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Séverine Marlet
Il est passé par ici Elle passera par là
– Scénario policier –
À tous ceux que j’aime merci de leur soutien
Avant-Propos
Les personnages, lieux et événements de ce texte sont de pure fiction. Toute ressemblance avec qui ou quoi que ce soit serait parfaitement fortuit. Cependant, la question : « c’est où l’Icarie ? » reçoit une réponse historique – tout en n’étant que le prétexte du livre plutôt que son fondement. Compte-rendu par le président de la communauté sur l’état de la colonie icarienne [on lit, notamment :] « Voyage en Icarie » par Étienne Cabet. 1833 « La communauté icarienne de Nauvoo fut principalement peuplée de groupes de personnes arrivant de France en bateau, après avoir été sélectionnés par le bureau de recrutement de la colonie à... » Voyage et expérience imaginaires qui feront le sujet d’une autre histoire, à la suite de celle-ci.
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Mode d’emploi
En forme de scénario, avec un parti-pris mini ma liste, ce récit laisse le lecteur-spectateur libre d’imaginer à sa manière ce qui n’est qu’esquissé (lieux, apparences) ou effleuré (manipulations génétiques animales – ou politiques ; enseignement par satellite) sans l’encombrer de longs développements. Le découpage en scènes s’apparentent à celui du théâtre et ne devrait pas dérouter. Pour les lecteurs qui se trouvent gênés par la présentation en scénario : – Les termes techniques font l’objet d’explication en bas de page. Si le lecteur les trouve gênants ou ennuyeux, il peut les « sauter » gaiement sans nuire au déroulement de l’histoire. – Les indications de « point de vue » (qui voit quoi et d’où)) sont isolées en bout de ligne et en caractère particuliers. Ces indications devraient vous devenir assez vite familiers, pour, ensuite, vous permettre des clins d’œil savoureux. Cependant, rien n’empêche de les « sauter ». Cela n’enlève rien à l’histoire – mais c’est dommage, car elles permettent de « voir le film ». Bonne lecture.
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genre : Conte, mécomptes et raconte les félicités d’une vie dionysiaque en butte à la fascination d’un gropuscule à l’idéologie socialo-économique. Personnages Georges Marouskil Pêcheur, passeur, bûcheron. Henri Jeune garçon handicapé (bossu), son aide et ami. Marc Sullivan Patron du café-épicerie du Hameau en forêt, son ami Thomas Rolland Bûcheron - garde-champêtre Jack Johnson Sous-directeur de la Confrérie. Étienne Becat Dit « Le Père » Chef de la Confrérie Populaire. Louis Colas Notaire pour la Confrérie. Martine Sa nièce, journaliste public relation de la Confrérie
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Plan d’ensemble
L a maison de Georges
Bergerie - atelier
Début du générique sur les premières images. Juste le titre - le réalisateur producteur Rapidement vu de haut, un large cercle découvre le paysage (voir plan) de l’amont vers l’aval : des plans d’eau au lever du soleil d’été (le 24 juin, matin de la St-Jean) – brume en écharpes légères avec quelque part dans l’éloignement le bourg. En décrivant un cercle descendant, on découvre le hameau des bûcherons dans les bois, le village sur l’autre rive avec son pont un peu en amont où des gens construisent un feu de camp ; la maison du pêcheur en face, avec de chaque côté un ponton d’amarrage, un gong et un marteau attachés à un arbre ou une potence, le bac amarré côté pêcheur ; plus haut, derrière, une longue maison basse ; non loin, derrière une ou des collines, en amont de cette maison, un groupe de fermes ; le8 tour d’horizon se termine au ras de l’eau, attrapant au passage une petite feuille jaune qui atterrit sur l’eau. On la suit jusqu’à des filets tendus sur des pieux. On voit fugitivement l’avant d’un canot qui remonte le courant en direction de filets : on distingue à peine, une silhouette grise aux épaules massives, une chevelure hirsute.
Le générique stoppe dès que la feuille est isolée dans l’image.
On suit la petite feuille rapide. Elle s’arrête à peine le long des filets, où des poissons sont pris au piège.
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Séverine Marlet
Point fixe à l’aplomb1.
