Derniers mots

Pierre-Alain Herbin

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Derniers… Mots !

Oseriez-vous affronter le corbeau ?

Derniers... Mots !

– Tome 1 –

ISBN : XXX © Pierre-Alain Herbin, Derniers... Mots !, 2014

Pierre-Alain Herbin

Derniers... Mots !

– Tome 1 –

Je dédie ce livre à mes parents, ma chérie, ma famille, ainsi qu’ à ma « Modern Family », mes amis et mes collègues, mes premiers lecteurs et toutes les personnes ayant contribué à l’ élaboration de ce livre. Merci à vous tous.

Partie I

Quand la vie bascule‌

Chapitre I : Poursuite mortelle

Troyes, 6 septembre 2012 15 h, dans une ruelle du centre-ville…

Au cœur du Bouchon de Champagne, dans une ruelle assombrie par les hautes maisons à pans de bois style XVIe siècle, une femme court précipitamment.

Elle donne l’impression d’avoir peur. Elle ne cesse de se retourner, encore et encore, projetant sa longue chevelure blonde de droite à gauche, suivant les mouvements de sa tête et de sa nuque. Ses yeux, écarquillés, semblent refléter la peur. Elle continue de courir et de regarder par de grands à-coups derrière elle de droite à gauche. Soudain, elle s’affole et jette plusieurs coups d’œil à gauche.

Elle semble avoir vu et reconnu quelqu’un. Sa course s’accélère alors, ses longues jambes lui permettant de courir assez vite.

Mais cette femme aux cheveux blonds ne semble pas avoir vu le groupement de poubelles vertes qui se rap-

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proche inexorablement d’elle. Pourrait-elle les éviter ?

Elle s’en rapproche davantage à chaque enjambée. Elle pousse de petits cris, tout en courant, des cris comparables à ces petits gémissements de peur, ceux que l’on émet lorsque quelque chose ou que quelqu’un nous poursuit tout en étant sur le point de nous rattraper.

Mais les poubelles en face d’elle s’avancent toujours !

Sa tête se retourne une nouvelle fois, vivement, pour regarder derrière elle. L’air inscrit sur son visage donne l’impression qu’elle a reconnu son agresseur.

Lorsqu’elle remet enfin son visage dans le sens de sa course, elle aperçoit ces poubelles, nombreuses et regorgeant d’ordures en tout genre. La femme ralentit soudainement, voulant s’arrêter de peur de ne pas pouvoir les éviter. Et comme ce devait être le cas, sa course étant trop rapide, elle ne parvient pas à les esquiver.

Alors ses pieds s’entremêlent puis s’enroulent littéralement et la jeune femme finit par s’encastrer dans le peloton de poubelles.

La scène paraît magistrale au ralenti. Les ordures volent en éclats, majestueusement. Les poubelles en fer roulent sur le sol en pavés. Le sac de la jeune femme s’envole dans les airs avant de retomber. Et la femme s’effondre.

Ses genoux se froissent et se plient sous son poids.

Elle pousse un cri tout en tombant pendant que son agresseur la rattrape peu à peu, ce dernier ne semblant plus très loin, aux sons des pas de course de plus en plus distincts derrière elle. La femme continue sa chute. Ses genoux heurtent les pavés tièdes de la ruelle. Puis, ce

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sont ses mains qui à leur tour entrent en contact avec le sol.

Le choc est si violent qu’elle crie de douleur !

Elle tente de se relever, les mains ensanglantées par de multiples écorchures, dont une plus importante laisse entrevoir une partie de ses chairs. Son jean s’est déchiré sous l’impact et laisse maintenant ses genoux blessés apparaître. Autour d’elle, les ordures sont éparpillées et les poubelles ont roulé sur plusieurs mètres.

Le sac à main qu’elle portait a volé quelques mètres plus loin, se mélangeant aux déchets. Son agresseur n’est plus qu’à quelques mètres d’elle. Il se rapproche toujours un peu plus chaque seconde qui passe. Ces secondes semblent éternelles tellement la violence qui se dégage de cette scène est forte. L’agresseur n’est plus qu’à un ou deux petits mètres de cette femme blonde, quand elle parvient à se relever avec du mal. Elle tente de se précipiter sur son sac, mais l’agresseur est derrière elle !

