Käfig 20 ans de danse (extrait)

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Sommaire

07 avant-propos préface introduction

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19 première escale prendre le temps de l’écriture

41 deuxième escale changement de cap

55 troisième escale inventer des lieux pour la danse hip-hop

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69 quatrième escale le geste au carrefour des influences

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87 cinquième escale façonner les matières

105 sixième escale transmettre une histoire, transmettre un geste

119 septième escale chorégraphies des villes

135 repères

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Avantpropos | AGATHE DUMONT

Je ne sais plus en quelle année j’ai vu le spectacle Käfig pour la première fois, peut-être en 1996. Je me souviens aussi de Terrain Vague en 2006 au théâtre Jean Vilar de Suresnes. Cette année-là, je faisais des recherches sur les croisements entre cirque et danse ; la pièce arrivait à point nommé. Dix ans plus tard, en 2016, je plonge dans les archives de la compagnie pour ses vingt ans. Entre-temps, j’ai croisé plusieurs fois le parcours de Käfig, notamment à Lyon, au Pôle Pik. J’ai suivi les créations de près ou de loin, j’ai vu passer les danseurs, les affiches, les articles de presse. Käfig a toujours été dans un coin de ma tête. Fouiller dans les cartons de la compagnie, c’est un peu faire miens ses souvenirs et mettre son histoire en perspective avec la grande histoire du mouvement hip-hop en France, et avec celle de la danse contemporaine. Vingt ans pour la compagnie Käfig, trente ans pour le hip-hop, que d’anniversaires !

Au milieu des programmes, des affiches, des photos, des extraits d’émissions télévisées et des images de répétitions ou de spectacles, je croise des visages et des scènes connus, la Biennale de la danse, les Rencontres nationales de danses urbaines de la Villette, les Défilés, Montpellier Danse, la Maison des Arts de Créteil et le Centre Chorégraphique National de Créteil et du Val-de-Marne, des lieux qui m’étaient familiers comme le Festival Jacob’s Pillow aux ÉtatsUnis, l’Usine C à Montréal, ou le Joyce Theater à New York, mais aussi des théâtres et des paysages que je découvre en Asie, en Afrique, en Amérique du Sud et à travers toute l’Europe. Au-delà des spectacles, je devine des histoires fortes d’amitié et de compagnonnage. Et puis il y a la danse, le corps, l’écriture chorégraphique. Ma fascination pour les virtuosités acrobatiques m’entraîne de pièce en pièce, de geste en geste. Je vois la danse se transformer au cours des années, se nourrir des rencontres. Je comprends les questions, j’entends les doutes. Écrire un livre sur la danse n’est jamais facile. Mettre des mots sur le mouvement, les sensations, c’est toucher la part la plus intime de l’acte de création. Ce travail, nous l’avons fait ensemble avec Mourad Merzouki. Nous avons regardé des archives, discuté, évoqué des souvenirs. Et puis un jour, nous nous sommes installés, tantôt au Pôle Pik à Bron, tantôt au CCN de Créteil et du Val-de-Marne, et nous avons parlé. Ce travail d’entretiens constitue la matière première de ce livre qui cherche à rendre compte de la parole d’un chorégraphe. Cette parole est venue résonner avec mon propre parcours dans la danse, comme interprète et comme chercheuse, et avec les anecdotes, les discours et les images croisées dans les boîtes d’archives. Mes mots – et parfois ceux d’autres artistes ou chercheurs – sont venus s’immiscer dans ce récit parfois très personnel pour poser un regard sur les œuvres et réinterroger l’histoire du hip-hop en France à la lumière de la trajectoire singulière de la compagnie Käfig. 7

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Préface | ISABELLE DANTO

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Jeff Chang, Can’t stop Won’t stop, une histoire de la génération hip-hop [2006], traduit de l’anglais par Héloïse Esquié, Éditions Allia, 2011 pour la traduction française.

