Cet ouvrage accompagne l’exposition
Des animaux et des pharaons. Le règne animal dans l’Égypte ancienne Lens, musée du Louvre-Lens, 5 décembre 2014 – 9 mars 2015 Madrid, CaixaForum, 31 mars 2015 – 23 août 2015 Barcelone, CaixaForum, 22 septembre 2015 – 10 janvier 2016 Cette exposition est organisée par le musée du Louvre-Lens et la Fundació Bancària “la Caixa”, avec la participation exceptionnelle du musée du Louvre.
L’étape française bénéficie du soutien exceptionnel de la Fondation d’entreprise Total.
© Musée du Louvre-Lens, Lens, 2014 © Fondation bancaire “la Caixa”, Barcelone, 2014 © Somogy éditions d’art, Paris, 2014 © de la traduction, p. 10 : Antoine Leonetti www.louvrelens.fr www.obrasocial.lacaixa.es www.somogy.fr ISBN Somogy éditions d’art : 978-2-7572-0898-4 ISBN musée du Louvre-Lens : 978-2-36838-026-0 Dépôt légal : décembre 2014 Imprimé en Italie (Union européenne)
Des et des
animaux pharaons
LE RÈGNE ANIMAL DANS L’ÉGYPTE ANCIENNE Sous la direction d’Hélène Guichard
EXPOSITION
ÉDITION
Une exposition organisée par
Musée du Louvre-Lens
le MUSÉE DU LOUVRE-LENS Président : Jean-Luc Martinez Directeur : Xavier Dectot Administratrice générale : Catherine Ferrar Chef du service Conservation : Luc Piralla Chargée de recherche et d’exposition : Anne-Sophie Haegeman Multimédia : Guilaine Legeay et
la FONDATION BANCAIRE “LA CAIXA” Conseil d’administration de la Fundació Bancària “la Caixa” Président : Isidro Fainé Casas Vice-président : Alejandro García-Bragado Dalmau Membres du conseil d’administration : Antoni Aguilera Rodríguez, Salvador Alemany Mas, César Alierta Izuel, Maria Teresa Bassons Boncompte, Josefina Castellví Piulachs, Eugenio Gay Montalvo, Javier Godó Muntañola, Francesc Homs Ferret, Jaime Lanaspa Gatnau, Juan-José López Burniol, Carlos Slim Helú, Javier Solana Madariaga, Xavier Ventura Secrétaire général (non administrateur) : Óscar Calderón de Oya Vice-secrétaire (non administrateur) : Alejandro García-Bragado Dalmau Directeur général : Jaume Giró Ribas avec le concours exceptionnel du
MUSÉE DU LOUVRE Président-directeur : Jean-Luc Martinez Administrateur général : Hervé Barbaret Administrateur général adjoint : Charlotte Lemoine Direction de la médiation et de la programmation culturelle : Vincent Pomarède Directeur du département des Antiquités égyptiennes : Vincent Rondot
Commissariat Hélène Guichard Conservateur en chef au département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre Assistée de Catherine Bridonneau et Fanny Hamonic, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre
Scénographie Pour l’étape française : [MAW] Philippe Maffre & Flavio Bonuccelli associés pour le graphisme à l’Atelier JBL – Claire Boitel
Coordination et suivi éditorial : Charles-Hilaire Valentin Iconographie : Charles-Hilaire Valentin, avec l’aide précieuse d’Audrey Viger, du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre
Somogy éditions d’art Directeur éditorial : Nicolas Neumann Responsable éditoriale : Stéphanie Méséguer Coordination et suivi éditorial : Sarah Houssin-Dreyfuss Conception graphique et réalisation : Nelly Riedel Contribution éditoriale : Anne Chapoutot Fabrication : Michel Brousset, Béatrice Bourgerie et Mélanie Le Gros
Fondation bancaire “la Caixa” Coordination des éditions catalane et espagnole : Montserrat Sánchez
Traduction La préface d’Isidro Fainé a été traduite du catalan vers le français par Antoine Leonetti.
PRÊTEURS Museu de Ciències Naturals de Barcelona Museu Egipci de Barcelona, Fundació Arqueològica Clos Musée d’Histoire naturelle, Lille Museo Nacional de Ciencias Naturales-CSIC, Madrid Museu de Montserrat. Abadia de Montserrat Bibliothèque centrale des musées nationaux, Paris Musée du Louvre, Paris Muséum national d’Histoire naturelle, Paris Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
AUTEURS María Victoria ASENSI AMORÓS
Hélène GUICHARD (H. G.)
Geneviève PIERRAT-BONNEFOIS (G. P.-B.)
Expert micrographe des bois, directrice de Xylodata SARL, Paris
Conservateur en chef du Patrimoine, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre
Christophe BARBOTIN (Ch. B.)
Sylvie GUICHARD (S. G.)
Conservateur en chef du Patrimoine, responsable de la documentation, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre
Conservateur en chef du Patrimoine, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre
Ingénieur d’études, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre
Jean-Luc BOVOT (J.-L. B.)
Fanny HAMONIC (F. H.)
Ingénieur d’études honoraire, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre
Collaboratrice scientifique, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre
Catherine BRIDONNEAU (C. Br.)
Sophie LABBÉ-TOUTÉE (S. L.-T.)
Chargée d’études documentaires, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre
Chargée d’études documentaires, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre
Alain CHARRON (A. C.)
Nicolas de LARQUIER (N. L.)
Conservateur en chef du Patrimoine, musée départemental de l’Arles antique
Conservateur du Patrimoine, musée départemental de l’Arles antique
Nathalie COUTON-PERCHE (N. C.-P.)
Bénédicte LHOYER (B. L.)
Documentaliste scientifique et dessinatrice archéologique, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre
Doctorante en égyptologie, chargée de cours à l’École du Louvre et à l’Institut catholique, Paris
Élisabeth DAVID (E. Da.) Chargée d’études documentaires, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre
Élève conservateur du Patrimoine, Institut national du patrimoine, Paris, doctorante en égyptologie
Élisabeth DELANGE (E. De.)
Florence MARUÉJOL (F. M.)
Conservateur en chef du Patrimoine, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre
Professeur à l’Institut Khéops, Paris, docteur en égyptologie
Marie DELASSUS (M. D.)
Samuel MÉRIGEAUD
Chargée d’études documentaires, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre
Médecin radiologue, directeur de Tridilogy SARL, Montpellier
Marc ÉTIENNE (M. E.)
Marie MILLET (M. M.)
Conservateur en chef du Patrimoine, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre
Archéologue, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre
Florence GOMBERT-MEURICE (F. G.-M.)
Juan Carlos MORENO GARCIA
Conservateur du Patrimoine, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre
Directeur de recherche, laboratoire « Mondes pharaoniques » (CNRS UMR 8167), université Paris-Sorbonne – Paris IV
Jean-Claude GOYON Professeur honoraire, université Lumière – Lyon 2
Laëtitia MAGGIO (L. M.)
Anne-Hélène PERROT (A.-H. P.) Doctorante en égyptologie, chargée de cours à l’École du Louvre
Renaud PIETRI (R. P.) Doctorant en égyptologie, chargé de cours à l’École du Louvre
Stéphanie PORCIER Égyptozoologue, laboratoire « Archéologie des sociétés méditerranéennes » (CNRS, UMR 5140), Montpellier, Labex ARCHIMEDE
Elsa RICKAL (E. R.) Collaboratrice scientifique, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre
Patricia RIGAULT (P. R.) Chargée d’études documentaires, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre
Aminata SACKHO-AUTISSIER (A. S.-A.) Documentaliste scientifique, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre
Juliette TANRÉ (J. T.) Conservateur du Patrimoine, Paris Musées, doctorante en égyptologie
Caroline THOMAS (C. T.) Conservateur du Patrimoine, département Restauration, Centre de recherche et de restauration des musées de France, Paris, doctorante en égyptologie
Noëlle TIMBART (N. T.) Conservateur du Patrimoine, département Restauration, Centre de recherche et de restauration des musées de France, Paris, doctorante en égyptologie
Pascal VERNUS Directeur d’études honoraire, École pratique des hautes études, IVe section, Paris
REMERCIEMENTS
En tout premier lieu, nos remerciements les plus chaleureux vont à Catherine Bridonneau et Fanny Hamonic, qui, avec enthousiasme et abnégation, ont travaillé « comme des bêtes » sur ce projet d’exposition, avec à leurs côtés, au département des Antiquités égyptiennes, Sophie Daynes-Diallo à la régie, Sophie Duberson à la restauration et Audrey Viger à la gestion des campagnes photographiques. Mais que tout le département soit ici remercié pour son soutien collectif sans faille. À vous tous, qui avez accepté sans hésiter de contribuer à ce catalogue malgré votre charge de travail et les rudes délais que nous vous avons imposés, merci ! Et plus largement, qu’ils soient nos maîtres, nos collègues ou nos anciens élèves, que tous les auteurs qui nous ont fait l’amitié de participer à l’entreprise et qui ont versé dans ce catalogue leurs connaissances et leur érudition trouvent ici l’expression de notre très vive reconnaissance. De même, les solides piliers que furent, à Lens, Anne-Sophie Haegeman, CharlesHilaire Valentin, Guilaine Legeay et Bruno Cappelle, et, à Barcelone, Montserrat Sánchez, Mireia Gubern et Isabel Salgado, méritent toute notre gratitude.
Goujet, Sophie Grange, Hervé Jarousseau, Sophie Kammerer, Soraya Karkache, Jean-René Lienard, Stéphanie Orlic, Laurence Petit, JeanLouis Ruellan. Avec une mention toute particulière pour les ateliers muséographiques (métallerie, montage des objets d’art, marbrerie, peinture et décoration, menuiserie-ébénisterie et encadrement-dorure) ainsi que pour les installateurs, qui ont fait preuve d’un dévouement et d’un professionnalisme remarquables que nous souhaitons saluer ici.
Qu’il nous soit permis de remercier également tous ceux qui nous ont aidés ou soutenus dans cette lourde entreprise :
Au musée du Louvre-Lens : Xavier Dectot et Catherine Ferrar, ainsi que Raphaëlle Baume, Bruno Cappelle, Caroline Chenu, Karine Desombre, Marie-Clélie Dubois, Fa bien Dufoulon et l’équipe du Centre de res sources, Juliette Guépratte, Anne-Sophie Haegeman, Karine Janowski-Malbranque, Virginie Labroche et Grégory Mortelette, Sylvie Lantelme et l’ensemble de l’équipe de médiation, Guilaine Legeay et Noël Rouvrais, Luc Piralla, Caroline Tureck, Raphaël Wolff, qui ont su apporter leurs compétences lors de la préparation de cet ambitieux projet. Mais aussi toute l’équipe du musée qui s’est investie dans ce projet, en particulier Michaël Baugnies, Régine Brice, Éric Cassou-Ribehart, Audrey Cieniewski, Magalie Chéret, Valérie Chevalier, Marie D’Agostino, Stéphanie Da Nazare Parreira, Isabelle Dupont et l’ensemble de l’équipe de réservation, Vincent Fourmestraux, Nicolas Froment, Debbora Guffroy, Bertrand d’Hennin, Luc Herchin, Alexandra Jalaber, Louise Kolodziejski, Pascal Laffuma, Laurence Marlin, Sophie Martin, Rémi Miquet, Arnaud Nourry, Sylvie Ousselin, Angélique Prévost, Laëtitia Rottiers, Chantal Sanchez, Kévin Thuilliez, Florent Varupenne.
Au musée du Louvre : Jean-Luc Martinez, Anne-Solène Rolland, Anne-Laure Béatrix et Adel Ziane, ainsi que Tony Abel, Michel Antonpietri, Béatrice Arbousset, Aurore Basly, Jean Buart, Karim Courcelles, Laurent Doumingos, Pascal
Au Centre de recherche et de restauration des musées de France : Axelle Davadie, Juliette Langlois, Manuel Leroux, Sandrine PagèsCamagna, Dominique Robcis, Hélène Susini, Noëlle Timbart, Sylvie Watelet.
Le commissaire et les organisateurs de l’exposition tiennent à re mercier vivement les institutions françaises et espagnoles qui ont accepté de prêter œuvres, ouvrages et spécimens zoologiques qui enrichissent l’exposition.
À Madrid, au Museo Arqueológico Nacional, Mari-Carmen Perez Die, à Barcelone, au Museu Egipci – Fundació Arqueologica Clos, Mariàngela Taulé Delor et Luis Manuel Gonzalvez, ainsi que Jordi Clos lui-même, au musée de l’abbaye de Montserrat, le Padre Josep de C. Laplana et Montserrat Marín, qui nous ont reçus avec bienveillance et générosité. Qu’ils reçoivent ici toute notre amicale gratitude. De même que les conservateurs du Museu de Ciències Naturals de Barcelona et du Museo Nacional de Ciencias Naturales-CSIC de Madrid. Les architectes scénographes Philippe Maffre et Flavio Bonuccelli ainsi que la graphiste Claire Boitel, pour la France, et, pour l’Espagne, Ignasi Cristià, nous ont fait bénéficier de leur talent et de leur patience et le plaisir de travailler avec eux n’a d’égal que celui de les remercier. Nous souhaitons également remercier les équipes de Somogy éditions d’art, notamment Véronique Balmelle, Marc-Alexis Baranes, Béatrice Bourgerie, Michel Brousset, Anne Chapoutot, Stéphan Duysens, Sarah Houssin-Dreyfuss, Mélanie Le Gros, Stéphanie Méséguer, Nicolas Neumann, Nelly Riedel. La plupart des photographies qui figurent dans ce catalogue ont été prises à l’occasion de sa publication, au musée du Louvre sous la houlette d’Audrey Viger, par Raphaël Chipault, Christian Decamps, Hervé Lewandowski, Georges Poncet et Benjamin Soligny. Le lecteur appréciera la qualité de leur travail dans les pages qui suivent et nous les en félicitons sincèrement. La restauration des œuvres a été confiée aux mains expertes d’une équipe chevronnée et efficace : Isaure d’Avout, Marie de Beaulieu, Laure Cadot, Laurence Caylux, Laurent Chrétien, Marta Darowska, Maud Discors, Sophie Duberson, Laure de Guiran, Yveline Huguet,
Sophie Joigneau, Cécile Lapeyrie, Anne Liégey, Marie Louis, Eve Meneï, Christine Pariselle, Marie Petit, Anne Portal, Isabelle Pradier, Patrick Ribeiro, Fabrice Rubiella, Olivier Tavoso. Enfin, nous remercions celles et ceux qui, en France et en Espagne, ont participé au projet à des titres divers et dont la participation s’est révélée indispensable, tout particulièrement : Jordi Agulló Villaronga, Lali Almonacid, Abdul Rahman Al-Sirhan, Franck Altmeyer, María Victoria Asensi Amorós, Dacha Atienza, Josefina Barreiro, Caroline Biro, Jean-Luc Bovot, Dominique Brancart, Françoise Bras, Ismaël Corbillé, Philippe Couton, Nathalie CoutonPerche, Judit Cúsido, Romain Déflache, Max Dujardin, Ana Fernández, Laura Galicier, Alejandro Garay, Marta Giménez, Concha Gomez, Catherine Granger, Julià Guillamon, Henri Kniffke, Jérôme Largange, Fabrice Laurent, Muriel Lecouvez, Christine Lefèvre, Fatima Louli, Céline Marchand, Georgina Maroni, Samuel Mérigeaud, Santiago Merino Rodríguez, Benjamin Moreno, Anna Omedes, Karine Paulus, Marie Pellen, Judith Pergamin, Alessandra Pinzani, Javier Quesada, Céline Rebière-Plé, Sandra Rosas Clotet, Patrick Solvar, Isabelle Vazelle, Sandra Vicente, et la clinique vétérinaire Micen-Vet à Créteil. Et à tous nos proches et nos amis à qui nous avons rendu la vie impossible ou que nous avons, la mort dans l’âme, négligés depuis un an, vont nos affectueuses excuses et nos promesses de nous rattraper !
« Il y a vraiment des moments où j’ai honte de l’ignorance humaine, devant la sagacité animale. L’homme, déchiffreur des cryptogrammes antiques, l’homme inventif, déductif, subtil, en sait moins sur la bête que son ancêtre d’il y a trois mille ans. Il vit avec elle, l’exploite, la mange, la dépèce vivante au nom de la science – c’est peu, il a établi une dictature béate sur une dizaine d’espèces, cheval, chien, chat, bovins, petits ou gros, volailles ; mais il n’entend rien du langage qu’elles parlent, alors qu’elles frémissent du tumulte, fût-il muet, de la pensée humaine. »
Colette, « Des bêtes », Le Matin, 24 février 1924
En 2003, je lisais dans un article du journal Le Monde qu’une antenne du Louvre allait ouvrir en province. Aujourd’hui, plus de dix ans plus tard, le plus grand musée du monde est implanté à Lens, où il connaît une belle réussite. Après « Les Désastres de la guerre », c’est avec une immense satisfaction que le Nord – Pas-deCalais accueille cette nouvelle exposition sur le règne animal dans l’Égypte ancienne. L’exposition « Des animaux et des pharaons » nous révèle presque par magie les liens particuliers et parfois extraordinaires qui unissaient les hommes à la nature, les Égyptiens aux animaux. À la fois compagnon, moyen de transport, représentation des dieux, l’animal est aussi dans l’Égypte ancienne une source d’inspiration multiple. On retrouve son image dans le quotidien de cette grande civilisation comme dans ses rites funéraires, religieux et civils. Anubis, Rê, chats, faucons et sphinx nous entraînent dans un magnifique voyage autour de quatre cent trente œuvres et objets uniques qui viendront enrichir notre imaginaire et peut-être pour certains visiteurs percer quelques mystères. C’est aussi là toute la force de cette civilisation, qui éveille en chacun d’entre nous l’émerveillement, la curiosité, l’interrogation, le goût de l’aventure et du voyage. Cette épopée animale dans l’Égypte ancienne nous renvoie à notre humanité, à notre environnement, à notre évolution et aux défis qui l’entourent.
Daniel Percheron Sénateur Président de la Région Nord – Pas-de-Calais
Forte de plus de cent ans d’histoire, l’Œuvre sociale “La Caixa” se distingue par ses programmes de soutien aux personnes les plus vulnérables, ainsi que par la promotion de l’accès à la connaissance grâce, notamment, à l’organisation d’expositions. L’art de l’Égypte antique fait partie intégrante de sa programmation depuis de nombreuses années. En 1986, l’exposition « Nofret la belle. La femme dans l’Égypte antique », organisée grâce à des fonds en provenance du Musée égyptien du Caire, avait suscité un engouement sans précédent en raison du thème choisi et de la beauté des œuvres présentées. Depuis cette première exposition sur l’Égypte, l’Œuvre sociale “La Caixa” a été à l’origine de nombreux projets qui ont permis de faire connaître différents aspects de cette civilisation. L’exposition « Des animaux et des pharaons. Le règne animal dans l’Égypte ancienne » est le fruit d’une collaboration entre l’Œuvre sociale “la Caixa” et le musée du Louvre, une collaboration qui, depuis 2009, est à l’origine de l’organisation conjointe de plusieurs projets dans nos CaixaForum, dont l’originalité réside dans une approche rénovatrice et une volonté de divulgation : rapprocher l’art et la culture d’un plus grand nombre de publics. Cette exposition nous montre la variété de la représentation animale, autant dans le langage codifié que dans le langage écrit ou représenté, et comment cette représentation a été érigée en pilier de la pensée religieuse dans l’Égypte antique. L’exposition commence par une première section présentant les animaux du point de vue de la zoologie. Ensuite, en huit parties, elle reconstruit la relation qui existait dans l’Égypte antique entre les hommes et les animaux, la nature et la culture, depuis l’admiration et la peur jusqu’aux constructions symboliques les plus sophistiquées. Sculptures et stèles, coupes et récipients, aquarelles et peintures murales, coffres et amulettes, sarcophages et momies, jusqu’à la glorification de l’animal sous forme de statues et de sphinx : plus de quatre cents objets montrent l’importance des animaux dans la culture de l’Égypte antique, dans la vie quotidienne, dans l’agriculture et dans la guerre, dans les croyances religieuses et dans les rites funéraires. Autre aspect important de nos projets culturels et de nos projets d’expositions, celui de la valeur intellectuelle des propositions, qui réunissent les meilleurs spécialistes et permettent au grand public de découvrir les lignes de recherche les plus novatrices. Dans ce sens, ce catalogue se veut une référence pour les chercheurs et un guide pour toutes les personnes intéressées. Devant l’opportunité que représente l’organisation conjointe de cette exposition unique, l’Œuvre sociale “la Caixa” tient à exprimer sa gratitude à l’égard de la région Nord – Pas-de-Calais, du musée du Louvre et du musée du Louvre-Lens, où l’exposition commencera un parcours qui la conduira également au CaixaForum de Madrid et de Barcelone. Elle tient aussi à saluer le travail d’Hélène Guichard, commissaire de l’exposition et conservatrice en chef au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre, et celui de Vincent Rondot, directeur de ce département, ainsi que l’effort de tous les spécialistes et collaborateurs qui ont rendu possible ce projet.