Ce grand bonhomme avec un imper noir la bouscule et lui écrase la tête contre le sol. La femme ne peut résister à la force de l’attaque de cet homme. Mais en tombant, elle tente d’amortir le choc. En vain. L’agresseur finit par lui compresser la tête avec son pied muni de gros croquenots marron, aux lacets noirs.

Elle tente de résister une dernière fois. Mais il continue d’appuyer par de grandes impulsions avec son pied sur la tête de la jeune femme. Elle ne parvient plus à résister.

Elle se laisse aller, perdant peu à peu espoir, sombrant dans l’inconscience…

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L’assaillant le remarque alors, il la retourne. Mais, ce moment de perte de conscience semble avoir été de courte durée puisqu’elle se réveille peu à peu. Elle entrouvre les yeux par quelques coups brefs.

De peur, sans doute, qu’elle parvienne à l’identifier, il prend son élan et la frappe d’un grand coup au visage, toujours avec son pied.

Sa lèvre basse explose sous la violence du coup infligé par l’homme en noir. Sa tête suit le sens du choc en se retournant vers la gauche et une grande giclée de sang sort de sa lèvre et se répand sur les pavés qui composent la ruelle.

Dès lors, la femme ne semble plus bouger. Comme morte.

Pour être sûr qu’elle ne se réveille pas, l’agresseur muni de gants en cuir noir la prend par le col de sa veste en velours beige, et, par de grands à-coups, il lui fracasse le crâne par terre.

Sous la force de ses gestes, les cervicales de la jeune femme se brisent dans un bruissement qui vous ferait frissonner.

Signe de libération pour elle, et de crime pour lui, cette victime venait de rendre l’âme et son sac avait disparu… Quant à son meurtrier, il venait de prendre la fuite…

Mais, cette victime, c’est moi, Rachel Lefèvre, et je vais vous raconter mon histoire.

Chapitre II : L’alerte !

Troyes, 6 septembre 2012 15 h 59, Place de l’Hôtel-de-Ville Ce jeudi, il faisait beau sur le département de l’Aube.

La ville de Troyes était profondément mise en valeur par le soleil, dont émanaient ses doux et chauds rayons.

La chaleur était tenable, seulement 22°C pour la saison !

Plutôt peu, après les plus de 40°C du mois d’août.

La place de l’Hôtel-de-Ville s’activait peu à peu, au rythme des rires des habitants et des promeneurs, du bruit des marteaux-piqueurs qui parsemaient la rue de la République et j’en passe… Ah si, j’oubliais les dizaines de pigeons, posés sur les toits des bâtiments qui encerclent la place et qui attendent, posés là, la prochaine bourrasque de vent qui leur permettra de s’envoler facilement. À moins qu’ils n’attendent tout simplement un passant peu avisé, pour qu’ils lui lâchent une fiente sur le coin de la tête ! Et oui, là était toute la fourberie des

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pigeons ! Ils roucoulaient si fort parfois que les paroles des gens en devenaient inaudibles. À la terrasse d’un des bars-restaurants de la place, un homme en costume noir et blanc, sans cravate, était assis à une table. Il était concentré. Il semblait observer les gens présents autour de lui. Il les scrutait les uns après les autres. Dans son esprit, tout mouvement réalisé par une personne était perçu au ralenti. Il voyait les moindres détails et les actions de chaque personne. À sa droite, un homme était en train de courir après son chien, un berger allemand. Il portait une muselière et était parvenu à se sauver avant que son maître ne puisse lui dire quoi que ce soit.

La laisse du chien volait dans les airs, frôlant les passants. Puis, elle vint s’enrouler vivement, mais tout en délicatesse autour de la jambe d’un deuxième homme, un vieillard.

Il était trapu avec une casquette lui recouvrant les oreilles ! « Ah ! » cria-t-il soudain. Il était tombé à terre.

Le chien s’arrêta net, vint le renifler.

Le maître arrivait au même moment et reprit son chien par la laisse. Il s’excusa expressément auprès du vieil homme et l’aida à se relever.

