faux tableaux terminant toujours leurs courses dans le caniveau des bassesses pathologiques, où les différents protagonistes tentent de se rejeter la responsabilité dans un

concert malsain de mauvaise foi réciproque. Cet usage n’est pas nouveau. Les premiers faux en œuvres d’art remontent en l’an 1600 avant J.-C., lorsque les Phéniciens imitaient les poteries égyptiennes recherchées par les commerçants égéens. Ne maîtrisant pas le hiéroglyphe, la supercherie a été tardivement découverte dans les années 1950. Les musées ont ainsi pu mesurer toute la vigilance à porter à ces témoignages de nos civilisations antiques. Nous nous sommes retrouvés avec un décalage d’un millier d’années entre les objets présentés. Vu l’historique des copies, celles-ci ont, entre-temps, pratiquement rattrapé la valeur des originaux! Cette note souriante ne doit pas minimiser les conséquences négatives de tels agissements. Le rôle de l’expert C’est dans ce contexte que le rôle de l’expert intervient et prend tout son sens (ne pas confondre l’expertise en valeur marchande délivrée par une société d’enchère avec le certificat d’authenticité). Ce dernier a les outils nécessaires pour démonter toute la mécanique perverse de ce système, et parvient à restituer chaque œuvre dans son contexte. Il peut s’appuyer sur la connaissance des arcanes de renseignements fournis par l’ensemble de la profession. Ainsi que sur les nombreux ouvrages et sites de référence qu’il maîtrise parfaitement. Heureusement, un collectionneur sérieux fait souvent appel à ses services et ce dernier peut intervenir efficacement, tant en amont qu’en aval de la transaction. Même si on peut lui reprocher souvent de casser un rêve ou une illusion, il permet au moins aux

intervenants de ne pas sombrer dans un cauchemar ! Pour mémoire, rappelons les affaires récentes ayant parfois suscité la rédaction d’ouvrages telles l’affaire Fernand Legros, les faux Vermeer de van Meegeren, les faux Chagall qu’accompagnaient de faux certificats, l’affaire Elmyr de Hory avec ses Modigliani, et celle des faux Bosshard démantelés à Lausanne grâce à la vigilance d’un inspecteur de la sûreté, féru et passionné d’art. Dans ce contexte, on ne parle pas du nombre incroyable de signatures apocryphes apposées sur des tableaux parfois vrais, et que les détenteurs font signer pour mieux identifier leurs œuvres. Ou de la confusion entre différents peintres aussi longtemps que ceux-ci ne sont pas proposés sur le marché, de façon volontairement criminel. En chiffres, le pourcentage transactionnel des faux, toutes transactions d’œuvres d’art confondues, représente 10/00 de l’ensemble des opérations. N’entrent pas dans ce calcul les vols, recels, escroqueries à l’assurance, etc. Cette proportion tend à augmenter en période de crise, mais si elle provoque momentanément une publicité négative, elle reste limitée dans un cercle restreint d’individus seulement intéressé par le profit illusoire! C’est apparemment peu, mais lorsque l’on sait que quinze milliards de francs suisses ont été dépensés pour 2010, on arrive tout de même à 150 millions pour les faux. Et cela prend alors une toute autre proportion. C’est donc bel et bien un pour mille de trop! n Nota bene: Pour les lecteurs intéressés par cette rubrique, l’ouvrage intitulé «L’Art, miroir de la société» vient de paraître aux Editions Slatkine (445 pages, 35 francs). A commander directement: michelreymondin@bluewin.ch

BANQUE&FINANCE N°111 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011


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58 Focus Banque

La succursale de Montreux de la Caisse d’Epargne Riviera, ouverte en 2010.© Photo

ALEXANDRE GAUTHIER-JAQUES DIRECTEUR DE LA CAISSE D’EPARGNE RIVIERA

CAISSE D’EPARGNE RIVIERA Plus ancienne banque du canton de Vaud et l’une des dernières indépendantes, la Caisse d’Epargne Riviera déploie un modèle d’affaires de proximité, qui porte ses fruits.

F

ondée en 1814 à Vevey, la Caisse d’Epargne Riviera, qui a ouvert en 2010 une agence à Montreux, est spécialisée dans l’activité hypothécaire, le crédit de construction et la récolte de fonds passifs. Par l’intermédiaire de sa filiale Riviera Finance SA, détenue à hauteur de 65% depuis sa création en 1999, elle propose aussi un service de gestion de fortune à ses clients. Banque de proximité par vocation, cette société coopérative applique un modèle d’affaires qui se veut dynamique. «Ce dynamisme se confirme tout d’abord par l’engagement au quotidien de mes quinze collaborateurs, répartis entre Vevey et Montreux. Cela signifie que chacun d’eux, hormis le comptable,

Un modèle d’affaires qui séduit joue un rôle actif auprès de la clientèle, et assume ses propres responsabilités selon sa fonction. Concrètement, toute l’équipe de la Caisse d’Epargne Riviera n’adopte pas une attitude de repli, mais bien d’ouverture axée sur l’échange avec le client. Ensuite, notre modèle d’affaires se démarque de celui de la concurrence, par exemple dans le pricing des comptes. Les frais de gestion des comptes privés, salaires et épargne relatifs à nos prestations ont ainsi été éliminés. Enfin, nous misons sur la qualité de la clientèle et non sur sa quantité, en particulier grâce aux excellentes relations entretenues au fil des années. Dans l’activité hypothécaire, pour prendre ce cas de figure, nous ne sommes pas intéressés par les clients qui vont à la chasse aux

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taux bas, mais plutôt par ceux qui souhaitent contracter un prêt chez nous, après avoir utilisés et appréciés nos autres services et prestations bancaires. Le modèle d’affaires mis en place permet dès lors à la Caisse d’Epargne Riviera d’enregistrer une croissance régulière et surtout durable de ses résultats», explique Alexandre Gauthier-Jaques, directeur de la banque depuis 2009. De fait, les affaires de l’établissement vaudois ont été à nouveau favorables en 2010, avec un total du bilan en progression de 11% (9% en 2009), franchissant pour la première fois le cap des 400 millions de francs. De même, les avances à la clientèle ont enregistré une hausse de 7,2% à 330 millions, et les dépôts de 11,8% à 352 millions. «Malgré une hausse de

17,6% du résultat des opérations d’intérêts, notre bénéfice brut a fléchi à 2,7 millions, soit une baisse de 32%, à cause d’une conséquente diminution du résultat des opérations sur le portefeuille nostro, et d’une augmentation des charges d’exploitation de 18,2% correspondant aux quatre salaires supplémentaires de l’agence de Montreux. Après provisions, notre bénéfice net s’est inscrit en légère progression à 795’000 francs. Enfin, le dividende a été porté de 11 à 12%.», commente Alexandre GauthierJaques. Flexibilité et disponibilité L’activité hypothécaire de la Caisse d’Epargne Riviera, son core business, s’est également très bien comportée


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59 Focus Banque Le commentaire

Didier Planche

l’année dernière avec l’augmentation de 5% des prêts hypothécaires, principalement grâce au financement de logements privés. Quant aux créances à la clientèle, elles ont gagné 25% du fait de la progression des crédits de construction. Les produits en taux fixe et variables proposés à la clientèle sont standards, mais régulièrement sollicités, même si les taux restent plus élevés que chez bon nombre de concurrents bancaires, et que l’exigence en fonds propres demeure à 20% au minimum. Quant au total des engagements, ils ne doivent pas dépasser les 30% du revenu annuel du client, en appliquant un taux d’intérêt théorique de 6% «Notre gamme de produits hypothécaires est volontairement simplifiée, de manière à ce que les clients puissent facilement s’y identifier, pour la majorité des particuliers. Nos taux fixes n’excèdent pas cinq ans, car nous n’utilisons pas de boule de cristal pour prédire l’avenir. Certes, notre taux de référence de 6% dépasse celui en vigueur, qui est d’environ 4,5%, mais cette politique nous assure de travailler avec une clientèle de choix, comme je l’ai précisé précédemment, et de lui offrir une grande

flexibilité et disponibilité, ainsi qu’une vraie qualité du service, soit une valeur ajoutée non négligeable. En revanche, je tiens à souligner que la rémunération de l’épargne est plus élevée que celle du marché. D’ailleurs, le site web de comparaison, Comparis, classe notre établissement en tête du meilleur rendement de l’épargne», argumente le directeur. En ce qui concerne les développements de la Caisse d’Epargne Riviera, ils se focalisent essentiellement sur l’extension géographique de sa zone d’influence. Désormais aussi implantée à Montreux en plus de Vevey, la banque gagne des parts de marché de Lutry jusqu’au Chablais vaudois et même valaisan, en remontant jusque vers Châtel-St-Denis sur territoire fribourgeois. «Compte tenu d’une certaine saturation du secteur de la construction sur la Riviera vaudoise, en tous cas pour les villas individuelles, et de la cherté du mètre carré, nous suivons notre clientèle qui acquiert désormais des biens immobiliers dans les régions de la Veveyse ou du Chablais, par exemple», précise Alexandre Gauthier-Jaques, qui dit ne craindre aucune répercussion négative sur les

activités de la banque des futures directives de la FINMA relatives au marché hypothécaire, visant à compléter les directives qualitatives par des critères quantitatifs. «Mais attention, lâche-t-il, trop de réglementation tue la réglementation!» En parallèle à l’activité hypothécaire, la Caisse d’Epargne Riviera ambitionne de développer davantage la gestion de fortune, qui est prise en charge par sa filiale tiers gérant, Riviera Finance. «Nous faisons un réel effort de communication en direction de notre clientèle, afin qu’elle sache que nous pratiquons aussi la gestion de fortune. Ses prestations gagnent d’ailleurs à être connues, puisque les professionnels de cette société financière sont spécialisés dans les opérations sur dérivés, sur la base de produits qu’ils créent eux-mêmes. Pour l’heure, cette activité ne génère que quelque 5% de nos affaires totales, mais nous misons sur l’augmentation de son volume», relève le directeur de la banque vaudoise. Bientôt bicentenaire, l’établissement a retrouvé une nouvelle jeunesse. n Par Didier Planche

Une recrue de choix En nommant en 2009 Alexandre Gauthier-Jaques au poste de directeur, le Conseil d’administration de la Caisse d’Epargne Riviera, emmené par l’industriel vaudois bien connu Philippe Petitpierre, a fait preuve de perspicacité, pour ne pas dire de jugeote. Car le jeune banquier (1969), issu professionnellement de l’UBS, développe avec doigté un modèle d’affaires qui porte ses fruits, puisque la croissance de la banque progresse régulièrement et que les clients se font chaque année plus nombreux. Regorgeant d’énergie, animé d’une forte motivation qu’il sait transmettre à ses collaborateurs, et doté d’une volonté à toute épreuve, Alexandre GauthierJaques a réussi l’examen de l’évolution en douceur de la Caisse d’Epargne Riviera, cette vieille dame bicentenaire qui, auparavant, devait être pétrie d’habitudes. Or, aujourd’hui à ses guichets, les cannes se mêlent aux casquettes vissées à l’envers, ou lorsque l’ancienne et la nouvelle générations se fréquentent et, qui sait, s’apprécient. La banque évolue enfin avec son temps. DP

@ d.planche@banque-finance.ch

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60 Focus Banque

© Photo: KEYSTONE/Peter Schneider

PATRICK COMBES PRÉSIDENT ET CEO DE LA COMPAGNIE FINANCIÈRE TRADITION

Après plusieurs années de développement, Tradition vient d’inaugurer Trad-X, sa propre plate-forme électronique de trading. Une mutation fondamentale pour ce groupe qui fait partie des leaders mondiaux dans l’intermédiation financière.

P

our Patrick Combes, président et CEO de la Compagnie Financière Tradition, groupe fondé à Lausanne en 1959 et coté à la Bourse suisse qui compte parmi les cinq principaux intervenants au monde dans l’intermédiation des produits financiers et non financiers OTC, les marchés sur lesquels œuvre la société se sont stabilisés depuis le deuxième semestre 2010. «Les incertitudes réglementaires nous perturbent actuellement, notamment les règles sur les fonds propres des établissements financiers qui ne sont pas encore clairement définies dans le cadre de Bâle III. Auxquelles s’ajoutent d’autres interrogations qui portent sur la structure des marchés. Dès lors,

Tradition anticipe l’avenir force est de constater que nous sommes entrés dans une nouvelle dimension. La crise des subprimes et des CDOs, mais non des produits dérivés comme on l’a souvent entendu dire, a été remplacée par le surendettement de certains Etats qui, en plus, souffrent de la faiblesse de leur système bancaire. C’est un problème complexe et majeur, face auquel nous ne pouvons qu’acheter du temps. Une attitude des plus dangereuses.» Depuis le début 2007, cet environnement incertain pour nombre d’établissements financiers n’a toutefois pas empêché la Compagnie Financière Tradition de développer patiemment à l’interne sa propre plate-forme électronique d’échange de titres financiers, baptisée Trad-X, et inaugurée il y a quelques semaines à peine.

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«Nous avons mené très discrètement ce projet depuis plusieurs années, détaille Patrick Combes. Avec ce nouvel instrument, le groupe Tradition bascule clairement dans le futur, et démontre ses capacités à fédérer le secteur bancaire autour d’un projet anticipant l’évolution réglementaire des marchés. Pour nous, il s’agit d’une mutation fondamentale.» Lancé dans un premier temps sur les swaps libellés en euro, Trad-X compte en effet dix partenaires et non des moindres, puisque on retrouve aux côtés de Tradition des établissements comme BNP Paribas, Citibank, Crédit Suisse, Goldman Sachs, HSBC, Morgan Stanley, Nomura, Société Générale, Royal Bank of Scotland ou encore UBS. «Ce lancement a été un véritable succès dès le début, poursuit Patrick

Combes, avec l’une des deux meilleures courbes de swaps, accompagnée de toute la profondeur de marché voulue, et de spread à trois chiffres après la virgule. En un mot, un outil exceptionnel et très rapide fonctionnant à flux tendus qui va progressivement s’étendre à d’autres produits financiers, et accueillir d’autres banques clientes.» Une marque globale En marge, la Compagnie Financière Tradition, déjà présente dans vingtsept pays, poursuit son expansion géographique notamment sur des marchés comme le Brésil ou Singapour. «Mon principal défi, depuis mon arrivée à la tête de Tradition en 1997, a été de transformer un groupe interna-


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61 Focus Banque d’efficacité, à condition bien sûr que ces chambres aient accès à la liquidité de la banque centrale afin de sécuriser le système. Le deuxième phénomène à prendre en considération concerne la transparence voulue par le régulateur. Encore une fois, je pense que notre nouvelle plateforme répond parfaitement à ces évolutions, notamment en matière de transparence pré et posttrade.»

tional de taille moyenne en un leader du secteur avec une présence équilibrée dans le monde, et une bonne exposition aux marchés en croissance, explique Patrick Combes. Dans nos métiers, la taille est un élément déterminant. Raison pour laquelle il est indispensable de représenter un «one stop shop», selon les Anglo-saxons ou, en d’autres termes, une marque globale offrant à ses clients un maximum de produits financiers et une couverture véritablement internationale avec des standards et des critères de qualité identiques partout. Dans le même ordre d’idée, nous accompagnons nos clients et les faisons participer aux gains de productivité. Notre nouvelle plate-forme électronique va tout à fait dans ce sens.» Pour Patrick Combes, il est en effet essentiel de toujours garder un œil des plus attentifs sur la structure des marchés: «or que constate-t-on? Nous assistons à l’heure actuelle à une convergence entre les marchés centralisés et les marchés OTC. Ce à quoi devra répondre une évolution dans les activités de clearing notamment sur la partie OTC qui manifeste sa volonté de «clearer» les swaps de taux et les dérivés de crédit. En conséquence, les appels de marge des chambres de compensation devront être ajustés en fonction des risques pour d’avantage

Une activité incontournable Reste que l’environnement demeure préoccupant, comme le souligne Patrick Combes. «Pour l’instant, si les marchés anticipent largement le problème de la dette publique, toujours prêts à envisager le scénario du pire, les Etats, eux, se contentent de gérer la crise au fil de l’eau, si je puis dire, et ne vont pas au bout du raisonnement. Pour ce qui est de l’assouplissement quantitatif, nous sommes loin d’en mesurer les conséquences à long terme, notamment en matière d’inflation. Pour l’instant, le service de la dette concerne des taux très bas, mais qu’en sera-t-il si les banques centrales doivent à nouveau composer avec un renchérissement, prélude à une courbe de taux nettement plus pentue. Sans parler des réserves de change qui se concentrent désormais dans les pays

émergents Brics ou autres, suite au basculement des rapports de force économiques, et dont les pays occidentaux auraient pourtant bien besoin». Dans ce contexte, l’intermédiation financière s’affirme comme une activité incontournable.

