Les recettes de tante Dédé by Bibliocratie

Les recettes de Tante Dédé Ou 69 problèmes relationnels résolus par différents supplices originaux

Virginie Vanos

Les recettes de tante Dédé Ou 69 problèmes relationnels résolus par différents supplices originaux

En mémoire de Dédé T., la vraie...

Introduction

Il y a des jours comme ça, où tout semble aller de travers, où l’on se sent atrocement malchanceux et écrasé par une horde d’ennemis, réels ou imaginaires, des jours où la Bonne Fortune s’obstine à rester du côté des Salauds et où l’injustice s’acharne atrocement sur des innocents comme vous et moi. C’est justement aux Innocents que s’adresse cet ouvrage. En évoquant avec le plus de recul possible certaines situations abominables ou personnes démoniaques qui ont eu le pouvoir de saborder le bonheur d’un jour, d’un an ou de toute une vie, l’Innocent tente d’exorciser ses vieux démons. Et en faisant le récit loufoque et saugrenu de tortures complètement irréalisables, plus bêtes que méchantes, plus dingues que cruelles, on rit de ses propres mésaventures… Ce qui ne fait de mal à personne et ce qui peut être bigrement salvateur !

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Entre l’aveugle soumission et la rage idiote et aveuglante, j’ai choisi une troisième voie : celle du sarcasme et de l’ironie. C’est con comme chou, mais qu’est-ce que ça fait du bien ! Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est fortuite et n’est que pure coïncidence…

L’ex envahissante

Pourquoi elle ? Votre tendre chéri a connu dans sa prime jeunesse une expérience conjugale des plus cauchemardesques qui s’est (heureusement pour lui) soldée par un divorce. Mais son ex ne lâche pas le morceau pour autant : n’ayant pu aller jusqu’au bout de son travail de destruction sur la personne de votre bien-aimé, elle tente de vous nuire à tous les deux par personne interposée, voire par elle-même si elle est de cette race assez courante d’ex qui est devenue complètement hystérique sitôt la rupture consommée. Entre diverses horribles rumeurs qu’elle fait circuler sur votre compte (« Il paraît que Pierre a été initié à la coke par sa nouvelle compagne »), des attaques plus ou moins pernicieuses (par exemple, vous dénoncer aux impôts pour cette malheureuse facture de 165 euros que vous avez quelque peu oublié de déclarer) et l’envoi de lettres de menaces à trois quarts anonymes

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(vous avez le pif pour reconnaître son style de missive de bique enragée), vous tentez de rester zen malgré tout. Mais le fameux jour où elle va, sur le ton de la vieille copine qui ne vous veut que du bien, raconter au mari qu’elle regrette de vous avoir cédé qu’elle vous a vu en train d’« embrasser affectueusement un très jeune garçon » (en fait, votre filleul de 5 ans !), votre sang ne fait qu’un tour et vous passez à l’action de défense sans plus attendre.

Les raisons secrètes de votre passage à l’acte Un zeste de rancune et de jalousie agrémenté d’un brin de parano… De plus, vous détestez l’idée qu’elle soit la première, ce qui vous donne, dans vos moments de mauvaise foi, l’ignoble sentiment que vous avez récolté ses restes… Degré de nocivité du sujet Peut s’avérer mortel pour votre couple. Comment procéder ? Faites-lui, en signe d’estime et d’attention, des petits cadeaux et multipliez les marques d’affection à son égard : faites-lui livrer 200 canaris chanteurs à 4 heures du matin, offrez-lui un cheval de trait (intéressant surtout si elle vit dans un deux-pièces) ou

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un CD que vous aurez conçu, enregistré et réalisé vous-même (plage 1 : 12 minutes de cris inhumains, plage 2 : 18 minutes de marteau piqueur, plage 3 : 14 minutes de cris de volaille qu’on égorge, etc.). Entre autres cadeaux possibles, il y aussi 150 chouxfleurs (achetés 8 semaines après le début du processus de pourrissement), le légendaire parfum « Marée montante », un billet d’avion aller simple pour la bande de Gaza, des tickets de réduction sur l’achat de cocaïne valable chez tous les dealers agréés (n’oubliez pas de prévenir la brigade des stupéfiants auparavant.) Bref, vous n’avez que l’embarras du choix pour lui prouver ce que vous pensez d’elle. Degré de soulagement dû à l’application de la torture Immensément souverain…

L a mère hystéro-frappadingue

Pourquoi elle ? Bien qu’italienne, elle vous a donné un nom à consonance germanique (Greta, Hilda, Elma, Olga), car c’est bien plus facile à beugler qu’un doux Marie-Hélène. Ne supportant plus le moindre bruit de votre part depuis que vous êtes sevrée, elle fait pourtant à elle seule plus de vacarme qu’un tonneau de singes. Quand elle ne piaille pas ; elle geint, quand elle ne hurle pas, elle glapit. Ses nombreux séjours en institution psychiatrique sont autant de vacances pour vous, mais le pire vous semble toujours rester à venir, telle une épée de Damoclès planant constamment sur votre tête. Le glaive s’abat sur vous quand dans une crise d’hystérie encore plus réussie qu’à l’accoutumée, elle se brise le poignet (3 mois de plâtre et rééducation à vos frais) en frappant sur votre fils de 8 ans. Elle vous a peut-être donné la vie, mais elle vous

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a légué par la nature de sa seule existence un fardeau des plus pesants qu’il puisse exister. N’en pouvant plus supporter davantage, la mort dans l’âme, vous décidez de sévir. Les raisons secrètes de votre passage à l’acte L’envie qu’on vous foute la paix, et qu’on vous laisse vivre tranquille !

