Les mystères de Léo

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Les Mystères de Léo


ISBN : XXX © Aurélie Gautier, Les Mystères de Léo, 2014.


Aurélie Gautier

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Par un matin de fin octobre, alors que les feuilles des arbres ne sont pas encore tombées, mais ont pris leurs couleurs d’automne, il regarde par la fenêtre de sa chambre. Le temps est maussade. Léo se réveille pour une nouvelle journée ; il s’attèlera à l’enrichir comme celle d’hier. Aujourd’hui c’est mercredi et sa journée, il la passera dehors. Léo se regarde dans le miroir, il y voit un garçon aux cheveux noir ébène ébouriffés. En y passant les mains, il tente de donner une forme plus plate, il sait sinon que sa maman lui passera la main dans ses cheveux machinalement. Ses yeux bleus azur sont encore embrumés par une nuit riche en rêves palpitants. Il passe par la salle de bains se débarbouiller. Il part, ensuite, s’habiller très simplement avec un sweat bleu marine à capuche sur un tee-shirt blanc fer, assorti avec un pantalon en velours côtelé marron.

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La maison est encore bien calme, sa petite sœur Lisa dort paisiblement, sa maman se prépare tranquillement. Une odeur agréable et gourmande se répand dans l’escalier que descend Léo. Un bisou sur la joue de sa maman. – Bonjour Léo bien dormi ? – Oui très bien, je pars après le petit-déjeuner ! annonça Léo. – Est-il possible de savoir où tu vas ou bien est-ce encore top secret ? demanda sa maman. – J’ai encore quelques bricoles à faire dans ma cabane et puis comme nous sommes mercredi aujourd’hui je rentrerai plus tard si tu veux bien. – Comment puis-je te le refuser mon Léo, tu rentreras pour le repas. – Bien sûr maman ! Il commence son petit-déjeuner en regardant sa maman lui préparer un pique-nique pour sa journée. Très protectrice et attentionnée, ce que Léo apprécie, c’est la liberté qu’elle lui laisse. Libre de mouvements, de penser, mais aussi de s’évader ; sans doute a-t-elle compris que son enfant possède le même caractère que son père ? Ne pouvant aller à l’encontre des envies de Léo, elle a décidé de l’accompagner du mieux qu’elle pouvait vers ses évasions. Oui, elle sait que Léo est un enfant unique et pas comme les autres, mais après tout, elle s’en moque. Léo est cultivé, très bon élève. Sa mère peut donc être fière de lui. Léo prend donc de quoi tenir la matinée, les tartines beurrées et grillées délicatement par sa maman, un chocolat chaud puis un jus d’orange frais pressé.


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Lisa est enfin réveillée ; âgée de huit ans, la complicité entre son frère et elle est magique, mais à la fois distante, car Léo n’est pas très démonstratif, il est juste attentionné. Lisa demande un bisou à Léo, un sourire échangé et Léo s’apprête à remonter pour chercher son sac. Il aide à débarrasser sa vaisselle et récupère son déjeuner soigneusement concocté par sa maman. – Tu feras attention avec Ubu et Athos ! – Oui, maman tu sais bien que je suis prudent. – Oui, mais on ne sait jamais. Je t’attends pour 18 h ce soir. – Compte sur moi, je serais là ! Je reviens, je vais chercher mon sac et je viens ensuite te faire un câlin. Léo se précipite pour chercher son sac où il aura tout rangé méticuleusement. Comme le fait un aventurier, il a mis tout un tas d’objets qui se révèlent nécessaires quand on passe de longs moments dans la nature. Léo s’est donc procuré tout un arsenal au fil des années et de ses rencontres. C’est grâce à son argent de poche et ses anniversaires qu’il a pu avoir ce qu’il possède. Après avoir dit au revoir à sa mère et sa sœur, Léo se dirige vers un de ses autres lieux de prédilection. Dans leur jardin, Léo a construit, depuis tout petit, une cabane rien que pour lui. On y voit une petite maison très solide aux planches vert sapin ; deux petites fenêtres peuvent faire penser que sa maman sait ce que Leo fabrique dans ce lieu si secrètement gardé. Eh bien non, chaque détail a été réfléchi.