Le commentaire

Christophe Roulet

Apporteurs de liquidité A mi-juillet, la Compagnie Financière Tradition communiquait les premiers résultats sur sa plate-forme Trad-X, destinée à la négociation de gré à gré de produits dérivés. En deux mois, elle a apparié près de 1’900 ordres portant sur des swaps de taux d’intérêt en euros, d’une valeur notionnelle supérieure à 112 milliards d’euros. Commentaire de Simon Wilson de la Royal Bank of Scotland: «Tradition semble avoir pris la tête du développement de plate-forme de négociation de swaps de taux d’intérêt conforme à la réglementation, en nouant des partenariats avec des apporteurs de liquidité diversifiés. Trad-X offre ainsi une liquidité véritablement remarquable, ce qui se manifeste dans les importants volumes accueillis par la plate-forme, dès ses premières semaines de fonctionnement.» n Par Christophe Roulet

Chroniqueur

L’art de fédérer Géniale idée, en effet, et initiative remarquable de Tradition qui a su fédérer autour de son projet une dizaine de grandes banques, parmi les plus importantes de la sphère financière. C’est dire si Trade-X répondait à un besoin. «Tous les contrats de produits dérivés OTC normalisés devront être négociés sur des plates-formes d’échange ou de négociation électronique selon le cas, et compensés par des contreparties centrales d’ici la fin 2012 au plus tard», écrit Christian Noyer, ancien gouverneur de la Banque de France et actuel directeur de la Banque des règlements internationaux, dans un article intitulé «Repenser les marchés de dérivés OTC pour garantir la stabilité financière». C’est exactement ce que préconise Patrick Combes, qui préside les destinées de Tradition, un groupe qui a clairement pris un pari sur l’avenir. CR

@ c.roulet@banque-finance.ch

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62 Droit & Fiscalité

Stupeur et tremblements sur les trusts Le projet de loi de finances rectificative voté le 6 juillet réforme profondément la fiscalité française des trusts, et oblitère la pratique actuelle.

L’

objectif de la loi en la matière est de mettre fin aux situations dans lesquelles, par la constitution d’un trust discrétionnaire et irrévocable, des contribuables pouvaient soustraire certains actifs à l’impôt sur la fortune et aux droits de mutation à titre gratuit. Ceci était possible, sous certaines réserves, en raison de la quasi absence de dispositions législatives relatives aux trusts et de décisions jurisprudentielles relativement favorables aux contribuables. Le projet de loi, qui fait actuellement l’objet d’un recours en constitutionnalité, devrait entrer en vigueur dans les prochaines semaines. A compter de cette date, il ne sera plus possible d’aboutir à de telles situations. En effet, la loi prévoit méthodiquement (1) l’imposition aux droits de mutation à titre gratuit des transmissions opérées par l’intermédiaire d’un trust, (2) l’imposition annuelle des actifs soit à l’ISF au niveau du constituant, soit à un prélèvement de 0,5% au niveau du trust lui-même, et enfin (3) l’obligation pour le trustee de révéler l’existence du trust. 1. Tout transfert de propriété à titre gratuit opéré par l’intermédiaire d’un trust sera assujetti aux droits de mutation. Si la transmission peut être qualifiée de donation ou

de succession, elle sera imposée dans les conditions de droit commun. Si elle ne peut recevoir l’une de ces qualifications (tel pourrait être le cas si les biens demeurent dans le trust et ne sont pas intégrés à la succession au décès du constituant), elle sera alors imposée aux droits de succession au décès du constituant. L’assiette taxable dépendra du domicile fiscal du constituant et de celui des bénéficiaires, ainsi que de la composition des actifs du trust. Le taux d’imposition variera selon la qualification retenue, le lien de parenté existant entre constituant et bénéficiaires, et enfin selon que les droits de ces derniers sur les actifs sont ou non quantifiables et individualisables. Dans les cas où des droits seront transmis globalement à des bénéficiaires, l’imposition se fera globalement au taux le plus élevé applicable selon le degré de parenté le plus éloigné (soit à 60% dans certains cas). A titre de sanction, seront taxées à 60% les mutations opérées au moyen d’un trust constitué à compter du 11 mai 2011 par un résident de France ou, quelle que soit sa date de constitution, si le trustee est soumis à la loi d’un Etat ou Territoire Non Coopératif. En principe, ces dispositions seront subordonnées aux dispositions conventionnelles existantes. Ceci ne fait aucun doute si la mutation est qualifiée de donation ou succession,

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mais méritera d’être confirmé en cas contraire. Ces dispositions s’appliqueront aux donations consenties et pour les décès intervenus à compter de l’entrée en vigueur de la loi. 2. La loi assure, par ailleurs, l’imposition de la fortune constituée par les actifs du trust et ce, quelles qu’en soient ses caractéristiques. En matière d’ISF, les actifs sont réputés être la propriété du constituant. L’assiette dépendra ainsi du domicile fiscal de celui-ci (et selon les cas de la convention bilatérale applicable) et du lieu de situation des actifs composant le trust. La loi crée, en outre, un prélèvement spécifique de 0,5% au niveau du trust. Ce prélèvement a vocation à se substituer à l’ISF, lorsque le constituant n’a pas régulièrement reporté les actifs dans sa déclaration d’ISF. Le constituant et les bénéficiaires pourront être solidairement tenus au paiement du prélèvement, s’il n’est pas spontanément acquitté par le trustee. Qu’il s’agisse de l’ISF ou du prélèvement spécifique, c’est la valeur vénale nette des biens et produits capitalisés dans le trust, au 1er janvier de chaque année, qui est retenue. Certains trusts caritatifs ou à vocation de fonds de pensions seront exonérés de l’imposition sur la fortune. Ces dispositions devraient être applicables à compter du 1er janvier 2012. 3. La loi crée, enfin, à la charge du trustee certaines obligations déclara-

tives particulièrement contraignantes. Le trustee est ainsi tenu de déclarer «la constitution, la modification ou l’extinction du trust», ainsi que «le contenu de ses termes», si le constituant ou l’un au moins des bénéficiaires a son domicile fiscal en France, ou si le trust y détient des biens ou droits. Le trustee doit également déclarer la valeur vénale au 1er janvier de l’année des biens, droits et revenus capitalisés composant l’assiette du prélèvement de 0,5%. Le non respect de ces obligations déclaratives est sanctionné par une pénalité égale à 5% des actifs détenus par le trust. Le constituant et les bénéficiaires concernés par le prélèvement spécifique sont solidairement responsables du paiement de la pénalité. Il faudra malheureusement attendre le décret d’application, afin de connaître plus précisément les modalités d’application de ces obligations déclaratives qui, en principe, devraient s’appliquer à compter du 1er janvier 2012. Efficacité exemplaire Ces dispositions n’ont pas manqué de provoquer un véritable émoi auprès des contribuables et professionnels concernés. Certains prédisent déjà la fin du trust, lorsqu’il concerne des résidents français. A l’opposé d’une telle analyse, nous sommes convaincus que


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63 Droit & Fiscalité ce texte, parce qu’il a au moins le mérite de fixer un cadre fiscal légal en France, devrait formidablement promouvoir le recours au trust, lorsque l’objectif relève plus d’un souci de pérennisation du patrimoine que d’une recherche d’économie fiscale. Certes, la création d’un trust est aujourd’hui plus que jamais à proscrire pour un résident français. Pour ceux concernés par des trusts déjà existants, il conviendra de rapidement déterminer si du fait de ce changement législatif, le trust est toujours la structure idoine, et s’il ne doit pas être adapté au nouveau cadre fiscal. En revanche, pour les non résidents qui n’osaient y recourir pour leurs ayant-droits résidents de France, le trust devrait connaître un véritable essor, sous réserve que les

doutes formulés précédemment soient levés de façon satisfaisante. Les outils juridiques en vigueur en droit français, qui permettent d’assurer la continuité et la pérennité du patrimoine familial (fiducie, mandat posthume…), sont hélas (trop) imparfaits. L’institution du trust, créée de longue date dans un but de protection du patrimoine, est en revanche un outil d’une modularité et d’une efficacité exemplaire. Si dès lors, et sous réserve de la prise de certaines précautions, il s’avère que la mise en trust de certains actifs n’alourdit pas la fiscalité qui leur serait applicable s’ils avaient été conservés en direct, quelles raisons pourraient s’opposer au recours à un outil patrimonial aussi parfait? n Par Marc Vaslin

Afin d’approfondir ces sujets Texte du projet de loi: www.senat.fr/petite-loi-ameli/2010-2011/694.html Jurisprudence traitant de la fiscalité des trusts avant le projet de loi En matière de droits de mutation à titre gratuit: www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?oldAction=rechJuriJudi&idTexte=JURITEXT000007035382&fastReqId=990234593&fastPos=1 www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?oldAction=rechJuriJudi&idTexte=JURITEXT000017829748&fastReqId=1681331517&fastPos=1 En matière d’ISF: www.etudes-fiscales-internationales.com/media/01/02/1205586921.pdf

Focus

Marc Vaslin Avocat aux barreaux de Paris et Genève (liste des avocats UE), Vaslin & Associés

Florilège d’autres mesures Parmi les autres mesures importantes, notons l’abolition du bouclier fiscal, la réduction du barème de l’ISF à deux tranches (0,25% entre 1,3 et 3 millions d’euros et 0,5% au-delà), la non déductibilité des comptes courants d’associés non résidents de la valeur taxable des parts de sociétés à prépondérance immobilière en France, la création d’une nouvelle «exit tax» en cas de départ hors de France, la suppression des réductions de droits de donation et l’augmentation des droits de et de succession, l’allongement du rappel de 6 à 10 ans, l’augmentation du prélèvement applicable aux contrats d’assurance-vie de 20 à 25% pour les contrats excédant une certaine valeur, la taxation en France des contrats souscrits à l’étranger (quelle que soit leur date de souscription) si les bénéficiaires ou l’assuré sont résidents de France au jour du décès, ou encore la suppression de la double exonération des contrats dont la clause bénéficiaire était démembrée au profit du conjoint survivant. MV

@ mvaslin@vaslin-associes.com


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64 Normes & Régulation

Les conséquences d’UCITS III pour les investisseurs Par Fabrice Cuchet

Les possibilités offertes par la réglementation UCITS ont longtemps été sous-exploitées. Il a même fallu attendre la crise de 2008 pour que les gérants alternatifs et leurs investisseurs les découvrent.

D

epuis la première directive réglementaire en 1985, l’environnement UCITS a beaucoup évolué. En particulier en 2001, avec l’introduction de UCITS III autorisant une utilisation plus large des dérivés, puis en 2004 avec l’introduction de nouvelles méthodes pour mesurer les risques des fonds UCITS, et encore en 2007, avec la Directive sur les «actifs éligibles» qui a davantage élargi la notion d’indices éligibles dans un fonds UCITS. D’ailleurs, un petit nombre de gérants, pour la plupart en Europe continentale, exploitaient déjà ces possibilités multiples. Depuis longtemps, ils proposaient en effet des fonds alternatifs sous le format UCITS à leurs investisseurs, avec des stratégies aussi variées que le Long Short Equity, le Global Macro ou encore l’arbitrage sur devises et dettes émergentes. Puis la faillite de Lehman Brothers, en septembre 2008, et la crise systémique qui s’en est suivie, ont mis

en avant certaines faiblesses des hedge funds comme leur transparence, leur levier excessif et surtout leur liquidité. Dès lors, de nombreux investisseurs ont recherché des solutions d’investissement onshore, à la place des classiques fonds offshore, jugés souvent moins transparents et en tout cas peu, voire pas régulés du tout. Cependant, les solutions en réponse à cette demande de fonds alternatifs régulés existaient déjà en Europe. D’un coté, des structures comme les SIF luxembourgeois, les QIF irlandais ou encore les ARIA, ou fonds contractuels français, étaient disponibles pour servir de réceptacle à la plupart des stratégies alternatives. Mais les incertitudes relatives aux discussions sur la Directive AIFM qui, à terme, encadrera tous les fonds non UCITS donc toutes ces structures, ont rendu et les rendent toujours moins lisibles et moins attractives. De l’autre coté, les fonds UCITS existent avec près de 6000 milliards d’euros sous gestion, leur renommée mondiale et leur cadre ré-

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Responsable de la Gestion Alternative, Dexia Asset Management

glementé, autorisant de gérer en leur sein de nombreuses stratégies alternatives. Après 2008 et spécifiquement depuis 2009, bon nombre d’acteurs du marché de la gestion alternative ont redécouvert ce cadre de gestion. Les fonds alternatifs sous format UCITS ne sont pas nouveaux, mais la crise a permis de se rendre compte qu’une gestion alternative régulée et offrant un bon niveau de protection pour les investisseurs était possible, car elle existait déjà. Nouvelles opportunités Ces deux dernières années, le nombre de fonds alternatifs disponibles sous format UCITS a fortement augmenté pour atteindre 500 à 1 000 fonds, selon les sources, et des encours sous gestion entre 100 et 200 milliards d’euros. De plus, des gérants de hedge funds européens ou non ont lancé leurs fonds alternatifs UCITS, au cours de ces derniers trimestres. Ils ne sont toutefois pas les seuls. Des gérants traditionnels lancent aussi leurs fonds en exploitant

de plus en plus toutes les possibilités offertes par la réglementation UCITS, afin de mieux répondre aux attentes de leurs clients pour des fonds plus flexibles. Pour l’investisseur, c’est une excellente nouvelle. Compte tenu de l’offre diversifiée, il peut en effet davantage se diversifier dans un environnement où les taux sont bas, et parfois plus aussi sûrs qu’auparavant à cause de la crise des dettes souveraines, et où les actions sont peu performantes depuis près de dix ans. Ces développements sont également positifs pour les fonds UCITS en général, qui trouvent ainsi de nouvelles opportunités pour renforcer leur position mondiale de référence, et mieux répondre aux demandes des clients. Mais évitons de passer d’un excès à l’autre, du tout offshore au tout UCITS, dans l’univers de la gestion alternative. De fait, il est indispensable de se souvenir que la gestion alternative sous format UCITS n’a pas vocation à remplacer les hedge funds offshore ou onshore, logés dans les enveloppes non-UCITS existantes comme les SIF ou les QIF. L’uni-


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65 Normes & Régulation

vers du possible sous UCITS est large, mais pas sans aucune limite (contrainte de levier, de diversification, de transparence, d’actifs éligibles… et surtout de liquidité), avec des impacts sur les performances et comportements des différentes catégories de fonds sur le moyen terme. Vendre un fonds alternatif UCITS comme un clone d’un hedge fund offshore est impossible pour la plupart des stratégies. La contrainte de liquidité s’imposant à un fonds UCITS semble d’ailleurs être le principal critère discriminant, ayant nécessairement un coût en termes de performance. Le coût de la prime de liquidité est estimé entre 2 et 3% en moyenne. Autrement dit, la performance des fonds alternatifs UCITS ne bénéficiant pas de cette prime de liquidité à moyen terme sera de 2 à 3% inférieure à celle des indices hedge funds.

