L'Esprit de Montmartre et l'Art Moderne 1875-1910 & Guide du Musée de Montmartre (extrait)

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L’ESPRIT DE MONTMARTRE ET L’ART MODERNE 1875-1910

&

GUIDE DU MUSÉE DE MONTMARTRE


Préface par Kléber Rossillon, président du Musée de Montmartre

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Les collections de la Société Le Vieux Montmartre par Jean-Manuel Gabert, président

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Montmartre en marche : de la maison au musée par Sandrine Nicollier

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Les artistes-résidents du 12-14, rue Cortot par Saskia Ooms

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L’Esprit de Montmartre et l’art moderne, 1875-1910 par Phillip Dennis Cate

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Catalogue

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Liste des œuvres

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Biographies d’artistes

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REMERCIEMENTS

Kléber Rossillon adresse ses remerciements chaleureux à toutes les personnes qui ont permis la réalisation de cette exposition et tout particulièrement à : Mme Anne Hidalgo, maire de Paris M. Éric Lejoindre, maire du 18e arrondissement M. Bruno Julliard, premier adjoint au maire, chargé de la Culture Mme Carine Rolland, première adjointe au maire du 18e arrondissement, chargée des Affaires générales, de la Culture et du Patrimoine Mme Valérie Guillaume, directrice, musée Carnavalet, Paris Mme Christiane Dole, régisseur des œuvres, musée Carnavalet, Paris Mme Sylvie Müller, chef du service des Musées, DRAC-Île-de-France Mme Pauline Lucet, conservateur du Patrimoine, conseiller Musées, DRAC-Île-de-France Mme Laurence Isnard, conservateur du Patrimoine, conseiller Musées, DRAC-Île-de-France Mme Véronique Bourbiaux, service des Musées, DRAC-Île-de-France M. Christophe Leribault, directeur, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Paris Mme Isabelle Collet, conservateur en chef des Peintures, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Paris M. Hubert Cavaniol, responsable du service du prêt des collections, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Paris Mme Claire Boisserolles, responsable du service des ressources humaines, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Paris M. Thierry Devynck, conservateur du département des Affiches, de la bibliothèque Forney, Paris Mme Laura Minici Zotti, directrice, Musée du Précinéma, Padoue, Italie M. Francesco Modolo, Musée du Précinéma, Padoue, Italie M. le professeur Claude Ghez, directeur, Petit Palais, Genève Mme Marjorie Klein, conservatrice, Petit Palais, Genève Mme Danielle Hodel, conservation, Petit Palais, Genève M. Thierry Rosset, Petit Palais, Genève Mme Monika Mascus, Museum Langmatt, Stiftung Langmatt Sidney und Jenny Brown, Baden M. Mikkel Larsen, Ny Carlsberg Glyptotek, Copenhague, Danemark M. Jean Fabris, détenteur du droit moral de Maurice Utrillo et de Suzanne Valadon M. Jacques Sargos Mme Jacqueline Michel et M. David E. Weisman

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M. Mark Hammerschlag et Mme Lynne Hammerschlag M. et Mme Sophie Antonetti-Vader M. Jean-Michel Bück M. Michel Dixmier M. Alain Chomet Mme Béatrice Himbrechts Mme Clotilde Cooper Mme Catherine Jourde M. Stéphane Pons M. Michiel Elsevier Stockmans M. Frédéric Beauclair M. Hubert Le Gall Mme Laurie Cousseau La Bibliothèque nationale de France, Paris La galerie Thierry Mercier, Paris La Parisienne de photographie, Paris M. Paul Dini, Musée Paul-Dini, musée municipal, Villefranche-sur-Saône Mme Véronique Mamelli, Réunion des musées nationaux-GrandPalais, Paris M. Jean-Manuel Gabert, président, Société d’histoire et d’archéologie Le Vieux Montmartre Mme Isabelle Ducatez, Société d’histoire et d’archéologie Le Vieux Montmartre M. Alain Larcher, vice-président, Société d’histoire et d’archéologie Le Vieux Montmartre Mme Michèle Trante M. Daniel Rolland Mme Chantal Bodère Mme Béatrice Cahors M. Claude Bena M. Gilbert Fleury Mme Patricia Nebenzahl Mme Isabelle Pépin AXA ART DRAC-Île-de-France LP ART Banque Neuflize OBC, mécène des travaux de restauration de l’atelier de Suzanne Valadon Ainsi qu’à ceux qui ont préféré garder l’anonymat.


EXPOSITION ET GUIDE DES COLLECTIONS Le Musée de Montmartre Société Kléber Rossillon Président et Maître d’œuvre Kléber Rossillon Le Musée de Montmartre Société Saint-Jean et Saint-Vincent Directrice Suzanne Rossillon Commissaire général Phillip Dennis Cate Responsable des collections Saskia Ooms Attachée de conservation Sandrine Nicollier Responsable des travaux Catherine Bonamy Scénographe Exposition Frédéric Beauclair Scénographe Reconstitution de l’atelierappartement Suzanne Valadon Hubert Le Gall Laurie Cousseau

Société d’histoire et d’archéologie des 9e et 18e arrondissements de Paris « Le Vieux Montmartre » Président Jean-Manuel Gabert Vice-présidents Alain Larcher Michèle Trante Trésorière Odette Borzic-Hatchadourian Trésorier adjoint Xavier Thoumieux Secrétaire Béatrice Cahors Présidents d’honneur Daniel Rolland Jean-Marc Tarrit Le Conseil d’Administration Annie Belle Laurent Bihl Chantal Bodère Odette Borzic-Hatchadourian Jean-Michel Bück Béatrice Cahors Gilbert Fleury Jean-Manuel Gabert Jean-Claude Gouvernon Alain Larcher Raphaële Martin-Pigalle Yves Mathieu Marie-France Moniot-Boutry Daniel Rolland Éliane Sermondadaz Jean-Marc Tarrit Xavier Thoumieux Michèle Trante