Degré de nocivité du sujet C’est hélas votre mère, celle à qui vous devez la vie, qui vous fait tout ce mal, alors fatalement, le poids qu’elle vous fait porter est digne de vos pires cauchemars… Comment procéder ? Chantez-lui à tue-tête le même refrain des heures durant, de préférence quelque chose de bien répétitif et bien énervant comme « La Danse des Canards », « Darladida Dada » ou encore « La Salsa du Démon », en vous gardant bien d’entamer les couplets (beaucoup trop diversifiés par rapport aux possibilités d’agacement que vous offrent les refrains des chansons susnommées), ni de prononcer aucune autre parole, ni chantée, ni parlée. Si elle change de pièce, de maison, de quartier ou de pays, suiv-

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ez-la, toujours en fredonnant avec la même ardeur. Avec un peu de chance, au bout de quelques jours de persévérance, elle est bonne pour la maison de repos jusqu’à la fin de ses jours et vous en serez définitivement débarrassée. Conseil : prenez-en aussi, du repos, après l’opération « Chantons pour la paix dans les foyers »… Degré de soulagement dû à l’application de la torture Vu que son état mental ne changera jamais, même après vos sévices et que vous n’aurez jamais de Maman digne de ce nom, douce et réconfortante, le bien-être ressenti après la punition est aussi restreint qu’éphémère.

Le producteur margoulin

Pourquoi lui ? Jeune comédienne quasi débutante, il vous a offert le premier rôle dans son dernier court-métrage. Dès le départ (votre agent vous avait prévenue), vous avez réclamé un contrat clair et précis dont il a toujours remis la signature à « plus tard ». À la fin du tournage (un enfer de 6 jours à raison de 14 heures effectives de boulot quotidien), il décrète que ce n’est avantageux pour personne que vous soyez déclarée et vous demande votre numéro de compte pour procéder au payement. Le jour où vous recevez le virement, vous tombez de haut : 70 euros et le droit de la boucler. Et comme vous n’avez pas les moyens de régler les honoraires d’un avocat qui saurait vous défendre ni la force d’entamer une procédure longue et pénible, vous n’avez plus qu’à oublier l’affaire, faute d’autre recours. Mais le jour où il vous fait des avances de

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façon ostentatoire, se comportant comme un grand suzerain désirant faire valoir son droit de cuissage sur la pauvre oie qu’il a déjà bien plumée, votre colère et l’atroce sentiment d’injustice que vous aviez éprouvés au moment des faits se réveillent violemment… Les raisons secrètes de votre passage à l’acte Radine comme vous êtes, toucher à votre pognon, c’est toucher à votre vie… Vous n’aimez pas non plus qu’il se vautre dans un luxe immérité auquel vous avez en partie contribué en vous pompant les deniers qui étaient votre dû. Degré de nocivité du sujet Si vous êtes à la fois près de vos sous et assoiffée de justice dans cet univers si dur qu’est le milieu de l’audiovisuel, la peine qu’il vous cause de par ses agissements frauduleux vous semble infinie… Comment procéder ? Commencez par lui tondre entièrement la tête, puis habillez-le d’une étroite robe de bure telle qu’en portaient certains moines en des temps révolus. Ensuite, traînez-le, pieds et poings liés, sur la place Saint-Pierre à Rome où vous aurez au préalable réuni

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plusieurs milliers de fidèles. Sommez-le alors de s’agenouiller en position du martyr face à la foule et, sous l’œil attentif et vigilant de Sa Sainteté le Pape, de confesser toutes les arnaques dont il s’est rendu coupable depuis le jour où il a pillé le tronc de l’église où il était enfant de chœur, discours que vous l’obligerez à prononcer tout en se flagellant le corps de ronces et d’orties. Qu’il finisse son mea culpa par une demande publique de Pardon… Le tout éminemment filmé et diffusé en Mondovision. Degré de soulagement dû à l’application de la torture Ça vous fait un bien fou, au-delà des mots ! De plus, vous avez la sensation d’être tellement plus noble de cœur que lui que vous y gagnez à coup sûr votre place parmi les Bienheureux au Paradis !

L a vieille bigote

Pourquoi elle ? C’est le type de mémé insupportable qui est tous les jours à genoux sur son prie-Dieu, mais qui est d’une méchanceté verbale sans bornes, qui se signe en disant « Merci mon Dieu de m’avoir accordé la Foi » tout en traitant de macaque l’ouvrier africain qui fait des travaux de rénovation chez elle pour pas un clou, qui récite le Notre Père avant chaque repas, mais qui refuse de donner la moindre piécette au SDF qui lui tend la main. Vous l’ignorez superbement, ses remarques intolérantes n’ont aucune prise sur vous, mais un jour, elle apprend par une indiscrétion qu’à l’âge de 17 ans, vous avez avorté de l’enfant que vous avez hélas conçu lors de votre première nuit d’amour (« Ciel ! Ma petite-fille est une criminelle ! Et en plus, elle a fait la chose hors mariage ! ») Et en développe une telle haine à l’égard de votre personne qu’elle