Speedy Graphito au Palais du Tau, Reims (extrait)

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Speedy Graphito au Palais du Tau

Exposition du 26 janvier au 8 avril 2018 Reims

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« C’est avec beaucoup de plaisir que nous accompagnons

le projet de Speedy Graphito au Palais du Tau. Aujourd’hui, le street art résonne partout dans les villes et Frey s’en fait volontiers l’écho dans ses projets urbains. Par ses œuvres Pop, Speedy Graphito réenchante la ville et porte un regard décalé sur son époque. C’est pour nous une source d’inspiration à plus d’un titre. » Antoine Frey

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Entretiens philosophiques avec Gérard Lemarié 4 I Les historiques 10 I L’art urbain 30 I Mondes virtuels et monde mystique

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Bonjour je m’appelle Speedy Graphito et je fais ce qui me plait 1985 Acrylique sur toile 150 × 150 cm

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Les historiques « Nous déclarons que la splendeur du monde s’est enrichie d’une beauté nouvelle : la beauté de la vitesse. » FILIPPO TOMMASO MARINETTI Gerard Lemarié : Es-tu devenu artiste grâce à ta famille, malgré ta famille ou contre ta famille ? Speedy Graphito : Assurément grâce à ma famille. Mon père aurait certes adoré que je perpétue sa vocation de tapissier, mais me voyant dessiner tout le temps et sur tous les supports, il a vite compris que ma vocation était ailleurs, et finalement pas si éloignée de la sienne. GL : À quand remontent tes premiers dessins ? SG : Vers l’âge de neuf ans, je dessinais déjà beaucoup. Tout s’est enclenché assez vite, avec les premiers décors de théâtre vers quatorze ou quinze ans. Très classiquement, j’ai suivi les cours de deux écoles d’art pendant cinq années. Il n’y a pas eu d’empêchement, on ne m’a jamais déconseillé d’emprunter cette voie. GL : Au fond, par le dessin, tu as repris la vocation de ton père : tapissier il fut, tapissier tu devins ! SG : Si tu considères que le travail sur la toile est équivalent au travail sur une tapisserie, alors oui, tu as raison, et cela me réjouit : je perpétue aujourd’hui la vocation de mon père. GL : Crois-tu en cette transmission ? As-tu le sentiment d’un continuum dans ton travail ? SG : Absolument, si tu entends par là une continuité classique, si tu penses ce continuum comme un cheminement qui mène tous les artistes forcément quelque part. Dans tous les cas, je ne ressens aucune rupture dans ce parcours qui me conduit 7

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Autopsie d’un président 1989 Acrylique sur toile 193 × 290 cm

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L’art urbain « Je préfère les monstres de ma fantaisie à la trivialité positive. » CHARLES BAUDELAIRE GL : Crois-tu nécessaire de bien connaître l’histoire de l’art ? SG : Connaître l’histoire de façon générale est primordial, pas seulement l’histoire de l’art. Savoir situer les époques, saisir les mouvements des uns et des autres, replacer les différentes écoles dans le temps permet de se situer dans cette globalité si tu décides de devenir créateur à ton tour. GL : La théorie te semble à la fois première et essentielle. SG : Apprendre les techniques permet à la fois de courir moins de risques et de s’exprimer par la suite avec une plus grande liberté. La même chose au niveau de l’amateur d’art, qui abordera mieux la démarche du créateur. Si techniquement tout est possible, alors il y a expression, mise en place, incarnation de la liberté. Si, pour ma toile, j’ai besoin du glacis, il me faut apprendre cette technique particulière, ou bien alors je fais confiance au hasard, au coup de chance, pour ne pas dire au coup de génie. Ne pas connaître cette couche transparente et sa méthode d’application, c’est, je me répète, s’empêcher de parvenir en fin de travail à une harmonisation de l’ensemble des couleurs du tableau. C’est se priver de cette aide merveilleuse qu’est la technique. Même chose pour le vernis et tant d’autres techniques. Ne pas apprendre, c’est incontestablement une gêne et une faille considérables. C’est comme monter sur un ring sans connaître les règles de la boxe : tu risques assez vite le K.-O. La pratique incessante et forcenée peut certes parvenir à libérer l’artiste, mais cela se fera par accident et non de manière volontaire et consciente. Tu peux te libérer d’une geôle où tu es enfermé, tu ne le peux pas si tu ne sais pas cet enfermement technique. GL : La formule est de Sartre. SG : Pardon ? 17

