Journal dun contemplatif

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Journal d’un contemplatif Paul Ghislain


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Journal d’un contemplatif



Journal d’un contemplatif Paul Ghislain


Introduction


Comme vous, j’espère que ce discours ne sera pas trop long... Il est évident que j’ai beaucoup de choses à dire, et pas mal de trucs qui tracassent mon esprit assez bordélique. Pardonnez le langage, à l’heure où j’écris ces mots, je suis confortablement assis dans mon fauteuil devant mon ordinateur, avec la chanson Hang Fire des Rolling Stones en fond. Vous savez ? Celle qui fait « Toulou-tou-tou ! Toulou-tou-tou ! ». Enfin bref… Je suis assez décontracté, je ne vous le cache pas. Avant de lire ce livre – qui, j’espère, vous distraira au mieux – je voudrais faire un point sur mes intentions. Premièrement, mes intentions ne sont pas mauvaises. Cela peut paraître comme une évidence, mais 9


j’avais envie de le dire. C’est important à mes yeux. Ensuite, cet ouvrage est en effet un livre philosophique. Mais malheureusement – ou heureusement, selon les points de vue – je n’aime pas faire dans la dentelle et j’ai voulu approcher la philosophie sous un nouvel angle. Parce que personnellement, j’ai découvert la vraie philosophie que bien trop tard. Avant, je pensais comme la plupart des gens c’est-àdire les personnes comme vous et moi qui avons été au lycée, et qui ont été perdues par les diverses questions, références et réflexions totalement floues qu’on devait apprendre en seulement une année. Voyez-vous, je voyais la philosophie comme cela à l’époque :

Question ?

Question ?

Question ?

Question ?

Question ?

Question ?

Question ?

Question ?

Question ?

Question ?

J’ai créé ce schéma dans l’optique de m’en sortir pour le baccalauréat, afin de construire des plans de dissertations plutôt cohérents. J’en suis arrivé à une seule et simple conclusion qu’est la philosophie = le 10


doute. Or, c’est faux. Le doute est présent dans la prise de recul du monde lorsque vous regardez les choses qui nous entourent. Et de ce recul pris sur les choses peut naître l’affirmation d’opinion, et c’est dans cette affirmation que naît la philosophie. La philosophie ce n’est pas douter, mais c’est affirmer notre pensée sur le recul qu’on a pris. Lorsque j’ai découvert ça, j’ai compris qu’il était impossible d’enseigner la philosophie ; nous pouvons seulement enseigner la prise de recul sur notre monde. Apprendre la philosophie est un long parcours solitaire. Du moins, c’est ce que je pense. Après, si vous voulez me contredire, allez-y. Je ne suis pas en possession de la science ultime de notre Univers. De ce « je » tient un autre point important de cette introduction, et c’est le fait que ce livre reflète mon opinion des choses. Les débats sont choses courantes dans notre monde mal foutu, mais les problèmes qu’ils posent sont qu’ils reflètent un conflit d’idées. Ce n’est pas un débat, mais une guerre ! La divergence d’opinions serait-elle devenue interdite par la loi ? Ce serait dommage… Le but n’est pas de vous convaincre de penser comme moi car si tout le monde pensait pareil, le monde n’aurait jamais évolué. Le but est que vous puissiez découvrir mon esprit et ma façon de réfléchir afin de voir que d’autres personnes peuvent penser des choses. Le « je » tient donc de mon opinion personnelle et non d’un égocentrisme maladif, je précise. 11


J’aime partager et les idées font partie intégrante de ce partage. Une idée est une chose immortelle et si aisément transmissible, selon moi. On peut se l’approprier facilement ou la rejeter avec la même facilité. C’est une matière intellectuelle changeante et modelable que je trouve très intéressante. Ne vous nourrissez donc pas que de mes idées, mais également des idées des autres ! Rien n’est plus intéressant que le monde qui nous entoure vu sous un œil observateur. Et nous sommes tous capables d’observation… Le dernier point de cette introduction veille à présenter mon modèle d’observation. J’ai construit cet ouvrage d’une manière assez particulière… J’ai longtemps voulu écrire un livre philosophique, mais je n’ai jamais vraiment su comment m’y prendre car j’ai toujours considéré la philosophie comme un terrain très sensible. Ce livre est court, je sais, mais j’espère qu’il en dira long sur notre monde. Généralement, les ouvrages de ce style sont très longs car ils sont remplis de conneries, selon moi. Contrairement aux livres philosophiques habituels, son but n’est pas de vous instruire ou de prouver que j’ai raison sur un quelconque sujet. Du tout. Son but premier est de vous divertir. J’ai essayé d’écrire quelque chose d’assez potable que vous puissiez apprécier dans toute sa splendeur. Ce livre est composé d’une seule et simple partie appelée Unique partie – pour faire dans l’originalité. 12


Cette partie est elle-même divisée en 15 apologues biographiques traitant de 15 sujets de notre monde mal foutu. Et… C’est tout. Je vous l’avais dit, c’est un livre court. D’ailleurs, si vous l’avez en main, vous l’avez sûrement remarqué. Suis-je bête. La portée de ces textes est très ambiguë car ils n’ont pas pour fonction de donner une philosophie propre du monde ou de la vie. Ils servent simplement à émettre une discussion, un débat. Ils servent à ce que vous répondiez vous-mêmes aux questions que je « pose ». Nous avons tous une opinion, quelle qu’elle soit et j’aimerais donc que vous vous en rendiez compte et, qu’avec moi, vous la forgiez.

