© Somogy éditions d’art, Paris, 2016 © Musée des Beaux-Arts de Nancy, 2016
Ouvrage réalisé sous la direction de Somogy éditions d’art Directeur éditorial : Nicolas Neumann Responsable éditoriale : Stéphanie Méséguer Coordination et suivi éditorial : Clarisse Robert Conception graphique : Sophie Charbonnel Contribution éditoriale : Françoise Cordaro Fabrication : Béatrice Bourgerie et Mélanie Le Gros
978-2-7572-1096-3
Dépôt légal : octobre 2016 Imprimé en Union européenne
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ÉMILE 1863 1932
FRIANT le dernier naturaliste ? Sous la direction de Charles Villeneuve de Janti
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La Petite Barque, 1895, huile sur bois, 49,5 × 61 cm, Nancy, musée des Beaux-Arts, inv. 1462.
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Préface
a ville de Nancy est une pépinière d’artistes. C’est là
L
des œuvres du musée vers Troyes. Du vivant de l’artiste, le
que la famille d’Émile Friant trouve refuge en 1870,
musée des Beaux-Arts a reçu régulièrement des dons, ainsi
après l’invasion prussienne. Le choix de cet asile fut la
que son précieux fonds d’atelier, légué en 1932.
chance de Friant, car la ville accueille d’autres optants,
Pour poursuivre le cercle vertueux de ces échanges entre
parmi lesquels un artiste de talent, Théodore Devilly. C’est
une ville amie des arts et l’un des plus brillants naturalistes
lui qui forme Friant au dessin puis à la peinture aux côtés
français, la tenue de cette grande exposition rétrospective,
de Victor Prouvé, Camille Martin, Mathias Schiff et Ernest
l’année du 250e anniversaire du rattachement de la Lorraine
Bussière. À l’époque, l’hôtel de ville abrite le musée des
à la France, vient aujourd’hui célébrer les liens entre Friant
Beaux-Arts ainsi que l’École de dessin et de peinture. Devilly
et Nancy, soulignés par le double parrainage de l’Académie
dirige cet ensemble et veille sur ses jeunes élèves en sti-
des beaux-arts et de l’Académie de Stanislas. Cet attache-
mulant leur curiosité et en prêtant attention à leurs aspi-
ment à sa province est d’ailleurs salué en 1924 par son ami
rations. Nancy est la première ville à exposer Friant, lors du
Victor Prouvé devant l’Académie de Stanislas : « Friant est
Salon de la Société des amis des arts, en 1878. L’année sui-
bien lorrain, un Lorrain très pur, qui conçoit, se fixe, précise,
vante, Devilly adresse une lettre à Auguste Bernard, alors
persévère et sans dévier tient ferme ; telles sont les raisons
maire de Nancy, pour lui demander d’accorder une bourse
de son prestige. C’est ce qu’on aime et qu’on respecte en
d’étude pour son jeune protégé dont la famille est modeste.
lui. » Quant aux nombreux artistes vivants1, tous liés à notre
La Ville octroie alors à ce jeune homme d’à peine seize ans
ville, invités par le musée à participer à cet accrochage, ils
une aide annuelle de 1 200 francs (soit le revenu annuel de
nous montrent que Friant et Nancy sont des sources inépui-
son père), afin qu’il puisse se rendre à Paris, pour préparer
sables d’inspiration artistique. Nous voulons donc remercier
le grand prix de Rome dans l’atelier d’Alexandre Cabanel.
ici, tous ceux qui ont œuvré à cet événement, des équipes
Dans la capitale, Émile Friant gravit tous les échelons :
du musée dirigé par Charles Villeneuve de Janti, jusqu’aux
second prix de Rome de peinture en 1883, médaille d’or au
prêteurs et partenaires. Cette belle exposition nous offre
Salon de 1889, membre de l’Académie des beaux-arts en
l’opportunité de redécouvrir un artiste nancéien de grand
1923, puis commandeur de la Légion d’honneur en 1931.
talent et nous lui souhaitons un vif succès.
Il est cependant touchant de constater que ce cursus honorum n’a pas éloigné Friant de Nancy. Il y retourne souvent.
Lucienne REDERCHER
Laurent HÉNART
Les bords de la Meurthe sont pour lui des toiles de fond.
Adjointe au maire
Maire de Nancy,
Déléguée à la Culture,
ancien ministre
Les Nancéiens sont ses modèles de prédilection. Le cimetière de Préville, qui sert de cadre à sa célèbre Toussaint,
à l’Intégration et aux Droits de l’homme
est sa dernière demeure. En 1914, il décide de rester à Nancy et met à disposition des autorités toutes ses compétences, notamment en aéronautique et en techniques de
1. Philippe Claudel, Gilbert Coqalane, Michel Didym, Jochen Gerner,
camouflage. C’est lui qui procède à la première évacuation
Sylvain Lang, François Malingrëy et Edwart Vignot.
