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à 11 WTF : écrivains sur scène, fake news, Suisses, radios bretonnantes
WTF
BIEN NÉ 15
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Le point commun entre J.C. Satàn, Frustration, Cheveu et Le Villejuif Underground ? Tous ces projets musicaux sont réunis au sein du même label : Born Bad Records. Une écurie francilienne qui fête ses 15 ans lors d’une soirée où se produiront trois autres de leurs poulains : Bryan’s Magic Tears, Usé et Dame Area. Le 10 février à Hydrophone à Lorient.
« HÉÉÉÉÉ HOOOOO »
DR
Des années après avoir été réveillée par le prince, Blanche Neige s’ennuie sévère. Son couple bat de l’aile et la princesse rêve de refaire sa vie. Seuls les septs nains ont pullulé. Dans la pièce Blanche Neige, histoire d’un prince, l’autrice bretonne Marie Dilasser dynamite le conte des frères Grimm. Le 28 janvier à La Passerelle à St-Brieuc.
AD LIB culte
Rare dans nos contrées, Godspeed You! Black Emperor est la quintessence du post-rock, avec ses morceaux-fleuves qui finissent en explosion sonore à s’en rendre zinzin. Les Montréalais se produisent au MeM à Rennes le 24 janvier.
QUEL ÉCRIVAIN VOIR SUR SCÈNE?
DES AUTRICES ET DES ROMANCIERS QUI TROQUENT LEUR PLUME POUR UN MICRO. UNE CHOUETTE IDÉE QUI PERMET DE REDÉCOUVRIR DES ŒUVRES LITTÉRAIRES SUR DE NOUVEAUX TERRAINS ARTISTIQUES.
VIRGINIE DESPENTES
Attention, casting royal. Mis en scène par David Bobbée, le spectacle Viril réunit la comédienne Béatrice Dalle, la rappeuse Casey et la romancière Virginie Despentes (photo). Pour un répertoire qui colle à l’autrice de King Kong Théorie : des textes féministes et antiracistes portés par le post-rock du groupe Zëro. Quand ? Les 8 et 9 mars à La Carène à Brest
JOSEPH PONTUS
Disparu l’an dernier à l’âge de 42 ans, le Lorientais Joseph Pontus est l’auteur d’À la ligne, un récit sans fard sur l’industrie agroalimentaire. Un texte fort qui trouve deux jolies déclinaisons : un concert littéraire imaginé par Michel Cloup et une pièce mise en scène par Katja Hunsinger. Quand ? Le 4 mars à Hydrophone à Lorient (concert) et les 29 et 30 mars au Théâtre de Lorient (pièce)
ALAIN DAMASIO
Auteur culte de SF française (on vous conseille fortement Les Furtifs, un bijou), Alain Damasio a eu la bonne idée de s’associer à Yan Péchin, l’un des partenaires fidèles de Bashung, pour monter Entrer dans la couleur. Un concert littéraire où la plume engagée et habitée de l’écrivain se confronte à la guitare électrique et acoustique du musicien. Quand ? Les 1er et 2 avril à l’Aire Libre à Saint-Jacques-de-la-Lande
JARDINS D’HIVER
Parmi les invités du festival littéraire Jardins d’Hiver, plusieurs ont la bonne idée de proposer des performances scéniques autour de leurs œuvres. C’est le cas de Maylis de Kerangal (avec le multi-instrumentiste Cascadeur), du poète Yvon Le Men (avec l’accordéoniste Arnaud Méthivier) ou d’Éric Reinhardt (avec la productrice Maud Geffray). Quand ? Du 20 au 23 janvier aux Champs Libres à Rennes
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«UNE FABRICATION ARTISANALE DES FAKE NEWS»
DANS UN CONTEXTE D’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE, LA QUESTION DE LA DÉSINFORMATION SUR INTERNET S’AVÈRE CRUCIALE POUR LE DÉBAT PUBLIC. POUR TRAQUER LES INTOX, LE CHERCHEUR VINCENT CLAVEAU A DÉVELOPPÉ UN PROGRAMME QUI PERMET DE DÉTECTER AUTOMATIQUEMENT LES CONTENUS TRUQUÉS.
Vincent Claveau, chercheur CNRS à l’Irisa à Rennes
Avec un poids de plus en plus important des fake news, la présidentielle qui arrive peut-elle être la campagne de tous les dangers ?
