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BANQUE & FINANCE

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BANQUE &

FINANCE LE MAGAZINE DE LA PLACE FINANCIERE SUISSE

N°112

Novembre/décembre 2011

CHF 12.- / 8€

Rodolphe Hottinger CEO de La Compagnie Financière Rodolphe Hottinger

De Bruxelles Philippe Kenel, l’Europe dans la peau Dossier Assurance Les effets du FATCA Droit & Fiscalité Le KIID au service des investisseurs

Rodolphe Hottinger

Le défi américain


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1 L’édito

DIDIER PLANCHE Directeur de la publication & rédacteur en chef

@ d.planche@banque-finance.ch

Ineptie

T

oujours à l’affût d’une gesticulation à caractère égocentrique, le président français Nicolas Sarkozy se fait le chantre de la taxe (altermondialiste...) Tobin, avec l’appui de José Manuel Barroso, président sans envergure ni charisme de la Commission européenne. Le monarque bientôt déchu de l’Hexagone souhaiterait y astreindre tous les Etats membres de l’UE, dès 2014. Contrairement à la taxe Tobin d’origine, serpent de mer cacochyme imaginé en 1972 par le prix Nobel d’économie James Tobin, qui prévoyait un impôt réservé aux activités financières spéculatives, sa nouvelle version s’appliquerait à toutes les transactions entre les banques, bourses, sociétés financières, compagnies d’assurance, hedge funds, etc., effectuées sur les marchés réglementés et de gré à gré. Les taux projetés seraient de 0,1% sur les actions et les obligations, et de 0,01% sur les produits dérivés et structurés, avec la possibilité pour chaque pays de l’UE de rehausser ensuite ces minima... L’hybride Tobin interviendrait dès qu’une enseigne bancaire ou financière établie dans l’UE participerait à une transaction dans la zone précitée, mais aussi à l’extérieur si ladite enseigne est européenne, afin de réduire les risques de délocalisation des transactions. En revanche, cette taxe ne concernerait ni la levée de fonds par l’émission d’actions ou d’obligations, ni les transactions des banques centrales et celles émanant des entreprises et des particuliers. Enfin, si originellement, la taxe Tobin visait à lever des capitaux pour soutenir les économies et surtout les populations des pays en voie de développement, un idéal respectable, elle se limiterait sous sa nouvelle forme à alimenter le budget global de l’UE en piteux état, une triste réalité, grâce à des recettes estimées à plus d’une cinquantaine de milliards d’euros par an. Ce projet de taxe, façon toute sarkozienne, constitue une ineptie pur sucre. Heureusement, sa mise oeuvre vacille déjà,

car la Grande-Bretagne, bille en tête, a annoncé qu’elle la refusera, ne voulant aucunement nuire à sa compétitivité, autrement dit scier la branche sur laquelle elle est confortablement assise. Une grande partie des ministres des Finances du G20 l’ont aussi rejetée massivement, lors de leur réunion du 15 octobre. Dans ces conditions, la taxe ne s’appliquerait plus qu’aux établissements bancaires et financiers des pays de la zone euro. Et d’une. Ensuite, quel naïf crétin pourrait imaginer que ces derniers s’exécuteraient sans broncher, simplement pour faire plaisir à leurs autorités gouvernementales respectives s’illustrant par leur incompétence en matière de gestion, surtout que le reste du monde ne subirait pas les préjudices de cette taxe insensée? De fait et c’est logique, les capitaux prendraient le chemin des places financières asiatiques et américaine, notamment, afin d’y réaliser en toute quiétude les transactions voulues. Et puis les banques et autres instituts financiers n’hésiteraient pas une seconde à recourir à la moindre faille juridique pour contourner ce joug fiscal. Et de deux. Sans parler du départ de la zone euro, presque inéluctable, des filiales de banques étrangères. Autant de valeur ajoutée et d’emplois en moins. Et de trois. Et la Suisse, si cette taxe hallucinante venait à être appliquée, comment tirait-elle son épingle du jeu en tant que non membre de l’UE? Et bien elle connaîtrait, elle aussi, un afflux de capitaux, à la plus grande joie des banquiers et autres gestionnaires. Selon certains acteurs financiers avertis, l’application de cette taxe pourrait même amener le gouvernement fédéral à enfin (!) supprimer le droit de timbre, qui constitue à sa manière un impôt sur les transactions et plus encore, un désavantage concurrentiel fort gênant. Plus les Européens commettent de bévues, plus la Suisse progresse en se frottant les mains! Qui s’en plaindra? n

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3 Sommaire

8

L’invité

8

RoDoLPhE hoTTinGER Le défi américain

n 112

Temps forts

°

12

DéCRYPTAGE

Avoirs de prévoyance britanniques

Novembre-Décembre 2011

15

LA PARoLE EsT à...

Blaise Goetschin Finance publique: un fleuve tranquille?

16

Retrouvez votre magazine sur le web www.banque-finance.ch

En TouTE LibERTé

Stéphane Genilloud Au-delà de la dette...

Photos de Une: © Christian Bonzon

17

A LA TRibunE

Sylvie Perrinjaquet Suisse=intersection linguistique

BANQUE &

18

FINANCE

ACTuALiTé

Métier du courtage Un des plus vieux du monde... avec l’autre

20

LE MAGAZINE DE LA PLACE FINANCIERE SUISSE

DE zuRiCh

Crowdfunding: masses sages ou faibles?

15

Sous la loupe INCONTOURNABLES HEDGE FUNDS

.

29 EXChAnGE TRADED FunDs

10

Dans une zone de turbulences

32 GEsTion ALTERnATiVE Vers une plus grande transparence des hedge funds

34 hEDGE FunDs Leur quiproquo en question

36 ALTERnATiVE D’inVEsTissEMEnT Budget de risque fixe ou allocation fixe?

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5 Sommaire . 21

DE bRuXELLEs

L’Europe dans la peau

Innovations opportunes

22

LE DEssous DEs CARTEs

64

63

PRoTECTion JuRiDiQuE

AssuRER L’ART

Syrie: les contradictions de l’Occident

Opérationnel 24

si J’éTAis bAnQuiER

Francis Guillaume Défendre les vraies valeurs

66

inDusTRiE DEs FonDs

Le KIID au service des investisseurs

Investir

68

FisCALiTé iMMobiLièRE

Prendre son mal en patience

40

ACTions

Déceler les pépites cachées

41

DEVisEs

Poursuite du rallye de l’USD

42

REPèREs

innoVATions

FinAnCE éThiQuE

Le nouveau paradigme de l’impact investing

48

LiRE

Découvrez les ouvrages indispensables de cette fin d’année

82

MA bibLioThèQuE

Bruno Desgardins «Je privilégie les grands classiques.»

93 DiTEs-Moi QuE J’Ai ToRT Les futurs possibles...

sAVoiR

94

CouP DE CœuR CouP DE GRiFFE

86

94

insoLiTE

Panama, bien davantage qu’un canal et des banques!

noRMEs & RéGuLATion

DiRiGER

Au cœur de l’entreprise Les comportements humains prévalent

74

92

Le Securities Lending and Borrowing

Vie privée 88

DéGusTATion

La Syrah 2009 de Marie-Bernard Gilloz Praz

sE PERFECTionnER

Critères ESG Le rôle du directeur financier impacté

95

LE bAnQuiER ToMbE LA VEsTE

Un vent d’idées cadeaux

Pierre Christ Une nouvelle vie au service d’autrui

91

96

89

Combiner les fonds UCITS avec les hedge funds!

46

noMinATions & PRoMoTions

80

Un nouveau concept de surveillance des banques

72

Les tendances en partenariat avec Morningstar

44

70

78

VoLuPTé

CoMPLiCATions & MouVEMEnTs

inDEX

Grignoteurs de bonus

77

bAnQuE & inTERnET

Réinventer le paiement grâce au mobile

PRiVATE EQuiTY

Un mariage de valeurs avec le luxe

50

76

ART

Bourse-art, même topo?

51

Communiquer

CoCKTAiL Du GéRAnT

«Value» toujours et encore!

L’illusion du 360°! Les codes de la communication et du marketing sont souvent comme la mode: ils se font et se défont au gré des tendances, sans que le contenu de la boutique corresponde forcément à ce qui brille en vitrine. La communication à 360° en est un bel exemple!

ASSURANCES 54

FATCA

Ses effets sur le secteur suisse de l’assurance

57

GoLDEn CARE

Stratégies innovantes dans la couverture des soins

58

sTRATéGiEs DE PLACEMEnT

L’attrait des stratégies alternatives

60

GEsTion PoRTEFEuiLLE

Des actifs sous haute surveillance

L’information financière et bancaire sur www.banque-finance.ch avec B3B Partenaire de Banque&Finance, le site www.b3b.ch vous propose un accès simple et rapide aux faits marquants de l’actualité ainsi qu’aux nouvelles tendances. b3b est une cellule de veille stratégique et d’intelligence économique également accessible sur Twitter et Facebook.

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Avant de rejoindre le groupe bancaire éponyme en Suisse, Rodolphe Hottinger (1956), issu d’une dynastie de banquiers qui compte sept générations, s’est formé dans des institutions financières aussi prestigieuses que Coutts & Co à Londres, Baring Brothers en Asie, de même que Brown Brothers Harriman, Kidder Peabody et Chemical Bank à New York. Rodolphe Hottinger a ensuite participé à de nombreuses créations, en particulier dans le domaine du courtage financier et des fonds d’investissement, puis a dirigé le groupe bancaire familial pendant plus de vingt ans. En 2010, il a créé la Compagnie Financière Rodolphe Hottinger, qu’il dirige aujourd’hui depuis Genève. Parmi ses nombreux mandats, Rodolphe Hottinger est notamment membre du conseil d’administration d’Axa Winterthur et de Petrolin SA.

Parcours express

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9 L’invité

RODOLPHE HOTTINGER CEO DE LA COMPAGNIE FINANCIÈRE RODOLPHE HOTTINGER

Le défi américain Banquier confirmé s’il en est, Rodolphe Hottinger se définit surtout comme un entrepreneur. D’ailleurs, il vient encore de démontrer sa fibre entrepreneuriale en créant, à Genève, la Compagnie Financière éponyme qui est en phase finale d’une demande d’agrément en tant que négociant en valeurs mobilières. L’établissement sera actif dans le wealth management pour une clientèle fortunée d’Américains, Rodolphe Hottinger étant un spécialiste des Etats-Unis, mais aussi d’Européens, tous obligatoirement en situation de conformité fiscale. Ce défi n’effraie nullement Rodolphe Hottinger, qui a été formé à la bonne école par son grand-père et son père. Banque & Finance: Rodolphe Hottinger, vous représentez la septième génération d’une famille de banquiers d’origine suisse. Je crois savoir que votre grand-père, le Baron Rodolphe, a fortement marqué votre esprit de son empreinte. Quels enseignements vous a-t-il donc transmis? Rodolphe Hottinger: Mon grand-père était effectivement un homme d’exception qui, sur le plan professionnel, a entre autres présidé l’Association française des banques, pendant 37 ans, et la Chambre de commerce international, en plus d’être banquier au quotidien. A titre personnel, il m’a communiqué, ainsi que mon père, le sens des valeurs humaines, le respect du client, le bon sens et le pragmatisme dans les affaires, la volonté de bien faire, la prudence dans les décisions, ainsi que la force de caractère pour surmonter les obstacles et réussir des défis, autrement dit toutes les qualités essentielles pour devenir un banquier digne de ce nom.

Rodolphe Hottinger et son grand-père

B&F: Pendant plus de vingt ans, vous avez dirigé le groupe bancaire Hottinger. Que comptez-vous à votre actif, en termes de réalisations? R.H.: En 1982, alors âgé de vingt-cinq ans, j’ai créé pour le groupe Hottinger une charge d’agents de change à New York, Hottinger Brother’s, qui était membre de la National Association of Securities Dealers. Cinq ans plus tard, j’ai fondé avec notre équipe new-yorkaise le Swiss Helvetia Fund qui investis-

sait uniquement dans les actions suisses. A l’époque, il était le plus grand fond de placement en actions helvétiques en dehors de Suisse, puisqu’il avait levé 120 millions de dollars. Ce fond fermé coté à New-York a connu un réel succès grâce à des performances remarquables, puis a décroché en 2009 comme l’ensemble des actifs des marchés financiers mondiaux. J’ai ensuite rejoint la Banque Hottinger à Zurich et, en 1990, j’ai repris ses rênes comme CEO et associé indéfiniment responsable. S’en est alors suivie toute une série d’ouvertures d’enseignes financières, notamment en Suisse et à l’international. Ce développement reposait sur un concept de partenariats stratégiques avec des gestionnaires de renom et de qualité, qui étaient associés à hauteur de 49% dans des sociétés affiliées au groupe Hottinger. Ce concept, qui me paraît toujours efficient, permettait d’offrir un service et des prestations de haut niveau à la clientèle. Je vais y recourir dans ma nouvelle société, mais en l’adaptant aux donnes actuelles des marchés financiers. B&F: A la fin de l’année 2009, vous avez quitté le groupe familial à cause d’une mésentente avec vos frères et cousins, due à des divergences en matière stratégique. Quelles leçons tirez-vous de cette rupture? R.H.: Effectivement, j’ai quitté la banque Hottinger le 31 Décembre 2009. La rupture, comme souvent, fut brutale et m’a forcé à me remettre en cause. Celle-ci a débouché sur la création de la Compagnie Financière Rodolphe Hottinger. B&F: Le divorce est aujourd’hui largement consommé avec le groupe bancaire Hottinger. Est-il irrémédiable ou une réconciliation est-elle encore imaginable, afin de retrouver sa direction générale? R.H.: Je ne le pense pas, car je poursuis aujourd’hui un projet financier particulièrement novateur en Suisse. Il me passionne, surtout que son défi est de taille et que son potentiel s’avère important. . BANQUE&FINANCE N°112 NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2011


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10 L’invité

. B&F: Justement, libre de toute activité, vous avez fondé en 2010 la Compagnie Financière Rodolphe Hottinger qui est en phase finale d’une demande d’agrément en tant que négociant en valeurs mobilières. Quelles seront précisément ses activités, ses marchés et sa clientèle? R.H.: Cette société financière totalement indépendante pratiquera le wealth management exclusivement avec une clientèle en situation de conformité fiscale, ce qui correspond dès à présent aux objectifs de l’ASB pour 2015. Comme je connais particulièrement bien le marché américain, pour y avoir travaillé longtemps, et que j’y compte beaucoup de relations professionnelles et personnelles, la Compagnie Financière se focalisera essentiellement sur cette clientèle privée, en partenariat étroit avec des gestionnaires locaux. Il s’agit d’une activité de niche nécessitant un savoir-faire et une expertise spécifiques, indépendamment de la problématique FATCA, car la difficulté pour un Américain d’ouvrir un compte à l’étranger se révèle particulièrement difficile, même si le contrôle des changes est inexistant aux Etats-Unis. Le potentiel de clientèle s’avère néanmoins très important, surtout pour les clients fortunés et les family office qui souhaitent détenir et faire gérer une partie de leurs actifs hors des Etats-Unis. Notre société devra donc se montrer très compétente et professionnelle à leur égard, afin de leur démontrer que des banquiers privés suisses maîtrisent parfaitement les particularités du marché américain. Il se trouve d’ailleurs que des spécialistes helvétiques ont une connaissance approfondie des questions fiscales américaines, et en tout cas nettement supérieure à celle des banquiers et avocats locaux, aussi paradoxal que cela puisse paraître. Concrètement, nos clients américains disposeront de comptes bancaires en Suisse, qu’ils ouvriront par le biais de la plate-forme informatique S2i du Crédit Agricole. Notre force sera la réactivité pour assurer des prises de décision rapides. De plus, nous travaillerons main dans la main avec nos clients, invariablement considérés comme des partenaires à part entière. La Compagnie Financière sera aussi active sur le marché européen, dont elle connaît parfaitement les rouages, en particulier en France, en Allemagne et au Royaume-Uni. Elle emploiera une douzaine de collaborateurs et vise de 1 à 1,5 milliard de francs d’actifs sous administration, d’ici à la fin 2012, et environ cinq milliards trois à quatre ans plus tard. A l’horizon 2015, notre objectif sera certainement l’obtention d’une licence bancaire avec l’ouverture du capital. Etant particulièrement bien entouré par des professionnels de haut vol, je suis pleinement optimiste quant à l’évolution favorable de cette société. Comme entrepreneur, je le serai d’autant plus que les clients le sont aussi. Nous parlerons dès lors le même langage.

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NotRE soCIété DEvRA DoNC sE moNtRER tRès ComPétENtE Et PRofEssIoNNELLE, AfIN DE DémoNtRER quE DEs bANquIERs PRIvés suIssEs mAîtRIsENt PARfAItEmENt LEs PARtICuLARItés Du mARCHé AméRICAIN.

B&F: Compte tenu des nouvelles exigences légales, quels sont désormais les besoins de transparence des clients vis-à-vis du banquier? R.H.: Effectivement, l’évolution de l’environnement juridique oblige désormais le banquier à demander de plus en plus d’informations précises à sa clientèle, autrement dit à créer un climat de confiance réel avec elle. Certes, les clients choisissent leur banquier, mais n’oublions pas qu’il appartient également à ce dernier de les choisir, car la marge d’erreur demeure pour le moins limitée, la responsabilité pénale du banquier étant une réalité qui relève même de l’actualité. Dans un proche avenir, les documents d’ouverture de compte seront donc de plus en plus complets. Aussi, le banquier devra connaître toutes les nationalités de ses clients et leurs permis de résidence, s’ils en possèdent plusieurs. Il sollicitera éventuellement une attestation de résidence fiscale, afin de déterminer leur lieu de domicile, une requête également valable pour les conjoints et les enfants. De plus, le profil d’investissement des clients pris individuellement devra être détaillé, avec des précisions sur leurs connaissances financières et leur tolérance au risque. De même, la notion de suitability prendra une grande importance, tant pour la protection de la clientèle que pour celle du banquier. Enfin, un mandat de gestion spécifique sera exigé pour les investissements dans les produits alternatifs. B&F: Vous avez récemment prétendu que la BNS a créé un fond souverain. Pouvezvous être plus explicite? R.H.: La BNS a pris la décision opportune de fixer un taux de change plancher à 1,20 franc avec l’euro. Puis elle a imprimé et vendu une devise surévaluée, le franc suisse, pour en acheter d’autres sous-évaluées, dont principalement l’euro. Ce faisant, la BNS doit investir ses réserves en monnaies étrangères, soit 250 milliards de francs pour un PIB helvétique de 550 milliards, en choisissant des investissements de qualité. Comme l’institution ne peut pas se positionner de manière importante dans des obligations étatiques de pays européens dit non périphériques, au risque d’accentuer encore les difficultés des PIIGS, elle devra investir en actions et en corporate bonds, soit une manière de soutenir certaines entreprises européennes en mal de financement. De facto, nous avons donc assisté à la création d’un fond souverain! Séparer les activités B&F: Quelle attitude doit adopter la Suisse et ses instances face entre autres à la problématique du too big to fail, à l’évolution du taux de change avec l’euro et aux nouvelles réglementations fiscales? R.H.: Premièrement, la Suisse doit filialiser les activités sans risque des banques, avec un capital dédié. Si


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11 L’invité

© Photos: Christian Bonzon

Peter Hottinger; la descendance est assurée

d’aventure la maison-mère poursuit ses activités de banque d’affaires et devient insolvable, elle peut toujours vendre ses activités saines. Les grands perdants seraient les actionnaires, ce qui semble normal, puisque leur responsabilité principale est d’élire le conseil d’administration des banques, mais aussi, bien sûr, les créanciers. Ensuite, elle doit mener une politique d’investissement saine, via une exit strategy de la BNS qui consistera à racheter les francs suisses, lorsque l’euro remontera à 1,35-1,40. Ce taux sera probablement inévitable d’ici deux à trois ans, à cause de la différence de rendement et aussi de l’effet de dilution lié à l’effet planche à billet. De même, elle doit sérieusement durcir la loi sur les cartels, afin de finalement bénéficier du taux de change actuel dans la vie quotidienne. Enfin, elle doit officialiser la création dudit fonds souverain et mettre en place des règles rigoureuses de corporate gouvernance, ainsi que développer une vraie vision d’investissement dans les infrastructures nationales. Quant aux banques, elles se doivent d’investir massivement dans l’informatique bancaire, pour régler de manière efficace les opérations liées à la mise en place des accords fiscaux et du FATCA, notamment. En 2015, la Suisse deviendra ainsi une place financière en conformité fiscale vis-à-vis de l’Europe et des Etats-Unis. Se posera alors la question d’un accord fiscal pour les résidents helvétiques... B&F: Vous êtes assez critique à l’égard des banquiers. Pourtant, vous l’êtes aussi? R.H.: Il existe deux types de banquiers, à savoir l’un qui mène une activité de banque d’affaires et l’autre qui poursuit une activité de banque de dépôt et de gestion. Ces deux activités sont radicalement différentes et ont été malheureusement réunies au sein de certaines banques, depuis la fin du Glass-Steagall Act en 1999. Puis les conséquences n’ont pas tardé à surgir, avec des faillites bancaires retentissantes. Pour éviter d’en arriver à cet extrême, la solution anglaise me paraît excellente, en filialisant les banques de dépôt avec le blocage de leur propre capital . Si la maison-mère active dans la banque d’affaires commet ainsi des erreurs, elle ne met pas en péril sa filiale. Et puis il faut évidemment séparer ces deux activités sur la plan financier. Globalement, la banque d’affaires emprunte afin d’investir pour son compte propre, y compris parfois dans des placements risqués, réalise des going public ou encore se lance dans des innovations en créant des produits financiers sophistiqués. Pour sa part, la banque de dépôt et de gestion rémunère l’épargne de ses clients et utilise leurs avoirs pour financer des entreprises et des particuliers, y compris dans le domaine hypothécaire. En matière de gestion, elle investit de manière prudente et diversifiée les avoirs de ses clients, toujours en concordance avec le mandat confié. J’appartiens à cette deuxième catégorie de banquiers, car je suis prudent et me concentre uniquement sur la préservation et la performance du capital de ma clientèle. n Propos recueillis par Didier Planche

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12 Décryptage

par mohammad farrokh

Chroniqueur

Avoirs de prévoyance britanniques Une mine d’or?

@ m.farrokh@banque-finance.ch Le marché des comptes de libre-passage britanniques concerne tous les expatriés, mais aussi ceux ayant travaillé au Royaume-Uni. Des montants souvent importants susceptibles d’être transférés à l’étranger ou en Suisse, mais tout de même mandaté en Suisse.

A

lors que les banques de gestion de fortune s’apprêtent à faire face à l’évolution de leur modèle d’affaires imposée par la politique de l’argent déclaré, des marchés insoupçonnés s’ouvrent à elles, à la faveur notamment du caractère cosmopolite de la région genevoise. C’est ainsi que la plupart des banques, sinon toutes, ont parmi leurs clients des expatriés britanniques, ou encore des Suisses ayant travaillé au Royaume-Uni et y ont, de ce fait, laissé l’équivalent de comptes de libre-passage. «En GrandeBretagne, l’employé n’a pas l’obligation de transférer les avoirs de sa caisse de retraite d’un employeur à l’autre», explique Philip Ainslie. Ce spécialiste de la prévoyance professionnelle britannique, installé à Genève depuis 2002, y a créé sa propre société à l’enseigne d’Artesia Financial Services. S’adressant dans un premier temps aux expatriés euxmêmes, Britanniques ou anciens résidents britanniques, par l’intermédiaire d’un réseau de fiduciaires et d’avocats, Artesia se tourne maintenant aussi directement vers les banques, qui comptent toutes parmi leurs clients des titulaires de comptes de libre-passage bloqués au Royaume-Uni, parfois sans le savoir. Considérations fiscales Les sensibiliser au marché potentiel que représentent les avoirs des expatriés est une chose, mais il faut encore convaincre ces derniers de l’opportunité de faire transférer leurs avoirs de prévoyance, dans une banque située hors du Royaume Uni, en Suisse pour ceux y étant domiciliés, mais

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cela peut également être ailleurs dans le monde. Un Britannique expatrié aux Emirats par exemple, peut très bien y faire gérer son dossier par la filiale d’une banque suisse établie làbas. Les fonds peuvent aussi être transférés, par exemple à l’Ile de Man, à l’enseigne d’une SIPP (Self Invested Personal Pension) qui offre toute une série d’avantages. Dès qu’il a atteint l’âge de la retraite minimum de 55 ans, le bénéficiaire peut retirer en espèces les montants en excès de l’avoir de prévoyance initial. D’où l’intérêt d’une gestion active. De plus, les héritiers du bénéficiaire toucheront l’entier de ses avoirs, sans payer un impôt sur les successions qui, en Grande-Bretagne même, atteint 55%! Ces considérations d’ordre fiscal ont leur rôle à jouer, mais elles ne sont pas les seules en cause. Dans beaucoup d’arrangements entre employeurs, les avantages sont liés au salaire, au lieu d’établissement, même en fin d’emploi. Dans ces cas et lors d’un décès du bénéficiaire, la pension touchée par ses enfants jusqu’à l’âge de 18 ou 23 ans représentera en effet au mieux le cinquième de la fortune de prévoyance totale. Dans ce cas, un transfert est le seul moyen d’éviter la perte de l’essentiel du capital de prévoyance au décès de son titulaire. Dans l’un et l’autre cas, il s’agit d’optimisation, une nuance qui a toute son importance dans le contexte actuel. Car un transfert à l’étranger d’avoirs de prévoyance est aussi un moyen d’éviter une taxation assez lourde. «L’avantage est que tout cela s’inscrit dans un univers où tout est absolument légal, à condition que l’arrangement est reconnu par l’autorité fiscale du Royaume-Uni. Le désavantage peut être des coûts prohibitifs, car certains «conseillers financiers offshore» se positionnent sur ce créneau sans avoir l’expertise nécessaire,


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13 Décryptage

Commentaire

Un seuil d’accès élevé

Philip Ainslie, tailored-pensions.ch

et font payer à leurs clients des commissions, totalement injustifiées allant jusqu’à 10% des avoirs transférés», prévient Philip Ainslie. Solution suisse privilégiée C’est dire si l’incitation à faire transférer ces avoirs hors du Royaume-Uni est forte. Mais pourquoi en Suisse plutôt qu’ailleurs? L’argument traditionnel de la qualité de la gestion de fortune suisse n’épuise pas les raisons qui militent en faveur de l’ouverture d’un compte de prévoyance en Suisse, plutôt qu’à l’Ile de Man ou à Jersey. Pour ceux étant domiciliés en Suisse en effet, l’intérêt est aussi de pouvoir débloquer l’entier de la fortune de prévoyance à l’âge de la retraite, bref d’être vraiment maître de son argent, et pas seulement d’avoir un droit de regard sur sa gestion. Toutefois, la solution suisse a aussi ses inconvénients, car aussi longtemps qu’ils restent bloqués, les avoirs de prévoyance sont toujours soumis aux contraintes de la loi sur la prévoyance professionnelle et de son ordonnance d’application (OPP2) en matière de placements. Dans de tels cas, le transfert dans le nouveau pays de domicile, en l’occurrence la Suisse, n’est pas toujours la meilleure solution et l’établissement d’un plan de prévoyance autorisé dans un pays tiers, qui peut être l’Ile de Man ou encore Malte, est également envisageable. Dynamiser la gestion L’autre inconvénient de la Suisse est le niveau actuellement élevé du franc suisse. Par rapport au risque de change, il est

Le marché des comptes de prévoyance britanniques est potentiellement plus qu’une poire pour la soif dans un pays comme la Suisse, où les expatriés sont traditionnellement nombreux et le deviennent toujours plus à la faveur de l’accroissement de la pression fiscale sur les Britanniques les mieux payés. De ce point de vue, la droite a eu raison de s’opposer aux tentatives démagogiques d’imposer lourdement les bonus et autres avantages, dont jouissent les traders. Par ailleurs, la Suisse a également raison de ne pas protéger contre eux-mêmes ceux qui n’en n’ont nul besoin, en les empêchant de retirer en espèces leurs avoirs de prévoyance. Mais si ce marché est potentiellement prometteur pour les banques suisses, il n’en est pas moins difficile d’accès. D’une part, il faut identifier les personnes concernées et les persuader de faire transférer leurs avoirs bloqués en Grande-Bretagne. D’autre part, il faut disposer de l’expertise requise pour consolider ces comptes et proposer aux clients des solutions adaptées à leurs besoins. Enfin, il faut aborder ce marché avec tact, car un marketing trop bruyant est susceptible d’indisposer les autorités britanniques, qui pourraient être amenées à prendre des mesures limitant ce genre de transferts MF

possible de ne pas tout convertir et de porter une partie de l’avoir concerné en garantie d’une acquisition immobilière en Suisse. Et il s’agit de montants importants, les transferts ne sont guère envisageables à moins de 200 000 livres, et concernent en moyenne des montants de l’ordre du million, susceptibles d’atteindre cinq à sept millions de sterlings. Jusqu’à récemment, en effet, le Royaume-Uni permettait des versements très élevés pour financer des plans de prévoyance très généreux. Le travail administratif peut être important, car la fortune en question est parfois dispersée dans une demi-douzaine de comptes bloqués, qu’il s’agira de consolider. L’objectif est aussi de dynamiser la gestion, car beaucoup de comptes souffrent d’un choix de placements très limité, soit une allocation d’actifs déficiente aggravée par des frais souvent excessifs. Avec l’arrivée des hedge funds en Suisse, dont les professionnels sont notoirement bien payés, les montants ont tendance à devenir plus sérieux encore, et les exigences en matière de rendements beaucoup plus sophistiquées. Le programme de transfert élaboré par Philip Ainslie à l’enseigne de tailored-pensions.ch concerne les expatriés, y compris certains retraités au bénéfice du forfait fiscal (ils sont paraît-il particulièrement nombreux à Verbier), mais aussi les Britanniques encore dans le pays. A condition qu’ils aient la ferme intention d’émigrer, vers la Suisse ou ailleurs dans le monde. n Par Mohammad Farrokh

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15 La parole est à...

finance publique

blaise Goetschin

Un long fleuve tranquille?

CEO, Banque Cantonale de Genève

@ blaise.goetschin@bcge.ch

Trois pistes de réflexion permettant aux emprunteurs étatiques de renforcer leur capacité à honorer leurs dettes: transparence, responsabilité et motivation.

E

n 1890, l’Allemagne prenait le contrôle de la bande de Caprivi, au nord de la Namibie, grâce un traité signé avec les Britanniques. Cette zone de territoire devait permettre de remplacer le passage au large du Cap par une voie terrestre et fluviale, usant du Zambèze. Seulement voilà, une fois exploré, au-delà des apparences, le Zambèze s’avéra un long fleuve agité et donc impraticable à la navigation commerciale… La finance publique n’est pas un long fleuve tranquille. Le passé l’avait déjà prouvé avec la Couronne de France, les emprunts russes, l’Orange Country, la Bourgeoisie de Loèche, etc. Autrement dit, des crises soudaines peuvent émerger. La Grèce et d’autres pays de la zone euro se retrouvent en difficulté alors même qu’en 2007, leur différentiel de spread de crédit était pratiquement nul avec l’Allemagne (voir graphique). Peu de signes avant-coureurs et une soudaineté de défaut. Pour les banques et les investisseurs sur le marché des capitaux, cette situation est problématique, car l’on observe que les marges moyennes sur le long terme ne permettent pas d’absorber le taux probable de défaut. Il reste alors deux solutions, à savoir établir les marges à un niveau bien supérieur ou réduire à zéro le risque de faillite d’un emprunteur public, ce qui serait bien préférable. Comment donc éviter le défaut d’une collectivité publique?

dépendre la rémunération de l’évolution de la collectivité quelques années après la notation (bonus/malus) et c) de la motivation, soit établir des règles de rémunération et de compensation comparables aux entreprises pour les exécutifs, en s’assurant notamment d’aligner leurs intérêts financiers personnels sur ceux de leur collectivité (et surtout de son état de santé financière) et en s’inspirant des récentes directives imposées par les régulateurs boursiers aux sociétés cotées. La finance publique n’est pas un long fleuve tranquille. Mais elle doit rester navigable. «On ne traverse par la rivière sans pirogue», dit un proverbe africain. Il importe que la gouvernance financière des collectivités soit en partie repensée, car les Etats aussi sont too big to fail! n

Crise de la dette souveraine en Europe Différence de rendement, obligations du gouvernement à 10 ans 25% Ecart de rendement Grèce-Allemagne 20% Ecart de rendement Portugal-Allemagne Ecart de rendement Espagne-Allemagne

15%

Angle financier et bancaire

10%

5%

1 .1 .9

11 23

11

6. 3.

1. 7.

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10

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09 6. 5.

09 1. 2.

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6. 6.

1. 4.

07

07

6. 1.

1.

.9

5.

.0

6

0%

22

La question est naturellement d’abord politique. Sous l’angle de la vision du financier, trois pistes de réflexion peuvent être suggérées en complément aux nombreuses dispositions politiques (frein à l’endettement, etc.). Il s’agit a) de la transparence, soit instaurer comme pour n’importe quelle multinationale un audit comptable et financier annuel, indépendant (fiduciaire qualifiée) de la collectivité concernée, b) de la responsabilité, soit rémunérer les agences de notation sur la base de la performance (pertinence prédictive) et non au forfait, c’est-à-dire faire

Source: Thomson Reuters Datastream

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16 En toute liberté

stéphane Genilloud

Analyste senior, Inrate SA

@ stephane.genilloud@inrate.com

Au-delà de la dette...

Parcours express n

Titulaire d’un diplôme postgrade en économé trie et économie politique

Les marchés perçoivent parfois ce que le monde politique et économique peine à distinguer. Sont-ils en train de nous délivrer un message surprenant?

d’HEC Lausanne n

Inrate SA (alors Centre Info) en 1997

n

Spécialisation dans la documentation de processus, le développement et la formalisation de méthodes d’analyse sociale et environnementale

n

Membre du Conseil d’AI CSRR (Association for Independent Corporate Sustainability and Responsibility Research) depuis 2004

n

Participation à l’élaboration de la norme de

S’

il leur arrive de dire n’importe quoi (tout le monde a encore en tête la bulle internet), les marchés financiers racontent souvent des histoires riches d’enseignements. Comment expliquer ainsi le fait que le rendement des bons du Trésor américain à dix ans ait continuellement baissé au cours de l’année, pour finalement passer en dessous du plancher historique de 2%? Il faut croire que, dégradation de la note des Etats-Unis ou non, les créanciers ne doutent pas de la capacité de leur débiteur à honorer ses échéances. Pas plus qu’ils ne redoutent de poussée d’inflation, quand bien même la Fed continueraitelle de faire tourner la planche à billets. En d’autres termes, les marchés ne croient plus au retour d’une croissance soutenue aux Etats-Unis avant longtemps.

qualité CSRR-QS

Fracture sociale De ce côté-ci de l’Atlantique, l’histoire n’est pas très différente. En dehors du cas de la Grèce, c’est l’absence de croissance, plus que le niveau d’endettement, qui sape la confiance des marchés (avec comme circonstance aggravante, le fait que depuis l’introduction de l’Euro, les pays concernés ne disposent plus de leurs propres planches à billets). Alors, pourquoi les marchés doutent-ils à ce point du retour de la croissance? Bien sûr, l’austérité qui fait fureur de Washington à Athènes endosse une grande part de responsabilité dans la détérioration de la conjoncture économique, mais il faut se souvenir qu’avant l’éclatement de la crise financière, des déséquilibres remettaient déjà en question la pérennité de la croissance. Dans les pays développés, l’accroissement des écarts de revenus qui se poursuit depuis vingt ans, ainsi qu’une population vieillissante, nourrissent la fracture sociale, freinent le dynamisme et limitent une demande se déportant inexorablement vers des biens publics BANQUE&FINANCE N°112 NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2011

difficiles à financer, tels que les infrastructures, la santé ou la sécurité sociale. Les solutions existent. Elles passent par des réformes du marché du travail et des retraites, davantage de redistribution et d’immigration. Politiquement toutefois, comme l’ont encore démontré cet été les autorités américaines ou européennes, elles sont difficiles à appliquer. Quelle sortie de crise? Et puis, on l’a un peu perdu de vue, mais avant que Lehman Brothers ne se déclare en faillite le 15 septembre 2008, la principale source d’inquiétude n’était pas les profit warnings qui se multipliaient depuis dix-huit mois, mais la flambée des matières premières. Le prix du pétrole avait été multiplié par sept depuis le début de la décennie, celui du riz avait quintuplé. Et si à fin 2008, dans la foulée de la crise, les cours ont subi une sérieuse correction, celle-ci n’a été que temporaire, car les pays émergents sont avides de matières premières, et pour le moment, eux, continuent de croître. Si la demande augmente alors que les ressources sont limitées, voire bientôt épuisées, il est inévitable que les prix s’envolent. Jusqu’au point où leur niveau menacera la croissance. En l’occurrence, l’histoire que nous racontent les marchés n’est pas différente du discours écologiste. Le développement ne peut être durable que si les équilibres sociaux, environnementaux et économiques sont préservés. A court terme, la sortie de crise, si sortie il y a, reposera sur des mesures financières et monétaires. A plus longue échéance, des réformes sociales et écologiques seront nécessaires pour pérenniser la prospérité économique. Et si c’était de ce débat-là que les marchés ont besoin pour commencer à se rassurer? n


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17 A la tribune

Suisse = Intersection linguistique Le bilinguisme précoce français-allemand est la clé d’un vrai plurilinguisme. C’est un atout dans lequel nous devons absolument investir.