KÄFIG, VINGT ANS DE DÉFIS POUR LA DANSE En 2009, le chorégraphe Mourad Merzouki était nommé directeur du Centre Chorégraphique National de Créteil et du Val-de-Marne. Cette nomination venait saluer l’engagement et le talent artistique d’une figure majeure de la danse hip-hop ayant osé inventer l’avenir et dont le rôle a été crucial dans la structuration de ce mouvement en France. Cette année-là disparaissaient Michael Jackson, entré dans la légende avec son pas de moonwalk, Pina Bausch et Merce Cunningham, trois immenses créateurs qui ont révolutionné la danse de notre temps. Trois immenses créateurs qui ont transformé un instant éphémère, celui de la danse, en une éternité. À quelques semaines d’intervalle, on prenait conscience que rien ne serait plus comme avant, qu’on vivait la fin d’une histoire et le début d’une autre. On l’avait appris de Merce Cunningham, qui à l’idée d’école préférait celle de changement, la danse « c’est chaque fois une autre histoire ». Ainsi, avec la nomination de Mourad Merzouki à la tête du CCN de Créteil et du Val-de-Marne, la danse s’affirmait résolument contemporaine, au plein sens du terme, la culture urbaine des ghettos étant devenue la culture mondialisée de notre époque. La consécration institutionnelle suivait la reconnaissance populaire et la danse hip-hop devenait un genre de référence. Elle se retrouvait même investie d’une mission d’intérêt général et allait très vite porter l’image de la culture française dans le monde entier. Jeff Chang, qui dans son ouvrage Can’t stop, Won’t stop (d’après la devise du fameux gang des Crips) retrace une histoire de la génération hip-hop aux États-Unis, en avait déjà eu l’intuition dès 1989 1 : l’explosion du rap et de la breakdance indiquait un profond changement de perspective que rien ne pourrait plus arrêter.

KÄFIG, TWENTY YEARS OF CHALLENGES FOR DANCE In 2009, the choreographer Mourad Merzouki was appointed director of the Centre Chorégraphique National (CCN) de Créteil et du Val-de-Marne. His appointment was a testament to the commitment and artistic talent of a major figure in hip-hop who has dared to innovate and who has played a crucial role in structuring the hip-hop movement in France. It was the same year as the deaths of Michael Jackson, who attained the status of legend with his moonwalk, Pina Bausch, and Merce Cunningham, three great artists who revolutionised modern dance. Three great creators who transformed something ephemeral—dance— into something eternal. In the space of a few weeks, it became clear that things would never be as they were before, that we were witnessing the end of one thing and the beginning of something new. From Merce Cunningham, who preferred the idea of change to that of schools, we learned that dance “is always something different.” It follows, with the nomination of Mourad Merzouki as the head of the CCN de Créteil et du Val-de-Marne, that dance asserted itself as contemporary, in the full sense of the term, the urban culture of ghettos becoming the globalised culture of our time. Recognition from the institution followed popular recognition, and hip-hop became a major style. It even became vested with a greater mission and rapidly came to bring the image of French culture to the whole world. Jeff Chang, who traced the history of the American hip-hop generation in his work Can’t Stop Won’t Stop 1 (using the motto of the gang the Crips), already had a feeling in 1989 that the explosion of rap and breakdance meant a profound change of perspective that nothing would be able to stop.

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Introduction | KÄFIG, 1996-2006

Le récit commence en 2006. Une date clé dans l’histoire de la compagnie Käfig qui fête alors son dixième anniversaire. Un premier carnet publié pour l’occasion raconte dix ans de découvertes et de spectacles. La thématique du voyage parcourt l’œuvre de Mourad Merzouki et les tournées internationales ont emmené très tôt les danseurs aux quatre coins du monde. L’histoire a démarré en 1996. Après plusieurs créations collectives cosignées au sein d’Accrorap à la fin des années 1980, Käfig est la première pièce signée par Mourad Merzouki. Elle déplace alors les modalités d’écriture du hip-hop et donne son nom à la compagnie fondée la même année. Le diptyque avec Générations Hip-Hop attire le regard des programmateurs de la région lyonnaise puis de toute la France ; cette jeune danse apporte un nouveau souffle dans la création chorégraphique. Une collaboration avec Josette Baïz (Groupe Grenade) pour Rendez-vous, joué au festival Danse à Aix à l’été 1997, montre qu’il faut désormais compter le hip-hop parmi les écritures contemporaines. Le succès se confirme avec Récital, création pour la Biennale de la danse de Lyon alors dirigée par Guy Darmet, personnage décisif dans le parcours de Mourad Merzouki, compagnon de toujours et ambassadeur de la compagnie. Aux côtés des grands noms de la danse contemporaine, le chorégraphe s’essaie à une danse hybride, qui mélange les influences musicales et porte un autre regard sur la virtuosité. La pièce permet aussi une reconnaissance internationale : une tournée aux États-Unis en 1999 puis sur le continent africain en 2000 montre l’intérêt grandissant des publics pour cette danse. Malgré tout, construire un projet de compagnie n’est pas chose facile et il faudra de l’acharnement, du rêve et de l’entraide pour que Käfig continue à écrire son histoire. En 2001, Mourad Merzouki accueille le danseur new-yorkais Klown pour la création de Dix Versions. Variation sur le corps où la singularité de chaque danseur

