PICASSO
Cette exposition est organisée dans le cadre de « Picasso-Méditerranée », manifestation culturelle internationale qui se tient de 2017 à 2019. Plus de soixante-dix institutions ont imaginé ensemble une programmation autour de l’œuvre « obstinément méditerranéenne » de Pablo Picasso. À l’initiative du Musée national Picasso-Paris, ce parcours dans la création de l’artiste et dans les lieux qui l’ont inspiré offre une expérience culturelle inédite, souhaitant resserrer les liens entre toutes les rives.
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L’atelier du Minotaure
L’atelier du Minotaure
L
e thème du Minotaure apparaît, en 1928, dans un collage de Picasso. C’est l’image furtive d’un gnome à tête de taureau qui traverse les couloirs abstraits du labyrinthe en prenant littéralement ses jambes à son cou. Il ressemble alors aux effigies frappées sur les monnaies de l’antique Cnossos avant de devenir, sous une allure moins archaïque, l’hôte familier du répertoire picassien des années trente. Il se prête désormais à tous les jeux de masques et de rôles que le peintre imagine, jusqu’à se confondre avec lui. Il renouvèle ainsi le dialogue que les dramaturges et les artistes n’avaient cessé d’entretenir avec les protagonistes de la légende crétoise depuis la redécouverte, au milieu du XVIIIe siècle, d’une fresque d’Herculanum montrant Thésée vainqueur du Minotaure.
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Cet ouvrage a été publié à l’occasion de l’exposition « Picasso, l’atelier du Minotaure » présentée au Palais Lumière d’Évian du 30 juin au 7 octobre 2018.
Cette exposition est conçue avec le soutien exceptionnel du Musée national Picasso-Paris. Picasso-Méditerranée, une initiative du Musée national Picasso-Paris
© Somogy éditions d’art, Paris, 2018 © Palais Lumière, Évian, 2018 Ouvrage réalisé sous la direction de Somogy éditions d’art Directeur éditorial : Nicolas Neumann Responsable éditoriale : Stéphanie Méséguer Coéditions : Véronique Balmelle Coordination éditoriale : Alexandra Létang, assistée de Laura Pontillo Conception graphique : Élise Julienne Grosberg Contribution éditoriale : Gabriel Joanes, Christelle Legros et Clémence Martinet Fabrication : Béatrice Bourgerie, Mélanie Le Gros Iconographie et documentation : Olivier Le Bihan, avec le concours d’Annick Fenet et de Cécile Navarra ISBN 978-2-7572-1412-1 Dépôt légal : juin 2018 Imprimé en Union européenne
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PICASSO l’atelier du Minotaure sous la direction d’Olivier Le Bihan
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REMERCIEMENTS Exposition « Picasso, l’atelier du Minotaure » Commissariat général Olivier Le Bihan, assisté de Robert Rocca et de William Saadé Scénographie Frédéric Beauclair Textes, Olivier Le Bihan Livret de l’exposition Textes, Olivier Le Bihan Audioguidage Audiovisit Textes, Olivier Le Bihan, adaptés par Claire Bonneton Communication Agence Observatoire Véronique Janneau Dossier de presse Olivier Le Bihan avec le concours d’Apolline Ehkirch
Musée national Picasso-Paris
Le projet Picasso-Méditerranée
Président Laurent Le Bon
Responsable des éditions – coordinatrice scientifique « Picasso-Méditerranée » Émilie Bouvard, conservatrice
Directeur général Erol Ok Directeur des publics et du développement culturel Guillaume Blanc Direction des ressources et des moyens Matthieu Chapelon Cheffe du département juridique et des achats Claire Le Hénaff
Cheffe du département de la production – chargée de la production « Picasso-Méditerranée » Sophie Daynes-Diallo Cheffe de projet « Picasso-Méditerranée » Camille Frasca, chargée de mission
Juriste spécialisée en droit de la propriété intellectuelle et en droit du patrimoine Audrey Ego Direction des collections et de la production Claire Garnier L’équipe dédiée à l’exposition Régisseuse des collections Marie Liard-Dexet Monteur-installateur Vidal Garrido Direction de la communication, du mécénat et des privatisations Leslie Lechevallier Responsable de la communication Marie Bauer Direction du bâtiment, de l’exploitation, de la sécurité et des systèmes d’information Guillaume Gaillard
En couverture : Pablo Picasso Masque de Minotaure, 1958 Huile sur bois, 85 × 53,5 cm Collection particulière En quatrième de couverture : Edward Quinn Picasso coiffé d’un masque de taureau en osier, 1959 Photographie Collection particulière
