VAN DONGEN & le Bateau-Lavoir (extrait)

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VAN DONGEN

& le Bateau-Lavoir


VAN DONGEN ET LE BATEAU-LAVOIR 16 février – 26 août 2018 Société Kléber Rossillon Présidente : Geneviève Rossillon Société Saint-Jean et Saint-Vincent Directrice : Aude Viart Co-commissaire de l’exposition, responsable de recherches au RKD – Institut néerlandais d’Histoire de l’Art, La Haye : Anita Hopmans Co-commissaire de l’exposition, responsable de la conservation au musée de Montmartre : Saskia Ooms Comité scientifique : Jean-Michel Bouhours, Sophie Krebs, Irène Lesparre Scénographe : Atelier Maciej Fiszer Exposition réalisée en partenariat avec le RKD – Institut néerlandais d’Histoire de l’Art, La Haye, l’ambassade du royaume des Pays-Bas, la saison culturelle Oh ! Pays-Bas, et Van Rees Stichting-Utrecht, et avec le concours des collections de la Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles, du Musée national d’Art moderne – CCI Centre Pompidou, Paris, du musée d’Art moderne Richard-Anacréon, Granville, du musée d’Art moderne de la Ville de Paris, du musée de Grenoble, du musée d’Art moderne AndréMalraux, Le Havre, du musée d’Art moderne, Troyes, du musée des Beaux-Arts, Caen, du musée Fabre, Montpellier, du Nouveau Musée national de Monaco, de la Fondation Custodia, Paris, du Stedelijk Museum, Amsterdam, du Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam, du Museum de Fundatie, Zwolle, du Noordbrabants Museum, Bois-le Duc, du Centraal Museum, Utrecht, du Museum Voorlinden, Wassenaar, du Städel Museum, Francfort-sur-le-Main, ainsi qu’avec l’aide de collectionneurs privés.

© Somogy éditions d’art, Paris, 2018 © Musée de Montmartre, Paris, 2018 © Jean-Michel Bouhours, Anita Hopmans, Sophie Krebs, Irène Lesparre, Saskia Ooms, 2018, pour leur texte © Fondation pour le rayonnement du musée de Montmartre, Paris, sous l’égide de la Fondation de France © Société d’histoire et d’archéologie des 9 e et 18 e arrondissements de Paris Le Vieux Montmartre © ADAGP, Paris, 2018, pour les œuvres de Kees van Dongen, Otto van Rees, Adya Dutilh et Maurice de Vlaminck © Picasso Administration, 2018, pour les œuvres de Pablo Picasso © RKD – Institut néerlandais d’Histoire de l’Art, La Haye, photothèque © DRAC Île-de-France

Société d’histoire et d’archéologie des 9e et 18e arrondissements de Paris Le Vieux Montmartre Président : Jean-Manuel Gabert Vice-présidents : Alain Larcher, Michèle Trante Trésorier : Éric Sureau Secrétaire : Catherine Rousseau Présidents d’honneur : Daniel Rolland, Jean-Marc Tarrit Conseil d’administration : Thierry Aimar, Pierre Gérard Bazillou, Laurent Bihl, Chantal Bodère, Olivier BoileauDescamps, Jean-Philippe Catonne, Catherine Charrière, Emmanuelle Diethelm, Jean-Manuel Gabert, Nelly Kuntzmann-Portal, Alain Larcher, Yves Mathieu, MarieFrance Moniot-Boutry, Catherine Rousseau, Éric Sureau, Jean-Marc Tarrit, Xavier Thoumieux, Michèle Trante Directrice : Isabelle Ducatez

Ouvrage réalisé sous la direction de Somogy éditions d’art Directeur éditorial : Nicolas Neumann Responsable éditoriale : Stéphanie Méséguer Coéditions : Véronique Balmelle Coordination éditoriale : Sarah Houssin-Dreyfuss Conception graphique : Nelly Riedel Contribution éditoriale pour le français : Sandra Pizzo, Françoise Cordaro Contribution éditoriale pour l’anglais : Katharine Turvey Traduction du néerlandais vers l’anglais du texte d’Anita Hopmans : Lynne Richards Traduction du néerlandais vers le français du texte d’Anita Hopmans : Édouard Vergnon Traduction du français vers l’anglais : Jonathan et David Michaelson Fabrication : Béatrice Bourgerie, Mélanie Le Gros

En couverture : Kees van Dongen, Fernande Olivier, 1907, huile sur toile, 100 × 81 cm, collection particulière. En page de titre : Portrait photographique de Kees van Dongen, vers 1898, collection particulière. En 4e de couverture : Kees van Dongen, Les Lutteuses de Tabarin, 1907-1908, huile sur toile, 150,5 × 164 cm, Monaco, Nouveau Musée national de Monaco, inv. 2008-7-3. 978-2-7572-1340-7 Dépôt légal : février 2018 Imprimé en Union européenne


VAN DONGEN & le Bateau-Lavoir

À Marie-Claire van Dongen, née Huguen (1915-2017), à leur fils Jean-Marie van Dongen, ainsi qu’aux petits-enfants et arrière-petits-enfants d’Otto van Rees. To Marie-Claire van Dongen, born Huguen (1915–2017), to their son Jean-Marie van Dongen, as to the grandchildren and great-grandchildren of Otto van Rees.