Isidre Fainé Président de la Fondation bancaire “la Caixa”
On aimerait avoir le fin mot de l’ubiquité du monde animal dans la civilisation égyptienne. Depuis qu’elle nous est dévoilée, l’Égypte pharaonique se signale, se distingue si l’on veut, par une omniprésence des animaux que l’on ne retrouve dans aucune autre culture de l’Antiquité. Dès ce que nous en disent les classiques – Hérodote, Diodore et Strabon –, l’impression prévaut qu’il n’est pas d’autre peuple pour avoir voulu ou su, comme l’égyptien, observer, décrire, s’approprier et faire sienne la faune de son pays. Depuis les silhouettes de tortues prenant la forme de palettes à fard prédynastiques jusqu’aux statues de crocodiles gravées d’inscriptions grecques dans les temples du Fayoum en passant par les oiseaux observés durant les campagnes militaires en Syrie, c’est un foisonnement d’espèces représentées, toujours identifiables pour peu que l’on suive les descriptions physiques et éthologiques que nous en ont laissées les bas-reliefs, les statues et les papyri. Animaux que l’on chasse et que l’on domestique, que l’on mange ou que l’on déclare tabous, animaux – souvent les mêmes – qui incarnent la divinité ou au contraire figurent l’Ennemi : tout paraît être affaire de taxinomie. En choisissant pour l’exposition « Des animaux et des pharaons » le point de vue écologique, Hélène Guichard réaffirme ce besoin que nous avons de rendez-vous réguliers durant lesquels il nous est donné de nous confronter aux sources antiques à l’aune de nos préoccupations d’aujourd’hui. Car c’est bien sûr la question de notre propre rapport au monde animal qui est ici posée, et cette exposition nous offre autant de matériaux pour nous permettre, en comparant avec des façons de faire aussi anciennes et aussi fameuses, de juger du nôtre. Regarder la peinture d’un fourré plein d’oiseaux avec les mêmes yeux que ceux que l’on pose sur une planche d’Audubon, la statue d’une oie ou d’un cynocéphale avec ceux que l’on réserve aux sculptures de Pompon : cette exposition est également conçue et pourra être comprise par chacun comme un hommage. Tour à tour éleveurs, chasseurs, oiseleurs, pisciculteurs, bouchers, salaisonniers, satiristes, taxidermistes ou encore symbolistes, les anciens Égyptiens n’ont jamais cessé d’être naturalistes, zoologues, ornithologues, entomologistes et, plus que tout à n’en pas douter, artistes animaliers hors pair.
Vincent Rondot Directeur du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre
« Qui ne sait, Volusius Bithynicus, à quelles monstrueuses divinités les Égyptiens insensés ont voué un culte ? C’est le crocodile que les uns adorent, les autres tremblent devant l’ibis qui s’engraisse de serpents. L’image d’or de la guenon sacrée brille aux lieux où la statue tronquée de Memnon rend des sons magiques, là où gît ensevelie l’antique Thèbes aux cent portes. Ici des chats, là le poisson du fleuve, ailleurs le chien, excitent la vénération d’une cité entière. » Le début de la quinzième satire de Juvénal, au début du iie siècle de notre ère, traduit bien le mélange de fascination et de distance des civilisations européennes face à la vénération des anciens Égyptiens pour les animaux, qui nous fait souvent oublier que l’animal, en Égypte, n’est pas seulement divin. C’est toute l’ambition de cette nouvelle exposition au Louvre-Lens, coproduite avec le Louvre et la Fondation “la Caixa” qui l’accueille à Barcelone et à Madrid, que de montrer la diversité de sa place sur les rives du Nil. Car, bien avant d’être divin, l’animal est d’abord quotidien, familier ou dangereux, mais omniprésent, dans les eaux du fleuve, sur les terres cultivées, dans les maisons, dans le désert et aussi, effectivement, dans les temples. C’est un grand plaisir pour le Louvre-Lens, fidèle à sa vocation encyclopédique, que d’accueillir à nouveau une exposition archéologique qui nous entraîne à la découverte d’une civilisation fascinante, au-delà de l’aspect plus connu des pharaons et des dieux, jusque dans ses aspects les plus quotidiens. C’est toute la finesse et la subtilité d’Hélène Guichard, commissaire de l’exposition, que d’avoir su, à travers le prisme zoologique, nous faire pénétrer dans l’âme de l’Égypte antique.
Xavier Dectot Directeur du Louvre-Lens
SOMMAIRE 15 AVANT-PROPOS Hélène Guichard
183 TRANSPOSÉS, MODIFIÉS, CODIFIÉS 184
Les formes multiples de la figure animale
Marc Étienne
19 UN PEU DE ZOOLOGIE 20
La représentation animale dans les arts décoratifs et le mobilier
Patricia Rigault
Le règne animal au royaume des pharaons
Hélène Guichard
26
190
De l’archéozoologie à l’égypto-zoologie : le cas particulier des vestiges fauniques égyptiens
223 SPIRITUALISÉS, SACRALISÉS, TRANSFORMÉS 224
Stéphanie Porcier
Les animaux : un matériau symbolique façonné par la pensée religieuse
Pascal Vernus
65 OBSERVÉS, ADMIRÉS, REDOUTÉS 66
L’animal dans son environnement naturel : des paysages très peuplés
Geneviève Pierrat-Bonnefois
72
Paysages et écosystèmes de l’Égypte ancienne
230
Florence Gombert-Meurice
271 VÉNÉRÉS, SACRIFIÉS, MOMIFIÉS 272
María Victoria Asensi Amorós
103 CHASSÉS, ÉLEVÉS, CONSOMMÉS 104
« Je suis rassasié avec le poisson de ma foëne et les oiseaux de mon filet... »
Jean-Claude Goyon
108
133 UTILISÉS, EMPLOYÉS, EXPLOITÉS 134
Dans les champs, sur les routes et dans les ateliers
Juan Carlos Moreno García
140
L’animal dans les activités militaires
Renaud Pietri
159 ADOPTÉS, PERSONNIFIÉS, CARICATURÉS 160
Dans l’intimité des hommes
Florence Maruéjol
Des momies par millions
Alain Charron
278
La tomodensitométrie des momies animales
Samuel Mérigeaud
313 PUISSANTS, RESPECTÉS, GLORIFIÉS 314
Quelques notions sur la boucherie et la consommation de viande en Égypte ancienne
Fanny Hamonic
Dieux et animaux composites
Les animaux, le roi et le sphinx
Christophe Barbotin
333 ANNEXES 334
Restaurés, examinés, analysés...
Hélène Guichard
336 337 346 347 348
Glossaire Bibliographie Index des animaux Index des divinités Index des œuvres exposées par institutions et numéros d’inventaire * Sauf mention contraire, toutes les œuvres exposées sont conservées au département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre, Paris. * Lorsque l’époque ou la provenance ne sont pas précisées, c’est qu’elles sont inconnues ou indéterminées.
AVANT-PROPOS Hélène Guichard
1. Livre III, chap. ii, cité par Champollion, 1823, en tête du chapitre « Le bélier, emblème vivant d’Amon-Râ ». 2. Titus Flavius Clemens, Père de l’Église grecque (Athènes, vers 150 – Cappadoce, vers 215). Vers 190, il fonda, à Alexandrie, une école où il dispensa ses enseignements jusqu’à ce qu’il soit victime de la persécution de Septime Sévère. Auteur de traités comme le Protreptique, le Pédagogue ou les Stromates, il considère que la philosophie grecque est une anticipation du christianisme. 3. Pas moins de cent soixante-seize hiéroglyphes sur les sept cent soixante-dix-sept de la Sign-list de sir Alan Gardiner se réfèrent au règne animal, répartis dans les catégories Mammals, Parts of Mammals, Birds, Parts of Birds, Amphibious Animals, Reptiles, Fishes and Part of Fishes, Invertebrata and Lesser Animals. 4. Derchain, 1991, p. 89.
« Les temples égyptiens, leurs portiques et les vestibules sont magnifiquement construits ; les cours sont environnées de colonnes ; des marbres précieux et brillants de couleurs variées en décorent les murs, de manière que tout est assorti ; les naos resplendissent de l’éclat de l’or, de l’argent, de l’électrum et des pierres précieuses de l’Inde et de l’Éthiopie ; les sanctuaires sont ombragés par des voiles tissés d’or ; mais si vous avancez dans le fond du temple, et que vous cherchiez la statue du dieu auquel il est consacré, un pastophore ou quelque autre employé du temple s’avance d’un air grave en chantant un pæan en langue égyptienne et soulève un peu le voile, comme pour vous montrer le dieu. Que voyez-vous alors ? Un chat, un crocodile, un serpent indigène ou quelque animal de ce genre ! Le Dieu des Égyptiens paraît... C’est une bête sauvage, se vautrant sur un tapis de pourpre ! » Dans ce fameux extrait du Pédagogue 1, Clément d’Alexandrie 2 décrit la pompe solennelle des temples et des rituels égyptiens pour mieux tourner en dérision l’objet de telles vénérations. L’ironie du philosophe alexandrin est éloquente et révélatrice de la condescendance des auteurs classiques et chrétiens à l’égard de la mentalité religieuse des anciens Égyptiens. Il leur semblait sans doute plus simple et intellectuellement plus satisfaisant de réduire cette religiosité complexe à une risible zoolâtrie, plutôt que de chercher à interpréter avec plus de justesse – ou de justice ? – ce qui choquait leurs propres conceptions. Il est vrai que la place accordée aux animaux dans la religion égyptienne peut difficilement être négligée ou sous-estimée. Dans aucune civilisation au monde les animaux n’ont été aussi souvent – et de manière aussi variée – représentés, peints ou sculptés, gravés, dessinés ou modelés. Leur abondance dans l’écriture hiéroglyphique 3 est, à ce titre, particulièrement représentative de leur omniprésence dans le système de pensée des Égyptiens. Mais si variées que soient les figurations animales, on s’aperçoit aisément que, le plus souvent, les animaux ne sont pas représentés sans motif et qu’ils sont sélectionnés, en fonction du contexte dans lequel on choisit de les inscrire, selon des critères liés à l’observation de leur comportement, révélant qu’au-delà de leur apparence naturelle, la plupart d’entre eux étaient investis d’une valeur porteuse de sens. Le riche répertoire de significations que propose le monde animal a été largement utilisé par les Égyptiens : ceux-ci n’ont pas manqué
d’observer avec acuité leur environnement naturel et de cerner avec précision les caractéristiques animales, qu’ils ont tôt fait d’utiliser et de manier, au-delà de l’anecdote, comme un véritable langage, sinon crypté, du moins codifié. N’en déplaise au vénérable Clément d’Alexandrie, les Égyptiens n’adoraient pas les animaux : ils choisissaient soigneusement des formes animales pour en faire, le plus justement possible, les manifestations accessibles aux humains de l’essence divine. Si la sémiologie est l’étude des signes qui servent à produire du sens, c’est très certainement dans cette perspective qu’il faut aborder les origines, les motivations et les caractéristiques de la représentation des figures animales dans l’Égypte ancienne. Et si le lecteur nous autorise cet anachronisme, nous aimerions placer ce catalogue sous le signe des « Correspondances » et laisser Baudelaire nous inciter à méditer : La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L’homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l’observent avec des regards familiers. Lorsque l’égyptologue se penche sur les œuvres et les monuments qui nous sont parvenus, il aborde un système déjà complètement élaboré, aboutissement d’une réflexion menée sur la nature des choses et fondée sur l’observation de la nature et des êtres animés ; les constantes de la religion et de l’art égyptiens sont telles, tout au long de l’histoire de cette civilisation, que l’étude des productions artistiques sauvegardées – quelle qu’en soit l’époque – dévoile presque systématiquement une explication du monde parfaitement construite et rodée et un langage « somptueusement composé de métaphores dont il nous arrive de reconnaître l’origine 4 ». Ainsi, le spectacle des animaux qui peuplaient la vallée du Nil et les déserts égyptiens a toujours servi de substrat, sur le fondement de ces immuables constantes, à une part essentielle de la mentalité égyptienne. C’est pourquoi, de l’observation de la nature à l’exaltation du dogme royal, en passant par la vie quotidienne et l’intelligibilité du divin, nous nous proposons, dans les pages qui suivent, d’examiner cette omniprésence du règne animal dans l’iconographie égyptienne. De la sorte, le lecteur y trouvera quelques clés pour l’aider à décrypter le sens que les artistes et les théologiens égyptiens ont voulu donner aux représentations animales, fondamentales dans leur façon de penser le monde et d’en révéler, d’en communiquer et d’en transmettre la signification.
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UN PEU DE ZOOLOGIE
LE RÈGNE ANIMAL AU ROYAUME DES PHARAONS Hélène Guichard L’iconographie animalière égyptienne est riche de plusieurs dizaines d’espèces, depuis les plus grands mammifères jusqu’aux plus petits insectes 1. Si toutes n’ont pas connu le même succès ni la même longévité artistique, elles ont cependant, au fil des siècles, largement servi de modèles aux artisans, aux peintres, aux sculpteurs, aux orfèvres, aux dessinateurs, aux scribes... Elles figurent sur les bas-reliefs des tombes et des temples, sur les peintures murales, les papyrus et les ostraca, dans la petite et la grande statuaire, mais aussi dans les arts décoratifs, où elles donnent fréquemment leur forme à des bijoux, des amulettes, des vases, du mobilier. Le contexte de leur représentation est soit profane, soit sacré – divin ou funéraire. Le contexte sacré introduit, contrairement au contexte profane purement descriptif ou, éventuellement, caricatural et satirique, la notion d’intellectualisation de la forme animale. Celle-ci autorise et justifie une grande liberté de figuration et si les lois de la nature semblent parfois violées par l’artiste et le théologien, c’est que la forme animale est dès lors utilisée comme les mots d’un langage que l’on associe selon les besoins du propos, comme les périodes d’un discours, et que l’on construit en fonction du développement imagé d’un sujet. La « chimère » égyptienne n’est ni une bizarrerie de la nature, ni un animal fabuleux de légende, ni le fruit d’une imagination barbare, elle est le résumé didactique de certains aspects d’un dogme complexe, la forme synthétique d’un discours strictement élaboré. Mais les choix iconographiques et religieux procèdent tout naturellement de l’observation et de l’interprétation des comportements animaux 2 : les divinités se voient logiquement associées à des formes animales présentant des correspondances avec leurs propres attributions et caractéristiques, que les Égyptiens n’avaient pas manqué de remarquer. Une fois la correspondance reconnue et établie, il devenait logique à leurs yeux que la divinité élût l’animal idoine – l’animal réel ou, par extension, son effigie – pour s’incarner sur terre et se faire reconnaître par les hommes. Ainsi la métaphore initiale prend force de vie et le contenant donne à connaître le contenu, la forme le fond. Aussi semble-il indispensable de s’intéresser aux données zoologiques et éthologiques des animaux représentés afin de mieux cerner les raisons qui ont présidé à leur choix et, par là même, la nature des principes divins qu’ils ont servi à incarner.
Réception et fortune de la représentation animale égyptienne
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cat. 37.
C’est d’ailleurs probablement ce que les auteurs classiques 3 et les observateurs de la civilisation égyptienne n’ont que partiellement effectué, avant que l’égyptologie scientifique naissante ne propose une approche différente et plus éclairée. Le recours si fréquent à la représentation animale et aux divinités thériomorphes dans la pensée et dans l’art égyptiens a très vite nui à l’image que l’on s’est faite de cette civilisation, dont il a sapé le crédit : une culture que l’on croyait alors fondée sur la vénération des animaux pouvait difficilement être prise au sérieux. Les Égyptiens n’étaient donc guère envisagés que comme de vulgaires zoolâtres ! C’est pourtant loin d’être aussi simple... Et ce sont les censeurs qui ont, ou ont eu, une vision simpliste de la question. Au pire, les railleries scandalisées de Clément d’Alexandrie 4 , les fausses anecdotes de Polyen 5 ou l’indignation mal informée de Plutarque 6, au mieux l’étonnement perplexe de Diodore de Sicile 7, ont, parmi d’autres, donné naissance à des idées reçues tenaces, restées vivaces dans les mentalités occidentales jusqu’au xixe siècle au moins. Le témoignage savoureux d’une gravure d’Honoré Daumier, entre 1830 et 1848, en donne un bon aperçu [fig. 1] :
DE L’ARCHÉOZOOLOGIE À L’ÉGYPTO-ZOOLOGIE : Stéphanie Porcier La momification quasi frénétique de centaines de millions d’animaux à travers l’Égypte est sans doute l’un des traits les plus frappants de la civilisation pharaonique, si bien que, depuis des siècles, la faune égyptienne n’a cessé de susciter l’intérêt des chercheurs.
Au commencement, la zoologie C’est à partir de 1798, lors de l’expédition d’Égypte conduite par Napoléon Bonaparte, que le naturaliste Étienne Geoffroy Saint-Hilaire procéda aux premières observations sur des restes d’animaux momifiés. Ses recherches, portant essentiellement sur les poissons, les crocodiles ou encore les oiseaux, ont abouti à une première esquisse de la faune de l’ancienne Égypte (CAT. 42). Un siècle plus tard, au début des années 1900, Louis Lortet et Claude Gaillard se sont attelés à l’étude de plusieurs milliers de momies animales rapportées d’Égypte et qui constituent aujourd’hui la prestigieuse collection du musée des Confluences à Lyon 1. Outre les données relatives aux lieux de découverte, les recherches des deux naturalistes ont permis de dresser un panorama quasi exhaustif de la faune momifiée, si bien que les trois ouvrages publiés à la suite de leurs travaux restent encore à ce jour des références incontournables 2.
De la zoologie à l’archéozoologie Depuis la naissance de l’archéozoologie, la faune n’est plus abordée selon une approche exclusivement zoologique. L’animal est alors contextualisé, replacé au sein d’un ensemble cohérent. L’archéozoologie vise à appréhender les relations entre l’homme et l’animal en contexte vivrier, et notamment l’exploitation de l’animal par l’homme, à travers l’élevage, la chasse ou l’utilisation des matières premières (ivoire, os, etc.) à des fins artisanales 3 (voir notices p. 141-157). Cette discipline, qui étudie les restes des animaux (mammifères, oiseaux, poissons, reptiles, amphibiens, etc.), comme les os, les dents, les cornes, les coquilles, etc., permet en particulier de reconstituer une partie de l’économie vivrière des anciens Égyptiens aux périodes prédynastique et dynastique. En marge, l’archéozoologie met en lumière les relations homme/ animal dans le rapport à la mort, avec notamment l’étude d’offrandes alimentaires (voir notices p. 109-131) ou de restes d’animaux de compagnie inhumés.
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Des limites de l’archéozoologie à la naissance de l’égypto-zoologie Si l’archéozoologie contribue à la compréhension des relations naturelles et culturelles entre l’homme et l’animal, elle trouve cependant ses limites lorsque l’on touche à la sphère religieuse. Dès les premières dynasties et spécialement à partir du Nouvel Empire, qui est très bien documenté, l’animal acquiert un statut particulier qui ne cessera d’évoluer au cours de l’histoire égyptienne. Incarnation vivante d’une divinité ou ex-voto (CAT. 21), l’animal s’inscrit dans un ensemble complexe au sein duquel il est étroitement lié à la sphère divine. Tenter de cerner ce concept nécessite d’exploiter et de maîtriser les différentes sources à notre disposition. De là est née l’égyptozoologie, une approche novatrice, à la croisée de l’égyptologie et de l’archéozoologie, qui consiste à étudier les données issues des sources textuelles et iconographiques concurremment à l’analyse des momies animales. Ce sont alors les relations homme/ animal dans la religion égyptienne qui sont mises en lumière et, in fine, l’impact sur la société égyptienne des croyances en rapport avec les animaux. L’égyptozoologie a par exemple pour objectifs de cerner les fondements et l’évolution du culte organisé autour des animaux sacrés (incarnations vivantes) et sacralisés (ex-voto) (voir essai Des momies par millions, p. 272277), d’expliquer l’origine et la symbolique des différentes associations animaux/divinités ou encore de préciser les techniques de momification et d’en comprendre la portée. Le caractère particulier des restes momifiés nécessite la mise en place de différentes méthodes. Les restes osseux provenant de momies partiellement détruites sont soumis à une analyse ostéologique. Cette étude permet notamment de déterminer l’espèce, l’âge et le sexe, mais également de mettre en évidence les différentes pathologies et les traitements subis, comme la présence ou non, sur les os ou sur le corps, de baume de momification ou de stries de désarticulation pratiquées dans le but d’accélérer la dessiccation dans le cas d’animaux imposants. Les momies complètes (emmaillotées) ou quasi complètes (animal desséché sans les bandelettes, (CAT. 338) sont analysées par radiographie et par
LE CAS PARTICULIER DES VESTIGES FAUNIQUES ÉGYPTIENS
1. Nicolotti et Postel, 1994. 2. Lortet et Gaillard, 1903, 1907 et 1909. 3. Chaix et Méniel, 2001.
scanner tomodensitométrique (voir La tomodensito métrie des momies animales, p. 278-281). Ces techniques permettent de sonder l’intérieur de la momie et ainsi d’observer entre autres la position du corps, d’estimer le temps écoulé entre la mort et la momification, d’identifier les techniques de momification (éviscération et excérébration) mais également, dans certains cas, de préciser la cause de la mort.
