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Philippe Crochet – Annie Guiraud
la grotte de clamouse, MERVEILLE NATURELLE DES GORGES DE L’HÉRAULT REGARD D’UN PHOTOGRAPHE
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préface par NICOLE DUBOIS, directrice de la grotte de Clamouse
Un nouveau livre sur les grottes ? Il y en a de nombreux qui sortent chaque année et qui font découvrir au grand public les merveilles du monde souterrain. Pourquoi allonger la liste ? Pourquoi Clamouse ? A-t-on découvert de nouvelles salles ? Même pas ! Non, cet ouvrage est né de la rencontre du gestionnaire du site et d’un photographe de talent, Philippe Crochet. Nous nous étions rencontrés il y a plusieurs décennies, puis un peu perdus de vue… mais le monde des grottes n’est pas si grand. Et lorsque j’ai revu Philippe et ses dernières photographies de Clamouse, j’ai eu l’impression de ne pas connaître cette grotte ! L’envie de lui demander de photographier Clamouse pour la réalisation d’un livre qui lui serait entièrement consacré, s’est imposée à moi ! Merci Philippe et Annie pour votre adhésion à ce projet, je savais que vos photos ne seraient pas des redites des clichés existants et votre enthousiasme immédiat m’a convaincue. Ce livre est donc le fruit de la rencontre de l’un des meilleurs photographes du milieu souterrain avec l’une des plus belles grottes de France, Clamouse. Il s’agira d’un recueil photographique avec très peu de texte, avions-nous dit au début, puis avec le temps et nos diverses sensibilités, le message initial s’est quelque peu étoffé, les photos de Philippe et les textes d’Annie émanent de leurs personnalités. J’ai accueilli les photos avec un émerveillement renouvelé après chaque séance. Ce livre nous fait découvrir une Clamouse sublime que nous ne connaissions pas !
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Remerciements par PHILIPPE CROCHET et ANNIE GUIRAUD
Nous tenons à remercier Mme Nicole Dubois, directrice de la grotte de Clamouse, qui a eu l’idée de ce livre et nous a accordé sa confiance pour sa réalisation. En nous ouvrant toutes grandes les portes de la grotte de Clamouse, elle nous a fourni un sujet photographique exceptionnel. Nous avons abordé cette tâche non comme une contrainte, mais comme un plaisir, en ayant à cœur de rendre hommage à la beauté de la grotte. Nous lui en sommes très reconnaissants. Merci également à toute l’équipe : Sandro Casagrande et Mireille Bonvarlet, Amaury Engels ainsi que tous les guides qui nous ont reçus chaleureusement et prêté mainforte pour nos séances photos. Nous n’oublions pas nos amis spéléos que nous avons sollicités lors de nos nombreuses sorties au sein de la grotte.
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Historique de la grotte de clamouse La grotte de Clamouse se situe en Occitanie, dans le département de l’Hérault, entre Saint-Jean-de-Fos et Saint-Guilhem-le-Désert. Son accès est à quelques centaines de mètres du Pont du Diable dans les gorges de l’Hérault.
Des pleurs retentissants La légende veut que le bruit de la source soit associé aux pleurs d’une mère éplorée. En voici la tragique histoire. Une famille pauvre vivait à l’entrée des gorges de l’Hérault, non loin de la source de la Clamouse. Les temps étaient durs et pour subvenir aux besoins des siens, le fils aîné partit se louer comme berger sur le plateau. Un jour, la mère, qui venait régulièrement à la source chercher de l’eau et récolter le cresson, trouva un bâton flottant, taillé des mains de son fils. Il l’avait lancé un jour de colère dans un aven ouvert sur les hauteurs du plateau. Comprenant que c’était la rivière souterraine qui l’avait amené jusque-là, le berger convint avec sa mère qu’il enverrait régulièrement des bâtons sculptés de ses mains. Ainsi, sa famille saurait qu’il allait bien et qu’il pensait à eux. Vint alors une période particulièrement difficile pour la famille qui peinait à trouver de quoi se nourrir. Alors le jeune pâtre se mit à envoyer régulièrement des agneaux que sa mère récupérait à la source. Jusqu’au jour où, tentant de lancer un mouton fort et lourd, il fut précipité dans l’abîme avec l’animal. Quelques jours plus tard, la mère retrouva le corps de son fils flottant dans les eaux de la source. Depuis, elle clame sa douleur et ses cris retentissent dans les gorges. D’où le nom de Fons Clamosis (source hurleuse) qui est devenu par la suite Clamouse.
