Raoul Dufy. Les ateliers de Perpignan 1940-1950 (extrait)

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1940-1950

La période de Perpignan, où Raoul Dufy trouve refuge durant la Seconde Guerre mondiale, constitue une décennie encore trop méconnue dans la carrière de l’artiste. Pour la première fois, l’exposition organisée par le musée d’Art Hyacinthe-Rigaud restitue toute son ampleur à cette production roussillonnaise, toujours marquée par le bonheur de peindre. Réunissant un ensemble significatif des séduisantes peintures consacrées par Dufy à ses deux ateliers successifs, elle rend aussi justice aux nombreux paysages que lui inspirent ses séjours dans les environs. Dans la production très diverse de Dufy à Perpignan, l’exposition choisit de mettre également l’accent sur sa réinterprétation émue des Maîtres anciens, sur ses représentations de la musique à laquelle son art emprunte bien des traits, ainsi que sur le thème floral qui donne lieu à de superbes aquarelles. L’activité spécifique de Dufy dans le domaine des arts décoratifs est enfin mise en lumière par des contributions inédites sur sa production de tapisseries et de céramiques, également conçues à Perpignan.

Raoul Dufy, les ateliers de Perpignan 1940-1950

Raoul Dufy, les ateliers de Perpignan

Dufy

Raoul

Les ateliers de Perpignan

978-2-7572-1396-4

25 €

En couverture CAT 9 (détail)

L’Atelier aux raisins, 1942 Huile sur toile, 81,2 × 100,3 cm

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Ce catalogue accompagne l’exposition « Raoul Dufy, les ateliers de Perpignan (1940-1950) ». Perpignan, musée d’Art Hyacinthe-Rigaud, 23 juin-4 novembre 2018.

© Somogy éditions d’art, Paris, 2018 © Musée d’Art Hyacinthe-Rigaud, Perpignan, 2018 © Adagp, Paris 2018, pour les œuvres de Raoul Dufy © Adagp, Paris 2018, pour les œuvres de Jean Lurçat, p. 115, 117, 120-121 et 140 © ESTATE BRASSAÏ – RMN-Grand Palais, p. 14 et 28 © Jean-Jacques Prolongeau, p. 122, 123, 156 et 157 © Izis, p. 148 ISBN 978-2-7572-1396-4 Dépôt légal : juin 2018 Imprimé en Union européenne

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Raoul Dufy

Les ateliers de Perpignan 1940-1950

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Commissariat Commissaire générale Claire Muchir Conservatrice du patrimoine, Directrice du musée d’Art Hyacinthe-Rigaud

Administration Virginie Santiago

Commissaire de l’exposition Christian Briend Conservateur général au Centre Pompidou, musée national d’Art moderne, Chef du Service des collections modernes

Service des publics Aude Valaison, Clémentine Lassalle

Scénographie Vitamine, Cécile Degos

Sécurité, maintenance et logistique Philippe Couët, Guilhem Delseny

Production scénographie Culbuto, Antonin Anceau-Darnal

Accueil, boutique et surveillance Nathalie Cheren, Sébastienne Fraxanet, Sylvie Llobet, Sylvain Moret, Marie Salbert, Cathy Vicens, Victoria Vikulina

Graphisme Studio Des Signes, Élise Muchir et Franklin Desclouds Production graphisme L’Atelier, Christophe Montagnier Traduction Mireille Verdaguer, responsable du service des Affaires catalanes Christine Giner, Mireia Peix, Laetitia Poncet Éclairage Carlos Cruchinha Transport Bovis, Jean-Claude Canals Accrochage Atelier Tournillon

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Secrétariat Mériem Lammaidi

Régie des œuvres Fabien Carbon

Communication Sandra Cognet, directrice et chef de cabinet Nathalie Nou, chef du service studio de création Corinne Arduin-Martin, adjointe Cécile Moins, graphiste maquettiste Pascale Marchesan, photographe Catalogue Direction d’ouvrage Christian Briend et Claire Muchir, assistés de Fabien Carbon Somogy éditions d’art Directeur éditorial : Nicolas Neumann Responsable éditoriale : Stéphanie Méséguer Coordination et suivi éditorial : Sarah Houssin-Dreyfuss Conception graphique : François Dinguirard Contribution éditoriale : Laurence Cénédèse Fabrication : Béatrice Bourgerie, Mélanie Le Gros Coéditions : Jean-Louis Fraud

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La ville de Perpignan et le musée d’Art HyacintheRigaud tiennent à exprimer leur reconnaissance aux institutions et aux collectionneurs privés qui ont bien voulu se dessaisir des œuvres de Raoul Dufy pour la durée de cette exposition. Musée Toulouse-Lautrec, Albi Danielle Devynck, Directrice Musée Renoir, Cagnes Émeric Pinkowicz, Directeur Musée d’Art moderne, Céret Nathalie Gallissot, Directrice Musée d’Art moderne André-Malraux, Le Havre Annette Haudiquet, Directrice Musée des Beaux-Arts, Lyon Sylvie Ramond, Directrice Musée Fabre, Montpellier Michel Hilaire, Directeur Musée, Nancy Charles Villeneuve de Janti, Directeur Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret, Nice Emmanuelle Terrel, Assistante principale de Conservation Centre Pompidou, musée national d’Art moderne, Paris Bernard Blistène, Directeur Musée d’Art moderne de la Ville de Paris Fabrice Hergott, Directeur Les Arts décoratifs, musée des arts décoratifs, Paris Olivier Gabet, Directeur des Musées Musée Maillol, Paris Olivier Lorquin, Président Archives départementales des Pyrénées-Orientales, Perpignan Marie Landelle, Directrice Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie Joseph-Déchelette, Roanne Nathalie Pierron, Directrice Fondazione Musei Civici di Venezia Dr.ssa Gabriella Belli, Directrice

Ainsi que La galerie Louis Carré, Paris Patrick Bongers, Directeur Le Journal L’Indépendant Bernard Maffre, Président-Directeur général, Directeur de la publication Edmond Henrard

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Et l’ensemble des collectionneurs privés qui ont préféré conserver l’anonymat.

Nos remerciements vont également et tout particulièrement à l’ensemble des membres de la famille Nicolau qui ont bien voulu nous ouvrir généreusement les archives familiales et autoriser la publication des lettres de Raoul Dufy. Il nous est également agréable d’exprimer notre gratitude à Fanny Guillon-Laffaille qui, par sa connaissance intime de l’œuvre de Raoul Dufy dont elle poursuit l’entreprise du catalogue raisonné, nous a été d’une aide précieuse.