REMERCIEMENTS/ACKNOWLEDGMENTS Geneviève Rossillon adresse ses remerciements chaleureux à Geneviève Rossillon would like to thank Anne Hidalgo, maire de Paris Bruno Julliard, premier adjoint au maire de Paris, chargé de la Culture Éric Lejoindre, maire du 18e arrondissement de Paris Carine Rolland, première adjointe au maire du 18e arrondissement, chargée des Affaires générales, de la Culture et du Patrimoine Pieter de Gooijer, ambassadeur des Pays-Bas en France Bart Hofstede, conseiller culturel et de la communication, ambassade du royaume des Pays-Bas Han Grooten-Feld, collaborateur senior, département de la Culture et de la Communication, ambassade du royaume des Pays-Bas Nicole Da Costa, directrice régionale, DRAC Île-de-France Sylvie Muller, chef du service des musées, DRAC Île-de-France, ministère de la Culture et de la Communication Pauline Lucet, conseillère musées, DRAC Île-de-France Laurence Isnard, conseillère musées, DRAC Île-de-France Véronique Bourbiaux, service des musées, DRAC Île-de-France Jean-Marie van Dongen, fils et ayant-droit de Kees van Dongen Les petits-enfants et les arrière-petits-enfants d’Otto van Rees et l’ayant-droit, Van Rees Stichting, Utrecht Aude Viart, directrice du musée de Montmartre Chris Stolwijk, directeur général du RKD – Institut néerlandais d’Histoire de l’Art, La Haye Marie-Francoise Borg, chargée des relations, RKD – Institut néerlandais d’Histoire de l’Art, La Haye Vicky Foster, photographe, RKD – Institut néerlandais d’Histoire de l’Art, La Haye Aux commissaires de l’exposition, auteurs du catalogue et membres du comité scientifique The curators, the authors of the catalogue and members of the scientific committee Anita Hopmans, co-commissaire de l’exposition et responsable de recherches au RKD – Institut néerlandais d’Histoire de l’Art, La Haye Saskia Ooms, co-commissaire de l’exposition et responsable de la conservation au musée de Montmartre

Jean-Michel Bouhours, conservateur en chef émérite, MNAM, Paris, membre du comité scientifique, auteur du catalogue Sophie Krebs, conservatrice au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, membre du comité scientifique, auteur du catalogue Irène Lesparre, membre fondateur de la Van Rees Stichting-Utrecht, membre du comité scientifique, auteur du catalogue Aux partenaires institutionnels et prêteurs Institutional partners and lenders FRANCE

Bernard Blistène, directeur du Musée national d’art moderne, Centre Georges-Pompidou, Paris Christian Briend, conservateur, chef du service des collections modernes, Musée national d’art moderne, Centre Georges-Pompidou, Paris Fabrice Hergott, directeur du musée d’Art moderne de la Ville de Paris Sophie Krebs, conservatrice, musée d’Art moderne de la Ville de Paris Ger Luijten, directeur de la Fondation Custodia, Paris Brigitte Richart, directrice du musée d’Art moderne Richard-Anacréon, Granville Audrey Lajarigge, chargée des collections, musée d’Art moderne Richard-Anacréon, Granville Marc Sebeyrand, premier adjoint au maire, chargé de la Promotion du territoire, de la culture, de l’animation et de la conservation du patrimoine historique, de la Mémoire et des Commémorations, vice-président du conseil régional AlsaceChampagne-Ardenne-Lorraine, pour le musée d’Art moderne de la Ville de Troyes Daphné Castano, conservatrice en chef au musée d’Art moderne de Troyes Guy Tosatto, directeur du musée de Grenoble Sophie Bernard, chargée des collections modernes et contemporaines, musée de Grenoble Emmanuelle Delapierre, directrice du musée des Beaux-Arts de Caen Caroline Joubert, conservatrice en chef du musée des Beaux-Arts de Caen Annette Haudiquet, conservatrice en chef du MuMa, musée d’Art moderne André-Malraux, Le Havre Michel Hilaire, conservateur général du patrimoine, directeur du musée Fabre, Montpellier


MONACO

Marie-Claude Beaud, directrice du Nouveau Musée national de Monaco Célia Bernasconi, conservatrice en chef du Nouveau Musée national de Monaco PAYS-BAS

Jan Willem Sieburgh, directeur du Stedelijk Museum, Amsterdam Sjarel Ex, directeur du musée Boijmans Van Beuningen, Rotterdam Sandra Kisters, responsable des collections, musée Boijmans Van Beuningen, Rotterdam Helmy Frank, collaborateur du centre de documentation et de la photothèque, musée Boijmans Van Beuningen, Rotterdam Charles De Mooij, directeur, Noordbrabants Museum, s’Hertogenbosch Helewise Berger, conservatrice, Noordbrabants Museum, s’Hertogenbosch Bart Rutten, directeur du Centraal Museum, Utrecht Marja Bosma, conservatrice, Centraal Museum, Utrecht Ralph Keuning, directeur du Museum de Fundatie, Zwolle Joop van Caldenborgh, directeur Voorlinden Museum & Gardens, Wassenaar Irene Müller, conservatrice du Voorlinden Museum & Gardens, Wassenaar BELGIQUE

Patrick Lefevre, directeur général de la Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles Marc Quaghebeur, directeur des Archives et musée de la Littérature, Bibliothèque Albert Ier, Bruxelles ALLEMAGNE

