16 ans

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Virginie CoĂŤdelo

16 ans





16 ans



Virginie CoĂŤdelo

16 ans



Ă€ Anthony.



« Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. » Victor Hugo, Les Contemplations, préface (1856)



Préface

J’avais 16 ans à l’écriture de mon premier poème. J’ai pendant quelques années produit de nombreux textes, m’évertuant à chercher des rimes plates, croisées, embrassées ; à introduire huit, dix, douze syllabes dans un vers ; à produire des métaphores, des anaphores, des oxymores. Je pensais naïvement à cette époque que l’écriture était un passe-temps comme un autre et qu’il me permettait de mettre en pratique mes cours de lycée. C’était évidemment beaucoup plus que cela. Ces poèmes, c’étaient des cris qui ne faisaient pas de bruit, des prières sans destinataire, du mal-être bien difficile à taire. En devenant adulte et en trouvant ma place dans le monde, j’ai cessé d’écrire pendant une longue période. J’ai cependant conservé précieusement les cahiers noircis de mes heures d’écriture, et les ai archivés dans une pochette où ils ont tranquillement sommeillé. Je les ai ressortis et relus bien plus tard, après la publication de mon premier roman, y cherchant la genèse de mon statut d’écrivain et des réponses à la fameuse question

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Virginie Coëdelo

« Pourquoi écrire ? » que l’on me posait alors et à laquelle j’ai encore du mal à répondre aujourd’hui. J’ai trouvé en lisant mes poèmes des sentiments vifs qui n’avaient pas déteint malgré le temps qui avait passé. J’ai réalisé que bien d’autres adolescentes avaient dû éprouver comme moi l’amour, la tristesse, la solitude, l’indignation et l’espoir qui coulent encore dans mes vers, et dans mes veines d’adulte. Ce recueil de poésie s’adresse à vous : adolescentes, adolescents d’aujourd’hui, d’hier et de demain, en espérant que vous retrouverez dans mes mots des émotions enfouies ou déjà ressenties qui ne demandent qu’à être exprimées pour exister.


Sommaire

I. Amours impossibles II. Confiance fragile III. Solitude profonde IV. Amours obsédantes (1) V. Pulsions mortelles VI. Amours obsédantes (2) VII. Nature vivante VIII. Mère absente IX. Monde extérieur

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I.

A mours impossibles

Mes jours comme mes nuits Sont en tous points pareils Sans joie et pleins d’ennui Personne ne murmure «je t’aime» À mon oreille Françoise Hardy, Tous les garçons et les filles



L’homme de ma vie Son envoûtante migration Vers ma plume et mes origines, Mon silence et mes intentions, Ses altérations misogynes Qui s’évanouissent quand j’arrive Devant ses yeux qui m’imaginent, Sa vie qui fond à la dérive Pour qu’il vienne se faufiler Où tout est ce qui me captive, Ses paroles en l’air et sensées Qui me demandent si je tiens Discrètement à ce qu’il est, Son sourire qui se joint au mien Quand je lui ai répondu oui Ou la seule excuse d’être bien, Il est tard, sans doute endormi, Il est forcément quelque part, L’homme de ma vie.

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Toi, moi et le monde Un bout du monde dans lequel je m’enfuis Du monde dans lequel je vis Tu es un bout de moi Et au monde il n’y a que toi Qui compte. Un bout de moi dans ce monde Quand même un peu immonde De m’éloigner de toi Aussi souvent que ça.

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Alors parfois je gronde ce monde Qui ne me laisse pas fondre Avec ce que j’aime Le plus au monde : un poème Irréel, un peu vrai quand même. Mon histoire se lit comme une poésie Compréhensible dans quelconque pays Du monde. C’est comme des lignes déjà dessinées Comme le monde et sa destinée. Un bout de moi avec moi Au bout du monde, n’importe où Car je te suivrai où tu voudras Même dans un monde plus fou Encore que celui-là Parce que tu fais partie de moi.


Imagine Quand j’imagine quelquefois Que je pourrais être avec toi Je me résigne à chaque fois Puisque tu ne veux pas de moi. Je vois alors un piano blanc Et cet homme chantant la paix Et les notes jouent sans arrêt Et mon cœur se vide d’attendre. J’ignore à quelle vérité Tu as l’intention de céder À ma vie qui n’attend que toi Pour abandonner l’autre roi. Je suis peut-être une rêveuse Mais j’aimerais que tes yeux brillent En voyant les miens d’amoureuse Qui ne savent plus quoi dire.

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Parfaitement seule L’amour ne me ressemble pas, Il disparaît avec mes pas Comme s’il avait peur de moi, Comme si je n’y avais pas droit. Je sais que le bonheur parfait N’existe que dans l’irréel Et que les étoiles ou les fées Ne scintillent que dans le ciel.