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Ville d’Évian Marc Francina, maire d’Évian Magali Modaffari, adjointe au maire en charge des grandes expositions Le conseil municipal remercient : Olivier Le Bihan, professeur des universités, conservateur en chef honoraire du patrimoine, commissaire de l’exposition Robert Rocca, assistant au commissariat William Saadé, conservateur en chef honoraire du patrimoine, conseiller artistique de la Ville d’Évian Le Conseil départemental de la Haute-Savoie, le Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes Pour le soutien apporté à ce projet La Picasso administration, Claude-Ruiz Picasso, administrateur Christine Pinault Les collectionneurs privés Nadia Charbit-Blumenfeld Darius Cauquil-Hecq Ulysse Cauquil-Hecq Catherine Hutin Marc Lebouc Yves Lebouc Guite et Diego Masson Sylvie Mazo
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Les responsables des collections publiques partenaires et leurs équipes
Les artistes qui ont apporté une contribution originale à l’exposition
ainsi que toutes les personnes qui ont facilité la mise en œuvre de la publication et de l’exposition
Agen, musée Adrien Endefaque, directeur
Isabelle de Borchgrave avec le concours de Werner de Borchgrave, Camille Rahayel, Ludo Ledent, l’Atelier à Bruxelles, Christine-Aurore Neyroz, et Jean-Claude Simoën
Nathalie Bienvenu Guillaume Blanc Catherine Bosshart Cédric Brélaz Stéphanie Brügger Alder Patricia Élise Cambreling Cécile Navarra Pérez Dorado, Sébastien Faucon Serge Fernandez Claude Germain Françoise Gloux Emmanuel Guigon Sophie Harent, Anne-Gaëlle Lebouc Catherine Lebret Sylvaine Lestable Mhairi Martino Amélie Simier
Antibes, musée Picasso Jean-Louis Andral, directeur Aubusson, Cité internationale de la tapisserie Bruno Ythier, conservateur Bordeaux, musée des Beaux-Arts Sophie Barthélémy, directrice Bourg-en-Bresse, Monastère royal de Brou Magali Briat-Philippe Chambéry, musée des Beaux-Arts Caroline Bongard, directrice Paris, Bibliothèque nationale de France Laurence Engel, présidente Denis Bruckmann, directeur des collections Paris, musée d’Art moderne de la Ville de Paris Fabrice Hergott, directeur Sophie Krebs, directrice des collections Paris, musée Gustave Moreau Marie-Cécile Forest, directrice Christelle Sanguinetti, régisseuse Paris, musée national d’Art moderne / Centre de création industrielle – Centre Georges Pompidou Bernard Blistène, directeur général Brigitte Leal, directrice adjointe, chargée des collections Olga Makhroff, cellule des prêts et dépôts Didier Schulmann, directeur de la bibliothèque Kandinsky Paris, Musée national Picasso-Paris Laurent Le Bon, président Camille Frasca, chargée de mission Paris, musée Rodin Catherine Chevillot, présidente Paris, musée Zadkine Noëlle Chabert, directrice Véronique Gautherin, conservatrice chargée des collections Nelly Taravel Strasbourg, musée des Beaux-Arts Dominique Jacquot, directeur
Ernest Pignon-Ernest François Wertheimer Les ayants droit des artistes exposés Les auteurs qui ont apporté leur collaboration rédactionnelle à l’ouvrage qui accompagne l’exposition Patrick Amine, essayiste, critique d’art Annick Fenet, docteure ès lettres, historienne et archéologue Ambre Gauthier, docteure en histoire de l’art Stéphane Guégan, chargé de mission auprès de la direction du musée d’Orsay Bernard Lafargue, professeur d’histoire de l’art et d’esthétique, Bordeaux, Université Montaigne Les services de la Ville d’Évian : la direction de la culture, de la communication, le service événementiel et les services techniques Somogy, éditions d’art Nicolas Neumann et ses équipes
L’agence de communication L’Observatoire Véronique Jeannot, directrice Apolline Ehkirch La société de transport LP ART
Photographes : Michel Nguyen – Getty Image – Jean-Louis Losi, David Duchon-Doris – Scala Group – Kunst Historisches Museum Wien Conservation – Restauration d’œuvres : Pascale Accoyer – Olivier Tavoso – Ateliers Saint-Martin, Paris Film : Visite à Picasso, un film de Paul Haesaerts, Production Art et Cinéma, Copyright Eyeworks Film & TV Drama Cette exposition est réalisée avec le soutien des Amis du Palais Lumière et de son président, Olivier Collin Mécènes : Dr Olivier Collin, François Ducrot, Bernard Fumex Membres bienfaiteurs : Philippe Ducreux, Véronique Jagstaidt, Marie-Gabrielle Vanderlinden, Heider Marcel Membres de soutien : Jacques Baud, Jean-Alexis Bouvier, Monique De Stoutz, Jean Douhaire, Hervé Dumas, Noël Duvand, Evian Resort, Thierry Hominal, René Lehmann, Christiane Noetzlin, Josette Senaux-Granjux, Dr Françoise Tochon, Christophe Vanlerberghe