Ce dernier ne semblait pas content, mais il remercia l’homme au chien de l’avoir relevé. Ils repartirent tous deux, chacun de leur côté.

Cette scène avait perturbé tous les passants et les clients des terrasses aux alentours. L’homme au costume les observait encore et encore, jusqu’à ce qu’il entende une voix aiguë de femme, derrière lui, plus loin !

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Elle semblait provenir de la rue Emile-Zola, qui se trouvait à quelques mètres seulement de la terrasse du café à laquelle il était assis.

Il se retourna et ses yeux croisèrent une femme affolée. Elle tenait son téléphone dans sa main, elle avait les bras en l’air et criait « À l’aide ! À l’aide ! Au secours !

Venez m’aider ! À l’aide ! » Une commerçante qui sortait de sa boutique tenta de venir à sa rescousse, mais la femme ne fit même pas attention à elle.

Alors, l’homme au costume se leva de sa chaise. Il déposa les sous sur la table pour payer l’addition de son café. Repoussa sa chaise.

Puis il partit en direction de la femme brune qui était complètement paniquée.

Au premier abord, tellement angoissée, la femme ne remarqua même pas cet homme en costume qui arrivait vers elle. Il tenta d’attirer son attention, en vain.

Ne sachant trop que faire pour l’apaiser, il la saisit par les épaules, elle qui tournoyait sur elle-même en criant « À l’aide ! ». Il essaya de la calmer.

– Oh eh ! Qu’est-ce qui vous est arrivé ? lui demanda-t-il.

En état de choc, elle ne lui décocha pas un mot, alors il retenta sa chance.

– Madame ? ! MADAME ! (Elle tourna la tête vers lui, leurs regards se croisèrent :) Vous avez besoin d’aide ? Je peux vous aider, calmez-vous. Venez-vous asseoir. (Ils s’assirent sur le banc le plus proche :) Que vous est-il arrivé ?

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– Une… Fe-fe-fe… Une femme ! Elle est… Et puis…

Et… Hop… !

Complètement choquée, elle ne parvenait pas à sortir une parole compréhensible et sensée !

L’homme l’interrogea tout en essayant de l’apaiser : – Calmez-vous madame. Tout va bien. Qu’avez-vous vu ? De quelle femme parlez-vous ? Montrez-moi !

– Ou… Ou… OUI ! Là-bas !, lui rétorqua-t-elle avec le plus grand mal.

Tous deux partirent dans la direction qu’elle avait indiquée. Il la soutenait de peur qu’elle ne tombe. Son état la faisait flancher. Son cœur tambourinait si fort dans sa poitrine que l’on aurait cru qu’il allait bondir hors d’elle.

Puis ils parvinrent enfin à l’endroit qu’elle lui avait indiqué. C’était une petite ruelle sombre.

L’homme s’arrêta un instant, il fut comme attiré par quelque chose qui se trouvait plusieurs mètres devant lui.

La femme tendait son bras en direction de cet arcane qui ressemblait à un mannequin, une poupée en chiffon grandeur nature posée à terre.

Alors il s’en approcha. Plus il s’avançait et plus cette poupée lui semblait étrange, car cette chose prenait de plus en plus les traits d’un véritable corps humain.

Il sentit à ce moment-là que ce qui se présentait à lui était bien plus grave que ce qu’il aurait pu imaginer.

Il se mit à courir pour arriver devant cette « chose » avant de se stopper net. Comme figé. Le regard triste.

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C’est à cet instant qu’il découvrit un corps humain inerte, dont la tête était fracassée et par laquelle s’écoulait un délicat ruisselet de sang, formant un peu plus loin une mare plus importante.

Cet homme venait de découvrir un corps. Mon corps !

Non seulement sa découverte était notable, mais cet homme mystérieux n’était autre que l’une des plus belles rencontres que j’avais faites dans cette ville. Il s’appelait Henry, et il était lieutenant de police.

Quand il découvrit mon cadavre, je remarquai qu’il me manquait quelque chose. Cette chose (ou plutôt devrais-je dire ces choses), je les portais avant de me faire assassiner.

Tous mes bijoux avaient disparu…