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L’ESPRIT DE MONTMARTRE ET L’ART MODERNE 1875-1910 Cet ouvrage sert un double objectif. Il fait à la fois office de catalogue de l’exposition inaugurale de la Maison Demarne, récemment restaurée, et de guide de l’importante collection de la Société d’histoire et d’archéologie des 9e et 18e arrondissements de Paris « Le Vieux Montmartre ». Le Musée de Montmartre est constitué de plusieurs entités distinctes : d’une part la maison Belair, où sont exposées les collections de la Société du Vieux Montmartre, d’autre part la maison Demarne, qui abrite des salles dédiées aux expositions temporaires et l’atelier-appartement de Suzanne Valadon et Maurice Utrillo. Les « jardins de Renoir » relient les deux sites. Engagée en 2011, la restauration de ces vieilles maisons du xviie siècle et de leur environnement a permis la renaissance du musée et la présentation de ses collections dans toute leur magnificence. Une attention particulière a été donnée à la reconstitution de l’atelier de Suzanne Valadon tel qu’il était en 1925. Je tiens à exprimer toute ma gratitude à Hubert Le Gall pour la magnifique scénographie qu’il a conçue, ainsi qu’à la banque ABN-AMRO pour son aide. La présente exposition a pour but de cerner ce qui constitue le célèbre esprit de Montmartre, mais aussi d’étudier le rôle crucial qu’ont joué les artistes montmartrois dans le développement de l’avant-garde au tournant des xixe et xxe siècles. Mes remerciements les plus vifs s’adressent, une fois encore, à Phillip Dennis Cate qui a assuré le commissariat de l’exposition comme il l’avait fait en 2012 pour celle intitulée « Autour du Chat-Noir ». L’étendue de son savoir sur l’art et la littérature montmartrois, comme sa parfaite connaissance des collections publiques et privées conservant des œuvres proches de celles de la Société du Vieux Montmartre ont permis de réunir ce panorama complet de l’art à Montmartre au tournant du xxe siècle.

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L’exposition bénéficie de prêts venus de trois musées dont les fonds sont riches en œuvres relatives à l’art de Montmartre. Nous souhaitons ici remercier : Le Petit Palais de Paris (Christophe Leribault, directeur, et Isabelle Collet, conservatrice en chef), pour sa pièce majeure Vachalcade de Fernand Pelez. Le Petit Palais de Genève (professeur Claude Ghez, directeur, et Marjorie Klein, conservatrice en chef), pour son large ensemble d’œuvres de T.-A. Steinlen. Le Musée du Précinéma, Collection Minici Zotti, Padoue (Laura Minici Zotti, directrice), pour l’unique et extraordinaire «Théâtre du Chat-Noir » itinérant, accompagné des silhouettes en zinc de La Marche à l’étoile d’Henri Rivière, célèbre pièce du théâtre d’ombres. Ma plus vive gratitude s’adresse aux prêteurs privés de l’exposition : JeanMichel Bück, Alain Chomet, Michel Dixmier, Lynne Hammerschlag et Mark Hammerschlag, Jacques Sargos, David E. Weisman et Jacqueline Michel, M. et Mme Sophie Antonetti-Vader. Ainsi qu’à un collectionneur privé européen qui a prêté plus de cinquante pièces pour l’exposition et a préféré garder l’anonymat. Je remercie Frédéric Beauclair pour la mise en œuvre de la scénographie de l’exposition, avec la collaboration de Phillip Dennis Cate. L’exposition et la publication n’auraient pu se faire sans le concours de JeanManuel Gabert, président de la Société Le Vieux Montmartre, auteur du précieux Guide des collections, et celui d’Isabelle Ducatez, administratrice du Vieux Montmartre, qui, tous deux, ont soutenu ce projet avec enthousiasme. Ma gratitude s’adresse aussi aux membres bénévoles de la Société du Vieux Montmartre pour leurs recherches et leur contribution à la sélection d’archives issues de la collection : Claude Bena, Jean-Michel Bück, Gilbert Fleury, Alain Larcher (vice-président de la Société Le Vieux Montmartre), Patricia Nebenzahl, Isabelle Pépin. Je remercie enfin, au Musée de Montmartre : Catherine Bonamy, responsable des travaux ; Saskia Ooms, responsable des collections ; Suzanne Rossillon, directrice ; Sandrine Nicollier, assistante de conservation pour l’exposition. Kléber Rossillon Président du Musée de Montmartre

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LES COLLECTIONS DE LA SOCIÉTÉ LE VIEUX MONTMARTRE JEAN-MANUEL GABERT

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n 1886, un petit groupe d’historiens, journalistes et artistes passionnés fondèrent la Société d’histoire et d’archéologie « Le Vieux Montmartre », avec pour volonté de protéger et de voir perdurer la riche culture, l’histoire et le charme de la célèbre colline parisienne. La double vocation de cette association, toujours présente dans les statuts actuels, était de rechercher et de conserver tous les témoignages artistiques, historiques ou ethnologiques attachés à Montmartre, tout en contribuant à la protection et à la sauvegarde de ce site exceptionnel, intégré à la capitale en 1860. Depuis sa création, la société a constitué au fil des années un fonds important de plus de 6 000 pièces, grâce à des dons, des legs, des achats, des dépôts de particuliers ou de grandes institutions : ce fonds se compose de peintures, sculptures, affiches, dessins, lithographies, photographies, objets et mobilier. Les collections du Vieux Montmartre, qui ne cessent de s’enrichir, relatent ainsi une vaste histoire artistique, religieuse, politique, festive et folklorique.

