Carnet d’oiseaux
poèmes de Frédéric Tison encres de Renaud Allirand
Carnet d’oiseaux
Carnet d’oiseaux poèmes de Frédéric Tison encres de Renaud Allirand
PROLOGUE Si j’avais un jardin j’adorerais Mes oiseaux cependant mes jardins Sont des oiseaux dont mes pensées Font des jardins –
(J’avais vu s’envoler des oiseaux Dans les arbres, ou s’y poser.)
-I-
Peindre (En rĂŞvant sur quelques oiseaux de R enaud Allirand)
UN RÊVE La mélancolie est un oiseau qui se souvient. Je dis à la nuit « Cesse » et l’aube fut fatale. Je me rappelais un paysage
avec un musicien. Lorsque tu me racontas ce rêve, tu parlas de l’arbre qui
nous logeait, de sentiers qui couraient alentour, et d’un oiseau seul qui n’avait pas chanté. Nous avions, me dis-tu, passé des tourbières, des ombres
et des ravins – d’autres choses encore, comme des portes, des prairies, des
arches désœuvrées. Nous étions essoufflés ; tu n’avais su qui de nous deux serait la nuit de l’autre.
Jamais je n’entendis que le ciel avait assez d’oiseaux.
ŒUVRE Jamais jardins ne furent plus clairs
Qu’entre tes mains où jadis régna l’aile D’ombres et brumes peu à peu
Légères dans ces allées de velours et de pierres. Également tu peignais la larme et l’or
Qui de tes doigts savaient le suc et le sang :
Tes lignes et traits telle une autre aile au travers du monde.
IMMINENCE « Délivre-moi ! » dit son aile à l’oiseau. (Et le vent place un oiseau dans les branches.) « Tu brûles ! » dit l’aile au peintre qui la cherche sous l’arbre.
L’HEURE Voici qu’il peint le temps qui demeure
Si quelque oiseau se jette dans ses mains Et le vent doux de s’être posé
Regagne les feuilles déplacées –
Il est un chant dans la pénombre d’ailes
Si l’heure de sa venue devance l’oiseau même.