peut s’exprimer, la pièce représente l’originalité du hip-hop français au festival Jacob’s Pillow à New York. Alors que le style chorégraphique de Mourad Merzouki s’affirme, les collaborations se multiplient. Pour le projet jeune public Les Fables à La Fontaine d’Annie Sellem, le langage hip-hop vient raconter à sa manière Le Chêne et le Roseau. La danse de Mourad Merzouki trouve alors naturellement sa place parmi les écritures de Dominique Hervieu, Dominique Boivin, Satchie Noro ou Herman Diephuis, entre autres. Poursuivant les voyages et les découvertes, il retrouve Kader Attou, ami d’enfance et comparse d’Accrorap, et l’Algérie pour le projet Mekech Mouchkin avec de jeunes interprètes. La transmission intergénérationnelle et l’éducation artistique auprès des publics amateurs sont aussi la marque de fabrique de la compagnie. Ainsi, à SaintPriest puis à Bron, en région lyonnaise, le chorégraphe développe plusieurs projets d’action culturelle, permettant à la danse de se déployer non seulement sur les plateaux mais aussi dans d’autres territoires. Le hip-hop est une danse partagée. C’est pourquoi le chorégraphe n’hésite pas à s’investir pour défendre des causes, comme lors de Sidaction à Lyon en 2004 où il propose un Adapté, premier d’une série de petites formes créées pour différents contextes. Côté scène, Mourad Merzouki développe une écriture de plus en plus visuelle et décortique les figures et les pas du hip-hop, empruntant d’autres langages artistiques ici ou là. En 2004, Corps est Graphique est l’aboutissement de cette recherche. Le spectacle utilise la vidéo et met en scène la transformation du corps de danseurs et danseuses qui bousculent les codes de la danse. Cette première décennie voit naître les prémices d’une écriture chorégraphique qui se renforce et de l’identité d’une compagnie qui s’affirme. La décennie suivante s’ouvrira à d’autres approches chorégraphiques, d’autres pays, et verra l’installation pérenne de Käfig. 17

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première escale prendre le temps de l’écriture


Qu’y a-t-il au départ de l’œuvre chorégraphique ? Rien. Pas de support spécifique prévu : le danseur ne dispose pas, comme dans les autres arts, d’un médium déjà donné : son, couleur ou machine et lumière comme au cinéma. | Laurence Louppe, Poétique de la danse contemporaine, Contredanse, 2004, p. 245.

Nous sommes en 2006. Pour la première fois, Käfig pose ses valises. Après dix ans de nomadisme et sept créations, Mourad Merzouki est artiste en résidence à Chalon-sur-Saône pour trois ans. Le hip-hop prend ses quartiers. Le temps de créer librement, de s’approprier l’espace du théâtre Piccolo et de rester sans que le temps soit compté. Ils sont là, les jeunes danseurs de la compagnie Käfig, sous les dorures de ce vieux théâtre à l’italienne. Deux mondes dont la rencontre est possible grâce à des années d’acharnement pour faire reconnaître sa danse. Depuis 1996, la compagnie est sur les routes. Le succès international des pièces Käfig puis Récital, Dix Versions, Corps est Graphique et les créations successives ont laissé peu de répit aux danseurs. Pendant dix ans, l’urgence pousse à créer, mais malgré les projets la situation de la compagnie reste fragile. Dans les années 2000, les bâtisseurs des années 1990, Accrorap, Käfig, Aktuel Force, Black Blanc Beur, sont dans la fleur de l’âge. Le succès de la danse hip-hop est grandissant mais, depuis les projets pionniers des Rencontres nationales de danses urbaines de la Villette, du Théâtre contemporain de la danse, de Danse Ville Danse à Lyon ou de Suresnes cités danse, le mouvement peine parfois à retrouver un élan. Si les débuts ont parfois été difficiles, le hip-hop est très vite passé du statut de phénomène de mode à celui d’avantgarde. L’engagement en faveur de cette danse reste timide au milieu des années 2000 mais danseurs et chorégraphes sont déterminés à poursuivre. Sans se soucier du prochain train à prendre, de la prochaine salle à trouver, sans la nécessité de s’adapter sans cesse à un nouvel espace, Terrain Vague inaugure une nouvelle décennie de créations.