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Ces collections à vocation d’exposition se complètent de plus de 100 000 pièces d’archives, portant en particulier sur l’histoire, les artistes, la vie à Montmartre, les bals et cabarets, avec un fonds spécifique consacré à la chanson française tout à fait remarquable, une bibliothèque de 3 000 ouvrages et une abondante documentation. Depuis 1960, les collections de l’association sont présentées au Musée de Montmartre, et bénéficient du label « musée de France » depuis 2003. Elles sont mises à la disposition de la Société Saint-Jean et SaintVincent en charge de l’exploitation du lieu. On peut classer ces collections en plusieurs catégories : – Un grand nombre d’affiches originales des meilleurs dessinateurs créateurs du genre – (Jules Chéret, Henri de Toulouse-Lautrec [cat. 26, p. 9], Théophile-Alexandre Steinlen, Francisque Poulbot, etc.) – composant une évocation des riches heures des bals populaires et cabarets artistiques (le Moulin de la Galette, l’Élysée Montmartre, le Chat-Noir, le Moulin-Rouge, le Divan-Japonais, le Mirliton, le Lapin-Agile…), mais aussi des luttes sociales et des festivités locales. – Des huiles, aquarelles, dessins, lithographies, gravures d’artistes de Montmartre : ces œuvres variées rapprochent les plus célèbres signatures (Maurice Utrillo, Kupka [cat. 18, p. 10], Suzanne Valadon, Willette, Poulbot, Galanis, Leprin…) de celles de peintres et illustrateurs moins connus mais représentant avec talent l’esprit de leur époque (Eugène Delâtre, Édouard Lefèvre, André Warnod [cat. 36, p. 11], André Utter, André Prévost, de Belay, etc.). C’est ainsi que La Place Pigalle, superbe toile de la période blanche de Maurice Utrillo, et Le Maquis par Kupka côtoient dans les collections les images des dessinateurs fantaisistes, tels que Jules Depaquit, Georges Delaw, Georges Tiret-Bognet, ou l’enseigne originale du Lapin-Agile, peinture sur bois d’André Gill, dépôt d’Yves Mathieu, actuel propriétaire du cabaret. La tourbillonnante danse macabre du Parce Domine (cat. 38, p. 12), grande fresque d’Adolphe Léon


Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) Moulin-Rouge, La Goulue, 1891 (Cat. 26)

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Willette commandée pour l’ouverture du cabaret du Chat-Noir, semble un écho crépusculaire de L’Abel Fanfare de Jules Grün (cat. 15, p. 11), d’inspiration champêtre, dionysiaque et solaire. - Un fonds photographique des XIXe et XXe siècles, illustrant les événements historiques de Montmartre (la Commune [cat. 1, p. 14], la construction du Sacré-Cœur [cat. 13, p. 14]) ou témoignant de tous les aspects du site et de ses habitants célèbres ou anonymes.Parmi ces fonds photographiques d’exception, il y a ceux en particulier d’Henri Daudet, de Louis-Émile

František Kupka (1871-1957) Le Maquis, 1897 (Cat. 18)

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Durandelle, de Louis-Charles Frémont et de Maurice Chabas. Tous ces photographes ont œuvré par leurs clichés à la conservation, à la mémoire et à l’inventaire du paysage montmartrois. - Une collection exceptionnelle de tableaux du théâtre d’ombres réalisés par le peintre Henri Rivière (cat. 23, p. 15) pour les spectacles du Chat-Noir, annonciateurs du cinématographe : scènes épiques, voire visionnaires, paysages et personnages découpés dans des plaques de zinc constituant une épopée onirique, dont l’influence esthétique s’exercera sur de nombreux artistes.


André Warnod (1885-1960) La Fête à Pigalle, 1907 (Cat. 36)

Jules Grün (1868-1938) L’Abel Fanfare, allégorie, 1894 (Cat. 15)

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- Une collection de porcelaines du xviiie siècle de la manufacture de Clignancourt, créée en 1775 par Deruelle (cat. 12, p. 15). Grâce à la protection de Monsieur, frère de Louis XVI (et futur Louis XVIII), le prestige et la renommée de la porcelaine de Clignancourt furent dès lors établis. Cette précieuse collection, d’une grande rareté, a été léguée par l’ancien président du Vieux Montmartre,Victor Perrot. - Du mobilier et de nombreux objets, bustes, sculptures, bibelots : on y trouve les bureaux de Gustave

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Charpentier, auteur de l’opéra Louise, et de l’écrivain Roland Dorgelès, les presses lithographiques de Eugène Delâtre et du dessinateur Francisque Poulbot, les tables et chaises du cabaret du Chat-Noir, l’étendard brodé de la Commune Libre de Montmartre, etc. - Un comptoir de vieux bistrot en étain, et ses accessoires, issu d’un estaminet de la rue de l’Abreuvoir, qui a échappé à la réquisition de l’occupant pendant la dernière guerre, a été offert par le fils du propriétaire, Louis Baillot.

Adolphe Léon Willette (1857-1926) Parce Domine, parce populo tuo / Ne in aeternum irascaris nobis (Épargne Seigneur, épargne ton peuple / Ne sois pas irrité éternellement contre nous), 1884 (Cat. 38)


le plasticien Georges Folmer, animateur du groupe Espace : elle a servi de base de travail pour le plan d’aménagement et de sauvegarde du site. En 1949, grâce aux efforts de ses présidents successifs, Victor Perrot et Paul Yaki, la Société du Vieux Montmartre obtenait de la direction générale des Beaux-Arts l’inscription de la butte Montmartre à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques. La butte fut ainsi le premier quartier historique de Paris à recevoir les soins d’un plan de sauvegarde et de restauration, conduit par deux architectes urbanistes, Jacques Ogé et Claude Charpentier (futur conservateur du Musée de Montmartre jusqu’en 1995). Le corps de logis du 12, rue Cortot, bâtiment du xviie siècle très dégradé, avait été acheté par la Ville de Paris pour être détruit. En 1956, le préfet de la Seine, Émile Pelletier, fit approuver le plan d’urbanisme de Montmartre, et confia la restauration de l’ancien village à Charpentier. La maison reçut les collections de la Société Le Vieux Montmartre et le musée fut inauguré le 21 juin 1960. En 2014, grâce à l’implication de la Société Saint-Jean et Saint-Vincent, l’ouverture d’un deuxième bâtiment d’exposition, l’hôtel Demarne voisin, auquel s’ajoute l’atelier Utrillo-Valadon reconstitué, permettent un redéploiement et une présentation étendue des collections. C’est une nouvelle étape historique pour ce musée d’âme et de charme, aussi singulier qu’infiniment attachant. - Une cloche datant de 1623, provenant de la chapelle des Martyrs restaurée par Marie de Beauvilliers au xviie siècle, dernier vestige de l’ancienne abbaye bénédictine des Dames de Montmartre, et une statue en pied de l’évêque saint Denis, la tête entre ses mains, de l’artiste Fernand Guignier (pièces placées en dépôt dans l’église Saint-Pierrede-Montmartre). - Une grande maquette de Montmartre de 1955, réalisée à l’échelle 2 mm par mètre par