Logiquement, cette constatation implique pour les acteurs du marché un changement dans leur considération des performances. Nous passons dès lors d’une approche de «rendement corrigé du risque» à une vision de «rendement corrigé du risque et de la liquidité». Une plus grande diversification de l’offre pour les investisseurs représente donc la principale évolution du secteur. Apporter de la performance Cette nouvelle segmentation de l’offre dans le marché des fonds alternatifs induira également une segmentation de la demande. Il est probable que de nombreux investisseurs institutionnels, tels que certains fonds de pension disposant de moyens d’analyse en interne, d’un horizon d’investissement à long terme et d’un besoin de liquidité

plus faible, continueront à privilégier les hedge funds, dont les rendements seront supérieurs à ceux des fonds alternatifs Ucits, selon toute vraisemblance. D’autres investisseurs, comme les banquiers privés ou encore les gérants de portefeuilles diversifiés souhaitant investir dans la gestion alternative pour apporter d’autres sources de performance à leurs portefeuilles, tout en gérant des contraintes de liquidité à court terme, pourraient privilégier les fonds alternatifs sous format UCITS. L’histoire UCITS ne s’arrête pas avec UCITS III. Depuis quelques semaines, a commencé l’ère d’UCITS IV. Elle va apporter son lot de modifications et d’améliorations, de même qu’elle permettra de mieux correspondre aux demandes de stratégies diversifiées et performantes des investisseurs. n

FOCUS Plus de contrôles et de gouvernance Attention aux amalgames! Certains fonds offshore peuvent aussi être liquides et diversifiés. C’est le cas en particulier pour beaucoup de stratégies Long Short Equity. Quelle est la grande différence entre un fonds UCITS et un fonds offshore, s’étant fixé des contraintes similaires? Simplement que sous UCITS, ces limites sont obligatoires, suivies en permanence et contrôlées comme telles. L’importance des barrières pour se lancer dans une telle aventure constitue donc l’une des conséquences immédiates pour les gérants, car UCITS est plus exigeant en termes de contrôle et de gouvernance, qu’un fonds offshore. FC


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66 Diriger

sur le web www.ifb.unisg.ch/core genevaknowledgeforum.ch probst.unige.ch

En finir avec le dilemme du manager Achim Schmitt Professeur de stratégie à Audencia Nantes School of Management

Mener de front exploitation et exploration, ne plus choisir entre efficacité et innovation, les managers ne sont plus contraints de choisir. Et changement de cap ne rime plus avec changement de tête.

Q

@ d.thenot@banque-finance.ch Par dorothée Thénot Journaliste

uel manager n’a jamais été confronté à la nécessité de choisir entre la voie d’accroître l’efficience de l’entreprise avec baisse des coûts, amélioration de l’efficacité des processus et recherche de profit, et celle d’avoir une démarche d’innovation pour rester compétitif? L’organisation ambidextre est l’art de combiner ces deux notions. Défini par deux professeurs de Stanford et de Harvard (Charles A. O’Reilly et Michael L. Tushman), ce mode de management est habituellement confié… à deux responsables différents et successifs, l’un pour l’exploitation, et l’autre pour l’exploration. «Le gestionnaire ambidextre doit avoir un regard sur ces deux axes, explique Achim Schmitt, professeur de stratégie à Audencia Nantes School of Management et chercheur associé au Center for Organizational Excellence (CORE) des universités de Saint-Gall et de Genève, ainsi qu’au Geneva Knowledge Forum. Pendant la crise, les entreprises se sont concentrées sur la baisse des coûts, au détriment des budgets dédiés à l’innovation. Puis quand la crise a décru, elles ont

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relancé l’élaboration de nouveaux produits et la conquête de nouveaux marchés.» Dans le cadre d’une organisation ambidextre, ces deux voies doivent être menées de front, et non successivement au gré de la conjoncture. En période de crise, les actionnaires favorisent la continuité avec un dirigeant ayant une forte expérience dans son domaine. La voie rassurante, en somme. Puis en période de reprise, ils changent de direction et choisissent plutôt un créatif. «Il faut appliquer une organisation ambidextre même pendant une crise, précise-t-il, pour éviter de tout recommencer à zéro, et garder des projets dans le pipeline en vue de la reprise de l’activité.» Le choix du manager est donc déterminant, car il doit être capable de s’entourer d’une équipe solide… et de l’écouter. «Peu de PDG acceptent cette prise de risque, car c’est humainement difficile. Il faut à la fois traquer les coûts au nom de l’efficience, et se montrer créatif, aventurier, et dédier un budget pour innover. «Parmi les exemples de management ambidextre réussi selon Achim Schmitt, Yun Jong Yong (le

PDG de Samsung en 1997), Peter Brabeck (Nestlé), ou encore Michael Dell (Dell). Dans le cas de Steve Jobs, ce n’est pas un homme, mais une équipe qui assure ce cap. «C’est un créatif, il est dans l’exploration. Mais il a compris qu’il devait s’entourer de collaborateurs compétents pour gérer la partie opérationnelle.» Choix stratégique Les travaux de recherche tournent actuellement non plus sur la nécessité de combiner ces deux voies, mais sur l’organisation à adopter pour les faire coexister. Faut-il instaurer deux unités avec deux cultures séparées, et un manager chargé de faire le lien? Ou se tourner vers une organisation de projets et intégrer l’unité d’exploration? La taille de l’entreprise influencera peut-être ce choix stratégique: une PME préférera-t-elle une organisation de projets, tandis que créer deux structures sera moins compliqué dans un grand groupe? Un bon équilibre à trouver pour répondre à des conditions économiques plus sévères. Le choix est avant tout stratégique. n


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67 Communiquer

sur le web www.bsi-swissarchitecturalaward.ch/en/index.html mecenat.bnpparibas.com/ www.koeo.net/koeo.html

Les fondations philanthropiques La création d’une fondation culturelle permet de soutenir de manière plus désintéressée les arts, la culture ou les activités sociales. Elle atteste de manière plus tangible l’engagement citoyen de l’entreprise, et reflète sa volonté de préserver et valoriser un patrimoine dans l’intérêt général. Une fondation joue également un rôle important de mobilisation interne, entre autres pour fédérer les employés. La BSI à mis en place notamment deux fondations: l’une promeut l’art et la culture sous toutes ses formes, et l’autre l’architecture. CL

PAR Christophe Lamps Senior Partner, Dynamics Group

@ cla@dynamicsgroup.ch

Le mécénat pour donner du sens Contrairement au sponsoring, le mécénat, souvent culturel et d’ordre humaniste, transcende les valeurs de l’entreprise pour un bénéfice différent et quelquefois supérieur.

Si l’âge d’or du mécénat remonte à la Renaissance italienne grâce à des généreux personnages tel Laurent le Magnifique, la tradition philanthropique, notamment dans le secteur bancaire, est également une réalité fortement ancrée en Suisse. Souvenons-nous, entre autres exemples, que les banquiers privés ont personnellement financé une partie de la construction des chemins de fers en Suisse, au XIXe siècle, ou participé activement à la naissance de la Croix Rouge. Cette tradition a depuis perduré, et se renforce même avec le temps. A tel point que l’on peut se demander, aujourd’hui, quelles sont les institutions financières et bancaires qui ne soutiennent pas une initiative culturelle dans les domaines de l’art contemporain, de la musique, des arts visuels ou encore de l’architecture. Lorsqu’il prend de l’ampleur, ce phénomène se transforme souvent en sponsoring et partenariat, dont l’objectif est surtout de stimuler les opérations d’acquisition et de fidélisation de la clientèle, voire un gain de réputation et de notoriété. Mais le sponsoring permet-il réellement de «partager des moments d’émotion uniques», de donner un sens à ses investissements culturels, et de façonner une image de responsabilité sociale? Dans certains cas, probablement. Mais le plus souvent, c’est un mécénat réfléchi et cohérent qui permettra le mieux de donner un

véritable sens à son soutien culturel, afin de l’inscrire dans une démarche de préservation et de valorisation de notre patrimoine artistique. Un mécénat, qui s’appuie sur des convictions fortes, des valeurs authentiques, une expérience partagée et s’inscrit dans une logique de création, apportera à ses initiateurs un bénéfice très différent, notamment auprès de ses publics variés, par rapport à une démarche de sponsoring recherchant un réel retour sur investissement. L’exemple de la BSI Le concept global de mécénat artistique mis en place depuis plus de dix ans par Alfredo Gysi, CEO de la BSI, illustre parfaitement la valeur d’une démarche conjuguant valorisation de notre héritage culturel, et constitution du patrimoine de demain. La banque ne se contente pas d’investir ainsi dans des œuvres d’art avant-gardistes. Elle invite également des plasticiens, tel Daniel Buren, à investir les espaces des différentes succursales de la BSI, pour y créer un concept artistique en lien direct avec l’architecture du lieu. La BSI a aussi participé à la conception du Projet Martha Argerich, qui réunit chaque année à Lugano, depuis dix ans, une cinquantaine d’artistes autour de la grande pianiste. La création de ce festival a permis de pérenniser l’Orchestre de la Suisse Italienne, puis de valoriser ce patrimoine culturel au ni-

veau régional et ensuite international. Conçue comme une scène musicale collective, la manifestation est une sorte de laboratoire où les artistes invités défendent des compositions plus rares, en plus d’interpréter les morceaux phare du répertoire. En véritable architecte-mécène, Alfredo Gysi est l’initiateur de nombreux autres projets culturels, qui permettent de stimuler la création et la diffusion artistique. La genèse de ces projets, leur cohérence et leur aboutissement dénotent la motivation humaniste de la banque, ainsi que ses valeurs profondes, qui défendent l’intérêt général. De plus, les liens ainsi crées avec les artistes s’appuient sur un vécu et une expérience partagée dans la durée, souvent à l’origine de véritables moments d’émotion et une forte relation humaine. Cet engagement, reflet de la culture d’entreprise de la BSI, lui permet de façonner une image impliquée et authentique, loin des excès de certains sponsoring ostentatoires. Elle peut dès lors tisser des liens très forts avec ses différents publics cibles. Au delà de la visibilité que cet engagement procure à la région et la reconnaissance induite, il contribue sans doute à rendre la BSI réellement unique et à la distinguer de la concurrence. n

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68 Se perfectionner

@ d.thenot@banque-finance.ch

www.swissfinanceinstitute.ch

Luc Thévenoz

Robert Danon

Directeur du Centre de Droit bancaire et financier de l'Université de Genève

Professeur de Droit fiscal suisse et international à l'Université de Neuchâtel

La fiscalité en voie d’hyper-spécialisation

Approfondissement L’Executive Master of Advanced Studies in International Taxation (MAS) de l’université de Neuchâtel, créé en 2010, comprend deux volets. La filière helvétique s’adresse aux fiscalistes suisses et traite de fiscalité nationale, européenne et internationale. La filière internationale est destinée aux consultants étrangers et propose deux spécialisations, après un semestre de tronc commun, fiscalité internationale des personnes physiques et morales. Comme le master est dispensé en anglais, il n’existe aucune barrière linguistique pour le choix des intervenants, étant des experts suisses et internationaux renommés. La prochaine édition débutera en janvier 2012. Les trente participants, principalement des juristes et des économistes, sont sélectionnés sur dossier. Pour cette troisième promotion, ce MAS en droit fiscal international prévoit deux rythmes au choix pour répondre à leurs contraintes et timing, soit une formation à temps plein sur un an, et une autre à temps partiel sur dix huit mois.

sur le web www.llmbank.ch www2.unine.ch/mas-international-taxation

Dans un environnement légal et réglementaire en mouvement permanent, les spécialistes en droit fiscal sont confrontés au défi de se tenir à jour pour rester à la pointe.

L

a fiscalité suisse et internationale connaît une évolution si rapide que la formation continue est une nécessité… voire une course permanente. «La réglementation est devenue très complexe, explique Luc Thévenoz, directeur du Centre de Droit bancaire et financier de l’Université de Genève, également président de la Commission des offres publiques d’acquisition (OPA). Produits et stratégies sont ainsi plus nombreux et sophistiqués. Les juristes doivent donc maîtriser des compétences plus étendues pour les comprendre.» Des changements qui se sont accélérés depuis deux ans, avec la prise en considération de l’environnement réglementaire étranger. «Les établissements suisses doivent vérifier la conformité de leurs actes, produits et services avec le droit des Etats où résident leurs clients étrangers, ajoute Luc Thévenoz. C’est toute la problématique des services transfronta-

Par dorothée Thénot Journaliste

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liers.» La formation LLM proposée par le Centre de Droit bancaire et financier de l’Université de Genève prévoit cette sensibilisation à la législation étrangère. Les masters «LLM Banque & Finance» et «LLM Droit fiscal» sont des formations postgrade à temps partiel sur deux ans. Destinées à des juristes, elles offrent une vue d’ensemble du droit et répondent aux besoins des professionnels de la banque et de la finance, dans le contexte helvétique et international. La première promotion s’achèvera en décembre 2012 et la suivante débutera son cursus en janvier 2013. Fiscalistes recherchés Si les juristes ont acquis une position prépondérante, les fiscalistes sont, de leur côté, particulièrement recherchés. «Depuis le milieu des années 1990, ce secteur connaît des modifications législatives et une évolution des pratiques administratives plus fréquentes que dans les autres domaines du droit,

précise Robert Danon, professeur de Droit fiscal suisse et international à l’Université de Neuchâtel, de même que directeur de l’Executive Master of Advanced Studies in International Taxation (MAS). Sans compter qu’en Suisse, il faut aussi prendre en compte les pratiques des autorités de taxation et leurs interprétations de la loi fiscale.» Au niveau international, il existe également l’importance croissante des travaux de l’OCDE et du droit fiscal européen, notamment l’influence de la jurisprudence de la Cour de Justice européenne sur les Etats membres. «Sur tous les aspects de la fiscalité, le métier de conseiller est donc devenu très pointu. Les cabinets d’avocats et autres sociétés de conseil recherchent ainsi souvent des fiscalistes déjà formés. Il faut d’ailleurs une telle spécialisation qu’il y a souvent une pénurie de professionnels compétents.» n


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69 Se perfectionner

Les opérateurs des marchés à l’honneur Jean-Claude Dufournet

En janvier 2012, une nouvelle formation débutera pour tous les métiers de support de la partie «titres» du marché des capitaux. Un diplôme fédéral vers une reconnaissance et une valorisation des compétences.

