Patricia Profault
Histoire d’Elle L’inconnue – Reconnue
La connaissance de Soi mise en lumière par le dessin
2e
Histoire d’Elle
ISBN : 978-2-36673-181-1 © Patricia Profault, Histoire d’Elle L’ inconnue – Reconnue, 2015.
Patricia Profault
Histoire d’Elle L’inconnue – Reconnue
Sommaire
AVANT-PROPOS
MA DÉMARCHE
CHAPITRE 1 — PRÉSENTATION
Qui suis-je ? D’où je viens – mes origines Artiste dès l’enfance Une vie ordinaire jusqu’à… La dépression La peinture Une formation Une page se tourne
CHAPITRE 2 — LA PEINTURE COMME THÉRAPIE
Les Peintures Les techniques Mon parcours artistique Histoire d’Elle La féminité L’éveil Le Reiki Usui Le Bouddhisme de Nichiren Daishonin Découverte d une philosophie de vie et sa fragilité
Premiers pas vers ma reconstruction L’art-thérapie transpersonnelle La naissance de l’Art en Soi Le chemin vers ma réconciliation La douceur, la protection Faire autrement
CHAPITRE 3 — LA SPIRITUALITÉ
La résilience Le chemin vers la paix intérieure
CHAPITRE 4 — COMME UN PUZZLE, LE LIEN SE FAIT
Nouveau Départ La Contemplation Le Renouveau Le Rire
CHAPITRE 5 — LA GESTION DES ÉMOTIONS
La Stabilité La marche consciente Un lieu de ressourcement Les mandalas L’éveil de la Conscience
CHAPITRE 6 — LA FOI
Le Don ? L’Âge d’or La Force Tranquille
L’Amour avec un grand A Enfant’Un Aime
CHAPITRE 7 — TROUVER MA PLACE
La confiance en moi Exposition à Paris L’estime de celle que je suis La connaissance de Soi Expositions à Brugge (Belgique) La révélation
CHAPITRE 8 — LES VALEURS QUI GUIDENT MES PAS
La Gentillesse dans la Justesse L’Harmonie La Bienveillance – La Bonté L’Universalité
ANNEXES Remerciements Bibliographie
AVANT-PROPOS
Jusqu’à l’écriture de ce livre, je ne m’étais jamais vraiment intéressée à mes racines. Pourtant, comme dans chacune des étapes qui ont jalonné mon parcours, le soir du 3 juillet 2014, alors que je viens d’apprendre que ma maman souffre d’un Myélome, forme de cancer du sang, je prends conscience que si elle disparait, je ne connaîtrai jamais son histoire, ni celle de papa. Aussi, je ressens le besoin d’écrire… de mettre des mots sur le papier pour accompagner mes larmes mais aussi pour finaliser ce livre que j’ai commencé il y a plusieurs mois. Encore une étape nécessaire à ma réalisation. Oui… J’ai besoin de savoir d’où je viens pour pouvoir être qui je suis… Pour me permettre, enfin, de me projeter dans l’avenir… Chose que je n’ai jamais su faire jusqu’à présent. En effet, j’ai, et vous allez le découvrir tout au long de mes écrits, effectué un long travail intérieur. Je dis bien travail car cela m’a demandé beaucoup de persévérance, d’investissement personnel et financier, d’application, de courage et de remise en question pour pouvoir être aujourd’hui qui je suis.
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MA DÉMARCHE
Dans cet ouvrage, vous trouverez le témoignage de ma reconstruction, de ce chemin parcouru pour me retrouver. Cette démarche personnelle vise à ma propre reconnaissance comme pour imprimer les faits sur les actes que j’ai posés pour évoluer, grandir et trouver ma place. Je souhaite laisser une trace pour que ma famille, mes proches comprennent et mettent des mots sur tous ces changements qui se sont opérés en moi et qui m’ont permis de me respecter en tant que fille, femme, mère, épouse. Peut-être que ce témoignage pourra faire résonance chez eux ou chez certains d’entre vous, ou pas. Dans tous les cas, il ne s’agit que de mes ressentis, de ma vision par rapport à mon histoire que je viens partager aujourd’hui avec vous. Il n’est pas dans mon intention de juger ou d’en vouloir à qui que ce soit. Les expériences, les rencontres, tout ce qui s’est passé m’ont permis de m’enrichir, de me découvrir, de me remettre en question pour pouvoir retrouver ma liberté d’être, d’exister en accord avec mes valeurs. Pour cela, j’ai dû : 12
M’autoriser à : Exprimer : En dépassant le regard des autres, le qu’en-dira-t-on. Exister : En aimant, en donnant sans m’oublier. En retrouvant l’estime de soi, de celle que je suis, en respectant l’autre tel qu’il est. Oser : En surmontant mes peurs et les fausses croyances transmises de génération en génération qui me tétanisaient, le spectre de l’échec, la peur de décevoir. Me reconstruire : À l’aide de mes tableaux et en réalisant des mandalas. En retrouvant la FOI. En vivant pleinement toutes ces rencontres et expériences de vie qui m’ont faire grandir de façon empirique. Ce parcours est illustré par mes tableaux qui expriment, par ordre chronologique, l’empreinte de mon vécu, d’une émotion, d’une situation mise en lumière ou d’un état d’être. Mon Art-Thérapie Ma Foi retrouvée en la Vie
CHAPITRE 1 présentation
QUI SUIS-JE ?