La Société anime, au sein du Musée de Montmartre, un centre de consultation des archives ouvert aux chercheurs du monde entier, aussi bien étudiants, professionnels des musées, particuliers, professeurs, journalistes, curieux et amoureux de Montmartre. Les archives, d’une grande diversité, se composent de 200 boîtes noires – qui contiennent une documentation riche en pièces originales (dessins, croquis, plans, lettres, manuscrits, etc.) relatives à

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Anonyme Canon de la garde nationale sur la butte Montmartre, 1871 (Cat. 1)

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Louis-Émile Durandelle (1839-1917) Chantier de construction du Sacré-Cœur, 1879 (Cat. 13)


de nombreux artistes montmartrois et à l’histoire des lieux et des sites, que complètent 200 boîtes grises (cartes postales, photos et documents sur des événements festifs, la géographie, l’histoire religieuse, les écoles, etc.). Le fonds de la chanson française est composé de partitions originales de grands compositeurs, ainsi que de nombreux ouvrages sur la chanson, les auteurs, les compositeurs, les interprètes et sur les opéras et opérettes qui jalonnent notre histoire musicale. Les chercheurs, en plus des œuvres ou des documents proposés, peuvent compulser un grand nombre de livres consacrés aux caricaturistes, affichistes, dessinateurs qui se sont illustrés dans ces disciplines, et de nombreux journaux originaux, tels que Le Courrier français, Le Chat-Noir, L’Assiette au beurre, etc. Aujourd’hui, toutes nos archives sont accessibles et les bénévoles du Vieux Montmartre travaillent sans relâche pour améliorer les conditions de préservation et de présentation au public et aux

Henri Rivière (1864-1951) Décors pour la pièce du théâtre d’ombres « Ailleurs, La Messe noire », 1891 (Cat. 23)

chercheurs, et pour sauvegarder notre important et unique patrimoine. Ce qui ne saurait se concevoir sans un désir complémentaire de diffusion et de mise en valeur constante, aussi bien nationale qu’internationale. Jean-Manuel Gabert remercie Isabelle Ducatez et Alain Larcher.

Collection de porcelaines de la manufacture de Clignancourt créée par Pierre Deruelle en 1775, vers 1780 (Cat. 12)

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MONTMARTRE EN MARCHE : DE LA MAISON AU MUSÉE SANDRINE NICOLLIER

ancienne occupation religieuse en surface, d’une importante exploitation des sous-sols, et d’une sédimentation progressive des idées révolutionnaires. Il existe plusieurs Montmartre. En effet, stratégique en temps de guerre, le site « montagneux » et son misérable village se révèlent d’un agréable séjour pour les amateurs de maisons de campagne, et ceci dès la fin du xviie siècle. Rue Saint-Jean (devenue rue Cortot en 1864), l’hôtel du Bel Air est l’une d’elles, réputée la plus ancienne de la butte (vers 1660). De nos jours, il suffit d’en traverser un peu les allées afin d’accéder à l’hôtel Demarne qui, lui, ouvre directement sur la rue. Ces demeures bourgeoises allient le charme d’une situation surplombante et d’une vue dépassant la plaine Saint-Denis aux délices d’un grand jardin discret, bien « loin » de Paris… L’occupation des parcelles de terrain remonte au xviie siècle. Il s’agissait alors de petites résidences d’agrément. En 1680, la maison Demarne aurait

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a butte Montmartre culmine à 130 mètres de hauteur. Sa formation tertiaire dépend de la plate-forme marno-calcaire de Saint-Ouen et des quartiers nord de Paris. Les carrières et l’exploitation du gypse y datent de l’époque gallo-romaine.Vraisemblablement lieu de culte dédié à Mars ou à Mercure dès l’Antiquité, elle deviendrait le « Mont des Martyrs », sous l’influence chrétienne. L’histoire religieuse, depuis la Décollation de Saint-Denis jusqu’à la Révolution française, prédomine : domaine des Abbesses bénédictines, Fondation de l’ordre des Jésuites… mais aussi, installations de débits de boissons dès la fin du xviiie siècle !1 La Révolution de 1789 accélère la vente des terrains, suscitant une urbanisation nouvelle et l’extension des carrières. En 1871, la Commune et la Semaine sanglante y entérinent l’esprit de lutte et de provocation, qui, par ailleurs, président à la naissance de toutes les bohèmes et avant-gardes artistiques. Rattaché à Paris et au 18e arrondissement en 1860, Montmartre s’était développé sous les auspices contradictoires d’une

Musée de Montmartre Rue Cortot, grande porte ouverte sur le jardin

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appartenu au comédien de la troupe de Molière, Claude de la Roze, dit de Rosimond (1640-1686). Vers cette époque, composée de deux corps de logis (actuellement joints) et d’annexes, elle se distingue surtout par son jardin et son parterre en terrasse. À l’extrémité de celui-ci, un bâtiment ménage l’accès aux vignes et verger, situés en contrebas. En regard, un berceau végétal conduit à une grotte artificielle décorée dans l’esprit rocaille2. De la fin du xviie siècle à la fin du xviiie siècle, différents propriétaires, tous bourgeois parisiens, s’y succèdent3. Ils ne manquent pas d’améliorer le confort et d’apporter des extensions à l’ensemble, souscrivant ainsi au développement de l’architecture de l’hôtel particulier, en vogue au xviiie siècle. Plus tard, la maison Demarne sera divisée en appartements, tout en conservant sa façade néoclassique sur jardin. Inaugurée à l’automne 2014, sa rénovation est essentielle pour l’actuel musée et permettra d’en accueillir les expositions temporaires. Quant à l’hôtel du Bel Air, il est séparé en deux propriétés distinctes en 1781, celle d’un « marchand fripier » sur rue et celle d’un « marchand épicier » sur jardin. Au xixe siècle, son morcellement sera consommé avec la multiplication de très modestes logements locatifs4. Après quelques nouvelles transformations, il abrite fréquemment les artistes. L’atelier ValadonUtrillo témoigne de cette autre histoire des lieux, anticonformiste et si peu bourgeoise. Aujourd’hui, l’autre corps de bâtiment situé dans le jardin accueille les collections permanentes du musée ainsi que les bureaux de l’Association Le Vieux Montmartre. André Salmon célébrait la pérennité du 12, rue Cortot : « Les deux vieilles bâtisses ont résisté à tout. De redoutables essais de transformation des poêles fixes en poêles mobiles n’ont pas réussi de livrer aux flammes la maison portant le chiffre fatidique. Ni les sombres fureurs, ni les pires gaietés d’Utrillo en sa fleur n’auront rien pu contre l’immeuble, jadis bourgeois, et qui ouvre ses fenêtres sur les plus beaux des derniers jardins de Paris.5 » Promises à la démolition, ces propriétés, sauvées et réunies en 1930, incarnent le pittoresque du site