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Remerciements Catalogue publié à l’occasion de l’exposition « Émile Friant,
Jean-Pierre Puton, directeur du Centre Image Lorraine pour
le dernier naturaliste ? », présentée au musée des Beaux-
le soutien apporté à ce projet ;
Arts de Nancy du 4 novembre 2016 au 27 février 2017, sous
Mô Frumholz et Arnaud Bérodier pour leur implication dans
le parrainage de l’Académie des beaux-arts (Institut de
cette rétrospective.
France) et de l’Académie de Stanislas. L’exposition a été organisée grâce au généreux concours de plusieurs collections publiques et de collectionneurs privés qui ont préféré conserver l’anonymat. Par leurs prêts, ces institutions ont permis la réalisation de cette manifestation. Qu’ils soient remerciés, en particulier :
COMMISSARIAT
Clermont-Ferrand, musée d’Art Roger Quilliot, Nathalie
Michèle Leinen, documentaliste, musée des Beaux-Arts de
Roux, directrice, Amandine Royer, conservatrice chargée
Nancy
des collections
Valérie Thomas, conservatrice en chef, directrice du musée
Jarville, musée de l’Histoire du fer, Odile Lassère, directrice
de l’École de Nancy
Metz, musée de La Cour d’Or, Philippe Brunella, directeur
Charles Villeneuve de Janti, conservateur en chef, directeur
Montpellier, musée Fabre, Michel Hilaire, directeur
du musée des Beaux-Arts de Nancy
Nancy, bibliothèques de Nancy, Juliette Lenoir, directrice Nancy, Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain, Richard
Que toutes les personnes ayant permis la réalisation
Dagorne, directeur
de l’exposition « Émile Friant, le dernier naturaliste ? »,
Nancy, Société d’histoire de la Lorraine et du Musée lorrain,
reçoivent
Dominique Flon, président
l’expression
de
notre
gratitude
pour
leur
précieuse collaboration. Cette manifestation n’aurait pu
Nancy, musée de l’École de Nancy, Valérie Thomas, directrice
être organisée sans l’appui et le soutien de :
Nancy, École nationale supérieure d’art et de design de Nancy, Christian Debize, directeur
Arnaud d’Hauterives, Secrétaire perpétuel de l’Académie
Newburyport (USA), Clarke Gallery, Peter Clarke, directeur
des beaux-arts (Institut de France), Érik Desmazières,
Paris, Comédie-Française, Éric Ruf, administrateur général,
président de l’Académie des beaux-arts (Institut de France),
Agathe Sanjuan, conservatrice-archiviste
Jean-Claude Bonnefond, Secrétaire perpétuel de l’Académie
Paris,
de Stanislas, général Alain Petiot, président de l’Académie
Jean-Marc
de Stanislas, qui, par leurs parrainages, commémorent
responsable des collections
l’attachement de Friant à ces institutions ;
Paris, musée d’Orsay, Guy Cogeval, président, Xavier Rey,
Henri Claude dont la monographie sur Émile Friant fait
directeur des collections
autorité ;
Paris, musée du Petit Palais, Christophe Leribault, directeur
Fernand Lormant, maire de Dieuze, Bernard François, son
Reims, musée des Beaux-Arts, Catherine Delot, directrice
adjoint, Frédéric Jung, directeur général des services, ainsi
Strasbourg, musée d’Art moderne et contemporain, Joëlle
que Christiane Loviton, pour nous avoir permis d’accéder
Pijaudier-Cabot, directrice des musées de Strasbourg
au fonds de l’artiste conservé par la Ville ;
Toul, musée d’Art et d’Histoire, Hélène Schneider, directrice
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École
nationale
Bustamante,
supérieure directeur,
des
beaux-arts,
Anne-Marie
Garcia,
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Pour leur contribution à la publication de cet ouvrage, nous
François-Paul Cavallier, Daniel Peter, Sophie Petitjean,
remercions tout particulièrement les auteurs des différents
Fabio Purino, Karine Ramana, Céline Ramio, Emily Rice,
essais et notices :
Francine
Isabelle Collet, conservatrice en chef, Petit Palais, musée
Catherine de Saulieu, Hélène Say, Jérôme Simer, Mathilde
des Beaux-Arts de la Ville de Paris ; Richard Dagorne,
Sorel, Peter Spronk, Éva Strauss-Paillard, Claire Tiné, Guy
directeur du Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain ;
Tossato, Laurent Thurnherr, Aurélien Vacheret, Hermine
Sophie Harent, directrice du musée Bonnat-Helleu – musée
Videau-Sorbier, Anne Varick Lauder, Pr. Paul Vert, Jean-
des Beaux-Arts de Bayonne, Marine Kisiel, conservatrice
Claude Vigato, Edwart Vignot, Christophe Vosgien.
du
patrimoine,
musée
d’Orsay ;
Muriel
Rodriguez,
André
et
Françoise
Rossinot,
Mantopoulos,
responsable centre de documentation, musée des BeauxArts de Nancy ; Bénédicte Pasques, responsable centre de
Nous souhaitons aussi associer à ces remerciements, pour
documentation, Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain ;
l’aide apportée dans l’organisation de cette manifestation,
Léa Saint-Raymond, doctorante en histoire de l’art ; Hélène
l’ensemble du personnel du musée des Beaux-Arts de
Schneider, directrice du musée d’Art et d’Histoire de Toul.