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Léo se dirige vers la porte une clef à la main. En l’ouvrant, une odeur familière arrive au garçon qui s’y sent bien. Son univers le rassure et Athos, son chien, l’accueille en lui mettant les pattes sur ses épaules. C’est un chien qu’il a depuis tout petit, un border collie. L’affection entre le chien et ce petit bonhomme est perceptible, Athos prendra la défense de son maître à tout moment. Léo refait le coin à Athos, lui donne à manger et à boire, avant de compléter son sac. Il y rajoute la boussole, un couteau suisse qui jadis appartenait à son père ; il y tient beaucoup. Avant sa disparition volontaire, son père avait laissé une grosse boite en cuir qu’il avait dédiée à son fils notamment, la boussole, une carte très détaillée de leur Bretagne natale, un couteau suisse, une tente, le sac que porte Léo pour partir en vadrouille, une photo de son père, sa sœur et Léo bébé. Et plein d’autres babioles. La cabane du garçon est riche par l’âme et les odeurs qu’elle dégage ; un étal en bois qu’il a lui-même confectionné est un peu en désordre ; il y dépose un carnet d’idées pour y noter toutes ses aventures, ses rencontres et surtout ce que Joseph lui aura dit. Léo prend une longe pour Athos et l’équipement pour son autre animal de compagnie, autre ami de voyage. Ubu qui dort dans la petite écurie accolée à la cabane. C’est un cheval que Léo a trouvé il y a un an, c’est un tout jeune poulain, après quelques jours d’apprentissage à monter, il l’accompagne dans tous les lieux que Léo visite. Sa robe est mouchetée noire sur du blanc, sa


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longue crinière blanche est douce puis sa queue, quant à elle, est noire. Léo accompagné d’Athos pénètre dans l’écurie où l’attend Ubu qui montre son euphorie à partir une nouvelle fois, dans une longue et aventureuse ballade. « Alors les amis prêts pour une nouvelle journée avec moi ? Nous irons près de la cascade et de la grotte Keriaval. Dimanche dernier, Joseph nous en parlait. Je crois qu’il nous y retrouvera dans la journée, nous y serons pour le déjeuner. » Entouré de ses deux fidèles amis il est en osmose, moins introverti qu’il est à l’école. Tout est prêt, en route ! Léo monte sur sa jolie monture, Athos, lui, marche tout content à côté. Il arrive au fond du terrain de sa maison et fait un signe de la main à sa mère qui l’observe partir de loin à la fenêtre de la cuisine tenant une tasse de café à la main. Puis s’éloignant du regard familial, Léo prend la liberté de partir au trot puis au galop pour réveiller Ubu et Athos. La fraicheur de la matinée s’estompe, le soleil automnal fait son apparition timidement entre les arbres dans les bois de Kerguérac. L’allure se modère pour que Léo regarde la carte de son père et la sienne pour reconnaître les endroits qu’aurait marqués son père par un signe. Ce signe distinctif que son père a souvent refait sur d’anciens courriers et documents, c’est une croix celtique avec au centre une étoile ; il sait par les nombreuses histoires que sa mère

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lui racontait que c’était l’étoile du berger, important du coup pour son père. La matinée s’achève tout doucement par une halte pour reposer tout le monde. En effet en se dirigeant vers un gigantesque noisetier, Léo remarque un ruban de tissu bleu foncé comme inscrit sur la carte au crayon par une croix ; il est attaché à une des branches. En le regardant de plus près, Léo voit apparaître une phrase. « C’est au fil de tes nombreuses découvertes que tu grandiras comme ce noisetier l’a fait ».

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Le jeune garçon décide de dénouer ce ruban ; en le serrant dans la paume de sa main, une voix d’homme résonnante répéta la phrase inscrite. Léo n’est pas surpris par ce qui vient de se passer. Il noue le ruban autour de son poignet, puis se décide à reprendre la route. Quelques mètres plus loin, une silhouette se dessine, plus il s’en rapproche, plus se dessine un homme pas si inconnu pour Léo, Athos et Ubu. C’est Joseph, un homme que Léo a rencontré un jour dans la forêt et qui connaît son père. Il vit dans une roulotte ancienne pas très loin de Ploemel, mais il balade sa maison grâce à son cheval Salko aux poils d’un blanc si pur. Il a l’allure d’un vieux pèlerin, mais toujours vif d’esprit et en forme. Les cheveux grisonnants et les yeux vert émeraude. Il porte une cape grise sur un pantalon épais vert foncé. Léo accélère le pas et interpelle son vieil ami.


