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Identité nationale et modernité

La création d’une identité nationale

À l’accession à l’indépendance, l’un des premiers éléments sur lesquels l’État ivoirien et d’autres États nouvellement indépendants se sont penchés était la question de l’identité nationale. Il s’agissait de déterminer comment faire transparaître cette identité dans le paysage urbain, quelle type de programme pourra être le plus impactant et comment mettre en avant la souveraineté nationale. Comment cette transition allait s’opérer entre cette période coloniale et la période maintenant indépendante « Comme le note Anson Chan, secrétaire en chef de l’administration de la région administrative spéciale de Hong Kong, la «véritable transition» au-delà de la domination coloniale est «beaucoup plus complexe, subtile et profonde» car «la véritable transition concerne l’identité et non la souveraineté» (cité dans Wong, 1999 : 198). »79, pour Anson chang, il peut avoir une transition sans avoir une réel souveraineté et c’est le cas qu’on énonçait a la partie sur la définition l’architecture post indépendance, que la transition ne commence pas réellement à la date de l’indépendance, mais bien avant, car c’est bien avant celle-ci qu’on commence à voir apparaitre des soupçons d’identité dans le paysage urbain. Ainsi l’indépendance acquis, le besoin était fort de savoir, maintenant que les peuples avaient un droit celui du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes »80, comment concevoir les bâtiments et quelle doivent être les références ou les moyens à utilisés. De ce faite les moyens parfois utilisés pour atteindre cet objectif se sont inspirés de ceux employés par la puissance coloniale.

Comme le souligne le livre «Colonial Architecture and Urbanism in Africa», « En effet, tout au long de la période coloniales, l’architecture a été mobilisée pour créer un environnement culturel qui exprime la grandeur de l’empire, pour surveiller les frontières sociales et raciales et pour préserver l’identité de la population de colons européens » 81 , Cette citation met en exergue l’identité coloniale qui transparaissait dans le paysage urbain et montre comment l’architecture était utilisée à cette fin. L’architecture a joué un rôle crucial dans la formation de l’identité

79 « Villes postcoloniales », consulté le 19 février 2024, https://doi. org/10.1191/030913201680191781.

80 Seloua Luste Boulbina, « Ce que postcolonie veut dire : une pensée de la dissidence », Rue Descartes 58, no 4 (2007): 8-25.

81 Fassil Demissie, Colonial Architecture and Urbanism in Africa: Intertwined and Contested Histories (Ashgate Publishing, Ltd., 2012).

nationale des États nouvellement indépendants, comme la Côte d’Ivoire, après la décolonisation. Ces pays ont souvent hérité de structures et de styles architecturaux qui reflétaient les goûts et les idéologies de leurs anciens colonisateurs. En quête d’autonomie et de renouveau, ils se sont tournés vers l’architecture comme un moyen d’affirmer leur souveraineté et de forger une identité distincte. Les bâtiments gouvernementaux, les monuments et les espaces publics ont été conçus pour incarner les valeurs nationales, l’histoire et les aspirations culturelles.

Dans ce processus, l’architecture post-indépendance a permis de répondre aux besoins locaux, intégrant des éléments traditionnels et des innovations adaptées au climat et aux matériaux disponibles. Cette création d’identité aux travers des projets architecturaux ne sont pas seulement des symboles de l’indépendance, mais aussi des instruments de développement urbain et de modernisation. Ils contribuent à la création d’un sentiment d’appartenance et de fierté parmi les citoyens, tout en attirant l’attention internationale et en encourageant le tourisme. En outre, ils servent de catalyseurs pour le développement économique, attirant des investissements dans la construction et les infrastructures connexes.

a. Utilisation des symboles dans les designs architecturaux Les symboles culturels

Dans la création d’une identité architecturale unique, il a était essentiel dans le cadre de la cote d’ivoire de faire référence aux symboles culturels et à l’art plastique produits par les différentes populations. Ces éléments culturels, enracinés dans l’histoire et les traditions des peuples, offrent une richesse inestimable pour les architectes qui cherchent à concevoir des bâtiments reflétant l’identité locale.

L’article «Architecture negro-africaine» écrit par l’architecte Asa Pehn dans la revue «Espaces Africains» met en lumière l’importance de l’art plastique dans cette démarche. Pehn souligne que « c’est un lieu commun de dire que les arts plastiques produits par un groupement humain sont le reflet fidèle de son histoire et de sa civilisation. »82 .

Ainsi ces arts étant le reflet fidèle de l’histoire et des civilisations des différents peuples, elles permettront aux Architectes de se servir de ces éléments pour arriver à bâtir une identité nationale rechercher par ces gouvernants.