Que les différents auteurs du catalogue soient aussi remerciés, Christophe Massé, Jean-Charles Prolongeau et Bruno Ythier, pour la qualité de leur contribution, ainsi que tous ceux qui à des titres divers ont contribué à la réalisation de cette exposition et du présent catalogue : Anne Archenoul, Alain Baute, Maryse Bertrand, Claire Böhm, Sylvie Bourrat, Mireille Calle-Gruber, Keith Cheng, Nathalie Cissé, Vincent Delieuvin, Clémence Ducroix, l’Atelier Erdal-Mortier, Éric Galliache, Hélène Guenin, Frédéric Guisset, Saida Herida, Nathalie Houzé, Sophie Krebs, Daniel Legué, Éric Labaume, Laureen Laz, Brigitte Léal, Laurine Leblanc, Daniel Legué, Olga Makhroff, Aude Marchand, Anne Montfort, Rania Moussa, Anne Paounov, Tony Riga, Dimitri Salmon, Didier Schulmann, Jonas Storsve, Mickaël Szanto et Brigitte Vincens.

Notre gratitude va aussi à La Direction générale des patrimoines Service des Musées de France Marie-Christine Labourdette, alors Directrice, chargée des Musées de France La Direction régionale des affaires culturelles Occitanie Laurent Roturier, Directeur Sophie Ferret, Conservatrice en chef du patrimoine, Conseillère pour les Musées

Ainsi qu’au Cercle Rigaud, association des Amis du musée d’Art Hyacinthe-Rigaud pour son soutien sans faille.

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Sommaire

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RAOUL DUFY EST À PERPIGNAN…

AVANT-PROPOS

Jean-Marc Pujol

Michel Pinell

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DUFY À PERPIGNAN

LES ATELIERS DE PERPIGNAN

Claire Muchir

Christian Briend

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VUES D’ATELIER

L’ATELIER DE LA RUE JEANNE-D’ARC

FLEURS

L’ATELIER DE LA RUE DE L’ANGE

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106

114

124

MUSIQUES

D’APRÈS LES MAÎTRES

ARTS DÉCORATIFS

ESCAPADES

141

149

155

159

COLLIOURE ET LE BEL ÉTÉ. DEUX TAPISSERIES ISSUES DE LA COLLABORATION ENTRE RAOUL DUFY ET JEAN LURÇAT

QUAND LUDOVIC RENCONTRE RAOUL. PASSION DUFY

L’ATELIER DE LA LANTERNE. JEAN-JACQUES PROLONGEAU ET RAOUL DUFY

LETTRES DE RAOUL DUFY À LA FAMILLE NICOLAU 1940-1953

Bruno Ythier

Christophe Massé

Jean-Charles Prolongeau

Christian Briend et Claire Muchir

183

195

REPÈRES BIOGRAPHIQUES

BIBLIOGRAPHIE

Christian Briend, avec la collaboration de Claire Muchir

CAT 78

Autoportrait, 1948 Huile sur toile, 27 × 22 cm Inscription en bas : « Raoul / 48 » Legs de Mme Raoul Dufy, 1963 Paris, Centre Pompidou, musée national d’Art moderne En dépôt à Nancy, musée des Beaux-Arts Inv. AM 4214 P (6)

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Raoul Dufy est à Perpignan… Jean-Marc Pujol Maire de Perpignan Président de la communauté urbaine Perpignan Méditerranée Métropole

Raoul Dufy est à Perpignan ce que Salvador Dalí est à Figueres, Antoni Tàpies à Barcelone, Paul Cézanne à Aix-en-Provence, Claude Monet à Giverny, Pablo Picasso à Mougins… Certes, Dufy n’est pas né sous le soleil du Roussillon, mais la décennie qu’il y a passée a été suffisamment influente pour marquer l’époque, le territoire… et le fauvisme ! Ce n’est pas peu dire que l’artiste, durant son séjour à Perpignan chez les Nicolau, a considérablement enrichi le patrimoine culturel catalan. Plusieurs familles perpignanaises, à l’image de celle du docteur Pierre Nicolau, sont encore les témoignages vivants et inestimables de cette période pendant laquelle Dufy avait fait de Perpignan sa résidence d’artiste. Cet épisode est également marqué par la présence de Derain et Matisse qui séjournent alors sur les bords de la Méditerranée, à Collioure, où ils rencontrent le sculpteur Maillol. Depuis, grâce à ces « fauves », jamais Perpignan et sa région n’auront connu une telle effervescence artistique. Le rendez-vous est historique. Si une histoire d’amour lie Dufy à la ville portuaire du Havre, sa commune natale qu’il n’a jamais oubliée, on peut affirmer sans se tromper que c’est à Perpignan, dans la palette de couleurs entre Pyrénées et Méditerranée, que l’artiste prolifique, malgré ses problèmes de santé, a vécu ses plus belles inspirations pour émailler sa peinture et avoir le feu sacré de la création. Perpignan et les Perpignanais se devaient de retrouver ce climat ambiant qui a définitivement propulsé leur territoire dans les plus belles pages de l’art contemporain international. C’est là l’ambition de cette exposition organisée au nouveau musée Hyacinthe-Rigaud. Cette exposition, par la richesse des collections présentées, marquera, j’en suis convaincu, le franchissement d’une nouvelle étape : celle de la culture au service de l’attractivité du territoire.

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Avant-propos Michel Pinell Maire adjoint délégué à la culture et à la médiation culturelle

Après le succès de l’exposition « Picasso Perpignan – Le cercle de l’intime 1953-1955 », le musée d’Art Hyacinthe-Rigaud poursuit son ambition d’inscrire Perpignan dans une cartographie artistique en mettant en lumière la décennie perpignanaise de Raoul Dufy. De 1940 à 1950, c’est un Dufy isolé et malade qui vient se réfugier en Roussillon. Là, soigné par le docteur Pierre Nicolau qui l’accueille en ami au sein de sa famille, il entame l’une des dernières phases de sa création. Une phase résolument solaire, éblouie par la lumière du Roussillon. Le soleil force les portes et les fenêtres et s’invite en sauvage dans les ateliers de Dufy. Ce dernier monte alors sa palette : les ocres et orangés de son premier atelier, rue Jeanne-d’Arc, cèdent devant l’assaut des jaunes éclatants et des rouges incandescents qui caractérisent l’atelier de la rue de l’Ange. L’éblouissement est à son comble, la lumière au zénith. Elle l’accompagne dans sa découverte du département, qu’il s’agisse des stations thermales où il vient jouir de leurs eaux bienfaitrices ou bien des villages de Céret et de Collioure où il retrouve ses amis. Mais c’est à Perpignan qu’il travaille, là qu’il installe ses ateliers au sein desquels se concentrent et se décantent les beautés ici amassées. Au seuil de sa vie, il déclarera à son ami Ludovic Massé avoir « avec tous ces travaux faits à Perpignan, la même révélation que Matisse à Collioure… ». Je tiens ici à exprimer toute ma gratitude à Christian Briend, conservateur général au musée national d’Art moderne et spécialiste reconnu de l’artiste, qui a assuré le commissariat de cette exposition. Grâce à lui, de nombreux musées nous ont accordé un soutien franc et entier, en tout premier lieu le Centre Pompidou et le musée d’Art moderne de la ville de Paris qui nous ont accordé des prêts exceptionnels. Qu’il en soit ici chaleureusement remercié, de même que tous les musées et collectionneurs privés qui, par leur générosité, ont permis de réunir un nombre exceptionnel d’œuvres perpignanaises de Dufy. Je tenais également à remercier chaleureusement la famille Nicolau qui, en nous permettant de publier la correspondance inédite entre Dufy et les leurs, nous témoigne sa confiance. Juste hommage au génie de l’artiste, cette exposition est également l’occasion de réaffirmer la place de Perpignan dans cette histoire de l’art qui est la nôtre. Une place essentielle, capitale, et que cette exposition se propose de révéler.

