Numéro 15 • Volailles
Une menace mineure ? Concentration faible en mycotoxines : l'industrie avicole peut-elle être menacée ? Dernières études en la matière Résultats et conclusions des études présentées au forum mondial sur la nutrition 2014
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Mes volailles sont malades : de quoi s‘agit-il ? Partie 3 : stéatose hépatique Fiche pratique pour le diagnostic de la mycotoxicose aviaire
Éditorial Le secteur avicole va-t-il l'emporter ? La production mondiale de protéines animales va doubler d'ici 2050 et les industries avicole et aquacole sont en passe de devenir les marchés connaissant la croissance la plus rapide. Les prévisions attribuent souvent à l'industrie avicole un futur brillant en termes de production au cours des décennies à venir, et évoquent son potentiel à devenir la principale source mondiale de protéines animales d'ici 2030. Cette évolution est dictée par l'augmentation de la population mondiale, qui devrait atteindre 9 milliards d'ici 2050, et le développement économique qui permet d'accroître les revenus des consommateurs. Grâce à ces nouvelles richesses, la demande en aliments plus diversifiés et la consommation de protéines animales devraient augmenter, notamment dans les pays en voie de développement. Ces changements ne se font cependant pas sans obstacle. L'industrie avicole va se retrouver confrontée à certains défis de taille, parmi lesquels le besoin constant d'améliorer l'efficacité du système de production, les zoonoses, la pression vis-à-vis de l'utilisation des antibiotiques, les changements climatiques, l'incidence plus élevée des mycotoxines, les contraintes environnementales, la sécurité alimentaire, les exigences sociales, la variabilité des marchés ou encore l'hétérogénéité du pouvoir d'achat du consommateur. Il sera par conséquent essentiel d'optimiser la santé et les performances des volailles. La réussite d'un élevage repose sur les mesures de biosécurité adoptées, les caractéristiques génétiques et la santé des volailles ou encore la conduite de l'élevage, mais également sur deux autres facteurs clés : l'intégrité intestinale et l'indice de consommation. Lors du forum mondial sur la nutrition récemment organisé à Munich, d'éminents chercheurs ont montré l'importance des recherches actuelles et futures menées à ce sujet. Chez Biomin, nous nous engageons à identifier et à proposer les meilleures solutions en matière de gestion des risques liés aux mycotoxines et de performances intestinales. Ce numéro de Science & Solutions offre des informations supplémentaires qui se révéleront utiles à tous les acteurs de la filière avicole. La plupart des gens aiment manger des œufs, déguster du fromage, utiliser du lait pour cuisiner ou encore savourer un délicieux morceau de viande ou de poisson. Nous ne pouvons savoir avec certitude si le secteur avicole deviendra le principal producteur de protéines animales dans les années à venir, mais nous pensons qu'il est important de collaborer avec la filière avicole afin d'atteindre une production durable au cours des prochaines décennies mais également au-delà de 2050.
Mickaël ROUAULT Directeur technique et marketing, EMEA
Science & Solutions
Sommaire
Name, title position
Concentration faible en mycotoxines : l'industrie avicole peut-elle être menacée ?
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Passage en revue des effets négatifs qu'une concentration en mycotoxines inférieure aux seuils réglementaires peut avoir et du danger potentiel que cela peut représenter pour les élevages de volailles. Gestion du Risque Mycotoxines
Résultats et conclusions des études concernant l'industrie avicole présentées au forum mondial sur la nutrition 2014
MUNICH 2014 15-18 October
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D'éminents spécialistes en aviculture ont étudié les différentes pistes possibles pour relever les défis auxquels l'industrie fait face, avant d'aborder le thème du développement durable. Par Andrew Robertson et Fernando Lima
Mes volailles sont malades : de quoi s'agit-il ?
Cut & Keep
Checklist
Partie 3 : stéatose hépatique
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Fiche pratique détachable d'aide au diagnostic : symptômes, causes et solutions.