Modèle de sculpteur : taureau (CAT. 1) Bos taurus Calcaire H. 13,7 ; l. 16,3 ; ép. 2,5 cm Basse Époque (664-332 avant J.‑C.) E 14228 Achat, 1931 Bibliographie : Inédit. Voir Tomoum, 2005.
Le taureau était représenté par quatre espèces différentes en Égypte ancienne. Une fois écartés le buffle éthiopien et le zébu à bosse, il est possible de reconnaître ici Bos primigenius, taureau sauvage indigène, ou Bos taurus, bovin domestique d’origine complexe (provenant peut-être du Levant, ou plutôt espèce
dérivée de Bos primigenius). Malgré un intérêt marqué pour la morphologie de l’animal, cette représentation témoigne d’un souci de stylisation et de standardisation des images, les cornes étant représentées courtes et arquées, à la différence de celles de la femelle, toujours lyriformes. F. H.
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Figurine de genette dressée (CAT. 17) Genetta sp. Pierre H. 7,5 ; pr. 2,7 cm Basse Époque (664-332 avant J.‑C.) N 4117 Bibliographie : Inédit.
Redoutable petit prédateur carnivore des marais nilotiques, la genette est souvent associée à la mangouste dans l’iconographie égyptienne et, de ce fait, confondue avec cette dernière. De la famille des viverridés, elle en est pourtant bien distincte avec son museau plus trapu et ses oreilles levées. Les représentations égyptiennes proposent des tableaux saisissants de vie, dans les marécages des bords du Nil, où l’on peut voir ces petits mammifères, et particulièrement la genette dressée sur ses pattes arrière, comme sur cette statuette, pour atteindre les nids, faire des ravages dans l’avifaune cachée dans la végétation touffue des fourrés de papyrus (CAT. 55). H. G.
Spécimen naturalisé de genette commune (CAT. 18) Genetta genetta (Linné, 1758) Matière organique H. 33 ; L. 73 ; l. 38 cm Lille, musée d’Histoire naturelle ZOO 7112 Bibliographie : Inédit. [Exposé à Lens uniquement]
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Relief mural : porteurs d’offrandes et un canard volant (CAT. 27) Anas acuta Calcaire H. 27,5 ; l. 23,8 cm Basse Époque (664-332 avant J.‑C.) E 17366 Achat, 1949 Bibliographie : Vandier, 1950, p. 26, fig. 3.
Cuiller d’offrande en forme de cartouche royal avec groupe de canards (CAT. 28) Anas acuta Bois de tamaris (Tamarix type tetragyna) L. 15,5 ; l. 6 ; ép. 2,4 cm Nouvel Empire, fin 18e – début 19e dynastie (vers 1350-1280 avant J.‑C.) N 1755 Bibliographie : Vandier d’Abbadie, 1972, p. 23, no 37.
Malgré ses cassures, cette cuiller illustre parfaitement l’importance du monde des marécages, peuplés d’une luxuriante faune nilotique. Ici, trois grands canards prennent leur envol, ailes en diagonale selon un poncif artistique. Parsemés entre eux, comme posés à l’arrière-plan, des congénères sont au repos ou fouillent
leur plumage du bout du bec. Le cartouche du nom royal, ce périmètre mythique du monde contrôlé par le roi, figuré par une corde nouée, sert ici de contour au bassin, l’environnement favori des canards. Le croisement audacieux de thèmes symboliques et décoratifs est un des attraits des cuillers d’offrande. G. P.-B.
Spécimen naturalisé de canard pilet (CAT. 29a)
Spécimen naturalisé de canard pilet (CAT. 29b)
Anas acuta (Linné, 1758) Matière organique H. 33 ; L. 40 ; l. 15 cm Lille, musée d’Histoire naturelle ZOO 4056 Bibliographie : Inédit. [Exposé à Lens uniquement]
Anas acuta Matière organique H. 33 ; L. 44,5 ; l. 18 cm Barcelone, Museu de Ciències Naturals MZB 87-152 Bibliographie : Inédit. [Exposé en Espagne uniquement]
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OBSERVÉS ADMIRÉS REDOUTÉS
L’ANIMAL DANS SON ENVIRONNEMENT NATUREL : DES PAYSAGES TRÈS PEUPLÉS Geneviève Pierrat-Bonnefois
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cat. 54.
Dans la peinture occidentale, le paysage est un genre plus coté que la stricte peinture animalière. Dans l’art de l’Égypte pharaonique, la hiérarchie est inverse, le vrai sujet étant l’animal plutôt que le paysage. Dans l’art égyptien, pour autant, l’« animal dans un paysage », sujet rencontré dans les tombeaux privés, plus rarement dans les temples, n’est pas au départ traité pour le pur plaisir esthétique. Comme décor de mobilier, la question se pose parfois de savoir s’il est destiné au simple agrément du quotidien, s’il est un emblème, voire le déclencheur de fonctions magiques (CAT. 117). Dans les tombeaux des élites égyptiennes, peintres et sculpteurs de reliefs redonnent vie au cadre terrestre, qu’ils pérennisent par la vertu magique de la représentation. Ces recueils de « morceaux choisis » – ainsi pouvons-nous les appeler puisque les sujets étaient nécessairement sélectionnés – donnent néanmoins une impression de vision globale. En effet sont présents les animaux de la ferme, les animaux domestiques, ceux du monde sauvage visés par la pêche et la chasse, ainsi que ceux croisés lors des voyages sur le fleuve. Les diverses impressions qu’ils éveillent sont passées en revue : ils sont rassurants, distrayants ou dangereux. Le « paysage avec animal » figure plus rarement parmi les sujets traités sur les murs des temples, comme l’exceptionnelle composition de Médinet Habou, où Ramsès III chasse le taureau sauvage. Quelques générations auparavant, le jeune Toutânkhamon avait possédé un coffret orné sur une face d’une chasse au lion, sur l’autre d’un massacre des ennemis (de l’Égypte, bien sûr) [fig. 4]. Le thème idéologique du roi victorieux chassant les animaux sauvages remonte à la plus haute Antiquité et trouve un écho dans les inscriptions royales. Pour la restitution de l’espace, les Égyptiens n’ont pas recours à la perspective, avec ses lignes de fuite qui donnent l’illusion de la profondeur de champ. Ils se contentent de fixer leurs motifs dans les deux dimensions du plan de leur composition. L’épaisseur de chacun d’eux, pris individuellement, peut être habilement suggérée grâce à la technique du bas-relief. La troisième dimension est à la rigueur rendue par la superposition des sujets, système toutefois employé de façon parcimonieuse. Les éléments qui garnissent la toile de fond de la composition ne figurent pas des objets éloignés ; ce sont des notations sur l’environnement de la scène, dégagées de toute notion de distance (CAT. 55). Le refus de la profondeur de champ, qui pourrait sembler contraignant à des esprits occidentaux, est à la réflexion un facteur de liberté supplémentaire, puisqu’il ouvre la porte à bien d’autres possibilités... Cependant, comme dans toutes les civilisations, les artistes recourent le plus souvent à des solutions éprouvées par la tradition, ce qui donne lieu à des compositions répétitives. Il existe plusieurs procédés permettant de garnir la toile de fond d’une scène, afin d’installer cette dernière dans son cadre naturel à la façon d’un décor de théâtre. La navigation du CAT. 54 prend ainsi place sur un fond continu de lignes ondulées verticales qui représente l’eau et sur lequel sont disposés les feuilles et les fleurs de nénufar ainsi que de gros poissons. Plus courant, le rideau de papyrus dressés serrés, comme un mur contre lequel s’ébattent les oiseaux aquatiques (CAT. 52). Le décor du bol CAT. 49a est divisé en deux registres, où semble se refléter l’organisation naturelle,
PAYSAGES ET ÉCOSYSTÈMES DE L’ÉGYPTE ANCIENNE María Victoria Asensi Amorós Du fait de sa situation géographique et physiographique, l’Égypte appartient à deux régions distinctes, la région saharo-arabique et la région soudanaise 1. Elle doit à son climat, à ses différents types de sols et à son relief physique son paysage formé essentiellement de savanes sèches, de steppes épineuses et de secteurs désertiques, lesquels couvrent environ 96 % de son territoire actuel. Deux larges plateaux montagneux enserrent la vallée du Nil : le plateau libyque à l’ouest, qui prolonge le Sahara, et le plateau arabique à l’est, qui est borné par la mer Rouge. Ainsi, en dehors du delta du Nil au nord, de la grande dépression du Fayoum un peu au sud du Caire et de quelques grandes oasis dans le désert occidental, les terres fertiles – et donc habitées – de l’Égypte se concentrent sur une longue bande étroite qui traverse le pays du sud au nord de part et d’autre des rives du Nil. Large tout au plus d’une dizaine de kilomètres, cette bande de terre était fertilisée une fois l’an, à la fin de l’été, par la crue du Nil : les pluies diluviennes qui s’abattent à cette saison sur les montagnes d’Éthiopie grossissaient les flots du fleuve, lequel débordait de son lit et déversait ses eaux boueuses dans toute la Vallée 2. C’est à cette couche épaisse d’alluvions fertiles et de limon noirâtre que l’Égypte ancienne devait son nom de Kemet, « la noire », propice à la vie [fig. 6], par opposition à la « terre rouge », c’est-à-dire au désert inhospitalier, domaine du dieu Seth et de nombre de divinités néfastes et porteuses de calamités [fig. 7]. L’Égypte des pharaons, depuis la côte méditerranéenne et le Delta jusqu’en Nubie, se résume pour beaucoup d’entre nous à ces terres luxuriantes et riches, fertilisées par l’inondation annuelle, qui abondaient en végétaux comestibles et étaient habitées par des paysans et des éleveurs. Pourtant le fleuve lui-même et ses rivages marécageux (voir CAT. 54), la plaine fertile, agricole et peuplée, et le désert, aride et hostile (voir CAT. 48), constituent à eux trois les principaux écosystèmes de l’Égypte [fig. 8], peuplés chacun d’une faune particulière que les anciens Égyptiens ont observée et appréhendée dans un rapport étroit avec leur milieu naturel et dans laquelle ils ont puisé leur riche répertoire iconographique et symbolique.
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Au cours de l’histoire égyptienne, ces paysages ont notablement évolué. À la suite de longs épisodes d’aridité, les savanes humides qui couvraient une bonne partie de l’Afrique du Nord à la fin de la Préhistoire ont peu à peu disparu. Ces changements climatiques 3 sont à l’origine de l’avancée progressive des déserts, mais aussi de la raréfaction, voire de l’extinction, de la faune des savanes (girafes, éléphants, rhinocéros, autruches, etc.). En revanche, sinon pour ce qui est de la distribution locale et de la quantité, la flore indigène
fig.
6. Rigole d’irrigation dans un champ de terre limoneuse.
fig.
7. Vue du désert libyque, rive ouest de Louxor.
et le paysage végétal anciens n’ont pas subi de variations considérables au cours du temps et étaient à l’époque des pharaons relativement comparables à ceux que l’on peut observer aujourd’hui, à l’exception des espèces végétales introduites depuis le xviiie siècle. Le paysage arborescent 4 présentait de légères différences selon qu’il occupait la région saharo-arabique au nord (Basse et Moyenne-Égypte) ou le territoire de type soudanais au sud (Haute-Égypte et Nubie). La première était assez pauvre en arbres et arbustes, malgré la présence d’essences communes à toute la Vallée (acacias, figuiers, tamaris, palmiers) et l’existence notable d’un genévrier dans la région du Sinaï – seule espèce de résineux indigène à l’Égypte –, ainsi que de peuplements de mangrove sur les côtes de la mer Rouge. Le second était davantage arboré, comportant plusieurs espèces de figuiers (tout particulièrement le figuier sycomore, Ficus sycomorus 5), d’acacias, de tamaris, de palmiers (le palmier dattier – Phœnix dactylifera (voir CAT. 52) – mais aussi le palmier-doum – Hyphaene thebaïca), de ce qu’on appelle le « dattier du désert » – Balanites ægyptiaca, ou encore le jujubier (Ziziphus sp.), un saule (Salix subserrata) ou le perséa des anciens Égyptiens (Mimusops laurifolia), un arbre fruitier dont on agrémentait volontiers les jardins et qui a aujourd’hui complètement disparu du sol égyptien.
Dans les zones désertiques, sableuses, rocailleuses ou montagneuses, seuls quelques maigres épineux résistent aujourd’hui encore à l’aridité (communautés dominées par Zilla spinosa, Zygophyllum coccineum, Leptadenia pyrotechnica entre autres, ou des acacias par exemple) et se regroupent autour des ouadis, lits de cours d’eau asséchés, tandis que de rugueuses et robustes graminées comme l’halfa (Imperata cylindrica) peuvent se contenter des sables des dunes. Le milieu agricole, en revanche, offrait à l’époque suffisamment d’herbages pour que le bétail puisse pâturer (voir CAT. 58) et de bosquets d’arbustes dispensant l’ombre et la fraîcheur dont toute une faune d’oiseaux, de singes et de petits carnivores s’est toujours montrée friande. Les Égyptiens les plus aisés ne manquaient pas de rechercher eux aussi l’ombre et la fraîcheur en dotant leurs demeures campagnardes de jardins arborés embellis de bassins poissonneux (voir CAT. 51). Quant aux abords immédiats du fleuve, ils étaient couverts d’une végétation luxuriante, composée notamment de roselières (Phragmites sp. et Arundo sp.) et de fourrés de papyrus dont l’iconographie égyptienne a abondamment utilisé l’image élégante, éminemment représentative de l’environnement nilotique. Le papyrus (Cyperus papyrus) poussait à profusion dans le Delta et sur les rives du Nil, où il est aujourd’hui beaucoup moins présent que dans l’Antiquité. La plante, qui atteint 3 à 4 mètres de
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OBSERVÉS, ADMIRÉS, REDOUTÉS
Aquarelle : bassin bordé de palmiers dattiers (CAT. 52) Gouache aquarellée sur papier vélin H. 50 ; l. 65,9 cm Début du xxe siècle Hippolyte Boussac (1846-1942) GAE 0026 Bibliographie : Inédit. Voir Bouillon, 2011.
Ostracon : scène de navigation dans les marais (CAT. 53) Calcaire peint H. 11 ; l. 12 cm Nouvel Empire, 19e-20e dynastie (vers 1295-1069 avant J.‑C.) E 25299 Don, 1952 (R. Streitz) Bibliographie : Vandier d’Abbadie, 1959, t. 4, pl. CXI, CLV, nos 2815, 3020 ; cat. exp. Paris, 2009, p. 168, no 138 ; cat. exp. Paris et Bruxelles, 2013-2014, p. 310-311, no 156.
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Les hauts personnages se plaisaient à agrémenter leur demeure d’un petit lac aux eaux calmes. Garnie de plantes, peuplée de poissons et entourée d’arbres, cette étendue d’eau leur assurait l’ombre et la fraîcheur. Les artistes, y compris dans des scènes funéraires comme celle que reproduit cette aquarelle, n’ont jamais négligé de rendre avec soin la nature de la Vallée et la
faune qui l’habitait. Le défunt, Neferrenpet, et sa femme sont représentés sur le mur de leur tombe (nécropole thébaine de Khôkha, TT 178, règne de Ramsès II) buvant l’eau fraîche de leur bassin, où nagent tilapias et perches du Nil (Lates niloticus), sous les ombrages de palmiers chargés de dattes mûres et de nids de bergeronnettes (Motacilla alba). S. L.-T.
Cette scène, qui représente une femme debout dans une frêle embarcation à la proue en forme de tête de canard, sur un fond de fourrés de papyrus, de nids d’oiseaux aquatiques et de canards en vol, se situe à la charnière de deux traditions artistiques. Dès l’Ancien Empire, les marécages et leur faune sont reproduits dans les tombeaux. Sur certains ostraca du Nouvel Empire, et sur de nombreux objets
de faïence et de pierre par la suite, des jouvencelles nues évoluent dans les marais, pesant de tout leur poids sur la perche pour faire avancer leur embarcation. L’association de la femme nue et du canard rappelle les cuillers d’offrande. Habité ou non de figures féminines, le paysage humide des marais représentait le lieu de la conception et de la régénération, cosmique aussi bien qu’humaine. G. P.-B.
Palette à fard en forme de bateau (CAT. 86a) Grauwacke L. 17,3 ; l. 9,4 ; ép. 0,7 cm Époque prédynastique, Nagada II (vers 3500-3300 avant J.‑C.) E 11181 Achat, 1909 Bibliographie : Cialowicz, 1991, p. 37 ; Patenaude et Shaw, 2011, p. 53, 110, no 9492.
Palette à fard aux oiseaux (CAT. 86b) Grauwacke H. 28,5 ; L. 12,5 ; ép. 0,8 cm Époque prédynastique, Nagada II (vers 3500-3300 avant J.‑C.) E 11151 Achat, 1908 Bibliographie : Cat. exp. Paris, 1973, p. 46, fig. 52 ; Cialowicz, 1991, p. 30-32. [Exposé à Lens uniquement]
Palette à fard aux oiseaux (CAT. 86c) Grauwacke H. 24 ; l. 10 cm Époque prédynastique, Nagada II (vers 3500-3300 avant J.‑C.) Montserrat, Museu de Montserrat Inv. 550.001 Bibliographie : Uriach et Vivó, 2008, p. 98-99. [Exposé en Espagne uniquement]
Avec la céramique et les différents types d’armes, les palettes à fard sont le matériel funéraire le plus important trouvé dans les tombes prédynastiques. De forme géométrique, zoomorphes ou représentant des animaux en relief, ces palettes témoignent, par leur stylisation parfois extrême, de l’acuité du regard des Égyptiens sur l’environnement naturel, et offrent par ailleurs un grand répertoire d’animaux : poissons, tortues, ibex, canidés, caprinés... La palette E 11151, dite scutiforme (en forme de bouclier), est un des types les plus populaires au Nagada II ; elle est surmontée de deux têtes d’oiseaux, les encoches
au milieu représentant peut-être des plumes. La palette E 11181 est en forme de pelta (du nom du bouclier des Amazones), mais sa forme générale reprend celle d’un bateau, avec la cabine au centre. Une palette très similaire est conservée au musée de Manchester (9492), ce qui permet d’interpréter la partie cassée comme une tête d’oiseau, alors que l’extrémité opposée est une protubérance représentant les extrémités relevées des barques de papyrus, iconographie également présente sur les vases peints de la même époque. L’oiseau du fleuve est associé à son milieu naturel, ici le Nil. M. M.
Palette en forme de poisson (CAT. 87) Grauwacke H. 8,8 ; L. 16,2 ; ép. 0,7 cm Époque prédynastique, Nagada II (vers 3500-3300 avant J.‑C.) E 24724 Legs, 1950 (collection R. Weill) Bibliographie : Inédit.
Déposées dans les tombes de l’élite, les palettes à fard, considérées comme des objets de toilette destinés à broyer le khôl, sont pourvues d’une symbolique de renouveau. Cet exemplaire aux lignes épurées, typique de l’époque prédynastique, emprunte la forme d’un poisson, dont la silhouette est agrémentée de parcimonieux traits de gravure évoquant la tête et d’encoches dentelées signalant la queue et la nageoire dorsale. Les Égyptiens, habiles observateurs de leur environnement, ont su contraindre les formes naturelles, telle la silhouette épurée d’un poisson, afin d’exécuter des objets reproduisant clairement, mais sans détails, des animaux types. J.-L. B.
