Fabrice Monti
Le livre de ma vie
Le livre de ma vie
Fabrice Monti
Le livre de ma vie
Sommaire
Préface 11 Le début de ma vie 13 Le début de mon adolescence 21 Ma vie d’homme 51 La fin d’une histoire, le début d’une autre 57
Préface
L’importance de ce livre n’est pas d’en tirer une gloire personnelle, mais plutôt d’établir une trace de ma vie en laissant cet héritage pour mes enfants. Je dédie ce livre à la seule personne qui a su me faire renaitre avec beaucoup d’amour alors que ma vie devait s’achever le 21 novembre 2011 et je lui en serais reconnaissant toute ma vie. Je la prénommerai Peggy, elle se reconnaitra. L’amour, ce grand mot qui nous fait peur, qui nous fait mal et que l’on combat chaque jour de peur de le perdre, car notre hypocrisie nous aveugle, et par égoïsme on ne voit pas souvent les attentes de l’être aimé ; et la cassure n’est pas loin car en voulant prouver sans cesse cette ardeur, on oublie parfois le plus important : l’écoute de l’autre.
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Le début de ma vie
Le 30 août 1958 à 17h15, j’ai ouvert les yeux pour la première fois à cette vie qui allait être mienne et que j’allais endosser non sans mal. Ainsi commençait ma destinée. Je suppose que mes parents étaient fous de joie, du moins je l’espère, d’avoir un fils, vu que ma sœur était l’ainée et que nous formions une petite famille de quatre personnes. Ma mémoire me permet de pouvoir visualiser mes souvenirs depuis l’âge de trois ans. Je suis né dans le berceau du fer, en Lorraine, car Papa travaillait dans la sidérurgie et Maman dans le commerce. Mes parents sont d’origine italienne et mes grands parents sont venus d’Italie pour s’établir en France. Le plus dur est d’accepter les moments qui ont marqué notre enfance et de savoir que le cours de notre vie suit le destin de notre chemin. Petit, j’ai vécu une enfance disons difficile, suite à des problèmes de santé, étant né avec une décalcification des
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os qui a perturbé une partie de ma jeunesse. Suite à cette maladie j’étais appareillé au niveau des pieds, je portais des chaussures orthopédiques en cuir, très agréables pour l’été, j’avais les pieds qui était tournés vers l’intérieur ; donc dès que je marchais vite, obligatoirement je tombais. J’étais aussi rachitique, ce qui me valut de faire des rayons tous les soirs après l’école : pas agréable. Mes grandes vacances, je les passais dans un centre aéro-marin qui se situait à Berck plage, 6 rue Lavoisier, pour être précis. La première fois que je m’y suis rendu, c’était avec une accompagnatrice dans le train qui m’emmenait. J’étais content car je pensais que ça allait être des vacances ; j’ai vite déchanté. Je me souviens à l’arrivée, devant ce grand portail en bois d’une hauteur immense, une infirmière est venue m’accueillir, début du cauchemar. Elle me prit par la main et je fus de suite déshabillé, nu comme un ver, et commença tout le programme d’inspection. Immobile, nu et honteux d’être devant cette infirmière et ce vieux médecin qui portait des lunettes noires épaisses. Puis commença l’inspection dentaire, ensuite bleu d’éthylène dans la gorge, assez amer je l’avoue. Puis ce fut l’inspection générale et qui a duré très longtemps. Ensuite mes effets personnels furent confisqués, car dans cet établissement nous étions tous vêtus du même costume : pantalon
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marron, blouson de même couleur à grosses cotes, plus chemise écossaise en coton épais, ça devait être la mode à l’époque, je pense. Puis le début du cauchemar allait commencer. Visite des lieux et acquisition de mes appartements, si on peut dire. On m’emmena dans ma chambre : quelle surprise !! Quarante lits superposés dans un grand dortoir, quelle angoisse m’envahit à ce moment, une peur immense glaçait mon corps déjà meurtri par la maladie. On m’a installé sur le plus bas du lit qui avait quatre couches, je restai là penaud, tremblant et surtout seul avec mes pensées qui étaient dirigées vers ma famille que j’avais quittée. Puis le programme allait commencer, dont je vais vous décrire une journée normale, et que j’allais vivre pendant trente jours. Levé à six heures trente, douche communale sous l’œil des infirmières, pas d’intimité, tous ensemble ; petit déjeuner de sept heures à huit heures ; soins jusqu’à midi et je passerai sur les détails des soins ; déjeuner à midi et ce jusqu’a treize heures ; sieste jusqu’à quatorze heures trente et cours jusqu’à dix huit heures ; études jusqu’à dix neuf heures ; diner, et à vingt heures, veillée d’une demi heure et dodo. Et ce répétitif pendant un mois. On avait droit à une visite des parents un dimanche dans le mois. Parlons-en de ce dimanche : quel tristesse, quel chagrin ! Ce fameux dimanche arriva,
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tout content de pouvoir voir ma maman qui avait fait le même parcours que moi en train ; ce matin-là on nous a briffés, on devait dire que tout allait bien sous peine de représailles ; pour ne pas recevoir les parents dans le centre, on nous a emmenés sur la plage de Berck et là tout allait s’embrouiller dans ma tête ; arrivés sur la plage nous étions environ une cinquantaine, on nous a mis assis sur le sable en rond et autour de nous des employés de la cure nous ont clôturés derrière un grand grillage, nous étions là parqués comme des bêtes ; à ce moment je pensais que c’était pour ne pas nous perdre, mais non, vous allez comprendre ce que j’ai perçu par la suite. Les infirmières étaient là à nous dire : « vos parents vont pas tarder, souriez, vous allez les voir ». Quel bonheur, moi qui pensais que j’allais passer la journée avec Maman en oubliant pendant un instant cet institut. Je me rappellerais toujours ce moment que j’allais vivre, je me vois encore assis près de ce grillage avec mes petites mains qui passaient à travers, et regardant avec mes yeux d’enfant la venue au loin de Maman. Les minutes passent, une ou deux heures. Aussi là, plein de questions m’envahissent l’esprit, plusieurs parents étaient déjà là et moi j’attendais ; puis inquiet de pas voir Maman venir, je commençais à avoir peur, peur que Maman
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ne vienne pas, peur qu’elle m’ait oublié, peur de ne pas la voir ; désespéré, je ne voulais pas y croire malgré le doute qui s’installait. Puis au loin, une silhouette qui ressemblait à Maman, une lueur dans mes yeux, une espérance, c’est elle ou pas, puis s’approchant doucement cette dame au loin vêtue d’un tailleur et d’un foulard se rapprochait et en même temps devenait plus visible : oui c’était Maman ! J’ai crié le plus fort que je pouvais pour que je sois sûr qu’elle m’entende, et pendant que je criais, des larmes de joies coulaient sur ma petite ganache et Maman m’a vu et se mit à courir vers moi, je ne pouvais aller vers elle, accroché à mon grillage qui m’empêchait de la prendre dans mes bras. Se rapprochant enfin, je la voyais et de suite elle me prit ma petite main et me donna un bisou ou plusieurs, à travers ce petit losange qui dessine le grillage. Enfin, je pensais, une journée à moi avec ma maman. Elle me dit : « reste là je fais le tour je viens te chercher et on passera la journée ensemble, on ira manger au restaurant et on pourra s’amuser ». Tout content, je la suivais derrière ce grillage pour qu’enfin, elle me prenne dans ses bras. A quelques mètres de la sortie de notre enclos, une infirmière me prit le bras en me demandant où j’allais. Je lui ai répondu : « ma maman est là je vais la rejoindre ». Elle me dit : «
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