Science & Solutions est un magazine mensuel de BIOMIN Holding GmbH, disponible gratuitement pour nos clients et partenaires. Chaque numéro de Science & Solutions comprend plusieurs rubriques relatives aux dernières nouveautés scientifiques en matière de nutrition et de santé animales, en ciblant spécifiquement une espèce (volaille, porc ou ruminant) chaque trimestre. ISSN: 2309-5954 Pour obtenir une copie numérique ou de plus amples informations, consultez le site http://magazine.biomin.net Pour une reproduction des articles ou pour vous abonner à Science & Solutions, veuillez nous contacter à l'adresse: magazine@biomin.net Rédactrice en chef : Contributeurs : Marketing : Graphistes : Recherches : Éditeur :
Daphne Tan Inês Rodrigues, Andrew Robertson et Fernando Lima Herbert Kneissl, Cristian Ilea Reinhold Gallbrunner Franz Waxenecker, Ursula Hofstetter, Mickaël Rouault BIOMIN Holding GmbH Industriestrasse 21, 3130 Herzogenburg, Austria Tel: +43 2782 8030 www.biomin.net
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Concentrations faibles en mycotoxines : l'industrie
avicole peut-elle être menacée ? Gestion du Risque Mycotoxines
L'élevage de volailles est une activité générant beaucoup de défis. En dépit de tous les efforts mis en œuvre pour le bon déroulement de chaque cycle de production, de nombreux facteurs tels que l'alimentation, l'approvisionnement en eau et la qualité de l'eau, les mesures de biosécurité appliqués au sein de l'exploitation, les bâtiments, la conduite d'élevage ou encore l'existence d'agents pathogènes, pour ne citer qu'eux, peuvent menacer la santé des volailles.
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Parmi les effets généraux des mycotoxines, citons l'altération de l'absorption des nutriments, l'immunosuppression et la diminution des performances.
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distinctes, digère et absorbe la plupart des nutriments, et mobilise 20 % des dépenses énergétiques totales de l'animal.
L
es symptômes des maladies affectant les volailles, apparaissant à la suite de diverses erreurs liées à l'alimentation ou à leur environnement, nécessitent l'intervention de vétérinaires et de nutritionnistes afin d'être pris en charge de manière adéquate. Bien souvent, les manifestations pathologiques peuvent avoir plusieurs causes et par conséquent, il peut être difficile d'identifier correctement l'origine du problème. La barrière intestinale Le tube digestif est certainement l'organe le plus fascinant du corps, notamment chez les volailles. Il peut digérer les aliments mais ne se digère pas lui-même. Il s'agit de la surface la plus exposée de l'organisme et par conséquent, de la barrière la plus importante entre l'organisme et le milieu extérieur. Organe du système immunitaire le plus important de l'organisme, le tube digestif abrite plus de 650 espèces bactériennes différentes, contient plus de 20 hormones
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Exposition du tube digestif aux mycotoxines Chaque fois que le thème des mycotoxines est abordé dans une usine de fabrication d'aliments ou un élevage, la première question concerne généralement le taux de mycotoxines susceptible de déclencher l'apparition de symptômes pathologiques. La présence de mycotoxines dans les aliments pour animaux, à une concentration inférieure aux seuils (élevés) fixés par les organismes réglementaires (Commission Européenne dans l'Union européenne et Food and Drug Administration aux États-Unis), pourrait être considérée comme bénigne et ignorée. Il est généralement admis que dans de nombreux cas, la concentration en mycotoxines est inférieure aux seuils réglementaires et par conséquent, insuffisante pour être absorbée, affecter les organes cibles et entraîner une mycotoxicose. Cette approche ne prend malheureusement pas en compte le fait que, même à une concentration subclinique, les mycotoxines ont des effets délétères sur les animaux. Il est cependant possible d'avancer l'argument selon lequel toutes les mycotoxines ne traversent pas la barrière intestinale et n'entraînent donc pas de mycotoxicose. Néanmoins, les premières cellules à être exposées aux mycotoxines, et à une concentration souvent plus élevée que les autres tissus, sont les cellules intestinales. Par conséquent, l'ensemble de l'épithélium intestinal peut être menacé par les toxines non absorbées avant même le début de l'absorption. Effets d'une exposition aux mycotoxines De nombreuses études s'intéressent aux différents degrés d'impact des mycotoxines présentes dans le tube digestif. Selon une méta-analyse publiée l'année dernière, Grenier and Applegate (2013) ont soigneusement étudié de quelle manière les mycotoxines parvenaient à moduler les fonctions intestinales. Concernant la morphologie des villosités, les résultats montrent que le fait de donner aux
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Concentrations faibles en mycotoxines : l'industrie avicole peut-elle être menacée ?