de la butte Montmartre. Un sentiment du fortuit y rencontre l’Histoire. Par chance, l’installation du musée dans les années 1960 préserve cette fragile poésie entre deux maisons, dans l’enclos desquelles, souvent rôde, un chat noir. 1. « En 1780, rue des Martyrs aux Porcherons, sur cinquantehuit maisons, vingt-cinq étaient des cabarets ! Pourquoi tant de cabarets en dehors de Paris ? À Montmartre, nous sommes au-delà de la barrière fiscale parisienne, le vin est donc moins cher à Montmartre qu’à Paris », in Ludovic Martin, « Montmartre au milieu du xviiie siècle, à travers les inventaires après décès », mémoire de maîtrise, université de Paris IV-Sorbonne (IRCOM), 1992-1993, p. 22. 2. Ces aménagements ont disparu. 3. Des renseignements détaillés sont donnés par l’étude suivante : « Le musée de Montmartre, 8-14, rue Cortot (Paris 18e). Audit patrimonial. Rapport final », sous la direction de Michel Borjon, Paris, Grahal, juin 2012. Je remercie également Mme Isabelle Ducatez de l’Association Le Vieux Montmartre, pour son accueil sympathique et ses précieux avis. 4. Henri Bachelin signale le phénomène démographique et immobilier : « […] la construction du quartier Notre-Dame-deLorette, qui facilita les relations entre Paris et Montmartre tout en provoquant l’enchérissement des loyers dans Paris, amena beaucoup de Parisiens à Montmartre. On signale, parmi eux, beaucoup d’artistes et d’hommes de lettres. […] Là où il n’y avait pas 7 000 âmes vers 1840, il y en avait prés de 50 000 vers 1860 », in Henri Bachelin, Collines et Buttes parisiennes, Paris, Firmin-Didot et Cie Éditeurs, 1944, pp. 49-50. 5. André Salmon, Souvenirs sans fin – L’air de la Butte, Paris, Les éditions de la Nouvelle France, 1945, pp. 77-78.

Musée de Montmartre Jardin du bassin

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Suzanne Valadon (1865-1938) Autoportrait, 1894 (Cat. 31)

André Utter (1886-1948) Portrait d’Édouard Barat (Cat. 29)

Maurice Utrillo (1883-1955) La Place Pigalle, vers 1910 (Cat. 27)

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L’ESPRIT DE MONTMARTRE ET L’ART MODERNE 1875-1910


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Page précédente : Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) Moulin-Rouge-La Goulue (détail), 1891 (Cat. 26)

Sacha Guitry (1885-1957) Portrait d’Aristide Bruant (1851-1925), vers 1905-1910 (Cat. 72)


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n 1884, Rodolphe Salis le fondateur du Chat-Noir s’interrogeait « Qu’est-ce Montmartre ? Rien ! Qu’est-ce que ça devrait être ? Tout.» En une décennie à peine, le souhait de Salis de faire de Montmartre ce « tout » s’était réalisé. En 1880, Montmartre était une commune de Paris appauvrie, dangereuse, éloignée, mais qui allait rapidement devenir un pôle d’attraction pour nombre de jeunes artistes d’avant-garde, comme Henri de Toulouse-Lautrec, Pierre Bonnard, Henri-Gabriel Ibels, pour des artistes de cabaret tels Aristide Bruant et Yvette Guilbert (cat. 72), mais aussi pour des écrivains comme Émile Goudeau, Alphonse Allais (cat. 192), Alfred Jarry, voire des compositeurs et musiciens avec Erik Satie,Vincent Hyspa et Gustave Charpentier. Tous aspiraient à vivre et/ou travailler dans ce Paris bohème et à prendre du recul par rapport au centre bourgeois de la capitale. En plus des lieux attractifs déjà existants, comme le cabaret du Chat-Noir, le cirque Fernando et deux salles de bal populaires – l’Élysée Montmartre et le Moulin de la Galette –, Montmartre allait s’enrichir en une décennie du Divan-Japonais (1886), du Moulin-Rouge (1889), du Casino de Paris (1890) et de plusieurs cabarets artistiques avec Quat’z’Arts (1894) par exemple, auxquels s’ajoutèrent deux salles de théâtre expérimental, le Théâtre-libre (1887) et le Théâtre de l’Œuvre (1893). À la fin du siècle, lorsque le jeune Picasso vint à Paris visiter l’Exposition universelle de 1900 (cat. 127), Montmartre proposait plus d’une quarantaine de lieux et de salles de spectacles – des cabarets, des cafés-concerts, des salles de bal, des musichalls, des théâtres, des cirques – soit une offre deux fois et demi plus importante qu’en 1880. Ainsi, en un temps relativement court, Montmartre était devenu le centre littéraire et artistique de Paris. Mais cet environnement dédié à la culture et au divertissement avait été si bien exploité et « vendu » par ses créateurs, que la bohème était ironiquement devenue l’attraction touristique majeure aux yeux de touristes venus du monde entier. Naguère simple commune du nord de Paris, Montmartre avait été intégrée en 1860 à la capitale dont elle constituait le 18e arrondissement (cat. 202),

limité administrativement par les boulevards de Clichy, de Rochechouart et de la Chapelle au sud, au nord par le boulevard Ney, à l’ouest par les avenues de Saint-Ouen et de Clichy, et à l’est par la rue d’Aubervilliers. Mais comme le précisait en 1900 le Guide de l’étranger à Montmartre : « Paris possède deux Montmartre : le Montmartre officiel, connu administrativement sous la classification : 18e arrondissement ; […] l’autre est un Montmartre conventionnel dont les limites peuvent changer suivant la vogue de certains établissements mais dont le cœur est toujours la Butte.» De fait, l’esprit de Montmartre ne pouvait se résumer à sa géographie. C’était plutôt un état d’esprit avant-gardiste que rien n’illustre mieux que ces nouvelles salles de spectacle où se pressait la communauté des artistes, des écrivains, des acteurs et des chansonniers, et que ces nouveaux moyens de diffusion qui surgissaient et prospéraient à Montmartre à la fin du xixe siècle et au début du xxe siècle.