Nancy : Direction : Charles Villeneuve de Janti Direction administrative et financière : Jean-Paul Darada,
Pour la qualité de leur conseil et l’aide apportée à la
Sylvie Challal, Anne Thinès
préparation de cette exposition et à la réalisation de ce
Régie des œuvres : Patricia Pedracini, Florence Portallegri
catalogue, nous tenons également à remercier :
Bibliothèque-documentation : Muriel Mantopoulos, Michèle
Patrick Absalon, Lauriane Adam, Sophie Barthélémy, Katrin
Leinen
Bellinger, Bertrand Bergbauer, Pierre Bertrand, Vénétia
Service des publics : Véronique Branchut-Gendron, Katell
Bougato, Francine Bouré, Michel Bourguet, Tobi Bruce,
Coignard, Béatrice de Champris, Ghislaine Chognot ainsi
Michel Bur, Hélène da Camara, Hubert Cavaniol, Benoît
que l’équipe des médiateurs du musée
Choné, Philippe Claudel, Caroline de Clerck, Albert et
Communication : Michèle Thisse
Shelley Cohen, Gilbert Coqalane, Pierre Didierjean, Michel
Service technique : Nicolas Moreau, Jack Thirion, Daniel
Didym, Michel Dormois, Guillaume Doyen, Bernard Dugas de
Hallier et Nabil Ben Ameur
La Boissony, Florence Fourcroy, Thierry France-Lanord,
Accueil : Dieudonné Avocahn et l’équipe d’agents d’accueil
Jean-Paul Gangloff, Dominique Gatignon, Jochen Gerner,
et de surveillance
Jean-Louis Goubin, Patrick Grandpierre, Emmanuel Hecre,
Ainsi que les agents du Centre technique et l’équipe de
Cindy Hopfner, Gérard Houis, Henri-François Husson, Jean-
ménage des services intérieurs.
Louis Janin-Daviet, Franck Knoery, Sylvain Lang, Nancy Leeman, Laurence Lhinares, Gérard et Nicole Lignac, Malingreÿ, Astrid Mallick, Christophe Manque, Vanessa
RESTAURATION DES ŒUVRES
Micaux, Marcelle Moret, Sophie Mouton, Johann Naldi,
Isabelle Drieu La Rochelle, Noëlle Jeannette, Armelle Poyac
Marie-Claire Nathan, Véronique Noël, Éric Nunès, Francis
et Maud Zannoni.
Hubert Linot, Christine et François Liotard, François
Oakley, François Orivel, Abel Oshio, Blandine Otter, Michel Paillard,
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Minka
Paillard-Alasluquetas,
Nicolas
Pannier,
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Anonyme, Portrait d’Émile Friant se regardant dans un miroir, vers 1890-1900, plaque photographique, musée de l’École de Nancy, fonds Corbin.
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Sommaire 11
ÉMILE FRIANT le dernier naturaliste ?
12
Friant à l’épreuve de la modernité Ch ar l e s Vi l l e n e u ve d e Jan t i
16
Les années de formation Michèle Leinen
21
« C’est la vie même à fleur de papier » S o p h i e H ar e n t
25
Émile Friant, graveur M ar i n e K i s i e l
29
La photographie chez Émile Friant Val é r i e Th o mas
34
Émile Friant et le marché de l’art Léa S ai n t- Ray mo n d
39
CATALOGUE DES ŒUVRES
181
BIOGRAPHIE 1863-1932
200
Bibliographie
204
Crédits photographiques
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Émile Friant
le dernier naturaliste ?
L’Idylle, 1888, huile sur bois, 24 × 30,5 cm, collection particulière.