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Dufy

à Perpignan Claire Muchir

FIG 1

Brassaï (1899-1984) Raoul Dufy dans l’atelier de la rue de l’Ange à Perpignan, 1949 Tirage gélatino-argentique Collection particulière

1.

Lettre de Raoul Dufy à Mme X, Céret, 13 juin 1940, marché de l’art. 2.

Ibid. 3.

Ibid. 4.

Le ménage « loge dans une villa dévolue par tradition aux artistes plus ou moins impécunieux. Elle était placée dans un bas-fond, au milieu de potagers tristes et de terrains vagues, toujours humides et marécageux à la moindre averse. Elle comprenait trois ou quatre pièces encombrées de meubles du goût le plus affreux. » (Massé 1991, p. 27).

1940, l’arrivée à Céret Le 10 juin 1940, alors que la France est sur le point de signer l’armistice avec l’Allemagne, l’Italie entre en guerre. Raoul Dufy, installé à Nice, se laisse surprendre par la rapidité de cette annonce et la tournure dramatique qu’elle donne au conflit. Il décide de fuir la Côte d’Azur et tente de rejoindre la capitale. Mais l’encombrement des voies de circulation lui fait craindre le pire. Par peur de perdre des choses « précieuses pour [son] travail 1 », Dufy se résout à se réfugier à Céret pour « attendre la suite des événements 2 ». Là il retrouve le poète Pierre Camo (1877-1974) et Josep Llorens Artigas (1892-1980), son ami céramiste qui, parti de Paris pour rejoindre la Catalogne, se retrouve bloqué à la frontière et se réfugie lui aussi à Céret. Il est hébergé chez M. Roque, rue du Ventoux, « dans une petite maison au milieu d’un jardin de légumes 3 ». Isolé, affaibli par de nombreux rhumatismes, logeant dans une maison au confort rudimentaire 4, Dufy n’en est pas moins sensible à la lumière attrayante du Roussillon. Il apprécie la beauté des paysages du Vallespir, les « promenades ombragées de platanes et ornées des statues de Maillol et de Manolo 5 » qui font le charme de Céret. Il n’en est pas de même pour Émilienne, son épouse, peu encline à supporter un tel dénuement. Elle repart pour Paris en 1940, laissant Raoul Dufy en compagnie de Berthe Reysz, son infirmière devenue sa compagne. L’attachement profond et sincère qui le lie à Berthe n’occulte pas la tendresse et l’attention dont il saura entourer sa femme en ces temps troublés, s’enquérant sans cesse de sa santé et souhaitant la rejoindre à Paris pour la tenir éloignée du danger 6. Bien qu’il « habitue [son] cœur à ce dédoublement 7 », la présence de Berthe lui est de plus en plus indispensable. La solitude et la maladie de Dufy amplifient sa dépendance à son égard. Au-delà des contingences quotidiennes qu’elle assume pour préserver autour de Dufy un calme propice à la création, elle devient indispensable à l’artiste tant son « attachement pour elle est profond et sincère 8 ». À Céret, Dufy reprend le travail. Il peint quelques paysages « à l’orée des cerisaies [et] face

5.

Ibid. 6.

Lettre 13, p. 165. 7.

Lettre 19, p. 167. 8.

Lettre 36, p. 177.

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Les Ateliers de Perpignan Christian Briend

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Brassaï (1899-1984) La console de l’atelier de la rue de l’Ange avec une sculpture d’Aristide Maillol, 1949 Tirage gélatino-argentique Collection particulière

1.

Pierre Georgel et Anne-Marie Lecocq, La Peinture dans la peinture, Paris, Adam Biro, 1987, p. 194-196.

Dès ses débuts, Raoul Dufy entreprend de représenter les lieux de vie et de travail que sont ses ateliers successifs. Le premier, celui de la rue Séguier à Paris, fait ainsi l’objet de plusieurs peintures où se mettent déjà en place les éléments que l’on retrouvera plus de trente ans plus tard dans les Ateliers de Perpignan (CAT 1). Ce faisant, Dufy s’inscrit dans une tradition iconographique, celui de l’« atelier sans maître 1 », c’est-à-dire déserté par ses visiteurs, à commencer par l’artiste lui-même, qui avant lui ne compte qu’assez peu d’exemples dans la peinture française. L’atelier qui s’est prêté le plus volontiers à ce traitement pictural parmi ceux que Dufy a occupés avant la Seconde Guerre mondiale est sans surprise celui de l’impasse de Guelma, où Dufy s’est installé dès 1911 et qu’il gardera jusqu’à la fin. Il en peint plusieurs vues à partir de la fin des années 1920 qui comptent parmi ses chefs-d’œuvre, à commencer par ceux aujourd’hui conservés par la Phillips Collection à Washington ou par le Centre Pompidou (CAT 2). À Perpignan, dans les circonstances particulières d’un séjour d’abord thérapeutique commencé après la « Drôle de guerre », Dufy se livre à une véritable orchestration du thème, qui se poursuivra en mineur à Vence, où il interrompt son long séjour dans la région de Perpignan. Confronté rue Jeanne-d’Arc à un nouvel espace, sans doute un peu ingrat, mais qu’il va pouvoir faire sien (l’appartement familial du docteur Nicolau, où il a résidé quelques mois, n’avait donné lieu à aucune représentation), Dufy multiplie comme jamais ses vues d’ateliers. On en compte une quarantaine de versions dans le catalogue raisonné des peintures établi par Maurice Laffaille 2. Ces œuvres au charme indéniable apparaissent comme une émouvante réponse à la réclusion forcée de l’artiste, alors freiné dans ses déplacements quotidiens par les atteintes d’une douloureuse polyarthrite dont les origines remontent à ses jeunes années 3. Le second atelier perpignanais, celui de la rue de l’Ange, dont les fenêtres ouvrent largement sur la place Arago, donne lieu à un nombre plus limité de représentations (une douzaine répertoriées par Laffaille). Cet atelier se distingue par un aménagement spatial et surtout une luminosité très différente, mais recèle en son cœur un meuble, la fameuse console néo-baroque passée à

2.

Nos renvois au volume 3 de ce catalogue (Laffaille 1976) sont désormais désignés par la lettre L suivie d’un numéro. 3.