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Même à une concentration subclinique, les mycotoxines ont des effets délétères sur les animaux.
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Figure 1. Effet des mycotoxines de Fusarium sur l'épithélium intestinal.
Perméabilité intestinale
Multiplication cellulaire
sous l'effet du DON et de la FB1
sous l'effet du DON, de la T-2 et de la FB1
Production de mucus
Production d'IgA
sous l'effet du DON, de la T-2 et de la ZEN sous l'effet de la ZEN seule
sous l'effet du DON et du nivalénoll sous l'effet de la T-2
sLgA .. ..... .
IEC
Cellule caliciforme
Altération de la production de cytokines sous l'effet du DON, de la T-2, du nivalénol, de la FB1 et de la ZEN
Sécrétion d'Ig par un plasmocyte
Lamina proria Plusieurs mycotoxines de Fusarium modifient les différents mécanismes de défense intestinaux, parmi lesquels l'intégrité épithéliale, la multiplication cellulaire, la production de mucus, d'immunoglobulines (Ig) ou encore de cytokines. CIE : cellule intra-épithéliale ; FB1 : fumonisine B1 ; Ig : immunoglobuline ; sIgA : immunoglobuline A sécrétoire Source : adapté de Antonissen et al., 2014
volailles des aliments à concentration faible ou modérée en déoxynivalénol (DON), seul ou associé à d'autres fusariotoxines, entraîne une diminution de la hauteur des villosités dans le duodénum et le jéjunum. En pratique, ce phénomène provoque une réduction de la surface d'absorption des nutriments, avec un impact évident sur les performances de l'animal. Fait intéressant, il semble que les mycotoxines comme le DON et la T-2 agissent directement sur les transporteurs du glucose dans le jéjunum. Cela se solde par un effet anti-nutritionnel (baisse de l'absorption du glucose) s'accompagnant d'un risque de réabsorption limitée de l'eau, ce qui entraîne des diarrhées. Plusieurs études se sont intéressées aux effets des mycotoxines sur les défenses intestinales contre les infections parasitaires et bactériennes. Les poussins nourris avec des aliments contenant de l'ochratoxine A (OTA) présentaient des lésions et une altération de la muqueuse plus graves, ainsi qu'un nombre d'oocystes d'E. acervulina et d'E. adenoeides plus élevé que les poussins non exposés à cette mycotoxine. Les études menées sur le DON, une mycotoxine plus fréquente, ont montré que même à une concentration
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inférieure à celle considérée comme sans danger pour les volailles, cette mycotoxine modulait la réponse et la récupération intestinales après une coccidiose. Plus précisément, elle inhibe le recrutement et la stimulation des lymphocytes au niveau du site de l'infection, ce qui retarde la récupération suite à l'infection parasitaire. D'autres facteurs susceptibles d'expliquer l'apparition de foyers de coccidiose sur le terrain, malgré l'utilisation de coccidiostatiques, ont été étudiés lors d'études au cours desquelles l'efficacité du lasalocide a été réduite dans les aliments contaminés par la T-2 donnés aux poulets de chair. Les études portant sur la contamination des aliments pour volailles par l'Afla et la T-2 et sur la sensibilité accrue des animaux aux maladies n'ont pas encore permis d'établir l'existence d'une corrélation entre une colonisation par Salmonella typhimurium et la concentration en mycotoxines dans les aliments. Néanmoins, ce type de corrélation a déjà été prouvé pour d'autres mycotoxines, comme l'OTA, où une augmentation du nombre d'unités formant une colonie (CFU) présentes dans le contenu duodénal et cæcal lors de l'ingestion d'aliments contaminés par l'OTA a pu être observée.