Maxime Dethomas (1867-1929) Affiche pour le Guide de l’étranger à Montmartre en 1900, 1900 (Cat. 55)

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L’esprit de Montmartre Voici quelques traits caractéristiques de cet « esprit de Montmartre » qui différenciait la communauté artistique montmartroise du reste de la capitale : 1. D’un point de vue philosophique et politique, Montmartre était socialiste, fondamentalement antibourgeois et opposé à l’ordre établi. Même si, à la fin des années 1890, l’affaire Dreyfus qui opposait les dreyfusards aux antidreyfusards y suscita les mêmes clivages que dans l’ensemble de la société parisienne. Les illustrations du dreyfusard Ibels et celles de l’antidreyfusard Caran d’Ache témoignent de cette déchirure présente dans la société française tout entière. 2. Délaissant les lieux traditionnels, institutionnels et académiques d’exposition de la création picturale, théâtrale ou musicale, les artistes (peintres, sculpteurs, acteurs, écrivains et poètes montmartrois) présentaient et interprétaient leur œuvres dans des cabarets, des cafés-concerts, des cirques, des salles de théâtre expérimental, ou tout simplement dans la rue (par le biais d’affiches et de parades), voire à travers des livres et la presse à grand tirage.

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3. La communauté artistique de Montmartre innovait en usant de procédés très éloignés de l’académisme (cat. 44) dont l’humour, le calembour visuel, l’ironie, la satire, la parodie, la caricature, les marionnettes – afin de dénoncer les errements de la vie contemporaine et de la condition humaine en général (cat. 87). 4. Les scènes et les habitants de la vie montmartroise constituaient un des sujets de prédilection des artistes de Montmartre, qu’il s’agisse de ses peintres et ses sculpteurs, mais aussi de ses prostituées ou ses vagabonds. Les personnages représentés étaient souvent des personnalités connues du quartier, mais pas nécessairement au-delà. Tous les grands artistes de Montmartre n’ont cependant pas suivi cette règle : les œuvres symbolistes d’Eugène Carrière (cat. 50) et de Charles Guilloux (cat. 68), par exemple, ne se conformaient pas à « l’esprit de Montmartre », même si leur vision singulière a marqué de façon importante l’art de la fin du siècle. 5. Les membres de la communauté artistique de Montmartre revendiquaient leur indépendance, leur engagement social et/ou politique, et/ou

Paris. Carte du dix-huitième arrondissement, in Fernand Bournon, Paris-Atlas, Paris, s.d. [vers 1900] (Cat. 202)


leurs préférences artistiques en usant de toutes les possibilités offertes par la peinture, la sculpture, la gravure et la lithographie, la musique, le théâtre et même le cinéma. Dans le domaine des arts visuels – celui de Willette, Steinlen, Léandre, Ibels, ToulouseLautrec (cat. 170), Picasso (cat. 127), van Dongen, Kupka et Duchamp –, les nouvelles techniques de reproduction photomécaniques, qui s’étaient beaucoup améliorées durant le dernier quart du xixe siècle, jouèrent un rôle essentiel dans la diffusion de l’art vers le grand public. 6. L’histoire de Montmartre au tournant du siècle est intimement liée à la production de documents et de supports éphémères – affiches, illustrations de livres, de journaux et de partitions musicales, spectacles de cabaret, représentations musicales et

théâtrales –, en quoi se résumait souvent l’essentiel de la production des artistes montmartrois. Voilà quelques-unes des spécificités et des qualités qui ont permis aux artistes de Montmartre de contribuer de façon déterminante au développement de l’art moderne à la fin du xixe siècle. Le cabaret du Chat-Noir, fondé en 1881 par Rodolphe Salis (cat. 154), et le groupe des Incohérents (créé la même année par Jules Lévy) firent de Montmartre le centre d’une création artistique et littéraire renouvelée à Paris à la fin du xixe siècle. Le catalogue de l’exposition « Autour du Chat-Noir : arts et plaisirs à Montmartre, 1880-1910 », organisée en 2012 par le Musée de Montmartre, complète le présent ouvrage. Il retrace l’histoire du groupe des Incohérents qui fut le précurseur

Arthur Sapeck (1853-1891) Mona Lisa fumant une pipe, illustration pour Le Rire, 1887 (Cat. 44)

Henri Gustave Jossot (1866-1951) Sales gueules, 1896 (Cat. 87)

27


Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) Yvette Guilbert, illustration pour Le Rire, no 7, 22 décembre 1894 (Cat. 170)

28


Pablo Ruiz Picasso (1881-1973) Appâts pour hommes, illustration pour Le Froufrou, no 46, 31 août 1901 (Cat. 127)

29



CATALOGUE


Anonymous The Journal of Le Chat-Noir, November–December 1898 (Cat. 3)

42


Balda The Cabaret Le Chat-Noir, Interieur and Exterieur of the Second Chat-Noir, Rue Victor MassĂŠ, c. 1890 (Cat. 5)

43


44

Henri Rivière (1864–1951) Decors for the Shadow Theater Play “Ailleurs, La Fâcheuse androgyne”, 1891 (Cat. 24)

Henri Rivière (1864–1951) Theater at Le Chat-Noir, 1895 (Cat. 25)