Dès 1904, l’administration militaire avait réformé le jeune peintre pour rhumatisme articulaire aigu.

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Œuvres exposées

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V ues d’atelier

Plus que d’autres artistes de sa génération, Raoul Dufy est coutumier de ce thème tout au long de sa carrière, comme le montrent les trois Ateliers de différentes époques convoqués ici. Si les tout premiers ateliers parisiens de Dufy n’ont pas donné lieu à de telles représentations, celui situé sous les toits rue Séguier près de la place Saint-Michel a fait l’objet en 1909 de plusieurs peintures, où se mettent en place des constantes dans le traitement du thème (CAT 1). Outre la mise en exergue des toiles et des chevalets, Dufy confère toujours une place importante aux fenêtres qui assurent la transition entre intérieur et extérieur. Dans une autre version de cette composition, les toiles ici restées vierges sont remplacées par des œuvres en cours. L’une d’elles montre précisément cet atelier aux tonalités de bruns et de verts, introduisant une subtile mise en abyme de l’activité du peintre. En 1911, Dufy loue un plus vaste atelier, impasse de Guelma sous la butte Montmartre, qu’il gardera toute sa vie et dont il fait peindre les murs en bleu clair. Dans les années 1930, Dufy lui consacre plusieurs peintures, dont celle présentée ici (CAT 2). Sur la gauche, au-dessus d’une embléma-

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tique palette, la fenêtre s’ouvre largement sur la rue, tandis qu’à droite les portes ouvertes dans l’autre sens conduisent le regard jusqu’au fond de l’appartement. L’œuvre présente la particularité d’avoir été reprise par l’artiste après la période de Perpignan. En témoigne notamment au fond de la perspective la présence du Violon rouge venu remplacer un autre accrochage encore visible par transparence. Atelier plus éphémère, celui que Dufy investit à Vence en 1945 comporte lui aussi un vaste vitrage donnant cette fois sur la campagne et devant lequel pose souvent un modèle (CAT 3 et 4). Comparés à ceux de la rue Jeanne-d’Arc à Perpignan, ces Ateliers vençois se distinguent par leurs larges aplats de couleur rouge. Dufy aura donc attribué des tonalités différentes à la représentation de chacun de ses ateliers. Reflets de son état d’esprit, bien sûr, celles-ci manifestent surtout un goût de plus en plus prononcé pour l’« unicolorisme ». CB

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L’

atelier de la rue Jeanne-d’Arc

Le premier logement-atelier de Raoul Dufy à Perpignan est situé au 19 de la rue Jeanne-d’Arc, non loin de la promenade des Platanes, où malgré son handicap l’artiste peut parfois se transporter pour en dessiner les allées (CAT 5). Cet atelier fait l’objet d’un grand nombre de peintures qui métamorphosent l’espace restreint et peu éclairé de cet appartement en rez-de-chaussée. Baignées d’une chaude lumière orangée, ces vues sont soit générales, soit rapprochées, cas le plus fréquent, en direction de l’une des fenêtres à travers lesquelles s’aperçoivent des passants, rapidement esquissés. Ces « coins d’atelier » constituent de savantes mises en scène de l’environnement immédiat de l’artiste, peuplé de figures féminines réelles, comme un modèle allongé sur un sofa, ou plus souvent représentées. En effet, dans ces compositions, le plâtre d’une Frileuse anonyme et le moulage d’un torse de Vénus d’après l’antique occupent souvent le premier plan en alternance. Peints d’un pinceau allègre, non sans de nombreux repentirs, ces Ateliers prennent évidemment une signification allégorique. En ajoutant des fruits au premier plan (CAT 9), Dufy n’est d’ailleurs pas sans s’approcher de l’icono-

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graphie traditionnelle des cinq sens. Jetant un regard rétrospectif sur sa propre activité de peintre, Dufy y cite certaines de ses œuvres antérieures, comme La Grande Baigneuse de 1913, représentée ici par une lithographie (CAT 7), mais fait surtout figurer en miniatures ses œuvres en cours. Certaines sont présentées dans cette exposition en regard des Ateliers où un œil exercé peut les reconnaître sur les murs. Parmi eux figure un petit tableau qui associe un Arlequin vénitien jouant du violon au visage poupin de Berthe Reysz, la compagne attentionnée de Dufy. Ce dernier lui consacre un beau portrait dans le même atelier (CAT 20), de même qu’à son marchand parisien, Louis Carré, de passage à Perpignan, et au peintre et directeur du musée de Céret, Pierre Brune (CAT 17 et 18). Sur l’ensemble des vues de la rue Jeanne-d’Arc, la version aujourd’hui à Venise fait exception par son caractère nocturne. Gravée dans le frais de la peinture, la façade du Centro Español sur lequel donne la fenêtre de Dufy y apparaît en négatif. CB

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Nu dans l’atelier de la rue Jeanne-d’Arc, 1942 Huile sur isorel, 33 × 82 cm Signé en bas à droite Collection particulière

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F leurs

À son arrivée à Perpignan en 1940, Raoul Dufy est accueilli et hébergé pendant six mois dans la belle demeure qu’occupe la famille du docteur Pierre Nicolau, rue Edmond-Bartissol. Faute de véritable atelier, l’artiste installe une table de fortune au milieu du salon et se consacre à l’aquarelle. Il peint alors les bouquets qu’Yvonne Nicolau dispose dans la maison (FIG 23), notamment les grandes brassées de roses que lui porte chaque matin son amie, Thérèse Estève, et qui proviennent de la roseraie de sa propriété, le mas Miraflor (CAT 26 et 29). À Vernet-lesBains, où il séjourne durant deux étés chez les Nicolau, Dufy peint les bouquets de fleurs sauvages disposés sur la table basse en rotin du jardin d’hiver. Ces aquarelles sont souvent offertes à Yvonne Nicolau ou bien à sa mère, Marie Lhéritier, avec laquelle Dufy aime converser. Et lorsque la distance l’en empêche, c’est en en-tête d’une lettre que marguerites et lilas viennent lui souhaiter sa fête (CAT 94). Les vases sont souvent modestes : un pichet à double anses accueille tulipes et anémones et un simple verre à pied quelques frêles coquelicots. La plupart du temps, le contenant disparaît sous la luxuriance de ces bouquets campagnards et puissamment odorants.