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Tableau 1. Récapitulatif des données scientifiques relatives aux effets des mycotoxines chez les volailles. Auteur(s), année
Mycotoxine
Type d'étude
Effet chez les volailles
Awad et al., 2009; Awad et al., 2010
DON (seul ou associé à d'autres fusariotoxines)
In vivo
Diminution de la hauteur des villosités dans le duodénum et le jéjunum
Awad et al., 2005
T-2
In vitro et in vivo
Diminution de l'absorption du glucose
Koynarski et al., 2007
OTA
In vivo
Altération de la muqueuse et augmentation de l'incidence des lésions et du nombre d'oocystes après une coccidiose
Girgis et al., 2010a; Girgis et al., 2010b; Girgis et al., 2008
DON
In vivo
Réponse et guérison intestinales lentes après une coccidiose
Varga et Vanyi, 1992
T-2
In vivo
Diminution de l'effet coccidiostatique
Fukata et al., 1996
Association Afla-T-2
In vivo
Augmentation du nombre de Salmonella typhimurium (CFU) dans le contenu duodénal et cæcal
Grenier & Applegate, 2013 (review)
DON
In vitro et in vivo (plusieurs espèces)
Surexpression des cytokines pro-inflammatoires dans le tube digestif
Grenier et Applegate, 2013 (révision)
FUM
In vitro et in vivo (plusieurs espèces)
Altération de la fonction barrière de l'épithélium intestinal
Antonissen et al., 2014 (révision)
Concentration subclinique de diverses mycotoxines
In vitro et in vivo (plusieurs espèces)
Augmentation de la sensibilité aux maladies infectieuses et diminution de l'efficacité des vaccins et autres médicaments
Les études montrant que le DON, en particulier, accentue la réponse inflammatoire intestinale à S. typhimurium et augmente de manière significative l'invasion et la translocation épithéliale des salmonelles chez le porc, sont plus nombreuses. Des phénomènes semblables, de type infection intestinale de longue durée et augmentation de la colonisation intestinale, la translocation et la dissémination des bactéries dans les poumons, le foie et la rate, ont été observés lors de la présence concomitante de FUM et d'E. Coli dans l'alimentation des porcs. Au fur et à mesure des avancées dans ce domaine, il deviendra possible de traiter les effets subcliniques des mycotoxines de manière plus fiable. Gunther Antonissen, chercheur à l'Université de Gand, a présenté les conclu-
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sions de ses recherches cette année lors de la conférence européenne d'aviculture, ajoutant aux effets susmentionnés l'impact négatif d'une concentration subclinique en mycotoxines sur l'absorption et l'efficacité des vaccins et autres médicaments. Son analyse, publiée en 2014, synthétise des décennies de travaux de recherche sur les mycotoxines et leur rôle sur la sensibilité aux maladies infectieuses. Le tableau 1 présente un résumé de la littérature scientifique dont nous disposons sur les effets des mycotoxines chez les volailles. Inflammation intestinale En raison du degré d'exposition très élevé de la surface
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Concentrations faibles en mycotoxines : l'industrie avicole peut-elle être menacée ?
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Oui, même à une concentration faible, les mycotoxines peuvent représenter une menace pour l'industrie avicole. Bertrand GRENIER, chercheur spécialiste sur les mycotoxines, a rejoint Biomin Bertrand Grenier a rejoint l'équipe de chercheurs de l'équipe spécialisée en microbiologie de Biomin au Centre de Recherche de Tulln début octobre. Il a cosigné deux études publiées en 2013 sur les effets des mycotoxines. L'une des conclusions établies suggère que les données préliminaires offrent certains arguments en faveur d'une sensibilité accrue des volailles aux agents pathogènes intestinaux après l'ingestion d'aliments contenant des fumonisines. Même s'il a été rapporté que les volailles tolèrent Bertrand GRENIER PhD, Scientifique, Centre de Recherche de Biomin
mieux les fumonisines, l'interaction entre cette toxine et Eimeria, parasite responsable de la coccidiose, se solde par une augmentation de l'incidence des lésions, de l'inflammation et de l'excrétion parasitaire. Le Dr. Grenier est titulaire d'un doctorat de l'INRA
(France) sur les effets des mycotoxines sur les réponses immunitaire et intestinale chez le porc, et sur l'efficacité de FUMzyme®. En tant que chercheur post doctorat, il a étudié les effets des mycotoxines sur la santé intestinale des volailles ainsi que les effets de FUMzyme® à l'université de Purdue aux États-Unis.