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PICASSO -MÉDITERRANÉE Laurent Le Bon, président du Musée national Picasso, Paris
Mettre en valeur la richesse des liens unissant Picasso et la Méditerranée, au sens large, en programmant de 2017 à 2019 un cycle culturel dynamique, multiforme et pluridisciplinaire est au fondement du projet « Picasso-Méditerranée ». Il s’agit d’imaginer une cartographie et un réseau d’institutions liés au monde picassien. Cette manifestation se définit avant tout comme une série d’expositions et comme un projet scientifique dans une dimension à la fois patrimoniale et contemporaine. L’identité de chaque institution est pleinement respectée. L’ambition est de créer une synergie, afin que chacun puisse développer son projet tout en gardant sa singularité dans une manifestation qui se veut fédératrice. Aujourd’hui, le réseau comprend plus de soixante institutions se coordonnant pour construire une communication commune au travers notamment d’un label, d’une charte graphique, d’un site internet et d’une publication. Des comités de pilotage sont organisés régulièrement, et la manifestation sera ponctuée par des séminaires de recherche rassemblant la communauté picassienne. Une quarantaine d’expositions sont d’ores et déjà programmées dans ce calendrier : monographiques, thématiques, en dialogue avec des contemporains de Picasso ou des artistes d’aujourd’hui, focus sur une technique, une période, un lieu de vie ou de création, elles offrent toutes une approche singulière et renouvelée de l’œuvre picassienne sous le prisme méditerranéen. Cette saison Picasso fera l’objet d’une publication papier et numérique. À l’initiative du Musée national Picasso-Paris, ce parcours dans l’œuvre de l’artiste et dans les lieux qui l’ont inspiré offre une expérience culturelle inédite, souhaitant resserrer les liens entre toutes les rives.
Ill. 1
Pablo Picasso Tête de taureau, 1931 Bronze, épreuve unique, 34 × 56,5 × 54,5 cm Paris, Musée national Picasso-Paris, MP296
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PRÉFACE
L
’exposition estivale du Palais Lumière est consacrée à Pablo Picasso et plus particulièrement à l’un de ses thèmes de prédilection : le Minotaure. Évian est fière de pouvoir présenter cette exposition qui s’inscrit dans le cadre d’un événement culturel international regroupant 60 institutions d’Europe et d’Afrique du Nord qui ont travaillé conjointement afin de mettre en lumière l’œuvre de Pablo Picasso. Ce projet, né à l’initiative du Musée national Picasso de Paris et de la famille de l’artiste, se déploie sur une durée de trois ans, de 2017 à 2019. Il offre, au terme de ce vaste parcours d’expositions, une vision globale du travail artistique du peintre. L’étape évianaise aborde un aspect essentiel du travail de Picasso sur ce mythe. Elle tente de mesurer l’importance de l’héritage artistique que ses prédécesseurs lui ont transmis depuis l’Antiquité. Elle s’efforce d’appréhender les raisons qui l’ont engagé à s’approprier ce mythe. Elle s’attache à rappeler l’originalité de l’approche qui fut la sienne et l’influence qu’elle a pu exercer sur ses contemporains. Je souhaite adresser mes remerciements au Musée national Picasso de Paris ainsi qu’aux ayants droit de l’artiste qui ont permis à la Ville d’Évian de prendre part à ce projet et de rendre l’univers de Pablo Picasso accessible à un large public. Grâce au travail de commissariat confié à Olivier Le Bihan et Robert Rocca, l’exposition « Picasso, l’atelier du Minotaure » conforte la vocation de la Ville d’Évian à développer sa qualité d’étape culturelle privilégiée sur les rives du Léman. Je tiens à les remercier pour l’importance de leur travail tant à la fois pour l’exposition du Palais Lumière que pour leur coordination avec les différentes institutions présentes au sein de cette manifestation d’envergure internationale. Il convient de souligner que cette exposition, une nouvelle fois, ne saurait exister sans la générosité des prêteurs institutionnels et privés, que je remercie pour leur confiance. Je souhaite remercier également nos partenaires, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et le Conseil départemental de la Haute-Savoie, qui soutiennent la politique culturelle menée par la Ville d’Évian.