D

epuis plus de vingt ans, les spécialistes scientifiques répètent le même discours: tant qu’il n’y aura pas de coordination, ni de volonté politique à l’échelon national, l’enseignement bilingue demeurera à l’état expérimental. Or, lorsqu’on sait les bénéfices d’un tel apprentissage précoce pour l’ouverture à l’apprentissage cumulatif et facilité d’autres langues, notamment l’anglais, on se dit que la richesse de notre plurilinguisme helvétique est galvaudée. A cet argument scientifique, s’ajoute que notre pays est une «Willensnation». Notre cohésion nationale est le fruit d’une volonté qui doit être entretenue et renouvelée. L’ouverture à la culture de l’autre et la connaissance de nos langues nationales sont souvent érigées en icônes. Mais, concrètement, notre pays peine terriblement à développer une éducation incluant l’enseignement bilingue précoce. Depuis le 1er juillet 2010, la Loi sur les Langues (LLC) et son ordonnance sont entrées en vigueur. La Confédération ne peut plus, comme autrefois, se satisfaire de n’intervenir que pour réguler les rapports entre majorité et minorité pour maintenir la paix des langues. La LLC donne mandat à la Confédération d’adopter une attitude plus proactive. Un premier pas a été fait en augmentant de cinq millions de francs la dotation pour des mesures encourageant la compréhension. Ce n’est pas suffisant, ce d’autant plus qu’aucun volet n’est prévu pour le développement de l’enseignement bilingue à l’école obligatoire. Et pourtant, la compréhension optimale entre les citoyens et, partant de là, le but même de la LLC, passe par un décloisonnement par rapport à au moins une langue nationale. Divers projets naissent dans les cantons, mais restent au stade expérimental, faute de moyens. Il est temps de passer à une politique de consolidation.

sylvie Perrinjaquet

Conseillère nationale PLR

@ sylvie.perrinjaquet@parl.ch

dération doit pouvoir donner l’impulsion nécessaire au développement de ce modèle d’enseignement, sans empiéter sur les prérogatives cantonales en matière d’éducation. Parmi les pistes à explorer, citons la création d’un fond d’encouragement ou des mesures d’impulsions spécifiques à l’enseignement bilingue. Un tel système présente l’avantage de permettre aux cantons de recourir sur une base volontaire à un soutien temporaire de la Confédération pour non seulement mettre sur pied, mais aussi pérenniser l’enseignement bilingue dans leur cursus scolaire. Une telle approche engendre des coûts, mais ceux-ci entrent dans le cadre d’investissements pour la formation et permettront à nos jeunes d’être plus performants demain.

Parcours express n

De 1998 à 2000, Conseillère communale

n

De 1993 à 2001, Députée au Grand Conseil neuchâtelois

n

En 2001, élue comme première femme de droite au Conseil d’Etat de Neuchâtel (Département des finances et des affaires social)

Dégradation du savoir n

Le célèbre linguiste au Collège de France, Claude Hagège, déclare que «Dans l’Europe de demain, sinon déjà d’aujourd’hui, les unilingues risquent fort d’apparaître comme des sinistrés de la parole. Or, une formation bilingue […] ne peut se réaliser que dans le cadre d’un système d’éducation bilingue précoce, […] qui est la condition du succès [..]. Il ajoute que «La défense de la diversité culturelle de l’Europe n’a jamais été aussi nécessaire» [1]. Notre pays qui revendique cette diversité culturelle ne fait pas exception. Et le mythe de l’anglais comme «lingua franca», c’est-à-dire comme instrument unique de création et de communication entraînerait une perte de sens, un amoindrissement de la qualité, voire une dégradation du savoir. Le savoir se construit sur une base culturelle, il est conçu et transmis en différentes langues. Cela est particulièrement vrai pour notre pays. n

Présidente du Conseil d’Etat de 2004 à 2005 et de 2006 à 2007

n

Réélue au Conseil d’Etat en 2005 jusqu’en 2009 (Département de l’éducation de la culture et des sports)

n

Depuis 2007, Conseillère nationale (Commission de la science, de l’éducation et de la culture et Commission de la politique de sécurité

1. Claude Hagège, «L’Enfant aux deux langues», éd. Odile Jakob, 2005

Une base culturelle Forte de ces nouvelles bases légales, mais aussi pour afficher une volonté politique claire en matière de bilinguisme, la Confé-

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18 Actualité

métier du courtage

Un des plus vieux du monde... avec l’autre Laurent Ashenden

Partner, Ashenden Finbro Finance

Si les années 2000 sont celles du courtier en produits structurés, les quarante dernières années du XXe siècle ont été l’apanage du courtier en actions. On l’a probablement oublié.

@ contact@ashenden.ch

P

Focus Aussi dans l’obligataire Ashenden Finbro Finance est une société d’intermédiation active en Suisse, depuis plus de 20 ans. Initialement spécialiste du Nasdaq jusqu’à la maturité du secteur technologique, la société est devenue un courtier de référence dans le marché des actions nord américaines, en profitant notamment du développement de l’activité des gérants indépendants. Aujourd’hui, Ashenden Finbro Finance ouvre des bureaux à Lugano pour couvrir un nouveau marché, tout en augmentant son offre de produits avec des services dans le marché obligataire.

endant cette période, le courtage en actions a eu le temps d’évoluer. D’une industrie où la recherche était importante, avec des clients qui payaient en ordres de bourse pour obtenir une recherche souhaitée de qualité, on est passé au temps des IPO et de la bulle internet. Cette époque était bénie pour le courtier qui recevait des ordres, parfois artificiellement gonflés, afin de recevoir des allocations dans les nouvelles émissions du marché avec des primes souvent indécentes. Aujourd’hui, le courtier est plutôt un spécialiste en intermédiation. L’investisseur, essentiellement institutionnel, n’a pas besoin d’une xième analyse sur un titre, souvent connu. Il cherche une bonne exécution qu’il est prêt à payer pour une commission de courtage préalablement négociée. Si les marges étaient encore confortables, ces dernières années, l’arrivée du courtier en ligne l’a transformé en marchandise comme une autre commodity, pour laquelle le prix se doit d’être compétitif. Pour la recherche, le spécialiste en intermédiation ne fera souvent que relayer l’information reçue par ses partenaires d’exécution. Dans les faits, le glissement de l’activité de courtage vers l’intermédiation a eu pour conséquence, en Suisse, une totale restructuration des acteurs de l’industrie. Les courtiers américains, par exemple, étaient fortement représentés jusqu’à ce que la fin du Glass-Steagall Act permette le regroupement des grandes banques commerciales de dépôt américaines, avec les banques d’investissement. Dès lors, le courtier est devenu un employé de banque, contrairement à la culture des brokers habitués à être rémunérés sur un «incentive base», soit à la performance. Courtage obligataire préservé Aujourd’hui, il n’y a pratiquement plus de courtiers américains ou japonais, et il ne reste que des sociétés ayant su s’adapter à ce nouvel environnement. Il existe toutefois un secteur pré-

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servé, bien qu’il ait vu ses marges s’éroder fortement, c’est le courtage obligataire. Historiquement bien moins volatile que le courtage sur actions, il répond toujours aux mêmes besoins, à savoir celui d’un conseil personnalisé et d’une bonne exécution dans un marché moins liquide et plus opaque que celui des actions. D’une part, le marché obligataire se traite de gré-à-gré, « over-the-counter », et, d’autre part, il est peu actif sauf dans les premiers mois suivant l’émission des titres et durant la dernière année de leur vie, étant considérés comme un investissement à court terme. Il est fort à parier que cette industrie du courtage, ou plutôt de l’intermédiation, qui depuis de nombreuses années est vouée aux gémonies, va continuer à fleurir par le seul fait que, pour des actifs sous gestion en augmentation en Suisse et des besoins toujours évidents (besoins de conseils, obligation de faire transiter ses ordres sur une bourse ou la recherche de la best execution), les intervenants-offreurs de services sont devenus bien moins nombreux. Pour un gâteau qui a pu se restreindre dans la grisaille ambiante, les tranches auront pu croître par manque de convives invités à table. Son principal défi est peut-être ailleurs, soit la capacité à renouveler les acteurs qui ont souvent vieilli avec leurs clients. Mais pour une industrie qui renaît de ses cendres tel le phoenix, c’est un moindre mal. n


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20 De Zurich Le commentaire

Cyril demaria notre correspondant permanent à Zurich Le risque du crowdfunding est de désarmer la masse des investisseurs face à des chefs d’entreprises habituellement d’ores et déjà en situation de supériorité, du fait de leur maîtrise de l’information et de la gestion de l’entreprise. La négociation de pactes d’actionnaires, mais aussi le contrôle de la gestion, et l’exercice des droits politiques et économiques des investisseurs sont déterminants pour une saine gestion, et l’assurance d’un alignement d’intérêts entre investisseur et entrepreneur. Si ce type de financement est indéniablement utile, il appelle à une réglementation pour éviter la fraude et d’éventuels «ponzi scheme» ou autres abus. Il pourrait aussi ouvrir la voie à l’émergence d’une microfinance en pays développé. En effet, les micro-prêts sont notoirement coûteux à gérer pour les acteurs financiers classiques. L’implication de particuliers, appuyés par un cadre réglementaire adapté, pourrait répondre à un besoin de ressources humaines volontaires et motivées. CD

@ cyril.demaria@gmail.com

Crowdfunding Masses sages ou faibles? Face à l’immobilisme croissant des investisseurs et des banques, le crowdfunding se fait une place. Une désintermédiation qui n’est pas sans risque.

«C

ut the middleman!». Comme beaucoup d’innovations technologiques éliminant les intermédiaires, le crowdfunding, c’est-à-dire le financement direct d’entreprises par les particuliers, est une arme à double tranchant. Il rompt avec l’immobilisme prévalant en matière de financement des PME, notamment les plus risquées telles que les jeunes pousses. En revanche, le crowdfunding expose les particuliers à des asymétries d’information, d’expertise et de savoir-faire potentiellement préjudiciables. La motivation de Philipp Steinberger, dirigeant de C-Crowd AG fondée en novembre 2010, fut celle d’un conseil d’entreprise «fréquemment confronté à l’inefficience du processus d’une levée de fonds». Pour les entreprises en recherche de sommes inférieures à un million de francs, le bénéfice est clair. Comme l’explique Mathias Böhm, dirigeant de SuitArt à Zurich, société spécialisée dans le costume sur-mesure abordable et de qualité, «le principe du crowdfunding est très attractif. Non seulement c’est un vecteur de marketing auprès de notre clientèle naturelle, mais même les investisseurs les plus modestes peuvent accéder au capital de SuitArt». Pour les start-ups De fait, les plate-formes de crowdfunding comblent un vide important dans le panorama des financements d’entreprises non cotées. Le premier est le financement des entreprises hors des secteurs-stars des technologies de l’information, des biotech et des cleantechs, largement délaissées par les fonds de capital-risque. Le second est l’amorçage et les premiers

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tours pour des projets encore largement émergents et délaissés par les fonds de capital-risque. C-Crowd déclare ainsi avoir déjà rassemblé 700 000 francs suisses de financement depuis mi-avril 2011 pour des start-ups. Dans le cas de SuitArt, 80% des particuliers concernés ont investisseurs entre 1000 et 5000 francs (le reste, des montants plus substantiels), d’après C-Crowd. Risques bien réels La frontière avec l’appel public à l’épargne, fortement réglementé, est néanmoins assez mince. Les frais de listing (5% des montants levés) sont élevés et comparables à ceux de banques d’affaires, dans le cadre d’introductions en Bourse. Mathias Böhm n’hésite d’ailleurs pas à comparer les conditions de négociation sur C-Crowd à celles prévalant sur les marchés cotés. Même si théoriquement les investisseurs du crowdfunding doivent être représentés au Conseil d’administration des sociétés, le pouvoir et la représentativité de cette représentation peuvent être questionnés. La Finma oblige les plate-formes de crowdfunding à se soumettre à la réglementation des intermédiaires financiers. Cependant, l’autorité ne peut se substituer à la vigilance et à l’expertise nécessaires au métier d’investisseur. Les business angels suisses disposent d’une plate-forme moderne, car ils doivent désormais faire la preuve de leur sérieux et refuser l’emballement qui prévaut aux Etats-Unis, notamment en matière de financement d’entreprises dédiées au grand public. n Par Cyril Demaria


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21 De Bruxelles

Philippe Kenel L’Europe dans la peau

tanguy verhoosel notre correspondant permanent à Bruxelles

Avocat, président de la Chambre de commerce suisse pour la Belgique et le Luxembourg, Philippe Kenel partage son temps entre la Suisse et Bruxelles. Portrait.

«J’

ai toujours été intéressé par les questions européennes», confesse-t-il. Peut-être était-ce inné, car il y a du sang suisse et italien qui coule dans les veines de Philippe Kenel, 50 ans. En tout cas, cet intérêt a été renforcé par les études de droit et de sciences politiques qu’il a réalisées de front à l’Université de Lausanne, et par les rencontres déterminantes qu’elles lui ont permis de faire avec, entre autres, le Suisse Henri Rieben, qui fut son professeur, le Français Hubert Curien et le Belge Etienne Davignon, notamment. La Belgique, l’Union européenne. En 1993, Philippe Kenel décroche une licence spéciale en droit européen à l’Université libre de Bruxelles. «Je serais bien resté à Bruxelles, mais après le non à l’Espace économique européen du 6 décembre 1992, c’était peine perdue.» Par pour longtemps, heureusement. En 1997, le Cabinet Python & Peter, où il est entré en 1995 et dont il est devenu membre associé en 1999, le charge d’ouvrir une antenne dans la capitale de l’Europe, où il passe depuis lors deux jours par semaine en moyenne. La spécialisation de Philippe Kenel? La planification fiscale, patrimoniale et successorale de personnes fortunées, de nationalité non helvétique. Des conseils nécessaires «En quinze ans, relève l’avocat, on a passé du stade où notre clientèle ne voyait pas la nécessité de s’attacher les services d’un avocat sachant ce qui se passe à Bruxelles, à celui d’un besoin impératif de conseils spécialisés.» C’est que le droit fiscal européen s’est fortement développé, dans l’intervalle: directive et accord avec la Suisse dans le domaine de la fiscalité de l’épargne, nouvelle réglementation sur la coopération administrative, récente conclusion d’accords fiscaux entre Berne d’un côté, Berlin et Londres de l’autre, etc. Les accords fiscaux, justement. Bien sûr, il subsiste certaines zones d’ombre, remarque Philippe Kenel. Le système de l’impôt anticipé libératoire sera-t-il pérenne, car on se souvient des effets dévastateurs immédiats des attaques du G20 contre le

secret bancaire, en 2008-2009? Les clients des banques suisses disposant de fortunes moyennes, qui n’auront pas la possibilité de les délocaliser vers Singapour, ne seront-ils pas prisonniers du système? Mais dans l’ensemble, la conclusion des accords «a quand même eu un effet positif sur la clientèle. Les observateurs se disent que la Suisse a réussi à se reprendre en main, à imposer de nouveau ses solutions à ses partenaires». A 300% Dans son métier, Philippe Kenel avoue «aimer trois choses, à savoir l’excitation intellectuelle, les contacts humains et mettre les gens en relation les uns avec les autres.» On y ajoutera une volonté farouche «d’abattre les murs érigés par les différences de nationalités, de races ou de religions», dont sa grand-mère, italienne, a souffert. Rien d’étonnant, dans ce contexte, à ce qu’il préside d’une part la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), à Genève, d’autre part la Chambre de commerce suisse pour la Belgique et le grand-duché de Luxembourg, à Bruxelles. Il s’est également investi dans de nombreux projets immobiliers, dont celui d’Aminona, sur le haut plateau de Crans-Montana. Au total, tout cela occupe son emploi du temps à 300%, reconnaît-il. «Heureusement, une équipe de cinq-six personnes travaille pour moi. Sinon, je n’y arriverais pas.» La Suisse y perdrait sans doute au change, car, ne fût-ce qu’à la Chambre de commerce, «on fait beaucoup pour améliorer l’image du pays» à l’étranger. La Chambre compte plus de 220 membres, ce qui fait d’elle une «importante plate-forme de rencontres» entre les milieux économiques, diplomatiques et académiques suisse, belge et luxembourgeois. «Il est regrettable que les autorités suisses aient renoncé à maintenir de telles enceintes en dehors des frontières helvétiques», lance Philippe Kenel. «Dans une optique relationnelle, elle devrait redévelopper des Chambres de commerce un peu partout. Les ponts qu’elles permettent de lancer ne sont pas négligeables.» A bon entendeur… n

Philippe Kenel, avocat, associé de l’Etude Python & Peter, président de la Chambre de commerce suisse pour la Belgique et le Luxembourg, à Bruxelles

@ tanguy@verhoosel.be

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22 Le dessous des cartes

Syrie Les contradictions de l’Occident Pour les médias, la cause est entendue: il y a d’un côté le régime dictatorial de Bachar el Assad et de l’autre des «militants pro-démocratie».

mohammad farrokh

Chroniqueur

@ m.farrokh@banque-finance.ch

S

ur le terrain, la situation est un peu plus complexe: le gouvernement, effectivement dictatorial, de Bachar el Assad est soutenu pratiquement à 100% par les deux principales minorités du pays, les Alaouites (15-17%) et les Chrétiens (10%). En face, les opposants sont sunnites, pratiquement à 100%, majoritairement d’obédience islamiste, les sunnites laïques ayant tendance, eux, à soutenir le gouvernement. Les islamistes se subdivisent entre Salafistes fondamentalistes et Frères Musulmans. Ces derniers se répartissent entre une tendance socialisante et les représentants du courant principal, très présents à Hama, haut lieu de l’insurrection, comme l’explique Zidane Meriboute spécialiste de l’islam et enseignant à la School of Oriental and African Studies de Londres. Contre toute attente, l’Occident a pris fait et cause pour les insurgés, une position qui s’explique par une conjonction d’intérêts et par des considérations d’ordre géostratégique. Car les monarchies arabes du golfe Persique, Quatar, Arabie Saoudite et Emirat veulent en finir avec la prépondérance des Alaouites et des Chrétiens à la tête de l’Etat Syrien. Notons au passage que ces pays ne sont pas particulièrement démocratiques ni cohérents avec eux-mêmes. A Bahrein, ils ont soutenu la minorité sunnite au pouvoir contre la population insurgée, chiite à 70% qui, elle aussi, réclamait plus de démocratie. Voilà pour la conjonction d’intérêts. Du point de vue géostratégique, l’Occident est d’ores et déjà parvenu à casser le bloc régional émergent qui commençait à se dessiner,

regroupant la Turquie, l’Iran et la Syrie. Après avoir hésité, le gouvernement turc appelle à la chute du régime syrien. L’affaire a suscité des tensions entre Ankara et Téhéran ce qui, pour les Occidentaux, revient à faire d’une pierre deux coups. Le soutien de Téhéran aux Alaouites peut surprendre, même si ces derniers sont historiquement issus du chiisme. Mais le courant qui prévaut à Damas est libéral, moderniste, laïque, soucieux d’égalité entre hommes et femmes, toutes valeurs qui devraient les faire apprécier des Européens. Pour ces derniers cependant, affaiblir l’Iran est un objectif dont la réalisation s’inscrit dans un contexte plus vaste. Car on assiste de part et d’autre à un véritable changement de paradigme. La façon dont les Arabes voient l’Occident n’est paraît-il plus la même, une évolution favorisée par Google qui permet de traduire des textes autrefois inaccessibles. Quant au rôle joué par Al Jazira, basée au Qatar, il n’est plus à démontrer. Il reste qu’il est encore trop tôt pour parier sur un scénario vertueux où les islamistes seraient devenus de véritables démocrates, à l’exemple des dirigeants actuels de la Turquie. Zidane Meriboute plaide pour un optimisme très prudent: l’expérience turque a été rendue possible par l’influence modératrice du soufisme, beaucoup plus faible dans les pays arabes. Lors de sa visite au Caire, Recep Tayyip Erdogan, le premier ministre turc a été bien reçu, mais il a aussi été remis à sa place. «La laïcité à la turque n’est pas pour nous», lui a-t-il été dit en substance. n

LE CAFé Fédéral Eveline Widmer-Schlumpf fait-elle trop de concessions aux Américains, mais aussi au parti socialiste suisse pour assurer sa propre réélection? Le sentiment prévaut parmi les spécialistes que les considérations de politique internatio-

nale ne sont pas seules à expliquer sa position conciliante vis-à-vis des demandes américaines. Après l’affaire des clients UBS, celle des clients du Credit Suisse fait apparaître une Suisse en situation de double faiblesse. Déjà un petit

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pays, la Suisse est représentée par une ministre qui, pour se maintenir en poste, a besoin de tous les appuis qu’elle peut mobiliser, y compris celui des socialistes. Un appui qui va coûter très cher à la place financière suisse, puisqu’il est

maintenant sérieusement question d’accepter les «demandes groupées» en matière d’entraide pour justifier à posteriori une reculade sur le Credit Suisse. Le Conseil fédéral vaut bien cela…


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24 Si j’étais banquier

FRANCIS GUILLAUME ADMINISTRATEUR D’ERGOSTYLE SA

@

fguillaume@ergostyle.ch

Défendre les vraies valeurs

Parcours express n

1978-1982: Employé de banque, UBS

n

1983-1987: Conseiller commercial, Lista Organisation SA

n

1987–1989: Responsable du marché suisse pour la Ligne Roset

n

1989 à ce jour: Création d’Ergostyle SA (Mont-surLausanne), administrateur

D’une certaine façon, j’ai été banquier pendant quelques années dans un respectable établissement suisse. Puis j’ai trouvé ma voie dans la vente et la création d’entreprise.

L

orsque je travaillais dans la banque, mon goût et mon besoin de communication avec les clients m’ont définitivement éloigné de mon activité à la caisse centrale, d’autant plus que le chef caissier estimait mon rendement insuffisant! Idem, juste après, au guichet Epargne du même établissement, où l’on me fit rapidement comprendre que mon avenir professionnel n’était de loin pas assuré… Après quatre années de banque, je suis parti pour m’orienter vers la vente et la création d’entreprise. Mon expérience bancaire m’a cependant laissé des joies et des aigreurs! D’ailleurs, je me suis promis d’être le plus longtemps possible totalement indépendant des banques, afin de m’éviter d’affronter les questions, remarques et suggestions de banquiers un peu trop fiers, et souvent éloignés de la réalité quotidienne du commerce local. Après vingt-deux ans d’entreprise, je suis heureux d’avoir enseigné à mes collaborateurs, de même qu’à mes filles, que l’indépendance dans la vie commence par celle des besoins financiers, loin des crédits et intérêts parfois salés. J’ai ainsi la chance de ne pas avoir eu besoin d’emprunter durant toutes ces années, sauf peut-être une hypothèque. Une gestion saine de mon entreprise, comme à titre privé, m’a permis d’y parvenir. Les vraies valeurs Si j’étais banquier, aujourd’hui, je prendrais conscience des vraies valeurs, en mettant la priorité sur le travail, l’être, sa personnalité, ses projets et sa volonté, face au maître «rendement» et à l’argent facile vite gagné. A plusieurs reprises, je me suis d’ailleurs substitué aux BANQUE&FINANCE N°112 NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2011

banques, en intervenant comme financier auprès de petites PME. Grâce à des intérêts réduits et sans folles garanties, je leur ai permis de se développer ou de démarrer leurs activités, autrement dit de les faire vivre. Si j’étais banquier, je prendrais également conscience de mon rôle réel, à savoir représenter un outil de développement économique et social qui finance des projets innovateurs, ou plus simplement des besoins essentiels à un projet de vie. Mais, en aucun cas, je ne pénaliserais l’entrepreneur par des coûts financiers extravagants, sous prétexte d’«incroyables» risques pris! Certes, mon choix réduirait probablement les profits de ma banque et mes revenus versés régulièrement sous forme de bonus, le capital immobilisé dans des biens productifs ne générant pas les mêmes gains que ceux placés dans les marchés financiers. Ce faisant, rendu lucide et réfléchissant à long terme, je ferais un surcroît d’efforts pour évaluer les risques de mes prêts, et ne succomberais plus aussi fréquemment aux spéculations hasardeuses de l’air du temps, génératrices de grosses bulles colorées aux propensions d’éclatement destructeur. Si j’étais banquier, en dépit de mon apparence, habillé de beaux costumes sombres et rayés, je serais enclin à plus de modestie, car conscient de mes erreurs passées, et j’accepterais volontiers l’intervention de l’Etat pour fixer des règles équitables et raisonnables, propres à empêcher quelques rechutes en cas d’euphorie. Si j’étais banquier, je voudrais être différent, non pas un fournisseur coûteux de services financiers et de pseudo conseils, mais plutôt un partenaire du développement pour tous ceux voulant animer notre économie, même les plus modestes. Mais voilà, je ne suis pas banquier, mais simplement un modeste chef d’entreprise confronté aux lois d’un marché lui échappant largement. Je suis soucieux de la pérennité et de la croissance de mon entreprise, ainsi que du bien être de ses collaborateurs, sans lesquels elle ne serait pas. n


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27 Sous la loupe

HEDGE FUNDS

Incontournables! Les performances des hedge funds, même modestes, semblent se maintenir en 2011, mais en tout cas dépassent celles d’autres investissements plus fragilisés par la crise actuelle. A cet égard, ils constituent une diversification opportune des actifs, pour autant que leur gestion soit clairvoyante et professionnelle. Les nouvelles réglementations sur les hedge funds prônent leur transparence et simplicité, un bienfait pour les investisseurs et une carte à jouer pour les gérants de fortune. Bref tour d’horizon avec les spécialistes de la Compagnie Privée de Conseils et d’Investissements (Managed Accounts), de Mirabaud & Cie (gestion asymétrique actions) et d’UBS (ETFs). Pour sa part, Swisscanto se penche sur l’allocation d’actifs dynamique.

29 EXChAnGE TRADED FunDs

29

32

Dans une zone de turbulences!

32 MAnAGED ACCounTs Vers une plus grande transparence des hedge funds

Analyses

34 hEDGE FunDs Leur quiproquo en question

36 ALTERnATiVE

34

36

D’inVEsTissEMEnT Budget de risque fixe ou allocation fixe?

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29 Sous la loupe

EXCHANGE TRADED FUNDS

Après des années de forte croissance, les Exchange Traded Funds sont confrontés à de gros défis à cause des critiques formulées par les autorités de régulation et des turbulences qui frappent les marchés financiers.

P

Clemens Reuter Responsable du domaine ETF, UBS Global Asset Management

@ clemens.reuter@ubs.com

endant des années, les Exchange Traded Funds (ETFs) ont eu le vent en poupe et enregistré de forts taux de croissance. Entre 2005 et fin 2010, l’encours des ETFs dans le monde est ainsi passé de 410 milliards à pas moins de 1200 milliards de dollars US, soit une progression de près de 200% (source: BRI). Sous le titre «Structures du marché et risques systémiques des Exchange Traded Funds», la BRI s’est penchée sur ces derniers au printemps dernier. Or, le vent a tourné en leur défaveur, du fait de leur forte croissance. Pas moins de trois autorités de régulation internationales ont publié ce printemps des rapports critiques sur ces fonds indiciels cotés, qui devenaient de plus en plus populaires auprès des investisseurs privés et institutionnels. Hormis la BRI, le Conseil de stabilité financière (CSF), qui coordonne et encourage les efforts de surveillance et de régulation des marchés financiers internationaux, ainsi que le FMI, ont attiré l’attention sur les risques que l’essor enregistré par les ETFs feraient prétendument courir à la stabilité des marchés financiers. Depuis lors, les critiques n’ont pas faibli. Mais une analyse plus précise permet toutefois de désamorcer ces objections. Si l’on suit la critique du CSF, les investissements en ETFs seraient comparables à une navigation dans un épais brouillard, sans radar. Cette instance regrette ainsi la complexité et l’opacité croissante de la dernière génération d’ETFs. Pourtant, ils font partie des produits les plus transparents. Peu importe que l’ETF reproduise entièrement l’indice

sous-jacent, ou le réplique de manière synthétique par des swaps. Les ETFs sont des instruments de placement réglementés, assujettis aux exigences et restrictions rigoureuses applicables aux placements collectifs de capitaux, notamment aux directives relatives aux fonds de placement telles que la Directive de placement UCITS de l’UE. Les ETFs doivent répondre aux mêmes exigences strictes que n’importe quel autre fonds de placement. Celles-ci incluent la publication de rapports annuels et semestriels, ainsi que d’un prospectus simplifié. Les investisseurs en fonds doivent en outre être informés des particularités et caractéristiques de la stratégie de placement, de même que des risques pertinents. Les ETFs respectent tous ces points et vont même un peu plus loin. En effet, leurs investisseurs peuvent obtenir des informations sur le fonds indiciel concerné à une fréquence beaucoup plus élevée que les détenteurs de parts de fonds traditionnels. C’est notamment le cas de la valeur d’inventaire nette indicative (NAVi). Cette valeur de négoce se fonde sur les cours actuels des titres inclus dans l’indice répliqué, puis elle est recalculée et mise à disposition plusieurs fois par minute. Liquidité supplémentaire Les investisseurs en ETFs ont ainsi la certitude de pouvoir acheter ou vendre des parts en tout temps pendant les heures de négoce habituelles, à des cours Intraday. Hormis des cas particuliers .

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HEDGE FUNDS

Dans une zone de turbulences!


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30 Sous la loupe

FOCUS

Taille et croissance du marché européen des ETF En essor depuis une décennie 2'000

1'500

1'000

500

0 2000

2001

ETF-Aktienverm.

2002

2003

2004

Anzahl ETFs

2005

2006

ETF Anleihenverm.

2007

2008

2009

2010

ETF Rohstoffvermögen

H1 11 Sonst. ETF-Verm.

ETF assets

1

6

11

20

34

55

90

129

143

227

284

321

# ETFs

6

71

118

104

114

165

273

423

636

827

1‘072

1‘185

Quelle: BlackRock ETF Landscape, Juli 2011

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et la réplication synthétique d’indice, selon leurs désignations dans le jargon professionnel. Dans le cas de la Full replication, l’ETF détient toutes les composantes de l’indice qu’il reproduit, tout en respectant sa pondération. L’avantage de cette méthode réside dans sa simplicité et sa transparence. La Full Replication est toutefois assez complexe à mettre en œuvre. Pour cette raison, elle est la mieux adaptée à des indices à forte capitalisation boursière présentant un nombre limité de composantes. Le SMI suisse ou l’EURO STOXX 50 sont des exemples de tels indices. La Full replication se prête également bien aux ETFs sur métaux précieux, car, avec de tels placements, les investisseurs tiennent souvent à ce que l’ETF possède effectivement le métal précieux. L’Optimized sampling, une procédure de sélection optimisée, est essentiellement utilisée avec les indices d’actions constitués de très nombreuses valeurs différentes. Des exemples en sont l’indice des pays émergents MSCI Emerging Markets et le MSCI World. Ce dernier est constitué de plus de 1800 actions individuelles de 24 pays industrialisés. L’objectif de l’Optimized sampling consiste à reproduire la performance de l’indice, grâce à une sélection appropriée d’actions. Il peut y avoir un risque de voir l’ETF présenter un écart de suivi accru, soit une différence trop importante par rapport à la performance de l’indice. La compétence

Nombre d'ETFs

Une autre critique formulée par le Conseil de stabilité financière est également relativisée si l’on y regarde de plus près: l’utilisation d’instruments dérivés avec des ETFs synthétiques et les opérations de prêts de titres avec les ETFs assurant une réplication complète. A ce propos, le CSF écrit: «La popularité croissante des ETFs synthétiques utilisant des instruments dérivés ainsi que l’emploi croissant du prêt de titres confrontent les investisseurs à de nouveaux défis dans la perspective des risques de contrepartie et de sécurité.» Qu’il en résulte certains défis est exact. Mais ceux-ci ne sont pas nouveaux. La Directive de placement UCITS autorise l’utilisation d’instruments dérivés et du prêt de titres aussi bien pour les ETFs que les autres fonds de placement. Ces techniques largement répandues dans le secteur des fonds de placement ne sont donc pas une particularité des ETFs. Ces derniers informent en revanche de manière plus résolue sur ce sujet. En effet, le secteur des ETFs a réagi non seulement à la critique des autorités de régulation, mais aussi aux besoins des clients institutionnels et a encore accru la transparence. Sur une base volontaire, les principaux promoteurs d’ETFs en Suisse affichent sur leurs sites web des détails du prêt de titres ou de la part de swaps et des contreparties de swaps. La part de swaps est de toute façon limitée: elle ne peut pas dépasser 10% de la fortune du fonds. L’exposition à une seule contrepartie lors des transactions avec des dérivés OTC est en outre limitée à au plus 5% de la fortune. Ces aspects positifs devraient continuer, à l’avenir aussi, à convaincre des investisseurs toujours plus nombreux. Le potentiel de croissance est en tout cas suffisant. Car, pour l’instant, les ETFs ne représentent que 3,6% environ de la fortune de tous les fonds en Europe. Le vent pourrait donc prochainement se retourner en faveur des ETFs.

. comme les troubles en Egypte en février dernier, lorsque la fermeture provisoire de la Bourse du Caire a eu des conséquences pour quelques fonds indiciels, les ETFs ont respecté leur promesse de négoce flexible, même dans des conditions difficiles. Durant la crise financière de 2008, le négoce n’a ainsi pas connu de turbulences, bien que la volatilité des marchés actions ait atteint un niveau record. Le CSF avait alors exprimé des craintes. Selon lui, l’espoir de pouvoir revendre les parts à tout moment allait, dans des situations de tension, se traduire par des difficultés de trésorerie sur le marché. Or, il n’en a rien été, bien au contraire, même lors des récentes turbulences boursières. En comparaison avec les fonds de placement, les ETFs offrent une liquidité supplémentaire, car ceux qui font le marché jouent le rôle de tampon entre les différents investisseurs. Cela fait longtemps que les ETFs permettent à ces derniers de ne plus se limiter aux catégories de placement classiques, telles que les actions et les obligations. Ces fonds indiciels cotés donnent désormais accès aux matières premières, hedge funds et autres investissements alternatifs. Parallèlement à l’univers de placement, les procédés utilisés par les ETFs pour répliquer un indice (réplication) ont également évolué. Trois méthodes de réplication sont principalement utilisées aujourd’hui: la Full replication, l’Optimized sampling

Volumes en mias USD

HEDGE FUNDS

ETFs synthétiques: une information volontairement plus détaillée


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31 Sous la loupe

et une grande expérience de l’émetteur de l’ETF et du gestionnaire de portefeuille sont alors requises pour constituer une sélection débouchant sur une performance très proche de l’indice. Contrepartie appropriée La réplication synthétique de l’indice est généralement réalisée avec des swaps qui permettent de renoncer à l’achat de composantes de l’indice. L’ETF opère en effet une opération d’échange (swap) avec une contrepartie appropriée, généralement une grande banque d’investissement. Celle-ci reçoit la

performance des actifs détenus par l’ETF et fournit en échange la performance de l’indice à répliquer. Cette méthode réduit l’écart de suivi et permet de reproduire des indices exotiques. Le risque de contrepartie engendré par l’opération d’échange est un inconvénient possible, car si le partenaire du swap est insolvable, une petite part de la fortune de l’ETF peut être perdue. La part de swaps est toutefois limitée à au plus 10% du capital investi, et elle est généralement couverte grâce à une garantie contre la défaillance du partenaire de swap. Les ETFs d’UBS ont p. ex. optimisé la conception des ETFs basés sur des swaps de telle sorte que la com-

binaison d’un Fully-Funded Swap, surcouvert à 20%, et d’un Total Return Swap avec un portefeuille d’actifs, minimise en grande partie la possibilité de perte en cas de défaut de la contrepartie du swap. Le type de conception des ETFs basés sur des swaps varie d’un promoteur d’ETF à l’autre et devrait être analysé précisément par chaque investisseur. Mais quelle que soit la forme de réplication de l’indice choisie, l’ETF acquis reste toujours un fonds de placement strictement réglementé, bon marché et offrant une flexibilité maximale, grâce à une grande liquidité en bourse. n

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32 Sous la loupe

MANAGED ACCOUNTS

Vers une plus grande transparence des hedge funds HEDGE FUNDS

Les Management Accounts constituent une solution alternative, et opportune, au placement direct dans les hedge funds. En outre, ils améliorent la sécurité des investisseurs.