Nicole Beiner

Entretien avec Jean-Claude Dufournet, directeur général de l’AZEK, le centre de formation pour analystes financiers, et Nicole Beiner, senior adviser de l’AZEK.

@ d.thenot@banque-finance.ch dorothée thénot Journaliste

Banque & Finance: En janvier 2012, commencera une formation de Financial Market Operator destinée à préparer un diplôme fédéral. A qui s’adresse-t-elle ? Nicole Beiner: Les métiers de support ont longtemps consisté en des tâches répétitives et administratives, qui ne demandaient pas de réelles connaissances. Mais l’environnement a changé avec la complexité croissante des produits financiers, la transformation constante de la réglementation et de la taxation, sans compter l’automatisation des procédures. Il existe désormais des connaissances et savoir-faire nécessaires à la pratique des fonctions de middle et back office, d’informatique, d’organisation, de compliance, d’audit, etc., qu’il faut transmettre, car encore peu d’établissements intègrent ces compétences. B&F: Une meilleure formation des professionnels favorisera-telle une plus grande valorisation de ces métiers ? NB: Le phénomène est double. Les professionnels du back office étaient mal considérés, faute de formation spécifique. Par ailleurs, une meilleure valorisation de ces métiers permettra d’éviter une fuite des cerveaux. En effet, un professionnel compétent désireux d’acquérir un diplôme de haut niveau, attestant de ses connaissances, devait jusqu’à présent se tourner vers les métiers du front.

B&F: Quels sont les objectifs de cette nouvelle formation d’opérateur des marchés financiers? NB: Ce diplôme fédéral est le premier dans ce domaine. Il s’agit d’acquérir en un an 300 heures de formation continue, avec deux après-midi par semaine. Il offrira ainsi une bonne compréhension du système et des instruments financiers, de même que la capacité de les évaluer. Jean-Claude Dufournet: Notre objectif est de former des professionnels généralistes avec une vue transversale des différents métiers de support et des connaissances du fonctionnement des marchés, de même que fiscales et juridiques. La Suisse possède une infrastructure des marchés très développée et très intégrée, reconnue au niveau international Cette formation est totalement novatrice, car aucun manuel n’existe dans ce domaine. Entre 1500 et 1700 pages de cours ont ainsi été rédigées. Chaque participant recevra une tablette électronique pour les étudier. Il sera initié aux problématiques de traitement des instruments et produits financiers, afin d’anticiper les besoins des utilisateurs finaux. Ceci pour chaque métier de support, par exemple les fonctions d’exécution, booking, clearing et settlement, etc. B&F: Cette formation va-t-elle compléter l’offre de l’AZEK? JCD: Oui, l’AZEK dispense déjà une formation d’analyste financier et ges-

tionnaire de fortune, et une autre d’expert en finance et investissement. Ce sont deux pré-requis dans les métiers de gestion de portefeuille et de wealth manager. Le nouveau diplôme d’opérateur des marchés financiers prévoit d’ailleurs un tronc commun, avec ces deux formations existantes. Toute la profession s’est mobilisée pour la création de cette nouvelle formation, qui a demandé trois ans de préparation entre la consultation d’experts, la coordination de leurs rapports, l’élaboration d’un programme et la rédaction du contenu des cours. NB: Il faut davantage de personnel formé et identifié dans les métiers de support. Cette lacune, déjà connue de la place financière, a été mise en exergue par la crise. Le rapport de la FINMA sur UBS de septembre 2009 mentionne explicitement ce point : «En 2007, le service des grandes banques de la CFB employait au total vingt-cinq collaborateurs, dont des professionnels dotés d’une longue expérience en matière de surveillance et d’autres plus jeunes. (…) Or a posteriori, il faut bien constater que ce service manquait en particulier de collaborateurs seniors et de spécialistes expérimentés.» Les autorités de surveillance ont donc demandé aux organisations professionnelles de s’organiser pour mettre en place les formations nécessaires. n Propos recueillis par Dorothée Thénot

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Le Business social face à la réalité Sophie Swaton

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ans son récent ouvrage(1), Sophie Swaton, chercheuse au Centre d’études interdisciplinaires WalrasPareto à l’Université de Lausanne (Faculté de droit et des sciences criminelles), s’est posée la question, judicieuse au demeurant, de savoir comment une entreprise peut se qualifier de sociale et solidaire, dans une économie de marché. Pour prétendre à ce statut, celle-ci doit nécessairement remplir les quatre critères de transparence, d’activités au service de la collectivité, d’autonomie et de but non lucratif. De même, il lui est recommandé de se soumettre à d’autres critères, comme le respect de l’environnement, la gestion participative, le management social, la formation continue des salariés, la politique de santé et de sécurité, etc. Sophie Swaton s’intéresse aussi au caractère sociale des banques, à travers les exemples de la Banque Alternative et des Banques Raiffeisen, notamment. Un petit livre à découvrir pour tout chef d’entreprise ou banquier qui souhaite donner une réelle dimension sociale à son affaire. (DP) Deux questions à Sophie Swaton

Par DIDIER PLANCHE

@ d.planche@banque-finance.ch

Banque & Finance: Malgré ses objectifs prioritaires de rentabilité, une banque peut-elle être «sociale»? Sophie Swaton: Il semble en effet a priori contradictoire d’associer rentabilité et social, notamment lorsqu’il s’agit d’une banque. Depuis les scandales financiers et la crise des subprimes, le doute surgit quant à la

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compatibilité de ces deux secteurs. Pourtant, depuis les années 1990, une conception du «social» est véhiculée par des entreprises, mais aussi des établissements bancaires se réclamant de l’économie sociale et solidaire, ou ESS. La recherche du profit est bien présente, mais de manière limitée et coexiste avec d’autres critères tels que la démocratie, la participation, l’intérêt collectif, l’autonomie ou l’environnement. A Genève, 250 organisations ont ainsi adhéré à la récente Chambre de l’Economie Sociale et Solidaire, Après-GE, dont la Banque Alternative. Principal prestataire de services bancaires à orientations éthiques en Suisse, celle-ci, la BAS, soutient des projets promouvant des critères sociaux et écologiques, à l’instar des énergies renouvelables, de l’agriculture biologique, etc. Les Banques Raiffeisen, qui n’ont pas encore adhéré à Après-GE, ont conservé une structure coopérative, certes emblématique de l’ESS, mais insuffisante en soi, et n’ont jamais eu recours à l’aide de l’Etat.

ciaux. Cet investissement à long terme connaît un succès croissant, ces dernières années, auprès des investisseurs institutionnels et des particuliers. Mais il ne renvoie pas encore à une stricte définition légale. Les critères de sélection retenus n’ont cessé de varier, et concernent principalement aujourd’hui les technologies d’avenir. Il est clair que l’ISR s’inscrit dans une démarche stratégique. Certains établissements bancaires, sans aucune conviction particulière, surfent sur cette vague. Cette logique est défendable du point de vue de la rationalité économique. Mais pour être réellement efficace, l’ISR mérite d’être juridiquement encadré. Certaines ONG y travaillent. Des ponts sont aussi envisageables avec les «finances solidaires», secteur en plein essor, dont se revendiquent certains établissements bancaires de l’ESS en Europe, réellement soucieux d’offrir aux consommateurs des produits répondant à leurs différents degrés d’engagement. n

B&F: Les établissements bancaires commercialisant des placements financiers sous le label «développement durable» ou «investissement socialement responsable» pratiquent-ils avant tout du marketing, ou sont-ils réellement convaincus du bienfondé de leurs produits? SS: L’investissement socialement responsable, l’ISR, encourage les entreprises classiques à devenir plus respectueuses de l’environnement, ainsi que des droits humains et so-

(1) Une entreprise peut-elle être «sociale» dans une économie de marché, Editions de l’Hèbe, Collection La Question, CharmeySuisse mars 2011


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b3b sur le web www.b3b.ch b3b sur Twitter www.twitter.com/b3b

71 Banque & Internet

Les satellites à la rescousse des banques FOCUS Les acteurs majeurs de la géolocalisation sociale sur le web sont aujourd’hui Foursquare, Gowalla, Facebook Places, Google Latitude et le dernier né, Banjo. Leurs applications mobiles sont téléchargeables directement depuis les magasins d’applications (App Store pour Apple, Market pour Android de Google). Passé la création gratuite d’un compte personnel et l’activation du GPS sur votre mobile, vous pourrez alors annoncer votre venue via des “check-in”, ou suivre vos amis Facebook et Twitter par exemple. Retrouvez toutes les références à cet article ici: http://bit.ly/mhv3LW MB

Qui aurait cru que les premiers «bips» émis par Spoutnik apporteraient aux banques, 50 ans plus tard, des solutions pour mieux répondre à leurs clients grâce à la géolocalisation ?

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n 1978, un premier bloc de satellites américains était lancé pour créer un système global de positionnement géographique appelé GPS, pour Global Positioning System. Vint ensuite l’avènement des téléphones intelligents, les «smart phones», ces objets concentrant le meilleur des technologies les plus récentes: téléphonie, internet, appareil photovidéo, récepteur GPS et très prochainement une puce NFC (Near Field Communication), qui permettra les paiements sans contact. C’est d’ailleurs cette concentration des données GPS de localisation et d’une liaison vers internet au sein d’un même terminal, qui est le catalyseur de cette alchimie gagnante. La géolocalisation sociale

Marc Barbezat Créateur et éditeur de b3b

@ marc@b3b.ch

Sur internet, le web 2.0 a apporté des capacités d’agrégation d’une multitude de formats de données incluant celles de géolocalisation. Mais cette fonctionnalité ne s’arrête pas à localiser une personne ou un événement sur une carte. Aujourd’hui, les réseaux sociaux comme Facebook, Twitter, Buzz (bientôt remplacé par Google+?) apportent une dimension sociale. Ainsi, dans le cas d’une relation banque «client ami», ne serait-ce pas pertinent de proposer l’itinéraire le plus rapide pour atteindre une agence? Ou même de proposer un cadeau à un client situé près de votre enseigne. Mastercard l’a bien compris. Il s’est d’ailleurs associé à Foursquare, un des princi-

paux acteurs de géolocalisation sur le web, pour offrir à ses clients des promotions lorsqu’ils passent à proximité de magasins partenaires. En France, BNP Paribas avait offert, en début d’année, un millier de places de cinéma à ses clients qui s’annonçaient via le service Facebook Places.

titre. Leur collecte et utilisation sont clairement dans le viseur de la CNIL française et du Préposé suisse à la protection des données, qui tous deux s’inquiètent d’ailleurs des dérapages potentiels. Le défi de la protection des données personnelles

Apporter la sécurité là où il faut Savoir que votre client se trouve à proximité immédiate de votre établissement bancaire peut être bien entendu le moyen d’activer une action commerciale, mais pas seulement. Cette information peut également apporter une réponse concrète à des problématiques de sécurité. Imaginez que vous puissiez utiliser la géolocalisation de votre client pour s’assurer que c’est bel et bien lui qui effectue un retrait à un guichet automatique à billets. Ces données sont riches d’un point de vue comportemental, mais elles sont surtout sensibles, car elles constituent des données personnelles à plus d’un

Dans ce monde débordant aujourd’hui de réseaux sociaux virtuels, quoi de plus logique que d’y inclure une nouvelle dimension permettant de rendre réelles les rencontres avec «ses» amis. Pour la banque, ces services de géolocalisation sociale apportent des nouvelles possibilités d’échanger avec leurs clients par opportunité et de manière quasi-spontanée. Espérons simplement que la sensibilité de ces données personnelles soit correctement perçue par toutes les parties en présence. n

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En partenariat avec

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Nominations &Promotions

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Jürg Legler (1), 52 ans, précédemment directeur adjoint et membre de la direction d’une banque de la place bernoise, rejoint la banque privée Bonhôte & Cie SA et prendra la direction de la filiale dès le 1er janvier 2012. Dans le cadre de ses nouvelles responsabilités, Jürg Legler aura pour tâche de développer la présence de la banque dans la région de Berne. Monsieur Legler, économiste HES, a fait ses études auprès de la Betriebswirtschaftsund Verwaltungsfachschule de Zurich et a acquis une longue expérience dans le domaine de l’ingénierie patrimoniale (Certified Financial Planner CFP). Reyl Asset Management a renforcé son équipe Fixed Income avec le recrutement de Cédric Daras (2), gérant de fonds senior, précédemment chez Métropole Gestion à Paris. Spécialisé dans les domaines des

obligations convertibles et du crédit corporate, Cédric Daras assure désormais la co-gestion des fonds Reyl Quality Bond et Reyl Diversified Income. Il travaillera en binôme avec Stéphane Decrauzat, responsable de l’équipe Fixed Income de Reyl Asset Management. Cédric Daras a commencé son parcours professionnel en 2001 chez Prado Epargne (AG2R). Il rejoint Métropole Gestion en 2003, en tant que gérant de convertibles, rattaché à l’équipe actions. En 2008, il intègre le desk obligataire, au sein duquel il a cogéré jusqu’en 2011 les fonds corporate et convertibles de son ancienne maison. Les Associés de Mirabaud & Cie, banquiers privés, ont décidé de nommer au sein de leur Collège Camille Vial (3), actuelle responsable du Portfolio Management de la clientèle privée, ingénieur en Mathématiques et fille de l’Associé Thierry Fauchier-Magnan. Ce

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dernier a par ailleurs émis le souhait de se retirer du Collège des Associés à la fin de l’année, date à laquelle son rôle d’Associé Senior sera repris par Yves Mirabaud. Camille Vial entrera en fonction en qualité d’Associée à partir du 1er janvier 2012. Investec Trust vient d’annoncer la nomination, avec effet immédiat, de Natacha Onawelho-Loren (4) au poste de responsable juridique du groupe Investec Trust. Avocate de formation, Natacha a débuté sa carrière à Londres chez SJ Berwin, une étude d’avocats internationale. Avant de rejoindre Investec Trust Switzerland en 2007 en tant que juriste d’entreprise, elle occupait un poste similaire dans la filiale genevoise d’une société internationale de trusts. Stephan Nänny (5) est le nouveau responsable Trade & Supply Chain auprès de HSBC Corporate Banking Switzerland. A ce titre, il répond de la mise

en place et du développement des opérations de trade finance de la succursale zurichoise de HSBC Bank plc, ouverte fin 2010. Avant son engagement auprès de HSBC, Stephan Nänny a été pendant douze ans dans l’équipe managériale du secteur Trade & Export Finance chez UBS SA, Zurich. Au 1er novembre, Marc Brodard (6) rejoindra Hyposwiss Private Bank Genève en qualité de directeur général. Il succédera à Declan McAdams qui, pour sa part, a été élu au Conseil d’administration, suite au départ à la retraite de M. Yves Burrus. Marc Brodard a développé son expérience professionnelle chez Dreyfus Sons & Co, à Bâle, à la Banque Cantonale de Fribourg, puis à la Banque Populaire, toujours à Fribourg, avant de rejoindre le Crédit Suisse, en 1996, lequel l’enverra un an chez Citibank, à San Francisco.