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– Bonjour Joseph, comment ça va aujourd’hui ? – Oh mon garçon, tu m’as bien rattrapé, la jeunesse de ton âge et ton cheval en sont la cause. – Et oui, depuis dimanche, nous avons eu le temps de nous reposer. Et vous qu’avez-vous fait pendant mon absence ? – Et bien Salko et moi-même avons reposé nos organismes, nous avons pêché puis nous t’avons attendu. – Dites-moi, je me suis arrêté il y a une heure environ dans un endroit que papa avait inscrit sur sa carte et j’ai trouvé un ruban regardez ! En regardant de plus près le bout de tissu, Joseph eut les yeux qui se mirent à briller. – Que se passe-t-il Joseph ? – Connaissant ton père ça ne me surprend pas du tout ? Cette citation et la couleur ainsi que le ruban font partie d’une formule magique créée par ton père. – Une formule ? demanda Léo – Oui ton père a fait une rencontre, il y a quatre ans, qui a sûrement bouleversé sa vie, il a fait connaissance avec des créatures magiques. Je sais cela peut paraître complètement absurde. Mais un peuple différent est apparu. Quand il était en train de dessiner au bord de la cascade où nous irons après, c’est là où se trouvent la grotte de Kermabo et le puits de Kallen des lieux riches en apprentissages – Que dessinait-il ? – Une rosace avec un tas de couleurs, j’étais avec lui quand cela s’est produit ! répond Joseph

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– Ah bon, mais vous ne m’aviez jamais parlé de tout cela avant ? – Il y a un temps pour tout mon bonhomme et si tu as trouvé la carte de son père, il y a quelques mois, c’est bien qu’il y avait une raison, tu ne crois pas ? – Oui, effectivement c’est tout de même intrigant tous ces retournements de situation. Parlez-moi de cette rosace. – Il était donc en train de terminer quand un mini poulpiquet, je dirais, est apparu dans le reflet de la cascade. Avec ton père, nous avons mis du temps à réaliser ce qui se passait. Puis subjugués par cette si belle découverte, nous avons bu ses paroles attentivement. – Que disait-il ? questionna Léo – Qu’un peuple différent se trouvait pas loin d’ici et que c’était une civilisation qui avait besoin de repères, avec la possibilité aux personnes réceptives à leurs coutumes d’y vivre paisiblement. – Vous dites, Joseph, un peuple différent ? – Oui, ce sont des êtres différents tellement mignons. Je crois que ton père a apprécié le discours, la philosophie, le caractère toujours aussi aventureux. Nous en avons parlé pendant de longues heures, curieux de découvrir de nouvelles choses, il a parlé de sa famille, car il était déchiré d’éventuellement vous quitter et de ne pas rencontrer son destin. Ce poulpiquet a alors parlé de la prophétie liée à sa rosace et ses rubans. Léo et Joseph s’arrêtent une nouvelle fois pour arriver dans une clairière de chênes ; tous les deux descendent de leurs montures. Puis Léo arrête son regard sur l’im-


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mense chêne qui lui fait face et qui mesure plus de cinq mètres. Sur l’une des premières branches, Léo voit un ruban jaune où comme sur le précédent est inscrite une phrase. « Saisis ton destin à pleines mains pour que demain tu ne regrettes rien » Léo regarde Joseph puis comprend par un simple regard qu’il est en train d’accomplir la prophétie de la rosace et des rubans. Léo remet ses idées en place avant de reprendre la route avec Joseph, le vieil homme sent que Léo se questionne sur ce qui se passera. Il tente de le rassurer par son regard. Léo sait qu’il peut avoir confiance en la présence de son ami. En avançant pas à pas à travers cette somptueuse clairière, ils sont absorbés par toutes les essences de bois présentes dans ce havre de paix. L’endroit est baigné de lumière naturelle, les couleurs automnales apparaissent sur les feuilles. Ils approchent de la cascade et de la grotte qui sera un lieu plein de surprises. Soudain, un arbre d’un rouge intense attire Joseph ; il en a déjà rencontré quand jadis il faisait des voyages à travers le monde. – C’est un érable, quand j’étais au Canada, il y avait des forêts étendues, c’est là-bas que j’ai pu apprécier la beauté si céleste de cet arbre, s’exclama Joseph.