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Je me présente : Patricia Profault, artiste peintre, mariée, 3 enfants. En 2003, je décide de quitter la fonction publique après 15 ans de service pour une reconversion professionnelle. Je deviens artiste peintre suite à une formation professionnelle en peinture décorative avec une spécialisation à l’aérographie. À cette époque, je souhaitais m’épanouir dans la peinture, ma passion. Cependant, un manque de confiance en moi et un verdict de « bipolarité » m’en empêchaient. J’ai vécu des années de mal-être soignées avec des antidépresseurs qui sont devenus un frein à mon évolution. Aussi, en 2005, je décide par la force des choses de prendre ma vie et ma santé en main. Preuve en est que j’ai bien fait !
D’OÙ JE VIENS, MES ORIGINES
Je suis née, le 9 février 1962, à Oran pendant la guerre d’Algérie, sous les bombardements. Je suis la benjamine d’une famille de 3 enfants. Mon père, René, est aussi né à Oran en 1929. Il a été élevé avec ses 2 frères par sa mère. C’était un petit garçon malin, curieux. Il n’aimait pas beaucoup l’école et préférait aller au cinéma plutôt que d’assister au cours. Il nous racontait : je rentrais par la porte et sortais par la fenêtre. Il adorait les stars hollywoodiennes Rita Hayworth en particulier et les films de danse. Jeune homme, c’était un bel homme, excellent danseur autodidacte, charmeur, sensible, toujours très attentionné avec les femmes. Maman, Sylviane, est née également à Oran en 1931. Elle a eu une enfance difficile. Elle a très peu connu son père, elle devait avoir 3 ans quand il est mort des suites de la guerre. Petite, maman n’a jamais été à l’école, souffrant d’une maladie des yeux. Ma grand-mère travaillait seule pour élever ses enfants. Sa propre mère, mon arrière-grand-mère, vivait avec eux, comme cela se faisait autrefois. Elle était devenue sénile. Pour éviter qu’elle fugue quand elle partait travailler, ma grand-mère l’enfermait dans la maison avec ses enfants. Jeune femme, maman a travaillé avec sa mère dans une maison bourgeoise comme bonne à tout faire. Elle était belle, réservée. Mes parents se sont connus au bal, à Alger. Ils formaient un très beau couple. Lorsqu’ils se sont mariés, ils ont eu pour repas de noces un pot-au-feu ! D’un milieu modeste, vous l’aurez compris, ils n’avaient pas grand-chose matériellement à Oran, et le peu qu’ils avaient, ils l’ont laissé quand ils ont été rapatriés d’Algérie vers la France en 1962. (Déracinement). Papa sera muté à Nantes après sa titularisation à l’EDF. Toute la famille et les amis se retrouveront eux dans le sud-est de la France, du côté de Lyon, Avignon. Cet hiver-là, la Loire est gelée. (Isolement). Cependant, mes parents ont gardé des liens très forts avec la famille Chiapori, des amis très chers avec qui cette histoire commune aura permis de tisser une grande amitié. Les allers-retours à Lyon le week-end pour les retrouver et aller danser seront, pour mes parents, une bouffée d’oxygène. Des vacances chaleureuses avec les amis et la famille où toute cette ferveur pied-noir, cette solidarité et ces complicités sont autant de souvenirs heureux qui jalonneront mon enfance.
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Artiste dès l’enfance Champion de Gymnastique d’Oran, papa a commencé la gym à l’âge de 30 ans, il faisait des démonstrations et de la figuration au théâtre d’Oran en Algérie. Quand mes parents sont arrivés à Nantes, il a fallu, pour mon père, choisir entre la gym et le théâtre. Alors, pour boucler les fins de mois, il a travaillé comme accessoiriste au Théâtre Graslin à Nantes. Maman, elle, était ouvreuse. Dès l’âge de 5 ans, je faisais de la figuration ! J’adorai le monde du spectacle : les costumes, les artistes, ses belles voix, les coloratures, les barytons. Au théâtre, je me sentais comme chez moi. Ça m’amusait, les répétitions, les représentations, les différents personnages joués (petit cuisinier, soldat, esclave, ange…) tout cela était un jeu pour moi. Lors d’une répétition, en attendant mon tour, une actrice m’avait montré comment esquisser des regards. Ça m’a toujours suivi !