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Nominations &Promotions

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La Banque Profil de Gestion SA (SIX Swiss Exchange : BPDG) annonce que Lionel Lafeuille (7), responsable du département Finances & Crédits a été nommé Chief Financial Officer à compter de ce jour. M. Lionel Lafeuille, âgé de 40 ans, est expert-comptable diplômé, reconnu expert-réviseur agréé au registre de l’autorité de surveillance en matière de révision (ASR). Avant de rejoindre la Banque Profil de Gestion SA en octobre 2010, il a travaillé en tant qu’auditeur financier. Il a exercé différentes fonctions managériales auprès de cabinets d’audit en France et en Suisse, notamment chez Mazars et Deloitte. Eric Le Coz (8) est nommé Directeur général adjoint de Carmignac Gestion et chargé de la coordination de l’équipe de gestion aux cotés d’Edouard Carmignac. En tant que membre du Comité d’Investissement, Eric Le Coz conseille l’équipe de gestion dans la définition et la réalisation de ses objectifs. Il continue à supervi-

ser les Départements Risque, Reporting et Ingénierie produit. Eric Le Coz a cogéré les fonds Carmignac Emergents et Carmignac Patrimoine de 1998 à 2003. Peter Casanova (9) a repris la conduite du service d’analyse Actions de la Banque Sarasin & Cie SA. Il succède à Rainer Männle, qui dirige désormais l’équipe Actions de l’unité Gestion d’actifs. Peter Casanova dispose de connaissances approfondies de l’analyse actions et d’une longue expérience de la branche financière. Il occupe une position clé dans l’équipe d’analyse placée sous la conduite de Jan A. Poser, responsable du service d’analyse et économiste en chef, et renforce considérablement les compétences de cette unité. Dans le contexte de son positionnement stratégique, la Banque CIC (Suisse) nomme avec effet immédiat David Fusi (10) comme Responsable de région Suisse romande. Au service de la banque depuis cinq ans, David

Fusi en sa qualité de Membre du Comité de direction générale endosse ainsi la responsabilité directe du développement des affaires en Suisse romande. Il dispose de solides connaissances des marchés, aussi bien dans le secteur commercial que privé. Durant ses trente années d’activité bancaire, il a su se forger un vaste réseau de relations, notamment en Suisse romande. La direction générale de la BCGE a décidé de confier la responsabilité du département Marketing à Sylvie Becker (11). Pierrette Jaton Klopfenstein prend la responsabilité du département Etat-major & planification. Nouvelle responsable marketing de la BCGE, Sylvie Becker était jusqu’à présent responsable marketing et communication de Lloyds TSB International Private Bank à Genève, une responsabilité qu’elle occupait depuis 2009. Disposant d’une expérience confirmée dans le domaine du marketing, Mme Becker a occupé diverses

responsabilités dans le domaine du marketing, du positionnement de marque et de la planification stratégique, que cela soit auprès de Lombard Odier à Genève ou à l’UBS, en qualité de responsable marketing ouestSuisse. Mercer, l’un des leaders mondiaux dans le domaine du conseil, a désigné Christian Bodmer (12) comme directeur de sa division Investment Consulting en Suisse. Il succède à Sven Ebeling, qui, après huit années d’activité couronnées de succès chez Mercer, a rejoint la banque UBS. Monsieur Bodmer dispose d’une longue expérience dans le conseil aux caisses de retraite et autres investisseurs institutionnels. Christian Bodmer est depuis 2005 chez Mercer en tant que directeur adjoint d’Investment Consulting Suisse. Il possède une expérience de dix ans dans le conseil en investissement, dont cinq ans chez des consultants locaux.

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74 Savoir

DAVID REY MANDATAIRE COMMERCIAL GESTIONNAIRE EXPERT EN FINANCEMENT FINANCEMENTS PME & INDÉPENDANTS BANQUE CANTONALE DE GENÈVE

L’épineuse question de la succession des PME David Rey a consacré son travail de diplôme de l’Ecole Supérieure spécialisée en Banque et Finance Banque & Finance: Votre travail à la problématique des succes- présente l’état actuel de la sucsions de PME. Une entreprise sur cession des PME en Suisse et son évolution récente. Pourquoi cinq serait concernée dans les cinq ans à venir. Et souvent, ce avoir choisi cette thématique? type d’opération doit se préparer David Rey: Je la trouve passionnante, car elle est le reflet des bouleavec minutie.

versements en matière de démographie, lesquels influent durablement sur le paysage économique suisse. En effet, durant la deuxième partie du XXe siècle, la fécondité a brusquement augmenté, puis a ensuite reculé fortement. En parallèle, la mortalité a continué de baisser et la Suisse a connu une plus forte période d’immigration. Demain, d’importants défis liés à l’accélération du vieillissement démographique l’attendent, comme dans nombre de pays occidentaux, et notamment la réduction de la main d’œuvre disponible.

B&F: Comme une PME sur cinq sera concernée par une succession dans les cinq ans à venir, f.bonavita@banque-finance.ch quels seront les défis pour la Suisse en la matière? DR: Selon une étude réalisée par le Par fabio bonavita Centre pour les Entreprises Familiales Journaliste de l’Université de St-Gall, on parlerait

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en effet de plus de 77’000 entreprises, soit un million d’emplois concernés. Le défi vise à réussir les transmissions d’entreprises, afin de pérenniser les emplois et de conserver le savoir-faire. Les transmissions d’entreprises sont généralement semées d’embûches, mais également souvent synonymes de potentiel d’affaires. Enfin, l’accroissement du nombre de cessions stratégiques, soit la vente à des concurrents, explique aussi le nombre élevé de PME concernées par ces défis. Au final, l’âge moyen des cédants est en recul. B&F: Comment prévoir une succession pour qu’elle s’effectue dans les meilleures conditions? DR: Malheureusement, l’entrepreneur a rarement préparé sa succession. La clé consiste donc déjà en une prise de conscience. L’entrepreneur doit être l’instigateur de la démarche et aborder suffisamment tôt cette étape cruciale de sa vie. Il doit en priorité définir les options envisageables comme la cession à l’intérieur de la famille ou à l’extérieur de celle-ci, la vente aux cadres dirigeants ou à une direction extérieure, voire à des inves-

tisseurs stratégiques ou financiers. Ensuite, il faut préparer l’entreprise et les parties prenantes, impliquant notamment les éléments financiers. La structure de l’entreprise doit également être examinée, tout comme le management qui est susceptible d’être renforcé. Veiller à la fiscalité B&F: Est-il plus simple de transmettre une entreprise familiale de père en fils? DR: Si la transmission familiale peut sembler plus simple au premier abord, elle exige une préparation minutieuse tenant compte de la situation financière des actionnaires, notamment la prévoyance du chef d’entreprise et des autres héritiers. Cette analyse permettra de déterminer les modalités de la transmission, y compris le calendrier du changement, souvent progressif, de direction. Enfin, la rédaction d’un protocole familial constitue un élément fondamental. B&F: La création d’une holding permet-elle de résoudre la question de la transmission?


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75 Savoir Soutien de l’Etat DR: La solution de la création d’une holding est intéressante dans le cadre d’un LBO. La holding se porte acquéreuse de l’entreprise et jouit du «privilège holding», soit aucun impôt sur le bénéfice. En faisant remonter les dividendes libres d’impôt de la société rachetée vers la holding, ils favorisent le paiement d’un emprunt contracté au nom de cette dernière. Il convient toutefois de veiller à ce que la holding ne vide pas la société acquise de sa substance existante au moment de la vente, dans les cinq ans après la transaction. Car sinon le fisc considérera cette opération comme une «liquidation partielle indirecte» et décidera d’imposer ces transferts rétroactivement.

B&F: Comment éviter le danger fiscal de la liquidation partielle indirecte? DR: Il peut être évité en pratiquant une politique constante de dividendes et de distribution de salaires, le but étant d’éviter de constituer une fortune non nécessaire à l’activité de l’entreprise. C’est un point récurrent, car pour éviter la double imposition des bénéfices, nombre d’entrepreneurs accumulent cette manne financière dans leur société. Cependant, la dernière Réforme de l’imposition des bénéfices II atténuera cette double imposition. Il est ainsi conseillé à l’entrepreneur de prévoir une planification, car les fonds retirés de son entreprise peuvent être partiellement défiscalisés via des versements au-

près de sa caisse de pension ou par la rénovation d’immeubles. n Propos recueillis par Fabio Bonavita Ce travail de diplôme a été réalisé dans le cadre de l’Ecole Supérieure spécialisée en Banque et Finance (ESBF), à Genève (www.isfb.ch). Information : Myriam Koessler Rossi, 022 827 30 03, mkr@isfb.ch Pour obtenir l’étude David Rey Mandataire commercial Gestionnaire expert en financement Financements PME & Indépendants Banque cantonale de Genève Tel: +41 22 809 30 81 david.rey@bcge.ch

Avec la Loi fédérale du 6 octobre 2006, la Confédération a réaffirmé son soutien financier aux organismes locaux de cautionnement en faveur des PME. A Genève, le Grand Conseil a fondé la FAE en 2005, sur la base de la Loi sur l’aide aux entreprises. Cette entité permet d’apporter des solutions subsidiaires aux sources de financement traditionnelles. Le monde économique et politique s’est aussi fortement mobilisé. L’association Relève-PME, qui a pour but de promouvoir et faciliter la succession d’entreprises, a ainsi été créée en juillet 2008. Et cette même année, la BCGE a fait œuvre de pionnier en créant un fonds spécifique, Capital Transmission SA, doté d’une capacité d’investissement d’une cinquantaine de millions de francs permettant de faciliter les transmissions d’entreprises par des prises de participation minoritaires ou un financement mezzanine.

Suivre

En ligne www.willow.ch

Un développement romand maîtrisé La société Willow Services, sélectionnée et accompagnée par Genilem, prévoit divers développement suite au succès rencontré par ses services globaux pour les particuliers et les clients institutionnels.

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nitialement, la société Willow Services se concentrait sur le canton de Genève. Avec patience et abnégation, elle a su trouver de nouveaux marchés. Désormais, c’est au delà des frontières cantonales qu’elle va débuter son expansion, comme le précise Arev Salamolard-Yildiz, avocate et fondatrice de la société: «Au niveau géographique, nos activités s’étendront à la région lémanique. En outre, Willow Services absorbera un cabinet de courtage en assurances, implanté f.bonavita@banque-finance.ch dans le canton de Vaud. Nous souhaitons également élargir notre clientèle Par fabio bonavita privée et institutionnelle. Pour les Journaliste particuliers, nous visons surtout les acquéreurs de biens immobiliers.

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Dans ce domaine, c’est le département Hypothèque de Willow Services qui s’occupe du financement immobilier et de l’accompagnement pour les aspects juridiques et financiers entourant l’achat d’un bien immobilier. Pour les clients institutionnels, Willow Services souhaite s’orienter vers la clientèle des grandes entreprises.» Prestations élargies Avec ce développement géographique, les prestations offertes s’étoffent, comme le souligne l’avocate genevoise: «A moyen terme, Willow Services prévoit de renforcer ses départements Patrimoine, Hypothèque et Courtage,

et créer un département qui fournira les services d’une fiduciaire, afin de mieux répondre aux requêtes et besoins de notre clientèle. Willow Services est déjà active dans le conseil à la création d’entreprise et la mise en place de toutes les assurances. La société doit désormais s’occuper des aspects comptables pour les clients qui le souhaiteraient.» C’est donc sur tous les fronts que Willow Services va prendre de l’ampleur dans les mois et années à venir. Aussi bien géographiquement que du point de vue des services, l’offre s’élargira, afin de répondre plus précisément aux besoins des particuliers et des sociétés qui trouveront chez nous une gestion globale de leurs activités et investissements. n

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76 Solutions bancaires

Vers une logique d’applications en «libre-service» Sur la base du rapport «The Future», le groupe Steria constate que les secteurs publics étant ’objet de plans d’austérité vont subir un changement radical, pour se transformer en secteurs de «libre-service» d’’ici à 2020.

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eaucoup de choses ont changé dans la gestion des affaires, ainsi que dans la localisation de l’activité économique et des marchés, au cours de ces dernières décennies. Les technologies informatiques ont révolutionné les processus commerciaux et de communication. Internet, les médias sociaux, les applications «cloud» et l’explosion des données transforment aujourd’hui la conception des pratiques commerciales pour les prochaines années. Dès lors, notre perception de la continuité change radicalement, avec des exemples comme le nuage de cendres d’Eyjafjallajökull, le tsunami au large des côtes japonaises, ou les défaillances humaines sur les marchés des services financiers ayant mené à la crise mondiale des crédits. Nous

avons, cependant, la possibilité de regarder en avant et d’examiner ce qui nous attend. Steria a donc demandé à Global Futures and Foresight (GFF) d’analyser plus de 150 publications, afin de fournir une synthèse concise à vaste échelle de l’évolution de notre monde dans toute une série de domaines, au cours de ces 40 prochaines années. Le rapport «The Future» explique ainsi en quoi l’explosion de la demande pour des services «disponibles à tout moment, en tout lieu et sous toutes les formes», stimulée par des facteurs socio-économiques, va accélérer la transformation de ces secteurs clés. La technologie a été le moteur d’une grande partie de la convergence des économies mondiales. C’est elle qui a fourni le savoirfaire et l’accès aux marchés mondiaux. En pleine expansion, Internet atteint maintenant 1,7 milliard

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de personnes et peut-être cinq milliards d’internautes dans le monde entier, d’ici à 2050. Les matières brutes des technologies actuelles ne sont pas inépuisables. D’ici à 2017, on pourrait se retrouver à court d’indium utilisé dans les écrans à cristaux liquides, de même que d’hafnium, matière indispensable pour la prochaine génération de semi-conducteurs. La technologie donne naissance à de nouveaux modèles commerciaux et doit poursuivre son rôle perturbateur et stimulateur, au cours de ces prochaines décennies. Auparavant, les employés avaient accès aux meilleures technologies au travail, alors que désormais, la technologie dont ils disposent chez eux ou qu’ils tiennent dans leur main est vraisemblablement supérieure à celle de leurs employeurs. De plus en plus d’entreprises devraient donc songer à «externaliser» des technologies per-

sonnelles à leurs employés, en leur permettant d’utiliser leurs propres technologies mobiles au travail. Accès généralisé Pour la première fois, le taux d’adoption de la technologie mobile a dépassé celui de la technologie informatique de bureau, soulignant et rehaussant l’importance de notre présence sur Internet. Au cours de ces dix prochaines années, l’exercice va consister à donner un sens aux informations disponibles en masse sur Internet, et à choisir ses interlocuteurs. Internet aurait connu une croissance de 1.2 zettaoctets l’année dernière, soit 1.2 million de pétaoctets. Pour donner une comparaison encore plus parlante, cette quantité dépasse le contenu de tous les livres existant dans le monde entier, il y a à peine dix ans. La chute des coûts et des amé-


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77 Solutions bancaires Le commentaire

Nicolas Vezin CEO, Steria Suisse SA

Principales innovations en libre-service

liorations technologiques exponentielles vont permettre à beaucoup de personnes d’accéder à Internet, dans les pays en voie de développement. Ce phénomène ira de pair avec des ordinateurs portables disponibles pour seulement quelques dizaines de dollars, et une croissance explosive en termes d’utilisation de la bande passante mobile. Même certaines populations les plus reculées du globe auront accès à Internet. La montée en puissance des smartphones est un exemple de cette convergence. La croissance du marché a été rapide. Dans les années ayant suivi le lancement de l’iPhone, le marché mondial des smartphones a déjà dépassé celui des ordinateurs. En février 2011, IDC a annoncé que 101 millions de smartphones avaient été vendus au 4e trimestre 2010, contre 92 millions d’ordinateurs. Depuis lors, les envois de smartphones ont augmenté de 87% par an, contre seulement 3% pour les ordinateurs.