P

bart scholliers Directeur-adjoint, Conseiller du Serenity MultiStrategy Fund, Compagnie Privée de Conseils et d’Investissements SA

@ bart.scholliers@cpci.ch

ionnier de la gestion alternative dans l’après-guerre, Albert W. Jones était convaincu de ne pas pouvoir prédire l’évolution des marchés actions. En revanche, il s’estimait capable d’évaluer des titres les uns par rapport aux autres. En combinant vente à découvert et achat sur des titres différents, il pouvait ainsi s’immuniser contre le risque de marché, tout en générant des profits supérieurs à la moyenne. Ce fut la naissance du premier hedge fund. En 1966, un article paru dans le magazine «Fortune» consacrait le travail de Jones en mettant en exergue ses performances, bien supérieures à celles des fonds traditionnels. Dans un premier temps réservés à quelques particuliers fortunés, ces produits étaient souvent assimilés à des groupes d’investissements non régulés, majoritairement domiciliés offshore. Puis les deux décennies suivantes virent la création d’une multitude de sociétés de gestion alternative, dont celles de George Soros (Quantum Fund) et de Julian Robertson (Tiger Fund). Aujourd’hui encore, la très grande majorité des hedge funds reste opaque. De plus, on leur reproche l’absence de régulation du fait de leur domiciliation, mais aussi leur manque de transparence, des conditions restrictives de liquidité et, depuis décembre 2008, diverses fraudes (que ce soit sur la performance ou le détournement des actifs). Pourtant, les valeurs liquidatives sont généralement publiées chaque mois. La liquidité est au mieux mensuelle, mais le plus souvent trimestrielle

avec plusieurs semaines de notice dans des conditions de marché normales. Toutefois, la situation empire dès que l’environnement se détériore avec des rédemptions partielles, voire interdites. Aujourd’hui encore, de nombreuses «sidepockets», créées en 2008, n’ont toujours pas été intégralement remboursées. Depuis une dizaine d’années, il existe cependant une solution alternative à l’investissement direct dans les hedge funds. Il s’agit des Managed Accounts ou comptes gérés. Maîtrise des actifs Les Managed Accounts sont des fonds indépendants établis la plupart du temps sous la forme d’une LLC, et regroupés au sein d’une plate-forme (Société Générale, BNP, Deutsche Bank, Crédit Agricole, etc.). Juridiquement, ces fonds sont donc des véhicules distincts, disposant de leurs propres personnalités juridiques. Ils sont, en fait, un clone du programme original du hedge fund. Le gestionnaire, devenu ainsi conseiller du Managed Account, applique la même politique d’investissement que celle du fonds qu’il gère habituellement, mais selon les termes d’un mandat de gestion prédéfini, comportant des règles et des limites strictes d’investissement, de même qu’offrant une liquidité quotidienne, hebdomadaire voire mensuelle, selon les stratégies. Structurellement, les avantages des Managed Accounts sont indéniables. Tout d’abord, ils améliorent la sécurité des investisseurs. En effet, au terme d’une due diligence approfondie, un mandat de gestion encadrant la stratégie d’investissement est éla-


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33 Sous la loupe

Adapter son allocation Mais ces avantages ne concernent pas uniquement la gestion du risque, la transparence et la protection des investisseurs. Ils sont également un formidable outil de gestion qui autorise une grande capacité de réactivité, en permettant de modifier tactiquement

son allocation pour s’adapter aux conditions de marché. En effet, les multi-gérants alternatifs ont très longtemps favorisé une gestion passive, consistant à identifier les meilleurs fonds de leur catégorie, et à leur allouer du capital sur longue période. Leur manque de dynamisme a coûté très cher en 2008. La forte détérioration de la liquidité les a conduits à restreindre leurs conditions de rachat en activant des clauses d’échelonnement des rachats (gates), soit à cantonner les actifs les moins liquides (side pockets). Au contraire, la liquidité offerte par les plate-formes de Managed Accounts autorise une gestion beaucoup plus dynamique du portefeuille. En effet, la réduction des risques opérationnels permet au gérant de fonds de Managed Accounts d’adapter en permanence son allocation, en tirant parti de l’évolution du climat économique et financier. Il peut s’écarter de la composition stratégique de son portefeuille en utilisant les Managed Accounts de manière tactique, si les conditions des marchés le nécessitent. Au second semestre 2008, seul un modèle de gestion liquide permettait ainsi de sortir des stratégies les plus impactées par la crise (toutes les stratégies liées au crédit), au profit de stratégies directionnelles positionnées à la baisse (CTA et Equity Short Sellers). n

FOCUS Un choix déterminant Associés à une procédure de due diligence stricte et à un suivi continu des gestionnaires des programmes originaux, les Managed Accounts offrent donc aux investisseurs un accès sécurisé à l’univers des hedge funds, réduisant considérablement les risques opérationnels. Les gestionnaires parmi les plus talentueux (ils sont de plus en plus nombreux sur les plates-formes), ou les plus prometteurs, ont choisi la transparence et la liquidité, un choix qui s’avère aujourd’hui déterminant au sein de la profession.

HEDGE FUNDS

boré pour chaque Managed Account, et une liste des marchés et des instruments autorisés est dressée. Ensuite, les Managed Accounts répliquent la performance du programme original du hedge fund, en respectant le niveau de risque imposé par le mandat de gestion. Cette procédure stricte permet un contrôle étendu des risques, car ils ne dupliquent pas les positions illiquides, trop fortement concentrées ou leveragées en dehors des limites du mandat. Grâce à une vue exhaustive de l’intégralité des positions prises par les gérants, l’équipe de contrôle des risques de la plate-forme veille ainsi au respect des règles de gestion définies dans chaque mandat. Les Managed Accounts assurent également la maîtrise des actifs, puisqu’ils sont déposés sur un compte ségrégué, ce qui réduit considérablement tout risque de fraude. Enfin, ce n’est pas le conseillé du hedge fund qui valorise ses propres positions, mais un indépendant de renom de la valorisation, qui travaille selon une méthode appropriée à chaque type d’instruments financiers.

Grégory falk Directeur-adjoint, Conseiller du Serenity MultiStrategy Fund, Compagnie Privée de Conseils et d’Investissements SA

@ gregory.falk@cpci.ch


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34 Sous la loupe HEDGE FUNDS

Leur quiproquo en question De nombreux investisseurs sont déçus par le comportement des hedge funds mais on peut légitimement s’interroger sur le réalisme de leurs attentes.

HEDGE FUNDS

L

bertrand bricheux Head of Hedge Funds Marketing and Business Development, Mirabaud & Cie

@ bertrand.bricheux@mirabaud.com

es nostalgiques de la finance des années 80 ou 90 ont toutes les raisons de regretter ces périodes de prospérité et de rendements aisés. Les obligations d’Etat offraient des coupons élevés et les actions laissaient envisager une performance annualisée à deux chiffres, sur un cycle économique complet. Les grands gérants de hedge funds étaient moins nombreux, et toujours à l’affût d’opportunités qu’ils savaient transformer en performances élevées. Lors de la dernière décennie, les investisseurs en actions ont, dans l’ensemble, perdu de l’argent. A ce jour, les taux d’intérêt sont à des niveaux plancher et vont s’y maintenir un certain temps. Le constat est simple et sans appel, à savoir que nous sommes dans un environnement de baisse généralisée du rendement des actifs financiers, depuis vingt ans. Pourquoi les hedge funds devraient-ils échapper à cette logique? Ils évoluent dans le même environnement, et même s’ils disposent d’une palette d’outils plus large que les gérants traditionnels, ils sont confrontés aux mêmes forces structurelles que tous les autres participants. Oui, les hedge funds font moins de performance qu’il y a quinze ans, mais cette situation équivaut pour l’ensemble des produits financiers et leurs opérateurs! Dans un environnement sans «carry» et avec une forte volatilité depuis le début de l’année, espérer des rendements absolus, non corrélés, réguliers et à faible volatilité relève du vœu pieux. Les portefeuilles de demain Il est toujours possible d’envisager des rendements absolus en associant de nombreuses stratégies alternatives, mais le résultat final se fera avec une volatilité sensiblement plus élevée, car peu de stratégies offrent encore une grande stabilité dans la performance. Qu’il y ait des déceptions et des regrets est compréhensible, mais on ne peut pas attendre des hedge funds qu’ils fassent des miracles, alors que personne ne peut en faire, et qu’il n’est plus possible de tous les loger à la même enseigne de la déception. Les meilleurs fonds alternatifs ayant un profil

BANQUE&FINANCE N°112 NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2011

asymétrique actions* (participation à la hausse des marchés, action supérieure à leur participation à la baisse) de type long short equity et event driven equity ont tenu leurs promesses, depuis de nombreuses années. En effet, ils ont limité le risque de baisse et de volatilité par rapport aux principaux indices boursiers, et ils sont toujours restés liquides. C’est commercialement moins attractif que de vendre un soi-disant rendement absolu non corrélé et non volatil, mais c’est désormais plus réaliste. Ce concept de participation asymétrique, qui a fonctionné et fonctionne encore sur les principaux indices boursiers des pays développés, doit maintenant se tourner vers les portefeuilles de demain, par définition plus exposés aux marchés émergents, alors que l’avenir économique du monde a définitivement changé de camp. Marchés émergents prospères Dès lors, où faut-il investir pour retrouver des niveaux de performances décents? Les économies des pays développés sont condamnées à une croissance molle. Quant aux entreprises, elles vont devoir redoubler d’imagination pour croître si elles ne possèdent pas de points d’entrée dans ces zones à forte croissance. Fusions, acquisitions, différentiation sectorielle et entreprise par entreprise devraient permettre aux meilleurs gérants long short et event driven equity de générer de la performance, même si l’ensemble des marchés n’est que modérément orienté à la hausse. Face à cette situation, les marchés émergents continuent, eux, de prospérer, car leurs finances publiques demeurent solides, les classes moyennes s’y développent rapidement et veulent consommer. Les marchés émergents représentent la moitié de la croissance mondiale, mais sont sous-représentés dans la majorité des portefeuilles des investisseurs. Pour des investisseurs ayant connu les défauts à répétition de l’Amérique latine dans les années 80, de même que les crises asiatiques des années 90, il est encore difficile d’admettre que qu’il faut désormais investir massivement dans ces pays, voire dans des entreprises occidentales ayant une forte pré-


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35 Sous la loupe

ans

sence dans ces zones à forte croissance. La volatilité restera cependant présente sur les marchés émergents, car ils ne bénéficient pas encore de toute la profondeur ni de l’efficience des marchés développés, pour les raisons évoquées précédemment. Associer une gestion asymétrique à un secteur en forte croissance, mais volatil, présente de nombreux

avantages. Les hedge funds avec leurs outils doivent pouvoir générer cette asymétrie et participer à la hausse des marchés émergents, tout en réduisant le risque de baisse. C’est dans cette logique que les hedge funds justifient leurs frais et leur existence, et qu’ils seront évalués sans concession par les investisseurs. n

FOCUS Gestion asymétrique actions Le concept est simple, liquide et transparent, soit participer à la hausse des marchés actions, sans en subir tous les risques de baisse. Les investisseurs oublient parfois que capturer 60% de la hausse d’un marché et ne subir que 40% de sa baisse, dans un cycle d’investissement complet avec des phases de hausse et de recul (trois à cinq ans), équivaut à battre systématiquement l’indice de référence. Les meilleurs gérants long-short equity et event driven equity sont parfaitement équipés pour remplir cette mission, puisqu’ils peuvent faire varier leur exposition nette, brute, et mettre en œuvre leur capacité de sélection de titres et de secteurs, ainsi que générer cette asymétrie par rapport aux marchés. Pour sa part, un fonds de fonds présente, à ce niveau, l’avantage de la diversification de styles, de spécialisations géographiques et sectorielles, et permet de lisser performance et volatilité pour atteindre cet objectif d’asymétrie. Les fonds asymétriques actions sont composés majoritairement de gérants de type long short equity, mais peuvent être associés à des gérants long only pour renforcer le Béta, si besoin est, et des gérants Macro qui solidifient le portefeuille lors de changements de cycles économiques, en cas de risque de récession ou de ralentissement.

HEDGE FUNDS

Evolution du MSCI Europe depuis dix ans comparé à un mix de 70% MSCI Europe et de 30% d’un fonds de fonds asymétrique; les performances sont améliorées et le risque de baisse fortement réduit par rapport à l’indice de référence


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36 Sous la loupe

ALTERNATIVE D’INVESTISSEMENT

Budget de risque fixe ou allocation fixe? HEDGE FUNDS

L’allocation d’actifs dynamique constitue une alternative opportune aux stratégies traditionnelles. La preuve avec l’épreuve du feu de ces derniers mois.

U

Peter bänziger Chief Investment Officer, Swisscanto

ne fois de plus, la chute brutale des marchés actions, cet été, aura suscité une amère déception chez de nombreux investisseurs et caisses de pensions. Dans de telles circonstances, ceux ne disposant que d’un budget risque limité peuvent se trouver forcés de vendre leurs actions à des cours défavorables, un comportement en outre extrêmement procyclique qu’il vaut toujours mieux éviter. L’allocation d’actifs dynamique offre ainsi des solutions à ce dilemme, car elle suit des règles précises pour les changements d’allocation et s’en tient au respect d’objectifs importants, comme par exemple la préservation du capital ou la limitation du risque. Reste que, là aussi, les souhaits et la réalité divergent bien souvent. L’agitation actuelle des marchés contribue à créer un contexte économique évoluant plus rapidement et violemment qu’auparavant, fruit d’un probable effet secondaire de la globalisation. La concurrence internationale fait dès lors émerger autant de nouveaux gagnants que de perdants. Afin de déjouer les risques systémiques, les banques centrales sont donc de plus en plus souvent obligées de jouer le rôle de «prêteur en dernier ressort», à toujours plus grande échelle. De plus, les foyers d’incendie se déplacent très rapidement, comme l’année écoulée l’a désigné.

du passé, ceux-ci ont de plus en plus fréquemment et nettement quitté leur marge de fluctuation normale. Dans un tel contexte, l’allocation d’actifs stratégique sous sa forme statique, qui est responsable de 90% de la performance selon la théorie, se révèle souvent inadéquate. Cela vaut particulièrement pour des acteurs du marché tels que les caisses de pensions, lesquelles en viennent à franchir les limites qu’imposent leurs budgets risque à cause de pertes en capital. Bien plus souvent qu’auparavant, ils sont contraints de mettre en place des stop-loss, qui sont de véritables destructeurs de performance face à la force et à la rapidité accrues des rallyes boursiers. Solution opportune Elargir l’allocation en multipliant les classes d’actifs n’a pas porté ses fruits, du moins pendant la crise financière de 2008-2009. Les pertes se sont en effet généralisées à l’ensemble des classes d’actifs, à l’exception des obligations de première qualité. Une autre solution possible consiste à compléter l’allocation stratégique avec des éléments tactiques. Toutefois, elle répond rarement à une systématique, les décisions étant généralement prises de manière impulsive. Ce constat a permis la création de stratégies, où les décisions tactiques répondent à des règles claires. C’est ainsi qu’est née l’allocation d’actifs dynamique.

Volatilité toujours plus excessive CPPI et Best-of-Two L’ampleur des mouvements de capitaux s’est traduite par des hausses exceptionnellement brutales des niveaux de volatilité. Par rapport aux habitudes

@ peter.baenziger@swisscanto.ch

L’allocation d’actifs dynamique a fait ses premiers pas dans les années 1990, sous le nom de CPPI


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37 Sous la loupe

Budgets de risque fixes Opérer au sein de limites de risque fixes représente une alternative prometteuse dans la mesure où, contrairement à une allocation d’actifs à pondérations fixes, ce ne sont pas les parts des différentes classes d’actifs qui sont définies en premier lieu,

mais le risque maximal auquel le portefeuille peut être exposé. Une fois défini le risque que peut tolérer l’investisseur, le portefeuille est optimisé en conséquence, et les risques sont contrôlés quotidiennement. Si la limite de risque est dépassée, celui-ci est immédiatement réduit au niveau souhaité par une réallocation hors des classes d’actifs risquées en faveur de celles qui affichent moins, voire aucun risque. En revanche, la part plus risquée du portefeuille est reconstituée lorsque ses niveaux de risque, estimés selon la volatilité, ont baissé. L’investisseur ne rate donc pas le train lors de la reprise des marchés. Globalement, cette stratégie permet non seulement d’éviter de longues périodes de pertes, mais également d’exploiter les potentiels haussiers. Caisses de pensions et investisseurs prudents La mauvaise évolution des marchés financiers de ces derniers mois a provoqué une nouvelle dégradation générale de la situation financière des caisses de pensions. D’après les données régulièrement recueillies par Swisscanto, le degré de couverture moyen, pondéré selon la fortune, s’élevait au 30 juin à 97,4% pour l’ensemble des caisses de pensions observées. De nombreuses institutions de prévoyance affichent donc une sous-couverture. Dans de telles circonstances, les stratégies d’investissement limitant clairement les risques de fluctuation et offrant beaucoup de flexibilité en termes d’allocation d’actifs gagneront en importance. n

ALLoCAtIoN D’ACtIfs DyNAmIquE à L’éPREuvE DE LA PRAtIquE

Exemple: Swisscanto (LU) Portfolio Fund Dynamic Yield 0-50 depuis son lancement 100% 11.03.2011 Catastrophe nucléaire de Fukushima

90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20%

Cash

Obligations

Actions

18.08.2011

04.08.2011

21.07.2011

07.07.2011

23.06.2011

09.06.2011

26.05.2011

12.05.2011

28.04.2011

14.04.2011

31.03.2011

17.03.2011

03.03.2011

17.02.2011

03.02.2011

20.01.2011

06.01.2011

09.12.2010

0%

23.12.2010

10%

FOCUS De bons résultats à l’épreuve de la pratique Suite aux bons résultats obtenus dans le cadre d’un backtest effectué sur la base de données du marché, Swisscanto a lancé, en décembre 2010, un fonds géré selon des règles clairement définies, avec un budget risque limité à 5%. L’univers d’investissement du Swisscanto Portfolio Fund Dynamic Yield comprend comme classes d’actifs des instruments du marché monétaire, des obligations en CHF et en monnaies étrangères, des actions suisses et actions internationales, et des matières premières. Pour les actions, le plafond a été fixé à 50% du portefeuille. Durant l’année en cours, ce dernier a déjà été par deux fois soumis à rude épreuve, soit en mars avec la catastrophe nucléaire de Fukushima, puis en août avec la crise de l’endettement et des craintes de récession ayant suivi. Comme l’indique le graphique, la part en actions a été réduite à un strict minimum en mars comme en août. Il convient de noter que ce modèle de gestion du risque ne peut pas «prévoir» les baisses de cours découlant d’événements tels que Fukushima. En réponse à la volatilité accrue des marchés, le risque du portefeuille est en effet immédiatement réduit et l’on passe à côté de la reprise des marchés actions (très rapide dans le cas de Fukushima). Le mécanisme fonctionne en revanche très bien lorsque l’évolution des primes de risque repose sur des fondamentaux, comme la propagation de la crise de l’endettement et les craintes de récession en découlant. Par le passé, le modèle a également permis de signaler des changements de tendance à la hausse, avec un certain décalage bien sûr. Cela fonctionnera-t-il aussi à l’avenir? Swisscanto en est convaincu.

Matières premières

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HEDGE FUNDS

(Constant Proportion Portfolio Insurance). Néanmoins, les baisses trop violentes ou trop prolongées des années 2000 à 2010 ont amené les investisseurs fidèles au principe CPPI à devoir renoncer complètement aux placements à risques, et donc à manquer le moment déterminant de la reprise des marchés actions. Les stratégies dites Best-of-Two se sont dès lors imposées aux dépens de la CPPI. Leur principe de base vise à détenir systématiquement en portefeuilles la meilleure de deux classes d’actifs, en règle générale des actions ou des obligations. Cette méthode a effectivement donné de bons résultats au cours de la crise financière, une surpondération graduelle des obligations s’étant avéré «la bonne chose à faire» dans ce cas. Or, un problème inhérent à la stratégie Best-of-Two réside dans son rééquilibrage planifié selon un rythme périodique, lequel est censé limiter le coût d’un excès d’activité des gérants de portefeuilles. Typiquement, ce rééquilibrage est mensuel et l’allocation revient à un point de départ de 50/50, en début d’année. En cas de chute brusque et marquée des cours, le rééquilibrage mensuel intervient cependant trop tardivement.


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39 Investir

TENDANCES: CHOIX D’ACTIFS

40 ACTions MonDE Déceler les pépites cachées

46 MiCRoFinAnCE Le nouveau paradigme de l’impact investing

41 DEVisEs Poursuite du rallye de l’USD

48 PRiVATE EQuiTY & LuXE Un mariage de valeurs

42 REPèREs Les tendances en partenariat avec Morningstar

50 ART Bourse-art, même topo?

51 CoCKTAiL Du GéRAnT 44 AnALYsEs

«Value» toujours et encore!

Les indicateurs avec Cfinancials

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40 Investir

Actions monde

Déceler les pépites cachées Les stock-pickers cherchent à éviter les sentiers battus, afin de déceler les pépites cachées au sein des marchés actions. Dans cette optique, Mirabaud pratique une gestion libre lui permettant d’effectuer une sélection de titres sur une base rationnelle et indépendante. En pratique, les contraintes de gestion imposées à de nombreux gérants encouragent ces derniers à se conformer à leur indice de référence, selon lequel leur performance est mesurée. Couramment, les gérants actions de grandes sociétés de gestion sont dès lors amenés à respecter un tracking error contraignant. Par conséquent, ces mêmes gérants tendent à répliquer leur indice, quant au choix des titres et à la diversification sectorielle. Mais cette stratégie peut s’avérer insatisfaisante en vue de la performance qui, d’une part, restera étroitement liée à celle de l’indice de référence et, d’autre part, sera péjorée par les frais de gestion. Aussi, nous privilégions une approche différente quant à la gestion actions. Processus de sélection En créant un portefeuille de titres, dont la composition individuelle et sectorielle ne reflète pas celle de l’indice, un investisseur en actions globales peut se positionner pour tirer profit des inefficiences inhérentes aux marchés, tout en s’assurant que la déviation de la performance mesurée contre l’indice reste positive! Il importe donc d’élaborer préalable-

ment une stratégie d’investissement pour guider le processus de sélection de titres. Chez Mirabaud, elle consiste à sélectionner ceux offrant le meilleur potentiel de rendement à un instant donné, suite à une analyse du rapport qualité/prix. Il convient donc de distinguer le prix de la valeur intrinsèque d’une société. Le prix (la cotation boursière) est déterminé par le marché et varie quotidiennement, alors que la valeur intrinsèque est plus difficile à déterminer avec précision. Elle dépend de plusieurs facteurs, dont des éléments quantitatifs (croissance, marges de bénéfices, niveau d’endettement, etc.) et qualitatifs (parts de marchés, réglementation, diversification de fournisseurs et de clients, etc.). Psychologie de masse Un certain nombre d’entreprises à travers le monde ont ainsi réussi à générer de très belles performances boursières, fortement supérieures à celles de leur marché de cotation. A titre d’exemples, la société espagnole Inditex (propriétaire de Zara et Massimo Dutti), la firme britannique Reckitt Benckiser (Vanish, Calgon) ou le restaurateur américain McDonald. Toutes ces enseignes ont réussi à acquérir des parts de marché créant de la valeur pour leurs actionnaires. Le défi de l’investisseur international est donc d’élaborer la stratégie permettant de déceler et d’investir dans ce type de sociétés. Au vu de la forte volatilité des marchés, l’investisseur en actions doit croire for-

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tement en sa stratégie et y adhérer sur le long terme, car l’impact prépondérant de la psychologie de masse des différents intervenants sur la valorisation des actifs constitue un point commun à travers tous les marchés financiers. L’investisseur individuel a sa propre psychologie, mais fait néanmoins partie de la masse. Il doit donc veiller à contrôler ses émotions, afin que celles du marché ne l’affectent pas et ne le poussent pas à prendre de mauvaises décisions. La stratégie de gestion joue donc le rôle important de fil conducteur dans les décisions d’investissement du gérant stock-picker. n

White malcolm Gérant actions internationales, Mirabaud & Cie Banquiers privés

DE PLUS La meilleure stratégie pour battre le marché? Elles sont nombreuses, mais la clé du succès dépend de leur mise en œuvre. Il est primordial que l’approche choisie soit fondamentalement cohérente, peu appliquée par les intervenants dans les marchés, et en ligne avec la psychologie du gérant.

@ malcolm.white@mirabaud.com


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41 Investir

Devises André Keller Responsable de la salle des marchés, Saxo Bank (Switzerland) SA

DE PLUS Une comparaison avec le dollar australien, la devise la plus rentable du G10, s’impose. Les rendements des obligations de l’Etat australien à deux ans, à 4,75% au début du troisième trimestre, n’atteignaient plus que 3,50% le 15 septembre, soit un recul de 125 pb, alors que les taux à deux ans aux EtatsUnis n’ont cédé que de 25 pb environ, au cours de la même période.

@ andre.keller@saxobank.ch

Poursuite du rallye de l’USD Cette année, nous avons un peu attendu un rebond du dollar, comme Vladimir et Estragon l’ont fait pour Godot. Certains indicateurs économiques nous ont fait anticiper ce rallye à plusieurs reprises, sans qu’il ait lieu. Il a fallu attendre fin août et début septembre pour que le billet vert finisse par remonter rapidement, après une longue période de stagnation estivale. Auparavant, le marché avait pourtant connu un certain nombre d’évolutions qui se seraient normalement avérées positives pour l’USD, telles que la chute des marchés d’actions ou encore la montée des inquiétudes face aux perspectives de croissance mondiale, notamment. Le ralentissement économique relatif de certaines économies, qui a conduit

Le dollar devrait profiter d’un différentiel d’intérêt positif

au resserrement des écarts de taux, a été un facteur déclencheur du rebond, certes tardif, mais réel de l’USD. Les taux américains étant déjà très faibles, ce resserrement s’est par ailleurs produit bien que la Fed ait promis de maintenir des taux bas au moins jusqu’à mi-2013. Assouplissement quantitatif Un nouveau resserrement des écarts de rendement entre l’USD et d’autres monnaies est à prévoir. Il devrait écorner la position de devises de carry qu’elles occupaient face au dollar depuis l’année dernière et au début 2011. Le monde entier, particulièrement l’Europe et dans une certaine mesure l’Asie et les marchés en développement, entre en effet dans une phase de faible croissance ou de récession. Au même moment, un nouveau programme de relance et un troisième assouplissement quantitatif de la Fed pourraient générer un PIB solide, pendant quelques trimestres. Les responsables politiques américains suppriment en effet toutes les barrières pour faire tourner l’économie. C’est à qui en tirera le mérite à l’approche des prochaines élections présidentielles. Les efforts entrepris à cet effet seront facilités par la faiblesse de longue durée du dollar, qui a rendu les EtatsUnis extrêmement compétitifs en tant que site de production, et intéressants pour les investisseurs. Dans les mois à venir, deux facteurs pourraient faire remonter le dollar. Le premier est le probable retour de l’Ho-

meland Investment Act (HIA), dont la première version promulguée en 2005 permettait aux entreprises américaines de rapatrier leurs bénéfices, moyennant un taux d’imposition réduit. Cette nouvelle loi pourrait entrer en vigueur le 1er janvier 2012, et les sommes rapatriées devraient alors largement dépasser 500 milliards d’USD. Le deuxième est lié au contexte de désendettement actuel. Alors que les acteurs du marché, qui avaient auparavant misé sur une hausse de toutes les devises face au dollar, liquident leurs positions, la hausse du billet vert semble tout simplement inéluctable. Crise existentielle Le manque de crédibilité de l’euro, confronté aujourd’hui et dans les trimestres à venir à une crise existentielle, permet également au dollar de préserver son statut de monnaie de réserve mondiale, du moins pour le moment. Bien évidemment, ces éléments ne favoriseront pas éternellement le billet vert. Dès lors, il est légitime de se demander combien de temps encore le double déficit, dont souffre depuis longtemps déjà l’Oncle Sam, reviendra tourmenter le marché de la dette américaine et le dollar. n

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42 Investir REPÈRES DU MARCHE DE LA GESTION COLLECTIVE Palmarès sur 1 an des catégories de fonds avec au moins 5 fonds Moyennes des Catégories Morningstar

Anthony mcDonald

Perf. en % annualisée sur 3 ans

Volatilié annualisée sur 3 ans

Perf. en % annualisée sur 5 ans

MEILLEURES PERFORMANCES DES CATEGORIES MORNINGSTAR - FONDS ACTIONS & MIXTES Actions Secteur Métaux Précieux 1.14 8.00 31.41 3.13 Actions Norvège 0.15 -10.80 35.82 -4.09 -0.77 -6.03 27.34 -7.44 Actions Royaume-Uni Petites Cap. Actions Thaïlande -2.12 9.52 27.81 5.73 Actions Etats-Unis Petites Cap. -2.21 -8.38 25.56 -6.62 MOINS BONNES PERFORMANCES DES CATEGORIES MORNINGSTAR - FONDS ACTIONS & MIXTES Actions Inde -26.02 -6.32 31.50 -1.14 Actions Portugal -28.20 -20.76 26.76 -15.26 Actions Vietnam -33.20 -21.12 29.80 -31.66 Actions Turquie -36.04 -11.99 41.06 -5.24 Actions Grèce -40.27 -34.49 36.12 -25.14 MEILLEURES PERFORMANCES DES CATEGORIES MORNINGSTAR - FONDS OBLIGATAIRES Obligations MYR 7.84 2.95 26.12 1.88 Obligations AUD 1.17 3.48 12.32 3.89 Obligations CHF 0.39 3.88 4.40 2.49 Obligations SEK Indexées sur l’Inflation -1.82 -5.01 14.88 -1.45 Obligations NOK -3.53 -3.21 14.71 -0.34 MOINS BONNES PERFORMANCES DES CATEGORIES MORNINGSTAR - FONDS OBLIGATAIRES Obligations USD Diversifiées -17.84 -4.40 11.98 -3.30 14.38 -4.15 -5.70 Obligations HDK -18.50 Obligations USD Emprunts Privés -18.63 -3.38 11.51 -3.55 Obligations ILS Haut Rendement -19.68 -1.69 27.83 -0.56 Obligations TRY -24.70 -8.74 6.27 2.47

Analyste, obsr, Morningstar company

@ anthony.mcdonald@obsr.co.uk

“BlackRock Global Funds - World Gold A2 EUR” - LU0171305526 Nous pensons que cette offre est une excellente manière d’investir dans le secteur aurifère tout en maîtrisant les risques. Evy Hambro gère le fonds depuis Jan. 2002 lorsqu’il a été nommé co-gérant avec Graham Birch (parti ultérieurement à la retraite), ce qui apporte une cohérence appréciable à la gestion du fonds. Selon nous, Hambro est un gérant talentueux qui peut compter sur une équipe Ressources Naturelles solide, qu’il a aidé à construire au fil du temps. Cette équipe d’analystes talentueux spécialisés dans les ressources minières a permis au fonds de maintenir son cap suite au départ de Birch, ancien chef d’équipe, début 2010, suite à un congé sabbatique de 9 mois. Hambro occupe la fonction de co-CIO de l’équipe depuis Avril 2009, avec Robin Batchelor. Ils ont des responsabilités communes, mais Hambro coordonne plus particulièrement les analystes spécialisés sur les ressources minières, et Batchelor le secteur énergétique. Hambro continue à appliquer le processus mis en place avant le départ de Birch. A notre avis, il réussit à ajouter de la valeur en appliquant les résultats de l’analyse détaillée des

Perf. en % sur 1 an

matières premières et des sociétés tout en contrôlant les risques et la liquidité. Au niveau de la sélection de titres, l’analyse des valorisations est rigoureuse et vise à dénicher les sociétés offrant la meilleure exposition aux prix des matières premières dans une marge de risque acceptable. En pratique, cela se traduit par une exposition accrue sur les grands producteurs susceptible d’accroître leur production tout en limitant relativement les coûts. Même si nous continuons à surveiller attentivement la taille du fonds (plus de 9 Mds USD en Déc. 2010), nous pensons que l’approche de long terme du gérant et son biais historique envers les grandes sociétés très liquides lui permettront de continuer à gérer la taille importante du fonds sans impact négatif sur la performance. Ce processus a donné de bons résultats au fil du temps. Le fonds a surperformé sa catégorie Morningstar quasiment chaque année depuis 2002 (à l’exception notable de 2009), et son indice de référence chaque année, sauf en 2008. En 2008, le fonds a été pénalisé par son exposition à l’argent et au platine, et par son incapacité à répliquer les pondérations de l’indice

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sur les très grandes valeurs du secteur, qui ont particulièrement bien réussi pendant la crise. Bien que les perspectives positives des gérants sur l’or aient soutenu la performance relative à l’indice en 2009 et 2010, le fonds a sous-performé la moyenne de sa catégorie, notamment en raison de sa sur-exposition relative aux grandes capitalisations, alors que ses concurrents ont pu profiter de la forte reprise des valeurs de plus petite

taille, plus spéculatives. La sous-performance marquée de Kinross, l’une des valeurs fétiches de l’équipe, a aussi freiné la performance en 2009 et en 2010. Le fonds n’est pas particulièrement cher, avec un TER conforme à la médiane de sa catégorie, et nous pensons qu’il s’agit de l’une des meilleures offres disponibles aux investisseurs cherchant une exposition globale aux secteurs de l’or et des métaux précieux. Le fonds conserve dès lors sa note qualitative Élite. n

Calcul de la performance en CHF, dividendes réinvestis, arrêté au 31/08/2011

Source © 2011 MORNINGSTAR, Inc. Tous droits réservés


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43 Investir Les plus grandes catégories de fonds passées au crible du 1er quartile

Le graphique ci-contre indique l’évolution des catégories de fonds sur cinq ans. Dans chaque numéro, Banque&Finance vous présente également une sélection de fonds. Découvrez les rares produits qui réussissent à se hisser dans le premier quartile sur toutes les périodes analysées. Nous publions au maximum les cinq premiers fonds sur un an. anquiers éproutage se livrer à leur fonctionnaires ne laissent-ils pas les Nouveau types sur 6 mois, 1 an et 3 ans leurs Sur 146 fonds de la catégorie MORNINGSTAR "Actions Suisse Gdes 8 fondsfavori, restent le 1 quartile vent de sérieuses difficultés à être en Cap.", passe-temps soitdans la confection banquiers décider eux-mêmes de partenariats? phase et même àPromoteur s’accorder avec les de Code cocottes enPerf. papier, art où ils Perf. propres en pratiquantEtoiles une sorte Actions Suisse Gdes Cap. en % un Perf. en % en % lois, Volatilité er