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CHASSÉS ÉLEVÉS CONSOMMÉS
« JE SUIS RASSASIÉ AVEC LE POISSON DE MA FOËNE ET LES OISEAUX DE MON FILET… » Jean-Claude Goyon
fig. 9. « Dépouiller le bubale. Repas de chasse » (Abousir, temple solaire de Niouserrê, 5e dynastie), dans F. W. von Bissing, ASAE , 53, 1956, pl. XI B. (ci-contre) détail
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cat. 90.
Depuis les temps pharaoniques, les modifications climatiques et l’extension de l’occupation humaine ont profondément bouleversé le paysage ainsi que le peuplement animal et végétal de la vallée égyptienne du Nil. Seule, la mémoire transmise par les images, les objets et les textes des anciens Égyptiens nous restitue le cadre originel de savanes boisées et d’immenses fourrés de papyrus qui bordait les rives du fleuve et dans lequel les paysans, à la saison propice où ils se trouvaient libérés du travail des champs, côtoyaient les pêcheurs et les chasseurs de métier. Plus de quatre millénaires avant notre ère, la nature unique de l’étroit cordon d’oasis que parcourait déjà le seul fleuve de l’Est africain coulant du sud au nord en faisait le plus giboyeux des terrains de chasse. Voie de passage principale des espèces d’oiseaux migrateurs en même temps que lieu d’abreuvement préféré de la faune des savanes, le long territoire enserré entre les falaises rocheuses des déserts de l’est et de l’ouest était en outre, quatre mois durant, pendant l’été, recouvert par les eaux de la crue, si bien que les poissons y pullulaient. Ces conditions réunies assuraient aux premiers sédentaires de précieuses ressources alimentaires. Dès lors furent mises en œuvre, pour le grand gibier, toutes les techniques possibles de capture et d’abattage, notamment la pose de pièges et même une forme de vénerie à la course avec chiens. Pour le gibier d’eau, nul ne saura jamais qui inventa d’abattre la sauvagine au bâton de jet dans un marais, puis de la prendre vivante dans des pièges à panneaux et de la garder en cage, ou de capturer au panier de pêche les grosses perches du Nil, les synodontes ou les muges (mulets) afin d’en remplir les viviers. Le caractère souvent pessimiste du vieil Égyptien le poussait à toujours entrevoir le pire – la famine, « l’année des hyènes » – et à rechercher les moyens de se constituer des réserves. Ainsi, à la chasse à l’antilope du désert, oryx ou bubale, la troupe de chasseurs consommait sur place les parties périssables [fig. 9] ; puis de nuit, une fois la grande chaleur dissipée, la viande protégée dans la peau de la proie était rapportée au bord du fleuve pour être fumée ou salée. Mais en fin de compte, faute de moyens de longue conservation, la chasse se devait d’être ponctuelle et l’on ne tuait que ce que l’on pouvait manger. La saison faste passée, il fallait s’éloigner de plus en plus du cordon fertile pour traquer le gibier. Entraient alors en scène les confréries de chasseurs accompagnant les expéditions royales au désert. De même, l’inondation s’étant retirée et une fois achevée la capture des poissons échoués sur les terres, la pêche dans le Nil était affaire de spécialistes. Une gestion responsable de ces biens saisonniers s’imposait. Un esprit prévoyant préconisa la solution idéale : ne plus tuer mais s’emparer d’animaux comestibles et d’oiseaux vivants, les garder en vie, les habituer à l’homme et les amener à se reproduire en captivité. À une date ancienne, toutes sortes de tentatives d’acclimatation furent entreprises. On essaya ainsi, au moins un temps, d’élever en le gavant de force un carnivore, l’hyène rayée, extraite vivante de son terrier proche d’un point d’eau. Autant que l’on puisse comprendre les scènes de gavage de l’Ancien Empire, il semble que la chair de cet animal peu sympathique ait figuré à l’occasion sur certaines tables. Pour les poissons (CAT. 94), les choses étaient plus simples, car une fois pris, aussi bien à l’hameçon qu’au filet ou à la nasse, il suffisait de les remettre dans un vivier pour les conserver aussi longtemps que souhaité. À partir du IIIe millénaire avant J.-C., les essais de domestication s’appliquèrent à la quasi-totalité des espèces sauvages d’herbivores, grands bovidés, antilopes, gazelles et caprins. Les chiens courants
QUELQUES NOTIONS SUR LA BOUCHERIE ET LA CONSOMMATION Fanny Hamonic Les peintures et les reliefs des tombes égyptiennes sont réputés pour la délicatesse de leurs scènes, où la douceur de vivre le dispute aux activités nobles et au délassement. Ainsi, la présence d’images que nous pourrions trouver triviales, voire repoussantes, comme l’abattage et le débitage d’animaux de boucherie, ne manquera pas de surprendre un œil non averti 1. Ces scènes ont généralement pour but de représenter (et donc de rendre réel, symboliquement et magiquement) le maintien de l’ordre universel (Maât) : elles évoquent les actes passés du disparu, se font l’écho de l’anéantissement perpétuel du chaos (Isefet) et garantissent la protection du défunt, qu’elles pourvoient en offrandes diverses afin d’assurer sa survie dans l’Au-delà. À cet égard, les scènes de boucherie ont ceci de remarquable qu’elles remplissent un double rôle : d’une part elles symbolisent la victoire de l’ordre sur le chaos en montrant l’abattage de l’animal, de l’autre elles se chargent de l’approvisionnement perpétuel du mort en offrandes carnées (voir CAT. 93). Elles sont ainsi particulièrement efficaces, ce qui explique leur présence régulière dans les monuments funéraires ou sacrés 2. Non seulement les parois et le mobilier de ces monuments montrent de très nombreuses images d’offrandes carnées, mais la viande est un élément caractéristique de la formule d’offrande canonique en Égypte ancienne, ce qui témoigne du prestige attaché à sa consommation. Certaines pièces de boucherie sont toutefois plus prisées que d’autres, comme le khepesh, qui est la patte antérieure du bovidé (voir CAT. 117, où un khepesh est placé au-dessus d’un pain rond sur la table d’offrandes). La découpe et l’offrande de ce morceau sont abondamment représentées, ce qui a conduit à penser que la mise à mort du bétail pouvait dans certains cas avoir lieu par retrait pur et simple du membre antérieur. En fait, l’animal devait plutôt être égorgé, même si une entaille pouvait être pratiquée en haut de la patte afin de faciliter la saignée. L’importance symbolique du khepesh – mot qui désigne par ailleurs, en égyptien, la « force » ou le « pouvoir » – est difficile à comprendre. Peut-être ce membre évoque-t-il par métonymie la puissance de l’animal entier, élément clé de sa force à laquelle on doit porter atteinte, lors de l’abattage, afin de l’assujettir. Après l’abattage vient le temps de la consommation. Force est de constater que les vestiges découverts en fouilles
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ne correspondent pas toujours à l’idéal canonique de la formule d’offrande, où le bovin conserve la préséance. On y observe en effet des différences importantes dans la consommation de viande en fonction du milieu social. Le site de Kôm el-Hisn 3 offre un bon exemple de milieu social peu aisé à l’époque de l’Ancien Empire. Les recherches effectuées sur ce site ont montré que le bétail élevé dans cette localité paysanne était expédié vers des zones plus privilégiées, tandis que ses habitants devaient se contenter de viande de porc. À Minshat Abu Omar 4, de même, les fouilles et l’étude des ossements découverts dans les tombes de l’Ancien Empire ont révélé que les restes de bovins, fréquents dans les tombes les plus aisées, étaient remplacés dans les tombes les plus pauvres par des ossements porcins. Ces différences montrent bien que, si le bœuf constituait l’offrande funéraire la plus prisée, il laissait place à la chèvre, au mouton ou même au porc lorsque les nécessités financières se faisaient sentir (voir CAT. 90). Coûteuse et prestigieuse, la viande bovine était au contraire abondante sur les tables des personnages aisés, a fortiori sur les tables royales. L’étude des restes découverts à Malqatta, sur la rive ouest de Thèbes, dans la zone du palais royal d’Amenhotep III (Nouvel Empire, 18e dynastie), lieu de prestige par excellence, en apporte la preuve éclatante. Dans l’entourage royal, c’est le bœuf qui est consommé en premier, suivi de près par la volaille puis par les ovins et les caprins ; le porc, qui fait figure de nourriture du commun, n’est présent qu’en faibles quantités. Les tombes royales elles-mêmes sont particulièrement pourvues. Dans celle de Toutânkhamon (KV 62), Howard Carter a découvert quarante-huit boîtes contenant des offrandes de nourriture, onze volailles (on en connaît d’autres exemples, voir CAT. 91) et l’équivalent d’au moins deux bovidés entiers 5. On le voit, l’étude de la boucherie doit tenir compte d’un ensemble de données sociales et symboliques – contexte funéraire, rituel, consommation réelle –, ce qui ne peut s’envisager qu’à la croisée de plusieurs chemins. La voie des images et des textes, où l’on trouve de nombreuses clés permettant de comprendre la mentalité égyptienne, se doit d’être empruntée à la lumière des constatations archéologiques, source de précieuses informations d’ordre aussi bien économique que social sur la production et la consommation des denrées carnées en Égypte ancienne.
1. Bissing, 1905, pl. XXVI : dans le mastaba de Kagemni (Ancien Empire, 6e dynastie), salle IV, paroi B, un boucher procède au débitage d’un bovin, aidé par un autre personnage qui maintient en place les pattes arrière de l’animal. 2. Borchardt, 1981, Bl. 19 : un relief représente l’abattage d’un bœuf à l’entrée du temple de la Vallée du roi Sahourê (5e dynastie). 3. Moreno Garcia, 1999. 4. Ibid., p. 251. 5. Ikram, 1995, p. 212-216.
DE VIANDE EN ÉGYPTE ANCIENNE
Corps de petit capriné desséché (CAT. 90) Matière organique H. 32,8 ; L. 41,5 ; l. 21 cm AF 13561 Bibliographie : Inédit. Voir Ikram, 1995.
Ce petit capriné, couché sur le flanc et enduit d’une substance résineuse ou bitumineuse, était manifestement une offrande alimentaire déposée dans une tombe. Ses pattes ligotées d’une cordelette de fibres végétales, à la manière du gibier ou du bétail entravé, confirment qu’il ne s’agit pas d’une momie à proprement parler. Dans les
textes et les représentations, les caprins étaient rarement destinés aux morts et aux dieux, mais les restes découverts en fouilles prouvent qu’ils étaient abondamment consommés dans la vie courante et que, s’ils ne constituaient pas une offrande de premier choix, ils fournissaient un substitut acceptable à la viande bovine. F. H.
Volaille desséchée (CAT. 91) Matière organique H. 14 ; L. 11 ; ép. 1,7 cm Nouvel Empire, 18e dynastie (vers 1450 avant J.‑C.) Deir el-Médina, cimetière de l’Est E 14551 Partage de fouilles, 1935 (fouilles B. Bruyère) Bibliographie : Cat. exp. Paris, 2004-2005, p. 224, no 117 ; cat. exp. Paris, 2009, p. 350, no 309.
La population égyptienne consommait de grandes quantités de volailles et d’oiseaux. Ceux-ci étaient faciles à se procurer, qu’ils soient capturés à l’aide de filets ou prélevés dans les volières proches des habitations. Après avoir été plumés et vidés, ils pouvaient être grillés et aussitôt consommés ou bien préparés pour être conservés et placés dans des jarres à cet effet. Au Nouvel Empire, pains, fruits et viandes étaient déposés dans le caveau au moment des funérailles : ce fut le cas de ce volatile aplati (peut-être un pigeon) que le climat sec et chaud de la tombe a parfaitement préservé. S. L.-T.
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Stèle de Montouhotep (CAT. 109) Calcaire polychrome H. 34 ; l. 50 ; ép. 7 cm Moyen Empire, début de la 12e dynastie (vers 1950 avant J.‑C.) Provenant probablement de la région thébaine E 5607 = C 200 Achat, 1868 (collection Rousset-Bey) Bibliographie : Vernus, 1987, p. 163-167, pl. 7.
Voici une stèle un peu rustique, ce qui est caractéristique de la période, avec un couple assis face à une table bien garnie : pains, légumes, côtelettes et cuisse de bœuf sont au menu, sans compter une tête de bœuf et une tête de bouquetin figurées sous la table pour évoquer, de manière hiéro glyphique, l’offrande de ces animaux en général. L’inscription, une fois n’est pas coutume, ne s’étend guère sur ces agapes mais livre de précieuses indications sur l’activité de Montouhotep au service de la déesse lionne Bastet et du dieu de Thèbes Amon, évoqué ici par l’épithète « seigneur des dieux ». Ch. B.
Statuette de porteuse d’offrandes (CAT. 110) Bois de figuier sycomore (Ficus sycomorus L.) stuqué et peint H. 63,2 ; pr. 32,8 cm Moyen Empire, 12e dynastie (vers 1963-1786 avant J.‑C.) Assiout, tombe d’Oupouaoutemhat E 11990 Partage de fouilles, 1903 (fouilles E. Chassinat et C. Palanque) Bibliographie : Chassinat et Palanque, 1911, p. 164, pl. XXXIV, 1 ; Breasted, 1948, p. 64, pl. 57.3.
Cette porteuse d’offrandes a été retrouvée près de la statue du défunt placée juste en face de l’entrée de la tombe. De façon tout à fait traditionnelle, elle est présentée en marche, vêtue d’une jupe blanche retenue par des bretelles, la tête aux cheveux courts noirs de jais chargée d’un panier d’où déborde la farine qu’elle retient de la main. De l’autre main, elle serre les deux ailes d’un canard bien vivant. À elle seule, elle apporte de quoi nourrir le défunt le temps de son éternité, puisque ces offrandes, n’étant pas encore préparées, restent toujours accessibles. Ce sont les nourritures essentielles de l’Égyptien, la viande et le pain, que l’on retrouve accumulées ailleurs sur des plateaux. E. De.
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UTILISÉS EMPLOYÉS EXPLOITÉS
DANS LES CHAMPS, SUR LES ROUTES ET DANS LES ATELIERS Juan Carlos Moreno García
(ci-contre) détail
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cat. 137.
Le décor de la tombe de Khnoumhotep II, gouverneur de Beni Hassan autour de 1900-1850 avant notre ère, constitue une sorte de résumé du rôle joué par les animaux dans la société égyptienne ancienne. Les scènes agricoles du mur ouest se concentrent sur les travaux des champs, tels que le labourage avec des araires traînés par des bovidés (plus rarement par des ânes ou des humains, comme on le voit dans d’autres tombes), le battage des céréales avec l’aide des bœufs et le chargement du grain sur le dos des ânes. Quant au mur sud et, partiellement aussi, au mur nord, ce sont les processions de bovidés et de volaille qui y témoignent de la richesse et de la prospérité du défunt, mesurables au nombre d’animaux domestiques dont il était le propriétaire. En revanche, les murs est et, en partie, ouest, montrent un scénario complètement différent. Le sujet principal est ici la chasse, avec un net contraste entre la faune sauvage, représentée par les animaux du désert et des marécages, et une faune domestique réduite essentiellement aux chiens dont Khnoumhotep II aimait s’entourer. En fait, les chiens constituaient une marque de statut et il n’est pas rare qu’ils soient accompagnés de leur nom dans les scènes des tombes privées ; même les pharaons n’hésitèrent pas à les faire figurer à leurs côtés. Cependant, les animaux sauvages de la tombe de Khnoumhotep II véhiculent un autre message. Si la plaine fluviale était censée offrir un milieu propice à l’occupation humaine, à l’agriculture et à l’élevage, le milieu désertique, hostile et improductif, était peuplé de créatures dangereuses ou fantastiques telles que le griffon représenté au registre supérieur du mur nord. Enfin, le contraste entre l’Égypte et les régions voisines est exprimé de manière nette par une scène unique. Dans un autre registre du mur nord figure en effet la très célèbre scène de la caravane asiatique, où un groupe de marchands venus de l’Est conduit ses ânes chargés de galène et d’autres produits en présence de Khnoumhotep II. L’aspect pittoresque de ces étrangers aux habits colorés, portant des armes, des instruments de musique et des récipients différents de ceux des Égyptiens, tranche fortement avec l’apparence et les coutumes des habitants de la vallée du Nil. Univers animal et univers minéral contribuent ainsi à renforcer l’idée que l’Égypte est une terre riche, prospère et sûre. Toujours à cette époque, un nouveau titre administratif fait son apparition dans les monuments des dignitaires. Il s’agit du titre d’« intendant des animaux à cornes, à sabots, à plumes et à écailles », qui rend admirablement compte de ce qu’était l’exploitation de la faune égyptienne, tant domestique que sauvage, et rappelle, à l’instar des scènes de la tombe de Khnoumhotep II, que l’intérêt des Égyptiens ne se bornait pas aux animaux utilisés dans l’agriculture et l’élevage. Il touchait également à bien d’autres créatures, ce qui laisse penser qu’à côté des activités économiques typiques des sédentaires, il existait d’autres modes de vie rendus possibles par l’exploitation des niches écologiques et des ressources naturelles de la vallée du Nil. Par conséquent, les célèbres scènes dites « de la vie quotidienne », centrées sur l’agriculture et l’élevage institutionnel des troupeaux, présentent en réalité une image incomplète et déformée de l’usage que les populations de l’Égypte faisaient des animaux. Que l’on songe, par exemple, à l’absence presque totale des représentations de porcs, due à des tabous alimentaires et religieux, et ce alors qu’ils étaient couramment consommés par les Égyptiens de condition modeste (voir CAT. 105 et 106b). Ou encore à celles stéréotypées des pasteurs, surtout étrangers, présentés comme des créatures faméliques menacés par la pénurie alors même que le pastoralisme était une activité courante dans le « Croissant Pastoral », la zone constituée par le delta du Nil et la Moyenne-Égypte, avec
L’ANIMAL DANS LES ACTIVITÉS MILITAIRES Renaud Pietri En Égypte comme ailleurs, certaines espèces animales ont parfois été entraînées malgré elles dans les horreurs de la guerre. Ânes et bœufs ont ainsi eu à porter de lourdes charges et à traîner des chariots remplis de bagages, indispensable soutien logistique des armées pharaoniques lors de campagnes militaires parfois longues et lointaines. Auxiliaire de chasse, le chien était aussi utilisé dans des opérations de police et de surveillance des frontières. Son emploi directement sur le champ de bataille est plus difficile à établir, et si on le trouve parfois courant aux côtés du roi dans des scènes militaires ou participant de ses crocs au massacre rituel des ennemis de l’Égypte 1, sa présence est sans doute plutôt liée au rapprochement symbolique de la guerre et de la chasse dans la pensée égyptienne, chacune de ces activités correspondant à une facette de la lutte incessante du roi contre le chaos. De même, la présence d’un lion auprès du roi dans certaines scènes relève plus d’une association symbolique entre le souverain et le puissant félin, même si certains ont voulu y voir des fauves apprivoisés : on trouve parfois, dans les nombreuses copies de la bataille de Qadech, couché au milieu du camp égyptien, le lion de Ramsès II qui paraît attendre les ordres du roi, impatient d’en découdre avec l’ennemi hittite. Aucun animal n’a toutefois payé plus lourd tribut à la guerre que le cheval, introduit tardivement dans la vallée du Nil et associé avant tout en Orient au char de combat 2. Fait de bois et de cuir, tiré par deux chevaux, le char est un véhicule à deux roues à la fois léger et rapide qui s’impose durant la seconde moitié du IIe millénaire avant J.-C. comme la pièce maîtresse des armées proche-orientales. L’Égypte n’échappe pas à la règle et si chevaux et chars sont dans un premier temps importés du Levant, le Double Pays s’adapte rapidement et ne tarde pas à avoir ses propres haras, ses écuries, ses ateliers de construction. Sur le champ de bataille, le char sert surtout de plate-forme mobile de tir 3 : deux hommes se tiennent debout dans la nacelle, l’un guidant l’attelage, le second, armé d’un arc composite, autre grande nouveauté de l’arsenal pharaonique au Nouvel Empire, décochant ses flèches sur l’ennemi. Les chars attelés
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à deux chevaux sont omniprésents dans l’art de cette époque, comme en témoignent le talatate CAT. 118 et l’aquarelle CAT. 136 figurant le véhicule à l’arrêt ou l’ostracon où l’attelage est au contraire lancé au galop (CAT. 119). Les représentations de cavaliers sont en revanche assez rares 4 , bien que quelques messagers et éclaireurs à cheval soient parfois présents dans les scènes de bataille. Il a pu exister quelques escadrons de cavaliers dès le Nouvel Empire, notamment nubiens 5, mais il faut attendre le Ier millénaire avant J.-C. et les succès de la cavalerie assyrienne pour que cette utilisation du cheval à la guerre commence à concurrencer celle du char au Proche-Orient et en Égypte, ainsi qu’en témoigne le relief du Louvre daté de la 25e dynastie (CAT. 137). À l’époque, les chevaux élevés et dressés en Égypte et en Nubie avaient une certaine réputation et étaient importés notamment par l’Assyrie 6. Au début de la période ptolémaïque, un autre animal est dressé à des fins militaires : l’éléphant. En effet, après la victoire d’Alexandre le Grand sur le roi indien Poros et ses éléphants de guerre en juillet 326 à la bataille de l’Hydaspe, le pachyderme, animal exotique des confins orientaux, devient le symbole des lointaines conquêtes du Macédonien 7. Dans la lutte qui oppose entre eux les Diadoques puis leurs successeurs après la mort d’Alexandre, l’éléphant est donc à la fois un enjeu idéologique et une arme de guerre, ce qui va conduire Ptolémée II Philadelphe à organiser la chasse puis le dressage d’éléphants d’Afrique au sud de l’Égypte, le long de la côte occidentale de la mer Rouge, afin de les opposer aux éléphants indiens des Séleucides 8. Son fils Ptolémée III Évergète continuera les chasses, mais c’est à la bataille de Raphia, le 22 juin 217 avant J.-C., que les éléphants d’Afrique de Ptolémée IV Philopator se retrouveront finalement en face des éléphants indiens d’Antiochos III : le Lagide emporta certes la victoire, mais l’historien grec Polybe raconte que les éléphants africains, affolés à la vue de leurs congénères d’Asie, ravagèrent les rangs de leurs propres maîtres. Par la suite, l’efficacité des éléphants au combat fut sans doute quelque peu remise en question, et les chasses semblent avoir pris fin après le règne de Ptolémée V Épiphane.