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Friant à l’épreuve de la modernité
La tentation de saint Émile C H ARL ES V I L L ENEU V E D E JA N T I
É
mile Friant voit le jour en 1863, juste un mois avant le
m’interdire toute copie peinte 2… » Conscient du talent de
premier Salon des Refusés où Édouard Manet s’ap-
son protégé, Devilly l’encourage à préparer le grand prix de
prête à exposer son Déjeuner sur l’herbe. Nous sommes
Rome de peinture, davantage comme un rite initiatique que
l’année de la mort d’Eugène Delacroix, celle où Charles
pour l’inciter à verser dans l’académisme. Et dans un premier
Baudelaire lance un appel au renouvellement de la peinture,
temps, Friant semble en souffrir : « Me voilà entre les murs
à travers ses essais publiés dans le Figaro, et réunis dans
solennels de la serre chaude où l’on fait pousser les Prix de
le recueil Peintre de la vie moderne. Cette même année,
Rome » 3, écrit-il en entrant à l’École des beaux-arts de Paris.
même l’École des beaux-arts est en crise et réformée par
« Quand Cabanel vient chaque semaine corriger ses élèves,
l’Empereur Napoléon III et son Intendant des Beaux-Arts, le
il me fait l’effet d’un jardinier qui arrose ses choux laissant
comte Émilien de Nieuwerkerke, sur les conseils de Prosper
faire le reste à la pluie et au beau temps. Et dire qu’il sort
Mérimée et d’Eugène Viollet-le-Duc, pour s’adapter à la
des Prix de Rome de là-dedans 4 ! » Paradoxalement, il
modernité : « Le complot éclata comme une bombe, et Dieu
refuse à l’époque d’être assimilé aux pompiers, exprimant ici
sait avec quel tapage ! Jamais le monde des arts n’avait
la contradiction résultant de la différence d’enseignement
été soulevé si violemment ; à l’école, ce furent de vraies
entre Devilly et Cabanel.
émeutes de cris et de protestations 1. » Devons-nous y voir
Friant reste cependant toujours fidèle à lui-même et à son
un signe quant à la destinée d’Émile Friant ?
talent, que ces années d’apprentissage font éclore. Cela
C’est en tout cas dans ce contexte de remise en question, où
lui vaut d’ailleurs l’ironie grinçante de Maurice Barrès :
la peinture se réinvente en permanence, que Friant débute
« Voyez Friant ! Son genre excellent se perfectionne, prend
sa formation auprès de son premier maître, Théodore Devilly. L’élève relate d’ailleurs avec reconnaissance le caractère très libre et presque moderne de son enseignement : « Tandis qu’il entretenait certains dans la religion du passé, des belles et nobles traditions, il écartait de moi, qu’il voyait orienté vers la vérité, tout ce qui pouvait me détourner du simple amour de la nature, poussant le scrupule jusqu’à
1. Chennevières, Philippe marquis de, Souvenirs d’un directeur des BeauxArts, Paris, L’Artiste, 1883-1889, p. 96. 2. Friant Émile, lettre, in L’Austrasie, octobre 1905, p. 163. 3. Lettre de Friant à Auguste Blain, sans date, collection particulière, copie au musée des Beaux-Arts de Nancy. 4. Lettre de Friant à Camille Martin, sans date, documentation patrimoniale, Nancy, Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain.
12
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Les années de formation M IC HÈL E L EI NEN
mile Friant est né à Dieuze, dans le département de
É
peintre et se rend chez Théodore Devilly (1818-1886), direc-
la Meurthe, le 16 avril 1863. Son père, Virgile Friant,
teur de l’École municipale de dessin et de peinture, afin d’y
est chef d’atelier aux salines de la ville 1. Sa mère, Catherine
suivre son enseignement. Sur les conseils de ce dernier,
Torlotin, est employée de maison, notamment chez les
Friant accepte de suivre des cours au lycée parallèlement à
Parisot (Joseph Parisot est pharmacien et maire de la ville).
sa formation artistique. En 1874, le voici donc élève à l’École
Cette famille sans enfant va s’attacher au jeune Émile qui
de dessin et de peinture de Nancy 3.
considérera toujours Madame Parisot comme sa seconde mère. Très tôt, l’enfant s’adonne au dessin. En 1870, après
Théodore Devilly, originaire de Metz où il était le directeur
la défaite de la France face à la Prusse, la ville de Dieuze est
de l’École des beaux-arts, est également arrivé à Nancy
annexée. Le père de Friant opte pour la nationalité française
après l’annexion. Il a été l’élève puis le collaborateur de
en septembre 1872 et la famille vient s’installer à Nancy, rue
Charles-Laurent Maréchal (1801-1881) à Metz, puis celui de
Saint-Thiébaut. Madame Parisot s’y installe aussi, sans son
Paul Delaroche (1797-1856) à l’École des beaux-arts de Paris.
mari, mort en mai 1872. Virgile Friant trouve un emploi comme
Paysagiste, peintre de scènes militaires ou religieuses,
contremaître dans une fabrique de lits en fer, rue Raugraff .