Nom du fonds ISIN sur 6 mois sur 1 an sur 3 ans annualisée MORNINGSTAR hauts fonctionnaires fédéraux, en excellent.en vaines invectives et, par annualisée d’autogestion Lesecteur verticalement en matière sur sectorielle? 3 ans particulier avec ceux qui conçoivent la même occasion, de «se tirer une bancaire ne s’en porterait que mieux de services financiers, la Swiss Equity Discovery Fund CACEIS Fastnet (Suisse) SA CH0035717070 -19.00 -0.80 -7.03 26.48 H pleine exploitation du des textes de loi rigides, rétrogrades CH0015312546 Leur clairvoyance balle dans le pied». et-3.94 la Suisse aussi. QuantHHHHH aux foncUBS (CH) Mgr Sel Eqs Switzerland XT2 B UBS Fund Management (Switzerland) AG -7.92 -0.81 15.18 potentiel de sa plate-forme etSwiss coercitifs, ou négocient retrouvée, ils participeraient ainsi tionnaires, ils20.00 pourraient HHHHH davantage SVM Value SIF Investment Funds SAplutôt mal- CH0013610248 -17.05 -1.52à la -0.74 du M&C Swisspleine Equity exploitation Essentials I LLB Fund Services -17.05 -1.67 -4.88 21.43 HHHfavori, adroitement lesAG CDI et autres ques- LI0033236618 défense de notre place financière se livrer à leur passe-temps RFP Swiss potentiel Equity Plusde A sa plate-forme Swiss Global Management AG CH0023449892 -11.26 récurrentes -1.90 de -9.20la confection 16.65 de cocottes HH tions&liées à Asset l’entraide administrative contre les attaques soit en Moyenne passe, en revanche, par -16.59 -8.65 -7.09 17.27 en matière fiscale. C’est normal, car pays étrangers qui n’ont qu’un seul papier, un art où ils excellent.en des partenariats internagradés ou non dans la hiérarchie étabut, celui de s’approprier l’énorme vaines invectives et, par la même occaNasdaqSur 49 tionaux. fonds deEn la effet, catégorie MORNINGSTAR "Actions Suisse Petites & Moy. Cap.", 4 fonds restent dans le 1er quartile sur 6 mois, 1 an et 3 ans tique, ils restent des fonctionnaires masse financière gérée par les établission, de «se tirer une balle dans le OMX se positionne comme un concurrent dans l’âme, doncPromoteur étrangers à l’esprit sements helvétiques. plaise Leur Volatilité clairvoyance retrouvée, pied». Actions Suisse Petitesd’envergure & Moy. Cap. Code Perf. en %Qu’ilPerf. en % à Perf. en % Etoiles ils du fondspleine ISIN sur 6 mois sur 1 an sur 3 ans annualisée MORNINGSTAR et les Nom synergies entrepreneurial et aux spécificités du Dieu, ce jour là n’est pas prêt d’arriver. annualisée participeraient sur 3ainsi ans à la défense de exploitation du potentiel secteur bancaire avec ses tenants et notre place financière contre les -5.10 8.53 -0.83 14.85 AMG Substanzwerte Schweiz A passe, LB(Swiss) Investment AG CH0019597530 HHHHH de sa plate-forme aboutissants, de AG même que décon- CH0107535624 à Dieu, ce jour-17.57 là n’est pas prêt attaques récurrentes étrangers BEKB Aktien Smallpar & Mdes Caps Value Balfidor Fondsleitung -0.40 -2.51 22.24 de paysHHHH enSchweiz revanche, parnectés de la réalité des marchés et d’arriver qui n’ont qu’un seul but, celui de s’apSaraSelect P CHF Sarasin Investmentfonds AG CH0001234068 -19.12 -0.79 -4.82 24.93 HHH tenariats internationaux. AXA Swiss IF Eqs Switzer Sm & Mid Caps 2 AXA Managers AG la CH0035534368 -19.66 -0.82 -3.30 22.92 masse HHHH desInvestment turpitudes que Schweiz provoque proprier l’énorme financière En effet, Nasdaq-OMX se Regiofonds Zuerichsee LLB Fund Services AG LI0018925540 -19.76 -1.08 -6.41 24.06 HH concurrence internationale. En plus, financière contre les attaques récurgérée par les établissements helvépositionne comme un Moyenne -19.02 -5.50 -5.11 22.35 concurrent d’envergure et ils perçoivent chaque mois une solde rentes de pays étrangers qui n’ont tiques. Qu’il plaise à Dieu, ce jour là les synergies passe, en grassement rémunérée pour ne prenqu’un seul but, celui de s’approprier er n’est pas prêt d’arriver. Sur 181revanche, fonds depar la catégorie MORNINGSTAR "Actions Europe Gdes Cap. Mixte", 13 fonds restent dans le 1 quartile sur 6 mois, 1 an et 3 ans des partenadre aucun risque et ne travailler que l’énorme masse financière gérée par vétiques. Qu’il plaise à Dieu, ce jour là riats internationaux. En Actions Europe Gdes Cap. Mixte Promoteur Perf. en % Perf. en % Perf. % prêt Volatilité quatre à cinq heures quotidiennes lesCode établissements heltage la place n’estenpas d’arriver. n Etoiles effet, Nasdaq-OMX se Nom du fonds ISIN sur 6 mois sur 1 an sur 3 ans annualisée MORNINGSTAR annualisée sur 3 ans effectives. Dans ces conditions, il est financière suisse et son secteur banpositionne comme un illusoire d’imaginer un seul instant LU0199669259 caire. Pourquoi -14.56 alors les fonctionconcurrent Quality Europe Equity B d’envergure et Swiss & Global Asset Management AG -1.25 -9.69 23.53 HHHH qu’un fonctionnaire puisse se mettre CH0033137149 naires ne laissent-ils pas les synergies Arnica European Opportunity Fund Swiss Life Funds AG -26.18 -4.44 les -4.60 22.16 HHHHH JPM Europe 130/30 A (acc)-EUR JPMorgan Asset (Europe) S.a.r.l. -24.16 -5.93 -11.64 25.32 HHHH à la place d’unMgmt banquier, lequel prend LU0289089384 banquiers décider eux-mêmes leurs cyril.demaria@gmail.com Ignis Intl Argo Pan Eur Alpha I EUR Acc Ignis Asset Management Limited -16.42 -6.23 -9.77 21.11 HHHH des risques, y compris avec son pro- IE00B0S5S800 propres lois, en pratiquant une sorte BL-Equities Europe B Banque de Luxembourg LU0093570330 -18.54 -6.51 -7.58 19.92 HHHHH pre argent, innove, crée de l’emploi, d’autogestion sectorielle? Le-12.26 secteur Moyenne -23.55 -13.76 23.73 de la richesse et de la valeur ajoutée, bancaire ne s’en porterait que mieux et tout cela sans compter ses heures. et Mixte", la Suisse aux foncSur 150 fonds de la catégorie MORNINGSTAR "Actions Etats-Unis Gdes Cap. 12aussi. fondsQuant restent dans le 1er quartile sur 6 mois, 1 an et 3 ans Deux mondes, deux visions de la réationnaires, ils pourraient davantage Actions Etats-Unis Gdes Cap. Mixte Promoteur Perf. en % Perf.favori, en % Perf. en % Volatilité Etoiles lité économique et financière, et peutse Code livrer à leursur passe-temps Nom du fonds ISIN 6 mois sur 1 an sur 3 ans annualisée MORNINGSTAR annualisée sur 3 ans  être aussi de la vie, deux profils soit la confection de cocottes en antinomiques, donc incompatibles. papier, un art -15.39 où ils excellent.en JPM US Eq A (acc)-EUR (Hdg) JPMorgan Asset Mgmt (Europe) S.a.r.l. LU0278558811 8.58 -12.13 26.05 H Russell IC US Equity EH A Russell Investments -18.53 -13.34 27.86 HH Dès lors, la compréhension entre eux IE00B193MG60 vaines invectives et, par la 4.64 même JPM US Select 130/30 A (acc)-EUR (Hdg) JPMorgan (Europe) S.a.r.l. -17.77 4.02 le -11.18 26.48 H semble Asset vaine,Mgmt au détriment de l’éla- LU0281482918 occasion, de «se tirer une balle dans JPM US Dynamic 130/30 A (acc)-EUR (Hdg) JPMorgan Asset Mgmt (Europe) S.a.r.l. LU0289215278 -16.49 3.87 -11.02 26.11 H boration commune d’un plan d’ac- CH0027988838 pied». Leur clairvoyance retrouvée, ils CONNECT Equity USA GREEN I Credit Suisse Funds AG -18.46 2.89 -2.60 23.96 HHHHH tions efficace visant à développer participeraient ainsi Moyenne -20.73à la défense -7.59 de -11.28 20.79 davantage la place financière suisse notre place financière contre les et son secteur bancaire. Pourquoihorsattaques de paysdans étrangers Sur 63 fonds de la catégorie MORNINGSTAR "Actions Asie-Pacifique Japon",récurrentes 3 fonds restent le 1er quartile sur 6 mois, 1 an et 3 ans alors les fonctionnaires ne laissent-ils qui n’ont qu’un seul but, celui de s’apActions Asie-Pacifique hors Japon Promoteur Code Perf. en % Perf. en % Perf. en % Volatilité Etoiles pas les banquiers décider eux-mêmes proprier l’énorme financière Nom du fonds ISIN sur 6 masse mois sur 1 an sur 3 ans annualisée MORNINGSTAR annualisée sur 3 ans leurs propres lois, en pratiquant une gérée par les établissements helvésorte d’autogestion sectorielle? tiques. Qu’il plaise à Dieu, ce-2.15 jour là AXA Rosenberg Pac Ex-Jap Sm Cp Alp A USD AXA Rosenberg Management Ireland LtdLe IE0008367009 -14.72 -8.39 30.15 HHH UBS (CH) IF Eqs Pac (ex Japan) Pass IX UBS Fund Management -16.51 -5.83 -3.49 24.96 HHH secteur bancaire ne (Switzerland) s’en porteraitAG que CH0033048320 n’est pas prêt d’arriver. First State Asia Pacific Leaders A First State Investments (UK) Ltd GB0033874214 -10.29 -5.96 -0.67 19.35 HHHHH mieux et la Suisse aussi. Quant aux tage la place financière suisse et son F&C Pacific Equity A F&C Management Limited LU0153359475 -15.92 -6.11 -7.31 24.83 HH fonctionnaires, ils pourraient secteur bancaire. Pourquoi alors Vanguard Pacific Ex-Jap Stk Idx Inst USD Vanguard Group (Ireland) Limited davan- IE0007218849 -16.66 -6.18 les -3.71 24.79 HHH

@

Moyenne

-15.72

-10.29

-3.96

23.67

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44 Investir Cfinancials.com un accès simple et gratuit à tous les produits financiers. un accès à 98% des produits financiers, soit 9,5 millions d’instruments financiers.

Sur 893 Fonds 26.09.2011 (Source ThomsonReuters Lipper) Fonds avec la meilleure performance depuis le début de l’année. Critère: Domicilié CH, Focus CH en CHF Perf YTD % 13.01 11.89 11.04 9.55 8.93 8.73 8.25 8.18 8.12 7.8

Fund Name Procimmo Swiss Commercial Fund UBS (CH) Property Fd-Direct Residential Credit Suisse Real Estate Fund Siat Credit Suisse Real Estate Fund PropertyPlus LA FONCIERE UBS (CH) Property Fd-Swiss Mixed ’Sima’ SF Property Securities Fund CH I SF Property Securities Fund CH R SF Property Securities Fund CH UBS (CH) Inst Fd-Swiss Real Estate Selection I-B

Price Date 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11

Fund Type

AssetType

ISIN

Fund Fund Fund Fund Fund Fund Fund of Funds Fund of Funds Fund of Funds Fund

Real Estate Real Estate Real Estate Real Estate Real Estate Real Estate Equity Equity Equity Equity

CH0033624211 CH0026465366 CH0012913700 CH0045159842 CH0002782263 CH0014420878 CH0045826101 CH0045826085 CH0026674181 CH0035433488

Fund Type

AssetType

ISIN

ETF ETF ETF ETF ETF ETF ETF ETF Fund ETF Fund Fund

Other Other Other Other Other Other Other Other Other Other Real Estate Real Estate

CH0106405894 CH0106406199 CH0044821731 CH0044781232 CH0106027136 CH0104136285 CH0106027128 CH0103326721 CH0117983137 CH0029792717 CH0033624211 CH0026465366

Fund Type

AssetType

ISIN

Fund Fund Fund Fund of Funds Fund of Funds Fund of Funds Fund of Funds Fund Fund of Funds Fund of Funds Fund

Real Estate Real Estate Real Estate Equity Equity Equity Equity Real Estate Equity Real Estate Real Estate

CH0026465366 CH0033624211 CH0014586710 CH0045826101 CH0045826085 CH0026674181 CH0111457898 CH0045159842 CH0110177422 CH0031094334 CH0002782263

Sur 1’669 Fonds 26.09.2011 (Source ThomsonReuters Lipper) Fonds avec la meilleure performance depuis le début de l’année. Critère: Domicilié CH en CHF Perf 1Y % 33.05 33.01 27.46 27.46 27.32 27.29 27.28 27.06 24.49 15.83 13.01 11.89

Fund Name

Price Date

Julius Baer Physical Silver-CHF A Julius Baer Physical Silver-CHF AX Julius Baer Physical Gold Fund-CHF AX Julius Baer Physical Gold Fund-CHF A UBS IS - Gold (CHF) hedged ETF I CS ETF II (CH) on Gold - hedged CHF UBS IS - Gold (CHF) hedged ETF A ZKB Gold ETF Hedged (CHF) UBAM (CH) GOLD + (CHF) AH ZKB Silver ETF A (CHF) Procimmo Swiss Commercial Fund UBS (CH) Property Fd-Direct Residential

09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11

Sur 816 Fonds 26.09.2011 (Source ThomsonReuters Lipper) Fonds avec la meilleure performance sur 1 an. Critère: Domicilié CH en CHF Perf 1Y % 37.46 14.94 14.09 13.43 13.38 13.18 13.14 12.73 12.68 12.34 12.29

Fund Name UBS (CH) Property Fd-Direct Residential Procimmo Swiss Commercial Fund FIR Fonds Immobilier Romand SF Property Securities Fund CH I SF Property Securities Fund CH R SF Property Securities Fund CH Credit Suisse Select (CH) Swiss Real Estate Sec D Credit Suisse Real Estate Fund PropertyPlus Credit Suisse Select (CH) Swiss Real Estate Sec I CSA - Real Estate Switzerland Pooled Investments L LA FONCIERE

BANQUE&FINANCE N°112 NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2011

Price Date 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11


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45 Investir

mICHAEL HEIJmEIJER CEO

@ management@cfinancials.com

Cfinancials.com est une société privée et indépendante des émetteurs de produits. Les analyses de produits financiers sont objectives et basées sur un traitement informatique des données.

sur le web www.cfinancials.com

Sur 629 Fonds 26.09.2011 (Source ThomsonReuters Lipper) Fonds avec la meilleure performance sur 3 ans. Critère: Domicilié CH en CHF Perf 3Y %

Fund Name

55.95 51.09 47.74 41.05 39.21 37.48 36.58 36.48 36.25 36.21 36.2 34.59 33.14 33

Price Date

BAM Equity Trading Fund (CHF) UBS (CH) Property Fd-Direct Residential UBS (CH) Property Fd-Swiss Residential ’Anfos’ Credit Suisse Real Estate Fund Siat FIR Fonds Immobilier Romand Realstone Swiss Property CSA - Real Estate Switzerland Pooled Investments L UBS (CH) Property Fd-Swiss Mixed ’Sima’ Immo Helvetic Credit Suisse Real Estate Fund PropertyPlus CSA - Real Estate Switzerland Pooled Investments LA FONCIERE UBS (CH) Inst Fd-Swiss Real Estate Selection I-B UBS (CH) Inst Fd-Swiss Real Estate Selection I-X

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09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11 09/26/11

Fund Type

AssetType

ISINN

Fund Fund Fund Fund Fund Fund Fund of Funds Fund Fund Fund Fund of Funds Fund Fund Fund

Equity Real Estate Real Estate Real Estate Real Estate Real Estate Real Estate Real Estate Real Estate Real Estate Real Estate Real Estate Equity Equity

CH0033224889 CH0026465366 CH0014420829 CH0012913700 CH0014586710 CH0039415010 CH0031094334 CH0014420878 CH0002770102 CH0045159842 CH0031081455 CH0002782263 CH0035433488 CH0035433595

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46 Investir

microfinance

Le nouveau paradigme de l’impact investing Le terme d’«impact» est de plus en plus utilisé par de nombreux banquiers et gestionnaires de fonds, alors qu’il y a deux ans seulement, ils parlaient encore de responsabilité sociale. Dans un rapport publié en 2010 [1], JP Morgan estime qu’une opportunité d’investissement d’impact (ou impact investing, selon l’expression consacrée en anglais), à la base de la pyramide, s’élève entre 400 milliards et 1 trillion USD. D’où vient cette nouvelle tendance? L’impact investing est plus qu’une xième nouvelle classe d’actifs qui viendrait redonner vitalité à une précédente éculée, par sa seule nouvelle appellation. Elle est une lame de fonds et une prise de conscience que le seul rendement financier ne peut pas être l’unique critère d’investissement, mais que tout placement se doit de prendre en compte et de rendre compte également de ses impacts sociaux, économiques et environnementaux. La fin ne peut pas justifier les moyens, surtout quand les coûts sont transférés à la communauté publique, aux pays sous-développés, à l’environnement, etc. Une vision à court terme, axée sur le rendement, n’est pas une option durable. L’impact investing se démarque de l’investissement socialement responsable (ISR) en ce sens qu’il exige que l’impact ne reste pas au niveau de l’intention ou de la déclaration, mais bel bien à celui de la preuve, de la réalité concrète. L’ISR peine à se démarquer du discours dominant de la finance, voulant que la performance soit calculée à l’once de ses bench-

marks. Dans un marché intégré, une bonne performance n’est ainsi pas calculée en termes absolus, mais en fonction de ses pairs, et un fonds qui perd moins que ses pairs est bon. Or, s’il est vrai que le monde financier et ses marchés boursiers ont réduit le temps économique à l’échelle de l’heure, voire de la seconde, l’économie déploie son potentiel à l’échelle de l’année ou de la décennie. L’impact investing ne cherche donc pas à se comparer aux benchmarks financiers se profilant dans cette immédiateté. Stabilité des rendements Face à l’impact investing, le discours dominant, fort de son déni du temps, cherche également à opposer rendement financier et rendement social ou environnemental. Ce discours n’a toutefois aucun fondement en considérant les externalités d’un investissement et leurs effets indirects qui peuvent s’avérer, à terme, extrêmement coûteux pour l’entreprise refusant de les intégrer, et a fortiori pour l’investisseur. La microfinance, l’un des secteurs où se sont créés les premiers fonds tendant vers l’impact investing, a dès lors démontré ces dix dernières années par une stabilité insolente de ses rendements, que le temps est une variable de différentiation, dont la finance doit rendre compte. L’impact investing est donc plus qu’une mode. Il s’agit d’un tournant majeur dans la façon de considérer la finance et son rôle. Il s’agit d’un retour de la finance à la sphère économique

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et sociale, dont elle avait cru pouvoir se défaire en inventant une plus-value qui se générerait d’elle-même. Les alchimistes ont rêvé au cours des siècles à cette pierre philosophale, qui transformerait le vulgaire en précieux. Mais lorsque l’illusion s’estompe, c’est pour réaliser que la réalité est suffisamment belle en soi et qu’il faut éviter de chercher à en faire plus, à en faire trop, au risque que la machine ne s’emballe et tire la réalité à la banqueroute. n

1. Impact Investment an emerging asset class report established by JP Morgan and the Rockefeller Foundation (http://www.jpmorgan.com/cm/BlobServer/impact_investments_nov2010.pdf?blobcol=urldata&blobta ble=MungoBlobs&blobkey=id&bl ob where=1158611333228&blobheader=application%2Fpdf)

Cédric Lombard Co-fondateur et Directeur de Impact Finance Management SA, Co-fondateur de BlueOrchard Finance SA, Symbiotics SA et Sustainable Finance Geneva

DE PLUS Si le monde financier a développé des outils subtils d’analyse du risque, il ne s’est en revanche jamais soucié de mesurer son impact. Impact Finance a donc mis sur pied un système rigoureux de monitoring de l’impact qui lui permet de comprendre et de suivre l’impact social, économique et environnemental de ses investissements, et d’en reporter avec systématique à ses investisseurs.

@ cedric.lombard@impact-finance.com


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48 Investir

Philippe C. Camperio Chairman, Swiss Luxury Beliefs SA

Private Equity

DE PLUS

PRIVATE EQUITY & LUXE

Un mariage de valeurs Le Private Equity (PE) est une composante essentielle du développement d’une marque de luxe. Issus d’une famille ou d’entrepreneurs, les capitaux sont déployés à la naissance et à l’expansion des plus belles marques du monde. Ce n’est en effet que plus tard que ces marques accèdent aux marchés des capitaux (Hermès, Prada, Burberry) ou que les groupes cotés, tels LVMH, Swatch, Richemont ou PPR, les rachètent en les consolidant dans

des portefeuilles diversifiés et contribuant leur savoir-faire global. Historiquement, la relation entre le PE et le luxe perdure ainsi depuis des décennies. Cependant, de nouveaux acteurs du PE font leur entrée dans le capital de marques, en suivant un raisonnement découlant tant des fondamentaux de marchés (notamment les bouleversements socio-économiques mondiaux) que des aspects purement financiers. L’année 2011 aura vu deux transactions représentatives mariant

PE et luxe. Le fonds Eurazeo a racheté 45% de Moncler, pour 418 millions d’euros, valorisant l’entreprise à 2,16x le chiffre d’affaires et 9,1x l’EBITDA. Labelux, propriétaire de Bally, a racheté Jimmy Choo pour 500 millions de livres. Une belle opération pour le cédant, qui l’avait acquise en 2007 pour 185 millions de livres. De nombreuses autres opérations se sont encore réalisées en 2011. Alors, pourquoi cet engouement? Simplement, par le désir d’une équa-

Brands peers at a glance MSCI Brands is trading at around a 77% premium to MSCI Europe based on 1-year forward P/E

MSCI Brands Premium Vs MSCI Europe

Source: Datastream BANQUE&FINANCE N°112 NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2011

La course à la croissance et à la marge opérationnelle positive ne font en général pas bon ménage, lors des premières années d’une marque de luxe. Pourtant, uniquement une marge bénéficiaire permettra à celle-ci de se pérenniser. Pour atteindre le «graal» des 20% d’Ebitda, il faut s’armer de patience et de rigueur. En effet, les premières années ne peuvent qu’être déficitaires, à cause des coûts incompressibles (RH, R&D de matériaux, design et marketing). Qu’une marque vende 1’000 ou 100’000 pièces, ses coûts sont inévitables et nécessaires pour présenter son identité. Le processus d’augmentation de la marge bénéficiaire peut se résumer, entres autres, par (1) l’augmentation des ventes, (2) des volumes supérieurs et la réduction des coûts de fabrication à l’unité, (3) l’octroi de licences sur des accessoires (lunetterie, parfums) et l’ouverture de magasins en propre. Un regroupement de marques au sein d’un même portefeuille permet des intégrations horizontales et verticales, ainsi que de déployer des économies d’échelle, tout en préservant la créativité individuelle, en concentrant notamment les achats de matières premières, en optimisant les réseaux commerciaux et en centralisant le backoffice (finance & administration et logistique). Un tel regroupement permet aussi de s’ouvrir de nouveaux marchés et de faire du cross-marketing, de réduire les risques et de diversifier le chiffre d’affaires par secteur, territoire et tendance.

@ philippe@heavens-geneve.com


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49 Investir

Cyril demaria Chroniqueur

Nouveau types de partenariats? verticalement en matière de services financiers, la pleine exploitation du potentiel de sa plate-forme pleine exploitation du potentiel de sa plate-forme passe, en revanche, par des partenariats internationaux. En effet, NasdaqOMX se positionne comme un concurrent d’envergure et les synergies pleine exploitation du potentiel de sa àplate-forme passe,de tion parfaite, savoir création en revanche, par des parrêves + croissance des marchés + tenariats internationaux. business En modèles = accroisseeffet, avérés Nasdaq-OMX se ment de positionne la valeur d’entreprise comme un couplée à des valorisations supérieures concurrent d’envergure et les synergies passe, en aux industries traditionnelles. Pour par desil partenaatteindrerevanche, cette équation, faut en riatsles internationaux. comprendre composantes,En mais effet, Nasdaq-OMX se surtout les maîtriser. positionne comme un concurrent d’envergure et La part les de rêve synergies

@Lecyril.demaria@gmail.com luxe a subi une formidable transformation ces dernières années et est vecteur d’un style de vie. Le consommateur est soit novice dans les pays émergents, soit éclectique dans les marchés matures. En Occident, le client s’identifie à des marques porteuses d’une «raison d’être». Celui-ci sert d’ambassadeur. qu’on appelle 220x49mm.pdf 1 Ce 8/4/11 5:53 PM

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obligations

Bête noire ou coquel anquiers éprouvent de sérieuses difficultés à être en phase et même à s’accorder avec les hauts fonctionnaires fédéraux, en particulier avec ceux qui conçoivent des textes de loi rigides, rétrogrades et coercitifs, ou négocient plutôt maladroitement les CDI et autres questions liées à l’entraide administrative en matière fiscale. C’est normal, car gradés ou non dans la hiérarchie étatique, ils restent des fonctionnaires dans l’âme, donc étrangers à l’esprit entrepreneurial et aux spécificités du secteur bancaire avec ses tenants et aboutissants, de en anglais «opinion leader», même queundéconnectés de lainfluenréalité çant les pays émergents, plutôt des marchés et des turpitudes que «fashion C’est la part de rêve. provoquevictims». la concurrence internatioEn de ils croissance, le marché nale.termes En plus, perçoivent chaque global du luxe été estimé à rémuné172 milmois une soldea grassement liards d’euros en 2010aucun et il s’attend à rée pour ne prendre risque et une croissance 8% en 2011, à185 ne travailler quede quatre à cinq heures [1]. La croissance milliards d’euros quotidiennes effectives. Dans ces annuelle moyenne, depuisd’imaginer 1995, se conditions, il est illusoire [2]. La ruée vers l’or, monte 5,5% p.a.qu’un un seulà instant fonctionnaire que représentent et plus puisse se mettre àl’Asie la place d’unpartibanculièrement la Chine, soutient (dange-y quier, lequel prend des risques, reusement) de compris avec lason perception propre argent, croissance infinie. marché ende nominnove, crée deLel’emploi, la bre de consommateurs, pouvoir richesse et de la valeurson ajoutée, et d’achat progressif et sa conception du tout cela sans compter ses heures. «must have» créent tendances se Deux mondes, deux des visions de la réatraduisant par des et peutvalolité économique etprojections financière, et risations d’entreprises grisantes. En ce être aussi de la vie, deux profils qui concerne les business modèles, ils antinomiques, donc incompatibles. sont nombreux. Il faut surtoutentre avoireux un Dès lors, la compréhension

produit faut à Dieu, original ce jour et là crédible. n’est pasIl prêt ensuite construire une histoire le soud’arriver tenant. Finalement, il faut des compétences. Entre le PE.les attaques récurfinancière contre Historiquement, PE produitqui desn’ont renrentes de pays leétrangers dements supérieurs à ceux du marché. qu’un seul but, celui de s’approprier Ceux-ci le résultat d’un gérée état d’esl’énormesont masse financière par prit et de techniques spécifiques à les établissements heltage la place cette classe d’actifs. Ensecteur alliant banune financière suisse et son dynamique entrepreneuriale et une caire. Pourquoi alors les fonctiongestion les acteurs PE naires rigoureuse, ne laissent-ils pasdu les fournissent aux marques de luxe les banquiers décider eux-mêmes leurs compétences indispensables au sorte sucpropres lois, en pratiquant une cès d’une entreprise, soit la Le pérennisad’autogestion sectorielle? secteur tion de lane valeur actionnariale sur le bancaire s’en porterait que mieux long terme. Les acteurs du PE comet la Suisse aussi. Quant aux foncprennent notion d’investissement tionnaires,lails pourraient davantage dans les outils de passe-temps production et les resse livrer à leur favori, sources connaissent soit la humaines. confectionIlsde cocottes les en problématiques auxexcellent.en entreprises papier, un art liées où ils familiales ou PME et vaines invectives et, les parprocédures la même

semble vaine, au détriment de l’élaboration commune d’un plan d’actions efficace visant à développer davantage la place financière suisse et son secteur bancaire. Pourquoi alors les fonctionnaires ne laissent-ils pas les banquiers décider eux-mêmes leurs propres lois, en pratiquant une sorte d’autogestion sectorielle? Le secteur bancaire ne s’en porterait que mieux et la Suisse aussi. Quant aux fonctionnaires, ils pourraient davan-

occasion, de «se tirer une balle dans le pied». Leur clairvoyance retrouvée, ils participeraient ainsi à la défense de notre place financière contre les attaques récurrentes de pays étrangers qui n’ont qu’un seul but, celui de s’approprier l’énorme masse financière gérée par les établissements helvétiques. Qu’il plaise à Dieu, ce jour là n’est pas prêt d’arriver. tage la place financière suisse et son secteur bancaire. Pourquoi alors les

tage se livrer à leur passe-temps favori, soit la confection de cocottes en papier, un art où ils excellent.en vaines invectives et, par la même occasion, de «se tirer une balle dans le pied». Leur clairvoyance retrouvée, ils participeraient ainsi à la défense de notre place financière contre les attaques récurrentes de pays étrangers qui n’ont qu’un seul but, celui de s’approprier l’énorme masse financière gérée par les établissements helvétiques. Qu’il plaise à Dieu, ce jour là n’est pas prêt d’arriver.

fonctionnaires ne laissent-ils pas les banquiers décider eux-mêmes leurs propres lois, en pratiquant une sorte d’autogestion sectorielle? Le secteur bancaire ne s’en porterait que mieux et la Suisse aussi. Quant aux fonctionnaires, ils pourraient davantage se livrer à leur passe-temps favori, soit la confection de cocottes en papier, un art où ils excellent.en vaines invectives et, par la même occasion, de «se tirer une balle dans le pied». Leur clairvoyance retrouvée, ils participeraient ainsi à la défense de notre place financière contre les pour gérer la croissance et optimiser attaques récurrentes de pays étrangers les Aussi,seul les acteurs dude PEs’apont qui coûts. n’ont qu’un but, celui une véritable aspiration pourfinancière les avenproprier l’énorme masse tures l’entrepreneuriat pur, géréehumaines, par les établissements helvémais ontQu’il surtout une tiques. plaise à compréhension Dieu, ce jour là du risque, éléments essentiels dans le n’est pas prêt d’arriver. monde duQu’il luxe.plaise à Dieu, ce jour là vétiques. Finalement, acteurs n du PE institun’est pas prêtlesd’arriver. tionnalisent leurs investissements et les façonnent en vue de leurs futures réalisations, par le biais d’un reporting, d’une comptabilité aux normes et d’une optimisation des structures. Ces démarches permettent à la marque de justifier sa valorisation et de la préparer à une cotation ou à un rachat dans les meilleures conditions. n

1. Bain & Company - Altagamma 2. Credit Suisse

N

BANQUE&FINANCE N°112 NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2011


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50 Investir

Art

Bourse-art, même topo? Ces lignes ont été rédigées au début septembre, après les chutes boursières spectaculaires ayant jalonné la période estivale, créée pour le repos et la régénération des forces vives, afin de mieux affronter les événements. Outre la chute de l’euro face au franc suisse, une énième crise du libéralisme a sévi, considérée comme l’une des plus graves depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Après les crises pétrolières, immobilières, obligataires, des subprimes et bancaires, voilà celle des dettes souveraines. Le quidam découvre qu’un Etat peut être aussi mal géré que n’importe quelle entreprise et qu’il n’est même pas épargné par le risque d’une faillite! La première surprise consiste à s’apercevoir que les dirigeants politiques, généralement nommés pour un temps limité, ont le mauvais réflexe de se précipiter vers une solution bancale, à savoir prélever de l’argent frais dans le domaine fiscal, sans s’attaquer aux causes profondes de la déroute, systématiquement appliquée par leurs prédécesseurs! Cette initiative irréfléchie produit un effet psychologique désastreux, et met directement sous pression les différents acteurs économiques de la société. Dans les WC En fermant la porte au rêve et à l’imaginaire, elle créé une léthargie contreproductrice ligotant les initiatives nécessaires à la progression des affaires. Dans une telle situation, le

domaine de l’art est l’un des premiers secteurs touchés par cette période post-crise, dont on peut déjà mesurer les effets. Dès 2002, nous avons constaté l’évolution du secteur vers une orientation largement plus spéculative que conservatrice. Dès 2008, nous avons assisté, incrédules, à la montée artificielle rapide des contemporains asiatiques, dont certains ne trouveraient même pas leur place dans les WC d’un musée digne de cette appellation. Qui dit spéculation dit revente. Or, nous sommes parvenus à un surstockage estimé entre dix et douze milliards de francs suisses. Les propriétaires d’art vont vouloir réaliser leurs biens, mais ils ne trouveront aucun acheteur, car les prix gonflés artificiellement ne permettent plus à personne de faire rêver d’hypothétiques acquéreurs, surtout que ces derniers sont déjà entrés en possession d’objets.

de crise, les investisseurs ne vont donc pas se précipiter sur ces illustres inconnus! Aussi, il est essentiel de se poser la question du devenir de ce marché largement dominé par la spéculation. Idéalement, il serait salutaire que cette crise profite à la réflexion, et permette à chacun d’appréhender une œuvre d’art sur sa qualité intrinsèque et son apport tant sur le point de vue patrimonial qu’esthétique, plutôt que de se laisser entraîner par des résultats affichés de plus en plus tronqués. D’autant plus que le nombre d’objets annoncés vendus, mais non payés, est en inquiétante augmentation et fausse totalement la réalité du marché! n

michel Reymondin Expert en œuvres d’art

DE PLUS La mode consistant à vouloir faire une cote d’un artiste au travers d’une enchère, et non plus d’une galerie parvenant à intéresser peu à peu des collectionneurs, finit par lasser. Parions que le marché risque de se réorienter à la baisse pour les contemporains, et se raffermisse pour les œuvres classiques. Il faudra cependant que les nouveaux investisseurs fassent un effort de culture, s’ils ne souhaitent pas continuer à être pris pour des pigeons. Cette crise servira au moins à quelque chose. Mais pour combien de temps?

