Survivre à la transparence

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Nathalie Decoo

Survivre à la transparence

L’anorexie de part et d’autre du miroir





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Nathalie Decoo

Survivre à la transparence Retour sur vingt ans de combat contre l’anorexie et la dépression



Préface

L’anorexie est une affection potentiellement délétère et de longue durée. La guérison physiologique précède nécessairement la guérison psychologique. Cela ne signifie pas que la vie ne puisse se construire avec la maladie. L’auteure témoigne de la capacité à être l’acteur d’une pièce dont le scénario s’écrit jour après jour et de la capacité à s’approprier la construction d’une identité à la fois banale et singulière. Ce recueil est remarquable car il rend compte à la fois de la douleur liée à l’anorexie mentale et de la capacité de ne pas se laisser dominer par elle. Avec sincérité et retenue, il nous rend attentifs à la violence de faits et puis progressivement à la violence de la maladie tant pour la narratrice que pour ses proches. Chaque personne ayant été confrontée à l’anorexie mentale pourra s’y reconnaître, identifier des similitudes et des différences. Le texte est écrit pour y trouver quelques clés vers la voie de la guérison. Chaque narrateur possède sa vérité. Si certaines phrases ont cristallisé les peurs et les angoisses, d’autres ont conduit vers une plus grande liberté. Le récit éclaire sur le processus de la guérison par la construction d’une vie acceptée et la découverte de moment simples et radieux.

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Des moments-clés qui arrivent sans qu’ils soient prévus ou organisés. De petits paragraphes décrivent les prises de conscience, les changements de point de vue, l’exécution de nouveaux comportements parfois de façon inattendue, qui en retour enclenchent un processus de découvertes d’alternatives aux situations douloureuses. Des stratégies pour faire face à la voix de l’anorexie, aux situations destructrices ou tout simplement insatisfaisantes. Dans l’anorexie mentale, le besoin de sécurité est immense. La sécurité physique d’abord et puis la sécurité relationnelle afin de lutter contre la rigidité, le doute, le souci du détail, la recherche de la perfection, la méfiance et le manque de temps pour s’occuper de soi et de ses proches. Ce livre apportera un éclairage sur l’apprentissage des petits bonheurs bienfaisants et de nouvelles certitudes plus positives. Il faut être prêt à saisir les opportunités. Celles-ci sont incertaines. Les rencontres, les liens sont plus qu’un soutien ils participent à l’identité de la personne. Dr Yves Simon Directeur du Programme anorexie/boulimie


Introduction

Ce n’est pas moi qui le dis mais : « Je sens que je vais devoir embarquer ici de nombreux proches, vivants ou morts (j’ai déjà commencé). Ces gens aimés n’ont pas demandé à se retrouver dans ce livre comme dans une rafle. Je suppose que toute vie a autant de version que de narrateurs : chacun possède sa vérité : précisons d’emblée que ce récit n’exposera que la mienne. » 1 Dans ce même livre, Begbeider raconte ne pas se souvenir de son enfance. Il y a des plages dans le temps dont je ne me souviens pas non plus et il dit cette phrase qui me reflète : « On peut oublier son passé, cela ne signifie pas que l’on va s’en remettre. » 2 Les blancs de mon vécu ne signifient pas que j’ai tout oublié. Pour certains, il me reste des sons, des odeurs, des sensations. Dans tous les cas, ils ont fait partie de ce grand vide qui m’a menée au bord du précipice, dans les affres de la maladie et dans une terrible dépression chronique.

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Frédéric Begbeider, Un roman français, p 57, Grasset Frédéric Begbeider, Un roman français, p 108, Grasset

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Le récit qui suit est un mélange autobiographique et de réflexions tirées de ce vécu. Mes paroles ne sont en rien plus précieuses que dans d’autres témoignages. Les troubles du comportement alimentaire se déclinent sur autant de façon qu’il y a de personnes atteintes. Chacun son histoire chacun sa solution, même si heureusement, certains traits communs entre tous permettent aux professionnels de nous orienter peu à peu sur le chemin de la guérison.


Le néant

J’ouvre les yeux, personne. Je suis assise à même le sol, sur un carrelage noir et blanc glacial. Ma tête résonne d’injures, d’ordres. Mon corps est comme anesthésié, paralysé, presque nu, mes vêtements, mes chaussures sont éparpillés. J’ai peur. Je suis dans les toilettes. Celles de l’école. Il est passé 17 h. Seules quelques voix résonnent encore dans la cour de récréation. Dehors il fait très chaud, il n’y a personne dans le bâtiment. Je viens d’être agressée. Vite, se rhabiller, reprendre une allure normale. Rentrer. Se taire. Oublier. La honte, s’ils savaient. Je suis une gamine de onze ans à peine, mais déjà grande, développée et si innocente, ignorante plutôt. Je me sens coupable, j’ai fauté. Je rentre seule comme d’habitude de l’école. Mes frères sont à la maison, mes parents pas encore. Je me lave, j’épluche les légumes et les pommes de terre pour le souper, je vide le lave-vaisselle, j’oublie, je zappe. La vie continue. Il ne s’est rien passé.