En s’inspirant de l’architecture traditionnelle, des matériaux locaux, des techniques de construction ancestrales, ainsi que de la peinture, de la sculpture et les idéogrammes plastiques83 , les architectes peuvent puiser dans ce riche patrimoine culturel pour créer des designs qui portent une véritable identité culturelle. Par exemple, l’utilisation de motifs traditionnels dans la décoration des façades, l’intégration de matériaux locaux tels que la terre crue ou le bois dans la construction, ou encore l’adoption de techniques de construction traditionnelles peuvent conférer aux édifices une authenticité et une pertinence culturelle.

non figuratifs géometriques, sources : Espace africain: habitat pour tous en Afrique = African space = housing for all in Africa (Abidjan: Espace Africain Edition, 1985), R. Aka Adjo, 69

Figure 27, Des statuts baoulés, source : rezoivoire

En outre les architectes ne se contentent pas de construire des structures ; ils érigent des récits. Ces récits architecturaux deviennent alors des vecteurs de l’identité culturelle, permettant aux populations de se reconnaître et de se projeter dans l’espace construit. Ainsi, l’architecture

83 « il faut entendre par idéogrammes, les idéogrammes expressifs liés à des répresentations n’ayant pas un sens abstrait mais concret » Extrait de Espace africain: habitat pour tous en Afrique = African space = housing for all in Africa (Abidjan: Espace Africain Edition, 1985), R. Aka Adjo, 69.

devient un langage, un moyen de communication qui transcende les mots pour exprimer l’essence même d’une culture. C’est une forme de dialogue entre le passé et le présent, une conversation matérialisée qui invite à la réflexion et à l’appréciation de l’héritage culturel. L’architecture qui puise dans le riche réservoir des symboles culturels et historiques est plus qu’un abri ; c’est un hommage, un mémorial vivant qui perpétue et célèbre la diversité et la richesse des civilisations humaines.

b. Les Symboles Architecturaux

Les symboles architecturaux et historiques dans l’architecture postindépendance à Abidjan se sont basées principalement sur les matériaux, les savoir-faire et les éléments distinctifs qui reflètent le savoir constructif propre des différents peuples. Ces symboles sont essentiels pour préserver et exprimer l’identité culturelle et historique de la nation à travers l’architecture. L’utilisation de matériaux locaux, tels que le bois, la terre cuite et la pierre, revêt une signification culturelle profonde et représente les techniques traditionnelles de construction. Par exemple, les techniques comme l’utilisation de la pierre en façade, le faite de faire des soubassement en pierre, l’utilisation des briques se sont intégrées dans les conceptions modernes pour ancrer les bâtiments dans leur contexte et pour que chaque bâtiment puisse être adaptés à son lieu.

Cependant, il est crucial de ne pas tomber dans le pastiche en cherchant à copier simplement l’architecture traditionnelle sous une forme moderne. Une citation d’Henri Chomette, illustre ce point : « l’immeuble de quinze étages en forme de paillote n’est qu’un pastiche, une caricature de la tradition »84.Selon certains architectes comme Chomette, il était nécessaire de s’éloigner de cette approche superficielle pour éviter la caricature et embrasser une subtilité dans l’intégration des éléments traditionnels dans l’architecture moderne. Cette subtilité permet de créer une architecture qui respecte et reflète véritablement l’identité culturelle tout en répondant aux exigences de la modernité.

« Dans ses opérations d’habitats collectifs, Chomette répondit à ce défi en créant notamment une zone-jour à l’intérieur du logement qui correspondait à la cour intérieure de l’espace traditionnel africain, ou encore en reconstituant l’ambiance d’un village au sein même des quartiers, adaptant de ce fait tout un système de repères : circulations, implantations, hauteurs, espaces verts » 85

84 Noyer Duplaix, « Henri Chomette et l’architecture des lieux de pouvoir en Afrique subsaharienne ».

85 Noyer Duplaix.

Figure 28, croquis d’illustration d’Henri chomette, source :Léo Noyer Duplaix, « Henri Chomette et l’architecture des lieux de pouvoir en Afrique subsaharienne »

Il était crucial de doter les nouvelles architectures de matières à penser, les ancrant dans une posture réflexive et utile pour la société. L’objectif principal était que les populations locales puissent se reconnaître dans ces bâtiments, contribuant ainsi à la création et au renforcement de l’identité nationale. Cette démarche ne se limitait pas simplement à intégrer la culture des habitants, mais elle devait également prendre en compte les mutations futures de la société, anticipant les besoins et les aspirations à venir.

