Jacques RÉATTU arelatensis. Un rêve d'artiste (extrait)

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Jacques Réattu, arelatensis 1760-1833, un rêve d’artiste

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© Somogy éditions d’art, Paris, 2017 © Musée Réattu, Arles, 2017 Ouvrage réalisé sous la direction de Somogy éditions d’art Directeur éditorial : Nicolas Neumann Responsable éditoriale : Stéphanie Méséguer Coordination et suivi éditorial : Sarah Houssin-Dreyfuss Conception graphique : François Dinguirard Contribution éditoriale : Gaëlle Vidal Fabrication : Béatrice Bourgerie, Mélanie Le Gros Coédition et développement : Véronique Balmelle ISBN 978-2-7572-1301-8 Dépôt légal : septembre 2017 Imprimé en Union européenne

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Daniel Rouvier

JACQUES RÉATTU arelatensis 1760-1833 Un rêve d’artiste

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Le travail d’un artiste n’a jamais autant de force que lorsqu’il est éclairé par la lumière qui l’a fait naître. L’œuvre de Jacques Réattu se retrouve, grâce à cette rétrospective unique, dans celle qui l’a vu grandir : la lumière d’Arles, et plus particulièrement de cette maison, le long du Rhône, face auquel le peintre a aiguisé son regard pendant de longues années. Grand prix de Rome, il est revenu sur ses terres après avoir été pensionnaire du roi à l’Académie de France en Italie. L’exposition, fruit d’un remarquable travail de restauration et d’étude des collections, est un brillant hommage au « rêve d’artiste » que Jacques Réattu n’a cessé de porter, toute sa vie durant. Rêve qui trouve peut-être son expression la plus pure dans les six peintures monumentales réalisées, en 1795, pour le Temple de la Raison de Marseille à la chapelle Sainte-Anne, place de la République aux côtés de l’hôtel de ville d’Arles. Portant les idéaux humanistes de la Révolution et de la République, cet ensemble unique, du point de vue historique et artistique, est d’une brûlante et précieuse actualité. Avec cette exposition, reconnue « exposition d’intérêt national » par le ministère de la Culture, le musée s’inscrit dans la longue tradition d’excellence qui est la sienne. Il a accueilli les plus grands – Picasso, Alechinsky, Zadkine, Richier, César, Arman, Grand, Weston, Clergue et tant d’autres. Pionnier, il est le premier musée des Beaux-Arts français à avoir créé, en 1965, un département photographique, avec une collection originale. Cet événement fondateur initiera la relation d’Arles à la photographie, prolongée par le lancement des Rencontres d’Arles en 1970 et l’installation de l’École nationale supérieure de la photographie en 1982. Ce musée, qui fêtera en 2018 ses cent cinquante ans, parvient une fois de plus à ouvrir nos concitoyens sur l’art, en assumant de façon exemplaire une mission de transmission, de médiation. À nourrir notre devoir de mémoire, en assurant la conservation et la valorisation de notre patrimoine. Ce musée contribue, une fois encore, grâce à cette exposition, à faire vivre la culture dans toute sa richesse et toute sa diversité, auprès de tous les publics. C’est plus qu’une chance, c’est une nécessité. Une nécessité que je ne cesserai de protéger, de défendre, de soutenir – sur ces lumineuses terres arlésiennes, qui me sont particulièrement chères, comme sur le reste du territoire.

Françoise Nyssen Ministre de la Culture

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Jacques Réattu, arelatensis… « l’arlésien » ! C’est bien à un artiste d’Arles que le présent ouvrage est consacré. Depuis 1985 et le livre de Katrin Simons, nous avons là le premier catalogue raisonné dédié à ce peintre méconnu, grand prix de Rome en 1790, dont l’art et la carrière ont été marqués par des événements historiques nationaux majeurs. Si Jacques Réattu quitte sa ville natale à l’âge de quinze ans, pour n’y revenir définitivement que vingt-quatre ans plus tard, son appartenance à cette terre arlésienne est au cœur de son identité comme l’atteste cette signature emblématique, arelatensis, qui apparaît pour la première fois alors qu’il est à Naples en 1793. Au-delà de cette grande figure artistique arlésienne, Jacques Réattu est en outre à l’origine de la fondation du musée Réattu, aujourd’hui musée municipal des BeauxArts et d’Art contemporain. Son action a permis de sauver un ensemble exceptionnel de bâtiments aujourd’hui classés monuments historiques, la Commanderie de Saliers et le Grand Prieuré de l’ordre de Malte saisis à la Révolution. C’est Jacques Réattu qui donna à ces lieux la vocation artistique qu’ils ont encore aujourd’hui, accueillant les plus grands artistes comme Ossip Zadkine ou Pablo Picasso, parmi tant d’autres, venus habiter et laisser à leur tour leur empreinte dans la « maison » de Jacques Réattu. Le musée Réattu abrite en outre la première collection d’« art photographique » dans un musée des beaux-arts français, fondée en 1965 par Lucien Clergue et Jean-Maurice Rouquette, qui est à l’origine de la création du Festival des Rencontres d’Arles et de l’installation de l’École nationale supérieure de la photographie. Arles doit donc énormément à cet artiste visionnaire et je suis heureux de pouvoir proposer à tous les amoureux de notre ville de découvrir le talent et la personnalité d’un artiste arlésien majeur à travers cet ouvrage et la première exposition rétrospective qui l’accompagne.