Philipp Demandt, directeur du Städel Museum, Francfort-sur-le-Main Aux collectionneurs particuliers The following private collectors Hélène Bailly Gallery, Paris Peter et Deidre Coates Alberto Cortina Simone Czwiklitzer Anna Le Gall Wanda De Guebriant, des Archives Matisse Gérard Jouhet Henri Landier Hans Leijser, Rotterdam

Nahmad Collection, Monaco Cees Muis Roberto Perazzone Carole Plaussu, courtesy galerie de la Présidence La petite-fille d’Otto van Rees Et à toutes les collections qui souhaitent garder l’anonymat And all collections that wish to remain anonymous Ainsi qu’à toutes les personnes qui ont permis la réalisation de cette exposition, tout particulièrement And everyone who has contributed to the organisation of this exhibition, particularly Jean-Michel Buck Raphaëlle Cartier, Agence photographique de la Réunion des musées nationaux – Grand Palais, Paris Laurence Caylux, restauratrice Marie-Hélène Corre, Auction Art Paris Catherine Dantan, attachée de presse Daniel Danzon, encadreur, Cadre Exquis Stéphanie Doucet, restauratrice Maciej Fiszer, scénographe, Atelier Maciej Fiszer Marie Teyssier, assistante, Atelier Maciej Fiszer Marie et Éric Gaspar, graphistes, ÉricandMarie Christophe Guglielmo, chargé de projets culturels, La Parisienne de photographie – Roger Viollet Damiaan Kuitenbrouwer, petit-fils d’Otto van Rees Perrine Latrive, chargé de projets culturels, La Parisienne de photographie – Roger Viollet André Lesparre, traducteur Annie Madec, Agence photographique de la Réunion des musées nationaux – Grand Palais, Paris Ingrid Pfeiffer, conservatrice au Schirn Kunsthalle, Francfort-sur-le-Main Raymonde Thomas, bibliothécaire Isabelle Toromanof, chargée de clientèle, Bridgeman Images, Paris Toute l’équipe du musée All the staff at the museum Alexandre, Alexia, Béatrice, Catherine, Claire, Coline, David, Giacomo, Jérémie, Julia, Julia M., Karelle, Lucas, Maria, Marie, Maxime, Pauline, Thierry, Richard, ainsi que l’équipe de montage, et la Société d’histoire et d’archéologie Le Vieux Montmartre and ‘Le Vieux Montmartre’, the Society of History and Archaeology


Dans le cadre de la saison culturelle néerlandaise en France Oh ! Pays-Bas (2017-2018), le musée de Montmartre consacre une exposition au peintre néerlandais Kees van Dongen (1877-1968) du 16 février au 26 août 2018, intitulée « Van Dongen et le Bateau-Lavoir ». La légende d’un Montmartre bohème où souffle un vent de liberté révolutionnaire favorise l’apparition de groupes d’artistes d’avant-garde et attire de nombreux artistes étrangers à Paris au tournant du siècle. C’est donc tout naturellement que Kees van Dongen s’installe vers octobre 1899 sur la colline de Montmartre avec sa compagne Augusta Preitinger, dite Guus, dans un appartement de la rue Ordener, et emménage ensuite au dernier étage du 10 de l’impasse Girardon. Deux ans plus tard, l’artiste est engagé comme illustrateur pour Gil Blas, L’Assiette au beurre et La Vie en rose. Entre 1903 et 1904, il devient un peintre contemporain : les couleurs et la touche énergique de ses dessins transparaissent sur ses toiles. Suite à sa rencontre avec les futurs « fauves » Maurice de Vlaminck et Henri Matisse, avec qui il partage l’enthousiasme pour la couleur pure, Van Dongen sera associé au fauvisme dès la fin de l’année 1905. Comme peintre avant-gardiste, Van Dongen s’intéresse à la vie artistique au BateauLavoir. Cette maison mythique, située place Émile-Goudeau à quelques pas de l’actuel musée de Montmartre, et rendue célèbre par Picasso, notamment pour y avoir peint Les Demoiselles d’Avignon en 1907, deviendra au début du xxe siècle le berceau de l’art moderne où se rencontrent et échangent, dans un esprit indépendant, Picasso, Derain, Vlaminck, Matisse, Apollinaire, Max Jacob, Van Rees et bien d’autres. Après avoir passé l’été dans une maison de campagne à Fleury-en-Bière, en compagnie d’Otto van Rees et d’Adya Dutilh, Kees van Dongen emménage dans un des ateliers vers décembre 1905. Il l’occupera jusqu’au début 1907. Comme le précise l’auteur John Richardson, Van Dongen a probablement été invité par Pablo Picasso qui y résidait depuis avril 1904, dans l’ancien atelier de Paco Durio. Cette exposition entend montrer à quel point le court séjour de Kees van Dongen au Bateau-Lavoir fut déterminant pour l’évolution de sa carrière. Plusieurs œuvres phares présentées illustrent les moments importants de cette période. Le commissariat de cette exposition est assuré par Anita Hopmans, spécialiste de Van Dongen et responsable de recherches au RKD – Institut néerlandais d’Histoire de l’Art, La Haye et Saskia Ooms, responsable de la conservation au musée de Montmartre. Je tiens à remercier également Aude Viart, directrice du musée de Montmartre, Chris Stolwijk, directeur général du RKD, Pieter de Gooijer, ambassadeur des Pays-Bas à Paris, tous les auteurs, et tous les prêteurs institutionnels et privés qui ont contribué à cette exposition. Geneviève Rossillon Présidente du musée de Montmartre