Des sources et des hommes La source de la Clamouse comporte toute une série de petites sources impénétrables échelonnées en hauteur depuis le niveau de l’Hérault jusqu’à la route. La source principale, la plus haute, également impénétrable, a été captée à la fin du XIXe siècle. Au-dessus, dans la falaise, s’ouvre une grande fente en ogive de laquelle l’eau ne jaillit qu’à l’occasion de fortes crues, quelques jours par an tout au plus. Cette partie est pénétrable, mais après cinquante mètres environ, un siphon barre l’accès. Cette première partie de la grotte était connue depuis longtemps puisque divers objets datant du Néolithique y ont été trouvés. Il est ainsi apparu que les hommes ont fréquenté cette petite cavité depuis 5 000 ans.
une sècheresse providentielle Évidemment, les spéléos n’ont pas manqué de s’aventurer dans la grotte, comme sans doute quelques touristes intrépides. Mais tous ont constaté qu’il était impossible d’aller au-delà des cinquante premiers mètres à cause du siphon. Or, durant l’été 1945 survient une sècheresse exceptionnelle. Créé à peine quelques années avant, le spéléo club de Montpellier surveille systématiquement les siphons souterrains de la région,
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La grotte de Clamouse : un laboratoire scientifique naturel UN CONTEXTE GÉOLOGIQUE BIEN ETUDIÉ Rappelons tout d’abord que les grottes se forment par la dissolution des calcaires par l’eau des précipitations qui, après s’être acidifiée en traversant le sol, agrandit les fissures et les fractures de la roche pour créer des vides pouvant être très importants (ce phénomène s’appelle la karstification). Les écoulements s’organisent ensuite autour d’un réseau de drainage souterrain analogue aux réseaux hydrographiques de surface : de véritables collecteurs de grande dimension amènent ainsi les eaux infiltrées jusqu’à une ou plusieurs résurgences, à la manière d’un entonnoir. Cela a comme conséquence que l’eau de pluie peut arriver très rapidement aux sources, ce qui peut donner lieu à des crues très brutales. Le fonctionnement hydrogéologique de la grotte de Clamouse a été étudié dès sa découverte. De nombreux traçages ont ainsi été réalisés par les spéléologues : ils consistent à injecter un colorant, généralement de la fluorescéine, au fond de gouffres ou de grottes, et à surveiller les sources qui sont susceptibles d’être en relation hydraulique. Cette démarche permet de définir le bassin d’alimentation des sources, c’est-à-dire la zone où toute goutte d’eau qui y tombe arrive in fine à la résurgence. Dans le cas de la grotte de Clamouse, une telle relation hydraulique a été constatée sur plusieurs avens, le plus éloigné étant au niveau du village de la Vacquerie-Saint-Martin à 13 km au nord de la source de Clamouse. Cela prouve que les eaux de la rivière souterraine viennent en grande partie du Causse du Larzac et qu’elles passent sous le massif de la Séranne pour rejoindre le réseau de Clamouse. Une telle connaissance est très utile dans le cadre des études de vulnérabilité dont le but est la protection des eaux souterraines.
Cette vue aérienne du site de la grotte de Clamouse a été prise après un épisode de forte précipitation. Une énorme cascade sort alors de l’entrée naturelle (à gauche de la route sur le cliché). D’autres sources étagées sont visibles à droite de la route, surplombant le fleuve Hérault.
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Gérer une grotte aménagée au XXI siècle par NICOLE DUBOIS, directrice de la grotte de Clamouse
Gérer l’exploitation touristique d’une grotte au XXIe siècle suppose de faire des choix et de hiérarchiser les besoins. Aux commandes du site de Clamouse depuis une dizaine d’années, j’ai défini quelques grands axes autour d’une devise : Découvrir, Comprendre, s’Émerveiller.