Marc Francina, maire
Ill. 2
Pablo Picasso Tête cornue ou Minotaure, 1958 Huile sur toile, 97 × 130 cm Collection particulière
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12 LEANTIQUE, MINOTAURE RETOUR AUX SOURCES Annick Fenet
DU MINOTAURE, 34 L’ATELIER DE CANOVA À PICASSO Olivier Le Bihan
104 PORTRAIT DE L’ARTISTE EN MINOTAURE PHILOSOPHE DE COMBAT Bernard Lafargue
MILLE VISAGES 140 LES DU MINOTAURE 1933-1939
Ambre Gauthier
INTÉRIEUR 156 LABYRINTHE
Stéphane Guégan
LANGUE ROUGE 172 LA DU MINOTAURE
COMME FIL D’ARIANE Patrick Amine
ANNEXES 184 Chronologie 198 Bibliographie sélective
Ill. 3
Pablo Picasso Masque de Minotaure, 1958 Huile sur bois, 85 × 53,5 cm Collection particulière
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LE MINOTAURE ANTIQUE, RETOUR AUX SOURCES
Annick Fenet
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À
ce jour, le récit complet le plus ancien du mythe du Minotaure nous est rapporté en ces termes par le Pseudo-Apollodore au IIe siècle de notre ère : « Zeus, saisi d’amour pour Europe, prit la forme d’un aimable taureau à l’haleine de rose et, lorsqu’elle fut montée sur son dos, il l’emporta en Crète à travers la mer. Là, Zeus s’unit à elle et elle enfanta Minos, Sarpédon et Rhadamanthe. […] Europe fut épousée par Astérios, le prince des Crétois, qui éleva ses enfants. […] Minos, installé en Crète, y rédigea des lois. De son mariage avec Pasiphaé, fille du Soleil et de Perséis […] il eut […] pour filles Acallé, Xénodicé, Ariane et Phèdre. […] Lorsque Astérios mourut sans enfant, Minos voulut régner sur la Crète et on chercha à l’en empêcher. Alors, il prétendit qu’il avait reçu des dieux la royauté et, pour qu’on le crût, il soutint que ce qu’il leur demanderait se réaliserait. Au cours d’un sacrifice à Poséidon, il demanda au dieu de faire apparaître un taureau hors des flots, en promettant de sacrifier l’animal qui apparaîtrait. Poséidon fit surgir pour lui un taureau splendide. Minos obtint la royauté, mais il envoya le taureau rejoindre ses troupeaux et il en sacrifia un autre. […] Poséidon, irrité contre lui parce qu’il n’avait pas sacrifié le taureau, rendit l’animal furieux et fit en sorte que Pasiphaé éprouvât pour lui du désir. Tombée amoureuse du taureau, elle prit pour complice Dédale, un architecte qui avait été banni d’Athènes à la suite d’un meurtre. Celui-ci fabriqua une vache en bois, la monta sur des roues, l’évida à l’intérieur, cousit sur elle la peau d’une vache qu’il avait écorchée et, après l’avoir placée dans le pré où le taureau avait l’habitude de paître, il y fit monter Pasiphaé. Le taureau vint et s’accoupla avec elle comme avec une vraie vache. C’est ainsi que Pasiphaé enfanta Astérios, appelé le Minotaure, qui avait la face d’un taureau et, pour le reste, un corps d’homme. Minos, conformément à des oracles, le fit enfermer et garder dans le labyrinthe. »
Page précédente : Thésée terrassant le Minotaure, Détail de la mosaïque de Loigersfelder, voir p. 31
Ill. 4
Ill. 5
Peintre de Settecamini (attribué à) Pasiphaé tenant le Minotaure enfant sur ses genoux (détail), début du IVe siècle avant notre ère Vase étrusque à figures rouges découvert à Vulci, 12,9 × 41 cm Paris, Bibliothèque nationale de France, Médailles et Antiques, inv. 1066
Thésée et le Minotaure, vers 540 avant notre ère Amphore à figures noires, H. 42 cm Paris, musée du Louvre, F33
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L’ATELIER DU MINOTAURE, DE CANOVA À PICASSO Olivier Le Bihan
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I
«
l n’est point de serpent ni de monstre odieux Qui, par l’art imité, ne puisse plaire aux yeux ; D’un pinceau délicat l’artifice agréable Du plus affreux objet fait un objet aimable. » Nicolas Boileau, L’Art poétique (Chant III) 1674