@

michelreymondin@bluewin.ch

Réalité faussée Lors de la dernière période de spéculation (1987 -1991), la chute brutale a été de l’ordre de 50% pour les Impressionnistes, et il a fallu attendre douze ans pour que ces œuvres retrouvent leur valeur initiale. Cela a été rendu possible grâce à la notoriété des artistes entrés depuis longtemps dans l’inconscient collectif. En 2011, il en va tout autrement. On note 127 résultats millionnaires réalisés par des plasticiens actuels, dont l’existence était encore inconnue en 2002. En période

BANQUE&FINANCE N°112 NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2011

Pour les lecteurs intéressés par cette rubrique, l’ouvrage intitulé «L’Art, miroir de la société» vient de paraître aux Editions Slatkine (445 pages). A commander directement: michelreymondin@bluewin.ch


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51 Investir

Cyril demaria

banquiers décider eux-mêmes leurs Générer du en cash-flow propres lois, pratiquant une sorte d’autogestion sectorielle? Le secteur Nous favorisons aussi les que petites et bancaire ne s’en porterait mieux moyennes capitalisations suisses venet la Suisse aussi. Quant aux foncdues sans ils discrimination lors des tionnaires, pourraient davantage récentes de capitulation, car se livrer séances à leur passe-temps favori,

SPIEX Total Return versus SMI Total Return performance du 01.01.2005 au 31.08.2011 140.00% 130.00% 120.00% 110.00% 100.00% 90.00% 80.00% 70.00% 60.00% 50.00% 40.00% 30.00% 20.00% 10.00% 0.00% -10.00% -20.00%

52.48 %

SPIEX

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16.69 %

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@ cyril.demaria@gmail.com

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@

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DE PLUS

soit la confection de cocottes en papier, un art où ils excellent.en vaines invectives et, par la même occasion, de «se tirer une balle dans le pied». Leur clairvoyance retrouvée, ils participeraient ainsi à la défense de notre place financière contre les elles présentent desde perspectives de attaques récurrentes pays étrangers plus-values importantes, à de moyen qui n’ont qu’un seul but, celui s’apterme. En l’énorme Suisse, nous avonsfinancière effectiveproprier masse ment la chance d’avoir des gérée par les établissementssociétés helvétrès bienQu’il gérées, peuàouDieu, pas endettées, tiques. plaise ce jour là qui des cash-flows récurn’estgénèrent pas prêt d’arriver. rents.laEn outre, elles ne suisse sont, pour la tage place financière et son plupart, plus aussi sensibles à la force secteur bancaire. Pourquoi alors les du franc suisse ne quelaissent-ils par le passé. fonctionnaires pasSoit les parce qu’elles ont des produits tellebanquiers décider eux-mêmes leurs ment recherchés, qu’elles peuvent se propres lois, en pratiquant une sorte permettre d’ajuster leurs prix, ou d’autogestion sectorielle? Le secteur même, pour d’entre de bancaire ne certaines s’en porterait queelles mieux facturer leurs aussi. clients Quant en francs suisses, et la Suisse aux foncsoit parce qu’elles ont délocalisé une tionnaires, ils pourraient davantage partie de leur production à l’étranger, se livrer à leur passe-temps favori, et profitent ainsi de lade baisse généralisoit la confection cocottes en sée des devises franc suisse. papier, un art contre où ilsle excellent.en Il est intéressant de par constater que sur vaines invectives et, la même occala seule base de l’indice des titres sion, de «se tirer une balle dans le excluant les clairvoyance titres du SMI,retrouvée, ces sociétés pied». Leur ils sur-performent sensiblement participeraient ainsi à la défense les de grandes capitalisations suisses, même notre place financière contre les en prenant en compte le rendement attaques récurrentes de pays étrangers des dividendes plusbut, élevés qui n’ont qu’un seul celuides de titres s’apdu SMI. nl’énorme masse financière proprier

tage se livrer à leur passe-temps favori, soit la confection de cocottes en papier, un art où ils excellent.en vaines invectives et, par la même occasion, de «se tirer une balle dans le pied». Leur clairvoyance retrouvée, ils participeraient ainsi à la défense de l’inflation. ne sommes notre placeNous financière contredonc les pas très récurrentes favorables de aux obligations, attaques pays étrangers et restons des qu’unpositionnés seul but, celuisur de s’apqui n’ont échéances ne dépassant pas 2016. En proprier l’énorme masse financière raison de lales défiance généralisée, fort gérée par établissements helvécompréhensible, vis-à-vis dettes tiques. Qu’il plaise à Dieu,des ce jour là souveraines des sociétés finann’est pas prêt et d’arriver. cières, nous préférons des obligations de sociétés un bilan irréà Dieu, ce présentant jour là n’est pas prêt prochable. d’arriver En ce qui concerne les actions, nous détenons des titres de sociétés un attaques rendement du financièreoffrant contre les récurdividende supérieur à la moyenne, rentes de pays étrangers qui n’ont comme par but, exemple ENI ou qu’un seul celuiNovartis, de s’approprier Telefonica. Il s’agit d’une alternative l’énorme masse financière gérée par intéressante, notamment les les établissements heltage pour la place investisseurs «franc suisse», en banl’abfinancière suisse et son secteur sence rendements côté obligacaire. de Pourquoi alorsdules fonctiontaire. naires ne laissent-ils pas les

12.2005

verticalement en matière de services financiers, la pleine exploitation du potentiel de sa plate-forme pleine exploitation du potentiel de sa plate-forme passe, en revanche, par des partenariats internaNous sommes convaincus tionaux. En effet, Nasdaqque stock-picking, par OMXlese positionne comme opposition à ded’envergure la gestion un concurrent indicielle, reprendra toute et les synergies pleine son importance ces proexploitation du potentiel chaines années. C’est en de sa plate-forme passe, effet dans la phase deparen revanche, par des contraction des multiples tenariats internationaux. que cetteNasdaq-OMX approche génère En effet, se le plus de valeur. positionne comme un concurrent d’envergure et les synergies passe, en michel.gada@olifan.ch revanche, par des partenariats internationaux. En effet, Nasdaq-OMX se positionne comme un concurrent d’envergure et les synergies

anquiers éprouvent de sérieuses difficultés à être en phase et même à s’accorder avec les hauts fonctionnaires fédéraux, en particulier avec ceux qui conçoivent des textes de loi rigides, rétrogrades et coercitifs, ou négocient plutôt maladroitement les Aussi que des solutions CDI et longtemps autres questions liées à l’encrédibles pour les déficits étatiques, traide administrative en matière fistant qu’américains, cale. européens C’est normal, car gradés oun’aunon ront pas été mises en ils place, la dans la hiérarchie étatique, restent défiance des investisseurs et la donc volades fonctionnaires dans l’âme, tilité des marchés étrangers à l’espritpersisteront. entrepreneurial et Etantspécificités des gérants «value», aux du orientés secteur bancaire chaque chute brutale des marchés avec ses tenants et aboutissants, de actionsque présente des opportunités même déconnectés de la réalité pourmarchés acquériret des baissiers des des titres turpitudes que «comme lelamarché», alorsinternatioque leurs provoque concurrence fondamentaux extrêmement nale. En plus, ilssont perçoivent chaque solides. faut néanmoins se rémunémontrer mois uneIl solde grassement très pour sélectif, l’évaluation des marrée ne car prendre aucun risque et chés dans leur n’est pas ne travailler que ensemble quatre à cinq heures aussi basse qu’en 2008. Le Dans P/E ajusté quotidiennes effectives. ces du cycle (Graham & Dodd)d’imaginer se situe à conditions, il est illusoire environ alorsqu’un qu’il était inférieur un seul 13x, instant fonctionnaire àpuisse 10x en 2008, et ratio d’un price-tose mettre à laleplace banbook tombé quasiment à 1 en quier, était lequel prend des risques, y 2008, alorsavec qu’il son est actuellement de compris propre argent, 1.35. Par crée conséquent, nous priviléinnove, de l’emploi, de la gions uneetallocation comportant richesse de la valeur ajoutée,une et part d’actifs réels, que tout importante cela sans compter ses tels heures. les matières premières et l’immobilier Deux mondes, deux visions de la réasuisse qui représentent 20%etdepeutnos lité économique et financière, portefeuilles. les matières preêtre aussi dePour la vie, deux profils mières, nous préférons les métaux antinomiques, donc incompatibles. précieux, l’or qui, à l’insDès lors, lanotamment compréhension entre eux tar du franc sert dedevaleur semble vaine, suisse, au détriment l’élarefuge et commune protégera d’un aussi plan de l’inflaboration d’action. L’exposition monétaire fait la tions efficace visant à développer part belle laaux devises que suisse nous davantage place financière considérons comme fortes,Pourquoi soit le et son secteur bancaire. franc suisse, les couronnes norvéalors les fonctionnaires ne laissent-ils giennes et suédoises, ainsi que le dolpas les banquiers décider eux-mêmes lar australien. leurs propres lois, en pratiquant une Bien nous n’envisagions pas une sorteque d’autogestion sectorielle? Le montée des tauxne dans il secteur bancaire s’enl’immédiat, porterait que est évident que les Etats chercheront mieux et la Suisse aussi. Quant aux àfonctionnaires, réduire leurs déficits par le biais de ils pourraient davan-

09.2005

Nouveau types de partenariats?

06.2005

Managing Partner, OLIFAN Finance SA

Bête noire toujours ou coquel «Value» et encore!

03.2005

Michel Gada

12.2004

Chroniqueur

Obligations Cocktail du gérant

SMI

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53 Assurances

DOSSIER ASSURANCES

L’assurance désormais dans Banque & Finance Le secteur suisse de l’assurance occupe aussi une position prépondérante au sein de l’économie nationale, en parfaite complémentarité avec l’activité de la place bancaire. Il contribue à la valeur ajoutée brute du pays par un montant de plus de 4,2% et emploie près de 50 000 collaborateurs sur le territoire (quelque 80 000 à l’étranger). Il apporte en plus la preuve de sa stabilité dans une crise financière particulièrement aiguë. Compte tenu des nombreux atouts de l’assurance suisse, Banque & Finance a pris l’option de lui dédier une rubrique étoffée. Dans ce numéro, les effets du FATCA sur le secteur (KPMG Suisse), les stratégies de placement des compagnies (MAN), la gestion des portefeuilles en actions des compagnies (Vaudoise Assurances), la couverture d’assurance des oeuvres d’art (Allianz Suisse) et l’assurance médicale internationale (Golden Care).

54 FATCA Ses effets sur le secteur suisse de l’assurance

60 GEsTion DEs PoRTEFEuiLLEs En ACTions DEs CoMPAGniEs D’AssuRAnCE Des actifs sous haute surveillance

57 GoLDEn CARE Stratégie innovante de la couverture des soins

63 PRoTECTion JuRiDiQuE Innovations opportunes

58 sTRATéGiEs DE PLACEMEnT DEs CoMPAGniEs D’AssuRAnCE

64 L’ART D’AssuRER L’ART

L’attrait des stratégies alternatives

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54 Assurances

Par Daniel senn Head of Financial Services, KPMG Suisse

et Patrick scholz Senior Manager dans le domaine des Audit Financial Services, KPMG Suisse

@ dsenn@kpmg.com Lors de l’adoption du FATCA en mars 2010, les acteurs de l’assurance s’accordaient à estimer que cette taxe ne les concernerait guère. Mais les obligations d’informer imposées aux instituts financiers situés hors des Etats-Unis pour éviter la fraude fiscale valent aussi pour les assurances.

L

e FATCA vise à empêcher les contribuables étasuniens physiques et moraux de ne déclarer que partiellement leur fortune et leurs revenus avec l’aide (du point de vue américain) d’instituts financiers étrangers. L’introduction d’une obligation de communiquer des données sur tous les comptes US à l’administration fiscale américaine (Internal Revenue Service/IRS), sur la base d’un accord de publication (disclosure agreement), doit permettre à l’IRS de disposer des informations nécessaires pour prévenir une soustraction fiscale des actifs US de contribuables américains. Si un institut financier ne conclut pas de disclosure agreement avec l’IRS, il se voit prélever un impôt à la source de 30% sur tous ses pro-

@ pscholz@kpmg.com

FATCA

Ses effets sur le secteur suisse de l’assurance duits d’origine américaine (intérêts, dividendes, produits de ventes). L’opération de retenue de l’impôt à la source est confiée aux instituts financiers ayant conclu un disclosure agreement avec l’IRS. En outre, la retenue fiscale de 30% ne constitue pas une indemnité, ni ne remplace la remise d’une communication annuelle. Ce taux élevé fait de la retenue un élément essentiellement dissuasif, qui va en fait contraindre tous les instituts financiers étrangers à conclure la convention souhaitée. Aussi les sociétés d’assurance Le FATCA concerne tous les instituts financiers (Foreign Financial Institutions/FFI) situés hors des

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Etats-Unis et s’inscrivant dans l’une des trois catégories banques dépositaires et instituts exerçant des activités similaires, instituts détenant des actifs pour le compte de tiers et instituts opérant dans l’investissement, le réinvestissement ou la négociation de titres. Dans sa notice 2010-60, l’IRS explique comment ces catégories doivent être interprétées. Le groupe cible essentiel du FATCA, les banques, forme la première catégorie. Mais le FATCA va plus loin. La deuxième catégorie comprend par exemple les broker-dealers, les organisations de clearing, les trusts et les custodial banks mentionnés dans la notice. Les assurances exploitant une assurance-vie liée à des fonds de placement en font également partie, car elles détiennent des actifs de

tiers. Dans la troisième catégorie, la notion d’«activités commerciales» revêt une signification sensiblement plus large que dans les autres domaines. Contrairement aux premières suppositions, l’IRS n’a pas exempté les sociétés d’assurance et leurs produits, d’une manière générale. Selon certaines déclarations, les produits d’assurance sans épargne ne seraient pas touchés, mais les produits d’assurance-vie et de pension traditionnels lient généralement la couverture d’assurance à une part d’épargne. Comme ces produits engendrent aussi un risque latent de soustraction fiscale, le FATCA a donc été adopté. Quelques sociétés obtiendront le statut deemed compliant et ne devront soumettre que des rapports simplifiés. Serait dee-


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55 Assurances FOCUS Actifs concernés par le FATCA

med compliant, par exemple, un institut financier concerné par le FATCA sur le fond, mais en mesure de prouver qu’il ne gère aucuns actifs US de contribuables américains. Si une société d’assurance peut prouver qu’aucun de ses assurés n’est imposable aux Etats-Unis, elle pourrait donc obtenir ce statut. Pour le recevoir, les sociétés peuvent aussi envisager la possibilité d’un transfert de portefeuilles d’assurances. Dès leur premier guide, l’IRS et le Trésor ont laissé entendre que les caisses de pension (pension plans selon le libellé de la notice) ne

devraient pas être touchées par le FATCA, car elles n’impliquent qu’un faible risque de soustraction fiscale. Dans le contexte suisse, cela concernerait notamment les produits de prévoyance du pilier 2a. Pour les produits de prévoyance du pilier 3a, le risque de soustraction fiscale est également minime. Il reste donc aussi à espérer que ces produits resteront exemptés en raison de leur caractère de prévoyance, bien que le placement de capital soit effectué par les clients (mais sur des produits de placement de capital prédéfinis). L’exemption est également rendue vraisemblable par le fait que le .

Un compte financier (financial account) comprend tous les comptes courants et dépôts détenus par le FFI, ainsi que toutes les parts en actions et obligations détenus d’un FFI, à l’exception des parts régulièrement négociées. Un FFI doit fournir toute une série d’informations sur chacun des comptes US (nom, adresse et numéro d’identification fiscale (taxpayer identification number, TIN) de chacun des titulaires de compte contribuables US; si le titulaire du compte est une société basée hors des États-Unis, mais en mains américaines, les noms, adresses et TIN des principaux détenteurs (> 10%) de parts américains; numéro de compte, solde ou valeur des comptes, entrées et sorties brutes ou paiements depuis le compte. En Suisse, compte tenu des dispositions légales sur la protection des données, il n’est pas admissible de transmettre les informations exigées sans que le client ait donné son accord. Dans un tel cas, la société d’assurance doit obtenir du client une déclaration valide en droit, dans laquelle il consent explicitement à ce que ses données soient transmises. Si le client ne donne pas son accord, le contrat concerné devrait en fait être résilié. Pour certains produits comme l’assurance vie en capital, la durée de la relation contractuelle rend cependant difficile d’imposer une résiliation, car le contrat liant l’assuré et la société d’assurance est conclu pour une longue période. Il n’existe aucune directive de l’IRS ou du Trésor indiquant des points de repère possibles pour un droit de résiliation extraordinaire. Les sociétés concernées devraient alors chercher à obtenir une assistance juridique, car le FATCA entre ici en contradiction avec le droit national et les sociétés d’assurance ne peuvent pas se soumettre à leur obligation de résilier de tels contrats sans contrevenir au droit suisse.

Vos projets de retraite, d’investissements, de transmission du patrimoine à vos enfants sont-ils remis en question? L’insécurité des marchés vous inquiètent. Vous voulez sécuriser votre argent, économiser des impôts, trouver des solutions financières adaptées aux enjeux d’aujourd’hui et à vos projets de vie!

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56 Assurances

. montant annuel de la prévoyance

est actuellement (2011) limité à 6682 francs suisses, soit d’un ordre de grandeur que le FATCA ne juge pas critique. Contribuables américains L’imposition US n’est pas limitée aux ressortissants américains. Sont également réputés contribuables US les double-nationaux ou les non-Américains qui travaillent ou ont travaillé aux Etats-Unis, et qui n’ont pas encore fait l’objet d’une taxation complète, ou les non-Américains qui détiennent une Green Card mais n’ont encore jamais vécu ou travaillé aux Etats-Unis. Les assurances, à la différence des banques, affrontent ici un dilemme supplémentaire. Alors que les banques sont généralement en contact direct avec leurs clients, les assureurs recourent fréquemment à des intermédiaires et n’ont souvent plus aucun contact régulier avec les clients, après la conclusion du contrat. Les banques avaient déjà investi dans leurs processus de traitement des données clients et leurs systèmes électroniques en liaison avec le QI regime. Aujourd’hui, elles

sont vraisemblablement beaucoup mieux équipées que le secteur de l’assurance pour fournir les informations décrites. Dans la notice 2011-34 publiée le 8 avril 2011, l’IRS donne des indicateurs univoques pour définir un contribuable américain. Sur cette base, les assureurs examineront dans leurs données disponibles sous forme électronique l’identification du titulaire du compte domicilié aux Etats-Unis ou citoyen américain, le lieu de naissance du titulaire du compte, l’adresse du domicile US ou celle de correspondance aux EtatsUnis (case postale comprise), l’ordre permanent sur une relation de compte aux Etats-Unis, le «c/o» ou «hold mail» comme seule information électronique disponible sur le titulaire du compte et la procuration d’une personne dont l’adresse se trouve aux Etats-Unis. La notice fait ici état de réflexions quant à la possibilité que ces indices puissent s’appliquer également aux sociétés d’assurance, particulièrement dans le domaine des private placement life insurances (plus connues en Suisse sous la désignation d’insurance wrappers) ou affaires PPLI. La

notice mentionne notamment le fait que ces comptes auraient le caractère de comptes private banking. Effet de rayonnement A première vue, seuls les contribuables US et le secteur financier semblent touchés par le FATCA. Mais deux exemples simples montrent que l’effet possible du FATCA peut dépasser largement ce cadre. Premier cas: une personne physique non imposable aux Etats-Unis investit dans un produit d’assurance-vie classique, avec un composant d’épargne et un versement du capital en cas de survie; l’assuré n’est donc en principe pas concerné par le FATCA; mais si sa société d’assurance n’a pas conclu de disclosure agreement avec l’IRS, un impôt à la source de 30% serait prélevé sur les produits US de la société d’assurance par la FFI située en amont et détentrice d’un disclosure agreement. Deuxième cas: le département des finances d’un assureur de biens susceptible d’obtenir le statut de non-FFI entretient des relations bancaires avec des instituts financiers qui n’ont pas conclu de disclosure

agreement; dans ce cas aussi, les banques tierces situées en amont, conformément au FATCA, retiendraient un impôt à la source de 30% sur leurs transactions US et le verseraient à l’IRS. Dans les deux cas, il existe des possibilités de demandes de restitution, mais elles sont complexes et prennent du temps. D’ici son adaptation et son intégration définitives dans les processus internes, le FATCA n’est pas un thème purement fiscal, car il concerne tous les secteurs de l’entreprise. Il constitue avant tout une problématique de gestion technique des données. Vu son effet sur les différentes divisions de l’entreprise, nous recommandons de prendre une décision globale à ce sujet, puis de désigner un sponsor et une direction de projet pour accompagner l’intégration du FATCA. Outre des spécialistes des processus opérationnels, les sociétés devront alors s’adjoindre des experts en informatique, en fiscalité, en droit de surveillance et en conformité. n


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57 Assurances

Amine Ratl CEO, Golden Care

GOLDEN CARE

Stratégie innovante de la couverture des soins Depuis plus de vingt ans, le groupe Golden Care poursuit une activité de niche dans la prévoyance de la santé notamment. Elle applique une stratégie innovante, destinée à une clientèle suisse et internationale.

Banque & Finance: Quelle est l’originalité du concept de Golden Care? Amine Ratl: Déposée en 1989, la marque Golden Care distribue ses propres produits d’assurance et est aussi active en Suisse, depuis 1996. Cette identité distincte repose sur un concept local de solutions globales dans la prévoyance en matière de santé et d’accidents. En complément de leur caisse-maladie, les citoyens helvétiques peuvent être assurés dans ces deux branches sur le territoire national et partout dans le monde, pour des séjours de courte ou de longue durée, à l’étranger. Le groupe prend également en charge la couver-

ture médicale des citoyens internationaux séjournant en Suisse, ou ailleurs, et désireux d’accéder à ses infrastructures de soins. B&F: Golden Care exerce donc une activité de niche, quasiment inoccupée par d’autres compagnies d’assurance? A.R.: Effectivement, il s’agit d’une niche dans l’activité de l’assurance que Golden Care a développée d’une manière transversale, alors que les compagnies se focalisent toujours sur un fonctionnement horizontal, une orientation très restrictive, voire contraignante. En outre, le groupe travaille avec la même rigueur que les banquiers privés pour leur clientèle internationale. Il gère la prévoyance de la santé et des accidents des clients étrangers, indépendamment de leur nationalité et de leur pays de résidence, hormis les Américains vivant aux Etats-Unis surtout pour des raisons de réglementations excessives et de coûts. En plus des deux domaines précités, Golden Care dispose aussi d’offres dans le cadre

d’une prévoyance globale. Elle couvre notamment le décès, la perte de revenus et l’invalidité, le kidnapping et la protection civile, l’éducation des enfants et la planification de la retraite.

puisque Golden Care crée ses propres produits. Quant à la garantie financière des contrats, soit une problématique fondamentale, elle est couverte par le groupe Generali Assurances Générales (Suisse)et Europ Assistance (Suisse) Assurances.

Mieux gérer l’information B&F: Quelles sont les spécificités du fonctionnement de Golden Care, y compris en matière de garantie financière? A.R.: Le groupe Golden Care est implanté à Genève et à Paris, avec des représentations en Égypte, au Liban et prochainement au Maroc. Le total des primes annuelles du groupe avoisine les dix millions de francs, avec un produit-phare doté d’une gamme diversifiée de couvertures d’assurance qui enregistre une croissance de 28% par an. De par sa maîtrise complète des contrats des clients, tant pour leur gestion que pour leur administration, Golden Care fonctionne comme une compagnie sur le plan des tâches à accomplir. Elle est aussi davantage qu’un courtier,

B&F: Quels sont les développements prévus du groupe? A.R.: Golden Care souhaite se profiler dans l’information de la prévention des maladies. Aujourd’hui, le patient est sur-informé, surtout avec des outils comme Google, mais mal informé. Le groupe aimerait donc modéliser l’information médicale, en communiquant précisément sur la pathologie, les traitements de référence et expérimental, et le suivi de la pathologie soignée, lequel est trop souvent oublié. Il s’agit bien de mieux gérer l’information médicale et de contribuer ainsi à la réduction des coûts de la santé. n Propos recueillis par C. d’Ovronnas

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58 Assurances

Par Renato Aebi Senior Manager Institutional Clients Switzerland, Man

@ renato.aebi@man.com

STRATÉGIES DE PLACEMENT DES COMPAGNIES D’ASSURANCE

Les taux sont historiquement bas, l’inflation menace et les événements géopolitiques inquiètent les investisseurs. Mais les assurances doivent continuellement se positionner pour réaliser les rendements escomptés...

L’

activité de placement d’une compagnie d’assurance consiste à investir le capital disponible pour qu’à tout moment la garantie des prestations contractées soit assurée. Il s’ensuit que l’allocation des actifs d’un assureur dépend fortement de ses engagements. Les tensions sur les marchés actions, les taux d’intérêt nuls en vigueur actuellement, ou encore l’évolution démographique, ont révélé les nombreux facteurs de risque d’une compagnie d’assurance. En outre, la menace inflationniste est de retour et les risques de défaillance concernent jusqu’aux emprunts d’Etat européens. Tout cela peut déboucher

L’attrait des stratégies alternatives sur une crise de confiance globale, à même de faire chuter aussi bien les actions que les obligations. Dans un tel contexte, atteindre des objectifs de rendement suffisants s’avère une entreprise difficile. Quel est le degré de fiabilité d’un assureur? C’est une question que se pose non seulement le grand public, mais aussi le régulateur, qui procède à la définition de la capacité de risque des compagnies d’assurance à travers le test de solvabilité SST (Swiss Solvency Test). Celui-ci vise à encourager la gestion du risque dans les compagnies d’assurance et à ouvrir la voie à la mise en place d’un objectif de fonds propres que l’assureur devra couvrir avec son capital disponible,

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afin de pouvoir assumer les risques contractés avec toute la sécurité exigée. Les calculs et la mise en œuvre des mesures appropriées restent la responsabilité de l’assureur. Grâce à un portefeuille convenablement diversifié, tant à l’actif qu’au passif, ainsi qu’à une bonne gestion du risque et à des stratégies de couverture adaptées, les compagnies d’assurance peuvent veiller à ce que leurs engagements futurs fassent l’objet d’un provisionnement suffisant. Les stratégies alternatives visant à maximiser le résultat financier sont fiables, dans la mesure où elles assurent à tout moment le respect des garanties de presta-

tions en tenant compte des p r escriptions du SST. Stratégies alternatives Les actions, qui constituent un titre de copropriété, restent pertinentes, car elles constituent des valeurs réelles à même d’offrir une certaine protection en cas d’inflation modérée. Si aucun nouvel événement géopolitique majeur n’a lieu, et en l’absence de vague de panique sur les marchés financiers, les actions pourraient promettre des rendements positifs pendant les deux années qui viennent. Les obligations devraient elles aussi continuer à jouer un rôle important. L’investisseur obligataire peut cal-


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59 Assurances

culer les rendements futurs, s’il conserve ses titres jusqu’à échéance, à la condition que la solvabilité de l’émetteur soit suffisante. Les obligations restent donc un élément majeur du portefeuille d’un assureur. Cela fait longtemps maintenant que les compagnies d’assurance ont découvert les possibilités offertes par les hedge funds, dans lesquels elles investissent avec succès depuis des années. Elles pratiquent une large diversification de leurs placements sur toute la gamme des styles et des gestionnaires. Depuis les corrections les plus récentes, en particulier sur les marchés actions, les besoins et, partant, la manière dont les assureurs procèdent aux placements alternatifs, ont toutefois évolué. De plus en plus, les compagnies d’assurance recherchent des instruments affichant une faible corrélation notamment avec les actions, qui sont liquides et constituent une source supplémentaire de rendement potentiel. Les stratégies alternatives correspondant à ces critères sont les stratégies de hedge funds directionnelles et orientées sur le trading. Par exemple, Equity Long/ Short, Global Macro ou Managed Futures, également appelés Commodity Trading Advisors (CTA). Ces derniers ont fait la preuve de leur capacité à protéger le capital, en particulier pendant les crises financières majeures (voir graphique 1). La propension des assureurs à utiliser des stratégies alternatives a évolué dans la mesure où ces der-

uNE fAIbLE CoRRéLAtIoN AvEC LEs CAtéGoRIEs DE PLACEmENt tRADItIoNNELLEs REPRésENtE

FOCUS

uNE PRotECtIoN EN CAs DE bAIssE DEs CouRs (Du 1ER JANvIER 2000 Au 31 Août 2011)

Les managed futures pour amortir les baisses

Source: Bloomberg. La performance n’est pas garantie et les résultats passés ne sont pas nécessairement représentatifs des résultats futurs. L’indice Stark 300 Trader est couvert en CHF en recourant aux différentiels de taux sur le LIBOR à 3 mois correspondants. Attention: les données de Stark & Co., Inc. pour les quatre derniers mois peuvent être modifiées à tout moment. niers incorporent de plus de plus, au niveau de l’ensemble du portefeuille, certaines stratégies alternatives plutôt que des solutions multi-stratégies très diversifiées. En ce qui concerne l’exemple des managed futures, leur attrait ressort pleinement non pas utilisés seuls, mais en conjonction avec les catégories de placement traditionnelles. Une analyse de la corrélation fait ressortir une caractéristique intéressante des managed futures, à savoir que la corrélation est la plus forte lorsque les actions affichent leurs meilleures performances et devient négative, lorsque les cours des actions sont en baisse. C’est précisément le comportement que

GRAPHIquE 1: RENDEmENt DEs mANAGED futuREs PAR RAPPoRt Aux ACtIoNs EN PéRIoDE DE CRIsE

souhaitent les investisseurs. En effet, grâce à la corrélation négative en cas d’érosion des marchés d’actions, investir une partie d’un portefeuille d’actions dans des managed futures permet de réduire considérablement le risque de perte. Protection du capital Dans le cadre des dispositions du test SST, un investissement dans des fonds alternatifs sera accompagné d’exigences minimum en matière de fonds propres. L’emploi ciblé de certaines stratégies alternatives permet à l’assureur de profiter d’une meilleure protection du capital, tout en dégageant un rendement plus élevé qu’avec des solutions multi-stratégies. Par conséquent, pour le même dépôt de capital, l’investissement est plus rentable avec les fonds alternatifs. n

Les managed futures portent principalement sur des contrats à terme cotés en Bourse ou négociés de gré à gré et sur des contrats d’options, sur les marchés internationaux. Habituellement, les CTA se basent principalement sur l’orientation des marchés, misant en fonction de celle-ci sur des positions nettes longues ou courtes. Les CTA utilisent une large palette de stratégies de trading quantitatives qui, pour les plus répandues, sont fondées sur des règles systématiques, lesquelles dérivent des pronostics de cours à partir de données techniques. L’émergence d’une tendance résulte d’une multitude de facteurs, parmi lesquels figure la volatilité. La formation de tendances est plus probable dès lors que la volatilité d’un marché donné augmente. Pour les assureurs et les autres investisseurs institutionnels qui souhaitent améliorer la performance ajustée au risque de leurs portefeuilles traditionnels, les managed futures représentent une possibilité attrayante. En effet, ils n’affichent qu’une corrélation faible avec la quasitotalité des autres placements. Leur grande transparence et leur liquidité expliquent elles aussi leur popularité auprès des investisseurs institutionnels. Avec les managed futures, l’investisseur a la possibilité d’amortir les baisses de cours sur les marchés d’actions et de diversifier davantage son portefeuille.

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60 Assurances

Par Jean-Daniel Laffely Directeur du département Finances et Placements, CFO & CRO, Vaudoise Assurances

et Reto Kuhn Chief Investment Officer (CIO), Vaudoise Assurances

@ jlaffely@vaudoise.ch

@ rkuhn@vaudoise.ch

GESTION DES PORTEFEUILLES EN ACTIONS DES COMPAGNIES D’ASSURANCE

Des actifs sous haute surveillance

Le métier d’assureur consiste à encaisser des primes aujourd’hui, qui lui serviront à honorer ses prestations dans un futur susceptible de varier de quelques mois à plus de 40 ans selon les branches.

L

a gestion des placements des compagnies vise donc principalement à une optimisation à long terme de l’investissement, dans les limites d’un cadre prudentiel étroit et respectant des directives comptables spécifiques. En partant du principe que la réussite d’un placement dépend avant tout de la stratégie d’investissement choisie [1], focalisons-nous, en premier lieu, sur la question du rôle des placements en actions dans la stratégie des compagnies d’assurance. La gestion des placements représente une fonction essentielle au sein des compagnies d’assurance. Leurs politiques de placement peuvent

varier considérablement selon l’état et la structure de leurs engagements. La durée de placement moyenne pour les assurances non-vie est par exemple de trois à cinq ans, alors que pour les compagnies d’assurance vie, elle peut aller juqu’à, voire dépasser, les quinze ans, ceci en fonction de la constitution et la répartition des portefeuilles entre vie individuelle et vie collective. Fin 2009, l’ensemble des placements en capitaux des assureurs helvétiques représentait 481 milliards de francs suisses. Sur ce volume, 31 milliards l’étaient dans des actions et dans des fonds de placement [2], soit environ 6,5% du total. Parallèlement, les caisses de pension suisses avaient investi à la même

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période 26% de leurs ressources dans des actions suisses et étrangères [3]. Ceci démontre, a contrario, que les compagnies d’assurance détiennent nettement plus d’obligations que les caisses de pension. Pourquoi les assureurs ont-ils une part d’obligations si importante et une part d’actions relativement faible? La différence de rendement pourrait en effet être très significative. D’après une étude de J.P. Morgan [4], le rendement annuel réel des actions, mesuré sur la base de l’indice MSCI, s’est élevé à 5,2% entre 1900 et 2009, contre 1,8% pour les obligations. La différence, appelée prime de risque des actions, représente ainsi 3,4% par an. La politique de place-

ment prudente des assureurs s’explique par trois raisons principales. Premièrement, leurs paiements futurs correspondent souvent de très près à la structure de revenus des placements obligataires. Deuxièmement, en raison de directives comptables spécifiques (évaluation selon méthode «amortized cost»), les fluctuations des cours des obligations n’apparaissent pas ou du moins pas dans toutes les catégories, selon les normes IFRS, dans le compte de résultat de la compagnie d’assurance, alors que les baisses de cours des actions donnent en général directement lieu à des pertes dans la comptabilité annuelle. Troisièmement, les compagnies d’assurance sont sou-


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61 Assurances FOCUS Couverture du portefeuille

mises à des exigences de couverture des engagements par les actifs (fortune liée) et de fonds propres très strictes (Test Suisse de Solvabilité, SST). Revenons, par exemple, sur la situation après la crise financière de 2008. Si les compagnies d’assurance avaient appliqué cette année-là la même stratégie de placement que les caisses de pension, leurs fonds propres auraient largement fondu, puisque le rendement moyen des caisses de pension suisses en 2008 a été de -12,7% [5]. Ce rendement largement négatif résultait de la chute des cours des actions, qui ont perdu 34% en Suisse et 40% dans le monde. Intéressons-nous maintenant à la mise en œuvre de la stratégie de placement. Plusieurs choix s’offrent aux compagnies. La plus grande prudence La valeur du marché d’actions suisse représente environ 4% de la capitalisation boursière mondiale. Certains secteurs, tels que les banques, les assurances ou la pharma sont largement sur-représentés alors que d’autres, comme l’informatique ou l’énergie, sont à peine présents. En outre, le marché d’actions suisse est très concentré, puisque les cinq principaux titres représentent presque 70% de la capitalisation boursière helvétique. Pour limiter le risque de concentration, les compagnies d’assurance procèdent donc généralement à une importante diversification de leurs placements en investissant à l’étranger dans des actions provenant de différents pays, secteurs et émetteurs. L’assureur peut ensuite opter pour des place-

ments actifs ou indexés. Le premier mode vise à réaliser un rendement supérieur à celui de la moyenne du marché (indice de référence) en procédant à des sur- ou sous-pondérations ciblées de certains éléments. Au cours des dernières années, l’approche indexée, après déduction de tous les coûts, s’est avérée plus performante en moyenne qu’une approche active. De ce fait, une large part des placements en actions est aujourd’hui gérés selon une approche indexée, complétée de placements dits «satellites», par exemple des titres à faible capitalisation boursière ou cotés sur des marchés émergents. Du point de vue de la gestion ellemême, beaucoup de compagnies d’assurance suisses emploient leurs propres gérants de portefeuille. Au vu de l’avantage structurelle de l’approche indexée décrite précédemment, la mission du gérant interne a tendance à évoluer vers la sélection et le contrôle de gérants externes, notamment des placements «satellites». Outre ce rôle, le savoir-faire interne conserve toutefois toute son importance dans les autres classes d’actifs, et également dans le développement et la gestion de produits d’assurance vie liés à des fonds de placement. Malgré toutes les précautions prises, il est reste très difficile, comme pour tout investisseur, d’anticiper l’évolution future des marchés d’actions. C’est pourquoi les sur- ou sous-pondérations tactiques de la part investie en actions sont mises en œuvre avec la plus grande prudence. Ce qui n’empêche pas des rééquilibrages réguliers rendus nécessaires par les variations des cours. Des études

empiriques montrent qu’un rééquilibrage systématique, c’est-à-dire la vente d’actions en cas de dépassement d’un plafond prédéfini et l’achat en cas de passage en dessous du seuil correspondant, offre à long terme de meilleures perspectives de rendement. n

1. Voir par exemple les recherches de Brinson et al. (1990) et Blake et al (1999) qui attribuent entre 92 % et 99 % des différences de rendement des investisseurs à l’AAS. Le solde est attribué aux décisions tactiques et à la sélection de titres (compétence). 2. http://www.svv.ch/fr/publications/chiffreset-faits-2011 3. http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index /themen/13/22/publ.html?publication ID=4348. 4. J.P. Morgan, Guide to the markets Q3 2010 5. http://www.swisscanto.ch/ch/de/beruf liche-vorsorge/pensionskassenstudie.html

La couverture du risque lié au cours des actions représente un thème important pour les compagnies d’assurance. Cette protection soutient l’objectif central de la gestion de placement tout en assurant que, même en cas d’évolution négative des marchés d’actions, les fonds propres de la compagnie ne seront pas trop affectés. Cette couverture peut, en outre, être très efficiente dans le cadre des dispositions actuelles du SST, comme le montre l’exemple d’un placement en actions au rendement attendu de 6% qui induit un besoin en capital de risque (capital SST, modèle standard) d’environ 42%. Le rendement du capital de risque atteint ainsi 14,3%. Par la mise en place d’une couverture au moyen d’une option put à 90%, le besoin en capital SST diminue jusqu’à 10% dans cet exemple. Les coûts de couverture réduisent le rendement net du placement en actions à 2,8% mais augmente parallèlement le rendement du capital SST de 14,3% à 28,1%! Ce dilemme entre optimisation du rendement du placement et du rendement du capital SST est symbolique des défis auxquels est confrontée la gestion de placement des compagnies d’assurance, dans le contexte réglementaire actuel.

