AVIS DE TEMPÊTE
Julien Chambon
AVIS DE TEMPÊTE
Š Julien Chambon, Avis de tempête, 2014
Julien Chambon
AVIS DE TEMPÊTE
Fin juin. Photographiquement, je me cherche depuis des mois. Un an après avoir laissé tomber le numérique, j’ai encore envie d’autre chose, de portraits et de moyen-format. Ma timidité et le manque de confiance en moi me freinent pour aller vers les gens. Quant au moyen-format, le poids et l’encombrement de mon boîtier font que je le laisse souvent à la maison. Alors j’ai beau avoir tout le matériel nécessaire à prendre les photos que je voudrais, je n’y arrive pas. Coincé entre mes envies et ce que j’ose, je suis comme en panne.
Début juillet. Je tourne en rond. Quand Hélène propose une randonnée, je saute sur l’occasion. Ça me fera bouger et je pourrai probablement en profiter pour déclencher quelques fois. Puis de toute façon, changer d’air ne peut que faire du bien. J’ai récemment pris une décision assez radicale, celle de me consacrer uniquement au moyen-format. Mais au moment de choisir le matériel qui m’accompagnera dans cette randonnée, un argument revient en force, celui du poids. J’ai déjà de l’eau, de la nourriture et une toile de tente dans le dos, est-ce vraiment nécessaire de me charger d’un appareil de plusieurs kilos, avec lequel je ne ferai que quelques photos ? La veille du départ, mon dilemme photographique s’est soldé par un nouveau choix de facilité. Je prendrais avec moi mon Canon et un grand angle, ainsi que 3 pellicules noir et blanc. Je ne suis pas un déclencheur compulsif, 3 fois 36 poses devraient largement faire l’affaire.
Au début de l’après-midi, nous arrivons chez moi, le Vercors se dresse droit devant nous, à l’Est. Il fait un soleil de plomb dans la plaine, mais les sommets que nous apercevons sont coiffés de nuages noirs. Après un gros repas, on décide de monter, de toute façon, nous avons encore une heure de route pour aviser de la suite. Col de la Bataille, 16h30. Les nuages sont bien moins menaçants vus d’ici, c’est le vent du Nord qui nous inquiète le plus. Nous enfilons nos chaussures de randonnée et nous éloignons de la voiture en nous disant que nous pourrons toujours faire demi-tour dans un petit moment si le temps se gâte trop.