Marine Gasc
Raconte-moi l’Histoire
Raconte-moi l’Histoire
ISBN : 978-2-36673-080-7 © Marine Gasc, Raconte-moi l’Histoire, 2014.
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Raconte-moi l’Histoire
Sommaire
Frédégonde, serial killer du Moyen Âge............p.9 Brunehilde, elle épouse son neveu...................p.13 Violence et sodomie au XIXe siècle.................. p.17 Le méchant Attila avait un nain de compagnie..... ...............................................................p.21 On rigole pas chez les Romains : peine de mort et autres châtiments qui font mal..................p.25 Les règles de la bienséance sexuelle..................p.31 Urbain Grandier, curé, libertin, condamné à mort........................................................p.35 Louis XV, sa maîtresse, et son velouté de choufleur.........................................................p.39 Georgia Tann, la voleuse d’enfants.................p.43
Henri II, trop bourré au mariage de sa fille ?......... ...............................................................p.49 Elle a pécho le (cœur du) Roi : Gabrielle d’Estrées et Henri IV..............................................p.53 Début du XXe, et si on réglementait le port du corset ?...................................................... p.59 Problème érectile ? DIY – Une recette du XIXe siècle........................................................p.63 « T’aurais pu m’en parler, gros bolosse » Les presque-derniers mots d’Henri II...............p.65 Le baiser à la Capucine et autres jeux amoureux... ...............................................................p.69 Quand soudain, lui vint l’ idée de construire Versailles !.................................................p.73 Les ingénieurs du caca (ce n’est pas un article sale). ...............................................................p.77 Toulouse s’enflamme, la ville devient rose........p.83 Du vin, du cidre et d’ la bière, nom de Dieu !....... ...............................................................p.89 Petite astuce pour rester jeune au XVIIIe siècle...... ...............................................................p.95
Focus sur les putes de rue, celles qu’on voit, celles qui dérangent...........................................p.97 Malinalli Tenepal ou la revanche de la femme esclave.................................................... p.105 Louis Béchameil de Nointel, on l’aime encore !...... ............................................................. p.115 Histoire de la beauté, les blogueuses d’antan......... ............................................................. p.117 Licinius, le Gaulois pas très sympa, mais malin. Mais pas très sympa................................ p.127 Les infidélités du Roi ont-elles tué la Reine ?.......... ............................................................. p.131 Leçon d’ histoire, on ne choppe pas un Prince avec des UGG (et autres chaussures moches)..... p.137 C’est pas facile d’ être un noir, esclave et esclavagiste............................................. p.141
Frédégonde, serial killer du Moyen Âge.
Attention, présence de noms à la con et imprononçables dans ce texte. On est dans la seconde moitié du VIe siècle, royaume de Neustrie-Soissons. L’actuel nord-ouest de la France, sans la Bretagne. Frédégonde est du genre arriviste. Elle sait ce qu’elle veut la dame. Vraiment. Et ce qu’elle veut c’est être reine. Éprise du roi Chilpéric Ier – ou de sa couronne –, elle va sereinement tuer chaque personne qui lui fait obstacle. Elle va quand même pas se laisser emmerder.
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Le mariage de Chilpéric Ier : Alors que Chilpéric est au pouvoir, il épouse Audevère. Audevère est belle, Audevère est reine, mais Audevère est cocue. C’est pas tellement un problème, c’est même plutôt dans les mœurs. Mais là, elle est genre vraiment cornue. La maîtresse de son époux, qui n’est autre que Frédégonde, est enceinte. La future maman, pleine de bons sentiments, d’hormones et de projets, fait promettre au roi de l’épouser. Or, ça tarde à arriver. Elle fait la gueule et monte un plan diabolique. À la naissance de son chérubin, elle demande à Audevère d’être marraine du nouveau-né, qui accepte. Naïve. Désormais, par les lois de l’Église, la douce Reine est rapidement déconsidérée. En effet, elle doit renoncer à son époux et devient coupable d’inceste. Une marraine ne peut pas pécho le père du filleul. C’est incestueux. L’Église est tatillonne. La partie aurait dû être gagnée pour Frédégonde. Le remariage de Chilpéric Ier : Le roi décide d’épouser Galswinthe, si quelqu’un a une idée de prononciation je suis preneuse. Frédégonde, qui voit encore la couronne lui échapper, fait
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étrangler la nouvelle reine dans son sommeil en 567, quelques mois après les noces. Si le roi se devait punir la régicide, il préféra l’épouser. Frédégonde a enfin atteint son objectif. Désormais, elle veut que sa progéniture soit certaine d’accéder au trône. C’est pourquoi elle décide de faire assassiner quelques enfants de Chilpéric et Audevère. La sanglante Frédégonde n’a pas fini d’éliminer ceux qui la dérangent : En 575, elle rencontre Brunehaut, encore appelée Brunehilde (sœur de Galswinthe), aussi timbrée qu’elle. C’est encore une autre histoire à lire tout de suite.
Brunehilde,
elle épouse son neveu.