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63 Assurances

par stéphane Coletta Avocat, Responsable des Prestations/Services, CAP Protection Juridique

@ stephane.coletta@cap.ch

Protection juridique Innovations opportunes Le Suisse a la réputation d’être bien assuré. Trop même entend-on parfois. L’assureur de protection juridique possède deux rôles distincts. Sont-ils indispensables ou inutiles? C’est à chacun de faire son choix en fonction de ses besoins.

car le système légal se complexifie et les frais de défense, déjà importants, ont tendance à augmenter. Par exemple, l’introduction de la procédure civile unifiée au 1er janvier 2011 permet aux tribunaux d’exiger du demandeur une avance à concurrence de la totalité des frais judiciaires présumés [1]. Axes d’évolution

L

e premier rôle de l’assureur de protection juridique est de défendre ses assurés, lors de la survenance d’un litige. Il faut donc choisir un partenaire de qualité et de confiance, car on choisit alors son défenseur. Son second rôle est de prendre en charge divers frais (honoraires d’avocat, frais de justice, …). On choisit cette fois un assureur, puis on examinera le ratio prime/étendue de la couverture d’assurance. L’assurance de protection juridique protège donc le patrimoine de l’assuré, en lui évitant de prendre à sa charge les frais élevés qui découlent d’un litige. Au niveau du marché, on observe une croissance soutenue,

Le développement des produits de protection juridique n’est pas en reste. On distingue trois axes d’évolution. Les domaines de couverture, d’abord, cantonnés à la circulation routière, puis étendus aux risques «privé» et «circulation» qui deviennent de plus en plus vastes. Il est aujourd’hui possible de se couvrir pour des conseils en matière fiscale, mais également en matière successorale et de droit de la famille. Avec l’essor d’internet et des sites de vente entre particuliers, il est également devenu courant de souhaiter une couverture pour les litiges contractuels entre personnes privées. De

même, des produits standardisés offrent des solutions adéquates pour les conséquences juridiques découlant de l’exercice d’une activité indépendante ou de la propriété foncière, y compris lorsque l’on possède un parc immobilier. La diversité des litiges permet ainsi aux assureurs de faire preuve de créativité dans la conception de leurs produits et de s’adapter aux besoin contemporains. Parallèlement, de nouveaux assurés ont été accueillis en particulier dans le domaine de l’entreprise. La collaboration efficace avec les PME, qui ne disposent le plus souvent pas d’un service juridique, a encouragé les porteurs de risque à proposer des services de plus en plus étendus à leurs clients commerciaux.

important que, paradoxalement, on se trouve de plus en plus confronté à des personnes possédant l’assise financière d’une protection juridique, pour mener à bien une procédure judiciaire. La validité territoriale s’étend constamment, une nécessité dans un monde globalisé où les frontières sont de moins en moins une barrière aux achats, et dans lequel les déplacements sont de plus en plus fréquents. Le besoin de sécurité est en effet particulièrement accru, lorsque l’on doit faire face à des ennuis en terrain inconnu. Le contexte est dès lors favorable au développement de l’assurance de protection juridique, qui prendra certainement d’autres rôles encore à l’avenir. n

Influence de la globalisation 1. http://www.admin.ch/ch/f/rs/272/a98.html

En réponse à une justice de plus en plus onéreuse et aux attentes de la clientèle, les sommes d’assurances deviennent de plus en plus importantes, y compris pour les sinistres survenus à l’étranger. C’est d’autant plus BANQUE&FINANCE N°112 NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2011


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FOCUS

64 Assurances

La prévention est primordiale

Par yvon voland Agent général (depuis 1966), Allianz Suisse

L’art d’assurer l’art

@ yvon.voland@allianz-suisse.ch

Derrière chaque œuvre d’art, se cache en général une histoire personnelle. De nombreux amateurs d’art s’adonnent à leur violon d’Ingres, en y mettant toute leur passion, leur amour du détail et leur argent. Face à autant d’attention, la couverture d’assurance des œuvres d’art de prix fait souvent figure de parent pauvre.

Q

ue ce soit au musée Bührle de Zurich, il y a environ trois ans, ou à Paris l’an dernier, les vols spectaculaires dans des musées de renommée internationale se multiplient et tiennent le monde de l’art en haleine. Nombre d’œuvres précieuses disparaissent pendant de longues années, voire à jamais. Même si ces incidents font les gros titres des journaux à l’échelle internationale, il est manifeste que la criminalité dans le domaine de l’art tend à augmenter. La Suisse, qui représente l’un des plus grands marchés du secteur, constitue un terrain de choix pour les voleurs. Dans l’un des pays les plus riches du monde, les collectionneurs d’art accumulent fréquemment chez eux des œuvres de très grande valeur, et ce souvent sans prendre les mesures de sécurité nécessaires. Autrement

dit, ils représentent des proies faciles pour les cambrioleurs et les voleurs. Les experts estiment qu’en Suisse, une à deux œuvres d’art sont dérobées chaque jour. Le sinistre total engendré atteint des centaines de millions de francs. Les voleurs s’emparent de toutes les choses belles et chères comme les tableaux, les sculptures, les collections de pièces et les meubles. A l’échelle mondiale, la criminalité d’art est à l’origine d’un sinistre estimé à dix milliards de francs par an. Elle représente ainsi l’un des plus grands domaines du crime après le blanchiment d’argent, le narcotrafic et le trafic d’armes. Petites maladresses au quotidien Or, ce ne sont pas vraiment ces cas spectaculaires qui causent les plus gros sinistres, mais plutôt les dangers à la maison, au quotidien. Un moment d’inattention lors du déplacement de meubles, des enfants qui jouent et renversent un vase de valeur, ou un tableau qui tombe lors de son accrochage et est dès lors endommagé. Les accidents du quotidien constituent donc plus de la moitié des demandes d’indemnisation de sinistres dans le segment clients privés. C’est surtout le déplacement, lors du nettoyage ou du transport, qui présente le plus grand risque. Le fait est que 10 à 15% à peine des collectionneurs privés sont suffi-

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samment assurés. En outre, de considérables lacunes de couverture sont souvent à déplorer en matière d’évaluation de nombreux objets d’art privés. En plein essor Les toiles et les sculptures de prix sont actuellement négociées à des montants très élevés. En particulier dans un contexte économique difficile, elles constituent généralement un investissement fructueux, car elles représentent des valeurs refuge. Ce besoin entraîne aussi une hausse de la demande d’assurances d’art spécifiques. Allianz Suisse, à elle seule, enregistre des taux de croissance supérieurs à 30% par an avec son produit Art Privé. La valeur des objets d’art assurés représente actuellement presque 1,5 milliard de francs. En cas de sinistre, les assurances d’art couvrent l’examen et la réparation par un restaurateur et remboursent la moinsvalue. C’est là que réside également la plus grande différence avec une assurance ménage habituelle, qui assure les valeurs jusqu’à un certain montant. L’assurance ménage couvre les sinistres liés aux événements connus comme l’incendie, l’inondation, le vol avec effraction et la force majeure. En cas de sinistre, le preneur d’assurance doit prouver la valeur de l’objet concerné, par exemple en produisant

Les assureurs et les particuliers doivent mettre tout en œuvre pour empêcher un vol ou une détérioration, avant leur survenance. La prévention des sinistres est donc primordiale. Les collectionneurs d’art peuvent bénéficier dans ce domaine du grand savoir-faire des assurances, lesquelles peuvent même contrôler les systèmes de sécurité sur demande. Ce conseil en matière de sécurité, généralement dispensé gratuitement, est de l’intérêt des deux parties. En cas de récupération des objets d’art dérobés, beaucoup d’assureurs offrent aussi un service spécial. L’inscription dans l’«Art Loss Register» est à la base des recherches menées à l’échelle internationale. Il vaut la peine d’opter pour cet ensemble de prestations complet, car les œuvres d’art possèdent un caractère unique que l’argent ne peut pas remplacer. un justificatif d’achat. En revanche, il n’y a pas de discussion pour les objets d’art, car leur valeur a été clairement définie dès le départ. Contrairement à l’assurance ménage, la détérioration est également couverte par l’assurance d’art. Par ailleurs, celle-ci inclut souvent différents lieux de risque. Les objets d’art sont ainsi assurés au domicile, dans le logement de vacances et également, le cas échéant, lors du transport entre ces deux lieux. Valeurs définies conjointement Le marché de l’art est très dynamique. Les prix peuvent grimper ou chuter et la valeur d’achat des objets acquis, il y a quelque années, ne correspond plus du tout à l’actuelle. Les experts d’art des assurances et le client fixent ensemble la valeur d’une œuvre ou d’une collection d’art, avant de conclure le contrat. En cas de sinistre, c’est cette valeur convenue qui fait foi pour les deux parties. Une obligation de preuve n’est pas nécessaire, car dans le cas de pièces de famille de prix, les justificatifs d’achat font généralement défaut. Dans un souci d’actualisation, une réévaluation des objets devrait être régulièrement effectuée, en principe tous les trois ans, dans la mesure où la valeur d’un objet d’art a changé pendant cette période. n


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66 Droit & Fiscalité

Industrie des fonds Le KIID au service des investisseurs Depuis le 15 juillet 2011, les Informations clés pour l’investisseur (Key Investor Information Document - KIID) remplacent le prospectus simplifié.

Par samantha meregalli Do Duc Etude Borel & Barbey

@ samantha.meregalli@borel-barbey.ch

L

ors de la session du 29 juin 2011, le Conseil fédéral a procédé à la modification de l’Ordonnance sur les placements collectifs de capitaux (OPCC), laquelle est entrée en vigueur le 15 juillet dernier. Cette révision permet d’adopter le KIID en Suisse. Ce changement fait écho à celui intervenu dans l’UE, où la directive sur les organismes de placement collectif en valeurs mobilières (mieux connue sous son acronyme anglais, UCITS IV) prévoit désormais que tous les fonds UCITS – à savoir tous les fonds soumis à la directive européenne susmentionnée – doivent, depuis le 1er juillet 2011, remplacer le prospectus simplifié par le KIID (dans un délai qui varie selon les différentes législations de transposition nationales mais est établi au maximum à une année). Ces changements sont la réponse au

constat que le prospectus simplifié, introduit en 2001, a été mis en œuvre de manière insatisfaisante et ne remplissait pas les buts pour lesquels il avait été créé. De ce fait, le prospectus simplifié a surtout créé des coûts additionnels pour l’industrie, et il s’est révélé être un document d’intérêt limité pour l’investisseur. En effet, les prospectus simplifiés étaient des documents trop longs et rédigés dans un langage technique souvent juridique, ce qui les rendaient peu lisibles et, dans les faits, peu lus. Le KIID veut revenir à la case de départ et ses règles amener à la création d’un document facilement compréhensible pour l’investisseur moyen, avec des informations claires et pertinentes sur les UCITS dans lesquels ils envisagent d’investir. A cet effet, sa structure et ses titres sont imposés. Le document ne peut pas dépasser la

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taille de deux pages A4 (trois pour les placements collectifs structurés), et seulement les informations prévues par la loi peuvent y être indiquées. Parmi les informations à spécifier dans le KIID, figurent notamment les objectifs et la politique d’investissement (expliquant le but du fonds et les principales méthodes qu’il va suivre pour l’atteindre), et le profil de risque et de rendement (il faudra notamment faire recours au nouvel indicateur de risque, synthetic risk and reward indicator, qui exprime le profil de risque/rendement d’un fonds par le biais d’une note allant de 1 à 7; un descriptif joint précisera les frais (sous forme d’un tableau dont la structure est donnée) et les performances passées (sous forme d’un diagramme et qui devront être indiquées sur un nombre déterminé d’années). Il est aussi nécessaire d’établir

un KIID dans la langue de chaque juridiction où le placement collectif est distribué, et ceci pour chaque compartiment et chaque classe de parts du fonds. Toutes ces indications font l’objet d’une nouvelle annexe 3 à l’OPCC laquelle, quant à elle, reprend substantiellement le règlement n° 583/2010 de la Commission européenne du 1er juillet 2010 sur les informations clés pour l’investisseur et les conditions à remplir lors de leur communication à l’investisseur ou pour le prospectus. Intervention de la FINMA Lorsque la législation européenne a été modifiée de façon à créer le KIID, la question de savoir si les fonds UCITS, autorisés par la FINMA à la distribution en Suisse, devaient publier un prospectus simplifié en plus du KIID a


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67 Droit & Fiscalité

été soulevée. La modification de l’OPCC a permis d’y répondre négativement, en ne rendant ainsi pas plus lourde la tâche des participants à l’industrie des fonds. En revanche, ladite révision est allée plus loin en prévoyant la substitution du prospectus simplifié par le KIID aussi pour les fonds suisses (excepté pour les fonds immobiliers pour lesquels le vieux prospectus simplifié reste d’actualité et pour les autres fonds en placements alternatifs pour lesquels il n’existe pas d’obligation de produire un tel document). Même si le législateur a repris les dispositions sur le KIID en droit suisse, il est vrai que la terminologie n’a pour l’heure pas changé et que, dans l’annexe 3 de l’OPCC, on parle de prospectus simplifié pour se référer au KIID. La terminologie de prospectus simplifié est par ailleurs également utilisée à l’annexe 2, afin de faire référence à l’ancien prospectus simplifié. Le 6 juillet 2011, le Conseil fédéral a publié pour consultation le projet de révision partielle de la loi sur les placements collectifs (LPCC), lequel permettra de procéder, entre autres, à cette modification purement formelle et ainsi d’adapter la terminologie. D’une façon plus générale, ce projet de révision va bien au-delà de cette modification et, s’il entre en

vigueur, il changera substantiellement l’industrie des fonds. En ce qui concerne plus spécifiquement l’adaptation du KIID aux exigences suisses, la FINMA a publié le 15 juillet 2011 les nouveaux guides pratiques à suivre en matière de fonds. Ces documents spécifient en particulier que le KIID n’aura pas besoin d’être signé lors de sa soumission à la FINMA (contrairement au prospectus simplifié), et qu’il devra spécifier les coordonnées du représentant et du service de paiement en Suisse, ainsi que l’indication du lieu où la documentation relative au fonds peut être obtenue. A noter que ces informations devront être intégrées au KIID et non pas sur une annexe séparée. Par ailleurs, deux nouveaux documents de la FINMA ont aussi vu le jour, soit la check-list «informations clés pour l’investisseur» sur les fonds étrangers et la déclaration du représentant suisse de fonds UCITS qui devront désormais être complétés lors de demandes d’autorisation.

collectifs suisses en placements traditionnels auront trois ans à partir de l’entrée en vigueur de la modification de l’OPCC (donc jusqu’à la mi-juillet 2014) pour publier le KIID en lieu et place du prospectus simplifié. Changement important La prompte introduction du KIID en Suisse a été saluée par l’industrie des fonds qui craignait un désavantage concurrentiel, si elle devait se trouver forcée à publier en plus un prospectus simplifié. Il est néanmoins clair qu’il s’agit d’un nouveau défi pour la branche, qui devra apprivoiser cet outil. En effet, entre les différentes obligations, il y a aussi celles de le mettre à jour à chaque changement important et, de toute façon, au moins une fois par année (article 107a al. 4 OPCC), et de mettre effectivement à disposition des investisseurs la dernière version du KIID (article 107a al. 5 OPCC). n

Nouveau défi

Focus Améliorer la prise de décision Un prompt passage du prospectus simplifié au KIID en Suisse était nécessaire et fondamental pour l’industrie des fonds. En effet, cette modification permet à tous les fonds UCITS autorisés en Suisse (qui couvrent la partie la plus importante du marché) de ne pas se trouver dans la situation de devoir publier deux documents différents l’un pour le marché suisse et l’autre pour le marché européen, ce qui aurait créé une augmentation de leurs coûts. Le KIID succède au prospectus simplifié dans le but d’en combler les lacunes et de devenir un document d’information clair et simple, un vrai outil pour les investisseurs lors de la prise de décision concernant leurs investissements. Seul le temps nous dira si cette mesure sera à la hauteur de ses ambitions.

En ce qui concerne les dispositions transitoires, il est prévu que les placements collectifs suisses en valeurs mobilières et les autres placements

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68 Droit & Fiscalité

Réforme de la fiscalité immobilière Prendre son mal en patience On s’y attendait, la boulimie fiscale du gouvernement français s’est jetée sur l’immobilier. Las, la loi de réforme va au-delà de nos craintes.

Par marc vaslin Avocat aux barreaux de Paris et Genève (liste des avocats UE), Vaslin & Associés

@ mvaslin@vaslin-associes.com

A

vant cette réforme, les plus-values réalisées par les personnes physiques lors de la cession d’un bien immobilier, ou de parts ou actions de sociétés à prépondérance immobilière (sociétés dont l’actif brut est composé à plus de 50% par des biens immobiliers situés en France), étaient exonérées au terme d’un délai de détention de quinze ans. Il conviendra désormais de patienter trente ans, afin d’échapper à l’imposition. Pour mémoire, les plus-values immobilières réalisées lors de la cession (en ce compris l’apport à une société) étaient imposées à l’impôt sur le revenu au taux de 19 ou de 33%, selon le pays de résidence du cédant. Lorsque ce dernier est résident fran-

çais, le taux de 19% est majoré des prélèvements sociaux, dont le taux global de 12,3 passera à 13,5% à compter du 1er octobre 2011 (soit un taux d’imposition global de 32.5%). Toutefois, la base imposable était réduite d’un abattement de 10% par année de détention, au-delà de la 5e. Ce dernier aboutissait à une exonération totale au bout de quinze ans de détention. Désormais, l’abattement sera calculé de façon progressive (et non plus linéaire) sur une période de trente ans. Ces nouvelles modalités de calcul de la plus-value taxable entreront en vigueur pour les cessions qui interviendront à compter du 1er février 2012. A titre de comparaison, le tableau cicontre illustre la fraction exonérée de la plus-value selon la durée de détention entre l’ancien et le nouveau régime. En conséquence, ceux qui détiennent leur bien depuis près de quinze ans, et qui s’interrogent quant à l’opportunité d’une cession, auront donc fortement intérêt à céder leur bien pour ne pas réduire à compter du 1er février leur exonération à moins de 20%. Précisons, à cet égard, que la date de cession à retenir pour la computation de l’abattement est celle du fait générateur de l’imposition, soit la date du transfert de propriété (laquelle correspond en principe à la date de signature de l’acte authentique constatant

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Durée de détention

% de la plus-value exonérée Avant la Après la réforme réforme

Moins de 6 ans

0%

0%

Entre 6 et 7 ans

10%

2%

Entre 7 et 8 ans

20%

4%

Entre 8 et 9 ans

30%

6%

Entre 9 et 10 ans

40%

8% 10%

Entre 10 et 11 ans

50%

Entre 11 et 12 ans

60%

12%

Entre 12 et 13 ans

70%

14%

Entre 13 et 14 ans

80%

16%

Entre 14 et 15 ans

90%

18%

Entre 15 et 16 ans

100%

20%

Entre 16 et 17 ans

Exonérée

22%

Entre 17 et 18 ans

Exonérée

24%

Entre 18 et 19 ans

Exonérée

28%

Entre 19 et 20 ans

Exonérée

32%

Entre 20 et 21 ans

Exonérée

36%

Entre 21 et 22 ans

Exonérée

40%

Entre 22 et 23 ans

Exonérée

44%

Entre 23 et 24 ans

Exonérée

48%

Entre 24 et 25 ans

Exonérée

52% 60%

Entre 25 et 26 ans

Exonérée

Entre 26 et 27 ans

Exonérée

68%

Entre 27 et 28 ans

Exonérée

76%

Entre 28 et 29 ans

Exonérée

84%

Entre 28 et 29 ans

Exonérée

92%

Plus de 30 ans

Exonérée

100%


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69 Droit & Fiscalité la vente). Les modalités de paiement de prix n’ont aucune incidence sur cette date. S’agissant des cessions assorties d’une condition suspensive, tel par exemple l’octroi d’un crédit bancaire, la date de la cession sera celle de la réalisation de la condition. Quant aux autres, ils n’auront d’autre choix que de prendre leur mal en patience. Malheureusement, l’apport du bien à une société civile avant le 1er février 2012 ne permettra pas de «purger» la plus-value latente en bénéficiant du régime actuel. Afin d’éviter ces opérations, la loi prévoit en effet que l’abattement applicable à la plus-value dégagée à compter du 25 août 2011, lors de l’apport d’immeubles à une société contrôlée par le propriétaire ou son groupe familial, sera calculé selon le nouveau barème. Les intéressés pourront toutefois, jusqu’au 1er février 2012, procéder à la cession de leur bien au profit d’une telle société et bénéficier de l’ancien barème, mais ils devront alors payer le droit de mutation de 5,09% (ainsi que les frais notariés) calculé sur le prix de cession. Il conviendra par ailleurs de prendre certaines précautions pour éviter toute remise en cause sur le fondement de l’abus de droit. Joker encore sauvegardé Autre changement important et totalement passé inaperçu, les cessions de parts ou actions de sociétés à prépondérance immobilière en France, passées à l’étranger, devront désormais être constatées par acte notarié dans l’Hexagone dans le délai d’un mois. La loi ne donne toutefois aucune préci-

sion sur ce formalisme. Cette mesure est destinée à permettre à l’administration de contrôler la fiscalité des cessions indirectes d’immeubles. Certes depuis le 1er janvier 2010, ces cessions devaient être enregistrées en France et supportaient le droit de mutation de 5%. Elles n’étaient toutefois soumises à aucun formalisme et un simple acte sous seing privé suffisait. Elles pourraient désormais subir, en outre, le formalisme complexe des actes notariés, générateur d’un coût complémentaire d’environ 0,5%, au titre des émoluments du notaire. Espérons qu’un simple dépôt au rang des minutes suffira…

l’année de la cession). Les heureux propriétaires d’une résidence secondaire en France peuvent donc respirer, pour le moment ils conservent leur joker. Pour le moment seulement cependant, car il n’est pas exclu que cette exonération saute prochainement, tant il est peu probable qu’elle émeuve l’électorat français qui n’est, par définition, que très peu touché par cette exonération. Pour les non résidents, l’apport à une SCI afin de «purger» la plus-value est encore possible. C’est sans aucun doute une solution à ne pas négliger par les temps qui courent... n

Purger la plus-value

Focus En revanche, cette réforme ne remet pas (encore) en cause les exonérations spécifiques. Elles sont actuellement de deux types. Lorsque le propriétaire occupe à titre de résidence principale le bien (ce qui ne peut-être le cas d’un non résident), la plus-value de cession est purement et simplement exonérée, quelle que soit la durée de détention. Lorsque le bien constitue la résidence secondaire en France d’un non résident (citoyen d’un Etat membre de l’UE, de l’EEE ou d’un autre Etat ayant signé avec la France une clause de non discrimination), la plus-value de cession est exonérée à la double condition pour le cédant: (i) d’avoir été résident fiscal de France de manière continue pendant au moins deux ans à un moment quelconque avant la cession et (ii) d’avoir la libre disposition du bien au moins depuis le 1er janvier de l’année précédant celle de la cession (ce qui exclut les biens donnés en location

Approfondir ces sujets Texte de loi (art. 1er): http://www.senat.fr/leg/tas10-193.pdf http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000024574328&dateTexte

Résidents suisses et plus-values immobilières en France Quant au taux d’imposition des plus-values immobilières réalisées en France par les résidents suisses, dans un jugement publié récemment (TA Cergy-Pontoise 29/10/2010), l’assujettissement d’un non résident à un impôt au taux de 33,33 au lieu de 19% (supporté par un résident de France ou d’un Etat membre de l’UE) n’a pas été jugé contraire au principe de non discrimination prévu à l’article 26 de la convention. Cette décision n’invalide pas celle rendue par leurs confrères parisiens (TA Paris 20/05/2010), lesquels avaient jugé dans une espèce similaire, que l’application d’un taux de 33,33% était contraire à la clause d’égalité de traitement prévue à l’article 15-4 de la convention. La différence de conclusion entre ces deux jugements s’explique par le fondement juridique sur lequel s’appuyaient les demandeurs. Dans la première décision, le contribuable s’appuyait sur la clause de non discrimination, laquelle prohibe l’assujettissement d’un citoyen d’un Etat à une imposition dans l’autre Etat, qui est autre ou plus lourde que celle à laquelle sont ou seraient soumis les nationaux de cet autre Etat, se trouvant dans la même situation. Or, n’est pas discriminatoire l’assujettissement d’un résident français à une imposition différente de celui que subit un citoyen et résident suisse, car en raison de leur résidence fiscale respective, ils ne sont pas dans la même situation. Il est fort probable que le jugement aurait été favorable au contribuable, s’il s’était fondé sur l’article 15-4. Cette clause impose en effet, que les plus-values immobilières réalisées par un résident de suisse soient calculées dans les mêmes conditions que celles applicables à un résident de France. Ce n’est cependant pas le cas lorsqu’un un taux différent est appliqué à une même assiette. Persistons donc à contester l’assujettissement au taux de 33,33%, mais sur le fondement de l’article 15-4 et non 26 de la convention. MV

Jurisprudence relatives aux plus-values immobilières des résidents suisses: http://www.etudes-fiscalesinternationales.com/media/00/00/1959365463.pdf http://www.etudes-fiscalesinternationales.com/media/00/02/1914793160.pdf BANQUE&FINANCE N°112 NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2011


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70 Normes & Régulation

Surveillance des banques Un nouveau concept PAR Patrick faoro Expert-comptable diplômé, Directeur, Mazars Coresa SA

A la fin du mois de juin, la FINMA a commencé à communiquer la classification qu’elle a établie pour chaque banque, en vue de l’implémentation de son nouveau concept de surveillance.

C

ette réorientation du concept de surveillance, qui date du début du mois de janvier 2011 (communication No 19), prend en compte la planification des fonds propres. A travers cette nouvelle mouture, la FINMA attribue une classification à chaque établissement bancaire soumis à surveillance, en fonction des chiffres pertinents de fin d’année. Les limites des critères de classification (somme du bilan, actifs sous gestion, dépôts privilégiés et fonds propres nécessaires) figurent en annexe de la Circulaire 2011/2. Parmi les six catégories, la première s’applique aux banques d’une taille considérable, ainsi qu’à celles pouvant avoir un impact dépassant le cadre national. Puis les autres catégories diminuent progressivement jusqu’à la cinquième. Quant à la sixième, elle correspond aux acteurs du marché ne faisant pas l’objet d’une surveillance prudentielle. L’approche fondée sur les risques, appliquée depuis plusieurs années, sera notamment renforcée

par deux instruments, l’assessment letter et la supervisory review. Jusqu’ici seules les deux grandes banques recevaient l’assessment letter, mais dorénavant celle-ci sera étendue aux établissements de la deuxième catégorie en rythme annuel, et en rythme bisannuel à la troisième catégorie. Cette assessment letter est une évaluation transmise directement par la FINMA à la banque concernée. L’autorité communique la classification en termes de risques et les faiblesses constatées, ainsi que le besoin d’intervention en découlant. Dans le concept de supervisory reviews, la FINMA adressera des questions pertinentes dans les affaires quotidiennes aux établissements concernés, en fonction de sujets d’actualité ou d’analyses thématiques spécifiques approfondies. Celles-ci pourront être menées auprès de différentes banques, en vue de procéder à une analyse comparative, et aborder de manière ciblée les faiblesses détectées. A l’avenir, l’autorité fédérale effectuera davantage

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@ patrick.faoro@mazars.ch

d’interventions sur place auprès des banques, notamment dans le cadre de cette surveillance courante. Au final, la majorité des ressources en matière de surveillance seront dédiées aux établissements bancaires figurant dans les première et troisième catégories, et feront l’objet d’une analyse de risques et de la stratégie de surveillance prévue par la FINMA, sur une base annuelle. En cas de classification négative en matière de risques, certaines banques classifiées dans les quatrième et cinquième catégories pourraient toutefois aussi bénéficier de ce traitement. Planification et volant des fonds propres Les prescriptions de Bâle III en matière de fonds propres doivent entrer en vigueur au 1er janvier 2013. Dans un premier temps, l’exigence relative au total des fonds propres demeure inchangée à 8%. L’amélioration de leur qualité interviendra pour le 1er janvier 2015, et leur ratio minimal passera à

10,5%. De manière progressive, Bâle III prévoit l’introduction entre 2016 et 2018 d’un volant de conservation qui s’élève à 2,5%, et d’un volant de sécurité contracyclique qui pourra varier dans le temps et se situera entre 0 et 2,5%. Dans son rapport explicatif de janvier 2011, la FINMA n’a pas estimé nécessaire une introduction progressive du volant de sécurité, telle qu’elle est prévue sous Bâle III. Le volant de conservation prévu dans Bâle III répond ainsi aux exigences futures de la FINMA, au titre du pilier 2. Il a été adopté dans le cadre de la circulaire 2011/2, entrée en vigueur le 1er juillet 2011, avec un délai transitoire au plus tard jusqu’à fin 2016, pour remplir l’objectif de fonds propres. Ces exigences de fonds propres au titre du pilier 2 sont définies de manière décroissante en fonction de la classification de l’établissement bancaire (principes précédemment mentionnés). Les fourchettes par catégorie sont indiquées dans le tableau sous le chiffre marginal 20 de la Circulaire 2011/2 (voir ci-joint). Précisons, cependant, que la première


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71 Normes & Régulation

FOCUS Un verbe-clé, anticiper

catégorie n’y figure pas, car les grandes banques ne relèvent pas du champ d’application de la circulaire, mais de prescriptions en matière de fonds propres leur étant spécifiques. En commençant à adresser leurs classifications aux établissements bancaires, la FINMA a rappelé que ceux-ci doivent formaliser la planification des fonds propres tant au niveau individuel que sur une base consolidée. Aussi les situations de ralentissement Dans la circulaire 2011/2, la FINMA cite également plusieurs éléments à prendre en compte dans le processus de la planification des fonds propres, en faisant référence à une approche proportionnée. A savoir que la planification des fonds propres est fonction de la taille de la banque, ainsi que de la nature et de la complexité des opérations pratiquées; qu’elle doit être en liaison avec les objectifs de rendement et avec le processus budgétaire de l’établissement bancaire; que les hypo-

thèses sur lesquelles repose la planification doivent être documentées; que la banque doit, dans les cas applicables, considérer les situations de ralentissement économique et de recul important de leurs résultats; que les établissements bancaires doivent montrer qu’ils sont capables de remplir leurs exigences de fonds propres sur un horizon à trois ans. Les banques ont jusqu’au 31 mars 2012 pour établir, pour la première fois, leur planification des fonds propres devant couvrir les exercices 2012 à 2014. Ce travail est loin d’être anodin, car si dorénavant l’exercice de planification budgétaire doit se faire sur une période de trois années, il faudra encore procéder au calcul des fonds propres sur la base des prévisions budgétaires. Enfin, dans les éléments à intégrer dans leur processus de budget, les établissements bancaires doivent considérer les situations de ralentissement économique et de recul significatif de leurs résultats, dans leurs prévisions et analyses. Nous sommes actuellement dans une période de

crise, avec un franc fort qui pèse sur les résultats des entreprises suisses, et influe sur la vie des sociétés. Postulat de base réaliste L’incertitude des marchés et les craintes des investisseurs rendent d’autant plus difficile d’imaginer les perspectives d’une reprise des activités et des volumes à traiter. Cette partie peut poser des difficultés à certains, compte tenu que la FINMA attend des banques qu’elles appliquent un postulat de base réaliste dans leurs prévisions. n

De notre point de vue, certains établissements bancaires devront intégrer la mise en place d’un «stress-test» dans leurs réflexions, en liaison avec une éventuelle dégradation de leur «rating». Bien que les critères de classification des banques soient fixes et que la FINMA ait prévu d’accorder un délai de transition lors d’un changement de catégorie, celles-ci se retrouveront déjà avec un niveau de fonds propres en diminution, lors de la mise en application des règles de Bâle III. Toutefois, le passage à une catégorie inférieure pourrait augmenter les besoins en fonds propres, selon leur classification. A titre d’exemple, le passage de la cinquième à la quatrième catégorie impliquera un besoin de fonds propres accru de 0,7%. Les établissements bancaires seront sans doute rassurés de savoir qu’une fois leurs processus de budgétisation et de planification des fonds propres terminés, leur société d’audit se prononcera sur l’adéquation de la planification effectuée des fonds propres dans leur rapport sur l’audit prudentiel, puis dressera un constat des hypothèses retenues. Bien que les exigences réglementaires deviennent toujours plus contraignantes, la réorientation du concept de surveillance vise à augmenter la capacité de détection de situations problématiques et à prévenir un interventionnisme de l’Etat, qui a déjà été critiqué. Au niveau des banques, l’anticipation deviendra le maître mot dans la planification des fonds propres et la mise en place des processus liés!

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72 Diriger

Approfondir le sujet www.hec.unil.ch/ob www.masrh.ch/programme/ www.hrtoday.ch

Au cœur de l’entreprise Les comportements humains prévalent Joerg Dietz Professeur et directeur du département de Comportement Organisationnel à la faculté des HEC de l’Université de Lausanne

Le comportement organisationnel est une discipline qui étudie les individus et leurs interactions dans l’entreprise. Leadership, diversité, prise de décision sont passés au crible pour améliorer les performances et anticiper les crises.