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Arums, mimosas et lilas jaillissent avec force sur un fond de lavis (CAT 30), alors que retombent en lourdes corolles iris et coquelicots fraîchement coupés (CAT 31). Étonnamment vivaces, elles phagocytent le décor et derrière la joliesse perce le caractère sauvage d’une flore insoumise. C’est au travers d’un somptueux bouquet que nous apparaît la véranda du Casot, la résidence d’été des Nicolau, comme envahie de nature (CAT 71). CM

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atelier de la rue de l’Ange

Très différent de celui de la rue Jeanned’Arc, le second logement-atelier, où Dufy s’installe en 1946, se situe au 2, rue de l’Ange à Perpignan. Pour représenter cet espace caractérisé cette fois par une intense luminosité, Dufy se place soit face aux fenêtres, soit de biais de façon à montrer l’enfilade des deux pièces séparées par une porte de communication. Dans cet atelier, où l’on retrouve la Frileuse anonyme, véritable emblème de ce séjour perpignanais, Dufy use d’une palette plus variée que dans ses Ateliers précédents et son pinceau se fait souvent plus cursif. Sur le chevalet figure désormais un Cargo noir, faisant partie d’une nouvelle série inspirée par le souvenir du port du Havre. À l’occasion, celui-ci peut être remplacé par un nu féminin que contemple avec curiosité le modèle (CAT 36). Comme il l’avait fait à une tout autre époque avec un meuble aux volutes comparables (CAT 38), Dufy s’attache particulièrement dans cet atelier à une console néo-baroque surmontée d’un grand miroir, auquel il consacre plusieurs peintures (Toronto, Art Gallery of Ontario, pour l’une d’elles) et aquarelles (CAT 37). Cette console, qui sert de support à un violon ou à un compotier de fruits, donne lieu à des natures mortes

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caractérisées par une palette réduite aux coloris éclatants (CAT 39). Par les trois hautes fenêtres plongeant sur la place Arago, l’une des plus fréquentées de Perpignan, l’artiste peut aisément observer les festivités populaires et les concerts en plein air, nombreux à s’y dérouler. Depuis cet observatoire élevé, Dufy se plaît à saisir l’animation du carnaval sur de grandes feuilles d’un beau papier. Les silhouettes à la mine graphite sont rehaussées de rapides touches d’aquarelle qui prennent parfois leur indépendance par rapport au dessin, selon un procédé auquel Dufy a recourt depuis les années 1920. CB

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M Élevé dans une famille de musiciens, et mélomane averti, Raoul Dufy trouve à Perpignan un foyer musical fort actif autour du violoncelliste Pablo Casals. La guerre civile espagnole puis la Seconde Guerre mondiale et l’Occupation réunissent autour de lui des musiciens venus chercher refuge en Roussillon : la pianiste Yvonne Lefébure, dessinée aux côtés de Casals lors de concerts improvisés dans l’atelier de la rue Jeanne-d’Arc (CAT 45 et 46), le violoncelliste Nicolas Karjinsky qui pose avec son instrument devant la tapisserie Collioure (FIG 14), ou bien encore la pianiste et claveciniste Wanda Landowska, amie d’Aristide Maillol. Le violoniste Lluís Pichot, qui enseigne le violon au jeune Bernard Nicolau, est également un familier. Le petit violon, utilisé par l’enfant durant les séances de musique puis vite abandonné, deviendra souvent – associé à une partition – l’un des motifs récurrents de nombreuses natures mortes (CAT 47). Dans une lettre à Karjinsky, Dufy avoue avoir « toujours été ému […] à la vue d’un instrument muet qui doit sa vie au virtuose » (Oury 1965, p. 108). Si Dufy se rend souvent au Théâtre municipal où il peint notamment des quintettes à cordes (FIG 21), il

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usiques

se laisse plus aisément séduire par les orchestres de plein air. Depuis les fenêtres de l’atelier qu’il occupe rue de l’Ange, Dufy dessine sur le vif les carnavals, les cobles et les sardanes qui prennent possession de la place les beaux jours venus (CAT 50 à 53). Il est immédiatement séduit par les sonorités nouvelles des instruments de la cobla : la prima, le fiscorn ou la tenora, dont il note hâtivement les noms sur l’un des dessins (CAT 50). CM

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D’ après les maîtres

Pour la génération de Raoul Dufy, la copie d’après les Maîtres faisait encore partie du parcours obligé de la formation académique. Si aucune des copies sans doute réalisées par le jeune Dufy ne nous est parvenue, on connaît son admiration pour nombre de ses prédécesseurs, à commencer par Eugène Delacroix dont La Justice de Trajan avait constitué pour lui une révélation au musée des Beaux-Arts de Rouen. Durant son séjour à Perpignan, Raoul Dufy se livre à plusieurs reprises à cet exercice qui le conduit à réinterpréter quelques Maîtres anciens ou modernes. Cette démarche n’est sans doute pas anodine dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, où les valeurs de la culture européenne se trouvent dramatiquement mises en péril. Sans accès possible aux originaux, Dufy s’inspire de reproductions livresques pour réaliser des copies très libres d’après deux Maîtres de la Renaissance italienne, Sandro Botticelli et Jacopo Robusti, dit Le Tintoret. Du premier, Dufy propose plusieurs relectures très enlevées de la fameuse Naissance de Vénus (vers 1484-1485, Florence, Gallerie degli Uffizi). L’une d’elles figure d’ailleurs sur une vue de l’atelier de la rue Jeanned’Arc, ainsi qu’une composition inspirée d’un autre maître italien (CAT 8).

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Du Tintoret, Dufy s’empare de l’un des chefs-d’œuvre, Suzanne et les vieillards (vers 1555-1556, Vienne, Kunsthistorisches Museum), proposant une interprétation très personnelle et colorée de cette scène biblique (CAT 55). Loin de constituer une copie, le grand nu que Dufy transporte sur une terrasse de Caldes de Montbui (CAT 59) est redevable quant à lui à une fameuse « Vénus se distrayant à la musique » du Titien (vers 1547). L’ayant admirée au musée du Prado à son retour du Maroc en 1926, Dufy considérait cette œuvre comme le « plus beau tableau qui ait été peint » (Oury 1965, p. 55). La réinterprétation la plus aboutie et la plus ambitieuse de cette époque est cependant consacrée à Auguste Renoir et à son Bal du moulin de la Galette (1876, Paris, musée d’Orsay). Dufy en réalise une grande et spectaculaire version (collection particulière), dont une étude est présentée ici (CAT 58). CB

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A Les années 1940 marquent un regain d’intérêt de la part de Raoul Dufy pour les arts décoratifs, domaine dans lequel il s’est déjà largement illustré depuis les années 1910. En 1941, le peintre Jean Lurçat contacte Dufy à Perpignan et l’encourage à participer à ses côtés au renouveau de la tapisserie française. Il souhaite la libérer du mimétisme qui l’asservit encore à la peinture en mettant davantage en avant la spécificité du tissage. Dufy se laisse séduire par l’ambition de Lurçat et réalise alors les cartons de deux tapisseries, Collioure (CAT 60) et Le Bel Été (CAT 63), dont il offre des exemplaires aux Nicolau, en souvenir des moments passés chez eux à Vernet-les-Bains (FIG 13). La première tapisserie qui se présente en hauteur montre un paysage agreste, dont le premier plan est occupé par un panier tandis qu’à l’arrière-plan une figure féminine se retourne vers le spectateur. Le rideau qui apparaît sur la droite se retrouve dans Le Bel Été, composition plus complexe célébrant les travaux des champs. L’œuvre s’organise autour d’un arbre monumental surmonté d’un soleil éclatant. De part et d’autre, Dufy oppose enrochement naturel et architecture, élevage et agriculture, espace maritime et terrestre, dans une compo-