Elle longe le filet. Le bord d’un canot, avec un seau plein d’eau visible, vient heurter un des piquets, les mains du pêcheur tirent les filets, déposent les gros poissons dans le seau, libèrent les petits. La petite feuille jaune agitée par le remous se libère et continue sa route, disparaît. Des mains se posent sur le plat bord, les remous se calment, le visage du pêcheur se reflète dans l’eau, un peu brouillé. Quand l’eau redevient calme, noire comme un miroir dans l’ombre de son buste, des araignées d’eau y tracent des lignes géométriques, qui forment un visage de femme. Une rame plonge dans l’eau, brouillant l’image. Le canot s’écarte. Voix off 2: Aller au marché, passer au magasin,… au cimetière payer ma dette. 22
Au cours de toute cette séquence3 et de la suivante, le jour se lève, le soleil dissipe peu à peu les brumes
1 La scène est prise d’en haut comme par un hélicoptère arrêté au-dessus. 2 Voix d’une personne qu’on ne voit pas.
Première partie une chaude journée : le
24 juin
Dans un angle : suite discrète du générique, les noms des huit principaux acteurs avec vidéo en situation et indication de leur fonction
MÊME MATIN – BERGE CÔTÉ VILLAGE Scène vue du haut de l’arbre où on installe la sono3, ou du clocher du village
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Accoste le bac. Des gens du hameau de bûcherons, avec de grands paniers ou cadis, débarquent sans parler, déposant une pièce dans une corbeille à l’avant du bac tandis que Georges amarre le bac. Il ramasse la monnaie et descend le dernier, portant deux seaux. À l’écart, près de la berge, des jeunes bâtissent une petite estrade assez pauvre, d’autres dont un jeune garçon légèrement handicapé, bossu, s’affairent à garnir de branchages un grand bûcher en pointe. Des baffles font des essais. Le passeur suit ses passagers.
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Les hauts-parleurs = des baffles.
Séverine Marlet
Le bistrot épicerie du village de bûcherons dans la forêt
Ambiance enfumée – pas trop – conviviale, où des hommes et quelques femmes boivent, causent et surtout regardent un match à la télévision grand modèle. Il s’agit d’un tournoi d’échecs au niveau régional, qui se tient au bourg dans la salle des fêtes de la mairie. Des tables de deux joueurs un peu partout. Les gens sont vêtus comme tous les jours. Georges aussi. Johnson debout, joue contre chacun des joueurs ayant gagné son premier match. Il va d’une table à l’autre, éliminant les joueurs l’un après l’autre. Seul Georges résiste. La scène ne durera pas assez pour que le spectateur assiste à la victoire d’un d’entre eux. Le son TV est coupé. Un juke-box diffuse des airs en sourdine dans le café. Le patron est en conversation avec un client au comptoir. Un autre client Un demi, Sullivan. 26
Pendant qu’il sert un autre client : Sullivan On ne dirait pas, comme ça, à le voir, qu’ il est si fortiche, hein ? Moi ça ne m’ épate pas. Je le connais bien, le Georges. Depuis bien avant qu’ il revienne ici. Parce qu’ il est d’ ici, vous savez… Un client Eh ! vous avez vu Johnson, la pilée qu’ il est en train de mettre à François ? Pourtant il est bon, François. Sullivan La grande maison fermée qui est en haut du terrain derrière chez lui, c’est à lui. Il habite la maison du garde. Oh c’est tout un roman son histoire. Il avait dix ans quand l’avion de ses parents s’est scratché. L’oncle nommé tuteur s’est mêlé de son éducation : il a renvoyé le précepteur et a inscrit le gosse dans un internat.
Il est passé par ici. Elle passera par là.
Un client Ah ah dis-donc Thomas, il se défend le petit gros, là au fond. Johnson a du souci à se faire. Thomas Dis donc, c’est pas le prophète, ce type-là, Johnson ? Sullivan Lui qui était gâté pourri, tu parles… quel chahut. Il s’est tiré en Angleterre, on ne l’a jamais retrouvé. C’est comme ça qu’on s’est connu. Il squattait. C’ était un terrible gamin. Il se fourrait dans des coups pas possible et s’en tirait à peu près quand même. Je l’ai sorti d’affaire une fois ou deux et on est devenu potes. Une paire d’ inséparables. Il avait le feeling et moi j’avais les poings et trois ans de plus. On a ramé, il a appris la vie. Client Mince, encore un… il ne va quand même pas battre tout le monde, c’est un crac, bien sûr, mais quand même… Sullivan Il m’a expliqué son truc : l’argent de son héritage dort chez un notaire, mais il s’en fout. Ses vieux, sa mère surtout, c’ était tout pour lui. Leur mort c’ était trop injuste. Il est resté révolté. Une fois majeur, il est revenu. Il m’a fait venir et m’a acheté ce bistrot. Comme ça ! Mais il est resté pareil, à vivre à sa façon dans la maison du garde. La grande maison est restée fermée. Trop de souvenirs. Clients Le Georges, il résiste on dirait. C’est vrai qu’ il est accro aux échecs mais il n’ ira pas plus loin que les autres, tu verras. Je te parie la tournée. Et les paris s’échangent bon train.
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