La légende crétoise doit une grande part de son succès à la richesse du répertoire dramatique. Le personnage central du Minotaure n’y joue directement aucun rôle. L’aberration de sa nature ne favorise pas son entrée en scène ni sa participation au dialogue. Sa bestialité lui interdit l’accès au langage des hommes et aucune prosopopée ne nous livre ses pensées. Il intervient en filigrane dans la trame du récit, l’échange des choreutes et des protagonistes. On flaire sa présence, on tend l’oreille en croyant percevoir ses mugissements, on frémit à l’écoute de ses horribles forfaits, on exulte à l’annonce de son trépas, mais on ne le voit pas. Le théâtre classique s’accommode plus facilement des monstres dont le physique est agréable et la parole intelligible. Pour Pasiphaé, Ariane, Phèdre ou Thésée, la beauté n’est pourtant pas un masque très fiable. Elle peine à dissimuler les sombres desseins et les terribles passions qui scellent leur destin. Aux yeux de Corneille, Racine ou Shakespeare, la laideur épouvantable du croquemitaine de la Crète est vouée par nature au confinement du labyrinthe ou du tombeau. La fortune iconographique du Minotaure est cependant loin d’être négligeable. L’art antique dédie volontiers le simulacre de la victoire de Thésée sur le Minotaure au piétinement des riches pavements de mosaïque, à la fragilité des vases funéraires ou au décor des temples et des galeries palatiales. Ces repères artistiques, redevenus familiers au siècle de Picasso, ont tardé à resurgir du passé. L’art moderne a donc patiemment réinventé l’image du Minotaure en en renouvelant l’usage au gré de ses enjeux.
Page précédente : Maître des Cassoni Campana Thésée et le Minotaure dans le labyrinthe, vers 1510-1520 Détail, voir p. 38
Ill. 21
Ill. 22
Rafaello Morghen Thésée et le Minotaure, 1787 Gravure sur cuivre, d’après le dessin exécuté par Bonaventura Salesa, d’après le groupe sculpté d’Antonio Canova, 52,1 × 38,6 cm Courtesy of Robert Schreuder Gallery
Antonio Canova, Thésée vainqueur du Minotaure, 1782-1783 Marbre, 145 × 158,7 cm Londres, Victoria and Albert Museum, A 5 1962
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PORTRAIT DE L’ARTISTE EN MINOTAURE PHILOSOPHE DE COMBAT Bernard Lafargue
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icasso a changé de style chaque fois qu’il a changé de femme, et n’a jamais peint que les femmes qu’il aimait. Or le maître n’a pas changé de femme chaque fois qu’il a changé de style, et il a changé plus souvent de style que de femme. Ergo ? C’est ce petit apologue en forme de syllogisme aporétique qui nous servira de fil d’Ariane pour tenter de comprendre le devenir-Minotaure de Picasso dans les années 1930. Ainsi que le suggèrent les nombreuses suites ou séries des « Demoiselles d’Avignon », « Peintre et son modèle », « Amours de Raphaël avec la Fornarina », « Songes et mensonges de Franco », « Suite Vollard », « Guernica », etc., Picasso ne parvient à transformer en muses les mille e tre de sa liste : Madeleine, Fernande, Olga, Marie-Thérèse, Dora, Françoise ou Jacqueline, qu’il aime, dévore et délaisse avec une passion toute « diotimienne » qu’en les « croquant » en jeunes femmes en fleurs-pleurs1. C’est cette « passion prédominante » que met en scène et en abyme la série, étrangement inquiétante, des années 1930 où il se figure en Minotaure. Du grand fusain et papier collé sur toile2, daté du 1er janvier 1928, où une tête de taureau semble naître d’une fente dessinée par deux jambes écartelées sur fond rouge (ill. 86 p. 115) à la belle toile du Minotaure portant une jument morte dans ses bras3, datée du 6 mai 1936 à Juan-les-Pins (ill. 107 p. 139), en passant par la puissante eau-forte de la Minotauromachie4 de 1935 (ill. 100 p. 130) ou la couverture du premier numéro éponyme de la revue surréaliste de Skira (ill. 108 p. 142) qui paraîtra de 1933 à 1939, les œuvres que Picasso réalise durant cette décennie sont manifestement hantées par la figure du Minotaure.