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rts décoratifs

sition en phase avec l’esprit du temps marqué par l’idéologie maréchaliste du retour à la terre et de la France éternelle. En 1943, la rencontre de Dufy avec Jean-Jacques Prolongeau lui redonne le goût de la céramique. Aux côtés du jeune artisan récemment installé à Perpignan, le peintre décore quelques pièces de motifs qui lui sont chers : baigneuses aux formes girondes sagement alanguies sur de modestes carreaux (CAT 64 et 65) ou chevaux marins caracolant sur les flancs de vases (CAT 67). En août 1948, se souvenant sans doute du portrait de son épouse, Émilienne, réalisé en 1924 avec le céramiste Josep Llorens Artigas, Dufy fait celui de sa compagne, Berthe Reysz (CAT 66). Au cours de ces années, l’artiste ne réalise cependant que quelques tapisseries, dont le tissage lui occasionne de nombreux soucis, et il détruit une grande partie de sa production céramique, ne sauvant que quelques vases et carreaux. C’est ainsi que, au soir de sa vie sans doute fatigué et un peu déçu, Dufy déclare à Ludovic Massé « préférer la peinture à tous ces essais de renaissance des arts du feu et du ciel » (Massé 1991, p. 96). CM

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Le Bel Été, 1941 Tapisserie de laine 5 fils, atelier Tabard à Aubusson, 247 × 424 cm Legs de Mme Raoul Dufy, 1963 Le Havre, musée d’Art moderne André-Malraux Inv. 63.1

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E

scapades

Bien que handicapé par une polyarthrite sévère qui l’empêche de se mouvoir à sa guise, Dufy se déplace fréquemment au cours de ces années. Hormis des séjours à Vence pour retrouver son épouse, à Montsaunès dans l’Ariège chez son ami l’écrivain Roland Dorgelès ou ses nombreux voyages à Paris, Dufy goûte aux bienfaits du thermalisme dans les nombreuses stations du pays. À Vernet-les-Bains, village accroché aux flancs du Canigou, où les Nicolau possèdent une maison, ou au Boulou, où la famille Sauvy possède un mas. Après Thuès-les-Bains (1946) et Amélie-les-Bains (1948), il séjourne en 1948 et 1949 à Caldes de Montbui, de l’autre côté de la frontière espagnole. Mais ses déplacements sont également motivés par l’amitié. Dufy se rend à plusieurs reprises à Céret pour y retrouver Pierre Brune, Albert Marquet ou Josep Llorens Artigas, et à Collioure, attiré par l’hospitalité de René Pous ou la faconde de Willy Mucha aux côtés duquel il assiste aux corridas lors des fêtes du 15 août (CAT 76). Dufy laisse à cette occasion dans le Livre d’or de son ami un bel hommage au petit port de pêche (CAT 89). Familier des rivages et des ports, ce Havrais de naissance s’attarde sur les barques catalanes ali-

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gnées le long de la grève dans l’attente du prochain départ en mer. Ébloui par la beauté des paysages, Dufy souligne dans ses aquarelles la luxuriance de la nature. À Céret (CAT 74) et Caldes de Montbui (CAT 75), la végétation verdoyante crée un écran naturel, laissant entrevoir les toits et le clocher du village. La vigne vierge envahit la vieille tour de pierre de Vernet (CAT 70) tandis qu’au Boulou (CAT 69), les branches des arbres masquent la grille du jardin. CM

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Collioure et Le Bel Été Deux tapisseries issues de la collaboration entre Raoul Dufy et Jean Lurçat Bruno Ythier

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Dufy et le tissage dans le contexte de la rénovation de la tapisserie Artiste passionnant par ses multiples pratiques, Raoul Dufy a fait fi de la hiérarchie des arts. Il aborde à plusieurs reprises la tapisserie durant les années 1920 à 1940. Il est difficile de considérer ses œuvres tissées comme un ensemble cohérent, mais plutôt comme des expériences successives au gré de ses rencontres avec les principaux acteurs de la rénovation de la tapisserie au XXe siècle. Depuis le dernier quart du XIXe siècle, critiques et artistes s’interrogent 1 sur le progressif assujettissement de la tapisserie à la manière du peintre au détriment de l’écriture textile visible des pièces anciennes (médiévale et Renaissance). La « peinture tissée 2 » semble opposée à une « vérité de la tapisserie » incarnée par la tenture de La Dame à la Licorne exposée depuis 1883 au musée de Cluny à Paris. Une rénovation apparaît nécessaire, mais personne ne détient alors la clef de sa mise en œuvre. Les expériences d’artistes faisant broder leurs œuvres par des femmes de leur premier cercle 3 tracent des perspectives techniques déterminantes : réduction des couleurs, augmentation de la taille du point, affirmation de la matière textile. L’administration culturelle officielle nomme en 1917 Jean Ajalbert à la tête de la Manufacture nationale de la tapisserie de Beauvais et Antoine-Marius Martin à la direction de l’École nationale d’art décoratif d’Aubusson. Pour eux, cette rénovation est un moteur de leur action. Si Dufy travaille directement avec Ajalbert 4, il n’a pas de lien avec Antoine-Marius Martin. C’est pourtant la méthode de ce dernier, mise au point à partir de 1917 à Aubusson, que Lurçat transmet à Dufy en 1941 pour réaliser les deux tapisseries Le Bel Été (CAT 63) et Collioure (CAT 60).

1.

Purmale 2016 ; Froissart 2017. 2.

Bertrand 2015. 3.

Véron-Denise 2018. 4.

Rémy 2017.

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Quand Ludovic rencontre Raoul Passion Dufy Christophe Massé

À la mémoire de cette amitié.