il est aussi un excellent aquarelliste. Grand admirateur
2
d’Eugène Delacroix (1798-1863), Devilly incite ses élèves Émile Friant a neuf ans. Il est scolarisé à l’école Loritz,
au travail d’après nature. Dans un discours prononcé par
établissement formant des ouvriers et de futurs contre-
Friant lors de la remise des récompenses aux élèves de
maîtres, mais il passe plus de temps à flâner sur les bords
l’École des beaux-arts et du Conservatoire Nancy, l’artiste
de la Meurthe qu’à rester assis sur les bancs de l’école. Sa passion pour le dessin ne le quitte pas et il suit assidûment les cours de Jules Larcher (1849-1920), peintre, futur conservateur du musée de la ville et directeur de l’École de dessin et de peinture de Nancy , et ceux d’Ernest Charbonnier (1846-1932). Son père souhaite qu’il devienne pharmacien et l’inscrit au lycée, mais Friant veut devenir
1. Meixmoron de Dombasle Charles de, « Émile Friant », extrait des Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1895, Nancy, imprimerie BergerLevranet et Cie, 1896, p. 303. 2. Lettre de Théodore Devilly au maire de Nancy, 6 juin 1879, Nancy, archives municipales, cote 2 R 38. 3. Registre d’évaluation des élèves. Cours du jour. Année scolaire 1874-1875, Nancy, archives départementales de Meurthe-et-Moselle, cote 14 ETP 162.
16
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« C’est la vie même 1 à fleur de papier » S O P H IE HA R ENT
É
mile Friant est un tout jeune garçon plein de
les paysages, au milieu desquels s’entremêlent avec fan-
promesses et de certitudes lorsqu’il frappe un jour de
taisie les lignes de grec et de latin, les algorithmes et les
1874 à la porte du peintre Théodore Devilly (1818-1886). Non,
définitions.
il ne sera pas artisan, ni pharmacien, comme l’imaginent pour lui ses parents ; il sera peintre, affirme-t-il.
Devilly, qui a fui l’annexion, s’est réfugié à Nancy où il a peu à
Le dessin occupe déjà le plus clair de son temps depuis qu’il
peu transformé l’école de dessin de la ville en une école des
est élève (peu assidu !) à l’école Loritz, un internat privé laïque
beaux-arts régionale, formant de futurs artistes, mais surtout
de Nancy que Friant délaisse souvent, préférant les cours
des ouvriers et des artisans d’art. Admirateur de Rubens et
dispensés dans cette « École de l’Est » par deux anciens
Delacroix, cet ancien élève de Maréchal de Metz 2, « remar-
élèves de Charles-Auguste Sellier (1830-1882), les peintres
quable éducateur » 3, encourage et conseille avec bienveil-
Jules Larcher (1849-1920) et Ernest Charbonnier (1846-1932).
lance, adaptant son enseignement au devenir des étudiants.
Le second est d’un honnête talent, le premier sera bientôt
Friant présente manifestement toutes les qualités requises
le directeur du musée des Beaux-Arts de Nancy (1886-1920).
pour envisager une prometteuse carrière artistique.
Sous l’influence de Devilly, le jeune homme est finalement autorisé à quitter le lycée pour donner libre cours à ses
À l’École des beaux-arts de Nancy, le cursus traditionnel
aspirations. Il rejoint ainsi l’École des beaux-arts, mais son
permet de passer rapidement du dessin à la peinture, après
nouveau maître est formel : Friant ne devra pas oublier
de longs exercices de copie d’après des moulages de sculp-
ses humanités ; il encourage ses parents à lui faire donner
tures antiques et modernes, que Devilly est parvenu à faire
des leçons particulières auprès du professeur Thouvenin.
acheter par la municipalité. Nombre de dessins des années
Dès qu’il le peut cependant, Friant, un carnet à la main,
1877-1879 montrent les facilités du jeune Friant dans ces
griffonne sans relâche, use de la plume et de l’aquarelle pour saisir ce qui l’entoure (ill. 1). Plusieurs de ces carnets, conservés au musée des Beaux-Arts de Nancy, témoignent de cette inlassable curiosité pour les gestes et les occupations du quotidien, la vie de la campagne, les animaux et
1. Henri Royer, discours prononcé à la mort de Friant en 1932. 2. Charles-Laurent Maréchal, dit Maréchal de Metz (1801-1887). 3. Alexandre Arsène, Émile Friant et son œuvre, Dornach, imprimerie Braun, 1930, p. 7.
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Émile Friant, graveur M AR IN E K I S I EL
«F
riant… un excellent peintre dont la mort pour les arts
de l’Institut, à ses débuts, s’accepte alors parmi les peintres
remonte à 1890 . » La formule de Maurice Boissais,
pompiers, comme en témoigne un dessin humoristique
ni douce ni juste, assène un coup trop fort à l’œuvre d’Émile
(ill. 1, p. 13) où il se met en scène en tenue d’académicien,
Friant pour qu’il soit envisageable de lui donner crédit. Trop
repoussant en vieil ermite les démons contemporains du
sévère dans son jugement, elle pointe cependant une réa-
cubisme et du fauvisme. Alors que le peintre demeure indif-
lité dont le peintre était lui-même conscient : après la formi-
férent aux mouvements d’avant-garde, le graveur se révèle
dable suite de succès qui le voit, du second prix de Rome
peu à peu au tournant du siècle.