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Ill. 80
Dora Maar Picasso en Minotaure criant, 1937 Épreuve gélatino-argentique, 7 × 9,5 cm Paris, MNAM, AM 2004 0164 (179)
Pablo Picasso Minotaure assis avec un poignard, 11 avril 1933 Eau-forte, 45,7 × 32,6 cm Paris, Musée national Picasso-Paris, MP 2388
Ci-contre : Pablo Picasso Minotaure et dormeuse Fusain Collection particulière Détail, voir p. 121
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LES MILLE VISAGES DU MINOTAURE 1933-1939 Ambre Gauthier
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«
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es monstres que, heureusement pour l’humanité, la nature ne produit que tous les mille ans, sont, j’en conviens, difficiles à comprendre1. »
Publiée de 1933 à 1939 par Albert Skira (1904-1973) et Tériade (1897-1983), la revue Minotaure2 est un laboratoire de l’art vivant, qui, par sa ligne éditoriale et son esthétique, se fraye un chemin singulier à travers les publications contemporaines, tout en assumant sa filiation avec les champs de recherche surréalistes. Le sous-titre de la revue (« revue artistique et littéraire ») annonce les vastes domaines explorés par la publication : arts plastiques, poésie, musique, architecture, ethnographie et mythologie, spectacles, études et observations psychanalytiques. Skira, éditeur et bibliophile passionné, publie dans les années 1930 plusieurs ouvrages d’art illustrés par Pablo Picasso (Métamorphoses d’Ovide, 1931) et Henri Matisse (Poésies de Stéphane Mallarmé, 1932). Si le succès commercial n’est pas au rendez-vous, sa détermination et son souhait de participer à un élan artistique collectif le conduisent à tenter l’aventure de l’édition d’une revue d’art. Tériade3, critique d’art influent, nommé directeur artistique, permet à la revue de bénéficier de l’adhésion et de l’intérêt de Georges Bataille, de Paul Éluard, d’André Breton et de Pierre Reverdy. Pablo Picasso, Henri Matisse, Salvador Dalí, Max Ernst ou encore Joan Miró participent de concert à cette aventure éditoriale, convaincus par la nécessité de construire une réflexion autonome pluridisciplinaire (voir ill. 113 à 117 pp. 151 à 155). Support privilégié des collectifs d’artistes et des groupes d’avant-garde, la revue d’art connaît un développement sans précédent dans la première moitié du XXe siècle, organe de diffusion des théories artistiques et des prises de position contestataires. Si plusieurs types de revues cohabitent, de la plus modeste à la plus sophistiquée, Skira imagine la sienne comme un objet de luxe4, papier soyeux et couleurs éclatantes,
Page précédente : Pablo Picasso Minotaure au poignard, 11 avril 1933 Détail, voir p. 148
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Pablo Picasso Couverture de la revue Minotaure, no 1, 1933
Pablo Picasso Maquette pour la couverture de la revue Minotaure, 1933 Crayon sur papier, papier ondulé, papier d’argent, ruban de soie,
papier peint rehaussé à l’or et à la gouache, serviettes en papier, feuilles jaunies en lin, punaises et fusain sur bois, 48,5 × 41 cm Museum of Modern Art, New York, inv. 114 1974
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LABYRINTHE INTÉRIEUR
Stéphane Guégan
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Pour Guite et Diego
«
M
ais la métamorphose n’oublie rien : si aérien que soit le geste, on voit la chair blessée qu’il emporte1. » Gaëtan Picon
L’électrochoc que s’impose l’œuvre de Masson, au seuil des années 1930, reste un objet de fascination angoissée. À cette persistance salutaire, deux raisons. Le virage radical de l’artiste, galvanisé d’avoir rompu avec André Breton dès 1929, continue à nous ébranler par son déluge soudain de violence et de sexe paniques ; d’un autre côté, le Masson d’alors bouscule sérieusement les certitudes d’une histoire de l’art trop soumise à l’autorité œcuménique de Picasso et Matisse, comme aux rêveries muséifiées du surréalisme orthodoxe. Si la France est restée quasiment sourde à l’œuvre de Masson depuis l’exposition que William Rubin fit venir à Paris en 1977, cela ne tient pas, nul doute, à des blocages superficiels. Le désaccord touche à des rejets plus profonds, trahit des répugnances plus éloquentes. Et le nouvel ordre moral que nous voyons chaque jour se renforcer, de part et d’autre de l’Atlantique, ne devrait pas améliorer les choses. Autant que l’illustrateur de Sacrifices