Le principe du «prêt-à-servir» De notre vivant, les services publics quotidiens évolueront vers des systèmes sophistiqués que nous ne pouvons aujourd’hui imaginer que sous forme de scénarios futuristes. Axées sur le principe du «prêt-à-servir» (convenience), les innovations commerciales de ces dernières années pénétreront de plus en plus les services publics, sous l’impulsion de nouveaux investissements destinés à améliorer les niveaux de vie des communautés du monde entier. Parmi les récentes innovations commerciales du concept de libre-service, citons le paiement de ses courses par téléphone portable, la géolocalisation des articles dans les points de vente, ou encore un réseau de bornes de recharge de véhicules électriques disponibles en Europe (Royaume-Uni, Allemagne, Suisse, Autriche et Espagne). Les avantages issus de ces innovations commerciales, à savoir plus de flexibilité, de libre-arbitre et de contrôle sur les conditions d’utili-

sation des services, pourraient bientôt être étendus aux domaines essentiels que sont la santé, l’éducation et la sécurité. Dans un monde axé sur le libre-service, le rôle des professionnels des services informatiques gagnera en importance. Ils devront veiller à ce que les projets de libre-service du secteur public fonctionnent, mais surtout satisfassent les intérêts des populations visées. Pour accélérer ce changement, il faudra échanger les meilleures pratiques à l’échelle internationale et s’inspirer notamment des marchés émergents, dont la capacité d’innovation est particulièrement stimulée par la mobilité. En 2020, les professionnels des services informatiques seront plus que jamais des intégrateurs de technologies, compte tenu de la prolifération incessante des plate-formes, terminaux et applications. La principale différence est constituée par le passage d’une logique d’applications commerciales à celle d’applications de service public. n Par Nicolas Vezin

La santé: les citoyens auront accès à des outils sophistiqués d’auto-diagnostic, améliorant la qualité des soins et éliminant les files d’attente chez le médecin. Les médecins et les chirurgiens pourront prononcer un diagnostic à distance par le moyen de la vidéo ou de la téléconférence, et rediriger instantanément les patients vers un spécialiste. Les applications de télémesure et de suivi à distance des habitants urbains permettront d’anticiper les difficultés potentielles de santé. L’éducation: des technologies d’enseignement et de certification en ligne seront lancées, permettant aux étudiants des pays émergents de suivre des formations à distance, à un prix raisonnable. L’émergence du libre-service se traduira par une plus grande convergence et la démocratisation de l’accès aux services, dans les sept grands pays en voie de développement. Internet aura largement remplacé les livres scolaires à l’école. La sécurité: les signatures numériques seront bientôt monnaie courante pour accéder aux documents ou aux zones restreintes du «cloud», et pour justifier de son identité. Les bâtiments du gouvernement seront équipés de systèmes d’accès à reconnaissance rétinienne. Les accès à très haut débit et les bases de données plus sécurisées faciliteront la collaboration étroite entre les forces de police, à l’échelle internationale. NV

@ nicolas.vezin@steria.ch BANQUE&FINANCE N°111 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011


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L’interview de Maryse Sautel

L’arbre à santÊ Soins alternatifs Maryse Sautel

route du Centre 37 1723 Marly Portable: 079 731 61 44 TĂŠlĂŠphone: 026 430 05 27

Depuis combien de temps exercĂŠ vous votre activitĂŠ? J’exerce l’activitĂŠ de naturopathe depuis l’annĂŠe 2004. J’ai commencĂŠ dans un petit studio louĂŠ Ă une amie, Ă Farvagny. En parallèle, je continuais ma formation auprès de l’Ecole de Soins Naturels Ă Genève, ainsi que d’autres techniques notamment l’EFT Ă Lausanne. Actuellement, pour des raisons pratiques, c’est Ă mon domicile que se trouve mon espace santĂŠ. Quel est votre parcours de vie? Je suis nĂŠe en France, Ă Lyon, oĂš j’ai obtenu le diplĂ´me d’Etat d’infirmière. Je suis arrivĂŠe en Suisse en 1990, en Argovie. J’ai eu l’occasion de faire une formation de cadre au WPI Ă Morschach et d’exercer depuis cette fonction. J’ai toujours pensĂŠ qu’on ĂŠtait acteur de sa propre vie et de sa santĂŠ, et ai eu l’opportunitĂŠ de le vĂŠrifier, ce qui m’a amenĂŠ Ă vouloir aller plus loin dans ce domaine et Ă me former. J’ai ainsi pu me former Ă la SantĂŠ par le Toucher, Ă Genève, et lorsque je me suis installĂŠe dans le Canton de Fribourg, j’ai commencĂŠ une formation de naturopathe, avec un stage avec AndrĂŠ Passebecq, en France, puis pour une formation

complète auprès de John Goetelen, Ă l’Ecole de Soins naturels. J’ai ĂŠgalement travaillĂŠ comme formatrice Ă l’HĂ´pital d’enfants Ă Bienne, et Ă Fribourg auprès de personnes handicapĂŠes. Exercez vous une autre activitĂŠ? Je suis actuellement responsable d’un Foyer pour Personnes handicapĂŠes, Ă temps partiel. Cette fonction est exigeante, et l’apport de mes connaissances dans le domaine de la santĂŠ et de la naturopathie m’aide personnellement Ă faire face au stress et aux difficultĂŠs liĂŠes Ă la gestion d’une ĂŠquipe. Comment peut-on grâce Ă vous rĂŠsoudre les tensions liĂŠes au surmenage? Il est nĂŠcessaire de savoir que la personne qui vient vers moi va devoir s’impliquer personnellement dans la rĂŠsolution de ses problèmes, il ne faut pas attendre des miracles‌ Les moyens utilisĂŠs sont simples mais pas simplistes, et passent par un recadrage des habitudes de vie, alimentaires notamment, par la gestion des ĂŠmotions, et ĂŠgalement par une dĂŠtente du corps. La naturopathie telle que je la pratique ressemble Ă

une commode Ă plusieurs tiroirs, contenant des plantes, des techniques de massage, relaxation, et mon rĂ´le consiste Ă ouvrir le bon tiroir pour la bonne personne. C’est un travail individualisĂŠ. Ce sont ces mĂŞme moyens que j’ai mis personnellement en Ĺ“uvre pour me remettre d’un ĂŠpuisement professionnel il y a quelques annĂŠes. Ce n’est pas seulement grâce Ă moi, mais par un travail en commun qu’une meilleure gestion des tensions pourra se mettre en place. Peut-on dire qu’il s’agisse d’une pratique de prĂŠvention des risques liĂŠs au stress? C’est effectivement une excellente pratique de prĂŠvention, qui va agir sur le bien ĂŞtre. Il faut toutefois savoir que c’est un travail qui demande un investissement personnel et en temps, car une sĂŠance ne suffira pas pour tout rĂŠgler. Il est important de savoir quand ouvrir un autre tiroir de la commode‌ Et soyez sĂťr qu’il n’est jamais trop tard pour agir, lorsqu’on en ressent le besoin.

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82 ( Insolite

Musée Guimet www.guimet.fr Maison de la culture du Japon www.mcjp.fr TGV www.tgv-lyria.com Découvertes www.pichonvoyageur.ch

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A Paris, mise en Seine asiatique

Par Bernard pichon Chroniqueur

Comme une invitation à prendre la vie par le bambou, la capitale fête ses communautés indienne, chinoise ou japonaise. Un véritable concentré d’Asie.

Calcutta dans le 18e Comme chaque année, la communauté hindoue a célébré Ganesh, le 28 août dernier, dans le Faubourg St-Denis. Incroyable procession autour de l’éléphantesque divinité, emmenée par des porteurs au physique de gourou, sous une pluie de… noix de coco. Leur coquille brisée symbolise l’illusion du monde, leur chair le Karma individuel, et l’eau l’ego humain. Tout au long du parcours, des offrandes bénies, des friandises et des boissons fraîches ont été joyeusement distribuées.

C

hinatown sur Seine? Oui, ça existe. Dans le triangle inscrit entre les avenues de Choisy et d’Ivry, même les enseignes des Mc Do s’affichent en idéogrammes. Mais ce n’est que le début des surprises. A travers d’autres arrondissements, on pourra méditer devant des statues bouddhiques, se régaler de porc aigredoux ou s’apaiser au cœur de rigoureux jardins nippons. Sait-on seulement qu’à l’ombre de la Tour Eiffel se nichent quelques-unes des plus prestigieuses vitrines asiatiques en Europe? Sur la rive droite d’abord, le raffiné Musée Guimet expose les rarissimes sculptures et statues de ses collections, de l’Afghanistan à la Corée. Au pied du pont Bir Hakeim, la cristalline Maison de la culture du Japon rassemble salles de cinéma, spectacles, séminaires et même un pavillon de cérémonie du thé, malheureusement accessible sur rendez-vous seulement. Au chapitre de l’art, il serait coupable de ne pas ajouter la magnifique demeure Cer-

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nuschi, remplie de jades, bronzes et autres céramiques précieuses, à deux pas du Parc Monceau. Repères insolites Curieuse vision que celle de véritables pagodes au détour d’un square bien parisien! Celle de la rue de Babylone est devenue un temple du 7e art, alors que sur l’autre rive, rue de Courcelles, subsiste une sorte de palais pékinois édifié durant les années folles, entichées d’orientalisme. Derrière ces murs, se trouve encore aujourd’hui une galerie d’antiquités asiatiques. A vos baguettes! A l’entrée des meilleurs restaurants chinois, dragons de pierre et lions sculptés repoussent les esprits maléfiques. On pourra donc y dîner tranquillement. Véritable institution au cœur du populaire quartier de Belleville, Le Président s’est fait une spécialité de noces et banquets. Avec un peu de chance, on y applaudira une mariée aux yeux bridés, posant en longue robe blanche vaporeuse sur le grand escalier. Dans le haut de gamme,

l’établissement de Fung Ching Chen, avec son étoile au Michelin, est sans doute l’un des meilleurs restaurants chinois de Paris, notamment pour son canard laqué. L’Inde et le Bangladesh ont investi le désuet Passage Brady (18e). Empruntez-le, et vous voilà transporté en plein sous-continent, quand une averse de mousson fait monter les odeurs mêlées de poussière, de pourriture, d’eau de rose, de santal et d’encens! On trouve dans ce périmètre méconnu de la plupart des Parisiens des coiffeurs comme à Bénarès, des commerces dignes de Bombay, et même un loueur de costume pour se déguiser en maharadjah, si besoin est. A noter: Jusqu’au 5 septembre, le Centre Pompidou présente Paris - Delhi Bombay, une exposition inédite qui invite à découvrir la société indienne contemporaine à travers les regards croisés d’artistes indiens et français, avec pour ambition de générer des échanges et de tisser des liens durables entre les deux cultures, les deux scènes artistiques. n


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( A table

@ www.pichonvoyageur.ch Par Bernard pichon Chroniqueur

Ce n’est pas l’abus d’alcool qui multiplie par deux ce que l’on retient d’une escale à l’une des meilleures adresses genevoises. Bon chic et bon goût.

Armel Bedouet, chef de l’Hôtel Royal Manotel

83

Le Groupe www.manotel.com Découvertes www.pichonvoyageur.ch

Le Duo, coups doubles au Royal

C

ela commence à la réception: «Côté Resto ou côté Bistro?»…Oui, l’Hôtel Royal Manotel (rue de Lausanne à Genève) offre le choix d’une cuisine raffinée servie dans un cadre feutré, ou alors les plats traditionnels de saison, déclinés dans une ambiance simplement conviviale. Entre les deux, le palais balance déjà. Quoi qu’il en soit, c’est le chef Armel Bedouet, qui vous régalera. Ce Breton inspiré par crustacés et poissons sauvages (dont il maîtrise parfaitement la cuisson) a fait ses classes à quelquesunes des meilleures enseignes françaises, dont le Chat botté. Au départ, l’offre genevoise a été supervisée par Bernard Loiseau. Patrick Bertron, le chef de Saulieu, a pris le relais. Sur la carte d’été, alternatives viande ou poisson avec le riz de veau croustillant façon nem, le râble de lapereau d’Auvergne, le homard du Maine, le bar des côtes vendéennes… entre autres délicatesses. Autre duo: comme chacun sait, c’est aussi l’harmonie entre le verre et l’assiette qui distingue l’excellence d’un restaurant. Si celui-là atteint le meilleur accord mets-vins sans trop charger l’addition, c’est notamment grâce

à son enomatic, un système permettant de multiplier les dégustations sans avoir à régler l’entier de la bouteille. A saluer un Grand Cru de Villette, vin blanc très aromatique, pêches de vigne-abricots, ayant trouvé un magnifique terroir sur les terrasses du Daley. Le couple gourmand Qui n’a jamais été déçu, au terme d’un repas pourtant bien tenu jusqu’au fromage, par un dessert insipide ou pâteux, façon cheesecake à la newyorkaise (sorry, amis américains!). Là encore, le concept du tandem fait merveille, puisque le chef peut compter sur la collaboration d’un pâtissier comme on en rêve, à la fois inventif, passionné et expert en légèreté. Tarte citron revisitée (tout un programme), sorbets subtilement parfumés et autre pêche pochée à la verveine fraîche. Ludovic Dagron aurait-il gardé la nostalgie de ses culottes courtes? La question semble légitime lorsqu’on apprend qu’en dehors de délices plus conventionnels – macarons, sablés, panna cotta – son imagination a généré des glaces à l’arôme de Bazooka (oui, le chewing-gum rose qui fait des

Changement de décors En dehors du Royal, le groupe Manotel aligne cinq autres hôtels contrastés. L’Epsom et l’Auteuil misent sur l’élégance contemporaine et le design, le Kipling invite au voyage, le Jade poursuit l’harmonie par le Feng Shui, et l’Edelweiss se veut chalet d’altitude. Toutes ces enseignes respectent la même charte environnementale, un engagement impliquant des aspects sociaux (gestion du personnel, parités salariales) et pratiques (maîtrise de l’énergie, techniques de nettoyage, traitement des déchets, etc.).

bulles), des fantaisies à base de fraises tagada et autre crème brûlée au Carambar. Il se souvient encore de la tête de clients surpris par l’effet en bouche d’un dessert dissimulant des Freezies, ces bonbons explosifs bien connus des mouflets. Fallait-il y voir un clin d’œil amusé à Ferran Adria, le redoutable tortionnaire des molécules et structures? n

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84 ( Volupté

Magiques Collectors Gérard VAHE Gérard Genève

@ info@gerard.ch

A

u début des années 2000, les Collectors, ces superbes boîtes manufacturées en bois, voyaient le jour. Désormais, il en existe en séries limitées, les rendant encore plus exclusifs et ouvrant de nouveaux horizons à l’univers du cigare. De l’amateur au collectionneur, chacun trouve son compte dans la gamme existante des Collectors, qu’ils soient signés par une seule grande manufacture ou offerts sous de multiples marques. Certains vont même les dénicher dans les maisons de vente aux enchères, à la recherche du produit unique. L’univers du luxe marié au rare fait très bon ménage, à l’image de Montecristo, Cohiba,

Romeo y Julietta, etc. Parmi ces coffrets, quelques-uns ont vu leur valeur «prendre l’ascenseur», car devenus introuvables! Les connaisseurs ont d’ailleurs bien compris leur potentiel, d’où leur intérêt grandissant à leur égard. Entre marketing et passion, leur présentation rejoint d’une certaine manière la conception des séries limitées ou régionales, de plus en plus présentes dans l’univers du cigare. Pour que les Collectors restent des produits uniques et attrayants, deux éléments-clés s’imposent: leur production limitée et leur qualité irréprochable. Il convient encore d’y ajouter une créativité constante, afin de donner à leurs propriétaires le plaisir de

découvrir à chaque fois une nouvelle histoire et d’accéder à une notion de rêve, que seul l’unique peut offrir. n


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85

( Dégustation

Sauvignon gris de Genève 2009

L

Romain Cellery Responsable de l’Ecole du Vin de Changins

@

e Sauvignon gris est un cépage peu répandu, issu d’une mutation naturelle du Sauvignon blanc. Tous deux font partie de la famille des cépages dits «aromatiques». A l’origine de la célèbre appellation Sancerre dans le Val-de-Loire, le Sauvignon a trouvé un terroir propice à son expression, au sein du vignoble genevois. Parmi sa gamme de vins en hommage à différentes personnalités genevoises, la Cave de Genève produit un Sauvi-

gnon gris intitulé «Le Savant». C’est Horace-Bénédict de Saussure, naturaliste, géologue et inventeur du XVIIIe siècle, qui a été choisi pour s’associer à ce cépage original, sans doute pour son esprit aventurier correspondant bien au style du vin. A la dégustation, la robe impressionne par sa couleur dorée et étincelante, mais c’est surtout au nez que l’on se laisse surprendre par une explosion de fruits exotiques, comme les fruits de la passion et la mangue.