de la muqueuse intestinale aux substances étrangères, il est généralement admis que cette surface présente naturellement une certaine réactivité et une légère inflammation. Cette inflammation doit absolument être contrôlée, non seulement pour permettre de réduire la quantité d'énergie et de protéines mobilisée pour lutter contre celle-ci et qui, en temps normal, pourrait être utilisée pour optimiser les performances de l'animal, mais également pour éviter une évolution pathologique. Il semblerait que les antibiotiques facteurs de croissance améliorent les performances de l'animal grâce, entre autres, à leur action et leur capacité à diminuer l'inflammation. Suite à la pression croissante exercée en vue de diminuer le recours aux antibiotiques facteurs de croissance chez les animaux exportés vers des marchés ayant interdit leur utilisation, comme l'UE par exemple, il est possible que les volailles soient désormais davantage exposées aux mycotoxines et autres agents inflammatoires. Plusieurs études menées sur différentes espèces animales, dont l'homme, montrent clairement que la fusariotoxine DON entraîne une surexpression des cytokines pro-inflammatoires dans l'épithélium intestinal, favorisant l'apparition d'une réponse inflammatoire rapide de la muqueuse, notamment en cas de
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concentration faible dans l'aliment. Il est important de ne pas oublier que ces cytokines interviennent dans la régulation des protéines à jonctions serrées. De la même manière, les FUM semblent altérer la fonction barrière de l'épithélium intestinal par le biais de leur effet bien connu sur les sphingolipides, dont le rôle sur le maintien de l'efficacité de la barrière constituée par les jonctions serrées est essentiel. D'un point de vue pratique, ces phénomènes peuvent entraîner des troubles intestinaux et l'apparition de foyers infectieux chez les animaux dans les élevages car l'augmentation de la perméabilité intestinale permet à certains antigènes, normalement limités à la lumière intestinale, de pénétrer dans la circulation sanguine. Conclusion Parmi les effets généraux des mycotoxines, citons l'altération de l'absorption des nutriments, l'immunosuppression et la baisse des performances. Ces agents pathogènes peuvent en outre constituer une menace pour plusieurs fonctions clés du tube digestif en diminuant la surface disponible pour l'absorption des nutriments, en intervenant sur la modulation des transporteurs du glucose et/ou en entraînant une perte de la fonction barrière de l'intestin. Plusieurs mycotoxines agissent comme des inhibiteurs de la synthèse des protéines et un grand nombre d'entre elles ciblent les cellules dont l'activation et la division se font rapidement, prédominantes dans l'épithélium intestinal. D'autres mycotoxines renforcent la persistance des agents pathogènes intestinaux et aggravent l'inflammation intestinale. Donc oui, même à une concentration faible, les mycotoxines peuvent représenter une menace pour l'industrie avicole. Et cela plus particulièrement lorsqu'un aliment présente une concentration faible pour plusieurs mycotoxines, lorsque les mesures de biosécurité adoptées ne permettent pas de contrôler de manière adéquate l'exposition aux agents pathogènes, ou encore lorsque l'utilisation de sous-produits dans les aliments vient augmenter la quantité totale d'agents inflammatoires à laquelle l'animal est exposé. Il existe des outils de gestion des risques liés aux mycotoxines permettant de limiter les effets négatifs de ces agents pathogènes sur la santé et les performances des animaux. Grâce à son engagement de longue date en matière de recherche et de développement, BIOMIN est désormais la première société d'additifs, et la seule à ce jour, à avoir obtenu une autorisation au sein de l'UE pour un additif technologique capable de réduire l'impact négatif des mycotoxines chez les animaux.