Hervé Schiavetti Maire d’Arles

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Placée sous l’égide de la Fondation de France, la Fondation BNP Paribas est un acteur majeur du mécénat d’entreprise depuis plus de 30 ans. Parmi ses principales missions, la Fondation BNP Paribas s’attache à préserver et mieux faire connaître les richesses des musées, en apportant son soutien à la restauration de leurs chefs-d’œuvre. Lancé en 1994, sous le patronage du ministère de la Culture et de la Communication et en étroite collaboration avec le service des Musées de France, le programme BNP Paribas pour l’Art a permis à ce jour de restaurer plus de deux cents œuvres conservées dans de nombreux musées. C’est à ce titre qu’elle a décidé de soutenir l’opération visant à restaurer cinq des six peintures monumentales réalisées par Jacques Réattu en 1795 pour le Temple de la Raison de Marseille. Cet ensemble unique en France, témoin à la fois historique et artistique, ne pouvait que retenir toute l’attention de la Fondation, d’autant que ce projet de restauration est étroitement lié à l’organisation de la première exposition rétrospective du peintre en cette année 2017. Pour mener à bien cette opération, un groupement important de huit personnes a été créé, comportant quatre conservateurs-restaurateurs de support et quatre conservateurs-restaurateurs de la couche picturale, tous diplômés des filières françaises de formation et habilités par les Musées de France. La restauration des cinq œuvres s’inscrit dans la suite de celle d’une première toile de cet ensemble (restaurée en 2009), exposée actuellement au château de Vizille qui abrite le musée de la Révolution française. Le défi de restaurer les cinq œuvres monumentales en deux années seulement a été de taille et a nécessité tout le savoir-faire des membres de l’équipe qui a bénéficié de l’appui scientifique et technique du CICRP de Marseille. Cet ensemble exceptionnel est pour la première fois exposé à l’issue de sa restauration dans les espaces de la chapelle Sainte-Anne à Arles, le temps de l’exposition « Jacques Réattu, arelatensis – Un rêve d’artiste » avant de rejoindre les cimaises du musée Réattu de façon permanente.

Jean-Jacques Goron Délégué général Fondation BNP Paribas

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SOMMAIRE

JACQUES RÉATTU, ARELATENSIS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 JACQUES RÉATTU EN FAMILLE

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

LA PREMIÈRE PÉRIODE PARISIENNE : 1775-1790 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Simon Julien (1735-1800), le premier maître . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . JACQUES RÉATTU À L’ACADÉMIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . LE CONCOURS DU PRIX DE ROME : DE 1783 À 1790 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Jean-Baptiste Regnault (1754-1829), le second maître . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’harmonica de verre, 1786-1791 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

29 31 32 60 72 81

JACQUES RÉATTU EN ITALIE : 1791-1793 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 LES ŒUVRES ROMAINES : JUIN 1791 – DÉCEMBRE 1792 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 À la découverte de l’Antiquité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 DE NAPLES À FLORENCE : DÉCEMBRE 1792 – OCTOBRE 1793 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124 PAYSAGES D’ITALIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132 Les vues romaines des carnets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140 Carnets des environs de Naples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146 LE RETOUR VERS LA FRANCE : OCTOBRE 1793 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148 LA PÉRIODE MARSEILLAISE : 1794-1796 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153 LE CONCOURS DE L’AN II ET LE TRIOMPHE DE LA LIBERTÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154 RÉATTU DANS MARSEILLE EN RÉVOLUTION : LE PROJET DE DÉCOR DU TEMPLE DE LA RAISON . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165 LES AUTRES ŒUVRES DE LA PÉRIODE MARSEILLAISE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203 LA SECONDE PÉRIODE PARISIENNE : 1797-1798

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227

JACQUES RÉATTU À ARLES : 1799-1833 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229 LES ŒUVRES MYTHOLOGIQUES : 1802-1826 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234 LES DÉCORS CIVILS : 1804-1831 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229 LES ŒUVRES RELIGIEUSES : 1822-1830 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 290 ANNEXES CATALOGUE DES ŒUVRES ORPHELINES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 344 INDEX DES DESSINS RECTO VERSO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 354 INDEX DES NOMS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 357 CHRONOLOGIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 361 BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 369 LISTE DES EXPOSITIONS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 379 REMERCIEMENTS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 380

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JACQUES RÉATTU, ARELATENSIS

Jacques Réattu, dont l’origine du nom est encore mystérieuse, est le fils naturel d’un noble, Guillaume Barrême de Châteaufort et d’une jolie arlésienne, Catherine Raspal. Il quitte sa ville natale à l’âge de quinze ans pour n’y revenir définitivement que vingt-quatre ans plus tard en 1799. Il s’affirme néanmoins dès 1793, il est alors à Naples, comme « l’arlésien » (arelatensis)… Né à une période clé de l’histoire de France (la fin de l’Ancien Régime et l’avènement de la République) et de l’histoire de l’art (l’émergence du Néoclassicisme), il se destine à la carrière de « peintre d’histoire », et suit la formation classique de l’époque à l’Académie royale de peinture et de sculpture, d’abord auprès de Simon Julien, puis de Jean-Baptiste Regnault, obtenant après sept ans d’efforts le grand prix de Rome. Il aurait dû rester quatre ans dans la capitale italienne des arts, mais les événements historiques l’obligèrent à rentrer en France après seulement vingt-huit mois d’un séjour difficile, mais tellement inspirant. De retour en France, il s’installe à Marseille, prenant part d’une façon extrêmement active à la politique culturelle montagnarde mise en œuvre par Maignet, le représentant du Peuple, réalisant en particulier les peintures en grisaille à l’imitation de bas-reliefs du Temple de la Raison. En 1816, en rapatriant à Arles six des peintures subsistantes, il sauve ce décor exceptionnel et unique en France. Il entreprend à l’occasion d’un second séjour à Paris, de fin 1796 à fin 1798, d’obtenir la concrétisation de la commande d’un tableau monumental pour le Conseil des Cinq-Cents, Le Triomphe de la Liberté. Mais le temps n’est plus alors aux grandes commandes publiques, et rentrant à Arles, Réattu, à l’instar de nombreux artistes de l’époque, met sa carrière artistique entre parenthèses. Il s’agit néanmoins de nuancer l’idée d’un arrêt total de création jusqu’alors admis. En effet, si les commandes restent aléatoires, les projets existent bel et bien entre 1802 et 1817, et Réattu ne s’est jamais arrêté de peindre ! Par contre, c’est bien à partir de 1819 et du décor du Grand-Théâtre de Marseille qu’une nouvelle carrière s’ouvre pour lui avec des projets de décors civils (théâtres, hôtels de ville), et à la fin de sa vie de 1827 à 1830, sa seule commande religieuse pour l’église Saint-Paul de Beaucaire. Il poursuit également pendant cette période une production d’œuvres d’inspiration mythologique.