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Spirit of Street 2010 Peinture acrylique et spray sur toile 200 × 300 cm

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Mondes virtuels

et monde mystique « La différence entre le talent et le génie, c’est un apport inconnu, une chose qui s’impose même si vous ne la comprenez pas. C’est très mystérieux : c’est quelque chose en dehors de l’homme. » GABRIELLE BUFFET

Fresque à Bondy 1985

GL : Avant d’aborder le dernier moment de notre rencontre, je crois que tu aimerais ajouter une ou deux choses importantes... SG : Dans mon histoire subjective de l’art, je n’ai pas parlé de Van Gogh, alors que je n’ai jamais cessé de reproduire certains de ses tableaux dans les miens, comme des clins d’œil. En profiter aussi pour redire aux gens qui nous liront l’importance des cycles, toutes ces « choses » étranges qui sans cesse reviennent dans mes compositions. Enfin, ajouter que je ressens au fond de moi un besoin curieux de m’impliquer, de me mettre en condition, même physiquement, dans mon travail du moment. En 1986, pour une série intitulée Le Bûcheron, je me souviens d’avoir acheté un tablier, des gants, une chemise à carreaux – toujours le carré – pour incarner le mieux possible l’idée que je me faisais du bûcheron. Cette attitude étonnante est un exemple de ce souci permanent que j’ai de vouloir appartenir à une famille... 31

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Another Day 2014 Acrylique sur toile, peinture 240 × 450 cm

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Olivier Rizzo alias Speedy Graphito Né en 1961 à Paris Vit et travaille à Paris et Miami. http://speedygraphito.free.fr

CENTRES CULTURELS Institut français de Naples (Italie) Centre culturel français de Tlemcen (Algérie) Centre régional d’art contemporain de Fontenoy (France) Musée de Soissons (France) Musée du Touquet-Paris-Plage (France) Institut français de Prague (République tchèque) Ambassade de France au Japon (Tokyo) Maison Elsa Triolet-Aragon – Saint-Arnoult-en-Yvelines (France) Espace d’art contemporain André Malraux – Colmar (France) Palais du Tau – Reims (France) COMMANDES PUBLIQUES Le ministère de la Culture Le Centre national des arts plastiques Le CNES (mission spatiale Altaïr) La direction des Affaires culturelles de la Ville de Paris GALERIES Galerie Polaris (FR) Galerie Provost Hacker (FR) Galerie Berthéas (FR) Kolly Gallery (CH) Fabien Castanier Gallery (US) BIBLIOGRAPHIE Speedy Graphito – Génie artistique, 1986 Speedy Graphito produit de l’art, Éditions Possible Book 1990 Speedy Graphito – À colorier et à méditer, 1992 L’Aventure intérieure, Éditions Critère Urbanité 2004 In Situ, Éditions Alternatives 2005 Fast Culture, Éditions Alternatives 2008 What did you expect?, Éditions Art Partner 2010 Homme Street Home, Collection Opus Delit, Éditions Critère 2010 Paris, de la rue à la galerie, Éditions Pyramyd 2011 Paris Pochoirs, Éditions Alternatives 2011 Made in America, Fabien Castanier Gallery 2014 Serial Painter, Somogy éditions d’art 2015 Un art de vivre, Somogy éditions d’art 2016 The World of Speedy Graphito, Somogy éditions d’art 2018 Speedy Graphito au Palais du Tau, Somogy éditions d’art 2018 QUELQUES DATES 1975 – 1980 I Décors de théâtre pour la « Lyrique » de l’Isle-Adam 1975 – 1978 I Études au lycée Maximilien-Vox, filière sciences et technologies du design et des arts appliqués, rue Madame, Paris 1978 – 1980 I Études supérieures à l’École Estienne, Paris 1983 I Premier mur peint 1984 I Première exposition en galerie 1985 I Création de l’affiche pour La Ruée vers l’art, ministère de la Culture 1987 I « YOU ARE THE WORLD », création d’une ligne de T-shirts Speedy Graphito Speedo, création du journal des fans de Speedy 1989 I Projections pour le concert de J.-M. Jarre, Paris La Défense 1993 I Création de l’emblème de la mission spatiale Altaïr, C.N.E.S. 2014 I Ainsi soit Lapinture, co-réalisation du film documentaire long-métrage 2015 I « La plus grande fresque d’Europe » Festival international de street art, Évry