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Résultats et conclusions des études concernant l'industrie avicole présentées au Forum Mondial sur la Nutrition 2014 par Andrew Robertson • Responsable technique Volailles et Fernando Lima • Responsable technique Volailles
D'éminents spécialistes en aviculture se sont rassemblés lors de la session de groupe dédiée aux volailles afin de discuter des problèmes que rencontre actuellement le secteur avicole et des différents moyens à disposition pour les limiter. Ils ont également expliqué comment deux des principaux producteurs mondiaux de volailles ont réussi à développer leur entreprise sans jamais perdre de vue la notion de développement durable.
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lus de 800 délégués de 86 pays se sont retrouvés en octobre à Munich lors du forum mondial sur la nutrition 2014 organisé par BIOMIN. Ce forum avait pour thème le développement durable, vaste concept qui reflète le défi que représente une population toujours plus nombreuse à nourrir (estimée à 9 milliards d'ici 2050), et ce malgré l'existence de contraintes en termes de ressources. BIOMIN s'intéresse depuis longtemps à l'amélioration de la durabilité grâce à son approche basée sur trois éléments fondamentaux : les performances, le profit et la planète. L'amélioration des performances a un impact positif sur les bénéfices et sur l'exploitation durable des ressources. La santé et l'intégrité intestinales sont les principaux facteurs permettant d'obtenir des performances optimales. Les causes et effets potentiels d'une altération de l'intégrité intestinale ont été abordés en première partie de session. Au cours de la session de groupe dédiée aux volailles dirigée par Mickaël Rouault, Directeur technique et marketing EMEA
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chez Biomin, les participants ont étudié les conclusions des recherches récemment menées et les avis des universitaires et des industriels. Le Professeur Siska Croubels du département de pharmacologie, toxicologie et biochimie de l'université de Gand, a décrit les effets des mycotoxines de Fusarium sur l'intégrité intestinale des volailles, en présentant non seulement leur impact sur la morphologie et la fonction barrière de l'intestin, mais également la manière dont elles interviennent sur le stress oxydatif et l'inflammation, avec à la clé une baisse des performances. En outre, il existe un effet direct sur les systèmes de transport actif des nutriments, essentiels à leur absorption, et l'effet combiné du DON et de la FB1 réduit l'absorption de l'enrofloxacine en cas de traitement médicamenteux. L'absorption de xénobiotiques via l'intestin constitue l'un des effets de l'altération de la fonction barrière de l'intestin. L'un des aspects de ce phénomène a été décrit par le Professeur Wideman du Centre of Excellence for Poultry
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World Nutrition Forum 2014
Docteur Phillip SMITH a expliqué comment répondre aux besoins des consommateurs tout en appliquant des méthodes d'élevage en accord avec des pratiques durables.
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Docteur Raj MURUGESAN a décrit les problèmes subcliniques affectant l'intégrité intestinale et leurs effets sur les performances finales.
L'amélioration des performances a un impact positif sur les bénéfices et sur l'exploitation durable des ressources.
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Science (Centre d'Excellence sur les Sciences Avicoles) de l'Université de l'Arkansas : la translocation des bactéries intestinales, via la circulation sanguine, vers les cartilages de conjugaison des os longs, notamment le tibia et le fémur, provoque une chondronécrose bactérienne avec ostéomyélite (BCO) lorsque les volailles présentent un poids plus important. Cette pathologie toucherait jusqu'à 1,5 % des volailles lourdes. Dans un modèle conçu pour induire une BCO, le Professeur Wideman a montré que l'utilisation de BIOMIN PoultryStar® permettait de diminuer l'incidence de cette affection. Le Professeur Elizabeth Santin, Directrice du Laboratoire de Pathologie Avicole du Département de Médecine Vétérinaire de l'Université Fédérale de Paraná au Brésil, a fait une rapide présentation de la physiologie et la morphologie du tube digestif des volailles. Son équipe a mis au point une méthode d'évaluation de l'intégrité intestinale appelée ISI (I See Inside). Cette méthode repose sur la mesure d'un score lésionnel (de 0 à 3) à l'autopsie, s'accompagnant d'un facteur de gravité des lésions permettant d'obtenir un score numérique de santé intestinale. Ce facteur permet de différencier l'impact sur les fonctions organiques et est noté de 1 à 3, la nécrose ayant un impact plus important que l'inflammation sur la fonction intestinale. Le Docteur Raj Murugesan, Directeur technique et marketing régional de BIOMIN Amérique, a décrit l'impact des problèmes subcliniques sur l'intégrité intestinale et leurs effets sur les performances finales. L'alimentation reste le principal poste de dépense en production avicole. En présence de problèmes subcliniques, les besoins nutritionnels nécessaires à l'activation du système immunitaire intestinal augmentent de 10 à 12 %. Le Docteur Murugesan a également expliqué de quelle manière de nombreux facteurs de stress pouvaient entraîner des problèmes subcliniques et que la présence concomitante de plusieurs affections subcliniques pouvait avoir un effet
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Professeur Elizabeth Santin a détaillé une méthode d'évaluation de l'intégrité intestinale appelée ISI (I See Inside).