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Parce qu’il est resté un peintre « arlésien », que nombre des commandes initiées n’ont pu être menées à bien, l’œuvre de Jacques Réattu est resté longtemps ignoré. On doit la première biographie de l’artiste à l’écrivain provençal Jules Canonge en 1863. Fernand Benoit, conservateur de la bibliothèque et du musée d’Arles, lui consacre en 1926 quelques travaux, en particulier sur son séjour italien. Par la suite, des auteurs comme Philippe Bordes aborderont son œuvre dans le cadre d’articles consacrés à l’art pendant la Révolution, mais c’est seulement à partir de 1980 et les travaux de la chercheuse allemande Katrin Simons qui consacre sa thèse, publiée en 1985, à Jacques Réattu, que son œuvre sera étudié de façon exhaustive. L’année 1989 et le bicentenaire de la Révolution permettent de redécouvrir son décor pour le Temple de la Raison de Marseille et en 2000, le partenariat initié entre le musée

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JACQUES RÉATTU EN FAMILLE

Jacques Réattu (cat. no 1) est né le 11 juin 1760. Sur son acte de naissance et de baptême, il est dit « né de parents inconnus » et aucun nom de famille n’est indiqué. Il n’y a qu’un seul prénom suivi de « XXXX 1 » qui lui vient de son parrain, Jacques Granier. Les parents de Jacques Réattu sont pourtant bien connus. Il s’agit de Catherine Raspal 2 (1734-1785) (ill. no 1) et Guillaume de Barrême de Châteaufort 3 (ill. no 2) (1719-1775). Ce dernier, ami du peintre Antoine Raspal, et peintre lui-même, était pourtant marié depuis 1750 à Élisabeth Campan dont il eut deux filles. Vers 1758-1760, il la quitta pour vivre illégitimement jusqu’à sa mort avec Catherine Raspal dont il eut trois autres enfants. L’origine du nom de famille de Jacques Réattu a été étudiée sans conclusion totalement satisfaisante par les historiens de la Provence qui en ont toutefois retracé l’évolution. De 1778 à 1780, il est nommé « Rebattu 4 », dans les procès-verbaux de l’Académie et la correspondance 5. Le nom de Réattu n’est attesté de façon définitive qu’à partir de 1783 6, année de sa première participation au concours du prix de Rome et jusqu’en 1787 (au moins dans la correspondance qui lui est adressée) la particule « De » précède son nom. Qu’en est-il du nom de famille de ses frères et sœurs ? Le frère cadet prit le nom de famille de « Julien » comme l’atteste celui porté par son fils Pierre Julien. Le frère benjamin, Joseph Julien, est le seul à signer un courrier « Réattu 7 ». Quant à la sœur de Jacques, on la nomme Réattu, veuve Couston. Contrairement à ses frères, Jacques ne porta jamais le prénom de Julien 8, par contre à trois reprises, on trouve le prénom de Philippe 9.

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De l’union de Catherine et Guillaume naquirent donc trois autres enfants, tous dits nés de parents inconnus : Louis Julien, Joseph Julien et Marie Thérèse 10. Du vivant de Guillaume de Barrême, ce dernier pourvut à leur éducation et subsistance. On peut très raisonnablement penser que c’est Guillaume qui fit entrer Jacques Réattu dans l’atelier de Simon Julien et à l’Académie royale de peinture et sculpture 11. Le décès de Guillaume de Barrême marqua le début d’une période bien difficile pour la famille. Par testament, ce dernier avait pourtant établi de façon claire les choses pour assurer l’avenir de sa compagne et de ses enfants. Un legs de 18 000 livres était institué au nom de Monsieur de Vinsargues, oncle de Pierre Antoine Antonelle (1747-1817), premier maire d’Arles. Fidéicommis à l’attention des enfants de Catherine ? C’est ainsi que le jugea la fille légitime de Guillaume de Barrême, qui attaqua le testament de son père et en bloqua alors l’octroi. Une très longue procédure judiciaire débuta donc, pendant laquelle Caherine Raspal assuma autant que faire se peut la subsistance de ses enfants. En désespoir de cause, elle assigna en justice les héritiers de Guillaume de Barrême en novembre 1781. Un arrêt du tribunal lui donnant gain de cause fut rendu en juillet 1784 contre lequel appel fut interjeté et sentence définitive rendue qu’en juin 1786 12. Catherine Raspal, disparue en 1785, n’en vit pas l’aboutissement et on sait qu’elle mourut dans la misère 13. Durant cette période, Jacques Réattu, à Paris, n’a que le soutien sur Arles du chevalier de Molin et du sieur de Vinsargues empêtré dans un imbroglio judiciaire.

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Autoportrait Paris, 1785 Huile sur toile, 48 × 37,5 cm Musée Réattu, inv. 868.1.1 Hist. : 1868, legs Élisabeth Grange Exp. : Marseille 1961 Bibl. : Simons 1985, no 11, p. 91, fig. 172

Ce tableau est l’unique autoportrait peint que Jacques Réattu nous ait légué. L’artiste livre pourtant ici un talent certain dans cet exercice. La maîtrise du traitement et la délicatesse des modelés, qui soulignent avec grâce et précision le détail des carnations, affirment en effet les qualités du peintre qui auraient pu augurer d’une brillante carrière de portraitiste. Mais c’est à la peinture d’histoire, genre plus prestigieux, que Réattu se consacra toute sa vie. Le vêtement ainsi que la jeunesse de l’artiste sur cette représentation situent l’autoportrait dans les années 1780-1785, à une époque où il étudie à l’Académie royale de peinture à Paris et prépare le prix de Rome.