Protéger La priorité insufflée par les spéléologues de la première heure était sans conteste la protection. Il fallait être plus efficace dans la protection des concrétions et notamment trouver une solution pour supprimer la pollution végétale due aux éclairages. Chaleur et lumière sont les facteurs essentiels de la prolifération des végétaux chlorophylliens, il fallait diminuer cela. On commençait à peine à parler des LEDs et personne ou presque ne les avait encore essayées en grotte. J’ai fait moi-même des essais avec des lampes du commerce et me suis rendu compte de l’efficacité de ces ampoules à LED sur des baguettes d’aragonites desséchées. Après quelques semaines de LED, j’ai vu les aiguilles d’aragonite se réhydrater et croître à nouveau ! Trouver un fournisseur capable de nous fournir des lampes à LED étanches, en raison du milieu saturé en humidité, ce n’était pas une petite affaire ! J’ai alors rencontré un spéléologue allemand, spécialisé dans l’éclairage en grotte, qui m’a fait découvrir ces nouvelles lampes dans sa grotte en Allemagne. Dès les premiers essais, j’ai été convaincue de la beauté de ces nouveaux éclairages et de l’économie d’énergie qu’ils génèreraient ! La décision était prise, nous les placerions sous la direction des spécialistes et fournisseurs afin d’en diminuer le coût. Nous étions prêts à faire un emprunt si besoin. Quelle épopée ! il y avait donc deux Allemands et deux Russes qui ne parlaient que leur langue maternelle, et nous le français, à l’exception d’un seul qui parlait anglais ! L’hiver 2009 fut héroïque. Les guides et tout le personnel se sont montrés exemplaires. Grâce à leur enthousiasme et leur implication, nous avons pu terminer, seuls, l’installation de l’éclairage. Par ailleurs, dans un souci de préservation des concrétions, un cheminement balisé a été mis en place dans la partie non touristique. La progression se fait ainsi toujours au même endroit, ce qui évite de multiplier les traces de pas et permet de préserver des zones vierges.
Informer et sensibiliser On ne visite pas au XXIe siècle comme on le faisait à l’époque de Martel ! Les grottes sont anciennes mais vis-à-vis d’un public habitué aux écrans de toutes sortes, nous nous devions d’utiliser toutes les techniques modernes de l’audiovisuel. Ainsi, lorsque nous projetons des images ou un film, nous sommes très exigeants sur la forme et sur le fond du document. De même, la visite d’un site souterrain se doit d’être préparée. On ne passe pas brutalement de la lumière à l’obscurité et de la chaleur à la fraicheur. Pas de douche froide ! Nous faisons en sorte que, peu
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La photographie souterraine Pourquoi photographier les grottes ? Hormis les grottes aménagées, connues du grand public, le monde souterrain reste un domaine peu accessible. Pourtant, il recèle des beautés qui méritent d’être immortalisées et partagées par l’intermédiaire de la photographie. Au-delà de la simple illustration scientifique et des compte rendus d’explorations, la photo a pour but de transcrire la féérie des lieux à travers la magie de l’image. Émerveiller le spectateur, transmettre une émotion ressentie, et éventuellement susciter de nouvelles vocations, tel est l’objectif du photographe. Pour cela, il doit mettre en œuvre des techniques et des savoir-faire afin que ses clichés aient l’impact recherché.
Histoire de la photographie souterraine La spéléologie et la photographie sont toutes deux nées au XIXe siècle et leur histoire est liée. Dès le début, les photographes ont en effet profité du monde souterrain pour tester des techniques d’éclairage artificiel. En 1861, Nadar a été le premier à expérimenter un système d’arc électrique dans les catacombes de Paris. Les techniques ont ensuite rapidement évolué avec l’utilisation du magnésium. De nombreuses expérimentations ont eu lieu dans des cavités, notamment à la demande des propriétaires des grottes touristiques en Europe et aux États-Unis. La concurrence qui en a résulté a peu à peu conduit les photographes à mettre au point en 1887 une « poudre à éclairs », constituée d’un mélange explosif à base de magnésium, premier véritable flash. Ce n’est qu’en 1930 que les premières ampoules flashs électriques ont été produites. Celles-ci ont évolué en simplicité d’utilisation avec les flash-cubes dans les années 1960, jusqu’à ce qu’elles soient détrônées par le flash électronique dans les années 1970. C’est ce même type de flash, mais doté de fonctionnalités beaucoup plus sophistiquées, qui est utilisé de nos jours.