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Alors j’avance chaque jour Dans une extrême solitude, Une solide certitude Qui me saignent comme un vautour. Je n’aime qu’à travers mes rêves Qu’invente ma pensée, lassée Des regards sans cesse oubliés Au petit matin qui se lève.


Peut-être bientôt Des indices ont suscité ton désir secret Et je me suis lancée pour déstabiliser La jeunesse de tes sentiments si troublants Dans la complicité de tes yeux indécents. Tout cela me reste sans cesse en souvenir Lorsque tu n’es pas présent pour me le dire Par tes gestes et ceux des autres qui ont saisi Tes intentions de douce romance d’avril. C’est vrai que je t’aperçois dans mon vague à l’âme Et mon désarroi qui me font penser à toi Plus souvent que si j’étais un peu joyeuse. Mais ta présence comble ce que je n’ai pas, Elle me donne envie D’être moins malheureuse Panse par sa douceur le salé de mes larmes.

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Ce n’est pas sérieux Ce n’est pas sérieux de se laisser aller comme ça Alors qu’il y a tant d’indifférence et d’exubérance À travers notre petit monde ou notre belle France. J’aimerais t’écouter vivre, t’aimer tout bas Et m’enfermer dans une bulle où tu serais le roi, Mais tes rêves sont là-bas, je ne sais où, loin de ma [ démence.

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Alors je me désole de ce sort si cruel Et m’isole dans mon sommeil où j’imagine ma vie, Où je concrétise de folles chimères sans aucun répit. Mais une fois la lune reposée s’envolent mes ailes Et mon bonheur disparaît, si bref et si frêle Pour laisser place à une brume épaisse sans dentelle. Ce n’est pas sérieux de se laisser aller comme ça Alors qu’il y a tant d’indifférence et d’exubérance À travers notre petit monde ou notre belle France. Je suis consciente de ça mais c’est plus fort que moi.


Viens Viens, n’aie pas peur de me réveiller si je rêve Car rien n’importe plus que toi, toi et tes urgences Devant lesquelles je n’accorde aucune trêve, Pour lesquelles je mobilise toutes les ambulances. Viens, pense à ne pas oublier que je t’aime Depuis si longtemps que je ne me souviens plus Comment c’était avant toi, les autres tous les mêmes, Toi exceptionnel dans tes défauts, tes problèmes résolus. Viens, décline tes aveux et rejoins-moi où tu veux Puisque je serai toujours où tu auras l’intention d’aller Et si tu prends ma main, on prendra le chemin des cieux, On volera l’auréole des anges pour s’assurer de leur [ humilité. Viens, ne retiens pas ton élan devant les obligeances Ne t’inquiète pas, tu te feras pardonner de ton sourire, De tout ce que tu es qui me mène à mes espérances, M’éloigne irrésistiblement d’une quelconque envie de [ mourir.

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Diamant qui s’éteint Oscillation de désir et promesse d’oubli Tout se résume et rien ne s’explique. Mystérieux corail de peine exilé à l’infini Dans un univers insignifiant et chimérique. Tendance au rêve, idée ronde d’un passé De quelques minutes sensibles et fantasques. Paroles de perle dans un sommeil trouble, Comblé d’amour, d’alertes et de masques.

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Envie d’oser quand la raison s’emporte, Peur des étoiles quand l’inspiration retombe. Le diamant s’éteint et la joie avorte Comme la fin du monde, tout meurt et succombe. Indécente vérité d’un pardon mystifié Qui se transforme en horizon insaisissable Dans un ciel hivernal et troublé Par cette histoire étrange et irrémédiable.


Je ne sais pas qui tu es Je ne sais pas qui tu es Je ne sais pas qui tu seras Peut-être que tu n’es qu’en moi Dans mes attentes et mes poèmes. J’attends tous les jours que tu frappes à ma porte Je rêve toutes les nuits que tu tombes dans mes bras Et patiente, je collectionne ce que la vie m’apporte De rancœurs, de solitude, de rire et d’éclat. Je ne sais pas qui tu es Je ne sais pas qui tu seras Peut-être que tu n’es qu’en moi Dans mes attentes et mes poèmes. Tout ça m’aide à devenir triste Quand je me retrouve seule devant cette lumière Qui ne m’éclaire pas, juste existe Pour me faire vivre, rien d’autre à faire… Je ne sais pas qui tu es Je ne sais pas qui tu seras Peut-être que tu n’es qu’en moi Dans mes attentes et mes poèmes. Croire qu’il existe quelqu’un Qui laisse passer les secondes en m’attendant Me donne le courage d’aller plus loin, L’infime envie de vivre plus longtemps.

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II.

Confiance fragile

Il y a des soirs comme ça Où tout s’ écroule autour de vous Sans trop savoir pourquoi Toujours regarder devant soi Sans jamais baisser les bras, Je sais c’est pas le remède à tout Mais faut se forcer parfois Pascal Obispo, Lucie


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