As part of the Dutch cultural season in France, ‘Oh ! Pays-Bas’ (2017–2018), the Musée de Montmartre is dedicating an exhibition to the Dutch painter Kees van Dongen (1877–1968) from 16 February to 26 August 2018, entitled ‘Van Dongen and the Bateau-Lavoir’. The legend of a bohemian Montmartre, where the ideals of revolutionary liberty were prevalent, led to the emergence of groups of avant-garde artists and attracted many foreign artists to Paris at the turn of the twentieth century. It was quite evident for Kees van Dongen to move to the hill of Montmartre with his companion Augusta Preitinger (‘Guus’), and settle in an apartment on the Rue Ordener circa October 1899, subsequently moving to the top floor of a building at no. 10 Impasse Girardon. Two years later, the artist was hired as an illustrator for the journals Gil Blas, L’Assiette au beurre, and La Vie en rose. Between 1903 and 1904, he became a contemporary painter: transferring the colours and dynamism of his drawings into his paintings. After his encounter with the future ‘Fauve’ artists—Maurice de Vlaminck and Henri Matisse, with whom he shared a passion for pure colour—Van Dongen became part of the Fauvist movement in 1905. As an avant-garde painter, Van Dongen was interested in the artistic life at the BateauLavoir. This legendary house, located on the Place Émile-Goudeau close to the present-day Musée de Montmartre—and made famous by Picasso, in particular because he painted Les Demoiselles d’Avignon there in 1907— became, at the beginning of the twentieth century, the cradle of modern art, where the artists Picasso, Derain, Vlaminck, Van Rees, Matisse, Apollinaire, Max Jacob, and many others would meet and exchange ideas in an independent spirit. After spending the summer in a country house in Fleuryen-Bière, in the company of Otto van Rees and Adya Dutilh, Kees van Dongen moved into one of the studios around December 1905. He stayed there until 1907. As the author John Richardson writes, Van Dongen was probably invited there by Pablo Picasso, who had been living in Paco Durio’s former studio since April 1904. The aim of this exhibition is to illustrate the extent to which Kees van Dongen’s brief stay in the Bateau-Lavoir had a decisive influence on his subsequent career. Several significant works illustrate the key phases in this period. The curators of the exhibition are Anita Hopmans, a specialist on Van Dongen and Senior Manager Research at the Netherlands Institute for Art History (RKD) in The Hague, and Saskia Ooms, Head of Conservation at the Musée de Montmartre. I would also like to express my gratitude to Aude Viart, Director of the Musée de Montmartre, Chris Stolwijk, General Director of the RKD, Pieter de Gooijer, the Dutch ambassador in Paris, all the authors, and all the institutional and private lenders who have contributed to this exhibition. Geneviève Rossillon President of the Musée de Montmartre



SOMMAIRE Van Dongen et le Bateau-Lavoir

CONTENTS 11

ANITA HOPMANS

Dialogue raisonné entre Picasso et Van Dongen

ANITA HOPMANS 27

JEAN-MICHEL BOUHOURS

Van Dongen à la recherche d’une reconnaissance nationale

43

53

L’été à Fleury-en-Bière avec Otto van Rees (1905)

The Nostalgic Memoir of the Bateau-Lavoir by Dorgelès and Van Dongen Au beau temps de la Butte, 1949 SASKIA OOMS

65

IRÈNE LESPARRE

CATALOGUE Les débuts de Van Dongen

Van Dongen’s Quest for National Recognition SOPHIE KREBS

SASKIA OOMS

Les premiers Néerlandais au Bateau-Lavoir

Dialogue Raisonné Between Picasso and Van Dongen JEAN-MICHEL BOUHOURS

SOPHIE KREBS

Les souvenirs nostalgiques du Bateau-Lavoir de Dorgelès et Van Dongen Au beau temps de la Butte, 1949

Van Dongen and the Bateau-Lavoir

The First Dutch Artists in the Bateau-Lavoir IRÈNE LESPARRE

74 92

CATALOGUE The Early Years of Van Dongen’s Career Summer Spent in Fleury-en-Bière with Otto van Rees (1905)

Otto van Rees et Adya Dutilh au Bateau-Lavoir

100

Otto van Rees and Adya Dutilh at the Bateau-Lavoir

Van Dongen fauve et le Bateau-Lavoir

106

Van Dongen Fauve and the Bateau-Lavoir

Les ateliers rue Lamarck (1908) et rue Saulnier (1908-1913)

122

Studios in Rue Lamarck (1908) and Rue Saulnier (1908–1913)

Van Dongen illustrateur

132

Van Dongen Illustrator

Peintre mondain et l’éclat de la gloire

138

A Fashionable Society-Painter and Success

Notes

145

Endnotes

Kees van Dongen, Le Bateau-Lavoir (détail), lithographie, 14 × 19 cm,  Au beau temps de la Butte de Roland Dorgelès, illustré par Kees van Dongen, ex. 70/100, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1949, impression sur papier vélin de Rives, 234 p., collection Gérard Jouhet. La fenêtre de gauche fait partie de l’atelier de Van Dongen.