de 1883 à la médaille d’or de l’Exposition universelle de 1900,
Si l’on ne saurait lier le « déclin » du peintre et l’émergence du
franchir avec célérité les étapes du cursus honorum acadé-
graveur, on constate, en effet, que la gravure prend, après
siècle, dérouté
le passage du siècle, une place importante dans la carrière
par la marche des arts. Lui qui regimbait contre ses aînés
de Friant (ill. 1). À l’exception d’une demi-douzaine d’es-
1
mique, Friant se retrouve, au début du
e
XX
tampes 2 attestant de son initiation aux techniques de la gravure vers 1883, probablement reçue de ses compatriotes lorrains Victor Prouvé (1858-1943), Georges Jeanniot (18481934) et Eugène Decisy (1866-1936), graveurs de passion ou de métier, l’essentiel de l’œuvre gravé de l’artiste est réalisé entre 1904 et 1932 — ce qui représente environ soixante estampes 3. Très indépendante de ses tableaux, n’étaient quelques compositions que Friant reproduit et diffuse par la gravure (cat. 59-b et 93), la pratique de
1. Cité par H. Claude, in CLAUDE 2005, p. 170. 2. Nous n’évoquerons pas ici les lithographies de Friant. La part des sujets Ill. 1. Henri Manuel, Émile Friant en train de graver, photographie,
traités en taille-douce par rapport aux lithographies, de l’ordre de neuf-
collection Ville de Dieuze, cote P 20.
dixièmes, justifie ce choix.
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La photographie chez Émile Friant VALÉ R I E T HO M A S
L
a découverte de fonds photographiques liés au
reproductions d’œuvres d’art issues des grands musées et
peintre a amené à s’interroger sur la relation d’Émile
à Nancy, Henri Dufey auquel Émile Gallé faisait également
Friant avec ce médium . Que Friant se soit intéressé à la
appel 4. Les œuvres de Friant ont souvent été publiées
photographie n’apparaît pas surprenant au regard d’autres
mais également diffusées auprès de futurs commanditaires
1
artistes nancéiens de son époque, certains parmi ses amis,
ou clients. Ses toiles mais également son œuvre gravé et
ayant également utilisé cette technique et constitué des
dessiné sont régulièrement reproduites dans les revues
fonds photographiques 2. Composés de tirages papier et
artistiques locales, en particulier dans la Lorraine Artiste 5.
plaques photographiques, ces derniers sont d’une grande
En 1897, c’est grâce au cliché d’une esquisse de la pein-
variété mais l’on y retrouve souvent les mêmes sujets :
ture intitulée Consolation 6 qu’il a envoyé à son marchand
des clichés de famille, de paysages mais également des
américain, Roland Knoedler, que celui-ci convainc Henry
reproductions d’œuvres ainsi qu’une série de photogra-
Clay Frick d’acquérir cette toile avant qu’elle ne soit défini-
phies documentaires. C’est en effet la principale caracté-
tivement réalisée. Dans sa correspondance avec Coquelin
ristique de ces ensembles : le mélange d’images de famille,
cadet, Friant mentionne plusieurs fois, des photographies
liées plutôt à la sphère privée, et de clichés relatifs à la vie professionnelle. Le réalisme des peintures ou dessins de Friant incitait également à se poser la question du rôle de cette technique dans l’élaboration de son œuvre.
1. Camille Goichon, Mô Frumholz et Philippe Choulet entre autres. 2. Parmi les fonds conservés, peuvent être cités ceux de Victor Prouvé et d’Émile Gallé. 3. Dans une lettre non datée à Abel Cournault, Friant conseille Braun pour
Chez Émile Friant, cet intérêt pour la photographie se décline
la photographie de tableaux et précise : « Il fait de superbes photo. [sic]
entre épreuves à visée documentaire ou visuels reprodui-
avec de la mauvaise peinture alors qu’en général on obtient de médiocres
sant ses œuvres destinés à la diffusion et à la publication. L’artiste a, en effet, fait appel à des photographes professionnels connus et reconnus à Nancy et en France pour effectuer des prises de vue de ces toiles, mais aussi de ses dessins et gravures. Parmi ceux-ci, peuvent être cités la maison Braun et Cie 3, installée à Paris, connue pour ses
photo. [sic] avec de la bonne peinture » (Archives privées, copie au musée des Beaux-Arts de Nancy). 4. Nancy, musées des Beaux-Arts, 17 juin-5 septembre 1983, Photographes et photographie d’art à Nancy au
XIXe
siècle, Christian Debize (dir.), musée
des beaux-Arts de Nancy, 1983, p. 116. 5. En 1895, il autorise la Société lorraine de photographie à publier dans son bulletin, un portrait de fillette (cat. 77). 6. Renommée plus tard Chagrin d’enfant.