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1775-1790

LA PREMIÈRE PÉRIODE PARISIENNE

La vie artistique de Jacques Réattu débute dès 1775, l’année même du décès de son père, qui lui permet d’entrer à l’Académie royale de peinture et sculpture en tant qu’élève de Simon Julien, chez qui il demeure, sous la protection de Jean Bernard Restout 1 (1732-1797). Dès cette époque, il noue des relations amicales avec Pierre Daniel Maugendre et Jean-Baptiste Gibert en premier lieu, puis le marquis de Monteclair (il possédait un hôtel parisien rue du Cherche-Midi), et par la suite Louis Frédéric Bourgeois de Mercey, autant de personnages qui accompagnent Réattu de longues années durant 2. De 1775 à 1786, il demeure chez Simon Julien 3 , à proximité de l’Académie. De novembre 1786 à mars 1791, il habite « rue d’Anjou proche de la rue Dauphine » chez le peintre Vernet 4 et juste avant son départ pour Rome il est domicilié chez « M. Taurel, payeur des Rentes de la Ville de Paris », rue du Gros-Chenet au numéro 11 5 (ill. no 7). De ces éléments, on peut envisager que Réattu n’entre pas dans l’atelier de JeanBaptiste Regnault avant 1786, année où il quitte le domicile de Simon Julien.

Ill. no 7. Jacques Réattu à Paris 1775-1791. Plan de Paris en 1790 établi par Edme Verniquet

1791

1 : 1775-1786, chez Simon Julien, rue de Verneuil/rue de l’Université

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2 : 1786-1791, chez Joseph Vernet, rue d’Anjou, proche rue Dauphine 3 : 1791, chez Taurel, rue du Gros-Chenet, no 11

1775-1786 1

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La première pÊriode parisienne 51

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Daniel faisant arrêter les vieillards accusateurs de la chaste Suzanne Paris, 1790 Huile sur toile 81 × 100 cm Musée Réattu, inv. D.2004.2.1 (dépôt de l’École nationale supérieure des beaux-arts, Paris) Hist. : 1868, legs Élisabeth Grange Exp. : Nancy-Biron 1989 ; Vizille 2000 Bibl. : Simons 1985, no 15, p. 92, fig. 8 ; Biron, Nancy 1989, no 63, p. 156-157, ill. ; Vizille 2000, p. 122

La première période parisienne 77

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1791-1793

JACQUES RÉATTU EN ITALIE

Le voyage vers Rome : avril-juin 1791 Le 28 août 1790, sont proclamés les résultats du concours du prix de Rome. Dès le 15 septembre, Jacques Réattu dispose de son certificat de Pensionnaire du roi à l’Académie de France à Rome 1. Le 22 septembre, le comte d’Angiviller (1730-1809), Surintendant des bâtiments royaux, écrit à Joseph Marie Vien (1716-1809), directeur de l’Académie, qu’il a signé les brevets de Jacques Réattu et de François Frédéric Lemot (1771-1827), premier prix de sculpture et que le paiement de leurs frais de voyage leur sera donné prochainement 2. Le 28 septembre 1790, d’Angiviller informe François Guillaume Ménageot (1744-1816), directeur de l’Académie de France à Rome depuis 1787, que seuls deux nouveaux pensionnaires vont arriver pour cette année 3. Le 15 décembre 1790, Réattu n’est pas encore à Rome alors que Lemot vient d’arriver 4. L’inquiétude commence à poindre lorsque le 2 mars 1791, Ménageot indique à d’Angiviller que Réattu n’est toujours pas présent et qu’il ne sait même pas si celui-ci a quitté Paris 5. À partir de cette date, la correspondance de Jacques Réattu permet de prendre le relais. Le 23 mars 1791, son ami Maugendre a appris son départ prochain pour Rome 6. Réattu quitte Paris début avril 7, s’arrête deux jours à Chalon-sur-Saône, met dix-huit jours pour atteindre Lyon où il arrive le jeudi saint soit le 21 avril pour repartir dès le lendemain. Il emprunte alors la « diligence d’eau » d’Avignon, où il fait une étape 8, pour finalement débarquer à Tarascon six jours plus tard. Le 2 mai 1791, il est à Arles 9. (On apprend par ailleurs, voir référence note 11, « qu’il a laissé son frère benjamin à Arles » qui était avec lui à Paris et l’aurait accompagné chez son frère cadet où il aurait logé). Il reste sur place jusqu’à début juin 1791 (sa première lettre de Rome est datée du 6 juin 10). Il avait prévu de ne s’arrêter à Arles que quinze jours, mais les mésaventures de sa malle l’ont contraint à prolonger son séjour 11. Il embarque finalement à Marseille pour Civitavecchia qu’il atteint après une traversée de « 81 heures et 3 nuits 12 ». Ménageot confirme son arrivée à Rome dans une lettre à Arnaud de La Porte 13 (1737-1792) du 22 juin 1791, Réattu justifiant son retard par la maladie de son frère 14.

Rome : juin 1791 – janvier 1793

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Un Français en Italie au moment de la Révolution 15 Lorsque Réattu arrive à Rome, l’Académie de France est déjà dans une situation très sensible du fait des relations crispées entre la France et le Vatican. En mars 1791, le cardinal de Bernis a été relevé de ses fonctions d’ambassadeur de France auprès du Vatican pour avoir refusé de prêter serment à la Constitution civile du clergé condamnée par le pape. Cette condamnation entraîne la rupture des relations diplomatiques entre la France et le Vatican. En mai 1791, l’effigie du pape est brûlée au Palais-Royal, donnant lieu à de nouveaux troubles. Le secrétaire d’ambassade, Bernard, informe sa tutelle que l’Académie de France est « surveillée » par la cour pontificale qui voit d’un très mauvais œil ces « Français » acquis à la cause de la Révolution.