VAN DONGEN ET LE BATEAU-LAVOIR Anita Hopmans

VAN DONGEN AND THE BATEAU-LAVOIR It has been fifty years since Kees van Dongen died in his house in Monaco, which he had renamed Le Bateau-Lavoir. He was ninety-one. Born in the little port of Delfshaven near Rotterdam, the artist had taken French nationality. He had undoubtedly given his house in an orange grove the name because of its position, set into the slope of a hill. As in the famous studio building of the same name in Montmartre, the ground floor rooms were reached by a staircase from street level. But the name also strengthened the ties with his early years. Van Dongen settled here in April 1951 with his second wife Marie-Claire Huguen and their young son, JeanMarie van Dongen, although he kept on his last Paris studio, in Rue de Courcelles, for as long as possible. It was there that Van Dongen enjoyed a revival of interest in his work from the Bateau-Lavoir period, with exhibitions like the one in the autumn of 1953 in the Galerie de Berri, which was devoted exclusively to his Fauvist work, and the impressive retrospective Le Fauvisme in 1951 in the Musée national d’Art moderne, where a substantial selection of his works was on show. ‘I lent them some of my old things. The result was that my things pushed all the others to the sidelines and that caused a bit of a stir,’ 1 as the artist described his success in a letter to a friend.These exhibitions reflected the growing interest in the beginnings of Modernism, following post-war abstractions, and consequently also in the cradle of the avant-garde, Le Bateau-Lavoir (‘The Laundry Boat’)—the ramshackle three-storey studio building at number 13 Rue Ravignan, Place Émile-Goudeau, built into a slope of the Butte Montmartre, where Van Dongen was working in 1906. It was during this period, too, following on from a few initial memoirs, that a series of Montmartre

Il y a cinquante ans, en 1968, le peintre Kees van Dongen s’éteignait à Monaco, dans sa villa Le Bateau-Lavoir, à l’âge de quatre-vingt-onze ans. Né dans la ville portuaire de Delfshaven, près de Rotterdam, mais naturalisé français en 1929, il avait certainement baptisé ainsi la villa entourée d’orangers à cause de son emplacement à flanc de colline – de même que, dans la fameuse cité d’artistes, on accédait aux pièces du rez-de-chaussée par un escalier situé au dernier étage. Une façon aussi de rester fidèle à ses débuts. Van Dongen s’installe à Monaco en avril 1951 en compagnie de sa seconde épouse Marie-Claire Huguen et de leur fils Jean-Marie van Dongen. Il a gardé aussi longtemps que possible son dernier atelier parisien, rue de Courcelles : c’est à cet endroit que Van Dongen avait pu sentir un renouveau d’intérêt pour ses tableaux datant de son séjour au Bateau-Lavoir, avec notamment l’exposition de l’automne 1953 à la galerie de Berri, entièrement consacrée à son œuvre fauviste, et l’impressionnante rétrospective « Le Fauvisme » organisée en 1951 au Musée national d’Art moderne, où il était abondamment représenté. « Je leur ai prêté quelques vieilleries. Le résultat, c’est que ces vieilleries ont finalement éclipsé les autres tableaux et ça a donc fait un peu de bruit1 », avait-il alors dit de son succès. Ces expositions témoignaient de l’engouement du public pour les débuts du modernisme, après les abstractions de l’après-guerre, et, par voie de conséquence, pour le « berceau » de l’avantgarde, le Bateau-Lavoir : la vétuste bâtisse de trois FIG. 1 Kees van Dongen, À la Galette (détail), 1906, huile sur toile, 55 × 46 cm, collection particulière. 11



DIALOGUE RAISONNÉ ENTRE PICASSO ET VAN DONGEN Jean-Michel Bouhours

DIALOGUE RAISONNÉ BETWEEN PICASSO AND VAN DONGEN Kees van Dongen’s stay at the Bateau-Lavoir in Montmartre was brief: just the year 1906 and the first days of the following year, before he went to the Netherlands for several months. On his return to Paris at the beginning of August 1907, Van Dongen had no studio and probably worked temporarily in that of Pablo Picasso, with whom he had struck up a friendship in the preceding year. In 1906, Van Dongen saw a change of style in Picasso’s Pink period, which was characterised by elongated lines and angularity in the representation of faces. On his return from the Netherlands, he discovered the work that caused controversy in the artist’s entourage, Les Demoiselles d’Avignon, in its almost finished state. Van Dongen was very nostalgic about the building; he named the villa in Monaco to which he retired more than forty years later ‘Le Bateau-Lavoir’. The importance of Les Demoiselles d’Avignon in the history of art was such that the uncomfortable studios in the Place Ravignan—where, among others, Ardengo Soffici, Constantin Brancusi, Amedeo Modigliani, Juan Gris, and the poet Max Jacob lived at the beginning of the twentieth century—became known as the ‘cradle of modern art’. The site of the building undoubtedly owes its worldwide renown to Les Demoiselles d’Avignon. Van Dongen certainly laid claim to the role he played in the invention of modern art, a secondary role in the same way as Derain, Vlaminck, and Braque—and the work that supports this claim is, in my opinion, Les Lutteuses de Tabarin, a canvas that has no equivalent in his oeuvre, which was painted after his return from the Netherlands. Van Dongen never sold the painting; he proudly displayed it in his residence in Garches (fig. 1),

