Théo J. COUASNON
THÉO J. COUASNON
Assis de l’autre côté du monde
Assis de l’autre côté du monde
Assis de l’autre côté du monde
Théo J. Couasnon
Assis de l’autre côté du monde
Préface
« Certes j’ étais solitaire et, très vite, je pris des attitudes désagréables qui me rendirent impopulaire. J’ étais à l’ école. Comme tous les enfants uniques, je racontais des histoires et je parlais tout seul à des personnages tout droit sortis de mon imagination. J’avais toujours eu des ambitions littéraires, mais j’ étais seul et je pensais qu’on ne me jugeait pas à ma juste valeur. Je savais que j’avais une certaine facilité à aligner les mots, ainsi qu’une capacité indiscutable à faire face aux situations les plus étranges. Je m’ étais créé mon propre monde dans lequel j’arrivais à faire face à mes propres angoisses. »
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Orwell était un visionnaire. Il parvient également à résumer ma jeunesse et la rencontre hasardeuse avec ma meilleure amie, elle qui me suit malgré les maux, les tempêtes, et les coups de gueule ; elle qui me donne encore des coups de cœur… Je l’appelle Poésie. Je me souviens qu’elle m’a sorti de ma solitude et que tous les personnages et ces parties de moi ont finalement trouvé une voix, une âme sortie de ma tête mais aussi des images du monde. « Que disent les chansons du monde » (Jean-Jacques GOLDMAN) dans ce recueil j’espère répondre à cette question : quand j’écris je m’efforce d’offrir une parole, un discours à tou(te)s les écorché(e)s, à toutes les personnes qui n’ont pas un micro ou une caméra pour s’exprimer ; en un mot mes poèmes sont des prises de paroles pour ceux que nous n’écoutons plus. Au-delà de la passion, l’écriture, qu’elle que soit sa forme, a toujours été une nécessité. Je me souviens avoir souvent boudé l’écriture à force de la voir comme un devoir scolaire, elle ne m’apportait que des mauvaises notes et je n’étais pas toujours familier avec ses Grandes Têtes d’un autre siècle. Je me souviens que proposer quelque chose qui ne descendait pas d’un travail scolaire, imposé avec trop de consignes et pas assez de conseils, me semblait
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risqué. Je détestais la critique même bienveillante et j’avais peur qu’on se moque de moi. Dans les textes, recueillis sur ce premier recueil j’espère que vous trouverez un peu tout cela. J’espère que mes « personnages » trouveront votre main et vous emporteront sur une route de strophes et de rimes et qu’ils vous montreront leurs quotidiens, ce qu’ils voient, ce qu’ils disent, ce qu’ils veulent. Il y a une princesse qui rêve de liberté, une jeune fille africaine soumise à la tradition, un désert qui grandit, des rêves qui s’en vont, des jeunes qui s’endorment, mais toujours le même horizon qui semble gouverner ce qu’il reste, des retrouvailles, des rencontres… Ici, je jette un regard sans concession sur notre monde, sur nos habitudes, sur notre appétit de demidieu aux petits bras. J’ai noté ici quelques mots, quelques regards posés çà et là, quelques imaginations et quelques « et si » pour remplacer les « parce que ! ».
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J’ai écrit sur le mur ces quelques poèmes et vous pouvez les lire. Théo COUASNON
L’ heure la plus sombre est celle qui vient juste avant le lever du soleil. Paulo Coelho « L’Alchimiste »
J’aimerais
J’aimerais voir la vie autrement, juste pour une fois Avancer aveuglément, ne plus avoir peur de moi Assommer l’incertitude et combler mes envies Courir à poil sur une plage, faire marrer mes amis Je voudrais rentrer chez moi avec de bonnes nouvelles Une bonne note dans le cartable et une culture nouvelle Quand je regarde en arrière, putain j’suis pas déçu Ça en valait la peine, tous ces coups de pied au cul J’aimerais prouver à tout le monde que j’ai fait du chemin Qu’au résumé de la course, je suis déjà bien loin J’aimerais vivre dans un monde d’amour et de paix Mais j’ai autre chose à faire que de panser ses plaies J’aimerais avoir la certitude d’être juste et sage La vie est un roman, chaque jour est une page
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Si je continue à philosopher sur l’éphémère Peut-être qu’un jour, je deviendrai libraire J’aimerais être bon, courageux et patient J’aimerais remercier les profs et surtout mes parents J’aimerais prendre la bonne option entre foncer ou contourner Je constate que les deux choix m’ont beaucoup apporté Sur ce c’est la fin de cette liste de Noël Comment ça, c’est trop tard ? Le vieux s’est fait la belle ? M’en fous, d’façon j’avais cessé d’y croire Depuis que je sais que chaque heure est une victoire. Récompensé en 2013 par Poésie en Liberté
U ne parente inconnue
J’suis pas tout à fait son amant On ne peut pas dire qu’on soit copains Mais elle suit constamment On a pris les mêmes chemins Quand je me réveille le matin Je sens sa présence dans mes draps On a fait le même rêve pour un Je suis à elle, elle est à moi Elle me suit comme mon ombre Dans les couloirs du lycée Elle s’est évaporée en songe Quand je t’ai rencontré Tous les deux on a subi, On a souffert à cause rêves partis Et c’est grâce aux chances de la vie Qu’on a su faire des réparties
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Maintenant au fil de nos rendez-vous J’apprends à la connaître un peu mieux Elle fait partie de moi, comme mes genoux Mon pied, ma tête ou encore mes yeux J’étais en guerre contre elle constamment Maintenant, grâce à toi je m’habitue Je la vois aujourd’hui différemment Comme une parente inconnue
Puisque
Puisque l’ombre danse Puisque l’oppression avance Puisque toujours seront soumis Les agneaux du paradis Au feu, les littératures Au petit besoin des pourritures Puisque la société perdure À nous voles nos aventures À toi camarade de destin Au feu, les enfants du lendemain Sur, n’irons au succès Que ceux qui savent renoncer À ces beaux mots que l’on dit À ce silence que l’on trahit Puisque je suis un étranger Oui, un poète sans papier
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À la soumission toujours Perdu au bout de mon parcours Puisqu’il faut aller se coucher Puisqu’il faut aller se coucher. Pour un nouveau lendemain Encore un peu plus incertain Comme une plume tombée du ciel Puisqu’en feu est l’hirondelle À ces mots d’amour perdu La silhouette disparue Des petits cahiers intimes Lourds de sens et de rimes À l’avenir qui disparaît Comme une lettre à la craie À ton étoile, toi, mon amour Toi qui motive ma bravoure À ta conscience, à la moisson Puisqu’elle avance l’oppression Puisque c’est l’argent qui gouverne Puisque la honte est devenue reine L’humain n’étant plus à la mode Moi je veux rester aux antipodes De cette folle dictature Qui nous vole nos aventures.