Petit contexte familial. Brunehilde est la sœur de Galswinthe, tu sais, la deuxième femme de Chilpéric Ier, celle qui a été tuée par sa troisième femme, Frédégonde. De plus, Chilpéric Ier est le demi-frère de Sigisbert Ier, époux de Brunehilde. Les doubles parentés c’est toujours un peu relou moi je m’en sors jamais du premier coup. Sigisbert Ier est roi d’Austrasie (Nord-Est) et Chilpéric Ier de Neustrie (Nord-Ouest), et entre les deux royaumes francs, c’est la guerre. Frédégonde prend la décision en 575, sereine, mature, de tuer son beau-frère Sigisbert Ier, époux de Brunehilde. Je me répète, mais c’est pour mieux les distinguer, entre leurs liens familiaux à la con, et leurs noms moyenâgeux…
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Bref, elle n’en est pas à son premier assassinat, Fred. Elle gère. Sigisbert Ier laisse le royaume à son fils Childebert II, cinq ans. Brunehilde se retrouve régente.
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Femme forte, elle veut diriger avec poigne le royaume d’Austrasie, mais ce qu’elle veut par-dessus tout, c’est l’étendre. C’est pourquoi, sereine, mature, elle se met en tête d’épouser Mérovée, fils de Chilpéric Ier et d’Audevère pour obtenir le royaume de Neustrie. Mais il est pas con Chilpéric, enfin… il a laissé sa première femme être écartée du pouvoir et a épousé celle qui a tué sa seconde femme… Mais, là, cette fois, il a compris qu’il se passe un truc. C’est pourquoi il fait arrêter son fils Mérovée, le séquestre à Tours et, pire que pire, lui fait subir la tonsure (les cheveux longs étant chez les Mérovingiens un symbole de puissance). Brunehilde parvient à imposer son autorité et dirige le royaume d’Austrasie jusqu’à bien après la majorité de son fils. Les conflits entre royaumes perdurent, et c’est âgée de 70 ans qu’elle est arrêtée par le roi
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de Neustrie, Clotaire II, fils de Chilpéric Ier et Frédégonde. Elle est alors exposée nue à dos de chameau (c’est une idée comme une autre d’humiliation) et la suite est un peu moins drôle puisqu’elle est attachée à la queue d’un cheval sauvage jusqu’à sa mort. Si la vie de Brunehilde est quand même un peu pourrie, il est important de retenir d’elle qu’elle fut la première des reines à vouloir unifier les royaumes francs, qu’elle était très cultivée et avait des positions religieuses œcuméniques, laïques et modernes.
Violence et sodomie au XIXe siècle.
Cass.Crim. 21 novembre 1839 Lorsqu’on traduit le jargon juridique, cela signifie que ces lignes vont causer d’un arrêt de la Cour de cassation, plus précisément d’une décision de la Chambre criminelle du 21 novembre 1839. Les faits : Monsieur J et Madame J sont mariés, ils filent le parfait amour. Un beau soir d’été de juillet 1839, Monsieur est chaud comme la braise. Mais bon, c’est relou, il ne veut pas d’enfant de Madame et a bien envie de tester de nouvelles choses. Par contre, Madame est moins d’humeur coquine et puis elle n’a pas franchement envie qu’on touche à son arrière-
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train. Monsieur compte bien parvenir à ses fins et cogne sa femme pour la contraindre à des actes contre nature. Madame J va faire appel à la justice pour faire valoir ses droits.
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La procédure : Le 27 septembre 1839, la Cour royale de Paris donne bon droit à Madame J. En effet, en vertu de l’article 332 du Code Pénal, Monsieur est coupable de violence et d’attentats à la pudeur sur Madame. Monsieur, insatisfait forme un pourvoi en cassation, c’est-à-dire qu’il va amener l’affaire devant la plus haute cour de justice de France, la Cour de Cassation. La décision est rendue le 21 novembre 1839. Monsieur J est débouté (les juges de la Cour de cassation rejettent la demande de Monsieur) et l’arrêt rendu le 27 septembre 1839 par la Cour royale de Paris est appliqué. Monsieur est donc jugé coupable de violence sur sa femme pour des actes contraires à la fin légitime du mariage.
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Explications : Au XIXe siècle, l’époux ne peut pas violenter sa femme pour la contraindre à la sodomie, c’est considéré comme une atteinte à la pudeur, car la pratique est « contraire à la fin légitime du mariage ». Ça veut dire à l’encontre de la procréation. Donc, le mari qui recourt à la violence pour un missionnaire vaginal – on ne peut plus classique – n’est coupable ni de violence ni d’attentat à la pudeur. C’est juste un mec qui fait ce qu’il veut de sa meuf. Les liens sacrés du mariage… Ce qu’il faut retenir : Si tu veux joyeusement abuser de ton insoumise femme sans qu’elle puisse t’envoyer devant les juges, contente-toi de son doux vagin. Eh oui messieurs-dames, la fellation est également une pratique contre nature.
Le méchant Attila
avait un nain de compagnie.
Attila, on le connaît tous, mais pas trop en fait. Attila, ou « Petit Père » en langue goth, mais on est pas trop trop sûrs de ça, est né quelques années avant le Ve siècle. Son père est Roi des Huns, puis il meurt. Alors son frère Rouga prend le pouvoir, puis il meurt. Alors son autre frère Bléda prend le pouvoir et il décide de corégner. Mais Attila il trouve ça un peu trop relou de partager. Alors il tue son frère genre en 445. Entre temps, Bléda et Attila se sont battus ensemble contre les peuples germaniques, en Gaule, dans les Balkans. En fait, les Romains utilisent les Huns pour lutter contre les invasions barbares dans l’Empire.
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