Le séjour de Kees van Dongen au Bateau-Lavoir de Montmartre sera court : tout juste l’année 1906 et les premiers jours de la suivante, avant qu’il ne parte pour quelques mois aux Pays-Bas. De retour à Paris au début du mois d’août 1907, Van Dongen se retrouve sans atelier et s’installe très probablement provisoirement dans celui de Pablo Picasso, avec lequel une relation amicale s’est nouée l’année précédente. Van Dongen a assisté, au cours de l’année 1906, à une mutation dans la période rose de Picasso qui se manifestait par des traits plus tendus et des angles fermés dans le dessin des visages ; il découvre à son retour de Hollande l’œuvre qui interpelle l’entourage de l’artiste, Les Demoiselles d’Avignon, dans son état quasi définitif (fig. 4). La nostalgie du lieu sera forte chez Van Dongen, qui dénommera la villa où il se retirera à Monaco plus de quarante ans plus tard « Le Bateau-Lavoir ». Le destin des Demoiselles d’Avignon dans l’histoire de l’art sera tel qu’il vaudra à ces ateliers inconfortables de la place Ravignan, où séjournèrent en ce début de siècle, entre autres, Ardengo Soffici, Constantin Brancusi, Amedeo Modigliani, Juan Gris ou encore le poète Max Jacob, le qualificatif de « berceau de l’art moderne »… C’est incontestablement aux Demoiselles d’Avignon que le lieu doit sa célébrité planétaire. Van Dongen ne manquera pas de revendiquer sa part dans l’invention de l’art moderne, en seconde ligne, au même titre que Derain, Vlaminck ou Braque – et l’œuvre par laquelle passe cette prétention est, à mon sens, Les Lutteuses de Tabarin, FIG. 1 Walter Limot, Kees van Dongen dans sa maison à Garches, devant Les Lutteuses de Tabarin, vers 1940, photographie. 27



VAN DONGEN À LA RECHERCHE D’UNE RECONNAISSANCE NATIONALE Sophie Krebs

VAN DONGEN’S QUEST FOR NATIONAL RECOGNITION Amongst the most famous of the Dutch artists who moved to Paris—Jongkind, Van Gogh, and Mondrian—Van Dongen was the only one to apply for and receive French citizenship. Neither Mondrian nor Van Gogh, who spent most of their lives in France, obtained citizenship, and were content to benefit from their status as foreigners living in Paris and maintain their ties with their homeland. After the First World War, the project began to materialise. It began with his participation in the Salon National des Beaux-Arts in 1921, a highly conservative salon that was reserved for French artists. In a sense, Van Dongen was abandoning the bohemian way of life in Montmartre and Montparnasse and the avant-garde. His aim was to become an official French painter. During the so-called ‘cocktail’ years, portraiture would become his trademark. He painted fashionable women and the literary and political figures of the times, actresses, socialites, and ministers, while adding his Fauve touch, as a concession to his former approach. However, although his project was successful—he became French in 1929—he was subjected to a series of xenophobic attacks. Why did he want to become French? To benefit from all the attributes of an official painter: to create period portraits, benefit from state acquisitions for the Musée du Luxembourg, and be given decorations: glory, wealth, and honour. This archaic vision of the artist is even more troubling given that Van Dongen was an anarchist for a while. And perhaps the attacks he was subjected to inspired him to counter his adversaries by becoming French—after all, he had had a certain penchant for provocation since the 1910s. His motivations can partly be explained by various affairs that erupted in the 1920s.

Parmi les artistes néerlandais les plus célèbres – Jongkind, Van Gogh, Mondrian – venus s’installer à Paris, Van Dongen est le seul à avoir demandé, et obtenu, sa naturalisation. Ni Mondrian ni Van Gogh, qui ont passé une grande partie de leur vie en France, ne l’ont obtenue, se contentant d’une situation plus ou moins confortable d’étranger à Paris et conservant aussi des liens avec leur patrie. C’est au sortir de la guerre que le projet prend peu à peu forme. Il débute avec la participation en 1921 au Salon national des beaux-arts, salon des plus réactionnaires et réservé aux artistes français. En un certain sens, Van Dongen abandonne la bohème, Montmartre, Montparnasse et l’avantgarde. Il veut devenir un peintre officiel français. Le portrait va devenir, dans ces années dites « cocktail », sa marque de fabrique. Il peint les femmes à la mode et les personnalités littéraires et politiques du moment, actrices, mondaines, ministres, en y ajoutant sa touche fauve, concession à son ancienne manière. Pourtant, si son projet se réalise – il devient français en 1929 –, il a dû faire face à une série d’attaques xénophobes. Pourquoi devenir français ? Pour avoir tous les attributs du peintre officiel : faire le portrait de l’époque, bénéficier des achats de l’État pour le musée du Luxembourg, obtenir des décorations. Gloire, argent et honneur… Cette vision archaïque de l’artiste est d’autant plus dérangeante que Van Dongen a été un temps anarchiste. Peut-être aussi que les attaques qu’il a subies ont poussé encore plus loin son envie de répondre à ses adversaires en devenant français, FIG. 1 Albert Harlingue, Portrait d’Anatole France posant chez Van Dongen avec sa femme, photographie, 1921, Paris, musée Carnavalet, inv. PH40581. 43