Je suis un informaticien. C’est donc un problème que j’aborde sur le champ de l’informatique, et non sur le champ des usages sociaux ou politiques. Pour autant, cela me permet d’observer certaines choses. Chaque événement médiatique majeur s’accompagne de son lot de désinformation et de mésinformation. Et évidemment, avec les élections, et plus particulièrement la présidentielle, on va assister à une recrudescence de fake news car il s’agit d’un événement à fort enjeu.
Quelles sont les formes de fake news que vous observez et quelles évolutions constatez-vous ?
Il y a les textes mensongers et les images truquées. Deux formats sur lesquels le grand public sait qu’il peut y avoir tromperie. La vidéo en revanche, c’est différent. Cela a longtemps été l’alpha et l’oméga de la preuve. Avant, quand on voyait une vidéo, il n’y avait pas de doute, c’était la vérité. Aujourd’hui, il faut se dire que ce n’est plus le cas avec les deepfakes. Un procédé qui permet de construire des faux assez réalistes (on peut par exemple “coller” le visage d’une personne sur celui d’une autre pour lui faire dire ce que l’on souhaite, ndlr). Les Québécois parlent d’hypertrucage, ce qui est un terme plutôt juste.
Des logiciels capables de détecter ces images et ces vidéos truquées sont développés par des chercheurs. Comment ça marche ? C’est grâce à l’intelligence artificielle ?
C’est la machine qui va découvrir toute seule ce qui caractérise une fausse information. Pour cela, on donne à l’ordinateur deux paquets d’images : un d’images modifiées et un autre d’images non modifiées. Un logiciel d’apprentissage automatique va alors construire un programme qui sera capable de détecter les fausses images des vraies images. Comment ? Par une succession d’opérations, comme regarder un pixel et ceux autour pour voir s’il y a des traces de manipulation.
La technologie étant de plus en plus performante, n’y a-t-il pas un risque que certaines fake news soit indétectables ?
Cela pourrait être un risque, mais
French Faker quand on voit les usages en matière de désinformation, on s’aperçoit que l’utilisation de ces nouvelles techniques ne transparaît pas encore. De manière assez surprenante d’ailleurs : bien qu’on ait aujourd’hui des outils sophistiqués, à l’image du deepfake, on reste sur une fabrication assez artisanale de la fausse information. La plupart du temps c’est du photoshopage à l’ancienne. Un faux de mauvaise qualité n’empêche pas la diffusion d’une fake news. Ce n’est donc pas l’outil technologique qui pose le plus de problème, mais plutôt le fait qu’il y ait des gens qui veuillent croire quelque chose de faux. Bien que je sois informaticien, je dis que la réponse ne peut pas être juste logicielle. Il y a d’autres types de solutions pour contrer ces phénomènes : l’éducation aux médias notamment. Et cela ne concerne pas que les jeunes. La priorité c’est plutôt même les personnes âgées : des études ont montré que ce sont les plus de 60 ans qui diffusent le plus de fausses informations.
Recueilli par Julien Marchand
LES TROIS SUISSES
APRÈS NOUS AVOIR ÉLIMINÉS DU DERNIER EURO, LES HELVÈTES DÉBARQUENT DANS NOS SALLES.
Augustin Rebetez
EMILIE ZOÉ
Un nouvel album (Hello Future Me, sorti le 11 février) et une mini-tournée pour fêter ça : Emilie Zoé, folkeuse lo-fi au croisement artistique de PJ Harvey et de Cat Power, s’offre un bien joli début d’année 2022. On recommande grandement le morceau Parent’s House. Quand ? Le 8 mars à Bonjour Minuit à Saint-Brieuc
LOUIS JUCKER
Ami d’Emilie Zoé dont il partage parfois la scène et qui appartient au même super label suisse-romand (Hummus Records, label de Peter Kernel également), Louis Jucker (photo) se revendique auteur-compositeur et activiste do-it-yourself, aux chansons intimistes oscillant entre folk expérimental et rock. Helvète underground ! Quand ? Le 28 janvier au Novomax à Quimper
THOMAS WIESEL
Artiste de scène lui aussi mais dans le registre de l’humour, Thomas Wiesel s’est fait connaître en faisant partie de La Bande originale le midi sur France Inter. Son style caractérisé par l’autodérision et pas mal de militantisme pour critiquer l’actu en fait l’un des meilleurs stand-upper du moment. Quand ? Le 20 janvier au Ponant à Pacé
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ROCK IS NOT DEAD 16
Après une pause forcée en 2020, l’édition hivernale de La Route du Rock fait son retour pour une 16e édition. Et c’est une jolie cuvée qui s'annonce avec, entre autres, l’Irlandaise Sinead O’Brien, les Australiens de The Apartments ou encore les Bristish de The Lounge Society. Du 9 au 12 mars à Saint-Malo et Rennes.