En outre, il était important d’adopter une posture d’accompagnement et de collaboration avec les différentes parties prenantes, y compris les populations locales, les artisans, les artistes et les maçons issus de ces communautés. Cette collaboration visait à s’assurer que les bâtiments ne soient pas perçus comme des impositions extérieures, mais comme des œuvres co-créées, en parfaite harmonie avec les valeurs et les traditions locales. On retrouve cette approche notamment dans les bâtiments comme l’hôtel de ville, la société générale ou la pyramide d’Abidjan. Les propos de chomette l’enonce parfaitement

« L’un des éléments importants de cette intégration de la tradition à l’architecture est le rapport des artistes et des artisans. Il est d’ailleurs difficile de savoir où mettre la séparation entre artiste et artisan dans ce domaine de la construction. Pendant longtemps, l’artiste fut un artisan meilleur que les autres, qui, par sélection naturelle, s’était dégagé du groupe. Actuellement, dans nos sociétés occidentales l’œuvre d’art se trouve isolée du bâtiment, elle est comme déposée devant, mais non intégrée (où est le 1 % à Tournus ou à Chartres ?) »86

86 Noyer Duplaix.

Ces approches devaient aussi rester alignée avec la vision nationale des gouvernants, qui cherchaient à transformer Abidjan en un «Manhattan africain». Cela impliquait de combiner des éléments de modernité avec des symboles traditionnels, créant ainsi une architecture qui reflétait à la fois l’identité ivoirienne et les aspirations de modernité et de développement.

De nombreux projets ont illustré cette maîtrise de l’utilisation des symboles comme vecteur de création d’une identité ivoirienne. Par exemple, l’intégration de motifs traditionnels dans les façades des bâtiments modernes, l’utilisation de matériaux locaux tels que le bois et la terre cuite, et l’inclusion d’œuvres d’artistes locaux dans les espaces publics ont tous contribué à ancrer ces projets dans le patrimoine culturel ivoirien. Ces projets montrent comment une architecture bien pensée peut servir de pont entre le passé et le futur, entre la tradition et la modernité, tout en renforçant le sentiment d’appartenance et d’identité nationale parmi les habitants.

c. Exemple de bâtiment et de projet illustrant cette quête de d’identité

Dans cette quête d’identité, divers projets ont émergé en combinant habilement la modernité avec une profonde intégration de la culture locale. Comme le souligne une citation pertinente, qui traduit la pensée des dirigeants en « il fallait être moderne sans pour autant imiter l’Occident ». mais pour les architectes c’était bien plus, il fallait pouvoir arriver à s’ancrer sur le territoire, à dire qu’est-ce qui nous distingue de ce qui était fait ailleurs, c’est notre essence, notre composition, ce qui fait d’un projet d’Ivoiriens et Français, au-delà de simplement être sur les 322 463 km² de ce territoire. Les architectes se sont mis dans la quête de cette question, les projets présentés ont pu s’illustrer dans cette quête d’identité.

Un exemple emblématique de cette approche est la Société Générale, conçue par Henri Chomette, qui a joué un rôle majeur dans la transformation du paysage architectural ivoirien après l’indépendance. L’édifice de la Société Générale, inauguré en 1965, ne se contente pas de représenter uniquement une institution financière, elle se veut être un symbole de la Côte d’Ivoire indépendante. La conception de ce bâtiment intègre des éléments traditionnels ivoiriens dans une structure moderne, illustrant ainsi la rencontre entre modernité et culture locale. La Société Générale décide de finaliser son implantation en Côte d’Ivoire en dotant la commune d’une structure qui non seulement représenterait son institution, mais symboliserait également l’identité ivoirienne. « Les travaux durent deux ans et mobilisent jusqu’à trois cents ouvriers appartenant à dix corps de métiers différents. Conçu d’après les plans d’Henri Chomette, ancien architecte du groupe Société Générale et connu pour ses réalisations en II. Identité et modernité

Afrique subsaharienne (notamment en Éthiopie, au Sénégal et au Burkina Faso), le bâtiment suscite l’admiration lors de son inauguration, le 12 novembre 1965, en présence du président Félix Houphouët-Boigny. Salué par la presse locale, il forme l’un des plus beaux ensembles immobiliers jamais construits par le Groupe. »87

Figure 30, Façade Extérieure, source:Léo Noyer Duplaix, « Henri Chomette et l’architecture des lieux de pouvoir en Afrique subsaharienne »

Figure 31, Elément Latéral parement en galet... source : Instagram Issa Diabaté

87 « Henri Chomette, architecte (1921 - 1995): Côte d’Ivoire », Henri Chomette, architecte (1921 - 1995) (blog), consulté le 19 juillet 2024, https://henrichomette. blogspot.com/p/cote-divoire.html.

Figure 32, Coursive, source : Facebook Ordre des Architectes de Côte d’ivoire

Ce projet, tout comme l’ambassade de France et l’hôtel de ville, témoigne d’une volonté de dépasser la simple fonction architecturale pour créer des structures qui incarnent une identité nationale en pleine construction. En dotant ces bâtiments de caractéristiques qui reflètent l’essence de la Côte d’Ivoire, ces œuvres architecturales ne sont pas de simples copies de modèles occidentaux, mais des créations originales qui tirent leur force de la culture locale.