LES SOUVENIRS NOSTALGIQUES DU BATEAULAVOIR DE DORGELÈS ET VAN DONGEN AU BEAU TEMPS DE LA BUTTE, 1949 Saskia Ooms

THE NOSTALGIC MEMOIR OF THE BATEAULAVOIR BY DORGELÈS AND VAN DONGEN AU BEAU TEMPS DE LA BUTTE, 1949 How did Kees van Dongen view the Bateau-Lavoir period at the end of his career, when he had achieved everything—success, fame, and wealth? His illustrations for Au beau temps de la Butte (‘The Butte in the good old days’), written by Roland Dorgelès in 1949, provided him with an opportunity to look back on the beginning of his career in the Bateau-Lavoir. A study of these works enables us to understand how important this period was. In 1949, a retrospective of Van Dongen’s work at the Galerie Charpentier, in Paris, was a major success. It comprised 240 works and covered more than 50 years of the artist’s career. The exhibition subsequently travelled to the Boijmans Van Beuningen Museum, in Rotterdam, which was his home city— Van Dongen was born in Delfshaven, a small port town near the centre of Rotterdam. It caused a scandal, and the police removed twelve nudes. Jean Melas Kyriazi recounted that the curator had photographs taken of the nudes that had been removed and exhibited them in the museum’s basement, where the visitors flocked to see the scandalous photographic reproductions, before admiring the original works. It is true that Van Dongen’s work has never left anyone indifferent, and this was not the first time that his nudes had shocked the public. In 1913, his Tableau, exhibited at the Salon d’Automne, was considered an ‘affront to public decency’ and the Secretary of State for the Fine Arts ordered the work, which was judged obscene, to be removed. This sparked off controversy in the press.1 At the same time, he continued to illustrate various works: Marcel Proust’s À la recherche du temps perdu (In Search of Lost Time) in 1947, Voltaire’s La Princesse de Babylone (The Princess of Babylon)

Comment Van Dongen perçoit-il la période du Bateau-Lavoir à la fin de sa carrière, alors qu’il a déjà tout acquis, le succès, la gloire et la richesse ? Ses illustrations pour Au beau temps de la Butte, écrit par Roland Dorgelès en 1949, lui donnent l’opportunité de revenir sur ses débuts au Bateau-Lavoir. L’analyse de ces œuvres nous permet de saisir l’importance de cette période. En 1949, la rétrospective de Van Dongen à la galerie Charpentier, à Paris, remporte un réel succès. Elle comprend deux cent quarante œuvres et traverse plus de cinquante ans de travail. L’exposition voyage ensuite au musée Boijmans Van Beuningen, à Rotterdam, sa ville d’origine – Van Dongen est né à Delfshaven, un petit port proche du centre de Rotterdam. Elle y provoque un scandale et la police fait retirer douze nus. Jean Melas Kyriazi rapporte que le conservateur fait photographier les nus décrochés et les expose au sous-sol du musée, où les visiteurs se pressent de descendre pour voir ces scandaleuses reproductions photographiques avant d’admirer les originaux. Il faut dire que l’œuvre de Van Dongen n’a jamais laissé indifférent, et ce n’est pas la première fois que ses nus choquent le public. En 1913, son Tableau, exposé au Salon d’Automne, est tenu pour un « outrage à la décence » et le secrétaire d’État aux Beaux-Arts ordonne le décrochage de l’œuvre jugée obscène. Une polémique s’ensuivra dans la presse1. FIG. 1 Kees van Dongen, Van Dongen, Fernande, Picasso, Apollinaire et Max Jacob réunis aux Enfants de la Butte rue des Trois-Frères (détail), lithographie, 19 × 14 cm, Au beau temps de la Butte de Roland Dorgelès, illustré par Kees van Dongen, ex. 70/110, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1949, impression sur papier vélin de Rives, 234 p., collection Gérard Jouhet. 53



LES PREMIERS NÉERLANDAIS AU BATEAU-LAVOIR Irène Lesparre

THE FIRST DUTCH ARTISTS IN THE BATEAU-LAVOIR Paris, octobre 1904. Un jeune homme de vingt ans descend du train en provenance des Pays-Bas. Né dans un univers d’intellectuels, il a grandi dans un climat socialiste et « anarchiste-chrétien ». Cependant, dans cette famille où depuis des générations les fils sont destinés à devenir des universitaires, ce jeune homme n’opte pas pour les sciences mais pour l’art. Et c’est à Paris qu’il veut s’épanouir. Il s’appelle Otto van Rees. Né le 20 avril 1884 à Fribourg-en-Brisgau, en Allemagne, il est le fils du professeur Jacob van Rees, néerlandais, idéaliste passionné, et d’Adriënne Vatiché, pianiste d’origine polono-prussienne. Peu après la naissance d’Otto, la famille revient à Amsterdam1. Van Rees loge à Montmartre, chez le journaliste néerlandais Tom Schilperoort, qui l’emmène au Lapin Agile. Là-bas, Van Rees se mêle aux jeunes artistes et fait la connaissance de Pablo Picasso,

In October 1904, a 20-year-old man got off a train from the Netherlands in Paris. Born in an intellectual milieu, he grew up in a socialist and ‘anarchist-Christian’ climate. However, the young man—who came from a family in which for generations the sons were destined to become scholars—did not choose to study the sciences but art instead. And it was in Paris that he wanted to develop his career. His name was Otto van Rees. Born on 20 April 1884 in Freibourg-im-Breisgau, in Germany, he was the son of Professor Jacob van Rees, a passionate Dutch idealist, and Adriënne Vatiché, a pianist of Polish and Prussian origin. Shortly after Otto’s birth, the family returned to Amsterdam.1 Van Rees stayed in Montmartre as a guest in the home of the Dutch journalist Tom Schilperoort, who took him to the Lapin Agile (‘Agile Rabbit’). In the cabaret, Van Rees mingled with other young