Comment photographier sous terre ? L’absence de lumière est un avantage car elle laisse toute liberté au photographe pour éclairer la scène. Ce dernier doit façonner l’espace qui l’entoure, lui imposer ses limites et déterminer son apparence. Il s’agit d’une véritable création, qui, tout comme l’écriture, transforme le réel en un message porteur de sens, capable de parler au spectateur. Les conditions sont analogues à celles du studio, à la différence qu’il faut amener son matériel d’éclairage et composer avec les contraintes du milieu. Comme pour la photographie d’extérieur, il existe plusieurs styles et plusieurs types de sujets. Pour certains clichés, l’objectif est de privilégier l’action, pour d’autres, de révéler un paysage dans sa totalité ou de faire ressentir une atmosphère particulière. Dans tous les cas, il est nécessaire de prendre le temps de la réflexion afin de privilégier la technique adéquate. Les appareils photos possèdent des automatismes de plus en plus performants qui sont largement utilisés par tous. Toutefois, un calcul « manuel » de l’exposition est préférable. En effet, sous terre, les programmes automatiques sont souvent perturbés par l’importance des zones sombres. En revanche, le numérique permet de visualiser immédiatement le résultat d’un cliché, l’analyser sur place et apporter aussitôt les corrections nécessaires. Il convient donc d’acquérir quelques bases techniques indispensables pour s’affranchir de certains pièges et obtenir les meilleurs résultats possible. 10
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Rencontre entre un photographe et une grotte d’exception
Dès l’instant où Mme Nicole Dubois nous a confié la mission de faire un livre de photos sur la grotte de Clamouse, nous avons organisé plusieurs explorations en conséquence. Nous y sommes ainsi venus vingt fois au cours de l’année 2017. Hormis quelques séances à deux pour traiter des petits sujets photographiques, nous étions la plupart du temps accompagnés d’une ou plusieurs personnes. Au total, vingt-cinq de nos amis ont ainsi été mis à contribution pour porter du matériel ou tenir des flashs pendant de longues séances de plusieurs heures. Mais cela leur a donné l’occasion de découvrir la magnifique partie sauvage de la grotte de Clamouse. À raison de sept heures en moyenne passées sous terre à chaque sortie, ce sont quelque cent quarante heures que nous avons consacrées à mener à bien ce travail photographique. Un millier de clichés ont été retenus après sélection, représentant plus de deux cents sujets différents. Dans cet ouvrage, nous vous présentons une centaine de photos parmi celles qui nous sont apparues les plus représentatives de l’extraordinaire richesse de la grotte de Clamouse. Nous vous souhaitons une bonne découverte et nous espérons que vous aurez autant de plaisir à contempler ces images que nous en avons eu à les faire.
invitation souterraine Dans les pages suivantes, nous vous invitons à explorer la grotte en suivant un parcours qui vous permettra de découvrir ses principaux aspects, aussi bien dans la partie aménagée que dans la partie sauvage. Nous vous proposons de nous accompagner dans ce périple, et de partager nos réflexions, pensées et émotions : de la curiosité à l’émerveillement, en passant par l’étonnement, la surprise, le plaisir, la sérénité, ou l’admiration. C’est cette progression et ce cheminement intérieur que nous allons faire ensemble. Laissez-vous donc conduire par la petite silhouette rouge ! Bonne exploration !
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La grotte est là, devant moi, qui m’invite à la découverte. Cette ouverture dans la falaise, telle une porte béante entre deux mondes, est à la fois un mystère et une promesse. J’en franchis le seuil, laissant derrière moi la lumière du jour, et je me dirige vers l’obscurité, porteuse de tous les possibles.
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ENTRÉE NATURELLE DE LA GROTTE
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