29
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Émile Friant et le marché de l’art LÉ A S A I NT -R A Y M O ND
ne étoile filante sur le marché de l’art : telle est l’image
U
de 5 000 francs sont âgés de soixante ans en moyenne.
qui vient à l’esprit pour caractériser Émile Friant.
Néanmoins, le succès d’Émile Friant sur le marché de l’art
Jeune prodige, il obtient des prix éclatants en France et aux
connaît un coup d’arrêt brutal à partir de 1909. En effet,
États-Unis, puis la commercialisation diminue et la valeur
ses œuvres cessent d’être vendues aux États-Unis par
s’estompe. En témoigne le graphique suivant (fig. 1), qui
Knoedler et elles ne dépassent pas 1 000 francs, les rares
représente l’ensemble des prix d’adjudication atteints par
fois où elles passent sous le feu des enchères parisiennes.
ses œuvres en vente publique, à Paris 1, et qui croise cette
Cette rupture dans la carrière de Friant s’explique en partie
information avec les prix auxquels la société Knoedler and
par la mort de ses principaux mécènes, Benoît Constant
Company écoule les peintures de Friant aux Etats-Unis 2 .
Coquelin, surnommé Coquelin aîné (1841-1909) et son frère Ernest, dit Coquelin cadet (1848-1909).
C’est le Salon qui propulse Friant sur la scène internationale. En 1890, un an après l’immense succès de
Émile Friant rencontre Coquelin aîné en 1885, lors d’un
La Toussaint (cat. 52-b), un tableau de cet artiste de vingt-
repas organisé par le maire de Nancy, et très vite, devient
sept ans, Petite Fille dans un jardin (ill. 1), trouve acquéreur aux États-Unis. En 1892, Knoedler vend au banquier américain George F. Baker (1840-1931) deux œuvres non localisées, Le Bon Chien et Le Mauvais Chien, pour plus de
1. Une liste des ventes aux enchères publiques, non exhaustive, est fournie dans le dictionnaire Bénézit. J’ai complété la recherche de catalogues de vente à partir de ma propre base de données, recensant les ventes parisiennes de « tableaux modernes » entre 1852 et 1939. Enfin,
10 000 francs chacune et, moins d’un an plus tard, ce seuil
j’ai retrouvé les prix d’adjudication et les acquéreurs grâce aux pro-
est franchi à Paris, lorsque La Discussion politique (cat. 50)
cès-verbaux des ventes aux enchères publiques, conservés aux archives
est adjugée à 12 600 francs, hors frais. Pour un artiste de trente ans, voir ses œuvres dépasser 10 000 francs relève de l’extraordinaire : Claude Monet et Auguste Renoir ont dû attendre respectivement soixante et cinquante-huit ans pour connaître de tels prix en vente publique, et en 1900, les artistes vivants dont les œuvres sont adjugées à plus
de Paris. Cette base de données est disponible en ligne : http://dx.doi. org/10.7910/DVN/T0NGJ6 2. « Dealer Stock Books », Getty Provenance Index, http://piprod.getty.edu/ starweb/stockbooks/servlet.starweb?path=stockbooks/stockbooks.web Les prix constants on été calculés grâce à l’annexe F de Piketty Thomas, Les Hauts Revenus en France au
XXe
siècle : inégalités et redistribution,
1901-1998, Grasset, 2001, p. 690. Les prix en dollars ont été convertis en francs (1 dollar vaut 5,18 francs avant 1914, dans le système de l’étalon-or).
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Catalogue des œuvres
Les notices des œuvres ont été rédigées par : I. C. : Isabelle Collet R. D. : Richard Dagorne M. K. : Marine Kisiel M. L. : Michèle Leinen M. M. : Muriel Mantopoulos B. P. : Bénédicte Pasques H. S. : Hélène Schneider V. T. : Valérie Thomas C. V. de J. : Charles Villeneuve de Janti
Les Canotiers de la Meurthe, 1887, huile sur toile, signé et daté en bas à droite : E. Friant/87, 116 × 170 cm, Nancy, musée de l’École de Nancy, inv. 766.
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52-b — La Toussaint 1888 Huile sur toile Signé et daté en bas à gauche : E. Friant 1888 254 × 334 cm Nancy, musée des Beaux-Arts (dépôt du musée d’Orsay, inv. RF 621)
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Biographie 1863-1932
L’Entrée des clowns, 1881, huile sur toile, 26,5 × 40,5 cm, collection particulière.
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1863
1874
Naissance d’Émile Friant le 16 avril à Dieuze. Sa mère,
Émile entre à l’école de dessin de Nancy où il reste jusqu’en
Catherine Torlotin, est couturière ; son père, Virgile Friant,
1879 et suit l’enseignement de Théodore Devilly, artiste
est chef d’atelier aux salines de la ville. Madame Friant tra-
messin arrivé à Nancy après l’annexion. Dans son ate-
vaille chez les Parisot, pharmaciens à Dieuze. Monsieur
lier, Friant se lie d’amitié avec Victor Prouvé (1858-1943) et
Parisot est maire de la ville. Le couple est sans enfant et
Camille Martin (1861-1898).