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La Vision de Jacob Rome, 1792 Huile sur toile 149 × 198 cm Musée Réattu, inv. 868.1.46 Hist. : 1868, legs Élisabeth Grange ; 1862, collection Jean-Baptiste Rey Bibl. : Simons 1985, no 18, p. 93, fig. 13

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1794-1796

LA PÉRIODE MARSEILLAISE

Lorsque Réattu arrive à Marseille en novembre 1793, la ville vient de connaître l’échec de son mouvement fédéraliste et a été reconquise par les Montagnards à la fin du mois d’août. Toulon, par l’entremise de certains fédéralistes marseillais à la veille de l’effondrement de leur révolte, a été livré aux Anglais. Peu de temps après la mise en place du Tribunal criminel révolutionnaire des Bouches-du-Rhône qui va juger des crimes contre-révolutionnaires, les nouveaux représentants en mission Barras et Fréron mettent la Terreur à l’ordre du jour (12 octobre). Le siège de Toulon va durer jusqu’à la mi-décembre, les Anglais et leurs alliés évacuent la ville le 18. Pour punir Marseille et Toulon, ils décident la Convention nationale à changer leur nom : Marseille deviendra « Ville-sans-nom » et Toulon, « Port-la-Montagne ». Nommé en février 1794, un autre représentant en mission va succéder à Fréron et Barras, il s’agit d’Étienne Christophe Maignet (1758-1834). Il va mener une politique à l’opposé de celle de ses prédécesseurs dont il condamne les décisions sans nuances et leur volonté de punir sans distinction. Il ne va cependant pas se cantonner au champ politique et il investit celui de la création artistique 1. Son action, marquée par l’urgence, va concerner dans un premier temps l’arrêt des destructions des « repaires fédéralistes » ordonnées par Barras et Fréron et la régénération des théâtres (qui doivent devenir des « école[s] nationale[s] qui par les mœurs privées produise[nt] les vertus civiques »). Il va également demander aux artistes (élevés à la dignité d’« instituteurs du peuple ») de participer aux fêtes civiques qu’il organise et préside. Ainsi, sont sollicités non seulement les personnels des théâtres marseillais (architecte, acteurs, musiciens, ouvriers, décorateurs…), mais aussi les peintres et les sculpteurs. C’est donc dans un contexte très perturbé qu’un Réattu sans ressources arrive. Dès le 11 novembre 1793, il écrit à Fréron pour lui demander un passeport lui permettant de « voyager et de dessiner librement les quelques fragments antiques épars dans sa patrie », ce qui se comprend en raison du contexte de Terreur, ainsi que « vu son retour difficile et coûteux, un secour de six cents livres pris provisoirement sur sa pention qui lui a cessée d’être payée le premier de septembre dernier 2 ». Il va rapidement se lier à un graveur beaucairois établi à Marseille, Pierre Poize, artiste associé en 1788 à l’ancienne Académie des belles-lettres, sciences et arts, et engagé très tôt dans le processus révolutionnaire marseillais 3 . Claude Badet

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Le début du séjour marseillais de Réattu est quelque peu chaotique. Sa priorité est d’essayer d’obtenir la reconnaissance de son statut de pensionnaire spolié, et peintre républicain au service de sa patrie. Il tente de se rappeler aux bonnes grâces des représentants de la Convention nationale Fréron et Barras. Mais c’est l’arrivée de Maignet et sa politique volontariste dans la lignée de celle entreprise à Paris par Robespierre qui va lui redonner espoir. En juin 1794, il obtient la commande du Triomphe de la Liberté et en décembre celle du décor peint du temple de la Raison installé dans l’église désaffectée de Saint-Cannat.

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Le Triomphe de la Liberté La Liberté parcourant le monde Marseille, juin 1794 Huile sur toile 31 × 46 cm Inscr. : daté au verso, prairial an II de la Rep.que F.se Musée Réattu, inv. 868.1.41 Hist. : 1868, legs Élisabeth Grange Exp. : Arles 1989 Bibl. : Simons 1985, no 43, p. 100, fig. 39

Dans sa lettre au Comité d’instruction publique de juin 1794 33, on trouve la description suivante : « La Force guerrière fait triompher la Liberté des prêtres et des Rois coalisés contre elles, les Peuples armés pour la deffandre, la portent en triomphe sur leurs bouclier et foulent aux pieds le Royalisme, l’athéisme et le fanatisme. Elle a à ses côtés la Sagesse qui dirige son génie qui parvient à déchirer l’épais nuage qui cachait la Fraude et la Politique de ses ennemis. L’égalité la suit amenant avec elle le Règne des lois, des valeurs et des talents. Le Peuple régénéré termine le tableau en bénissant la Liberté d’avoir brisé son fer. » Cette fois-ci, tous les symboles révolutionnaires sont présents : le Génie, le drapeau tricolore et le bonnet phrygien de couleur rouge qui coiffe les peuples armés. Ces éléments confirment la date inscrite au verso correspondant au mois de juin 1794.

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La Raison déchirant le bandeau de l’Erreur et de la superstition aux peuples idolâtres Marseille, 1795 Détrempe sur toile 225 × 588 cm Musée Réattu, inv. 868.1.308 Hist. : 1868, legs Élisabeth Grange Exp. : Marseille 1989 Bibl. : Simons 1985, no 47, p. 101, fig. 57 ; Bordes 1989, no 177, p. 166, ill.

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La Liberté, l’Égalité chassant de leur territoire les castes privilégiées Marseille, 1795 Plume et lavis sur traits de pierre noire 17,4 × 47 cm Inscr. : signé en bas à gauche Réattu inv. et fecit Musée Réattu, inv. 868.1.210 Hist. : 1868, legs Élisabeth Grange Exp. : Arles 1989 ; Marseille 1989 ; Vizille 2000 Bibl. : Simons 1985, no 119, p. 119, fig. 46, 52 ; Vovelle 1987, p. 169 ; Bordes 1989, no 187, p. 170, ill. ; Vizille 2000, p. 93, ill.