En bouche, nous avons affaire à un vin gras et onctueux, qui offre une belle longueur sur des notes de citron vert. Une jolie réussite à déguster dans la fougue de sa jeunesse. Prix: 15,50 francs (départ cave). n A agender: si les papilles vous démangent, je vous donne rendez-vous le mercredi 28 septembre à 19h pour un After Oenologie entre passionnés, à l’Hôtel Royal de Genève (inscription et programme ci-dessous).

romain.cellery@eichangins.ch

e ré i so

e qu i un

vous convie à un After Œnologie exceptionnel! Rendez-vous le mercredi 28 septembre 2011, dès 18h30, à l’Hôtel Royal Manotel de Genève.

L

ors de cet After Œnologie de Banque & Finance, placé sous le signe du plaisir de la dégustation, nous vous proposons un voyage sensoriel à travers le nez des vins. Sous les conseils d’un œnologue, vous aurez ainsi l’occasion de vous exercer à reconnaître les arômes des vins et d’apprendre à décrire leur bouquet, de façon ludique et conviviale. Lors du dîner qui suivra la dégustation, vous pourrez apprécier les vins sélectionnés dans un contexte gastronomique visant à les accorder avec les mets.

Programme: 18h45:

Accueil par Roland Ray, éditeur Didier Planche, rédacteur en chef 19h-20h30: Cours d’œnologie et dégustation sur le thème «A la découverte des arômes du vin» avec le concours professionnel de Romain Cellery, Responsable de l’École du Vin à l’École d’Ingénieurs de Changins, Ingénieur Œnologue HES (support de cours remis à chaque participant) 20h30-22h30: Dîner gastronomique au Restaurant le Duo avec les vins dégustés Repas composé de 6 plats et 6 vins. Ou l’harmonie démontrée!

Par courriel: contact@banque-finance.ch Contact: Hilda Lindenmeyer Prix: CHF 275.– HOTEL

GROUP

GENEVA

Règlement: par virement bancaire (Hôtel Royal) avant le vendredi 23 septembre, les coordonnées bancaires vous seront envoyées par courriel avec la confirmation. N.B. *Uniquement les 15 premières inscriptions seront prises en compte, dans l’ordre d’arrivée.

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86 ( Complications & Mouvements

www.delacour.ch www.hublot.ch www.oceano.org

@ j.grandjean@banque-finance.ch Par Joël A. grandjean Journaliste

A l’heure du Rocher L’actualité horlogère se saupoudre de Principauté, mariage princier oblige. Les yeux du monde braqués sur Monaco méritaient quelque souveraine attention...

L

es marques horlogères suisses disposent déjà de sacrées tribunes à Monaco. Ulysse Nardin, au nom de son passé de chronométrier de marine, reprend depuis 2009, après Blancpain, le sponsoring principal du Monaco Yacht Show. Une expo flottante chère à Son Altesse sérénissime, le prince souverain Albert II de Monaco. Un Prince prêt à convoler, horlogèrement très courtisé, et déjà coutumier de l’un des concentrés créatifs les plus spectaculaires de la branche, la vente aux enchères bisan-

nuelle Only Watch. Initiée par Luc Pettavino, Président de l’Association Monégasque contre les Myopathies, ce dernier met à l’encan les pièces uniques d’une quarantaine de marques prestigieuses. Chacune rivalise d’ingéniosité et de poésie, et le concept caritatif trouve le moyen d’être généreux en retombées tant financières que médiatiques. Les prochains coups de marteau résonneront à l’Hôtel Hermitage le 23 septembre. Avant l’été déjà, plusieurs marques prenaient les devants et s’offraient quelque occasion d’approcher celui que les Monégasques appellent Monseigneur. deLaCour se jette à l’eau Astucieuse et sans jouer l’orgie de moyens, la marque deLaCour s’entiche amicalement de l’apnéiste Pierre Frolla

Opération Poséidon: Pierre Frolla, plonge en apnée à 100m dans la Baie de Monaco pour repêcher le drapeau du 69e Grand Prix F1. (G-dr). Pierre Koukjan, Directeur Artistique de deLaCour, Son Altesse sérénissime le prince souverain Albert II de Monaco, Pierre Frolla et Joël Bouzou de Peace & Sport. BANQUE&FINANCE N°111 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011

et s’invite dans l’opération Posseidon, dont les caméras héliportées et les présences princières ont généré leur lot de buzz. Tout commence lors de l’Open de Tennis 2011. Le drapeau à damier du 69 e Grand Prix de F1, circule dans les gradins des VIP, et s’offre aux autographes des célébrités présentes ou de passages. Le Prince régnant donne l’exemple, sa signature est rejointe par une nuée de peoples. Encre indélébile? Sans aucun doute, puisque ledit drapeau, appelé à couler dans la baie de Monaco par 100 mètres de fonds, puis à être repêché par le plongeur, allait se vendre au profit Peace And Sport. Du poignet aux lettres plutôt balèzes de sa combi, Pierre Frolla roulait aux couleurs de DeLaCour. Joli coup doublé de l’occasion de passer quelques heures de proximité avec une Sérénissime Altesse, entourée de neveux princiers et d’un halo de gentillesse.

Hublot entre en océanographie Jean-Claude Biver n’allait pas attendre bras ballants l’hypothétique carton d’invitation en provenance du Château. Il prenait les devants, au fil d’un de ces timings dont il a le secret. Embarquant à son bord une volée de journalistes, il faisait d’abord escale chez Zegg & Cerlati, son distributeur monégasque, pour faire admirer sa 2 Million Euros BB et ses plus de 140 carats, avant d’échouer à l’Institut Océanographique de Monaco. Là, c’est Son Altesse qui répondait à son invitation et à ses promesses de partenariats donateurs. Dans un aquarium géant, une naïade blonde – était-ce bien raisonnable à quelques coudées de l’engagement marital de son illustre hôte – baptisait l’Oceanographic 4000, un garde-temps capable d’étanchéité par 4000 mètres de profondeur. n

Lancement de Hublot à l’Institut Océanographique de Monaco. © Cyrille Margarit-Artman Agency


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88 ( Ma bibliothèque

@ o.habel@banque-finance.ch Par odile habel Journaliste

MAXIME MORAND DIRECTEUR DES RESSOURCES HUMAINES, LOMBARD ODIER DARIER HENTSCH «Je ne peux pas travailler où il n’y a pas de livres, c’est une sorte de confort moral», dit Maxime Morand. Sa bibliothèque accueille des livres de philosophie comme des B.D.

bio express Après des études en théologie à l’Université de

Banque & Finance: Le mot qui résume votre bibliothèque? Maxime Morand: Une phrase plutôt, une bibliothèque comme des couches géologiques de vie. B&F: Quel genre de lecteur êtesvous? MM: Un lecteur pluriel, besogneux, qui souligne, triture le livre. Je suis un lecteur joueur et gourmand. J’aime bien lire un Fred Vargas ou un John le Carré pour le plaisir, mais aussi de la poésie.

B&F: Votre bibliothèque idéale? MM: La mienne pour sa diversité. Il y a un vaste espace dédié à la spiritualité, mais elle comprend aussi des polars et des B.D. Je devrais du reste peut-être augmenter mes collections de B.D., même si j’ai déjà toutes celles de Cosey que j’aime beaucoup. B&F: Le livre qui a marqué votre jeunesse? MM: «Les chants» de Maldoror. Ce livre m’a fait comprendre qu’on pouvait avoir de beaux démons en soi.

Fribourg, Maxime Morand rejoint en 1986 le département des ressources humaines du Crédit Suisse. Il poursuit sa carrière à la direction générale de l’Union Bancaire Privée. En 2001, il rejoint Lombard Odier Darier Hentsch, où il est membre du management en charge des ressources humaines.

B&F: Où achetez-vous vos livres? MM: Ma femme est très Internet, alors je commande souvent sur les sites. Mais j’aime toujours aller dans les librairies. Je vais souvent en famille à la Fnac d’Annecy. Nous y passons deux heures et ensuite nous allons déjeuner dans un bon restaurant. A Paris, j’aime aller à la librairie José Corti, dans le 6e arrondissement. C’est presque un pèlerinage, puisque l’écrivain genevois y publiait ses livres. B&F: Comment rangez-vous votre bibliothèque? MM: Par thématique chronologique, soit mythologie, pré socratiques, poésie et ainsi de suite jusqu’aux livres anciens. J’ai rangé les dissidents théologiques qui sont séparés de la grande bibliothèque. J’ai créé mon propre enfer. Il y a deux ans, ma femme de ménage a voulu nettoyer la bibliothèque. Il m’a fallu cinq jours pour tout remettre en place! Je sais exactement où sont les livres.

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B&F: Celui que vous relisez jusqu’à le connaître par cœur? MM: «Le petit pré» de la poétesse romande Anne Perrier. Elle a l’art de rendre la mort belle et douce, à travers ses écrits. B&F: Celui dont vous n’avez jamais dépassé la 20e page? MM: «L’homme sans qualités» de Robert Musil. Je sais exactement où se trouvent les trois volumes dans ma bibliothèque, et je les regarde avec culpabilité. J’avoue que ce livre m’ennuie. Avec l’âge et l’expérience, je constate que c’est le cas pour de plus en plus d’ouvrages, ce qui m’incite à une certaine diététique de la lecture. Je privilégie la densité plutôt que la boulimie de livres. B&F: L’écrivain avec qui vous voudriez refaire le monde? MM: Philippe Sollers, dont j’adore les écrits sur Nietzsche et les femmes. Je suis conscient de sa légèreté, mais il est drôle et ses idées sont originales.

Du reste, j’ai peint son portrait et j’aurais beaucoup de plaisir à le lui offrir. Je discuterais aussi volontiers avec Philippe Bouvard, dont je ne rate jamais la chronique dans Le Figaro. C’est humain, amusant et décalé. Philippe Sollers et Philippe Bouvard sont beaucoup plus profonds qu’ils en ont l’air. B&F: Le livre que vous offrez spontanément à un ami? MM: «Négociations sensibles» de Georges Kohlrieser, ancien psychologue auprès de la police américaine, et spécialiste des négociations lors de prise d’otages. Dans ce livre, il traite de son expérience du leadership. J’offre cet ouvrage à des personnes qui peuvent s’en nourrir. n

Dernier livre lu «La Philosophie comme exercice» de François Gachoud, que je connais bien pour avoir publié avec lui l’ouvrage «Prêtres, et après». Je trouve son livre clair et lumineux. Il s’adresse à une personne voulant faire une philosophie sur elle-même. Ce livre m’invite à accepter mes ignorances, et à me déposséder de mes certitudes. C’est avouer que l’on ne sait rien pour devenir sage.


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90 ( Dites-moi que j’ai tort

@ gdf@worldcom.ch Par Gérald de Filippis Chroniqueur

L’Indigné indigne…

L

e succès de l’ouvrage Indignez-vous de Stéphane Hessel constitue un signe avant coureur de cette volupté annonciatrice des fins de monde, que l’humanité a déjà connue de nombreuses fois. L’auteur, un berlinois né en 17, diplomate, militant, combattant de la France libre et déporté à Buchenwald, a été secrétaire de la Commission ayant élaboré la Déclaration universelle des droits de l’homme. Son opuscule de trente pages s’est déjà vendu à plus d’un million d’exemplaires en France et fait l’objet de plus de 60 traductions. Un véritable raz-de-marée qui nous invite à nous indigner, en faisant très attention à ne pas nous indigner de nos comportements personnels, mais

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surtout et avant tout de ceux des autres. Oui, Jean-Paul Sartre avait raison, l’enfer c’est vraiment les autres… Donc, indignons-nous des autres, car pendant ce temps, chacun peut continuer ses petits arrangements avec sa conscience et entretenir bien sagement ses jouissances personnelles. Indignons-nous, parce que les autres nous volent l’espoir de pouvoir continuer de savourer nos éphémères contentements, qui rendent notre quotidien aseptisé plus supportable. Certaines politiques ont lessivé des millions d’Américains, en leur faisant croire qu’ils allaient accéder à la propriété. D’autres ont essoré des millions d’Européens, en leur faisant miroiter que la mise en commun de leurs ignorances respectives était le meilleur garant de leur prospérité personnelle. Quand on est c…, on est c… chantait Brassens. Quel philosophe… Le blanchiment de conscience proposé par Hessel, c’est donc l’indignation. Quel beau programme. Indignons-nous, mais surtout ne changeons rien à nos habitudes. Bien au contraire, renforçons-les au nom du mythe de la liberté individuelle. Enfilons le costume de l’indigné, comme on enfile celui du cocu dans les comédies de boulevard. Défilons ensuite en scandant des slogans qui nous font plaisir, mais permettent surtout de ne pas nous remettre en question. Le plus intéressant, c’est que notre Zorro de salon évite soigneusement de nous parler d’une chose essentielle: s’il a œuvré en tant que secrétaire lors de la rédaction de

la Déclaration universelle des droits de l’homme, pourquoi ne s’est-il pas indigné à l’époque de l’ignominie à laquelle il participait? Et les devoirs? Mais ce jour là, notre Stéphane était certainement aux indignés absents. Car il a complètement négligé que des devoirs doivent être associés aux droits, pour assurer la survie de ces derniers. En oubliant que des droits sans devoirs ne mènent à rien, il a ainsi contribué à tuer dans l’œuf ce qui aurait pu bouleverser positivement les rapports humains. Facile ensuite de venir nous donner des leçons, alors qu’il n’a pas pipé mot lorsque le moment était propice, afin de nous éviter un tel présent. A l’image de ceux qu’il dénonce, notre résistant résiste en fait là où çà l’arrange, et empêche dès lors l’un des plus beaux combats que l’homme pourrait mener contre luimême. En détournant l’attention de l’essentiel, il renforce ce que justement il veut nous faire croire qu’il combat. Dites-moi que j’ai tort. n