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Écritures

Écrire. C’est bien de cela dont il est question depuis les premières créations. La danse hip-hop est née de l’improvisation, dans un geste immédiat projeté dans l’espace sans médiation, virtuose, intense. En déplaçant l’arène de cette virtuosité sur la scène, se posent des questions de composition, d’organisation du mouvement. Comment construire une partition, fixer les gestes, compter la musique ? Plus encore que le passage à la scène, le tournant qui se joue alors pour le hip-hop est l’incorporation d’un processus d’écriture chorégraphique. Ce n’est pas tant le cadre institutionnel qui importe que le fait d’affirmer une danse d’auteur, à l’image du combat mené par les chorégraphes de la Nouvelle Danse dans les années 1980. Dix ans plus tard, les chorégraphes hip-hop ont pris le relais. Le caractère démonstratif de la technique se trouve confronté à d’autres musiques, d’autres espaces, d’autres corps et le geste se transforme. L’écriture est un parcours initiatique et les toutes premières créations à la fin des années 1980 ont été difficiles. Écrire quatre ou huit temps prend du temps : « À l’époque, nous ne savions pas compter en huit temps et nous comptions jusqu’à 40 et au-delà », raconte Mourad Merzouki. « C’était impossible. Cette recherche d’un geste commun, collectif, a pris un temps fou ! » Être en rythme, être ensemble, l’apprentissage de l’écriture passe d’abord par l’unisson. Le travail se précise au fil des œuvres, le corps s’écrit dans les moindres détails : les bras, les poignets, les doigts, le regard… Avec l’expérience, ces jeunes artistes apprennent à regarder, à agencer l’ensemble et à faire confiance à leurs intuitions.

« Porter une création n’est pas simple. Il faut partager ce qu’on ressent, chercher quelque chose qu’on ne connaît pas, avoir de la patience, reprendre, gommer. J’ai mis du temps à me sentir légitime pour supprimer une scène, faire des choix plus radicaux. » Car la danse hip-hop a ceci de particulier qu’elle s’inscrit dans un code et un vocabulaire précis dans lesquels elle peut être sculptée, creusée et renouvelée, en s’ouvrant à d’autres gestes et d’autres procédés de composition. Avec Terrain Vague, une écriture à la croisée de la danse et du cirque s’affirme. L’écriture chorégraphique de Käfig se réinvente au fil des envies et des rencontres. La danse hip-hop a toujours été ouverte aux influences et le vocabulaire, aussi codifié soitil, est le fruit de multiples métissages, du jazz à l’acrobatie, en passant par la capoeira et d’autres arts martiaux. De cette identité, Mourad Merzouki retient l’idée de s’imprégner du travail des autres. Des collaborateurs issus de différents champs artistiques viennent ainsi frapper à sa porte. En 2004, la rencontre avec la metteuse en scène Claudia Stavisky permet de mettre un pied dans le théâtre. Elle lui propose un projet avec vingt-six artistes sur scène. Vingt-quatre comédiens et deux danseurs. Le défi ? Les faire danser ensemble. Mourad Merzouki se trouve immergé dans un tout autre processus de création : ici on travaille à la table, on lit, on parle. Comment, dès lors, inscrire le mouvement, le corps, dans un texte, dans une histoire ? La puissance du théâtre et ses outils déplacent à nouveau la manière d’envisager le processus de création et l’écriture chorégraphique. 21