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Sauf que cette vie va changer, se muer en une lente descente aux enfers. La dépression, l’anorexie, l’approche de la mort.


Enfance

Je suis une petite fille sage, modèle. Obéissante, bonne élève, affectueuse, sportive. Tout me réussit on dirait. Mes parents sont fiers lors des rares visites que nous avons ou faisons à la famille, de pouvoir parler de cette merveilleuse petite fille. Elle compense. Elle compense ses frères. J’ai des frères jumeaux, des vrais jumeaux. De ceux qu’on a bien du mal à distinguer l’un de l’autre tant ils se ressemblent et d’autant plus qu’ils sont la plupart du temps habillés pareil. Même pas deux ans nous séparent. Une petite sœur n’était pas vraiment prévue, pas si rapprochée en tout cas de cette naissance double. Mais j’ai, paraît-il, été bien accueillie, même si bien des fois j’en douterai. Depuis tout petits, mes frères sont colériques. J’entendrai souvent les mots semi-caractériels. Mes frères se tapent la tête sur le pied des tables, les murs, les fauteuils, souvent en rythme l’un avec l’autre. Petits chocs réguliers de leurs têtes qui semblent alors plus paisibles. Ils ne lisent ou n’étudient qu’accompagnés de ce mouvement répétitif, avant, arrière, avant, arrière. Ils ne se laissent pas embrasser, choyer, ils sont indépendants, comme parfois un petit couple. Ils aiment me frapper aussi, en douce. Et gare

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si j’ose me plaindre aux parents. Ils ont souvent ce petit côté inquiétant, insécurisant de défenseur de territoire. Je suis une enfant sensible, très sensible. « Mais tellement sensible qu’un seul regard, une seule parole, un seul geste ou même non-geste pouvait la blesser au plus profond d’elle. »1

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Mes parents élèvent souvent la voix. Notre éducation est très stricte. Me sentant prise en faute, tout de suite, je pleure, je me sens coupable de leur colère et je m’en veux. Ça ne leur plaît pas que je pleure. Ils ne savent que faire des sentiments et émotions, ils sont perdus. D’ailleurs, il y a des choses bien plus terribles pour lesquelles on peut vraiment pleurer, mais pas à cause de leur colère. C’est normal de se fâcher, mais parfois je ne comprends pas ce que j’ai bien pu faire si ce n’est être là au mauvais moment. Tout va bien chez nous, on est heureux et unis. En apparence. Chez nous, les apparences sont très importantes. Que pourrait-on penser de nous sinon ? Mon père est un homme très colérique, parfois violent. Il n’a aucune patience, beaucoup de principes et de règles qu’il a dû suivre et que nous suivons à notre tour. Quand il dit d’aller tout droit, c’est tout droit. Pas un pas vers la gauche, pas un pas vers la droite. Rigide. Sec. 1 Jacques Salomé, Contes à guérir, contes à grandir, p 136, Le Livre de Poche


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Il a souvent levé la main sur mes frères. Jusqu’au jour, où, ceux-ci, lèveront la main sur ma mère. Choquant, paralysant. Quand il s’agissait de moi, sa main restait en l’air, hésitante. Les larmes inondaient alors mon visage, j’étais terrifiée par ces ires. Les punitions sont sévères, trop sévères. Démesurées face aux enfants que nous étions. S’en rendait-il compte ? Très jeune, mon père a travaillé, énormément travaillé. Il a commencé par parcourir les routes pour vendre toutes sortes de produits : des chocolats et friandises de toutes sortes jusqu’aux pièces automobiles. Il partait tôt le matin, rentrait tard le soir. Nous ne le voyions pas souvent. Quand il rentrait, il valait mieux se tenir à l’écart, car il était fatigué et n’avait pas très envie de nous écouter. À la question « Ils ont été sages ? » « Ils ont bien travaillé à l’école ? » mieux valait donc que la réponse soit « oui ». Mais j’aime mon père, je l’admire, il fait tant de choses. Il est sérieux. Son patron a confiance en lui et ne l’en fait que plus travailler. Et puis, ne suis-je pas sa gentille petite fille ? Il ne joue jamais avec moi, mais il travaille. Il ne vient jamais aux réunions scolaires, ni ne vient jamais me voir à la gymnastique non plus. Pourtant, je suis très forte. Mais il est occupé. Les papas ne semblent devoir être pour lui que des êtres inépuisables à la tâche, dévoués à leur métier. La famille, c’est un plus quand on est en société. Vu par moi, il a été un