FIG 15

Izis (1911-1980) Ludovic Massé dans l’atelier de la rue de l’Ange, 1948 Archives Massé

J’aime à penser que certaines aventures fraternelles, au-delà de ce que l’universel souhaite en faire, témoignent, par leurs tendres contours, des cernes des amitiés profondes. Celle qui lia mon grand-père, le romancier roussillonnais Ludovic Massé (1900-1982), au peintre Raoul Dufy en est une formidable illustration, la juste mesure d’un temps paradoxal qui, malgré la conjoncture tragique de la guerre, compte tenu des différences marquées entre les deux hommes, offrira l’empreinte indélébile de la ferveur comme le poids insondable des tristesses. À tout point remarquable, le séjour de Raoul Dufy à Perpignan, sa présence picturale et la douce générosité de l’homme offrirent matière à la verve et à l’épanouissement d’une passion chez un, encore très jeune, auteur et amateur d’art. En mai 1940, à l’époque de cette rencontre, Ludovic Massé était le compagnon préféré d’Albert Marquet (1875-1947) pour jouer de légendaires parties de pétanque : « Je ne sais pas lequel des deux avait choisi l’autre. Marquet aimait gagner et Ludovic tirait fort bien 1 », disait-on. Ils se réunissaient chez Pierre Brune (1887-1956) au Castellas avec le poète Pierre Camo (1877-1974), le sculpteur Gustave Violet (1873-1952) et bien d’autres. Parfois aussi à La Flore, la maison du céramiste Josep Llorens Artigas (1892-1980), et c’est donc naturellement à Céret, au début de la Seconde Guerre mondiale, que ce dernier fit les présentations. Bien que Dufy « venait à La Flore en visiteur discret et charmant, il n’était pas question de l’inviter à une partie de boules, ni à une de ces promenades indisciplinées en groupes à travers la campagne 2 ». Il se tenait toujours « le dernier, un peu à l’écart, comme un invité un peu étonné, sinon ennuyé de se trouver là 3 ». Ludovic Massé exerçait la fonction d’instituteur et bouillait de faire connaissance avec Raoul Dufy, lequel venait de quitter précipitamment Nice pour s’installer dans le bourg du Vallespir et y rejoindre ses ami(e)s. Ce n’est plus le visage du mondain fatigué des salons parisiens mais bien celui d’un homme traqué que découvre Ludovic, un homme épuisé, que la maladie commence

1.

Notes de Massé sur Dufy, 26 novembre 1951, fonds Massé, Archives départementales des Pyrénées-Orientales, côte ADPO 44-J (Massé, ADPO). 2.

Ibid. 3.

Ibid.

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L’atelier de la lanterne

Jean-Jacques Prolongeau et Raoul Dufy Jean-Charles Prolongeau

FIG 18

Page du carnet tenu par Simone Prolongeau comportant les photographies de deux vases et six carreaux de céramique exécutés par Jean-Jacques Prolongeau en collaboration avec Raoul Dufy, 17 × 11,5 cm Collection particulière

1.

« J’ai commencé en France, travaillant en dehors de mes grès-cérame sans décor, avec Raoul Dufy, artiste plein d’entrain, de fantaisie et de talent, Dufy qui sut vraiment porter la décoration à sa vraie place, et bientôt, connut tous les secrets des émaux. » in Pierre Courthion, Artigas, Paris, Société française du Livre, 1979.

Lorsque Dufy arrive à Céret en 1940, fuyant la Côte d’Azur au moment où l’Italie entre en guerre, il retrouve dans ce petit village du Vallespir son ami et collaborateur, le céramiste Josep Llorens Artigas (1892-1980). C’est à ses côtés qu’il a réalisé, quelques années auparavant, son œuvre céramique 1. La connaissance qu’a Artigas des mystères des émaux et de la cuisson ainsi que la sobriété de son travail personnel permettent à Dufy d’exprimer pleinement son univers fantaisiste où se côtoient baigneuses, poissons, chevaux, coquillages, pampres et épis de blé, comme autant d’hommages à la fécondité de la Nature. De 1923 à 1930, puis de 1937 à 1939, les deux artistes vont réaliser ensemble « 109 vases et 60 jardins d’appartement 2 ». Réfugié à Céret, le céramiste s’empresse d’installer un four dans son atelier où nombre d’amis viennent travailler : Marc Saint-Saëns (1903-1979), Albert Marquet (1875-1947), Gustave Violet (1873-1952)… La fille du sculpteur Pablo Gargallo (1881-1934), Pierrette, y fait même cuire un jeu d’échecs que lui « achète le poète Pierre Camo 3 ». Pourtant ce n’est pas avec Artigas, mais avec un jeune et talentueux céramiste, encore inconnu en Roussillon mais appelé à y faire une brillante carrière, mon père, Jean-Jacques Prolongeau (1917-1994), que Dufy va réaliser ses dernières œuvres. Né au Bouscat (Gironde), Prolongeau suit de 1935 à 1937 l’enseignement du peintre et céramiste René Buthaud (1886-1986). En 1940, il s’installe à Perpignan en tant que céramiste. À l’occasion d’un travail exécuté pour l’établissement La Marenda à Banyulssur-Mer, il rencontre Aristide Maillol, lequel est originaire de cette ville. Mon père lui rend alors régulièrement visite dans son mas, venant dessiner à ses côtés. En 1943, Jean-Jacques Prolongeau installe son atelier rue de la Lanterne à Perpignan, et l’équipe d’un des premiers fours électriques de petite capacité. Il commence à créer au sein de son atelier et pour son compte des pièces uniques. Pendant quinze ans (1943-1958), il réalise de grands panneaux de céramique ornant bâtiments publics, écoles, lycées ou fontaines, grâce au soutien

2.

Cogniat 1957. 3.

Landrot 2008, p. 9.

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Lettres

de Raoul Dufy à la famille Nicolau 1940-1953

Édition établie et annotée par Christian Briend et Claire Muchir (Transcription Fabien Carbon)

FIG 21

Photographe anonyme Raoul Dufy en train de peindre un Quintette à cordes, 1946. Photographie dédicacée à Pierre Nicolau qui posséda cette peinture Archives Nicolau

Les lettres que nous publions ici, prélevées sur une correspondance plus large, également conservée par les descendants du docteur Nicolau, éclairent d’un jour nouveau la façon dont Raoul Dufy a vécu l’Occupation ainsi que son état d’esprit durant cette période. Si, comme la plupart des Français, Dufy a vu son quotidien affecté par diverses difficultés matérielles liées aux pénuries dues à la guerre, son tempérament plutôt heureux, la compagnie affectueuse de la dévouée Berthe Reysz et la chaleur de ses amitiés perpignanaises lui ont permis de traverser la période sans encombre. Malgré ses problèmes de santé, dont ces lettres se font souvent l’écho – son principal correspondant est aussi son médecin –, Dufy se déplace beaucoup dans la région de Perpignan, à Montsaunès (Haute-Garonne), chez les Dorgelès, au domaine de Rozès, à Saint-Lizier (Ardèche), mais aussi à Paris, où il retrouve périodiquement son atelier de l’impasse de Guelma et où il fait même l’expérience traumatisante des alertes aériennes. C’est à ces déplacements fréquents que nous devons ces lettres, qui montrent sa proximité affective avec les Nicolau, devenus pour Dufy une famille de substitution. Au-delà de la période de Perpignan, la correspondance avec le docteur Nicolau et son épouse se poursuit depuis les États-Unis, où Dufy suit un traitement expérimental à la cortisone (alors non encore commercialisé), et jusqu’aux tout derniers mois de l’artiste, à peine installé à Forcalquier. Par lettres interposées, les Nicolau seront ainsi les témoins de la consécration internationale de Dufy à la Biennale de Venise de 1952. À vrai dire, ces lettres à la famille Nicolau, complémentaires de la correspondance avec l’écrivain Ludovic Massé publiée en 1991 (qui ne commence qu’en 1946), en disent davantage sur l’homme, qui malgré son optimisme n’échappe pas toujours à la dépression, que sur son œuvre à propos de laquelle Dufy se fait finalement peu disert. CB