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Terrain Vague 2006

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Entre cirque et danse

Une ville irréelle aux couleurs changeantes. Une palissade de bois. Au fond, un mât. À l’avant-scène, un lampadaire. Entre ciel et terre, une journée se passe. Corps et espace se répondent. Une danse en canon ou en cascade surgit d’un côté du plateau. La séquence est reprise, décomposée ; les mouvements sont répétés, transposés. L’espace se tisse, les formes rebondissent et s’échappent en faisant tournoyer des figures ou en grimpant au mât, dans une composition où chacun trouve sa place. « Terrain Vague a permis de poursuivre une recherche amorcée pendant les dix premières années. Pour Käfig, en 1996, le filet utilisé pour la scénographie de la pièce n’est arrivé que quatre jours avant la première, nous n’avions que peu de temps pour explorer les possibles. En 2006, les disciplines se croisent plus facilement, le circassien est emmené vers la danse et les danseurs se frottent à des techniques plus acrobatiques au mât. D’autres choses surgissent de la rencontre entre le corps et la matière. » Mourad Merzouki 22

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La Cuisine 2004

L’Âge d’or 2006

Jojo au bord du monde 2008

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Entre théâtre et danse

La collaboration avec Claudia Stavisky commence avec La Cuisine et se poursuit avec L’Âge d’or. Entre-temps, Jojo au bord du monde est une échappée vers le théâtre jeune public avec le metteur en scène Nino d’Introna. Dans la distribution de L’Âge d’or, les comédiens aguerris doivent danser. « Travailler avec un monstre du théâtre comme Dominique Pinon révèle qu’il existe d’une part la mémoire des mots et d’autre part la mémoire du corps. Un comédien retient un texte en quelques minutes mais aura beaucoup plus de mal à reproduire un enchaînement de mouvements. Ce décalage invite à travailler différemment, à trouver des méthodes de transmission pour que mémoire des mots et mémoire du corps puissent dialoguer sur le plateau. » M.M. 26

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Chronologie |

« La danse et l’acrobatie ont une place importante dans ma vie ; ce sont mes passions. Ainsi, je veux être danseur professionnel. » Mourad Merzouki.

QUELQUES ÉVÉNEMENTS D’UN PARCOURS DE 20 ANS…

5 AVRIL 1993

2006

1996 AVRIL Création du spectacle Käfig, qui deviendra le nom de la compagnie. SEPTEMBRE Premier Défilé pour la Biennale de la danse de Lyon.

1997-1998 Remise du trophée K d’Or par le journal Lyon Capitale.

2004 30 MAI Remise du prix du meilleur jeune chorégraphe au Festival International de Danse de Wolfsburg. SEPTEMBRE Remise des insignes de Chevalier des Arts et des Lettres par Guy Darmet.

4 DÉCEMBRE Remise du trophée des « Lumières de la Culture » dans la catégorie danse par le journal Le Progrès et Télé Lyon Métropole. 12 JUIN Remise du Prix Nouveau Talent Chorégraphique attribué par la SACD. Palmarès des Prix SACD 2006.

2007 OCTOBRE Création du festival Karavel à l’Espace Albert Camus de Bron.

2008 Membre du conseil d’administration du Centre national de la danse. 19 FÉVRIER Remise du trophée « Créateurs sans frontières » 2008 par Bernard Kouchner, ministre des Affaires Étrangères et Européennes.

2009 JUIN Ouverture de Pôle Pik à Bron, premier lieu de création et de développement chorégraphique dédié à la danse hip-hop. Nomination en tant que directeur du Centre Chorégraphique national de Créteil et du Val-de-Marne.

2011 5 JUILLET Promotion au rang d’Officier dans l’Ordre des Arts et des Lettres dont l’insigne est remise par Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication.

2012 14 JUILLET Nomination au grade de Chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur dont l’insigne est remise par François Lamy, ministre délégué à la Ville.

2013 NOVEMBRE Création du festival Kalypso, mis en place à la suite du succès du Temps fort hip-hop expérimenté l’année précédente. FÉVRIER Remise de la Médaille d’Honneur de la Ville de Lyon par Gérard Collomb, maire de Lyon.