1. Voir par exemple la célèbre scène où le chien de Ramsès II « Anat-est-victorieuse » attaque un Libyen (Ricke, Hughes et Wente, 1967, pl. 14). 2. Sur l’introduction du cheval en Égypte, voir Meeks, 2005. 3. Sur l’utilisation du char au combat, voir en dernier lieu Servajean, 2012, p. 21-27. 4. Voir Schulman, 1957. 5. Pour cette hypothèse, voir Zivie, 1985. 6. Voir Heidorn, 1997. 7. Sur les éléphants de guerre comme enjeu symbolique et leur utilisation au combat, voir Schneider, 2009, p. 310-334. 8. Sur les chasses à l’éléphant à l’époque ptolémaïque, voir Thiers, 2001, p. 3-12.
Scène de charrerie (CAT. 118) Calcaire H. 22,5 ; L. 53,5 cm Nouvel Empire, 18e dynastie, règne d’Amenhotep IV-Akhenaton (vers 1353-1337 avant J.‑C.) Probablement Hermopolis E 27723 Achat, 1995 Bibliographie : Ziegler, 1995b, p. 108.
Ce bloc de petites dimensions (appelé talatate), sculpté en léger relief dans le creux et rehaussé d’ocre rouge, est caractéristique du règne d’Amenhotep IV-Akhenaton. À Amarna, où le pharaon érige une nouvelle capitale, le thème de la charrerie est particulièrement prisé. Le char est ici tiré par deux chevaux aux jambes légèrement décalées pour suggérer la profondeur de champ. Il est fidèlement représenté, avec, entre la caisse et la roue à six rayons, le harnachement et l’étui qui renferme
l’arc. Le corps des chevaux est stylisé, leur longue queue affleurant le sol, leurs jambes aussi fines que celles d’une gazelle. L’attelage semble en attente, puisque les rênes ne sont pas tendues. Et il en ressort cependant une impression de vie : jambes arrière pliées, croupe abaissée, les chevaux piaffent d’impatience... Importé du Proche-Orient au début du Nouvel Empire, le cheval a d’abord été un instrument de guerre, avant de faire partie des usages de la cour sous Akhenaton. E. De.
Ostracon : un char et son conducteur (CAT. 119) Calcaire peint H. 11,5 ; l. 13,3 cm Nouvel Empire, 19e-20e dynastie (vers 1295-1069 avant J.-C.) Deir el-Médina E 27660 Achat, 1995 Bibliographie : Ziegler, 1995a, p. 73.
Le char tiré par deux chevaux est un motif que l’on retrouve à maintes reprises sur les ostraca figurés de l’époque ramesside. Ici, le dessinateur a croqué en « sanguine » un attelage en pleine course. Le conducteur penché vers l’avant et les deux chevaux cabrés dans l’effort suggèrent la vitesse du véhicule. Durant le Nouvel Empire, le char
de combat devient la pièce maîtresse des armées proche-orientales et permet l’émergence d’une nouvelle élite d’origine militaire. L’officier de charrerie, désigné du nom de seneny, occupera dès lors une place importante dans la société égyptienne et accédera souvent à de hautes responsabilités. R. P.
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UTILISÉS, EMPLOYÉS, EXPLOITÉS
Vignette du chapitre 110 du Livre des Morts de la dame Taperousir (CAT. 131) Papyrus H. 47,2 ; l. 40 cm Basse Époque, 26e dynastie (664-525 avant J.‑C.) E 3911 = N 3198 Don, 1864 (collection M. Du Camp) Bibliographie : Devéria, 1872, p. 112-113 ; Bellion, 1987, p. 218 ; Gesellensetter, 1997, p. 262, no 160, p. 339, pl. 11, 2 ; cat. exp. Canberra, Adelaïde et Perth, 2006-2007, p. 66, no 76 ; Rosati, 2009. [Exposé à Lens uniquement]
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Cette vignette du chapitre 110 du Livre des Morts décrit le « champ des Offrandes », véritable Éden agricole où les « justifiés » jouissent d’une récolte abondante, garante de leur survie éternelle. Cette Égypte céleste, peuplée de plantes et d’animaux, est rigoureusement organisée en registres par des canaux dessinés en « aspectivité ». Les
deux registres médians détaillent les travaux agricoles que le défunt est tenu d’accomplir, tout en vénérant le dieu Hâpy, garant de l’abondance de la moisson. Au registre supérieur, des prêtres encensent l’Ennéade et le défunt navigue dans sa barque ; en bas, les canaux d’irrigation englobent trois génies, deux barques, une parcelle de terre. J.-L. B.
ADOPTÉS PERSONNIFIÉS CARICATURÉS
DANS L’INTIMITÉ DES HOMMES Florence Maruéjol De toutes les espèces animales avec lesquelles ils cohabitaient, les Égyptiens n’en ont admis qu’un nombre restreint dans leur cercle domestique. Ils ont adopté le chien et le chat, d’abord pour leur utilité, et le singe pour sa capacité à les divertir. Au cheval, introduit tardivement en Égypte, ils ont réservé une place de choix. Membres à part entière de la maisonnée, les bêtes ont su gagner l’affection de leurs maîtres, qui leur ont souvent prêté des émotions, des réactions et une intelligence humaines. Aussi, lorsque leur mort survenait, était-elle ressentie par certains comme la perte d’un être cher que seul l’espoir de retrouvailles dans la vie future pouvait adoucir. Cette personnification des animaux a trouvé un aboutissement dans les scènes parodiques dessinées par les artistes.
Le chien ou une fidélité à toute épreuve La relation entre l’homme et le chien s’est nouée dès la Préhistoire, lorsque les chasseurs ont enrôlé cet auxiliaire à la fois fiable et obéissant pour traquer le gibier. Dès les premières représentations, sur des vases prédynastiques, les chiens sont figurés avec un collier et une laisse, indices de leur domestication et de leur adoption par l’homme [fig. 13]. Quelque deux millénaires plus tard, vers 1400 avant J.-C., le jeune Maiherperi, contemporain de Thoutmosis IV, est inhumé dans une tombe de la Vallée des Rois avec deux colliers de cuir ouvragés, symbolisant à eux seuls la présence à ses côtés de ses animaux de compagnie. De chasseur, le chien se fait aussi berger, gardien ou auxiliaire de police patrouillant dans le désert. Loin d’être élitiste, il est présent dans tous les milieux sociaux et à tous les échelons de la hiérarchie, auprès du pharaon comme du paysan. Ainsi s’affirme-t-il comme l’animal de compagnie le plus ancien et le plus populaire. Le maître donnait à son chien un nom qui l’individualisait et qui renforçait leur lien affectif. Quelque quatre-vingt-dix noms ont été répertoriés, dont un bon nombre s’appliquaient aussi aux hommes. Quelques-uns décrivent la couleur du pelage, « Ébène » ou « Foncé », et l’apparence physique, « la Grande » ; d’autres désignent le caractère, « Vaurien » ou « Je-n’aime-pas-cela », ou les qualités,
(ci-contre) détail
fig.
cat. 161.
13. Nain tenant en laisse le chien de son maître, relief du mastaba de Mérérouka à Saqqara, vers 2340 avant J.-C.
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Chienne couchée allaitant cinq petits (CAT. 140) Calcaire peint L. 18,5 ; l. 12,7 cm Moyen Empire (vers 2033-1710 avant J.-C.) E 11557 Achat, 1917 (collection Chanlaire) Bibliographie : Germond et Livet, 2001, p. 71, fig. 77 ; cat. exp. Paris et Bruxelles, 2013-2014, p. 304, no 149.
Le chien est présent aux côtés des hommes en Égypte dès les époques les plus anciennes. Auxiliaire de chasse ou simple animal de compagnie, ce à quoi son caractère le prédispose parfaitement, il reçoit souvent un nom équivalent à celui des humains. On le voit fréquemment aux pieds de son maître, tenu en laisse, ou encore allaitant ses petits.
Ici, une chienne au pelage tacheté de noir, allongée sur le flanc gauche, allaite cinq chiots. Comme le suggèrent ses oreilles tombantes et la forme de son museau, il s’agit d’un saluki, espèce très courante en Égypte ancienne. Le collier qui toujours enserre le cou des chiens domestiqués est ici prolongé par une laisse rouge. P. R.
Statuette de chat assis (CAT. 141) Bois H. 16,3 cm Basse Époque (664-332 avant J.-C.) E 18917 Affectation, 1948 (musée Guimet) Bibliographie : Inédit.
Les anciens Égyptiens semblent avoir été les premiers, au cours du IIe millénaire, à domestiquer les chats. Compagnons affectueux et excellents chasseurs, ceux-ci éloignent rongeurs et serpents et trouvent leur place au sein de la maisonnée. Cette statuette figure un jeune chat à la posture à la fois naturaliste et canonique, puisqu’il s’agit d’une représentation en trois di-
mensions du signe hiéroglyphique miou. Proche des cercueils de chat, elle ne comporte toutefois aucune cavité susceptible d’accueillir une momie. En l’absence d’informations sur son contexte, il est délicat d’en déterminer la fonction, mais ce pourrait être là une figure votive déposée par un particulier dans un temple ou un cimetière de chats. J. T .
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Aquarelle : chienne sous le fauteuil de sa maîtresse (CAT. 143) Gouche aquarellée sur papier vélin H. 50 ; l. 34,3 cm Début du xxe siècle Hippolyte Boussac (1846-1942) GAE 0020 Bibliographie : Inédit. Voir Bouillon, 2011.
« Si, dans quelque maison, il meurt un chat de mort naturelle, quiconque l’habite se rase les sourcils seulement ; mais, quand il meurt un chien, on se rase la tête et le corps entier. » Hérodote, l’historien grec, rend compte ainsi de l’attachement des Égyptiens envers leurs animaux domestiques (Histoire, I, 66). Compagnon de l’homme, nommé et même parfois doté d’une tombe ou d’une stèle dès l’époque thinite, le chien familier a tout naturellement sa place dans le décor des tombes thébaines du Nouvel Empire. Ici, deux scènes (tombe de Nebamon, TT 179, Cheikh Abd el-Gournah, 18e dynastie), tronquées et superposées, décrivent chacune une femelle – vraisemblablement la même – ayant récemment mis bas, sous le fauteuil de sa maîtresse, Senetnefret, épouse de Nebamon. La présence d’un collier et d’un début de laisse marque l’appartenance de l’animal à la maisonnée. N. C.-P.
Aquarelle : chat sous la chaise de sa maîtresse (CAT. 144) Gouache aquarellée sur papier vélin H. 31,9 ; l. 36 cm Début du xxe siècle Hippolyte Boussac (1846-1942) GAE 0022 Bibliographie : Inédit. Voir Bouillon, 2011.
Apprécié pour son talent à débusquer et chasser les rongeurs et autres nuisibles, le chat doit à sa vivacité et à ses attitudes souples et gracieuses d’être apprécié de toute la maisonnée. Sur l’image donnée de lui dans la tombe de May (TT 130, Cheikh Abd el-Gournah, 18e dynastie, règne de Thoutmosis III), il se retourne en feulant, le poil hérissé et la queue dressée, protégeant sa pitance disposée dans une coupe bien garnie. De la
maîtresse de maison, Touy, épouse de May, seuls sont visibles la longue tunique blanche et les talons à la peau rendue en jaune pâle. Le caractère domestique de l’animal est indiqué par le collier et la laisse rouges, ainsi que par sa présence sous le fauteuil de sa maîtresse. La tombe voisine de Nakht met en scène le même type de chat tigré, représenté cette fois en train de manger un poisson sous le fauteuil de Taout, l’épouse du défunt. N. C.-P.
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TRANSPOSÉS MODIFIÉS CODIFIÉS
LES FORMES MULTIPLES DE LA FIGURE ANIMALE Marc Étienne La présence des animaux dans l’univers égyptien a très précocement dépassé le simple cadre de leur observation dans le milieu naturel, de la chasse et de la domestication à des fins utilitaires. Comme d’autres civilisations, l’Égypte ancienne a utilisé, transposé et quelquefois codifié les représentations animales. De plus, le fréquent recours à la partie pour évoquer le tout a ouvert un large éventail de possibilités permettant d’associer l’animal à l’homme, tant dans son existence quotidienne que dans sa vie après la mort.
Une autre « domestication »
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cat. 179a.
S’il est présent physiquement dans la maison ou à ses abords sous une forme utile ou nuisible, l’animal s’introduit de multiples autres façons dans la vie domestique. Dès les premières dynasties, en effet, les éléments de mobilier empruntent au monde animal des formes ou des éléments constitutifs de ses représentants. Ces derniers sont sélectionnés avec soin et les matériaux dans lesquels sont exécutés les objets domestiques qui s’en inspirent traduisent une recherche de luxe et de prestige. Taureaux puis lions, animaux associés par excellence à la personne royale (voir essai Les animaux, le roi et le sphinx, p. 314-317), voient leurs pattes transposées en pieds de meubles, sièges ou lits (par exemple CAT. 175 à 177), faits de bois locaux mais aussi de bois exotiques ou d’ivoire. Le propriétaire du siège est ainsi porté par des animaux dotés d’un fort pouvoir symbolique et qui figurent au nombre des animaux de prestige présents dans les tombes royales de l’époque de Nagada, vers 3200 avant J.-C. Il acquiert de ce fait une dignité qui le distingue de ses pairs. On retrouve le même principe dans les tables d’embaumement et les lits funéraires. Cette fois, c’est le meuble entier qui affecte la forme d’un animal, le plus généralement un lion mais aussi une vache (CAT. 174 a à d). Les montants du lit sont ornés de la tête de l’animal choisi, et ses pieds reproduisent les pattes de ce dernier. Le cadavre, puis la momie, deviennent ainsi, à chacune des étapes du rituel funéraire où intervient le meuble idoine, un être d’exception, porté par un meuble-animal voire un meuble-véhicule. Le défunt est de fait assimilé au dieu Osiris, pour la momification duquel ces rites et certains de ces meubles ont été élaborés, comme l’indiquent les textes religieux et funéraires. Le lion, à la fois protecteur et incarnation du souverain, présent également sur le palanquin du pharaon, accompagne le mort dans sa quête de vie éternelle à travers le monde souterrain. Il se voit ainsi octroyer une dignité hors norme qui fait écho au statut royal du dieu Osiris, tant sur terre de son vivant que dans le monde des morts. La vache, pour sa part, peut être assimilée à une représentation imagée du ciel et de la voûte céleste, les taches qui constellent son pelage renvoyant aux innombrables étoiles du firmament. Elle porte sur son dos le soleil dans sa barque, lequel marque le cycle éternel du temps en voyageant entre les horizons est et ouest du ciel. Le lit funéraire orné d’un tel décor permet ainsi d’identifier celui qui y est étendu à l’astre en train de se déplacer dans le ciel, tant diurne, où il se manifeste dans tout son éclat, que nocturne, pendant sa régénération. Le trésor de Toutânkhamon comporte des lits funéraires appartenant à chacun de ces types, ainsi qu’un exemplaire orné d’une image de Thouéris [fig. 17], déesse protectrice des naissances (voir aussi CAT. 178). Les animaux qui ornent les montants des lits du pharaon Toutânkhamon et des autres lits funéraires royaux sont également, dans le monde domestique des vivants, notamment pour le lion et l’hippopotame, des animaux protégeant le dormeur pendant son sommeil contre les assauts
LA REPRÉSENTATION ANIMALE DANS LES ARTS DÉCORATIFS Patricia Rigault Vénéré pour ses qualités spécifiques, craint pour le danger qu’il représente, convoité comme simple gibier ou encore motif purement décoratif, l’animal apparaît dès l’époque prédynastique sur de nombreux objets et fait dès lors partie intégrante de l’univers graphique et plastique des Égyptiens. Il peut être un sujet à part entière, comme c’est le cas pour une figurine de chienne allaitant ses petits (CAT. 140), ou un simple motif ornemental associé à des objets de la vie quotidienne : un bouquetin se relevant sur un peigne (CAT. 6) ou encore un chat ou un singe sagement assis au sommet d’une épingle à coiffer. Fins observateurs de la nature, les artistes savent saisir et reproduire les caractéristiques de chaque espèce représentée, qu’ils rendent ainsi identifiable au premier coup d’œil. Toutefois, l’une de leurs particularités est d’aller au-delà de la réalité immédiate. Très tôt, ces artistes sont passés maîtres dans la construction d’images ou d’objets composites. L’image animale est souvent au cœur de cette démarche. Ils l’utilisent de différentes manières, avec beaucoup de subtilité, introduisant dans certains objets, de façon très naturelle, tout ou partie d’un animal, donnant à d’autres un aspect purement et simplement zoomorphe. Les cuillers à fard ou cuillers d’offrande illustrent bien ce procédé consistant à incorporer l’animal à l’objet. Le cuilleron de certaines d’entre elles, parfois poussé par une petite nageuse, est bien souvent un canard au corps
évidé dont les ailes servent de couvercle coulissant pour protéger le contenu. D’autres utilisent la tête du volatile et la retournent pour prolonger élégamment leur manche. L’une de ces cuillers, plus originale encore, est une profonde coquille dont l’une des extrémités s’allonge comme un bec verseur tandis que l’autre est ornée d’une tête d’hippopotame en pierre, la gueule ouverte [fig. 21]. Selon un procédé identique, c’est un cheval bondissant qui achève un manche d’outil (ou d’instrument) (CAT. 169), ou encore une tête de canard qui, associée à celle d’un bouquetin, constitue l’extrémité d’une lyre (CAT. 170). Le propos est, semble-t-il, avant tout décoratif ici, et l’image de l’animal s’adapte à la forme de l’objet et à sa fonctionnalité. Le mobilier offre aussi de nombreux exemples d’introduction d’éléments animaliers. Les pieds des sièges, notamment, peuvent être sculptés en forme de canards (CAT. 164) ou, très fréquemment, de lions (CAT. 175 et 176), une association qui, au-delà de l’attrait décoratif, évoquait sans doute les qualités attachées à ces animaux. Les lits, spécialement les lits funéraires qui incorporent pattes et têtes de lion, offrent quant à eux une image recomposée de l’animal et s’inscrivent dans une logique symbolique liée au soleil et à la renaissance. L’animal complet, traité avec plus ou moins de naturalisme, peut aussi devenir un objet à part entière. Les palettes à fard prédynastiques sont souvent l’image stylisée, en raison de leur utilisation (voir CAT. 87), d’un
fig. 21. Cuiller faite d’un coquillage (Paris, musée du Louvre, N 1328).
