Les Fleurs du temps

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Robert Bruguière

Les F leurs du temps





Les Fleurs du temps



Robert Bruguière

Les Fleurs du temps



À Lisa, Estelle, Clémence, Emma et Théo, mes petits-enfants chéris qui êtes mes graines d’avenir, je dédie, dans ma forme préférée ces quelques instants de ma vie. Partageons-les : ils sont à nous.



Mes remerciements vont à : Émile Koller Sylvain Damour Joëlle Damour et à Lisa et Thibaud



Que ces poèmes Qu’au temps je sème Naissent en fleurs Dans tous les cœurs Et vous apportent En quelque sorte Paix et douceur



Fleurs du temps

Qui suis-je ?

Au front du temps qui m’entraîne toujours J’ai essayé de graver quelques lettres Pensant laisser un témoin de mes jours, Un peu de moi avant de disparaître. La vanité de cette humble espérance Point ne m’échappe et je sais que l’oubli Maître absolu avec l’indifférence Efface tout ce qui est fait, qui est dit. Je veux pourtant laisser mon témoignage À ceux que j’aime et qui m’aiment en retour Afin qu’ils puissent à travers ce message Mieux me connaître et saisir mon parcours. Nous donnons tous de nous-mêmes une image Faite de nous mais d’autre chose aussi Que je ne veux plus porter à mon âge Et qui sont le dernier de mes soucis. Donc, l’âme à nue, à vous, je me présente. Lisez en moi ce que je suis encor

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Que chaque ligne et chaque mot vous chantent Mon long poème aux couleurs sang et or. Écoutez donc ce que j›ai pu écrire Au fil des jours, des mois et des saisons Écoutez donc ce que j’ai voulu dire Avec mon cœur et parfois ma raison. Alors, au fil de tant de confidences Vous entendrez chanter vos propres vies Car ce chemin qui vient de l’enfance Ouvre les cœurs, les rapproche et les lie.

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Fleurs du temps

Méditerranéen

Mon parrain est le Nil, ma marraine est Athènes. Je suis un fils béni de cette mer ancienne Qui berce nos rivages et qui unit nos cœurs. Le Romain est mon frère et Marseille est ma sœur. Méditerranéen, je porte dans mes veines, Ce sang chargé d’embruns, de soleil et de sel, Qui irrigue mon cœur d’un flux universel. L’ail et le romarin parfument mon haleine. Bercé par mon accent, amoureux des collines, Ce décor apaisant est ma terre divine Qui a vu naître Puget et Cézanne et Mistral, Muse des créateurs et source d’idéal. Oui, je suis de ce lieu, je suis de cet espace Où rien ne naît, ne vit, ne meurt ni ne s’efface Sans que soleil et mer ne soient présents toujours : Je suis de ce pays qui est plus beau que l’amour. Minuscule héritier de ce terroir d’histoire Où mes sens aiguisés ont voulu tout goûter,

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J’ai vécu le bonheur et, sans crier victoire, J’ai reçu, du Trésor, quelques miettes de gloire Dues à mon sang latin qui n’a jamais douté.

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LA NATURE



Fleurs du temps

Crépuscule marin

Cassis. C’est en janvier. L’après-midi s’achève. Le soleil qui éblouit avant de se coucher Donne un relief aigu aux mâts et aux rochers. L’air, qui est pur comme l’eau qui caresse la grève, À cette intensité des choses qui sont brèves Et que l’on garder et qui vont nous lâcher. Cassis. Tes barques blanches arrimées à ton quai, Abandonnées au vent qui les frôle et les pousse, Mettent mon être en joie et me font l’âme douce. O spectacle charmant qui chaque fois renaît, Je ne louerai jamais assez tes chers bienfaits Que rien ne peut ternir et qui nous éclaboussent. Cassis au crépuscule, apaisantes lumières Tout devient différent dans le charme du soir. Le décor qui s’estompe en touches singulières Éteint tout ce qui existe autour du grand miroir, Pour chanter, une fois encor, son au revoir Où la lune improbable et les étoiles altières Ornent ostensiblement la voûte du Grand Noir.

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Comme je suis en phases avec ce petit port ! À mon âge où l’on sent qu’on s’éloigne des choses, Ce décor caressé d’une lumière rose Plonge en harmonie mon cœur avec mon corps Où l’espace et le temps se mêlent et se confondent Dans un silence flou qui glisse sur les ondes Et qui m’emporte, ému, vers l’éternel Accord.

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Fleurs du temps

Volutes vives

Sur un ciel de couchant aux traînées mauves et roses Un vol de sansonnets, avec grâce, dispose Sa mouvance légère ondulante et unie, Qui glisse et virevolte en volutes infinies, Qui montent et puis qui plongent et reviennent soudain Pour planer à nouveau sur le ciel incertain. O multiple unité ! O spectacle magique ! Ballet harmonieux, phénomène mystique Qui arrive avec la nuit et qui éblouit le cœur, Je te reçois toujours comme un signe d’ailleurs Qui vient nous rappeler que notre esprit fragile Ne perçoit, de la vie, que ce qui est sur son île Mais que, bien au-delà de l’espace et du temps, Il y a des raisons qui existent pourtant Et dont notre pensée ne peut saisir le sens. O ces vols d’étourneaux dans le couchant serein Qui éclaboussent nos yeux en posant leur énigme Et qui n’auront jamais le moindre paradigme Comme vous m’êtes chers ! Et comme je vous crains !

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