L

@ d.thenot@banque-finance.ch Par dorothée thénot Journaliste

a discipline consiste à comprendre les comportements humains et leurs interactions, au niveau du dirigeant, de son équipe et de l’entreprise. Née aux EtatsUnis, elle est encore jeune en Europe et séduit de plus en plus de responsables et dirigeants. Et pour cause, elle s’attaque à leurs préoccupations actuelles. Quel management appliquer dans une période post-crise et comment anticiper et éviter un nouvel épisode? Pour Joerg Dietz, professeur et directeur du département de Comportement Organisationnel à la faculté des HEC de l’Université de Lausanne, la crise récente représente un symptôme d’un monde complexe. Les solutions sont donc… complexes, et le manager doit considérer les risques de crise sur plusieurs niveaux. Premièrement, il doit comprendre l’infrastructure de son organisation, en s’interrogeant sur les systèmes d’alerte et leur suffisance. «Si un client devient insolvable, explique Joerg Dietz, combien de temps va-t-il s’écouler avant que cette information soit connue du département qui coordonne toutes les données sur les faillites? Ce n’est pas seulement une question de ressources humaines,

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mais aussi et principalement de gestion du système d’information.» Etablir un système adapté pour collecter la bonne information. Il s’agit aussi d’établir à quelle vitesse celle-ci est diffusée (trop lent, trop tard!) et de réfléchir à l’instauration de réponses automatiques à des situations données. Deuxièmement, un manager doit être capable de créer une ambiance de confiance avec ses subalternes, au niveau du groupe ou du département. «L’erreur d’un collègue peut créer un conflit, précise-t-il. Pire, si chacun couvre les erreurs de l’autre, la situation peut déboucher sur une crise. Ce salarié doit sentir qu’il est possible d’admettre une erreur, et un bon manager demandera «pourquoi est-ce arrivé» plutôt que de savoir qui est responsable. J’ai eu affaire à un manager de l’industrie aéronautique. Sur certaines pièces majeures, la pression de la performance était telle que la sécurité est passée au second plan. Il ne faut pas hésiter à lister les priorités.» Management de crise Enfin, le manager doit aussi prendre en compte les contingences externes et

l’environnement économique global. «C’est le changement le plus significatif révélé par la crise. Il n’est plus suffisant d’être efficace avec ses collaborateurs. Il faut aussi être connecté avec les gouvernements, institutions, banques centrales et autres leaders. La crise financière a révélé les limites des systèmes de contrôle nationaux», remarque Joerg Dietz. Il doit donc être capable de considérer une même situation de plusieurs points de vue et de comprendre comment l’entreprise fonctionne, mais également de quelle manière elle est affectée par les événements des autres marchés. «Là encore, le manager ne peut le faire tout seul. Il lui faut un bon support organisationnel et un système d’alerte performant. D’où la nécessité de se constituer une équipe de collaborateurs préparés au management de crise», poursuit-il. En d’autres termes, les adeptes du comportement organisationnel sont prêts à demander de l’aide et à ne plus être seulement ceux qui en apportent. n


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74 Se perfectionner

Critères ESG Le rôle du directeur financier impacté

FOCUS Critères ESG •

Critères environnementaux: ils portent sur l’impact direct ou indirect de l’activité de l’entreprise sur l’environnement Critères sociaux (ou sociétaux): ils portent sur l’impact direct ou indirect de l’activité de l’entreprise sur les parties prenantes par référence à des valeurs universelles (droits humains,normes internationales du travail, lutte contre la corruption, etc.) Critères de gouvernance: ils portent sur la manière dont l’entreprise est dirigée, administrée et contrôlée, et notamment les relations qu’elle entretient avec ses actionnaires, son conseil d’administration et sa direction

Par tradition, les questions liées aux impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance sont longtemps demeurées hors du champ d’action du directeur financier.

par Laurent Leloup Responsable de la rédaction de Finyear

@ laurent.leloup@finyear.com

E

n effet, le CFO a longtemps couru après les chiffres et a abandonné ces questions d’impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) entre d’autres mains. Aujourd’hui, les choses ont changé, car celles-ci sont étroitement liées à la performance financière de l’entreprise. A l’heure où l’International Corporate Governance Network (ICGN) et les PRI se réunissaient à Paris début octobre, l’Observatoire français sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises (ORSE) rappelait son étude sur les différentes pratiques d’engagement (débats et votes en AG, dialogue en amont et en aval des AG) mises en oeuvre par les actionnaires et les autres parties prenantes (ONG, associations professionnelles, organisations syndicales, etc.), en Europe et à

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l’étranger. Initiées à l’origine par un certain nombre d’investisseurs institutionnels en Amérique du Nord, au Royaume-Uni et dans certains pays de l’Europe du Nord, ces pratiques connaissent un intérêt croissant avec l’importance grandissante de l’intégration progressive des thématiques environnementales et sociales. De plus en plus abordées en AG, elles restent néanmoins encore minoritaires par rapport aux questions de gouvernance. Selon Daniel Lebègue, président de l’ORSE, «les résolutions sur les thématiques environnementales et sociales sont, pour l’instant, peu nombreuses en Europe, mais les actionnaires s’appuient sur d’autres leviers pour les introduire dans le dialogue avec les entreprises. Afin de contribuer à une meilleure prise en compte de ces enjeux, l’ORSE compte poursuivre sa veille et les

échanges sur ces pratiques». Dans son quatrième rapport annuel sur l’Investissement Responsable, First State Investments, la société de gestion de Commonwealth Bank of Australia signataire des Principes des Nations Unies pour l’investissement responsable, estime pour sa part que les investisseurs devraient davantage s’attacher à valoriser les dimensions ESG dans leurs décisions d’investissement. Elle observe d’ailleurs que ces facteurs ont un impact significatif sur la performance d’une entreprise. Des recherches récentes ont ainsi démontré que les valeurs les mieux notées, selon des critères ESG, dans des portefeuilles mondiaux investis dans des sociétés liées aux infrastructures, ont surperformé de plus de 20% les moins bonnes valeurs, sur trois ans à la fin mai 2010. Mark Lazberger, PDG de First State Invest-


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75 Se perfectionner

FOCUS Définition des Principes de l’ONU pour l’Investissement Responsable ments, a déclaré que la communauté financière avait déjà fait des progrès, mais doit encore en faire pour mettre en place une gestion en fonction des meilleures pratiques ESG. Et d’ajouter que «nous aimerions voir davantage d’investisseurs prendre en compte les risques ESG, car la communauté financière a un rôle à jouer pour encourager les entreprises à aller dans ce sens. Les investisseurs sont vraiment de plus en plus sensibles aux questions de l’environnement, du social et de la gouvernance. Ils attendent de l’industrie financière qu’elle introduise ces éléments dans son processus d’investissement. Nous pensons donc que les allocations d’actifs seront plus efficientes dans le futur».

Prise de conscience Les investisseurs, clients et actionnaires ont donc montré la nécessité croissante de relier la performance financière d’une entreprise à son impact social et environnemental. Pour faire ce lien, ces acteurs ont commencé à évaluer les performances de l’entreprise dans les domaines environnementaux, sociaux et de gouvernance (critères ESG). C’est à partir de là que les questions de durabilité et les performances financières ont commencé à devenir interdépendantes. Dès lors, les directeurs financiers s’im-

pliquent aussi dans la gestion, la mesure et le rapport d’activités de la durabilité de l’entreprise. Cette implication nouvelle a élargi leur champ d’action, dans une proportion qu’il aurait été difficile d’imaginer, il y a seulement quelques années. Ces changements découlent en partie du fait que les investisseurs institutionnels ont pris conscience que le changement climatique et les questions de durabilité impactaient directement les profils de risque des entreprises, leur réputation et leur performance financière. Les analystes financiers, par exemple, ont commencé à examiner les pratiques de durabilité des entreprises qu’ils ont en gestion. Comme les critères ESG sont intégrés dans l’analyse des investissements, les entreprises ont également commencé à comprendre que les initiatives environnementales et sociales contribuaient directement à leur performance économique.

domaines essentiels (étude Ernst & Young – How sustainability has expanded the CFO’s role) que sont les relations avec les investisseurs, le reporting et l’assurance sur les questions de durabilité, ainsi que le contrôle opérationnel et la gestion des risques financiers. A mesure que les entreprises continueront à reconnaître les bénéfices des pratiques ESG, elles commenceront à développer les outils nécessaires pour évaluer et mesurer leurs efforts de durabilité. La fonction finance deviendra ainsi plus étroitement impliquée dans les décisions entourant les initiatives de développement durable. Cette évolution signifie une étroite liaison entre la durabilité et la comptabilité, de même que l’émergence d’une fonction nouvelle dans l’organisation comptable sous le contrôle du CFO. n

Les investisseurs institutionnels signataires s’engagent notamment: • A prendre en compte les questions ESG dans les processus d’analyse et de décision en matière d’investissement • A demander aux entités dans lesquelles ils investissent de publier des informations appropriées sur les questions ESG • A favoriser l’acceptation et l’application des Principes auprès des acteurs de la gestion • A travailler ensemble pour accroître l’efficacité dans l’application des Principes • A rendre compte individuellement de leurs activités et progrès dans l’application des Principes

Fonction nouvelle Les directeurs financiers et les autres décideurs devront se familiariser avec les critères ESG, vitales pour leur entreprise. Ils devront également se préparer à répondre aux questions pointues de certains actionnaires et faire montre d’un engagement accru dans la performance ESG. D’une façon spécifique, ces tendances modifient le rôle du directeur financier dans les trois

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76 Communiquer

L’illusion du 360°! Les codes de la communication et du marketing sont souvent comme la mode: ils se font et se défont au gré des tendances, sans que le contenu de la boutique corresponde forcément à ce qui brille en vitrine. La communication à 360° en est un bel exemple!

FOCUS Quid de l’IMC? Processus d’accompagnement de la démarche d’intégration, l’IMC (Integrated Marketing communications) est à la fois une responsabilité, une fonction et un process exigeant une grande rigueur, une capacité d’analyser les difficultés dans leur ensemble, et une ouverture aux idées et aux personnes. La démarche d’intégration est un processus collaboratif d’élaboration et de suivi d’une architecture de communication, qui engage tous ses publics dans leurs connexions avec la marque, autour de sa vision stratégique. Pour approfondir le sujet: http://comprendrelacommunicationintegree.fr/ http://www.uda.fr http://marketing.about.com/od/ marketingglossary/g/imcdef.htm

PAR Christophe Lamps

T

entons de relever le défi! Sommes-nous capables d’avoir une vision à 360° en ayant les pieds bien ancrés dans la réalité du terrain? Tenter cette expérience, c’est se condamner à un torticolis garanti dans tous les sens du terme… Revenons donc à un monde réel où la souplesse des cervicales se limite à notre de champ de vision utile. En fait, le fameux «360 degrés» aux belles vertus circulaires a été imaginé par les grands groupes de communication pour additionner les couches de revenus. Le communicant, qui ne pensait pas 360° dans le milieu des années 2000, était considéré au mieux comme un has been. D’où l’émergence jusqu’à nos jours d’agences affichant ouvertement leurs compétences dans un horizon à 360°, incluant tous les supports de communication imaginables. Certaines allant même jusqu’à introduire le «360 degrés» dans leur raison sociale en voulant nous faire croire que le marché rêve de 360°, alors que le client souhaite avant tout atteindre les bonnes cibles avec les outils les plus pertinents. En fait, qu’importe le besoin du client pour les apôtres du 360°, l’important est ailleurs, à savoir être capable de délivrer des stratégies cumulant les canaux off ou online, et étourdissent un peu plus le client qui, lassé de vérités définitives sur la multiplication des supports, finira le plus souvent par abdiquer. L’identité du client

Senior Partner, Dynamics Group

@ cla@dynamicsgroup.ch

Cette stratégie circulaire se heurte malheureusement à deux écueils majeurs. Premièrement, l’impossibi-

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lité pour une agence de communication, quelle que soit sa taille, d’offrir le niveau de compétences requis dans toutes les spécialités affichées, notamment en ce qui concerne la stratégie digitale et cross-media. Deuxièmement, l’incapacité pour une stratégie à 360° de correspondre réellement aux besoins du client en pensant et en développant des communications intégrées, qui se développent de manière cohérente sur les supports les plus pertinents, et exclusivement sur ceux-là!

devient totalement intégrée et permet d’unifier les stratégies d’entreprise et de produits, afin d’éviter les incohérences que nous devons encore malheureusement constater chaque jour dans les communications de marque et de produits. Ce constat s’applique notamment à la stratégie digitale des clients. N’en déplaise à certains, elle ne doit pas être considérée comme un outil de communication, mais s’intégrer pleinement dans la stratégie d’entreprise en s’appuyant sur l’interaction avec toutes les ressources internes, afin de délivrer le meilleur message possible au client final. Cela nécessite que les agences de communication se plient à une compréhension et une appropriation complète de l’ADN de leurs clients, même si ce décodage passe quelque fois par des remises en cause des croyances de nos interlocuteurs. Nouvelle menace

Heureusement, la tendance semble s’être inversée, aujourd’hui, et on raisonne plus en termes de communication intégrée qui se construit avec tous les moyens connectant la marque, la société ou l’institution avec sa clientèle. Cette approche moderne place l’ensemble des ressources internes et la stratégie des moyens au début du processus de réflexion, avant la création, la production et le déploiement. La communication n’est alors plus une fin en soi qui s’auto-alimente dans les boîtes à outils sans fond. Elle

La plus-value des communicants est à ce niveau: s’approprier l’identité de son client pour lui restituer une stratégie intégrée adaptée à ses besoins et donner une nouvelle dimension à sa marque, ses produits, son image ou sa réputation. Chaque client est unique, c’est une évidence maintes fois rabâchée. Ce qui l’est moins, c’est la capacité d’une agence de communication de donner corps à cette évidence et de faire vivre cette différence. De toute évidence, l’approche 360° a vécu. Elle cède la place à l’Integrated Marketing Communication et c’est une bonne nouvelle. Mais une nouvelle menace illusoire plane sur au-dessus de nos têtes, elle se nomme RP 2.0. Nous y reviendrons… n


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b3b sur le web www.b3b.ch b3b sur Twitter www.twitter.com/b3b

77 Banque & Internet

Réinventer le paiement grâce au mobile FOCUS Et en Suisse? Des initiatives de paiement sans contact avaient été en lancées en 2008 déjà avec le Crédit Suisse, PostFinance, Swisscard, Swisscom, Telekurs Multipay et Visa Europe. Aujourd’hui, Visa «PayWave» et Mastercard «PayPass» se préparent à occuper l’espace libre, suite à la mort annoncée du service «Cash». Du côté des opérateurs mobiles, seul Swisscom propose sur son site des «Payment & voting services» permettant d’intégrer un achat sur sa facture téléphonique. Retrouvez toutes les références à cet article ici: http://bit.ly/o1kpi9

Internet et l’arrivée plus récente des téléphones mobiles intelligents provoquent, aujourd’hui, un véritable chamboulement dans la chaîne de valeur du paiement.

A

cheter un bien sur internet ou ailleurs est désormais courant. Pourtant, les innovations foisonnent dans la chaîne du paiement et provoquent l’arrivée de nombreux nouveaux acteurs, comme les opérateurs de téléphonie mobile ou des géants du web. Les téléphones et autres terminaux mobiles ne limitent plus la maîtrise du porte-monnaie électronique aux seuls émetteurs de cartes de crédit comme jusqu’alors. Dorénavant, toute cette intelligence embarquée permet ainsi aux mobiles de jouer de nouveaux rôles en étant non seulement un moyen de commande, une solution pour sécuriser les transactions et même un portemonnaie à lui seul. Préparer le terrain

marc barbezat Créateur et éditeur de b3b

@ marc@b3b.ch

Selon les estimations de Gartner en juillet dernier, plus de 150 millions d’internautes passeront un ordre de paiement via leur téléphone portable en 2011, soit une hausse de près de 40% par rapport à l’année passée. Le volume des paiements atteindrait, quant à lui, une somme proche de 90 milliards de dollars. Ce boom permet en particulier aux opérateurs de télécommunication de s’affirmer comme un nouveau maillon de la chaîne, en reliant les mondes du paiement et du mobile.

Deux variantes principales se développent aujourd’hui. La première consiste en la création d’une solution commune par plusieurs opérateurs comme Isis aux Etats-Unis ou encore Buyster en France. Deuxième variante comme Orange et BNP Paribas l’ont annoncé en juillet, il s’agit de créer une association qui permettra aux agences de cette banque de proposer des smartphones et d’apporter la solution du paiement. La place du porte-monnaie Intégrée dans une puce électronique, la technologie NFC, Near Field Communication, est la star du moment. Elle permet le paiement de petits montants sans introduire une carte ou sans même la faire glisser dans une fente, bref sans contact. Déjà présente dans

certaines cartes de crédit, elle s’intégrera très certainement dans les smartphones dès 2012 déjà. Là encore, cette nouvelle typologie de paiement contraint les émetteurs de cartes de crédit à revoir leur stratégie et à préparer la riposte face à des géants comme Apple, RIM ou Google, pour ne citer qu’eux. Cette bataille s’étend déjà sur le web, où les solutions explosent littéralement comme par exemple un porte-monnaie électronique avec Google Wallet, Square une solution de paiement mobile par carte de crédit (voir photo ci-contre), Cityzi une solution de paiement sans contact pour l’achat de titres de transport en France … et bien d’autres. Nombreux défis restent à relever Plusieurs études récentes montrent néanmoins que le boom du paiement mobile ne sera pas aussi rapide que prévu. Très émoustillés par ces nouvelles technologies, les «early adopters» devront donc attendre encore un peu avant la généralisation et la standardisation de ces modes de paiement. La sécurité aura également son mot à dire, car toute solution devra démontrer son insensibilité aux attaques pirates, qui sont d’ores et déjà à l’affût de la moindre faille! n

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Mike Stewart (1), est nommé à la tête de l’activité Global Equities d’UBS Investment Bank. Mike Stewart a rejoint les rangs d’UBS, après avoir dirigé la division Global Equities chez Bank of America Merrill Lynch. A compter d’aujourd’hui, il est le global head of Equities chez UBS. Il dispose d’une longue expérience des marchés et de direction, des compétences qui lui permettront d’assurer une gestion saine de l’unité et une mise en oeuvre sans faille de la stratégie mondiale d’UBS en matière d’actions. Unigestion, société indépendante qui figure parmi les leaders reconnus dans le domaine de la gestion d’actifs avec plus de 10 milliards de CHF d’actifs sous gestion, annonce la nomination de Bill Foo (2) au poste de Président du bureau d’Unigestion basé à Singapour à partir du 1er Octobre 2011. Bill Foo rejoint Unigestion en tant que Président Asie. Bill reste également Vice Président de ANZ South & South East Asia. Depuis 1999, il occupait le poste de Président Directeur Général de ANZ Bank à Singapour. Pendant 12 ans, Bill a mené l’expansion de la banque à Sin-

gapour, qui est passée de 90 à plus de 2300 employés, devenant ainsi le plus important centre d’opérations de la banque hors Australie et NouvelleZélande. En 2010, Bill avait été promu Vice Président de ANZ South & South East Asia. BlackRock, Inc. a annoncé la nomination de Martin Gut (3) en tant que Responsable Pays pour la Suisse. Il a pris ses nouvelles fonctions le 1er octobre 2011. Il intégrera également le Comité de direction EMEA et le Forum des Responsables Pays. M. Gut était auparavant Directeur de l’activité institutionnelle de BlackRock en Suisse et a rejoint le groupe en janvier 2011 après avoir travaillé au Crédit Suisse où il dirigeait l’équipe chargée de la gestion des relations avec les grands clients institutionnels en Suisse. Il a une grande expérience dans le secteur bancaire, acquise au Crédit Suisse et à l’ UBS. Martin Gut succède à Heinz Rothacher qui quitte BlackRock pour réaliser d’autres projets de carrière. KPMG Suisse a nommé Stefan Pfister (4) (43 ans), lic. oec. HSG et Partner, Head of Advisory et membre de la

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direction. Il sera responsable du conseil en gestion d’entreprise de KPMG dans son entier. Stefan Pfister a pris ses fonctions chez KPMG en 2005. Grâce à ses compétences reconnues dans le domaine du conseil et du Corporate Finance dans l’immobilier, il a tout d’abord mené avec succès le secteur Real Estate, dans lequel il joue un rôle dirigeant également sur le plan international. En 2009, la direction du groupe de services Transactions & Restructuring lui a été confiée, qu’il n’a eu cesse de développer. Stefan Pfister a étudié l’économie à l’Université de Saint-Gall et a obtenu un diplôme universitaire de troisième cycle en Corporate Real Estate Management à la European Business School (EBS), à Oestrich-Winkel/D. Par ailleurs, il est membre du Royal Institute of Chartered Surveyors (R.I.C.S.). Le collège des associés de Mazars a nommé Yvan Haymoz (5) à la tête de l’entité fribourgeoise du groupe international actif dans l’audit, l’accompagnement comptable et financier, la fiscalité et le conseil aux entreprises. En 2001, Mazars ouvre sa succursale à

Fribourg et depuis, ses activités se sont fortement développées. Expertcomptable diplômé, expert-réviseur agréé par l’Autorité fédérale de Surveillance en matière de Révision (ASR), Yvan Haymoz a travaillé à la Banque Cantonale Vaudoise et chez Ernst & Young avant de rejoindre Mazars en 2008. Cet ancien cycliste professionnel (Post Swiss Team), passionné de hockey est membre de la commission financière du Gotteron. Yvan Haymoz a pris possession de ses nouvelles fonctions le 1er septembre 2011. Philippe Fleury (6) (39 ans), avocat et Executive MBA, endosse chez KPMG Suisse la responsabilité du domaine Forensic, prenant ainsi en charge la coordination du savoir-faire spécifique et des mandats des clients dans ce domaine. En Suisse, le conseil Forensic de KPMG est la première adresse dans ce secteur d’activité; à l’échelle mondiale, KPMG emploie quelque 2400 spécialistes Forensic, ce qui fait de KPMG le n° 1 en matière de Forensic en Suisse et dans le monde.


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11 10 Le Credit Suisse a nommé Michael Willimann (7) responsable de la clientèle PME pour la Région Suisse romande, au 1er janvier 2012. Il succèdera à Andreas Giesbrecht, qui a exercé pendant plus de huit ans cette fonction, au sein de cette Région qui comprend les cantons de Vaud, Valais, Neuchâtel, Fribourg et Jura. Agé de 49 ans, marié, père de trois enfants, Michael Willimann est collaborateur du Credit Suisse depuis plus 20 ans. Actuellement responsable pour toute la Suisse des affaires de crédit avec un risque accru, Michael Willimann a auparavant exercé plusieurs fonctions de conduite au sein de la banque, dont celles de responsable Credit Risk Management pour le segment PME et Promoteurs Immobiliers pour les Régions Genève et Suisse romande de 2003 à 2009 et de responsable des analyses immobilières et de crédits PME pour la Suisse de 2002 à 2003. Philippe Gex (8) est promu responsable des services d’investissements du groupe Investec Trust basé à Genève. Philippe Gex analyse et évalue la performance des portefeuilles, sélectionne les gestionnaires de fortune et les sociétés spécialisées en placements fidu-

ciaires. Il est également en charge d’établir et de maintenir les relations avec les principaux intermédiaires financiers. En outre, il travaille en étroite collaboration avec les trust managers de chaque juridiction. Pendant plus de 15 ans Philippe a travaillé dans la banque privée à Londres et en Suisse, se spécialisant dans la gestion d’actions et d’obligations. En 2004, il a rejoint Investec Trust Switzerland en tant que «Investment Officer». La fonction d’économiste de la banque BCGE est confiée à Marie-José Vuaillat (9), docteur en finance de l’Université de Genève. Marie-José Vuaillat obtient son doctorat en 2000 au sein de la faculté des Sciences Economiques & Sociales de l’Université de Genève où elle a fait toutes ses études universitaires. Parallèlement, elle anime des séminaires en économie et théorie financière à l’Université de Genève et plus tard à la Haute Ecole de Gestion de Genève. En 2002, elle rejoint la BCV en qualité de gérante obligataire et collabore à la création et au développement du service Immobilier titrisé suisse. Elle intègre en 2006 Synchrony Asset Management, une ancienne filiale de la BCGE, en qualité de responsable de la

gestion. Suite à l’intégration de Synchrony Asset Management, Marie-José Vuaillat poursuit sa carrière à la BCGE au sein des Etudes financières. La Banque CIC (Suisse) a le plaisir d’annoncer la nomination de Michel Berger (10) en tant que directeur de son siège de Lausanne depuis le 1er septembre 2011. Pour occuper ce poste stratégique, elle dispose en la personne de Michel Berger d’un banquier généraliste expérimenté et reconnu, disposant d’un important réseau relationnel en Suisse romande et dans le canton de Vaud en particulier. Avec cette nomination, la Banque souligne ses ambitions de croissance dans le canton de Vaud tant dans le secteur de la clientèle d’entreprises que de la clientèle privée. Le cabinet d’audit et de conseil Deloitte a annoncé la nomination de Ralf Schlaepfer (11) au sein de son comité de direction où il jouera un rôle essentiel dans le pilotage de la stratégie de croissance. Ralph Schlaepfer compte à son actif plus de 20 ans d’expérience dans le domaine du conseil et des fusions et acquisitions. Après avoir vendu sa société de strategy management et de

capital-risque, il a mis sur pied l’équipe Strategy & Operations au sein d’un autre Big 4 en Suisse et était en charge du département Consulting. Il a également dirigé la division Energie, Services collectifs et Industrie minière. Ses spécialisations incluent le développement stratégique, l’excellence opérationnelle et la croissance externe y compris les notions de fusions-acquisitions et d’intégration. La Banque Alternative Suisse SA a nommé Martin Rohner (12), 45 ans, au poste de président de la direction. Martin Lukas Rohner a une licence en économie de l’Université de Saint-Gall et un diplôme de mastère en environnement et développement de l’Université de Cambridge. Son parcours professionnel l’a mené à travailler à la Banque interaméricaine de développement, à la Banque mondiale et au Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO). Ces six dernières années, Martin Rohner a été directeur de la Fondation Max Havelaar (Suisse), assumant la direction stratégique et opérationnelle de la célèbre organisation de commerce équitable. Il prendra ses nouvelles fonctions directoriales auprès de la Banque Alternative Suisse le 1er janvier 2012.

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Dernières parutions

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Dans les méandres de la crise Aux Editions L’Harmattan (www.librairieharmattan.com) Croissance, crises & mutations économiques, Roland Couture (1): L’auteur, associé-gérant de DupontPartners en France, un cabinet de conseil en stratégie spécialisé dans les diversifications sur de nouveaux vecteurs de croissance, dresse un bilan sans concession des changements structurels de la société avec leurs implications économiques et sociales. Selon Roland Couture, le modèle actuel de croissance a atteint ses limites à cause de son orientation exagérément consumériste axée sur le gaspillage et, de fait, gravement destructrice des ressources naturelles. Il s’agit là d’un modèle égoïste forcément condamné. Dès lors, les pays déjà nantis de tout le confort matériel se doivent d’innover, de mettre au point de nouveaux produits et procédés, ainsi que de nouvelles formes de consommation, afin de préserver l’équilibre entre un certain degré de confort et l’environnement. Un ouvrage clairvoyant. Sortie de crise et nouvelle culture économique, Stéphane Neuville (2): Ce polytechnicien analyse avec pertinence l’origine de la crise due en grande partie à une économie plus complexe régie par le monde de la décision financière parfois irresponsable et contradictoire, et en tout cas déconnec-

tée de l’économie réelle. Et Stéphane Neuville de préconiser la limitation du boursicotage avec ses effets pervers et la taxation au maximum de ses revenus au profit des dividendes illustrant davantage le développement économique, de revoir les modes de calcul des boni des traders et les d’évaluation des projets à financer, ou encore d’augmenter les investissements des nouvelles technologies, y compris «vertes», et d’instaurer une nouvelle culture d’entreprise réorganisant les relations entre partenaires responsables et motivés. Autant d’idées à prendre en compte pour éviter de nouvelles crises, tant que faire se peut. Dans les méandres de la théorie économique Aux Editions L’Harmattan 2011 (www.librairieharmattan.com) L’économie entre savoir et illusion/Critique de la raison économique, Alain Dulot et Philippe Spieser (3): Les deux auteurs, le premier énarque et agrégé de philosophie, et le second docteur en sciences économiques et professeur en finance, ont savamment choisi de resituer l’économie, très souvent victime de la pernicieuse idéologie, et de circonscrire son champ de validité, de même que celui de ses prétentions illégitimes, tout en menant une «critique de la raison économique». Ils analysent ainsi les limites

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du savoir économique, la pertinence de ses choix méthodologiques et la portée de sa «scientificité». Qualifiée de science impossible prise en tenaille entre des applications partielles et des théories générales, l’économie doit désormais assumer son statut de science humaine en s’ouvrant à d’autre dimensions discursives, à travers une démarche de transdisciplinarité. Finalement, l’économie mérite de retrouver le chemin de l’économie politique, qui engage le vivre-ensemble dans un projet de cohumanité. C’est en s’assumant comme économie politique, soit comme discipline anthropologique, que l’économie retrouvera son sens originel et, plus encore, sa légitimité, estiment les deux théoriciens. Une remise en question certainement salutaire. Dans les méandres de la technicité économique et financière Aux Editions La Documentation Française (www.ladocumentationfrancaise.fr) La politique économique et ses instruments, Collection Les Notices, sous la direction d’Olivia Montel-Dumont (4): Un ouvrage de synthèse étoffé qui pose les problématiques essentielles de la politique économique à travers ses cadres et principes, ainsi que ses acteurs et instruments, et décrit les grands domaines de la politique économique avec ses enjeux et perspectives. Au regard de

l’actualité, à retenir en particulier les chapitres consacrés à la gestion de la dette publique, aux stratégies économiques face à la crise et au choix de la gouvernance mondiale après celle-ci. Ce recueil de réflexions fouillées émanant de spécialistes constitue une lecture incontournable pour comprendre les causes des déséquilibres économiques et financiers globaux, mais aussi, selon les cas de figure et le choix des auteurs, l’origine des situations actuelles prévalant en France, en Europe et dans le monde. Une lecture technique de top niveau. Aux Editions L’Harmattan 2011 (www.librairieharmattan.com) Des bourses aux entreprises de marché/Le commerce du capital dans les turbulences de l’économie de marché, Jean-François Lemettre (5): Tout connaître sur les bourses à travers leur histoire, fondement, fonctions et fonctionnement, de même que leurs stratégies, réglementation et perspectives, tel est le défi ambitieux de cet ouvrage, lui aussi incontournable en la matière. Et l’auteur, professeur en finance de marché, gestion des risques et analyse économique des stratégies d’entreprises, de s’interroger entre autres sur l’organisation future de l’industrie du négoce des titres financiers ou encore sur les nouveaux rôles des acteurs de la filière boursière. Excellente référence.


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Dans les méandres de la réflexion Aux Editions Slatkine 2010 (www.slatkine.com) Le bonheur n’est pas au bout du PIB, Jan Marejko (1): Le titre de cet ouvrage est en lui-même explicite, la matérialité n’offrant aucunement le bonheur de l’être, au sens de son épanouissement. Aussi, il semble pour le moins étonnant qu’un chercheur averti comme l’auteur ne découvre que désormais cette évidence «philosophique», surtout qu’il a lui même étudié les fondements de la sagesse. Mais il est vrai que pendant des années, circonstance atténuante, Jan Marejko a défendu aveuglément le système capitaliste sous toutes ses formes. Le voilà donc «éveillé» en affirmant que le principal défi des sociétés avancées est qu’elles ne peuvent plus de contenter de promouvoir l’économie de marché sans tenir compte de la question du sens de la croissance, au-delà d’une vie matérielle décente. Et l’auteur d’annoncer que cette économie risque de se détruire elle-même, si la fonction de son marché libre ne cherche pas à permettre aux individus de prendre conscience de la complexité de leurs besoins et d’un moi aspirant à un au-

delà des biens. Une analyse pertinente qui alterne avec intérêt les sciences politiques avec la philosophie. Le voyage existentiel/Vers une spiritualité chrétienne revisitée, André Chamay (2): La réflexion du Dr André Chamay est d’un tout autre ordre, mais elle aussi ô combien essentielle à l’évolution spirituelle de l’Etre comme source d’épanouissement, puisqu’il s’agit de savoir si Dieu est une utopie nécessaire. En tant que valeur de référence immuable, Dieu siégerait chez chacun tel un germe, engendrant une sorte de dédoublement de la personnalité. Et l’auteur de confier que Dieu, immanent, se situe dans notre inconscient et même mieux dans notre cerveau, pièce maîtresse de notre anatomie, lieu où s’élabore la pensée et l’intelligence, et où résident la conscience et l’esprit, en fait lieu où siège le divin. C’est donc par l’intermédiaire du cerveau que nos existences se construisent. Dès lors, Dieu serait bien une utopie nécessaire, comme valeur référence dont notre esprit a besoin, s’il veut trouver un équilibre parmi les innombrables questions sans réponse qu’il cherche à résoudre. Un livre bon pour la tête qui s’inscrit dans la verticalité de l’Etre.

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Aux Editions L’Harmattan 2011 (www.librairieharmattan.com) Ecologie et économie en crise: qu’en disent les religions?, Thier r y Magnin et l’Institut Catholique de Toulouse (3): Pertinente initiative de ce collectif d’auteurs que de présenter l’approche de l’écologie et de l’économie en crise vue sous l’angle des religions bouddhiste, catholique, juive, musulmane et protestante. En parallèle à l’interdépendance des phénomènes, toutes s’accordent à prôner la nécessité de retrouver une conscience universelle et de reconquérir le sens de la fraternité. Il s’agit donc de créer une «façon nouvelle» de la société, reposant sur ses réelles potentialités d’humanisation traduites, entre autres, par les notions de limite, de bien commun, de confiance et de vertu. Seule issue pour redonner de l’humanité à une société déshumanisée. Des réflexions rafraîchissantes, lucides et empreintes d’optimisme. Dans les méandres de la découverte vibratoire Aux Editions Favre 2011 (www.éditionsfavre.com) Guide des hauts lieux vibratoires de Suisse romande/Ressource-

ment, énergie et soin par la nature et le pierres, Joëlle Chautems (4): Droguiste-herboriste de formation, l’auteure est devenue une praticienne de la géobiologie et des soins par la nature. En quête de nouveaux trésors reliés quelque part à la métaphysique, Joëlle Chautems amène le lecteur dans quelques sites hautement vibratoires, donc «magiques», de Suisse romande. Pour chacun d’eux (Ermitage de la Madeleine/FR, Grotte de Sainte-Colombe/JU, Pierre aux Immolés/VS, Menhir de Givrins/VD, entre autres), elle précise les coordonnées topographiques, les données géobiologiques, l’accès et le temps de marche, mais dévoile surtout la couleur de résonance du lieu, sa légende et la manière de l’approcher pour mieux le ressentir. Un sujet de méditation complète harmonieusement le descriptif du site. En préambule, l’auteure explique avec intérêt la thérapie mégalithique, les phénomènes énergétiques et l’approche géobiologique, notamment. Un ouvrage, admirable, écrit avec les vibrations du cœur et de l’amour. n Didier Planche

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82 Savoir @ f.bonavita@banque-finance.ch Par fabio bonavita Journaliste

NICOLAS COVACICH

Le Securities Lending and Borrowing

Contrat-cadre en vigueur Le SLB propose une certaine garantie, grâce au collatéral. Dans un contexte de grande volatilité des marchés, cela augmente également son intérêt. Le facteur le plus important réside dans le fait que le prêteur ne nécessite pas les titres, durant la durée du prêt. Dans le contexte actuel, beaucoup d’investisseurs, qui ne souhaitent pas assumer trop de pertes, vendent leur titres. Cependant, la négociation entre deux parties ne peut intervenir qu’après la signature d’un contrat-cadre, lequel définit les modalités standard de la négociation entre les deux parties (type de collatéral accepté, marges appliquées, périodicité de la réévaluation de la valeur du prêt). Il existe plusieurs accords-cadre standard GMSLA (Global Master Securities Lending Agreement), dont les parties peuvent s’inspirer auprès de L’ISLA (International Securities Lending Association). Ce travail de diplôme a été réalisé dans le cadre de l’Ecole Supérieure spécialisée en Banque et Finance (ESBF), à Genève (www.isfb.ch). Information: Myriam Koessler Rossi, 022 827 30 03, mkr@isfb.ch Pour obtenir davantage d’informations: Nicolas Covacich Head of Stock Exchange BO/Derivatives/Settlement Union Bancaire Privée Tél. 058/819.34.05 ncv@ubp.ch

Nicolas Covacich a consacré son travail de diplôme au sein de l’Ecole Supérieure spécialisée en Banque et Finance à un outil financier très utilisé, mais peu connu du grand public, le Securities Lending and Borrowing. Banque & Finance: Le Securities Lending and Borrowing (SLB) concerne quels investisseurs? Nicolas Covacich: Ils le sont tous. Actuellement, les prêteurs principaux sur les marchés sont des fonds de placement, des assurances, des banques, des institutionnels, ainsi que des fonds de pension. Ils détiennent des portefeuilles de titres à long terme et souhaitent les prêter, afin d’augmenter accessoirement leur rendement global. En ce qui concerne les emprunteurs, nous trouvons principalement des banques d’investissement, des market-makers, des brokers et des hedge-funds. B&F: Quel est l’historique de cet outil? N.C.: Initialement, le SLB permettait aux brokers/dealers de couvrir les positions short issues de décalages entre la réception et la livraison de leurs opérations, le fail coverage. Aujourd’hui, il permet de générer une position short, soit une vente à découvert, donc de devoir recourir à l’emprunt de titres. Le SLB joue un rôle important, car il fournit de la liquidité au marché, en facilitant la formation des prix et la fluidité des dénoue-

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ments. Par conséquent, il permet d’assurer le fonctionnement efficient des marchés financiers. L’objectif du SLB est donc de profiter de la demande du marché sur un titre ou un secteur précis pour obtenir un rendement accessoire, en sus de la plusvalue potentielle sur le titre. Soit dans un cadre spéculatif baissier, emprunter des titres sur le marché que nous avons déjà vendu short, afin de les acheter moins cher plus tard. Sur certains marchés régulés, la vente à découvert sur les USA et la France par exemple est interdite. B&F: Quels sont les risques de cette méthode d’investissement? N.C.: Ils sont faibles. Durant toute sa durée, chaque opération est couverte par un collatéral en titres ou en cash. En outre, une évaluation périodique du prêt et des appels de marge peuvent être réclamés en fonction de la valeur des titres sur le marché, ce qui garanti le risque de défaut de la contrepartie. Un des risques serait que l’investisseur souhaite vendre les titres qu’il aurait mis en prêt pour une durée déterminée, et qu’il soit obligé de «casser» le contrat de prêt. Le risque principal reste néanmoins que

l’emprunteur devienne insolvable et que, simultanément, la valeur du collatéral ne couvre pas le coût de remplacement des titres prêtés. B&F: Les paramètres à prendre en compte pour cet outil semblent nombreux. Pouvez-vous les expliquer? N.C.: Sa forte demande, sa forte volatilité, son manque de liquidité sur le marché ou l’arrivée proche d’un événement influençant les titres, comme le versement du dividende, le déroulement de l’assemblée générale, la publication des résultats, etc. Ce sont tous des éléments qui peuvent rendre une action attrayante au vue du SLB. BF: Finalement, son attrait ne se limite-t-il pas à une question de confiance? N.C.: Non, la recherche de profit hante toujours les clients et le SLB propose une alternative intéressante et ce, sans trop de risque pour eux. De plus, le collatéral est justement présent pour annuler ce manque de confiance potentiel entre les deux parties. n


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Panama Bien davantage qu’un canal et des banques!