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Un jour, j’ai tenu un « grand rôle » dans une pièce « Leçon d’amour dans un parc ». Alors que j’étais seule sur scène, il y a eu une panne d’électricité ! La scène a été plongée dans le noir… avec juste l’éclairage de secours. Je suis restée là, sur scène, et j’ai continué ma chanson comme si de rien n’était. À cet âge-là, il n’y a pas de trac. Le lendemain, une critique encourageante parue dans les journaux vantait ma présence scénique. J’ai également tourné dans un court-métrage où je jouais une fillette qui avait une maladie incurable et qui rêvait d’être danseuse étoile. Court-métrage que je n’ai jamais visionné d’ailleurs ! Vers l’âge de 11 ans, j’ai cessé de jouer sur les planches, papa étant passé contrôleur à l’accueil du public. Je côtoyais toujours le monde du spectacle mais de l’autre côté. J’ai eu une adolescence normale. J’étais très complice avec mon père. C’était un excellent gymnaste. Des albums entiers de photos exposaient ses qualités gymniques et théâtrales. Charmeur et attentionné, il était un brin macho. Il avait du charisme et il le savait. Moi, je l’admirais. Quant à Maman, je la craignais beaucoup, je la trouvais sévère. Les sorties étaient limitées. Avec le recul, je comprends maintenant pourquoi. Il a fallu que j’arrive à 53 ans pour connaître son histoire. Jamais elle n’en a parlé avant. Aujourd’hui, je comprends mieux pourquoi cette peur de tout, du qu’en-dira-t-on, son besoin de s’occuper des autres jusqu’à s’oublier elle-même. J’ai été surprotégée par amour, là n’est pas la question, mais était-ce la bonne solution ? J’ai compris avec le temps que chacun fait ce qu’il croit juste, chacun fait de son mieux avec son vécu. Mes grands-mères ont vécu près de 30 ans avec nous : mes parents n’ont jamais vraiment connu d’intimité. C’était normal ! ça s’était toujours fait dans la famille. La générosité et la gentillesse les caractérisaient le mieux. Ils ont également élevé le fils de mon frère aîné après son divorce.
Une vie ordinaire jusqu’à… J’ai rencontré Bruno en 1978, et nous nous sommes mariés, le 24 avril 1982, jour de la Saint-Fidèle. Notre fils aîné Fabien est né en 1986. Nous faisons construire une maison en 1987. Cette année-là sera marquée par le décès de mon oncle, le frère de maman le 25 décembre. Elle ne s’en remettra jamais vraiment. La magie de Noël n’opérera plus. Les années passent, nos deux filles voient le jour : Marine en 1988 et Émilie en 1993. Je travaille dans la fonction publique où j’occupe un poste de secrétaire dans un service technique de la Mairie de Nantes. Après la naissance d’Émilie, je demande un temps partiel à 50 %. Comme dans toutes les familles, il y a des hauts et des bas mais dans l’ensemble cela se passe bien. Jusqu’à ce jour de février 1994, lorsque notre fille Marine déclare un diabète insulinodépendant, un véritable choc. Premièrement, je ne savais pas ce qu’était cette maladie. Deuxièmement, je ne voulais pas y croire. Je me disais que les médecins se trompaient, je ne réalisais pas. J’étais dans le déni total. Et puis, au mois de mars de la même année, la patronne de mon mari déclare une récidive de cancer du sein. Elle décédera 18 mois après. Ce qui est curieux, c’est que dans mon souvenir, ces 18 mois n’ont pas existé, pour moi elle était décédée le mois d’après (effacé de ma mémoire). L’entreprise fermera et mon mari se retrouvera au chômage. Financièrement, cela devenait compliqué : nos mensualités de la maison étant calculées sur une prime qui n’a été versée qu’une seule fois, les difficultés financières ne tarderont pas à apparaître. Fort heureusement, Bruno retrouvera du travail dans la fonction publique mais avec une chute conséquente de salaire. La dépression Suite à ces évènements, je fais une dépression qui durera 18 mois. Pendant ce temps, mon chef de service ne me remplace pas et ma collègue qui complétait mon mi-temps fait le travail pour 2. Lorsque je reprends le travail, je ressens un malaise : je suis fragilisée, je me dévalorise, et je manque terriblement de confiance en moi. Pour remédier à ce malêtre, je vois un psy. Je ne comprends pas ce qu’il me dit… il me donne des antidépresseurs. Je vais en prendre pendant 10 ans. Je ferai deux rechutes. Quand je vais mieux, je veux arrêter les médicaments mais mon médecin m’annonce que je suis bipolaire et que je les prendrai toute ma vie. Au travail, le malaise perdure. Un jour, à l’embauche, ma collègue m’interpelle avec véhémence pour une affaire de prise en charge de stagiaire. Je sens en moi comme un jeu de cartes qui s’effondre : c’est physique, puissant. La seule chose que je peux faire est de quitter mon travail et de rentrer chez moi en pleurs. Je ne pourrais pas dire, aujourd’hui, quand c’est arrivé mais à partir de ce moment, je vais travailler à reculons.
