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Hôtel de ville
L’hôtel de ville, dont la construction s’étendit de 1954 à 1956 conçu par Henri chomette en collaboration avec Antoine laget, est un édifice emblématique conçu pour abriter les bureaux de la mairie de la ville. Félix HouphouëtBoigny, alors maire d’Abidjan, fut le premier dirigeant à occuper ce bâtiment. Houphouët-Boigny, qui deviendra plus tard le premier président de la Côte d’Ivoire. Ce bâtiment a joué un rôle crucial dans la transition du pays vers l’indépendance. La construction de l’hôtel de ville s’est réalisée avant l’indépendance de la Côte d’Ivoire, obtenue en 1960, et avant que le pays ne devienne officiellement une République en 1958. Cet édifice revêt d’une importance symbolique, représentant la période de transition entre l’administration coloniale française et le nouveau gouvernement ivoirien.
L’hôtel de ville d’Abidjan a été construit sur commande de l’administration communal avec l’aval de l’administration colonial. Ce projet montre comment les autorités coloniales ont commencé à préparer progressivement l’autonomie administrative et politique de la Côte d’Ivoire, ce qui permis d’effacer peu à peu la souveraineté française pour faire apparaitre la souveraineté ivoirienne. En effet, l’objectif était de doter la ville d’Abidjan d’un centre administratif moderne capable de répondre aux besoins de la ville d’abidjan. Ce bâtiment a donc servi de point de jonction entre deux époques, incarnant à la fois les vestiges du passé colonial et les prémices de l’autonomie nationale. A cet effet le travail d’Henri chomette a été saluée par le président Felix Houphouët Boigny « Le premier président de la Côte d’Ivoire salua d’ailleurs la démarche d’Henri Chomette, soulignant qu’il faisait « partie de ceux qui ont apporté le plus beau don de la civilisation au peuple africain : la conscience de sa dignité » 102 . Ainsi, l’hôtel de ville d’Abidjan est un symbole tangible de la transition de la Côte d’Ivoire, reflétant les changements administratifs et politiques qui ont marqué cette période charnière de l’histoire du pays.
Figure 47, Felix houphouet Boigny au balcon de l’hotel de ville, date inconnu, source : « The Search for Postcolonial Security | Wilson Center »
2. Analyse Architectural
L’hôtel de ville se compose de deux volumes, l’un verticale et l’autre horizontale.
a. Le volume horizontale
Il abrite deux niveaux reliés par un escalier d’honneur, la salle du conseil, la salle des fêtes, la salle des mariages et le bureau du maire. La salle des fêtes et la salle des mariages sont séparées par une cloison mobile, ce qui permet de les réunir et de les transformer en salle de spectacle, avec une différence de niveau entre les deux espaces qui permet de créer une scène.
Figure 49,Façade latérale de l’hôtel de ville d’Abidjan (archives des BEHC). Extrait de Léo Noyer Duplaix, « Henri Chomette et l’architecture des lieux de pouvoir en Afrique subsaharienne », In Situ. Revue des patrimoines, no 34 (24 avril 2018),
Figure 48, Façade Sud baies de la salle du Conseil, source « L’Architecture d’aujourd’hui », no 70 (1957). P9
b. Le volume verticale
Le volume vertical, réservé à l’administration communale et non accessible au public, comprend deux ascenseurs et deux escaliers pour les circulations verticales. La façade de cette section s’intègre dans un rectangle “doré” d’environ trente-six mètres de hauteur. L’ensemble de l’édifice suit un tracé régulateur basé sur la section dorée.
Figure 50, Façade Sud-est, source : Architecture d’Aujourd’hui
Figure 51, Partie latéral en gravier de quartz, source : Architecture d’Aujourd’hui
A. Rez-de-chaussée :
1. Portique. 2. Grand escalier. 3. Grille. 4. Hall du public. 5 à 10. Services publics. 11. Entrée du personnel. 12. Ascenseurs. 13. Gardien. 14. Planton. 15. Bibliothèque. 16. Auvent. 17. Rampe d’accès au garage
B. Premier étage, réception :
1. Escalier d’honneur. 2. Ascenseurs. 3. Hall d’attente. 4. Bureau du maire. 5. Loggia. 6. Balcon. 7. Salle des mariages. Ci. Salle des fêtes. 9. Salle du Conseil. 10. Brise-soleil. 11. Sanitaires 12. Secrétariat. 13. Bureau de l’adjoint au maire.
3. Matériaux
L’expression monumentale des bâtiments se manifeste par des volumes affirmés, des proportions harmonieuses et un choix soigneux de matériaux de construction visibles à l’extérieur et de l’intérieur. Ces matériaux comprennent du béton bouchardé, du gravier de quartz ocre provenant à proximité d’Abidjan, du marbre et des lambris en bois de Côte d’Ivoire103, chacun contribuant à l’esthétique et à la durabilité de l’ensemble architectural.
Figure 56, gravier de quartz ocre, source : google images
Figure 57, bloc supérieure du volume horizontal, source : google images
Les pignons aveugles et les terrasses sont conçus avec une double paroi séparée par un vide d’air ventilé, ce qui permet une meilleure régulation thermique et améliore l’efficacité énergétique du bâtiment. Les façades sont ouvertes avec des panneaux basculants qui favorisent la ventilation naturelle et maximisent l’entrée de lumière.
De plus, des brise-soleils viennent empêcher l’insolation direct du bâtiment et permet de contrôler l’exposition au soleil, réduisant ainsi la chaleur excessive tout en maintenant un éclairage naturel optimal à l’intérieur. Les menuiseries métalliques vitrées ajoutent une touche moderne et élégante, complétant l’ensemble de la conception architecturale avec une combinaison de fonctionnalité et d’esthétique.
Figure 58, coupe schématique de la ventilation traversante du bâtiment,
4. Vie du bâtiment
Avec l’avancée technologique et le statut de ville moderne qu’Abidjan aspire à atteindre, en particulier dans la commune du Plateau, il était essentiel de ne pas rester en marge des progrès. L’arrivée de la climatisation dans les années 70 a transformé les modes de conception des édifices, rendant nécessaire l’intégration de cet élément dans les nouvelles constructions ainsi que dans les bâtiments existants, y compris l’hôtel de ville.
En conséquence, l’hôtel de ville a subi une rénovation importante. Les balustrades d’origine ont été remplacées par des vitrages, permettant une meilleure isolation thermique et une intégration plus efficace de la climatisation. Cette modernisation a non seulement amélioré le confort intérieur, mais a également contribué à l’esthétique contemporaine de l’édifice, alignant ainsi l’hôtel de ville avec les standards architecturaux de l’époque.
Figure 59, L’Hôtel de Ville d’Abidjan (© Roland Nizet, 1972)
En 2001, l’hôtel de ville d’Abidjan fut baptisé hôtel du district. Cependant, la crise politique et économique qui a frappé la Côte d’Ivoire en 2002 a marqué le début de la dégradation du bâtiment. Les effets de cette crise se sont fait ressentir sur l’utilisation , l’entretien et la maintenance de l’édifice, entraînant une détérioration progressive de sa structure et de son apparence.
Aujourd’hui, pour pallier les insuffisances et répondre aux besoins croissants de l’administration, un bâtiment annexe a été construit dans les jardins de l’hôtel de ville. Cette nouvelle construction vise à offrir des espaces supplémentaires