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ET LE MOBILIER ou de l’eau. Poissons, singes, volatiles divers et aussi hérissons constituent le corps de nombreux petits aryballes, relativement tardifs, destinés à contenir du kohol. Certains, bien que zoomorphes, sont aussi pourvus d’une tête humaine (CAT. 162), ce qui donne lieu à une image composite plus énigmatique. Enfin, dans ce jeu subtil d’apparences et de transpositions, on peut encore citer ces vases sculptés en forme de canard préparé pour la cuisson, plumé, la tête retournée délicatement posée sur le dos et les pattes repliées sous le ventre. Ils sont alors, de plus, une représentation de l’offrande de volaille régulièrement figurée parmi les aliments présentés au défunt [fig. 22].
fig. 22. Vase en forme de canard troussé (Paris, musée du Louvre, E 11175 bis).
animal (poisson, bouquetin, tortue...). Certains plateaux de jeu empruntent l’aspect d’un animal, celui de l’hippopotame par exemple (CAT. 171), dont le corps, bien qu’aplati, reste reconnaissable. De nombreux poids, en revanche, sont de petits portraits animaliers d’un grand réalisme. Un rapport peut, d’autre part, s’établir entre le sujet et la fonction de l’objet. Ainsi, dans le cas des poids, il existe une relation entre la pesée et les animaux représentés, lesquels sont liés à la présentation des offrandes (CAT. 163). De même, les vases offrent un champ étendu de possibilités, qui peuvent se combiner. Le vase empruntant l’aspect de la déesse Thouéris (CAT. 165) montre l’adaptation de la forme animale (ici une déesse hippopotame, étroitement liée aux femmes enceintes et à l’allaitement) à un vase d’où peuvent s’écouler du lait
Aryballe en forme de hérisson (CAT. 162) Faïence siliceuse H. 4,7 ; L. 6,3 ; l. 3,8 cm Basse Époque, 26e dynastie (664-525 avant J.‑C.) E 25962 Don, 1967 (H. de Boisgelin) Bibliographie : Vandier d’Abbadie, 1972, p. 94 ; cat. exp. Paris, 2005, p. 132, 135, no 372 ; cat. exp. Bruxelles, 2006-2007, p. 260, no 134.
Ce petit flacon associe un corps de hérisson et une tête humaine. Ces productions, probablement issues de l’île de Rhodes, ont été largement diffusées dans le bassin méditerranéen oriental. Il n’est pas facile de savoir si la forme du récipient
est en relation directe avec le liquide qu’il pouvait contenir. Sa petite dimension permet toutefois de penser que l’on s’en servait comme d’un instillateur laissant échapper des gouttes du goulot étroit de son large col. M. E.
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Vase en forme de déesse Thouéris (CAT. 165) Faïence siliceuse H. 12,5 ; l. 5 ; pr. 4,8 cm Basse Époque, 26e dynastie (664-525 avant J.‑C.) ? E 14232 Achat, 1931 Bibliographie : Boreux, 1933, p. 20-21, no 2 ; Bulté, 2003, p. 5, nos 2021, fig. b, pl. II.
La déesse Thouéris prête ici son corps hybride à un vase muni de deux orifices, sur le principe des rhytons. La gueule ouverte est l’ouverture principale et la mamelle droite l’orifice inférieur. Le lait de la maternité, à moins que ce ne soit l’eau de la renaissance, jaillit si l’on ôte le bouchon, comme sous l’effet de la pression de la main sur le sein. Si la tête est bien ici celle d’un hippopotame, le reste du corps est une création destinée à évoquer la bonne déesse. Il ne reproduit pas en effet celui d’une femelle hippopotame, qui n’a ni bras ni mains, qui ne peut pas se tenir debout et dont les deux mamelles sont placées près de l’aine. G. P.-B.
Flacon en forme de synodonte (CAT. 166) Terre cuite, engobe rouge H. 6,5 ; l. 16,3 ; pr. 5,2 cm Nouvel Empire, 18e dynastie (vers 1550-1295 avant J.‑C.) E 10833 Achat, 1899 Bibliographie : Inédit.
Sous la 18e dynastie se développe un goût pour les récipients en forme d’animaux, notamment des poissons, en verre, en pierre ou en terre cuite. La forme oblongue du synodonte s’adapte parfaitement à celle d’un flacon, sa nageoire constituant une anse et sa bouche un goulot. Notre exemplaire, qui contenait peut-être des onguents, des huiles ou des cosmétiques, n’en conserve aucune trace. Le poisson-chat (Synodontis schall) se reconnaît ici à ses barbillons, à sa nageoire dorsale adipeuse et au bouclier osseux de sa tête, couronné d’une épine érectile acérée. Apprécié pour sa capacité à survivre à l’assèchement et à se défendre, il était utilisé dans des préparations médicales. L. M.
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SPIRITUALISÉS SACRALISÉS TRANSFORMÉS
LES ANIMAUX : UN MATÉRIAU SYMBOLIQUE FAÇONNÉ PAR LA PENSÉE RELIGIEUSE Pascal Vernus De nombreux animaux de l’univers égyptien ont été investis de charges symboliques dans les croyances religieuses, au prix, souvent, de processus de façonnage, de manipulations et de transformations 1. Quasiment tout l’éventail de la faune a été mis à contribution, du minuscule jusqu’à l’énorme. Le minuscule. L’insignifiant coléoptère Lanelater notodonta (famille des Élatéridés), proche du « taupin », fait un saut brusque avec un déclic pour échapper à l’eau qui monte ou se rétablir sur ses pattes quand il a été mis sur le dos. Les Égyptiens ont vu en lui une manifestation de la puissance, parfois incarnée par la déesse Neith, qui avait permis au créateur de surgir de l’océan primordial pour mettre d’aplomb la création à la naissance du monde. L’énorme. L’hippopotame s’est vu pris dans un réseau complexe de valorisations symboliques. Monstre faussement placide, capable de soudains accès de fureur, le mâle était perçu comme une manifestation de la force brutale que représentait le dieu Seth. La diabolisation de plus en plus généralisée de ce dernier coûta très cher à l’animal aux époques tardives. Mais, par ailleurs, il avait été une figure de la renaissance, parce que sa capacité à vivre dans l’eau et hors de l’eau suggérait en lui quelque chose de la puissance qui avait permis au démiurge d’émerger de l’océan primordial. Quant à la femelle, sous les noms de Hedjet « la Blanche » ou des chimères Opet et Thouéris, sa corpulence était jugée gage de fécondité.
Fondement de l’utilisation de l’animal dans les croyances
(ci-contre)
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cat. 280.
Une conception ontologique fondamentale a favorisé une si large extension du symbolisme : les animaux ont été créés à son image par le démiurge. En tant que « dieu unique qui s’est fait sous forme de millions », il s’est multiplié à travers eux, comme à travers les autres créatures, en prenant sur sa propre substance, que ce soit sa salive, son sperme, sa sueur, ses larmes, etc. En conséquence, les animaux sont tout à fait susceptibles de véhiculer quelque chose des puissances mises en place par le dieu pour assurer la bonne marche du monde. Ces puissances, personnalisées par les divinités, représentent les principes qui en régissent la dynamique cyclique : naissance, croissance, paroxysme, potentialité de renouvellement impliquée dans les phases descendantes ; promesse de renaissance inscrite dans la mort biologique elle-même, régénération, capacités vitales, énergie et force constructives, énergie et force destructrices, désordre nécessaire au dynamisme de l’être, à distinguer du non-être qui menace sans cesse de reprendre l’être qui lui a échappé, etc. Dans la pensée égyptienne, si la nature profonde des divinités demeure inaccessible, leurs activités, en revanche, se laissent percevoir à travers les éléments du monde qui, çà et là, en donnent des expressions concrètes et en constituent donc des signes visibles, sinon ostensibles. Dans la mesure où les animaux tiennent une bonne place parmi ces éléments, la religion égyptienne les a très souvent associés aux puissances divines. Les relations unissant les uns aux autres participent du savoir zoologique au même titre que le produit de l’observation « naturaliste ». La littérature « scientifique », connue, entre autres, par un traité d’ophiologie, illustre clairement la façon dont
DIEUX ET ANIMAUX COMPOSITES Florence Gombert-Meurice En Égypte, la forme animale est au cœur de la définition du divin 1. À chaque dieu, il est possible d’associer – pour diverses raisons – un ou plusieurs animaux. Il est d’ailleurs moins rare de trouver un dieu dont toutes les formes connues soient animales, comme Thot, représenté par un ibis ou un babouin, que d’isoler un dieu d’apparence uniquement humaine (Min ?). Cette zoomorphie divine a surpris jusqu’aux plus polythéistes des peuples, comme les Grecs ou les Romains 2. Les animaux, en offrant leur apparence aux dieux, constituent en outre le ressort le plus dynamique de la polymorphie divine égyptienne : un même dieu peut, selon le contexte, prendre plusieurs apparences ; c’est le cas par exemple d’Amon, représenté par un homme, un bélier ou une oie. Plusieurs textes mythologiques montrent bien la nature de cette association entre dieux et animaux. Dans la légende dite « de la Vache du ciel », on voit par exemple qu’à l’inverse des hommes, les animaux ne se révoltent pas contre le dieu Rê vieillissant ; l’on apprend même que l’alliée du dieu, sa « fille », qui n’est autre qu’une partie de lui-même – son œil –, prend l’apparence d’une lionne (Sekhmet, « la Puissante ») qui, une fois calmée, devient finalement une vache céleste. Dans le Livre pour connaître les Transformations de Rê, la déesse lionne revient de sa mission toujours furieuse et, voyant qu’un « autre œil a poussé à sa place », est transformée en cobra par Rê, qui la place à son front, comme menace divine toujours réaffirmée (serpent plus tard appelé uræus). Cela met en évidence l’une des fonctions essentielles de l’animalité dans la théologie et la représentation divine égyptiennes : manifester la puissance et l’action des dieux et, il faut le souligner, leur faculté de transformation complète ou partielle. Il n’est pas rare que les dieux doublent leur apparence animale avec une forme mixte, un corps humain avec une tête animale. Henri G. Fischer, dans un article éclairant 4, montre que la face exprime l’identité la plus fondamentale du dieu et le corps sa personnalité secondaire ; le sphinx à tête humaine représente par exemple le pharaon (tête humaine) dans une fonction exprimée par le corps léonin.
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La pensée égyptienne produit de la sorte bien d’autres compositions complexes associant des animaux différents, le plus couramment le corps de l’un et la tête d’un autre 5. Le répertoire est riche : un bélier à tête de crocodile, un serpent à tête de faucon 6 ou de cheval 7, un faucon à tête de bélier 8, un lion à tête de bélier, etc. Il arrive que les textes accompagnant les représentations les identifient nettement, mais il serait imprudent de considérer qu’une même forme figure systématiquement la même divinité (voir CAT. 250 et 251). Un crocodile à tête de bélier peut être aussi bien une combinaison de Sobek avec Khnoum 9 que de Sobek avec Amon 10. Rien ne peut être considéré de manière globale en la matière. Les sources sont abondantes, des livres funéraires aux hymnes, des textes de magie aux scènes astronomiques, des parois de tombes aux papyrus, des hypocéphales aux naos, des cercueils aux statues, etc. Les mécanismes permettant de produire des images sont extrêmement divers et inventifs. Les représentations peuvent résulter par exemple de la transposition d’une source écrite, tel Osiris figuré avec une tête de bélier dans la tombe de Nefertari, qui met une rare image sur une description connue par un hymne de la tombe memphite de Horemheb 11. La richesse des métaphores animales 12 et leur utilisation dans des contextes différents élargissent ainsi considérablement le champ des possibilités. Dans un hymne à Sobek datant du Moyen Empire, on qualifie par exemple le dieu crocodile de taureau, de lion ou de bélier 13, en faisant allusion à la force de l’animal par des formules qui sont aussi des épithètes de dieux (« bélier puissant »). Le lien entre l’image et le discours ne permet donc pas toujours de distinguer nettement ce qui doit être interprété comme une allusion claire à un dieu spécifique de celle renvoyant à de simples capacités (métaphoriques) de l’animal. Afin de préciser l’interprétation des formes composites qui peuvent avoir tant de raisons d’exister sur tant de supports différents, l’étude doit donc être menée non seulement par type de sources, mais aussi par l’analyse des glissements sémantiques liés à des enrichissements liturgiques ou théologiques. Au terme d’une recherche très fouillée sur le sujet, Erik Hornung
Amulette : Horus assimilé à Sobek (CAT. 250) Faïence siliceuse H. 2,1 ; L. 7,1 ; l. 2,1 cm Basse Époque (664-332 avant J.‑C.) E 8390 Achat, 1887 (collection Stier) Bibliographie : Cat. exp. Paris, 2000, p. 50, 106, no 119.
L’amulette représente l’une des formes d’Horus, celle où il est assimilé à Sobek. Selon la théologie fayoumique, Sobek assure le rôle d’Horus, il sauve Osiris des eaux en portant sa momie sur son dos. Le crocodile sortant de l’eau, d’où il émerge symboliquement après un parcours nocture, évoque
ainsi la renaissance d’Osiris mais aussi, dans ce contexte, la naissance du soleil Rê entamant son parcours diurne et céleste. Cela peut expliquer la présence d’un scarabée sur le dos de l’animal, Khépri figurant le soleil matinal et donc le moment de mutation et de renaissance par excellence. F. G.-M.
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VÉNÉRÉS SACRIFIÉS MOMIFIÉS
DES MOMIES PAR MILLIONS Alain Charron Pour quiconque s’intéresse à l’Égypte ancienne, la présence d’animaux vivants liés aux cultes paraît remonter aux temps les plus reculés. Pourtant, même si de rares témoignages permettent d’affirmer que les taureaux Apis et Mnévis sont évoqués dès l’époque thinite, rien ne prouve la présence avant le Nouvel Empire d’un animal élevé en l’honneur d’une divinité. Les premières attestations notables remontent au règne d’Amenhotep III. Alors que des divinités à peine mentionnées auparavant prennent de l’importance, les représentations sous formes animales connaissent une forte expansion. Le tau reau Mnévis est cité sur une stèle datée de l’époque de Thoutmosis III 1, et le taureau Apis [fig. 23] reçoit, sous Amenhotep III, la première sépulture identifiée pour un animal sacré. Ce phénomène n’a d’abord touché qu’un nombre très restreint d’animaux et ce n’est qu’à partir de la Basse Époque que des espèces de plus en plus nombreuses ont été concernées. C’est sous les derniers rois indigènes de la 30e dynastie que des nécropoles ont été ouvertes dans toutes les provinces du pays et que des animaux ont été momifiés en nombre important. Le phénomène a perduré sous les Lagides et les empereurs romains avant de disparaître peu à peu face à la montée du christianisme. Les derniers témoi gnages sur les taureaux Bouchis d’Ermant (voir CAT. 319) montrent que des dévots prenaient encore soin de ces animaux sacrés en plein ive siècle, alors même qu’un chrétien siégeait sur le trône impérial. Ces pratiques se sont développées durant des âges prospères ou de reprise en main du pays, dynas ties saïte, sébennytique et époque ptolémaïque, lorsque pouvoir, religion et économie dépendaient essentiellement de l’autorité centrale. Durant ces mêmes périodes, la volonté politique a également couvert le pays d’édifices religieux, valorisant ainsi des cultes locaux. Les découvertes effectuées dans les nécropoles et surtout les textes laissés par les Égyptiens et les auteurs classiques montrent que les animaux relevaient en fait de deux grandes catégories, même s’il existe des nu ances importantes entre l’une et l’autre. On trouve ainsi quelques bêtes sacrées qui ont été dès leur vivant l’objet d’un certain nombre de rites. Mais les momies les plus nombreuses correspondent à de simples images de la divinité, lesquelles ne prenaient de la valeur qu’après la mort, pas toujours naturelle, des animaux.
Les animaux sacrés
fig. 23. Statue du taureau Apis, Sérapeum, Saqqara (Paris, musée du Louvre, N 390 = IM 1803). (ci-contre) détail
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cat. 316.
Après la mort d’un animal sacré, des prêtres spécifiques, les sphragistes, partaient à la recherche de son successeur. Ils le trouvaient généralement dans la ville, mais parfois aussi beaucoup plus loin. Un lieu de naissance admirable permettait de repérer la bête plus facilement, comme l’indique l’inscription figurant sur la stèle du bélier/bouc de Mendès érigée sous Ptolémée II. Il est fait remarquer au roi « qu’un bélier vivant est apparu dans la campagne à l’ouest de Djedet, à l’endroit où il fut découvert pour la première fois 2 ». L’élu était reconnaissable à des signes sur son pelage. Ainsi avons-nous une description des symboles qui parsemaient la robe d’Apis. D’après Hérodote, « il est noir, il porte sur le front une marque blanche triangulaire, il a sur le dos l’image d’un aigle, les poils de la queue fourchus, sous la langue l’image d’un scarabée 3 » (CAT. 311 a et b). La vie du veau, nouvel Apis, changeait alors radicalement. D’après Elien 4, il demeurait à l’endroit de sa naissance jusqu’à ce qu’il soit sevré. S’il avait reçu un nom, il le perdait au profit de celui d’Apis. Sa mère, en revanche, conservait son nom propre auquel s’ajoutait celui générique d’« Isis mère d’Apis ». S’il était impossible de distinguer un animal de ses congénères, comme dans le cas des faucons d’Edfou, c’était alors l’image divine qui procédait au choix de l’élu en « obligeant » les porteurs de la barque contenant la statue à s’arrêter devant l’un des oiseaux.
LA TOMODENSITOMÉTRIE DES MOMIES ANIMALES Samuel Mérigeaud Découverts en 1895 par Röntgen, les rayons X furent utilisés dès l’année suivante pour radiographier une momie humaine et une momie animale (un chat). Pendant longtemps, la radiographie est restée un outil de choix, mais depuis une dizaine d’années, une autre technique utilisant les rayons X devient la référence : le scanner ou tomodensitométrie (CT scan en anglais). Alors que la radiographie projette sur une seule image l’ensemble du sujet étudié, traversé par les rayons X, le scanner permet de le découper en « tranches vir tuelles » très fines. Ces « tranches » sont ensuite lues grâce à des logiciels médicaux qui permettent de reconstituer des coupes dans tous les plans de l’es pace et même d’obtenir des images 3D. L’intérêt est de pouvoir visualiser chaque élément constitutif du spé cimen étudié tout en évitant d’être gêné par les objets alentour : chaque os, chaque élément de la momie peut être isolé et étudié de façon très précise. Après les révolutions de prise en charge en médecine humaine et vétérinaire, le scanner apporte maintenant sa contribu tion à l’analyse des momies humaines, mais également animales. Tout le monde a entendu parler des scanners des momies de Toutânkhamon ou d’autres personnages célèbres du monde égyptien, alors que de telles études sur les momies animales restent encore méconnues car bien moins fréquentes. Devant ce constat, un strict cahier des charges a été mis en place dans le cadre de l’exposition « Des animaux et des pharaons. Le règne animal dans l’Égypte ancienne », afin de procéder dans les meilleures conditions possibles au scanner de plu sieurs petites momies animales exposées et de récolter un maximum d’informations à partir des images obte nues. Au préalable, il convenait notamment de faire en sorte que les momies ne souffrent d’aucune altération lors de leur transport et pendant l’examen : des condi tionnements adaptés et sur mesure ont ainsi permis de les manipuler en toute sécurité, sans gêner la réalisation des images. Par ailleurs, les réglages du scanner ont été optimisés de façon à permettre l’étude la plus fine pos sible des quatorze spécimens issus des collections du musée du Louvre et les données ont été sauvegardées en plusieurs endroits (environ 12 Go d’images). Plusieurs axes scientifiques ont pu être explorés au cours de ce travail.