Les A mériques
Qu’elles soient faites de pépite d’or Qu’elles soient la fuite ou bien l’espoir La matière des rêves que l’on dort Constitue les plaines et les ivoires Qu’elles soient faites de souvenirs Ou bien de peur ou de courage Qu’elles aient la couleur de l’avenir Ou les réminiscences de ta rage Qu’elles soient faites d’Alléluia De prière et d’Inch-Allah Qu’elles soient faites de toi ou de moi Oui peu importe au fond, tu vois Peu importe la route, les années Si tu as la force des utopiques C’est dans les bras de ta moitié Que tu trouveras ton Amérique
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Qu’elles soient l’incendie de tes rêves Ou les matins blêmes de février Tu feras une église pour Ève Sur la montagne des libérés Qu’elles soient faites de douleurs De folies ou de simple raison Il y a toujours une lueur Pour qui recherche la moisson Allez viens, on la retrouvera Ton Amérique n’est pas bien loin Passé la bannière et la croix Seul tu devras trouver le chemin Prend la route qui mène à toi Pas celle que l’on t’a imposée Et si un jour tu doutes de toi Souviens-toi que l’on s’est aimé Mais ne laisse pas tomber Ton Amérique est ta force Celle qui nous fait résister Celle qui forge notre écorce Quand je pense à toi, il y a l’avenir Je vois passez les boutons d’or Il neige sur mon devenir Mon Amérique s’endort…
A narchitectures
Puisqu’ici-bas plus rien n’a de sens Puisque les girouettes n’indiquent que l’urgence Puisque le monde aujourd’hui ne me dit plus rien Puisque la consommation est le dernier refrain Quand l’homme aura tout dit des dernières paroles Quand le temps aura fermé les usines et les écoles Quand on aura plus de rêve que celui d’exister Quand l’argent et la foi nous auront fait oublier Je fermerais ma porte à jamais dans mon dos Et j’irais retrouver les secrets de mes mots Je prendrais la marche vers les mondes impossibles À la recherche dans mes enfances indestructibles Me noyer dans l’océan, couler dans l’ouverture Tomber au grès des vents des Anarchitectures Je fermerais les yeux à toutes les géométries Qui font oublier les rêves à la fin de la nuit
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Je m’en irais vivre dans l’éclat des feuilles blanches Pour tomber en amour et de vie en avalanches Là où il n’y a besoin de rien pour être heureux Où aucun port ne m’attache à part celui des cieux Et si jamais la mort vient sonner la dernière heure Quand il sera temps de laisser ce qui me tient à cœur Je la trouverais peut-être cette terre d’abandon Celle qui me fascinait quand j’étais petit garçon La terre des Indiens et des chevaliers d’argent Le monde des trésors et des secrets brûlants Le temps où le monde n’était que littérature Caché dans l’instant béni des anarchitectures Qu’importe le chemin pourvu qu’il y ait du vent Qu’importe le destin si rien ne nous attend Je serais avec toi, mon ami, mon frère Nous croiserons notre passion comme le fer Je serais le soleil de tes jours de terreur J’irais trouver du miel pour guérir tes douleurs Et nous jouerons ensemble aux grandes aventures Enlacé dans les quatre vents des anarchitectures
Droit dans l’A léatoire
Sur le chemin des portes-cochère L’amour inspiré revient à la poussière S’il faut donner du temps à l’espoir Alors qu’ici ne règne que l’aléatoire Nous aurions pu être un empire J’étais fier de ce qu’on pouvait bâtir Mais la vérité est que l’humain ignore Que son cœur referme de l’or Non ce n’est pas l’Eden ni Utopia C’est plutôt le soleil qui sonne le glas Des rêves qui se noient dans le noir Qui vont droit dans l’aléatoire Il y a une époque on avait des livres Y avait Verlaine et Hugo pour être ivre Que reste-t-il des belles lettres éclairées Quand c’est twitter qui fait l’unanimité ?
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