et le peintre des Massacres, le dessinateur priapique de tant d’empoignades impunies dérange ou effraie, non moins que la part la plus obscure ou obscène de celui qui fut son indissociable complice en ces années de bascule. De fait, tout au long de l’entre-deux-guerres, Georges Bataille et André Masson furent les Dioscures de la seule équipée sauvage, et mentale, qui ait vraiment tenu tête au totalitarisme, ce fascisme de droite ou de gauche dont une bonne partie de l’Europe se fit la victime consentante dans l’agonie de la SDN. et la déferlante du krach. Le constat ne date pas d’aujourd’hui. C’est Breton lui-même qui affirme, en mai 1939, le « prestige » que le peintre a retrouvé à ses yeux, dix ans après la fracture et le schisme qu’ouvre le Second manifeste surréaliste2. À dire vrai, le retour en grâce a débuté plus tôt, et il tient d’abord, nous le verrons, à des circonstances éditoriales. Abandonné à son « triste sort » en 1929, car jugé traître
Page précédente : André Masson Le Labyrinthe, 1938 Détail, voir p. 164
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André Masson Couverture de la revue Minotaure, nos 12/13, 12 mai 1939 Collection Guite et Diego Masson
André Masson Pasiphaé, 1937 Huile sur toile, 37,5 × 40 cm Collection particulière
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LA LANGUE ROUGE DU MINOTAURE COMME FIL D’ARIANE Patrick Amine
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L
«
a vie n’est pas un essai, bien que nous essayions beaucoup de choses ; ce n’est pas un conte ; ce n’est pas un poème, bien que nous rêvions beaucoup de choses. L’essai du conte du poème de la vie est un mouvement perpétuel ; c’est ça, un mouvement perpétuel1. »
Au commencement était le mythe. Les mythes ont toujours été des labyrinthes sans fin. Hegel se demandait pourquoi l’idée n’était encore jamais venue à l’esprit de personne : celle d’avoir une nouvelle mythologie. Je voudrais raconter la vie de ces personnages mythologiques qui ont inspiré de multiples récits, pièces, fictions, essais et un certain nombre de peintres, et, bien sûr, Picasso, dans sa Suite Vollard, avant-dernière partie de la série où apparaît la figure du Minotaure, en quinze planches – avant les trois portraits d’Ambroise Vollard, ajoutés en 1937. Picasso développera, quelques années plus tard, le thème en couleurs. Ici vont se télescoper quelques aspects des récits mythologiques (que j’ai modernisés en éliminant les aspérités anciennes), mixés avec des personnages contemporains, écrivains, peintres, et composés de séquences mémorielles de voix, parfois fictives, tous issus de la sphère Picasso, vie et œuvre mêlées, et de son rayonnement. Ce prélude introduit la création métaphorique de l’artiste Isabelle de Borchgrave (ill. pp. 174 à 178), dont le titre est Picasso Minotaure et les sept femmes du Labyrinthe, et poursuit le thème de l’exposition. Un dialogue à travers les Temps où la figure féminine picassienne continue à nous interroger et à vivre. Temps : Époque minoenne (IIe millénaire avant notre ère). Et période actuelle. Voix A. : Es-tu bestial, Minotaure ? Es-tu une figure divine, Pablo ? Toi qui es né de Pasiphaé et d’un taureau blanc, sorti de l’eau, comme un poisson volant !
Page précédente : Emmanuel Pontremoli (d’après) Thésée et le Minotaure, 1902-1908 Détail, voir p. 30
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Isabelle de Borchgrave Picasso et les sept femmes du Labyrinthe, 2018 Moucharabieh (détail) Appartient à l’artiste
Isabelle de Borchgrave Deux muses en robes de papier sur fond de moucharabieh, 2018 Appartient à l’artiste
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ANNEXES
Olivier Le Bihan
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CHRONOLOGIE
GARE AU MINOTAURE ! CAVE MINOTAURUM !
Page précédente : Pablo Picasso Minotaure emmenant une jument et son poulain dans une charrette, 5 avril 1936 Détail, voir p. 197
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Gjon Mili Picasso avec une tête de bovin sur la tête, plage de Golfe-Juan, près Vallauris, 1949 Série de photographies pour le magazine américain Life
Maurice Denis Le Minotaure ou Le taureau de Crète, 1918 Huile sur toile, 100 × 124 cm Tours, musée des Beaux-Arts, dépôt du musée d’Orsay, AM 1334
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4 mars : première représentation de l’Ariane de Thomas Corneille à l’Hôtel de Bourgogne.