Docteur Robert WIDEMAN a expliqué de quelle manière l'utilisation de PoultryStar® permettait de réduire l'incidence de la boiterie par BCO.
cumulé. Il a été prouvé que les additifs phytogéniques permettaient de réduire certains de ces effets inflammatoires. Le Docteur Maarten de Gussem, fondateur et président de Vetworks Belgique, s'est demandé si la situation actuelle consistant à limiter le recours aux antibiotiques en production devait être considérée comme une opportunité ou plutôt comme un handicap. Il a expliqué qu'avec les inquiétudes constantes que suscitent les résistances aux antibiotiques chez l'homme, il est possible que le nombre d'antibiotiques à usage vétérinaire autorisés diminue considérablement au sein de l'UE. Après avoir étudié les causes de dysbiose bactérienne chez les volailles, les matières premières alternatives et l'interdiction d'utiliser les antibiotiques facteurs de croissance, il pense que le recours aux additifs permettrait, dans certains cas, de limiter l'apparition de résistances. Ce type de conduite limite l'utilisation des antibiotiques et constitue par conséquent une opportunité et non un handicap. Dans le cadre de sa présentation sur le développement durable, Juliette Protino, Responsable scientifique chez Synalaf (France), a présenté un outil pratique d'évaluation de la durabilité des élevages en plein air, à l'aide d'un système basé sur trois éléments fondamentaux : l'économie, l'aspect social et l'environnement. Elle a ensuite montré de quelle manière améliorer les mesures mises en œuvre dans le cadre d'un développement durable tout en diminuant la dépendance vis-à-vis des importations de farine de soja. Les deux derniers intervenants ont apporté leur point de vue d'industriels, soulignant que la rentabilité est essentielle, par le biais des performances, à la réduction des intrants et qu'elle doit contribuer aux aspects sociaux d'une production durable. Le Docteur Payungsak Tanagul de Charoen Pokphand Foods (Thaïlande), a décrit l'utilisation d'un modèle d'entreprise totalement intégré alliant technologie de pointe et pratiques d'excellence pour atteindre cet objectif. De la même manière, le Docteur Phillip Smith de Tyson Foods Inc. (États-Unis), a souligné le besoin de produire ce que souhaite le consommateur afin d'atteindre le rendement nécessaire au respect des exigences sociales et environnementales.
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Mes volailles sont malades : de quoi s‘agit-il ? Partie 3 : stéatose hépatique
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Fiche pratique détachable pour le diagnostic des mycotoxicoses aviaires, à conserver et à consulter en cas de besoin
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Le diagnostic juste et précis des maladies aviaires courantes peut être ardu, même pour les vétérinaires, nutritionnistes ou responsables d'élevages. Le diagnostic différentiel peut se révéler particulièrement difficile en cas de problèmes liés aux mycotoxines car leurs symptômes sont très variables. Le tableau ci-dessous récapitule les causes potentielles et liste les actions à mettre en œuvre ; veillez cependant à l'utiliser avec prudence et discernement
TOX
Cause possible
Description du problème
Points à contrôler
Solutions
Ratio énergie-protéines
Un régime alimentaire trop riche peut entraîner une lipidose et des problèmes de stéatose hépatique.