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FIG 22

Photographe anonyme Raoul Dufy peignant devant le portail du Casot Ă Vernet-les-Bains en compagnie de Bernard Nicolau, 1941 Archives Nicolau

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Repères biographiques Christian Briend, avec la collaboration de Claire Muchir

1877

1899

3 juin, naissance au Havre de Raoul Ernest Joseph Dufy, deuxième fils de Marie-Eugénie Ida Lemonnier (1850-1931) et de Léon Marius Dufy (1845-1925), comptable chez Rispal, entreprise de métallurgie du Havre. Son père est également musicien, maître de chapelle de la paroisse Saint-Joseph et fondateur de la société chorale « La Lyre havraise ». La famille comptera dix enfants, dont le peintre Jean Dufy (1888-1964).

Commence son service militaire à Rouen, mais son frère Gaston (1879-1959), devançant l’appel, le libère de ses obligations militaires. Octobre, deux ans après Friesz, bénéficiaire de la même faveur depuis 1898, obtient une bourse de la ville du Havre pour suivre à Paris les cours de l’École nationale des beaux-arts. 24 novembre, admis, comme avant lui Friesz, dans l’atelier de Léon Bonnat (1833-1922) à l’École nationale des beauxarts. Domicilié 9, rue Campagne-Première. À la visite du musée du Louvre, préfère celle des galeries qui présentent les impressionnistes.

1891 Après avoir obtenu le baccalauréat à l’institution SaintJoseph et pour subvenir aux besoins de sa famille, entre dans une maison d’importation de cafés brésiliens dirigés par les Suisses Luthy & Hauser. Préposé pendant cinq ans au contrôle des denrées en paquebots étrangers.

1900 Habite avec Friesz à Montmartre, 12, rue Cortot (partant au service militaire, Friesz lui laisse le logement l’année suivante).

1893

1901

Inscrit à l’École municipale des beaux-arts du Havre, suit les cours du soir du peintre Charles Lhuillier (1824-1898).

Fait la connaissance d’Albert Marquet (1875-1947). Mai, expose pour la première fois une peinture au Salon des Artistes français (Fin de journée au Havre, Le Havre, musée d’Art moderne André-Malraux). Peint et dessine à Falaise (Calvados).

1894 Se lie d’amitié avec Othon Friesz (1879-1949), né lui aussi au Havre et de deux ans son cadet.

1895 Au musée des Beaux-Arts de Rouen, La Justice de Trajan d’Eugène Delacroix est pour lui une révélation.

1898 8 octobre, soutenu par son professeur, sollicite l’inscription à l’École nationale des beaux-arts à Paris.

1902 Novembre, vend un pastel à Berthe Weill (1865-1951), brocanteuse et galeriste établie 25, rue Victor-Massé à Montmartre depuis 1901. 2 août-5 octobre, participe à l’exposition de la Société des Arts du Havre avec une peinture (Effet du soir – Quai Videcoq au Havre) et un dessin (Vue de la Seine à Paris – Le Pont des arts).

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Bibliographie

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Pierre Courthion, Raoul Dufy, Genève, Pierre Cailler, 1951. Exemplaire dédicacé par Raoul Dufy à Willy Mucha Perpignan, musée d’Art HyacintheRigaud

BERR DE TURIQUE 1930 Marcelle Berr de Turique, Raoul Dufy, Floury, Paris, 1930. MARTIN 1934 Antoine-Marius Martin, « Le carton moderne de haute et de basse lisse », La Construction moderne, avril 1934. LAPRADE 1942 Jacques de Laprade, Raoul Dufy, Paris, Braun & Cie, 1942. PUIG 1943 René Puig, « Raoul Dufy », Artistes en Roussillon, Paris, 1943.

DORGELÈS 1947 Roland Dorgelès, « Visage inconnu de Raoul Dufy, magicien français », Érasme, 1947, p. 9-13. COCTEAU 1949 Jean Cocteau, Dufy, Paris, Flammarion, 1949. GAUTHIER 1949 Maximilien Gauthier, Raoul Dufy, Paris, Les Gémeaux, 1949. ROGER-MARX 1950 Claude Roger-Marx, Raoul Dufy, Paris, Hazan, 1950.

CARRÉ 1944 Louis Carré, Dessins et croquis extraits des cartons et carnets de Raoul Dufy, Paris, Louis Carré, 1944.

COGNIAT 1950 Raymond Cogniat, Raoul Dufy, Paris, Braun & Cie, 1950.

TELIN 1945 Robert Telin, L’Art de Raoul Dufy, Paris, La Belle Image, 1945.

COURTHION 1951 Pierre Courthion, Raoul Dufy, Genève, Pierre Cailler, 1951.

CASSOU 1946 Jean Cassou, Raoul Dufy, poète et artisan, Genève, Skira, 1946.

GIEURE 1952 Maurice Gieure, Dufy, dessins, Paris, Éditions des Deux Mondes, 1952.

CAMO 1947 Pierre Camo, Raoul Dufy. L’enchanteur, Lausanne, Marguerat, 1947.

BESSON 1953 Georges Besson, Dufy, Paris, Braun & Cie, 1953.

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1940-1950

La période de Perpignan, où Raoul Dufy trouve refuge durant la Seconde Guerre mondiale, constitue une décennie encore trop méconnue dans la carrière de l’artiste. Pour la première fois, l’exposition organisée par le musée d’Art Hyacinthe-Rigaud restitue toute son ampleur à cette production roussillonnaise, toujours marquée par le bonheur de peindre. Réunissant un ensemble significatif des séduisantes peintures consacrées par Dufy à ses deux ateliers successifs, elle rend aussi justice aux nombreux paysages que lui inspirent ses séjours dans les environs. Dans la production très diverse de Dufy à Perpignan, l’exposition choisit de mettre également l’accent sur sa réinterprétation émue des Maîtres anciens, sur ses représentations de la musique à laquelle son art emprunte bien des traits, ainsi que sur le thème floral qui donne lieu à de superbes aquarelles. L’activité spécifique de Dufy dans le domaine des arts décoratifs est enfin mise en lumière par des contributions inédites sur sa production de tapisseries et de céramiques, également conçues à Perpignan.

Raoul Dufy, les ateliers de Perpignan 1940-1950

Raoul Dufy, les ateliers de Perpignan

Dufy

Raoul

Les ateliers de Perpignan

978-2-7572-1396-4

25 €

En couverture CAT 9 (détail)

L’Atelier aux raisins, 1942 Huile sur toile, 81,2 × 100,3 cm

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