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Le Triomphe de la Civilisation Marseille, 1795-1796 Huile sur toile 98 × 130 cm Hambourg, Kunsthalle, inv. 531 4 Hist. : 1982, achat New York Bibl. : Bordes 1979, p. 206, no 36 ; Simons 1980, p. 268 ; Simons 1982, p. 219-221, fig. 11 ; Simons 1983, p. 116-118, fig. 1 ; Simons 1985, no 52, p. 102, fig. 1

Cette œuvre attribuée autrefois à David a été achetée à Vienne par un collectionneur américain en 1927-1930 avant que la Kunsthalle de Hambourg s’en porte acquéreuse en 1982. L’identification en lien avec l’esquisse du musée Réattu est due à Jean-Pierre Cuzin en 1974. C’est à partir de ce tableau que Katrin Simons entreprit son travail essentiel de thèse sur l’œuvre de Jacques Réattu dès 1980, aboutissant à la publication en 1985 du seul ouvrage de référence jusqu’en 2017.

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1797-1798

LA SECONDE PÉRIODE PARISIENNE

La première indication du retour de Réattu à Paris date du 23 octobre 1796 1. Une première adresse est mentionnée peu de temps après, « rue de la Ville L’Evêque au coin de celle d’Astorg 2 » dans l’actuel 8e arrondissement à proximité de l’église de la Madeleine. À partir de 1797, et jusqu’à la fin de son second séjour parisien, Réattu demeure ensuite chez son ami Gibert, administrateur des Postes « rue des vieux Augustins près la Place Victoire 3 ». On a vu que si Réattu se rend à Paris c’est par désappointement de ne pouvoir retourner en Italie. C’est donc en premier lieu dans le cadre de démarches en vue d’obtenir le paiement de ses arriérés de pension pour mener à bien ce projet qu’il entreprend ce voyage comme l’attestent les diverses lettres de recommandation et les courriers envoyés au ministère des Finances et de l’Intérieur. À la suite du traité de paix de Tolentino 4, il est également l’un des signataires du rapport des élèves de l’Académie de France à Rome au ministre des Relations extérieures demandant une indemnisation suite aux événements du 13 janvier 1793 5. L’autre raison de son voyage parisien, on l’a vu, est d’être autorisé à achever Le Triomphe de la Liberté et à ce que son œuvre soit installée dans l’une des salles du Palais-Bourbon, siège du Conseil des Cinq-Cents à partir de janvier 1798 qui n’aboutira pas malgré les engagements obtenus. Il semble néanmoins se préparer à rester sur Paris et à y travailler comme en témoigne sa demande d’attribution d’un logement et atelier au Louvre 6, précisant bien, qu’il s’agit d’une solution provisoire en attendant de pouvoir reprendre le cours de ses études à Rome. Grâce à l’appui de Lucien Bonaparte, il obtient de peindre un clavecin pour Mme Tallien, il renoue avec ses amis, Jean-Baptiste Gibert bien sûr, mais également, le compositeur Jean-François Lesueur et Louis-Frédéric Bourgeois de Mercey. Il profite d’être à Paris pour solliciter de Bernard Lange (1754-1839), « statuaire du Louvre » rencontré à Rome, de lui fournir un ensemble de gravures de Piranèse 7. Rien n’annonce un départ et pourtant début octobre 1798, son ami Delagardette lui écrit déjà à son adresse arlésienne 8, en contradiction avec la lettre de Bernard Lange de la fin du mois, mais Réattu est sans doute déjà reparti pour Arles, car il ne semble pas avoir récupéré ses gravures, aucune n’ayant pu être identifiée dans le fonds du musée. On peut penser que Réattu au bout de deux années de démarches a compris que malgré les engagements officiels, il n’obtiendrait pas les commandes attendues ni le défraiement nécessaire à un voyage en Italie, il quitte donc définitivement Paris.

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1799-1833

JACQUES RÉATTU À ARLES

Jacques Réattu : un propriétaire en pays d’Arles

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Avant même son départ pour Paris, Réattu prépare, semble-t-il, son installation arlésienne. En effet dès 1796 9, il se porte acquéreur du domaine national des Charlots 10. On peut raisonnablement penser qu’il a alors obtenu le versement des sommes provenant de l’héritage de Guillaume Barrême de Châteaufort et bénéficié d’un soutien familial qu’il mentionne sans plus de précisions. On découvre un Jacques Réattu propriétaire agricole, ce qu’il ne cessera plus d’être, comptant plus sur ces revenus que sur des commandes officielles. Première acquisition de Réattu en pays d’Arles, le domaine des Charlots fera l’objet de travaux conséquents avec la construction d’une écurie et la rénovation du mas 11. En 1814, il en est toujours propriétaire puisqu’il le met en fermage 12. Il acquiert par ailleurs un ensemble foncier important à Montmajour qui comprend : la Grande Tour, le lavoir, 10 hectares de vignes, 10 ares d’oliveraie, 77 ares de prés marécageux, 50 ares de ceintureaux (?) et une partie de la « montagne de Montmajour » pour 19 ares 13. À Arles même, il soumissionne le 28 novembre 1796 pour la Commanderie de Saliers 14, « Sa maison 15 ». Il y entreprend des travaux, en particulier dans son atelier donnant sur le Rhône en surhaussant la toiture et aménageant un éclairage zénithal. Il récupère en outre des dalles provenant de sa propriété de Montmajour pour le passage en contrebas de la cour et installe dans l’escalier un bénitier ayant la même provenance. Enfin, il fait inscrire sur le fronton de la porte d’entrée sa devise NULLI LABOR FALAX (Le travail ne trahit personne). Par la suite, il achètera le bâtiment voisin du Grand Prieuré 16 ainsi qu’un ensemble de maisons, cours et écuries plus à l’est, au bord du Rhône à proximité de son moulin à huile. Il acquerra encore en juin 1820 une petite maison dans la rue du Séminaire 17. On le voit, Jacques Réattu dans les années 1820 est à la tête d’un patrimoine foncier et immobilier important qui lui assure un revenu confortable et le rend indépendant des aléas économiques en matière de commandes artistiques. Des inquiétudes surgissent pourtant lorsqu’à partir de 1822-1823 18, la Ville d’Arles envisage la prolongation des quais depuis la porte de la Cavalerie qui nécessiterait la destruction d’un certain nombre de maisons se trouvant au bord du Rhône. Jacques Réattu est l’un des premiers et plus importants propriétaires concernés, à tel point qu’il s’en ouvre au préfet de l’époque, le comte de Villeneuve. Il critique publiquement ce projet 19, faisant même une contre-proposition de vendre au département sa maison et le Grand Prieuré pour y établir la maison d’arrêt du 3e arrondissement 20. Cette proposition n’était pas sans intérêt si l’on note que la gendarmerie était alors installée au bord du Rhône à proximité. Heureusement pour Réattu, ce projet de travaux fut repoussé. Il revient néanmoins à l’ordre du jour en 1846 21, par chance, sans plus de concrétisation et ce n’est qu’après les inondations de 1856, que les quais actuels furent aménagés sans « porter atteinte » à l’ensemble de la Commanderie de Saliers et du Grand Prieuré.

