marie chapelet
mes prises de bastille 1
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marie chapelet ÂŤ mes prises de bastille Âť photographies
2005-2008
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L’exploration d’un lieu de travail en activité. La trace de l’homme/ouvrier perceptible au hasard de ses ateliers, ses outils... Telle est ma pratique depuis plusieurs années. Il s’agit cette fois d’un lieu dont je pourrais dire qu’il m’est familier... En tous cas, plus familier que le monde industriel, plus que les usines. Le théâtre, les coulisses de spectacle font partie de mon «éducation», de ma formation scolaire même. La scénographie dans son ensemble m’a toujours attirée. Décors, costumes, lumières... une petite architecture en somme. J’ai pu, sur cette série, concilier plusieurs de mes intérêts personnels ou artistiques : le monde du travail, l’architecture et les décors de spectacle à travers les ateliers, et la musique, omniprésente en ces lieux. Je remercie toutes les personnes qui, à l’Opéra Bastille, m’ont permis cette incursion dans leur univers. MC
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Ceux qui pensaient voir, de l’opéra, tous les clichés traditionnels, habituels, seront déçus. Rien d’étonnant, la signature de Marie Chapelet est bien là. Son lyrisme à elle, sa musique sont dans les machineries, les jeux de lumière. Les envolées magistrales des Walkyries circulent dans les escaliers, se heurtent aux vitres géantes, passent par les sous-sols... des costumes. Les décors ne sont que cartons-pâte, ou mannequins désincarnés. Le seul chausson, si danse il y a, est une charentaise abandonnée. Et qu’on ne s’y trompe pas, pour faire de la magie il faut des tuyaux, des câbles, de l’électricité, des outils et surtout de la sueur. Et c’est là que réside la beauté, bien avant le spectacle ! Voilà, il faut savoir que le Roméo de Marie Chapelet est sûrement charpentier, ébéniste, plombier, maçon. Sa Juliette sait coudre et manie bien le balai. Tristan est régisseur. Et Iseult décoratrice. Même la Reine de la Nuit prépare les thermos de café. Mozart lui-même orchestre tous ces corps de métier. Car si vous ne le savez pas, les places sont chères à l’Opéra, très «chairs»; il s’en consomme beaucoup de la chair. C’est ce que ce rapportage nous montre, c’est toujours ce que montre Marie Chapelet. Au centre de sa démarche poétique est l’humain. Le vivant est toujours au premier plan dans ce qu’il laisse de traces, d’empreintes. Elle le traque. Dans sa démarche poétique, Marie le veut aux couleurs saturées, comme elle le voit elle, vibrant, authentique. Ces clichés doivent chanter ensemble, se parler, se répondre, elle les C’est sa façon à elle de faire ici un opéra. Aleyne Garcia de Herreos - galeriste
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bobine en bleu
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Passé sous silence, Un lieu de spectacle sans expression, Dans les dessous, Sans dessus, De l’opéra. Toutes en absences et en détails, Les images de Marie Chapelet résonnent dans l’écho d’un vide pesant et rapporté. Au cœur des entrailles, au plus près des éléments. Un halo de lumière. La pliure d’un tissu grossièrement rabattu. La courbure d’une gaine, plongeante, retournée, dupliquée. Des pièces métalliques, rangées, rouillées, poinçonnées. Un sous-sol inusité. Le froissement de quelques jupons alignés. Quelques marches, quelques courbes. Des images empreintes de solitude, Dans lesquelles le regard recherche et retrouve une présence sous-jacente, évidente. Là, Juste après, Au-delà des assemblages, Au dessus de la dernière marche, celle qui donne vers la lumière un peu trop éclatante, Entre les étoffes, Les images prennent corps, reprennent vie, Et racontent ceux qu’on entend s’affairer, Précisent leurs gestes, Esquissent leur savoir-faire. Ceux que, dans une obscurité trop certaine, on ne peut tenter d’apercevoir.
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Tout en indiscrétion, Ces détails de nuances et de formes qu’on ne saurait suspecter. Des tonalités qui nous transportent dans un univers quasi irréel, Immaculé, Saturé, Etiré,
Une douce poésie sur l’envers, A l’encontre, Au plus près des textures, Des brillances, Des froissements. Une mélodie Un hymne aux petites mains Dans un désert d’humanité. Un ballet, Dans lequel Chuchotements, cliquetis, Ondulations et tracés rectilignes S’associent, se mélangent et se répondent Jusqu’à nous plonger Dans les méandres combles et bruyants de l’opéra…
Céline Letournel – auteure
pontage
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degrĂŠs , d esquive
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La fotografía de Marie Chapelet se concentra en fragmentos de la obra arquitectónica, haciendonos descubrir un nuevo punto de vista, no imaginado por el diseñador. Le Corbusier decía que el arquitecto enmarca el paisaje, Marie Chapelet
Carlos Ott - architecte de l’opéra Bastille
La photographie de Marie Chapelet se concentre sur les fragments de l’œuvre architecturale, nous faisant découvrir un nouveau point de vue, pas même imaginé par le designer. Le Corbusier disait que l’architecture impose un cadrage du paysage, Marie Chapelet
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coudĂŠes
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courbe extĂŠrieur verte
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courbe intĂŠrieure bleue
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dessous
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habillage
indiffĂŠrence
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entrailles
filin
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hallebardiers
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ĂŠventail au sabot
entonnoirs & fils
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