Anonymous Dancers from the Moulin-Rouge, La Goulue and the Grille d’Egout (Cat. 2)


Pierre de Belay (1890–1947) Couple in a Café, 1934 (Cat. 6)

Pierre de Belay (1890–1947) French Cancan at Tabarin, 1937 (Cat. 7)

45


Émile Bernard (1868–1941) Biblical Scene, Scene of a Martyr (Cat. 10)

46

Émile Bernard (1868–1941) Biblical Scene,Tobias and the Angel (Cat. 11)


Flipsen (1841–1907) Portrait of Paul Delmet, 1890 (Cat. 14)

Max Jacob (1876–1944) Le Château de Brouillard, 1918 (Cat. 17)

47


Henri-Gabriel Ibels (1867–1936) Footit and Chocolat, 1895 (Cat. 16)

48


O’Galop (1867–1946) Nunc est bibendum, 1898 (Cat. 19)

O’Galop (1867–1946) The smack of the Michelin Sole, 1905 (Cat. 20)

49


Théophile-Alexandre Steinlen (1859–1923) The Scrub Land, 1900 (Cat. 22)

50

Julien Pavil (1897–1952) Garden in Montmartre (Cat. 21)


André Utter (1886–1948) Still-Life (Cat. 28)

André Utter (1886–1948) The House at 12 Rue Cortot in Montmartre, 1947 (Cat. 30)

51


Henri Gustave Jossot (1866-1951) The Wave, from L’Estampe originale, album no. VI, 1894 (Cat. 84)

68

Henri Gustave Jossot (1866–1951) The Stubborn Cork, 1895 (Cat. 85)


Henri Gustave Jossot (1866–1951) Poster for the Salon des Cent, 1894 (Cat. 86)

69


Henri de Toulouse-Lautrec (1864–1901) Divan-Japonais, 1893 (Cat. 168)

88


Henri de Toulouse-Lautrec (1864–1901) Bruant at the Mirliton, 1894 (Cat. 169)

89



LISTE DES ŒUVRES


Sélection des œuvres de la collection permanente du Musée de Montmartre

Guide des collections du Musée de Montmartre 1.

ANONYME

8.

2.

ANONYME Danseuses du Moulin-Rouge, La Goulue et Grille d’égout Épreuve gélatino-argentique 16,3 × 10,9 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre

3.

ANONYME Le Journal du Chat-Noir, novembre-décembre 1898 Photographie en relief colorée au pochoir 42,5 × 28,7 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre, inv.: A3986

4.

ANONYME L’Atelier de Suzanne Valadon et Maurice Utrillo, 12-14 rue Cortot, vers 1909 Épreuve gélatino-argentique 14 × 13 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre

5.

BALDA Le Cabaret du Chat-Noir, intérieur et extérieur du deuxième Chat-Noir, rue Victor Massé, vers 1890 Huile sur bois 30,5 × 38,55 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre Acquisition avec l’aide du Fonds régional d’acquisition des musées d’Île-de-France, 2012

6.

Pierre de BELAY (1890-1947) Couple au café, 1934 Huile sur carton 60,5 × 50 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre, inv.: A361.P, don de Hélène de Belay

7.

Pierre de BELAY (1890-1947) French cancan à Tabarin, 1937 Aquarelle sur papier 31 × 38 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre, don de Hélène de Belay, 1977

102

Émile BERNARD (1868-1941)

Autoportrait, 1939 Huile sur carton, signée en haut à gauche : Émile Bernard 100 × 74,2 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre, inv.: A/3624.P

Canon de la garde nationale sur la butte Montmartre, 1871 Épreuve gélatino-argentique 16 × 30 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre

9.

Émile BERNARD (1868-1941) Scène biblique, Histoire de Moïse 19 × 13 cm Gravure aquarellée Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre, inv.: A2834.G

10. Émile BERNARD (1868-1941) Scène biblique, scène de martyre Gravure aquarellée 19 × 13 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre, inv.: A2835.G

11. Émile BERNARD (1868-1941) Scène biblique,Tobbie et l’Ange Gravure aquarellée 19 × 13 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre, inv.: A2837.G

12. COLLECTION DE PORCELAINES de la

manufacture de Clignancourt créée par Pierre Deruelle en 1775, vers 1780

Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre, don de Victor Perrot

13. Louis-Émile DURANDELLE (1839-1917) Chantier de construction du Sacré-Cœur, 1879 Épreuve gélatino-argentique 28 × 38 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre, inv. : A.93/17.Ph

14. FLIPSEN, Victor Philippe Philipsen dit

(1841-1907)

Portrait de Paul Delmet, 1890 Huile sur bois 40 × 31,5 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre, inv.: A3623.P


Sélection des œuvres d’archives de la collection Le Vieux Montmartre 187. Vachalcade, Le Char de la vérité, 1897 Photographie 6 × 8,5 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre

188. Le Lapin-Agile, vers 1900 Épreuve gélatino-argentique 9,5 × 12 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre

189. Le Comité de la Vachalcade, ou Déjeuner sur la butte

Montmartre, 1898

Photographie en relief 13 × 18 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre

190. Intérieur du cabaret des Quat’z’Arts, vers 1900 Photographie 24 × 34,6 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre

191. Vachalcade, Itinéraire, 1897 Typographie sur une estampe japonaise 43 × 32,5 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre

192. Charles Lucien LÉANDRE (1862-1934), Alphonse ALLAIS (1854-1905) Portrait d’Alphonse Allais Couverture pour les Quat’z’Arts, 7 avril 1898 Photographie en relief 31 × 24 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre

193. Jacques VILLON (1875-1963) Programme de la Vachalcade, numéro spécial du Chat-Noir, 1897 Photographie en relief 32,5 × 24,5 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre

194. Louis-Abel TRUCHET (1857-1918) Pour faire chanter, programme pour le cabaret des Quat’z’Arts, vers 1895-1900 Lithographie 36 × 24,5 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre

114

195. Martin GUÉDAN Au Bal des Quat’z’Arts, Le Courrier français : illustré, paraissant tous les samedis, 19 février 1893 Photographie en relief 31 × 14 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre

196. Invitation pour le bal des Incohérents,

27 mars 1889

Photographie en relief 12,5 × 15,5 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre

197. Lettre à Jules LÉVY (1857-1935) de Jules HABERT-DYS (1850-1935), n.d. Photo en relief et encre 17,5 × 11 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre

198. L. TARDIEU Publicité pour le cabaret des Quat’z’Arts, vers 1900 Lithographie 21 × 10 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre

199. Émile COHL , Émile COURTET dit (1857-1938) Dîner du Bon Bock, 1887 Glyptographie 26,5 × 20,5 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre

200. Adolphe Léon WILLETTE (1857-1926) Vénus devant le soleil Album Le Pauvre Pierrot, 1887 Photogravure 17 × 10 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre

201. Carte postale du Cabaret des Quat’z’Arts,

vers 1885-1900

9 × 13,7 cm Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre

202. Paris. Carte du dix-huitième arrondissement, in Fernand Bournon, Paris-Atlas, Paris, Librairie Larousse, s.d. [vers 1900], p. 18.


Biographies d’artistes

Auteurs : Phillip Dennis Cate (PDC), Patricia Nebenzahl (PN). Les adresses des artistes à Montmartre sont précisées lorsqu’elles sont connues.

EUGÈNE BATAILLE

(pseudonyme Sapeck, 1853-1891) Sapeck était un Hydropathe, le chef des « fumistes », et un Incohérent ; il avait étudié le dessin auprès d’André Gill. Homme de loi par profession, il mourut fou prématurément, comme son mentor. Il écrivit et illustra des monologues pour Coquelin Cadet, entre autres, et collabora au journal fumiste L’Anti-Concierge (1881-1883). Son humour, très personnel et protodadaïste, apparaît dans sa représentation de Mona Lisa en train de fumer la pipe, créée trente-deux ans avant la célèbre Joconde à moustaches de Marcel Duchamp. Michel Golfier et Jean-Didier Wagneur, Émile Goudeau. Dix ans de bohème, Seyssel, Champ Vallon, 2000. PDC

années 1880, il se liera d’amitié avec Toulouse-Lautrec dont l’œuvre graphique influencera la sienne. Ensemble, ils fréquenteront les cafés, les cabarets, les bals et les cafés-concerts de Montmartre, dont Le Rat-Mort qui deviendra le sujet d’un de ses pastels.Vers le milieu des années 1890, Dethomas se rendit en Espagne et aux Pays-Bas avec Toulouse-Lautrec ; en 1896, Toulouse-Lautrec peignit son portrait (Washington, National Gallery of Art). Dethomas a réalisé des programmes pour le Théâtre de l’Œuvre ; il est surtout connu pour ses décors de théâtre et d’opéra conçus au début du xxe siècle. Phillip Dennis Cate et Patricia Eckert-Boyer, The Circle of Toulouse-Lautrec: An Exhibition of the Work of the Artist and his Close Associates, catalogue d’exposition (New Brunswick, New Jersey, Zimmerli Art Museum, 17 novembre 1984-2 février 1985), New Jersey, Rutgers University Press, 1985. Richard Thomas, Phillip Dennis Cate et Mary Weaver Chapin, Toulouse-Lautrec and Montmartre, catalogue d’exposition (Washington, National Gallery of Art, 20 mars12 juin 2005 ; Chicago, The Art Institute of Chicago, 16 juillet-10 octobre 2005), Princeton, Princeton University Press/Washington, National Gallery of Art, 2005. PN

ÉMILE COHL

(Émile Courtet dit, 1857-1938) Élève et ami d’André Gill, membre du groupe des Hydropathes (1878-1881), habitué du Chat-Noir, Émile Cohl fut l’un des principaux membres des Incohérents. Auteur d’illustrations satiriques pour les catalogues d’exposition des Incohérents et pour différents journaux comme Les Hommes d’aujourd’hui et La Libre Parole illustrée, Émile Cohl fut aussi photographe et l’inventeur précurseur (1908) du film d’animation en France. Son film de 1910, Le Peintre néo-impressionniste, qui annonce le surréalisme, intègre des animations d’images pour donner naissance à un film humoristique – un cartoon – dont le scénario s’appuie sur les premières peintures monochromes des Incohérents. Donald Crafton, Émile Cohl, Caricature, and Film, New Jersey, Princeton University Press, 1990. PDC

MAXIME DETHOMAS (1867-1929)

Peintre, pastelliste, lithographe et illustrateur, Maxime Dethomas suivit l’enseignement de l’artiste montmartrois Eugène Carrière à l’École des arts décoratifs, et fréquenta les ateliers de Gervex, Humbert et Bonnat. À partir de la fin des

ANDRÉ GILL (Louis-Alexandre Gosset de Guines dit, 1840-1885) Caricaturiste, écrivain, poète, membre fondateur des Hydropathes (1878), André Gill a joué un rôle de mentor pour nombre de jeunes dessinateurs et d’illustrateurs humoristes de Montmartre, comme Émile Cohl. Il fit ses débuts en 1865 dans le journal La Lune, puis dans L’Éclipse, et mena sans discontinuer sa lutte d’artiste solitaire opposé au statu quo en réalisant des dessins satiriques et des portraits charges de personnalités politiques et culturelles influentes du Second Empire puis, après 1870, de la Troisième République. En 1878, il fonda avec l’écrivain Félicien Champsaur le journal Les Hommes d’aujourd’hui. Ses illustrations satiriques à visées politiques ont souvent été censurées. Nombre d’artistes des années 1880, dont les Incohérents, s’en sont inspirés pour subvertir par l’humour les systèmes sociaux et politiques établis. Gill est surtout connu pour l’enseigne qu’il a réalisée en 1880 pour le Cabaret des Assassins de Montmartre, où l’on voit un lapin jaillissant hors d’une marmite. Le cabaret reçut bientôt le nom de « Lapin à Gill » qui donna ensuite naissance au jeu de mots « Le Lapin agile ». Gill mourut dans le dénuement à l’asile psychiatrique de Charenton. Charles Fontane, Un maître de la caricature, André Gill, Paris, éditions de l’Ibis, 1927. Jean Frappat, André Gill, Paris, Musée de Montmartre, 1993. PDC

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