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père très absent et très dur. Ça ne pouvait que mener à une rupture à moyen ou long terme. Maman travaille aussi. Jeune fille, elle voulait devenir institutrice maternelle, mais comme elle était bonne en mathématiques, ma grand-mère a décidé qu’elle serait aide-comptable. Aurait-elle pu faire le métier qu’elle souhaitait si elle avait vraiment insisté ? J’en doute encore aujourd’hui, ma grand-mère ne propose pas, elle ordonne et on suit. C’est la mère patriarche. Ma mère nous faisait traverser le boulevard le matin tôt, puis mes frères et moi continuions seuls jusqu’à l’école car ce n’était pas très loin. Maman prenait vite son bus. On a presque toujours été les premiers à la garderie. Parfois, la porte de l’école n’était pas encore ouverte. En hiver, nous attendions dans le noir, dehors, sauf si le concierge nous avait repérés. En été, au moins, il faisait déjà clair. J’ai toujours détesté le noir. La peur du noir durera très longtemps, sans doute les prémices d’un grand sentiment d’insécurité. Quand maman rentrait le soir, elle était épuisée. Je crois que ce n’était pas facile pour elle avec trois jeunes enfants à la maison et papa qui n’était jamais là pour l’assister. Alors, je l’aidais. Je l’aidais le plus possible. Je lui racontais des choses gaies, mes belles notes, etc. Pour qu’elle sourie, pour qu’elle soit moins fatiguée, moins triste et peut-être pour qu’elle me prenne dans ses bras en m’embrassant. Mais ce n’était pas naturel pour elle


ces gestes de tendresse. Et plutôt que de mal les faire, elle ne les faisait pas. En avait-elle seulement reçu ellemême ? Il n’y a pas si longtemps, ma mère me racontait que lorsqu’elle pleurait étant petite, ma grand-mère lui disait : « garde tes larmes pour plus tard, tu en auras bien besoin ». La prédiction de ma grand-mère allait s’avérer juste, car des larmes, ma mère allait en verser beaucoup. Pas qu’elle d’ailleurs. Drôle de manière de consoler. Dans ma famille, on ne console pas. Soit on fait semblant de ne pas voir les larmes, soit on rabroue. J’adore mes parents, mais pourquoi ils sont toujours (pré)occupés ? Alors, je ris pour eux, je parle pour eux, je bouge pour eux. Notre petite enfance est rythmée ainsi. On rit peu, on parle peu, on se croise. On se tient bien, on fait plaisir. 1 2 1 « À quoi bon prononcer des mots pour ne rien dire. On peut escamoter des vies entières en ne prononçant pas les mots qu’il faut. Les mots qu’on retient sur le bout de la langue nous enferment ceux qu’on énonce clairement nous rendent libres. Et forts. Je me bats contre des fantômes qui errent dans le silence. Je veux les attraper et chaque fois ils se dérobent et resserrent l’entrave à mes pieds ». Catherine Pancol, Muchachas, p. 393 Albin Michel 2 « Essayer de parler dans la famille revenait à ce que l’on peut ressentir dans ces rêves où l’on veut absolument rattraper une personne qui marche devant nous s’en approcher très fort, puis

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Je suis une petite fille gaie. Jusqu’à ce jour. Ce jour à oublier. Ne rien dire.

soudain la voir s’éloigner de nouveau. » Patrick Poivre d’Arvor, Elle n’ était pas d’ ici, p 39, France Loisirs


L’éducation

Pour mieux me comprendre, me suivre, il faut peutêtre parler des origines de notre éducation. Mon père est né en 1947, dans l’après-guerre donc. Il a vécu apparemment avec une maman adorable et un papa tyrannique. Je n’ai jamais connu ma grand-mère, décédée à la naissance de mes frères. Par contre, mon grand-père, j’ai eu l’occasion de le rencontrer quelques fois. Je me souviens de ses cigares, de son visage rougeaud, de ses cheveux blancs tirant vers le jaune. Mais ce qui m’a le plus marqué, c’est le jour où mon père a dû recueillir sa femme chez nous parce qu’il l’avait battue. Elle n’a passé qu’une nuit à la maison, mais je me souviens des marques sur son visage, sur ses jambes et son chagrin. Mon grand-père était peintre et alcoolique notoire. En fait, ce n’est pas vraiment le père de mon père, c’est son beau-père. Mon papa est le fruit d’une union adultère de sa mère et d’un médecin paraît-il. Son beau-père a donc accepté le fils adultère en épousant sa maman. Papa n’a