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– Cette forêt est magnifique par la majesté des arbres qui sont là depuis des millénaires. En s’approchant un peu plus près, une couleur rouge différente des autres feuilles de l’arbre attire Léo. C’est alors qu’il reconnaît un autre ruban de couleur rouge brique, il est noué autour d’une feuille. La phrase inscrite dessus est en noir. « La beauté extérieure n’est pas la meilleure, car la richesse la plus recherchée c’est celle du cœur. »

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Devenant une habitude Léo dénoue ce ruban pour le mettre avec les deux premiers. Les deux aventuriers arrivent au bord d’une rivière, ils sont donc plus très loin de leur destination finale pour aujourd’hui. Le soleil est au zénith et se reflète dans l’eau scintillante qui coule entre les rochers, on peut y entendre les clapotis. Léo et Joseph décident de manger à cet endroit qui est très apaisant. Léo enlève la selle et le mors d’Ubu, le laissant se désaltérer et manger de l’herbe bien fraîche. Athos, quant à lui, a déjà plongé la tête la première dans l’eau. Le jeune garçon aide Joseph à détacher Salko et l’emmène vers Ubu. Le vieil homme commence à préparer le feu pour les poissons qu’il va s’atteler à pêcher. Léo aime partager cet instant, car c’est tellement agréable surtout quand on est un garçon qui n’a pas eu la chance de le faire avec son père.


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Pendant que le camp s’installe pour ce déjeuner, Léo va chercher un peu de bois, toujours suivi par Athos. À l’orée de la forêt, Léo semble se diriger vers un sapin aux épines épaisses et bleues, c’est un Norman. Il ne mesure pas plus d’un mètre cinquante ; au pied de celuici, le petit aperçoit un ruban à demi enterré de couleur orange. Tout fier d’en avoir trouvé un autre, il s’empresse de l’enlever. Avant de le nouer autour de son poignet, il regarde la phrase inscrite dessus : « Avoir les racines les plus belles pour grandir fera de toi un homme droit » N’oubliant pas le bois, Léo retourne auprès du campement montrer sa dernière trouvaille. Joseph, lui, a réussi à pêcher deux jolies truites qu’il commence à préparer. Fier de lui et de se trouver sur les traces de son père, il a tout d’un coup une pensée pour sa mère et sa sœur qui ne vivent pas la même expérience. Il se demande quelle réaction, elles auraient en remarquant sa longue absence. Peut-être trop terre-à-terre pour être réceptives à tout cela ? Léo est un enfant tellement mature pour son âge, qu’il a très vite été mis à l’écart par ses camarades d’école. Pour un enfant de neuf ans, Léo s’intéresse à des choses dont seules une maturité et une intelligence précoces peuvent être la cause.

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Le repas est pris autour d’un silence et d’échanges de regards complices et malicieux. Le jeune garçon goûte toujours les plats cuisinés par Joseph avec beaucoup de simplicité, mais très bons, il lui fait aussi partager ce que sa mère lui avait concocté le matin même. Léo s’amuse à faire des ricochets devant le regard égayé de Joseph, Athos, lui, saute dans l’eau pour ramener tous les cailloux. Un instant très simple, mais unique de richesses. Cela précède sans doute une rencontre avec un destin riche en émotions. Léo se penche sur la carte de son père pour repérer le lieu final de leur périple. – Joseph, il faudra longer la rivière encore un kilomètre en remontant vers le Nord pour arriver à la cascade et la grotte qui se situeraient à proximité. – Il y a bien longtemps que je n’étais plus allé par ces chemins qui me rappellent ma jeunesse. Rangeons nos affaires puis reprenons la route. Léo appelle Ubu et Salko qui s’occupent à s’ébrouer dans les herbes fraîches. Joseph range sa roulotte tandis que Léo harnache les chevaux. Le jeune homme n’a encore jamais eu la chance de visiter l’intérieur de la roulotte de son vieil ami. Il prend son courage à deux mains puis demande. – Dites-moi Joseph, est-ce que je peux visiter votre caravane s’il vous plaît ? – Bien sûr, mon garçon avec plaisir. – Merci beaucoup. Léo avance vers la porte puis monte les trois marches et voit dans l’univers de son ami un lieu tellement