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En tout premier lieu, le scanner permet de vérifier s’il y a bien des restes animaux au sein de la momie. En effet, dans certains cas, la momie ne contient que des textiles, sans aucune trace animale. Parfois, comme nous avons pu le constater pour les momies d’ibis, il n’y a que quelques plumes ou quelques os isolés [fig. 28] (CAT. 309a). Mais la plupart du temps, l’animal entier est présent. Son état de conservation est très variable, depuis le spécimen parfaitement conservé, dont le squelette et les organes internes sont bien reconnais sables, jusqu’à un simple amoncellement d’ossements difficilement discernables. La morphologie des os et des dents donne des indications sur l’âge de l’individu, mais malheureusement peu de renseignements sur le sexe. Il est ensuite possible de rechercher des traces de maladie : cette science, la paléopathologie, est très sollicitée lors de l’étude des momies humaines, mais encore au stade embryonnaire pour les momies animales. On peut trouver des signes de maladies infectieuses, dégénératives (liées à l’âge), ou des
fig. 26. Momie d’agneau (type « bélier », CAT. 307). L’image du scanner coupe le corps dans son grand axe, avec les ossements regroupés en bas. Le cou est fait de textiles enroulés autour d’une tige végétale. La coupe passant par la tête (pointillés, image en haut à droite) montre les petits bâtons disposés en croix servant de structure pour modeler la tête avec les textiles.
malformations. La cause du décès peut être évoquée, comme en médecine légale, mais souvent difficile ment : la momie de faucon, par exemple, présente au niveau des vertèbres cervicales les traces d’une frac ture qui a pu éventuellement entraîner la mort. Le scanner nous renseigne également sur la façon dont la momie a été préparée, mais aussi conservée ou éventuellement détériorée. Il est facile de voir les diffé rents éléments (animal, textiles, baumes, végétaux...) constituant la momie et la façon dont ils sont disposés dans l’espace. C’est ainsi que la petite momie d’agneau contient bien les restes éparpillés de l’animal à la base du corps de la momie, alors que le cou et la tête ne sont
faits que de textiles mis en forme par des tiges végé tales [fig. 26] (CAT. 307). S’agissant de la conservation, nous avons découvert que la momie d’ibis placée dans la jarre en terre cuite était fracturée en deux parties (probablement à la suite d’une manipulation vigou reuse), ce qui impose de la déplacer avec précaution [fig. 27] (CAT. 308a). Peu d’études au scanner portent sur autant de sujets, autant d’espèces et autant de techniques de momifi cation (trois types de momification pour les ibis par exemple), ce qui permet d’illustrer de façon très riche, en particulier grâce aux images 3D, les principes de la momification animale.
fig. 27. Ibis dans une jarre en terre cuite (CAT. 309a). De gauche à droite, les images 3D issues du scanner montrent la surface de la jarre avec son couvercle scellé, puis une coupe à travers la jarre, avec la momie à l’intérieur. La momie est ensuite isolée pour permettre de mieux voir sa structure, en particulier une fracture complète dans sa partie médiane. À droite, seuls les os sont visibles (ailes repliées cachant la tête).
fig.
28. Momie d’ibis (CAT. 308b) : elle ne contient qu’un os (le bec a priori, en bas à droite)et quelques plumes (flèches).
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VÉNÉRÉS, SACRIFIÉS, MOMIFIÉS
Momie de chat (CAT. 328) Matière organique, lin, cartonnage peint (l’oreille gauche est une restitution moderne) H. 39 ; l. 9,7 cm Basse Époque (664-332 avant J.-C.) ou époque ptolémaïque (332-30 avant J.-C.) N 2678 C = AF 9461 Bibliographie : cat. exp. Paris, 1982, p. 294, no 248 ; cat. exp. Taipei, 2003-2004, p. 169, 284-285, no 113.
L’emmaillotage de cette momie de chat est très soi gné : les bandelettes sont entrecroisées sur le corps de façon à obtenir un motif géométrique couvrant les deux tiers du corps. Les détails anatomiques de la tête sont dessinés au trait sur un masque de cartonnage de grande qualité : truffe, moustaches, poils, perruque bleue, etc. Pour les dévots, l’offrande de momies se révélait moins coûteuse que celle de figurines de métal, mais leur qualité variait en fonction des moyens de leur acquéreur. Si certaines n’étaient décorées que sur une seule face – celle qui était visible sur l’étal des vendeurs –, les plus belles étaient soigneusement enveloppées dans des ban delettes et pourvues, comme celle-ci, de masques en cartonnage peint. N. T.
Momie de chat (CAT. 330) Matière organique, lin, cartonnage peint, papyrus H. 72 ; l. 19 ; ép. 12,5 cm Basse Époque (664-332 avant J.-C.) ou Époque ptolémaïque (332-30 avant J.-C.) E 2812 = N 2896 Achat, 1852 (collection Clot-Bey) Bibliographie : Inédit.
Si aucun examen sous rayons X n’a encore per mis de révéler la nature exacte de cette momie démesurément grande (robuste chat sauvage des marais – Felis chaus nilotica – ou simple simu lacre de momie), l’enveloppe de cartonnage dans laquelle elle est enfermée ne laisse pas d’étonner. Constituée de deux moitiés longitudinales intérieu rement tapissées de papyrus, elle reproduit l’appa rence de la cuve et du couvercle d’un cercueil en bois. La moitié gauche reprend un décor de résille de perles tubulaires sur fond rouge, tandis que la moitié droite affiche un trompe-l’œil de bois. Du premier côté, la tête est peinte en rouge, de l’autre, en bleu. Cinq cercles jaunes continus évoquent les bandelettes ajustées autour du cou de ce type de momie et viennent unifier l’ensemble. N. T.
Momie de canidé (CAT. 329) Matière organique, lin peint H. 37 ; l. 8 ; pr. 16 cm Basse Époque (664-332 avant J.-C.) ou Époque ptolémaïque (332-30 avant J.-C.) N 2894 Bibliographie : Charron, 2001, p. 13 ; Germond et Livet, 2001, p. 161, fig. 201 ; cat. exp. Taipei, 2003-2004, p. 167, 284, no 111.
Cette momie de canidé est fabriquée suivant le même principe que celui adopté par nombre de ses semblables félines : l’emmaillotage du corps est exécuté avec soin de manière à former un motif d’entrelacs géométriques, et la tête zoomorphe émerge du reste du corps. Cette dernière est cou verte d’une épaisse couche de peinture noire, et les oreilles dressées accusent l’aspect canin de la petite effigie. Depuis la Basse Époque jusqu’à l’époque romaine, des canidés – chiens plutôt que chacals – ont été momifiés rituellement et enterrés en masse dans des nécropoles spécifiques dédiées à des divinités comme Oupouaout ou Anubis. Ce fut le cas, entre autres, à l’Anoubeion de Saqqara à l’époque ptolémaïque. N. T.
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PUISSANTS RESPECTÉS GLORIFIÉS
LES ANIMAUX, LE ROI ET LE SPHINX Christophe Barbotin Les animaux, hiéroglyphes au service de la monarchie
fig. 29. Stèle du roi Ouadji, dite du « roi serpent » (Paris, musée du Louvre, E 11007). (ci-contre)
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cat. 355.
Dans le foisonnement animal de l’univers égyptien, le roi, que l’on appelle « pharaon 1 » à partir du xve siècle avant J.-C., a été associé par les Égyptiens à l’image d’un certain nombre d’animaux particuliers : taureau, faucon, vautour, cobra et lion principalement. Il s’agit bien d’images en tant que signes chargés de sens, donc de hiéroglyphes, et non d’animaux réels : n’imaginons surtout pas le roi d’Égypte se prélassant au cœur d’une ménagerie orientale qui eût tôt fait de le croquer sans autre forme de procès 2. Le taureau a donc été retenu comme hiéroglyphe royal pour sa force et son agressivité, ainsi que l’atteste, très tôt, la palette du Louvre dite « au taureau » où l’on voit cet animal transpercer de ses cornes les ennemis de l’Égypte (CAT 349). Au Nouvel Empire et à la Troisième Période intermédiaire d’ailleurs, le pharaon porte en premier nom l’épithète ka nakht, « taureau victorieux » (voir CAT 351a). Ce sont des raisons similaires qui ont fait rapporter au souverain l’image du lion dont la puissance et la férocité incarnaient si bien le roi de guerre. Ramsès II ne s’est-il pas fait représenter chargeant au côté d’un lion sur une scène de bataille gravée dans son temple d’Abou Simbel, tandis qu’un fauve apprivoisé (d’après l’inscription...) figure dans le camp égyptien sous les murs de Qadech ? Il est vrai que c’est là un cas exceptionnel. Le choix du vautour et du faucon procède en revanche d’un critère fort différent : l’un et l’autre évoquent le ciel dans lequel évolue le soleil, et par extension l’astre lui-même, avec lequel le roi se confond dans la pensée égyptienne. Le faucon remplit cet office en tant qu’Horus car le nom de ce dieu est construit sur la racine égyptienne her, qui signifie « être haut », métonymie pour désigner le soleil ainsi que le souligne l’épithète « au plumage multicolore » (sab chout) qui est attribuée au disque ailé 3. Sans doute est-ce la raison pour laquelle ce dieu fut élevé au rang de patron de la monarchie dès l’aube de l’histoire égyptienne : il surmonte le premier des noms du roi pendant trois mille trois cents ans [fig. 29]. Quant au cobra, la iâret des textes égyptiens, l’uræus pour les égyptologues, il est porté au front par les souverains dès l’Ancien Empire. Son emploi relève lui aussi d’un processus de métonymie hiéroglyphique : le venin de ce reptile, très dangereux et susceptible d’atteindre sa cible à distance puisque le cobra est capable de cracher tout autant que de mordre, évoque par sa brûlure le pouvoir destructeur du soleil auquel rien ni personne ne saurait se soustraire quel que soit l’endroit où l’on se trouve. Et puis il y a les animaux hybrides que nous appellerions fantastiques car n’existant pas dans la nature. Les Égyptiens, encore une fois, ne croyaient certainement pas à la réalité de ces créatures, celles-ci étaient simplement conçues pour attribuer à la puissance royale les qualités essentielles de leurs éléments constitutifs. Le griffon et le sphinx entrent dans cette catégorie. Le griffon, construction issue du répertoire proche-oriental, connut une diffusion relativement limitée dans l’iconographie égyptienne. À l’origine félin ou canidé à tête de faucon ou de vautour 4, le griffon royal égyptien prend la forme d’un fauve courant, queue dressée, avec la tête du roi ou du faucon Horus auquel le roi est assimilé, et un plumage de rapace sur le dos [fig. 30]. Il accomplit ainsi la synthèse du souverain agressif à la vitesse foudroyante, en tant que fauve lancé contre les ennemis de l’Égypte, et de l’aspect solaire qui le caractérise depuis la nuit des temps, grâce au plumage de vautour. On connaît aussi quelques griffons en version féminine au milieu de la 18e dynastie, mais le phénomène est demeuré très ponctuel. L’entité sphinx en revanche, purement égyptienne, fut très largement répandue tout au long de l’histoire pharaonique, au point de devenir l’une des images les plus marquantes de cette civilisation aux yeux de la postérité. Son cas mérite certes que l’on s’y attarde.
PUISSANTS, RESPECTÉS, GLORIFIÉS
Bas-relief : babouins du socle de l’obélisque oriental du temple de Louxor (CAT. 365) Granit rose H. 159 ; L. 325 ; pr. 64,5 cm Temple de Louxor, base du pylône est Nouvel Empire, 19e dynastie, règne de Ramsès II (vers 1279-1213 avant J.-C.) N 383 = D 31 Don, 1830 (gouvernement égyptien) Bibliographie : Dewachter, 1972, p. 68 ; PM II, 1972, p. 303 ; Barbotin, 2007, vol. I, p. 194-195, no 125, vol. II, p. 356-359.
Ces babouins, debout, pattes dressées, museau et camail caractéristiques, ornés de pectoraux au nom de Ramsès II, alternent avec des cartouches gravés au nom du pharaon. Ce groupe décorait la face sud-ouest de l’obélisque oriental – resté sur place – du temple de Louxor. Offerts à la France avec l’autre obélisque, ils ne furent pas placés,
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en 1836, place de la Concorde : le détail très marqué de leur virilité les relégua au musée. Pour les Égyptiens, observateurs attentifs de leur environnement, cette attitude des singes au lever du soleil était interprétée comme un geste de vénération et ils ne voyaient rien d’offensant à les sculpter ainsi, l’obélisque matérialisant un rayon solaire. J.-L. B.
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ANNEXES
RESTAURÉS, EXAMINÉS, ANALYSÉS… Hélène Guichard La conservation-restauration se place au tout premier rang des préoccupations et des missions des responsables de collections et fait partie – dans la mesure de leurs moyens – du quotidien des musées. Les études archéométriques, quant à elles, ont recours aux sciences physico-chimiques et biologiques et sont consacrées à la matérialité des œuvres et des objets archéologiques : identification des matériaux constitutifs, origine, datation, techniques de création artistique ou technologies de fabrication. C’est grâce à l’une et aux autres, et dans les deux cas avec le concours de spécialistes, que les conservateurs et les personnels scientifiques des musées peuvent assurer la transmission aux générations futures des précieuses et fragiles collections dont leur échoit temporairement la garde, mais aussi acquérir des connaissances inédites sur des objets antiques que la rareté des sources et des témoignages ne permet pas toujours de comprendre ou d’interpréter avec justesse. Et quelle meilleure occasion qu’une exposition pour engager une campagne de restauration, d’examen et d’analyse des œuvres qui, pour un temps, seront offertes à la contemplation et à la légitime curiosité du public ? C’est ce que nous nous sommes employés à mettre en œuvre pour « Des animaux et des pharaons ». Des opérations de conservation curative, celles qui consistent à éliminer les facteurs d’altération que le temps accumule sur les œuvres (poussière, crasse, oxydation, etc.), et de restauration à proprement parler (remise en forme, consolidation des assemblages, refixage des couches picturales, etc.) se sont en effet révélées nécessaires sur un certain nombre des objets exposés de longue date dans les salles permanentes du Louvre et, plus encore, sur ceux conservés en réserve et qui, pour certains, n’avaient jamais été présentés au public. C’est ainsi que dix-neuf restaurateurs spécialisés se sont relayés autour de deux cent soixante des œuvres sélectionnées pour l’exposition, pour de simples « bichonnages » destinés à les dépoussiérer et à leur donner un meilleur aspect ou pour des interventions de restauration fondamentale qui ont pu restituer aux œuvres lisibilité et stabilité. Il est juste de citer et de remercier ici ceux qui ont
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œuvré dans les réserves du musée du Louvre et dans les ateliers de restauration du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) : Isaure d’Avout et Olivier Tavoso (métaux), Laure Cadot (momies, cartonnages et restes organiques), Sophie Duberson (matériaux pierreux, ostraca, faïences, terres cuites), Cécile Lapeyrie (textiles, momies), Anne Liégey (matériaux pierreux), Marie Louis et Sophie Joigneau (bois polychromés), Christine Pariselle et Laure de Guiran (bois polychromés, ostraca, objets composites), Anne Portal (cartonnage de bélier). Ainsi que ceux qui se sont prêtés à l’exercice de la restauration en public dans l’atelier du Louvre-Lens ouvert à la visite : Ève Meneï et Laurence Caylux (aquarelles), Fabrice Rubiella, Isabelle Pradier, Maud Discors et Laurent Chrétien (amulettes), Yveline Huguet, Marie de Beaulieu, Marie Petit et Patrick Ribeiro (grande momie de crocodile). Mais dans certains cas, la restauration nécessite le recours à des analyses physico-chimiques, seules capables d’aider à mieux comprendre la nature d’une couche colorée, à identifier un pigment, un adhésif ou un mortier, à distinguer un matériau antique d’un matériau moderne quand la simple observation n’y
fig.
34. Coupe microscopique transversale de bois de cèdre (Cedrus sp.) : tête de vache d’un lit funéraire royal (CAT. 174a).
GLOSSAIRE Anthropomorphisme – Démarche qui consiste à attribuer à un animal ou à un dieu l’apparence, le comportement, les sentiments ou les actes de l’homme. Appeau – instrument utilisé à la chasse pour imiter le cri de certains oiseaux et, de la sorte, les attirer vers les chasseurs. Araire – Instrument agricole tracté par un animal et muni d’un soc permettant de fendre la terre pour former des sillons. Aryballe – Petit vase pansu, globulaire ou ovoïde, dont le goulot aux larges bords permettait d’étaler directement sur la peau onguents et huiles parfumées. Aspective (ou Aspectivité) – Forgé à partir du mot « perspective », ce terme, inventé par l’école égyptologique allemande, désigne le fait de représenter simultanément les aspects significatifs d’un même sujet selon une multiplicité de points de vue. Avifaune – Ensemble des espèces d’oiseaux d’un endroit donné, comprenant les espèces sédentaires et saisonnières. Bleu égyptien – Pigment synthétique produit à partir d’un mélange de silice, de calcium et de cuivre, cuit avec un fondant sodique en atmosphère oxydante. Boutargue – Préparation culinaire à base d’œufs de mulet salés, séchés et pressés. Bucéphale – À tête de bœuf ou de taureau. Coprophage – Adjectif qualifiant des animaux se nourrissant d’excréments, comme par exemple le Scarabæus sacer, dit « scarabée bousier ». Criocéphale / criomorphe – À tête de bélier / en forme de bélier. Éthologie. – Étude du comportement animal. Ex-voto – Objet symbolique déposé dans un lieu sacré, à la suite d’un vœu ou en remerciement d’une grâce obtenue. Faïence siliceuse – Contrairement à la faïence argileuse, la « faïence égyptienne » est une pâte siliceuse, couverte d’une glaçure alcaline de couleur le plus communément verte à bleue. Foëne – Harpon à long manche et plusieurs branches barbelées utilisé pour harponner gros poissons et poissons plats. Harpé – Sorte de sabre répandu dans tout l’Orient ancien et connu en Égypte sous le nom de khepesh (comme la patte antérieure d’un bovin), devenu au Nouvel Empire un emblème du pouvoir pharaonique. Hiéracocéphale – À tête de faucon. Hypostase – Manifestation terrestre d’une divinité, réceptacle de l’essence divine.
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Khepesh – Mot égyptien désignant une offrande de choix, la patte antérieure d’un bovin. Kouchite – Du pays de Kouch, région située au sud de l’Égypte et correspondant aujourd’hui à la Nubie égyptienne et à une partie du nord du Soudan. Livre des Morts – En égyptien « Livre pour sortir le jour ». Il était placé dans le tombeau et regroupait des formules et des illustrations décrivant l’Au-delà, facilitant le passage du défunt vers cet autre monde et son retour ici-bas afin de profiter des offrandes déposées dans sa tombe. Mastaba – Mot emprunté à l’arabe, signifiant « banc de pierre » et désignant les tombeaux égyptiens des notables de l’Ancien Empire. De forme quadrangulaire, légèrement talutés, les mastabas comportent une substructure recevant le défunt et son mobilier funéraire et, en surface, une chapelle réservée au culte.
Pount – Contrée de localisation incertaine, probablement sur la côte africaine de la mer Rouge, vers laquelle les Égyptiens menaient des expéditions commerciales. Prophylaxie – Ensemble de pratiques magiques et rituelles mises en œuvre pour se prémunir contre les maladies, les calamités naturelles ou tout incident néfaste. Protomé – Représentation de la partie antérieure d’un animal. Pschent – Double couronne associant la couronne blanche de la Haute-Égypte et la couronne rouge de la Basse-Égypte ; elle représente la suprématie du roi sur l’Égypte unifiée. Reliquaire d’Abydos – Reliquaire destiné à contenir la tête du dieu Osiris, devenu par extension symbole du nome et de la ville d’Abydos.
Modius – Élément circulaire situé à la base de certaines couronnes, aussi appelé « mortier ».
Rhyton – Vase à boire rituel, en forme de cornet et représentant, le plus souvent, une tête d’animal.
Moscophore – Homme portant un veau.
Sauvagine – Ensemble des oiseaux aquatiques migrateurs.
Naos – Sanctuaire des temples égyptiens, le naos désigne aussi la petite chapelle de pierre ou de bois qui y est placée afin de recevoir la statue de la divinité. Nébride – Peau de bovidé dans laquelle furent rassemblés les morceaux du corps démembré d’Osiris. Némès – Coiffe en tissu réservée au roi, à deux pans latéraux et généralement rayée, portée dès l’Ancien Empire. Œil-oudjat – Œil d’Horus, arraché lors du combat contre Seth et reconstitué magiquement par Thot ; il représente l’intégrité physique et la protection. Oiseau-ba – Le ba est l’une des composantes de l’être humain, celle qui lui permet d’aller et venir, y compris de l’Au-delà jusqu’à ici-bas ; il est représenté par un oiseau à tête humaine. Ostracon (pl. ostraca) – Éclat de calcaire ou tesson de poterie utilisé pour écrire ou dessiner. Ouchebti – Statuette de serviteur funéraire destinée à remplacer le défunt lorsque celui-ci est appelé à accomplir les corvées agricoles dans l’Au-delà. Panthée – Entité qui rassemble en elle les caractéristiques, les attributs et les pouvoirs de plusieurs divinités. Pie – Se dit de la robe d’un animal composée de larges taches blanches et d’une autre couleur. Pilier-djed – D’origine incertaine, ce motif est souvent associé à la colonne vertébrale du dieu Osiris et véhicule la notion de stabilité et d’éternité statique.