Teneur en sucres de l'alimentation
Éviter les aliments riches en sucres, surtout en été
Matières grasses rances
Les peroxydes peuvent altérer l'activité hépatique et entraîner une stéatose hépatique.
Ratio énergie-protéines de l'alimentation
IN
Appliquer un ratio énegieprotéines adéquat Ajouter des acides aminés dans l'eau de boisson
Qualité des matières grasses en termes de valeur de l'indice de peroxyde, de rancissement et d'acides gras libres
Éviter les huiles de mauvaise qualité Utiliser les huiles de basse qualité lors des phases de croissance/ finition Remplacer les graisses animales par des huiles végétales
MYCOTOXINES
Ajouter du chlorure de choline et de la vitamine B dans l'alimentation ou via l'eau Aflatoxines (Afla)
Jeunes animaux : fibrose hépatique entraînant un durcissement du foie.
Matières premières (ELISA) ou aliments (HPLC) positifs aux Afla
Vérifier les niveaux de contamination moyens
Animaux plus âgés : lipidose hépatique avec ramollissement du foie.
Matières premières provenant d'un fournisseur/d'une région ayant des antécédents de contamination par les aflatoxines
Utiliser les antimycotoxines Biomin® à la dose appropriée
Histopathologie : vérifier les autres organes cibles des Afla (le foie, par exemple)
Éviter les silos d'aliments ou les installations de distribution d'eau/aliments qui ont été contaminés par des aliments moisis, humides ou périmés
GESTION
Statut hormonal
PATHOGENES
Dégradation globale des performances des volailles
Hépatite virale (HCI– hépatite à corps d'inclusion d'origine virale)
Une stimulation intense de la production d'œufs peut entraîner un taux excessif d'œstrogènes dans le sang, ce qui favorise le stockage des graisses dans le foie et l'apparition d'une stéatose hépatique, notamment chez les poules pondeuses et les reproducteurs.
Gestion des poules pondeuses
Les adénovirus entraînent l'apparition d'un foie jaune/hémorragique et une nécrose focale. Parmi les symptômes observés, citons l'immunosuppression, la diarrhée, l'anorexie, la dépression et les plumes ébouriffées, notamment au niveau de la tête et du cou. Le groupe I se caractérise par une hépatite à corps d'inclusion (mortalité brutale, généralement de 10 % et atteignant parfois 30 %) ou un hydropéricarde (mêmes symptômes que ceux de l'HCI mais mortalité élevée entre 20 et 80 %). Survient généralement chez les poussins de plus de 3 semaines.
Apparition de signes cliniques seulement quelques heures avant la mort de l'animal : crête et caroncules pâles, dépression et apathie
Améliorer la gestion des poules pondeuses Corriger le programme d'éclairement
Jusqu'à 30 % de mortalité Autopsie : lésions macroscopiques : hépatomégalie dystrophique, foie jaunâtre et friable, néphromégalie
Utiliser des vaccins inactivés (uniquement disponibles pour le groupe I) Vérifier le statut sanitaire des animaux reproducteurs et éliminer les animaux malades
Histopathologie : détection de corps d'inclusion intranucléaires Analyses sérologiques afin d'isoler le sérotype I, II ou III à partir des lésions
Pour toute information complémentaire, rendez-vous sur www.mycotoxins.info
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CLAUSE DE NON-RESPONSABILITÉ : ce tableau fournit des conseils généraux sur des problèmes qui touchent couramment les volailles et qui peuvent être liés à la présence de mycotoxines dans l'alimentation. La liste des problèmes et maladies présentés dans ce tableau n'est pas exhaustive de tous les problèmes et maladies qui peuvent toucher les volailles. Biomin ne saurait en aucun cas être tenue responsable des dommages directs ou indirects résultant de l'utilisation de ce tableau ou des informations qu'il contient. Veuillez consulter votre vétérinaire avant de mettre en pratique les solutions proposées dans ce tableau.
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...sur toute la durée du cycle de production Mycofix® est la solution de gestion du risque mycotoxines. *Règlement
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01 UE n°1060/2
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