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donc pas deux frères et une sœur, mais deux demi-frères et une demi-sœur. Son éducation était très stricte. Je n’ose imaginer ce que ce beau-père alcoolique devait faire vivre à sa famille. Mon père sera le dernier des enfants (ou beaux-enfants) à continuer à rester en contact avec lui. C’est-àdire, aller le récupérer en pleine nuit à la sortie d’un café, complètement saoul. Se faire insulter, frapper. J’ai appris que cette situation avait eu lieu à de nombreuses reprises. 22

Mon grand-père mourra comme il a vécu, dans l’alcool et la drogue. Je sais que mon père a beaucoup souffert. Il s’est sûrement forgé une sacrée carapace pour être avec nous cet homme froid, rigide et absent. L’éducation qu’il a reçue, il nous l’a transmise sans la remettre en question. Ma mère est née en 1949. Née d’un père volage, duquel ma grand-mère divorcera au début des années cinquante. Être une femme divorcée à cette époque-là n’était pas très bien perçu. Ma grand-mère a eu la garde de ses filles, de toute façon, le père n’en voulait pas, sauf une fois de temps en temps. Ma grand-mère qui


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était infirmière travaillait de jour comme de nuit. Ma mère s’est donc très vite retrouvée à jouer à la maman pour sa sœur cadette et à la maîtresse de maison. Elle en a assumé les mêmes tâches et aussi une très grande solitude face à cette mère absente. Ma mère s’est rapidement réfugiée dans la nourriture pour faire face, pour se rassurer. Elle n’en parle jamais, juste quelques mots glissés par-ci par-là. Ma grand-mère aura deux autres maris. Le premier, d’après ce que j’ai entendu était gentil, mais est mort très jeune d’un cancer. Le dernier est celui que j’ai connu. Je n’ai jamais pu le considérer comme mon grand-père. Il vivait avec ma grand-mère mais ne partageait pas la même chambre. Ils semblaient vivre ensemble comme deux étrangers. Elle enterrera ce mari-là aussi. Ma grand-mère était devenue une matriarche et le restera jusqu’à sa mort. Le monde doit tourner autour d’elle. À sa façon. Il faut faire ce qu’elle dit, ce qu’elle a envie, on ne remet pas ses demandes en question. Ma mère restera sous l’emprise de la sienne toute sa vie. Elle n’osera pas manifester son besoin d’indépendance. Ma mère n’a jamais reçu beaucoup d’affection. Timide, boulotte, introvertie, effacée. Mes parents, c’est l’union de deux êtres en déficit d’affection. Je ne les ai jamais vus avoir de gestes tendres l’un envers l’autre. De ce côté-là, ils étaient stériles. Ils ont toujours été perdus face aux sentiments, aux

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émotions, préférant les ignorer plutôt que d’y faire face, d’apprendre à les reconnaître, à les apprivoiser. Nous avons donc reçu une éducation stricte, pauvre en affection, et démodée. Les garçons destinés aux études et à diriger une famille, les filles destinées à être des ménagères effacées et soumises. Matériellement, nous n’avons manqué de rien, malgré toutes les difficultés financières auxquelles mes parents devaient faire face. Mais l’ambiance à la maison suait les problèmes, la colère, l’injustice. En apparence, tout allait donc bien. Ces mots ne sont que des fragments de la vie de mes parents que j’ai pu reconstituer au fil des ans, par des mots qui se sont échappés, rares, mais qui bout à bout, m’expliquent certaines choses.


L a maladie s’immisce dans notre foyer

Après l’agression à l’école, j’ai changé, radicalement changé. D’une pipelette à l’énergie débordante, je suis passée à la petite adolescente renfermée, mutique et triste. J’ai coupé mes longs cheveux très courts. On m’a souvent appelée jeune homme et quelque part, ça me rassurait. Mon corps m’encombrait, évoluait trop vite. Un jour, ma mère dira à sa sœur à propos de ma poitrine : « Si elle continue comme ça, elle aura une poitrine comme moi ». Cette phrase a eu l’effet d’une bombe1. Je voulais tout, sauf ressembler à l’apparence physique de ma mère et ma grand-mère. Elles parlaient de bonnets de soutiengorge comme on parle de fruits murs, épais, pulpeux. Imaginer cette « marchandise » m’était insupportable. Dans ma famille on mange. On mange pour combler le vide, l’absence de conversation. On évite bien des 1 « Ces phrases, aussi anodines fussent-elles, sont restées gravées dans ma mémoire. Ces phrases entendues à un moment de fragilité : l’adolescence ». L’ âme en éveil, le corps en sursis, Sabrina Palumbo, p 29, Ed. Quintescences.

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