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BIOGRAPHIE Artiste précurseur d’avant-garde, reconnu comme l’un des pionniers du mouvement « street art » français (art contemporain urbain), Speedy Graphito s’impose aujourd’hui internationalement comme l’un des artistes majeurs de sa génération. Depuis le début des années 1980, juste après la figuration libre, Speedy Graphito imprègne du « style Graphito » la mémoire collective et les murs de Paris en les colorant de ses graphismes percutants. Speedy Graphito produit de l’art. Aussi prolifique qu’inventif, il utilise toutes les formes d’expression – peinture, sculpture, installation, photo ou vidéo, pour créer à travers son œuvre et au fil des époques un langage universel imprégné de l’air du temps. Élaborées par thèmes, ses expositions se succèdent, offrant des univers toujours nouveaux et surprenants. N’ayant de cesse d’évoluer et de se réinventer, sa marque de fabrique est celle d’un art joyeux et profond, aux couleurs souvent vives, dans lequel il bouscule de façon ludique et ironique nos systèmes de perception. Dans cette démarche, il n’hésite pas à s’approprier pour la détourner toute l’imagerie de la culture populaire, des super-héros, voire des marques, réalisant ainsi un décryptage quasi systématique de notre inconscient collectif. Il décline alors en autant d’interrogations les normes et les diktats de notre identité culturelle occidentale, superposant à la réalité de notre société une dimension plus poétique. Lorsque Speedy Graphito use d’un dictionnaire imaginaire personnel précis, et que celui-ci se trouve de manière tangible relié à l’histoire de l’art, c’est en réalité qu’il est le plus souvent enclin à en fournir les clés. Là, tout un chacun trouvera, s’il le souhaite, une bonne raison de poursuivre une quête plus personnelle. Les thèmes de l’enfance et de la mort, depuis toujours largement présents, confèrent aux œuvres un caractère plus autobiographique, inspirées de ses pérégrinations et de ses voyages intérieurs. Toutes sont une invitation au voyage et à l’éveil. L’œuvre, dans son ensemble, est celle d’un passeur, marquée de l’empreinte onirique d’un véritable iconoclaste. Aussi à l’aise dans les performances picturales publiques que dans l’intimité de son atelier, Speedy Graphito se donne corps et âme à sa passion. Dans l’urgence du temps qui passe, il agit selon un mode « survie ». Speedy Graphito est un artiste populaire. C’est la commande de l’affiche pour La Ruée vers l’art en 1985 par le ministère de la Culture qui lui confère aussitôt une large reconnaissance et une notoriété auprès du grand public. S’ensuivront l’animation des tours de La Défense pour le concert de J.-M. Jarre, l’identité graphique extérieure de la Halle Saint-Pierre, la création du logo de la mission spatiale Altaïr dont le dessin est encore quelque part dans l’espace intergalactique, la peinture de la péniche Europodyssée qui rejoint via les canaux Paris à Moscou, des voiles d’un catamaran pour une traversée de l’Atlantique en solitaire, et des murs de Paris le long du parcours de la Bièvre... 47

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