Madame Parisot s’attache à Émile qui la considère comme sa seconde mère.
1878
1872
Virgile Friant quitte la Moselle annexée. La famille vient
Il habite au 16 rue Saint-Thiébaut à Nancy et expose pour la première fois au Salon de Nancy quatre tableaux dont un autoportrait (cat. 1-c). Il se fait remarquer par la critique.
habiter à Nancy où Virgile est embauché dans une entreprise de fabrication de lits en fer. Madame Parisot, dont le mari décède juste avant leur départ, les rejoint, seule.
1879
Émile est inscrit à l’école Loritz mais les études l’ennuient.
Grâce à l’appui de Devilly, il obtient de la Ville de Nancy et
Il préfère dessiner. Il suit les cours de Jules Larcher, peintre,
du Département une bourse qui lui permet de poursuivre
futur conservateur du musée de la ville, et d’Ernest
ses études à Paris. Il entre à l’École des beaux-arts dans
Charbonnier.
l’atelier de Cabanel où il retrouve Victor Prouvé.
Ill. 1. Friant enfant, vers 1872, photographie, collection Ville de Dieuze, cote P1.
Ill. 2. Friant et Bussière dans l’atelier rue de Toul à Nancy, photographie, Nancy, musée des Beaux-Arts, inv. 2005.14.31.
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1880
1883
Au Salon de Nancy, il expose Un paysagiste, qui est le
Friant reçoit le second grand prix de Rome avec Œdipe
portrait du peintre Paul Licourt (1846-après 1920). Dans
maudissant Polynice. L’œuvre est acquise par l’État pour
le catalogue, il est mentionné comme élève de Devilly et
1 200 francs et envoyée à Rouen, à l’Hôtel des Sociétés
de Cabanel à l’École des beaux-arts de Paris. À Paris, il vit
savantes en 1909 (aujourd’hui déposé au musée des
54 rue Notre-Dame-des-Champs. À Nancy, il partage, avec
Beaux-Arts de Rouen).
le sculpteur Ernest Bussière, un atelier rue de Toul, ancien atelier du photographe Barco (ill. 2).
Friant expose aussi des dessins dans la vitrine du libraire René Wiener, notamment le Portrait de Licourt au fusain.
1882
La critique remarque très tôt ses talents de portraitiste.
Louis Majorelle expose dans la vitrine de son magasin à
entre Nancy et Paris.
Nancy un meuble décoré par des peintures de Friant et
Il rencontre Charles Meixmoron de Dombasle et lui pro-
Camille Martin.
pose de faire son portrait. Une amitié et une admiration
Il habite 26 rue Jeanne-d’Arc à Nancy. Il partage son temps
mutuelles durables vont naître entre les deux artistes. Au Salon des artistes français à Paris, il présente deux tableaux : Intérieur d’atelier et L’Enfant prodigue, acheté
Au Salon parisien, il présente Un peu de repos et Intérieur
par l’État et déposé au musée de Roubaix (œuvre détruite).
d’atelier.
L’esquisse est conservée au Musée lorrain (cat. 13). Friant obtient une mention honorable pour L’Enfant
En août, il obtient un prix de 1 000 francs. Ce prix a été fondé
prodigue.
en 1882 par la duchesse de Cambacérès et récompense trois jeunes artistes de l’Académie des beaux-arts, un pour
À Nancy, il expose le Portrait de M. Sidrot, Le Déjeuner sous
la sculpture, un pour la peinture et un pour la gravure.
bois (cat. 41) et Les Tribulations de Rabastens. Friant, très sportif, pratique le canotage.
1884
Dans la vitrine de René Wiener, Friant expose deux dessins : Un vieux pêcheur et Les Lutteurs (cat. 53-a), ce dernier acquis par son père, Lucien Wiener. Au Salon de Nancy, il expose des portraits et Salle d’armes nancéienne. Au Salon de Paris, il présente Le Coin favori (atelier de Prouvé) (cat. 21-b) et obtient une médaille de troisième classe. Il échoue au concours du Prix de Rome. À l’automne, il passe six semaines à Diénay chez Meixmoron de Dombasle.
1885
Au Salon parisien, Friant expose deux tableaux : Portrait de Mme M[eixmoron de Dombasle] pour lequel il obtient une Ill. 3. Barco Joseph (1848-1915), Sport nautique de la Meurthe, 1882,
première seconde médaille, et L’Ébauche (ill. 4).
photographie au gélatino-bromure d’argent, Nancy, Centre Image
Après un nouvel échec au concours du Prix de Rome, Friant
Lorraine, cote FLPH147-1.
renonce à la Villa Médicis. Il rencontre le comédien Constant Coquelin chez le sénateur Volland, maire de Nancy.
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