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La Peinture Après ma dernière rechute, en 2000, je commence à peindre des stars hollywoodiennes en noir et blanc. J’ose montrer à Jean-Yves, un de mes collègues, ce que je peins. Sur ses conseils et avec son aide, je rencontre un peintre de trompe-l’œil réputé sur Nantes qui me dit « Y’a matière à faire ». Ce fut, pour moi, un grand encouragement. Je m’inscris ensuite dans un atelier d’expression artistique au centre socioculturel de ma commune sur Saint-Herblain. Grâce au groupe, à l’ambiance, aux critiques constructives et aux encouragements, je progresse et je réalise ma 1ère exposition. À l’époque, je faisais du dessin à la peinture, sans base.
Une formation
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En 2002, pour mes 40 ans, tous les membres de ma famille m’offrent un stage d’une semaine dans une école de peinture décorative : je suis aux Acrylique – pinceaux anges. Quand je m’y rends pour fixer les modalités, je n’en crois pas mes yeux. L’école Aéro’styl Académie à Vertou propose une spécialisation à l’aérographie, technique hyperréaliste et là, je me dis, « c’est ça que je veux faire ! ». Après réflexion, la semaine d’initiation se transformera en congé de formation pour une durée de 6 mois. Que du bonheur ! Je m’éclate ! Aussi, à la fin de la formation, je décide de quitter la fonction publique : je prends donc ma retraite après 15 ans de service pour me mettre à mon compte.
En cours de réalisation
Une page se tourne Après ma formation, je reproduis, je peins sur tous supports, je réalise le rêve de personnes avec mes pinceaux. J’existe à travers leur regard. Cependant, il me manque le principal, ma propre reconnaissance. On me disait « C’est beau ce que tu fais » mais moi je ne le ressentais pas. Je n’arrivais pas à me faire rémunérer. En parallèle, je m’investis dans le bénévolat : je suis secrétaire d’un club de gym. J’y occuperai différents postes : entraîneur, juge, pratiquante. Nos filles s’y épanouissaient. Je me sentais utile. Nous y passerons de superbes moments. Cependant, un conflit générationnel au sein du club mettra fin à cette belle épopée. Je suis révoltée du manque de considération de la municipalité par rapport à l’investissement de tous les membres du club. Resteront un sentiment d’injustice, un manque de reconnaissance, des non-dits ou des malentendus qui viendront ternir ces beaux moments partagés dans la sportivité, la convivialité. Cette incompréhension et cette intolérance me feront arrêter mes activités. Je ne pouvais plus assister aux réunions, j’étais prise de tremblement au niveau de mon corps, m’obligeant à quitter les lieux. (Sensations physiques que j’ai ressenties à plusieurs reprises) À cette période, je suis ingérable, je suis en décalage avec Réalisé à l’aérographie la réalité mais j’ai besoin de peindre, de créer, j’en mets partout dans la salle à manger, on ne peut plus circuler ! Je peins dans la maison avec mon aérographe et mon compresseur. Quelle ne fut pas ma surprise quand j’ai vu notre caniche abricot descendre l’escalier : il avait des reflets bleus sur son poil, la peinture s’était volatilisée. Je brasse de l’air et je ne vends pas grand-chose et pourtant nous avons besoin financièrement. Cependant, je continue. Je remercie Bruno pour sa patience, sa présence et son amour. Il a toujours été là. Ce n’est pas facile de vivre avec une artiste, je le confirme. Je peux comprendre la déception et l’incompréhension des membres de ma famille, car longtemps j’ai fait de belles promesses. Avec les capacités techniques que j’avais, je pouvais gagner ma vie et avoir un certain confort financier. Je ne leur mentais pas, j’y croyais ! Je voulais y arriver mais en vain. Je commençais quelque chose, je ne finissais pas et quand je parvenais à trouver une idée qui fonctionnait… je partais sur autre chose. J’étais devenue instable et surtout j’avais peur de m’engager !
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