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LES ŒUVRES MYTHOLOGIQUES : 1802-1826

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Cléobis et Biton traînant le char de leur mère, prêtresse de Junon 50 Arles, 1802 Plume, lavis de noir avec rehauts de gouache blanche 17,5 × 60,5 cm Inscr. : signé et daté sur le char, Reattu 1802 Musée Réattu, inv. 868.1.234 Hist. : 1868, legs Élisabeth Grange Bibl. : Simons 1985, no 149, p. 125

Œuvre la plus ancienne de la période arlésienne, Réattu en tire le sujet d’Hérodote 51. Exemple de piété filiale, cette œuvre est encore à rattacher à celles de la période marseillaise, marquées par l’exemplum virtutis. De même le style de l’œuvre est proche des dessins de composition qu’il réalise pour le temple de la Raison de Marseille dont il reprend ici le principe du monochrome à l’imitation de bas-reliefs sculptés.

Une description du programme non datée figure dans les manuscrits de Réattu 52 : « Cléobis et Biton traînant le char de leur mère. Cléobis et Biton étaient deux frères. Leur mère, prêtresse de Junon, devait se rendre au temple de la déesse pour y offrir un sacrifice : il fallait qu’elle y fut conduite sur un char, selon la coutume. Comme on ne put en cet instant trouver des bœufs pour cet office, Cléobis et Biton s’attelèrent au char de leur mère et la traînèrent l’espace de quarante stades. Chacun félicita la prêtresse d’avoir des enfans qui donnaient une telle marque de piété filiale ; et elle même, transportée de joie, pria Junon de leur accorder le plus grand bien que les mortels pussent recevoir des dieux. Après cette prière, Cléobis et Biton sacrifièrent à la déesse, s’endormirent dans le temple, et le lendemain, il furent trouvé morts. Les habitans d’Argos, où cet événement avait eu lieu, leur élevèrent de[s] statues dans le temple de Delphe. »

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Apollon et les muses traversent les Champs Élysées, distribuant des couronnes et montent au temple de mémoire Projet de rideau Arles, 1829 Huile sur toile 58,5 × 72,5 cm Musée Réattu, inv. 868.1.73 Hist. : 1868, legs Élisabeth Grange Bibl. : Simons 1985, no 94, p. 112, fig. 150

« Apollon dans les Champs Elisés couronne d’immortelles les artistes célèbres qui ont illustré la France et suivent les muses qui les conduisent au temple de mémoire : Polymnie, \d’une colline/, sur le cheval Pégase, conduit les créateurs \ou poètes héroïques/ ; Érato, les poètes lyrique ; Euterpe les musiciens, Melpomène les poètes dramatiques et Thalie les poètes comiques. Il reste dans les Élisés les envieux \faibles et/ jaloux. Dans le coin à gauche sont les ombres errantes dans les bocages, et sur la droite, coule l’heureux Léthé que les ombre \ errantes/ se presses d’en boire les salutaires eaux. On peut étendre le sujet si par hasard il n’étoit pas assez riches en personnage. J’ai pensé qu’on pouvoit se passer de mettre en action Clio, Calliope, Therpsicore et Uranie 97. »

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La Conversion de saint Paul Arles, 1829 Huile sur toile 34 × 42 cm Musée Réattu, inv. 868.1.65 Hist. : 1868, legs Élisabeth Grange Bibl. : Simons 1985, no 96, p. 112, fig. 136

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ANNEXES

Catalogue des Ĺ“uvres orphelines Index des dessins recto verso Index des noms Chronologie Bibliographie Remerciements

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CHRONOLOGIE Événements privés Événements historiques

11 juin 1760 Naissance et baptême de Jacques XXX dit né de parents inconnus 13 novembre 1765 Naissance et baptême de Louis Julien XXX dit né de parents inconnus

Septembre 1783 Réattu chez le Marquis de Monteclair, Château de la Rongère à Saint-Sulpice en Mayenne

4 décembre 1770 Naissance et baptême de Joseph Julien XXX dit né de parents inconnus

6 mars 1784 Jacques Réattu admis à l’épreuve de figure académique peinte et modelée d’après nature en même temps que Drouais, Gounod, Rivière, Lethière, Vignet, Bouchet, Garnier et Messier

13 novembre 1772 Naissance et baptême le 14 novembre de Marie-Thérèse XXX future épouse Couston dite née de parents inconnus