2014 AVRIL Ambassadeur et auteur du message de la 32e Journée internationale de la Danse, sous l’égide de l’Unesco.

2016 JANVIER La compagnie fête ses 20 ans ! 137

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20 ans, 26 créations

CORPS EST GRAPHIQUE

création à la Maison de la Danse de Lyon septembre 2003

RÉCITAL

PAS À PAS

co-création avec Claudia Stavisky aux Célestins, Théâtre de Lyon septembre 2005

création à la Maison de la Danse de Lyon pour la Biennale de la danse septembre 2010

TERRAIN VAGUE

YO GEE TI

co-création avec Jay Pather au Festival Jomba à Durban, Afrique du Sud août 2000

DIX VERSIONS

création à la Maison de la Danse de Lyon février 2001

GÉNÉRATION HIP-HOP

création au Théâtre Pôle Sud de Strasbourg avril 1997

RENDEZ-VOUS co-création avec le Groupe Grenade - Josette Baïz à Danse à Aix juillet 1997

CORRERIA AGWA

co-création avec Claudia Stavisky aux Célestins, Théâtre de Lyon octobre 2004

co-création avec Filip Forgeau et Amar à Lyon septembre 2000

création au festival Danse Ville Danse à Villefranche avril 1996

création pour le Conservatoire national supérieur de Musique et de Danse de Paris novembre 2009

création au Théâtre de la Croix-Rousse pour la Biennale de la danse de Lyon septembre 1998

CABARET URBAIN

KÄFIG

LA CUISINE

DES CHAUSSÉES

LE CHÊNE ET LE ROSEAU

création à la Maison de la Danse de Lyon octobre 2002

MEKECH MOUCHKIN

création à La Coursive, Scène nationale de La Rochelle mai 2003

LA TÂCHE

création au Théâtre municipal de Privas janvier 2003

L’ÂGE D’OR

création à la Maison de la Danse de Lyon janvier 2006

LES QUATRE SAISONS

pour le duo de patineurs artistiques Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat à Lyon 2007

TRICÔTÉ

création à l’Espace des Arts, Scène nationale de Chalon-sur-Saône janvier 2008

AGWA

création aux Célestins, Théâtre de Lyon pour la Biennale de la danse de Lyon septembre 2008

ID

co-création avec le Cirque Éloize Jeannot Painchaud à Incheon, Corée octobre 2009

création à l’Espace Albert Camus de Bron janvier 2010

BOXE BOXE

création au National Performing Arts Center - National Theater and Concert hall à Taipei, Taïwan mars 2012

KÄFIG BRASIL

création au Théâtre l’Agora pour le festival Montpellier Danse juin 2012

7 STEPS

création à l’Espace Albert Camus de Bron, Programme Europe créative octobre 2014

PIXEL

création à la Maison des Arts de Créteil, Scène nationale novembre 2014

CARTES BLANCHES

création à la Maison des Arts de Créteil, Scène nationale novembre 2016

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CONCOURS DE DANSE À PIRIAC

téléfilm réalisé par Marc Jolivet, France 3 juillet 2004

L’ADAPTÉ

BOXE BOXE

pour les 20 ans du festival Suresnes Cités Danse janvier 2012

recréation d’extraits du répertoire, première pour le Sidaction aux Subsistances à Lyon décembre 2004

YO GEE TI

LA FEMME D’AVANT

RÉCITAL À 40

mise en scène de Claudia Stavisky, création aux Célestins, Théâtre de Lyon novembre 2006

PA GEN PROBLEM recréation de Mekech Mouchkin à Cayenne février 2007

JOJO AU BORD DU MONDE

mise en scène de Nino d’Introna, création au Théâtre Nouvelle Génération de Lyon mars 2008

COMBAT

adapté du spectacle Boxe Boxe, carte blanche au musée du Louvre à Paris mars 2011

RÉCITAL CHINE

transmission à la Beijing Modern Dance Company, dans le cadre du Festival Croisements avril 2009

adapté pour une carte blanche au musée des Beaux Arts de Lyon juin 2012

recréation pour le Défilé de la Biennale de la danse de Lyon septembre 2012

LADY Ô

spectacle audiovisuel nocturne du Parc du Futuroscope, réalisé par Hélène Richard et JeanMichel Quesne à Poitiers février 2013

RÉCITAL À 150

transmission pour Jour de Fête à Créteil juin 2013

RÉCITAL INDE

transmission à The Danceworx Repertory Company, dans le cadre du Festival Danse Dialogues, New Delhi janvier et avril 2014