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92 ( Coup de cœur, coup de griffe COUP DE CŒUR

@ f.bonavita@banque-finance.ch

Les banques en ligne font un carton

Par Fabio bonavita Journaliste

C’

est l'histoire d'une révolution réalisée en douceur. Avec l’avènement d'Internet dans les foyers, les banques ont commencé à proposer quelques services en ligne. Face à leur succès (80% des clients utilisent l'une des fonctions sur le web), l'idée de développer des établissements bancaires entièrement virtuels a vu le jour. Et les avantages sont indéniables pour les clients. En effet, les tarifs sont avantageux, car les frais de fonctionnement de ces organismes sont bien inférieurs à un établissement traditionnel. De petits locaux, moins de personnel. L'autre

avantage de la banque en ligne, et pas des moindres, c'est la rapidité d'exécution des opérations. Ces dernières peuvent entièrement être réalisées en quelques clics de souris. Plus de déplacement, plus de queue à l'entrée, tout est effectué sur la Toile. Cela peut paraître déconcertant pour certains usagers, car l'interlocuteur physique n'existe plus. évidemment, on peut appeler son conseiller et même discuter avec lui par webcams interposées, mais le rapport est différent. D'autres bémols existent comme la sécurité des opérations virtuelles. Il faut que la banque en ligne soit suffisamment armée pour éviter toute

attaque. Ce qui n'est pas évident, car ces établissements virtuels disposent souvent de moyens moins importants que les grandes enseignes. L'essentiel est donc de bien choisir sa banque en ligne. Car cette dernière doit être dotée de réserves suffisantes en cas de crise et surtout, là réside l'essentiel, d'une garantie bancaire à la hauteur des grands établissements (en général 100'000 francs par compte en Suisse). Faute de quoi, votre compte virtuel risque de vous procurer des soucis bien réels. n

COUP DE GRIFFE

Des systèmes perméables à souhait

C’

Tout a commencé avec l'attaque non revendiquée des serveurs de Sony et de son Playstation Network, la plate-forme de jeu en réseau du géant japonais. En quelques minutes, 77 millions d'utilisateurs se retrouvaient bloqués. Des données confidentielles ont été volées et des comptes piratés. Une bérézina pour la société, une colère mondiale chez les joueurs et internautes. Citigroup, la banque américaine, a subi le même style d'intrusion. Et les conséquences sont énormes. Pas moins de 360'000 comptes sont concernés. Les pirates ont pu consulter les données des clients et certainement effectuer quelques transferts malhonnêtes. Même si la banque a réagi en annonçant avoir remplacé les cartes de paiement de 217'657 de ses comptes clients, les autres n'ayant pas reçu de nouvelles

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cartes, car leur compte ont été fermés ou parce qu'ils avaient déjà reçu de nouvelles cartes pour d'autres raisons. Il semblerait que ces attaques massives se poursuivent à une vitesse encore jamais atteinte auparavant. Le groupe japonais Sega, le FMI, le Sénat américain, la police britannique, toutes les institutions symboliques semblent y passer. Le concept même de mise en réseau des données est sérieusement ébranlé. Auparavant, les hackers se contentaient de cibles de moindre importance et rataient leurs attaques contre les grands groupes. Les tentatives envers Microsoft ou Yahoo ! étaient restées infructueuses. Les organisations pirates semblent avoir sérieusement amélioré leur efficacité et le retentissement de leurs attaques est mondial. Il s'agit d'une guerre nouvelle qui alarme les gouvernements du monde et les oblige à revoir leur

stratégie de défense numérique. Les Etats-Unis n'ont pas tardé à réagir en affirmant qu'un sabotage informatique en provenance d'un autre pays pourrait désormais s'apparenter à un acte de guerre. Et que des ripostes pourront donc avoir lieu avec les armes. Mais avant d'imaginer des bombardements sur la Russie suite à une cyberguerre, il faut surtout se poser la question de la sécurité des installations informatiques. Quand de grands groupes proposent des défenses dignes d'un gruyère géant, on est en droit de se poser des questions. Surtout que les premières victimes, ce sont les consommateurs. C'est toute la chaîne de confiance qui se retrouve brisée. Pour le plus grand bonheur de quelques hackers sans revendication, si ce n'est celle qui consiste à aligner les trophées de piraterie. Désolant. n


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94 ( Le Banquier tombe la veste

@

d.planche@banque-finance.ch

Par didier planche

Jean-Michel Clerc Vivre son authenticité Même s’il fraye avec les grandes fortunes et vit les fastes des soirées mondaines dans les palaces d’ici et d’ailleurs, le banquier privé Jean-Michel Clerc a su rester humble et authentique. Il faut dire que sa passion ne l’autorise pas à tricher avec lui-même...

Parcours express 1972-1995: UBS (Zurich, Monthey, Martigny), Service comptabilité interne et étrangère, analyste de crédits, responsable du Service crédits, responsable du Département commercial et crédits 1996-2001: Rentenanstalt Swiss Life (Martigny, Montreux), agent général Depuis 2001: Banque Julius Baer & Cie SA (Lausanne), responsable du développement de la clientèle on-shore, membre de la direction

C

ette passion, le quinquagénaire Jean-Michel Clerc la côtoie depuis ses plus tendres années, puis à l’adolescence et toujours à l’âge adulte. Non, elle n’est pas une créature aux formes généreuses qui l’aurait appâté sensuellement, pour mieux le reclure dans la concupiscence de la chair. Pourtant, ses charmes s’avèrent vraiment irrésistibles, son halo de mystères littéralement envoûtant, et lorsque l’on y goûte, elle vous engloutit telle la mante religieuse dévore son malheureux époux. Mais oui, sachant que vous n’avez pas l’esprit mal tourné..., vous avez bien compris qu’il s’agit plus honnêtement de la montagne, et de tous les plaisirs qu’elle procure à qui sait l’apprécier, et la respecter. Pour ce Valaisan pure souche domicilié à Fully, elle est devenue sa seconde nature, celle qui lui permet de surmonter les aléas et autres écueils de l’existence que rencontre tout un chacun, puis d’en sortir renforcé. Mais surtout, elle lui a appris à préserver son authenticité, laquelle fait défaut à tant de quidams. «Me trouver en montagne et y admirer la nature, tout en laissant mes réflexions guider mes pas, me procure invariablement une intense joie intérieure, et

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me ressource jusque dans mes entrailles. Ma marche hebdomadaire de deux à sept heures sur les sommets ou les crêtes m’enseigne à faire preuve de pragmatisme, autrement dit à prendre la bonne décision au bon moment, et à garder les pieds sur terre. En montage, il est en effet plus que recommandé d’apprendre à connaître ses limites et à savoir renoncer, au risque d’en payer chèrement les conséquences dans le cas contraire, et même d’y laisser sa vie. Cette sagesse toute montagnarde, qui exige de rester humble et authentique, m’est bien sûr fort utile dans l’exercice de ma profession, en particulier lorsqu’il faut dire fermement non à un client suggérant un investissement hasardeux, par exemple, ou quand un placement frôle la zone rouge», confie Jean-Michel Clerc, qui se serait bien vu accompagnateur de courses de montagne, si la destinée ne l’avait pas conduit vers le monde bancaire. Mais sa future vie de retraité l’attend déjà dans les Alpes valaisannes, les contreforts du Népal, et même les chemins de Compostelle. Cette soif d’authenticité, à laquelle il lie le sens de l’amitié, du partage et de l’engagement au service de la communauté, Jean-Michel Clerc les retrouve également au Rotary-Club de

Martigny, où il occupe la fonction d’ancien président. De même qu’en politique, et oui c’est possible, puisque notre banquier fonctionne comme chef de campagne du Parti libéral-radical de Martigny. Le don de soi, naturellement, Jean-Michel Clerc le respire aussi au plus profond de son être. n

© Photo: Christian Bonzon


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96 CONTRIBUTEURS & PERSONNES CITÉES

Directeur de la publication et Rédacteur en chef: Didier Planche Rédaction: Odile Habel (Vie privée), Dorothée Thénot (Opérationnel), Marc Barbezat (Opérationnel), Fabio Bonavita (Opérationnel, Vie privée), Romain Cellery (Vie privée), Cyril Demaria (Zurich, Temps forts), Mohammad Farrokh (Tempsforts, Opérationnel), Gérald de Filippis (Vie privée), Joël Grandjean (Vie privée), Christophe Lamps (Opérationnel), Bernard Pichon (Vie privée), Michel Reymondin (Investir Art), Christophe Roulet (Opérationnel), Gérard Vahé (Vie privée), Tanguy Verhoosel (Bruxelles, Temps forts) Edition: Promoédition SA Editeur délégué: Roland Ray Production: Maryse Avidor Secrétariat de rédaction: Fabio Bonavita, responsable Design & Infographie: Dominique Berthet Photographie: Christian Bonzon Impression: Atar Roto Presse SA www.banque-finance.ch Rédaction et administration: Banque&Finance 35, rue des Bains Case postale 5615 1211 Genève 11 Tel. +41 22 809 94 60 Fax +41 22 781 14 14 E-mail: info@ banque-finance.ch Publicité: Médiapresse Pub SA 3, rue de la Vigie 1001 Lausanne Tel. +41 21 321 30 77 Fax +41 21 321 30 69 Responsable: Roye Yarden Pages Partenaires Promoguide SA Ruchligweg 101 - CP 52 4125 Riehen-Basel 2 Tél. + 41 61 606 50 20 Fax + 41 61 606 50 29 Responsable: Lila Maalem Abonnements: E-mail: abo@banque-finance.ch CCP: 12-17931-5 1 an d’abonnement (6 numéros) CHF 60.2 ans d’abonnement (12 numéros) CHF 90.Banque&Finance paraît six fois par an et publie un numéro hors-série © Promoédition SA, Genève - 2011

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A Ferran Adria 83 Reza Afshar 10, 11 Albert II de Monaco 86 John Armitage 18 Patrick Artus 18 Laurent Ashenden 18 B Marc Barbezat Sylvie Becker Armel Bedouet Nicole Beiner Patrick Bertron Jean-Claude Biver Jérémy Blimbaum Christophe Blocher Christian Bodmer Chantal Bourquin Peter Brabeck Marc Brodard Thomas Brotzer Daniel Buren C Peter Casanova Romain Cellery Thomas Clément Jean-Michel Clerc Patrick Combes Fabrice Cuchet

71 73 83 69 83 86 20 18 73 13 66 72 38 67

73 85 18 94 60, 61 64

D Ludovic Dagron Cédric Daras Michael Dell Jean-Yves De Both Jean-Claude Dufournet F Thierry Fauchier-Magnan Luc Frieden Howard Friend Pierre Frolla David Fusi

83 72 66 34 69

72 22 42 86 73

ENTREPRISES CITÉES

Eric Le Coz Jürg Legler Paul-Henri Levin Bernard Loiseau Christian Lüscher

73 72 26 83 17

M Claude-Alain Margelisch Maxime Morand Igor Moser Alexandre Mouthon

6-9 88 20 52

N Stephan Nänny Ulysse Nardin

72 86

O Charles A. O’Reilly Patrick Odier Natacha Onawelho-Loren P Michael Perler Luc Pettavino Nicolas Pictet Lionel Pilloud

66 18 72

18 86 13, 18 48

R David Rey 74, 75 Michel Reymondin 57 Philippe Ruedin 31 S Arev Salamolard-Yildiz Achim Schmitt Algirdas Semeta Jérôme Sicard Sophie Swaton

75 66 22 19 70

T Luc Thévenoz Michael L. Tushman

68 66

V Gérard Vahé Marc Vaslin Nicolas Vezin Camille Vial

84 62 76 72

G Olivier Gauderon Alexandre Gauthier-Jaques Alfredo Gysi

58, 59 67

H Stéphane Hessel Andreas Höfert

90 18

W Christopher Wasserman 14 Simon Wilson 61 Raoul Oliver Wuergler 36 Franz Würth 20

J Steve Jobs

66

Y Yun Jong Yong

L Lionel Lafeuille Christophe Lamps

73 67

8, 31

66

Z Jean-Baptiste Zufferey 18

B Banque CIC 73 Banque Vontobel 48 BCGE 73, 74, 75 Blancpain 86 BNP Paribas 60 Bonhôte & Cie SA 72 C Caisse d’Epargne Riviera 58 Carmignac Gestion 73 Citigroup 60, 72, 92 Compagnie Financière Tradition 60 Crédit Suisse 20, 60, 72 D deLaCour Dexia Asset Management Dynamics Group E Ernst & Young European investor relations G Goldman Sachs Google

86 64 67 38 18, 19 60 71

H HSBC 60, 72 Hublot 86 Hyposwiss Private Bank 72 I Investec Trust Switzerland J Juggers Sécurité SA K KPMG

L Lombard Odier Darier Hentsch

88

M Groupe Manotel Mercer MIG BANK Mirabaud & Cie Microsoft Morgan Stanley

83 73 42 72 92 60

N Nomura

60

O Orion Financial Partners 46 P Pentagram SA Profil de Gestion SA

52 73

R Rabobank 20 Reyl Asset Management 72 Royal Bank of Scotland 60 S Sarasin & Cie SA 73 Sega 92 SFM Corporate Services 10 Société Générale 60 Sony 92 Steria Suisse SA 77 U UBS

17, 20, 32, 59, 60, 73, 94

72 W Willow Services 75 26 Y Yahoo!

92

31

ANNONCEURS AD Galerie 59 Axiom 61 Carshield Léman 78 Cerutti et Giannasi 80 CF Création 78 Citco Founds Advisors 30 Deloitte SA 15 Devillard 53-56 Eri Bancaire SA 4 Esther Keller 79 FIL Investments International 23 Finance Summit 93 Finnova 33 Gambit Financial Solutions SA 12 Gerifonds 28 Gonet & Cie 21 High-Tech Bridge 43 Idéal Gestion C4

L’information financière et bancaire sur www.banque-finance.ch avec B3B Partenaire de Banque&Finance, le site www.b3b.ch vous propose un accès simple et rapide aux faits marquants de l’actualité ainsi qu’aux nouvelles tendances. b3b est une cellule de veille stratégique et d’intelligence économique également accessible sur Twitter et Facebook.

Invest 40 iShares 2 Jet Fin Russie 95 Kalis 80 Karting Vuiteboeuf 81 KPMG C2 L’Arbre à santé 78 Manotel 91 Michael Page 72 Mirelis Invest Trust SA 16 MIT 47 New Access C3 Reyl & Cie SA 27 Salon des RH 89 Scoatch Schweiz AG 37 Sofgen Save Tax SA 65 Sungard SA 25 Swisstarget 63 VIP Services 79


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