La Société Générale à Abidjan, , fut doté d’une coupole dont l’armature fait référence aux pirogues88,, représente ainsi un modèle d’architecture postindépendance qui réussit à marier modernité et tradition. Ce bâtiment, comme d’autres de la même époque, ne cherche pas seulement à être fonctionnel, mais à exprimer ce que signifie être Ivoirien dans un monde moderne, créant ainsi des espaces qui sont à la fois ancrés dans le présent et profondément connectés à l’histoire et à la culture de la région.

88 Noyer Duplaix, « Henri Chomette et l’architecture des lieux de pouvoir en Afrique subsaharienne ».

Figure 35, Pirogue, source : Wikipédia

Henri Chomette, dans sa conception de la Société Générale d’Abidjan, a apporté une attention particulière non seulement aux éléments symboliques, mais aussi à l’ensemble du bâtiment, le rendant unique dans son contexte historique et géographique. La façade extérieure du bâtiment, caractérisée par des lignes nettes et épurées, crée une esthétique singulière qui se distingue nettement des autres constructions de l’époque. Ces façades reflète une modernité maîtrisée tout en s’intégrant harmonieusement dans le paysage architectural local. L’entrée du bâtiment bénéficie d’un traitement particulièrement soigné, où chaque détail a une signification culturelle profonde.

« La grille de la porte d’entrée, quant à elle, s’inspire des poids Baoulés qui servaient jadis à peser l’or au cours des cérémonies. Sur la balustrade de l’entresol sont reproduites les feuilles du palmier rônier, l’un des emblèmes de la Côte-d’Ivoire. L’aspect fonctionnel du bâtiment n’est pas négligé »89.Cette grille n’est pas simplement un élément décoratif, mais une représentation tangible du patrimoine culturel ivoirien intégré dans une structure moderne.

Figure 36, Symbole de porte d’entrée, source : Sangaré Adja Mama

Figure 37, Porte d’entrée, source : Facebook Ordre des Architectes côte d’ivoire

Chomette n’a pas négligé l’aspect fonctionnel du bâtiment, réussissant à marier esthétique, symbolisme et utilité pratique. Ainsi, la Société Générale d’Abidjan devient plus qu’un simple édifice ; elle se transforme en une œuvre architecturale qui incarne les aspirations d’une nation en quête de modernité tout en restant profondément enracinée dans sa culture. Ce bâtiment est un parfait exemple de la façon dont l’architecture post-indépendance peut créer une identité visuelle et culturelle unique, tout en répondant aux besoins pratiques de son époque.

89 « Henri Chomette, architecte (1921 - 1995) ».

L’évocation des 220 logements construits à Adjamé est essentielle pour comprendre l’intégration des symboles culturels, des modes d’habitation, et des dynamiques sociales dans l’architecture post-indépendance en Côte d’Ivoire. Bien que ces logements soient situés en dehors de la zone principale de recherche, ils représentent un exemple significatif de la manière dont l’architecture a su répondre aux besoins spécifiques de la population locale tout en respectant ses pratiques culturelles.

Ces logements, étudiés et conçus par les architectes Badani et RouxDorlut, ont vu leur chantier exécuté par Michel Ducharme avant d’être repris par Jean-Pierre Minost. Cette succession de professionnels souligne les différentes approches qui ont été adoptées au fil du projet. L’aspect le plus pertinent pour cette étude est l’intervention de Jean-Pierre Minost, qui a su adapter la conception architecturale en fonction des réalités culturelles et pratiques des habitants.

Un problème particulier qui se posait concernait les balcons, où les femmes avaient l’habitude de piler le mil. Cette activité, bien que traditionnelle, générait des nuisances sonores pour les résidents Pour résoudre ce problème, Jean-Pierre Minost a eu l’idée ingénieuse de concevoir des abris spécifiques dans la cour, destinés pour piller du mil.

Figure 38, Abri pour piller le mil, 220 logements, source : Facebook

Cette solution ne se contentait pas de réduire les nuisances sonores ; elle transformait aussi une activité quotidienne en un moment de convivialité. En déplaçant le pilage du mil dans la cour, Minost a créé un espace où les femmes pouvaient se rassembler, chanter, et danser tout en poursuivant leurs tâches. Cette réponse architecturale illustre comment une compréhension fine des pratiques culturelles peut influencer la conception d’espaces qui ne sont pas seulement fonctionnels, mais aussi socialement et culturellement enrichissants.

Les 220 logements d’Adjamé et la société générale démontrent que l’architecture post-indépendance en Côte d’Ivoire n’était pas seulement une question de modernisation, mais aussi d’adaptation et d’intégration des pratiques locales dans le tissu urbain. Ces logements témoignent d’une approche qui valorise la culture et les modes de vie des habitants, tout en répondant aux exigences pratiques d’une nouvelle nation en pleine construction.

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