31 juillet 1784 Sentence dans l’assignation en justice de Henti Barrême par Catherine Raspal. Appel de Henri Barrême

1775 Réattu inscrit sur la liste des élèves de l’Académie royale de peinture et sculpture à Paris

Septembre 1784 Réattu chez le Marquis de Monteclair, Château de la Rongère à Saint-Sulpice en Mayenne

6 novembre 1775 Décè s de Guill aume B ar r ême de Châteaufort père de Jacques Réattu

9 février 1785 Mort de Catherine Raspal

26 septembre 1778 Jacques Réattu, nommé Rebattu P. (pour Philippe) obtient une 3e médaille pour le dessin d’académie Juillet 1780 Réattu habite chez Simon Julien rue de l’université vis-à-vis de l’hôtel d’Harcourt (nom Rebattu) Novembre 1781 Plaidoyer contre les hoirs de Barrême. Catherine Raspal assigne en justice Henri Barrême époux de la fille légitime de Guillaume Barrême de Châteaufort 1er mars 1783 Jacques Réattu admis à l’épreuve de figure académique peinte et modelée d’après nature en même temps que Belle, Chaise, Potain, Rivière, Lethière, Des Pierres, Garnier, Le Tellier

5 mars 1785 Jacques Réattu est admis à l’épreuve de figure académique peinte et modelée d’après nature en même temps que Potain, Lethière, Sauce, Bouchet, Caraffe, Garnier, Demarne et Hennequin Novembre 1786 Réattu habite petite rue d’Anjou proche la rue Dauphine chez Vernet 4 mars 1786 Jacques Réattu est admis à l’épreuve de figure académique peinte et modelée d’après nature en même temps que Lethière, Wicard, Messier, Fabre, Mérimée et La Barrère 26 juin 1786 Arrêt suite à l’appel des hoirs de Barrême suite à l’assignation en justice par Catherine Raspal d’Henri Barrême en 1781 confirmant l’arrêt de 1784

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Juillet 1786 à novembre 1787 Réattu habite « petite rue d’Anjou proche la rue Dauphine » chez Vernet – annonce du départ de Réattu pour le château de la Rongère 3 mars 1787 Jacques Réattu est admis à l’épreuve de figure académique peinte et modelée d’après nature en même temps que Tardieu, Girodet, Fabre, Thévenin, Desfonts 29 décembre 1787 Jacques Réattu obtient une première médaille pour le dessin d’académie 1er mars 1788 Jacques Réattu admis à l’épreuve de figure académique peinte et modelée d’après nature en même temps que Tardieu, Girodet, Meynier, Gérard, Ansiaux, Jourdain et Desfonts 29 mars 1788 Jacques Réattu est admis au concours après validation de son académie peinte et de l’esquisse faite pour concourir aux grands prix en même temps que Pajou, Garnier, Girodet, Meynier, Thévenin et Mérimée. Le sujet sera donné le 1er avril, tiré des deux premiers tomes de l’Histoire Romaine par Rollin 7 mars 1789 Jacques Réattu admis à l’épreuve de figure académique peinte et modelée d’après nature en même temps que Tardieu, Girodet, Bouchet, Meynier, Motet l’Aîné, Godefroid, Ramier, Gérard, La Badye, Thévenin, Ansiaux, De Bret et Gallier 5 mai 1789 Ouverture des États généraux 20 juin 1789 Serment du Jeu de Paume 1er août 1789 Jacques Réattu obtient le 1er Prix de Demifigure peinte 16 avril 1790 Suppression des Ordres monastiques et religieux 6 mars 1790 Jacques Réattu est admis à l’épreuve de figure académique peinte et modelée d’après nature en même temps que Gérard, Thévenin, Bouchet, Pajou, Thomassin, Ansiau, Motet l’Aîné, De Bret, Jourdain, Tardieu, Le Brun

27 mars 1790 Jacques Réattu est admis au concours après validation de son académie peinte et de l’esquisse faite pour concourir aux grands prix en même temps que Thévenin, Pajou, Thomassin, Gérard, Bouchet, Tardieu, Ansiaux. Le sujet sera donné le 1er avril tiré de l’Ancien Testament 28 août 1790 Jacques Réattu obtient le premier prix de peinture, Tardieu obtient le second prix, tous deux sont dits élèves de M. Regnault 15 septembre 1790 Cer tificat de Pensionnaire du Roi à l’Académie de France à Rome 22 septembre 1790 Lettre de d’Angiviller à Vien l’informant qu’il a signé les brevets de Réattu et Lemot, que l’ordre de paiement des frais de voyage va être donné sous peu. D’Angiviller demande à Vien d’informer les artistes qu’ils vont pouvoir se préparer sous peu au départ 28 septembre 1790 Lettre de d’Angiviller à Ménageot l’informant que seuls deux nouveaux pensionnaires vont venir à Rome cette année. Ils devraient bientôt partir de Paris. 15 décembre 1790 Ménageot informe d’Angiviller que Lemot est arrivé, mais pas Réattu Mars 1791 Ménageot informe d’Angiviller que Réattu n’est toujours pas arrivé 15 mars 1791 Rupture des relations diplomatiques de la France avec l’Église romaine après la condamnation par le pape de la Constitution civile du Clergé Mars 1791 Réattu habite chez M. Taurel, payeur des rentes de la ville de Paris, rue du GrosChenet, no 11 – mention de Réattu en tant que pensionnaire du Roi 4 avril 1791 Réattu quitte Paris pour l’Italie 11 avril 1791 Laissez-passer officiel pour l’Italie 22 avril 1791 Arrivée de Réattu à Lyon le jeudi saint soit le jeudi 21 avril au soir, il en repart le vendredi 22 avril

362 Jacques Réattu, arelatensis, un rêve d’artiste

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La photogravure a été réalisée par Quat’Coul, Toulouse. Cet ouvrage a été achevé d’imprimer sur les presses de PBTisk (République tchèque) en août 2017.

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