CEUX QUI DANSENT SUR LA TÊTE

téléfilm réalisé par Magaly Richard Serrano, Arte octobre 2004

20 ans de croisements et de transmissions RÉCITAL COLOMBIE

transmission dans le cadre de la Biennale de danse de Cali novembre 2015

WASTELAND

recréation de Terrain Vague à l’Académie Fratellini, Saint-Denis décembre 2015

RAPHSTRAVAGANZA

The Kinetic Experience mise en scène de Raphaël Xavier, Philadelphie septembre 2016 153

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20 ans, 58 pays

| 2 800 REPRÉSENTATIONS

AFRIQUE DU SUD ALGÉRIE ALLEMAGNE AUSTRALIE AUTRICHE BELGIQUE BRÉSIL CANADA CHINE COLOMBIE CORÉE DANEMARK DJIBOUTI ÉGYPTE ÉMIRATS ARABES UNIS ÉQUATEUR ESPAGNE ÉTATS-UNIS ÉTHIOPIE 154

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FINLANDE FRANCE GRÈCE HONGRIE ÎLE MAURICE INDE INDONÉSIE ISRAËL ITALIE JAPON JORDANIE LIBAN LITUANIE LUXEMBOURG MADAGASCAR MAROC MEXIQUE NAMIBIE NORVÈGE PALESTINE PAYS-BAS POLOGNE PORTUGAL QATAR ROUMANIE ROYAUME-UNI RUSSIE SERBIE SLOVAQUIE SUÈDE SUISSE TAÏWAN TANZANIE THAÏLANDE TUNISIE TURQUIE UKRAINE VENEZUELA ZIMBABWE

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Chaque artiste a la fierté de son art. Chaque artiste défendra toujours l’art dont la rencontre l’a bouleversé. Pour ce qu’il y a cherché et perdu et pour ce qu’il a l’intense désir de partager. C’est l’écho d’une voix, l’écriture trouvée, l’interprétation d’un texte qu’il offre à l’humanité, la musique sans laquelle l’univers cesse de nous parler, le mouvement qui ouvre les portes à la grâce. J’ai pour la danse non seulement la fierté du danseur et du chorégraphe, mais aussi une reconnaissance profonde. Elle a été ma chance. Elle est devenue mon éthique par la noblesse de sa discipline. Elle est ce par quoi au quotidien je découvre le monde. Intime à moi-même comme rien d’autre, elle m’encourage chaque jour par l’énergie et la générosité qui lui sont propres. Sa poésie me rassure. Puis-je dire que je n’existerais pas sans la danse ? Sans la capacité à m’exprimer qu’elle m’a donnée ? Sans la confiance que j’y ai trouvée pour dépasser les peurs, m’échapper des chemins condamnés ? Plongé grâce à elle dans la beauté et la complexité du monde, je suis devenu citoyen, citoyen singulier réinventant les codes au fil des rencontres, fidèle aux valeurs de la culture hip-hop qui transforme l’énergie négative en force positive. Je vis la danse au quotidien comme un honneur. Mais je vis cet honneur, préoccupé. Je constate la perte de repères, l’impossibilité à rêver sa vie d’une partie des jeunes issus des quartiers populaires qui grandit dans la frustration et la tension. Je suis leur semblable, nous sommes tous leurs semblables. Je suis animé plus que d’autres peut-être par l’envie, grâce à l’exemple, de les aider à redoubler de vie. La société n’est-elle pas plus riche des richesses de chacun ? La culture, plus que tout discours, rassemble. Ayez du courage, prenez des risques, malgré les obstacles et la haine auxquels vous serez à coup sûr confrontés, la beauté du monde sera toujours présente à vos côtés. Comme la danse l’a été pour moi. Avec sa force toute particulière qui est de faire disparaître les distinctions sociales, celles liées à nos origines, pour ne laisser que le mouvement des corps dans leur toute simple humanité, des êtres humains revenus à leur simple expression, singulière et commune. Je terminerai en empruntant les mots de René Char qui me rappellent chaque jour qu’il ne faut laisser personne nous enfermer dans un rôle déjà écrit. « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront. » Alors essayez, trompez-vous et recommencez, mais surtout dansez, ne vous arrêtez jamais de danser !

| Mourad Merzouki message de la Journée internationale de la danse 2014

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