J’aime les « pourquoi », mais ce terme nous bloque. Je préfère les « parce que » pour pouvoir avancer dans la vie en général. Telle est la philosophie générale de cet ouvrage. Bonne lecture, P.G.

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Unique partie

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LUCIE La première fois que j’ai voulu écrire, j’avais 6 ou 7 ans. J’étais assez jeune, mais mon esprit grouillait déjà d’idées diverses et variées. Des aventures, des sagas, des histoires d’amour – oui, parce que j’essaie parfois d’être romantique. Malheureusement, je ne savais pas vraiment écrire et, surtout, je ne savais pas par où commencer. Quand on a un esprit comme le mien, on se confronte à deux sortes de problèmes : on risque de tomber dans une folie meurtrière à chaque seconde de notre vie – mais à part les voix dans ma tête, je vais bien – et notre cerveau est un bordel sans bout. Alors comment commencer à écrire quand je ne sais même pas par quel début d’histoire commencer ? L’hésitation est quelque chose de commun chez un auteur, et particulièrement chez moi – qui suis auteur. Je ne sais jamais si ce que je fais est un chef-d’œuvre ou de la grosse merde en carton. Mais quand j’étais petit, je ne savais même pas ce qu’était un « auteur », et surtout, je ne savais pas comment commencer à écrire. Dans ma jeunesse, je me rappelle que ma nourrice m’emmenait souvent au pressing afin de laver tous les costumes de mon cher et tendre papa. C’était une chouette course pour moi, car j’avais le droit à des bonbons, présents dans un petit bocal posé sur le comptoir. Ensuite, il y avait une femme qui venait souvent au pressing. 15


Elle s’appelait Lucie, et je la trouvais fort intéressante. Bien sûr, j’avais 7 ans, alors je ne m’en rendais pas compte et je ne portai d’intérêt pour elle que bien trop tard. Lucie adorait raconter des histoires, un peu comme moi. Elle les racontait avec une telle passion que ça pouvait attirer l’attention de quiconque l’écoutait. C’était magique… Je ne me souviens pas de l’histoire en elle-même – je n’ai jamais eu une très bonne mémoire –, mais juste de la façon dont son ton changeait selon la situation, de ses mains qui bougeaient au fil de l’histoire et de ses sourcils qui accompagnaient son front pour essayer de faire comprendre une émotion quelconque. Tous ces petits détails rendaient ses contes attachants et tout simplement passionnants. Quand j’eus l’idée d’écrire, je ne savais pas comment m’y prendre, et il me semblait assez évident d’aller voir la Conteuse dans une telle période de doute. Je voulais faire comme elle ! Transporter mon lecteur par le biais des mots, tout simplement. Si j’écrivais qu’un dragon survolait l’Atlantique, le lecteur croirait qu’un fichu dragon survole cet océan. Le dragon est un exemple, bien sûr, mais l’intention restait la même. Je lui demandais alors comment rendre mon histoire intéressante et surtout, comment commencer mon histoire quand on a autant d’idées. Comme moi. Lucie me répondit alors : « Penses à ce qui te rend triste. Penses-y très fort et tu verras, ça viendra tout seul. » Sur le coup, j’avoue ne pas avoir compris sa morale. On aurait dit ces vieux 16


dictons que ma mère sortait pour me donner une leçon et se donner à elle-même une justification alors qu’il n’y en avait aucune. La tristesse… Le truc bien, quand on est gosse, c’est qu’on n’est pas triste. On en a même pas conscience ! On n’a pas cet esprit capable de relativiser la vie ou cette conscience de notre bonheur. La seule « tristesse » pouvant exister serait peut-être de ne pas avoir les bonbons qu’on veut. Ou que la diffusion de notre dessin animé soit annulée. Mais la Tristesse ? Allez savoir pourquoi, la Tristesse m’a été provoquée par une abeille. Je me souviens avoir lu un livre qui racontait, pendant plusieurs paragraphes, la vision d’une ville à travers les yeux d’une abeille. Ce livre, c’était ma mère qui me l’avait conseillé pour que je prenne goût à la lecture. Ce qui m’avait frappé, c’était le fait que l’auteur utilisait l’être le plus insignifiant au monde pour décrire le lieu de toutes les histoires de son roman. Lorsque je repensais à cette abeille, je trouvais sa situation triste tout simplement parce qu’elle n’avait aucune conscience que ce qu’elle voyait était passionnant. Les histoires de la ville peuvent être passionnantes, mais l’abeille, elle, ne le saura jamais. Et je fondis en larme. Encore une fois, j’étais très jeune et donc ma sensibilité était assez importante à l’époque. Le problème posé par cette situation était le manque de lucidité de la créature. 17


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