Comme une odeur de bonbon

Page 1

Christine Claude

Comme une odeur de bonbon





Comme une odeur de bonbon


Image de couverture : Laetitia Rambintsoa


Christine Claude

Comme une odeur de bonbon Roman - conte d’hiver et de NoÍl



A Elliott, Achille, Lisa, Milo Marius qui vient d’arriver et les suivants et à tous les enfants



Ils étaient quatre cousins qui s’aimaient énormément. D’un côté, c’est-à-dire dans la partie la plus à l’ouest de la Bretagne, les frères Elliot et Achille qui vivaient et grandissaient dans un petit village un peu mystérieux et probablement peuplé de lutins et même de chevaliers. De l’autre côté, c’est à dire à l’est du grand ouest, Lisa et son petit frère Milo qui vivaient et grandissaient dans un appartement au milieu d’une grande ville peuplée de milliers de gens, avec un métro, des autobus, des immeubles, et beaucoup de voitures partout. Quatre galopiots intrépides et rigolos. A chaque vacance, petite ou grande, leurs parents se débrouillaient pour qu’ils se retrouvent. Soit d’un côté, soit de l’autre. Un coup à la ville, un coup à la campagne. Dans n’importe quel sens, ils s’amusaient beaucoup, se disputaient un peu mais pas tant que ça.

11


Christine Claude

12

Les vacances de Noël approchaient, et cette année la fête s’organisait dans la ville à l’est du grand ouest. Elliot et Achille préparèrent leurs sacs, emportant avec eux quelques jeux qu’ils aimaient beaucoup et surtout les doudous. Elliot le plus grand, était resté fidèle à son petit bonhomme très doux, qu’il mettait discrètement dans sa poche. Achille s’était pris d’amitié pour un doudou très singulier. Un peu plus grand que nature, un peu moins doux, un peu moins mou, il s’appelait Laurisson. Monsieur Laurisson. C’était une sorte de hérisson un peu dragon, multicolore et doté d’un très joli museau à truffe rouge, comme un nez de clown. Ses piquants ne piquaient pas, au contraire ils étaient très doux. Laurisson avait des yeux rieurs et l’air très intelligent. Ainsi donc, la compagnie des cousins du grand ouest arriva tambour battant chez les cousins citadins. C’était l’heure du goûter, il faisait très froid et la nuit tombait déjà. Pas question d’aller jouer dehors. L’appartement de Lisa et Milo était bien assez grand pour s’y amuser à plusieurs enfants. Mais ils aimaient surtout jouer dans le petit parc au pied des immeubles en forme d’étoile. C’était très joli vu d’en haut et il fallait grimper jusque sur les toits pour le savoir. Vu d’en bas, l’ensemble était formé de plusieurs maisons


Comme une odeur de bonbon

à étages variables, collées les unes aux autres en demi-cercle. Ce qui donnait un résultat très agréable, un peu comme un château et son jardin protégé des voitures et du bruit. On pouvait grimper aux arbres, sauter sur les murets, faire du patin à roulettes, du vélo et jouer à cache-cache dans les bosquets. Il y avait des bancs pour les parents, les amoureux, les vieilles dames et les vieux messieurs. Les adultes aimaient s’y reposer, lire un livre ou écouter le chant des enfants et des oiseaux en prenant le soleil. Mais le plus amusant était le toboggan. Il trônait au milieu du parc, rutilant de rouge et de jaune, ni trop grand ni trop petit, il était parfait. Et il glissait trop bien. On venait de tous les quartiers pour s’entraîner à l’art de la glisse. C’était une belle surface argentée et brillante. Sans doute était-ce parce que beaucoup d’enfants y usaient leurs pantalons, permettant ainsi à la pente de conserver cette patine merveilleuse et bien lustrée. Les cousins et leurs parents allaient devoir attendre le lendemain. A condition qu’il ne pleuve pas. Car le toboggan n’aimait pas pluie. Les parents non plus.

13


Christine Claude

C’était l’heure d’aller se coucher et ils mirent une grosse pagaille dans les chambres avant de s’endormir les uns par-dessus les autres dans tous les sens, accompagnés des nounours, de petites voitures, de camions de pompiers et de doudous bien enlacés. *

14

Le lendemain matin, après un gros sommeil réparateur, les quatre galopiots se levèrent d’un bond pour prendre un petit déjeuner chahuteur. Ils étaient impatients d’aller au toboggan. Le soleil se levait, un peu pâlot mais suffisant pour réchauffer les enfants bien couverts, armées de bonnets et de bottes fourrées. - Attendez attendez moi, je vais prendre Laurisson avec moi dit Achille. Achille avait toujours de drôles d’idées. - Laisses ton Laurisson à la maison, sinon tu vas encore le perdre répondit son grand frère. Mais il n’en n’était pas question. Monsieur Laurisson faisait partie de la famille et lui aussi aimait le toboggan. - Bon d’accord dit le papa d’Achille, prends Laurisson, mais tu t’arranges pour ne pas l’oublier sur un banc, on n’en trouvera plus des comme celui-là.


Comme une odeur de bonbon

Ils dévalèrent les escaliers en colimaçon, et se ruèrent dans le petit parc. Lisa s’arrêta net et dit à ses cousins : - Eh les gars, vous ne trouvez pas que ça sent le bonbon ? - N’importe quoi ! Les bonbons ça ne sent pas dit Elliot en haussant les épaules. - Si, moi je suis d’accord avec toi dit Achille, ça sent la confiture de bonbons ou bien la sauce aux bonbons, et même la soupe aux bonbons ! - Ooh la sauce aux bonbons ! Ça se peut pas dit Lisa en éclatant de rire dans son cache-nez. Ils continuèrent à inventer toutes sortes de mots rigolos à base de bonbons. Milo gambadait en avant vers le toboggan car pour lui, c’était bien plus important que l’odeur de bonbons. Soudain, alors que les trois plus grands discutaient toujours sur l’art du bonbon culinaire, ils furent alertés par des cris. Les cris de Milo. Ils se rapprochèrent du centre du parc. Milo criait haut et fort. - Regardez ! le toboggan… y a plus de toboggan. Les enfants étaient ébahis forcément et très déçus de ne pas trouver leur jeu préféré, et très contrariés à l’idée qu’on puisse s’attaquer à un toboggan d’enfants.

15


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.