PAr odile Koehn Journaliste touristique

Célèbre pour son Canal, ses banques et ses compagnies offshore, le Panama l’est beaucoup moins pour son tourisme. Le pays réserve pourtant de magnifiques surprises aux voyageurs.

capitale du pays. Une ville plurielle, où une forêt de gratte-ciel abritant hôtels de luxe, sièges de banques et de compagnies offshore, côtoie les vieux quartiers. Son Casco Antiguo, aujourd’hui le quartier branché, fait irrésistiblement penser à La Havane. Fonds marins sublimes et Indiens

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rononcez le nom de Panama, et l’on vous répond presque invariablement canal. Le Canal de Panama, bien sûr, qui vaut le voyage à lui tout seul. Traversant une région couverte de forêts tropicales peuplées de perroquets multicolores, de toucans au gros bec et de somnolents paresseux, ce long couloir fluvial reliant en 80 kilomètres le Pacifique à la Mer des Caraïbes voit chaque jour passer le cortège incessant de porte-containers géants. L’une des façons agréables de le découvrir? Empruntez le Panama Canal Railway, dont le wagon-restaurant de style Belle Epoque se donne des petits airs d’Orient Express. A l’extrémité ouest du Canal, se dresse Panama City, la

En une heure d’avion à peine, direction sud-est, on atteint la Comarca de San Blas, un fabuleux archipel de plus de 400 km, qui égrène 360 îlots coralliens dans une Mer des Caraïbes bleue turquoise, où vivent en totale autonomie plusieurs tribus d’Indiens Kunas. Là, vous pouvez expérimenter un luxe nouveau. Tout simplement une nuit dans une «cabaña» sur pilotis en bambou et feuilles de palmiers. Immersion totale dans la culture indienne! La Contadora, l’île des milliardaires Autre archipel, mais sur la côte de l’Océan Pacifique cette fois, celui de Las Perlas. Il s’agit de 220 îles, dont la

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plus accessible et la plus développée se nomme Isla Contadora. Certes, sa popularité tient à la beauté de ses plages aux eaux cristallines et à la richesse de sa faune, mais aussi à la notoriété de certains de ses hôtes. Le Chah d’Iran en fit un temps son refuge, et certains présidents sud-américains leur lieu de rendez-vous préféré. Isla Cantodora est aussi l’île de villégiature des Panaméens fortunés de la capitale. Et quand on sait que le Panama possède 2500 km de côtes, des myriades d’îles, de nombreux parcs nationaux avec rivières tumultueuses, cascades et volcans et, dans l’arrière-pays montagneux, des régions riches d’une flore et d’une faune tropicales fascinantes, on se demande vraiment pourquoi son tourisme peine encore à se développer. A découvrir... absolument! n

FOCUS Décollage de la croissance Au cours de ces dernières années, l’économie panaméenne a connu un fort taux de croissance avec un PIB en augmentation de 80%. Le pays possède aujourd’hui la plus puissante économie d’Amérique centrale et Panama City est le centre financier le plus important de la région. Sa zone de libre échange est la deuxième au monde. C’est en grand partie à son Canal que le Panama doit son essor, mais aussi à son hub logistique et financier, doté d’un régime fiscal attractif. Le Panama connaît également une stabilité monétaire et politique appréciée des investisseurs. Outre son activité bancaire florissante, ses principales ressources naturelles sont le cuivre et l’or, de même que les bananes et autres fruits, le riz, le, maïs, le café, le sucre de canne, les légumes, le bois et les crevettes.


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( Communiqué

Voyages Du mardi 13 au mercredi 21 mars 2012

Prix EXCEPTIONNEL par personne CHF 8'800.(sur base 10 participants) Comprenant: ● vols internationaux

Banque & Finance vous emmène au Panama! Un pays fascinant en plein essor économique, où vous pourrez exploiter, voire enrichir votre carnet d'adresses professionnelles.

● vol domestique en avion privé ● hébergement en chambre double dans des hôtels de luxe ainsi que les repas, les rencontres et excursions mentionnés au programme. Sur demande, possibilité de prolonger votre voyage dans un pays voisin: Costa Rica, Nicaragua, Colombie. Téléchargez la brochure détaillée du programme sur le site internet:

www.autigrevanille.ch

S

i vous souhaitez découvrir des paysages saisissants de beauté, vous retrouver dans des ambiances chaleureuses et colorées, aller à la rencontre des Indiens Kunas, mais aussi enrichir vos connaissances géopolitiques et étoffer votre réseau de relations professionnelles, alors participez à notre voyage au Panama. Il sera riche en émotions, en couleurs et en échanges fructueux! Nous avons programmé des rencontres avec des dirigeants d’entreprises et de banques suisses implantées au Panama, ainsi qu'avec des personnalités de premier plan de la sphère économique et financière du pays. Sur place, des entretiens one-to-one seront

également organisés à votre demande. Des visites touristiques, un voyage à bord du mythique Panama Canal Railway et quelques jours de farniente sur une île paradisiaque de l’archipel de San Blas sont également agendés. A Panama City, vous séjournerez au Trump Ocean Club, un tout nouvel hôtel 5 ***** situé dans le quartier le plus élégant de la ville avec une vue spectaculaire sur l'Océan. Son architecture avant-gardiste, d'une élégance extrême, et ses luxueux aménagements en font l'hôtel les plus

prestigieux d'Amérique Centrale. Organisé par le célèbre tour-opérateur genevois «Au Tigre Vanillé», ce voyage sera également pour vous l'occasion de rencontrer le rédacteur en chef de Banque & Finance. Odile Koehn, journaliste spécialisée dans le tourisme, sera votre tour-leader. Sur place, Michel Lecumberry, excellent guide culturel francophone, vous fera partager sa passion pour son pays d'adoption. ■ www.autigrevanille.ch

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88 ( Dégustation

La Syrah 2009 de Marie-Bernard Gilloz Praz par Romain Cellery Responsable de l’Ecole du Vin de Changins

@ romain.cellery@eichangins.ch

L

Quoi de mieux en cette période automnale qu’une belle Syrah pour accompagner la cuisine de saison? Puissance, structure, parfums d’épices et de fruits noirs, notes animales et sauvages… Un vrai vin de gastronomie, capable de tenir tête à des mets corsés comme la chasse. Mais comme son nom féminin pourrait le suggérer, ce cépage sait aussi faire preuve de finesse que l’on retrouve parfois au travers de notes florales. C’est tout cela, le charme de la Syrah, doublé d’une capacité à donner des vins plaisants autant dans leur jeunesse qu’après une longue conservation. En Suisse, elle représente 180 ha, dont 160 en Valais. Logique pour un

cépage plutôt tardif qui apprécie les zones ensoleillées et les sols peu fertiles. C’est le docteur Wuilloud, enseignant en viticulture et spécialiste valaisan de l’époque, qui eut la bonne idée de l’introduire dans son canton en 1926, séduit par les grands vins rouges des Côtes-du-Rhône septentrionales. Le docteur Wuilloud a eu du nez puisque la Syrah est actuellement la deuxième spécialité rouge la plus plantée en Suisse après le Garanoir. En Valais, elle trouve une très belle expression et les meilleurs vins rivalisent avec leurs homologues français. C’est ce qu’a montré la dégustation organisée en 2007 par le Grand jury européen, un collège d’experts du vin, avec un résultat inattendu et réjouissant: les quatre

premières places ont été occupées par des Syrah helvétiques. Mais revenons-en à notre vin. MarieBernard Gilloz Praz nous régale avec ce 2009 provenant de son vignoble de St-Léonard au sol de schistes, terroir qui donne souvent de très beaux résultats à la Syrah. Ce vin mêle des notes poivrées typiques à la violette et au cèdre. Le nez est très aromatique et complexe, très caractéristique du cépage, le boisé parfaitement intégré. On sent une belle maîtrise de l’élevage. Le toucher en bouche est fin, avec des tanins présents mais déjà assouplis, et une belle longueur. Une magnifique bouteille qui s’apprécie déjà maintenant, mais pourra évoluer favorablement ces cinq prochaines années. n

s ur o nc o C

Concours Devinez donc l’appellation et le cépage de ce vin!

L

e prochain vin présenté dans le numéro 113 de Banque & Finance est d’origine suisse. Il provient d’une région reconnue pour la beauté de son paysage, dont le terroir viticole est exploité depuis le XIe siècle. Son cépage est blanc et possède un lien avec le vin du texte ci-dessus. Bien que peu planté en Suisse, il séduit de plus en plus d’amateurs par son bouquet très expressif. Un de ses arômes caractéristiques est un fruit. Parmi les réponses justes, un gagnant sera tiré au sort et remportera un cours de découverte de la dégustation pour deux personnes, d’une valeur de CHF 180 .–. Réponse par courriel: contact@banque-finance.ch Délai: 22 novembre 2011 – Tirage au sort: 25 novembre 2011 Conditions du concours: les collaborateurs de Promoédition SA, les sociétés partenaires ainsi que leurs familles ne sont pas habilités à participer. Cette offre n’est pas convertible en espèce. La voie juridique est exclue. Le gagnant sera averti personnellement et nous permet de publier son nom dans Banque & Finance. Les participants autorisent Promoédition SA à utiliser leurs données à des fins d’informations et d’offres spéciales.

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( Volupté

Un vent d’idées cadeaux dans l’univers du cigare par Gérard VAHE Gérard Genève

@

info@gerard.ch www.worldofgerard.com

Coffret Hoyo de Monterrey Epicure Toutes les tailles sont représentées dans ce coffret au couleur de cette sélection. Très bien manufacturés, ces cigares au goût doux et aromatique sont tous réalisés en fonction du désir des amateurs recherchant des valeurs très savoureuses et généreuses. Le nouveau!: Hoyo: 80.–

Coffret Partagas P2 + D4 Cette présentation propose la découverte de deux produits les plus représentatifs de cette grande marque cubaine. Tous deux sont riches et corsés; à déguster après le dîner. Partagas D&P: 95.–

Sélection Robusto – Sélection Piramides Composé des cinq grandes marques majeures de la production cubaine, ces coffrets avec humidificateur offrent la possibilité d’une dégustation allant des arômes les plus doux au plus riches et corsés. Combinaison Selection robusto: 114.– et Selection Piramides: 135.–

Coffret Cohiba Behike Ce luxueux coffret offre les trois dimensions de la dernière création de Cohiba. Nouveaux formats composés des diamètres 52 – 54 – 56 (cepo). Cohiba Behike: 176.– Ces différentes réalisations permettent aux nouveaux amateurs de cigares une découverte ludique de ces grandes marques. Pour les amateurs confirmés, ce cadeau sera toujours le bienvenu.

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( Complications & Mouvements

@ j.grandjean@banque-finance.ch Par Joël A. Grandjean Journaliste / TàG Press +41

Grignoteurs de bonus Question existentielle. Comment dépenser bonus et quatorzième salaire? Aux premières loges des désirs compulsifs figurent les montres et pourquoi pas… leurs dérivés. TF Est. 1968, à fleur de manche

Artya, de l’art ou du cochon

Ifage, s’offrir l’horlogerie

Symboles d’une manière subtile de se différencier dans les mœurs vestimentaires contemporaines, les boutons sont, à l’orée du XVIIe siècle, des indicateurs de rang social et d’originalité. Aujourd’hui, la marque suisse d’obédience horlogère TF Est. 1968 les réinventent, en conjugaison tourbillon puisque, sous un verre étanche, un mécanisme arraché à quelque montre mécanique en déshérence, se meut à la vue de tous, au fil des mouvements de son porteur. La version acier, particulièrement accessible, est déjà un hit sur les marchés internationaux et s’est immiscée dans les échoppes horlogères les plus prestigieuses. La version or rose massif 750 débarque, juste avant les fêtes, toute auréolée de rangées de vrais rubis. www.tfco.ch

Le déjanté Yvan Arpa, qui sauva la marque Romain Jerome du naufrage en inventant la montre Titanic DNA à partir de fragments authentiques de la coque du célèbre paquebot, pourrait bien avoir un jour maille à partir avec la SPA, à trop s’égarer vers les pistes animales. Pour sa nouvelle marque Artya, sur le registre des pièces uniques, il abuse de l’effet talking piece avec un cadran en fiente pétrifiée de dinosaure. «Is it shit? Yes it is!» ose-t-il. Puis, non content d’obtenir d’ineffables aspérités sur ses boîtiers de montre, grâce à une cage de faraday façon street performance, il découpe ses bracelets dans du cuir de crapaud buffle, saupoudre ses cadrans tantôt d’ailes de papillons (modèles Farfalla) ou d’écailles de poisson du lac (modèles Fish or Fly). Dans un autre registre, il pousse la facétie jusqu’à introduire des balles réelles dans son tout récent modèle Son of Gun. Reste que côté mécanique, il pratique les arts horlogers, comme les arts martiaux d’ailleurs, dans le plus strict respect du swiss made et de ses principes. http://artya.luxuryartpieces.com

Devenir horloger en cours du soir, avec un vrai CFC, c’est possible, même bardé de masters et de MBA. Ifage à Genève propose des modules qui mènent à l’examen fédéral. S’offrir des garde-temps hors de prix, certes, mais pouvoir se les fabriquer, c’est comprendre la magie de ce mini moteur qui, au contraire de l’ensemble des systèmes mécaniques qui nous entourent, ne s’arrête jamais, même durant le sommeil. D’autant qu’à la bourse de collectionneurs les plus acharnés, la montre école est très prisée. Les ateliers existent, Rue Dassier à Genève, les profs sont d’authentiques et réputés horlogers. L’institution joint le geste au verbe et réalise à l’interne son propre garde-temps. www.ifage.ch/offre/industrie/ n

Boutons de manchettes Tourbillon, déjà des hits au monde des accros à l’horlogerie. Version or rose et rubis, marque TF Est. 1968.

S’offrir une montre c’est bien, devenir horloger c’est mieux. La montre école de l’Ifage, leader de la formation continue à Genève.

Pièces uniques. Les montres Artya issues de l’esprit frappé d’Yvan Arpa sont les plus déjantées de l’horlogerie. Ici la Son of Gun, bardée de balles réelles. BANQUE&FINANCE N°112 NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2011


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92 ( Ma bibliothèque

@ o.habel@banque-finance.ch Par odile habel Journaliste

BRUNO DESGARDINS DIRECTION GÉNÉRALE DE LA BANQUE BARING BROTHERS STURDZA Lecteur passionné, Bruno Desgardins privilégie les grands classiques et les «livres de réflexion ou d’érudition».

bio express Bruno Desgardins, diplômé

Banque&Finance: Le mot qui résume votre bibliothèque? Bruno Desgardins: Francis Bacon disait «il y a des livres qu’il faut goûter, d’autres qu’il faut dévorer, quelques-uns enfin qu’il faut digérer, mastiquer». J’ai tout cela dans ma bibliothèque. Je compte beaucoup de livres d’histoire, de relations internationales, sur la religion, l’art, ainsi que des romans, du théâtre, des essais ou des livres de philosophie, et des ouvrages d’économie internationale.

de Sciences-po Paris, titulaire de maîtrise de droit et de maîtrise de sciences économiques, débute sa carrière en 1982 à la BUE à Paris, puis entre chez NSM dans le groupe ABN Amro, avant de rejoindre Eric Sturdza, en 2000, à la direction générale de la banque Baring Brothers Sturdza. Il a aussi enseigné l’économie internationale et

B&F: Quel genre de lecteur êtesvous? BD: Julien Green dit que la lecture «c’est une fenêtre par laquelle on s’échappe». Je m’échappe souvent, puisque chaque année je lis entre 60 et 70 livres, surtout des ouvrages de réflexion ou d’érudition. Je lis essentiellement des classiques qui déçoivent rarement. J’ai en permanence six ou sept livres en cours de lecture.

encore beaucoup d’auteurs majeurs à découvrir. Foch disait «il n’y a pas d’homme cultivé, il n’y a que des hommes qui se cultivent». Donc, ma bibliothèque idéale évolue. Néanmoins, il y a un socle composé de classiques, tels Pascal, La Bruyère, La Rochefoucauld, des Russes avec Tolstoï, Nabokov, Soljenitsyne, des Hispaniques avec Calderon, Garcia Marquez, des Anglo-Saxons comme H. James, Brönte, Sterne, Oscar Wilde, etc. Je sais que cette «bibliothèque idéale» s’enrichira dans les prochaines années. B&F: Le livre qui a marqué votre jeunesse? BD: La lettre de Conrad et l’ami retrouvé de Fred Uhlmann. C’est l’histoire d’une amitié profonde, mais non exprimée. J’avais aussi beaucoup aimé Alexis de Marguerite Yourcenar et La chute de Camus.

Céline, car je n’apprécie pas sa langue. B&F: L’écrivain avec qui vous voudriez refaire le monde? BD: Il y a des grands esprits, humanistes, que j’aurais eu plaisir à côtoyer, et dont j’ai lu pratiquement toute l’œuvre. Je pense à André Maurois, tristement oublié aujourd’hui et pourtant remarquable biographe, et à Zweig. B&F: Le livre que vous offrez spontanément à un ami? BD: J’offre beaucoup de livres et j’ai du plaisir à choisir un livre. Souvent, je me décide pour des livres de Pierre Assouline, un très bon biographe. n

la stratégie d’entreprise à Sciences Po. Il est l’auteur de deux livres sur la mondialisation et les stratégies d’internationalisation.

B&F: Où achetez-vous vos livres? BD: Dans les librairies où j’aime flâner. J’y vais souvent et y passe beaucoup de temps, car j’ai rarement une idée a priori. On m’offre aussi beaucoup de livres que j’ai plaisir à découvrir. B&F: Comment rangez-vous votre bibliothèque? BD: Les livres sont classés par catégorie histoire, philosophie, art, etc., par ordre alphabétique. Les livres non lus attendent sur des piles à part. B&F: Votre bibliothèque idéale? BD: Il est difficile de répondre, car j’ai

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Maurois et Zweig B&F: Celui que vous relisez jusqu’à le connaître par cœur? BD: Les livres de La Rochefoucauld et de La Bruyère ne sont jamais très loin de moi. Je ne saurais que trop les recommander, car ils ont un art de la concision et de l’aphorisme exceptionnel. B&F: Celui dont vous n’avez jamais dépassé la vingtième page? BD: Ulysse de Joyce. J’ai essayé d’entrer dans ce livre, car il est très réputé, mais je n’accroche pas. Borges également, car c’est souvent hermétique, et

Derniers livres lus Un livre remarquable du prix Nobel de littérature 2002, Imre Kertesz, «Etre sans destin», écrit par un rescapé d’Auschwitz qui nous immerge dans l’univers des camps sans nous livrer un jugement simpliste. Un autre livre étonnant de Joseph Roth, la «crypte des capucins», qui exprime la nostalgie d’une époque révolue et toute la fin de l’empire Habsbourg.


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( Dites-moi que j’ai tort

@ gdf@worldcom.ch Par Gérald de filippis Chroniqueur

Les futurs possibles…

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ace aux bouleversements actuels et aux incertitudes qui s’installent, il est temps non pas de prévoir le futur, car personne ne le peut honnêtement, mais de s’habituer à l’idée que les changements seront imprévisibles, inhabituels et inéluctables pendant un certain temps,. Le succès n’est plus dans le développement et la sauvegarde des acquis, mais dans la gestion de l’instant présent, seul garant de notre vitalité face aux changements. Terme ô combien philosophique, mais généralement incompris, l’instant présent pouvant être défini par exclusion de tout ce qu’il n’est pas. Le passé, les souvenirs, les habitudes, les certitudes, les convictions et les expériences sont toutes des expressions à utiliser désormais pour se gausser de ceux qui n’auront pas pris conscience que le passé n’a plus aucune valeur. Preuve en est pour les sceptiques, ce qui se passe aujourd’hui... Contrairement à l’idée faussement positive qu’ils ten-

tent de véhiculer, le futur, les projets, les engagements, les expansions, les reproductions, les conservations et les développements ne sont déjà qu’une description de sa propre inadaptation. Preuve en est pour les sceptiques, ce qui se passe aujourd’hui… Ces deux façons de penser sont les deux pièges à éviter pour ne pas être jeté hors de la réalité. Le drame consiste à se laisser emprisonner par la peur de perdre et par celle de ne pas être synchrone avec l’actualité. On le voit, la peur de perdre fait référence au passé et celle de ne pas être synchronisé, au futur. Partir du principe, en apparence masochiste, que nous allons tout perdre, est l’une des meilleures façons non pas de ne rien perdre, mais de permettre le transfert et l’enrichissement de nos compétences personnelles pour saisir les opportunités de l’instant, dès qu’elles pointent à l’horizon. Partir du principe que l’on va, tout du moins temporairement, ne plus rien contrôler, est la meilleure attitude pour justement être disponible, afin d’accompagner les nouvelles possibilités qui se présenteront immanquablement. Mode d’emploi Dites-moi que j’ai tort, mais on ne peut pas souhaiter la stagnation ou alors, il faut s’exclure soi-même du présent. La vie est un équilibre en constant déséquilibre. Ne pas intégrer cette notion signifie aller à son encontre. Elle n’est qu’une succession de changements d’état. Il est certes douillet d’imaginer que les choses redeviendront normales

et continueront d’être comme elles l’ont toujours été. Comme il est tout aussi «autruchien» de vouloir appliquer les anciennes méthodes aux bouleversements, qui se déroulent actuellement. L’évolution, peu importe les apparences, les causes, les moteurs, les mobiles et les égocentrismes qu’elle peut présenter, s’avère beaucoup plus subtile qu’elle n’en a l’air. Elle se moque des conforts acquis et des aménagements que l’humain a péniblement mis en place, pour justement se protéger de ses mouvements. Ses grossièretés apparentes ne sont conçues que pour effrayer ceux étant incapables d’évoluer, afin qu’ils laissent la place à d’autres qui amplifieront son dynamisme. L’important est donc d’accompagner les mouvements, plutôt que de vouloir imposer les siens. Mais comment faire? Observer les mouvements actuels, sans chercher à les comparer à ceux que l’on connaît ou espère. C’est la force de l’instant présent qui, indépendamment de notre habilité à intégrer cette vision du monde, représente le véritable mode d’emploi de la vie. En d’autres termes, comme le préconise Laozi, «il faut ne rien faire, mais que rien ne soit pas fait». Nous n’avons rien à faire de nos présupposés, mais nous avons en revanche le devoir de saisir toutes les opportunités. Quant aux autres, ceux qui se surprotégeront illusoirement, ils ne disparaîtront pas (rien ne se crée, rien ne se perd, etc.), mais se transformeront en aliments pour nourrir ceux qui favoriseront le mouvement, voire en déchets qui seront rapidement éliminés pour contribuer au renouveau du compost terrestre. n

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94 ( Coup de cœur, coup de griffe

@ f.bonavita@banque-finance.ch Par fabio bonavita Journaliste

COUP DE CŒUR

Les femmes investissent le trading

S

i l’univers de la finance est encore globalement dominé par la gent masculine, le trading, pour sa part, est l’instigateur d’une révolution. Et plus spécialement, le trading en ligne. En effet, on compte près de 50% de femmes sur les plate-formes d’investissement sur internet. La simplicité de la démarche y est certainement pour beaucoup. Il suffit d’une connexion internet et d’un ordinateur pour tenter de réaliser des profits. Et le fait de pouvoir le faire depuis chez soi permet à des femmes aux compétences financières certaines, mais devant assumer l’éducation d’enfants, de pouvoir s’y

mettre sans avoir à jongler avec un emploi du temps complexe. Preuve de cet engouement, les sites d’informations uniquement destiné aux investisseuses se développent à une vitesse jamais atteinte. C’est le cas du portail ForexauFeminin.com. Il propose un guide pour mieux investir, des articles sur la psychologie de la finance, un horoscope financier, des portraits de femmes traders ou encore des informations sur le yoga et la finance (!). Seul bémol, les clichés semblent avoir la vie longue. On trouve, par exemple, une rubrique «La mode côtée en bourse». Les investisseuses peuvent ainsi sélec-

tionner l’entreprise de leur choix (LVMH, L’Oréal, Burberry, Hermès, Dior etc) et suivre en temps réel l’évolution du cours de leur action sur les marchés boursiers. Pas sûr, du coup, que leurs choix se portent véritablement sur l’entreprise la plus rentable. Les coups de cœur liés à leurs goûts personnels risquent fort de biaiser leurs investissements. Reste que la féminisation du trading en ligne est une excellente chose. Elle ouvre des portes auparavant fermées à double tour à toute une frange de la population, qui peut y mettre ses connaissances financières à contribution. n

COUP DE GRIFFE

Le miracle du solaire n’est-il qu’un mirage?

L

e moins que l’on puisse dire est que l’ombre plane sur le marché du solaire. Après l’enthousiasme des uns, les réjouissances de l’arrêt du nucléaire dans certains pays des autres, il semble que le photovoltaïque voit son rendement économique sérieusement ébranlé par une série de phénomènes mondiaux. Tout d’abord, la quasi-faillite des poids lourds de l’industrie. L’entreprise américaine Evergreen Solar s’est mise sous la protection de la loi américaine sur les faillites. Le fabricant allemand Q-Cells a annoncé une lourde perte et s’apprête à délocaliser sa production en Asie, tout comme son concurrent Solon. Les fabricants chinois de cellules photovoltaïques

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annoncent également des pertes. Comment cela est-il possible dans un secteur en pleine croissance? En fait, ces sociétés sont victimes d’une concurrence féroce qui est couplée à une production supérieure à la demande. Conséquence directe et classique, les prix baissent et les marges suivent. Depuis deux ans, le prix des modules solaires a chuté de près de 40% à cause de l’arrivée massive des constructeurs chinois sur le marché. Les politiques de subventionnement du solaire y sont aussi pour quelque chose. Après l’euphorie, le retour à la réalité a provoqué un brusque coup de frein. Du coup, les affaires se font plus rares. Les emplois diminuent et la menace d’un recul du secteur plane depuis

quelques semaines. Car les actions chutent en bourse et les sociétés songent de plus en plus sérieusement à délocaliser en Chine leur production. Un seul gagnant dans cette redistribution des cartes: le consommateur. En effet, ce dernier bénéficie pleinement de cette chute de prix et peut s’équiper à moindres coûts en technologies modernes solaires. A moyen terme, cela pourrait donc être une aide pour l’énergie photovoltaïque car les installations vont rapidement se multiplier ces prochains mois. Mais l’aide sera uniquement bénéfique si le secteur parvient à s’assainir économiquement. Faute de quoi, les belles promesses d’hier risquent fort de se transformer en mirages... n


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( Le Banquier tombe la veste

@

d.planche@banque-finance.ch

Par didier planche

Pierre Christ Une nouvelle vie au service d’autrui Aider son prochain, le servir, lui offrir le meilleur de soi-même. C’était le choix, mûrement réfléchi, du banquier Pierre Christ qui, âgé de 57 ans en 2002, a quitté sa fonction de directeur à la Banque Privée Edmond de Rothschild, pour rejoindre l’œuvre humanitaire internationale Mercy Ships.

D

Parcours express n

Apprentissage de banque à l’UBS

n

Formation bancaire à la banque d’’investissement White Weld à New-York (1968-1970)

n

Dès 1971, emploi à la Banque Privée Edmond de Rothschild à Genève; en charge de la gestion de fortune, est nommé directeur quelques années plus tard

n

En 2002, démission pour prendre sa pré-retraite et se mettre au service de Mercy Ships

eux rencontres déterminantes, certainement «écrites» quelque part, avec des humains d’exception ont forgé le destin de Pierre Christ, gestionnaire de fortune à la Banque Privée Edmond de Rothschild, à Genève. En 1998 tout d’abord, il fait la connaissance d’un couple d’Américains, lui médecin et elle infirmière, qui travaillent sur le navire-hôpital de Mercy Ships, puis deux ans plus tard d’un électricien et d’une nurse helvètes, spécialisée dans les soins palliatifs, qui se sont aussi mis au service de la même organisation humanitaire. L’exemple de dévouement de ces deux couples et leur épanouissement personnel interpellent profondément Pierre Christ, qui décide alors de démissionner de la banque, de vendre une partie de ses biens, puis de partir au large de la Sierra Leone, lui aussi sur le navire-hôpital de Mercy Ships, même s’il demeure résident en Suisse. C’était en 2002. Presque dix ans plus tard, l’ex-banquier, enthousiaste, épanoui et rempli de joie, voue toujours son temps et son énergie à cette œuvre humanitaire internationale d’inspiration chrétienne qui, fondée en 1978, prodigue gratuitement des soins médicaux et chirurgicaux à des autochtones de pays en voie de développement, via un navire-hôpital itinérant du nom d’Africa Mercy. Laquelle offre encore des formations professionnelles diverses à des jeunes gens, afin qu’ils puissent être indépendants et retrouvent leur dignité. A son actif,

Mercy Ships compte entre autres quelque 56 000 interventions médicales et 520 000 patients traités. Actuellement responsable des relations avec les gouvernements concernés par la prise en charge médicale et membre du Conseil d’administration de Mercy Ships en Suisse (www.mercyships.ch), Pierre Christ consacre aussi ses propres deniers à cette noble cause, comme l’ensemble des bénévoles de plus de 35 nationalités de l’organisation. Il paie donc un montant mensuel pour s’activer et séjourner sur le navire, tout en assumant ses propres dépenses, y compris ses frais de transport pour rejoindre l’hôpital flottant. «Baptisé tardivement, en 1998, j’ai pris conscience de l’importance de mon prochain et de la nécessité de l’aider, ainsi que de se mettre à son service. J’ai dès lors réorienté ma vie dans ce sens, passant de la matérialité à une forme de spiritualité qui donne un sens réel à mon existence. Secourir autrui m’apporte une joie intense au quotidien, un véritable enrichissement. Lorsque j’ai pris ma décision de m’engager pour Mercy Ships, les dirigeants de la Banque Privée Edmond de Rothschild se sont montrés très compréhensifs et généreux. Je leur en suis toujours gré, car lâcher tous ses acquis pour une orientation humanitaire paraissait vraiment incongru dans mon milieu professionnel», confie Pierre Christ, qui finance aussi deux orphelinats en Afrique, l’un au Bénin et l’autre au Liberia en partenariat avec une autre organisation caritative.

Et finalement, si l’altruisme sincère et le désintéressement étaient bien la clé de voûte du bonheur? L’ex-banquier Pierre Christ a sa petite idée sur la question. Lui aussi est devenu un homme d’exception. Un patronyme prédestiné? n

© Photo: Christian Bonzon

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96 CONTRIBUTEURS & PERSONNES CITÉES

Directeur de la publication et Rédacteur en chef: Didier Planche Rédaction: Odile Habel (Vie privée), Dorothée Thénot (Opérationnel), Marc Barbezat (Opérationnel), Fabio Bonavita (Opérationnel, Vie privée), Romain Cellery (Vie privée), Cyril Demaria (Zurich, Temps forts), Mohammad Farrokh (Temps forts), Gérald de Filippis (Vie privée), Joël Grandjean (Vie privée), Christophe Lamps (Opérationnel), Bernard Pichon (Vie privée), Michel Reymondin (Investir Art), Christophe Roulet (Opérationnel), Gérard Vahé (Vie privée), Tanguy Verhoosel (Bruxelles, Temps forts) Edition: Promoédition SA Editeur délégué: Roland Ray Production: Maryse Avidor Secrétariat de rédaction: Fabio Bonavita, responsable Design & Infographie: Dominique Berthet Photographie: Christian Bonzon Impression: Atar Roto Presse SA www.banque-finance.ch Rédaction et administration: Banque&Finance 35, rue des Bains Case postale 5615 1211 Genève 11 Tel. +41 22 809 94 60 Fax +41 22 781 14 14 E-mail: info@ banque-finance.ch Publicité: Médiapresse Pub SA 3, rue de la Vigie 1001 Lausanne Tel. +41 21 321 30 77 Fax +41 21 321 30 69 Responsable: Roye Yarden Pages Partenaires Promoguide SA Ruchligweg 101 - CP 52 4125 Riehen-Basel 2 Tél. + 41 61 606 50 20 Fax + 41 61 606 50 29 Responsable: Lila Maalem Abonnements: E-mail: abo@banque-finance.ch CCP: 12-17931-5 1 an d’abonnement (6 numéros) CHF 60.2 ans d’abonnement (12 numéros) CHF 90.Banque&Finance paraît six fois par an et publie un numéro hors-série © Promoédition SA, Genève - 2011

BANQUE&FINANCE N°112 NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2011

A Renato Aebi Philip Ainslie Laurent Ashenden B Peter Bänziger Bertrand Bricheux C Philippe C. Camperio Pierre Christ D Bruno Desgardins Joerg Dietz F Grégory Falk Patrick Faoro G Michel Gada Stéphane Genilloud Blaise Goetschin Francis Guillaume H Rodolphe Hottinger K André Keller

56 10 16

34 32

46 95

92 70

30 68

49 14 13 22

6

39

Philippe Kennel Reto Kuhn L Jean-Daniel Laffely Christophe Lamps Laurent Leloup Cédric Lombard M White Malcolm Samantha Meregalli Do Duc P Sylvie Perrinjaquet R Clemens Reuter S Patrick Scholz Bart Scholliers Daniel Senn Philipp Steinberger V Marc Vaslin Yvon Voland

ENTREPRISES CITÉES 15 59

59 74 72 44

38 64

15

27

53 30 53 18

66 62

A Allianz Suisse Artesia Financial Services Ashenden Finbro Finance B Banque Baring Brothers Sturdza Banque Cantonale de Genève Banque Privée Edmond de Rothschild BlueOrchard Finance SA Burberry C C-Crowd AG Compagnie financière Rodolphe Hottinger Compagnie Privée de Conseils et d’Investissements SA

62 10 16

92 13 95 44 94 18

K KPMG

53

L L’Oréal LVMH

94 94

M Man Mazars Coresa SA Mirabaud & Cie Banquiers privés

32, 38

N Novartis

49

O OLIFAN Finance SA

49

Q Q-Cells

94

6 30

S Saxo Bank Sustainable Finance Geneva Swisscanto Swiss Luxury Beliefs SA Symbiotics SA

46 44 49

D Dior Dynamics Group

94 74

E ENI Ergostyle SA

49 22

T Telefonica

H Hermès

94

U UBS

I Impact Finance Management SA Inrate SA

56 68

44 14

39 44 34

20, 27

V Vaslin & Associés Vaudoise Assurances

66 59

ANNONCEURS Aberdeen Asset Management Switzerland C4 AD Galerie 67 Alu Boats 84 ASG - Association suisse des Gérants de Fortune 14 Audio Vidée G+M SA 84 Axiom 45 Banque Vontobel 4 Cerutti & Giannasi 85 Data Recovery 83 Deco Design 84 Devillard 6, 7 Gerifonds 38 Golden Care 57, 65 ING Investment management C2 iShares 2 Karting Vuiteboeuf 84 La Mobilière 52

L’information financière et bancaire sur www.banque-finance.ch avec B3B Partenaire de Banque&Finance, le site www.b3b.ch vous propose un accès simple et rapide aux faits marquants de l’actualité ainsi qu’aux nouvelles tendances. b3b est une cellule de veille stratégique et d’intelligence économique également accessible sur Twitter et Facebook.

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90 78 62 55 28 26 47 35 84 73 23 25 49 85 31 85 83 C3


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