Senet – Jeu de plateau à 30 cases, se jouant avec des pions et des dés ; le but était probablement d’atteindre le premier la case d’arrivée en évitant les cases infligeant des handicaps et en s’aidant des cases bénéfiques, un peu comme au jeu de l’oie. Signe-chen – Symbole de protection et d’éternité, en forme de corde refermée par un nœud. Syncrétisme – Fusion de plusieurs doctrines et/ou de formes culturelles différentes. Taricheutes – Praticiens et ritualistes des ateliers d’embaumement. Théophore – Se dit d’un nom propre composé à partir du nom d’une divinité. Titulature – Ensemble des noms ou des titres par lesquels on désigne un personnage important. En Égypte, la titulature royale se composait généralement de cinq noms successifs que se choisissait chaque pharaon : le nom d’Horus, le nom de Nebty (« les Deux Maîtresses »), le nom d’Horus d’Or, le nom de Roi de Haute et Basse-Égypte et enfin le nom de Fils de Rê. Uræus (pl. uræi) – Serpent cobra dressé et menaçant qui figure au front des pharaons et de certaines divinités. Il représente l’œil de Rê et protège son porteur contre toute tentative d’agression. Zoomorphisme – Fait de représenter quelque chose ou quelqu’un sous la forme d’un animal.
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INDEX DES ANIMAUX A
E
Abeille : p. 320 Agneau : voir Mouton. Âne : p. 134, 137, 138, 140, 165, 178, 227 Anguille : p. 228, 277, 307 Antilope addax : p. 100, 106 Aurochs : p. 24, 106, 138 Autruche : p. 72, 144, 226, 234, 268, 269
Éléphant : p. 23, 24, 72, 87, 140, 147, 188
B Babouin : p. 24, 25, 40, 162, 170, 174, 211, 214, 226, 228, 230, 240, 241, 251, 260, 277, 330 Barbeau : voir Lépidote. Bélier : p. 24, 25, 29, 75, 88, 95, 96, 144, 188, 189, 214, 226-230, 234, 247, 249, 258, 264, 266, 268, 272, 274-276, 278, 280, 290, 292, 317, 334 Bœuf : p. 24, 85, 106, 108, 110, 120, 124, 127, 129, 130, 134, 137-140, 148, 151, 163, 165, 212, 214 Bouc : p. 272, 274, 275 Bouquetin de Nubie (ibex) : p. 24, 29, 30, 71, 91, 99, 100, 106, 118, 121, 127, 178, 190-192, 195, 196, 214 Brebis : voir Mouton. Bubale : p. 104, 106
C Caille : p. 107, 206 Canard : p. 25, 42, 45, 69, 78, 82, 84, 96, 97, 106, 124, 127, 130, 165, 190, 191, 193, 196, 207 Carpe du Nil : voir Tilapia. Cauris : p. 144 Cercopithèque (singe vert, grivet) : p. 24, 40, 153, 162, 170, 173, 175, 177, 214 Chacal : p. 32, 69, 90, 165, 200, 211, 216, 226, 229 (n. 28), 238 Chat, chatte : p. 24, 25 (n. 5), 34, 60, 69, 70, 91, 96, 160, 162-167, 169, 172, 176, 177, 190, 194, 216, 239, 254, 276-278, 295-298, 319 Cheval : p. 24, 32, 140, 141, 154, 156, 160, 163, 164, 172, 190, 196, 229 (n. 15), 230, 264, 317 Chèvre : p. 24, 108, 138, 232 (n. 2) Chien, chienne : p. 24, 25 (n. 5), 32, 69, 70, 85, 88, 90, 104, 118, 134, 140, 160, 162-170, 172, 177, 190, 198, 209, 227-229, 240, 276, 297, 298 Chouette (hibou) : p. 48, 206, 208 Cigogne : p. 23, 227 Cobra : p. 25, 57, 88, 144, 187, 216, 228, 230, 244, 246, 268-300, 310, 314, 323, 327, 328 Cochon (porc) : p. 23, 95, 106, 108, 123, 134, 138, 228, 229 Coq (poule) : p. 23, 24 Crocodile : p. 24, 25, 58, 59, 69, 70, 74, 88, 94, 107, 112, 165, 189, 216, 218, 226, 228, 230-233, 247, 256, 274, 276, 277, 310, 311, 317, 334
346
F
Muge, mulet : p. 104, 107, 116 Musaraigne : p. 39, 47, 106, 128, 130, 165, 176, 277, 301
O
Faucon : p. 25, 39, 49, 70, 88, 206, 209, 211, 212, 214, 216, 227, 229, 230, 232 (n. 6), 233, 249-251, 255, 258, 264, 266, 268, 269, 272, 274, 276, 277, 279, 297, 301-303, 314, 316, 317, 319, 320, 322, 323 Flamant : p. 71, 100
Oie : p. 162, 206, 230 Oryctérope : p. 208, 320 Oryx : p. 24, 30, 69, 71, 88, 104, 106, 118, 125, 212 Ouette du Nil : p. 47 Oursin : p. 144 Oxyrhynque : voir Mormyre.
G
P
Gazelle : p. 24, 30, 71, 104, 106, 111, 118, 120, 138, 141, 162, 165, 172 Genette : p. 38, 82 Girafe : p. 24, 72, 88, 162, 229 (n. 16) Grenouille (têtard) : p. 62, 70, 77, 94, 100, 112, 178, 187, 218, 226, 229 (n. 5), 241 Grivet : voir Cercopithèque.
H Hérisson : p. 42, 191, 216, 227 Héron : p. 82, 116, 220, 227, 262 Hibou : voir Chouette. Hippopotame : p. 24, 25, 32, 68, 69, 74, 77, 87, 88, 112, 147, 165, 174, 184, 190, 191, 194, 198, 204, 224, 228, 229, 232, 256, 258, 276 Huppe : p. 82 Hyène : p. 24, 37, 104, 120, 165, 178, 264
I Ibex : voir Bouquetin de Nubie. Ibis : p. 24, 25, 28, 50-52, 96, 165, 214, 226-230, 232 (n. 2), 240, 241, 251, 276-281, 297, 302, 304 Ichneumon : voir Mangouste.
L Latès (perche du Nil) : p. 78, 104, 107, 112, 114, 228, 308 Lépidote (barbeau) : p. 60, 61, 306, 307 Lièvre : p. 192, 216, 228 Lion, lionne : p. 24, 36, 37, 66, 69, 70, 85, 87, 88, 91, 127, 140, 165, 177, 184, 187, 190, 200, 202, 203, 204, 214, 216, 226-230, 232, 246, 247, 252, 255, 256, 258, 262, 264, 276, 292, 306, 314, 316, 317, 319, 324, 325, 327, 329 Lycaon : p. 88, 227
M Mangouste (ichneumon) : p. 38, 39, 82, 216, 228, 276, 277, 300, 301 Mille-pattes : p. 188, 227 Mormyre (oxyrhynque) : p. 60, 61, 107 Mouche : p. 187 Mouflon : p. 75, 234 Mouton (agneau, brebis) : p. 24, 25, 108, 234, 278, 279, 290
Panthère : p. 24, 80, 88, 142, 143, 216, 263 Perche du Nil : voir Latès. Poisson-chat (silure, synodonte) : p. 60, 104, 107, 112, 194, 228, 306, 319 Porc : voir Cochon. Poule : voir Coq.
R Renard : p. 165, 227 Rhinocéros : p. 24, 72
S Sanglier : p. 95, 106, 123 Scarabée : p. 25, 39, 62, 94, 96, 178, 187, 188, 213, 216, 220, 227, 229, 231, 236, 239, 243, 264, 266, 272, 277, 296, 311 Scorpion : p. 69, 88, 100, 178, 187, 228, 247, 319 Silure : voir Poisson-chat. Singe vert : voir Cercopithèque. Souris : p. 162, 165, 177 Synodonte : voir Poisson-chat.
T Taureau : p. 23, 24, 27, 28, 66, 68, 85, 93, 106, 130, 164, 178, 184, 202, 208, 214, 226-228, 230, 236, 249, 272, 274, 275, 282, 283, 285-288, 290, 302, 314, 319, 320 Têtard : voir Grenouille. Tétraodon : p. 112 Tilapia (carpe du Nil) : p. 60, 61, 76-78, 107, 114, 212, 228 Tortue : p. 88, 99, 100, 191 Truie : p. 123, 216, 229, 246
V Vache : p. 69, 84, 85, 93, 106, 120, 146, 152, 184, 186, 200, 216, 218, 226, 228, 230, 236, 246, 288, 290, 334 Vautour : p. 25, 39, 54, 55, 70, 97, 100, 187, 207, 226, 229 (n. 6), 255, 283, 287, 314, 316 Vipère à cornes : p. 208, 310
Z Zébu : p. 24, 27
INDEX DES DIVINITÉS A Amon : p. 95, 114, 127, 144, 163, 192, 209, 211, 220, 228-230, 234, 249, 252, 263, 266, 292, 317, 327, 328 Amset : voir Fils d’Horus. Anubis : p. 32, 69, 70, 90, 200, 208, 209, 211, 220, 227, 229, 236, 238, 241, 263, 298, 308 Apedemak : p. 252 Apis : p. 23, 214, 228, 272, 274, 275, 282-288, 302 Apophis : p. 39, 52, 228, 239, 252 Astarté : p. 196 Aton : p. 165, 249 Atoum : p. 57, 228, 262, 307
B
Méhyt : p. 61, 306 Meretseger : p. 244, 246 Min : p. 230, 238 Montou : p. 249, 282, 290 Mout : p. 163, 172, 252, 316
N Nefertoum : p. 88, 228 Neith : p. 211, 224, 255, 266 Nekhbet : p. 54, 187, 255 Nephthys : p. 80, 211, 213, 220, 226, 262, 264 Nout : p. 186, 246
O
Banebdjed : p. 292 Bastet : p. 34, 70, 96, 127, 163, 166, 239, 240, 254, 264, 295, 296, 316 Bès : p. 42, 88, 176, 218, 232
Osiris : p. 61, 107, 144, 184, 186, 209, 211, 213, 220, 226, 227, 230, 231, 238, 241, 243, 260, 263, 264, 268, 274, 277, 282, 284, 286, 292, 301, 307, 322 Ouadjet : p. 228, 254, 255, 264, 300 Oupouaout : p. 32, 227, 228, 238, 298
C
P
Chou : p. 292
D Douamoutef : voir Fils d’Horus.
F Fils d’Horus (Amset, Douamoutef, Hapi, Qebehsenouf) : p. 209, 211, 218, 264
H Hapi : voir Fils d’Horus. Hâpy : p. 150 Harpocrate (Horus sur les crocodiles) : p. 69, 88, 280 Hathor : p. 76, 93, 94, 146, 200, 216, 218, 226, 228, 236, 244, 246, 247, 316 Hatmehyt : p. 306 Heket : p. 94, 187, 226 Horus : p. 39, 49, 209, 229, 231, 233, 236, 240, 250, 251, 255, 264, 274, 284, 301-303, 314, 317, 319, 320, 322-324 Horus sur les crocodiles : voir Harpocrate.
I Isis : p. 80, 176, 211, 213, 220, 226, 228, 229, 232, 244, 247, 256, 262-264, 272, 284, 307, 324
K
Ptah : p. 209, 228, 241, 251, 258, 264, 274, 275, 283, 286, 287, 320, 327
Q Qebehsenouf : voir Fils d’Horus.
R Rê : p. 39, 49, 57, 107, 164, 187, 207, 230, 231, 232 (n. 6), 234, 236, 239, 240, 243, 246, 252, 254, 258, 262, 266-269, 274, 288, 296, 300, 316, 317, 327 Renenoutet : p. 244
S Sekhmet : p. 187, 230, 232, 240, 252, 264, 316 Selket : p. 187, 230, 232, 240, 252, 264, 316 Seth : p. 69, 72, 125, 208, 212, 224, 227-229, 251, 263, 264, 307, 320 Sobek : p. 58, 59, 228, 230, 231, 233, 243, 277, 310, 311 Sokar : p. 209, 212, 232 (n. 6), 264
T Tefnout : p. 292, 316 Thot : p. 25, 40, 50, 52, 88, 96, 214, 226, 228-230, 240, 241, 251, 260, 264, 280, 281, 282, 304 Thouéris : p. 147, 184, 191, 194, 204, 218, 224, 232, 256, 307
Khépri : p. 62, 188, 220, 231, 243, 264, 266, 311 Khnoum : p. 95, 188, 189, 228, 230, 275, 290, 292
M Maât : p. 108, 268, 269, 319, 324 Mahès : p. 228
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INDEX DES ŒUVRES EXPOSÉES PAR INSTITUTIONS ET NUMÉROS Barcelone, Museu de Ciències Naturals de Barcelona
S. n., Figurine de Tilapia nilotica, cat. 45f, p. 61
AF 8968, Statue fragmentaire : patte de sphinx, cat. 357, p. 324
MZB 87-152, Spécimen de canard pilet naturalisé, cat. 29b, p. 45
S. n. (collection du père Ubach), Spécimen de mormyre naturalisé, cat. 45g, p. 61
AF 8970, Offrandes alimentaires sur un éclat de relief, cat. 113, p. 128
MZB 87-0188, Spécimen d’oie cendrée naturalisé, cat. 31b, p. 47
Paris, Bibliothèque centrale des musées nationaux
MZB 87-0250, Spécimen de chouette effraie naturalisé, cat. 34b, p. 48
S. n., Volume de planches de la Description de l’É gypte, cat. 42, p. 56
AF 10016, Modèle de sculpteur : tête de taureau, cat. 70b, p. 92
MZB 87-6586, Spécimen de vautour fauve naturalisé, cat. 41b, p. 55
Paris, musée du Louvre
AF 10100, Applique de vase à panse ovoïde figurant un sanglier, cat. 76, p. 95
MZB 2004-0669, Spécimen de faucon pèlerin naturalisé, cat. 36b, p. 49
Barcelone, Museu Egipci de Barcelona, Fundació Arqueològica Clos E-205, Figurine de chatte, cat. 260d, p. 239 E-567, Cuiller d’offrande en forme de deux canards troussés, cat. 26b, p. 42
AF 452, Relief : scène de chasse au filet, cat. 97, p. 116 AF 903, Figurine de singe gladiateur, cat. 154, p. 176 AF 1337, Balle, cat. 121, p. 142 AF 1669, « Modèle » de corne aménagée en récipient, cat. 127b, p. 146
AF 9169 B, « Modèle » de bœuf, cat. 130c, p. 148
AF 10201, Amulette en forme de scarabée, cat. 219, p. 217 AF 10243, Relief : défilé de porteurs d’offrandes, cat. 107, p. 124 AF 10753, Amulette : Thot à tête d’ibis, coiffé du disque lunaire, cat. 205, p. 215
AF 2014, Uræus, cat. 43a, p. 57
AF 10848, Figurine de mère singe avec son petit, cat. 150b, p. 173
AF 2075, Amulette : chatte assise avec son petit, cat. 224, p. 217
AF 11513, Figurine de grenouille, cat. 75d, p. 94
E-783, Cercueil de musaraigne, cat. 333, p. 301
Lille, musée d’Histoire naturelle
AF 2125, Amulette : Aker à protomés de lion et de taureau, cat. 195, p. 215
E-592, Figurine de Selket, cat. 272b, p. 247
2007-16-67, Spécimen d’ibis sacré naturalisé, cat. 38b, p. 51 ZOO 4056, Spécimen de canard pilet naturalisé, cat. 29a, p. 45
AF 2127, Figurine de crocodile, cat. 74, p. 94 AF 2131, Amulette en forme de têtard, cat. 47a, p. 63 AF 2134, Amulette en forme de cobra dressé, cat. 220, p. 217
AF 11514, Figurine de grenouille, cat. 75a, p. 94 AF 11907, Fragment de linceul : prêtre revêtu d’une peau de panthère, cat. 122, p. 142 AF 12857, Modèle de sculpteur : tête de bélier, cat. 4, p. 29 AF 13022, Momie de Lates niloticus, cat. 342, p. 307
ZOO 4165, Spécimen de cercopithèque naturalisé, cat. 22, p. 40
AF 2168, Amulette en forme d’ibis, cat. 207, p. 215
AF 13471, Amulette : Fils d’Horus (Amset), cat. 241, p. 219
ZOO 4342, Spécimen de mangouste ichneumon naturalisé, cat. 20, p. 39
AF 2288, Amulette : Aker à deux protomés de lion, cat. 194, p. 215
AF 13472, Amulette : Fils d’Horus (Douamoutef), cat. 242, p. 219
ZOO 4468, Spécimen de hérisson « oreillard » naturalisé, cat. 25, p. 42
AF 2319, Tête de l’animal de Seth formant celle d’un sceptre-ouas, cat. 182, p. 208
AF 13548, Amulette : Fils d’Horus (Hapi), cat. 244, p. 219
ZOO 7112, Spécimen de genette commune naturalisé, cat. 18, p. 38
AF 2343, Amulette : Thouéris, cat. 231, p. 219 AF 2344, Figurine de la déesse Thouéris, cat. 287, p. 256
ZOO 7462, Spécimen d’hyène rayée naturalisé, cat. 16, p. 37
AF 2346, Figurine de Thouéris, cat. 288a, p. 256
ZOO 7659, ZOO 7660, Spécimens d’oies bernaches à cou roux naturalisés, cat. 32, p. 47
AF 2375, Amulette en forme de tête de serpent, cat. 237, p. 219
ZOO 9357, Spécimen de vautour fauve naturalisé, cat. 41a, p. 55
AF 2521, Amulette en forme de crocodile, cat. 236, p. 219
AF 13552, Amulette : truie allaitant ses petits, cat. 225, p. 217
ZOO 9410, Spécimen de faucon pèlerin naturalisé, cat. 36a, p. 49
AF 2533, Pectoral avec scarabée de cœur de Pyay, cat. 190, p. 213
AF 13553, Amulette : Aker à deux protomés de taureau, cat. 196, p. 215
ZOO 9592, Spécimen de chouette effraie naturalisé, cat. 34a, p. 48
AF 2549, Figurine de grenouille, cat. 75c, p. 94 AF 2560 = LP 14 ?, Pectoral, cat. 299, p. 264
AF 13554, Amulette en forme de bouquetin couché, cat. 202, p. 215
ZOO 10888, Spécimen d’oie cendrée naturalisé, cat. 31a, p. 47
AF 2572, Figurine de vautour, cat. 82, p. 97
AF 13555, Amulette en forme de lièvre, cat. 216, p. 217
AF 2577, Statue assise d’Amon à tête de bélier, cat. 273, p. 248
AF 13556, Amulette en forme de cercopithèque, cat. 204, p. 215
Madrid, Museo Nacional de Ciencias Naturales – CSIC, Madrid
AF 2744, Amulette : vache Hathor allaitant, cat. 227, p. 217 AF 6344, Jarre décorée d’une scène de désert, cat. 89a, p. 101
MNCN-A1222, Spécimen d’ibis sacré naturalisé, cat. 38c, p. 51
AF 6350, Pliant aux canards, cat. 164, p. 193
Montserrat, Museu de Montserrat. Abadia de Montserrat
AF 6950, Amulette « scaraboïde » en forme de grenouille, cat. 159b, p. 178
530.501, Figurine de la déesse Thouéris, cat. 288b, p. 256
AF 6948, Vase en forme de scorpion, cat. 88a, p. 100
AF 13549, Amulette : Fils d’Horus (Qebehsenouf), cat. 243, p. 219 AF 13550, Amulette : déesse à tête de lionne tenant un sceptre, cat. 223, p. 217 AF 13551, Amulette : dieu à tête de bélier, cat. 199, p. 215
AF 13557, Coquillages (échinodermes) ayant servi de perles, cat. 124b, p. 144 AF 13558 et AF 13559, Coquillages (mollusques gastropodes) ayant servi de perles, cat. 124a, p. 144 AF 13560, Momie d’ibis, cat. 338, p. 304
AF 6953, Amulette en forme de singe assis mangeant, cat. 150a, p. 173
AF 13561, Corps de petit capriné desséché, cat. 90, p. 109
530.524, Figurine de chatte, cat. 260c, p. 239 550.001, Palette à fard aux oiseaux, cat. 86c, p. 98
AF 6960, Amulette en forme de lion, cat. 193, p. 215
610.133, « Modèle » de bœuf, cat. 130d, p. 148
AF 8257, Amulette en forme de bœuf ligoté, cat. 198, p. 215
AM 258 = E 11255 = LP 1642, Palette au taureau, cat. 349, p. 318
MDM 19, Statue de faucon coiffé du pschent : Horus, cat. 355b, p. 323
AF 8361, Amulette en forme de hérisson, cat. 217, p. 217
E 4 = AF 2696, Amulette : vache Hathor, cat. 229, p. 219
AF 8549, Scaraboïde en forme de hérisson « oreillard », cat. 24, p. 42
E 78 = AF 2381, Amulette en forme de tête de serpent, cat. 78, p. 95
S. n., Figurine d’ibis marchant, cat. 38a, p. 51
348
AF 448 = IM 3449, Sarcophage de rapace, cat. 335, p. 302
AF 9169 A, « Modèle » de bœuf, cat. 130b, p. 148
AF 13562, Scarabée, cat. 73, p. 94