FIG. 1 Kees van Dongen, La Parisienne (détail), vers 1906, huile sur toile, 55 × 46 cm, signée en haut à droite Van Dongen, contresignée Kees van Dongen et titrée Parisienne au dos de la toile, Paris, collection Hélène Bailly Gallery. The history of La Parisienne had not been retraced until recently, nor had it been associated with the first exhibition of a painting by Van Dongen in Amsterdam in 1907, having been held in a private collection since the 1960s. While doing research on the works of Van Dongen and the relationship with his friend, the Dutch painter Otto van Rees, Irène Lesparre came across the painting La Parisienne, understanding that this was the painting that had long been searched for. In an article in the Dutch newspaper Algemeen Handelsblad of 20 September 1907 on the exhibition Levende Meesters [Today’s masters] at the Stedelijk Museum, an anonymous critic talked about this painting in very specific terms. The painting was also very likely exhibited as La Parisienne, number 494 at the Salon d’Automne of 1906.

La Parisienne n’était pas retracée jusqu’à maintenant, ni associée à la première exposition d’une toile par Van Dongen à Amsterdam en 1907, restant en collection privée depuis les années soixante. C’est au cours de ses travaux sur l’œuvre de Van Dongen et des relations de ce dernier avec son ami, le peintre hollandais Otto van Rees, qu’Irène Lesparre a découvert La Parisienne, comprenant qu’il s’agissait de l’œuvre, longtemps recherchée. Car dans un article du journal hollandais Algemeen Handelsblad du 20 septembre 1907, consacré à l’exposition « Levende Meesters » (« Maîtres vivants ») au Stedelijk Museum, dans lequel un critique d’art anonyme évoquait ce tableau de manière très précise. La peinture était vraisemblablement aussi exposée avec le titre La Parisienne sous le numéro 494 au Salon d’Automne de 1906. 65


1. KEES VAN DONGEN Autoportrait, 1895 Huile sur toile, 92,5 × 59,8 cm, signée en bas à droite Kees van Dongen. 95, œuvre réalisée à Delfshaven, Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art moderne – Centre de création industrielle, achat, 1976, inv. AM 1976-1056.

LES DÉBUTS DE VAN DONGEN THE EARLY YEARS OF VAN DONGEN’S CAREER


THE EARLY YEARS OF VAN DONGEN’S CAREER

3. KEES VAN DONGEN Femme rattachant son jupon, vers 1902-1903 Huile sur toile, 55 × 46 cm, collection particulière, courtesy Het Noordbrabants Museum, Bois-le-Duc.

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17. OTTO VAN REES Agave 2, 1906 Huile sur toile, 46 × 36 cm, collection particulière.

L’ÉTÉ À FLEURY-EN-BIÈRE AVEC OTTO VAN REES (1905) SUMMER SPENT IN FLEURY-EN-BIÈRE WITH OTTO VAN REES (1905)


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23. OTTO VAN REES Adya dans le Bateau-Lavoir, 1904 Huile sur toile, 35 × 28 cm, collection particulière.

OTTO VAN REES ET ADYA DUTILH AU BATEAU-LAVOIR OTTO VAN REES AND ADYA DUTILH AT THE BATEAU-LAVOIR


OT TO VAN REES ET ADYA DUTILH AU BATEAU - L AVOIR

27. OTTO VAN REES La Société (Maatschappij), 1915 Encre de Chine et papier collé sur carton, 18,5 × 17,5 cm, Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art moderne – Centre de création industrielle, don Marguerite Arp-Hagenbach, 1973, inv. AM 1973-12.

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29. KEES VAN DONGEN Aux Folies-Bergère, vers 1906 Huile sur toile, 55 × 46,5 cm, Bruxelles, Archives du musée de la Littérature, inv. CabV00012.

VAN DONGEN FAUVE ET LE BATEAU-LAVOIR VAN DONGEN FAUVE AND THE BATEAU-LAVOIR


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41. KEES VAN DONGEN Nu à la corbeille de fleurs, vers 1908 Huile sur carton marouflé sur toile, 46 × 42 cm, Paris, musée d’Art moderne de la Ville de Paris, donation Mathilde Amos, 1955, inv. AMVP 1858.

LES ATELIERS RUE LAMARCK (1908) ET RUE SAULNIER (1908-1913) STUDIOS IN RUE LAMARCK (1908) AND RUE SAULNIER (1908–1913)


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47. KEES VAN DONGEN Au choix, non daté Aquarelle et gouache sur papier, 24,4 × 18,7 cm, Granville, musée d’Art moderne Richard-Anacréon, inv. 75.1.173.

VAN DONGEN ILLUSTRATEUR VAN DONGEN ILLUSTRATOR


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58. KEES VAN DONGEN Portrait de Madame de Plagny (dit Femme à l’éventail), 1920 Huile sur toile, 162 × 130 cm, signée en bas à droite, musée de Grenoble, don de l’artiste en 1927, inv. MG2426.

PEINTRE MONDAIN ET L’ÉCLAT DE LA GLOIRE A FASHIONABLE SOCIETY-PAINTER AND SUCCESS


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62. KEES VAN DONGEN Femme allongée, vers 1924 Huile sur toile, 73,5 × 92 cm, collection particulière.

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Couv Van Dongen Format.indd 2

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