Découverte de la fresque Thésée vainqueur du Minotaure sur le site d’Herculanum (ill. 28 p. 43).
1725 « Je partis, & j’arrivai en Crète. Cette isle est toute pleine des monumens de la fureur de l’Amour. On y voit le taureau d’airain, ouvrage de Dédale, pour tromper ou pour satisfaire les égarements de Pasiphaé ; le labyrinthe, dont l’Amour seul sçut éluder l’artifice ; le tombeau de Phèdre, qui étonna le Soleil, comme avoit fait sa mère ; & le temple d’Ariane qui, désolée dans les déserts, abandonnée par un ingrat, ne se repentoit pas encore de l’avoir suivi » (Montesquieu, Le Temple de Cnide).
« Thésée vainqueur du Minotaure (voir Cochin et Bardet 1754, pl. XV). Thésée est debout nud ; il a seulement une draperie sur l’épaule 1750 & sur le bras gauche : de jeunes Charles-Nicolas Cochin, graveur, et Athéniens lui baisent les mains Jérôme Bellicart, architecte, visitent & lui embrassent les genoux. Naples en 1750, en compagnie de Le Minotaure désigné par un Soufflot et du marquis de Marigny. homme à tête de taureau, paroît renversé à ses pieds […]. Ce tableau 1754 est froidement composé, on en Charles-Nicolas Cochin et prendroit les principales figures Jérôme-Charles Bellicard publient pour des imitations de statues, les Observations sur les antiquités surtout celle de Thésée. Les deux de la ville d’Herculanum. enfants qui lui embrassent l’un le Les illustrations accompagnant bras droit, l’autre la jambe gauche, l’ouvrage sont basées sur les croquis ont des attitudes fort usitées dans que fit Pierre Bardet de Villeneuve les bas-reliefs antiques ; les autres en 1743, durant les premières tiennent moins du bas[-]relief, fouilles (ill. 29 p. 44) : principalement celle du Minotaure que l’on voit en raccourci. Le Thésée est médiocrement dessiné sans sçavoir et sans finesse. La tête seulement en est assez belle et d’un bon caractère. Les autres figures ne sont pas d’un meilleur goût de dessein ; cependant on peut dire que la manière de ce tableau est en générale grande, & le pinceau facile : au reste l’ouvrage est peu fini, & ne peut être regardé que comme une ébauche avancée. »
1757 Ottavio Antonio Bayardi reproduit la fresque de Thésée vainqueur du Minotaure (Herculanum) dans son ouvrage (voir Bayardi 1757, t. I, pl. V, p. 25).
1776 Antoine Court de Gébelin : « Le Minotaure étoit […] une statue semblable à celle du Veau d’or consacrée au soleil, et relative au culte qu’on rendoit à cet astre.
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PICASSO
Cette exposition est organisée dans le cadre de « Picasso-Méditerranée », manifestation culturelle internationale qui se tient de 2017 à 2019. Plus de soixante-dix institutions ont imaginé ensemble une programmation autour de l’œuvre « obstinément méditerranéenne » de Pablo Picasso. À l’initiative du Musée national Picasso-Paris, ce parcours dans la création de l’artiste et dans les lieux qui l’ont inspiré offre une expérience culturelle inédite, souhaitant resserrer les liens entre toutes les rives.
978-2-7572-1412-1
L’atelier du Minotaure
L’atelier du Minotaure
L
e thème du Minotaure apparaît, en 1928, dans un collage de Picasso. C’est l’image furtive d’un gnome à tête de taureau qui traverse les couloirs abstraits du labyrinthe en prenant littéralement ses jambes à son cou. Il ressemble alors aux effigies frappées sur les monnaies de l’antique Cnossos avant de devenir, sous une allure moins archaïque, l’hôte familier du répertoire picassien des années trente. Il se prête désormais à tous les jeux de masques et de rôles que le peintre imagine, jusqu’à se confondre avec lui. Il renouvèle ainsi le dialogue que les dramaturges et les artistes n’avaient cessé d’entretenir avec les protagonistes de la légende crétoise depuis la redécouverte, au milieu du XVIIIe siècle, d’une fresque d’Herculanum montrant Thésée vainqueur du Minotaure.
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35€
PALAIS LUMIÈRE Ville d’Évian
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