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riche en objets, ayant trouvé chacun leur place au fil des années. L’intérieur est en merisier foncé, on peut y dormir facilement et une mini cuisine bricolée par les mains de l’homme trône au fond de la roulotte. Une simple couchette d’une place fait office de lit, il a l’air d’être confortable. L’endroit est douillet. Le regard émerveillé du garçon s’arrête vers une étagère remplie de photos où il reconnaît plusieurs fois les traits de son père. Les larmes coulent sur les joues de Léo qui semble comprendre enfin que son père est un homme unique en son genre, mais qui lui ressemble sur beaucoup de points. Content d’avoir pu partager une autre partie de la vie de Joseph, il se jette dans ses bras, car Joseph a compris qu’un moment de tendresse paternelle a manqué. En descendant de la roulotte, Léo sèche ses larmes, grimpe sur sa monture et le convoi se met en route progressivement, puis il regarde la carte pour indiquer l’itinéraire à prendre. Arrivés à un pont en bois qui semble solide, Léo s’engage en premier pour repérer si la roulotte passera. Prudemment Léo passe avec Ubu ; le pont ne montrant pas de signes de faiblesse, la roulotte emboîte le pas. En sortant du pont, à leur gauche, la beauté quasi céleste d’un saule pleureur interpelle nos deux aventuriers chevronnés qui s’en approchent. On dirait les cheveux d’un ange recouvrant le tronc de l’arbre comme un rideau. Le vent s’engouffre entre les feuilles d’un vert argenté laissant entendre un son très doux de frissonnement. Léo descend de son cheval pour admirer de plus près cet arbre. Il passe la main entre les branches puis

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approche en approche une qui porte un ruban de couleur violette. Comme cela devient une habitude, il le dénoue délicatement et lit la phrase : « À travers les qualités et la beauté de l’ âme que tes parents ont pu te donner à ta naissance, tu pourras ressentir tout l’amour qu’ ils te portent jusqu’ à l’ éternité »

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Le jeune garçon commence à compter le nombre de rubans et de couleurs qui entourent son poignet. Des rubans bleu, jaune, rouge, orange et violet composent cette jolie palette de nuances. Léo se souvient que les rosaces qu’il a pu voir par le passé sont composées de six couleurs. Il sait donc que le dernier ruban est proche et que l’arrivée au lieu de tous ses espoirs aussi. Joseph quant à lui ne perd pas une miette du cheminement que fait Léo et tente par son regard protecteur de le rassurer tant que possible. Alors que le silence est dans un écho lointain, les deux acolytes entendent le bruit de l’eau, pas celui d’une rivière, mais plutôt d’une chute d’eau vertigineuse ; pour Léo, cela signifie qu’ils arrivent bientôt vers la cascade tant attendue. Leurs cœurs et leurs regards traduisent leur excitation. Après des minutes qui ont paru bien longues, Léo et Joseph arrivent à l’entrée du cirque de Kerlescan, un lieu magistral. Les parois de cette arène sont en ardoise, l’endroit est frais et humide. Léo s’émerveille de chaque détail et reste attentif.