DRAG-KING
DR
« Beyoncé et Johnny réunis dans un show intimiste et grandiloquent. » Le pitch de Dicklove interpelle. Un spectacle de cirque contemporain qui met en scène l’artiste Sandrine Juglair qui, au milieu de la piste, se travestit en homme pour mieux interroger la question du genre. Les 18 et 19 janvier au Théâtre de Cornouaille à Quimper.
UN SAPEUR SACHANT SAPER classe
La Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes (SAPE) est née au Congo au début du 20e siècle pour s’opposer aux colons en imitant leurs codes vestimentaires. Une contre-culture que décrypte Alima Rolland dans un spectacle qui mêle hip-hop et danses africaines. Le 10 mars au Triangle à Rennes.
LE BRETON SUR DE BONNES ONDES
UNE FORMATION SPÉCIFIQUE ET UN DÉVELOPPEMENT DU CÔTÉ DE NANTES ET RENNES : ÇA BOUGE EN CE MOMENT POUR LES RADIOS EN LANGUE BRETONNE QUI AIMERAIENT NE PAS RATER LE VIRAGE DU NUMÉRIQUE.
Ils sont six stagiaires à avoir débuté en octobre à Guingamp la toute première formation professionnalisante spécifique de radio en breton. « 841 heures de cours de langue pour apprendre le métier d’animateur, un programme à 72 000 € de budget financé par les collectivités et Pôle emploi, détaille Gaël Roblin de Ti ar Vro, à l’initiative du projet. Cette première année est expérimentale, la formation évoluera en fonction de la demande, qui existe. Pour ces premiers stagiaires, un emploi est quasi assuré au bout. » Aux quatre radios bretonnantes qui existaient jusqu’alors (Radio Kreiz Breizh, la pionnière qui émet depuis 1983 et aujourd’hui basée à Rostrenen ; Radio Bro Gwened à Pontivy ; Arvorig FM à Landerneau et Radio Kerne à Plonéis), réunies au sein du réseau “Brudañ ha Skignañ”, s’est ajoutée il y a deux ans une cinquième : Radio Naoned. « C’est une émanation de Radio Kerne qui a vu le jour à l’occasion d’un appel à fréquence lancé par le CSA à Nantes », précise son responsable Mélaine Looten, à la tête d’une équipe de cinq salariés. Cause de la dynamique actuelle : une petite révolution s’opère actuellement dans le monde de la radio, avec le passage de la bande FM vers le numérique, sous la norme DAB+ (Digital Audio Broadcasting). « L’arrivée progressive de la radio numérique terrestre en Bretagne va apporter de nouvelles opportunités, le monde des radios n’étant plus dépendant de la bande FM qui était saturée », se réjouit Gaël Roblin. Après Nantes, c’est Rennes et ses alentours qui pourraient bientôt logiquement être dotés d’une radio en langue bretonne, la HauteBretagne étant encore très peu couverte. Radio Kerne est « très intéressée », assure Mélaine Looten, « mais il va falloir attendre un prochain appel à candidature dans le secteur ». En attendant, la structure a déjà embauché une journaliste sur place pour continuer d’élargir sa zone de couverture et son audience. « Le défi n’est pas seulement d’attirer plus d’auditeurs, d’autant que les services de Médiamétrie sont trop coûteux pour qu’on fasse une enquête nous permettant d’avoir des chiffres d’écoute (pour rappel, la Bretagne compte actuellement 213 000 locuteurs brittophones, soit 5,5 % de la population régionale, ndlr). L’idée est aussi de dépoussiérer les émissions proposées en langue bretonne et de s’ouvrir à plus de contenus nouveaux comme la vidéo et le podcast. » D’où l’intérêt de mieux former les futures recrues. Régis Delanoë