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Les parois en ardoise mesurent plus de cinq mètres ; à travers les veines de la roche, la végétation luxuriante a profité de l’humidité et de la luminosité naturelle pour prendre ses quartiers. Parmi les nombreux végétaux, un arbre, qui a bien bénéficié du climat, se confond dans le dégradé de gris que propose cet endroit. C’est un gigantesque eucalyptus qui s’expose aux regards de Léo et Joseph qui sont stupéfaits. Le jeune garçon n’en a jamais vu auparavant, en revanche, le vieil homme se rappelle ses souvenirs d’adolescence. – Lors d’un voyage en Australie, j’avais eu la chance de rencontrer des koalas qui en mangeaient à foison ; il faut savoir que les feuilles sont riches et que son essence naturelle est prisée pour ses vertus médicinales pour les voies respiratoires. Sur le tronc torsadé argenté, une première branche attire Léo qui reconnaît le dernier ruban qui est de couleur verte. Léo eut le cœur en mouvement quand il retourna le ruban pour lire la phrase. « Que cette dernière étape devienne la clef à toutes les questions qui sont restées sans réponse durant ses dernières années ». Le jeune garçon, un peu comme hypnotisé, noue le bout de tissu à côté des cinq autres. Puis il se tourne vers Joseph en quête d’une éventuelle réponse. – Et maintenant que va-t-il se passer ?

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– Mon bonhomme la patience est mère de toutes les qualités. Nous allons attendre ! Léo trépigne d’impatience puis essaye de se divertir en regardant la cascade d’eau qui tombe comme une traînée de poussière d’eau. L’eau tombe dans un bassin d’ardoise noire, le dégradé de bleus est très intense. En se penchant vers le bassin, Léo voit comme si des lumières ponctuaient l’eau. Bizarrement l’eau ne descend pas, mais se dirige vers l’intérieur de la roche qui forme l’entrée d’une grotte. Elle se situe derrière le grand filet d’eau que fait la cascade. On peut y accéder par un pont creusé dans l’ardoise. Le lieu est si féerique, mais aussi très mystique. Puis Joseph interpelle Léo, car il est intrigué par la présence d’une table qui a été sculptée naturellement dans l’ardoise. Léo rejoint le vieil homme et aperçoit la rosace gravée dans la roche. À côté de cette rosace, il y a une sorte de puits vide qui mesure une trentaine de centimètres. – Joseph que dois-je faire à votre avis ? – Je ne sais pas trop. À vrai dire quand je suis venu avec ton père il n’y avait pas cette table. Depuis le départ de ton père et donc la prophétie, il y a des choses qui ont évolué durant ces cinq ans. Je sais que c’est le puits de Kallen. – Faut-il mettre les rubans dans le trou ? questionna Léo. – Et bien nous avons qu’à tester puis nous verrons ce qui se passera. – Oui Joseph, vous avez raison.


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Léo commence à dénouer les six rubans dans l’ordre où il les a trouvés depuis ce matin, puis il les dépose délicatement dans ce trou. Joseph découvre une pierre plate de la même taille que la cavité. Il se décide à la placer pour recouvrir les bouts de tissus. Les deux acolytes fiers de leurs accomplissements reculent puis se regardent. – Attendons Léo, je sais que tu es excité, mais patience ! – De toute façon, il n’y a que ça à faire, je crois. Puis cinq minutes passent, puis dix minutes et Athos aboie bizarrement, comme s’il sentait un danger. Ubu, quant à lui, se mit à se cabrer. Léo regarde le ciel qui s’assombrit devenant noir. Et d’un seul coup, la pluie se met à tomber alors qu’il faisait beau peu de temps avant. Joseph, Léo, Ubu, Salko et Athos se dirigent à l’abri de l’eucalyptus pour se protéger, car la pluie intense est à peine arrivée qu’une éclaircie puis un rayon de soleil arrivent à illuminer l’arène d’ardoise. Quand soudain, un arc-en-ciel jaillit à l’endroit même où se trouvent les rubans ; la fin de cette beauté du ciel se termine à travers la cascade mettant en lumière l’entrée de la grotte. Léo n’en croit pas ses yeux et se pince pour réaliser ce qui se passe : instant surréaliste. L’endroit est baigné de magie. Joseph, lui, redécouvre ce qu’il avait vécu cinq ans auparavant, mais avec encore plus d’intensité. – C’est magnifique comme lieu, vous avez vu l’entrée de la grotte vient d’apparaître ! – Oui il y a cinq ans elle n’était pas apparue, c’est bizarre.

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